JA N° 3000 DU 8 AU 14 JUILLET 2018 DOSSIER TELECOMS

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ALGÉRIE-TUNISIE

CÔTE D’IVOIRE La bataille du Nord a commencé

SÉCURITÉ : ENQUÊTE SUR UN MALAISE

CAMEROUN Insubmersible Philémon Yang

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3000 DU 8 AU 14 JUILLET 2018

Aliou Boubacar Diallo

Cheick Modibo Diarra

Soumaïla Cissé

Modibo Sidibé

MALI

La ruée vers Koulouba Vingt-trois challengers croient dur comme fer en leurs chances de l’emporter sur Ibrahim Boubacar Keïta. Qui sont les plus dangereux pour le président sortant ?

ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE

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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 birrs Grèce 4,80 €

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Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 4,80 €

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Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 3,50 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285


Orange opérateur digital multi-services en Afrique et au Moyen-Orient

Le numérique au service des besoins essentiels : santé, éducation, agriculture, énergie solaire et services financiers


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Le rendez-vous des LeaderEs de demain

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Dossier Télécoms

ISSAM ZEJLY/TRUTHBIRD MEDIAS POUR JA

La solution de transfert d’argent et de paiement compte aujourd’hui 38,7 millions de clients dans 17 pays.

MOBILE BANKING

Orange Money sur tous les fronts

Dix ans après avoir lancé sa solution de paiement pour fidéliser sa clientèle, l’opérateur commence à développer des services financiers. Au grand dam de ses anciens partenaires bancaires. SAÏD AÏT-HATRIT

À

la fin de l’année 2008, Orange était le premier opérateur de télécoms à déployer un service de transfert d’argent et de paiement mobile en Afrique francophone, en l’occurrence en Côte d’Ivoire, afin de fidéliser une clientèle

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jeuneafrique no 3000 du 8 au 14 juillet 2018

qui utilise essentiellement des cartes prépayées. « Au Kenya, M-Pesa avait connu une croissance fulgurante après seulement vingt mois d’activité, rappelle Thierno Seck, à l’époque directeur de projet chez Orange Money et aujourd’hui à la tête du cabinet Sefima Advisory Services. Nous étions optimistes, car les solutions de mobile money répondaient à des besoins

structurels, notamment en matière de bancarisation, et s’inscrivaient dans une dynamique de fond. » Orange s’attelle alors à convaincre ses clients que son nouveau service est sûr, tandis que des contrats sont signés avec les gérants des points de vente de son réseau. À cette époque, il n’est pas rare que les clients qui souhaitent effectuer un retrait soient obligés de faire le tour


des points de vente en raison d’un manque de liquidités. Cette difficulté a peu à peu disparu à mesure que les marchés ont atteint une taille critique.

241 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017

Dès 2011, le service de mobile money atteignait 3 millions d’abonnés dans neuf pays. Alors qu’Orange s’appuie au départ sur son propre réseau, 5 000 kiosques sont progressivement mis en place au Mali à partir de 2014 – le pays en compte 25 000 aujourd’hui. Cette stratégie est ensuite déployée en Guinée, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Dans chaque pays, dès qu’un marché arrive à maturité, l’opérateur étoffe son offre en fournissant de nouveaux produits et services. Des partenariats ont ainsi été noués en 2012 avec Canal+ pour le paiement de factures, puis l’année suivante avec Total dans douze pays, les stations-service ayant l’avantage de disposer de liquidités. Les clients se familiarisent alors avec un nouveau geste : le paiement mobile. En Côte d’Ivoire, Orange propose aujourd’hui une plateforme de financement participatif baptisée Orange Collecte. Au Sénégal, ses agents se déplacent chez les clients via le dispositif « cash à domicile ». Le groupe a également investi en 2016 dans Jumia, permettant au groupe d’e-commerce de diversifier ses moyens de paiement et à Orange de capter un nouveau marché. Dix ans après, la « mission est réussie », affirme Alban Luherne, directeur d’Orange Money pour l’Afrique et le Moyen-Orient. Le service compte aujourd’hui 38,7 millions de clients dans 17 pays, dont 13 millions d’utilisateurs mensuels. Il a généré en 2017 26 milliards d’euros de valeur de transactions. Au Burkina Faso, ce montant s’est élevé à 5,2 milliards d’euros l’année dernière, soit près de la moitié du PIB du pays. « Comme Safaricom ou MTN, Orange a su gagner la confiance des utilisateurs, en partie grâce à sa marque, déployer un réseau dense et proposer une interface simple », résume Jean-Michel Huet, associé chez BearingPoint. Et

d’ajouter : « M-Pesa avait été lancé une première fois en 2003, mais la simplicité du parcours client faisait alors défaut. » Le fait que les clients d’Orange Money soient devenus beaucoup plus fidèles à l’opérateur, l’objectif initial poursuivi, paraît aujourd’hui presque secondaire tant ce service s’est imposé comme une composante essentielle de l’activité du groupe français. Il a généré un chiffre d’affaires de 241 millions d’euros en 2017, soit 5 % des recettes d’Orange en Afrique et au Moyen-Orient. Dans certains pays, ce service représente entre 10 et 15 % du chiffre d’affaires de l’opérateur, comme en Côte d’Ivoire, où Orange Money compte 6 millions d’abonnés, soit plus de la moitié du marché local.

