ENQUÊTE
MACRON ET L’AFRIQUE, UN AN APRÈS
AGRO-INDUSTRIE Arachide sénégalaise recherche État stratège
GABON « Les élections ne nous font pas peur » Une interview exclusive du Premier ministre
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 2994 DU 27 MAI AU 2 JUIN 2018
Aliou Boubacar Diallo
Modibo Sidibé Soumaïla Cissé
Ibrahim Boubacar Keïta
Mali
Dernière ligne droite Sécurité, autorité de l’État, réformes, développement économique… À deux mois de la présidentielle, le bilan d’IBK est contesté. Et ses adversaires lâchent leurs coups. Avec quelles chances de succès ? Spécial 20 pages ÉDITION MALI
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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 birrs Grèce 4,80 €
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Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 4,80 €
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Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 6,50 FS Tunisie 3,50 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285
Élection présidentielle
« Ensemble, restaurons l’espoir » Candidature de Soumaïla Cissé
Le chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, au stade du 26 mars de Bamako devant plus de 80 000 personnes
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oumaïla Cissé, président et fondateur de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) et chef de file de l’opposition au Mali, a été investi samedi 12 mai candidat à l’élection présidentielle de juillet 2018 par l’URD et la Plateforme d’Alliance « Ensemble, restaurons l’espoir », rassemblant une trentaine de partis politiques et plus de 200 associations.
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evant plus de 80 000 personnes rassemblées au Stade du 26 mars de Bamako, Soumaïla Cissé a lancé un appel « au changement et à l’alternance pour sauver le Mali qui est au bord du chaos » en raison des violences terroristes et intra-communautaires dans le Nord et le Centre du pays et de l’incapacité du pouvoir actuel à rétablir la paix et la sécurité ces cinq dernières années.
COMMUNIQUÉ
« Sachez que c’est l’heure du changement, a lancé le candidat investi. Sachez que nous avons pris un chemin qui est irréversible. Sachez qu’on ne peut plus reculer. Sachez que la victoire, elle est certaine. » Soumaïla Cissé a ensuite mis en garde contre la fraude : « Pas de tricherie, pas de fraude comme en 2013 ! Nous n’accepterons plus cela. »
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ans son allocution en bambara, il s’est également adressé à la jeunesse malienne et a promis de « tout mettre en œuvre pour répondre au défi de l’emploi ». Il s’est par ailleurs engagé à ce qu’aucun membre de sa famille ne tienne des postes officiels en cas de victoire à l’élection présidentielle de juillet 2018.
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e projet du candidat Soumaïla Cissé « Ensemble, restaurons l’espoir » repose sur cinq piliers : la paix et la sécurité par le rétablissement de l’autorité de l’Etat, l’instauration d’un véritable dialogue entre tous les Maliens, la réforme de l’État pour qu’il soit au service des citoyens, la promotion des femmes et des jeunes et la construction d’une économie performante et solidaire.
« Tous ensemble, nous avons la force de refonder la Nation sur des valeurs solides : un État de droit garanti, une unité territoriale retrouvée, une lutte résolue contre la pauvreté et une exigence de solidarité entre tous les Maliens, explique par ailleurs Soumaïla Cissé. Je serai le Président de la refondation de l’État, de l’unité, de la réconciliation et de la concorde nationales. Je serai le Président de la transparence, de la loyauté, de la dignité et de la rigueur morale. » Pour nous rejoindre : facebook.com/soumailacisseofficiel twitter.com/soumailacisse
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PARTENAIRE
COMMUNIQUÉ
MALI : Élection présidentielle
L’alternative pour un Mali debout Aliou Boubacar Diallo
« En juillet, le peuple Malien s’exprimera, pour décider de son avenir et d’une direction claire pour le pays. A lui de saisir cette opportunité pour emmener le Mali sur le chemin d’une paix durable, d’une vie politique modernisée et pacifiée et vers un développement économique partagé. »
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’est ce que propose Aliou Diallo aux Maliens, en se présentant pour la première fois devant leurs suffrages, avec un programme de relance de l’économie et l’ambition de restaurer la confiance rompue entre les citoyens et l’État.
Ce fils d’un cheminot et d’une mère au foyer est enfant de Kayes, a 58 ans, et a étudié à l’étranger tout en travaillant pour financer ses études. Il est ensuite rentré au Mali pour participer au développement du secteur privé. Il a démontré qu’à force de volonté et de travail, il est possible de réussir. Depuis près de 30 ans, il a investi plus de 250 milliards de Francs CFA dans son pays et créé plus de 2000 emplois. De surcroît, c’est le premier africain à détenir la majorité d’une mine d’or industrielle sur le continent. Il a également une société spécialisée dans la recherche de gaz et d’hydrocarbure qui est la première au monde à produire de l’électricité avec l’hydrogène naturel sans émission de CO2. Il n’a donc pas besoin de l’État pour son avenir personnel. Aujourd’hui, cet homme d’affaires s’engage à mettre son expérience d’entrepreneur au service du Mali.
POURQUOI JE SUIS CANDIDAT ? Depuis ma désignation par mon parti, l’Alliance Démocratique pour la Paix (ADP-Maliba), je suis déterminé à œuvrer pour rétablir la dignité de mon peuple et de ma patrie. A ne plus être spectateur d’un système ayant mis le Mali en faillite. Les maliens, lassés par la mainmise de la même classe politique sur le pouvoir depuis près de 30 ans ont soif de changement. Je me positionne comme un homme neuf, la solution pour combattre la menace terroriste et refuser le gouffre de la désintégration du Mali. Je veux réconcilier les Maliens et leur redonner confiance dans l'action politique. Aliou Diallo lors de la Conférence NATIONALE de l'ADP-Maliba tenue les 10 et 11 Mars 2018 à Nioro du Sahel
JE M’ENGAGE À LUTTER CONTRE L’INSÉCURITÉ ET À SORTIR LE PROCESSUS DE PAIX DE SON ENLISEMENT La situation actuelle du pays est dramatique. Le Mali fait face à une crise sécuritaire, sociale et économique aux conséquences dévastatrices pour son avenir et celui de ses enfants. Le Mali doit relever les défis auxquels il est confronté. Il faut lutter contre une insécurité qui, en progressant, met à mal l’autorité du gouvernement sur des pans entiers du territoire et érode l’unité nationale. Parmi les premiers, j’ai dénoncé l’enlisement du processus de paix pourtant seule base de dialogue entre les parties maliennes. Pour remettre l’Accord d’Alger sur les rails, je propose une nouvelle équipe à la tête du pays pour « impulser un nouveau cap et jeter les bases d’une paix durable ». Or aujourd’hui, la confiance est rompue entre le citoyen et l’Etat, nous devons donc
reconstruire cette confiance si nous voulons rétablir la paix et favoriser le redémarrage de notre économie.
JE VEUX CONFORTER LA RELANCE ÉCONOMIQUE Le Mali est très riche en potentialités économiques mais sa population reste étonnamment l’une des plus pauvres au monde. Pour relancer l’économie, je veux mettre en place « sans délais » un modèle de développement régional décentralisé capable de valoriser les ressources humaines, agro-pastorales, gazières, minières et pétrolières du Mali, et pour réussir cette mission, je ferai de la jeunesse et des femmes le moteur de mon programme en développant un système d’incubateur favorisant la création d’entreprises. Mon programme met un accent particulier sur la nécessité d’une refonte du système éducatif afin qu’il
COMMUNIQUÉ
Son parcours plaide en sa faveur. En tant qu'entrepreneur, il a su développer une culture et des valeurs d’opiniâtreté et de travail. Fort de son expérience dans certaines parties du Mali, à travers ses sociétés Wassoul’Or SA (Mines) et Petroma Inc. (Gaz et Pétrole), il a compris les attentes des maliens et a les compétences pour proposer une offre politique nouvelle. « Avec lui, les maliens ont le sentiment que le changement est possible », affirme, très enthousiaste, Honorable Moussa Oumar Diawara, Président du Mouvement Mali Emergence, ayant récemment annoncé son ralliement à Aliou Diallo.
Un parti ADP-Maliba pour rassembler les Maliens Une fondation pour cimenter le Mali Aliou Diallo a fondé la Fondation Maliba en 2012. Cette fondation a pour vocation de jeter un pont entre le sud et le Nord du pays, contrôlé par les groupes terroristes. Avec la volonté assumée de maintenir un « cordon ombilical » entre tous les fils du pays, l’organisation est l’une des rares à avoir apporté une aide humanitaire dans les zones tombées entre les mains des terroristes, à commencer par la région de Tombouctou. Maliba a également pris en charge les veuves et les orphelins de la tuerie d’Aguelhok ainsi que les blessés rescapés de ce massacre, tout en apportant un soutien logistique - vivres, médicaments, vêtements… - aux populations des régions septentrionales déplacées par le conflit. Aujourd’hui, au-delà de ses actions humanitaires, la fondation Maliba privilégie les missions de développement économique et social, notamment en faisant la promotion de l’éducation, de l’entrepreneuriat et de la décentralisation économique dans les régions. Aliou Diallo a ensuite créé le parti ADP-Maliba, dont il est le Président d’honneur. L'ADP-Maliba est un jeune parti démocratique, neuf politiquement, une alliance pour la paix, pour fédérer toutes les forces constructives et relever les défis qui nous attendent. Autour de la candidature d'Aliou Diallo, L'ADP-MALIBA a déjà rassemblé plusieurs partis, des clubs de soutien et des milliers d’associations.
COMMUNIQUÉ
Aliou Diallo lors de l'un de ses déplacements à Yanfolila, dans l'Ouest du Mali
prépare les populations « à l’emploi et non au chômage de masse ». Dans notre pays où l’inactivité et la précarité rongent le moral de la population active, le défi est de taille. Il faut répondre au désespoir qui pousse les bras valides maliens à braver la mort pour rejoindre l’Europe ou les groupes terroristes. Je veux répondre aux attentes des jeunes qui représentent aujourd’hui près de 60 % de la population et ont besoin de conditions d’éducation et de formation convenables pour retrouver espoir en leur avenir au Mali. J’estime également que la culture et l’artisanat sont importants, et doivent faire l’objet d’un accompagnement particulier par la conservation, la transmission et la mise en valeur des savoirs traditionnels du patrimoine national.
JE VEUX FÉDÉRER AUTOUR DE MON NOM ET D’OBJECTIFS CLAIRS ET PRÉCIS Je veux construire une équipe d’ouverture rassemblant des compétences et des cadres supérieurs de toutes les régions du Mali, à l’écoute des populations. Leurs priorités sont la création d’emplois de proximité, le développement des in-
frastructures, une plus grande décentralisation économique et politique, la diversification de l’économie, l’amélioration du climat des affaires et la lutte contre la corruption. Ceci pour permettre à chaque région d’exploiter et de valoriser ses ressources pour son essor économique et sa prospérité ainsi que celle de la Nation toute entière. Il faut rebâtir le contrat de confiance entre le peuple et ses représentants politiques. Le temps du renouveau politique, grâce à une véritable alternance, est venu. « Il ne s’agit pas de changer simplement de majorité, mais de revoir la gouvernance. Il ne s’agit pas de remplacer un homme, mais d’assurer le renouveau au sein de la classe politique », comme je l’ai dit à Nioro du Sahel lors de la Conférence Nationale de l’ADP-Maliba.
J’ASPIRE À HONORER LA PROMESSE HISTORIQUE DES PÈRES DE L'INDÉPENDANCE. En mettant en place les structures démocratiques d’un Mali indépendant, le Peuple malien a honoré une partie de la promesse politique des pères de l’indépendance. Je suis le candidat de la deuxième indépendance, l’indépendance économique, et de la véritable souveraineté. Souveraineté énergétique, économique et sécuritaire. Comme le souligne la devise de mon parti l’ADP-Maliba : paix, prospérité et partage, nous nous engageons à libérer le génie créateur du peuple malien dont les différentes communautés ont toujours su vivre ensemble dans un esprit de partage et de solidarité. Tous ensembles, à nouveau réunis, nous allons relever les défis.
Pour nous rejoindre : Aliou Boubacar Diallo : ADP-Maliba :
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GRAND FORMAT
JOE PENNEY/REUTERS
Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays
MALI
Comptes et mécomptes Quels sont les réussites et les échecs du quinquennat d’IBK ? Qui sont les principaux candidats à sa succession ? Paysage avant la bataille à l’approche du scrutin du 29 juillet.
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François Soudan
Koutiala vs Tombouctou moins 10. Dans dix semaines, un peu plus de 8 millions d’électeurs – sur une population de 18 millions d’habitants – seront appelés à se rendre aux urnes, sous le ciel gris de l’hivernage, pour ce qui ressemble à un remake de la présidentielle de 2013: Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) vs Soumaïla Cissé. Ce ne seront certes pas les seuls candidats, l’émiettement des postulants qui se réclament de l’opposition étant d’ailleurs l’un des déterminants de l’issue du scrutin des 29 juillet et – si second tour il y a – 12 août prochains. Mais le chef de l’État sortant et l’ancien président de l’Uemoa, qui se présente pour la troisième fois, sont incontestablement les deux poids lourds de ce combat où chacun espère l’emporter par KO dès le premier round. Bilan contre promesses, socialiste contre libéral, Koutiala contre Tombouctou : l’affiche est alléchante, et l’enjeu – l’avenir d’un grand pays meurtri – considérable. Le coup de gong liminaire du compte à rebours a été donné le 12 mai par le challenger, à l’occasion d’un impressionnant rassemblement au stade du 26-Mars, à Bamako. Ne soyons pas naïfs: la présence d’artistes à ses côtés y a été pour quelque chose, et il n’est pas un seul meeting électoral, au Mali comme ailleurs, où les incitatifs divers ne jouent pas leur rôle pour drainer la foule. Il n’empêche: le discours particulièrement pugnace qu’a prononcé ce jour-là Soumaïla Cissé a fait de lui l’incarnation de l’alternance et du recours face à un pouvoir contraint, jusqu’ici, à la défensive. Il faut dire que Cissé est le seul parmi les adversaires du chef de l’État (avec l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo) à avoir réellement les moyens de son ambition – ne serait-ce que par les avantages financiers considérables que lui octroie son
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94 ENJEUX
Question de confiance
100 Entretien avec Tiéman Hubert Coulibaly
Ministre des Affaires étrangères
statut de chef de file de l’opposition, dont le décret d’application a été signé en mars 2015 par… IBK: 500 millions de F CFA (plus de 762 000 euros) par an, ce qui fait de lui, sur le papier, l’opposant le mieux rémunéré d’Afrique.
