JA 3005 06 du 12 au 25 août 2018 GF RDC

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RD CONGO

Compte à rebours

ENQUÊTE Kamel Chikhi, l’Escobar de Kouba

SPÉCIAL

24

PAGES

ÉCONOMIE Le Sénégal peut-il rattraper la Côte d’Ivoire ?

NUMÉR DOUBLEO EN VENT DEUX E SEMAIN ES

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3005-3006 DU 12 AU 25 AOÛT 2018

Protection des données personnelles, souveraineté numérique, taxation, lutte contre les fake news… Quelles stratégies le continent doit-il mettre en place pour encadrer l’offensive des Gafam?

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Alain Daniel Shekomba Je veux unir tous les Congolais pour réaliser ensemble un changement en profondeur

Pourquoi êtes-vous candidat aux élections présidentielles du 23 décembre 2018 ? J’ai fait carrière dans le secteur privé où j’ai démontré mon savoir-faire aux différents postes occupés dans des sociétés internationales des technologies de l’information et de la communication (TIC), au Canada et en Guinée équatoriale. Cela m’a permis d’acquérir une vaste expérience en matière de gouvernance et de création d’entreprises. Et je dois aussi signaler qu’avant cette étape de ma vie j’avais eu le temps de démontrer mon engagement public pour l’intérêt général. Pendant les années 1999 et 2000, en tant que président de l’association des étudiants de l’Université de Kinshasa, j’ai décidé de combattre pour une réforme de la gouvernance du pays et ce au profit de tous. Cette vie de militant chevronné m’a certes valu des années d’exil, mais je m’en réjouis toujours. C’est donc du haut de toutes ces expériences que j’ai décidé de me lancer dans la course à la présidence. Les conditions de vie de la population sont révoltantes : tous les indicateurs de développement humain sont au rouge. Je ne cherche pas un poste politique. L’urgence est de rompre avec les anciennes pratiques peu orthodoxes et d’opérer un changement en profondeur pour engager le pays dans une nouvelle voie. J’ai réussi à titre individuel, je souhaite mettre mes talents et compétences au service de ma Nation.


COMMUNIQUÉ

Quel est votre projet ?

blique ; de reconstruire la prospérité et la dignité de chaque Congolais à travers une gestion efficiente, rationnelle et transparente des fonds d’investissement provenant des ressources du pays.

Notre projet repose sur l’implémentation du modèle managérial du secteur privé au service de l’action publique et du mieux-être de chaque Notre ambition est également de planifier et de Congolais. Nous voulons restructurer, reconspermettre à chaque province truire et développer la RDC à du pays de conserver 40 % de l’aune des nouvelles normes de Notre ambition est de permettre ses revenus internes pour ses gestion, tel le New Public Management, au service de l’intérêt gé- à chaque province du pays de propres programmes d’investissement et de développement. néral. Pour y arriver, nous allons conserver 40 % de ses revenus À tout ceci vont s’ajouter nos privilégier cinq secteurs clés : la efforts constants de création santé, la sécurité nationale, l’éduinternes pour ses propres d’emplois et de promotion de cation, l’économie et la justice. programmes d’investissement l’auto-emploi dans le seul but de bannir du territoire de la RDC et de développement. Pourquoi avez-vous créé toutes les formes d’inégalité. Mission Nouvelle est aussi une autre forme de notre engagement au service des Congolais. Il y a beaucoup de désespoir dans notre pays et les acteurs politiques n’entendent pas les cris d’alarme du peuple congolais car chacun pense à son propre intérêt. Les coups bas et la politique de diviser pour régner ont pris le pas sur les réelles aspirations du peuple. Les appétits sont immenses et la corruption a été érigée en mode de gouvernement. Les Congolais n’ont plus confiance dans les hommes politiques qui ne cherchent qu’à négocier des postes pour se partager le gâteau entre eux. D’où la création du mouvement Mission Nouvelle avec comme mot d’ordre : la rupture pour un nouveau départ. Je me situe au-dessus des clivages politiques traditionnels. Je veux éviter la victoire d’un camp sur l’autre et œuvrer pour la prospérité et la dignité de tous les Congolais.

Quelle sera votre stratégie de lutte contre la pauvreté ? Il faut une thérapie de choc dont nous disposons grâce à notre parcours dans le secteur privé. Notre engagement pour un Congo nouveau est résumé en 12 points essentiels. Il s’agira, entre autres, pour nous, de mettre en place une échelle salariale de 1 à 10 à tous les niveaux de gouvernement, du nettoyeur au Président de la Répu-

Nous agirons suivant un Programme d’actions cohérent et réaliste avec des échéances claires. Nous partirons certainement de la restauration de l’autorité et de la crédibilité de l’État non seulement au plan national, mais aussi auprès des partenaires au développement et des organismes internationaux. L’amélioration du quotidien du peuple congolais sera notre travail de tous les jours.

Le lundi 30 juillet 2018, vous êtes allé vous recueillir sur la tombe de Patrice Lumumba à Lubumbashi. Quel sens donnez-vous à cette initiative ? S’il y a un homme public, combattant de la bonne cause qui a marqué positivement les Congolais, c’est bien Patrice Lumumba. Je partage ses valeurs qu’il nous faut aujourd’hui retrouver et promouvoir. La première d’entre elles est la cohésion nationale : sans Congo uni, il n’y a pas de Congo fort disait-il. Par ailleurs, de son vivant, Patrice Lumumba s’est battu pour la démocratie et la construction d’une société juste et équitable. Il avait compris tôt ce qu’il faut pour un Congo développé. Malheureusement, il n’a pas eu le temps de parachever sa mission. Cette responsabilité désormais nous incombe. L’objectif de ce recueillement était donc de dire au monde entier les valeurs qui vont gouverner nos actions. ■

DIFCOM © Hani+Kanaftchian

Mission Nouvelle ?


SONAHYDROC SA La République Démocratique du Congo est appelée à répondre à deux défis majeurs d’ordre énergétique, à savoir la mise en valeur de ses ressources en hydrocarbures et la satisfaction du besoin croissant d’énergies pour le bien de la population et le développement des activités économiques.

répond aux défis SONAHYDROC a pour objet la prospection, l’exploration, l’exploitation, l’importation et la commercialisation des produits pétroliers. Elle est actuellement en association avec des sociétés de l’industrie pétrolière nationale et internationale, pour les travaux d’exploitation et de production des hydrocarbures des bassins sédimentaires de la RDC. La nomination par ordonnance présidentielle de juillet 2017, d’une nouvelle équipe dirigeante a contribué à l’émergence de la Sonahydroc SA nouvelle génération.

STABILISATION ET RELANCE La nomination par ordonnance présidentielle de juillet 2017, d’une nouvelle équipe dirigeante a été une décision salutaire pour les agents et cadres de la Sonahydroc SA. Le nouveau management avait pour mission la stabilisation et la relance économique de la société, mais également la redynamisation et l’amélioration de la qualité de vie des salariés. Pour ce faire, la stratégie adoptée a reposé sur trois axes : 1.

La remobilisation morale du personnel est passée par l’assainissement de la gestion administrative et financière de la société, ce qui a été fortement salué. Cette base réhabilitée a donné aux salariés une nouvelle impulsion de travail pour un travail bien fait ;

2.

La redynamisation du partenariat gagnant-gagnant avec la société Sud-Africaine PETROCAM afin de booster les importations et les ventes des produits pétroliers ;

3.

La modernisation des infrastructures de distribution des produits pétroliers en vue d’accroître le volume des ventes et la remotorisation des bateaux-pousseurs ainsi que la mise en conformité des barges citernes de la société aux exigences modernes de transport. Le renforcement et la réhabilitation de la logistique des transports routiers et des produits pétroliers sont également une priorité de la société.


COMMUNIQUÉ

HUBERT MIYIMI Directeur Général de la SONAHYDROC

BILAN

PERSPECTIVES

Les ventes ont connu un relèvement substantiel, soit un accroissement de 327,59 %. La part du marché dans la distribution des produits pétroliers est passée de zéro (0) % fin juillet 2017 à 8 % fin mai 2018.

Forte de son bilan des douze derniers mois, la direction générale s’est engagée à poursuivre l’élan amorcé depuis juillet 2017. Dans le secteur amont pétrolier, la SONAHYDROC SA se prépare dans le court, moyen et long terme à passer au niveau d’opérateur. Son programme prévoit la formation de jeunes géo-scientistes dans différentes techniques liées à la prospection et l’exploitation du pétrole et du gaz.

L’assainissement de la gestion administrative a permis la restauration d’une paix sociale au sein de la société et la remise en confiance des agents et cadres en assurant rigoureusement les règlements de salaires. Il faut ajouter à ceci, la mise en retraite rétroactive, d’une partie des effectifs. Les indicateurs de performance indiquent que le ratio issu des rapports capitaux propres sur capital social a été relevé au-dessus du seuil de la cessation d’exploitation.

Grâce à son nouveau plan d’action, les objectifs en aval pétrolier, à court-terme et moyen-terme visent l’amélioration de sa part de marché de 15 % à plus de 50 % par un programme d’importations en quantités importantes et l’extension de son réseau de distribution à travers tout le territoire national. En ce qui concerne le transport fluvial des produits pétroliers, le programme de développement de la société nationale envisage à très court-terme le vetting de ses unités fluviales afin d’être plus compétitive dans le marché.

L’espoir est permis pour la Société Nationale des Hydrocarbures de RDC SONAHYDROC, Société Nationale des Hydrocarbures Avenue du Colonel Vangu Derrière la Maison Communale de la Gombe - Gombe - Kinshasa Tél. : +243(0)81 88 05 484 - +243(0)81 88 05 683

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Les volumes transportés ont totalisé 13 926 m3 au premier trimestre 2018 contre 3 440 m3 au premier trimestre 2017. Des moteurs Baudouin ont été commandés pour remettre en puissance les bateaux-pousseurs de la société en vue de raccourcir le délai de transfert des produits pétroliers dans l’arrière-pays.


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GRAND FORMAT

RD CONGO

EDUARDO SOTERAS/AFP

Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays

Grandeur nature

Les candidats à la présidentielle sont désormais connus. Quelle que soit l’issue du scrutin, prévu en décembre, les défis politiques, économiques et sociaux à relever sont aussi immenses que le sont le pays, ses démons et ses atouts. jeuneafrique no 3005-3006 du 12 au 25 août 2018

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• Les Avals et Cautions - Diverses cautions sur marché - Avals sur effets - Obligations cautionnées • Les crédits de fonctionnement - Facilités de caisse - Découverts - Escompte Papier Financier - Escompte Papier Commercial - Avances sur marchandises - Escompte de factures administratives - Crédits de campagne

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106 ENJEUX

Compte à rebours pour tir groupé

115 Entretien avec

Pierre Boisselet

André-Alain Atundu Porte-parole de la Majorité présidentielle

PierreBoisselet

117 Vie des partis

Le FCC sort le grand jeu

118 Interview

Lueurs d’espoir ur les rives du fleuve Congo, les bonnes nouvelles sont trop rares pour bouder son plaisir lorsque l’une d’elles pointe le bout du nez. Réjouissons-nous donc – avec la réserve et la modération requises. En désignant, le 8 août, son ancien vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, pour lui succéder et être le candidat de la majorité, le président congolais, Joseph Kabila, laisse entrevoir un scénario inédit dans l’histoire de ce vaste pays regorgeant de richesses, mais où le pouvoir ne s’est jamais pris que par la force : celui d’un transfert pacifique des responsabilités de chef de l’État à l’issue d’une présidentielle. Le vote, prévu le 23 décembre, pourrait en outre permettre enfin au pays de sortir des incertitudes juridiques et constitutionnelles qui paralysent sa vie politique et handicapent son économie depuis 2016, date à laquelle Joseph Kabila devait, en principe, quitter son fauteuil au terme d’un ultime mandat. Bien sûr, la RD Congo est encore loin de la concrétisation d’un tel script. L’acharnement contre l’opposant et homme d’affaires Moïse Katumbi, exclu de fait de ce scrutin car empêché de rentrer dans le pays pour se présenter, fait déjà douter de la volonté d’organiser une élection véritablement libre et transparente. Les autres prétendants issus de l’opposition vont également devoir

S

de Florentin Mokonda Bonza Président de la Convention des démocrates chrétiens

patienter jusqu’au 19 septembre pour être certains que leurs dossiers respectifs ne seront pas rejetés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qui doit publier la liste définitive des candidats à cette date.

Spirale de contestations

La volonté inébranlable de cette même Ceni d’utiliser des « machines à voter » électroniques à la fiabilité et à l’efficacité très incertaines, laisse par ailleurs imaginer une spirale de contestations lors de l’annonce des résultats. À quelle date le scrutin aurat-il finalement lieu ? Là aussi, le respect du calendrier reste sujet à caution. On peut enfin s’interroger sur la marge de manœuvre réelle dont disposerait Ramazani Shadary, défenseur zélé de son mentor, Joseph Kabila, s’il venait à être élu. Aurait-il la latitude nécessaire pour ouvrir une nouvelle ère dans la politique congolaise ? L’opposition, qui veut naturellement éviter pareille issue, va pour cela devoir se surpasser et réaliser ce qu’elle n’est jamais parvenue à faire : s’unir derrière un candidat commun. Mais cela ne suffira pas. La classe politique dans son ensemble ainsi que la société civile vont devoir se battre pour que ce vote soit crédible et accepté par tous. La tâche est immense. Afin que le 23 décembre puisse enfin être une fête, plutôt que le début d’un nouveau cycle de drames.