Émetteur de monnaie virtuelle à la demande de la BCEAO

Cette mutation est formalisée dans l’organisation même du groupe. Au départ, Orange Money s’est lancé en partenariat avec des banques émettrices d’une monnaie distribuée par l’opérateur. Mais, en 2015, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a incité les telcos à devenir émetteurs de monnaie virtuelle, dans un contexte d’explosion du marché (voir ci-contre). Orange dispose aujourd’hui d’un établissement de monnaie électronique (EME) dans sept pays. « Cela permet d’avoir un dialogue direct avec les autorités et de raccourcir le délai de mise sur le marché de nos produits, puisque nous devions auparavant passer par un partenaire », explique Alban Luherne. Désormais garant de la conformité de ses opérations, Orange Money a recruté des compétences bancaires pour chaque EME et installé à Abidjan un centre d’expertise en conformité avec Orange Money, dont les outils sont mutualisés. « C’est une étape importante de notre évolution, car les services financiers sont devenus un axe incontournable de notre stratégie », poursuit-il. Quid de la concurrence avec les banques ? « Historiquement, nous nous sommes adressés à une frange de la population dépourvue de

UN SECTEUR TRÈS DYNAMIQUE EN AFRIQUE DE L’OUEST

104,5

millions de comptes de mobile money en 2017 (+ 20,9 % par rapport à 2016) Valeur des transactions:

5,3

milliards de dollars

34 % du total des comptes

au sud du Sahara

57 opérateurs de services 13 fois plus d’agents de

services financiers mobiles actifs que de succursales bancaires et de distributeurs automatiques SOURCE : GSMA

jeuneafrique no 3000 du 8 au 14 juillet 2018

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SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA

Dossier Télécoms MOBILE BANKING

Un kiosque dans le quartier des Almadies, à Dakar.

CES PAYS QUI RÉSISTENT ENCORE… Le Maroc est en Afrique le seul pays de présence d’Orange où son service de transfert d’argent et de paiement mobile n’est pas déployé. « Au Maghreb, il n’y a pas de success-story dans le secteur, cela est sans doute lié à des usages différents et à la meilleure structuration des solutions de transfert d’argent », estime Alban Luherne. L’opérateur français réfléchit néanmoins à développer une offre dans le royaume, un taux de bancarisation élevé n’étant pas forcément un frein. Vodacom et MTN ont par ailleurs cessé en 2016 leurs activités de mobile money en Afrique du Sud, en raison d’un « manque de viabilité commerciale », avait indiqué le second, qui songe toutefois à un retour. S.A.H.

compte bancaire, précise le directeur d’Orange Money. Aujourd’hui, les banques vont vers ces populations, et il y a effectivement de la concurrence sur un petit segment du marché, mais les deux parties ont besoin l’une de l’autre. » Dans le cadre de partenariats, Orange Money permet dans plusieurs pays des mouvements d’argent avec des comptes logés notamment chez Ecobank, Bank of Africa et BNP Paribas. Au Botswana, où les services de mobile money se sont développés malgré un taux de bancarisation proche de 50 %, l’opérateur propose une carte Visa depuis 2013. Le principal avantage concurrentiel d’Orange est de compter 160 000 points de vente sur le continent, quand un établissement bancaire dispose d’une dizaine d’agences par pays. « Les banques, qui regardaient le mobile money de loin, ont l’impression d’avoir fait entrer le loup dans la bergerie, mais il ne faut pas pour autant les enterrer, explique JeanMichel Huet. Elles s’appuient sur des marques fortes et sur des millions de clients. Elles maîtrisent en outre la chaîne de la réglementation financière, disposent de fonds et ne sont

pas mauvaises sur le mobile banking ». « Paradoxalement, le réel avantage d’Orange n’est pas technologique, il est à chercher dans sa capacité à comprendre les usages d’une population rurale et urbaine », estime de son côté Yoann Lhonneur, directeur associé chez Devlhon Consulting.

