Pdf ja 2993 du 20 au 26 mai 2018 gf sénégal

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DOUBLE NATIONALITÉ

ALGÉRIE-TUNISIE Aux frontières du chaos libyen

HYPOCRISIE CONGOLAISE

ANGOLA Lourenço face à ses promesses

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 2993 DU 20 AU 26 MAI 2018

Le bilan économique du chef de l’État sortant paraît globalement satisfaisant. À neuf mois de la présidentielle, quels sont ses autres atouts ? Et ses points faibles ? Spécial 24 pages

SÉNÉGAL

Macky Sall au révélateur ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE DE L’OUEST

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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 birrs Grèce 4,80 €

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Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 4,80 €

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Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 6,50 FS Tunisie 3,50 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285


Remise spéciale*

jeuneafrique avec le code

JA-PARTNER

2 & 3 JUILLET 2018, Hôtel Arts & Métiers, Paris Informations et inscriptions : women@theafricaceoforum.com Offres de partenariat : sponsors@theafricaceoforum.com

* offre non cumulable avec d’autres remises. Inscription soumise à validation par l’organisateur et sous réserve des places disponibles.

ORGANISATEUR

www.acfwomeninbusiness.com # AC F W I B

PARTENAIRE


GRAND FORMAT

SÉNÉGAL

THE ASSOCIATED PRESS

Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays

Neuf mois pour convaincre Face à une opposition agressive mais fragmentée, le président Macky Sall affiche un bilan économique globalement satisfaisant. Et aborde avec confiance le scrutin de février 2019. jeuneafrique no 2993 du 20 au 26 mai 2018

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78 ENJEUX

Une équation à quatre inconnues

83 En débat

Mehdi Ba

Les parrainages de la discorde

mehdiba

86 Entretien avec Seydou Guèye

Secrétaire général et porte-parole du gouvernement

La bataille d’Alexandrie ’est une anonyme bourgade sénégalaise qui représentera l’un des principaux enjeux de la prochaine présidentielle. À une trentaine de kilomètres du centre-ville de Dakar, Diamniadio s’est longtemps contentée de marquer la porte de sortie symbolique de la presqu’île du Cap-Vert, carrefour vers les routes desservant l’intérieur du pays. Peu après son élection, Macky Sall a décidé d’en faire son Alexandrie. Certes, le président sénégalais ne se rêve pas en Alexandre le Grand, et il n’a pas rebaptisé Diamniadio à sa gloire. Mais à l’heure de présenter son bilan à ses compatriotes, espérant signer un nouveau bail, de cinq ans, il a fait des milliers d’hectares entourant la ville, où les bâtiments sortent de terre tels des champignons, un enjeu majeur du septennat finissant. Comme dans l’antique Alexandrie, toutes proportions gardées, politique, commerce, sport, culture et habitations voisineront dans ce projet de ville nouvelle censée incarner le « Sénégal émergent » cher au chef de l’État. Macky Sall connaît bien les Sénégalais. Et il sait que c’est sur la base de ce qu’ils peuvent voir et toucher qu’ils lui réitéreront ou non leur confiance. Si la maîtrise du taux d’inflation est de nature à satisfaire la Banque mondiale et le FMI, ses compatriotes, eux, se réfèrent au prix de la miche de pain, du sac de riz de 25 kg ou du kilowattheure. Si une croissance à plus de 6 % est incitative pour les investisseurs étrangers, elle ne saurait concurrencer, dans le cœur des Sénégalais, l’édification d’un pont ou d’un dispensaire dans une région délaissée. C’est pourquoi, tandis que l’opposition le voue quotidiennement aux gémonies, Macky Sall met les bouchées doubles. Ici, il inaugure une route entre Fatick et Kaolack. Là, à Foundiougne, il lance la construction

C

90 Vie des partis

En attendant Karim

92 Interview

d’un gigantesque pont à péage enjambant le Saloum. Depuis quelques mois, les inaugurations riment avec goudron ou béton…

Course contre la montre

Mais c’est à Diamniadio, épicentre du Plan Sénégal émergent (PSE), que Macky Sall s’est lancé dans une véritable course contre la montre. En décembre 2017, après avoir inauguré un hôtel Radisson nouvellement bâti, il a imposé la mise en service de l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD), dont le chantier n’en finissait pas de ne pas finir. En mai, le premier vol commercial du nouveau pavillon national, Air Sénégal SA, permettait de rallier Dakar à Ziguinchor l’enclavée. D’autres infrastructures sont attendues, comme le palais des sports Dakar-Arena, à Diamniadio, ou l’Arène nationale, à Pikine – une circonscription électorale de la banlieue qui peut, à elle seule, faire basculer une élection. Ce n’est pas davantage un hasard du calendrier si la livraison du tronçon d’autoroute reliant Thiès (fief de l’opposant Idrissa Seck) à Touba (la ville sainte de la puissante confrérie mouride) est fixée à décembre, ou celle du train express régional (TER) à janvier 2019, un mois avant le premier tour de la présidentielle. Censé transporter quotidiennement 115 000 voyageurs entre Dakar et l’AIBD, le TER pourrait changer la vie des centaines de milliers de salariés dont les allers-retours entre la grande banlieue et le cœur de la capitale s’apparentent à un parcours du combattant. Rome ne s’est pas faite en un jour. Et l’Alexandrie de Macky Sall ne révélera son vrai visage, au mieux, qu’au cours du quinquennat à venir. Mais le chef de l’État s’est donné neuf mois pour en faire son marchepied vers un second mandat.

de Malick Gakou

Président du Grand Parti

94 Tribune de Pierre Goudiaby Atepa

Président du Collectif des cadres casamançais

96 ÉCONOMIE

Une ville nouvelle pour une nouvelle vie

104 Entrepreneuriat Getran, un local au destin continental

106 Décryptage

Chômage : une bombe à désamorcer

110 SOCIÉTÉ

Dakar, mairie sans édile

114 Théâtre

Kàddu Yaraax joint l’utile à l’agréable

116 Tendance L’univers décalé de Selly Raby Kane

Suivez toute l’actualité du Sénégal sur www.jeuneafrique.com

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Grand format SÉNÉGAL

ENJEUX

Une équation à quatre in 78


Karim Wade pourra-t-il être candidat ? Khalifa Sall a-t-il les moyens de revenir dans le jeu ? Un nouveau challenger peut-il émerger ? Quel sera le verdict des électeurs ? Éléments de réponse. MEHDI BA, envoyé spécial à Dakar

D

connues

HAMILTON/REA

Le chef de l’État, Macky Sall, arrivant à l’Élysée, à Paris, le 20 avril.

ans la sphère politique, ses détracteurs ne se comptent plus. Pour ce qui est des challengers crédibles, en revanche, c’est une autre histoire. À neuf mois de la présidentielle, Macky Sall, qui achèvera alors son premier mandat au palais de la République, navigue dans cet entre-deux: tandis qu’une opposition protéiforme s’accorde à diaboliser son bilan, bien malin qui saurait désigner, parmi ses leaders, celui ou celle qui pourrait, en février 2019, mettre en difficulté le président sortant. Si loin de l’échéance, les postulants se comptent par dizaines. On y trouve, pêle-mêle, un ancien Premier ministre de Macky Sall (le banquier Abdoul Mbaye); un ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade ayant brièvement rejoint la majorité avant d’entrer en dissidence (Idrissa Seck) ; un ex-« super ministre » exilé sine die au Qatar après une incarcération de trois ans (Karim Wade) ; le maire de la capitale, récemment condamné à cinq ans de prison (Khalifa Sall) ; un inspecteur des impôts jouant désormais les lanceurs d’alerte (Ousmane Sonko) ; l’ancien numéro deux d’un parti allié à Macky Sall (Malick Gakou) ; un ministre de l’Énergie d’Abdoulaye Wade (Samuel Sarr)… Une liste qui risque encore de s’étoffer au cours des mois à venir. Au risque de diluer dangereusement la force de frappe de l’opposition ? À en croire Malick Gakou, président du Grand Parti, cette « recomposition » témoignerait avant tout de la « vitalité démocratique » du Sénégal (lire p. 92). Les principaux acteurs de l’opposition n’envisagent pas le scénario du tako kélé (« un coup KO »). « Macky Sall ne dépassera pas 35 % des

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suffrages au premier tour. Et il sera battu au second », veut croire Abdoul Mbaye, qui fut son Premier ministre d’avril 2012 à septembre 2013.

Sacre présidentiel

Et pourtant… Au Sénégal, depuis vingt-cinq ans, les présidentielles suivent un rythme binaire, alternant bouleversement et ronronnement. En 1993, Abdou Diouf, président sortant, rempilait facilement, dès le premier tour, face à Abdoulaye Wade. En 2000, coup de théâtre : après quarante années de règne socialiste, le Raymond Poulidor de la vie politique sénégalaise abandonnait son éternelle deuxième place pour un sacre présidentiel. Sept ans plus tard, face à une opposition en déliquescence provisoire, il était réélu sans difficulté dès le premier tour. Mais en 2012, bénéficiant du soutien de l’ensemble des candidats malheureux du premier tour, Macky Sall l’écartait de la présidence. Le président sortant sera-t-il, à son tour, reconduit dans ses fonctions ? L’issue de ce scrutin tant attendu relève d’une équation à quatre inconnues. La première concerne Karim Wade, fils de l’ancien chef de l’État et candidat officiel du Parti démocratique sénégalais (PDS). Une seule certitude le concernant : « Le PDS n’a ni plan B ni plan C », comme le ressassent depuis des mois les membres du comité directeur. En d’autres termes, si l’exilé de Doha venait à faire défection ou si sa candidature était invalidée, les électeurs du PDS se retrouveraient orphelins. Or s’il est bien un mystère aussi opaque qu’un ciel d’harmattan, que même les liseuses de cauris et autres marabouts ne sauraient percer, c’est bien l’agenda de l’ancien « ministre du Ciel et de la Terre » (lire p. 90). À son sujet, le gouvernement, en revanche, ne cherche plus vraiment à masquer son jeu. Après avoir adopté, à la mi-avril, une nouvelle loi électorale dont l’une des dispositions pourrait empêcher toute candidature de Karim Wade, dans l’impossibilité de s’inscrire sur les listes électorales à la suite de sa condamnation en 2015, la garde rapprochée de Macky Sall ne fait pas mystère de ce qui attendrait l’intéressé s’il remettait les pieds au Sénégal avant le premier tour: faute de pouvoir payer l’amende pharaonique à laquelle il a été condamné, il repartirait illico à la prison de Rebeuss, au titre de la contrainte par corps. Deuxième inconnue : Khalifa Ababacar Sall sera-t-il en mesure de jouer sa partition (lire pp. 110-111)? Et le souhaitera-t-il? Contrairement à Karim Wade, le maire de Dakar n’a pas été jugé de manière définitive. Le 30 mars, le frondeur socialiste a été condamné à cinq ans de prison, dans

TRANSPARENCE À PLEINS GAZ Lors de sa campagne victorieuse de 2012, le président Macky Sall avait insisté sur l’importance de la lutte contre la mauvaise gouvernance et sur le renforcement de la transparence. À cette époque, le chef de l’État pensait certainement à la sphère politique, mais l’entrée, en 2014, du Sénégal dans le club très restreint des pays producteurs d’hydrocarbures a poussé les autorités à avoir les mêmes exigences sur le plan économique. Une série de mesures ont ainsi vu le jour, notamment pour encadrer un secteur pétrolier et gazier naissant. Le Sénégal a également adhéré à l’Initiative pour la transparence des industries extractives (Itie), qui impose la publication de tous les contrats gaziers et pétroliers. Enfin, le pays s’apprête à réformer son code pétrolier, avec l’objectif de mettre l’accent sur l’intérêt des

populations locales. Début mai, Macky Sall a surtout appelé à « une grande concertation nationale » en vue de préparer une loi sur « la répartition des ressources tirées du pétrole et du gaz ». L’enjeu est de taille et correspond aux volumes – énormes – des gisements découverts au large des côtes sénégalaises. D’autant que les premières polémiques liées à divers conflits d’intérêts n’ont pas tardé à émerger. En 2016, une frange de l’opposition avait fait ses choux gras de l’association entre l’homme d’affaires australo-roumain Frank Timis et Aliou Sall, le frère cadet du chef de l’État. Également épinglé, Abdoulaye Diao et sa double casquette, en tant que gérant de la société pétrolière International Trading Oil and Commodities et conseiller spécial du président pour l’énergie. OLIVIER LIFFRAN

l’affaire de la « caisse d’avance » de la mairie de Dakar, pour « escroquerie aux deniers publics », « faux et usage de faux dans des documents administratifs » et « complicité en faux en écriture de commerce ». La date du procès en appel n’est toujours pas connue, mais si l’édile de la capitale voyait sa condamnation confirmée, il lui resterait un ultime recours: un pourvoi en cassation devant la Cour suprême. Reste à savoir si celui-ci donnerait lieu à une condamnation définitive avant la date limite de dépôt des candidatures. Dans le cas contraire, Khalifa Sall pourrait – sur le papier du moins – écrire un scénario encore inédit au Sénégal en étant le


PUBLI-INFORMATION

NOUVEL ACTEUR DU TRANSPORT AÉRIEN EN AFRIQUE

Pavillon aérien national officiel, Air Sénégal a pour ambition de devenir un acteur majeur du transport aérien au niveau régional en s’appuyant sur le hub que constitue l’aéroport international Blaise Diagne. Le Sénégal, dans le cadre du Plan Sénégal Émergent, a pour ambition de devenir un hub économique incontournable en Afrique de l’Ouest. C’est dans cette perspective que la compagnie aérienne Air Sénégal a été mise sur pied. L’entreprise est dotée d’une flotte à la fine ppointe de la technologie, composée de deux ATR 72-600 et très prochainement de deux Airbus A330neo. Outre ces nouvelles acquisitions, des moyen-courriers A319/320 seront ajoutés à la flotte en dry-lease pour desservir le régional africain. Le Président de la République, Macky Sall a coopté Philippe Bohn, ancien Senior Vice-President - Head of Business Development chez Airbus, afin que ce dernier dirige la compagnie. Grâce à sa connaissance pointue du domaine de l’aviation, Philippe Bohn

a pour challenge de développer Air Sénégal et d’en faire une compagnie de référence dans la sous-région. Air Sénégal, instrument majeur du PSE Le Sénégal grâce au Plan Sénégal Émergent (PSE), la découverte du pétrole et du gaz et le développement du pôle urbain de Diamniadio sera une plaque incontournable du monde des affaires. Il s’agit donc d’un réel atout pour Air Sénégal qui se positionne comme étant une compagnie aérienne fiable et solide. Fière d’être un porte-étendard du pays, la compagnie applique les principes de la Teranga, marque de la culture sénégalaise, à toutes ses opérations. Cet Esprit Teranga se traduit par la volonté ferme d’accueillir comme il se doit ses clients et de répondre à leurs besoins.