Donner à rêver
De quoi mener campagne donc, même si les accusations de captation des moyens de l’État à son profit ne manqueront pas d’être brandies par ses adversaires à l’encontre d’IBK. En attendant d’entrer à son tour véritablement en lice – pas avant la fin du mois de ramadan et vraisemblablement à partir du 7 juillet, si l’on en croit son entourage –, ce dernier observe, parle peu, laisse agir son Premier ministre de choc Soumeylou Boubèye Maïga, se délecte des emballements de ceux qui ont déjà vendu son boubou présidentiel, et peaufine son bilan. Sur les plans économique, social, administratif (retour de l’État à Kidal et à Ménaka), militaire (il n’y a plus de sanctuaire terroriste, même si la présence de katibas dans le Centre demeure préoccupante), comme sur celui du respect des libertés publiques, les comptes sont loin d’être dans le rouge. En dépit du bruit de fond pessimiste, culpabilisateur et volontiers condescendant distillé à longueur d’articles et de rapports, l’armée malienne, rééquipée, combat de mieux en mieux un ennemi si complexe à éradiquer que Soumaïla Cissé lui-même – pourtant peu avare de critiques sur la gestion de la crise sécuritaire – se donne cinq ans pour en venir à bout. Encore faut-il, pour ce président pudique, savoir se vendre, mieux communiquer et donner à rêver aux Maliens. On n’est jamais élu – a fortiori réélu – sans un zeste de démagogie.
102 Présidentielle Un air de déjà-vu
106 Interview de Tiébilé Dramé Président du Parti pour la renaissance nationale
110 ÉCONOMIE
Tableau d’honneur malgré tout
112 Mines
Une filière en or massif
114 Entrepreneuriat
Ibrahima Diawara, patron sur tous les fronts
119 Infrastructures
La zone économique spéciale de Sikobo, une mini-Cedeao
122 SOCIÉTÉ
Cherchez la femme
127 Tribune de Cheick Oumar Sissoko Réalisateur
Suivez toute l’actualité du Mali sur www.jeuneafrique.com
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Question
Rencontre entre IBK et plus de 2 000 chefs de village et élus locaux, à Ségou, fin avril.
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de confiance
Sécurité et restauration de l’autorité de l’État, réformes, relance économique et développement… À deux mois du premier tour de la présidentielle, c’est l’heure pour Ibrahim Boubacar Keïta de défendre son bilan.
AÏSSATOU DIALLO, envoyée spéciale
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NICOLAS REMENE/LE PICTORIUM/MAXPPP
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o boua ka bla » (« Boua renonce »), lance Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) du haut de la tribune. Il marque une pause avant de lâcher : « Boua ta bla deh ! » (« Boua ne lâchera rien ! »). Tonnerre d’applaudissements de l’assistance, un parterre d’officiels et de cadres des partis de la mouvance présidentielle réunis pour l’inauguration de l’échangeur de Ségou, le 24 avril. Tout le monde s’attendait alors à ce que le chef de l’État annonce sa candidature à la présidentielle. Finalement, il faudra se contenter de cette boutade lancée à ses détracteurs. Quant à « Boua », affectueusement « le vieil homme » en bambara, c’est le surnom que lui aurait attribué l’activiste, chroniqueur radio et idole des jeunes Ras Bath (lire p. 107) pour exhorter le président sortant à ne pas se représenter, estimant qu’il a échoué à tenir ses promesses électorales. En 2013, sa victoire écrasante au second tour, avec 77,6 % des suffrages exprimés, ressemblait à un plébiscite, justement parce qu’IBK jouissait d’une réputation de kankélétigui (« l’homme qui n’a qu’une seule parole »), depuis ses exploits des années 1990. Alpha Oumar Konaré, alors président, se trouve confronté en 1994 à une rébellion touarègue sur fond de tensions sociales. À peine nommé Premier ministre, IBK organise un déplacement dans le Nord pour rendre visite aux soldats, auxquels il promet une loi de programmation militaire, qui verra en effet le jour quelques mois plus tard. Cet épisode, en plus d’avoir marqué les esprits, a surtout renforcé la crédibilité d’IBK. « Son score à la dernière présidentielle était tellement élevé qu’il nous a effrayés, confie un proche du président. Cela voulait dire que les Maliens plaçaient leur entière confiance en IBK. Mais il n’a ni baguette magique ni solution miracle qui permettrait de tout résoudre en un clin d’œil. Les attentes étaient trop élevées… » Lors de son discours d’investiture, en septembre 2013, IBK avait su trouver les mots, conforter les attentes de ses compatriotes, en se fixant des objectifs: restaurer l’autorité de l’État, consolider la cohésion nationale, reconstruire une armée forte, lutter contre la corruption et l’impunité. Cinq ans plus tard,
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Grand format MALI ENJEUX
à l’heure du bilan, le compte n’y est pas. L’actuel locataire de Koulouba va devoir se montrer très convaincant s’il veut briguer un second mandat. « La situation s’est aggravée sur tous ces points en cinq ans », déplore le député Amadou Thiam, président de l’Alliance démocratique pour la paix (ADP-Maliba), ex-parti de la majorité présidentielle (lire pp. 102-104). Quant à la confiance de la population, elle a été ébranlée dès le début du quinquennat par les affaires de l’achat de l’avion présidentiel, de la surfacturation de matériel militaire… Et les bons résultats économiques n’ont pas réussi à la restaurer.
Baisse du chômage
Là aussi, IBK va devoir défendre son bilan. En mars, à l’issue d’une mission à Bamako, le FMI a estimé que « l’économie malienne continue de se redresser », même si ses experts soulignent qu’« elle fait face à des risques de détérioration croissants en raison d’une situation sécuritaire volatile ». Les perspectives macroéconomiques sont bonnes (lire pp. 110111), avec un taux de croissance compris entre 5 % et 6 % à court terme. Ces dernières années, les récoltes ont été abondantes; en 2017, le pays est devenu le premier producteur de coton du continent, et ses plaines devraient fournir plus de 9 millions de tonnes de céréales en 2018; la filière aurifère est en plein boom (lire p. 112)… La situation reste néanmoins fragile, et les dépenses inhérentes aux impératifs sécuritaires et à l’organisation du scrutin présidentiel pèsent sur les finances publiques. Quant à la baisse du chômage, qui a perdu 1,2 point en six ans, à 9,3 % en 2017, selon l’Institut national de la statistique, elle est trop faible pour constituer un réel succès à mettre à l’actif de l’exécutif. Mais le véritable reproche de ses détracteurs à IBK concerne le dossier sécuritaire. Le chef de l’État n’a pas réussi à ramener la paix dans le Nord. Pis, les troubles semblent même gagner du terrain. Les six principales organisations jihadistes ont aujourd’hui étendu leurs zones d’activité et d’influence jusqu’au centre du pays (voir carte), et certaines d’entre elles, réunies au sein de la coalition jihadiste Nusrat al-Islam Wal Muslimin (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), ont démontré leur puissance de frappe en perpétrant l’attentat meurtrier du 2 mars, à Ouagadougou, contre l’état-major des armées et l’ambassade de France. Outre la menace terroriste, le centre du pays a connu des conflits intercommunautaires entre Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l’agriculture. Des milliers de personnes ont été déplacées, et plus de 350 morts ont été recensés entre le 1er janvier et la mi-avril, dont 60 membres des Forces armées et de sécurité du Mali (Famas) et une dizaine de militaires étrangers, selon des chiffres du Parti pour la renaissance nationale (Parena). La crise est encore renforcée par la faible présence de l’État, qui n’a plus les moyens de faire fonctionner les services publics de base dans cette partie du pays. De là à pouvoir y organiser un scrutin en juillet (lire p. 97)… À Koulouba, la grille de lecture est tout autre. Et les éléments de langage pour la campagne sont déjà en place.
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« Contrairement à 2012, il n’y a plus d’affrontements entre la CMA [Coordination des mouvements de l’Azawad] et la Plateforme [alliance de huit groupes armés progouvernementaux formée en juin 2014 lors des négociations d’Alger], ni entre la CMA et les Famas, rappelle Thiéman Hubert Coulibaly, le ministre des Affaires étrangères [lire pp. 100-101]. Aujourd’hui, les leaders des groupes signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation résident à Bamako, Gao, Tombouctou, Kidal… Ils rencontrent des membres du gouvernement auxquels ils s’opposaient il y a quelques mois, parlent de la même voix à la communauté internationale. »
Redéploiement de l’armée
Nicolas Desgrais, spécialiste en coopération militaire dans le Sahel, y voit la conséquence de « la montée en puissance de l’armée malienne sur le terrain ». La loi d’orientation et de programmation militaire adoptée en janvier 2015 a permis de renforcer les troupes et leur équipement en matériel roulant, tenues de combat, munitions… « Plus de 3000 recrues ont achevé leur formation et rejoindront leurs unités sur toute l’étendue du territoire », ont annoncé les Famas le 11 mai. Le redéploiement de l’armée dans plusieurs villes du pays et la reprise timide des patrouilles mixtes composées de membres des Famas, des mouvements progouvernementaux de la Plateforme et de la CMA – telles que prévues en 2016 dans le cadre du Mécanisme opérationnel de coopération (MOC) à l’issue des négociations d’Alger – sont autant de signes positifs pour instaurer une confiance entre les forces de sécurité et les différents groupes armés. Voire, qui sait, pour restaurer celle entre la population et son président. Réponse dans deux mois.
Passage obligé par les « no go zones » Du 7 au 27 juillet, les candidats à la présidentielle vont sillonner les régions du Mali pour convaincre leurs compatriotes de voter pour eux. La question que tous se posent aujourd’hui: « Comment faire campagne dans les zones du pays occupées par les différents groupes jihadistes? » Dans le Centre, agité par les conflits interethniques, les villageois évitent même les rassemblements. « Les marchés sont devenus dangereux, les kidnappings trop fréquents », confirme Hamadi Bindé Diallo, chef du village peul de Diafarabé, aujourd’hui réfugié à Ségou. « Les
groupes jihadistes pourraient faire dérailler le processus en menant des attaques lors de la campagne ou du vote », analyse Nicolas Desgrais, chercheur à l’université du Kent, spécialisé sur les
questions liées à la coopération militaire dans le Sahel. À quelques semaines de l’ouverture de la campagne, certains partis avouent ne pas avoir évoqué le sujet. Mais pas question d’envisager une quelconque
SCRUTIN MAJEUR ET GROS BUDGET
Au Mali, l’organisation des scrutins est dévolue à trois acteurs : le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, la Direction générale aux élections (DGE) et la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Selon les autorités, le budget de la présidentielle de 2018 s’élève à 45 milliards de F CFA (68,6 millions d’euros), dont 1,6 milliard pour la DGE, chargée du financement des partis politiques et du fichier électoral. A.D.
impasse. « Ces zones constituent le vivier électoral de certains partis », déplore Amadou Thiam, député ADP-Maliba et président du parti. « Certains camps ont entamé des négociations avec des groupes rebelles afin d’accéder aux villes qu’ils contrôlent. Mais c’est un jeu dangereux », ajoutet-il. Le gouvernement assure quant à lui « tout mettre en œuvre pour que les candidats puissent se déplacer dans de bonnes conditions ». Mais pour les petits candidats, qui ne disposent pas forcément d’une bonne implantation locale, la tâche s’annonce ardue. AÏSSATOU DIALLO
La Banque Malienne de Solidarité BMS-SA : une réputation teintée de professionnalisme et d’efficacité
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e sa création en 2002 à nos jours, la Banque Malienne de Solidarité -BMS SA-, jadis qualifiée avec un brin d’humour de petit poucet de la place financière au Mali, s’est forgée au fil du temps une réputation de gagneur en part de marché jusqu’à se hisser au rang de première banque du Mali sur le plan national. La 55 ème session de son Conseil d’Administration qui s’est tenue le 27 avril 2018 a confirmé cette position de leader des banques de la place du Mali. En effet, le total du bilan s’est établi à 720 milliards FCFA au 31 décembre 2017 contre 618 milliards l’année précédente. Les ressources de la Banque sont passées pour
la même période de 523 milliards à 613 milliards. Les dépôts de la clientèle se sont chiffrés à 410 milliards FCFA contre 375 milliards en 2016. Quant aux emplois, c’est-à-dire le financement des acteurs économiques, ils s’élèvent à 648 milliards de FCFA contre 413 milliards en 2016. Une par t impor tante des crédits directs, soit FCFA 361 milliards, a concerné le financement de plusieurs programmes de jeunes et autres promoteurs privés à travers des structures partenaires. Le résultat net de ses activités ,malgré le contexte économique difficile s’est chiffré à 7,5 milliards FCFA au 31 décembre 2017 contre 4,692 milliards l’année précédente. Ce qui a valu
LES NOUVEAUX CHALLENGES Après avoir conquis de haute lutte la position de leader de la place, la BMS S.A. s’attaque résolument aux nouveaux challenges imposés par le métier bancaire et l’évolution de la société. En effet, avec l’avènement de la société de l’information induite par les NTIC, le secteur bancaire est en pleine mutation et une adaptation de l’offre de services et produits s’avère indispensable. Aussi, la BMS S.A. entend entrer résolument dans l’ère de la digitalisation des services avec le double objectif de moderniser son offre et d’être plus près des attentes et des préoccupations de sa clientèle. Par ailleurs, la banque travaille en outre à renforcer et à conforter sa présence dans les pays de concentration des maliens pour une meilleure prise en charge de leurs préoccupations en termes de rapatriement d’épargne et d’investissements dans l’immobilier. Les pays ou zones ciblés sont la Côte-d’Ivoire, l’Afrique centrale, la France, l’Espagne, l’Italie et l’Amérique du Nord.
au Directeur Général de la BMS SA, Babaly BA et à l’ensemble de son personnel les vives félicitations et les enc our agem ents du Co nsei l d’Administration. Cette position de leader, la BMS S.A., avec un capital de 35 milliards FCFA, l’a conquise par la force de l’engagement, l’abnégation et la capacité d’innovation dont a su faire preuve l’ensemble du personnel avec à sa tête, un Directeur Général constamment porté sur l’innovation et la modernisation des services bancaires. L’objec tif étant de façonner une banque en phase avec le 21 e siècle marqué par la montée en puissance d e s s t a r t u p s e t d e s s o c i é té s d e télécommunications combinant la technologie à la finance.