À la conquête des entreprises et du secteur informel

C’est ainsi qu’Orange Money a vocation à devenir un compte et à proposer des produits d’épargne, de crédit et d’assurance. En partenariat avec Première Agence de microfinance (Aga Khan), il a déjà lancé des services d’épargne et de prêt à Madagascar en avril, puis au Mali en juin. L’un de ses principaux enjeux est désormais d’améliorer ses services aux entreprises, notamment pour capter une partie des paiements de salaires dans l’informel et les travaux agricoles, où le recours aux espèces est la norme. Rapidité, sécurité, transparence, recouvrement des taxes… sont autant d’avantages que l’opérateur met en avant. Autre levier déterminant : le transfert d’argent international, où Orange est entré en concurrence


COMMUNIQUÉ

AVIS D’EXPERTS

Debora COMPARIN,

Market Development Manager chez IDEMIA

L’interopérabilité, clé de voûte d’une identité au service du citoyen L’identité est un outil essentiel du quotidien de tout citoyen. Elle lui ouvre l’accès aux services privés tels que l’ouverture d’un compte en banque, comme l’accès aux services publics tels que l’éducation ou la santé. Cependant cette identité est fragmentée. En effet, chaque département du gouvernement dispose d’une identité du citoyen sans aucune vérification de cohérence avec ses entités sœurs. Afin de garantir la fiabilité des données, il est donc impératif d’améliorer l’interopérabilité des systèmes étatiques, seule solution à ce défi. Les cartes d’identité, permis de conduire, passeports, cartes d’assuré social ne sont rien d’autres que les porteurs d’informations stockées dans les bases de données gouvernementales. Partant de ce constat, la difficulté, tant pour les gouvernements que pour les citoyens, est d’assurer la cohérence de ces informations ainsi que leur mise à jour permanente. Il s’agit en effet de s’assurer que le citoyen soit bien enregistré dans chaque registre sous la même identité. C’est-à-dire de garantir par exemple que le nom et l’adresse du citoyen sont les mêmes pour la sécurité sociale et pour le trésor public. Grâce à l’interopérabilité des systèmes étatiques, le citoyen ne serait plus contraint d’indiquer ses changements d’informations à chaque organisme. La mise à jour pourrait se faire dans un registre-maître et être partagée ensuite avec qui de droit. A l’image d’un puzzle, chaque organisme serait porteur d’un jeu d’informations, qui les partagerait en fonction des besoins et sous le contrôle du citoyen et donc dans le respect de la vie privée.

alors que les registres ont probablement été développés à divers moments et à partir de différentes technologies. Par ailleurs, le manque de standards est un obstacle supplémentaire au partage efficace des données entre systèmes. Dans ce contexte, l’industrie de l’identité sous la bannière de SIA (Secure Identity Alliance), dont IDEMIA est le co-fondateur, s’attache à résoudre ce défi. Sa réponse consiste à développer et déployer une nouvelle interface de communication (Open Source API) qui assure l’interopérabilité entre les différents systèmes. L’interface est indépendante de la technologie, de l’architecture, de la solution ou du fournisseur. Cela ouvre de nouvelles perspectives au monde de l’identité vers des systèmes de gestion d’identité durables, robustes et interopérables et qui replacent le citoyen au cœur du dispositif.

L’interopérabilité au service du secteur des télécoms : une vérification d’identité fiable et simple Avec près de 6 milliards d’utilisateurs de smartphones en 2020, le secteur des télécoms illustre les différents défis de l’identité d’aujourd’hui et de demain. En effet, Les opérateurs ont l’obligation légale de vérifier l’identité de leurs nouveaux utilisateurs avant de leur attribuer un numéro. Comment faciliter ce processus de vérification d’identité, ou KYC (Know Your Customer) ? C’est là que l’interopérabilité entre en jeu et permet aux opérateurs télécoms de vérifier l’identité de leurs nouveaux utilisateurs efficacement en s’appuyant sur les bases de données gouvernementales fiables.

Ainsi, l’interopérabilité protègerait non seulement l’individu contre le risque de vol d’identité, mais aussi les États contre la fraude, puisqu’elle faciliterait le partage des informations pour le citoyen. Pour y parvenir, les différentes entités doivent pouvoir se transmettre les données, les partager et les utiliser dans un langage commun. L’enjeu réside dans cette communication

IDEMIA

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Dossier Télécoms MOBILE BANKING Communiqué

InfraNum Très haut débit pour tous : l’Afrique a sa carte à jouer Les télécommunications représentent un enjeu majeur pour l’avenir de l’Afrique. De nombreux pays affichent une réelle ambition pour se doter d’une infrastructure à haut débit permettant une couverture inclusive de leurs territoires. InfraNum (ex. FIRIP), fédération qui rassemble plus de 200 entreprises partenaires des territoires connectés, porte le projet du « Très Haut Débit pour tous », au-delà des frontières françaises. Elle tend la main aux États africains… Elle accompagne les porteurs de projet dans la mise en place d’une infrastructure neutre, ouverte et mutualisée, tout en envisageant avec eux le développement des usages sur leurs territoires.