©BRUNO LEVY POUR JA

Notre premier objectif est de desservir le territoire national. Le transport est un domaine crucial dans le développement d’un pays, aujourd’hui un pays qui a l’ambition d’accéder à l’émergence ne peut pas se limiter au transport terrestre et maritime. Nous avons la ferme volonté de rendre accessible à tous les Sénégalais le transport aérien, en misant sur un service de qualité et des coûts très concurrentiels. À long terme, nous voulons faire d’Air Sénégal une compagnie de référence. Nous allons étendre nos activités sur l’Afrique de l’Ouest avec les destinations comme Abidjan, Nouakchott, Praia et Banjul. La commande des Airbus A3330neo rentre dans le cadre de notre stratégie de développement, puisque nous comptons, à l’horizon de 2019, nous attaquer au marché intercontinental. Il est bon de rappeler qu’Air Sénégal est la première compagnie ouest-africaine à s’équiper de ce type d’appareil et donc de bénéficier des dernières avancées technologiques qu’il offre en termes d’économie de carburant et d’efficacité opérationnelle exceptionnelle. Quelle sera votre partition dans cette volonté politique de faire du Sénégal le hub aérien ouest-africain ? Effectivement dans le cadre du Plan Sénégal Émergent, l’État envisage de faire du Sénégal un hub aérien et dans un cadre plus global un hub économique. L’État a mis tous les moyens nécessaires pour que cette ambition se réalise. Dans cette dynamique, des travaux de reconstruction et de réhabilitation de plusieurs aérodromes ont été engagés. Nous sommes aussi en train de travailler pour l’atteinte de cet objectif. Grâce à Air Sénégal et à l’aéroport international Blaise Diagne nous pouvons nous attendre à une ère plus favorable au secteur aérien au Sénégal.

www.flyairsenegal.com

Aéroport International Blaise Diagne DIASS BP 099 DIASS-AIBD

©DIFCOM - PHOTOS : D.R. SAUF MENTION

Deux questions à Philippe Bohn, directeur général d’Air Sénégal Quels sont les objectifs d’Air Sénégal ?


Grand format SÉNÉGAL ENJEUX

premier candidat à la présidentielle qui ferait campagne depuis une cellule de prison. Avec un bémol toutefois: si ses supporters clament depuis des mois que Khalifa Sall entend briguer la présidence de la République, lui-même n’a jamais endossé publiquement ce costume.

Idrissa Seck dans l’arène

Troisième inconnue: en l’absence des deux favoris parmi les leaders de l’opposition, un « troisième homme » pourrait-il mettre Macky Sall en ballottage? Dans l’entourage présidentiel, invariablement, on envisage la question avec un sourire entendu. « L’opposition alimente des polémiques stériles pour tenter de dissimuler son absence de programme et de leader », analyse un collaborateur du chef de l’État. Parmi les challengers déclarés ou pressentis, un seul s’est déjà lancé – à deux reprises – dans l’arène présidentielle: Idrissa Seck, le président de Rewmi. En 2007, il arrivait deuxième, avec près de 15 % des voix. Cinq ans plus tard, il ne se classait plus que cinquième, et son score avait fondu comme neige au soleil (7,86 %). Pour tous les autres – dont la plupart viennent à peine de créer leur parti –, il sera bien difficile d’espérer recueillir les 25 % susceptibles de leur ouvrir les portes du second tour, dans l’espoir d’une union sacrée de l’opposition pour la finale. « En 2012, Macky Sall, lui aussi, venait de créer son

parti, et c’était sa première candidature présidentielle », relativise toutefois un opposant.

Confiance sans faille

Dans le camp présidentiel, deux certitudes renforcent la confiance sans faille de ses troupes en la réélection de Macky Sall. En premier lieu, ce dernier sait pouvoir compter sur le soutien de deux des principaux partis du pays, qui ne présenteront pas de candidat face à lui: l’Alliance des forces de progrès (AFP) de Moustapha Niasse et le Parti socialiste d’Ousmane Tanor Dieng. Par ailleurs, au terme de son premier mandat, Macky Sall est le leader incontesté de son parti, l’Alliance pour la République (APR), et de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY). Ce n’est pas chez lui qu’on verrait quelque Brutus lui griller la politesse, tel Emmanuel Macron, en France, face à François Hollande. Pour autant, la quatrième inconnue de cette équation sénégalaise concerne quand même le camp du président sortant. Si Macky Sall a remporté jusque-là la totalité des batailles électorales depuis 2012 et que son image apparaît toujours sans tache auprès des bailleurs internationaux et des chancelleries occidentales ou africaines, il faudra attendre le soir du 24 février 2019 pour savoir si la voie qu’il a tracée vers « l’émergence » a réellement convaincu les Sénégalais.

LA SENEGALAISE DES EAUX UNE ENTREPRISE PERFORMANTE ET CITOYENNE La Sénégalaise Des Eaux (SDE) assure l’exploitation et la gestion du service public de l’eau potable en milieu urbain depuis 1996. Forte d’une expérience de plus de deux décennies, d’un professionnalisme et d’une expertise avérée dans son domaine d’activités, la SDE a fait des performances qui ont grandement contribué à l’atteinte par le Sénégal des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dans le domaine du service d’eau potable en compagnie des autres acteurs du secteur de l’hydraulique urbaine. En atteste : • l’augmentation du taux global d’accès au service qui est passé de 80% en 1996 à 98% en 2017 avec 7 millions de personnes desservies chaque jour. • Les ventes d’eau qui ont plus que doublé, de 65,15 millions de m3 en 1996 à 150,9 millions de m3 en 2017. • Le nombre de branchements de 241000 en 1996 à plus de 740 000 en 2017. Ces résultats remarquables découlent directement d’un effort constant en termes de performance pure avec un taux de rendement du réseau de 68,2% en 1996 à 81% en 2017). Cette réussite, est donnée comme modèle en Afrique par les acteurs du secteur et les bailleurs de fonds comme la Banque Mondiale qui récemment dans une étude louait l’efficacité de la gestion du réseau de Dakar la capitale sénégalaise qu’elle avait comparée avec plusieurs autres villes africaines. Avec près de 1200 collaborateurs, la SDE a un système de management axé sur la Qualité (ISO 9001) intégrant les dimensions

Sécurité (OHSAS 18001) et Environnement (ISO 14001). Elle est la première société de production et de distribution d’eau d’Afrique certifiée QSE (Qualité, Sécurité et Environnement). Toujours à la pointe du progrès pour une meilleure gestion technique du réseau, la Sénégalaise Des Eaux se modernise de manière permanente pour réduire les délais d’intervention afin d’améliorer le rendement de réseau et la qualité du service. UNE ENTREPRISE CITOYENNE La Sénégalaise Des Eaux est devenue depuis le mois de janvier 2015 une entreprise exemplaire en matière de Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE) en atteignant 702 points sur ce référentiel. Cela a été possible grâce à la réalisation de plusieurs actions en faveur de la qualité de vie des populations. Une approche intégrée avec les volets eau potable, éducation, santé et assainissement caractérisent les projets qui s’inscrivent dans le cadre du développement durable. UNE REFERENCE La SDE a consolidé son statut de société d’eau de référence en Afrique avec le renouvellement jusqu’au 31 décembre 2018 du Contrat de Service signé avec la REGIDESO (Régie de Distribution d’Eau de la République Démocratique du Congo). Cette expertise reconnue, pousse régulièrement des entreprises africaines à envoyer leurs agents à la SDE pour un échange de bonnes pratiques dans le domaine de l’eau. Hors du continent, la SDE a apporté une assistance technique et commerciale à la société d’eau (National Water Company) de la Mecque (Arabie Saoudite).


C

ensée « assainir la démocratie » (dixit le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall), l’affaire a pourtant provoqué des cris d’orfraie dans les rangs de l’opposition. Le 19 avril, l’Assemblée nationale a entériné, à une large majorité, une réforme de la loi électorale présentée par le gouvernement. Celle-ci a notamment pour effet de durcir le quota des parrainages requis pour pouvoir concourir aux différentes élections. Jusque-là, un candidat à la présidentielle devait justifier de 10000 signatures. En 2019, il devra pouvoir en présenter 52000, réparties dans au moins sept des quatorze régions du pays (soit 0,8 % du corps électoral). Pour le gouvernement, la mesure répond à une nécessité d’ordre public : éviter la « pagaille », selon le ministre Ismaïla Madior Fall, et ne pas « dilapider l’argent du contribuable pour des partis qui n’ont aucune autre légitimité que leur caution financière », complète le porte-parole

EN DÉBAT

Les parrainages de la discorde MEHDI BA

du gouvernement, Seydou Guèye (lire p. 90). Sur le principe, l’argument est recevable. L’inflation ininterrompue du nombre de partis au Sénégal aboutit en effet régulièrement à une aberration au moment du vote. En juillet 2017,

47 listes distinctes concouraient aux législatives. De quoi donner le tournis aux Sénégalais à l’heure de pénétrer dans l’isoloir. Mais en étant adoptée en urgence par l’Assemblée à quelques mois de la présidentielle, la refonte de la loi sur les parrainages

donne l’impression de dissimuler des arrière-pensées inavouables. « Jusque-là, le pouvoir avait largement profité de la prolifération des candidats. Cela lui permettait de rendre inaudible le discours politique et de diluer à son profit les voix parmi une kyrielle de petits candidats », ironise le député de l’opposition Cheikh Bamba Dièye. Une chose est sûre : en matière d’éparpillement des candidatures, la présidentielle reste dans les limites du raisonnable. En 1993 comme en 2000, 8 concurrents s’affrontaient. Ils étaient certes 15, sept ans plus tard, mais plus « que » 14 en 2012. Par ailleurs, les opposants de fraîche date, qui ont lancé leur mouvement récemment, ne disposent pas forcément d’un réseau de militants à même de quadriller le territoire en vue de recueillir tant de signatures. C’est notamment la raison pour laquelle Cheikh Bamba Dièye ne voit dans la réforme qu’un « texte dangereux pour la démocratie ».

Première Université publique numérique du Sénégal et de l’Afrique de l’Ouest, l’Université virtuelle du Sénégal propose une panoplie de formations. Son crédo, rendre les savoirs accessibles à toutes les communautés d’apprenants, quelle que soit leur situation géographique. Rendez-vous sur notre site internet pour plus d’informations sur notre offre de formations www.uvs.sn.

PÔLE LETTRES, SCIENCES HUMAINES ET DE L’EDUCATION (LSHE)

12 LICENCES

PÔLE SCIENCES ECONOMIQUES, JURIDIQUES ET DE L’ADMINISTRATION (SEJA)

10 MASTERS

PÔLE SCIENCES, TECHNOLOGIE ET NUMÉRIQUE (STN)

28 PARCOURS


Un entretien avec Monsieur Doudou Ka, Administrateur Général du Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP)

Le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) est créé le 17 mai 2013 et ses activités ont effectivement démarré le 27 mars 2014. Placé sous la double tutelle technique et financière du Ministère de l’Économie, des Finances et du Plan (MEFP), il est doté d’une autonomie financière et d’une gouvernance répondant aux normes internationales. Notre vision stratégique est de : « Garantir le développement et le financement des PME et des porteurs de projets en facilitant leur accès au crédit à un coût raisonnable ». Ainsi, un modèle économique viable et performant a été mis en œuvre pour permettre au FONGIP de remplir les missions qui lui sont assignées à savoir : • Octroyer des garanties de crédits bancaires pour le financement de projets porteurs de croissance dans des secteurs prioritaires ; • Octroyer des prêts et garanties à court, moyen et long terme aux institutions financières, à taux bonifié, en échange d’un plafonnement des taux d’intérêt ;

D.R.

Quels sont les objectifs et les missions du FONGIP ?

En termes d’accompagnement à la création et au développement des PME, nous avons enregistré 24 367 dossiers accompagnés, 878 PME financées et 5 005 GIE de femmes et de jeunes financés. Ces résultats sont obtenus à travers un important dispositif d’intervention territorialisée. A ce jour, les interventions financières du FONGIP ont couvert les 14 régions du Sénégal et 43 sur les 45 départements. Par ailleurs, des sous fonds dédiés phares ont été mis en œuvre pour répondre aux besoins spécifiques de financement des acteurs au développement par un mécanisme articulé permettant une syndication des interventions par un co-financement des projets et programmes portés avec les partenaires que sont les départements ministériels, les organisations professionnelles et/ou faitières et les collectivités locales. Il s’agit de :

• Fournir un dispositif d’assistance technique et d’accompagnement des porteurs de projets de proximité et articulé autour des réseaux de partenaires techniques publics et privés efficaces pour structurer et suivre les projets des PME ;

• FOGAVILLE : Fonds de Garantie pour les Investissements des Collectivités Territoriales

• Assurer la gestion de fonds de garantie pour le compte de tiers.

• FOGARIN : Fonds de Garantie pour l’Industrie

Les Partenaires du FONGIP Le FONGIP a développé un important réseau de partenaires institutionnels, techniques et financiers à travers les ministères, les agences publiques, les associations professionnelles, le secteur privé, les projets et programmes de développement, les organismes et fonds internationaux, les établissements bancaires et les systèmes financiers décentralisés. L’objectif recherché est favoriser des synergies et complémentarités avec tous les acteurs de l’écosystème et d’optimiser les interventions respectives.

Pouvez-vous nous fournir quelques exemples significatifs d’interventions ? Le FONGIP s’est déployé sur toute l’étendue du territoire national à travers un dispositif décentralisé composé de 4 agences territoriales que sont : le réseau ouest-littoral, le réseau centre, les réseau nord et réseau sud. Après presque quatre années d’activités effectives (2014-2017), les résultats du FONGIP sont assez encourageants et peuvent se résumer ainsi : • Les engagements de garanties accordées aux banques sont de 11,733 milliards de F CFA • Les prêts et les garanties de refinancements accordés aux SFD sont de 5,14 milliards de F CFA Ces engagements du FONGIP ont permis de lever des financements bancaires et des SFD en faveur des PME et des groupements de jeunes et de femmes pour un volume global d’investissement de plus de 47 milliards FCFA qui contribuent à la création ou la consolidation de 30 399 emplois.