Le leitmotiv de la BANQUE MALIENNE DE SOLIDARITÉ : offrir la meilleure réponse aux besoins de sa clientèle.
COMMUNIQUÉ
Banque Malienne de Solidarité : propulsée première banque du Mali
A ce jour, la BMS est présente sur presque l’ensemble du territoire du Mali avec pas moins de 40 agences et bureaux de représentation. A l’extérieur, la BMS S.A. compte en France une filiale composée de deux agences (Paris Père Lachaise et Montreuil, rue de Paris), un Bureau de représentation BMS à New York (USA), des points
Belgique, il a fait ses premiers pas à la Banque de Développement du Mali (BDM-SA) avant d’intégrer la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Après un passage dans les cabinets ministériels, il a pris les rênes de la Banque Malienne de Solidarité. En effet, après l’avoir portée sur les fonts baptismaux en 2002, M. Babaly BA a façonné et modelé la BMS-Sa avant de la propulser au premier rang des banques maliennes au terme de l’exercice 2017.
de collecte de fonds en Espagne et en Italie et une succursale en Côte d’Ivoire qui sera bientôt érigée en filiale. En cela, l’ambition de la BMS S.A. est de renforcer sa présence sur le marché international pour l’intérêt des Maliens de l’étranger et autres opérateurs économiques consommateurs de services de transferts de fonds.
ÉVOLUTION DES PRINCIPAUX INDICATEURS DE LA BANQUE (EN MILLIONS DE FCA)
Banque Malienne de Solidarité (BMS SA)
2012
2015
2016
2017
2016/ 2017 (%)
182 380
419 848
618 692
719 904
16,36 %
99 573
219 238
334 555
361 267
7,98 %
125 788
269 325
375 236
409 757
9,20 %
FONDS PROPRES EFFECTIFS
13 918
35 477
67 495
69 814
3,44 %
PRODUITS NETS BANCAIRES
12 015
19 473
29 043
34 277
18,02 %
SIÈGE Hamdallaye, ACI 2000 BPE 1280 – Bamako, MALI Tél. : (223) 20 29 54 16 / 12/ 08
1 221
3 591
4 692
7 505
59,96 %
www.bms-sa.ml
TOTAL BILAN TOTAL PRÊTS ET AVANCES TOTAL DÉPÔTS
RÉSULTATS DE L’EXERCICE
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
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réée en 2002 pour favoriser l’accès aux services bancaires des couches défavorisées de la population malienne en proie à une lutte contre la pauvreté et l’informel en matière d’activités, cette institution, après deux opérations de fusion –absorption réussies, est parvenue à se hisser à la tête des 17 banques et établissements financiers de la place du Mali. À l’origine de cet exploit, le leadership d’un homme, M. Babaly BA. Diplômé de l’École des Hautes Études Commerciales (HEC) de Liège en
M. Babaly BA, directeur général de la BMS SA.
Grand format MALI ENJEUX
INTERVIEW
Tiéman Hubert Coulibaly Ministre des Affaires étrangères, président de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD)
« Il n’y a pas de plan B, l’élection aura bien lieu » Propos recueillis à Bamako par AÏSSATOU DIALLO
iéman Hubert Coulibaly dirige l’UDD, parti fondé par son père. Allié de la première heure du président Ibrahim Boubacar Keïta, il a été chargé de quatre portefeuilles ministériels depuis 2012.
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IAN LANGSDON/EPA/MAXPPP
Jeune Afrique: Le Mali est-il prêt pour que la présidentielle se tienne le 29 juillet ? Tiéman Hubert Coulibaly : La prépara-
tion technique et matérielle est très avancée. On avait déjà commencé, en 2017, à acheminer le matériel électoral pour le référendum, ainsi que pour les communales partielles et les régionales, auxquelles il a fallu renoncer pour des raisons de sécurité. La Minusma [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali] a été sollicitée pour renforcer la chaîne logistique. Nous travaillons également à créer le plus de consensus possible autour du scrutin et à faire qu’il soit inclusif en matière d’électorat, c’est-à-dire que chaque Malien puisse voter, et en matière de compétiteurs, que tous ceux qui le veulent puissent se lancer dans la bataille. Certaines communes du centre du pays p ourraient ne pas voter compte tenu de l’insécurité. Combien d’électeurs seraient concernés ?
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Les bureaux de vote se constituent par commune et, en novembre, nous en avions identifié 64 (sur 703) dans lesquelles l’indice d’insécuritépouvaitaffecterlesscrutins.Cela représente moins de 10 % du territoire national et environ 8 % des 8 millions d’électeurs. Si la date du 29 juillet ne pouvait être respectée, y a-t-il un plan B ?
Non, il n’y a pas de plan B. La Constitution n’en prévoit pas, et le cadre juridique ne permet pas d’envisager autre chose que de tenir le premier tour de l’élection présidentielle le 29 juillet.
Certains activistes demandent la démission du président de la République. Est-ce que vous entendez cela ?
Pendant que nous établissons le dialogue avec l’opposition, révisons la loi électorale, faisons auditer le fichier électoral avec l’appui d’un organisme indépendant, certains groupes subversifs trouvent le moyen de déceler les signes d’un conflit postélectoral en gestation. Ils savent bien qu’ils ne peuvent pas gagner en allant au vote. Ils ont donc recours aux ruptures violentes telles que les coups d’État et les insurrections. Ils veulent toujours imposer des épreuves de force à ceux qui gouvernent pour les pousser à la faute et ainsi créer des épisodes de violences urbaines. Mais nous nous organisons pour les mettre en échec. Si leur discours a un écho au sein de la population, n’est-ce pas aussi parce que les Maliens sont aujourd’hui déçus ?
La mission centrale du président, qui était de ramener la paix, n’est pas loin d’aboutir à des résultats durables. Aujourd’hui, nous n’entendons plus parler d’affrontements entre la CMA [Coordination des mouvements de l’Azawad] et la Plateforme [alliance de huit groupes armés progouvernementaux formée en juin 2014, lors des négociations d’Alger], ni d’affrontements entre la CMA et l’armée malienne.
Sur le plan économique, près de 22 % de notre budget sont consacrés à l’effort de guerre contre le terrorisme et le narcotrafic. Pour un pays comme le Mali, c’est énorme. Malgré cela, le FMI nous a décerné pour 2017 un satisfecit, non seulement sur notre manière de gérer, mais aussi sur nos performances. Le président avait promis la création de 200 000 emplois, et nous en avons créé plus. Mais cela n’est évidemment pas suffisant pour résorber le chômage. Pour faire face aux vrais problèmes sociaux, nous devons encore gagner trois points de croissance. Et, pour y parvenir, nous avons besoin d’un nouveau plan afin d’accélérer l’industrialisation, d’augmenter la production agricole, de former davantage de techniciens, de créer plus d’entreprises… Tout cela est prévu pour le prochain mandat.
UNE DIFFÉRENCE ENTRE LA FRANCE DE MACRON ET CELLE DE HOLLANDE ? « Vous connaissez l’engagement politique et militaire français à nos côtés depuis 2012. Aujourd’hui, il devient de plus en plus économique, avec la présence d’entreprises françaises sur notre territoire. Nous avons les relations les plus positives qui soient. »
Où en est la force conjointe du G5 Sahel ?
Elle devient progressivement opérationnelle. Sur le fuseau du centre notamment,
à la frontière entre le Mali, le Burkina et le Niger, où la menace terroriste est la plus active, il ne manque plus qu’une compagnie d’une centaine d’hommes pour compléter notre bataillon. Des efforts de mobilisation sont aussi réalisés sur les deux autres fuseaux, à la frontière entre le Mali et la Mauritanie et entre le Tchad et le Niger. Il faut mettre en place les unités combattantes, l’encadrement et le soutien logistique. Nous devons également tenir compte, en même temps que nous renforçons les effectifs, des indemnités et des primes versées. Et, pour cela, nous restons tributaires des promesses de financement. En demandant la contribution financière de nos partenaires, nous ne faisons pas l’aumône! Ce qui se joue dans le Sahel, c’est la sécurité du monde. C’est pour cela que l’aide à la force conjointe du G5 Sahel est fondée. Les préparatifs pour sa mise en place sont bien avancés, et il y a déjà eu quelques opérations.
La Malienne de l’Automobile vous remercie pour votre fidélité et vous souhaite un excellent mois de Ramadan.
La Malienne de l‘Automobile Route de Koulikoro BP E3105 Bamako - Mali
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ÉLECTION
Un air de déjà-vu À un mois de la clôture du dépôt des candidatures, tour d’horizon des principaux prétendants à la magistrature suprême et de leurs positionnements respectifs. AÏSSATOU DIALLO
l’approche du scrutin, la liste des candidats s’allonge. Ils sont déjà une quinzaine. Opposants bien rodés, anciens ministres ou députés, souvent passés par l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema-PASJ) –principalealliéeduRassemblement pour le Mali (RPM) au sein de la majorité – avant de créer leur parti… la plupart d’entre eux sont des habitués de la scène politique. Depuis les années 1990, la classe politique malienne ne s’est renouvelée qu’à la marge, et le casting de cette présidentielle ne devrait pas être bien différent de celui de 2013. Peut-être moins pléthorique tout de même – à
À
l’époque, 28 candidatures avaient été retenues. Par ailleurs, les alliances ont évolué. L’Adema est tiraillée entre la volonté de sa base de présenter un candidat issu de ses rangs et celle d’une partie de ses cadres de soutenir Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), alors que d’autres préféreraient s’engager derrière le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé. Lequel tente de constituer une « coalition pour l’alternance » avec d’autres leaders. Quantàl’Alliancedémocratiquepour la paix (ADP-Maliba), elle a quitté la majorité et présentera son propre candidat, l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo. À un mois de la clôture du dépôt des candidatures, fixée au 29 juin, portraits de quelques-uns des principaux compétiteurs.
Modibo Sidibé
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a candidature de Modibo Sidibé est portée par le Nouveau Pôle politique de la gauche républicaine et démocratique (NPP), dont fait partie son mouvement, les Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (« Fare An ka Wuli »). Militaire de formation, il a été ministre, puis chef de gouvernement d’Amadou Toumani Touré de 2007 à 2011. À 65 ans, il se présente à la présidentielle pour la deuxième fois. En 2013, arrivé quatrième à l’issue du premier tour (4,9 % des voix), il avait appelé à voter pour Soumaïla Cissé au second tour. A.D.
Soumaïla Cissé
SEBASTIEN RIEUSSEC/AFP
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résident de l’Union pour la République et la démocratie (URD) et chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé est le principal candidat déclaré face à IBK. À 68 ans, il se présente pour la troisième fois, après avoir rassemblé 22,38 % des suffrages exprimés au second tour, en 2013, face à IBK. Figure majeure de la politique malienne, l’économiste a notamment été ministre des Finances à plusieurs reprises dans les années 1990-2000 et président de la Commission de l’Uemoa de 2004 à 2011. Les leaders de l’opposition d’autres pays de la sous-région, comme le Burkinabè Zéphirin Diabré et le Guinéen Cellou Dalein Diallo, ont fait le déplacement pour son investiture en tant que candidat de l’URD, le 12 mai, à Bamako. Il soigne aussi régulièrement ses réseaux en France.
A.D.
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Moussa Mara
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et ancien expert-comptable a annoncé sa candidature le 8 avril. Déjà dans la course en 2013, il n’avait alors recueilli que 1,53 % des voix et avait soutenu IBK au second tour. Il fut ensuite ministre de la Politique de la ville en 2013, puis Premier ministre d’avril 2014 à janvier 2015. Son passage à la primature a été marqué par sa visite à Kidal, en mai 2014, au cours de laquelle plusieurs
dizaines de soldats maliens avaient perdu la vie. À 43 ans, le président du parti Yéléma (« le changement », en bambara) se positionne comme le candidat de la jeunesse: « Le pays ne peut plus se permettre d’avoir un leadership qui recycle les mêmes recettes depuis des décennies, sans succès », estime-t-il. A.D.
Housseini Amion Guindo
L EMMANUEL DAOU BAKARY POUR JA
e président de la Convergence pour le développement du Mali (Codem) n’est pas encore officiellement candidat. Mais la démission du gouvernement de Housseini Amion Guindo, dit Poulo, à quelques mois de la présidentielle est interprétée comme un manœuvre stratégique. Après avoir recueilli un peu moins de 5 % des suffrages au premier tour en 2013, l’ancien membre du parti présidentiel s’était rallié à IBK au second tour, comme une vingtaine d’autres candidats. Fondé en 2008, le parti de la quenouille compte cinq députés et il est considéré comme la quatrième force politique du pays. Son soutien pourrait donc peser lourd dans le jeu électoral.
A.D.
Oumar Mariko
o b é d i e n c e m a r x i s te, l e secrétaire général du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi) est réputé pour ses coups de gueule à l’encontre des gouvernements successifs. Son engagement remonte à l’époque où il était étudiant et militait au sein de l’Union des élèves et étudiants du Mali (Uneem). Même s’il n’a pas encore officiellement déclaré sa candidature, Oumar Mariko, 59 ans, a déjà été candidat lors des trois précédents scrutins présidentiels. Son résultat est passé de 0,88 % des suffrages en 2002 à 2,87 % en 2013. Après avoir soutenu IBK pour le second tour de la présidentielle en août 2013, le tonitruant docteur de l’extrême gauche malienne s’est ensuite rallié au groupe parlementaire de l’ADPMaliba à l’issue des législatives. A.D.