3 fondamentaux : • La péréquation pour que les territoires ruraux bénéficient d’une couverture de même qualité qu’en zones denses ; • Le co-financement grâce à la mise en place de Partenariats Publics Privés ; • L’implication de l’écosystème local, avec l’appui des ressources humaines locales pour construire puis exploiter les réseaux sur place. Forte de l’expertise de ses membres, qui sont en passe de réussir le Plan France Très Haut Débit, la fédération est passée maître dans la mise en place d’une démarche offrant des garanties sur le long terme, de nature à stimuler la concurrence sur les services et à offrir des prestations de qualité. La commission internationale d’InfraNum regroupe de nombreux membres déjà impliqués dans plusieurs pays africains. Contactez-nous !

dg@infranum.fr +33 1 45 05 72 52 InfraNum - 11-17 rue de L’Amiral Hamelin - 75783 Paris Cedex 16

DES ACTEURS QUI PRENNENT DU POIDS AIRTEL MONEY

11,5

millions de clients

4,8

milliards d’euros de transactions en 2017 (+ 45 %)

MTN MOBILE MONEY

21,8

millions de clients (+ 38 %)

4,5

milliards d’euros de transactions en 2017 ORANGE MONEY

38,7

millions de clients

26

milliards d’euros de transactions en 2017 M-PESA

27

millions d’utilisateurs enregistrés

58

milliards d’euros de transactions en 2016

frontale avec les acteurs en place, qui lui ont parfois reproché, à l’image de Wari, au Sénégal, de profiter de sa position pour leur mettre des bâtons dans les roues. L’opérateur a créé en 2013 des corridors internationaux entre la Côte d’Ivoire, le Mali et le Sénégal, puis avec le Niger, le Burkina Faso et la Guinée-Bissau, avec à la clé environ 15 millions d’euros de transferts par semaine. Depuis juin, Orange propose ce service entre le Botswana et le Zimbabwe, en partenariat avec EcoCash. Celui-ci existe aussi depuis la France vers Madagascar et la Guinée. En revanche, les transferts vers la Côte d’Ivoire, le Mali et le Sénégal ont été suspendus au début de 2017. La raison en est que la BCEAO a estimé qu’un EME ne pouvait pas effectuer d’opérations de change, ce qui a poussé Orange, qui dispose depuis d’un accord formel en Côte d’Ivoire et au Mali, à chercher un partenaire.

Les régulateurs imposent l’interopérabilité

Concurrence entre telcos, banques, opérateurs de transferts internationaux… Les règles sont encore appelées à évoluer avec l’extension de l’interopérabilité. Attendue comme un catalyseur, cette convergence des services entre opérateurs de mobile money est réclamée par les régulateurs. Les services d’Orange Money sont déjà interopérables depuis septembre 2016 avec ceux de ses concurrents à Madagascar, deuxième pays africain après la Tanzanie à franchir le pas. « L’interopérabilité sera le terrain idéal d’observation de la dynamique de coopération mais aussi de compétition entre ces acteurs », assure Thierno Seck. Et d’ajouter: « Il faut distinguer l’interopérabilité restreinte au mobile money, dont l’agenda devrait être imposé par les régulateurs, de celle élargie à l’ensemble des solutions de paiement (cartes, virements…). Cette dernière devrait s’appuyer sur un schéma ouvert et normalisé pour favoriser des partenariats et laisser davantage de place au jeu concurrentiel. Nous n’en sommes donc qu’au début d’une belle histoire. »



Dossier Télécoms

INTERNET MOBILE 59 % 35 %

INFOGRAPHIE DES TÉLÉPHONES DE PLUS EN PLUS CONNECTÉS Afrique du Nord

33 %

22 %

10 %

6%

Afrique de l’Ouest

SOURCES : GSMA, HOOTSUITE

5%

Encore de trop grandes disparités

WhatsApp gagne le match des messageries instantanées

Afrique centrale

83 %

Accès à un réseau social depuis un mobile WhatsApp Facebook Messenger Telegram

La 3G progresse (%) 2G 3G 4G

Afrique de l’Est

12 %

55 %

Connectivité haut débit sur mobile

27 % 42 %

3% Afrique australe

Fiber Monitoring

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COMMUNIQUÉ

AVIS D’EXPERTS

Stéphane LELUX,

Fondateur, Président du Groupe Tactis / Innopolis

L’Afrique, terre d’innovation digitale mais dont le socle reste à bâtir ! En 2017, plus de 25 millions d’euros de transactions mobile money ont été enregistrées par jour en Côte d’Ivoire. Le Rwanda a été précurseur mondial en 2016 pour la livraison par Drone de poches de sang. Ce service en moins de 30 min. a permis de sauver des vies en réalisant 20% des livraisons vers des dispensaires hors Kigali. La Sierra Léone a été le premier pays au monde à utiliser la Blockchain pour certifier la dernière élection présidentielle. Les exemples foisonnent, l’Afrique peut, mieux que tout autre continent, saisir les opportunités de sauts technologiques.

diable se cache dans les détails : de la conception aux travaux, jusqu’à l’exploitation. La pérennisation de ce patrimoine, socle de la transformation digitale, passe aussi par la montée en compétence des sous-traitants locaux souvent sous pression des contrats « clé en main » de grands industriels internationaux.