L’ENSEMBLE DE LA CLASSE POLITIQUE AINSI QUE LA SOCIÉTÉ CIVILE VONT DEVOIR SE BATTRE POUR QUE CE VOTE SOIT CRÉDIBLE ET ACCEPTÉ PAR TOUS.

122 ÉCONOMIE

Des centrales qui rassemblent les énergies

126 Décryptage Fragile reprise

128 Tribune

Célestin Mukeba Muntuabu Directeur général de ProCredit Bank Congo

131 Agroalimentaire Miluna : l’art de cultiver les palmiers

138 SOCIÉTÉ

Thembo Kash cash

143 Style

Okasol, du sur-mesure pour les officiers

146 Art de vivre

Malewa Moderne et « Le Béaba de la cuisine RDcienne »

147 Couleur locale Petit piment

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Grand format RD CONGO

ENJEUX

Compte à re pour tirgroupé


Reportées depuis 2016, les élections générales devraient enfin se tenir le 23 décembre. Un seul jour, un seul tour, trois scrutins et un horizon toujours aussi incertain. Pour la présidentielle, la majorité vient de désigner un champion auquel personne ne s’attendait. Face à lui, une vingtaine de challengers, dont Jean-Pierre Bemba, Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe. Mais pas (pour l’instant) Moïse Katumbi.

OLIVIER LIFFRAN, envoyé spécial

L

Joseph Kabila avant son discours sur l’état de la nation, le 19 juillet, devant le Parlement réuni en congrès.

JUNIOR D. KANNAH/AFP

bours

e président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) n’a pas la tâche facile. Sous l’œil attentif du chef de l’État, dont le portrait surplombe le vaste bureau, Corneille Nangaa tente de déminer la litanie de critiques relatives à l’organisation des élections présidentielle, législatives et provinciales, prévues le 23 décembre. Une à une, il balaye les polémiques. Celle sur les machines à voter ? « Un détail ! » Les doutes relatifs au fichier électoral ? « L’audit mené par les experts de la Francophonie a conclu que ce fichier était inclusif, exhaustif et actualisé. » Les craintes d’un énième « glissement » du calendrier électoral ? Elles seraient injustifiées. « Le processus est irréversible », tranche Corneille Nangaa. Un processus mené au forceps par la Ceni, qui a mobilisé d’importants moyens logistiques et plus de 80 000 agents pour assurer la révision du fichier électoral. Car le défi de ces élections générales tant attendues est à la mesure de cet immense pays – 80 fois la superficie de la Belgique –, dont les déficits en infrastructures sont notoires. Le coût total de ces scrutins a été estimé à 432 millions de dollars (373 millions d’euros), soit un peu plus de 8 % du budget annuel de l’État, qui s’est engagé à le prendre en charge dans son intégralité. « Nous avons tenu à affranchir notre processus électoral des contingences du financement extérieur et, par conséquent, des chantages de tous genres », a expliqué le président, Joseph Kabila, le 19 juillet, lors de son discours sur l’état de la nation. « Des élections en décembre ? Mais à quoi ressembleront-elles ? » interroge Isidore Ndaywel è Nziem. Visage bienveillant et voix douce, l’intellectuel, auteur d’ouvrages de référence sur l’histoire du Congo, est l’un des hérauts du Comité laïc de coordination (CLC), lié à l’Église catholique et devenu l’un des fers de lance de la contestation anti-Kabila. Dans la ligne de mire du CLC: le non-respect de l’accord signé le 31 décembre 2016, censé mettre un terme à la crise politique provoquée par le maintien au pouvoir de Joseph Kabila à la fin de son deuxième mandat. « Avec l’accord de la Saint-Sylvestre, on nous avait

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Jean-Pierre Bemba, le 2 août, à Kinshasa, à la sortie des bureaux de la Ceni, où il vient d’enregistrer sa candidature à la présidentielle.

JUNIOR D. KANNAH/AFP

promis l’autorisation des manifestations et la libération des prisonniers politiques », explique l’historien, qui se dit menacé et vit depuis plusieurs mois dans la clandestinité. « Force est de constater que le régime n’a pas tenu parole. La Ceni répond au doigt et à l’œil aux injonctions de l’exécutif et n’est indépendante que de nom. Même chose pour la Cour constitutionnelle [chargée de trancher les éventuels contentieux électoraux], qui est tout acquise à la cause du régime. »

L’inusable maître des horloges Chat échaudé craignant l’eau froide, après déjà deux « glissements » du calendrier électoral, en 2016 et 2017, l’opposition et la société civile ne font plus confiance aux autorités quant à leur capacité à organiser des élections crédibles et inclusives en temps et en heure. Résultat : un climat politique particulièrement tendu, aggravé par la répression aveugle des manifestations pacifiques organisées en décembre 2017 et début 2018 par le CLC, qui ont coûté la vie à 14 personnes. « Aujourd’hui, toutes les conditions sont réunies pour que ce soit le chaos à la fin de l’année », déplore le sénateur d’opposition Florentin Mokonda Bonza (lire p. 118), leader de la Convention des démocrates chrétiens (CDC). Avec le silence entretenu par la Majorité présidentielle (MP) sur le nom de son candidat à la

magistrature suprême, l’équation politique congolaise avait pris ces dernières semaines des airs de quadrature du cercle. Kabila ou pas Kabila ? Des craintes et des incertitudes savamment orchestrées par le chef de l’État qui, malgré son impopularité, demeure l’inusable maître des horloges. L’ambiguïté aura finalement été levée, trois heures seulement avant la clôture du délai de dépôt des candidatures, le 8 août. C’est finalement Emmanuel Ramazani Shadary, le secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, lire pp. 10-11 et p. 117), le parti présidentiel, qui portera les couleurs du Front commun pour le Congo (FCC), la plateforme électorale de la majorité. « Pour des raisons stratégiques évidentes, nous n’avons dévoilé notre candidat qu’au

moment opportun », explique AndréAlain Atundu, porte-parole de la MP (lire p. 115).

Un accueil triomphal

Ces dernières semaines auront été marquées par le retour du sénateur Jean-Pierre Bemba, après son acquittement en appel devant la Cour pénale internationale (CPI), qui l’avait pourtant condamné à dix-huit ans de prison pour crimes contre l’humanité. Le 1er août, l’ancien vice-président s’est vu réserver un accueil triomphal à Kinshasa, où, comme dans l’Ouest du pays, sa popularité ne semble pas émoussée malgré dix longues années passées à la prison de La Haye. Le lendemain, il déposait sa candidature à la présidentielle auprès de la Ceni. Le dernier sondage du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), publié le 31 juillet, créditait le chef du

ÉTRANGE MÉCANIQUE Corneille Nangaa n’en démord pas. « Sans la machine à voter, il y aura des élections, mais pas en temps et en heure! » tranche le patron de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). À ses yeux, ladite machine – commandée en 106000 exemplaires – ne

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présente que des avantages. Elle va permettre de réduire le coût du scrutin, de diminuer la fraude et d’accélérer l’annonce des résultats. L’opposition, elle, continue de tirer à boulets rouges contre cette mécanique commercialisée par le sud-coréen Miru Systems,

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qu’elle qualifie de « machine à tricher ». Sans parler des critiques de certaines ONG, notamment en Argentine, où les autorités avaient tenté, il y a deux ans, d’introduire un système similaire. « La technologie la plus éprouvée et efficace [reste] le bulletin de vote unique en papier »,

estiment les ONG Fundación Vía Libre et Poder Ciudadano dans une missive adressée en juin à la société civile congolaise. Ce qui ne semble guère émouvoir la Ceni, qui a annoncé, le 6 août, que 35000 machines avaient déjà été livrées. O.L.



Grand format RD CONGO ENJEUX

DIASPORA

Ils seraient « plus de 16 millions », selon leur ministère de tutelle, dont « 11 à 12 millions » auraient acquis une nationalité étrangère. Or, la plupart d’entre eux ayant gardé leur passeport congolais, il aurait été quasiment impossible pour la Ceni de savoir qui était encore Congolais, qui ne l’était plus et, donc, qui enrôler – sachant que la nationalité congolaise ne peut se détenir concurremment avec une autre. En décidant, fin juin, de modifier la loi de 2016 pour réserver le droit de vote aux seuls Congolais se trouvant sur le territoire national, comme ce fut le cas en 2006 et en 2011, le législateur évite donc à la Ceni de se lancer dans une mission impossible. Le fait que certains continuent d’exiger l’enrôlement des Congolais de l’étranger trahit une volonté de retarder les échéances électorales. En effet, comment parvenir à enrôler en un temps record (90 jours) ces Congolais de la diaspora sans avoir de statistiques sur les pays où ils sont concentrés ? Qui plus est, la RD Congo ne disposant d’ambassades et de consulats que dans 68 États, qu’allaient faire ses ressortissants résidant dans des pays où il n’y pas de chancellerie congolaise ? Se rapprocher des représentations diplomatiques les plus proches? Imaginez le casse-tête. Il est indéniable que cet électorat de la diaspora est en grande partie très hostile à la Majorité présidentielle et que cette dernière peut, certes, se réjouir qu’il ne prenne pas part aux scrutins. Toutefois, dans les conditions actuelles, sa non-participation profite encore davantage au respect du calendrier électoral.

Un vrai faux problème TRÉSOR KIBANGULA

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inalement, ils ne voteront pas en décembre, si élections il y a. Comme en 2006 et comme en 2011, les Congolais résidant à l’étranger ne pourront prendre part aux prochains scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux. Une exclusion qui suscite bien des débats dans les états-majors des partis comme au sein de la société civile. D’autant que le législateur avait décidé, en 2016, d’autoriser pour la première fois ces « mikilistes » à participer à la prochaine présidentielle. Le hic est que rien n’a été fait pour que cette volonté devienne une réalité. Les moyens logistiques et financiers indispensables pour organiser l’enrôlement des Congolais de la diaspora n’ont jamais été adressés aux représentations diplomatiques. Aujourd’hui, nul ne peut dire avec certitude combien de ressortissants congolais vivent à l’étranger.

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Mouvement de libération du Congo (MLC) de 17 % des intentions de vote, devancé de 2 petits points par Félix Tshisekedi, le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qui a déposé sa candidature le 7 août, et par Moïse Katumbi, le leader d’Ensemble, qui, lui, n’a en revanche pas pu se présenter en temps et en heure à la Ceni. Exilé depuis plus de deux ans en Europe, l’ex-gouverneur du Katanga a tenté à plusieurs reprises de rentrer dans son pays. En vain. Il n’a pas pu atterrir à Lubumbashi et le poste-frontière de Kasumbalesa, entre la RD Congo et la Zambie, lui est resté désespérément clos. Résultat : Moïse Katumbi est pour l’instant exclu de la compétition. « L’exécutif ne veut pas d’une élection inclusive, s’indigne Delly Sesanga, secrétaire général d’Ensemble. Les autorités savaient qu’avant de pouvoir faire acte de candidature Moïse Katumbi devait s’inscrire au préalable sur les listes électorales. C’est pourquoi ils l’ont bloqué à la frontière. »

Avantage à l’union

À la clôture du dépôt des candidatures, le 8 août, ils étaient 23 à briguer la magistrature suprême, parmi lesquels Vital Kamerhe, le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), qui était arrivé en troisième position à l’issue de la présidentielle de 2011, avec plus de 7,74 % des suffrages exprimés, ou encore deux anciens Premiers ministres, Samy Badibanga et Adolphe Muzito, lequel s’est désolidarisé du Parti lumumbiste unifié (Palu) et se présente sous la bannière de la plateforme Nouvel élan. Nombre d’inconnues peuvent encore venir bouleverser le jeu électoral. La seule quasi-certitude est que le scrutin à un seul tour donne l’avantage à l’union. Un atout de poids, donc, pour le dauphin-candidat du FCC. À moins que l’opposition ne parvienne à s’unir derrière un seul et unique champion. Reste à savoir si les ténors de l’opposition, qui se disent tous favorables à cette option, seront capables de se mettre d’accord.


PROVINCE DU

LUALABA

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

DYNAMISER L’ÉCONOMIE DE LA PROVINCE DU LUALABA Grâce à une équipe dynamique, la nouvelle province du Lualaba est en train d’ouvrir sa voie vers la prospérité. S’appuyant sur la refonte complète de son infrastructure, la création d’emplois, les investissements dans le tourisme et dans l’agriculture, le Gouverneur de la province du Lualaba (une des quatre provinces créées de l’ancienne province du Katanga), Richard Muyej Mangeze Mans est déterminé à ce que dans les 50 prochaines années, la province du Lualaba soit un acteur actif au sein de la République démocratique du Congo en exploitant au mieux de nouvelles sources de richesse. En mettant l’accent sur le capital humain, le Gouverneur veille à ce que les secteurs de la santé et de l’éducation deviennent une priorité, en s’employant à la réhabilitation des hôpitaux, des cliniques et également à l’élaboration de plans de formations techniques et professionnelles complètes. L’administration mise sur l’accompagnement de la population de la province, et travaille avec elle, à un avenir pérenne. Pour y parvenir, il faut sécuriser les marchés d’exportation dont dépendent cette prospérité future. Pour ce faire, le Gouverneur Muyej construit de nouvelles alliances avec les provinces des pays voisins, assurant ainsi une logistique transparente pour les opérateurs économiques.