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Aliou Boubacar Diallo
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STEPHANE DE SAKUTIN/AFP
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ncien soutien d’IBK, cet entrepreneur a décidé de franchir le pas et se présente pour la première fois à la présidentielle. Le parti qu’il a créé en janvier 2013, l’Alliance démocratique pour la paix-Maliba (ADP-Maliba, « Maliba » signifiant « Grand Mali », en bambara), a quitté la majorité présidentielle en août 2016. Considéré comme l’un des plus importants hommes d’affaires du pays, Aliou Boubacar Diallo, 58 ans, est le propriétaire et PDG de Wassoul’Or, qui exploite le gisement de Kodiéran, dans la région de Sikasso, et président de Petroma Mali, spécialisée dans l’exploration et la production de pétrole et de gaz dans la région de Koulikoro, près de Kati. A.D.
COMMUNIQUÉ
BDM-SA, la banque pour tous Création et évolution
Avec un total bilan du groupe d’environ 900 milliards FCFA, la BDM-SA est la première banque du Mali.
La BDM-SA (Banque du développement du Mali) a été lancée en 1968 avec l’objectif de financer des entreprises nationales. Elle devient la BDM-SA en 1989, et a intégré depuis quelques années le cercle des premières banques de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest.
Bréhima Amadou HAIDARA Directeur général de la BDM-SA
Un pilier de l’économie malienne
Siège social de la BDM-SA
Ouverte à tout type de clientèle Les particuliers – salariés et non-salariés – bénéficient de produits adaptés à leurs besoins : comptes de particuliers, comptes d’épargne, comptes de dépôts à terme, cartes bancaires, GABs, prêts salariés et prêts saisonniers. Les PME et PMI peuvent obtenir des facilités de financement de besoins en fonds de roulement et d’investissement avec des ressources adaptées. Elles peuvent compter sur le réseau d’agences national et régional de la BDM-SA. La BDM-SA offre aux commerçants des services leur permettant de régler les contrats commerciaux au Mali comme à l’étranger à travers les transferts, l’offre de devises, les lettres de crédits, etc. La banque accompagne de grandes entreprises comme la CMDT, l’EDM, la SOTELMA, Orange Mali, le Groupe TOGUNA, Diamond Cement Mali, depuis plusieurs années.
La BDM-SA est le chef de file du pool bancaire mixte composé de banques locales et off- shore pour le financement de la campagne cotonnière depuis plus de quinze ans. Cette opération permet à la BDM-SA d’accompagner la CMDT pour l’achat de coton et d’intrants agricoles. Elle assure ainsi la réussite des différentes campagnes. L’État du Mali est un collaborateur privilégié de la BDM-SA. Elle finance les bons et obligations de l’Etat et gère ses opérations courantes.
Perspectives et ambitions La BDM-SA développe son offre de packages qui donnent accès à plusieurs services à un coût abordable.Elle propose une offre étoffée de produit de bancassurance. L’un des axes majeurs des innovations porte sur la transformation digitale de la banque. Les ambitions de la BDM-SA portent également sur l’extension du réseau de points de vente pour plus de proximité à l’endroit de sa clientèle, de nouvelles représentations dans la sous-région – en plus de la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et la Guinée-Bissau –, le renforcement du soutien aux PME/PMI et aux grandes entreprises et la diversification des services aux particuliers.
ACTIONNARIAT DE LA BDM-SA ACTIONNAIRES Personnes Morales
MONTANT (millions FCFA)
PART
10 228 590 580
État Malien
4 896 184 660
19,58 %
Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali
5 332 405 920
21,33 %
Personnes physiques nationales
2 687 149 560
Privés maliens
2 687 149 560
Personnes morales étrangères
10,75 %
12 084 259 860
BMCE
8 094 431 263
32,38 %
BOAD
3 989 828 597
15,96 %
25 000 000 000
100 %
TOTAL
Avenue Modibo Keïta - BP 94 - Bamako, MALI - Tél. : (+223) 20 70 04 00
www.bdm-sa.com
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
La BDM-SA est engagée dans l’amélioration continue de ses services, à l’écoute de sa clientèle. Cette collaboration a permis d’instaurer une relation de confiance mutuelle. La société s’appuie sur un réseau de 50 agences réparties sur tout le territoire national, au plus près de nos 170 000 clients.
Elle participe à la bancarisation de l’économie malienne en offrant ses services dans les régions très isolées, comme Manantali, dans les zones cotonnières telles Koutiala, San, Sikasso et le périmètre de culture irriguée aménagé « l’Office du Niger » (Ségou, Niono, Markala, Bewani), ainsi que dans les zones minières et industrielles (à Fourou et à la cimenterie de Dio). La clientèle a également accès à la banque numérique.
Grand format MALI ENJEUX
Tiébilé Dramé
« Si nous voulons voir nos idées triompher, nous devons nous rassembler » Propos recueillis à Bamako par BABA AHMED
embre très actif de l’opposition, le président du Parena a été candidat à la présidentielle en 2002 et en 2007. En 2013, il s’était retiré de la course avant le premier tour, considérant que les conditions pour la tenue d’une élection régulière n’étaient pas réunies. Aujourd’hui, il appelle l’opposition à se mobiliser autour de Soumaïla Cissé, son chef de file.
M
Jeune Afrique: Quel rôle jouez-vous au sein de l’opposition? Tiébilé Dramé : Mon rôle est de rassem-
bler pour parvenir à l’alternance. Si nous voulons voir nos idées triompher, nous devons nous regrouper autour d’un programme. Et ensuite discuter, entre signataires, pour définir la personne la mieux placée pour porter ce programme. Le Mali est dans une situation sans précédent, et il est temps de mettre en place une grande coalition d’opposition, afin de donner un signal fort au peuple malien, aux pays de la sous-région et à la communauté internationale. Quelles sont les chances de l’opposition lors du prochain scrutin présidentiel?
Rarement une opposition n’a disposé d’autant d’atouts. Le président est aujourd’hui abandonné par la quasi-totalité de ceux qui l’ont soutenu en 2013. Il a échoué à réunifier le pays et à ramener la
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EMMANUEL DAOU BAKARY POUR JA
Président du Parti pour la renaissance nationale (Parena)
paix. La situation sécuritaire actuelle est pire qu’en 2013. La corruption et la gabegie ont atteint un niveau jamais égalé. Le pays a un profond désir de changement. Mais, pour cela, il faut que nous soyons unis. Quelles conséquences peut avoir l’actuelle crise alimentaire, économique et sécuritaire sur l’élection présidentielle?
Le peuple connaît de réelles difficultés pour joindre les deux bouts. Cette situation peut amener les gens à vouloir changer de pouvoir, mais cela peut aussi faciliter l’achat de votes auprès de certains. Quant à la situation sécuritaire, elle s’est aggravée. Le Premier ministre est en fonction depuis plus de cent jours, et ses initiatives n’ont donné jusque-là aucun résultat tangible. Pourtant, le pays compte ses morts. Plus de 440 écoles sont fermées, 1123 enseignants ont abandonné leur poste, 49000 élèves ne peuvent aller en cours… Il est à craindre que beaucoup de citoyens ne
PENSEZ-VOUS QUE LA PRÉSIDENTIELLE POURRA SE TENIR À LA DATE PRÉVUE ?
L’échec du projet de référendum constitutionnel, l’an dernier, a surpris le président de la République et le gouvernement. Aujourd’hui, ils courent après la montre en mettant en place un calendrier électoral très serré, mais, comme souvent avec ce gouvernement, il y a plus de paroles que d’actes. Et nous restons très inquiets quant à l’organisation de ce scrutin.
GROS PLAN
Ras batifole en politique AÏSSATOU DIALLO
puissent pas se rendre à leur bureau de vote lors de la prochaine élection. Que répondez-vous aux propos de Choguel Kokala Maïga, ex-ministre de la Communication, selon lesquels vous auriez tenté de renverser le chef de l’État lors des manifestations antiréférendum?
Il se trompe ! Nous avions lancé un ultimatum au président de la République pour qu’il retire son projet. Nous avions prévu de demander ensuite à l’Assemblée nationale de mettre le chef de l’État en accusation pour haute trahison. Des leaders religieux et des membres de la société civile sont alors venus nous demander de surseoir à l’ultimatum, et j’ai personnellement insisté pour donner une chance aux négociations. Aujourd’hui encore, certains jeunes me reprochent d’avoir sauvé ce régime.
Vous critiquez l’exécutif pour son inaction, pourtant vous vous êtes opposé à la révision de la Constitution, qui aurait pu renforcer certains aspects de l’accord de paix…
Cette révision ne reposait sur aucun consensus. Et elle ne peut se faire tant que l’intégrité du territoire est menacée. Plutôt que de toucher à la Constitution, il existe d’autres mécanismes pour intégrer les recommandations de l’accord de paix. Et si l’application de cet accord a pris du retard, c’est bien à cause du manque de volonté du gouvernement à vouloir l’appliquer.
D
es dossiers poussiéreux s’empilent dans la petite pièce du Carrefour des jeunes de Bamako, qui sert de bureau à Mohamed Youssouf Bathily, alias Ras Bath. Sur un mur, le slogan du chroniqueur radio, connu pour ses critiques virulentes à l’égard de l’exécutif: « Choquer pour éduquer. » À 44 ans, le porte-parole du Collectif pour la défense de la République (CDR), qui était parmi les icônes de la plateforme antirévision Touche pas à ma Constitution! en 2017, est aujourd’hui l’homme le plus courtisé de Bamako. Ses téléphones sonnent sans arrêt et, devant les locaux du mouvement, des dizaines de personnes l’attendent. Quant aux leaders des partis politiques, ils font du pied à celui qui est censé leur apporter les votes d’une jeunesse qui le considère comme son « guide ». Son émission Carte sur table, diffusée sur la radio Renouveau FM, est la plus écoutée du Mali, et ses tournées dans les villages déplacent des foules. En revanche, à Koulouba, on le qualifie d’opportuniste.
Veille citoyenne
Le 3 août 2017, l’accueil de Ras Bath, lors de son retour à Bamako, a démontré sa capacité de mobilisation. De l’aéroport au centre-ville, des milliers de partisans étaient descendus dans les rues pour l’acclamer après sa tournée européenne. « Si, ce jour-là, il avait donné pour mot d’ordre de marcher sur Koulouba, on aurait vécu une insurrection comme au Burkina », commentent plusieurs observateurs. Cette aura, Ras Bath compte bien en tirer profit dans son « combat pour l’alternance en 2018 ». Depuis janvier, les comités du CDR planchent sur un « projet de société », qu’ils prévoient de retranscrire dans un manifeste. Le mouvement n’a ni les moyens ni l’implantation nécessaires pour porter cette vision à la présidentielle et a donc décidé de soutenir le candidat qui partagera sa vision. L’essentiel semble être ailleurs pour le mouvement. Il ne vise pas l’exécutif. Il compte présenter des candidats aux législatives, Ras Bath estimant que c’est au Parlement qu’il pourra le mieux remplir sa mission de veille citoyenne. En se lançant lui-même dans l’arène, il va cependant jouer sa crédibilité auprès des jeunes. jeuneafrique no 2994 du 27 mai au 2 juin 2018
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Une force protectrice au service des usagers L’Autorité malienne de Régulation des Télécommunications et des Technologies de l’Information et de la Communication et des Postes (AMRTP) est une autorité administrative indépendante. Elle jouit de l’autonomie financière et administrative. MISSIONS ET STRUCTURE L’AMRTP assure la régulation du secteur des télécommunications, des technologies de l’information et de la communication (TIC) et des postes.
Les pouvoirs de l’AMRTP s’étendent à la conduite d’enquêtes, à l’accès aux locaux des opérateurs titulaires de licences, au règlement des litiges portés devant elle, aux décisions de sanctions administratives de mesures conservatoires, à la coopération en matière de litige transfrontalier et au recouvrement des créances et amendes. L’AMRTP comprend deux organes : • un Conseil de régulation, composé de cinq membres nommés par décret en Conseil des ministres pour un mandat non renouvelable de cinq ans. Le Président du Conseil, qui est le Président de l’Autorité, est désigné par le Président de la République parmi les membres sélectionnés.
• un Secrétariat exécutif dirigé par un Secrétaire exécutif, nommé par le Président de la République sur proposition du Président de l’Autorité. Le Secrétaire exécutif assure la direction, la coordination et le contrôle des structures.
CHIFFRES-CLÉS DES TÉLÉCOMMUNICATIONS ET DES TIC AU MALI
• Trois opérateurs titulaires de la licence globale de télécommunications : Sotelma, Orange Mali et Atel ; • 22 249 003 abonnés (téléphonie fixe et mobile) ; • 5 768 169 abonnés internet ; • 523 milliards de francs CFA de chiffre d’affaires ; • 16 fournisseurs d’accès internet ; • 11 685 km de backbone nationale en fibre optique.
