TCHAD
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TUNISIE Hafedh Caïd Essebsi, le pouvoir en héritage ?
Nouvelle République Spécial 14 pages
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2019
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GUIDE INVESTIR EN GUINÉE
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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 2996 DU 10 AU 16 JUIN 2018
RD Congo Francophonie Burundi Macron Trump Réforme de l’UA Migrants Mandats présidentiels Droits de l’homme…
Kagame
« L’Afrique n’a pas besoin de baby-sitters » Une interview exclusive du président du Rwanda et de l’Union africaine ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE
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Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 3,50 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285
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GRAND FORMAT
CAMILLE MILLERAND/DIVERGENCE
Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays
TCHAD
Nouvelle République
La Constitution promulguée le 4 mai a considérablement renforcé les pouvoirs du chef de l’État, plus que jamais présent sur tous les fronts pour convaincre et sortir le pays de la crise financière. jeuneafrique no 2996 du 10 au 16 juin 2018
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Tasko Investment Corp. est un holding dʼinvestissement tchadien, basé à Nʼdjamena, au Tchad, depuis 2012. Nos activités couvrent ce que nous pensons être les secteurs les plus stratégiques de lʼéconomie tchadienne. À savoir : lʼénergie, lʼagroindustrie, les infrastructures et la communication. Notre ambition est de déverrouiller le potentiel économique du Tchad. Nous travaillons également à la promotion de la « destination Tchad » pour les capitaux et les investissements étrangers. Le Tchad, de part sa jeunesse, de part ses ressources naturelles et sa situation géostratégique, au cœur de lʼAfrique, est un pays plein de promesses pour lʼavenir du monde des affaires.
Christophe Boisbouvier
Calcul intégral
78 ENJEUX
L’hyperprésident
82 Entretien avec
Albert Pahimi Padacké
ésormais, au Tchad, tout est « intégral ». Depuis que les députés ont instauré un « régime présidentiel intégral », les fonctionnaires grévistes réclament le paiement de leur « salaire intégral », et l’économiste Succès Masra, qui vient de créer un nouveau mouvement politique, Les transformateurs, milite pour une « république de développement intégral »… Derrière cet humour à la tchadienne, il y a un évident scepticisme. Idriss Déby Itno (IDI), le chef de l’État, sait que son pays traverse une sérieuse crise. Il veut reprendre l’initiative pour convaincre. À l’origine de cette crise, il y a une réélection très controversée et un trou financier sans précédent. Pour l’opposition, le scrutin présidentiel d’avril 2016 est un « hold-up électoral ». Pour les syndicats, l’amputation depuis 2016 d’un tiers des revenus des fonctionnaires peut se comprendre quand le cours du baril de pétrole tombe à 50 dollars, mais pas quand il remonte à 70.
D
Une image de rassembleur
Face à cette double opposition, IDI le stratège a mené une opération en deux temps. Par une attaque frontale, il a changé de Constitution et instauré une IVe République. Et par une manœuvre d’enveloppement, il a longuement reçu dans son palais le chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo, qui trois semaines plus tôt, pourtant, qualifiait la nouvelle Constitution de « coup d’État constitutionnel » et de
« véritable crime contre le Tchad ». Par ce tête-à-tête du 17 mai, IDI s’est donné une image de rassembleur. Tout est-il réglé pour autant ? Loin de là. Dans la nouvelle Constitution, la suppression du poste de Premier ministre fait le « buzz », mais l’affaiblissement du pouvoir législatif n’est pas une réforme secondaire. Désormais, le gouvernement n’est plus responsable devant l’Assemblée nationale, alors que le président conserve le droit de dissoudre ladite Assemblée et de légiférer par ordonnance. Le pouvoir judiciaire est aussi diminué. Le Conseil constitutionnel est remplacé par une simple chambre de la Cour suprême. La Cour des comptes également. Même après son audience du 17 mai, Saleh Kebzabo, qui ne rend pas les armes, continue de dénoncer « un pouvoir de plus en plus personnel et omnipotent ». Que va faire le chef de l’État de ce « pouvoir intégral »? Récemment, il a eu cette phrase : « Je reconnais volontiers que de nombreuses personnes ont bâti des fortunes importantes grâce à la corruption. » Preuve que les déclarations de patrimoine auxquelles sont soumis les ministres et directeurs de société n’ont pas grande valeur. Les élections législatives auront-elles vraiment lieu en novembre ? Si les fonctionnaires ne recouvrent pas leurs primes et indemnités avant décembre, IDI aura sans doute intérêt à reporter le scrutin à 2019. C’est à l’occasion de ce vote qu’on verra si la IVe République inaugure ou non la transparence électorale.
Ancien Premier ministre
84 Questions à… Saleh Kebzabo
Chef de file de l’opposition
86 ÉCONOMIE
Second boom pétrolier
88 Décryptage 89 Agroalimentaire
La filière bovine s’industrialise
92 SOCIÉTÉ
N’Djamena à la mode des jeux et paris
95 Tribune de
Théophile Yombombé Madjitoloum
Député des Montsde-Lam (Logone-Oriental)
Suivez toute l’actualité du Tchad sur www.jeuneafrique.com
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ENJEUX
L’hyperprésident Désormais seul aux commandes, le président Idriss Déby Itno est confronté à un double défi: apaiser le front social et la grogne des fonctionnaires, tout en poursuivant une politique d’austérité budgétaire. MATHIEU OLIVIER, envoyé spécial
VINCENT FOURNIER/JA
B 78
awoyeu, Yodoyman, Moungar, Coumakoye, Djimasta, Ouaido, Yamassoum, Kabadi, Faki, Yoadimnadji, Coumakoye (une seconde fois), Abbas, Nadingar, Dadnadji, Deubet, Pahimi Padacké. La liste est longue comme le Chari : en vingt-sept années de pouvoir, Idriss Déby Itno (IDI) a usé seize Premiers ministres. Soit seize fois plus que son prédécesseur, Hissène Habré, qui s’était contenté du seul Djindingar Done Ngardoum, de mai à juin 1982, et avait ensuite choisi de se passer de chef de gouvernement jusqu’à sa chute, en 1990. Son tombeur, lui, n’a en revanche jamais hésité à utiliser la primature comme un fusible. Pourtant, cette époque semble aujourd’hui révolue, au moins provisoirement : le 11 avril, le Conseil des ministres a validé le projet de Constitution de la IVe République, laquelle a été adoptée le 30 avril par l'Assemblée nationale (avec 132 voix pour sur 170 élus), lors d'un scrutin boycotté par les députés de l'opposition, et promulguée dès le 4 mai. Accusé de volonté dynastique, Idriss Déby Itno, 65 ans, a renoncé, pour le moment, à mettre en place
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Le chef de l’État tchadien au palais présidentiel, en 2017.
