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GABON BRICE LACCRUCHE ALIHANGA

CÔTE D’IVOIRE Les grandes manœuvres

(directeur de cabinet du président Bongo Ondimba)

MAROC 2026 Une défaite prometteuse ?

Spécial 28 pages

« Le temps de l’impunité est révolu » HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 2997 DU 17 AU 23 JUIN 2018

Après sa libération surprise, l’ancien vice-président peut-il réussir un incroyable come-back et briguer la magistrature suprême en décembre? Le pouvoir est inquiet. Et l’opposition, embarrassée.

RD CONGO

Le choc

Bemba

ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE CENTRALE

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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 birrs Grèce 4,80 €

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Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 3,50 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2000 F CFA ISSN 1950-1285



GRAND FORMAT

CÔTE D’IVOIRE

THIERRY GOUEGNON/REUTERS

Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays

Deuxième souffle

Nouveaux équilibres politiques, frémissement économique, multiplication des projets d’envergure, dynamisme culturel… La métamorphose du pays, tous domaines confondus, se poursuit. jeuneafrique no 2997 du 17 au 23 juin 2018

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86 ENJEUX

Répétition générale

94 Kandia Camara

André Silver Konan andresilverkona

Grandes manœuvres l est indéniable que les prochaines élections locales vont constituer un test pour tous les partis qui aspirent à diriger la Côte d’Ivoire en 2020, après les deux mandats du chef de l’État, Alassane Ouattara. Pour les membres du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle), l’enjeu est de taille. Après treize ans de cheminement commun, après avoir été dans l’opposition ensemble et alors qu’elles gouvernent ensemble, bon an, mal an, depuis huit ans, les formations qui composent cette alliance commencent à développer leurs propres agendas. Le Rassemblement des républicains (RDR, d’Alassane Ouattara) s’est engagé dans le projet hypothétique du parti unifié qui devrait, au moins jusqu’en 2020, en rester au stade de fédération de formations politiques. Ce parti « essentiellement urbain, qui a déçu de nombreux Ivoiriens, y compris ses propres militants », selon le politologue Geoffroy Kouao, compte se saisir des municipales pour démontrer à ses partenaires du RHDP qu’il n’est pas fini. Certes, ces derniers se présenteront en rangs serrés dans la plupart des circonscriptions. Cependant, chaque responsable dénombrera ses cadres sortis victorieux de la confrontation. C’est ainsi que le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, d’Henri Konan Bédié), deuxième force politique du pays (après le RDR) et qui compte de nombreux électeurs dans le monde rural, mise pour sa part sur les scrutins régionaux, dont il était sorti grand vainqueur en 2013. Les petits partis de l’alliance espèrent eux aussi profiter de listes communes pour faire élire des conseillers. Seule l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI, d’Albert Toikeusse Mabri) semble

I

pouvoir remporter des sièges de maire et de président de conseil régional dans son fief de l’Ouest montagneux. Du côté de l’opposition, le Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo), toujours en panne d’unité, peine à adopter une stratégie commune. Alors que son président légal, Pascal Affi N’Guessan, s’active à présenter des listes, la fronde d’Aboudramane Sangaré se prépare à boycotter, une fois de plus, des élections locales. Pour Affi aussi, le défi est sérieux: après le camouflet reçu aux législatives de 2016 (trois députés sur 255), il compte prendre sa revanche et s’imposer comme LE leader de l’opposition avec, en point de mire, la présidentielle, pour laquelle il continue de sillonner le pays.

Double jeu

Dans cette perspective, une libération provisoire ou sous surveillance dans un pays de l’Union européenne de Laurent Gbagbo, jugé à la Cour pénale internationale (CPI), viendrait rebattre les cartes au FPI. Le camp Sangaré, qui a axé tout son plan de bataille sur le retour de l’ex-président, espère ainsi être la meilleure alternative en 2020. Son porte-parole, Boubacar Koné, réputé radical, répète: « Nous serons présents à la présidentielle, et le FPI se donnera les moyens de la remporter. » Avec ou sans Gbagbo comme candidat? Bien sûr, dans les états-majors, des militants rêvent de voir rejoué le match à trois de 2010. Certains y travaillent, aidés par le double jeu de Bédié, les propos sur un potentiel troisième mandat de Ouattara et le silence de Gbagbo, alors que la crise secoue son parti. L’octogénaire Bédié et les septuagénaires Gbagbo et Ouattara à nouveau à l’affiche ? Le scénario reste improbable, tant les quadra-quinqua-sexa des trois principaux partis bouillonnent d’ambitions.

Secrétaire générale du RDR

98 Líder Mínimo

Mamadou Koulibaly, fondateur de Liberté et démocratie pour la République

100 Boubakar Koné Porte-parole de l’aile dure du FPI

104 ÉCONOMIE

Fin du chaos pour le cacao

108 Macroéconomie Mieux vaut tard que jamais

110 Souleymane Diarrassouba

Ministre du Commerce

112 Mines

Quand nickel et bauxite brillent plus que l’or

116 Aménagement

Des gratte-ciel sur un Plateau d’argent

120 SOCIÉTÉ

Campus pour tous

122 Tourisme

La tête dans les étoiles

124 Le jour où…

Jean-Michel Basquiat a découvert Korhogo

126 Culture

Abidjan, loin des clichés

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Grand format CÔTE D’IVOIRE

ENJEUX

Répétition générale À quelques mois des élections locales, Alassane Ouattara doit mettre ses troupes en ordre de bataille pour cet ultime test avant la présidentielle de 2020.

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ANNA SYLVESTRE-TREINER, envoyée spéciale

L

effervescence règne, en cette fin de mai, devant le siège du parti présidentiel. « La politique, c’est bon pour le commerce ! » s’exclame Maimouna, les bras chargés de pagnes, de torchons, de pin’s et de mille autres gadgets à l’effigie du président Alassane Ouattara. Commerçants ambulants et militants tentent de se frayer un chemin au milieu du ballet des berlines à vitres teintées. Un à un, les candidats à l’investiture s’engouffrent derrière les murs orange du quartier général du Rassemblement des républicains


Le chef de l’État lors du congrès extraordinaire du RDR, le 5 mai, à Abidjan.

SIA KAMBOU/AFP

de scrutin cette année. Alors que 2017, marquée par des revendications sociales et militaires ainsi que par des tensions au sein du parti présidentiel, a été pénible pour le pouvoir, le chef de l’État a longtemps préféré ne pas prendre le risque d’accentuer les difficultés. Jusqu’à la fin de l’année dernière, il avait choisi de proroger le mandat des élus locaux en place jusqu’en 2021, soit après la prochaine présidentielle. Pour finalement décider de se conformer à la durée légale de cinq années de mandat afin de ne pas donner prise aux critiques. Si la date n’a pas encore été fixée – la Commission électorale indépendante a proposé le 29 septembre, mais le gouvernement n’a pas tranché –, la bataille a déjà commencé. Depuis plusieurs semaines, les cadres des différents partis passent leurs week-ends dans leurs circonscriptions pour encourager les électeurs à s’enregistrer à l’occasion de la révision de la liste électorale, qui doit débuter le 18 juin. Sensibilisation, pédagogie, voire financement par certains candidats des pièces d’identité nécessaires à l’enrôlement, tous les moyens sont bons pour multiplier le nombre des inscrits. « Même dans nos bastions, il y a un réel déficit de mobilisation. Ces dernières années, nous pensions toujours gagner facilement les scrutins, mais nous nous sommes fait surprendre par la faiblesse des taux de participation », estime l’un des proches collaborateurs du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, chargé de mobiliser les militants du fief de ce dernier, Korhogo. L’enjeu est d’autant plus important qu’une maigre participation serait perçue comme une victoire pour l’opposition. Si la frange du Front populaire ivoirien (FPI) emmenée par Pascal Affi N’Guessan participera au scrutin, celle d’Aboudramane Sangaré le boycottera vraisemblablement. Ne reconnaissant pas la Commission électorale indépendante (CEI), qu’ils jugent « illégale », ces compagnons de l’ex-président Laurent Gbagbo ont déjà appelé leurs partisans à bouder l’opération de révision de la liste électorale.

(RDR). Ils n’ont que quelques jours pour déposer leur candidature aux élections municipales et régionales – des scrutins très prisés et toujours âprement disputés. Intimidations, intrigues, menaces, violences… En 2013, les locales avaient été particulièrement tendues. De la campagne à la proclamation des résultats, des dizaines d’incidents avaient été recensés. « L’élection du maire, c’est un peu comme celle du chef de village, c’est très important et cela fait remonter les aigreurs et les jalousies. Tous les coups sont permis », commente un cadre du parti présidentiel. Un contexte inflammable qui a longtemps poussé Alassane Ouattara à ne pas organiser

Bras de fer interne

Face à des opposants divisés et affaiblis, une rude bataille interne s’engage au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la coalition au pouvoir. Un bras de fer qui s’annonce d’autant plus intense qu’il intervient en pleine tourmente autour de la laborieuse construction du parti unifié. Si la constitution de listes RHDP communes au RDR, au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), à l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI), au Mouvement des forces d’avenir (MFA) et au Parti ivoirien des travailleurs (PIT) est validée, les négociations sur le choix de la couleur des têtes de liste promettent d’être serrées. Chacun dévoile, sous le manteau, ses ambitions. « La moindre des choses est que le PDCI obtienne les têtes de liste des circonscriptions qu’il détenait jusqu’ici », soit un tiers d’entre elles, assène ce cadre du parti de Félix Houphouët-Boigny, tandis qu’un autre pourfend les

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« chasses gardées » : « Pourquoi le Nord irait-il au RDR et le pays baoulé au PDCI ? » s’agace-t-il. « Gagner moins de cent mairies serait une déception », confie de son côté un dirigeant du RDR, alors que l’UDPCI réclame des têtes de liste hors de ses bastions traditionnels de l’Ouest. Les rivalités promettent d’être particulièrement aiguisées dans certaines communes stratégiques d’Abidjan telles que le Plateau, Treichville et Port-Bouët, où plusieurs poids lourds vont se lancer dans la mêlée (lire ci-contre). Rien qu’au RDR, 335 militants se sont proposés pour être têtes de liste dans l’une des 201 communes du pays, et ils sont 49 pour les 31 régions ivoiriennes. Au PDCI, les chiffres devraient être comparables au moment de l’ouverture du dépôt des candidatures, prévue fin juin. Sans compter les plus petits partis du Rassemblement, qui comptent bien prendre toute leur place. Une foultitude de prétendants et autant de déçus potentiels. Le risque ? Voir fleurir les listes indépendantes, comme lors des locales de 2013 et, plus récemment, des législatives

de 2016. Près de la moitié des sièges de l’Assemblée avaient alors été raflés par des indépendants, issus, pour un certain nombre, des rangs mêmes des partis de la majorité. Une trahison pour l’état-major du RDR, qui a demandé, cette fois, à tous ses candidats à l’investiture de s’engager à ne pas se présenter seul en cas de non-sélection par le RHDP. « Officiellement, tout le monde jure fidélité, mais c’est un jeu de dupes ! » sourit un proche de Guillaume Soro, l’ambitieux électron libre du parti présidentiel. Au PDCI comme au RDR, beaucoup se préparent déjà à soutenir en sous-main une liste concurrente à la liste officielle. Manque de discipline au sein de la majorité, concurrence interne, désaffection des électeurs…, les derniers scrutins ont à chaque fois sonné comme des « alertes » pour la majorité présidentielle, reconnaît le bras droit du Premier ministre. Alors que chacun des partis s’interroge sur l’espérance de vie de l’alliance au pouvoir, ces municipales et régionales sonnent comme l’ultime test électoral avant la présidentielle de 2020.

« OFFICIELLEMENT, TOUT LE MONDE JURE FIDÉLITÉ, MAIS C’EST UN JEU DE DUPES! » SOURIT UN PROCHE DE GUILLAUME SORO.


DUELS PHARES

BOUAKÉ À Bouaké, deuxième ville du pays, c’est un combat interne au PDCI qui se dessine aux régionales. Jean Claude Kouassi, ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, s’est lancé à la conquête de la région du Gbêkê (trois départements, dont Bouaké) et compte battre Jean Kouassi Abonouan, président sortant. Pressé par des militants du RDR, Amadou Koné, ministre des Transports et neveu du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, a quant à lui vite renoncé. Il pourrait néanmoins se rabattre sur la mairie, où il devra affronter Nicolas Djibo, l’édile sortant solidement ancré.

Pour plusieurs candidats de poids, les municipales et les régionales s’annoncent d’ores et déjà serrées. YAMOUSSOUKRO Pour son entrée en politique, Souleymane Diarrassouba (RDR), 46 ans, ministre du Commerce (lire p. 110), a choisi de se présenter à Yamoussoukro. En mars, il a été le principal artisan de la défaite aux sénatoriales de la liste conduite par le maire sortant, Jean Kouacou Gnrangbé (PDCI), en poste depuis dix-sept ans. Il s’apprête à affronter ce dernier aux municipales et compte le battre une seconde fois, alors que le PDCI local est fort divisé. GUINÉE

MAN Leader incontesté de la région du Tonkpi, dans l’Ouest montagneux, depuis l’assassinat de Robert Gueï, en 2002, Albert Toikeusse Mabri, 55 ans, président de l’UDPCI et député de cette formation depuis dix-huit ans, devra affronter un challenger aux dents longues. Danin Magloire Guéi, 41 ans, élu pour la première fois député indépendant en 2016, est bien déterminé à lui ravir le leadership. Mission impossible ? Ses proches semblent confiants.