PERSPECTIVES L’AMRTP est engagée dans le développement de ses activités. Ses prochaines missions principales sont :
SIÈGE SOCIAL DE L’AMRTP À BAMAKO.
e • l’attribution d’une 4 licence globale de télécommunications/TIC ;
COMMUNIQUÉ
ENTRETIEN AVEC M.CHEICK SIDI MOHAMED NIMAGA, PRÉSIDENT DE L’AMRTP
C’est une décision de l’État du Mali. Les raisons l’ayant motivée étaient de corriger les insuffisances constatées dans le fonctionnement de la structure sous la gouvernance de l’ordonnance n°2011024 du 28 septembre 2011. Cette correction a consisté, tant sur le plan organisationnel que fonctionnel, à la mise en place d’un organe doté d’attributs et de prérogatives de régulation, le Conseil de Régulation. Il a fallu faire correspondre la présidence de l’organe délibérant avec celle de l’Autorité et instituer une structure administrative sous la responsabilité du Président de l’Autorité, le Secrétariat Exécutif. Le recrutement des membres du Conseil de Régulation se fait conformément à l’acte additionnel de la CEDEAO qui prescrit formellement la procédure d’appel à candidatures sur la base de compétences et de qualifications professionnelles avérées, offrant ainsi à l’Autorité un pool de compétences pointues dans les cinq
• l’implémentation d’un Centre de réponses aux incidents informatiques pour promouvoir la cybersécurité ; • le renforcement du système collaboratif de travail ; • une campagne nationale de mesure des rayonnements non ionisants émis par les stations radioélectriques ; • la réglementation de l’administration du nom du domaine « .ml » ;
L’AMRTP est un acteur privilégié du développement des secteurs régulés (télécoms, TIC et Poste), Quels sont aujourd’hui les atouts majeurs desdits secteurs ? Je vais citer en premier lieu le cadre juridique existant (législatif et réglementaire). Il faut rappeler que ce cadre a été renforcé ces deux dernières années notamment par les textes de loi sur la société de l’information, la cybersécurité, les échanges électroniques et les moyens de cryptologie ainsi que la protection des données à caractère personnel. Une loi portant sur la réglementation du secteur postal a également été adoptée en 2017. Ce cadre juridique intégré au bon climat des affaires du pays constitue un facteur d’attraction des investisseurs.
Compte tenu de l’étendue du pays, de l’apport des TIC, le secteur postal présente d’énormes opportunités pour les investisseurs. Est-ce la problématique de la cybercriminalité et de la cybersécurité qui ont conduit à l’opération d’identification des abonnés au téléphone et à internet ? Quelles sont les dispositions envisagées ? L’identification des abonnés est une étape préliminaire à réaliser pour assurer l’implémentation de la cybersécurité. Il faudra ensuite s’attaquer à la protection de toutes les installations existantes d’une part, et d’autre part, à l’implémentation d’un Centre de réponse des incidents informatiques. Aussi, est-il important de rappeler que les textes législatifs requis sont disponibles. Très bientôt, les textes réglementaires dont les avant-projets sont élaborés, seront soumis à l’adoption du gouvernement. Les organisations et structures (publiques et privées) doivent, dès l’implémentation de leur système d’information, faire appel à des professionnels en sécurité TIC. Les responsables des systèmes d’information doivent partager les informations sur les vulnérabilités des réseaux et les modes opératoires des délinquants. Il convient également de mieux sensibiliser les consommateurs sur le cadre juridique existant, et surtout sur le comportement à adopter dans le cyberespace. Enfin les magistrats et les agents de la police judiciaire doivent impérativement être formés à la recherche et la répression des infractions dans le cyberespace. •
• la mise en œuvre de la portabilité des numéros ; • l’Audit des infrastructures des opérateurs et la mise en place d’un système d’information géographique ; • l’introduction des opérateurs de réseau mobile virtuel ; • la mise en place de la régulation du secteur postal.
Hamdallaye ACI 2000 - Rue 360 BP : 2206 - Bamako, Mali Tél. : + 223 20 70 57 00 + 223 44 97 65 21 Fax : + 223 20 23 14 94 Email : amrtp@amrtp.ml
www.amrtp.ml
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L’AMRTP a connu une restructuration avec la création d’un Conseil de régulation dont vous êtes le Président et un Secrétariat Exécutif. Quelles sont les raisons de cette réforme ?
domaines d’actions qui lui sont dévolues. La restructuration a également porté sur les missions de l’Autorité dont certaines ont été renforcées : - collecter et analyser toutes les informations et documentations requises des opérateurs dans le cadre de leur licence et de leur cahier des charges et le cas échéant exiger toutes les précisions complémentaires nécessaires ; - veiller au respect des règles de la concurrence et sanctionner les pratiques déloyales, liées à l’information et à la protection du consommateur dans le respect des compétences des instances communautaires UEMOA/CEDEAO ; - établir pour les opérateurs des normes et indicateurs de qualité de services et assurer le contrôle de la conformité à ces normes et indicateurs ; - veiller, d’une manière générale, au contrôle de la qualité des services et réseaux.
Grand format MALI
ÉCONOMIE
Tableau d’honn malgré tout En dépit des défis sécuritaires persistants, Bamako a réussi à préserver ses atouts : une croissance solide et un climat des affaires parmi les meilleurs de l’Uemoa.
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ALAIN FAUJAS
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ublions les attaques terroristes à répétition, les réformes qui tardent, une équation électorale à beaucoup d’inconnues… pour constater que la situation économique du Mali s’est nettement améliorée depuis 2012. La croissance se maintient. Certes, depuis les 7 % enregistrés en 2014, elle s’est tassée doucement pour atteindre 5,3 % en 2017, et tout laisse à penser qu’elle se stabilisera autour de 5 % cette année (voir tableau). La production minière a bénéficié de cours plus favorables sur les marchés. L’agriculture a profité de l’extension des superficies cultivées et de bonnes conditions climatiques qui ont favorisé aussi bien le coton que les cultures vivrières. Cela a contribué à tasser l’inflation annuelle au-dessous de 2 % et à conforter la demande. Du côté des comptes publics, les résultats sont satisfaisants. « Le Mali est plutôt bien placé comparé aux autres
Indicateurs
Estimations
2014 Progression du PIB réel à prix constants
Inflation
2015
2016
2017
2018
(en %)
7
6
5,8
5,3
5,0
1,2
1
– 0,8
1,1
1,6
(en % du PIB)
Investissement brut
20,4
18,4
18,6
18,7
19,6
Solde budgétaire global
– 2,9 17,1 20,0
– 1,8 19,1 20,9
– 3,9 18,3 22,2
– 2,8 20,1 22,9
– 3,3 20,6 23,9
Solde des comptes courants – 4,7
– 5,3
– 7,2
– 6,2
– 6,9
Total recettes et dons Total dépenses et prêts nets
pays membres de l’Uemoa, analyse Clément Gillet, économiste à la Société générale. Avec 2,9 % de déficit public en 2017 rapporté au PIB, il se classe juste derrière le Togo et la Guinée-Bissau. Sa dette publique est la plus faible de l’Union (35 % du PIB). Certes, son déficit courant est élevé, mais il n’est pas catastrophique. Notons que, pour la première fois, les transferts d’argent des Maliens expatriés ont dépassé le milliard de dollars en 2017. » La gouvernance s’améliore. Dans son index de l’attractivité minière pour les investisseurs, le Fraser Institute classe le Mali dans les trois premiers pays du continent derrière le Ghana, mais devant le Botswana, le fort en thème africain, avec son code minier des plus efficaces. Pour traquer la corruption, la déclaration obligatoire du patrimoine des responsables publics devrait entrer en vigueur dans les prochains mois. Après bien des tergiversations sur le nombre des assujettis et sur les éléments du patrimoine à prendre en compte, le gouvernement et les syndicats sont tombés d’accord : 1 479 personnes
seront bientôt appelées à déclarer régulièrement leurs biens. En matière de climat des affaires, le Mali est plutôt bien placé au sein de l’Uemoa, à la troisième place, juste derrière la Côte d’Ivoire et à égalité avec le Sénégal. On peut y créer une entreprise en trois jours, et il est prévu que l’impôt sur les sociétés baisse de 35 % à 25 %. À la fin de l’année 2017, Boubou Cissé, le ministre de l’Économie et des Finances, a annoncé que le gouvernement comptait fusionner certains prélèvements sur les salaires et en réduire le taux.
Un budget tourné vers l’avenir
RICCARDO VENTURI/CONTRASTO/REA
eur
Sources : Autorités maliennes et FMI, avril 2018
En 2017, le pays est redevenu le premier producteur de coton du continent.
Le futur semble ainsi s’annoncer sous d’heureux auspices. La représentante du FMI reconnaît que « tous les critères de performances du programme [avec le FMI] à fin décembre 2017 ont été atteints et [que] tous les indicateurs quantitatifs ont été respectés ». Après un tel satisfecit, le 23 mai, le conseil d’administration du Fonds a débloqué une nouvelle tranche d’aide de 89,7 millions de dollars. Les organismes multilatéraux et bilatéraux d’aide s’en trouvent confortés dans leur volonté de soutenir un pays toujours convalescent. On notera également que le budget de l’État est résolument tourné vers l’avenir. Alors qu’il était composé, dans un passé récent, à 80 % de dépenses de fonctionnement et à 20 % de dépenses d’investissements, les proportions ont aujourd’hui été amenées à 59 % pour le fonctionnement et à 41 % pour l’investissement, notamment dans les infrastructures routières et énergétiques, le développement des compétences ou l’aménagement de bassins hydroagricoles. L’accroissement de la production d’or contribuera à soutenir ces efforts. La mise en exploitation ou l’extension des mines de Fekola, de Syama et de Yanfolila devraient gonfler de façon spectaculaire la production aurifère industrielle, qui tournait jusqu’à présent autour de 45 à 50 tonnes par an. Un bond appréciable, puisque l’or est le premier produit d’exportation et qu’il représente le quart des recettes de l’État. Mais les projections ne peuvent aller plus loin que l’année en cours. « Nous avons fort peu de certitudes pour 2019 et 2020, souligne Clément Gillet. Tout dépendra de la situation sécuritaire. » L’issue de la course-poursuite entre développement et terrorisme promet de rester indécise encore longtemps.
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INDUSTRIES EXTRACTIVES
Une filière en or massif
SIMON DAWSON/BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES
Arrivée d’opérateurs étrangers, entrée en exploitation de nouvelles mines, hausse de la production… Le métal jaune a le vent en poupe et contribue à maintenir le pays à flot.
Différend fiscal
CHRISTOPHE LE BEC
près le démarrage de l’exploitation de deux nouvelles mines d’or en moins d’un an, le Mali est assuré de rester, en 2018, le troisième producteur du précieux métal sur le continent, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana. Déjà, le pays avait aligné de belles performances en 2017, avec une production en hausse de 5 % en douze mois. Après avoir repris les permis de la mine de Fekola en 2015, entrée en production fin 2017, le canadien B2Gold est devenu un acteur important du secteur, juste derrière le premier de cordée dans le pays, Randgold Resources. Le britannique Hummingbird Resources, qui, lui, a démarré ses activités à la mine de Yanfolila au même moment, a ajouté plus de 130000 onces à la production malienne, rien que pour le premier semestre de 2018. « Quand nous sommes arrivés, au début des années 1990, le coton était la principale ressource du pays. Aujourd’hui, après les découvertes majeures réalisées ces dernières années et l’entrée progressive des gisements en production, l’or est le
Le site de Loulo-Gounkoto, dans l’Ouest, exploité par le britannique Randgold Resources.
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pilier économique du Mali », observe Mark Bristow, le patron de Randgold. Selon le ministère des Mines, le métal jaune génère environ 400 millions d’euros par an pour le Mali, ce qui représente 75 % de ses exportations et 25 % de son budget. Et d’après les opérateurs le filon est encore loin d’être épuisé. « Entrer au Mali nous est apparu clairement comme une opportunité, explique Clive Johnson, le directeur général de B2Gold. Nous disposons de seize gisements bien identifiés. Et nous n’en exploitons pour le moment qu’un seul. » L’opérateur canadien a investi 500 millions de dollars (425 millions d’euros) pour le démarrage de sa première mine malienne.
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LE SECTEUR GÉNÈRE 400 MILLIONS D’EUROS PAR AN, SOIT L’ÉQUIVALENT DE 75 % DES EXPORTATIONS ET 25 % DU BUDGET DE L’ÉTAT.
Si les compagnies affirment travailler en bonne entente avec les autorités et les syndicats, la situation peut toutefois se tendre. Les bureaux de Randgold à Bamako ont ainsi été fermés à plusieurs reprises ces dernières années, en raison d’un différend fiscal qui atteindrait environ 85 millions d’euros. Le groupe a également subi récemment plusieurs grèves dans ses installations maliennes. « Au Mali, on trouve toujours une solution pour résoudre ce type de problèmes », relativise Mark Bristow. Pour renforcer l’avenir du secteur extractif, le Sud-Africain estime qu’il faut faciliter l’accès aux permis d’exploration dans le pays et améliorer la capitalisation et la centralisation de la cartographie et des données. « Les grandes découvertes maliennes des années 1990 ont pu être faites grâce aux travaux du Bureau de recherches géologiques et minières français et de la coopération allemande », rappelle-t-il. C’est en faisant venir de nouveaux opérateurs que le Mali verra sa production continuer d’augmenter. Un constat qui n’est pas propre à l’or. Les potentialités commencent à être identifiées, et la compagnie Xantus travaille à l’extraction de lithium dans le sud du pays. Des indices existent également pour le zinc, le fer, les terres rares et le pétrole. De quoi définitivement sortir l’économie malienne de la ouate.
COMMUNIQUÉ
SOCIÉTÉS
ACTIVITÉ PRINCIPALE : l’Agro Business
• TOGUNA AGRO INDUSTRIES SA : Société Anonyme fondée en 2006 est la première unité au Mali de production d’engrais NPK de type bulkblending avec une capacité installée de plus 600 000 tonnes par an. Toguna Agro industries étend ses activités avec le rachat de la SETP en 2009 pour exploiter le phosphate naturel de Tilemsi dont la recherche agronomique a approuvé les applications directes sur la correction de l’acidité des sols et l’accroissement des rendements. • TOGUNA MINING CORPORATION SARL évolue dans les mines avec l’exploitation d’un gisement de dolérite en fournissant aux professionnels du BTP du gravier de qualité. • TOGUNA MOTORS est spécialisée dans l’assemblage et la distribution d’équipements agricoles de marque FOTON LOVOL et représentant des camions SINOTRUK au Mali. Elle assure également un service après-vente de qualité.