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un poste de vice-président. refusent d'accorder un nouveau délai Depuis 2016, Il est donc désormais bien seul, au gouvernement et lui réclament le les fonctionnaires au palais rose, pour faire face aux paiement, à partir de la fin de mai, civils, soit environ défis qui l’attendent en 2018. Le de leur « salaire intégral », diminué premier d’entre eux est social et depuis janvier des primes et indembudgétaire. À la mi-février, le chef nités, lesquelles sont déjà réduites agents, auraient perdu de l’État a obtenu de haute lutte un de moitié depuis 2016. Or, pour des accord avec son créancier suisse raisons d'austérité budgétaire, le chef en moyenne un tiers Glencore pour un étalement du de l'État leur demande d'attendre de leurs revenus, soit remboursement de la dette de jusqu'à la fin de l'année la régularisal’État sur deux ans (lire pp. 86-88). tion de leur salaire. IDI, qui a pris en Dans la foulée, le FMI lui a accordé main les nouvelles discussions, fait (152 euros) par mois, son appui, desserrant un peu plus donc à nouveau face aux menaces de selon la plateforme l’étau sur les finances publiques. grève. Une première journée de ces« C’est le résultat de deux années sation de travail a eu lieu le 28 mai, intersyndicale tchadienne de travail, de rigueur budgétaire et le gouvernement a du pain sur la et de réduction du train de vie de planche s’il veut conserver la paix l’État », se félicite un conseiller de la sociale avec les principales organisaprésidence. En mars, les arriérés de salaires ont été versés tions syndicales. « Des efforts ont été faits dans la lutte aux enseignants et au personnel médical, qui ont, dans contre la fraude au sein des douanes, et nous travaillons la foulée, mis un terme aux grèves, démarrées en janvier. à assainir les régies financières », explique-t-on au palais Une victoire pour le président, qui s’était lui-même porté présidentiel. Mais le chemin est encore long vers la bonne en première ligne, désavouant au passage une partie de gouvernance, en particulier dans le secteur pétrolier, où son gouvernement, notamment le ministre des Finances, les initiatives de transparence sont encore bien souvent Abdoulaye Sabre Fadoul. à un vœu pieux. Le répit social pourrait donc n'avoir duré Cependant, les syndicats n’ont baissé les armes que que quelques mois. provisoirement. S’ils ont accepté quelques coupes dans e les salaires, justifiées aux yeux du gouvernement par la baisse des revenus pétroliers, ils n’en maintiennent pas Pour Idriss Déby Itno, le calme est pourtant essentiel. moins plusieurs exigences : chasse aux fonctionnaires Le chef de l’État a en effet confirmé que les élections fictifs, assainissement des finances publiques, lutte législatives se tiendraient en novembre. Si la victoire contre la corruption et les détournements… Surtout, ils du Mouvement patriotique du salut (MPS) ne fait aucun doute, le parti au pouvoir va affronter une opposition officiellement décidée à jouer la carte du rassemblement derrière Saleh Kebzabo, son chef de file (lire p. 84). Le leader de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR), deuxième parti représenté à l’Assemblée, tentera « À la mi-2017, les montants menées au sein de la Force de conserver son statut de chef de file de l'opposition, budgétaires investis dans multinationale mixte avec le qui lui est contesté par une partie des opposants depuis les forces de défense et de Mali, le Niger, le Nigeria et sa rencontre avec le chef de l'État, à la mi-mai, au palais sécurité nous avaient déjà le Cameroun se poursuivent présidentiel. IDI peut compter sur son dernier Premier coûté plus de 250 milliards autour du lac Tchad. Quant ministre, Albert Pahimi Padacké (lire p. 82), pour essayer de F CFA [381 millions à la frontière libyenne, elle de barrer la route du leader de l’UNDR sur leurs terres euros]. C’est loin d’être reste un sujet de préoccupad’origine du Mayo-Kebbi Ouest. Le chef de l’État aura éganégligeable. » Si l'exécutif tion majeure, tout comme lement à cœur de raffermir sa position et celle des candicontinue de pointer du celle qui sépare le Tchad de dats de la majorité dans son fief du Nord-Est, où, depuis doigt les difficultés finanson voisin soudanais. Autant avril, la grogne s’est exprimée sur les réseaux sociaux au cières liées à la chute des de postes de dépenses sein des communautés de Fada. cours du pétrole, il n’oublie lourdes à supporter pour Reportées depuis 2015, les législatives de cette fin d’anpas l’impact énorme des N’Djamena, qui ne serait née sont censées réanimer une vie politique étouffée par dépenses militaires sur les pas contre une réduction de les enjeux sécuritaires en Libye, au Nigeria ou au Mali, comptes publics tchadiens. son implication financière et par la crise financière sans précédent que vient de traÀ l’Ouest, la situation dans le G5 Sahel, engagé au verser le pays. Elles constituent l’acte II, voulu par Idriss semble s'être plus ou moins Mali et dans lequel le Tchad Déby Itno, après le coup de théâtre du lancement de la stabilisée face à Boko joue un rôle prépondérant. IVe République. Au metteur en scène de ne pas perdre le M.O. Haram. Mais les opérations contrôle du scénario.
92000
100000FCFA
IV République, acte II
SÉCURITÉ À TOUT PRIX ?
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PUBLI-INFORMATION
GROUPE ALMANNA Le GROUPE ALMANNA est une société tchadienne créée le 15 Octobre 1994 par Mr Abakar Tahir Moussa. C’est une entreprise dynamique au service du développement et de la renaissance du Tchad. Le GROUPE ALMANNA est un acteur majeur de l’épanouissement social du pays en participant à la création d’emploi, l’éducation, l’adduction d’eau potable et l’assistance aux populations vulnérables.
NOS MÉTIERS
Distribution de produits pétroliers au Tchad
Bâtiments et Travaux Publics
Mahamat Rozzi Chigueffe Directeur Chargé de BTP
Mahamat Nour Abdelkerim Mr Abakar Tahir Moussa, PDG du GROUPE ALMANNA
Directeur administratif et Financier
Hamid Kadoumi Nour
Mahamat Taher Hamid
Directeur Général Adjoint
Directeur Commercial
Commerce Général
MISSIONS •
Distribution des produits pétroliers
•
Conception et construction des bâtiments, des infrastructures de travaux publics durables
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Assurer le transport des biens en toute sécurité et ponctualité dans la zone CEMAC
RÉALISATION Direction générale de la télévision/ DGRTV. (photo ci-dessous)
CONTACT GROUPE ALMANNA
www.groupealmanna.com
Avenue Charles de Gaulle N’Djamena- Tchad Tél. : (+235) 22 52 17 17 Fax :(+235) 22 52 38 06 Email : contact.almanna@groupealmanna.com
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Transport de marchandises
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INTERVIEW
Albert Pahimi Padacké
Ancien Premier ministre
« Nous avons remis le pays sur les rails » Propos recueillis à N'Djamena par MADJIASRA NAKO
près sa démission, le 3 mai, en raison de la suppression de la fonction de Premier ministre dans la nouvelle Constitution, Albert Pahimi Padacké revient sur les défis auxquels il a dû faire face depuis son entrée en fonction, en février 2016. Avant d’évoquer son avenir.