MALI

FERKESSÉDOUGOU Dans le Tchologo, l’affrontement tourne au duel entre cadres du RDR. D’un côté Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale, natif de la région. De l’autre, Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre, originaire de celle, voisine, des Savanes. Soutenu par le second, Ibrahima Téné Ouattara, frère cadet du chef de l’État, s’est lancé à la conquête de la région dirigée par Lassina Koné, dit Cardosi, proche du premier.

BURKINA FASO DENGUÉLÉ

SAVANES Ferkessédougou

ZANZAN

BAFING

WORODOUGOU

VALLÉE DU BANDAMA

Bouaké Man MONTAGNES MOYEN-CAVALLY

HAUTSASSANDRA

N’ZI-COMOE

LACS

MARAHOUE

MOYENCOMOÉ

Yamoussoukro

Bongouanou

FROMAGER

GHANA

AGNEBY

LIBERIA SUDBANDAMA LAGUNES

BASSASSANDRA

SUDCOMOÉ

BONGOUANOU À 65 ans, Pascal Affi N’Guessan, président de l’une des tendances du FPI, va tester sa popularité dans sa région natale en soutenant Gilbert Amalaman. Face à lui, Félix Tanoh, le maire sortant, aura l’appui de l’inspecteur général d’État Théophile Ahoua N’Doli, le vice-président du PDCI. La première lutte entre les deux hommes avait tourné à l’avantage d’Affi, qui avait remporté les législatives face au candidat d’Ahoua.

ABIDJAN 50 km

Golfe de Guinée

LE PLATEAU Sans doute l’élection la plus suivie. Trois candidats de poids s’affrontent : Noël Akossi Bendjo (PDCI), 67 ans, maire sortant ; Fabrice Sawegnon, 46 ans, indépendant, proche du couple présidentiel ; Ouattara Dramane, dit OD, 53 ans, cadre des impôts, militant de la première heure du RDR et proche de la base du RHDP. Enjeu principal : contrôler le budget annuel de 9 milliards de F CFA (13,7 millions d’euros) de la commune la moins peuplée de la capitale économique (moins de 8 000 habitants) qui est aussi l’une des plus riches du pays. TREICHVILLE Depuis vingt-deux ans à la tête de la commune abidjanaise de Treichville, François Albert Amichia (PDCI), 65 ans, ministre des Sports et des Loisirs, n’avait jusque-là jamais eu de réel souci à se faire. Mais Souleymane Touré (RDR), 43 ans, ingénieur et conseiller spécial de Moussa Sanogo, secrétaire d’État auprès du Premier ministre, est bien décidé à le déboulonner, au nom d’un « changement de fond ».

Quartier de la Paix

Locodjiro

Cocody

Le Plateau

Abobo Doumé Treicheville Île Boulay

Marcory Sicogi

Lagune Ébrié 2 km

Po Bou

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À la conquête de l’Ouest VINCENT DUHEM, à Abidjan

one favorable au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) sous Félix Houphouët-Boigny, l’Ouest a vu le Front populaire ivoirien (FPI) s’implanter petit à petit sur son territoire avec l’arrivée du multipartisme en 1990, pour en devenir l’un des bastions après l’élection de Laurent Gbagbo en 2000. La chute du régime, en 2011, a bouleversé les équilibres politiques. À l’agonie – avec un grand nombre de ses cadres emprisonnés ou en exil – et absent de l’échiquier pendant plusieurs années, le FPI est aujourd’hui déchiré par une guerre intestine entre une tendance dirigée par Pascal Affi N’Guessan et une autre,

Z

Albert Toikeusse Mabri

fidèle à Gbagbo, menée par Aboudramane Sangaré. Une situation qui a morcelé l’électorat, notamment dans le cœur de l’Ouest, constitué du Cavally, du Guémon et du Tonkpi. Longtemps fidèle au PDCI, la première région demeure dominée par la formation d’Henri Konan Bédié. Malgré la mort en août 2017 de son président, Dagobert Banzio, le PDCI continue de diriger le conseil régional. Le Rassemblement des républicains (RDR), lui, est parvenu à s’implanter dans plusieurs villes, dont Duékoué.

Une ombre pesante

Mais c’est dans le Tonkpi que le parti au pouvoir est le plus fort. Le RDR a réussi à y supplanter l’Union pour la démocratie

ISSAM ZEJLY - TRUTHBIRD MEDIAS POUR JA

Sept ans après la chute de Laurent Gbagbo, la région semble encore chercher son identité politique.

Président de l’UDPCI

« Nous voulons présenter des candidats bien au-delà de notre fief traditionnel » L’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) présentera-t-elle des listes communes avec les autres partis du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) aux municipales et aux régionales ? Bien sûr. Avec nos alliés, nous avançons désormais vers un parti unifié. Je n’ai aucune crainte, les locales vont bien se passer. Ce n’était pourtant pas le cas lors des législatives 90

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de 2016. Vous n’aviez pas pu obtenir de vos alliés le nombre d’investitures que vous souhaitiez et vous aviez présenté des candidats face au RHDP. Ne craignez-vous pas que l’UDPCI se fasse manger par plus gros qu’elle, cette fois encore ? Nos militants ne veulent se faire manger ni par un petit ni par un gros parti. Notre formation est en train de prendre du volume, et nous voulons conquérir des postes sur tout le territoire. Nous avons l’ambition de présenter des candidats

bien au-delà de l’Ouest, notre fief traditionnel. Avez-vous eu des garanties de vos alliés sur le nombre de candidats que vous pourrez présenter? Non, mais je suis sûr que les meilleurs seront retenus par le RHDP. L’UDPCI présentera les plus prometteurs. Serez-vous candidat? Évidemment, je serai candidat à ma propre succession dans le Tonkpi. Vous disiez militer, dans votre région, pour

une liste regroupant des personnalités de tous bords. Est-ce toujours d’actualité ? Oui, la porte est ouverte à toutes les sensibilités, et notamment au Front populaire ivoirien. Alassane Ouattara a promis un prochain remaniement. Maintenant que l’UDPCI a adopté le projet de parti unifié, estimez-vous que vous devez retrouver votre place au gouvernement ? Tout à fait.

Propos recueillis par A.S.-T.


COMMUNIQUÉ

« Notre institution, un acteur majeur de la promotion du secteur privé »

TOURÉ FAMAN, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire :

La Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire, dont j’ai l’honneur de présider aux destinées, depuis le 23 août 2017, est une institution chargée de représenter les intérêts des entreprises des secteurs commercial, industriel et des services auprès des pouvoirs publics, de former des hommes et des femmes aux métiers du commerce, d’apporter un appui aux entreprises en vue de leur développement et de gérer des infrastructures d’intérêt collectif. Consultée pour donner son avis au gouvernement sur des sujets d’intérêt général ayant un lien avec l’activité économique, notre Institution est l’interface entre les pouvoirs publics et le secteur privé. Nous œuvrons également à l’amélioration du climat des affaires. Elle est administrée par 99 chefs d’entreprises élus par leurs pairs et dispose d’un personnel administratif de 358 agents.

Quels sont les projets phares de votre mandature ?

Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire 6, AVENUE JOSEPH ANOMA Plateau 01 BP 1399 ABIDJAN 01 Abidjan, Côte d’Ivoire Tél. : +225 20 33 16 00 Fax : +225 20 30 43 42 E-mail : info@cci.ci

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En 2016, la CCI-Côte d’Ivoire a organisé ses assises, à Grand-Bassam, pour marquer le point de départ des actions de l’actuelle mandature qui couvre la période 2016-2022. Un plan d’actions stratégique dont l’objectif est de faire de la CCI-Côte d’Ivoire un acteur majeur de l’émergence et de la promotion du secteur privé, a été adopté à cette occasion. Nous avons donc identifié plusieurs projets à réaliser dont je peux citer entre autres : la création d’un centre de formation aux métiers de l’hôtellerie et de la restauration, la création et la Gestion de marchés de gros, l’aménagement d’une zone logistique comprenant un espace dédié aux PME. Notre ambition, à travers ce dernier projet, est de mettre à la disposition des entreprises installées sur ce site, des équipements logistiques de pointe. La CCI-Côte d’Ivoire souhaite ainsi offrir aux PME, une réelle opportunité face à leurs difficultés pour financer l’acquisition de ce type d’équipements.

En outre, nous avons l’ambition d’accompagner le développement de l’entreprenariat féminin et jeune à travers leur insertion dans la chaine de valeurs de la transformation agro industrielle grâce à un projet d’appui à la petite transformation entamé depuis plus d’un an.

Quels sont, à votre avis, les atouts de la Côte d’Ivoire susceptibles d’attirer les investisseurs étrangers ? La Côte d’Ivoire est une économie en plein essor avec un taux de croissance de 9% en moyenne entre 2012 et 2017, elle pèse 40% du PIB de l’UEMOA. Elle dispose de deux ports qui en font une porte d’entrée, un hub, pour les pays de l’interland. Le pays a un fort potentiel agricole caractérisé par sa diversité. A ce propos, je vous rappelle que nous sommes parmi les premiers producteurs mondiaux de cacao, de noix de cajou, d’huile de palme, de caoutchouc naturel, banane, ananas, etc.. En plus des infrastructures économiques et du potentiel agricole qui nous donnent des avantages compétitifs certains sur les autres pays de la sous-région, le gouvernement a créé des conditions favorables à l’investissement local et étranger. Il s’agit de la mise en place d’un nouveau code des investissements attractif et de codes sectoriels, notamment le code minier, le code électricité et le code de télécommunication. Le principal défi pour notre pays est de parvenir à l’industrialisation, la transformation structurelle de son économie en accroissant de manière significative le taux de transformation de sa production agricole pour créer plus de valeur ajoutée et offrir plus d’emplois à sa jeunesse qui représente 77% de sa population. Amadou Gon COULIBALY, premier ministre ivoirien, et Touré FAMAN au séminaire sur la compétitivité en Afrique de l’ouest avec le WEF

©DIFCOM - PHOTOS : D.R.

Monsieur Touré Faman, pouvezvous nous présenter la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire ?


Grand format CÔTE D’IVOIRE ENJEUX

LA MOINDRE ÉTINCELLE RISQUE DE RÉVEILLER LES CONFLITS LATENTS.

et pour la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) de l’ancien ministre Albert Toikeusse Mabri (lire p. 90), toujours président du conseil régional. Même si, malgré la perte de plusieurs villes lors des législatives de 2016, la formation demeure bien implantée. La région du Guémon est celle où l’ombre de Laurent Gbagbo pèse le plus. Le FPI en a fait l’un de ses fiefs à partir de 2000. Mais aujourd’hui le poids du parti est difficile à jauger. Pascal Affi N’Guessan y a très peu d’influence. Et la tendance dirigée par Aboudramane Sangaré n’a participé à aucune élection depuis 2011, appelant à boycotter l’inscription sur les listes. Aucun grand parti n’a véritablement réussi à profiter de cette situation pour s’insérer dans la zone. « Résultat, l’électorat de Gbagbo a reporté son soutien sur les indépendants, de plus en plus nombreux à être élus », estime un responsable politique de la région. « Comme la tendance Sangaré ne devrait pas présenter de candidat aux prochaines élections locales, la participation sera

le principal indicateur du poids de l’ancien parti de Gbagbo », précise Sylvain N’Guessan, analyste politique à l’Institut de stratégies d’Abidjan. Mais ce dernier estime que le véritable enjeu des scrutins à venir est d’ordre sécuritaire.

Défiance et rejet de l’État

Dans cette région encore meurtrie par les conséquences de la guerre civile (19892003) survenue au Liberia voisin, puis par la décennie de crise politico-militaire ivoirienne de 2002-2011, la moindre étincelle risque de réveiller les conflits latents. « Les autorités n’ont pas fait assez d’efforts pour se rapprocher de ces populations. Il y a encore trop de défiance et un très fort rejet de l’État. Et quand on voit, ces derniers mois, le nombre d’affrontements entre autochtones et allogènes, on peut se demander si la sécurité sera suffisante pour que tout le monde puisse voter et que les urnes circulent librement », s’inquiète Sylvain N’Guessan.