L’Afrique fait face à de multiples défis (boom démographique, changement climatique) qui sont aussi des opportunités d’innovations permettant de valoriser son potentiel humain et ses atouts créatifs, riches d’une diversité culturelle unique.

Ma conviction est que le digital permet des sauts générationnels dotant l’Afrique d’un nouveau statut de « terre d’innovation et d’inspiration » pour le monde entier, pour un digital frugal, agile et inclusif.

D’ici à 2050, plus d’1,2 milliard d’africains seront urbains, soit trois fois plus qu’aujourd’hui. Cet espace urbain souvent déjà saturé, non planifié, invite l’innovation digitale pour apporter des réponses pragmatiques (connectivité, éducation, santé, énergie, mobilité…). Permettre une innovation frugale, c’est avant tout adapter les infrastructures urbaines et contribuer à ancrer durablement la vie dans les villages. La Banque Africaine de Développement estime qu’environ 170 milliards d’euros d’investissements annuels au cours des prochaines décennies seront nécessaires pour que le continent se dote d’infrastructures productives adaptées, soit le double du rythme actuel. L’infrastructure n’est pas une finalité mais un moyen à partir duquel tout devient possible, si elle a été bien conçue. Au-delà des ressources financières, l’enjeu se trouve dans le déploiement de projets pérennes et la capacité des maîtres d’ouvrages publics à les piloter. Trop de projets sont engagés sans vision claire de leur finalité, des modalités de leur exploitation et de leur modèle économique. Le

Avec plus de 50 % de ses activités sur le continent via ses implantations, Tactis devient un expert de référence africain : schémas directeurs d’aménagement numérique, plans haut débit, régulation des infrastructures partagées, service universel, connectivité des villages isolés, montage de projets, suivi et contrôle de backbone en fibre optique, datacenter, towerco, fiberco, etc. Tactis est également fondateur de l’initiative « Digital Observer for Africa », plateforme ouverte conçue comme un accélérateur du partage de bonnes pratiques.

Tactis conseil & ingénierie télécom Leader indépendant de l’aménagement numérique du territoire 43, rue des Meuniers 94300 Vincennes - France Email : africa@tactis.fr - Twitter : @SLELUX Tél. : +33 1 49 57 05 05

www.tactis.fr

PHOTO ET ILLUSTRATION : D.R.

Ma conviction est que le digital permet des sauts générationnels dotant l’Afrique d’un nouveau statut de « terre d’innovation et d’inspiration » pour le monde entier.

Un autre enjeu est celui des leviers de montages publics/ privés et de la décentralisation qui doivent être mobilisés pour assurer un modèle économique durable à ces grands projets.


Dossier Télécoms

INTERVIEW

Jean-Claude Tshipama Directeur général de Broadband in Africa

« Notre modèle de satellite est le plus rentable » Avec le déploiement de son service Konnect Africa, la filiale d’Eutelsat entend fournir du haut débit dans les zones non couvertes par la fibre. Propos recueillis par RÉMY DARRAS

prèsêtrepasséchezlesopérateurs Airtel, Telcel et Digicel, puis chez Microsoft, et après avoir assumé les fonctions de directeur général de Canal+ en RD Congo, Jean-Claude Tshipama a pris à la fin d’avril les commandes de Broadband in Africa, filiale d’Eutelsat (1 478 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017). Sa mission: assurer le déploiement du service Konnect Africa, lancé il y a un an, destiné à fournir de l’internet haut débit dans les déserts numériques africains. Dans deux ans, Eutelsat profitera de son propre satellite, Konnect, qui lui permettra de couvrir tout le continent. Alors que le raccordement aux infrastructures est onéreux, Jean-Claude Tshipama promet un tarif défiant toute concurrence, en visant d’abord des clients « adressables ».