THOMAS SAMSON/GAMMA-RAPHO/GETTY IMAGES
A
Jeune Afrique : À votre arrivée à la primature, vous avez hérité d’une situation complexe. Le pays était en pleine crise socio-économique et en délicatesse avec les bailleurs de fonds. Les choses sont-elles rentrées dans l’ordre?
Albert Pahimi Padacké : Le pays était alors en ébullition à cause des préparatifs de la présidentielle. Notre première mission était de faire élire le candidat de la majorité. Une fois ce résultat obtenu et la confiance du chef de l’État renouvelée, en août 2016, nous avons pu commencer à travailler pour remettre le pays à flot. Après la chute des cours du brut et les effets de la dette contractée auprès de Glencore, l’État a été contraint de réduire ses dépenses. Quelles sont les autres mesures significatives que vous avez dû prendre?
Nous avons renoué le dialogue avec nos partenaires sociaux et internationaux pour diversifier davantage notre économie et restructurer notre dette. En septembre 2017 et au terme du premier trimestre de 2018, le gouvernement a pu mobiliser les fonds nécessaires à la réalisation du Plan national de développement, tout en faisant avancer le dossier du Tchad auprès du FMI à la suite de la restructuration de notre dette avec Glencore. Enfin, nous avons pu mener à terme le processus de réformes liées à la mise en place de la nouvelle République, dans le respect de la promesse de campagne faite par le candidat Idriss Déby Itno.
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Vous avez été amené à prendre des décisions assez impopulaires…
AVEZ-VOUS EU DES REGRETS EN QUITTANT LA PRIMATURE ?
Absolument pas. La fonction de Premier ministre n’était pas liée à ma personne. En acceptant ma mission, en février 2016, je savais qu’elle prendrait fin un jour ou l’autre. Et elle s’achève de la meilleure façon qui soit. L’Histoire retiendra que j’ai été le dernier Premier ministre de la IIIe République.
L’action de l’homme politique s’inscrit dans la durée, pas dans un populisme de tous les instants. Elle s’analyse également dans sa capacité à prendre les décisions douloureuses que peuvent exiger certaines circonstances. Mon gouvernement et moi avons certainement été incompris parfois, mais nous sommes des soldats de la République, et je pense que nous avons accompli les missions pour lesquelles nous avons été appelés par le président. Ce faisant, nous avons contribué à remettre le pays sur les rails. Avantd’êtrenomméPremierministre,vous étiez député. Pensez-vous aux législatives prévues pour la fin de l’année?
Nous faisons plus qu’y penser puisque notre parti, le Rassemblement national des démocrates tchadiens [RNDT-Le Réveil] participera aux élections législatives et locales. Il ne peut y avoir d’existence politique sans présence à l’Assemblée nationale et dans les assemblées locales.
PUBLI-REPORTAGE
Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC)
Promotion de la stabilité financière dans la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC)
La crise financière de 2007-2008 a souligné la nécessité de mettre en place une politique macroprudentielle pour assurer la stabilité financière* , en complément de la surveillance microprudentielle. L’approche microprudentielle, en se focalisant sur les difficultés individuelles des institutions financières, contribue à assoir la stabilité du système financier. Cependant, elle ne tient pas suffisamment compte des expositions communes, des interactions entre institutions ou encore de l’activité économique. Le recours à la politique macroprudentielle correspond ainsi au besoin de disposer d’un cadre spécifique tenant compte du système financier dans sa globalité. S’agissant de la CEMAC, la crise financière internationale a eu peu d’effets sur son système financier et l’économie réelle a fait preuve de résilience. Toutefois, l’expérience des pays avancés et émergents, l’incidence des chocs macroéconomiques sur le système financier sous-régional ainsi que le souvenir de la crise bancaire des années 1980-1990, ont sensibilisé les Autorités de la CEMAC sur la nécessité de mettre en place dans la sous-région un dispositif macroprudentiel.
ABBAS MAHAMAT TOLLI, GOUVERNEUR DE LA BEAC
LES PAYS DE LA CEMAC CAMEROUN CENTRAFRIQUE CONGO GABON GUINÉE ÉQUATORIALE TCHAD
Ce dispositif est d’autant plus crucial que le système financier sous régional a enregistré de profondes mutations au cours des dernières années é (essor ( d des nouveaux moyens de paiement, émergence des marchés des capitaux, etc.). Tout en contribuant au financement des économies et par extension au développe ement économique, ces récentes mutations con nstituent des défis pour la stabilité financière dans la sous-région, en ce qu’elles ont accrru son exposition à certains types de risques. Il y a lieu de rappeler qu’un systtème financier sain et stable est une co ondition nécessaire pour asseoir une ccroissance pérenne dans la sous-région. En iinscrivant la promotion n de la stabilité financièree parmi les missions statutaire es de la BEAC, les Autorités de d la CEMAC ont voulu consacrer et confirmer le * Il n’existe pas de définition standard de la stabilité financière, mais cette dernière peut être appréhendée comme une situation où toutes les composantes du système financier assurent efficacement leurs rôles même en cas de crise.
rôle crucial de la Banque Centrale commune (BEAC) en matière de stabilité financière. Ce rôle s’exerçait déjà indirectement à travers : i) la promotion du bon fonctionnement des systèmes et moyens de paiement, iii) la gestion de la liquidité bancaire dans le cadre du marché monétaire sous régional et iii) l’élaboration et la mise en œuvre de la politique monétaire, la stabilité monétaire étant une condition nécessaire quoique non suffisante pour garantir la stabilité financière. En plus de ces domaines, la BEAC conduit l’analyse des risques pesant sur la stabilité financière en collaboration avec les Etats membres et les différents superviseurs dans le cadre des travaux du Comité de Stabilité Financière. Créé , le 02 octobre 2012, le Comité de Stabilité Financière de l’Afrique Centrale (CSFAC) a pour missions de promouvoir la stabilité financière et de prévenir les risques systémiques. SITUATION DE LA CEMAC EN MATIÈRE DE STABILITÉ FINANCIÈRE Lors de la session du 21 novembre 2017, le Comité de Stabilité Financière avait examiné l’évolution du cadre macroéconomique et financier sous-régional ainsi que les perspectives à court terme. Il a constaté que les différentes composantes du système financier sous-régional (banques, assurances, marchés des capitaux, infrastructures de marché, organismes de prévoyance sociale etc.) ont fait preuve de résilience grâce aux efforts combinés des Etats membres, de la Banque Centrale, de la Commission de la CEMAC, des superviseurs et des régulateurs. Analysant les risques et vulnérabilités pesant sur le système financier sous régional, le Comité a constaté que plusieurs difficultés relevées sont liées à l’évolution du cadre macroéconomique. Dans ce contexte, le Comité a souligné la nécessité aussi bien pour ses membres que pour les institutions financières de rester vigilants et encouragé ses membres à poursuivre les différentes actions engagées. La réunion du 17 mai dernier lui a permis d’examiner les nouveaux indicateurs économiques de la sous-région.