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EN DÉBAT

Un corps électoral enfin représentatif ? VINCENT DUHEM

L

a Côte d’Ivoire compte 6,3 millions d’électeurs pour une population de plus de 25 millions de personnes. C’est bien peu, comparé aux 16 millions d’électeurs ghanéens. Il va donc sans dire que la révision de la liste électorale, du 18 au 24 juin, revêt une importance primordiale pour la démocratie. Elle est également stratégique, ce que bon

nombre de partis et d’acteurs politiques ont bien compris. Engagés dans une lutte pour le pouvoir aux allures de poker menteur, le Rassemblement des républicains (RDR) et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) ont multiplié les visites sur le terrain pour appeler leurs militants à s’approprier cette opération. Mais cette révision ne réglera malheureusement

pas complètement le problème de la représentativité du corps électoral. D’abord parce qu’elle ne dure qu’une semaine. Ensuite parce que l’opposition n’y participera pas dans son intégralité. Conscients que le pouvoir s’acquiert par les urnes, plusieurs partis ont appelé leurs militants à s’enrôler sur la liste. C’est le cas du mouvement Liberté et démocratie pour la

république (Lider), de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, de l’Union républicaine pour la démocratie (URD), dirigée par Danièle Boni-Claverie, et du Rassemblement pour la paix, le progrès et le partage (RPP), de Ouattara Gnonzié. Les partisans de Laurent Gbagbo ont, eux, décidé d’appeler au boycott. La puissante frange du Front populaire ivoirien (FPI) menée par Aboudramane Sangaré estime que la révision de la liste électorale est une « décision inopportune et dangereuse pour la démocratie ». Même chose pour Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), la plateforme politique regroupant une dizaine de formations, dont le FPI de Sangaré. « Les opérations d’enrôlement sur les listes électorales se feront lorsque la CEI [Commission électorale indépendante], dirigée par le très controversé Youssouf Bakayoko, aura été reformée », a déclaré son président, le professeur Georges Armand Ouégnin. Cet appel au boycott laisse imaginer que cette aile de l’opposition ne participera pas aux élections locales. Et s’il est respecté, il maintiendra une partie des Ivoiriens hors du jeu politique, pour le plus grand plaisir d’un pouvoir qui pourra continuer à le contrôler. Une situation qui ne devrait pas évoluer tant que toutes les questions portant sur le processus électoral, telle la composition de la CEI, n’auront pas été franchement débattues. jeuneafrique no 2997 du 17 au 23 juin 2018

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Grand format CÔTE D’IVOIRE ENJEUX

VIE DES PARTIS

Kandia Camara

Secrétaire générale du Rassemblement des républicains (RDR)

« Je n’ai jamais douté du PDCI » Propos recueillis à Abidjan par ANNA SYLVESTRE-TREINER

epuis neuf mois, une femme à poigne a pris les manettes du parti au pouvoir. « Un honneur », assure cette proche du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, mais surtout une tâche lourde et périlleuse. À deux ans de la présidentielle, Kandia Camara a hérité d’une formation aux alliances incertaines, en proie aux critiques des militants et aux tensions internes. Alors que le Rassemblement des républicains (RDR) a adopté sans ciller le projet de parti unifié lors de son congrès extraordinaire du 5 mai, son allié, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), n’a cessé de tergiverser. Pourtant, des échéances électorales se profilent. Avant la fin de l’année, les municipales et les régionales auront valeur de test.

ISSAM ZEJLY - TRUTHBIRD MEDIAS POUR JA

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la présidentielle de 2011 et gérons ensemble le pouvoir. Nous sommes un couple, et c’est parce que nos fiançailles marchent si bien que nous avons décidé de nous marier.

Jeune Afrique : En mai, le RDR a adopté le projet de parti unifié. Avez-vous compris les atermoiements de votre allié, le PDCI ? Kandia Camara : En plus du RDR, trois

partis ont immédiatement accepté ce projet. Un autre, l’UPCI [Union pour la Côte d’Ivoire], l’a rejeté. Concernant le PDCI-RDA [PDCI-Rassemblement démocratique africain], je n’ai jamais douté. Comme le président Ouattara, Bédié a été à l’origine du RHDP et il a été le premier à évoquer la mise en place d’un parti unifié. Cette alliance tient bon depuis 2005 et, grâce à elle, nous avons gagné la plupart des élections depuis

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Des élections municipales et régionales doivent se tenir avant la fin de l’année. Si le PDCI n’a pas tranché d’ici là, cela sonnera-t-il la fin de votre union ?

C’EST VRAI, IL Y A DE L’IMPATIENCE. NOS MILITANTS VEULENT UN PARTI PLUS FORT, PLUS PROCHE D’EUX.

Je suis confiante. Le PDCI va nous rejoindre avant les élections locales.

Il y a neuf mois, lorsque vous avez été nommée secrétaire générale, vous avez pris les manettes d’un RDR en proie aux critiques de vos militants. Notez-vous, sept ans après son arrivée au pouvoir, une certaine désaffection ?



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un mégaphone : ce qu’il est aujourd’hui, il le doit au président Ouattara et au RDR. Et il le sait.

Pendant ses années d’opposition, le RDR a traversé des périodes très difficiles. Nos militants avaient placé tous leurs espoirs en notre arrivée au pouvoir, et cela a décuplé leurs attentes. C’est vrai, il y a de l’impatience. Ils nous ont dit qu’ils voulaient un parti plus fort, plus proche d’eux, une machine à gagner les élections. Et je crois que nous les avons entendus.

Il est la personne qui a été la plus applaudie lors de votre congrès extraordinaire, début mai… Sa popularité semble d’ailleurs déranger certains membres de votre parti, n’est-ce pas ?

La machine était donc rouillée ?

Non, le RDR n’a jamais été un parti rouillé. Mais, comme en toute chose, il faut chercher à s’améliorer. Le RDR avait obtenu 95 des 197 mairies en 2013. Quels sont vos objectifs pour les municipales ?

Remporter plus de 50 % des mairies et des régions ! Même en étant dans le cadre du RHDP, nous voulons que les élus issus du RDR soient majoritaires. C’est important car c’est ainsi que nous pourrons développer le pays. Si vous voulez tant de sièges, les négociations avec vos alliés autour des investitures ne risquent-elles pas d’être difficiles ? Ces tensions avaient conduit à la rupture avec l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) et l’UPCI lors des législatives de 2016…

Il faut être réaliste. Depuis 2011, le RDR est arrivé en tête de toutes les élections. Ce n’est pas manquer d’humilité que de dire que nous sommes la première force politique en Côte d’Ivoire. Cela doit compter. Depuis plus d’un an, les tensions sont vives entre certains dirigeants du RDR et Guillaume Soro. Quelles sont vos relations avec le président de l’Assemblée nationale?

Elles sont excellentes ! Guillaume Soro est notre vice-président. Ce n’est pas un poste qu’on lui a imposé : avant d’être nommé, il avait donné son accord. Certains au RDR doutent de sa loyauté…

Personne n’a mis une arme sur la tempe de Guillaume Soro en lui disant : « Il faut que tu sois membre du RDR. » Il est là de son plein gré, et si un jour il ne veut plus y être militant, il partira. Je lui fais confiance. N’oublions pas non plus que c’est en tant que militant de ce parti qu’il a été élu président de l’Assemblée. Je peux le dire avec

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Lors des législatives de 2016, de nombreux militants du RDR non investis par le parti s’étaient présentés en indépendants contre les candidats « officiels ». Plusieurs l’avaient emporté. Ne redoutez-vous pas que ce scénario se reproduise? Un candidat indépendant est un mauvais militant, un mauvais perdant, un indiscipliné. Je ne peux pas accepter de telles pratiques. Soit on se soumet à la discipline de son parti, soit on se démet. C’est au président de déterminer d’éventuelles sanctions. Mais si ça ne tenait qu’à moi, je n’hésiterais pas.

Non, il n’a tout de même pas été plus applaudi que le président Alassane Ouattara ! Henriette Dagri Diabaté [présidente du RDR] et Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre ont eux aussi été très applaudis. Mais ses ambitions à la présidentielle ne sont pas du goût de tout le monde…

Là-dessus, le président Ouattara a mis tout le monde très à l’aise : tous ceux qui souhaitent briguer ce poste le peuvent. La direction du RHDP étudiera ces candidatures et choisira le meilleur d’entre nous. Il s’agira donc d’un choix de la direction. Pas des militants ?

Ce n’est pas encore défini. Mais, à la fin de notre congrès, le président Ouattara est allé voir Amadou Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko et Guillaume Soro, et leur a dit : « Vous m’avez entendu ? Vous pourrez tous être candidats ! » Puis il s’est adressé à moi : « Kandia, toi aussi, si tu veux, tu pourras l’être en 2020 ! » Que le meilleur gagne ! Vous souhaitez être candidate à la prochaine présidentielle ?

Non, je n’y ai jamais pensé.

Sur cette question, le désaccord persiste avec le PDCI. Après avoir soutenu Alassane Ouattara en 2010 et en 2015, il veut que l’un de ses militants soit le candidat du RHDP. Cette alternance n’est-elle pas une exigence légitime ?

Nous ne parlons pas d’alternance car nous ne sommes pas dans un jeu à deux. Nous sommes cinq, et Albert Toikeusse Mabri, le président de l’UDPCI, a déjà annoncé qu’il souhaitait se présenter en 2020. Que faire d’une telle candidature ? La piétiner ? Si le meilleur d’entre nous est un cadre du PDCI-RDA, alors ce sera notre candidat et nous ferons campagne pour lui. À eux de présenter le meilleur !


MESSAGE

ENTRETIEN AVEC LE

Dr Ibrahima DIABY

Directeur Général de PETROCI Holding Dr Diaby, pouvez-vous nous présenter PETROCI, son bilan et ses principales réalisations ? PETROCI Holding, société d’État créée le 21/10/1975, a pour principaux objectifs l’exploration et la production d’hydrocarbures, les projets liés aux hydrocarbures ainsi que leur transport, stockage et commerce. PETROCI est actionnaire dans tous les blocs pétroliers ivoiriens sous contrats y compris les 4 blocs en production ainsi que dans

Quels sont les projets phares de PETROCI ? PETROCI et ses partenaires sont engagés à maintenir ou augmenter la production des champs Baobab, Espoir, sur les blocs CI-27 (Foxtrot) et PETROCI CI-11. En consortium avec VITOL-NOMAD, PETROCI vise le développement d’un nouveau champ de gaz naturel en offshore peu profond à l’Est.

la raffinerie et le stockage (SIR et GESTOCI). La chute des cours du pétrole brut en 2014-2015 a contribué au résultat 2015 en fort déficit, à 39,5 milliards FCFA pour PETROCI. Les budgets d’investissements en exploration-production ont été réduits et la production pétrolière a connu une baisse importante due à la déplétion naturelle, l’ensablement de puits ou la non-exécution de certains travaux. Ajoutons que, depuis plusieurs années, les activités commerciales de détail, stations-service et vente de gaz butane fonctionnaient à perte. Aussi, le Conseil d’Administration et l’État actionnaire ont-ils autorisé une restructuration organisationnelle, sociale et stratégique pour rétablir l’équilibre économique et financier, afin de garantir la continuité de l’entreprise et sauver les emplois. PETROCI a ainsi cédé à PSL la gestion de la base logistique, finalise en ce moment la cession des stationsservices et cédera l’activité centres emplisseurs et vente de détail du gaz butane domestique. PETROCI se recentre sur l’exploration–production. PETROCI a retrouvé l’équilibre avec un résultat positif de 5,3 milliards FCFA à fin 2016 et un résultat provisoire

« PETROCI soutient le développement de la Côte d’Ivoire et contribue au mieux-être de la population » Dr Ibrahima DIABY

PETROCI est actionnaire du consortium CI-GNL pour la mise en place d’une infrastructure pour l’importation, le stockage et la distribution de GNL (gaz naturel liquéfié) destiné à la demande croissante en combustible gaz naturel pour les IPP et autres utilisateurs. PETROCI a des projets de construction de sphères de stockage de butane/ GPL à Abidjan et à San-Pedro et de stockages massifs d’autres produits pétroliers. Elle cherche à constituer une joint-venture qui poursuivra la construction du pipeline sur le tronçon Bouaké-Ferkessédougou et ensuite vers Bobo-Dioulasso au Burkina Faso.

d’environ 6 milliards FCFA anticipé pour fin 2017.

Si les cours du pétrole se maintiennent PETROCI devrait avoir de bonnes perspectives. Par la production pétrolière et la fourniture du gaz naturel local ou importé, PETROCI contribuera, encore plus, à bâtir une Côte d’Ivoire Émergente ! PETROCI est active pour “Produire l’énergie d’une nation forte”, soutenir le développement de la Côte d’Ivoire et contribuer au mieux-être des populations. Immeuble les Hévéas - 14 bd Carde, Plateau BP V 194 - Abidjan Côte d’Ivoire Tél.: (225) 20 202 500 - Fax: (225) 20 216 824 E-mail : info@petroci.ci - www.petroci.ci

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Comment voyez-vous l’avenir de la compagnie ?


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Líder Mínimo Entre dissidence et échecs électoraux, le mouvement Liberté et démocratie pour la République, de Mamadou Koulibaly, est à la croisée des chemins.

ANDRÉ SILVER KONAN

réé le 14 juillet 2011 par celui qui était alors le président de l’Assemblée nationale et, par intérim, le patron du Front patriotique ivoirien (FPI), le mouvement Liberté et démocratie pour la République (Lider) n’a jamais vraiment trouvé ses électeurs. Pourtant, quand Mamadou Koulibaly démissionne et part à la tête d’un groupe de jeunes cadres, tous les observateurs prédisent un séisme au sein du parti de Laurent Gbagbo. Mais Mamadou Koulibaly ne réussit pas à entraîner la base, restée fidèle au chef, détenu dans le Nord depuis sa chute, en avril. En décembre, le nouveau parti enregistre son premier camouflet public. Alors qu’il présentait plusieurs candidats aux législatives, il ne remporte aucune circonscription. Pis, le président du Lider, candidat en tant que député sortant à Koumassi (Abidjan), récolte à peine 2 % des voix. Cinq ans plus tard, le parti peut se consoler avec l’élection d’un député à Azaguié, la circonscription natale de

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Koulibaly. Après le rendez-vous manqué de la présidentielle de 2015, le bilan reste bien maigre. Au point de provoquer quelques tensions au sein d’une formation structurée par et pour son fondateur. En mars 2018 apparaissent les premiers dissidents. Certains militants ont été radiés, tandis que d’autres ralliaient la mouvance présidentielle en rejoignant l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), d’Albert Toikeusse Mabri.