A

JeuneAfrique:LesatelliteAlYah3,sur lequelvouslouezunegrandepartiede vos capacités, sera opérationnel dans les prochaines semaines. On estime que ce satellite a perdu 43 % de sa longévité après des problèmes de mise en orbite,enjanvier.Celaserépercute-t-il sur votre activité? Jean-Claude Tshipama: Le satellite

de Yahsat a atteint sa position orbitale le 31 mai, et une partie de sa capacité sera mise à notre disposition dans les prochaines semaines. Sa mise en service a pris du retard, ce qui a eu pour conséquence de décaler la pleine

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jeuneafrique no 3000 du 8 au 14 juillet 2018

commercialisation de nos offres d’accès à internet sur le continent africain. Par ailleurs, sa longévité réduite est sans conséquence pour nous car, en 2020, nous disposerons de notre propre satellite, Konnect, qui prendra le relais des satellites Al Yah 2 et Al Yah 3 en couvrant des zones que ces derniers n’atteignent pas. Konnect couvrira 98 % de l’Afrique subsaharienne. Il est en cours de construction et sera opérationnel dans deux ans. Al Yah 3 nous apportera de la couverture supplémentaire. Avec Konnect, on couvrira tous les pays africains. Il y a un an, vous lanciez le service d’accèsàinternetKonnectAfricadans neuf pays. Où en est aujourd’hui son déploiement?

Nos services résidentiels et destinés aux entreprises sont en cours de développement et de déploiement. Pour notre nouveau service SmartWifi, qui permet d’apporter internet à tout un village à travers un point d’accès wifi partagé, nous sommes dans la phase d’identification de nos partenaires.

435

millions d’individus connectés à internet en Afrique

34 % de pénétration

Actuellement, nous effectuons avec ces derniers les tests techniques en Afrique du Sud, au Cameroun et au Kenya. On ajoutera bientôt neuf pays à la couverture de nos services, dont le Sénégal, le Congo-Kinshasa, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Rwanda, le Burundi et la Zambie. Un faisceau couvrira Brazzaville. Notre objectif est de desservir les zones non couvertes par la fibre, par la 3G ou la 4G, d’offrir une solution complémentaire aux opérateurs de téléphonie mobile. Ce qui permettra de réduire la fracture numérique et d’apporter internet au-delà des zones périurbaines. Le déficit d’accès à l’électricité en zone rurale n’est-il pas un frein au déploiement de votre solution?

Ce n’est pas un problème pour nous, puisque nous ciblons essentiellement des clients « entreprises », qui ont déjà accès à l’électricité, voire qui en produisent eux-mêmes pour leurs propres besoins, parfois au travers de panneaux solaires. La pénétration du smartphone n’est pas non plus un enjeu pour nous. Sa part ne va cesser de grandir.

Certains déserts numériques sont aussi des déserts économiques, sans industrie,oùlespopulationssontplutôt agricoles. Comment votre service peut-il être rentable dans ces zones?

Nous avons établi la typologie d’une centaine d’entreprises rurales – hôtels, agences bancaires, stations-service, sociétés minières, fermes – qui ne sont aujourd’hui pas desservies par la fibre optique. Cette dernière est coûteuse et se limite aux grandes villes. Plus on sort des villes, moins il y a d’argent disponible pour installer la fibre, plus les investissements sont substantiels. Quant à la solution 3G, elle est également extrêmement coûteuse pour les opérateurs mobiles dans les zones peuplées. Nous ciblons aussi des populations résidentielles, notamment des foyers qui peuvent se permettre d’acheter une antenne et bénéficier ainsi de nos offres. Pour ceux qui n’en ont pas les moyens, ou


ritoire. C’est un indéniable avantage. Ce n’est pas le même modèle qu’avec une antenne ou de la fibre, pour lequel l’opérateur de télécoms terrestre raisonne en fonction du nombre de personnes à qui il apporte le service. L’opérateur Camtel vient de signer un partenariat avec le belge SatADSL, au Cameroun. D’autres acteurs apparaissent, comme Turksat (qui a signé un partenariat avec Nigcomsat, au Nigeria),GlobalTelesatetRascomStar, qui se sont associés pour fournir une meilleure connectivité… Comment voyez-vousémergercetteconcurrence avec de plus petits acteurs?

La concurrence est bénéfique pour le marché, elle crée de l’émulation. Nous n’avons pas la prétention de vouloir prendre 100 % du marché. Plusieurs millions de personnes n’ont pas accès à internet, il y a de la place pour tous les opérateurs.

Cela a néanmoins une incidence sur les prix…

Pour le consommateur final, la concurrence apporte de la valeur. Les gens peuvent faire la comparaison sur la qualité de service et d’équipement. C’est au client de juger la valeur de chaque acteur. L’arrivée des satellites conçus par OneWeb, SpaceX et Google ne risquet-elle pas un jour de vous nuire?

D’autres opérateurs proposent des constellations en orbite moyenne ou en orbite basse… Eutelsat a fait le choix d’exploiter des satellites géostationnaires, positionnés à 36 000 kilomètres de la terre. Cela ne nous empêche pas de regarder les satellites en constellations. On considère pour l’instant que ce modèle ne peut pas être rentable pour apporter de la connectivité à internet ou de la vidéo. C’est une technologie qui peut être en revanche intéressante pour l’internet des objets. Le satellite géostationnaire nous semble le modèle le plus efficace pour couvrir tous les usages.