PROVINCE DU

LUALABA

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Concrétiser le potentiel que représente la province du Lualaba permettra d’être un brillant exemple de tout ce qui peut être accompli en République Démocratique du Congo

LE MOT DU GOUVERNEUR

Richard Muyej Mangeze Gouverneur de la province du Lualaba

« Il est presque inimaginable que nous soyons indépendants depuis 58 ans, et que nous parlions encore de nos mines. Pourtant, nous ne pouvons pas profiter de ces activités minières dans nos collectivités. C’est pourquoi nous avons élaboré une nouvelle vision du développement. Nous devons absolument diversifier notre économique. Oui, les mines sont une source de richesse, mais nous devons les utiliser pour financer d’autres opportunités. Nous misons sur l’agriculture et le tourisme à court-terme pour apporter une meilleure qualité de vie à nos compatriotes. C’est ce que cette transmission représente pour les habitants de la province du Lualaba. Cela signifie l’accès à des prêts à faible taux d’intérêt pour s’impliquer dans l’agriculture, tout en travaillant avec des sociétés minières pour aider à financer les infrastructures. C’est sortir petit à petit les femmes et les enfants de la pénibilité que représente le travail dans les mines et les accompagner davantage, en accédant à une meilleure scolarisation et donc à des emplois plus adaptés. Cela nous aidera à bâtir des communautés qui croient en la valeur de notre souveraineté nationale et à l’intégrité de notre territoire ; une décentralisation qui crée des emplois et un avenir auquel la population peut croire. Pour une région qui a connu les tentations de la sécession dans le passé, il est d’autant plus important de livrer des résultats concrets. Avant la fin de mon mandat, nous aurons livré de nouvelles routes, comme celle qui nous relie à notre voisin, la Zambie, de Mushima à Solwezi, et de nouvelles centrales, à travers de petites centrales hydroélectriques.

TRAVAUX SUR LE RÉSEAU ROUTIER DE LA VILLE

CONSTRUCTION D’UNE PISCINE MODERNISATION DE L’HÔPITAL GÉNÉRAL OLYMPIQUE DANS LE COMPLEXE SCOLAIRE DE RÉFÉRENCE DE MWANGEJI HEWA BORA (ANCIENNEMENT ATHÉNÉE À KOLWEZI ROYAL À KOLWEZI)

TRAVAUX D’AMÉLIORATION DU STADE MANIKA À KOLWEZI


MESSAGE

U

n nouveau rond-point dans la province de Lualaba, peint par des artistes locaux, porte les images de héros provinciaux et nationaux, et de personnages primordiaux dans l’histoire de la République Démocratique du Congo (RDC), y compris tous ses présidents.

Bien sûr, c’est une infrastructure fonctionnelle à part entière, mais elle a un but plus profond : aider à installer les vertus de la paix et de l’unité dans la population. « Il est si important d’apprendre aux jeunes et à la population que l’histoire du pays n’a pas été écrite par une seule province », a déclaré le gouverneur Richard Muyej. « Nous avons même inclus le portrait de Dag Hammarskjöld, le chef des Nations Unies [qui est mort dans un accident d’avion alors qu’il se rendait à Ndola (Zambie) pour rencontrer Moïse Tshombe afin de discuter avec lui sur la façon de mettre fin à la sécession du Katanga et réconcilier le Congo, pour montrer que des gens de nombreuses régions et même de l’étranger se battent pour la stabilité de notre pays. Nous devons donner à nos jeunes l’image d’une nation forte et garder l’esprit ouvert. »

Une grande province pour une plus grande RDC

RÉHABILITATION DU COMPLEXE SCOLAIRE DE HEWA BORA (ANCIENNEMENT ATHÉNÉE ROYAL A KOLWEZI)

LE ROND POINT DE L’INDÉPENDANCE

Bien qu’il soit un homme politique depuis 1990, le gouverneur Muyej a enseigné l’histoire contemporaine de la RDC. Il est devenu vice-premier minsitre, ministre de l’intérieur et sécurité, chargé du projet de décentralisation. « Maintenant, je peux enfin le mettre en pratique ! », a déclaré le gouverneur Muyej.

Cela signifie qu’il faut créer des emplois dans un pays où la démographie s’accélère rapidement. Alors que l’exploitation minière reste un pilier de la province – le Lualaba possède 75 % des gisements minéraux de l’ancienne province du Katanga – le secteur de l’agriculture et du tourisme a été choisi pour accélérer le développement, précisément en raison de leur fort besoin de main-d’œuvre.

Le processus de décentralisation bat enfin son plein en RDC suite aux décisions prises au référendum constitutionnel de 2005 et le passage de 11 à 26 provinces leur a permis de se rapprocher de la population. L’un des principes d’une meilleure gouvernance est de ramener les idées et les initiatives à la source, mettre l’accent sur les forces locales comme moyen de stimuler le développement, tout en restant lié à la base, la nation.

Le gouverneur a déclaré qu’il y a un nombre très élevé de jeunes dans la province du Lualaba, et que s’ils ne disposaient pas de moyens de subsistance dignes, ils deviendraient un frein au développement de la province et malheureusement de la nation toute entière. Environ 80 000 jeunes travaillent dans le secteur minier informel, rien qu’autour de Kolwezi, et ce sont eux qui ont été les plus touchés par la chute du prix du cuivre.

UN SITE TOURISTIQUE DANS CHAQUE TERRITOIRE

Heureusement, la province du Lualaba a vu les résultats bénéfiques de sa campagne de sensibilisation agricole. En distribuant gratuitement, semences et engrais tout en ravivant d’anciennes techniques agricoles, cela a mené à une forte adhésion de nouveaux agriculteurs au cours de l’année dernière. Nous referons la même campagne cette année également. La différence étant que l’année dernière, tout était importé. Cette année nous avons créé notre propre champ de semences de maïs à Lubudi, et la même chose pour le manioc et le riz. Pour résoudre le problème des agriculteurs qui peinent à accéder aux marchés, diverses équipes ont été créées pour entretenir les routes, couper la végétation des bords et les rendre praticables toute l’année. Pour contrer le problème du crédit, un programme de microcrédit avec un taux d’intérêt de 1 % a été mis en place avec la banque Afriland First Bank. 72 demandes cette année contre 30 l’année dernière, ce qui représente une augmentation de 140 %.

La province de Lualaba abrite des sites touristiques impressionnants, des chutes d’eau chatoyantes à Tshatuta et Kading, des grottes à Kyantapo et des lacs à Kafakumba et Wansela. La mise en place d’infrastructures d’accueil est primordiale pour le gouverneur Muyej, avec de nouveaux accords conclus avec des opérateurs sud-africains pour fournir des installations aux normes internationales.


MESSAGE PROVINCE DU

LUALABA

© G. DUBOURTHOUMIEU/JA

Une nouvelle cimenterie planifiée par des partenaires chinois, s’approvisionnant en charbon du Zimbabwe, empruntera la route de Zambie, fournissant des services de construction à travers la région, est un signe tangible que la province du Lualaba est en mouvement.

NOURRIR LA NATION

LA MINE À CIEL OUVERT DE KOV (KAMOTO OLIVERI VIRGULE)

En route vers la victoire : réforme du secteur minier Le gouverneur veut réformer le secteur minier pour qu’il apporte une vraie valeur ajoutée aux habitants de la région. En particulier, il travaille avec les grandes sociétés d’achat de minéraux pour amener de nombreux mineurs, dont bon nombre travaillent dans des conditions périlleuses, à pouvoir prétendre à un cadre de travail plus fiable et mieux rémunéré. « De cette même façon, nous avons réussi à faire sortir les femmes et les enfants des mines », dit le gouverneur Muyej. Pour soutenir l’initiative, le gouvernement national a intégré 40 nouvelles zones minières sur lesquelles ils peuvent travailler ».

Une autre façon de faire en sorte que le secteur minier soit bénéfique pour les habitants du Lualaba est de créer plus d’entreprises spécialisées. Bien que les dispositions soient encore en cours d’élaboration, une campagne est menée afin de créer une véritable sous-traitance locale. Des ententes de cofinancement sont conclues avec de grandes sociétés minières pour la construction de grandes infrastructures que la province ne serait pas en mesure de financer seule, mais qui profiteraient à la fois au secteur privé et au secteur public.

La vision de la province du Lualaba est de devenir le grenier, non seulement du Congo, mais de toute la région. Des petits exploitants aux grandes entreprises agroalimentaires, un soutien est fourni sur toute la chaîne de valeur pour stimuler la productivité et créer de nouveaux emplois.

DIFCOM/DF - © PHOTOS: DRC. SAUF MENTION

La situation géographique du Lualaba la place au milieu d’un carrefour émergent, entre la Zambie, l’Angola et le Zimbabwe. Originaire de Lunda, qui s’étend sur toute la région, le gouverneur Muyej est ici chez lui. Cette perspective internationale porte ses fruits : un projet de liaison ferroviaire à Lobito en Angola, un axe routier qui traverse l’Angola pour atteindre Kinshasa, et une nouvelle route pour relier la Zambie. Les acteurs économiques du Lualaba disposeront bientôt de multiples options logistiques pour atteindre leurs marchés d’exportation.

EXTRACTION ET TRAITEMENT DU CUIVRE

© G. DUBOURTHOUMIEU/JA

L’amélioration de l’économie locale s’accompagne d’une volonté d’optimiser les accès aux infrastructures sociales de base et aux moyens de subsistance. Les hôpitaux sont en cours de réhabilitation et de nouveaux programmes sont conçus pour garantir des médecins qualifiés dans les zones rurales et pas uniquement dans les grandes provinces de RDC.

EXTRACTION ET TRAITEMENT DU CUIVRE

© G. DUBOURTHOUMIEU/JA

Le tourisme est également une priorité, avec l’identification de cascades spectaculaires et de parcs naturels, et la mise en place de routes d’accès. Bientôt, un plus grand nombre d’hôtels et de restaurants seront développés à Kolwezi. « Dans tous nos contacts avec les entreprises liées au tourisme, nous insistons sur la nécessité de créer des infrastructures d’accueil dans toute la province », déclare le gouverneur.

© G. DUBOURTHOUMIEU/JA

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO


Grand format RD CONGO ENJEUX

VIE DES PARTIS

André-Alain Atundu Porte-parole de la Majorité présidentielle (MP)

« Les élections ne sont pas la fin du monde » Propos recueillis par OLIVIER LIFFRAN

ndré-Alain Atundu Liongo, qui fut le patron du renseignement sous Mobutu, estime que la Majorité présidentielle (MP) n’a pas à rougir de son bilan et qu’elle est prête à affronter le verdict des urnes en décembre. Contrairement à l'opposition.

A

Jeune Afrique : Le candidat du Front commun pour le Congo (FCC) à la présidentielle a été désigné in extremis, le 8 août. Pourquoi avoir autant fait durer le suspense ?

V. FOURNIER/JEUNE AFRIQUE

André-Alain Atundu : Question de stratégie politique ! Certains désignent leur candidat très tôt, d’autres très tard. C’est un exercice délicat, qui doit à la fois conforter la cohésion interne et entraîner l’adhésion du reste de la population. Avant de faire son choix, le président Joseph Kabila a donc consulté les différents groupements politiques du FCC, qui lui ont fait part de leurs propositions. Le chef de l’État a ensuite désigné le candidat susceptible de défendre le mieux son bilan et les intérêts de la République.

Certains voient dans le choix d’Emmanuel Ramazani Shadary une manœuvre du président Kabila pour conserver le pouvoir en coulisses…

Nous sommes transparents. Il suffit de lire la charte de la Majorité présidentielle pour constater

que ses signataires ont pour ambition d’accompagner Joseph Kabila dans la réalisation de sa vision pour le pays. Même chose pour le FCC, dont les membres se sont engagés à soutenir un seul candidat, sous l’autorité morale du président de la République. Joseph Kabila n’est pas au bout de son rouleau existentiel, si je puis le formuler ainsi, et il entend continuer à exercer son leadership pour que son œuvre puisse se poursuivre. Jusqu’au 8 août, des doutes subsistaient quantàunepossiblecandidaturedeJoseph Kabila à un troisième mandat. Pourquoi ne pas avoir levé cette ambiguïté plus tôt?

L’opposition a tenu ce discours sur le troisième mandat avec un objectif bien précis : créer la confusion dans l’opinion pour installer une ambiance pré-insurrectionnelle et en profiter pour prendre le pouvoir. De notre côté, nous nous sommes toujours placés dans la perspective démocratique des élections. Le chef de l’État avait pris l’engagement devant la nation que la Constitution serait respectée, un engagement renouvelé dans l’accord du 31 décembre 2016, qui dispose que le président ne pourra solliciter un troisième mandat. J’estime que, pour des esprits normalement constitués, cela aurait dû suffire.

Votre résumé du bilan de Joseph Kabila ? D’abord la sécurité et l’intégrité du territoire. Aujourd’hui, la RDC est un pays unique, où l’autorité de l’État s’exerce partout, même s’il subsiste ici et là des troubles. Il n’y a plus de déplacements massifs de populations. Même chose au niveau de l’effort de cohésion nationale. Le président Kabila a rendu la convivance possible. C’est immatériel, mais c’est inestimable. jeuneafrique no 3005-3006 du 12 au 25 août 2018

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Entre l’impossibilité dans laquelle s’est trouvé Moïse Katumbi de faire acte de candidature et l’éventuelle inéligibilité de Jean-Pierre Bemba, n’y a-t-il pas une volonté de la majorité de choisir ses adversaires ?

Si vous voulez être candidat, il ne faut pas avoir fait l’objet de telle ou telle condamnation. Ces conditions, nous ne les avons pas inventées. Elles figurent dans la Constitution et sont l’expression de la volonté du peuple. Moïse Katumbi ? Il ne s’est jamais présenté au poste-frontière de Kasumbalesa, car il n’a pas eu le courage politique d’affronter le sort qui l’attendait. Quant à Jean-Pierre Bemba, je rappelle qu’il a été condamné pour subornation de témoins. Et qu’en vertu de l’article 10 de la loi électorale, il ne peut donc être candidat. Mais cela, ce sera à la Ceni, et éventuellement à la Cour constitutionnelle, d’en décider.