Épiphénomène

Difficile pour Monique Gbékia, la nouvelle présidente du Lider, de calmer les esprits et de rassembler les troupes. Les dissidents reprochent justement à Mamadou Koulibaly d’avoir confié les rênes du mouvement à sa protégée, au terme de ses deux mandats statuaires de trois ans. L’ancienne transfuge du FPI, âgée de 50 ans, n’y voit qu’un épiphénomène. « Mon ambition est de tout faire pour que Mamadou Koulibaly, qui a été désigné candidat du Lider, soit élu à la tête de la Côte d’Ivoire à la présidentielle de 2020, martèle-t-elle. Je veux faire en sorte que le projet qu’il porte aboutisse. Il n’y a rien d’autre à faire. Tout a été déjà fait par le président depuis six ans. Je ne changerai rien. »

Une stratégie toute trouvée

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trouvée. Pour Mamadou Koulibaly, il suffit de capitaliser sur les frustrations des déçus d’Alassane Ouattara. Une tâche à laquelle il se consacre déjà depuis près d’un an par l’intermédiaire de son rendez-vous hebdomadaire avec les internautes: « Jeudi, c’est Koulibaly ». Ses courtes vidéos sont abondamment relayées sur les réseaux sociaux, où elles font parfois mouche – mais souvent flop.

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qui a mis à sa disposition son carnet d’adresses. Il lui reste encore à récolter des fonds. Sa stratégie, elle, est toute

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sa formation, Liberté et démocratie pour la République (Lider), sur la droite de l’échiquier politique ivoirien après avoir été si longtemps de l’autre côté, sous l’étiquette socialiste. De quoi perdre plus d’un fidèle. Mais dans la course à la présidentielle de 2020 – pour laquelle il a été l’un des premiers à se déclarer –, l’ex-président de l’Assemblée nationale dispose d’un soutien de poids en la personne de l’ex-chef de l’État ghanéen Jerry Rawlings,

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61 ans, Mamadou Koulibaly sait que le temps commence à lui être compté. Jadis populaire, il a perdu la confiance de la base du Front populaire ivoirien (FPI), qui ne lui a jamais pardonné son départ du parti, même s’il s’est depuis réconcilié avec le chef après un long entretien à La Haye, en janvier. Réputé pour son intelligence et son sens tactique, ce professeur d’économie a pourtant commis l’erreur idéologique de placer

A.S.K.



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Boubakar Koné DR

Porte-parole de l’aile dure du FPI

« Nous allons dans le sens de l’Histoire » Propos recueillis par ANNA SYLVESTRE-TREINER

lors que Pascal Affi N’Guessan a lancé son courant dans la campagne pour les municipales, la frange radicale du Front populaire ivoirien (FPI) devrait poursuivre, elle, sa politique de boycott.

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c’est se transformer en complice d’Alassane Ouattara et de sa fraude électorale organisée. Certains de vos adversaires estiment que vous boycottez les scrutins pour que personne ne sache ce que le FPI pèse réellement…

Jeune Afrique: Depuis la chute de Laurent Gbagbo, en 2011, vous avez boycotté tous les scrutins. Le FPI participera-t-il aux élections locales ?

Boubakar Koné : Oui, mais seulement si la Commission électorale indépendante [CEI] est réformée d’ici là. C’est pour cela que nous avons appelé nos militants à ne pas se sentir concernés par la révision de la liste électorale [qui doit se dérouler du 18 au 24 juin]: cette opération est conduite par une CEI illégale et disqualifiée. Cela fait plusieurs années que vous appelez à une réforme de la CEI sans obtenir gain de cause. Face à cette impasse, n’êtesvous pas prêt à faire des concessions ?

Nous ne demandons pas de faveur, nous voulons seulement que le jeu électoral soit ouvert et transparent. Nous ne pouvons pas faire confiance à une CEI condamnée de toutes parts. Les Nations unies puis la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples l’ont déclarée illégale. Le gouvernement a même reçu l’injonction de la réformer sous un an. Rien n’a pourtant été fait. C’est inacceptable. Mais la politique de la chaise vide n’a-t-elle pas atteint ses limites ? En boycottant les scrutins, vous permettez à la majorité de remporter toutes les élections…

En Côte d’Ivoire, soit les chaises sont occupées d’avance, soit elles sont bancales et piégées. Participer aux élections,

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En quoi participer aux scrutins vous rendrait-il complice du pouvoir ? Il ne s’agit pas de participer pour participer. Il faut avoir une chance de l’emporter, ce qui n’est pas le cas. Ouattara veut pouvoir dire : « Regardez, tout le monde a été candidat et je l’ai emporté », alors même que les dés auront été jetés avant l’élection.

Pour que la pesée soit juste, il faut de bons instruments de mesure. Or la balance est faussée. Et nous ne sommes pas les seuls à le penser. Pendant longtemps, le FPI a été l’unique parti à décrier la CEI, mais aujourd’hui tout le monde nous suit. De nombreux cadres du PDCI [Parti démocratique de Côte d’Ivoire], et même certains issus du RDR [Rassemblement des républicains], restés fidèles à Guillaume Soro, réclament aussi des élections transparentes. Interrogez Félicien Sekongo, Alain Lobognon, Sidiki Konaté! Tous ceux-là sont dans la même logique que nous. Cela veut dire que vous souhaitez un rapprochement avec le PDCI, voire avec certains membres du RDR ?

Avec le PDCI, ce rapprochement est déjà très visible. Nous rencontrons certains de ses membres, personne ne s’en cache. En revanche, il n’y a rien de formel avec les proches de Guillaume Soro. Mais nous n’excluons rien. Nous sommes ouverts à tous ceux qui aiment ce pays et veulent refermer la mauvaise parenthèse actuelle. Êtes-vous favorable à une alliance avec le PDCI pour la présidentielle de 2020 ?

S’allier avec le PDCI, c’est le sens de l’Histoire. Beaucoup de ses dirigeants disent qu’ils se sont trompés d’alliance en 2010. Il est temps que la Côte d’Ivoire se retrouve.


COMMUNIQUÉ

ENTRETIEN

Ollo Manuella, PRÉSIDENTE-FONDATRICE DU LABEL DES CONSOMMATEURS AFRICAINS, PDG DE YHOAX GROUP S.A

LABEL DES CONSOMMATEURS AFRICAINS

LA PREMIÈRE AGENCE DE NOTATION DES PRODUITS ET SERVICES EN AFRIQUE

Ollo Manuella : Pour y répondre, permettez-moi de m’appuyer sur ma propre expérience. Etant spécialiste des questions liées au management, la valorisation de marques et la psychologie des consommateurs depuis plusieurs années, mon désir était d’apporter mon expertise au continent Africain. En 2030, nous serons 32 millions d’habitants, selon les statistiques. Aujourd’hui, le taux de pauvreté est de 46 % en Côte d’Ivoire et les questions liées à la vie chère, à la qualité des produits et des services sont récurrentes. Tout consommateur (y compris moimême) est confronté à un embarras de choix devant de multiples offres de produits et services tous secteurs d’activités. Nous usons donc de stratégies afin de pouvoir faire un choix.

Ollo Manuella en compagnie de la Grande Chancelière de l’Ordre national, Henriette Dagri-Diabaté et de Souleymane Diarrassouba.

Mais sommes-nous une fois posés ces questions : Ces stratégies sont-elles fiables ? Combien d’Africains viventils cette même expérience ? Comment pouvons-nous être rassurés sur la qualité d’un produit ou d’un service ? Et juger le rapport qualité-prix d’une offre ?

Ollo Manuella lors d’une cérémonie avec Henriette Konan Bédié et Jean-Louis Billon ancien ministre du Commerce.

Le Label des Consommateurs Africains est un outil éprouvé, fiable, rigoureux, un outil de prescription. La mise en œuvre de ce Label se fait en 4 étapes en passant par des analyses microbiologiques ou encore par des enquêtes auprès de plus de 100 000 consommateurs par pays.

À quoi sert exactement ce Label ? Et est-il reconnu par les entreprises africaines ? O. M. : À l’image de nos confrères du monde de la finance, Le Label des Consommateurs Africains est la première agence de notation des produits et services en Afrique. Cette agence de notation à travers son programme de labellisation inédit est protégée pour toute l’Afrique. C’est un outil prescripteur (via son logo) des produits et services de meilleure qualité qui permet de choisir avec confiance et assurance, un outil de lutte contre la vie chère et la contrefaçon, un outil de redynamisation et un avantage concurrentiel pour les entreprises. Aujourd’hui, il est considéré comme étant l’unique référence dans le domaine de la labellisation qualité-consommateur en Afrique. Plusieurs groupes (liste non exhaustive) nous font confiance pour notre impartialité, notre rigueur et notre expertise notamment Sania, Lafargeholcim, Carré d’Or, Solibra, Sociam, Satoci, Africab, Sivop et bien d’autres…

LABEL DES CONSOMMATEURS AFRICAINS SIÈGE SOCIAL : Plateau-Indenié - Abidjan, Côte D’ivoire - Tél. : +225 20 37 18 72

info@monlabel.net - www.monlabel.net www.yhoaxgroup.com

Le Ministère du Commerce ivoirien et plusieurs membres du gouvernement vous ont accompagné dès la première édition et aujourd’hui l’aventure se poursuit avec eux, quels ont été les ingrédients du succès du Label ? O. M. : Nous avons la maturité et la maîtrise nécessaire pour la mise en œuvre d’un tel outil. A travers notre expertise unique en Afrique, notre programme d’utilité publique et nationale permet aux gouvernements Africains de pallier aux problèmes liés à la vie chère, la contrefaçon et aux mauvaises pratiques dans le milieu économique. Notre succès repose sur l’impartialité, la rigueur, et la traçabilité de nos travaux. Comment voyez-vous le label des consommateurs Africains dans les années à venir ? O. M. : Ces prochaines années seront celles des grands défis car tout en continuant notre lancée en Afrique subsaharienne, nous espérons conquérir la majorité des pays Africains dans les 10 années à venir. •

< M. Souleymane Diarrassouba, ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des PME de Côte d’Ivoire, en compagnie du récipiendaire du Label, M. Xavier Saint-MartinTillet, directeur général de Lafargeholcim.

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.

C’est à ce moment précis, que naît l’idée de créer « le Label des Consommateurs Africains » la première Agence de notation Africaine des produits et services filiale de Yhoax Group S.A.

Le Label des Consommateurs Africains est à sa 4e édition. Comment vous est-il venu à l’idée de créer un tel Label ?


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TRIBUNE

Lettre ouverte aux édiles Monsieur le maire,

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meilleurs élèves de la commune que tu voulais récompenser ? Ta solution alternative pour réparer les voies trouées surnommées « routes awalé » avec des pavés ?… Tu nous as tous floués ! Ton vieux prédécesseur, au moins, nous accordait audience. Mais toi, tu es complètement « rentré en brousse », comme disent les Ivoiriens. Au point que tes administrés, en plaisantant, affirment que quand tu avais besoin de leurs suffrages, tu étais fan comme un éléphant. Mais depuis que tu es devenu maire, tu es fan comme un fantôme. Même les mariages, tu laisses à tes adjoints le soin de les célébrer. Sauf quand tu as des affinités familiales ou amicales avec les mariés. Ton mandat n’a été qu’une succession de scandales de détournements de deniers publics, de collectes de taxes parallèles, d’expropriations et de ventes illicites de terrains, de marchés octroyés à tes proches, etc. J’ai beau me triturer les méninges pour retenir un seul point positif de ton mandat, je n’en trouve pas. VINCENT FOURNIER/JA

près plusieurs reports, le gouvernement semble enfin décidé à organiser les élections municipales. Ce qui signifie que ton mandat sera remis en jeu. Tu auras à affronter plusieurs candidats qui lorgnent ton fauteuil. Sache que cela n’a rien de personnel, c’est le jeu de la démocratie. On ne peut aller au paradis sans mourir. C’est d’ailleurs par ce même mécanisme que, toi aussi, tu es devenu maire en battant dans les urnes ton prédécesseur qui avait occupé ce poste pendant une vingtaine d’années. Je me souviens que ta candidature avait suscité beaucoup d’espoir. Tu semblais être un homme de conviction, fougueux et rempli d’ambitions pour la commune qui t’avait vu naître. Les jeunes avaient porté ta voix et, malgré ton étiquette d’indépendant, tu avais « couché » tous tes adversaires, pourtant parrainés par leurs partis respectifs. Par ta verve, tu avais réussi à nous convaincre que la gestion de notre cité n’avait t 2018 est une année d’élections. Te voilà rien à voir avec la politique. encore en train de nous baratiner. En cinq Aujourd’hui, que dirais-tu de dresser ans de mandat, c’est la première fois que tu Lassane Zohoré ensemble ton bilan ? L’année précédant ton viens recueillir nos préoccupations. Non, merci! Caricaturiste et élection, tu avais préparé ta victoire discrèteTu pensais sans doute que ton mandat n’arrijournaliste ment. Tu avais écumé tous les quartiers de la verait jamais à expiration ? Détrompe-toi ! Cinq cité avec ton équipe, rencontrant au passage ans, ça passe très vite ! La preuve, nous voilà de les associations de jeunes, les grandes familles, nouveau face à face. On dit chez nous « Premier les communautés ethniques et religieuses. Tu gaou n’est pas gaou… » La parole est sacrée, étais le parrain de quasiment tous les tournois sportifs, tu étais mais hélas, la tienne ne vaut plus grand-chose. présent à toutes les funérailles aux côtés des familles éplorées, Monsieur le maire, je voudrais te poser une question: étais-tu tu assistais aux baptêmes… Bref, tu étais partout car ce fauteuil obligé de présenter ta candidature si tu n’avais aucune convicte tenait particulièrement à cœur pour mettre en œuvre ton tion pour faire face aux grands défis que nous espérions te voir programme de développement. C’est vrai qu’au début nous relever ? Tu aurais dû rester dans ton coin si tu n’avais pas de étions très méfiants, comme nous l’étions d’ailleurs à l’égard considération pour la gestion de la chose publique. Par ta faute, de tous les autres candidats. Mais ton engagement et ta bonne nous avons perdu cinq ans, et tu veux remettre ça, un comble ! humeur contagieuse ont su nous convaincre. Tu dois sans doute prendre les habitants de ta cité pour des moutons! Mais tu as dû toi-même rectifier assez vite ce point de inalement, la victoire t’était revenue haut la main. Mais vue. Souviens-toi, cette vieille dame qui a fait une chute et que qu’en as-tu fait ? Quid des idées géniales que tu voulais tu t’es empressé de relever. Lorsqu’elle t’a demandé comment déployer pour résorber le chômage au sein de la jeunesse ? te remercier, tu lui as dit, sous forme de boutade, de voter pour Qu’en est-il du social hardi que tu voulais développer au profit toi. Sa réponse a été on ne peut plus tranchante : « Tu es fou ? des couches les plus défavorisées? Des permis de conduire que Je suis tombée sur le dos, pas sur la tête ! » tu voulais distribuer aux jeunes ? De l’insalubrité, de l’occupaMédite cela. tion anarchique des trottoirs que tu voulais combattre ? Des Ta population

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ÉCONOMIE

Fin du chaos La chute des cours mondiaux et la spéculation avaient plongé la filière dans la crise. Mais, grâce à une meilleure gouvernance, la fève retrouve peu à peu sa vigueur.