• FOGAMAC : Fonds de Garantie pour le Matériel Agricole et la Commercialisation • FOGADEV : Fonds de Garantie pour le Développement des PME • FOGALOG : Fonds de Garantie pour l’Accès au Logement

Comment voyez-vous les perspectives ? Les perspectives pour 2018 vont tourner principalement autour de la mutation institutionnelle du FONGIP qui comportera le volet transformation juridique du FONGIP qui fait passer l’Institution, d’une agence publique à un établissement financier de cautionnement sous la forme juridique d’une société anonyme à capitaux publics majoritaires. Le nouveau statut aura l’avantage de lever la contrainte du cash collatéral qui pèse sur la montée en puissance de l’instrument avec la possibilité d’avoir la capacité de lever des fonds et de disposer d’un levier important qu’est la garantie par signature tout en améliorant la gouvernance avec l’ouverture du capital social à des institutions nationales publiques et privées. C’est ainsi que le FONGIP se positionnera comme l’unique établissement financier public de garantie et contribuera à relever les défis du financement des PME qui représentent 99,8 % du tissu économique du Sénégal en améliorant leur accès aux financements bancaires par la levée de la principale contrainte à savoir l’absence de garanties. Adresse : Immeuble ATRYUM Center 1er Etage km 8, Route de Ouakam, BP : 64 848 / Dakar - Sénégal Tél. : 33 859 19 19 Email : courrier.fongip@fongip.sn

FONGIP www.fongip.sn

FONGIP TV


PUBLI-INFORMATION

« Nous contribuons à relever les défis du financement des PME » VOLUME DE PRÊTS ACCORDÉS AUX SFD

RÉSULTATS CLÉS 2014-2017

(en million de F CFA)

FINANCEMENTS MOBILISÉS AU PROFIT DES PME

47,09 milliards de F CFA FINANCEMENT DU SECTEUR BANCAIRE

35,35 milliards de F CFA

FINANCEMENT DU SECTEUR DE LA MICROFINANCE

11,74 milliards de F CFA

(en million de F CFA)

QUELQUES PROJETS PHARES DE PME COÛT GLOBAL DE MONTANT DU CRÉ- MONTANT DE L’INVESTISSEMENT DIT MOBILISÉS LA GARANTIE

SECTEUR D’ACTIVITÉ

NOMBRE D’EMPOIS ATTENDUS

146 750 000

Agro industrie

50

400 000 000

200 000 000

Agriculture

210

656 000 000

656 000 000

328 000 000

Agriculture

396

TERANGA ENTREPRISE

103 093 848

100 000 000

70 000 000

Agro industrie

27

ORIENTAL

KIMEX

19 400 000

17 000 000

11900 000

Agro industrie

6

OUEST LITTOTAL

EXCAF TELECOM

1 050 000 000

1 050 000 000

500 000 000

TIC

475

SUD

HOTEL AUBERT

394 300 000

250 000 000

125 000 000

Tourisme

51

RÉSEAU

PROJET

CENTRE

SEN-TURK CMT

293 500 000

293 500 000

BIOSOY

4 607 000 000

SUNRISE AGRO SA

NORD ET VALLÉE DU FLEUVE

www.fongip.sn

FONGIP

FONGIP TV

Adresse : Immeuble ATRYUM Center 1er Etage km 8, Route de Ouakam, BP : 64 848 / Dakar - Sénégal Tél. : 33 859 19 19 Email : courrier.fongip@fongip.sn

©DIFCOM - PHOTOS : STOCK.ADOBE.COM SAUF MENTION D.R.

VOLUME DE GARANTIES ACCORDÉES


Grand format SÉNÉGAL ENJEUX

INTERVIEW

Seydou Guèye Secrétaire général et porte-parole du gouvernement

« Le Sénégal est désormais présent partout où se discute l’avenir du monde »

« Sniper » lorsqu’il s’agit de minimiser le poids de l’opposition, « griot » quand il égrène les réalisations de son mentor, celui qui est aussi la voix de l’Alliance pour la République, au pouvoir, affiche son optimisme quant aux chances de réélection du chef de l’État. Propos recueillis à Dakar par MEHDI BA

une stratégie de suspicion permanente en matière électorale, ce qui est révélateur de leur manque de sérénité. Lors des récentes législatives, nous avons dénombré 47 listes. Il a d’ailleurs fallu introduire une disposition dispensant les électeurs de l’obligation de prendre un bulletin pour chaque liste, obligation qui, d’après les simulations faites par la société civile, aurait pris au moins cinq minutes par votant. À cela s’ajoutent les importants moyens mis à la disposition des candidats dans le cadre de leur campagne. On ne peut pas continuer à dépenser de la sorte l’argent du contribuable pour des partis qui n’ont aucune autre légitimité que leur caution financière. Avec le parrainage des candidatures, le président de la République met fin à une vieille injustice, car jusque-là seuls les candidats indépendants étaient soumis à cette condition. Mieux, ce système de filtrage permettra d’élever le niveau du débat, et par conséquent l’offre programmatique des uns et des autres sera mieux appréciée. Envisagez-vous, à l’approche du scrutin, de dépolitiserl’organisationdesélectionsenla confiant à une personnalité non partisane plutôt qu’à l’actuel ministre de l’Intérieur?

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jeuneafrique no 2993 du 20 au 26 mai 2018

SYLVAIN CHERKAOUI/COSMOS POUR JA

Jeune Afrique: L’opposition vous reproche d’avoir amendé la loi électorale, en avril, pour disqualifier ses candidats en durcissant le quota des parrainages requis… Seydou Guèye: Nos détracteurs adoptent

Cette demande récurrente de l’opposition est une fausse bonne idée. Nous avons connu notre première alternance en 2000, avec une personnalité neutre à la tête du ministère de l’Intérieur. Mais lors de la seconde alternance, en 2012, celui qui dirigeait ce ministère, Ousmane Ngom, du Parti démocratique sénégalais [PDS, alors au pouvoir], était une personnalité engagée. Ce qui n’a pas empêché la défaite du président sortant.


PUBLI-INFORMATION

INNOVATION ET INDUSTRIALISATION : 20 ANS APRÉS, JUSQU’OU IRA LE GROUPE GETRAN ? Place du cinquantenaire à NDjamena

Siège de la BCEAO à Bissau

Les résidences de l'espoir à Diamniadio

GETRAN est une société anonyme créée en 1998 qui s’est développé au rythme de projets innovants, au Sénégal et dans plusieurs autres pays en Afrique. Cette capacité à déployer son expertise pour relever des défis toujours plus ambitieux dessine l’identité d’un groupe en perpétuel mouvement. Son domaine d’activités regroupe l’ingénierie, la construction, le bâtiment, les travaux publics, le transport et le négoce. GETRAN s’est bâti une solide réputation dans la construction de bâtiments et le génie civil. Implanté dans plusieurs pays africains comme la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Tchad et le Congo Brazzaville, GETRAN bénéficie de la confiance sans cesse renouvelée, des Etats africains qui lui confient la réalisation des travaux de grandes envergures, parmi lesquels nous pouvons citer : l’Immeuble ELBO à Brazzaville, le village des jeux de la francophonie Abidjan, le siège de la BCEAO de la Guinée Bissau, et l’Arche du Cinquantenaire de N’Djamena et le Ministère de l’environnement à Dakar. Fort de cette expertise, GETRAN a décidé de poursuivre son évolution afin de répondre au défi du continent : le développement de nouvelles cités modernes intégrant tous les aspects allant de la conception à l’exploitation.

À l’assaut de l’Afrique, le groupe GETRAN Leader d’une industrie innovante, se mobilise pour proposer des solutions adaptées dans la construction de villes modernes en partenariat avec les États. L’ambition du groupe GETRAN, c’est de valoriser l’inventivité et l’ingéniosité des ressources humaines africaines qui sera matérialisée par l’implantation de nos propres usines pour la maitrise totale de chaine de production.

III . Ambition de GETRAN C’est aussi, l’anticipation des mutations de notre société pour la construction d’un avenir durable au service des générations futures. GETRAN sera la réponse africaine avec des solutions innovantes dans la conception et la réalisation de grands travaux porteurs de croissance du continent. Les unités de production du groupe GETRAN ©DIFCOM - PHOTOS : D.R.

I - Présentation

II - Vision du groupe GETRAN 20 ans après sa création, le Groupe GETRAN, est devenu pluridisciplinaire et dispose en interne des compétences complémentaires pour mener à bien tout type de projets relatifs au génie civil, faisant incontestablement de lui un développeur. GETRAN regroupe : SAGEC pour la gestion des carrières de latérite et de basalte (avec production journalière de 3 000 tonnes), START AFRIQUE pour les travaux de terrassement, d’assainissement, de route et de transport (avec des engins de dernière génération), GETRAN SA pour le Génie Civil, GETRAN INDUSTRIE pour la fabrication et la fourniture d’articles de construction (avec des moyens ultra modernes dont 13 centrales à béton et 7 unités de production de béton et du précontraint), GETRAN IMMO pour la promotion immobilière (à l’image de la cité « LES RÉSIDENCES DE L’ESPOIR » à Diamniadio), et enfin GESPAT pour la gestion et l’exploitation de patrimoines.

Hôtel Elbo au Congo

Mermoz-Pyrotechnie Lot 46 DAKAR.BP 16 482 Dakar Fann Dakar, Rép. du Sénégal Tél. : (+221) 33 825 96 85 – 33 825 96 87 Fax : .(+221) 33 825 97 20 Email : getramar@orange.sn - getran@getran.com

www.groupegetran.com


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Où en est l’Alliance pour la République (APR), à quelques mois de l’élection?

Dans une zone de turbulences, il faut bien le reconnaître. Avec, par exemple, des prises de parole intempestives et un peu de désordre dans les rangs… Ce n’est pas si étonnant pour un parti qui n’a pas encore dix ans d’existence et qui a été propulsé au pouvoir seulement trois ans après sa création. Mais l’APR a aussi cette qualité de demeurer soudée à ses alliés et d’être toujours en mouvement pour remporter les élections. Avec les partis de la coalition Benno Bokk Yakaar [BBY], nous sommes sortis victorieux de toutes les échéances depuis 2012 : présidentielle, législatives, locales, référendum, Haut Conseil des collectivités territoriales [lire ci-dessous]… De son côté, l’opposition reste engluée dans ce qui est à la fois une crise de leadership, de méthode et de projet. Pour ce qui est du leadership, justement, elle vous reproche d’instrumentaliser la justice pour empêcher la candidature de ses deux principaux ténors : Karim Wade et Khalifa Sall. Confirmez-vous que, si le premier rentrait au Sénégal, les autorités exigeraient qu’il rembourse l’amende à laquelle il a été condamné?

LES DISCUSSIONS AVEC L’OPPOSITION, LANCÉES EN 2016 PAR MACKY SALL, SONT-ELLES TOUJOURS D’ACTUALITÉ? « Dans l’esprit du chef de l’État, cette démarche se voulait nationale, et pas seulement politique. Au niveau du secteur privé, des collectivités locales ou des partenaires sociaux, un dialogue fructueux a été mené, qui a pu déboucher sur des consensus. Mais dans la sphère politique, un certain nombre de partis d’opposition ont décliné cette initiative, ce qui est leur droit. On ne peut contraindre personne au dialogue. »

L’exécution des peines et le recouvrement des amendes ne sont pas du ressort du gouvernement, mais de la justice. Une éventuelle contrainte par corps dépendrait de l’appréciation des magistrats.

Dans l’hypothèse où la condamnation de Khalifa Sall ne serait pas encore définitive au moment du dépôt officiel des candidatures, pourrait-il se présenter à la présidentielle tout en demeurant incarcéré?

Cela s’est déjà vu, au Niger par exemple. Mais il reviendra aux juristes de se

prononcer sur cette question. Le président Macky Sall peut se féliciter d’un bilan élogieux. Il n’a donc pas de préoccupation particulière concernant une quelconque candidature d’opposition. Quelles réalisations mettra-t-il en avant?

En premier lieu, l’énorme chantier social qui correspondait au temps des urgences: mettre en place un système de couverture santé, instaurer des bourses de sécurité familiale, endiguer la hausse du coût de la vie… Ensuite, il y a eu un effort particulier porté sur une question prioritaire : l’accès à l’électricité. En 2016, nous avons procédé à la baisse des tarifs de la Senelec. C’était inédit! Et, depuis 2012, nous avons renforcé nos capacités productives. D’une moyenne annuelle supérieure à 900 heures de coupures avant l’élection de Macky Sall, nous sommes passés à 36 heures actuellement. Je citerai enfin le sérieux économique de ce gouvernement, qui a notamment permis de consolider la croissance, au-delà de 6 % depuis trois ans. Sans parler de la maîtrise des taux d’inflation et d’endettement. Le Plan Sénégal émergent [PSE] a-t-il produit suffisamment de fruits pour convaincre les Sénégalais en 2019?

Le PSE traduit la vision à long terme du chef de l’État, avec, par exemple, l’autoroute Ila Touba, une grande dorsale qui va offrir au pays une structuration plus rationnelle de son espace territorial. Par ailleurs, le projet de pôle urbain de Diamniadio bourgeonne et commence à ressembler à une ville nouvelle, durable, cohérente. Citons aussi le chantier du train express régional [TER, qui reliera Dakar à l’aéroport BlaiseDiagne tout en desservant la banlieue]. Avec une population qui double tous les vingtcinq ans, nous nous devions d’anticiper.

BENNO BOKK YAKAAR, UNE MACHINE À GAGNER

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jeuneafrique no 2993 du 20 au 26 mai 2018

dans les collectivités territoriales. En 2016, le référendum lancé par Macky Sall était adopté malgré la constitution d’un large « front du non », et, quelques mois plus tard, le camp présidentiel remportait le

Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT), avant de devancer une nouvelle fois l’opposition lors des législatives de juin 2017. De bon augure pour la présidentielle de 2019 ?

DR

En mars 2012, Macky Sall battait Abdoulaye Wade à la présidentielle, soutenu par la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), qui, depuis lors, aligne les victoires. La formation présidentielle raflait dans la foulée la majorité absolue à l’Assemblée nationale, puis, en 2014, malgré quelques déboires à Dakar, elle étendait son influence

M.B.


PUBLI-INFORMATION

Pouvez-vous présenter votre société ? GreenYellow est un acteur mondial d’origine française spécialisé dans l’agrégation de solutions sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la performance énergétique. Notre vocation est d’accompagner les sociétés pour réduire leur facture énergétique, à travers la baisse de leurs consommations (efficacité énergétique) et la production locale d’électricité (solaire photovoltaïque). A ce jour, GreenYellow a conçu, développé et exploite plus de 150 MWc, soit 125 centrales photovoltaïques, principalement en toiture et ombrières de parking, en France et dans le monde. Nous avons mis en place 1200 Contrats de Performance Energétique (CPE).

Pourquoi vous intéressez-vous à l’Afrique ?

Lorsqu’il s’agit d’activités isolées, comme les mines par exemple, nous proposons des solutions d’hybridation, qui consistent à coupler une centrale solaire à un dispositif diesel. La facture énergétique s’en trouve ainsi abaissée.

Vous avez choisi le Sénégal pour vous implanter… En 2016, GreenYellow a créé un bureau à Dakar, dirigé par une équipe locale, et a rapidement réalisé des projets avec la société DAMAG. Plusieurs autres projets sont en cours de réalisation, notamment dans le secteur agroalimentaire avec la société SOBOA. Nous opérons déjà, à l’heure actuelle, 3 CPE et 2 centrales solaires dans le pays.

Entretien avec Ismaël Adjovi

Pouvez-vous nous donner un exemple de réalisation ? A Dakar, sur le site du centre commercial Dakar City des Almadies de la société DAMAG, nous avons mis en place un CPE couplé à une centrale photovoltaïque en toiture d’une puissance de 122 kWc avec 700 m2 de panneaux solaires. Le projet optimise les consommations électriques du site, tout en lui donnant accès aux meilleures technologies en matière de systèmes actifs (éclairage, production de froid, climatisation et production d’énergie photovoltaïque).

Directeur Général de Après des succès enregistrés sur trois autres contiGreenYellow Sénégal nents, nous avons réalisé L’originalité du projet réside dans la que nos solutions étaient combinaison des deux outils (CPE et particulièrement adaptées centrale photovoltaïque), qui permet d’obtenir une aux problèmes des industriels africains qui subisréduction très importante de la consommation, de sent un coût de l’énergie parmi les plus élevés près de 40 %. Ces économies sont garanties dans la au monde et des installations souvent peu perdurée grâce à notre système Smart Building Moniformantes alors que le niveau d’ensoleillement toring, qui permet le pilotage à distance et le suivi très élevé et la disponibilité du foncier offrent un quotidien des consommations. potentiel de développement d’une source d’énergie renouvelable décarbonée. Quels sont vos axes Dans un contexte de sous-financement récurrent de l’économie sur le continent, nos propositions sont de développement ? également attrayantes d’un point de vue financier. Fort des références obtenues, GreenYellow s’est En effet, nos projets s’autofinancent à travers les installé durablement au Sénégal. De nombreux économies générées et permettent une création de projets sont également en cours ou à l’étude au valeur partagée entre nous et nos clients qui réaliniveau de l’Afrique de l’ouest, notamment au Mali, sent des gains nets dès la 1ére année. en Mauritanie, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso.