Banque des États de l’Afrique Centrale BP 1917 - Yaoundé, Cameroun Tél. : (+237) 222 23 40 30/ 222 23 40 60 Fax : (+237) 222 23 34 68 Email : communication@beac.int
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DIFCOM - PHOTO : © DR
STABILITÉ FINANCIÈRE ET POLITIQUE MACROPRUDENTIELLE
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Réformes tous azimuts MADJIASRA NAKO, à N’Djamena
n instituant la IVe République, Idriss Déby Itno assurait vouloir réformer les institutions pour renforcer la démocratie et la paix. L’adoption de la nouvelle Constitution a pourtant été loin de faire l’unanimité. Notamment au sein de l’opposition, qui a boycotté l’ensemble du processus. Alors qu’elle conteste depuis 2016 la réélection du chef de l’État pour un cinquième mandat, l’opposition attendait l’ouverture d’un véritable dialogue concernant la définition de cette nouvelle République. Ne voyant rien venir depuis le palais présidentiel, elle refuse alors de prendre part au forum national organisé en mars. La même logique est ensuite suivie par l’opposition parlementaire, qui a annoncé dès la mi-avril se mettre en congé des activités du Parlement jusqu’au 30 du même mois, date de l’adoption de la nouvelle Constitution. Le texte, qui supprime le poste de Premier ministre et renforce les pouvoirs du chef de l’État – dont le mandat, allongé à six ans, n’est désormais renouvelable
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Saleh Kebzabo
qu’une fois – nourrit pourtant le débat. « La nouvelle Constitution fait prêter serment sur le Coran ou sur la Bible au président de la République élu. Elle remet donc en cause notre identité nationale : une République laïque, sociale, solidaire et équidistante de toutes les obédiences religieuses », écrivent les parlementaires. Une position partagée par la Conférence épiscopale, qui a appelé à un référendum pour donner plus de légitimité au processus. Pour la ministre et secrétaire générale du gouvernement, Mariam Mahamat Nour, le processus est « bel et bien légal et légitime ». Elle indique que des consultations ont été menées sur l’ensemble du territoire dans la perspective du forum national pour qu’il reflète les aspirations des populations. En plus d’avoir réduit le nombre des institutions et redessiné la carte administrative du pays, la nouvelle Constitution inaugure surtout un processus électoral. Annoncées pour novembre, les législatives vont enfin permettre de renouveler le Parlement, plus de trois ans après la date initiale de la tenue des élections.
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Ce qui va changer avec le régime de « présidence intégrale » instauré par la IVe République. Et ce qu’en pensent les opposants et la société civile.
Chef de file de l’opposition
« Notre salut, c’est l’unité ! » Le président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR), plaide pour une coalition de l’opposition aux prochaines législatives. Que pensez-vous de la nouvelle Constitution ? Qu’elle n’apportera aucun changement. Elle va juste un peu plus loin 84
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dans le système présidentiel en supprimant le poste de Premier ministre. Le vrai chef de gouvernement était et restera le président. Nous continuons à considérer qu’Idriss Déby est illégitime et qu’il s’est maintenu au pouvoir après un coup d’État électoral en 2016. Pour nous, le contentieux reste
entier, et ce n’est pas un forum prétendument inclusif qui va le régler. Le président a annoncé la tenue des législatives en novembre. Qu’en espérez-vous ? Je ne vois pas comment elles pourraient être organisées en novembre. Ce qui n’empêche pas l’opposition de se préparer. Notre
salut, c’est l’unité, et notre objectif est de présenter des listes de coalition et de répartir les sièges, notamment entre le Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement [Fonac] et la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution [CPDC].
Propos recueillis à N’Djamena par MATHIEU OLIVIER
PUBLI-INFORMATION
HÔPITAL DE LA RENAISSANCE
Répondre aux attentes des patients et devenir un hub d’excellence au niveau régional en offrant des prestations médicales et techniques de très haut niveau, tels sont les objectifs de l’Hôpital de la Renaissance, au service des tchadiens depuis novembre 2013. L’hôpital de la Renaissance répond à la vision du Chef de l’État tchadien, le Président Idriss Déby Itno, de doter le pays d’un établissement proposant la meilleure offre de soin de la sous-région au service de la population tchadienne et permettant une alternative crédible aux coûteuses évacuations sanitaires. Désormais, la prise en charge des patients se réalise à N’Djamena, d’où une économie substantielle de devises. Conçu et réalisé par la Société Française d’Équipement Hospitalier (SFEH) sous la forme d’un contrat clés-enmains, l’établissement de 240 lits se déploie sur plus de 15 000 m2 pour un investissement total inférieur à 34 milliards de francs CFA. Placé sous la tutelle du Ministère de la Santé Publique, son exploitation a été confiée à un opérateur privé sous la forme d’un contrat de délégation de gestion. Ce schéma novateur en Afrique garantit une transmission progressive aux équipes tchadiennes des méthodes d’administration modernes d’un établissement hospitalier de référence.
Un lieu de haute technologie médico-chirurgicale L’hôpital de la Renaissance prend en charge les pathologies les plus complexes, et réalise les interventions les plus délicates adressées en amont par les établissements du réseau sanitaire tchadien. L’établissement propose une offre de soin variée notamment la cardiologie avec une unité de coronarographie,
la médecine interne, l’infectiologie, la gastroentérologie avec endoscopie diagnostique et thérapeutique, la néphrologie avec une unité d’hémodialyse et d’endocrinologie, le diagnostic avec un plateau d’imagerie équipé d’un scanner et d’une IRM. L’offre des spécialités chirurgicales est également riche : orthopédie avec pose de prothèse totale de la hanche, neurochirurgie, chirurgie viscérale avec cœlioscopie, urologie dotée d’un appareil de lithotritie extracorporelle, odontologie, chirurgie maxillo-faciale, ORL, chirurgie cervico-faciale et ophtalmologique. Soucieux du respect scrupuleux des protocoles d’hygiène, et du règlement intérieur, le personnel place le patient et la qualité des soins au cœur de ses préoccupations.