Àtraverslescritiquessurlamachineàvoter et le fichier électoral, n’y a-t-il pas déjà un risque de contestation des résultats?

Plutôt que de lancer des polémiques destinées à alarmer l’opinion, les leaders de l’opposition devraient se préparer sérieusement à faire face à la vérité des urnes. Depuis 2015, le Parti populaire pour la reconstruction et la démocratie [PPRD, lire p. 117], de même que les autres formations de la Majorité présidentielle, se déploie sur le terrain, va à la rencontre des électeurs. Je pense que les élections ne sont pas la fin du monde. Nous, nous envisageons aussi bien l’hypothèse de la victoire que celle de la défaite. Les partis d’opposition, eux, semblent convaincus que s’ils ne gagnent pas en décembre, ce sera à cause de la fraude. Ils se préparent à contester les résultats avant même que le scrutin ait lieu. En réalité, ils sont en dehors du pouvoir depuis si longtemps qu’ils n’ont pas d’autres moyens de nous affronter.


Le FCC sort le grand jeu

Le patron du parti au pouvoir, investi candidat du Front commun pour le Congo à la présidentielle, se lance dans une campagne à cent à l’heure.

les différentes composantes du FCC. Aux côtés de la Majorité présidentielle (MP), conduite par Aubin Minaku, cette plateforme électorale rassemble le regroupement politique de Léon Kengo wa Dondo, le président du Sénat, l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre 2016 de la Cité de l’Union africaine, ainsi que la branche dissidente du Rassemblement de l’opposition, emmenée par le Premier ministre, Bruno Tshibala. Tous se sont engagés à « soutenir une seule candidature à l’élection présidentielle ». Seul Tryphon Kin-Kiey Mulumba, pourtant cadre de la MP et animateur de l’association Kabila Désir, a fait défection en se lançant dans la course sans attendre la désignation du dauphin.

PPRD

Avion d’affaires

Meeting du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, à Kalamu (Kinshasa), en juin. OLIVIER LIFFRAN

arement on aura autant parlé de dauphins en RD Congo. Un sujet plutôt étonnant dans un pays où l’animal est peu commun. D’où l’émotion des aficionados, le 8 août, à l’annonce de l’arrivée d’un nouveau venu dans la grande famille des cétacés. Son nom : Emmanuel Ramazani Shadary (lire pp. 10-11). Avec sa mine renfrognée, l’ex-ministre de l’Intérieur et actuel patron du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), surnommé « Monsieur Coup sur coup », ressemble peu à ses supposés congénères des mers. Lui qui avait déclaré, en mai, « Kabila a été président, Kabila est président, Kabila restera président », est désormais l’homme choisi par ledit Kabila pour conduire le Front commun pour le Congo (FCC) à la victoire lors de la présidentielle du 23 décembre. L’annonce a forcément fait des déçus parmi les ténors du FCC, dont

R

certains s’imaginaient volontiers un destin national. Avant l’officialisation de la candidature de Ramazani Shadary par le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, les rumeurs allaient bon train sur une possible candidature du président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, ou de l’ex-Premier ministre, Matata Ponyo Mapon. On a même évoqué un temps celle de la première dame, Olive Lembe. C’est finalement Ramazani Shadary qui a raflé la mise. Honni dans les rangs de l’opposition, qui rappelle son rôle, en tant que ministre de l’Intérieur, dans la répression des manifestations anti-Kabila, le « dauphin-candidat » pourra compter sur

RAMAZANI SHADARY, LE DAUPHIN, EST L’UN DES TRÈS PROCHES DE JOSEPH KABILA.

Emmanuel Ramazani Shadary disposera également de la puissance de son propre parti. Depuis plusieurs mois, le secrétaire permanent du PPRD sillonne le pays, province par province, à bord de son Gulfstream I, un avion d’affaires acquis récemment. Sans parler des dizaines de jeeps, de minibus et de motos également achetés dans la perspective de la campagne électorale. « Tout a été payé grâce aux cotisations. Les rémunérations des gouverneurs et des députés provinciaux, notamment, sont ponctionnées à la source, de façon à assurer le bon fonctionnement du parti », assurait un cadre du PPRD il y a quelques semaines. Ces confortables moyens sontils susceptibles de faire pencher la balance du côté du FCC en décembre? Pas forcément. « Si l’élection est organisée de manière crédible et transparente, le FCC n’a aucune chance de remporter la présidentielle, estime pour sa part Bob Kabamba, professeur de sciences politiques et corédacteur de la Constitution de 2006. Emmanuel Ramazani Shadary, qui est originaire de la province du Maniema, ne saurait se prévaloir d’une légitimité dans l’est du pays, qui compte le plus grand nombre d’électeurs. »

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Florentin Mokonda Bonza

Président de la Convention des démocrates chrétiens (CDC)

« On nous prépare à accepter la non-tenue des scrutins » Propos recueillis par OLIVIER LIFFRAN

lors qu’il avait annoncé, en mai, qu’il serait, comme en 2006, candidat à la présidentielle, le sénateur Mokonda Bonza a finalement renoncé. Le président de la Convention des démocrates chrétiens (CDC) et de la plateforme politique Nouvelle initiative

A

pour le Congo (NIC) n’est pas pour autant du genre à garder sa langue dans sa poche. « Mon éducation, c’est de dire la vérité », sourit l’ancien directeur de cabinet de Mobutu Sese Seko. Jeune Afrique : Pourquoi avoir renoncé à vous présenter à la présidentielle ?

Florentin Mokonda Bonza : Depuis le début du processus électoral, la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) refuse de communiquer et de chercher un consensus avec toutes les parties prenantes. À l’inverse, elle fait preuve d’une très bonne entente avec la majorité, avec laquelle elle parle d’une seule et même voix. Au final, que ce soit Joseph Kabila ou un dauphin qui se présente à la présidentielle, c’est du pareil au même. Le même système va se perpétuer. Alors, dans ces conditions, à quoi bon s’engager dans un scrutin où les dés sont pipés d’avance? Pensez-vousquelesdifférentesélectionsse tiendront, comme prévu, le 23 décembre?

On peut en douter. Malgré ses promesses, la Ceni a abandonné l’enrôlement des Congolais de l’étranger (lire p. 110) : trop difficile, trop coûteux, de nature à retarder le processus électoral, nous dit-on. Alors qu’il y a un an, cela ne semblait pas poser le moindre problème. Même interrogation autour de la machine à voter, qui serait indispensable pour organiser des élections en temps et en heure (lire p. 108), mais qui, pourtant, n’apparaît nulle part dans le calendrier de la Ceni. Tout cela me donne le sentiment qu’on nous prépare psychologiquement à accepter la non-tenue des élections. Or la population veut l’alternance cette année. D’où le risque d’une confrontation avec les services de sécurité.

VINCENT FOURNIER/J.A.

Quel regard portez-vous sur les dix-sept années de présidence de Joseph Kabila ?

À mes yeux, un homme politique doit être à la fois prophète, enseignant et gendarme. Il doit proposer à son peuple un projet de société, faire œuvre de pédagogie pour l’amener


à y adhérer et assurer le respect de l’État de droit. Le président Kabila ne répond à aucune de ces exigences. Résultat : en RD Congo, vous pouvez faire n’importe quoi sans jamais être inquiété. Pendant mes onze années au Sénat, j’ai vu défiler un nombre incalculable de commissions d’enquête et de rapports accablants, qui ont tous fait pschitt. Qu’en sera-t-il lorsque le FCC (Front commun pour le Congo) aura une majorité écrasante dans toutes les assemblées ? On risque de voir réapparaître un système de pensée unique, dans lequel nos dirigeants vont se croire tout permis. Franchement, j’ai peur pour mon pays.

Y a-t-il lieu de faire un parallèle entre aujourd’hui et la fin des années Mobutu ? Il y a la même atmosphère de fin de règne. Lors d’une rencontre avec le directeur de cabinet de Kabila et le chef de l’Agence nationale de renseignements, je le leur ai dit. Ils étaient choqués. Ceux qui gravitent autour du président Kabila doivent prendre garde à ne pas accélérer sa chute, comme l’ont fait les faucons, en leur temps, avec le maréchal.

L’opposition politique peine à mobiliser les Congolais. Comment l’expliquez-vous?

Une anecdote d’abord. Lorsque j’étais le directeur de cabinet de Mobutu, je devais me rendre chaque jour sur son yacht, le Kamanyola, avec d’autres collaborateurs. Au niveau du pont Matete, des opposants

campaient et nous obligeaient à faire le signe de la victoire avant de passer. Après qu’on lui eut raconté, le maréchal nous a rétorqué : « Mais vous n’êtes pas sérieux! » À l’époque, l’opposition réussissait à mobiliser. Depuis, la population s’est appauvrie. On ne peut pas demander aux gens de réfléchir lorsqu’ils n’ont pas mangé.

Sous le haut patronage de son Excellence Monsieur le Président de la République Joseph KABILA, LE MINISTÈRE NATIONAL DES MINES ORGANISE :

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©DIFCOM - PHOTO : ADOBESTOCK.COM.

LA 3È É ÉDITION DE LA CONFÉRENCE MINIÈRE DE LA RDC


Une stratégie efficiente pour une croissance durable Accompagner le processus de développement et de croissance économique en fournissant des services financiers adéquats et accessibles pour tous, telle est la mission de Afriland First Bank CD, filiale de Afriland First Group, un groupe Bancaire Panafricain, œuvrant pour la promotion de l’Afrique depuis plus de 30 ans.

I

mplantée en République Démocratique du Congo il y a une décennie, Afriland First Bank CD est entrée dans une nouvelle dynamique qui se reflète sur tous ses agrégats depuis 2015. Cette croissance significative est observée sur tous les pans des activités et a également permis à la Banque d’étoffer son portefeuille des Dépôts et d’étendre ses activités. Le Total bilan a doublé grâce à une augmentation des Dépôts de 230 % et des Crédits de 57 %. Au 30 juin 2018, le résultat demeure positif et quasi équivalent au résultat réalisé à fin décembre 2017. Avec cette tendance, la Banque compte doubler son résultat de l’exercice 2017 à fin décembre 2018.

Évolution des agrégats sur les quatre dernières années (en CDF) 200 000 000 180 000 000 160 000 000

Dans cette dynamique, le réseau commercial compte 36 agences et guichets avancés, soit une augmentation de 84 % de ses points de ventes, soutenu par une augmentation de 43 % de ses effectifs.

140 000 000 120 000 000 100 000 000 80 000 000 60 000 000 40 000 000 20 000 000

2014

2015

Fonds propres Dépôts

2016 Résultat Effectif

2017 Total bilan

Juin 2018 Réseau

Crédits

Une dynamique de performance orientée vers la satisfaction-client

L

a gouvernance de Afriland First Bank CD qui se base sur le principe de collégialité est structurée de manière à renforcer son positionnement dans tous les aspects de ses activités. Notre stratégie est orientée sur la rentabilité des hommes, des opérations et de chaque unité. Elle vise également à préserver la solvabilité et la liquidité de la Banque.

▲ M. Souaibou ABARY, Directeur Général de Afriland First Bank CD

Pilotage des performances commerciales

D

ans l’optique d’une croissance ponctuée, l’amélioration de la performance commerciale est un credo au sein de Afriland First Bank CD. La nouvelle dynamique est essentiellement axée sur la satisfaction du client par le rapprochement grâce à l’extension du réseau, la diversification de l’offre et une gestion optimale de toutes ses ressources. Une approche du risque crédit basée sur une meilleure sélectivité et un suivi personnalisé permet de bien encadrer notre clientèle et d’intégrer des nouvelles niches plus rentables. Nous optimisons le pilotage de la performance du réseau commercial partant d’une segmentation opérationnelle ciblée, couplée d’une offre de solutions globales, originales et adaptées :

• Le segment institutionnel et Corporate Nous accompagnons le secteur public dans la mise en œuvre des projets de développement pour la lutte contre la pauvreté par la création de la richesse et l’émergence d’une classe moyenne,

et une intégration progressive du secteur rural informel dans la production nationale. Nous apportons également un appui multiforme aux entreprises privées dans le cadre de leurs extensions, de la restructuration et la relance des entités en difficulté par manque de capitaux et/ ou faiblesse organisationnelle. • Le segment PME Vivier de la création d’emploi, le portefeuille PME bénéficie d’une attention particulière orientée vers la promotion de l’initiative privée et l’encadrement technique et financière d’une nouvelle classe d’entrepreneurs nationaux. • Le segment Particulier et Retail Une cible affinée pour qui nous développons des services financiers spécifiques ; notamment la gestion du patrimoine et un accompagnement progressif vers l’entreprenariat et l’amélioration de leurs conditions de vie.



Grand format RD CONGO

ÉCONOMIE

Des centrales qui rassemblent Du barrage de Sanga, à l’ouest, au parc solaire de Manono, à l’est, les opérateurs privés participent à la modernisation des infrastructures de production et de transport d’électricité. Une contribution indispensable et salvatrice. 122

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MURIEL DEVEY MALU-MALU

E

n d ép it d’une puis s ance ins tallé e d e 2 500 mégawatts (MW) et d’un potentiel évalué à 100000 MW, la RD Congo ne dispose dans la pratique que de 1000 MW d’électricité. Une offre qui, bien qu’en nette amélioration grâce aux initiatives engagées récemment, reste encore très en deçà des besoins du pays, estimés à 1 600 MW, au minimum. Une carence imputable à une maintenance insuffisante des installations existantes, ainsi qu’au manque d’investissements, tant pour rénover les centrales et les lignes de transport d’électricité que pour en construire de nouvelles.