Quels sont les secteurs concernés ? Nos solutions sont particulièrement avantageuses dans les secteurs qui consomment beaucoup d’énergie : grande distribution, industrie minière, agroalimentaire, hôtellerie, etc.

www.greenyellow.fr GREENYELLOW SÉNÉGAL Immeuble LIERRE, SOTRAC MERMOZ BP 11602 Dakar, SÉNÉGAL Tél. : +221 33 860 50 55 Email : senegal@greenyellow.com

©DIFCOM - PHOTOS : D.R.

Nos solutions permettent d’obtenir une réduction substantielle de la consommation d‘énergie, tout en offrant un schéma d’autofinancement de l’investissement.


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SEYLLOU/AFP

Manifestation de l’opposition, le 9 février, à Dakar.

VIE DES PARTIS

En attendant Karim Depuis son exil au Qatar, le fils de l’ex-président assure qu’il entend « faire face » à Macky Sall en 2019. Mais entretient le mystère sur sa stratégie et son agenda. MEHDI BA

l aura remis au goût du jour la célèbre nouvelle d’Alphonse Daudet. Depuis la défaite de son père, en 2012, et plus encore depuis sa sortie de prison, en 2016, Karim Wade joue L’Arlésienne. Tandis qu’au Sénégal son nom est évoqué sans relâche, il n’est pas réapparu, pas plus qu’il ne s’est exprimé publiquement. Il est pourtant le candidat à la présidentielle du Parti démocratique sénégalais (PDS), la principale force d’opposition. Un statut hérité, en mars 2015, de son périple judiciaire et carcéral, à quelques jours de sa condamnation à six ans de prison pour enrichissement illicite. La désignation avait été orchestrée par son père, Abdoulaye Wade. Et si quelques cadres du PDS avaient en privé exprimé des désapprobations, le statut de « prisonnier politique » conféré par l’opposition à l’intéressé les a incités à les garder pour eux. Lorsqu’en juin 2016 Karim Wade bénéficie d’une grâce présidentielle, on pense venu le temps des explications. Mais au nom d’un deal occulte toujours pas éclairci, l’ex-prisonnier opte pour un exil au Qatar et fait vœu de silence. En bientôt deux ans, s’il a multiplié les échanges (sur WhatsApp)

I

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avec de nombreux responsables politiques, il n’a jamais livré le moindre entretien aux médias ni la moindre déclaration publique. Plus secret que jamais, Karim Wade semble entretenir à dessein le mystère sur la date de son retour au Sénégal – auquel certains observateurs finissent par ne plus croire. Au PDS, l’embarras est palpable. Car à la question fatidique, nul n’a de réponse autre qu’incantatoire. Les cadres du comité directeur pratiquent donc la méthode Coué : « Il sera parmi nous pour les prochaines échéances électorales », ressassent-ils en substance. À quelques mois des législatives de juin 2017, le refrain tournait en boucle. Pourtant, Karim leur a fait faux bond. À un jet de pierre de la présidentielle, ses « frères » libéraux l’entonnent à nouveau, d’autant que l’intéressé lui-même a fini par assurer, dans un communiqué récent, qu’il entendait « faire face » à Macky Sall en 2019. Reclus dans le golfe Persique, l’ancien « ministre du Ciel et de la Terre » semble être devenu le metteur en scène d’une adaptation sénégalaise d’En attendant Godot, la pièce de Samuel Beckett. Comme Godot, il est très attendu. Fera-t-il son entrée avant que retombe le rideau de la présidentielle?

Drôle de retour en grâce

AU PDS, L’EMBARRAS EST PALPABLE. CAR À LA QUESTION FATIDIQUE, NUL N’A DE RÉPONSE AUTRE QU’INCANTATOIRE.

Dans les médias, les fuites le concernant se déversent par wagons entiers, comme pour masquer cette évidence : de son agenda comme de sa stratégie, on ignore tout. Pour quelle raison n’a-t-il plus remis les pieds à Dakar ni à Paris depuis deux ans? Pourquoi ce mutisme? Quel engagement secret a-t-il contracté auprès de l’émir du Qatar, son hôte, qui joua les médiateurs pour obtenir sa libération? A-t-il renoncé à sa nationalité française (qui lui interdit de se présenter au Sénégal)? Sa demande d’inscription sur les listes électorales sera-t-elle refusée? Parlet-il couramment le wolof (si non, ce serait un handicap pour faire campagne)? Etc. D’après plusieurs responsables politiques qui pourtant ne lui sont pas liés, le nom de Karim Wade reviendrait avec insistance lors d’enquêtes d’opinion officieuses – leur publication est interdite au Sénégal –, comme candidat le mieux placé pour espérer mettre Macky Sall en ballottage. Drôle de retour en grâce pour celui qui, de 2008 à 2012, était sans doute la personnalité la plus critiquée du pays. À l’époque du moins, il y résidait à plein temps.


COMMUNIQUÉ

Aéroport Dakar Blaise Diagne

L’Aéroport Dakar Blaise Diagne (AIBD) se situe à 47 km de Dakar. Construit de façon modulaire, l’infrastructure a une capacité initiale de traitement de trois millions de passagers par an, pouvant être portée a dix millions, ensuite à vingt millions dans sa phase ultime. Il est équipé de six passerelles télescopiques et propose une qualité de service IATA B. La piste qui est dotée de sept voies de sortie est capable d’accueillir las avions de dernière génération comme la A380. Relié à la capitale par l’autoroute à péage et dans les prochains mois par le Train Express régional (TER) l’Aéroport Dakar Balise Diagne rapproche les visiteurs du Sénégal des zones touristiques comme la station balnéaire de Saly Portudal et les stations balnéaires de Mbodiène, Pointe Sarène et Joal Finio. L’exploitation commerciale de l’Aéroport International Blaise Diagne est assurée par un consortium sénégalo-turc LIMAK-SUMMA (LAS).

Xavier Mary, directeur général de LAS

Par ailleurs, nous effectuons régulièrement des contrôles de la qualité des services auprès des passagers.Ceux-ci sont conformes aux critères retenus dans le cahier des charges de la concession.

Pouvez-vous vous présenter ? LAS est une société anonyme sénégalaise, au capital de 100 millions de francs CFA. Créée en mai 2017, elle est la nouvelle société de gestion de l’Aéroport International DAKAR Blaise Diagne (IABD). Son capital est détenu à 34% par l’Etat du Sénégal à travers AIBD S.A et par deux partenaires turcs détenant chacun 33 % : l’opérateur aéroportuaire Limak et l’entreprise de construction Summa. La société LAS a signé un contrat de concession de 25 ans avec l’État du Sénégal pour l’exploitation de la toute nouvelle plateforme aéroportuaire.AIBD S.A.est une société sénégalaise détenue à 100 % par l’Etat du Sénégal.

Quel bilan tirez-vous des premiers mois d’exploitation ? Le nouvel aéroport de Dakar est opérationnel depuis le 7 décembre 2017. Le bilan des premiers mois de 2018 est très satisfaisant : à fin avril, le trafic passagers a augmenté de 6,8 %.Trois nouvelles compagnies se sont installées cette année : Camair-Co (Cameroun), Rwandair (Rwanda) et Air Peace (Nigeria).Actuellement, une quarantaine de compagnies sont installées ici et desservent près de 60 destinations.

L’Aéroport International Dakar Blaise Diagne répond à tous les standards internationaux Quels sont les atouts de l’aéroport ? C’est d’abord un établissement moderne qui répond à tous les standards internationaux : architecture, équipements techniques, services, sûreté,etc.Nous sommes agréés par la Transport Security Authority (TSA) des États-Unis et deux compagnies desservent ce pays. La piste de l’aéroport est une première dans l’espaceASECNA.Avec 3 500 mètres de long sur 75 mètres de large, elle peut accueillir tous types d’avions, y compris l’A380 Les 7 voies de circulations (Taxiways) qui permettent d’optimiser l’utilisation de la piste, lui donnent la possibilité d’enregistrer 80.000 mouvements d’avions par an. Enfin, l’aéroport peut être agran-

di en fonction de l’évolution future du trafic. La capacité actuelle est de 3 millions de passagers par an mais la deuxième phase de la construction de l’aéroport prévoit la réalisation d’une deuxième piste.La capacité serait alors portée à 10 millions. Les terrains autour de l’aéroport permettent même d’atteindre une capacité de 20 millions de passagers par an.

Qu’en est-il du fret ? Le fret est une activité stratégique à fort potentiel. Il est utilisé pour l’importation de marchandises mais nous souhaitons développer les exportations. Implanté dans une zone ou la pêche et la culture maraîchère sont très développées, le nouvel aéroport international met à la disposition des acteurs de ces deux secteurs clés de l’économie, un outil à forte valeur ajoutée pour l’exportation de leurs produits. Construite sur une superficie de 8618 m², l’aérogare fret est dotée d’une capacité de 50 000 tonnes par an,soit 130 tonnes par jour. Elle possède tous les équipements indispensables à une prise en charge optimale du fret,comme les détecteurs à rayon X,les chambres froides, les bascules de pesage et les étagères à stockage vertical,etc. Afin de renforcer l’activité fret,l’État a lancé le projet Cargo Village. Il s’agit d’une zone spéciale,d’une superficie de 4 hectares,qui sera destinée à accueillir des opérateurs (logisticiens,transitaires,etc.) . •

www.dakaraeroport.com BP : 007 - Diass, Sénégal - Tél. : (+221) 33 939 59 00 / 33 939 69 00 Contact@dakaraeoroport.com DakarAeroport #dakaaeroport Xavier Mary, directeur général de LAS.

DIFOCM/DF - PHOTOS : DR.

ENTRETIEN AVEC


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Malick Gakou Président du Grand Parti

SYLVAIN CHERKAOUI/COSMOS POUR JA

« Macky Sall a fait exploser la dette du pays » Propos recueillis à Dakar par MEHDI BA

our le Grand Parti, qu’il a fondé en 2015, il sera le « candidat de l’espoir » à la prochaine présidentielle : celui, notamment, des milieux populaires et de la banlieue dakaroise, dont lui-même est originaire. Ancien ministre de Macky Sall (avant de rendre son tablier), ex-numéro 2 du parti de Moustapha Niasse (avant d’être mis à la porte pour avoir contesté son alliance avec le chef de l’État), Malick Gakou est devenu l’un des leaders emblématiques d’une opposition qui veut croire en ses chances, malgré un maigre score aux législatives de 2017.

P

Jeune Afrique: Les grands partis d’opposition comptent-ils présenter une candidature unique en 2019? Malick Gakou: L’analyse faite par la plu-

part d’entre nous est que, contrairement aux législatives, une telle union ne serait pas opportune pour la présidentielle. Nous avons donc retenu le principe d’une pluralité des candidatures. Une présidentielle, c’est une rencontre entre un homme et son peuple. Cela ne risque-t-il pas d’empêcher l’opposition d’accéder au second tour face à Macky Sall?

La coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar s’est affaiblie au cours des dernières années. D’un côté, les militants socialistes qui soutiennent Khalifa Sall se sont ralliés à l’opposition. De l’autre, de nombreux cadres et militants de mon ancien parti, l’Alliance des forces de progrès (AFP), m’ont jejoint. De 65 % des suffrages lors de la présidentielle de 2012, Macky Sall est tombé à 49 % aux législatives de 2017. L’électorat cumulé des régions de Dakar, Thiès, Diourbel et Kaolack représente près de 70 % de

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l’électorat sénégalais. Or, dans ces quatre bastions, Macky Sall ne peut espérer obtenir plus de 35 % des voix. Il est donc quasi impossible qu’il soit élu dès le premier tour. L’oppositionsefocalisedepuisdesmoissur l’appartenanceduministredel’Intérieurau parti présidentiel. Quel est le problème?

POURQUOI NE VOIT-ON PAS ÉMERGER DE CHALLENGER ?

« Pourquoi l’opposition devrait-elle se ranger derrière quelqu’un ? Et qui disposerait de la légitimité suffisante pour jouer un tel rôle ? Aujourd’hui, au Sénégal, on assiste à une recomposition – notamment générationnelle – de la classe politique. Ces nouveaux leaderships témoignent de notre vitalité démocratique. Laissons-leur le temps de s’affirmer. »

Le postulat de base du combat que nous avions mené en 2012 avec Macky Sall, c’était que plus jamais un ministre de l’Intérieur ne devait être chargé de l’organisation des élections, car cela provoque une défiance quant au respect des règles du jeu. C’est pourquoi, en 2012, une personnalité non partisane s’est vu attribuer un ministère spécialement chargé des élections. Nous demandons donc que le chef de l’État, en concertation avec l’opposition, confie l’organisation du scrutin à une personnalité ou à une structure neutre. Vous multipliez les reproches concernant le bilan de Macky Sall. En quoi, selon vous, a-t-il démérité?

Je vous répondrai en tant que docteur en économie, spécialiste des politiques de développement. Macky Sall a fait exploser la dette du Sénégal. Plus il lance de projets d’infrastructures, dans le cadre du PSE, plus les Sénégalais s’appauvrissent. Les jeunes n’ont pas d’avenir, l’agriculture est en jachère, et les principaux atouts du Sénégal – la pêche et le tourisme, notamment – sont loin d’« émerger » ! Seuls les investisseurs étrangers s’y retrouvent. Nous attendions de Macky Sall qu’il nous apporte la lumière, il s’est contenté d’allumer une bougie.


PUBLI-INFORMATION

LES COMPÉTENCES D’EIFFAGE au Sénégal depuis 1926 AUTOROUTE DE L’AVENIR, UNE SUCCESS STORY L’autoroute de l’Avenir Dakar-Diamniadio-AIBD, axe stratégique et logistique connu par Eiffage, entre dans une nouvelle phase d’évolution. Exploitée par Eiffage Concessions, filiale d’Eiffage, la densité du trafic qu’on y retrouve entraîne des mutations majeures dans la gestion de la satisfaction des usagers.

La construction de voies réversibles à Thiaroye BPV (Études en cours sur l’ajout de 2 voies supplémentaires) L’élargissement de la sortie de Pikine Sud et ajout d’une 4éme voie de péage en cours (livraison juin 2018)

CENTRALE SOLAIRE CHEIKH ANTA DIOP, un important potentiel en énergie solaire Eiffage a développé, via Ten Merina Ndakhar SA (groupement composé de Meridiam-Fonsis-Eiffage),une centrale photovoltaïque d’une capacité de 30 Mw à Mérina Ndakhar conçue par RMT Industrie, RMT Sénégal et Eiffage Sénégal. Plus de 92 000 modules sont installés sur environ 50 ha. La production confirme les prévisions du contrat d’achat d’électricité signé par la Senelec en 2016, pour une durée de 25 ans. L’entretien et la maintenance sont assurés par Eiffage Opérations Services, RMT, Solaire direct.