La confiance des clients les plus exigeants Signe d’une reconnaissance de son niveau d’excellence, l’Hôpital de la Renaissance est rapidement devenu l’établissement de recours de nombreuses institutions et organisations internationales. Il soigne par exemple les militaires de la Force Multinationale appuyée par l’Union Européenne. L’hôpital de la Renaissance est la démonstration que des problématiques de santé complexes dans la sous-région peuvent être adressées avec des budgets rationnels et maîtrisés offrant des résultats de qualité avec un impact immédiat sur la réduction des évacuations sanitaires et l’amélioration de l’offre de soin pour la population. Contact siège SFEH : 3 avenue du Pdt Wilson 75116 Paris Tél. : +33(1) 45 05 15 43
www.sfeh.com
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un établissement de pointe au Tchad
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ÉCONOMIE
Second boom pétrolier MADJIASRA NAKO
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«
e Tchad va connaître un deuxième âge d’or pétrolier entre fin 2019 et 2025. » Ministre du Pétrole et de l’Énergie d’août 2016 à mai de cette année, Me Béchir Madet sait plaider pour son secteur. C’est lui qui a obtenu le rééchelonnement de la dette contractée auprès de Glencore pour racheter les parts de l’exploitant du bassin pétrolier de Doba. Une dette dont le remboursement plombait le Trésor tchadien, déjà mis à mal par la baisse des cours pétroliers et dont les recettes sont constituées à 70 % des exportations de brut. Il a fallu toute l’opiniâtreté des autorités tchadiennes, soutenues par le FMI, pour obtenir un moratoire de deux ans sur les remboursements. Une véritable bouffée d’oxygène pour les finances publiques, au moment même où les cours du brut commençaient à retrouver des couleurs. Le Tchad et ses partenaires privés ont profité de l’embellie pour ressortir des cartons les projets imaginés lors de son premier boom pétrolier. Le pays compte toujours sur son pétrole pour faire carburer son économie. Il n’a pas vraiment d’autre choix dans
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l’immédiat. En octobre, N’Djamena a lancé la construction d’une miniraffinerie à Rig-Rig, dont les produits seront exclusivement destinés à la consommation nationale. Dans la foulée, sept nouveaux champs ont été attribués à la CNPCIC, dans le bassin de Bongor, où la compagnie chinoise est déjà à l’œuvre depuis 2009. Dans la brousse du Logone-Occidental, Opic Africa achève sa plateforme d’exploitation en même temps qu’il construit un pipeline de 82 km prévu pour être connecté au centre de collecte de Komé, d’où part le brut tchadien en direction du terminal pétrolier de Kribi, au Cameroun. Toujours dans la même région, Petrotchad, qui a mis au jour des puits à KrimKrim, devra lui aussi les connecter à Komé. « L’avenir est devant nous, estime Béchir Madet. Exxon, avec sa technologie polymère, va augmenter sa production dans le bassin de Doba. La CNPCIC fera de même à la suite de l’ouverture de ses nouveaux puits dans le Bongor. Quant à Opic, il va démarrer sa production en 2019 au Logone-Occidental, dans le Sedigui, autour du lac. Et si le pipeline Niger vient à passer par le Tchad, nos installations seront saturées. » Pour le développement du champ de Sedigui, la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT) a signé un contrat avec
Sur le champ de Komé, d’où est acheminé l’or noir tchadien vers le terminal camerounais de Kribi.
un consortium anglo-chinois qui s’occupera aussi de la construction du gazoduc, du dispositif de purification du gaz ainsi que du terminal gazier de Djarmaya, aux portes de N’Djamena. Le Niger prévoit, lui, de construire un pipeline de 600 km, raccordé au réseau tchadien, pour exporter son brut via le port camerounais de Kribi. Une opération synonyme de ressources supplémentaires pour le Tchad. Pour l’heure, la santé retrouvée des cours n’a pas influé sur les volumes de production, qui restent de l’ordre de 100 000 barils par jour. Cela devrait néanmoins avoir peu
OPEP AFRICAINE
Le 31 mars, N’Djamena a accueilli la 35e session des ministres de l’Organisation des pays producteurs de pétrole africains (Appo). Basée à Brazzaville, l’Appo entend, à terme, devenir
le principal interlocuteur de l’Union africaine (UA) en matière d’énergie. « Les enjeux sont importants, car notre économie ne peut se développer avec une consommation énergétique
DESIREY MINKOH/AFP
Dans la foulée du rééchelonnement de sa dette auprès de Glencore et de la remontée des cours du brut, l’État multiplie la mise en production de nouveaux gisements. Avec des perspectives encourageantes. d’impact sur les finances publiques, puisque le ministère des Finances a élaboré son budget 2018 avec un baril à 52 dollars. Une prudence qui pourrait se révéler payante si la tendance actuelle se maintenait. Au ministère du Pétrole, Béchir Madet se montre optimiste. De nouveaux opérateurs, parmi lesquels United Hydrocarbon, sont aujourd’hui au travail dans la région du Lac, ainsi que dans le bassin des Erdis, situé dans le Grand Nord. Enfin, les équipements de forage qui viennent d’être acheminés commencent à prendre leur service pour faire jaillir l’or noir du champ de Dosséo.
aussi faible », estime son secrétaire exécutif, le Nigérien Mahamane Lawal Gaya. L’organisation exhorte donc les pays exportateurs et ceux qui ont le potentiel pour le devenir, soit 52 sur
les 54 membres de l’UA, à se donner la main « pour, ensemble, peser sur l’échiquier mondial », souligne Valérie Commelin, représentante du Tchad à l’Appo. M.N.
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Grand format TCHAD ÉCONOMIE
DÉCRYPTAGE
Boulets et éléphants blancs ALAIN FAUJAS
L
e Tchad l’a échappé belle. La chute des cours du pétrole en 2014 avait tellement tari ses ressources que seule l’aide budgétaire – à hauteur de plus de 130 milliards de F CFA (environ 200 millions d’euros) – de la Banque mondiale, de l’Union européenne et de la France lui avait permis d’éviter la faillite et de payer ses fonctionnaires et ses militaires en 2017. Il faut dire que le président Déby Itno avait lourdement insisté sur le fait qu’un effondrement économique de son pays risquait d’avoir des répercussions sur la lutte antiterroriste. Cela a payé. Restait une épine dans le pied du Tchad, qui interdisait l’intervention déterminante du FMI et bloquait l’arrivée des quelque 18 milliards d’euros promis en septembre 2017 lors de la conférence de Paris: la dette de 1,36 milliard de dollars contractée en toute discrétion en 2014 auprès
du suisse Glencore pour racheter la part de l’américain Chevron dans le consortium qui exploite le pétrole de Doba. Dette que N’Djamena était hors d’état de rembourser. Après sept mois de rudes négociations et l’intervention de la France et du FMI auprès de Glencore, un accord a été signé entre la compagnie et l’État tchadien le 21 février. Il prévoit deux années de grâce pour les remboursements, l’allongement de la durée du prêt de dix à douze ans et un taux d’intérêt ramené de 7,5 % à 2 %. Cette signature a permis de débloquer le 13 avril le versement de l’aide du FMI (312,1 millions de dollars sur trois ans). Les investisseurs seront rassurés. Le ciel s’éclaircit d’autant plus pour le Tchad que le prix du pétrole s’est redressé depuis deux mois, à plus de 70 dollars le baril. Ce qui aidera à corriger la récession de 2016 (– 6,4 %) et de 2017 (– 3,1 %) et à doper la reprise, qui, selon le FMI, pourrait atteindre + 3,5 % cette année.