PLUSIEURS MILLIONS DE PERSONNES N’ONT PAS ACCÈS À INTERNET. IL Y A DE LA PLACE POUR TOUS LES OPÉRATEURS.

Facebook travaillerait actuellement de façon expérimentale aulancementd’autres projets satellitaires. Êtes-vous toujours en discussion avec eux?

Nos liens se sont desserrés après l’explosion sur le pas de tir, juste avant son lancement, du satellite israélien Amos-6, en 2016, que nous aurions dû opérer conjointement. Le fonds Inframed avait, en 2016, pris 21 % de Broadband for Africa et en est sorti en 2017. Comptez-vous attirer d’autres fonds d’investissements?

ROMAIN GAILLARD/REA

pour les consommateurs individuels, nous installons aussi des points d’accès wifi partagés dans les villages. Le coût d’accès pour le consommateur individuel est alors très abordable, à partir de 25 centimes d’euro par volume minimum. Une fois l’investissement fait, le satellite couvre toutes les habitations d’un ter-

Nous ne commentons pas les mouvements en cours ou à venir de nos actionnaires sur nos initiatives. Konnect Africa est financé à 100 % par Eutelsat.

jeuneafrique no 3000 du 8 au 14 juillet 2018

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Dossier Télécoms

DATA CENTERS

Le Sénégal s’impose dans la gestion de données Alors que le continent n’abrite que 1 % des sites de stockage dans le monde, Dakar bénéficie en la matière d’une longueur d’avance sur ses voisins.

l’opérateur historique Sonatel, filiale d’Orange, le plus grand à ce jour en Afrique de l’Ouest, mis en service en 2017, et qu’elle réalise celui de l’Agence de développement de l’informatique de l’État (Adie) pour le compte du gouvernement sénégalais.

SYLVAIN CHERKAOUI POUR JEUNE AFRIQUE

Objectif : interconnecter 24 pays africains

Montage d’un système de serveur de CAP DC, à Rufisque. AMADOU OURY DIALLO, à Dakar

n matière de construction de data centers, le Sénégal apparaît de plus en plus comme une place forte dans la sous-région. Le pays en compte aujourd’hui trois. Et le cabinet d’ingénierie CAP DC en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest (CAP DC ACO, filiale du français Cap Ingelec) s’est bien positionné pour profiter à plein de la croissance du secteur, avec 50 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017. Une bonne partie de ses activités proviennent des grands projets d’infrastructures du Plan Sénégal émergent, comme les nouveaux pôles urbains de Diamniadio et du Lac-Rose, qui mettent les nouvelles technologies à l’honneur. L’entreprise, fondée par l’ingénieur sénégalais Serigne Kebe, y intervient

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jeuneafrique no 3000 du 8 au 14 juillet 2018

sur les opérations techniques liées au calcul de l’énergie, à la climatisation, la sécurité, la formation, le financement d’autres projets, grâce au concours, par exemple, de la banque d’investissement BPI. Elle ne se positionne pas encore sur la gestion de data centers ou la vente de services d’hébergement… C’est ainsi qu’elle a conçu le centre de données de

« DU FAIT DE SA MATURITÉ DANS LE SECTEUR, L’AFRIQUE DU SUD DÉTIENT DEUX TIERS DES ÉQUIPEMENTS », ANALYSE SERIGNE KEBE, FONDATEUR DE CAP DC.

Concernant celui de l’opérateur Tigo, en activité lui aussi depuis 2017, CAP DC ACO s’est plutôt concentré sur son processus de certification et sur la formation. Selon Serigne Kebe, les coûts cumulés de ces trois plus importants projets de data centers réalisés au Sénégal (où les principaux concepteurs sont notamment les français APL, Critical Building, CFAO Technologies, et le chinois Huawei) sont estimés à plusieurs dizaines de millions d’euros. À l’échelle du continent, la note atteint plusieurs centaines de millions. L’entreprise y a piloté la phase de conception des centres de traitement de données du Groupement Orange Services (GOS), en Côte d’Ivoire, où elle compte ouvrir une nouvelle filiale l’année prochaine, et d’Orange Cameroun, le plus grand d’Afrique centrale. En partenariat avec le groupe Africa Development Solutions (ADS), de l’entrepreneur malien Samba Bathily, elle développe le projet Smart Africa, un de ses chantiers les plus importants, dont l’objectif est d’interconnecter plus de vingt-quatre pays du continent et de les doter d’infrastructures de stockage. Serigne Kebe reste très confiant. Les projets se multiplient sur un continent où les centres de données professionnels en Afrique ne datent que d’environ cinq ans. De grandes annonces ont été faites durant l’année écoulée. En mai 2017, pour la première fois, un Gafam (Google, Amazon,



Dossier Télécoms

Facebook, Apple, Microsoft), en l’occurrence Microsoft, a annoncé l’implantation de deux data centers en Afrique du Sud. Le britannique Zircom et le marocain Medasys ont annoncé le lancement, dans le royaume, d’un projet de très grand centre de données qui aurait pour vocation d’héberger un cloud pour l’Afrique.