RSE

GIE SUNU YAAY

Au-delà de la satisfaction des usagers, SENAC SA réponds fidèlement à la tradition RSE du Groupe avec la création de : GIE de production de légumes Bio « SUNU YAAY » avec des groupements féminins GIE de transformations céréalières pour les femmes de Yam Salles de classes à Yam & YEBA Tournoi de football « Navétane » en collaboration avec l’ONCAV Soutien aux artistes : Festigraff Actions RSE réalisées : Appui aux actions sociales Mutuelle de crédit Électrification, forage de ponts pour adduction d’eau

EIFFAGE SÉNÉGAL, UNE SYNERGIE DE MÉTIERS Le savoir-faire d’Eiffage Sénégal acquis depuis 1926, s’est démontré dans tous ses métiers que sont le bâtiment, le génie civil, les travaux maritimes, l’électricité et l’assainissement. Eiffage Sénégal a l’avantage de pratiquer l’ensemble des métiers du Groupe Eiffage avec des réalisations phares :

église de l’Épiphanie à Nianing

Keur Momar Sarr 3 : un projet d’adduction d’eau potable (par Eiffage Sénégal et Eiffage Génie Civil) Centre cardiopédiatrique Cuomo inauguré en février 2018 en présence de Marième Sall, Première dame du Sénégal et Brigitte Macron, épouse du Président de la République Française. Ce Centre est la première structure d’Afrique de l’ouest dédiée aux enfants souffrant de maladies cardiaques Travaux d’urgence de protection côtiére sur la Langue de Barbarie à Saint-Louis Église de l’épiphanie à Nianing : une œuvre à l’architecture unique Travaux d’aménagement de la Boucle de Boudier sur 135 km dans le Sud du Sénégal

255 ANS DE PASSION CULTURELLE A travers le concept « Art et Entreprise », Eiffage Sénégal a toujours apporté un appui constant et attentif aux initiatives arrtistiques. 1993 - Premières actions de soutien à la culture 1999 - Création du concept « Art & Entreprise » 2002 - Début du soutien à la Biennale de Dakar 2008 - Création de la collection Eiffage composées de 130 œuvres qui sont accrochées dans les bureaux du siège à Dakar 2018 - A l’ occasion de la 13e édition en mai 2018, deux événements importants dédiés à Ousmane Sow seront organisés : l’ouverture de sa maison devenue musée et une exposition souvenir célébrant 20 ans d’amitié entre Ousmane Sow et Eiffage. Avvenue Félix Éboué Ro oute des brasseries, Da akar, Sénégal Té él. : +221 33 839 73 39

Contact Eiffage Sénégal

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Aujourd’hui 340 sénégalaises (30 %) et sénégalais (70 %) sont au service des usagers 365 jours/an, 7jours/7, 24h/24. Afin de répondre aux exigences de trafic, Eiffage a entrepris d’importants travaux d’amélioration de sa qualité de services :


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TRIBUNE

La Casamance, une priorité nationale Ê

VINCENT FOURNIER/JA

tre juge et partie est sans doute la position la plus Le Plan Sénégal émergent (PSE) n’a guère arrangé inconfortable à occuper. Conseiller spécial du président les choses tant il donne aux Casamançais le sentiment Abdoulaye Wade de 2000 à 2012, j’étais en même temps d’être, une nouvelle fois, les grands oubliés d’un plan préprésident du Collectif des cadres casamançais (CCC). J’étais paré à Dakar. Pourtant, à Foundiougne, en février 2005, donc placé des deux côtés de la rive d’une crise casamanla question d’une discrimination positive devant favoriser çaise qui dure depuis plus de trente-cinq ans. Coincée entre l’investissement dans l’économie régionale avait été la Gambie anglophone et la Guinée-Bissau lusophone, posée. Le PSE envisageait de prendre en compte les l’histoire coloniale de la Casamance n’est qu’un long aspirations des populations à l’aune des potentialités combat mené contre les puissances étranéconomiques, culturelles et sociales des gères. Son identité lui a permis de résister trois régions de la Casamance. Mais, à la traite négrière comme à la colonisation à l’heure de réaliser les grands travaux, le portugaise, puis française. Et, à ce titre, elle gouvernement a donné la priorité à la ligne aurait pu constituer une référence pour le TER plutôt qu’à la liaison Ziguinchor-Dakar, Sénégal. pourtant promise par l’actuel chef de l’État Au lieu de cela, la crise casamançaise et d’un coût quasi identique. illustre surtout la parfaite méconnaissance par l’administration de l’histoire et our que la Casamance puisse enfin de la culture d’une région méridionale qui trouver la paix, le gouvernement doit Pierre ne demande qu’à vivre en paix dans un en faire une priorité nationale. Il doit pour Goudiaby ensemble national indivisible et intangible. cela procéder à une évaluation globale des La Casamance n’est pas la seule région négociations passées et en cours, en mesuAtepa sénégalaise dans cette situation. Mais, ici, rer les progrès, mais plus encore identifier Président du les populations semblent en souffrir plus les défis qu’il reste à surmonter, les obstacles Collectif des cadres que partout ailleurs. Où en sont les propoqu’il faudra franchir pour sortir définitivecasamançais sitions, pourtant très concrètes, formulées ment de la crise. à maintes reprises par les hommes et les Au nom des intérêts supérieurs de la femmes de Casamance ? Quels sont les Casamance, la population doit aujourd’hui résultats des actions menées par la société civile ? En être sensibilisée aux thèmes de la paix, de la concorde et dépit des efforts du président Macky Sall, la paix défide l’unité, dans chaque famille, dans chaque quartier et nitive n’est toujours pas au rendez-vous en Casamance. village, jusqu’à Dakar et jusque dans les autres grandes Le conflit semble profiter de l’accalmie actuelle pour se villes du pays. Le Mouvement des forces démocratiques transformer, au point qu’il est aujourd’hui difficile d’idende Casamance (MFDC) est invité à réunir ses branches tifier de l’extérieur ses différents protagonistes et, surcombattantes et civiles autour d’une position claire et tout, leurs nouveaux objectifs. acceptable pour tous. S’il est admis qu’il faut beaucoup de courage pour faire la guerre, il en faut davantage epuis l’indépendance, très peu d’actions concrètes ont pour aller à la table des négociations. La paix définitive été lancées pour développer les énormes potentialien Casamance est pourtant à ce prix. Il est donc urgent tés économiques, sociales et culturelles de la Casamance. d’organiser, en Guinée-Bissau, en tant que pays garant Cela aurait pourtant évité à ses habitants de ressentir cette des accords, la rencontre de la dernière chance et de tous impression de marginalité, d’où naissent les frustrations. les espoirs.

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MESSAGE

Une bonne gestion de l’hygiène menstruelle. Un droit humain essentiel. Nos pays sont caractérisés par une démographie jeune, dont la majorité tend à être de sexe féminin. Prendre en compte sérieusement la question de l’hygiène menstruelle dans les programmes de santé publique est un point d’entrée important dans l’analyse sexo-spécifique des déterminants de la santé d’un pays. Cette question demeure malheureusement encore taboue dans beaucoup de sociétés africaines. La communauté internationale va célébrer ce lundi 28 mai 2018 la Journée internationale des menstrues. Cette journée vise à briser les tabous et à sensibiliser sur l’importance d’une bonne hygiène menstruelle chez les femmes et en particulier les adolescentes à travers le monde. En effet, il est établi que les femmes et les filles rencontrent des difficultés à gérer leur hygiène durant la période de menstruation lorsqu’elles ne vivent pas dans un environnement favorable à l’accomplissement de cette tâche. Elles se heurtent notamment à des obstacles tels que l’accès à l’eau, à l’assainissement et/ou aux soins de santé de base, ce qui nuit objectivement à leur éducation, et handicape leur développement individuel et collectif. Permettre aux femmes et aux filles de jouir de leurs droits humains à l’eau et à l’assainissement est une condition préalable essentielle pour leur faciliter une bonne gestion de l’hygiène menstruelle. Le droit humain à l’eau garantit à chacun le droit à un approvisionnement suffisant. Le droit humain à l’assainissement garantit à chacun, dans toutes les sphères de la vie, le droit à un assainissement accessible physiquement, de coût abordable, salubre, hygiénique, socialement et culturellement acceptable, et qui assure la protection de l’intimité et de la dignité de la personne. Une étude récente menée par Speak Up Africa dans les départements de Pikine et Guédiawaye (banlieue dakaroise) souligne que 45,2% des écolières enquêtées perdent 2 jours d’école pendant la période de leurs règles.

La prise en compte de la gestion de l’hygiène menstruelle permet non seulement de réduire le taux d’abandon scolaire mais aussi de contribuer à l’élimination des discriminations à l’égard des jeunes filles. L’éducation n’est pas seulement un droit humain. Elle est également l’un des principaux moyens permettant aux filles de s’émanciper, de devenir plus autonomes et plus à même d’affronter les défis de la vie. L’existence d’installations d’eau et d’assainissement adéquates sur les lieux de travail est un élément essentiel du droit à des conditions de travail sûres et saines. Dans les départements de Pikine et Guédiawaye, en moyenne les femmes perdent entre 2000 et 45000 francs CFA de bénéfice, dû essentiellement à l’absence d’infrastructures sanitaires de base adaptées. La Journée internationale des menstrues ne doit pas donc être perçue seulement comme une journée célébrant le passage de la petite fille à la vie adulte mais comme l’occasion pour tous, de l’Etat aux partenaires, de mieux valoriser la femme, de contribuer à régler les problèmes d’équité et d’égalité entre les genres qui se posent encore dans nos sociétés. Cette journée est un symbole. Elle vient s’ajouter à la longue liste des combats pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes tels que menés par nos héroïnes d’ici et d’ailleurs : de Aline Sitoé à Winnie Mandela, de Simone Veil à Malala.

A propos de Speak Up Africa. Basée à Dakar, au Sénégal, Speak Up Africa est une organisation à but non lucratif de communication stratégique et de plaidoyer dédiée à catalyser le leadership africain, favoriser les changements de politiques et renforcer la sensibilisation autour du développement durable en Afrique. Speak Up Africa est un ‘Action Tank’, une plateforme dédiée à la mise en œuvre d’actions concrètes de plaidoyer en faveur du développement durable. À travers nos programmes, nos réseaux et avec l’aide de nos partenaires, nous nous assurons que les décideurs rencontrent les acteurs de terrain, que des solutions soient présentées et que chaque secteur - des citoyens et groupes de la société civile aux partenaires financiers et dirigeants d’entreprises - contribue de manière critique au dialogue et s’efforce d’agir de manière concrète pour la santé et le développement durable sur le continent.

Professeur Ndioro Ndiaye Coordonnatrice du Réseau francophone pour l’égalité femme-homme


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ÉCONOMIE

Une ville nouvelle pour une Les autorités l’affirment : Diamniadio, conçue pour désengorger Dakar, sera bien livrée dans les temps. Administrations, infrastructures, logements, cité universitaire, complexe hôtelier… État des lieux. Les blocs ministériels, ici en construction, auront une superficie quatre fois supérieure à l’actuel quartier administratif de la capitale.


SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA

nouvelle vie


Grand format SÉNÉGAL ÉCONOMIE

AMADOU OURY DIALLO, à Dakar

S

eydou Sy Sall, le délégué général à la promotion des pôles urbains (DGPU) de Diamniadio et du Lac-Rose, est formel : la première phase de travaux, portant sur les années 2014-2020, sera bien livrée dans les temps, puisque le taux de réalisation de la ville nouvelle dépasse aujourd’hui les 80 %. Au début de mai, une partie des trois sphères ministérielles, conçues pour accueillir une vingtaine de départements (agriculture, élevage, pêche, transports, mines, industrie, éducation nationale, etc.), a été terminée, et l’installation des différents services s’étalera jusqu’en septembre. En déménageant de la sorte un grand nombre d’administrations, l’État espère désengorger le centreville dakarois. Ces blocs ministériels, d’une surface totale de plus de 110 000 m2, sont répartis sur trois arrondissements. Ils constitueront notamment la majeure partie du quatrième, spécialisé dans les finances et les services. L’arrivée programmée de Diamniadio et de ses nouveaux équipements fait souffler un vent nouveau sur Dakar, notamment en matière de tourisme d’affaires et événementiel. Dans le premier arrondissement, entièrement affecté à ces secteurs d’activité, le Centre international de conférences Abdou-Diouf (Cicad), qui a déjà accueilli

le 15e Sommet de la francophonie en novembre 2014, apparaît comme le vaisseau amiral d’un ensemble composé également de l’hôtel Radisson, inauguré en décembre 2017. S’y ajouteront, à terme, une dizaine d’établissements hôteliers de standing, dont un Mövenpick de 350 chambres. Pour recevoir les événements qui animeront les lieux, le stade omnisports Dakar-Arena et le Parc des expositions devraient être terminés dans les toutes prochaines semaines. « Avec une telle infrastructure, Dakar pourra dorénavant accueillir le match NBA Africa Game, organisé jusqu’ici en Afrique du Sud », s’enthousiasme Amadou Gallo Fall, directeur général pour l’Afrique de la ligue amériaine de basket-ball. Orienté vers l’économie du savoir, le deuxième arrondissement doit, selon les plans des autorités sénégalaises, devenir un haut lieu de la recherche et de l’innovation scientifique et technologique. Spécialisée dans les Stem (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques), la future université Amadou-Mahtar-Mbow (lire pp. 100-101) en sera l’épicentre. Sa construction a toutefois accusé un grand retard puisqu’elle n’a pas pu commencer ses activités, comme prévu, pour la rentrée 2016-2017. D’autres institutions – la Cité du savoir, le Parc des technologies numériques, le Centre national de calcul scientifique, le centre hospitalier universitaire, l’Institut de

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ET DAKAR ENTEND SIFFLER LE TRAIN À côté de l’autoroute à péage reliant, depuis août 2013 et sur une quarantaine de kilomètres, Dakar à Diamniadio via le nouvel aéroport international BlaiseDiagne, la liaison électrifiée du Train express régional (TER) constitue l’autre grand moyen de transport attendu pour desservir la ville nouvelle et son aéroport. Démarrés à la fin de 2016, les travaux du premier tronçon reliant Diamniadio progressent à marche forcée. Sa mise en service est fixée à janvier 2019, il n’y a donc pas de temps à perdre. Avec le pôle urbain, le premier train rapide du Sénégal est l’un des chantiers majeurs du pays. Le constructeur sénégalais Getran réalise la gare « emblématique » de Diamniadio, et Eiffage Sénégal celle de Dakar. Entre les deux, 14 stations seront desservies en quarantecinq minutes pour un trafic passagers journalier estimé à 115 000 voyageurs. Selon le gouvernement, le TER devrait coûter 568 milliards de F CFA (866 millions d’euros). La société publique de bus Dakar Dem Dikk (DDD) viendra en appoint à ce dispositif de desserte, tout comme les groupements privés de transport.

Diplômée de Suffolk University Boston et de Paris Dauphine, Khady DIOUF est aujourd’hui le Fondateur et Directeur Général de EVEREST Finance, Société de Gestion et d’Intermédiation (SGI) sénégalaise agréée par le CREPMF. Derrière son persona de dirigeante d’entreprise, se cache une jeune femme assez discrète qui détient un fort engagement patriotique et de grandes ambitions pour le continent.

Quel est le positionnement de EVEREST Finance ? Nous misons sur une adhésion des investisseurs aussi bien locaux qu’internationaux qui contribueront à l’approfondissement du marché financier régional. La particularité de EVEREST Finance réside dans le service personnalisé, la flexibilité et la réactivité de ses équipes permettant d’apporter rapidement des solutions adaptées aux besoins de la clientèle. Nous ambitionnons d’étoffer l’offre existante en étant un acteur de référence dans l’activité de marché et dans la recherche de financement. Notre rôle en tant que Société de Gestion et d’Intermédiation est de veiller à l’animation du marché en informant le secteur privé sur les avantages à recourir efficacement au marché financier.