Tableau de bord macroéconomique Indicateurs
2015
2016
*Estimations
2017
2018*
2019*
(variations annuelles, en %)
PIB réel, à prix constants PIB non pétrolier Inflation
1,8 – 2,9
– 6,4 – 6,0
6,8
– 1,1
– 3,1 – 0,5
3,5 1,4
2,8 2,5
– 0,9
2,1
2,6
(en % du PIB)
SOURCE : FMI, AVRIL 2018
Solde budgétaire global
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Total recettes et dons Total dépenses et prêts nets
– 4,3 14,0 18,3
– 1,9 12,6 14,5
– 0,9 14,1 15
1,0 15,7 14,7
– 0,2 14,7 14,9
Investissement total
26,9
16,7
21,2
22,8
24
Dette publique totale
43,8 18,3
52,4 24,0
52,5 25,4
48,1 22,1
45,4 20,0
– 13,6
– 9,2
– 5,2
– 4,3
– 5,5
Dont dette intérieure
Solde des comptes courants
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Il n’en demeure pas moins que le Tchad est mal en point. Les grèves sont là pour en témoigner. Le pays traîne toujours les mêmes boulets. Certains ne peuvent lui être imputés, comme le terrorisme ou l’accueil de dizaines de milliers de réfugiés. Mais la plupart restent de son fait: un climat des affaires détestable, une fiscalité qui ne pèse que sur les entreprises à capitaux étrangers, des arriérés de paiement de l’État qui se chiffrent en dizaines de milliards de francs CFA, une corruption endémique… L’application rigide du code des marchés publics ralentit considérablement les chantiers. Certains en profitent alors pour conditionner la reprise des travaux au versement de prébendes. Comment s’étonner dans de telles conditions que les investisseurs privés traînent les pieds pour s’installer au Tchad et que la création d’emplois formels y demeure rarissime?
Manque de compétences
Les bailleurs de fonds internationaux sont les premiers à déplorer la lenteur dans l’exécution des projets de développement. La faute au manque de compétences d’une fonction publique mal formée et au clientélisme, au clanisme et au « parentélisme », qui consiste à confier, le plus souvent, des responsabilités à des personnes qui ne sont pas qualifiées. Toujours aussi amateurs « d’éléphants blancs », les dirigeants du pays continuent de créer des entreprises qui se révèlent des gouffres pour les finances publiques. Dernier exemple en date, l’usine de jus de fruits de Doba est aujourd’hui en vente pour 1 F CFA symbolique. Boko Haram cause certes de réels dégâts dans le pays. Mais l’absence de rationalité économique qui semble parfois régner à N’Djamena aussi.
ABDOULAYE BARRY
Centre d’élevage de Bol, dans la région du lac Tchad.
Agroalimentaire
Tout est bon dans la vache
Premier exportateur de bétail de la sous-région avec une viande réputée excellente, le pays mise sur l’ouverture d’abattoirs et d’unités de transformation pour doper la filière. MADJIASRA NAKO
bjectif : 220 000 tonnes. C’est la quantité de viande que souhaite exporter chaque année le Tchad à moyen terme. Soit dix fois plus qu’aujourd’hui. Avec, selon le dernier recensement réalisé au début de mai, 83 millions de têtes de bétail, le pays a le potentiel pour faire mieux. Mais pour que la viande et les produits dérivés de l’élevage deviennent un pilier de son économie, le Tchad ne veut plus se contenter d’exporter ses animaux sur pieds. Il doit transformer. C’est dans ce but que le gouvernement a décidé, en 2015, de construire neuf abattoirs d’une capacité annuelle de 10 000 à 70 000 tonnes chacun, en complément de celui de Farcha, situé dans la capitale et qui fournit aujourd’hui la quasi-totalité de la production nationale.
O
Cofinancements
Deux abattoirs sont déjà en activité, à Djarmaya et à Moundou. Les autres attendent « une amélioration de l’économie pour se lancer », confie l’ancien ministre de l’Élevage, Mahamat Annadif Youssouf, devenu secrétaire général adjoint de la Présidence en mai. Le site de Djarmaya, le plus grand, le plus coûteux aussi – un investissement de 37 milliards de F CFA (56,4 millions d’euros) –, peut traiter
quotidiennement jusqu’à 1 500 bovins, 3 000 ovins et caprins, et 500 camelins. Il a été financé pour moitié par la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), tout comme le projet de complexe industriel agroalimentaire de Mandélia, à 50 km de N’Djamena, ou les fermes multifonctionnelles du complexe d’exploitation des ruminants de Djarmaya. Outre l’ouverture prochaine d’abattoirs supplémentaires, les acteurs du secteur se félicitent d’une autre bonne nouvelle : la reprise des exportations vers le Nigeria, principal client du pays (lire encadré), après plusieurs années d’arrêt inhérent à l’occupation de la région frontalière par Boko Haram. De quoi muscler les perspectives de la filière viande.
REPRISE DES VENTES VERS LE NIGERIA Avec la libération de l’axe N’DjamenaMaïduguri au début de cette année, les exportations de bétail vers le Nigeria ont enfin pu reprendre. Selon les statistiques douanières, près de 80 000 bœufs y sont entrés ces
derniers mois. Un chiffre bien timide par rapport à un passé pas si lointain, mais l’essentiel est ailleurs. « Beaucoup d’éleveurs se souviennent des centaines de bœufs volés aux éleveurs par Boko Haram jusqu’en 2016 », explique un
douanier tchadien posté à Nguéli, point traditionnel de sortie du cheptel vers le sud. Une époque que tous les acteurs de la filière, des deux côtés de la frontière, espèrent définitivement révolue. M.N.