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BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan

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éstabilisée en 2017 par la chute des cours mondiaux et les nombreux défauts d’exécution de contrats constatés chez plusieurs opérateurs, la filière café-cacao cherche la sortie de crise. Estimés à 399 milliards de F CFA (608,3 millions d’euros), ces défauts de paiement représentent 20 % de la dernière récolte. Ils résultent de la spéculation à laquelle se sont adonnés de nombreux exportateurs qui, misant sur la poursuite de la hausse des cours internationaux, ont acheté des stocks à des prix élevés. Mais la baisse, de 35 %, les a contraints à ne pas honorer leurs engagements. Cette situation a plongé dans le chaos le Conseil café-cacao (CCC), l’organe public qui assure le rôle de gendarme dans


pour le cacao ce secteur. Ce dernier, névralgique, représente plus de 40 % des recettes d’exportation et contribue à hauteur de 15 % au PIB. Pour reprendre la main, le gouvernement a limogé, en juillet 2017, la banquière Massandjé Touré-Litsé, la directrice générale du CCC, et nommé à sa place Yves Brahima Koné, un ingénieur agronome, fin connaisseur de la filière. « Pour comprendre ce qui s’était passé, le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, a exigé un audit du système, notamment concernant la vente anticipée de la récolte », a confié un membre du gouvernement. Les résultats ont été sans appel pour l’ancienne direction du CCC. Moins d’un an après l’arrivée d’Yves Brahima Koné, la filière est en convalescence, bien loin de ses années fastes. Pour éviter de replonger dans la situation incertaine de la campagne précédente, le CCC a revendu dès le mois de

JANE HAHN/NYT-REDUX-REA

L’or brun représente 40 % des recettes d’exportation et contribue au PIB à hauteur de 15 %.

janvier, par anticipation, plus de 180 000 tonnes liées à des contrats douteux. Au terme de la campagne principale, qui s’est étendue du 1er octobre 2017 au 31 mars 2018, des contrats en défaut portant sur seulement 50000 t ont été répertoriés: un volume trop faible pour ébranler la filière.

Pertes progressivement compensées

La récolte aurait dépassé 1,5 million de tonnes, selon le gouvernement. Mais le prix payé au producteur est passé de 1100 F CFA/kg lors de la campagne précédente à 700 F CFA/kg actuellement. Un manque à gagner pour les paysans et les différents acteurs qui a engendré un système de contrebande efficace vers le Ghana voisin, où le prix est fixé à 960 F CFA. Plus de 100000 t de fèves partiraient ainsi en toute illégalité. « Le gouvernement a décidé de punir

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de dix ans d’emprisonnement et d’une amende de 50 millions de F CFA la contrebande des produits agricoles vers les pays limitrophes », a annoncé Bruno Koné, le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Poste, porte-parole du gouvernement. Une mise en garde qui devrait tempérer l’ardeur des contrebandiers. L’embellie se confirme. La tonne, autour de 1 100 livres (1 258 euros) début 2018, est passée à plus de 1 773 livres (2 027 euros) fin mai. Un soulagement pour l’État et pour le CCC, qui compense progressivement ses pertes. Certains exportateurs, en revanche, doivent encore éponger les pertes de 2016-2018. « L’an dernier, ils avaient fait défaut en n’exécutant pas leurs contrats. Cette fois, c’est le CCC. Il manque de stocks », analyse un acteur majeur de la filière. Conscient de cette situation inédite, le CCC a jonglé avec la réforme de 2011, qui prévoit une vente par anticipation de la récolte à hauteur de 80 % de la campagne principale, les 20 % restants se négociant sur le marché spot pour approvisionner les broyeurs locaux. Mais, pour couvrir ses défauts, le gendarme de la filière a déjà autorisé la vente des produits de la campagne intermédiaire qui court du 1er avril au 30 septembre. En attendant, Amadou Gon Coulibaly attend une évaluation complète de l’actuel système et n’exclut pas une nouvelle réforme, sept ans après la dernière, pour améliorer les profits des petits producteurs.

LA BANQUE MONDIALE ENTRE EN SCÈNE Le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, a entamé, le 19 avril à Washington, des négociations avec la Banque mondiale pour que la filière café-cacao obtienne un prêt de 300 millions de dollars (plus de 242 millions d’euros). Les discussions se poursuivent avec le gouvernement sur les grandes lignes de ce financement qui devrait concerner la chaîne de valeur, notamment via l’accroissement de la productivité et de la qualité des fèves, dans l’objectif de développer la transformation locale. Une autre dimension de ce projet porte sur le renforcement de l’organisation de la filière et de la gouvernance

au sein du Conseil café-cacao afin d’obtenir une meilleure intégration des petits paysans. En cas d’accord, le prêt sera approuvé en 2019. En parallèle, la Côte d’Ivoire envisage de renforcer sa coopération avec son voisin ghanéen, deuxième producteur mondial, pour contrôler la production et développer des projets communs. En point de mire, la création d’un Opep du cacao en compagnie des autres producteurs. Les deux pays envisagent de contracter un prêt de 1,5 milliard de F CFA (2,3 millions d’euros) auprès de la Banque africaine de développement pour financer cette stratégie. B.M.



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DÉCRYPTAGE

Mieux vaut prévenir que guérir mal l’argent dont elle a besoin. En juin 2017, elle avait procédé avec succès à l’émission d’un Eurobond avant de récidiver en mars pour un total supérieur à 3,5 milliards de dollars (3 milliards d’euros). Il semblerait pourtant que le moteur ivoirien connaisse une petite perte de puissance. L’agence de notation Bloomfield a publié fin mai une étude sur son risque pays qui suscite des interrogations.

ALAIN FAUJAS

L

a Côte d’Ivoire est abonnée aux prix d’excellence ces derniers temps. Elle compte de plus en plus d’infrastructures. Le nombre de touristes a été multiplié par quatre depuis 2014. Sa croissance galope (+ 7,8 % en 2017), et le pays occupe la quatrième place des champions subsahariens derrière la Guinée (+ 8,2 %), le Ghana (+ 8,4 %) et l’Éthiopie (+ 10,9 %). Son déficit budgétaire et sa dette sont sous contrôle. Le taux d’inflation officiel est au-dessous de 1 % par an. Sa balance commerciale est excédentaire, et le revenu par habitant a augmenté de 62,2 % depuis 2012. Ce tableau flatteur permet à la Côte d’Ivoire de trouver sans

Carburant social

« Même si les performances économiques sont toujours appréciables, les objectifs visés pourraient finalement ne pas être atteints en raison d’un ralentissement de l’investissement public et de la mollesse de l’investissement privé », écrivent les auteurs

Tableau de bord macroéconomique 2015

2016

* Projections

2017

*2018

*2019

(variations annuelles, en %)

PIB réel, à prix constants Inflation

8,8

8,3

7,6

7,3

7,1

1,2

0,7

1

2

2

(en % du PIB)

Solde budgétaire global

– 2,8 20,0 22,8

– 3,5 19,4 23,3

– 5,3 19,5 24

– 3,9 19,5 23,3

–3 20,1 23,1

16,9 6,7

17,2 6,6

17,9 7

18,8 7,1

19,9 7,4

Dont dette extérieure

47,3 29,5

47,1 28,3

50,7 33,2

50 31,7

48,1 30,0

Solde des comptes courants

– 0,6

– 1,1

– 2,1

– 2,8

– 2,4

9,6

9,1

8,4

7,2

7,2

SOURCE : FMI, DÉCEMBRE 2017 ET AVRIL 2018

Total des recettes et dons Total des dépenses

108

Investissement intérieur brut Dont gouvernement central

Dette publique totale

Balance commerciale

jeuneafrique no 2997 du 17 au 23 juin 2018

de l’analyse. Notamment parce que les recettes de l’État croîtront moins vite et que le service de la dette ne permettra plus d’augmenter le poids de cette dernière. Il faudrait que la Côte d’Ivoire aligne un taux de croissance moyen de 8,4 % d’ici à 2020 pour vraiment « émerger ». Le FMI ne prévoit pas mieux que 7 % à courte échéance. Le document pointe aussi un risque sociopolitique. Un mécontentement latent est perceptible dans la population. Le taux de croissance spectaculaire est porté par la création d’infrastructures qui n’améliorent pas la vie quotidienne. « Selon l’édition 2016 du Programme des Nations unies pour le développement [Pnud], la Côte d’Ivoire demeure dans le groupe des pays à faible développement humain, souligne Bloomfield. La qualité de vie de ses populations a peu changé entre 2010 et 2015. Bien qu’ayant réalisé des performances économiques moindres, le Togo, le Bénin, le Sénégal et le Rwanda restent mieux classés que la Côte d’Ivoire » en la matière. S’il veut remédier à cette situation, le gouvernement doit afficher la même volonté que pour l’électricité et les routes. Il doit s’atteler à la réduction du travail informel (aujourd’hui 93,6 % des emplois), à la surcharge des classes [qui comptent plus de 40 élèves chacune] et à la mise en place de la couverture maladie universelle (CMU). En carburant au social, le moteur ivoirien devrait mieux résister aux chocs économiques et politiques qui ne manqueront d’entraver sa route.



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Souleymane Diarrassouba Ministre du Commerce

« L’amélioration de l’outil industriel doit créer entre 300000 et 400000 emplois » Propos recueillis à Abidjan par BAUDELAIRE MIEU JeuneAfrique:LaCôted’Ivoireveutfairede l’industrie un pilier de sa croissance. Avec quels mécanismes et à quelle échéance? Souleymane Diarrassouba: Le pays doit

exporter des produits finis et consommer les produits manufacturés localement. Des complexes industriels sont en cours de création. La Côte d’Ivoire a l’avantage de pouvoir s’appuyer sur un tissu industriel relativement important dans le commerce interafricain. En 2017, l’industrie a représenté 27,8 % du PIB, et nous voulons atteindre 30 % en 2020. Nous avons adopté une stratégie qui vise à accroître de façon significative la contribution du secteur industriel à la création de richesses et d’emplois. Mais, en 2018, la Côte d’Ivoire a exporté encore plus de matières premières brutes. Comment inverser cette tendance?

NOUS VOULONS TRANSFORMER LOCALEMENT 50 % DE NOTRE PRODUCTION DE CACAO ET D’ANACARDE. 110

jeuneafrique no 2997 du 17 au 23 juin 2018

Notre stratégie porte sur le développement agro-industriel de nos filières clés, afin de transformer localement 50 % de notre production de cacao et d’anacarde par exemple. Nous avons mis en place divers mécanismes, avec les broyeurs, pour les inciter à augmenter leurs capacités. Nous voulons aussi améliorer notre outil industriel autour de la métallurgie, l’aciérie, la chimie et la cimenterie. Grâce à nos réformes, l’industrie a enregistré un taux de croissance moyen de 11 % entre 2012 et 2015. Il devrait atteindre 9,5 % en 2018. Elle emploie environ 800000 personnes, pour un chiffre d’affaires annuel de 8 000 milliards de F CFA [12,2 milliards d’euros]. Comment assurer la compétitivité de l’industrie ivoirienne?

Nous avons fondé une agence spécifique pour traiter cette question, en liaison avec

ISSOUF SANOGO/AFP

Le titulaire du portefeuille de l’Artisanat et de la Promotion des PME, qui a aussi repris celui des Mines et de l’Industrie, revient sur la stratégie mise en place pour rendre la croissance encore plus inclusive.

le secteur privé. L’objectif est d’identifier les facteurs qui permettront à nos entreprises d’être au niveau. La BAD nous soutient dans ce programme. Quelle est votre stratégie envers les PME?

Leur développement est l’un des axes forts de la transformation économique de notre pays. Il évitera à la Côte d’Ivoire d’exporter ses emplois chez ses voisins. Plus de 90 % de notre tissu industriel et commercial est constitué de PME, qui représentent 12 % du PIB. Nous voulons faire en sorte qu’il crée entre 300000 et 400000 postes à l’horizon 2020. Aujourd’hui, 20% de la commande publique est affectée aux PME pour les rendre plus performantes. L’État a mis en place un cadre fiscal approprié et a lancé un vaste programme axé sur les questions de l’accès au financement, de l’aide à l’entrepreneuriat, de l’innovation et de la formation. Nous avons créé une agence de suivi, Côte d’Ivoire PME, qui, de façon transversale, veillera à l’amélioration des performances de nos PME. Pour rendre notre croissance encore plus inclusive.