EMPLOYÉS : Plus de 1200 salariés CERTIFICATION & DISTINCTIONS : ISO 9001-2008 Platinum Technology Award for Quality & Best Trade Name 2010 ; International Trophy for Quality 2010 ; International Star Quality 2010 ; International Award for Quality 2011 ; International Award for Excellence and Business Prestige RECHERCHE : Un département R&D et un laboratoire de test d’analyse physico-chimique. Une collaboration avec les instituts de recherches pour une adaptation et une amélioration continues de la qualité de nos produits. PARTENAIRES : États, Instituts de recherche nationaux & sous-régionaux, Groupements & associations agricoles, Particuliers. TRANSPORT : un parc de plus de 600 camions, engins lourds FONDATION TOGUNA : Constructions d’écoles et de salles informatiques entièrement équipées, de centres de santé, d’infrastructures culturelles à travers tout le pays.
BP : E1218 • Bamako, Mali • Tél. : +223 20 20 30 85 / 20 20 30 81 • Fax : +223 20 20 30 83 • Email : info@groupetoguna.com
www.groupetoguna.com
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• TOGUNA SARL : fondée en 1994 par Seydou NANTOUME, elle est aujourd’hui tournée vers l’importation et la distribution de produits phytosanitaires, des semences et d’appareils de traitement des cultures. Elle a en projet la mise en place d’ici à fin 2018 d’une ligne de conditionnement de produits phytosanitaire auMali en partenariat avec BASF, premier groupe mondial de chimie.
Grand format MALI ÉCONOMIE
ENTREPRENEURIAT
Patron sur tous les fronts Ibrahima Diawara, à Bamako.
EMMANUEL DAOU BAKARY POUR JA
Nouveaux marchés
Transports, télécoms, BTP, énergie… Le PDG fondateur d’IBI Group est à la tête de l’une des compagnies les plus diversifiées du pays. BABA AHMED
brahima Diawara est un homme d’expérience(s). À 48 ans, il continue d’ailleurs de les multiplier grâce à ses diverses entreprises œuvrant dans des domaines aussi variés que le transport, terrestre et aérien, le BTP et l’énergie. Et de l’énergie, Ibrahima Diawara n’en manque justement pas. En 1991, année du bac, l’enfant de Bandiagara (Centre) rejoint l’un de ses frères, Ousmane, établi en Thaïlande. Là, il apprend le négoce. Trois ans plus tard, curieux et prêt à saisir toutes les occasions, il part en Indonésie et y crée, en 1995, sa propre société, Sabika, spécialisée dans l’emballage et l’expédition de colis. Ibrahima Diawara fait vite preuve d’un sens aigu des affaires. « La première année, Sabika réalisait déjà un chiffre d’affaires supérieur au million de dollars », se souvient aujourd’hui celui qui devint rapidement l’un des Maliens les plus célèbres de la diaspora en Indonésie. Il y croise même Ibrahim Boubacar Keïta, alors Premier
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ministre, en visite officielle à Jakarta. À cette occasion, ce dernier lui aurait suggéré de revenir investir au Mali. Ce qu’il fait puisque, toujours en 1995, le jeune patron ouvre à Bamako Diawara Solar, qui distribue des panneaux solaires achetés en Australie, puis, en 1997, crée Diawara Concrete Industry, une unité de fabrication de tuiles et de briques.
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MES SOCIÉTÉS PEUVENT AUJOURD’HUI PARTICIPER À N’IMPORTE QUEL APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL.
De retour au pays, ce communicant-né, qui dispose de bons réseaux d’influence, décroche le contrat d’installation d’un système de communication radio de type Real Application Cluster, dans le cadre de l’élection présidentielle de 2002. La success-story se poursuit en 2005 avec la création d’une troisième société, la Malian Aero Company (MAC), qui démarre ses activités avec une flotte de cinq appareils spécialisés dans les opérations de « pluies provoquées » pour le secteur agricole. Les affaires marchent suffisamment bien pour qu’en 2010 MAC propose, entre autres prestations, les évacuations sanitaires, les vols charters et le transport des VIP. Toujours en quête de nouveaux marchés, Ibrahima Diawara part à l’assaut de la sous-région. En 2011, il fusionne toutes ses activités en une seule entité, IBI Group SA. Diawara Concrete Industry est renommée Stones, et Diawara Solar devient Builders. « En s’appelant ainsi, ces entreprises peuvent participer à n’importe quel appel d’offres international », explique le patron. Depuis 2012, IBI Group dispose de filiales en Côte d’Ivoire, en Guinée et en Mauritanie. Et il poursuit sa diversification. En 2013, la société Belale, spécialisée dans l’étude, la mise en œuvre et le développement des projets d’énergies renouvelables, voit le jour, suivie par Bricoco, active dans l’exploration et l’exploitation minières, enfin Diawei, transporteur routier. Grâce à l’ensemble de ses entités, IBI Group prévoit de réaliser un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros pour l’exercice 2018.
Présidence de la République du Mali
COMMUNIQUÉ
MALI, LE RETOUR
En 2013, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, héritait d’un pays en proie à une crise multidimensionnelle. Grâce à sa vision et son ambition pour un Mali Grand, le Mali est de retour. Le pays s’est redressé. Les acquis de l’Accord pour la Paix et la réconciliation, les performances économiques et la prospérité agricole, en sont le témoignage éloquent.
Bilan positif de l’application de l’Accord pour la Paix L’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, signé le 15 mai 2015 à Bamako, vient de fêter son 3e anniversaire. Le bilan de son application est positif même s’il reste des défis à relever. La décentralisation en cours de réalisation
L
es nouvelles Régions de Taoudénit et Ménaka sont désormais opérationnelles : nomination et installation des Gouverneurs, signature des conventions de maitrise d’ouvrage déléguée (MOD) pour la réhabilitation et la construction/équipement d’infrastructures de l’Administration générale de ces régions (Gouvernorats, résidences et logements, bâtiments annexes, etc.). Les Autorités intérimaires, prévues par la Loi N°2016-013 du 10 mai 2016, ont été installées à Kidal le 28 février 2017, à Ménaka et à Gao le 2 mars 2017 et dans les régions de Tombouctou et de Taoudénit le 13 avril 2017. Les Autorités intérimaires de Tombouctou et Gao et les Collèges transitoires de Taoudénit et Ménaka sont pleinement opérationnels. Quant au cas de Kidal, la deuxième étape du processus de passation de services entre le Président du Conseil régional sortant et le Président de l’Autorité intérimaire est finalement intervenue le lundi 6 novembre 2017. Enfin, toutes les Autorités intérimaires (de Tombouctou, Gao et Kidal) et les deux Collèges transitoires (de Taoudénit et Ménaka) ont élaboré et adopté leurs plans d’actions prioritaires, qui ont été validés par le Ministère de tutelle.
Développement économique social et culturel : des financements mobilisés
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Une table-ronde sur les infrastructures a été organisée les 24 et 25 mars 2016 : la concertation entre le Gouvernement et les bailleurs de fonds, sur le financement des infrastructures pour le désenclavement des régions du nord du Mali,a retenu 10 projets structurants à réaliser. Le Ministère de l’Economie et des Finances a élaboré un Plan d’actions pour le transfert de 30 % des recettes budgétaires de l’Etat aux collectivités territoriales à l’horizon 2018. Ce plan est en cours de mise en œuvre : l’objectif est d’atteindre 30 % au 31 décembre 2018.
Réconciliation, justice et questions humanitaires
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e Plan d’actions de gestion des personnes déplacées internes et des réfugiés prévoit la viabilisation des sites d’accueil, la distribution des kits de produits de première nécessité, les activités de réinsertion (activités génératrices de revenus-AGR), etc. A la date du 30 septembre 2017, 61 089 personnes réfugiées ont été rapatriées et ont bénéficié des appuis alimentaires. Pour l’année 2018, le Gouvernement, avec l’appui des partenaires techniques et financiers, notamment le Système des Nations Unies (SNU), a élaboré un Plan de réponse humanitaire pour faire face à la situation d’instabilité liée à l’insécurité dans les Régions du Nord et le Centre du pays. Le Plan se chiffre à 144,7 milliards de F CFA (soit 263 millions de dollars US) nécessaires pour apporter une aide d’urgence à environ 1,5 million de personnes vulnérables.
La Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) poursuit la mise en œuvre de son Plan d’Actions 20162018 en procédant notamment à des écoutes des victimes au niveau régional. Elle a pu enregistrer plus de 2 000 dépositions au niveau de ses antennes régionales et a recensé plus de 100 victimes qui ont besoin d’un accompagnement psychologique et médical. Suite a la tenue de la Conférence d’Entente Nationale (CEN), du 27 mars au 2 avril 2017, le Médiateur de la République a remis au Premier ministre, le 6 mars 2018, la proposition d’avant-projet de loi sur l’Entente nationale. Ce
^ Conférence d’entente nationale : jeter les bases de la réconciliation texte porte sur trois aspects essentiels : l’exonération des poursuites pénales pour certains membres des groupes armés mais non coupables de crimes de guerre ou de crimes contre les droits de l’Homme ; les mesures d’apaisement et de réparation/indemnisation pour les victimes du conflit ; les actions de réinsertion dans la vie socioéconomique des combattants qui acceptent de se repentir et de revenir dans la République.
Une volonté affirmée de poursuivre la lutte contre le terrorisme En matière de défense et de sécurité, le gouvernement a fait preuve de sa volonté d’avancer avec la création, le 31 décembre 2015,du Conseil National de la Réforme du Secteur de la Sécurité (CN-RSS) et de ses organes spécialisés ; de la Commission Nationale de Désarmement-Démobilisation-Réinsertion (CN-DDR) et de la Commission d’Intégration (CI). La réinsertion des ex-combattants se poursuit avec le Projet de Réinsertion des Ex-Combattants du Mali (PREC) et le Programme National du DDR. Parallèlement, la lutte contre le terrorisme se poursuit. Le premier bataillon du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) de Gao,doté de 600 hommes,a été constitué et les patrouilles mixtes ont effectivement démarré en fin février 2017. La mise en place progressive des unités du MOC à Kidal et Tombouctou se concrétise. L’unité de Kidal a démarré ses activités le 11 mai 2018. Concernant le bataillon du MOC de Tombouctou, le processus de sa mise en place est aussi déjà engagé. Les efforts de reconstruction de notre Défense ont été élargis aux forces de Sécurité avec la mise en place de la Force spéciale antiterroriste(FORSAT)dont les interventionsfontla fierté des Maliens.
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e Plan d’Urgence et de Relèvement pendant la période intérimaire 2016-2017, dont le coût total se chiffre à 265,5 milliards de F CFA, couvre les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’hygiène, de la sécurité alimentaire, de l’hydraulique et de l’énergie, des personnes déplacées et réfugiées. Le taux d’exécution se chiffre à environ 80 %. Les Agences de Développement Régional (ADR) ont été créées dans toutes les régions et les Contrats Plans Etat-Régions (CPER) ont été signés dans toutes les régions, exceptées celles de Taoudénit et Ménaka où les collectivités-régions n’ont pas encore été créées. Le 22 octobre 2015, la « Conférence internationale de haut niveau pour la relance économique et le développement du Mali », s’est tenue à Paris, avec l’appui de la France et de l’OCDE. La conférence a enregistré des contributions de l’ordre de 2 120 milliards de F CFA (3,2 milliards d’euros) pour la période 2015-2017 dont un montant de 397 milliards de F CFA (605 millions d’euros) pour les régions du nord du Mali.
La lutte contre le terrorisme, au coeur des préoccupations
COMMUNIQUÉ
Le Mali, puissance agricole Le développement de l’agriculture, premier secteur d’activité économique du pays avec plus de plus de 40 % du PIB, est une priorité stratégique du Mali. Et ce choix se traduit par des résultats positifs, notamment dans le coton et les céréales. Les résultats de la campagne 2017/2018 sont particulièrement encourageants. La production de coton a atteint 728 500 tonnes (t), soit davantage que l’objectif initial (725 000 t) et une progression de 12,5 % par rapport à la campagne antérieure. Le Mali s’est situé en tête de la production cotonnière en Afrique de l’ouest, une performance remarquable, qui témoigne du savoir-faire et du dynamisme de la filière. Bilan positif également pour la production céréalière avec 8,8 millions de tonnes (MT), en hausse de 5 % et un excédent de 3,8 MT. L’élevage n’est pas en reste non plus : le nombre de bovins embouchés a augmenté de 5 % et celui des ovins caprins de 51 %.
Un appui solide de l’Etat
L
’agriculture est une priorité stratégique du gouvernement malien : 15 % du budget national est affecté à ce secteur dans le cadre du Plan de campagne agricole. Le développement de l’irrigation, mené par l’Agence d’aménagement des terres et de fourniture de l’eau d’irrigation (ATI), se poursuit avec 11 706 hectares mises à disposition pendant la campagne 2017/2018, un chiffre en baisse par rapport a 2016/2017 en raison de l’insécurité. Cependant, le cumul des réalisations se situe à 86 543 hectares, un montant désormais proche de l’engagement présidentiel de 100 000 hectares pour la période 2014-2018. Un nombre importants d’équipements agricoles ont été subventionnés : motoculteurs (500 unités), tracteurs de 50 cv et 60 cv (300 en tout), multiculteurs (1 000), semoirs (1 000), charrettes (1 000), batteuses (400), décortiqueuses (400) et motopompes de 20-25 cv (100). Ces acquisitions combinées à celles des partenaires et aux acquisitions directes par les producteurs ont permis d’équiper 562 111 exploitations agricoles. Le coût pour l’Etat s’élève à 12,5 milliards de F CFA. En ce qui concerne les intrants agricoles, 288 641 t d’engrais ont été subventionnées par l’Etat, soit un coût de 36,7 milliards de F CFA. Le nombre total de bénéficiaires de la subvention est de 819 230, dont 155 167 femmes.
Les « Nouveaux villages agricoles »
U
ne des initiatives les plus remarquables de l’ATI est le programme pilote des « Nouveaux villages agricoles ». Il s’agit de créer, à l’instar des logements sociaux, des sites viabilisés dans les villages disposant de toutes les commodités de vie et de travail : adduction d’eau potable, électricité, centre de santé, écoles, marchés, unités de transformation, etc. Ce projet est destiné principalement aux jeunes qui désirent s’installer dans le domaine agricole.