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>> SIÈGE SOCIAL
Rue du Colonel Hassan Moursal Kourda,
B.P. 19 - N’Djamena - Tchad Tél. : (+235) 22 52 28 29 Tél. : (+235) 22 52 32 84 - 22 52 37 41 Fax : (+235) 22 52 33 18 - 22 52 06 53 E-mail : cb-tchad@groupe commercialbank.com >> AGENCE DE MOUNDOU B.P. 382 - Moundou - Tchad Tél. : (+235) 22 69 17 86 Fax : (+235) 22 69 17 87 >> AGENCE « RUE DE 40 M »
Rue de 40 m B.P. 19 - N’Djamena - Tchad Tél. : (+235) 22 53 13 24 Tél. : (+235) 22 53 13 25 - 22 53 13 26 Fax : (+235) 22 53 13 27 >> AGENCE D’ABÉCHÉ BP 114 - Abéché - Tchad Tél. : (+235) 22 69 88 68 Fax : (+235) 22 69 88 69)
PUBLI-INFORMATION
« Nous sommes une banque citoyenne qui contribue au développement du Tchad »
Un entretien avec monsieur Hassaballah Abakar Nassour, Directeur Général Adjoint de la Commercial Bank Tchad
Dans le cadre de la politique de privatisations, le Groupe FOTSO, avait pris la majorité du capital de la Banque de Développement du Tchad (BDT), en juin 2001. En octobre 2002, la dénomination avait été changée en « Commercial Bank Tchad » pour marquer la vocation désormais commerciale de la banque. Cependant, en raison de l’absence de respect des normes prudentielles, la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) avait décidé, le 30 juin 2009, de mettre la banque sous le régime de l’Administration Provisoire. Un plan de restructuration, mis en œuvre en 2010, a permis le sauvetage de la banque. Depuis fin 2010, la banque n’est plus sous Administration Provisoire. La nouvelle configuration de son actionnariat se présente comme suit : État Tchadien : 62 % ; Groupe FOTSO/CBC : 20% ; CNPS : 9 % ; STAR NATIONALE : 4 % ; BDEAC : 2 % ; autres : 3 %. Il ressort de cette configuration que le Groupe FOTSO n’est plus l’actionnaire majoritaire.
Quelle est la situation actuelle ? Depuis sept exercices, la banque exerce ses activités dans un cadre juridique ordinaire, avec les organes sociaux qui fonctionnent parfaitement, et dégage chaque année des résultats bénéficiaires. Son capital est de 10 milliards de FCFA. Elle a distribué un dividende égal à 10 %
du capital en 2017 et 20 % au titre de l’exercice 2016 tout en renforçant ses fonds propres qui s’élèvent à ce jour à plus de 26 milliards de FCFA.
Quelle est votre valeur ajoutée ? La Commercial Bank Tchad offre à sa clientèle particulière, entreprises et institutionnelle une large gamme de produits et de services adaptés doublée d’une rapidité et d’une qualité inégalées. Ces forces ont permis de faire d’elle la première banque de la place en termes de dépôts avec une moyenne de 21,20 % de part de marché sur l’année écoulée, malgré un nombre réduit d’agences (4) par rapport à ses principaux concurrents. La banque a beaucoup contribué au financement de l’économie du pays. Elle se hisse au troisième rang sur la place bancaire en termes d’emplois avec une part de marché qui s’est établi à 18,57 % au 31/12/2017. La Commercial Bank Tchad a acquis des titres de l’État tchadien (Bons du Trésor Assimilables et Obligations du Trésor Assimilables) à hauteur de plus de FCFA 150 milliards.
• De fidéliser sa clientèle et de conquérir de nouveaux clients ; • D’appuyer efficacement le gouvernement du Tchad dans son projet de bancarisation des recettes de l’État ; • D’appuyer l’État dans sa stratégie de diversification des secteurs de développement du pays à travers des projets pastoraux, agricoles, hydraulique, etc. • D’améliorer le cadre de travail des collaborateurs.
De quelle façon ? Pour atteindre ces objectifs, la banque entend : • Améliorer davantage la qualité des services qu’elle offre ; • Proposer une gamme de produits et de services de plus en plus large et adaptée ; • Ouvrir de nouvelles agences pour être une banque de proximité ;
Quels sont les objectifs et la stratégie de développement ?
• Mettre en place et développer les produits et services générateurs de commissions ;
La Commercial Bank Tchad se fixe comme objectifs :
• Mettre en place une politique efficiente de gestion des risques ;
• De consolider et d’accroître sa part de marché des dépôts ; • De réduire le volume de ses emplois ; • D’accroître sa rentabilité ;
• Développer la banque à distance ; • Cibler le segment des particuliers et professionnels et celui des PMI et PME.
©DIFCOM - PHOTOS : STOCK.ADOBE.COM
Pouvez-vous nous rappeler l’histoire récente de la Commercial Bank Tchad ?
Grand format TCHAD
Avec la crise, jeux de hasard et paris en tous genres rencontrent un vif succès. Pourvoyeurs d’emplois, ils sont aussi une manne financière pour l’État. MADJIASRA NAKO
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ABDOULAYE BARRY POUR JA
Ticket gagnant
ABDOULAYE BARRY POUR JA
SOCIÉTÉ
la journée ici. Il y a des jours où on peut rentrer avec l’équivalent d’un salaire et des jours où on ne gagne rien du tout », explique Abdel, habitué des lieux. Depuis trois ans, les salles de jeux se sont multipliées dans la capitale tchadienne pour remplacer, petit à petit, les kiosques, disparus au lendemain de l’arrêt des activités du Pari mutuel urbain tchadien (Pmut), il y a une dizaine d’années. « Les parieurs se sont d’abord rabattus sur le Cameroun en allant jouer dans la ville de Kousserie, située en face de la capitale », explique une opératrice devant son étal à l’enseigne d’Afrijeux, la société qui s’occupe dorénavant des jeux de hasard au Tchad. Munis de petites machines servant à valider les combinaisons, les opérateurs, le plus souvent des jeunes femmes, sont aujourd’hui visibles dans presque toutes les rues de N’Djamena. Dans la foulée d’Afrijeux, d’autres sociétés ont fait leur apparition, comme PMU Bet ou, plus récemment, Loto Plus.
ans une salle climatisée noire de monde, les yeux rivés sur les écrans fixés aux murs, les parieurs attendent avec impatience l’affichage des résultats de la course de chevaux qui vient de se terminer, et, surtout, des gains qui en découlent. « Je m’en sors avec une combinaison dans le désordre, et le monsieur, là-bas, a eu droit à un bonus. Ce n’est pas grand-chose, mais je dis merci à Dieu », s’enthousiasme un vainqueur. Il se dirige vers la caisse, empoche ses gains et rejoint un groupe de copains qui, eux, parient sur des matchs de foot. « Il arrive qu’on passe
DR
« Cercle vicieux »
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Une multiplication d’offres qui traduit un intérêt économique certain, même si ces entreprises communiquent très peu sur leurs chiffres d’affaires, lesquels, selon le cadre d’une société de jeux qui préfère rester anonyme, « se comptent en milliards de francs par mois ». La principale raison de l’explosion de ce marché reste la forte paupérisation des populations. « Comme souvent, ce sont les plus pauvres qui s’adonnent le plus aux jeux de hasard. Les gens espèrent ainsi sortir de l’indigence. Le moindre gain fait oublier toutes les pertes, et on tombe ainsi dans un cercle vicieux », analyse l’économiste Doudjidingao Antoine.
SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA
Page de gauche : joueurs de loto dans les rues de N’Djamena et boutique d’Afrijeux. Ci-dessous : course hippique à Massaguet.
Face à une crise sociale, avec des grèves à répétition qui ont paralysé le pays pendant plusieurs semaines et mis au chômage forcé de nombreux élèves et travailleurs, beaucoup ont trouvé dans les salles de jeux un lieu de distraction et un espoir de gagner gros si jamais la chance leur souriait. Mais les jeux de hasard ont aussi un côté vertueux: pourvoyeurs d’emplois, ils permettent aussi à l’État d’engranger d’importantes ressources fiscales. Au début d’avril,
au lancement de ses activités, Loto Plus, la dernière des entreprises de jeux de hasard à avoir fait son apparition au Tchad, a annoncé l’embauche d’un millier de jeunes d’ici à la fin de cette année. Même si ces emplois restent en général sous-payés et sans garanties, ils constituent une véritable opportunité de réinsertion dans le monde du travail pour de nombreux Tchadiens. Sans rien devoir au hasard ni à la chance.
YIP YIP, HOURRA ! attirent souvent les très jeunes. À première vue, on peut d’ailleurs penser qu’il s’agit d’un jeu vidéo,
avant de constater qu’il faut introduire des pièces de monnaie pour commencer la partie. « C’est la nouvelle
ABDOULAYE BARRY POUR JEUNE AFRIQUE
Un écran incrusté sur une boîte hermétique, une simple pression du doigt sur un bouton, une mise de 100 F CFA (15 centimes d’euro)... Voilà de quoi, avec de la chance, en gagner peut-être 1000, 2000, voir plus. À N’Djamena, ces machines à sous ont été baptisées « Yip Yip » en référence aux lumières qui clignotent sur les écrans. Introduites par un prestataire chinois, ces boîtes à jeux sont présentes à tous les coins de rue de la capitale tchadienne. Ils
Introduites par un prestataire chinois, ces machines à sous sont très populaires auprès des jeunes.
drogue des enfants et des adolescents. À la suite des grèves qui ont provoqué la fermeture des établissements scolaires, certains y passent toutes leurs journées. C’est dangereux pour leur évolution, mais très peu de parents sont conscients de ce phénomène, qui ne semble pas non plus préoccuper les autorités », déplore un enseignant. Et le petit écriteau « interdit aux moins de 18 ans » ne suffit pas à dissuader les jeunes parieurs. M.N.
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TRIBUNE
Solidarité face à la crise centrafricaine L
P
ABDOULAYE BARRY
es crises centrafricaines qui se sont succédé ont ar indifférence, la communauté internationale a conduit au déferlement de réfugiés au Tchad. Au créé les conditions d’une nouvelle crise, alors que fil des années, leur nombre a dépassé les 100 000, quelques ressources supplémentaires auraient suffi à et, sans une amélioration de la situation, le flux ne aider les populations à reconstruire leur vie, à devenir va pas se tarir. Rien qu’au premier trimestre de cette plus résilientes face aux nombreuses difficultés qu’elles année, 30 000 nouveaux Centrafricains se sont exirencontrent. La lassitude arguée par les donneurs, face lés au Tchad. La frontière sud abrite déjà six camps et à une crise qui n’en finit pas, pour tenter d’expliquer plus de vingt-trois villages de réfugiés. Établis, pour leur inertie ne tient pas. À aucun moment les réfucertains, depuis bientôt quinze ans, ils impactent sévègiés centrafricains n’ont eu la chance de figurer en rement l’environnement et, au-delà, les bonne place dans l’agenda des bailleurs conditions de vie des populations hôtes de fonds. puisque leur présence influe sur les besoins en nourriture et en eau, mais e Tchad, qui accueille aujourd’hui des aussi en infrastructures d’accueil, qui ressortissants soudanais, nigérians et, se chiffreraient aujourd’hui à environ donc, centrafricains, traverse une période 550 millions de dollars. Sans que cela difficile à la suite du ralentissement de son ait provoqué, jusqu’à maintenant, la économie. Présenté comme un îlot de stabimoindre réaction de solidarité de la part lité au cœur d’une sous-région tourmentée, de la communauté internationale. Dans le pays de Toumaï ne pourra supporter seul Théophile ces conditions, l’hivernage qui arrive plus longtemps le poids de telles charges Yombombé s’annonce des plus précaires, les autochadditionnelles. Il est temps pour la commutones ayant déjà partagé leurs maigres nauté internationale de se préoccuper bien Madjitoloum ressources avec les réfugiés. Le Logoneplus qu’elle ne le fait des conséquences écoDéputé Oriental, qui est, avec le Mandoul et nomiques, sociales et environnementales des Monts-de-Lam le Moyen-Chari, la région qui accueille provoquées par la crise centrafricaine. Les (Logone-Oriental) actuellement le plus grand nombre solutions apportées jusqu’à maintenant par d’entre eux, sort d’une campagne agriles organisations humanitaires ne peuvent cole difficile, accusant un déficit de accompagner durablement les réfugiés et 452 000 tonnes de céréales au sortir de la récolte limiter leur impact dans les régions tchadiennes où ils 2017-2018. se sont établis. Pour s’inscrire dans la durée, il faut aider l’économie locale à redémarrer et renforcer les structures epuis 2003, le Haut-Commissariat des Nations de l’État dans les régions les plus touchées, en encouraunies pour les réfugiés (UNHCR) ne cesse de geant peut-être une dynamique communautaire pour rappeler l’insuffisance de l’aide et l’urgence de la certains échelons décentralisés du pouvoir. Il faut absosituation, alors que le risque de conflits grandit à lument éviter tout risque de voir se dégrader davantage mesure que s’amenuisent les ressources disponibles. une situation déjà très précaire dans le Logone-Oriental. La période d’hivernage va encore compliquer l’accès La communauté internationale doit faire l’effort de sortir à certains sites d’hébergement, notamment dans la d’une grille de lecture trop classique des événements et région des Monts-de-Lam, et poser des difficultés supbousculer ses agendas pour aider ces populations à vivre plémentaires à la prise en charge des réfugiés tout en dans la dignité. En attendant qu’elles puissent, un jour, accentuant les souffrances des populations locales. rentrer chez elles.
L
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