Ces dernières années, des montages ont été mis en place, dans le cadre de partenariats public-privé (PPP), pour commencer à pallier ce déficit. Les financements émanant du privé sont apportés par des compagnies minières étrangères, lesquelles veulent éviter que les activités d’exploitation de leurs filiales dans le pays ne soient freinées par le manque d’électricité. « Elles peuvent emprunter, parce qu’elles ont les reins assez solides pour boucler le montage financier et rassurer les banques », explique un opérateur minier. Le secteur public est, quant à lui, représenté par la Société nationale d’électricité (Snel) et par les compagnies minières nationales propriétaires des ouvrages électriques. Ce sont

ENERDEAL

les énergies

Installation de panneaux photovoltaïques à Manono, dans le Tanganyika, pour le compte de Congo Energy (Groupe Forrest).

des sociétés commerciales, mais, leur capital étant détenu par l’État, elles doivent se soumettre aux règles de ce dernier, notamment en matière de marchés publics. Ces entreprises sont bénéficiaires des prêts, dont les taux d’intérêt sont assez bas, et les remboursements se font sur la base de leur consommation d’électricité (c’est-à-dire du montant de leurs factures) : une partie sert à rembourser la dette, une autre revient à la Snel, et une troisième est destinée à la maintenance. D’autres sociétés sont associées à ces montages. C’est le cas de Congo Energy, entreprise du pôle électricité du Groupe Forrest, qui intervient soit comme directeur de projet (gestion des flux financiers, validation technique des

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Grand format RD CONGO ÉCONOMIE

de dollars. La mise à niveau, en cours, des centrales de Mwadingusha, Koni et Nzilo-1 est réalisée dans le cadre d’un PPP entre la Snel et le canadien Invanhoe Mines. Celle de la centrale de Nzoro-1, ainsi que la construction de Nzoro-2 et d’Azambi, fait intervenir Kibali Goldmines (KGM), un partenariat entre les sud-africains Randgold et AngloGold et la Société minière de Kilo-Moto (Sokimo).

Réhabilitation de l’un des groupes d’Inga-2 par Alstom, en 2016.

travaux, études de faisabilité), soit comme contractant (préfinancement et réalisation des travaux). Ainsi, en partenariat avec la Snel, Congo Energy a préfinancé et construit la centrale solaire de Manono, dans le Tanganyika (1 MW), mise en service en mars, et a également réalisé les réseaux de moyenne et basse tension, les cabines de distribution, les raccordements des abonnés et les éclairages publics de cette ville de 20 000 habitants. En tant que directeur de projet, elle a effectué les études de faisabilité du complexe hydroélectrique de Nzilo-2, dans le Haut-Katanga. La division énergie de Forrest, via NSM Hydro, dont elle est l’actionnaire majoritaire, rénove par ailleurs la centrale de Sanga, dans le Kongo-Central. Dans une deuxième phase, la société souhaiterait assurer la maintenance de l’ouvrage. Une quinzaine d’autres projets en PPP ont été menés à bien ou sont en cours. L’un des plus anciens – l’accord entre la Snel et Tenke Fungurume Mining (TFM) a été conclu en 2006 – porte sur la réhabilitation-modernisation de la centrale hydroélectrique de Nseke (230 MW, achevée en 2016), dans le Lualaba, pour un coût estimé à 200 millions

GWENN DUBOURTHOUMIEU POUR JA

Le minier est le premier bénéficiaire

Quant au projet Fript – pour « Fiabilisation, réhabilitation et renforcement des infrastructures Snel de production [Nzilo et Inga-2] et de transport » –, il associe la Snel au suisse Glencore et aux belges Congo Energy (directeur de projet) et Tractebel. Ce PPP a déjà permis de réparer deux groupes d’Inga-2 et de doubler la capacité de la ligne (de 1700 km) entre Inga (Kongo-Central) et Kolwezi (Lualaba), pour la porter à une puissance de 1000 MW. C’est l’une des réalisations emblématiques de ce type de projet. Le schéma est quelque peu différent en ce qui concerne le complexe hydroélectrique de Busanga (240 MW), à 60 km de Kolwezi, dont la construction a été lancée mi-2016 pour un coût estimé à 660 millions de dollars. Ce projet s’inscrit dans le cadre du partenariat sino-congolais « minerais et infrastructures », signé en 2008 entre un groupement d’entreprises chinoises et le gouvernement congolais. Son exploitation a été concédée à la Sino-congolaise hydroélectrique (Sicohydro), une coentreprise entre la Sinocongolaise des mines (Sicomines), la Snel et la Gecamines. Dans tous les cas, le minier est le premier bénéficiaire de l’électricité produite, mais d’autres clients peuvent aussi en profiter. Ainsi, les filiales locales de Glencore ne consommant pas toute l’électricité transportée par la ligne IngaKolwezi, la Snel peut en distribuer à d’autres clients. Par ailleurs, de nouvelles formules peuvent être développées, comme la possibilité pour un acteur privé d’exécuter un ouvrage et d’en être propriétaire, dans le cadre de l’ouverture du marché de l’électricité. À condition d’adopter les textes d’application de la loi de 2014, d’en revoir certains articles et d’en finir avec les « prix administrés », qui ne reflètent pas les coûts de construction et de production.

TRÈS STRATÉGIQUE COBALT La production congolaise de cuivre s’est établie à 1,1 million de tonnes (60 % des recettes d’exportation) en 2017 et devrait passer la barre de 1,5 million de t en 2018. Celle de cobalt est passée de 66 000 t à 86 000 t en 2017 (20 % des recettes d’exportation) et devrait dépasser 105 000 t en 2018, selon le ministère des Mines congolais. Indispensable pour fabriquer les batteries électriques (de smartphones, de tablettes, de voitures électriques,

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etc.), le cobalt a vu ses cours presque quadrupler en deux ans à la Bourse des métaux de Londres : de 25 000 dollars en moyenne en 2016, la tonne est passée à 61 200 dollars en 2017 (soit un prix multiplié par 2,2), et, durant le premier semestre 2018, son cours a oscillé entre 80 000 et 95 000 dollars/t. Premier producteur de cobalt, la RD Congo assure près de 60 % de l’offre mondiale de ce minerai, selon le courtier londonien Darton

Commodities. Aussi l’État congolais s’est-il attiré les foudres des entreprises minières avec l’adoption, fin janvier, et la promulgation, début mars, de son nouveau code minier (lire « Décryptage », p. 126). Ce dernier instaure notamment une hausse de la redevance sur les minerais désormais classés comme « métaux stratégiques » (cobalt, coltan, lithium et germanium), qui passe de 2 % à 10 %. CÉCILE MANCIAUX


PUBLI-INFORMATION

D.R.

2015 a été l’année de l’aboutissement d’un ambitieux projet dans lequel s’est lancée la République Démocratique du Congo, à savoir la libéralisation du secteur des assurances, ceci afin de répondre aux limites de 50 ans d’un marché monopolistique. Ainsi, M. Alain Kaninda le 17 Mars 2015, la Loi Directeur Général a.i. portant « Code des assude l’ARCA rances » fut promulguée des suites d’un vote du Parlement. Cette volonté politique s’est matérialisée le 26 Janvier 2016 par la signature du décret créant l’ARCA, Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances, chargée de piloter cette réforme à travers l’organisation et la définition du cadre réglementaire devant conduire à l’agrément de nouveaux opérateurs d’assurance, pour que le pays puisse enfin saisir le plein potentiel de ce nouveau marché stratégique. Si l’ARCA évalue la taille réelle du marché actuel à 850 millions de dollars, voire 1 milliard de dollars, il s’avère que la RDC ne capte à ce jour que 7 % de ce revenu alors que les prévisions les plus conservatrices estiment le potentiel de ce marché à 5 milliards de dollars dans les 10 prochaines années. Les attentes envers l’ARCA ne sont donc pas des moindres et beaucoup se demandent si la nouvelle institution sera à la hauteur de ce challenge. C’est en Octobre 2017 que la toute nouvelle institution connait un changement de cap assez radical, avec l’entrée en fonction de son Directeur Général ad intérim. Diplômé de Mons (Belgique), Alain Kaninda est Ingénieur commercial et de Gestion. Il a com-

mencé sa carrière chez PricewaterhouseCoopers Belgique comme auditeur financier ; au bout de 9 ans, il est revenu en RDC où il a travaillé en qualité de consultant auprès d’organismes internationaux comme la Banque Mondiale, la Société Financière Internationale (SFI/IFC) ainsi qu’auprès d’institutions gouvernementales. C’est en 2016, qu’il est nommé Directeur Général Adjoint de l’ARCA naissante, après avoir œuvré comme Conseiller Économique du Directeur de Cabinet du Président de la République Démocratique du Congo. Neuf Mois après avoir pris les rênes de l’ARCA en qualité de Directeur Général a.i, les résultats sont des plus concrets : Ouverture des guichets permettant le dépôt des premières demandes d’agrément dès Décembre 2017 ; opérationnalisation de l’ARCA à travers la mise en place des premiers règlements durant la même période ; et l’octroi des premiers agréments attendus pour ce trimestre. D’après la Direction Régulation de l’ARCA, on compte à ce jour prés de 94 manifestations d’intérêt, 31 retraits de formulaires de demande d’agrément. La montée en puissance de l’ARCA est aussi caractérisée par un renforcement de capacité des ressources nouvellement recrutées, ainsi que des partenariats scellés avec des régulateurs d’autres pays dont l’ACAPS (Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale) au Maroc. Si ses réalisations sont non négligeables, l’ARCA demeure sous la loupe des acteurs nationaux et internationaux en attente du démarrage effectif des activités des sociétés nouvellement agréées. À travers l’ARCA, le Gouvernement de la RDC s’est donné les moyens de mener à bien cette réforme, dont les retombées socio-économiques seront considérables, afin de capter le maximum du potentiel de ce secteur. D’après la vision d’Alain Kaninda, l’ARCA veut hisser la RDC au rang du TOP 5 des pays africains en matière d’assurance dans les 5 ans à venir.

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L’ARCA, AU CŒUR DE LA LIBÉRALISATION DU SECTEUR DES ASSURANCES EN RDC


Grand format RD CONGO ÉCONOMIE

DÉCRYPTAGE

Fragile reprise ALAIN FAUJAS

L

’économie se porte mieux. La chute des prix des matières premières avait provoqué, en 2015, un fort recul de la croissance. Leur remontée corrige peu à peu cet effet négatif: le produit intérieur brut a progressé de 2,4 % en 2016, de 3,7 % en 2017, et pourrait accélérer à 3,8 % en 2019, selon la Banque mondiale. Il est vrai que le cours du cobalt a bondi l’an dernier de 127 %; celui du coltan, de 59 %; et celui du cuivre, de 13 %. Ce regain a permis de stopper la dégringolade. « Le gouvernement a fait d’énormes efforts budgétaires, rappelle Bob David Nzoimbengene, associé en charge du bureau de Deloitte en RDC. Certes, l’inflation a dépassé les 45 % en 2017, mais la dépréciation continue du franc congolais par rapport au dollar s’est arrêtée, l’exécution du budget en devises de l’exercice en cours se solde par un excédent à la fin juin, augmentant ainsi les réserves à environ cinq semaines d’importations des biens et services. »

De là à prétendre, comme le gouvernement, que les acteurs économiques sont redevenus confiants, il y a un pas qu’il serait hasardeux de franchir dans ce pays aussi vaste que chaotique en matière de gouvernance publique ou privée. « Il y a eu des améliorations, reconnaît Bob David Nzoimbengene. On peut créer une entreprise en trois jours. Un ordre des experts-comptables a été créé et mis en place, ce qui devrait redonner confiance, notamment dans le secteur bancaire. Mais il reste beaucoup à faire. » Le pays fait toujours partie des mauvais élèves pour son climat des affaires. L’administration ne facilite pas le travail des entreprises. « Une société établie dans l’ensemble de la RD Congo subit chaque année en moyenne 250 contrôles de tous types », résume le responsable de Deloitte. Côté privé, c’est également loin d’être parfait: « Les entreprises devraient adopter une politique de transparence en publiant régulièrement leurs informations financières complètes pour rassurer les différents partenaires, ainsi que d’autres

Tableau de bord macroéconomique SOURCES : FMI ; BANQUE CENTRALE DU CONGO, MAI 2018

2015

126

2016

Projections

2017

2018

2019

(variation annuelle en %)

PIB réel, à prix constants Inflation

6,9

2,4

3,4

3,8

4,0

1,0

18,2

41,5

25,85

13,7

– 0,2 16,8 17,0

– 1,0 11,7 12,7

– 2,5 10,4 12,9

0,1 11,2 11,1

0,1 11,2 11,1

20,2

11,8

12,0

12,2

13,2

16,1

16,8

15,7

14,5

13,4

– 3,7

– 3,1

– 0,5

– 0,3

– 0,9

(en % du PIB)

Solde budgétaire global Total des recettes et dons Total des dépenses et prêts nets

Investissement total Dette publique totale Solde des comptes courants

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investisseurs potentiels. » Ce qui ne rassure pas ces derniers, c’est la hausse décidée par le gouvernement des redevances minières, qui devraient quintupler pour les « minerais stratégiques » (lire encadré p. 124). Selon une note de RDC Capital, le numéro un mondial du cobalt, Glencore, y perdrait 325 millions de dollars par an. Le coup n’est pas mortel, et le gouvernement est fondé à mieux faire contribuer des multinationales ultra-bénéficiaires à un budget qui peine à financer les énormes besoins du pays. Ce budget, destiné à 80 millions de Congolais, est comparable à celui de la Ville de Paris!