Un environnement législatif sécurisé

L’opérateur Liquid Telecom, établi à Maurice, envisage, lui, d’investir 110 millions de dollars (94,5 millions d’euros) dans ses data centers. Le jeune patron de CAP DC ACO, formé à l’École supérieure polytechnique de Dakar (ESP), juge satisfaisant le rythme de développement des data centers et des services associés au Sénégal et, plus généralement, sur le continent, et il estime que le potentiel de croissance est très fort. « L’Afrique n’abrite que 1 % de ces infrastructures construites dans le monde », rappelle-t-il. Les disparités varient en fonction des pays et des régions. Le Sénégal bénéficie, par exemple, d’une légère avance en matière d’infrastructures par rapport à certains de ses

LA CÔTE D’IVOIRE SE DOTE D’UN SUPERCALCULATEUR

Après celui ouvert en 2016 au Cap, le supercalculateur inauguré le 29 juin sur le campus de Bingerville, à Abidjan, est le deuxième à voir le jour sur le continent. Financée par un prêt du Trésor français, la machine, fabriquée par Atos, a la puissance cumulée de 10 000 ordinateurs travaillant en même temps. Le supercalculateur devrait servir dans les domaines de la biologie moléculaire, de l’agriculture ou encore de la climatologie. voisins. Et, comparée à l’Afrique centrale, l’Afrique de l’Ouest dispose d’un plus grand nombre de data centers. Cependant, « du fait de la maturité de son secteur des télécoms, analyse Serigne Kebe, l’Afrique du Sud détient environ les deux tiers [près d’une trentaine de centres] du parc du continent ». « Dans les prochaines

années, juge-t-il, ce pourcentage devrait logiquement tendre vers plus d’équilibre, vu les quantités des données à produire, à traiter, et à stocker sur place. Un potentiel d’autant plus intéressant si on prend en compte les prochaines contraintes d’ordre réglementaire, économique et technique devant toutes favoriser le déploiement des data centers plus proches de leurs propriétaires et de leurs usagers. » Les zones stratégiques proches des câbles sous-marins internationaux sont devenues des « hubs » prioritaires: Djibouti, l’Égypte et toute la côte ouest-africaine. Les grands pays anglophones (le Nigeria, avec les centres de données de Main One ou Rack Centre, ou la zone East Africa) sont actuellement en plein développement, naturellement identifiés comme prioritaires par l’industrie informatique mondiale, elle-même de culture anglosaxonne. « Les zones francophones ont une véritable carte à jouer. Elles ont une fenêtre de tir de cinq ans pour créer des alternatives aux Gafam. Pour cela, les gouvernements devront proposer rapidement un environnement législatif sécurisé autour des données », souligne Serigne Kebe.

DES CONDITIONS D’HÉBERGEMENT JUSQUE-LÀ PEU FAVORABLES Sur le continent, à l’exception de l’Afrique du Sud, les données ont un caractère essentiellement « opérationnel » (noms des abonnés, cartes SIM, voix, etc.), car la plupart des data centers ont été construits à l’initiative des opérateurs téléphoniques. « Le cloud n’est pas encore très

développé en Afrique », explique Serigne Kebe, le directeur général de CAP DC ACO. Les centres de traitement appartenant aux États abritent des données relatives, par exemple, aux effectifs de la fonction publique. Cependant, la plupart des données du continent restent stockées

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en Amérique du Nord, pour des raisons historiques puisque, dans le monde, les premiers utilisateurs de ces infrastructures ont été des entreprises américaines comme Microsoft ou encore Amazon. Et les températures élevées et l’humidité du climat sur le continent n’y ont pas favorisé

l’hébergement des données. La disponibilité énergétique est, de même, déterminante. « L’énergie représente, indique Serigne Kebe, 80 % des coûts d’exploitation d’un data center. » Le reste des données est abrité en Europe et en Asie. A.O.D.

Débit garanti et symétrique allant de 1 à 155Mbps Liaison dédiée et sécurisée Interconnexion de sites point à point ou point multipoints Technologie : Fibre ou FH sur des bandes de fréquences privées Liaison ILPC avec point A au Sénégal et point B partout dans le monde Téléphonie sur IP



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