Quel avantage tirerait une entreprise à recourir au Marché Financier Régional de l’UMOA ? Avoir recours au marché Financier Régional permet d’affiner la visibilité d’une entreprise et de renforcer la confiance de ses partenaires financiers. Cela peut être fait lors d’une Offre Publique de Vente d’actions ou dans le cadre d’une émission d’emprunt par Appel Public à l’Epargne. La place de Dakar dans le MFR peut paraitre paradoxale. En effet, bien que les entreprises sénégalaises cotées représentent 36% de la capitalisation – action de la BRVM, nous ne comptons que 3 sociétés sénégalaises sur les 44 cotées. Je suis d’avis que l’enjeu est d’offrir aux PME l’accès aux avantages qu’offre la BRVM. Une introduction en bourse donne donc à une entreprise l’accès à une source de financement alternative par augmentation de capital. Elle permet aussi la latitude d’élargir l’actionnariat au public. En outre, le p principal p avantage g tiré par p les PME est la réduction du coût du capital. p

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recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef), le Vaccinopole, l’Institut national du pétrole et du gaz – viendront graviter autour de ce noyau. Les activités du troisième arrondissement, spécialement axé vers l’industrie manufacturière et la logistique, se structureront autour d’un parc industriel intégré d’une surface de 52 ha, qui a déjà accueilli ses premières usines. Selon les autorités, ce parc pourra accueillir une soixantaine d’entreprises, permettant la création de plus de 20 000 emplois. Il voisinera, à la fin de cette année, avec le marché de gros, annoncé comme le « Rungis » du Sénégal. Pour éviter que Diamniadio ne soit qu’une juxtaposition de services installés dans des arrondissements coupés les uns des autres, les concepteurs ont prévu de répartir plus de 40 000 logements de différents standings pour cimenter les quartiers de la ville selon un concept de mixité sociale et fonctionnelle. « Pour ne pas tomber dans le piège de la cité-dortoir, nous avons structuré Diamniadio autour de la fonction travail, dont l’activité crée de la richesse et des emplois, que nous avons combinée avec la fonction logement, pour apporter cette mixité », explique Seydou Sy Sall. Les premières habitations sont attendues pour septembre de cette année.

Le beau savoir Dans ce « campus régional de référence », une place de choix sera consacrée à la recherche et à l’innovation. Les activités de formation, de recherche et d’innovation occuperont une place de choix à Diamniadio. Comme énoncé dans le Plan Sénégal émergent (PSE), les autorités du pays ambitionnent de faire de Dakar le « campus régional de référence » en Afrique de l’Ouest. Pratiquement tout le deuxième arrondissement du nouveau pôle urbain y sera consacré,

puisque y seront implantés l’université AmadouMahtar-Mbow, le centre hospitalier universitaire et le centre de traumatologie. Entre autres… L’université AmadouMahtar-Mbow (du nom du direc teur général de l’Unesco entre 1974 et 1988), dont les enseignements seront essentiellement tournés vers les sciences et qui accueillera


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30 000 étudiants, sera au cœur de ce futur pôle scientifique et technologique. Le second établissement universitaire public de la capitale sénégalaise après l’université CheikhAnta-Diop a accusé un retard important dans sa livraison. Alors que son ouverture était initialement prévue pour la rentrée académique 2016-2017, elle ne devrait finalement pas accueillir ses premiers étudiants avant octobre 2019. C’est le cabinet ivoirien DNK (de Dominique Doumi-Kouakou) qui a remporté l’appel d’offres international pour la réalisation de ce campus, dont le coût est estimé à 75 milliards de F CFA (114 millions d’euros). La Cité du savoir constitue l’autre complexe scientifique essentiel du dispositif. Il s’étend sur un espace de 14 ha et regroupera de nombreuses structures consacrées à la formation, la recherche

ou l’innovation. C’est également d’ici que seront pilotés les domaines de l’enseignement supérieur et de la recherche pour l’ensemble du pays. Le Quartier des écoles abritera par exemple les extensions de nombreux établissements privés d’enseignement supérieur. L’École supérieure de commerce de Dakar (Sup de Co), pionnière des business schools du pays, y prévoit notamment la construction d’un nouveau campus.

Rayonnement

Pour le volet gouvernance et évaluation de l’enseignement supérieur, la Cité du savoir accueillera les sièges du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ; celui de l’Autorité nationale d’assurance qualité de l’enseignement supérieur, ou encore celui de l’Office du baccalauréat. Elle abritera également, dans sa composante

recherche, innovation et transfert de technologies, le Centre national de recherche scientifique (CNRS), plusieurs laboratoires mutualisés et spécialisés dans les sciences du vivant (biologie fondamentale, biotechnologie, etc.), dans les sciences fondamentales et appliquées (modélisation mathématique, informatique, robotique, etc.), ainsi qu’en médecine nucléaire et en physique des particules. Elle comprendra également des incubateurs, un parc scientifique, le

AU CŒUR DE CETTE FUTURE CITÉ DU SAVOIR, L’UNIVERSITÉ AMADOU-MAHTARMBOW, TOURNÉE ESSENTIELLEMENT VERS LES SCIENCES.

nouveau siège du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria), etc. S on cluster baptisé Espace Infrastructures techniques, de partage et d’apprentissage regroupera le Centre national de calcul scientifique, l’espace numérique ouvert (ENO), l’Institut supérieur d’enseignement professionnel (Isep), l’Université virtuelle du Sénégal (UVS), ou encore l’Institut africain des sciences mathématiques (AIMS). Enfin, un espace tourné vers la promotion de la culture scientifique abritera, lui, la Maison de la science, qui comprend un planétarium, un aquarium, un observatoire astronomique, un espace de démonstration scientifique et technique. De quoi assurer le rayonnement de Diamniadio bien au-delà du Sénégal. A.O.D.

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Le digital et l’internationalisation sont nos deux axes stratégiques de développement

D.R.

Quelle est votre stratégie de développement ?

Un entretien avec Birane Ndour, directeur général adjoint du Groupe Futurs Médias (GFM)

Pouvez-vous nous présenter le groupe ? Le Groupe Futurs Médias (GFM) a été fondé par Youssou Ndour, en 2003, pour «apporter un plus dans l’espace médiatique au Sénégal. Le premier support a été la Radio Futurs Médias (RFM), la station la plus écoutée du Sénégal actuellement, puis nous avons incorporé : L’Observateur, qui est le quotidien à plus fort tirage et diffusion d’Afrique de l’ouest ; la chaîne de Télévision Futurs Médias (TFM) ; la station King FM, la 1e radio digitale du pays ; et deux chaînes de télévision thématiques: TFM Religions et l’Obs TV, en partenariat avec le groupe sud-africain Econet. GFM est le premier groupe multimédia du Sénégal, avec 700 salariés, et un acteur majeur en Afrique de l’ouest

Elle repose sur deux axes : la diversification des activités et l’internationalisation. En ce qui concerne la diversification, force est de constater que le numérique est désormais une réalité au Sénégal : le taux d’abonnement en téléphonie mobile dépasse 100%. Il est impossible pour un groupe comme le notre de ne pas tenir compte de ce phénomène, d’où la volonté de nous positionner dans le numérique. Un département pour le développement d’activités à haute valeur ajoutée dans le numérique a été créé. Nous avons lancé le site d’informations générales et sectorielles www.igfm.sn ainsi que l’application GFM & Vous. Celle-ci regroupe tous les services du Groupe Futurs Médias et donne la possibilité aux utilisateurs d'interagir directement avec nos présentateurs, journalistes, animateurs et artistes.

Et en 2018 ? La diversification devrait encore s’accentuer cette année. Nous avons obtenu une licence d’opérateur mobile virtuel (MVNO) et l’activité devrait démarrer en octobre prochain. Par ailleurs, nous allons inaugurer prochainement la plus grosse unité d’impression industrielle en impression numérique offset et packaging du Sénégal. Le développement en cours de la TNT au Sénégal devrait ouvrir également de nouvelles possibilités.

ET NOUS N’AVONS PAS FINI DE VOUS SURPRENDRE... Route des Almadies Lot n°8 B.P. : 17795 Sénégal Tél. : 221 33 849 16 40 - Fax : 221 33 849 16 45 / 33 849 16 38

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Qu’en est-il de l’internationalisation ? Nos chaînes de télévision sont vues à l’étranger : TFM est la chaîne la plus regardée en Gambie et en Mauritanie. Nous souhaitons nous implanter dans la région par le biais de joint-ventures avec des partenaires locaux. Nous avons déjà des correspondants. L’objectif est d’être présent dans les principaux d’Afrique de l’ouest d’ici trois à cinq ans.

Quels sont vos atouts sur ces marchés ? Notre avantage concurrentiel repose, d’abord, sur la notoriété du fondateur du groupe, Youssou Ndour, qui est une personnalité africaine de premier plan dans le secteur des médias.

Disponible sur l’application GFM&VOUS Suivez-nous sur les réseaux-sociaux

Par ailleurs, nous avons une réelle expertise dans les différents médias que nous avons développés au Sénégal : radio, presse écrite, télévision et médias digitaux. En matière de contenus, nous avons été précurseurs en Afrique, en développant des séries locales. Actuellement, 100% de nos contenus sont locaux. Nous pensons que cette expérience et ces contenus peuvent être valorisés en Afrique. Enfin, nous avons une solide expérience des partenariats. Au Sénégal, nous diffusons de la musique sur Orange et nous collaborons avec l’opérateur dans les jeux avec l’autorisation de la Loterie nationale sénégalaise (LONASE). Ce sont autant de services à valeur ajoutée que nous pouvons répliquer dans d’autres pays de la région.

©DIFCOM - PHOTOS : STOCK.ADOBE.COM SAUF MENTION D.R.

PUBLI-INFORMATION


Grand format SÉNÉGAL ÉCONOMIE

ENTREPRENEURIAT

portent sa signature. Des réalisations emblématiques sont également marquées de son empreinte au Cameroun (université de Dschang) et dans divers pays d’Afrique de l’Ouest (Gambie, Togo, Guinée-Bissau…). C’est d’ailleurs en Guinée-Bissau qu’il a réalisé sa première commande internationale : l’agence nationale de la BCEAO. Les équipes de Getran sont aussi cosmopolites que ses carnets de commandes, puisque les Sénégalais y côtoient des Gambiens, des Guinéens, des Ivoiriens et des Congolais, ainsi que des Turcs et des Italiens.

Getran, un local au destin continental

Surtout présent à l’étranger, le constructeur s’est enfin hissé parmi les principaux opérateurs privés du pays, notamment à Diamniadio.

CETTE ANNÉE, LE SÉNÉGAL CONTRIBUERA AUX RÉSULTATS DU GROUPE POUR 50 %, CONTRE MOINS DE 10 % JUSQU’EN 2014.

AMADOU OURY DIALLO

ondée en 1998, la Générale de travaux publics et de négoce (Getran) est davantage connue sur le reste du continent que sur ses propres terres sénégalaises. Jusqu’à l’année dernière, elle réalisait plus de la moitié de son chiffre d’affaires à l’étranger, notamment en Côte d’Ivoire. Getran, en duo avec la Snedai, de l’Ivoirien Adama Bictogo, y est actuellement en compétition sur de « très grands projets immobiliers », assure Mar Thiam, le patron fondateur de cette entreprise présente dans les secteurs de l’ingénierie, du BTP, des transports ou du négoce, et qui compte aujourd’hui parmi les principaux opérateurs privés du Sénégal. La liste des réalisations de Getran sur le continent est impressionnante, notamment au Tchad et au Congo. « Mes deux pays de cœur », avoue ce panafricaniste revendiqué. À N’Djamena, sa société a bâti l’Arche du cinquantenaire, la faculté de médecine et l’Hôpital de la mère et de l’enfant. À Brazzaville, l’immeuble Elbo, « le plus beau de la capitale », selon le chef de l’État, Denis Sassou Nguesso, l’American International School et la LCB Bank

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Montée en puissance

GROUPE GETRAN

L’immeuble Elbo, à Brazzaville, porte sa signature.

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jeuneafrique no 2993 du 20 au 26 mai 2018

Des rencontres déterminantes expliquent le « tropisme africain » de Mar Thiam. En 1995, alors qu’il est conducteur de travaux au Consortium d’entreprises, un groupe de BTP sénégalais très actif en Afrique de l’Ouest, l’architecte Pierre Goudiaby Atepa, sénégalais lui aussi, lui propose de diriger Gamsen, une entreprise chargée de construire l’aéroport international de Banjul. Goudiaby lui ouvre alors son riche carnet d’adresses et, trois ans plus tard, Mar Thiam crée Getran. En 1999, il remporte son premier chantier, avec la construction du siège de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (Bicis), filiale locale du français BNP-Paribas. Getran enchaîne ensuite les contrats et monte encore en puissance avec l’arrivée du président Wade aux affaires, en 2000. Pourtant, jusqu’en 2014, le Sénégal représentait moins de 10 % du chiffre d’affaires du groupe, qui tente aujourd’hui de muscler sa présence sur le marché national. Il est ainsi devenu l’un des principaux acteurs de la réalisation du nouveau pôle urbain de Diamniadio, dont le train express régional, qui reliera Dakar à l’aéroport international Blaise-Diagne, et plusieurs complexes immobiliers. Et avec un carnet de commandes évalué à une soixantaine de milliards de francs CFA, le groupe réalisera cette année 50 % de ses résultats au Sénégal. Pour répondre à la demande, Mar Thiam a mis en place la filiale Getran Industries, un groupement de sociétés capable d’intervenir tout au long de la chaîne de valeur de la filière. Le même schéma a été appliqué en Côte d’Ivoire, en direction des marchés burkinabè, malien et nigérien.


LE SITE D’INFORMATIONS QUI BAT LA MESURE DE L’ACTUALITÉ SÉNÉGALAISE 2011-2018… 7 ans déjà que le site d’informations générales, Dakaractu.com, permet aux Sénégalais, notamment ceux de la diaspora, de se tenir informés, de se forger une opinion ou d’éprouver des sentiments liés aux faits de société ou à des personnalités du monde politico-médiatico-sportif et culturel.

I

l aura fallu beaucoup de clairvoyance, de ténacité, d’esprit d’indépendance, de talent et d’énergie créatrice, pour qu’aujourd’hui, Dakaractu.com tienne sa position de leader incontournable et incontesté de la presse en ligne au Sénégal. Ce n’était pas gagné d’avance et nécessita vision, abnégation, ambition et respect de son lectorat.

Lorsque Dakaractu paraît 30 ans après l’instauration du multipartisme intégral sur fond de pluralité médiatique, le contexte est à la confusion, avec des informations souvent vampirisées par l’omniprésence d’Abdoulaye Wade dans les pages de journaux qui avaient compris le côté « vendeur » du personnage. Ce flot d’actualités avait besoin d’un espace qui offrait aux Sénégalais de la réactivité, de l’analyse et qui fournissait un cadre d’exposition à diverses opinions et obédiences politiques, par-delà le factuel. Pour avoir compris ce désir, Dakaractu prend alors une place de choix, celle d’une presse que l’on consulte toute la journée, quoi qu’il arrive et en priorité. Parce que Dakaractu ne voulait pas n’être qu’un portail.