COMMUNIQUÉ MMUNIQUÉ

ESPI Côte d’Ivoire

LA 1e ÉCOLE DES PROFESSIONNELS DE L'IMMOBILIER EN AFRIQUE DE L'OUEST Le Groupe ESPI est un établissement d’enseignement supérieur créé en France en 1972 par de grands acteurs de l’immobilier. Plus de 45 ans d’existence ont permis au Groupe de s’enraciner dans le champ professionnel de l’immobilier, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire. Aujourd’hui, plus de 1400 étudiants sont répartis sur les campus de Paris, Nantes, Marseille, Bordeaux, Lyon et Abidjan. Le campus d’Abidjan offre un savoir-faire dans la formation aux professions immobilières depuis octobre 2009. ESPI Côte d‘Ivoire est la 1e école des professionnels de l'immobilier en Afrique de l'Ouest et propose principalement les formations suivantes : →

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UNE FORMATION DE HAUT-NIVEAU POUR LES MÉTIERS DE L’HÔTELLERIE, DE LA RESTAURATION ET DU TOURISME La vocation de l’École Hôtelière de Grand-Bassam (EHB) est de former des professionnels de haut niveau, aptes à assumer des postes de responsabilités dans les secteurs de l’hôtellerie, la restauration, l’industrie de services et dans le secteur du management touristique. A la fin de leurs études, les diplômés de l’EHB ont en leur possession un titre international délivré par l’École Hôtelière de Genève (EHG), établissement de référence mondiale, et cosigné par l’EHB. La mission de tous les membres de l’équipe pédagogique, ainsi que de la direction de l’école est d’offrir à chaque étudiant « l’Excellence au service d’une Profession ». L’enseignement est dispensé par des professeurs qui sont à la fois des enseignants et des spécialistes expérimentés. Ils ont tous occupé des positions hiérarchiques élevées dans le secteur de l'hôtellerie ou de la restauration. L’EHB propose trois types de formations : →

Un Bachelor (licence) en Gestion Hôtelière sous licence de l’EHG sur trois ans : il procure à son titulaire l’autorisation d’exploiter un établissement sur l’ensemble du territoire ivoirien et dans le monde entier.

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©DIFCOM - PHOTOS : D.R. - ILLUSTRATIONS : STOCK.ADOBE.COM

École Hôtelière de Grand-Bassam (EHB)


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MINES

Quand nickel et bauxite brillent plus que l’or

PORT AUTONOME D’ABIDJAN

Premier chargement de nickel au port d’Abidjan, le 14 février.

L’exploitation à grande échelle de nouveaux gisements a permis au pays de rejoindre le club des exportateurs de minerais rares. BAUDELAIRE MIEU

près avoir misé sur l’or pendant plusieurs années, la Côte d’Ivoire a trouvé un nouveau filon : les minerais rares exploités à grande échelle. En donnant, mi-avril, le premier coup de pioche à Bongouanou, dans le Centre-Est, le vice-président Daniel Kablan Duncan a permis au pays de rejoindre le club des exportateurs de nickel et de bauxite. Développé par Lagune Exploitation (LEA), une junior ivoirienne contrôlée par l’homme d’affaires Moumouni Bictogo, le projet vient d’entrer en production, et les premières exportations sont attendues avant la fin de 2018. Le temps nécessaire pour mobiliser toutes les ressources financières requises. « Nous sommes obligés de nous tourner vers des banques extérieures et des fonds pour financer la mine. Les établissements locaux traînent le pas », a confié Moumouni Bictogo, qui table sur une

A

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jeuneafrique no 2997 du 17 au 23 juin 2018

UN SECTEUR EXTRACTIF EN EFFERVESCENCE

164 permis

de recherche et d’exploration attribués à fin 2017

25,3 tonnes d’or produites en 2017

5 mines d’or exploitées Plus de 510 000

tonnes de manganèse produites en 2017

1 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2017

production annuelle de 315000 tonnes de bauxite calcinée d’une teneur en alumine de 80 %, pour une cadence d’extraction de 750000 t. Le coût global du projet de Bongouanou, aux réserves estimées à 32,5 millions de tonnes, est de 218 milliards de F CFA (332,3 millions d’euros). Il sera décliné en trois phases. La première a déjà débuté et nécessitera 26,1 milliards de F CFA pour les travaux d’exploration complémentaire et la construction d’une unité de calcination de la bauxite. L’État, qui va engranger plus de 42 milliards de F CFA de recettes fiscales au passage, recommande à LEA de réfléchir, à plus long terme, à la réalisation d’un tronçon ferroviaire qui se connecterait à celui de la Sitarail à Tiémélékro, pour faciliter le transport des minerais vers Abidjan, et surtout éviter d’engorger davantage les axes routiers.

Moteur de croissance

Le second programme d’extraction massive de nickel porte sur les gisements de Foungbesso, de Moyango et de Viala, tous trois situés dans la région du Bafing, dans l’Ouest. L’État a attribué la propriété de ces derniers à la Compagnie minière du Bafing (CMB), fondée sur les cendres de Nickel de l’Ouest Côte d’Ivoire (Noci), qui s’était occupée des recherches et des travaux d’exploration. Le projet est très avancé. Plus de 100000 tonnes ont déjà été extraites et exportées vers le port autonome d’Abidjan depuis août 2017. CMB prévoit d’investir 220 milliards de F CFA sur vingt ans pour valoriser le site, qui pourrait rapidement produire jusqu’à 2 millions de tonnes de nickel par an. La compagnie compte ensuite construire une usine de transformation de nickel à Biankouma pour 90 milliards de F CFA. Comme pour répondre à la volonté gouvernementale de tirer le meilleur parti d’un secteur en passe de devenir le moteur de croissance de l’économie ivoirienne.


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TRIBUNE

La géo-information, arme de protection massive de l’environnement A

DR

ujourd’hui plus qu’hier, les changements climatiques Mais en quoi cette infrastructure peut-elle annihiler les constituent un enjeu majeur pour tous les pays, eu menaces environnementales ? La géo-information étant égard au caractère global et transnational de leurs effets une discipline qui embrasse l’ensemble des secteurs de néfastes. La Côte d’Ivoire, à l’instar de la communauté interl’économie, et la problématique du changement climatique nationale, a décidé de mener des actions d’atténuation et nécessitant, elle aussi, une approche multidisciplinaire et d’adaptation aux effets desdites perturbations. Les difféplurisectorielle, la résolution de ce problème ne peut être rentes sessions de la Conférence des parties (COP) ayant obtenue sans l’apport indéniable de cette science. défini les cadres pratiques de mise en œuvre de telles iniAussi l’absence d’informations relatives aux principales tiatives, l’État de Côte d’Ivoire s’est engagé composantes des actions sur l’environneà diminuer de 28 % la production des gaz à ment (ressources naturelles, agriculture, effet de serre à l’horizon 2030. industrie et énergie) constitue-t-elle le Pour obtenir un tel résultat, le pays peut premier obstacle qu’il faudrait lever si nous s’appuyer sur les dernières technologies voulons mener une lutte efficace contre les disponibles, à commencer par la géo-inmenaces que fait peser le changement cliformation. Cette science permet de collecmatique sur la Côte d’Ivoire et le continent ter, traiter, analyser, visualiser et diffuser en général. rapidement et efficacement les données géospatiales en utilisant la télédétection, ans cette optique, un superbe renÉdouard les systèmes d’information géographique, dez-vous de partage d’expériences Fonh-Gbei les technologies de mesure de la terre, les s’organise, fin novembre, à Abidjan, avec Directeur général drones, etc., afin de faciliter la prise de décila quatrième édition du Salon internatiodu Comité national sions, en toute connaissance de cause, sur nal de la géomatique, orchestré autour du de télédétection les problématiques de développement. thème « Les outils de résilience face aux et d’information changements climatiques ». géographique ès lors, comment la géo-information Les professionnels de la géo-informapeut-elle aider à faire face aux menaces tion en Afrique, mais aussi ceux des autres environnementales en Côte d’Ivoire ? continents, ont plus que jamais l’obligation D’abord en développant plusieurs outils d’unir leurs forces et leurs compétences, de géodécisionnels, susceptibles d’aider nos gouvernants à mutualiser leurs recherches pour élucider, ensemble, cette trancher de manière éclairée sur les grandes questions problématique mondiale. de développement durable. C’est dans cet objectif que le Nos pays, et particulièrement la Côte d’Ivoire, sont arrivés Comité national de télédétection et d’information géograà un tournant décisif. Ils doivent nécessairement œuvrer à phique a obtenu la mise en place d’une Infrastructure natioune meilleure maîtrise, entre autres, de la géo-information nale de données géospatiales. Cette dernière doit pallier et des nouvelles technologies, des écosystèmes naturels l’absence de cartographie détaillée du territoire national, – gestion durable des forêts, des écosystèmes aquatiques qui freine l’effort de planification et limite la contribution et marins, et conservation de la diversité biologique – pour de la population au développement du pays et à la lutte mieux répondre à des menaces environnementales indécontre le changement climatique. niables. Il en va de notre propre survie.

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COMMUNIQUÉ

SGBCI, UNE BANQUE SOLIDEMENT ANCRÉE EN CÔTE D’IVOIRE Société Générale de Banques en Côte d'Ivoire (SGBCI) est la 1ère banque du pays. Elle dispose d'un vaste réseau de 70 agences et 128 distributeurs automatiques. Elle accompagne 360000 clients dont 3400 entreprises et leur propose une gamme complète et diversifiée de produits et services de financement, des moyens de paiement domestiques et internationaux, des services monétiques, des produits de banque en ligne et des outils de cash management.

AYMERIC VILLEBRUN

multicanale, et restons attentifs aux évolutions technologiques et aux pratiques de demain. Enfin, nous sommes une banque citoyenne qui s’engage à contribuer à l’amélioration des conditions de vie et au développement économique de la Côte d’Ivoire.

2|

Pouvez-vous nous dresser un bilan de vos réalisations et dans quelles mesures cette année encore vous comptez demeurer la banque de référence en Côte d’Ivoire ?

En termes de réalisations, nos initiatives sont nombreuses. Elles ont toutes contribué, qu’il s’agisse de lancements de produits innovants tel que SGBCI Connect notre application mobile, ou de campagnes promotionnelles de crédit dont le PPI à 6 %, de partenariats avec des organismes solides tel l’AFD avec la garantie ARIZ pour renforcer le financement des PME, des campagnes de collecte de ressources ou encore la mise en œuvre de projets internes pour mieux exploiter les données clients dans le processus de satisfaction, à réaliser des performances suivantes : • Collecte de 1 286 milliards FCFA de dépôts, en hausse de 9,4 %

Directeur Général

• Accroissement des encours de crédits de 25,7 %, pour atteindre 1 104 milliards FCFA. • Un bénéfice net de 39,6 milliards de FCFA, en amélioration de 12 %.

1|

Vous avez été nommé pour la 5e fois consécutive meilleure banque de Côte d’ivoire, quels sont les clés de la réussite de SGBCI ?

Nous souhaiterions avant tout remercier nos premiers partenaires, nos clients, dont la confiance et la satisfaction nous valent toutes ces distinctions. Nous mettons tout en œuvre pour demeurer au niveau et même au-delà de leurs attentes et c’est surement cette quête effrénée d’excellence qui nous permet de maintenir notre position d’acteur de référence sur le marché local et régional. Nous sommes présents depuis plus de 56 ans en Côte d’Ivoire. Notre connaissance du marché et notre appartenance au groupe Société Générale constituent de véritables atouts, mais notre plus grande richesse demeure nos équipes professionnelles et dynamiques, rompues aux métiers de la banque et engagées à délivrer des prestations selon les standards internationaux. L’innovation est l’une des valeurs fortes qui soutend notre activité. Nous sommes pionniers sur plusieurs sujets notamment la banque

Nous continuerons à faire mais surtout à mieux faire ce que nous faisons déjà et saisirons ou même créerons des opportunités pour renforcer notre accompagnement de nos clients entreprises, états et ménages.

3|

Le groupe amorce également une nouvelle stratégie pour encore plus de proximité en installant son bureau régional en Côte d’ivoire, pouvez-vous nous en dire davantage ?

Le groupe Société Générale affiche depuis plusieurs années sa volonté de faire de l’Afrique l’un de ses pôles de croissance. A cet effet elle a mis en place un nouveau dispositif régional visant à renforcer les synergies entre les filiales africaines, à optimiser les process de prise de décision et à valoriser les talents locaux, tout cela en vue d’offrir une meilleure expérience clients. L’installation de la direction régionale en Côte d’Ivoire est un choix stratégique, la filiale ivoirienne représentant la plaque tournante du Groupe en Afrique de l’Ouest. L’objectif à terme est de créer un standard de qualité en harmonisant les process, les offres, en bref l’image de Société Générale en Afrique.

www.societegenerale.ci

5 et 7 avenue Joseph Anoma, Le Plateau, 01 BP 1355 Abidjan - Côte d'Ivoire

©DIFCOM - PHOTOS : D.R.

Sur le marché financier, SGBCI intervient par le biais de ses deux filiales, SOGESPAR pour la gestion d'actifs pour le compte de tiers et SOGEBOURSE, société de gestion et d'intermédiation. Elle est également dotée d'une salle de marché qui intègre les activités de change des filiales de la Société Générale de la zone UEMOA, ainsi qu'un département Financements Structurés à vocation régionale pour les importantes opérations de syndication ou de financement. Sa filiale YUP à quant à elle pour missions de favoriser l'inclusion financière via la monnaie électronique.