De quoi faire peur aux plus audacieux

Ce qui est inquiétant, c’est le yoyo pratiqué par le gouvernement: quand les prix des minerais s’effondrent, il déroule le tapis rouge aux investisseurs; quand ils remontent, il les matraque avec de nouvelles taxes. Quand on sait que la rentabilité d’un investissement minier se calcule sur vingt ou trente ans, il y a de quoi faire peur aux plus audacieux. De plus, ce renfort financier semble surtout destiné, à très court terme, à permettre au gouvernement de se passer de l’aide – et donc du contrôle – de l’étranger pour financer les élections de décembre, d’un coût estimé à 1,3 milliard de dollars. Comme le conclut Bob David Nzoimbengene, « la situation politique impacte négativement la situation économique en RD Congo », tant il est vrai qu’il est difficile de faire des projets à long terme dans un pays à la merci de la politique et des cours des matières premières… qui financent celle-ci.


Vodacom connecte et transforme la RDC Connectant plus de 12 millions d’individus, d’entreprises ainsi que le plus grand nombre de villes et villages en RDC depuis 15 ans, Vodacom Congo se positionne comme un acteur majeur du développement socio-économique du pays et de l’émergence d’une société plus collaborative et plus agile.

Pour matérialiser sa mission de « Connecter les personnes afin qu’elles vivent un meilleur présent et bâtissent un avenir radieux », l’opérateur le plus innovant de la RDC a lancé son réseau 4G : un bond technologique vers l’économie numérique naissante permettant à la RDC de rejoindre la liste restreinte des pays africains bénéficiant déjà de cette avancée. De Kinshasa à Goma en passant par Lubumbashi, la 4G fluidifie les communications et densifie les échanges.

Connecter pour transformer la potentialité en véritable richesse Identifier les secteurs porteurs de l’économie afin de leur apporter l’appui stratégique nécessaire à leur essor est essentiel dans la démarche commerciale et citoyenne de Vodacom, en l’occurrence, le secteur minier, représentant 95 % des recettes d’exportation de la RDC. L’industrie minière, locomotive de la croissance économique, est hautement dépendante de la connectivité pour garantir sa rentabilité et sa mise à niveau aux standards internationaux. Vodacom a donc pleinement saisi sa responsabilité en offrant à ce secteur, de la recherche à la commercialisation, en passant par l’extraction et le traitement, des solutions de connectivité, de gestion et de contrôle taillées sur mesure.

Connecter avec M-Pesa comme l’accélérateur du développement

COMMUNIQUÉ

Dans un pays à moins de 4 % de taux de bancarisation et dont 70 % des flux financiers restent encore hors des circuits officiels, le Mobile Money est indéniablement la solution miracle pour une meilleure inclusion financière.

M-Pesa permet chaque jour d’effectuer des millions de transactions qui contribuent à formaliser une économie largement informelle. M-Pesa accroît le volume des échanges commerciaux (salaires, primes, services, indemnités, subventions, taxes…) d’une extrémité à l’autre de ce gigantesque pays, en toute sécurité, grâce à la rapidité de sa plateforme.

Connecter pour le bien-être social La digitalisation de l’enseignement congolais, pour surmonter les défis d’accessibilité, de qualité et de disponibilité des contenus éducatifs, est au cœur de l’investissement social de Vodacom. Nombreux affirment que Vodacom fait plus que de la philanthropie en créant des générations éduquées qui contribueront à l’émergence du pays grâce à ses nombreux programmes tels que les écoles numériques (INS) dans les zones les plus reculées, Vodaeduc (plateforme éducationnelle gratuite), Springster (communauté digitale pour la réhabilitation des jeunes filles désœuvrées), la Bourse EXETAT, (bourses d’études universitaires aux finalistes du baccalauréat), etc.

Connecter la nation à sa destinée Vodacom Congo garantit la plus large couverture du Congo profond grâce à ses sites fonctionnant intégralement sur panneaux solaires, ouvrant des communautés entières au monde, favorisant ainsi un ralentissement de l’exode rural et entraînant la création d’emplois locaux. Son plan stratégique de désenclavement est une composante essentielle des 1,2 milliards de dollars investis dans l’implantation et la modernisation des infrastructures de son réseau : catalyseur idéal pour tirer parti des opportunités fabuleuses qu’offre la RD Congo.

Le Corporate Affairs Contact Presse : Anaiah Bewa/ Responsable des Relations Publiques Email : CorporateAffairs@vodacom.cd

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Connecter aux meilleures innovations technologiques


Grand format RD CONGO

TRIBUNE

Les défis du retour à une monnaie forte P

ays continent au centre de l’Afrique, la RD Congo est parvenir à protéger l’économie congolaise face à ce type une terre d’avenir et d’énormes défis. Le caractère extra­ de soubresauts, causés par des chocs exogènes. Pour ce verti de son économie fortement dominée par les indus­ faire, il est impératif d’adopter des mesures soutenant le tries extractives, donc tributaire des cours des matières développement d’un marché intérieur et de dynamiques premières et totalement dépendante des importations économiques locales (production, transformation, consom­ pour les produits de première nécessité et d’autres biens mation). En outre, l’économie devrait perdre son caractère manufacturés, fait d’elle un cas d’école sur le plan macro­ monolithique, reposant sur l’industrie minière, grâce à un économique. Un marché de 80 millions d’habitants, ali­ effort soutenu de diversification. menté quasi exclusivement de l’extérieur et sans véritable production ni transformation vant la crise de 2016, le gouvernement locale… Cette situation exerce une grande avait déjà engagé des réformes afin pression, tant sur la balance des paiements d’évoluer vers une « dédollarisation » de que sur le besoin du pays en devises fortes, l’économie. Elles ont été ensuite accom­ créant un impact négatif sur la stabilité de pagnées par une batterie de mesures (28) la monnaie locale, le franc congolais (CDF). visant à diversifier l’économie du pays, pour Loin des affres des années 1990, carac­ la rendre moins dépendante des industries térisées par une inflation à trois chiffres et extractives. Tout cela est encourageant. Et par le déclassement des monnaies zaïroise ces efforts devraient être amplifiés pour Célestin puis congolaise, au profit du dollar améri­ réduire le poids des importations, booster cain comme principal moyen d’échange et la transformation et les chaînes de valeur Mukeba réserve de valeur, nous observons une évo­ locales, doper les exportations pour abou­ Muntuabu lution encourageante dans la gestion des tir à une amélioration substantielle de la Administrateurpolitiques monétaire et budgétaire. Elles balance des paiements et, par effet d’en­ directeur général ont permis une stabilité du franc congolais traînement, assurer la stabilité du franc de ProCredit sur les dix dernières années, exception faite congolais. Bank Congo de deux périodes de crise où des facteurs Les récentes réformes menées dans les exogènes ont entraîné un cycle de déprécia­ secteurs de l’énergie et de la sous­traitance, tion de la monnaie nationale face au billet pour la mise en valeur des PME, l’augmen­ vert : entre 2008 et 2009, à cause de la crise financière tation de 40 % à 60 % du minimum des recettes d’expor­ internationale, on est passé de 600 CDF à 800 CDF pour tation de produits miniers à rapatrier, ou encore la fin du 1 dollar ; de 2016 à 2017, à cause de la chute mondiale des monopole de l’État sur les assurances devraient permettre cours des matières premières, on est passé de 900 CDF à l’émergence d’une industrie locale, encourager les investis­ plus de 1 600 CDF pour 1 dollar. sements locaux et directs étrangers, ainsi que l’alimenta­ tion du tissu de PME congolaises. C’est à elles qu’incombe la u­delà de cette forte dépréciation, il faut retenir l’ef­ responsabilité de réussir le pari de répondre, par une offre ficacité des réponses du gouvernement et de la locale, à la formidable chance que représente le marché Banque centrale du Congo via l’usage des leviers moné­ intérieur de la RD Congo, tout en se connectant aux chaînes taires (réserve obligatoire, taux directeur, stérilisation des de valeur mondiales. En relevant ce défi, le secteur privé liquidités excédentaires) et budgétaires (mobilisation des congolais devrait permettre d’assurer à la fois la force de la recettes, lutte contre le coulage, gestion rigoureuse des monnaie locale (corollaire de la vitalité de l’économie) et dépenses) pour gérer ces deux crises, ainsi que le retour à la transformation des conditions socio­économiques des la stabilité du cours de change. À l’avenir, le vrai défi est de populations. DR

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COMMUNIQUÉ

PETROCAM RDC : UN NOUVEL ACTEUR SUR LE MARCHÉ DES PRODUITS PÉTROLIERS Grâce à une politique ambitieuse d’investissement, Petrocam RDC entend gagner des parts de marché tout en se positionnant comme un fournisseur de produits respectueux de l’environnement. En juin 2016, la société de négoce de matières premières Petrocam Trading (Pty) Ltd a obtenu une licence d’importation de produits pétroliers en République Démocratique du Congo (RDC). La filiale Petrocam RDC a été créée en août 2016 à Kinshasa et un bureau régional a été installé à Lumumbashi.

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Petrocam RDC est présente dans les régions Ouest, Sud et Est de la RDC. La filiale fournit un nombre important de distributeurs indépendants et un partenariat a été conclu avec la Société Nationale des Hydrocarbures du Congo (Sonahydroc). Petrocam RDC utilise diverses installations de stockage, notamment certaines du nouveau logisticien congolais Lerexcom Petroleum. « Grâce à ces installations et à la flotte de camions, nous acheminons des produits depuis Matadi jusqu’à Kinshasa. Nous avons pu livrer ainsi un important tonnage l’année passée » explique Michel Karera, directeur général de Petrocam RDC.

L’ATOUT DES BARGES Petrocam a conclu un accord de partenariat stratégique avec Sonahydroc. Cet accord prévoit une modernisation du réseau de distribution et de l’outil logistique (barges sur le fleuve Congo et wagons). Dans ce cadre Petrocam RDC cogère les stations de remplissage. À la mi-2019, et durant une période de quatre ans, elle aura accès à une importante flotte de barges, ce qui lui fournira un avantage évident par rapport aux autres sociétés du secteur. Cet accord a permis également la création de 200 emplois indirects auxquels s’ajoutent les 172 emplois directs déjà créés ces 18 derniers mois par Petrocam.

RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT Petrocam RDC poursuit une politique d’investissement ambitieuse. La société dispose ainsi d’une importante capacité de stockage qu’elle compte accroître par la construction, de moindre taille, d’une nouvelle structure le long du fleuve Congo, du haut Katanga et de kisangani. « Nous venons d’acquérir un terrain stratégiquement localisé en vue de construire notre première station-service en RDC » précise Michel Karera. Bien évidemment, la société adhère aux pratiques et standards du respect de l’environnement, notamment la norme HSSE (Hygiène, Santé, Sécurité, Environnement). En décembre 2017, elle a importé du gasoil aux normes européennes (10 PPM), considéré comme étant eco-friendly : une première en Afrique Centrale. PETROCAM-RDC Imm. La Tour (Concession Gombe River) 1022 AV des Forces Armées Congolaises – Local 05 C/Gombe - Kinshasa, RDC

www.petrocam.co.za



Grand format RD CONGO ÉCONOMIE Lire aussi : « Huile de palme : Feronia au bout du tunnel en RD Congo ? » sur www.jeuneafrique.com

AGROALIMENTAIRE

Miluna : l’art de cultiver les palmiers Dix ans après avoir racheté une concession d’Unilever dans le nord-ouest du pays et investi dans de nouvelles plantations, la société congolaise voit décoller sa production d’huile brute.

DR

Depuis 2017, l’entreprise dispose d’une deuxième unité d’extraction d’huile.

MURIEL DEVEY MALU-MALU

’est au cœur de la très agricole province du Sud-Ubangi, dans l’extrême nord-ouest du pays, qu’est située la concession rachetée en 2007 à Plantations et huileries du Congo (PHC, filiale d’Unilever) par Miluna. En dix ans, sous la houlette de son associé gérant Jean-Claude Hoolans, entrepreneur né à Kisangani, la société a diversifié les plantations et productions, auparavant limitées à l’hévéa et au caoutchouc. La concession s’étend sur 25 000 hectares (ha), dont une vaste superficie de forêt primaire (8 000 ha). Dans les zones de jachère, elle accueille des plantations d’hévéas (4800 ha), de cacaoyers (500 ha), de caféiers robusta (40 ha) et de palmiers à huile (1 600 ha, dont 900 ha en production), sur lesquelles Miluna emploie environ 1 500 personnes, dont 500 travailleurs temporaires. Entre les réhabilitations, les superficies nouvellement plantées, la construction de bâtiments et des usines, l’ouverture de routes et l’acquisition de matériel, la société a réalisé un investissement total de 25 millions de dollars (22 millions d’euros). Elle dispose désormais de deux unités d’extraction d’huile: la première, installée en 2012, peut traiter une tonne de régimes par heure et sert maintenant d’appointà la seconde, mise en service en 2017, d’une capacité de 6 t/h. La production d’huile brute a été portée de 60 t/mois en 2016 à 90 t/mois en 2017 et à 200 t/mois en 2018. Quant aux déchets, ils sont tous recyclés : les rafles sont utilisées comme engrais, les fibres et les coques de noix servent de combustible pour alimenter la chaudière de l’usine. Les variétés de palmiers choisies proviennent du centre de recherches de Yaligimba (près de Bumba), qui appartient à Feronia, l’un des plus importants

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Grand format RD CONGO ÉCONOMIE

qualifiés, Miluna accueille en stage des étudiants en agronomie de l’Université de Kinshasa. « On engage les meilleurs. Nous en avons déjà recruté six », poursuit l’entrepreneur, qui tient à faire travailler des Congolais.