Une Administration ambitieuse. Le groupe tient son rang actuel, de leader de la presse en ligne, de l’ambition calme, résolue et pragmatique de son administrateur, Serigne Diagne, qui a su mener vers « l’esprit Dakaractu », journalistes confirmés, photo-reporters, cameramen et vidéographes créatifs, pour faire ensemble « le web média de référence ». Tout ce personnel est mis dans des conditions optimales de travail, alliant confort, moyens de collecte et de recoupement des informations, pour la plupart de première main, mobilité et indépendance financière.

Une équipe de professionnels

Une diversification opportunément menée Dakaractu, ayant acquis, en se diversifiant grâce à l’apport de la vidéo, le savoir-faire de l’image télévisuelle, a eu la sagacité et la vision de créer sa Webtv, en haute définition. Programmes, débats, directs sur tous types d’évènements de portée nationale, plateaux télévisés où s’affrontent les politiques autant que les leaders de la société civile, toute cette montée en puissance a autorisé les administrateurs de Dakaractu à créer sa télévision sur le Web. Ses émissions ont eu un écho retentissant lors de la dernière campagne électorale des législatives, ayant accueilli sur ses plateaux les leaders de toutes les listes engagées. L’engagement de Dakaractu dans le sport, notamment le football, participant à la visibilité des Lions en partance pour le Mondial, lui valent aujourd’hui d’être le seul site d’information en ligne à être accrédité par les organisateurs. Sa visibilité s’en sera, c’est certain, accrue.

Demain, Dakaractu Télévision ? Serigne Diagne, administrateur de Dakaractu, ne fait pas mystère de son ambition de franchir LE PALIER… Celui qui posera Dakaractu sur la TNT ou le câble. Dakaractu en a les moyens, les hommes pour réaliser cet objectif.

Ces jeunes, motivés par un projet clair et prospectif, couvrent avec professionnalisme, passion et pertinence, tous genres d’information, en continu. Politique, société, médias, sports, people… Aucun domaine de l’actualité n’échappe au désir de bien informer qu’ils destinent à leur lectorat, lequel traverse tout le spectre de la société sénégalaise, qui se retrouve toujours concernée par la production éditoriale de Dakaractu. C’est le gage de la fidélité de ses lecteurs qui permet de dérouler le fil des ambitions du site sénégalais. La qualité des écrits de chroniqueurs renommés, la pertinence des débats sur la base des contributions de personnalités de la société civile, ont participé à faire de Dakaractu le lieu où des citoyens ont la latitude de prendre part aux débats qui agitent et accompagnent le développement du Sénégal.

(+221) 33 865 24 71 / (+221) 77 683 85 85


Grand format SÉNÉGAL ÉCONOMIE

DÉCRYPTAGE

L

ors de son adresse à la nation, à la veille de la fête nationale, le 4 avril, Macky Sall a annoncé le démarrage des activités de la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide (DER), dotée d’un fonds initial de 30 milliards de F CFA (45,7 millions d’euros) et directement pilotée depuis la présidence de la République. Sa mission? Financer en priorité les projets des jeunes et des femmes, notamment dans la pêche et les TIC. Déjà, à son arrivée aux affaires, en avril 2012, il avait promis de créer 500000 emplois dans un pays où, tous les ans, environ 200000 jeunes diplômés arrivent sur le marché du travail. Esquissant le bilan de sa promesse électorale à dix mois de la fin de son septennat, le 1er mai, devant les organisations syndicales, il a annoncé la création de 411000 emplois. Un chiffre substantiel, mais pourtant insuffisant au regard des attentes. La question de l’emploi des jeunes pourrait d’ailleurs être l’adversaire politique le plus sérieux du président sortant lorsque, en février 2019, il remettra

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son mandat en jeu. Tout comme elle sera la principale bombe à retardement à désamorcer pour garantir la paix sociale dans les années à venir. D’après les chiffres 2017 de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, 15,7 % des Sénégalais âgés de 15 ans ou plus sont en quête d’un emploi, dont 18,6 % en milieu urbain. Ces statistiques ne tiennent pas compte de ceux, encore plus nombreux, sans aucune qualification professionnelle. Une préoccupation à laquelle le gouvernement tente de répondre à travers divers programmes (instituts d’enseignement professionnel, projet FormationÉcole-Entreprise, etc.). Il est pourtant déjà clair que le chef de l’État et son gouvernement ne pourront jamais, en l’espace d’un ou de deux mandats, assurer le plein-emploi et résorber le chômage endémique des jeunes. Pour espérer créer les conditions favorables, il faudra, selon les experts, une croissance annuelle du PIB de l’ordre de 9 % à 10 % pendant au moins une décennie. Mais les structures de l’économie sénégalaise sont-elles prêtes?

Chaque année, environ 200 000 diplômés arrivent sur le marché du travail. Ici, à l’ISM de Dakar.

Investissements inclusifs

Même si la richesse nationale poursuit son cycle de croissance, avec, selon le FMI, 6,8 % en 2017 et une prévision de 7 % pour 2018 – contre une moyenne de 3,2 % sur la période 2006-2013 –, force est d’admettre qu’il reste encore du chemin à faire. Les observateurs pointent le fait que les investissements des grandes firmes multinationales, ainsi que les emprunts internationaux, restent les principales sources de croissance du pays. Ce qui n’est ni inclusif ni soutenable. Dans le même temps, toujours selon les chiffres du FMI, le pays est plombé par une dette publique extérieure

qui a atteint 61 % du PIB en 2017 et est attendue à 59,9 % en 2018. La loi de finances 2018 montre que le paiement des intérêts (2210 milliards de F CFA) et l’amortissement de la dette (618,8 milliards) demeurent les premiers postes de dépenses de l’État. « Nul gouvernement ne peut se passer d’emprunt, l’essentiel est d’en faire bon usage », réplique le président sénégalais face aux critiques. Pour El Hadji Alioune Camara, économistechercheur à l’université de Thiès, « il faut mettre en place des politiques cohérentes de soutien au tissu de PME et au secteur primaire, afin qu’ils soient les principaux générateurs de cette croissance ».

SYLVAI N CH ERK AO

AMADOU OURY DIALLO

UI PO UR JA

Chômage: une bombe à désamorcer



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TRIBUNE

Pour que grandissent les PME C

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omprendre et connaître la réalité de son écosystème est L’autre défi est davantage lié au profil des entrepreneurs. non seulement vital pour une économie, mais surtout straQuand on échange avec eux sur leurs difficultés à émerger tégique pour un pays. De fait, l’Agence nationale de la statisou à passer un cap, ils évoquent souvent, à tort ou à raitique et de la démographie (ANSD) a dénombré au Sénégal, son, le manque de dispositifs de financements. Pourtant, le en 2017, 407 882 unités économiques ou entreprises. Leur Sénégal compte 24 banques commerciales, dont la Banque répartition laisse apparaître une forte prédominance des nationale de développement économique – laquelle a justeentrepreneurs indépendants et des très petites entreprises, ment pour principale mission de remédier à ce problème de qui représentent respectivement 81,8 % et 16,4 % de ces unifinancement – et six fonds d’investissement. Cette question tés. Les moyennes entreprises n’en représentent que 0,4 %. devrait donc être résolue. Mais elle persiste, voire s’amplifie. Ces données corroborent notre analyse empirique : La source de ces difficultés, selon nous, provient surtout de il manque véritablement un nombre critique l’hésitation des entrepreneurs à investir dans de moyennes entreprises pour constituer le leur propre formation et celle de leurs collavivier de futurs champions dont le Sénégal borateurs pour renforcer ou développer des a tant besoin pour dynamiser son économie compétences clés pour la vie des entreprises. et résoudre le problème du chômage. Quant La plupart considèrent encore la formation aux efforts fournis par l’État ces dernières non comme un investissement, mais comme années, nous constatons qu’ils sont surtout une dépense. Or, comme tout investissement, axés sur l’amélioration du quotidien des le retour sera perceptible uniquement sur le primo-entrepreneurs et de ces petites entremoyen, voire le long terme. D’ailleurs, les prises. Comme le prouve la mise en place agrégats officiels des PME et grandes entreRivolala du guichet unique de création d’entreprises prises au Sénégal, publiés annuellement par Ratsimandresy piloté par l’Agence de promotion des invesl’ANSD, attestent de cette défaillance. Cofondateur de tissements et des grands travaux (Apix), ou la Rencontre des celle d’un organisme de garantie, le Fongip, a Rencontre des entrepreneurs, qui joue entrepreneurs (RDE) pour pallier le défaut de garantie lors de un rôle d’accélérateur, salue l’ensemble et multientrepreneur la demande de crédit. L’accompagnement de ces dispositifs. Plus spécifiquement, celui comptable apporté par des centres de gestion qui accompagne les moyennes entreprises agréés, ainsi que le soutien des primo-enest développé par le Bureau de mise à niveau trepreneurs et des petites entreprises par pour inciter les PME à l’amélioration de l’outil l’Agence de développement et d’encadrement des PME sont de production, à travers des investissements matériels et de bonnes initiatives, mais elles ne répondent pas aux défis immatériels. Pour autant, nous constatons que ceux-ci ne et aux difficultés rencontrés par les moyennes entreprises. sont pas suffisants face aux problèmes et défis posés à nos entrepreneurs pour les faire grandir. e système fiscal fait partie des défis auxquels celles-ci C’est pourquoi nous avons mis en place un programme sont confrontées. Il n’existe quasiment pas de dispod’accompagnement opérationnel d’une durée d’un an, qui a sitifs fiscaux incitatifs pour récompenser leurs efforts. pour mission d’aider les PME déjà existantes et à fort potenSelon la dernière étude « Paying Taxes 2017 » du cabinet tiel à devenir les championnes de leur secteur, en leur apporPricewaterhouseCoopers et de la Banque mondiale, le tant expertise, capital et réseau. En agissant de la sorte, Sénégal a été classé 29e sur 53 pays africains, en matière nous espérons doter le Sénégal d’un nombre suffisant de de pression fiscale. Évaluée à 45,1 %, elle pèse lourdement moyennes entreprises solides et conquérantes, qui ambisur bon nombre d’entreprises, qui contribuent pourtant de tionneront de devenir de grandes entreprises pour porter manière honnête et volontaire à la richesse du pays. haut le drapeau du Sénégal et de l’Afrique.

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COMMUNIQUÉ

1. Lubomir ROGLEV,

AVIS D’EXPERTS

Associé responsable du département Afrique de DS AVOCATS Email : roglev@dsavocats.com

2. Seynabou KANDJI,

Avocate au Barreau de Paris, Directrice générale de DS CONSULTING AFRIQUE Email : kandji@dsconsultingafrique.com

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Coup d’œil sur l’environnement des affaires au Sénégal. Une économie ouverte et stable

Ainsi, plusieurs réformes fiscales sont menées : • L’ adoption en 2017 d’un nouveau dispositif d’incitation applicable aux zones économiques spéciales permettant aux entreprises de bénéficier d’avantages fiscaux, douaniers et sociaux et de garanties sur la propriété (notamment foncière), et • L’ adoption en mars 2018 de modification du code général des impôts renforçant le dispositif d’incitation fiscale, notamment pour les entreprises intervenant dans les énergies renouvelables, les mines, le pétrole et l’industrie agricole.

Une série de réformes entreprises ces dernières années conforte cette vision libérale de l’économie et permet au Sénégal de se doter d’un cadre juridique concurrentiel et favorable aux investissements.

Enfin, dans le cadre de cette réforme, la sous-capitalisation et le prix de transfert ont été clarifiés et précisés.

Le Sénégal figure parmi les pays les plus attractifs en Afrique subsaharienne pour les investisseurs. Le pays gagne ses galons dans les difxférents classements sur la compétitivité des économies mondiales (Doing business, Standards & Poor’s, Moodys, etc.). Au-delà de sa stabilité politique régulièrement mise en avant, le Sénégal est caractérisé par une économie ouverte et stable, ne faisant pas de discrimination entre sénégalais et non sénégalais en matière d’investissements (une société de droit sénégalais peut être détenue à 100 % par des étrangers).

Dans cette optique, plusieurs évolutions qui confirment une tendance de recherche d’efficacité, de sécurité juridique et d’encouragement Plusieurs évolutions des investissements confirment une méritent d’être relevées.

tendance à l’encouragement des investissements.

Le Bureau d’Appui à la Création des entreprises a été mis en place pour permettre le raccourcissement considérable des délais de création des sociétés.

Les innovations apportées en droit des sociétés – OHADA ont permis de multiplier les options en matière de structurations des opérations d’investissement, notamment avec l’introduction de la SAS et de sociétés à capital variable, la reconnaissance juridique des bureaux de représentation qui permettent une implantation progressive des investisseurs, l’introduction de nouvelles catégories de valeurs mobilières plus adaptés à l’ingénierie juridique et financière. Des mesures importantes ont été prises dans des secteurs ciblés jugés prioritaires : ressources naturelles (adoption d’un nouveau code minier, revue du cadre réglementaire dans le domaine du pétrole), renforcement des capacités en matière de PPP, énergies renouvelables.

Cette amélioration du dispositif juridique et fiscal, menée en parallèle avec la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergeant (PSE) qui est un vivier de projets devrait renforcer l’attractivité du Sénégal pour les investisseurs. Les découvertes récentes de gisements pétroliers et gaziers ne pourraient qu’accroître cette attractivité.

Points de vigilance

Toutefois, même si les signaux sont positifs, les investisseurs qui opteront pour la destination Sénégal devront rester vigilants sur certains aspects : le taux de change car, malgré le caractère fixe de la parité du CFA par rapport à l’euro la monnaie locale subit les variations entre l’euro et les autres devises, l’encadrement strict de la sortie de devises, le foncier qui nécessite une réforme profonde, etc. Il est aussi souhaitable que la mise en place des divers projets du PSE soit accélérée pour accroître la confiance des investisseurs.

DS AVOCATS

6 Rue Duret 75116 Paris Tél. : +33 (0) 1 53 67 61 13 afrique@dsavocats.com

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SOCIÉTÉ

Hôtel de vide

Dans sa cellule de Rebeuss, où il est incarcéré depuis le 7 mars 2017, l’édile dakarois reçoit les membres de son cabinet, valide ou non les grandes orientations. Mais, à la mairie, son absence se fait sérieusement sentir.

SYLVAIN CHERKAOUI

Une affiche, placée devant l’hôtel de ville, présente le décompte des jours passés en détention par Khalifa Sall.


OLIVIER LIFFRAN, envoyé spécial à Dakar

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ris, pleurs, bousculades… Un invraisemblable tohu-bohu s’est emparé du palais de justice de Dakar après la condamnation, le 30 mars, de Khalifa Ababacar Sall à cinq ans de prison ferme. Et, comme à l’accoutumée, ses soutiens ont vitupéré contre une justice accusée d’être aux ordres du pouvoir. Avec l’annonce de l’appel à la suite de sa condamnation, la saga judiciaire autour de l’affaire Khalifa Sall a encore de beaux jours devant elle. En attendant l’épilogue, qui reste conditionné par l’épuisement de toutes les voies de recours, la mairie de Dakar et ses 3 500 agents doivent fonctionner bon gré mal gré, depuis plus d’un an, sans leur capitaine. « On s’est organisés pour garantir une certaine continuité », assure une source à la mairie. Depuis sa cellule de la prison de Rebeuss, où il séjourne depuis le 7 mars 2017, l’édile peut recevoir les membres de son cabinet autant de fois que nécessaire, entre 16 h 30 et 18 heures. Une largesse qui n’a pas toujours été de mise. Après la foule des premiers jours, ses visites hebdomadaires avaient été drastiquement réduites quelques mois plus tard, de vingt à dix personnes, et seulement le lundi. Face à la bronca, l’administration pénitentiaire avait finalement dû faire machine arrière.