Le soutien à l’agriculture sera poursuivi pendant la campagne 2018/2019. Selon le ministère de l’Agriculture, la récolte de céréales devrait atteindre 10 MT pendant cette campagne, soit une hausse de 8 % par rapport à 2017/2018. La production de coton atteindrait le cap des 750 000 t (+2,8 %), confirmant ainsi le redressement observé.
^ Salon de l’Agriculture : IBK contemple des poissons hors normes
COMMUNIQUÉ
^ IBK, sur les chantiers du développement économique
Le bon élève de l’Afrique de l’Ouest Au Mali, les indicateurs conjoncturels sont au vert. L’économie est engagée dans un cycle de croissance durable de 5 % par an.Surtout, c’est le seul pays de l’UEMOA qui respecte tous les critères de convergence.
A
l’occasion d’une visite récente d’une délégation du Fonds monétaire international (FMI) à Bamako, en avril 2018, cet organisme relève que « la reprise économique est entrée dans sa cinquième année et que la croissance du PIB devrait rester robuste à moyen terme ». Ce taux de croissance a été de 5,3 % en 2017 et s’établira à 5 % en 2018.
Convergence macroéconomique au sein de l’UEMOA
S
urtout, le Mali fait figure de bon élève au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). « Force est de constater que le Mali a respecté scrupuleusement en 2017 tous les critères de convergence macroéconomiques. Le critère le plus difficile, relatif au déficit budgétaire, vient d’être atteint » affirme-t-on au Ministère de l’Economie et des Finances. Ce fait est corroboré par les déclarations du président ivoirien, Alassane Ouattara qui cite le Mali en exemple à suivre par les autres Etats. Lors de la visite du président malien en Côte d’ivoire, il s’est réjoui que le Mali soit le seul pays de l’UEMOA, malgré la crise multidimensionnelle, à respecter tous les critères de convergence.
Le déficit budgétaire a été ramené d’un taux équivalent à 3,9 % du PIB en 2016 à 3 % en 2017, la norme UEMOA étant de 3 %. Comme les autres pays membres, le Mali ne se refinance plus depuis longtemps auprès de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). L’inflation (1,8 % en 2017) est également dans les clous de l’Union (3 %). Le taux d’inflation projeté est de 1,4 % en 2018.
Un budget de soutien à l’économie
L
a Loi de Finances 2018 s’inscrit dans la poursuite de la convergence mais la bonne santé retrouvée du Mali fournit des marges pour soutenir le développement économique et social, appliquer l’Accord pour la Paix. Les engagements du Président de la République, SEM Ibrahim Boubacar Keïta, contenus dans son projet de société « Le Mali d’Abord », peuvent ainsi être concrétisés. Les recettes prévues dans la Loi de Finances 2018 s’élèvent à 1 958 milliards de F CFA en 2018, en hausse de 8,1 %, alors que les dépenses atteignent 2 331 milliards de F CFA (+7,5 %). L’augmentation des dépenses s’explique par : •
La mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, de la Loi d’Orientation et de Programmation militaire et de la Loi de Programmation relative à la Sécurité intérieure.
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L’organisation des élections générales de 2018.
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Les avantages accordés aux salariés suite aux négociations avec les partenaires sociaux.
•
Le renforcement des crédits alloués au secteur de l’agriculture, aux secteurs sociaux et aux dépenses en capital, en vue de stimuler la croissance et la création d’emplois.
Des financements extérieurs
L
e gouvernement malien peut compter sur l’appui des bailleurs de fonds. En avril 2018, le gouvernement malien et une mission du FMI se sont entretenus sur la 8ème revue du programme économique et financier du Mali soutenu par une facilité élargie de crédit (FEC). L’adoption de cette revue par le Conseil d’administration permettra de décaisser 92 millions de dollars en faveur du Mali. Selon la Loi de Finances 2018, l’ensemble des dons des institutions internationales et des gouvernements étrangers devraient atteindre 114,563 milliards de F CA en 2018. A cela s’ajoutent les ressources des institutions internationales (FMI, Banque mondiale et Banque africaine de développement) à hauteur de 87,700 milliards de F CFA.
Grand format MALI ÉCONOMIE
INFRASTRUCTURES
Sikobo, une mini-Cedeao Le lancement de cette zone économique spéciale couvrant Sikasso, Korhogo et Bobo-Dioulasso va révéler le potentiel des trois pays concernés.
SPIRIT MCCAN
Les Premiers ministres du Burkina Faso, du Mali et de la Côte d’Ivoire signent la déclaration de création de la ZES, le 14 mai à Sikasso.
BABA AHMED
a ville de Sikasso, à 375 km au sud de Bamako, est depuis toujours le poumon économique du Mali. Elle est aussi située dans la seule région du pays qui échappe aux attaques des groupes jihadistes. Grenier agricole par excellence, Sikasso est le point d’entrée des marchandises en provenance des ports d’Abidjan, de Lomé et de Cotonou. Proche de la frontière, la deuxième cité du pays forme en outre, avec les villes burkinabè de Bobo-Dioulasso et ivoirienne de Korhogo, un triangle commercial et stratégique pour l’ensemble de cette région. C’est pour renforcer cette coopération et favoriser l’intégration sous-régionale que, le 14 mai, a été officiellement créée à Sikasso une zone économique spéciale (ZES), en présence des Premiers ministres malien, Soumeylou Boubèye Maïga, ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, et burkinabè, Paul Kaba Thiéba (voir photo). Les trois chefs de gouvernement ont signé une déclaration d’engagement pour la création d’une aire Sikasso - Korhogo - Bobo-Dioulasso, baptisée Sikobo, « dont le cadre institutionnel offrira d’importants avantages fiscaux aux investisseurs, notamment étrangers », explique un proche du dossier. Autour de Sikasso s’étendent 6 millions d’hectares de terres agricoles en friche. À Korhogo, le
L
potentiel minier semble des plus prometteurs, comme le prouve le gisement d’or de Tongon, exploité par Randgold et devenu rapidement l’un des plus importants de Côte d’Ivoire. Le climat tropical est également propice à une variété de cultures allant du coton à l’anacarde en passant par la mangue. Enfin, du côté burkinabè, Bobo-Dioulasso joue un rôle de plaque tournante pour les personnes et les marchandises en transit vers la sous-région.
Stabilité et sécurité
Jusqu’à aujourd’hui, ce triangle est resté épargné par les crises qui secouent le reste du Mali. La création de cette zone économique a justement pour but d’y maintenir la paix en assurant son développement. Son grand artisan, le Premier ministre Maïga, a profité d’une tournée réalisée en avril dans les capitales ivoirienne et burkinabè pour convaincre ses homologues de l’intérêt de mettre en place une telle zone transfrontalière entre leurs trois États. L’objectif commun au Mali, au Burkina Faso et à la Côte d’Ivoire est de créer un hub économique qui permettrait d’apporter stabilité et sécurité dans cette zone de 137000 km2 qui regroupe plus de 6 millions d’habitants. Et pour faire venir les investisseurs, nationaux et internationaux, Sikobo possède de nombreux atouts. En plus de se tenir en dehors des conflits et de regorger de ressources naturelles, ces trois agglomérations disposent de nombreux équipements de transports terrestres et aériens et de production d’énergie qui rendent possible la concentration d’entreprises, notamment dans l’agro-industrie et la logistique. Les partenariats signés entre les secteurs public et privé devraient permettre aux entreprises locales d’être plus compétitives. Et, en se concentrant sur les filières où elles disposent d’avantages comparatifs, elle pourront développer des chaînes de valeur qui assureront la création d’emplois et de richesses. C’est le pari fait par les promoteurs de la « mini-Cedeao » de Sikobo.
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A NPE M ALI Synthèse S des réalisations 2017 Dans le cadre de sa mission de contribution à la mise en œuvre de la Politique Nationale de l’Emploi (PNE) et conformément aux orientations de son Conseil d’Administration, l’ANPE réalise une diversité d’activités sur l’étendue du territoire national. Sur les 93 activités programmées, 82 ont été exécutées en 2017, soit un taux de réalisation de 88,2 %.
!
ACTIVITÉS CONCERNÉES La promotion de l’auto-emploi Le perfectionnement reconversion L’intermédiation La communication La coopération et la migration professionnelle L’administration, les études emploi et la production de statistiques
Appréciation des résultats LA PROMOTION DE L’AUTO-EMPLOI La promotion de l’auto-emploi, une des missions essentielles de l’ANPE, vise le renforcement du tissu socio-économique. Elle consiste à encourager les demandeurs d’emploi et tout porteur de projet, à accéder aux mécanismes de financement et de garantie en vue de la création de PME/PMI, des TPE et des AGR. Ainsi, en 2017, le taux de réalisation des activités dans le domaine de la promotion de l’auto-emploi est de 100 %. Au titre de l’année 2017, l’activité de promotion de l’auto-emploi a généré 2 803 emplois contre 1 468 en 2016, soit un taux d’accroissement de 90,10 %.
LE PERFECTIONNEMENT ET RECONVERSION Le Centre de Perfectionnement Reconversion (CPR) et l’Atelier Ecole de Kayes (AEK), sont des dispositifs mis en place par l’ANPE dédiés à la consolidation des emplois et au renforcement de l’employabilité par des activités de perfectionnement, de reconversion et d’apprentissage. L’AEK intervient également dans le cadre de la formation des migrants de retour ou des enfants de migrants.
≥ M. Ibrahim Ag Nock, directeur général de l’ANPE MALI.
Par ailleurs, les modules de formation (informatique, TRE, amélioration des compétences aux métiers, etc.) sont réalisés par les Directions Régionales.
En 2017, au titre du perfectionnement reconversion, le taux de réalisation est de 64%. Sur une prévision de 3 730 entrées en formation en 2017, soit 84 % de 4 662 entrées en formation stipulées dans le PSD, le taux de réalisation a été de 58,77 % soit 2 192 entrées effectives en formation.
L’INTERMÉDIATION L’intermédiation consiste à rapprocher les offres et les demandes d’emploi. Par activités d’intermédiation, il faut comprendre les enregistrements des demandeurs d’emploi, les enregistrements des offres d’emplois, les placements effectués y compris les stages de formation professionnelle. En 2017, au titre de l’intermédiation, le taux de réalisation des activités est de 100 %. En 2017, les services de l’ANPE ont enregistré 8 910 demandes d’emplois, 5 442 offres d’emplois et effectué 2 749 placements avec un taux de satisfaction de 51,3 %. Ils ont également placé dans quatre (4) entreprises de Bamako 23 jeunes diplômés en stage de formation professionnelle. Et enfin ils ont effectué 3 894 visites d’entreprises afin de collecter les offres d’emplois, les besoins de formation et de stage et toutes autres préoccupations en lien avec l’emploi. Dans le cadre de la mise en œuvre de la Feuille de Route du MEFP, l’ANPE a organisé les 26, 27 et 28 septembre 2017 au Palais des Sports, la 1ère édition du Salon Régional de l’Intermédiation de Bamako (SARI-2017). Le thème principal du Salon était « Intermédiation : Outils efficaces de promotion de l’emploi ».
PUBLI-INFORMATION
DIRECTIONS RÉGIONALES ≤ Les activités au cours
de l’année 2017 ont concerné les domaines de l’agriculture, de la formation, de l’élevage, du commerce, etc.
KAYES Liberté - BP 118 Tél. : (+223) 21 53 16 53
KOULIKOR Koulikoroba Cité du Haut Commissariat BP 21 Tél. : (+223) 21 26 21 87
SIKASSO
L’ADMINISTRATION, LES ÉTUDES EMPLOI ET LA PRODUCTION DE STATISTIQUES
La mise en œuvre du Plan de Communication s’est effectuée à travers différents canaux (l’audio-visuel, l’internet, la presse écrite, etc.). En 2017, au titre de la communication, Le taux de réalisation des activités est de 86 %.
En plus de ces activités, un bulletin statistique trimestriel a été produit sur les demandes, les offres d’emplois enregistrées et les placements effectués par l’ANPE. Ce bulletin statistique est régulièrement transmis à l’ONEF, conformément à la loi.
LA COOPÉRATION ET LA MIGRATION PROFESSIONNELLE En 2017, au titre de la coopération et de la migration professionnelle, le taux de réalisation est de 83,3 %. Ces activités ont eu pour retombées directes : • la donation de cent micro-ordinateurs usagés par le SPE Belge à l’ANPE ; • la réalisation de 24 projets individuels portés par des migrants de retour ; • l’augmentation du nombre de postes d’administrateurs de l’AMSEP pour l’Afrique Subsaharienne (AASEP) passant de 2 à 4 membres au Conseil d’Administration.
SEGOU Centre Commercial rue 24 Porte 222 - BP 158 Tél. : (+223) 21 32 03 88
MOPTI Komoguel II Quartier commercial BP 165 Tél. : (+223) 21 43 02 11
GAO Château Secteur I - BP 38 Tél. : (+223) 21 78 91 39
TOMBOUCTOU Djingareïber - BP 45 Tél. : (+223) 21 79 12 93
KIDAL (Etambar) BP 60 Tél. : (+223) 21 78 45 24
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En conclusion Malgré la persistance de la crise multidimensionnelle que le Mali traverse depuis 2012 et les difficultés énoncées ci-dessus, l’ANPE parvient à réaliser à hauteur de souhait ses PTA, contribuant ainsi à la mise en œuvre efficace de la Politique Nationale de l’Emploi (PNE) qui constitue sa mission principale. Source : ANPE/DPS/DC
Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE) Avenue Moussa Travele Quartier du fleuve BP211 - Bamako, Mali Tél. : (+223) 20 22 31 87 anpe@anpe-mali.org www.anpe-mali.org
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
LA COMMUNICATION
Conformément à l’Objectif Stratégique n°1, les activités de l’administration, les études-emplois et de production des statistiques prévues en 2017 ont été réalisées à 100 %. Ces activités ont permis entre autres, de créer et d’opérationnaliser les Directions Régionales de Taoudénit et de Ménaka, de suivre les entreprises financées et/ou garanties et de réaliser des études emplois pour la production et la diffusion d’informations sur le marché du travail auprès des utilisateurs et des producteurs qui relèvent de son domaine de compétences…
Wayerma II Quartier Administratif BP 204, Tél. : (+223) 21 62 03 60
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MARCO DI LAURO/GETTY IMAGES REPORTAGE
SOCIÉTÉ
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Nombreuses sont celles qui ont rejoint des associations de quartier et des groupements villageois, et qui font du porte-à-porte pour mobiliser leurs concitoyens pendant les campagnes électorales.