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Marché inondé

Les variétés choisies pour la pépinière proviennent du centre de recherche de Yaligimba, qui appartient à Feronia.

industriels de la filière dans le pays (lire encadré). « On préfère les semences de RD Congo, qui ont fait leurs preuves, plutôt que celles importées d’Asie, qui ne sont pas adaptées à nos terroirs », précise Jean-Claude Hoolans, qui préside par ailleurs la commission agriculture et forêt de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) depuis 2012. Afin de pallier le manque d’agronomes et de techniciens

L’huile brute produite par Miluna est destinée au marché local, principalement aux usines de Marsavco et de Palmco, installées à Kinshasa. Elle est transportée par camion-citerne jusqu’au port d’Akula (à 18 km de la plantation), puis par barge sur la rivière Mongala et le fleuve Congo pour, dix jours plus tard, atteindre Kinshasa, notamment le port privé de Marsavco, situé à La Gombe. « C’est une société sœur, Nocafex, qui assure le transport de l’huile, des autres productions de la plantation et des denrées vivrières (maïs, arachide, manioc…) produites par de petits exploitants de la région », explique Jean-Claude Hoolans. Il est cependant encore difficile d’être rentable en RD Congo, notamment à cause de la concurrence des importations d’huile brute et de produits raffinés. Le marché congolais a ainsi été récemment inondé par de l’huile de palme provenant d’Angola, qui passait en fraude par Lufu, villemarché située à 80 km au sud de Matadi : les prix sont tombés à 450 dollars/t, avant de remonter, à la suite de contrôles aux frontières, à environ 600 dollars/t… Ce qui est encore un peu juste.

PALMARÈS DES INDUSTRIELS Les entreprises qui possèdent des plantations et assurent la production industrielle d’huile de palme brute sont peu nombreuses en RD Congo. La plus importante d’entre elles est Feronia RDC, filiale du financier canadien Ravi Sood, qui, en 2009, a racheté des participations de l’anglo-néerlandais Unilever dans les Plantations et huileries du Congo (PHC). Le groupe exploite 17000 ha et a produit 27189 t d’huile

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brute en 2017. Numéro deux de la filière, le Groupe Blattner Elwyn (GBE) produit 15000 t à 20000 t d’huile brute par an, talonné par Brabanta, filiale de Socfin (groupe Bolloré), qui possède 6200 ha de palmeraies et a produit 13000 t d’huile brute en 2017. Des sociétés aux superficies plus réduites contribuent à la production industrielle, dont Miluna. Toutes opèrent dans la moitié nord du pays et dans le

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Kongo-Central, les zones les plus favorables à ce type de plantations. En aval de la filière, plusieurs raffineries transforment l’huile brute en huile de table, margarine et savon, dont la Margarinerie et savonnerie du Congo (Marsavco, rachetée par le groupe Rawji à Unilever en 2002), qui est la seule à importer de l’huile brute, ainsi que Sulfo Industries, Savons et cosmétiques de

Kinshasa (Savcoki) ou encore l’ivoirien Palmco, récemment implanté dans le pays. Toutes subissent la concurrence des produits raffinés importés d’Asie, dont l’offre est devenue plus importante que la demande. Un paradoxe, sachant que la RD Congo réunit les savoir-faire et les conditions pédologiques et climatiques pour être l’un des premiers producteurs mondiaux d’huile de palme. M.D.M.-M.


ENTREPRISES INNOVANTES

e-COM SAS

le spécialiste des transactions électroniques sécurisées Entretien avec Mr Nandegeza Jacques MUSAFIRI Président de e-COM SAS, MTSI International Consulting SAS eet Ishango Technology SAS

Quelle innovation majeure la société E-COM SAS propose-t-elle aux entreprises avec lesquelles elle travaille ? Une innovation disruptive, qui tient davantage du modèle économique que de l’innovation technologique. En effet, le digital, a un impact direct sur la gouvernance et les processus du travail des organisations. Il représente un énorme potentiel de ruptures dans les comportements et les modes d’organisation. Notre ambition est d’apporter des réponses adaptées aux nouveaux enjeux créés par les technologies, en accompagnant les organisations qui souhaitent monétiser de nouveaux services, à mettre en place des écosystèmes intégrés à travers des plateformes numériques et à rendre l’e-Paiement accessible au plus grand nombre en termes de coût et d’usage.

nal du Tourisme, dans son projet de dématérialisation des processus de gestion, afin d’améliorer son mode de fonctionnement dans ces attributions actuelles ainsi que dans sa nouvelle prérogative de recouvrement de taxes et redevances et cela dans le meilleur délai et de manière transparente.

Comment voyez-vous les 5, 10 prochaines années pour E-COM SAS ? Le Digital va apporter un gain de producttivité permettant de stimuler la croissance économique et donc la créatiion d’emplois y afférents, ainsi que de faciliter l’accès au financement. Nous souhaitons nous inscrire dans cette démarche et participer ainsi, au renforcement de l’équité économiquee, à l’amélioration de la transparence et à l’inclusion financière en Afriquue. Cela nécessite des ressources humainess bien formées. ICAM (l’Institut Catholique d’Arts et Métiers en France) et l’ULC (Université Loyola du Congo) vont offrir, dès la rentrée prochaine à Kinshasa, un cursus d’Ingénieur des Grandes Écoles Françaises.Je suis très honoré et fier d’avoir été nommé au Comité de Pilotage Inteernational de ce Projet, par les deux institutions.

Pour quelle raison cette innovation va-t-elle transformer les habitudes de consommation en RD CONGO et en Afrique ? La corruption et l’évasion fiscale, ont un ami commun : l’argent comptant. Les transactions électroniques stimulent la croissance de la consommation et le volume des dépôts bancaires, permettant une réduction des coûts pour les consommateurs, une taxation optimale pour l’État, plus de revenus et de moyens pour nos clients. L’Afrique a fait d’énormes progrès concernant l’accès à Internet via les réseaux mobiles ainsi que dans les services financiers mobiles. Elle doit maintenant adapter l’e-Commerce, l’e-Gouvernement et l’économie des plateformes aux spécificités africaines.

Quelles sont les autres projets autour de l’écosystème de cette innovation ?

UNE ÉQUIPE À L’ÉCOUTE DES AMBITIONS DE NOS CLIENTS L’équipe de la conduite du projet de dématérialisation des processus de gestion du Ministère du Tourisme,dirigée par la responsable de Communication & Marketing Madame Alliance KAKESSE Omari et le commercial Monsieur Régis LUGENDO : faciliter l’acceptation des changements induits par la mise en œuvre du nouveau projet et réduire les facteurs de rejet.

Nos offres et services sont destinés aux secteurs d’activité nécessitant une solution de e-Paiement.

MESSAGE

Actuellement, en collaboration avec Equity Bank Congo, nous accompagnons le Ministère du Tourisme de la RDC via l’Office Natio-

Immeuble Kavali Center, L323A 10-13 Avenue Mutombo Kashi Commune de la Gombe, R.D. Congo Tél. : +243 822 717 230 Email : contact@e-comsas.com

www.e-comsas.com omsas com

©DIFCOM

Le consortium composé de e-COM SAS, MTSI International Consulting (société basée à Paris La Défense) et ISHANGO TECHNOLOGY SAS (African Alliance Energy RDC) est capable de mettre sur pied des partenariats transformateurs à l’échelle du Continent Africain, au profit des secteurs énergétiques et des Nouvelles Technologies.


COMMUNIQUÉ

AVIS D’EXPERTS

Eric KALALA NSANTU, INGE UCLouvain MIM – HEC Paris GMP- Harvard Business School DG Bolloré Transport & Logistics South DRC

Les Défis des corridors Logistiques : La Copperbelt congolaise Quels sont les défis actuels au regard de l’activité minière en RDC ? Au delà des challenges structurels que sont le manque d’énergie et l’enclavement de la copperbelt congolaise, la mise en place du nouveau code minier et le processus électoral devront s’observer avec attention. Au niveau social, la perception de l’inclusivité de la croissance doit s’améliorer. Dans notre secteur, c’est bien entendu les frontières et les nouvelles routes qui requièrent notre réverbération particulière.

Les infrastructures de transport sont un problème clef en RDC. Quels en sont les axes d’amélioration ? À Kasumbalesa, nous avons de sérieux problèmes endémiques de congestion. La RDC exporte plus de 50% de la production mondiale de cobalt, si nous ne devions parler que de cette commodité, il est stratégiquement difficile de ne dépendre que d’un point d’entrée. De plus, la diversité de destinataires justifie l’utilisation de différents ports selon leur efficience pour les points de déchargement. Les projets les plus pressants sont le corridor angolais via Dilolo, la route Kolwezi-Solwezi, le port sec à Kasumbelesa. En effet, le réseau de transport a un impact significatif sur le coût de revient surtout dans les régions minières de la RDC. La production congolaise est en compétition avec celle de pays comme le Chili ou l’Indonésie, où la distance de la mine au port est beaucoup plus faible.

Ports d’entrée Sud RDC (ex province du Katanga) : ●

Durban, Afrique du Sud

Dar Es Salam, Tanzanie

Walvis Bay, Namibie

Beira, Morambique

Lobito, Angola

Quel rôle pouvez-vous jouer afin d’attirer les investissements directs étrangers en RDC ?

Routes depuis Kolwezi, Copperbelt congolais :

Bolloré Transport & Logistics est en RDC depuis 1953, nous jouissons d’une large expérience dans notre secteur quand il s’agit d’opérer des projets d’envergure, des mines aux barrages. Le développement d’un service de qualité attire l’investissement. Étant un utilisateur des services publics, ne nous manquons pas d’intervenir en force de proposition afin d’améliorer les procédures.

Distance totale de Kolwezi à Durban = 2 974 km Deux routes possible vers Beitbridge : 1- Chirundu-Beitrisge 2- Victoria Falls / Livingstone -Beitbridge

Route Durban via Zimbawe

Route Durban via Boswana : Distance totale de Kolwezi à Durban = 3 122 km Route par Livingstone et Kazungula ■

■ Route Tanzanie DIstance totale de Kolwezi à Dar Es Salam = 2 135 km Route par Nakonde et Tunduma ■ Route Mozambique Distance totale de Kolwezi à Beira = 1 894 km Route par Chirundu et Mutare ■ Route Namibie : Distance totale de Kolwezi à Walvis Bay = 2 664 km Route par Livingstone ou Sesheke ■ Route Angola : Distance totale de Kolwezi à Lobito = 1 726 km

Comment améliorer l’efficacité des cinq couloirs commerciaux afin de réduire les coûts de transaction occasionnés par les entraves ? Il faut développer les infrastructures portuaires en terme de capacité et d’efficacité, investir dans les voies ferrées, moyen de transport par excellence et le plus efficient pour ce type de tonnages. Les postes frontières doivent également opérer avec une fluidité plus accrue afin d’éviter les engorgements répétitifs. Les procédures en terme de transport de marchandises entre les pays de la région SADC (bureaux de douane juxtaposés aux frontières, ouverture 24/7 aux points de frontières) doit être réformées ainsi que le réseau de télécommunications dont dépendent SYDONIA (le système harmonisé des douanes) dans tous les pays de de la région.

Bolloré Transport et Logistics RDC SA South DRC 93 avenue Sendwe – Lubumbashi – R.D. CONGO Tél. : +243 9 93 23 80 98 / +243 8 41 29 22 23 E-mail : sales.katanga@bollore.com

bollore-logistics.com


Grand format RD CONGO ÉCONOMIE

Essayer Misao, c’est l’adopter Avec le poivre sauvage du Kivu, région dont est originaire sa fondatrice, la PME a séduit les chefs bruxellois. Et ses épices aux arômes inimitables n’ont pas fini de faire parler d’elles. MURIEL DEVEY MALU-MALU

Plan d’action pour la filière

L’aventure suit aussi son cours dans le Sud-Kivu et le Nord-Kivu. « La cueillette du poivre étant une activité informelle, il fallait organiser et professionnaliser les acteurs qui interviennent tout au long de la filière », explique Sandrine Vasselin. Pour ce faire, elle s’est appuyée sur le Centre d’étude pour la recherche en nutrition pour le développement intégré (Cernadi), fondé et géré par Déogratias Waubyiula. L’ONG, établie à Goma, se charge d’encadrer et de former les différents intervenants.

NOIR, BLANC OU ROUX,

Le poivre sauvage du Kivu de Misao est conditionné en sachets de 20 g, 50 g ou 100 g. Compter une trentaine d’euros pour 100 g.

DR

Étal de baies fraîchement récoltées, dans le Nord-Kivu.

MISAO

es chefs étoilés de Belgique ont été les premiers à l’adopter. Et pour cause. Selon les connaisseurs, à l’instar de Flavori, importateur d’épices et d’aromates établi près de Bruxelles, le parfum et les arômes du poivre sauvage cueilli dans les forêts du Kivu sont exceptionnels. Ces précieuses baies seraient pourtant restées cantonnées aux cuisines de l’Est congolais si Sandrine Vasselin Kabonga, originaire du Sud-Kivu, n’avait eu l’idée de les exporter en Belgique pour les commercialiser en tant que produit haut de gamme. Elle a fait goûter ce poivre sauvage à quelques restaurateurs et fins gourmets, qui ont été séduits par la rareté de ce produit de terroir. Convaincue de son potentiel de marché, en 2016, Sandrine Vasselin créée la société Misao, en référence à misau beni, qui signifie « bonjour, comment ça va? » en kilega, une langue parlée dans le Sud-Kivu. Depuis, la clientèle est au rendez-vous, en particulier des restaurateurs et distributeurs de la région bruxelloise, ainsi que des épiceries fines en Belgique et en France.