Soubresauts judiciaires

le maire. Le bureau de ce dernier, situé au rez-de-chaussée, est d’ailleurs resté tel quel depuis son incarcération. Au premier étage, la première adjointe, Soham El Wardini, qui bénéficie d’une délégation de signature pour expédier les affaires courantes, relativise les conséquences de l’incarcération de Khalifa Sall sur le fonctionnement de la mairie. « On avait déjà pris l’habitude de travailler en son absence, explique-t-elle. En raison de ses obligations internationales [Khalifa Sall est notamment le secrétaire général de l’Association internationale des maires francophones], le maire voyageait beaucoup et s’appuyait sur l’équipe qu’il avait constituée. En ce sens, cela n’a pas changé grand-chose. »

Des blocages financiers

Et l’adjointe de mettre en avant la bonne tenue du conseil municipal, qui a voté, en janvier, le budget pour l’année 2018 – d’un montant de plus de 58 milliards de F CFA (environ 88,4 millions d’euros). « Nous constatons par contre un blocage au niveau des finances, regrette la première adjointe. Nous n’avons toujours rien perçu des impôts de l’année 2017. Ce qui nous oblige, pour le moment, à vivre avec les reliquats de l’année précédente. » Autre difficulté soulignée : la frilosité des banques privées à prêter à la municipalité, laquelle est, à cause de cela, obligée de puiser dans ses fonds propres pour financer ses projets. Le nouveau système de paiement la contraint également à faire valider la moindre dépense par les services de l’État, par l’intermédiaire d’un agent du Trésor public. « Ce qui provoque un retard de paiement des prestataires », explique Babacar Ba, directeur adjoint du cabinet du maire. Ce genre de tracasseries ne date pas d’hier. « Les modalités de l’acte III de la décentralisation, votée en 2013, dépossèdent la ville de nombreuses compétences », rappelle une source proche de l’équipe municipale.

EN ATTENDANT L’ÉPILOGUE, LA MUNICIPALITÉ DE DAKAR DOIT FONCTIONNER BON GRÉ MAL GRÉ, DEPUIS PLUS D’UN AN, SANS SON CAPITAINE.

Mais les conditions demeurent celles d’une vie carcérale, avec un temps de visite limité à quinze minutes et sous la surveillance d’un gardien. « Si l’on vient à plusieurs, notamment le vendredi, il faut bien se chronométrer pour que tout le monde puisse s’exprimer », explique la même source. Le maire doit, lui, s’imprégner ensuite de chaque dossier et valider ou non les grandes orientations. L’exercice est d’autant plus délicat que le détenu le plus célèbre du pays n’a pas accès à internet ou à un téléphone portable et, de manière générale, à toute possibilité de se documenter par lui-même – bien qu’il dispose d’une bibliothèque alimentée par ses proches. Sa correspondance est également examinée avec minutie par la directrice de Rebeuss en personne. Une disposition qui a connu néanmoins quelques accrocs, avec la diffusion, lors des législatives de l’été 2017, d’un long texte intitulé « Khalifa Ababacar Sall vous écrit ». À l’hôtel de ville, vaste bâtisse héritée de l’époque coloniale, l’absence du maire se fait ressentir. À l’extérieur du bâtiment d’abord, où une banderole rappelle quotidiennement aux passants le nombre de jours passés en prison par Khalifa Sall. Dans les couloirs ensuite, où l’on discute à l’envi des derniers soubresauts judiciaires de Monsieur

UN AVENIR POLITIQUE EN POINTILLÉ Khalifa Sall pourra-t-il participer à la prochaine élection présidentielle? Depuis le début de l’affaire, en avril 2017, ses avocats font feu de tout bois pour ralentir la machine judiciaire. Avec un objectif en tête: faire en sorte que le maire de Dakar ne soit pas condamné définitivement et rendu

inéligible avant le 25 janvier 2019 – date à laquelle le Conseil constitutionnel publiera la liste définitive des candidats du scrutin. Auquel cas Khalifa Sall pourrait être en mesure de faire campagne depuis sa cellule de Rebeuss en vue d’accéder à la magistrature suprême. O.L.

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directeur général du Pullman Dakar et directeur délégué pour l’hôtellerie luxe et haut de gamme du groupe AccorHotels pour le Sénégal et la Côte d’Ivoire

L’hôtel a fait l’objet d’une rénovation complète. Quels sont les principaux changements ? Le Pullman Dakar Teranga, qui fête ses 45 ans cette année, a opéré un lifting complet : façade, chambres, lobby, salles de séminaires et restaurants. La rénovation a commencé en janvier 2016 et a été achevée en décembre 2017. L’investissement total a atteint 30 millions d’euros. L’hôtel propose 247 chambres, dont 25 suites et une présidentielle, entièrement rénovées, au design à la fois contemporain et d’inspiration africaine. Dans une ambiance feutrée et contemporaine, elles placent le client dans un univers propice au repos, à la détente et à la concentration s’il a besoin de travailler. Les suites et chambres sont toutes équipées de connexion wifi, TV LCD avec satellite, mini-bar, coffre-fort, climatisation et plateau de courtoisie. La principale nouveauté réside dans la création d’un étage spécial dédié à la détente et au bienêtre. Celui-ci comprend : un centre Spa, un espace de complet de remise en forme et fitness et un « healthy pool ». Ces installations proposent

des équipements de dernière génération et une offre de coaching personnalisé sous forme de cours particuliers : fitness, renforcement musculaire, stretching, pilates, relaxation, aquafitness, aquagym, yoga au bord du bassin healthy ! Nous sommes en mesure d’offrir un mix parfait business/loisirs, parfaitement en phase avec les nouvelles attentes de la clientèle d’affaires, mais aussi un lieu d’hébergement idéal pour les touristes. Le Pullman Dakar Teranga confirme ainsi sa vocation traditionnelle : être l’hôtel emblématique de la capitale sénégalaise et le navire amiral de la chaîne Pullman en Afrique.

« L’hôtel de Dakar est le navire amiral de la chaîne Pullman en Afrique

«

Un entretien avec Daniel Karbownik,

Le marché de l’hôtellerie haut de gamme est très concurrentiel. En quoi vous différenciez-vous des autres établissements ? Notre originalité repose sur la conjonction de trois éléments qui nous distinguent clairement de nos concurrents :


PUBLI-IINFORMATION

Nous avons intégré une dimension artistique et culturelle africaine dans la décoration de l’hôtel, dont le meilleur exemple est le nouveau lobby. Nous voulons affirmer un ADN africain en faisant appel à des artistes et des designers de talent du Sénégal et d’autres pays du continent.

Enfin, nous continuons à mettre l’accent sur la formation et le coaching de nos équipes. Nous y consacrons chaque année 3 % de notre masse salariale. Pullman a imaginé une nouvelle façon d’accueillir ses voyageurs, plus informelle, humaine et chaleureuse. Dès l’entrée de l’hôtel, une équipe de « welcomers » va naturellement à la rencontre des clients pour les accueillir, nouant une relation privilégiée avec chacun d’entre eux.

Comment la rénovation a-t-elle été accueillie ? Nous constatons une nette augmentation de la fréquentation aussi bien pour ce qui est de la clientèle d’affaires que des touristes. Le Sénégal connait une vraie dynamique de développem ment et les investissements réés nous permettront de contialisé nuerr à faire la course en tête. Pullman Dakar Teranga Hôtel cinq étoiles 10 Rue Colbert, Dakar 10200, Sénégal Tél. : +221 33 889 22 00

www.accorhotels.com

©DIFCOM - PHOTOS : D.R.

Par ailleurs, l’hôtel veut être davantage qu’un lieu d’hébergement. Nous accueillons de nombreux évènements : concerts, festivals, expositions, etc. Le Pullman Dakar Teranga se veut un lieu de vie dans le quartier central du Plateau, le plus moderne de la ville, face à l’océan Atlantique et à l’île de Gorée.


Grand format SÉNÉGAL SOCIÉTÉ

es usines défilent lentement le long de la route de Rufisque, dans la banlieue de Dakar. Un décor semblable à toutes les zones industrielles du monde. Mais il suffit de s’aventurer un peu pour découvrir un concentré de vie. Ce vendredi après-midi, ils sont près d’une trentaine d’habitants du village voisin de Yarakh, et presque autant de marmots, à s’être rassemblés dans le minuscule local de la compagnie théâtrale Kàddu Yaraax. La petite assistance, rieuse, se raconte les anecdotes de la semaine. « 1, 2, 3… Action! » tonne Leyti Kane, l’un des membres de la compagnie. Intitulée Marhaba (« bienvenue », en arabe), la pièce jouée aujourd’hui raconte l’histoire de Fatou, une Sénégalaise sommée par son père de partir en Arabie pour échapper à la misère. S’ensuit un long cauchemar, dans lequel la jeune femme finira vendue comme domestique à un couple, qui la dépossède de son identité. Une histoire sur le drame de l’immigration et sur le racisme envers les Africains subsahariens qui résonne avec le scandale

Un théâtre utile donc, qui se veut aussi typiquement africain. « Le plus souvent, rappelle Mamadou, les pièces présentées sont un copier-coller de celles de la ComédieFrançaise. Il nous fallait tuer le théâtre occidental. » Pour cela, le wolof est privilégié au détriment du français, et les dialogues pensés en accord avec le folklore local. Désormais, la compagnie sillonne le Sénégal en abordant des thématiques différentes à chaque fois. « On n’a aucun tabou : conflit foncier, lutte contre le sida, homosexualité… », explique Leyti Kane. Leur dynamisme a fait des émules, avec la création à Ziguinchor d’une compagnie similaire. Un festival de théâtre-forum a également été créé, qui rassemble chaque année entre 200 et 300 personnes venues d’une dizaine de pays. Un engagement pas toujours facile à concilier avec la vie professionnelle. Maseye, l’un des acteurs, confesse ne pas être allé travailler depuis plus de trois mois. Mais qu’importe! « Je me sens libre quand je joue », explique-t-il, le visage rayonnant.

SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA

OLIVIER LIFFRAN

récent de la traite des Noirs en Libye. « On fait du théâtre de sensibilisation, explique le fondateur de la compagnie, Mamadou Diol. Mais on souhaite aussi que le public puisse interagir et s’approprier le sujet. » Et les spectateurs ne se font pas prier : on s’invective, on se chambre, on se marre. Certains dénoncent l’incrédulité du père de famille, d’autres s’insurgent contre la soumission des femmes en Arabie saoudite. Les plus inspirés sont appelés à rejouer les scènes pour essayer de corriger ce qui a conduit au drame de Fatou. « Papa, si tu m’avais laissée aller à l’école, on n’en serait jamais arrivés là », gronde ainsi une gamine d’une dizaine d’années qui a pris le rôle de la jeune femme. Née il y a plus de vingt ans, la petite compagnie entend se faire l’écho des revendications et des aspirations des communautés. Une forme théâtrale militante directement inspirée du théâtre-forum, qui vise à conscientiser le public et à le rendre acteur de son destin. « On a commencé en dénonçant la pollution aux métaux lourds sur le littoral de Bel-Air », se souvient Mamadou Diol. À force de sensibilisation, la petite troupe a obtenu gain de cause, avec la création d’infrastructures pour assainir la baie.

La troupe créée par Mamadou Diol fait salle comble. Ici à Dakar.

THÉÂTRE

Kàddu Yaraax joint l’utile à l’agréable Abordant toutes les thématiques sans tabou, la compagnie se fait l’écho des aspirations de la population, invitant le spectateur à devenir acteur de son destin.

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Wolof et folklore local



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TENDANCE

L’univers décalé de Selly Raby Kane OLIVIER LIFFRAN

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SYLVAIN CHERKAOUI/COSMOS POUR JA

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oiffure afro stylisée et large sourire aux lèvres, Selly Raby Kane commence par faire le tour du propriétaire. Au rez-de-chaussée, dans une pièce taguée du sol au plafond, sont disposées les pièces griffées SRK – la marque qu’elle a créée. Il y a là les incontournables de la styliste, à l’image de ses kimonos sertis de motifs de crevettes, qui ont fait succomber la star de R’n’B’ Beyoncé, en 2016. « Nous en vendons désormais au Nigeria, aux États-Unis, en Italie, en France… », précise-t-elle. Car la jeune femme, qui avoisine la trentaine, a aujourd’hui le vent en poupe. Ses créations s’arrachent comme des petits pains dans des boutiques chics de Paris ou de New York. Le résultat d’une histoire atypique, qui l’a menée à délaisser ses études de droit en France pour se consacrer à la mode. « Pendant un été, je m’étais amusée à concevoir ma première collection, se rappellet-elle. Et j’ai eu envie de recommencer chaque été. Sciences-Po, les grandes écoles… Ce n’est

Selly Raby Kane, styliste sénégalaise, a choisi le quartier de SacréCœur III pour installer le tout premier espace dédié à sa marque, SRK.

pas fait pour moi », assure la Sénégalaise. En mal du pays, Selly décide alors de tenter sa chance à Dakar. « Je suis profondément attachée à ma ville, explique-t-elle. C’est un endroit fascinant, presque anachronique, où les traditions n’entrent pas en conflit avec la modernité. » L’occasion aussi pour elle de plonger dans le Dakar alternatif, en rejoignant le collectif Les Petites Pierres, où se mêlent alors des artistes de tout poil. « L’idée était de s’ouvrir à tous les

formats, dans une optique transdisciplinaire. »

Défilé futuriste

Une démarche à laquelle elle restera fidèle lors de la présentation, en 2012, de son premier défilé « Alien Cartoon » à la gare centrale de Dakar. Plasticiens, stylistes, beatmakers et figurants sont alors appelés à mimer l’invasion de la capitale sénégalaise par des extraterrestres. « C’est un moment de synthèse entre tout ce qui m’influence, notamment ma

ville et les films fantastiques », note-t-elle. À l’étage du show-room, sur une grande terrasse aux allures de bric-à-brac, d’étranges bestioles à l’aspect inquiétant se promènent le long des murs. L’endroit, qui a été baptisé « Muss du Tux » (« Les chats ne fument pas »), accueille six artistes sénégalais, dont trois en résidence. « J’aime être en contact constant avec d’autres créateurs, qui tentent de repousser les limites dans leurs domaines respectifs, explique-t-elle. Des gens qui s’intéressent à des choses spéculatives, qui interrogent la ville, son devenir et ses habitants. » Dans une pièce adjacente à la terrasse, deux tailleurs s’attellent à la confection de pièces à partir des croquis de la styliste. « La prochaine collection printemps-été 2018 s’intitulera ”Pichkari”, précise Selly. C’est le nom d’une fleur originaire de l’Afrique de l’Ouest, qui peut se montrer très résistante. Elle en a besoin pour survivre et créer son propre espace. » Le résumé, en somme, du parcours de Selly Raby Kane, animée semble-t-il, avant tout, par le désir d’exprimer pleinement sa singularité.


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