Cherchez la fe jeuneafrique no 2994 du 27 mai au 2 juin 2018
Engagées, écoutées, respectées, mieux représentées au niveau local, les Maliennes occupent une plus grande place dans le paysage politique et dans l’état-major des partis. Pourtant, au sein de l’exécutif comme au Parlement, on est encore très loin de la parité. AÏSSATOU DIALLO
Q
mme
u’elles soient présidentes de parti, responsables de comité ou simples militantes, les Maliennes comptent faire entendre leur voix pour peser dans la présidentielle de juillet-août prochain. Lors de la révolution de 1991, où elles ont joué un rôle capital, ce sont elles qui, par milliers, sont descendues dans les rues de Bamako pour soutenir leurs enfants pris sous le feu des militaires, un 26 mars de triste mémoire. Beaucoup y ont perdu la vie. « Nous allions chercher les blessés sous les balles pour les conduire à l’hôpital, où ils étaient parfois soignés à même le sol », se souvient Ramata Dia, promotrice de Radio Guintan, « la voix des femmes au Mali ». Actives dans tous les espaces d’expression, notamment au sein de la coopérative culturelle Jamana et du journal Les Échos, elles ont pris part, une fois Moussa Traoré renversé et le multipartisme reconnu, à la phase de transition, puis au premier gouvernement démocratiquement élu depuis celui de Modibo Keïta, y occupant même des postes clés, comme ç’a été le cas pour Sy Kadiatou Sow (lire p. 125). Un quart de siècle plus tard, le poids politique des Maliennes a peu évolué. Elles constituent 50 % de la population, mais ne comptent que 14 femmes parmi les 147 députés et 9 parmi les 36 ministres du gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga. En revanche, au niveau local, le nombre de femmes conseillères municipales a bondi lors du scrutin de novembre 2016, passant à 2 863, contre 704 en 2009. La loi, promulguée par Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), instituant des mesures pour promouvoir le genre dans
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l’accès aux fonctions nominatives et électives précise, dans son article 3, que « les listes de candidatures aux élections locales doivent respecter l’alternance des sexes de la manière suivante : si deux candidatures du même sexe sont inscrites, la troisième doit être de l’autre sexe ».
Bien plus que de simples figurantes
Ce texte est perçu comme une victoire pour les organisations de lutte pour les droits des femmes. « Cela a été l’occasion pour les partis d’utiliser les capacités de mobilisation des femmes pour leur propre compte, analyse Ramata Dia. Elles sont membres d’associations de quartier, de groupements villageois et de tontines. Ce sont elles qui font le porte-à-porte pour mobiliser lors des campagnes. Au moment des meetings, pourtant, elles restent en retrait pour ne prendre la parole qu’en dernière position. » Dans un pays où le pouvoir est traditionnellement une affaire d’hommes, peu de femmes osent s’exprimer en public. Elles sont aussi freinées par la pauvreté et par l’analphabétisme (seulement 22 % des femmes de plus de 15 ans étaient alphabétisées en 2015, contre 41 % des hommes, selon l’Institut national de la statistique). Même si, contrairement aux deux précédentes présidentielles, aucune candidature féminine n’a encore été enregistrée
pour la prochaine, les femmes s’organisent pour peser au sein des partis. « Elles sont bien plus que de simples figurantes au Parti pour la renaissance nationale [Parena]. Notre présidente d’honneur, Bintou Maïga, a été de tous les combats depuis 1970; elle est écoutée et respectée de tous, explique Tiébilé Dramé, président de la formation. Ce sont elles qui bousculent les partis et les poussent à s’unir, au nom d’une alternance en 2018. »
Alliance stratégique
D’autres ont décidé de se battre d’égal à égal avec les hommes. Assetou Sangaré, présidente-fondatrice du Parti pour le renouveau et le développement (PRD), est l’une des deux seules femmes aujourd’hui présidentes de parti, avec Sidibé Aminata Diallo, à la tête du Rassemblement pour l’éducation à l’environnement et au développement durable (Redd). « Nous envisageons la présidentielle comme des politiques », lance la patronne du PRD, qui a longtemps été secrétaire générale du parti Yéléma, de Moussa Mara. À l’issue d’une consultation interne, ce jeune parti, qui a obtenu son récépissé en février 2018, a décidé de soutenir la candidature d’IBK. Une alliance stratégique pour celle qui « espère un jour gouverner, tant sur le plan local que national ».
Sy Kadiatou Sow La pionnière
Aïcha la Malienne
«
L
orsque je me suis lancée en politique, mon oncle m’a conseillé de porter une ceinture en peau d’hippopotame. Une manière de me dire de m’armer de courage », ironise Aïcha Belco Maïga, élue à Kidal, une région où le poids de la culture et de la religion constitue un frein à l’émancipation des femmes. Première présidente du Conseil du cercle de Tessalit en 2009, première vice-présidente de l’assemblée régionale de Kidal et députée RPM depuis 2014, cette ambitieuse de 56 ans veut briser le plafond de verre. « Mon intérêt, c’est d’avoir un poste de décision, dans lequel je peux faire bouger les lignes », lance-t-elle. Toujours coiffée d’un voile traditionnel et connue pour son franc-parler, elle se bat pour que les femmes ne soient pas « uniquement du bétail électoral ». « Dans ma région, elles s’intéressent à la politique. Elles sont aussi très actives dans les comités de gestion scolaire, de la santé et de l’eau, essentiels pour les communautés », explique la députée. En 2012, alors que Kidal était occupée par les mouvements indépendantistes, Aïcha Belco Maïga prêchait l’unité nationale. Ce qui lui a valu le surnom d’« Aïcha la Malienne ». Pour l’élue du Nord-Mali, les femmes ont évidemment leur rôle à jouer dans la réconciliation. « Elles doivent être associées à toutes les initiatives, car elles sont les premières victimes de la crise. La paix n’est pas possible sans les femmes. »
A.D.
NICOLAS RÉMÉNÉ POUR JA
NICOLAS RÉMÉNÉ POUR JA
S
y Kadiatou Sow a été l’une des figures de l’opposition à la révision constitutionnelle voulue par IBK, en 2017. Le collectif An tè a banna ! (« Touche pas à ma Constitution ! »), dont elle est désormais présidente d’honneur et qui regroupe des organisations de la société civile et des partis politiques de l’opposition, avait réussi à convaincre le président de « surseoir » à son projet de référendum. À 63 ans, cette femme charismatique connaît la scène politique malienne sur le bout des doigts, pour être aussi bien passée par le gouvernement, l’opposition et la société civile. Première femme gouverneure (district de Bamako) après la chute de Moussa Traoré, elle est ensuite ministre des Affaires étrangères, puis de l’Urbanisme et de l’Habitat. Des portefeuilles moins palpitants que les manifestations de rue, auxquelles elle est habituée. « Je suis restée peu de temps dans mes fonctions ministérielles, car les sommets, ce n’était pas ma tasse de thé », confie Sy Kadiatou Sow dans un éclat de rire. Depuis 2009, elle a relancé l’association Adema, fondée en 1991, qui regroupe des personnalités de tous bords politiques. « Cette association est la mère de tous les partis politiques actuels du Mali, souligne-t-elle. Elle compte veiller à la sauvegarde des idéaux du 26 mars et à la consolidation du processus démocratique. » Pour ce faire, elle organise régulièrementdestablesrondespourdébattreduprocessus électoral, à la veille de la présidentielle.
A.D.
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TRIBUNE
Créer, c’est résister «
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SOPHIE GARCIA/HANS LUCAS
a culture, c’est aussi et surtout un art de vivre, une Les initiatives privées ne sont pas en reste. Un exemple façon particulière de se comporter vis-à-vis de soimérite d’être cité. Ségou, la ville aux 4444 balanzans [espèce même, de ses semblables et de tout le milieu naturel d’acacia]. Ségou, la ville royale des Bamanans qui s’étire ambiant. » Cet enseignement d’Amadou Hampâté Bâ dans paresseusement le long du fleuve Niger. Ségou, la cité des son adresse à la jeunesse africaine fait cruellement défaut murailles qui a émerveillé Mungo Park au XIXe siècle. Ségou, au Mali d’aujourd’hui, particulièrement dans le Nord et le depuis la lisière des zones dangereuses, s’est imposée comme Centre. Le pays est en guerre, dans une insécurité réelle du la capitale culturelle du Mali. La fondation Festival sur le Niger, fait de la croisade « islamiste » et des revendications identile centre culturel Kôrè, le réseau Kya des organisations cultutaires sécessionnistes, à contre-courant de l’enseignement relles du Mali développent toute l’année des activités: specde Tierno Bokar, le sage de Bandiagara et maître d’Amadou tacles vivants, expositions, cinéma, résidences, conférences Hampâté Bâ. en association avec les créateurs du monde La charia et les attentats enterrent entier. Le clou de ces événements est le l’art de vivre. La voix des muezzins « islaFestival sur le fleuve Niger, événement intermistes » résonne comme le silence de la national organisé de main de maître, chaque mort. Qu’à cela ne tienne, la résistance année, par Mamou Daffé et son équipe. s’organise. Le patrimoine culturel matériel et immatériel renaît au souffle de la vie, explosion de la création reste une réamausolées et manuscrits au premier rang. lité. Elle fait partie intégrante de la résisGao et Tombouctou restent debout, sur tance, impulsée par les artistes de toutes les remparts. Le Sud s’ouvre aux initiatives les régions du Mali, aujourd’hui résidents à Cheick Oumar culturelles. N’Diaye Ramatoulaye Diallo, la Bamako. Dans les arts plastiques, la danse, Sissoko ministre de la Culture, annonce la couleur. le cinéma, la photo et surtout la musique, Réalisateur La Biennale artistique et culturelle renaît de tous les grands noms ont droit aux plus ses cendres pour magnifier la diversité, la belles scènes internationales, d’Abdoulaye cohésion sociale des jeunes et le brassage Konaté à la Biennale de Venise, à Salif Keita, des communautés des dix régions qui comAmadou et Mariam, Abdoulaye Diabaté et posent le Mali: Taoudeni, Kidal, Ménaka, Gao, Tombouctou, les grandes divas griottes, qui se produisent tout au long Mopti, Ségou, Sikasso, Koulikoro, Kayes et le district de de l’année aux quatre coins du monde. Et la relève répond Bamako. Cette rencontre a réuni plus de 1 000 jeunes déjà présent, dans la maîtrise de l’instrument et de la voix, artistes de tout le pays. sur des rythmes mandingues, wassoulous, songhaïs, peuls, tamasheqs, bobos, mais aussi de rap, de hip-hop et de regn véritable succès, qui avait été précédé, en novembre, gae. Ils sont légion à s’ouvrir aux influences multiples et par les Rencontres africaines de la photographie, au diverses, à s’inspirer des musiciens des autres continents. Musée national, et le Triangle du balafon, festival consacré Comme leurs aînés, ils contribuent à la recherche de la paix, à cet instrument mythique dont la pratique est inscrite au dans un brassage de rythmes, de styles, de voix. À la fois patrimoine de trois pays, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire novateurs et enrichissants pour le Mali, l’humanité et l’inet le Mali. Cette manifestation artistique et culturelle vient dustrie musicale mondiale. d’être à l’origine de la création d’une zone économique spéNos existences individuelles et collectives, notre rapport ciale qui porte son nom : le Triangle du balafon, avec un au monde n’ont de sens qu’à travers la culture. Elle est fonfonds d’appui de 6 milliards de F CFA [9 millions d’euros] damentale. Même si le département public qui la gère disconsacré au cinéma et à l’audiovisuel, médias par excelpose, dans la plupart des pays africains, de moins de 0,5 % lence de la communication sociale. du budget national.
L’
U
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LA MEILLEURE RÉPONSE À VOS BESOINS
Abidjan (RCI)
Bouaké (RCI)
Agence Principale Abidjan plateau à l’angle de la rue Paris-village et de l’avenue Botreau Roussel, près de la Radio NOSTALGIE 16 BP 114 Abidjan 16, Tél. : (+225) 20 30 73 80 - (+225) 20 30 73 85 Fax : (+225) 20 30 73 86
Agence de Bouaké BOUAKE quartier DJAMBOUROU après le marché de gros, sur l’autoroute menant à KATIOLA Tél. : (+225) 31 64 60 41 - (+225) 31 64 60 40
Agence Plateau/Imm, du Mali Abidjan plateau rue du commerce, sise à l’immeuble du MALI Tél. : (+225) 20 32 23 75 Fax : (+225) 20 32 23 82
Filiale de Paris- Montreuil 87 Rue de Paris, 93 100 Montreuil (France) Tél. : +331 80 60 85 06
Agence de Port Bouet Abidjan PORT-BOUET sur le prolongement du centre pilote, face au parc à bétail Tél. : (+225) 21 58 22 22 Agence de Adjamé Abidjan Adjamé, rue des banques face au marché forum, ancienne poste des télécommunications Tél. : (+225) 20 37 39 10
Paris (France)
Représentation de Paris - Père Lachaise 19, Rue des amandiers 75020 Paris (France) Tél. : +331 44 62 67 77
New-York (USA) Représentation de New York 2433 Frederick Douglass BLVD New York, NY 10027 (USA) Tél. : +1 212 423 0363
www.bms-sa.ml