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AMÉNAGEMENT

Des gratte-ciel sur un Plateau d’argent Sérieusement défraîchi, l’emblématique centre d’affaires d’Abidjan fait l’objet d’une rénovation radicale.

ISSAM ZEJLY POUR JA

La tour Postel et l’immeuble du CCIA ont déjà été réhabilités.

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BAUDELAIRE MIEU

e quartier administratif et commercial du Plateau, à Abidjan, se refait une beauté. Les immeubles aux façades dégradées ne seront bientôt plus qu’un lointain souvenir. Considéré comme la vitrine économique du pays, le Plateau a des allures de « petit Manhattan » sous les tropiques, avec ses gratte-ciel et ses deux ponts qui le relient aux quartiers sud. « Pour les Ivoiriens des classes sociales les plus vulnérables, venir au Plateau, c’est comme aller à Paris ou à New York », assure, sourire en coin, Jean Koffi, résident de l’un des immeubles de style colonial du quartier. L’État a lancé un plan de restauration très ambitieux, dont l’extension du palais présidentiel constitue la pierre angulaire. Ce projet, à la fois révolutionnaire et futuriste, comprend une sorte de vaisseau spatial en verre posé au-dessus d’une esplanade verdoyante. Construit sur cinq étages, l’édifice monumental doit redonner un peu d’allure

L

au Plateau. « Le chef de l’État, Alassane Ouattara, voulait absolument donner l’exemple et s’inscrire dans le processus de renaissance de ce quartier chargé d’histoire », confie l’un de ses proches conseillers. Le coût global n’a pas été dévoilé, mais le gouvernement compte s’appuyer sur un partenariat avec le secteur privé. Les cinq tours administratives, où siègent les ministères, doivent être entièrement refaites, pour un investissement supérieur à 100 milliards de F CFA (152,4 millions d’euros). Pendant que la rénovation des quinze étages du siège de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie de Côte d’Ivoire, filiale de BNP Paribas, mobilisera près de 13,5 milliards de F CFA. Concernant l’immeuble Alpha 2000, dont l’architecture paraissait si insolente après l’indépendance, on ignore le coût des travaux. Plusieurs tours datant des années 1970 sont déjà réhabilitées. « L’immeuble Postel 2001 et le Centre commercial international des affaires d’Abidjan [photo] donnent une idée de l’avenir », assure un membre du gouvernement. La mairie de la commune n’est pas en reste. Depuis 2005, elle a lancé un plan d’investissement de 127 milliards de F CFA dans divers chantiers, telle la construction du centre d’affaires Renaissance Plaza, développé par le fonds britannique Actis, en partenariat avec HC Capital Properties, spécialisé dans l’immobilier en Afrique de l’Ouest. Ce complexe, estimé à 40 milliards de F CFA, comprendra une tour de dix-sept étages. Il doit s’accompagner d’un marché d’artisanat et d’un hôtel de haut standing destiné au tourisme d’affaires (lire p. 122). Bâti au cœur de la ville, cet équipement de trois étages répondra aux normes écologiques. Enfin, pour réagencer l’ensemble, les pouvoirs publics ont décidé de faire des efforts en matière de signalisation et de numérotation des rues. Plus question que les visiteurs se repèrent tant bien que mal en fonction des immeubles ou des sièges sociaux. La réorganisation en cours doit leur apporter le quartier sur un plateau.


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Stéphane Affro

Directeur général adjoint du cabinet d’architecte Kaydan

« Le quartier va retrouver son âme » Le Plateau peut-il selon vous retrouver son lustre d’antan? On peut l’espérer. Le Plateau ne doit pas devenir le témoignage d’espoirs de modernité perdus. Son lent déclin vient des crises successives [subies par le pays] qui ont laissé des infrastructures urbaines obsolètes et un parc immobilier vétuste. Le plan de rénovation en cours témoigne de la volonté des pouvoirs publics de

donner un nouveau visage à cette commune symbole. Et sans cohérence dans l’action publique, rendre son lustre au Plateau restera un vœu pieux. En tant qu’architecte, comment voyez-vous le Plateau de demain? Transformé autour de trois projets structurants. La rénovation de la cité administrative va lui rendre sa modernité. Le train urbain va modifier

les flux de transport qui l’irriguent. L’aménagement de la baie de Cocody va lui redonner une âme. Ces trois pôles amélioreront l’attractivité de tout l’espace urbain. À condition que la puissance publique conçoive les mécanismes d’accompagnement qui assureront de justes retours aux investisseurs privés. Que pensez-vous du projet de « Plateau bis » en périphérie d’Abidjan?

Ce n’est pas nécessaire. Il suffit de résoudre le problème d’engorgement du Plateau, utilisé comme hub urbain entre les bassins résidentiels de Yopougon et d’Abobo, d’une part, et le bassin d’emploi de Vridi, de l’autre. Les infrastructures à venir doivent les relier en contournant le Plateau. L’arrivée prochaine du train urbain devrait résoudre en partie ce problème.

Propos recueillis par B.M.


Se moderniser pour mieux vous satisfaire UN HUB PORT EN AFRIQUE


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Une Référence Internationale

ABIDJAN, 1er port africain certifié aux normes ISO 9001 et 14001 version 2015 En 2017, le Port d’Abidjan a enregistré un trafic global de plus de 22,5 millions de tonnes, soit une croissance de 3,8 % comparativement à 2016, consolidant ainsi son leadership sur la Côte Ouest Africaine. La performance commerciale n’a pas été le seul point de satisfaction des autorités portuaires au cours de l’année écoulée. En juillet 2017, l’Agence de notation financière, Bloomfield Investment Corporation, a attribué les notes A+ sur le long terme et A- sur le court terme avec des perspectives stables. Dans le cadre du management par la qualité et de la protection de l’environnement, les actions du Port Autonome d’Abidjan pour respecter les exigences en la matière ont été auréolées au premier trimestre 2018, par l’obtention de la certification aux nouvelles versions des normes qualité et environnementales ISO 9001 et 14001 version 2015. C’est dans cet environnement que les ambitieux projets de développement du port se poursuivent, et dont plusieurs d’entre eux présentent aujourd’hui un état d’avancement très satisfaisant. Le premier projet à avoir été réalisé est la construction d’un môle au Terminal à Pêche. Totalement achevé et inauguré depuis septembre 2015, cet ouvrage est en exploitation. Le tirant d’eau de 10 m aujourd’hui contre 7 mètres auparavant, permet d’accueillir les plus grands chalutiers. Sur les 5 ha de terrepleins, l’Autorité Portuaire a attribué des espaces à des usiniers qui ont démarré la construction de leurs installations. A fin mars 2018, les travaux pour l’élargissement et l’approfondissement de la passe d’entrée du canal de Vridi avaient atteint un taux d’exécution de 80%. La phase de l’élargissement est achevée avec la consolidation des digues Est et Ouest. Le port peut désormais accueillir des navires sans limitation de longueur. Il reste la phase d’approfondissement qui devrait être achevée en 2019. L’autre chantier qui a connu des avancées significatives, est le Terminal Roulier avec un taux d’exécution de 85%. Le 15 mars 2018, en présence du Ministre des Transports, M. Amadou KONE, une première partie du quai a été mise en service. La fin des travaux et la livraison de l’ensemble du terminal sont prévues au mois de juillet 2018. Quant au second Terminal à Conteneurs (TC2), il affiche un niveau de réalisation de 55%. Bâti sur 1250 m de quais et

5 ha de terre-pleins, il pourra accueillir, dès la fin des travaux en 2019, des navires avec 16 m de tirant d’eau. L’approfondissement des quais 11, 12 et 13, par dragage, est totalement achevé. Désormais, le tirant d’eau admissible à ces postes dédiés aux navires conventionnels, est de 12 m. La première phase de création de terrains supplémentaires par le remblaiement de la baie lagunaire de Vridi-Biétry est pratiquement achevée avec plus de 90% de taux d’exécution. Sont en cours, les travaux de viabilisation pour rendre le site opérationnel dans les prochains mois. En ce qui concerne le futur terminal céréalier, un accord de financement avec l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) a été signé le 13 avril 2018. Les études avant-projet détaillées (APD) sont en cours. Le début des travaux étant prévu pour juin 2018. Ainsi, le port d’Abidjan, soutenu par les autorités gouvernementales, avance bien sur le chemin de sa modernisation. Toutefois, au-delà du développement des infrastructures, beaucoup reste encore à faire pour améliorer sa compétitivité dans un contexte où tous les ports de la sous-région ambitionnent de se positionner comme des hubs incontournables pour les grandes lignes maritimes qui desservent la partie occidentale du continent Africain. C’est à ce titre que l’ensemble des acteurs de la plateforme portuaire s’est réuni du 14 au 16 décembre 2017, dans le cadre d’un séminaire sur le thème « Les ports ivoiriens face aux défis de la compétitivité ». Cette grande rencontre s’est tenue sous le haut patronage du Premier Ministre, Ministre du Budget et du Portefeuille de l’Etat, chef du gouvernement, SEM Amadou GON COULIBALY. Sa caution est la preuve de l’intérêt des plus hautes autorités de l’Etat de Côte d’Ivoire sur les questions portuaires. Elles ont d’ailleurs installé une commission en charge du suivi de la mise en œuvre des recommandations du séminaire. L’avenir s’annonce donc prometteur pour le port d’Abidjan qui se dimensionne pour soutenir les grandes ambitions de développement économique de la Côte d’Ivoire.


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SOCIÉTÉ

Campus pour tous Pour accueillir les vagues de bacheliers qui frappent chaque année aux portes de l’enseignement supérieur, l’État a lancé un vaste programme de rénovation et de construction d’universités. 120

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ANDRÉ SILVER KONAN

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’est un projet ambitieux parti d’un constat criant: au sortir de la crise postélectorale en avril 2011, les universités de Côte d’Ivoire, publiques comme privées, pouvaient à peine recevoir les 250000 étudiants que comptait alors l’enseignement supérieur. Dès l’année universitaire 2012, alors que les deux universités publiques d’Abidjan – Nangui-Abrogoua (à Abobo et à Adjamé) et Félix-Houphouët-Boigny (à Cocody) – étaient fermées pour réhabilitation, le gouvernement a transformé les unités régionales de l’enseignement supérieur (Ures) de Daloa (Centre-Ouest) et de Korhogo (Nord) en structures autonomes, augmentant ainsi leur capacité d’accueil. Mais c’est en 2014 que le gouvernement du président Alassane


FORMATIONS… TRÈS SPÉCIALISÉES

La faculté de Nangui-Abrogoua, dans les quartiers d’Abobo et d’Adjamé, à Abidjan.

Ouattara a effectivement mis en place une réforme plus ambitieuse. Lancé dans le cadre du Programme de décentralisation des universités (PDU), ce projet a le mérite de couvrir l’ensemble du territoire national et de décongestionner Abidjan, la capitale économique, qui abritait jusque-là l’essentiel des grandes écoles supérieures et universités publiques. « Il s’agit d’une vraie politique, au sens noble, d’aménagement du territoire, qui consiste à donner une impulsion au développement local en dotant les capitales régionales d’investissements forts. Une université qui s’implante dans une ville secondaire, ce sont des enseignants, du personnel d’encadrement technique, des étudiants, bref, une nouvelle population qui arrive. Donc de la richesse », souligne Macky Dembélé, coordonnateur du PDU.

OLIVIER POUR JA

Prévue pour être bâtie en trois étapes sur 970 ha, l’université d’Adiaké va former aux métiers du cinéma, de l’industrie culturelle, des arts et du sport, entre autres. À Daoukro, les 400 ha du futur campus accueilleront des étudiants en génie civil et industriel, en climatologie et en agriculture. La faculté d’Abengourou, qui doit s’étendre sur 400 ha, proposera pour sa part des formations en sciences de l’éducation et

en santé, mais aussi en agriculture et en aviculture. Odienné devrait également occuper 400 ha et dispenser un enseignement portant sur diverses techniques de la production animale et de l’agro-industrie. Enfin, à Dabou, des programmes sur les secteurs des mines et de l’énergie, mais aussi sur l’industrie du bois et de la pêche sont annoncés. La superficie du campus n’est pas encore définie. A.S.K.

Au total, treize universités sont concernées par cette réforme, y compris les cinq premières créées par les présidences antérieures et depuis rénovées: Félix-HouphouëtBoigny (Cocody), Nangui-Abrogoua (Abobo et Adjamé), Alassane-Ouattara (Bouaké), Jean-Lorougnon-Guédé (Daloa), Péléforo-Gbon-Coulibaly (Korhogo). Chacune disposera d’un campus de près de 300 ha pour une capacité, à terme, d’au moins 20000 étudiants. L’objectif est de pouvoir accueillir une partie de plus en plus importante des 80 000 à 100 000 bacheliers qui viennent frapper, chaque année, aux portes de l’enseignement supérieur. Après l’ouverture de l’université de Man (Ouest) en février 2017, la construction des universités de Bondoukou (Nord-Est) et de San Pedro (Sud-Ouest) est attendue pour 2020. Si l’appel d’offres concernant cette dernière est encore en préparation, celui portant sur la construction de la première a été lancé en décembre 2017 par le gouvernement. Coût du projet : 66,7 milliards de F CFA (plus de 100 millions d’euros) obtenus par le gouvernement sous la forme d’un prêt non concessionnel accordé par la Banque islamique de développement. À plus long terme, les futures universités décentralisées devraient coûter beaucoup plus cher. Faute de structures, les investissements pourraient s’élever à plus de 180 milliards de F CFA pour chacune. Leur ouverture va s’échelonner à partir de 2020 pour accueillir à leur tour des milliers d’étudiants à Abengourou (Est), Adiaké (Sud-Est), Dabou (Sud), Daoukro (Centre-Est) et Odienné (Nord-Ouest).

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DR

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Le Noom Hôtel Abidjan, du groupe Mangalis, a été conçu spécialement pour les voyageurs d’affaires.

TOURISME

La tête dans les étoiles Les groupes internationaux rivalisent de projets pour combler le manque d’hôtels de standing dont pâtit Abidjan. Revue de détail.

BAUDELAIRE MIEU

a croissance soutenue du pays fait d’Abidjan un carrefour incontournable en Afrique subsaharienne. En 2016, le tourisme d’affaires a rapporté 906 milliards de F CFA (1,4 milliard d’euros) de recettes. Mais l’offre hôtelière – moins de 3 000 chambres – est loin de satisfaire les besoins. Lors des Jeux de la Francophonie et du sommet UE-UA, les capacités d’hébergement ont vite atteint leurs limites, obligeant les organisateurs à envoyer les participants en banlieue et alentour. Et les mêmes manques sont constatés à chaque conférence, festival ou autres forums. Bien décidés à surfer sur la vague, les groupes internationaux rivalisent de projets. Sheraton s’est associé à la Société des lagunes (SDL), dirigée par l’Ivoirien Georges Angama, pour créer un hôtel cinq étoiles de 300 chambres nécessitant 77 millions d’euros. Abou Kassam

L

Mohamed, le PDG de la Société abidjanaise de promotions industrielles et immobilières, accélère son projet de réaliser un Mövenpick de 160 chambres en partenariat avec Bouygues et la Compagnie ivoirienne d’électricité pour 58 millions d’euros. Le français Accor, déjà leader avec quatre hôtels, prévoit de construire un Novotel et un appart-hôtel Adagio. Le marocain Palmeraie se prépare, lui, à bâtir un cinqétoiles pour près de 84 millions d’euros à Abidjan. Mangalis Hôtel Group, la filiale du conglomérat panafricain Teyliom, achève son Noom Hôtel de 257 chambres pour environ 29 milliards de F CFA. Ritz-Carlton et Kempinski suivent également de très près la capitale économique ivoirienne, où plusieurs résidences de charme sont également en train de voir le jour. Pour une montée en gamme de l’offre hôtelière d’Abidjan, qui, en plus de répondre aux manques, semble vouloir y mettre les formes.

BUSINESS, PLAGES ET CONCERTS Le tourisme a contribué au PIB à hauteur de 7,5 % en 2016, avec une progression moyenne de 5,4 % attendue chaque année jusqu’en 2026. L’ambition est de faire du secteur le troisième pôle de croissance du pays. En 2016, ses recettes ont dépassé 1 380 milliards de F CFA (2,1 milliards d’euros), dont plus de 1 200 milliards apportés par les voyageurs

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nationaux. Les Ivoiriens ont en effet pris goût aux loisirs. Ils écument régulièrement les sites paradisiaques d’Assinie, le Saint-Tropez local, ou les plages du Sud-Ouest, qui rappellent tant celles de la Corse, en France. De nombreux promoteurs de spectacles se sont d’ailleurs éloignés des salles et des stades pour organiser,

momentanément, de grands concerts sur les plages. Pour accompagner le mouvement, Siandou Fofana, le ministre du Tourisme, a décidé de créer deux fonds. Le premier, doté de 500 milliards de F CFA, est financé par le secteur privé en vue de mutualiser les efforts pour réaliser des infrastructures d’envergure. Le second instrument doit

voir le jour d’ici à 2025, sous la forme d’un fonds souverain entièrement axé sur le développement du tourisme et disposant de 2 500 milliards de F CFA. Il permettra de garantir des prêts et emprunts destinés à financer les grands projets touristiques. Le gouvernement en a confié l’élaboration au cabinet McKinsey. B.M.



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LE JOUR OÙ…

MONIQUE LE HOUELLEUR

Jean-Michel Basquiat a découvert Korhogo

L’artiste devant ses toiles au Centre culturel français d’Abidjan, en octobre 1986. ANNA SYLVESTRE-TREINER

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n cette fin d’octobre 1986, Jean-Michel Basquiat prend la route du nord de la Côte d’Ivoire. Le peintre américain est arrivé quelques jours plus tôt à Abidjan pour une exposition présentant certains de ses tableaux au Centre culturel français (CCF). C’est la première fois qu’il met les pieds en Afrique. Du haut de ses 25 ans, il est déjà une icône de l’underground new-yorkais. Le monde s’arrache ses toiles, mais dans la cité ivoirienne, son œuvre torturée laisse plus dubitatif. « Je ne resterai pas longtemps devant ces tableaux », aurait ainsi lâché Georges Courrèges, l’influent directeur du CCF, devant Kaïdin. De son vrai nom Monique Le Houelleur, cette artiste alors installée en Côte d’Ivoire depuis quelques années est chargée de guider Basquiat. Le jeune

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homme d’origine haïtienne n’a qu’une envie, quitter la grande ville. Cela fait longtemps qu’il fantasme le continent. « Il m’a simplement dit: je veux découvrir l’Afrique », se souvient-elle.

Terre d’inspiration

À l’improviste, elle emmène Basquiat, sa petite amie Jennifer Goode, le marchand d’art Bruno Bischofsberger et sa femme à Korhogo. « Y aller semblait une évidence. C’était une terre d’inspiration pour beaucoup d’artistes, et ça l’est devenu pour Basquiat », explique-t-elle. Une journée de route plus loin, là où la forêt laisse place à la savane, la capitale du pays sénoufo est installée sur une terre d’artisans et de croyances. Ici on tisse et on sculpte de génération en génération. Assis à l’ombre de son kiosque en bois du quartier Koko, Mamadou Sorho promène ses doigts avec

aisance sur le bois. C’est ainsi, à Korhogo, on naît sculpteur. Calao, masques…, les objets s’accumulent sur les petites étagères. Aujourd’hui ils sont surtout là pour contenter les badauds de passage. Mais dans cette région où règne le rite initiatique du poro, la sculpture a conservé toute sa puissance mystique. « Les charlatans viennent nous voir chaque jour pour que l’on sculpte les objets avec lesquels ils prodiguent leurs conseils. »

Trésors sénoufos

Objets rituels, les fétiches ivoiriens sont devenus des œuvres d’art exposées dans les musées. Warhol, Fernand Léger ou Picasso ont été marqués par les trésors sénoufos. « Des sculpteurs ivoiriens viennent jusqu’ici pour s’imprégner de notre savoir-faire. Beaucoup d’autres ont été influencés par nos œuvres », assure Sorho. Il était déjà là, il y a plus de trente ans, lorsque Basquiat est passé dans la ville. « Il était fasciné », croit se souvenir le vieil homme. « Il était fou de joie, abonde Kaïdin, il s’arrêtait dans tous les marchés, il était comme un gosse. » De son voyage, Basquiat rapportera un fétiche et l’envie de retourner sur ces terres. Deux ans plus tard, tout est prêt. Ouattara Watts, un jeune artiste rencontré à Paris, s’est occupé de tout. Il est originaire de Korhogo, comme un signe. Ce 23 décembre 1960, Basquiat doit prendre l’avion. Watts, parti en avance, l’attendra en vain. La veille de son départ, Basquiat est découvert mort d’overdose dans son appartement new-yorkais du 57 Great Jones Street.


COMMUNIQUÉ

AVIS D’EXPERTS

Deana d’ALMEIDA,

Avocat - Head of tax de l’Africa Practice, CMS Francis Lefebvre Avocats

Côte d’Ivoire : Quels atouts fiscaux pour les start-up ? Daniel Kablan Duncan, vice-président ivoirien, vient de l’annoncer : d’ici 2020, le secteur des Technologies de l’information et de la communication (TIC) devrait représenter 15 % du PIB de la Côte d’Ivoire. Fiscalité et financement sont au cœur de l’enjeu.

Une zone franche spécifique La Côte d’Ivoire ne prévoit pas de régime juridique et fiscal spécifique pour les start-up. Le Code Général des Impôts contient quelques mesures, comme par exemple l’octroi d’un crédit d’impôt de 20 % pour l’acquisition des brevets et procédés de fabrication. Encore faut-il réaliser des bénéfices… A cet égard, il faut noter que le report des déficits, comme pour toutes les sociétés, est limité à 5 ans. Les start-up peuvent La zone franche toutefois s’implanter dans la zone franche « ZBTIC » (à 40 km de la biotechnologie d’Abidjan) propose et des technologies un régime fiscal de l’information et particulièrement de la communication attractif. « ZBTIC », située à 40 km d’Abidjan, dont le régime fiscal est très attractif. Elles bénéficient alors d’une exonération de tous impôts et taxes, sous réserve du paiement d’une redevance annuelle de 2,5 % sur le chiffre d’affaires (CA) annuel et, à partir de la 6e année d’activité, d’un impôt annuel de 1 % du CA.

l’absence d’actifs corporels et les risques de pertes rendent difficile l’accès à ces emprunts et les taux d’intérêt demeurent élevés. Les start-up se tournent ainsi vers les fonds de capital investissement, de plus en plus nombreux. Certains sont même exclusivement dédiés au financement de startup africaines. Ces fonds investissent généralement sous forme d’apport au capital, dans le but de revendre à plus ou moins long terme leur participation.

Un véritable hub régional La Côte d’Ivoire dispose d’un régime des holdings attractif, qui conforte son rôle de hub régional. Outre un taux d’impôt sur les sociétés de 25 %, le plus bas de la sous-région, le régime des holdings offre une fiscalité allégée sur les dividendes et sur intérêts versés par la holding. Par ailleurs, les plus-values de cession de titres sont soumises à un taux réduit de 12 % (au lieu de 25 %) voire totalement exonérées lorsque le portefeuille de la holding est composé d’au moins 60 % de participations dans des sociétés ayant leur siège dans l’un des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine. Les personnes physiques ne bénéficiant pas des mêmes avantages fiscaux, les fondateurs devront veiller à leur structure d’investissement afin de ne pas être moins bien traité que leur investisseur en cas de plus-value de cession !

De nombreux fonds d’investissement La Côte d’Ivoire figure dans le top 10 des pays africains ayant attiré le plus de financement pour les start-up en 2016. Quelques mesures sont prévues en vue d’alléger la fiscalité sur les intérêts des emprunts bancaires mais

CMS Francis Lefebvre Avocats 2, rue Ancelle 92522 Neuilly-sur-Seine Cedex - France Tél. : +33 1 47 38 55 00 Email : deana.dalmeida@cms-fl.com www.cms.law/fr/


NICE

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Abidjan, loin des clichés

Pour raconter la capitale économique, un collectif d’artistes lancent Nice, un journal au graphisme inspiré des vieux studios photo. VINCENT DUHEM

n reportage sur les décorateurs de taxis de Treichville, une enquête sur les apprentis gbaka – des enfants que l’on voit dans ces minibus très populaires –, une immersion parmi les fous d’Abidjan, un roman-photo ou encore une sélection de disques de musique ivoirienne des années 1970-1980, le magazine Nice raconte la capitale économique sur papier glacé. Distribué à 2000 exemplaires depuis mi-avril, ce journal, élaboré dès janvier 2017, mêle information et création artistique. n Conçu grâce au travail de l’association Klaym, consacrée à la formation de jeuness photographes et graphistes africains, e Nice présente le travail d’une quinzaine d’artistes ivoiriens, principalement pho-u tographes. Certains sont déjà connus du grand public, tel Kader Diaby, mais la majo-rité se lance à peine. Les uns sont spéciali-sés dans les mariages, d’autres travaillent pour des studios. Il y a des étudiants, des autodidactes. Tous ont suivi une formation payante (65 000 F CFA, soit 100 euros) de plusieurs semaines encadrée par Klaym pour perfectionner leur pratique, à l’issue de laquelle ils ont réalisé le magazine, assistés par des professionnels ivoiriens et étrangers.

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« Nous voulions mettre en avant cette génération très connectée, très fière de ses racines et qui a envie de voir le monde tout en s’inspirant de ses traditions. Graphiquement, l’idée était de conserver l’esprit de la photographie du quotidien, celle des vieux studios photo, pour en faire une signature », explique Flurina Rothenberger, cofondatrice de Klaym et rédactrice en chef du magazine Nice.

« Sombre et joviale »

La publication peut être commandée par WhatsApp à Abidjan. Elle est aussi disponible en Europe à Genève, Zurich, Munich, Paris et Londres.

Le magazine parvient à capturer l’énergie d’Abidjan, son paysage urbain en mutation permanente, sa diversité et ses contradictions. Une ville « à la fois sombre et joviale », encore marquée par les stigmates des dix années de crise politico-militaire, comme l’écrit le jeune photographe de mode Dadi. Initiatrice du projet, Flurina Rothenberger espère que cette initiative participera à la redynamisation de la photographie en Côte d’Ivoire. « Il est très difficile pour les jeunes artistes africains d’accéder aux marchés locaux et internationaux, remarque cette photographe suisse qui a grandi à Abidjan. Les concours sont généralement en anglais, ce qui est un problème pour les francophones. Une grande partie de leur travail passe inaperçu. » L’artiste suisse compte renouveler l’expérience lancée à Abidjan dans les plus grandes métropoles du continent, du Caire à Addis-Abeba en passant par Johannesburg.


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