L

Une fois récolté, le poivre frais est regroupé au sein de sept localités, où il est lavé, trié, séché et décliné en trois qualités: noir, blanc, et roux – une spécialité Misao, à partir de baies très mûres. Il est ensuite acheminé à Goma, d’où il est expédié par avion à Bruxelles, via Kigali. Pour le moment, l’entreprise en exporte environ 100 kg par an. Prochaine étape : l’ouverture, en septembre, d’un site de séchage et de conditionnement à l’entrée de Goma et l’achat de deux séchoirs solaires qui permettront de réduire le temps de séchage des baies de sept à deux jours. Ces installations bénéficieront de l’appui du Comité de liaison Europe-Afrique-Caraïbes-Pacifique (Coleacp) : « Nous allons développer avec la coopérative un plan d’action pour la filière, explique Jeremy Knops, directeur des opérations du Coleacp. On va identifier les capacités techniques, les besoins en formation et en financement (par exemple pour les séchoirs) et comment y accéder. » Une autre bataille dans laquelle Misao s’est lancée est l’obtention d’un label qui protège son « poivre sauvage du Kivu » (appellation qu’elle a créée). Mais cela ne pourra se faire qu’à condition que la RDC adhère à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi), qui délivre l’indication géographique contrôlée (IGC) – comme celle obtenue en 2013 par le poivre de Penja, produit au Cameroun. La balle est donc dans le camp des autorités congolaises.

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PUBLI-INFORMATION

RAWBANK

parie sur le digital pour améliorer la proximité avec les clients Malgré un contexte économique difficile en 2017, RAWBANK affiche d’excellents résultats. La digitalisation est un axe stratégique de son développement, qui sera renforcé pendant les années à venir.

Au 31 décembre 2017, ses dépôts atteignent 937,6 millions de dollars (1 486 milliards de francs congolais, soit une hausse de plus de 77 % par rapport à 2016) ; ses crédits à décaissement 428,7 millions de dollars (679 milliards de francs congolais, + 25 %) ; et le produit net bancaire 102 millions de dollars (161 milliards de francs congolais, + 63 %). Quant à son réseau d’agences, RAWBANK s’est déployée dans 16 nouveaux points de vente à travers la République Démocratique du Congo, soit trois fois plus que les années précédentes.

Accélérer la modernisation En 2017, RAWBANK a largement développé son offre digitale, notamment avec Illico Cash, qui offre de multiples fonctionnalités comme le retrait dans les ATM sans carte, la recharge de crédits téléphoniques, ainsi que divers transferts d’argent. Il s’agit d’un volet fondamental que RAWBANK continuera de faire évoluer dans les années à venir, conformément à son plan stratégique 2017-2019. L’ambition est d’accélérer la modernisation et la transformation de RAWBANK tout en contribuant activement à la bancarisation et l’inclusion financière.

Thierry TAEYMANS, Directeur Général de RAWBANK « Être une banque congolaise aux standards internationaux » ENTRETIEN

Quelle est votre vision pour les quinze prochaines années ? L’anticipation est le cœur même de notre métier et la raison pour laquelle nous avons gagné la confiance de nos clients sur le long terme. Pour nous préparer au mieux aux aléas, nous continuons de renforcer notre gouvernance et de créer des offres innovantes, avec par exemple une attention particulière sur le Digital Banking. Nous cherchons également en permanence à améliorer notre relation avec la clientèle. C’est notre obsession. Le continent est en pleine croissance. De par sa taille et son potentiel humain, la République Démocratique du Congo jouera nécessairement un rôle de premier plan. Nous avons donc de grandes ambitions pour les quinze prochaines années, à la fois pour RAWBANK et pour le développement du pays. L’un de nos projets est, par exemple, d’aller en Bourse et de nous développer à l’international. Quelle est votre recette pour maintenir ce rythme de croissance ? Nous pouvons retenir trois mots : agilité, efficacité opérationnelle et polyvalence. Nous essayons d’inscrire nos projets dans les axes stratégiques de la digitalisation, de la rationalisation et de l’automatisation de la banque. C’est grâce à cela que nous avons installé notre leadership avec une stratégie de croissance forte, solide et pérenne qui consiste à nous déployer tout en maîtrisant nos coûts pour maintenir notre solvabilité, notre rentabilité et un haut niveau de fonds propres. Notre objectif es d’être une banque congolaise progressivement aux standards internationaux.


ENTRETIEN

Mazhar RAWJI,

Président du Conseil d’Administration de RAWBANK

« La force d’une banque, la connaissance du marché » Quelles sont les raisons de votre succès ? Depuis trois générations, la famille Rawji investit au Congo toujours avec la même volonté: développer l’économie du pays et créer des emplois. Nous sommes des entrepreneurs et RAWBANK s’est développée autour des convictions propres aux entrepreneurs : l’audace alliée à la rigueur, le souci permanent du client mais avec des règles internes fortes, la réactivité dans les prises de décision et la solidité d’une stratégie définie, validée et évaluée. C’est cette ligne de crête qui nous a permis de nous développer constamment, et ce, quels que soient les aléas et la conjoncture dans le pays. Dans tous les aspects du métier de banquier, nous avons décliné cette feuille de route : le lancement de nouveaux produits, l’innovation en monétique et à présent dans le digital, la mise en place de règles et d’outils de gestion, l’exigence absolue en termes de conformité et de risques... RAWBANK n’a jamais dérogé à sa ligne de conduite. Comment voyez-vous l’avenir ? Ce succès nous impose de continuer à croître et grandir, pour le bien du pays, car nous sommes convaincus que le secteur bancaire est indispensable au développement économique, à la croissance inclusive génératrice d’emplois et à la lutte contre la pauvreté. Cette ambition partagée repose également sur la force du Groupe Rawji qui apporte des capacités financières mais sans jamais interférer dans la gestion et les décisions du management de la Banque que je tiens ici à féliciter. Cette ambition partagée repose enfin sur une connaissance très fine du marché congolais par l’ensemble des équipes de RAWBANK, qu’il me plaît ici de remercier. C’est cette alliance qui nous permet d’être performants au service de tous, pour « Réussir avec vous ».

En seulement dix ans, RAWBANK est devenue la première banque de la République Démocratique du Congo. Son succès est le fruit de son esprit entrepreneurial et de son approche commerciale au plus près des réalités du terrain. Il est aussi le résultat direct de ses méthodes de gestion et de son mode de gouvernance rigoureux, qui lui ont permis de se distinguer de ses concurrents.

Une banque leader en Afrique Sûreté, rentabilité et pérennité sont les trois principes directeurs qui ont permis à RAWBANK d’assoir sa vision de long terme et de devenir la seule banque du pays à être notée par l’agence internationale Moody’s (B3). Avec une conjoncture plus favorable qu’en 2017, l’avenir de RAWBANK s’annonce particulièrement prometteur. La banque ambitionne d’ailleurs de devenir une banque leader d’Afrique, conquérant de nouveaux marchés, en proposant de nouveaux produits et en étendant sa proximité auprès de ses clients.

SIÈGE KINSHASA 3487, Bd du 30 Juin Kinshasa, RDC - Tél.: +243 81 98 32 000 - www.rawbank.cd

DIFCOM/DF- PHOTOS : DR.

Quant à l’Expérience Client, elle s’est recentrée sur la qualité et l’amélioration du parcours client à chacun de ses contacts physiques ou digitaux avec la RAWBANK. En plus des produits et services proposés, le client reste au centre de toutes les décisions de la banque afin de toujours prendre en compte ses attentes et répondre à ses besoins spécifiques et diversifiés.


Grand format RD CONGO

SOCIÉTÉ

ThemboKash

cash R SÉ

IE

ENTU E ET AV G L BE

Mbote Kinshasa ! Article 15 Scénario : Sébastien Maitre Dessin : Thembo Kash Genre : Chronique de la débrouille La Boîte à bulles, 56 pages, septembre 2016

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En BD ou en caricature, le dessinateur kinois croque l’actualité politique et les petits travers de ses compatriotes. OLIVIER LIFFRAN

E

t si c’était encore lui ? Sous le crayon du dessinateur, un dauphin prend progressivement les traits de… Joseph Kabila himself ! « La MP [Majorité présidentielle] est passée à table : de DAUPHIN, on est passé à JOSÉPHIN. Fin de suspense ! » commente Thembo Kash sur son fil Twitter, en R ES référence aux rumeurs persistantes de tentatives de tripatouillages, qui permettraient au chef de l’État congolais de IS S s’éterniser au pouvoir. Thembo Muhindo Kashauri – alias Thembo Kash – est l’un des illustrateurs de presse les plus en vue du pays. Deux fois par semaine, il publie des dessins dans le quotidien national Le Potentiel, avec une nette prédilection pour les sujets politiques. La Dixième De Joseph Kabila Kabange (JKK, « le raïs », égaleSymphonie ment surnommé Léopold Kabila) à ses homoloScénario : André-Paul gues étrangers (à commencer par le Rwandais Duchâteau Paul Kagame) en passant par les membres du Dessin : Thembo Kash gouvernement (notamment son porte-parole, Genre : BD polar Lambert Mende, et son chef de la diplomaÉditions Joker, tie, Léonard Shé Okitundu), le président de P&T Production, la Ceni, Corneille Nangaa, ainsi que les lea96 pages, octobre 2016 ders de l’opposition (Moïse Katumbi, Félix Tshisekedi, Jean-Pierre Bemba…) : il croque sans concession les hommes de pouvoir, sans oublier les petits travers de ses compatriotes et les grands maux dont souffre son pays.

KI N O

E

Une simple blague sur l’exécutif

Dans son atelier situé à quelques rues de l’académie des Beaux-Arts de Kinshasa, où il a fait ses classes à la fin des années 1980, béret vissé sur la tête et allure nonchalante, Kash est intarissable sur la situation politique et sociale. « On s’imagine souvent que les Congolais sont amorphes, mais rarement, dans l’histoire, un peuple


@KashauriM - 10 juin « Bemba 2018 : pourra-t-il concourir ou jouera-t-il le faiseur de roi ? » @KashauriM - 13 mai « Semaine instructive. La MP est passée à table : de DAUPHIN on est passé à JOSEPHIN. Fin de suspense ! »

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Grand format RD CONGO SOCIÉTÉ

a autant morflé ! Aujourd’hui, ma responsabilité est de retranscrire ce que pensent les gens. C’est une forme de résistance. Et je crois que c’est bon pour les libertés publiques. » L’engagement de Kash, qui est membre du réseau Cartooning for Peace (fondé par le dessinateur de presse Plantu, en 2006), ne lui a jamais valu d’avoir maille à partir avec les autorités congolaises. Ce qui ne cesse pas d’étonner dans une RD Congo où une simple blague sur l’exécutif peut coûter un séjour dans les geôles de la redoutée Agence nationale de renseignements. « Au vu de mes dessins, certaines personnes s’imaginent que je vis à l’étranger, s’amuse-t-il. Pourtant, c’est vrai, je n’ai jamais été inquiété jusqu’à présent. En fait, je crois que beaucoup de ceux auxquels je m’attaque ne comprennent pas mes dessins. »

Graphiste dans la publicité

ADOLESCENT, IL SE FAISAIT DE L’ARGENT DE POCHE EN SÉRIGRAPHIANT DES TEE-SHIRTS À L’EFFIGIE DE BOB MARLEY.

L’art de Kash ne se limite pas à celui de la caricature. Il est aussi une figure de proue de la bande dessinée en RD Congo et a d’ailleurs coorganisé les quatre premières éditions du Salon africain de la BD à Kinshasa, au début des années 2000. Sa passion pour le dessin en général, et la bande dessinée en particulier, lui est venue très tôt. Né en 1965 à Butembo (Nord-Kivu), il grandit à Beni, où il a passé son bac en 1986. « Lorsque j’étais enfant, dans les années 1970, il y avait encore beaucoup de Belges et de Grecs à Beni. Les domestiques leur fauchaient des albums venus d’Europe, qui circulaient ensuite dans la population, raconte-t-il. Ça m’a tout de suite scotché, on aurait dit des photos déformées… Et comme j’ai toujours été persuadé

JE RETRANSCRIS CE QUE LES GENS PENSENT. C’EST UNE FORME DE RÉSISTANCE, ET JE CROIS QUE C’EST BON POUR LES LIBERTÉS PUBLIQUES.

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que tout ce que l’homme blanc fait, je peux le faire, je n’ai plus eu qu’une seule obsession : faire la même chose ! » L’adolescent dessine beaucoup. Il trouve le moyen de se faire un peu d’argent de poche en sérigraphiant des teeshirts à l’effigie de Bob Marley. « C’était un super filon, dit-il. Tout le monde en voulait. » Sauf que son père est alors persuadé que son rejeton vole. « Il a pris tout mon argent et a tout jeté, puis il m’a envoyé étudier les sciences politiques à Kisangani. » C’était sans compter la détermination du jeune homme, qui entame un bras de fer d’un an avec son père. Lequel finit par céder. Thembo ira étudier aux Beaux-Arts de Kinshasa, dont il sort diplômé en 1991. Il travaille alors en tant que graphiste dans la publicité tout en débutant dans la BD et dans la caricature de presse, collaborant à plusieurs titres, dont Le Phare et Zaïre Magazine. Outre des albums d’aventures kinoises, tels Jungle urbaine (L’Harmattan, 2012) et Mbote Kinshasa ! Article 15 (La Boîte à bulles, 2016), Kash a publié avec le scénariste belge AndréPaul Duchâteau une série remarquée: Vanity. Cette BD polar en deux tomes (publiés en 2007 et 2010, puis réunis dans La Dixième Symphonie en 2016) retrace les investigations d’Angela Sanders, enquêtrice des assurances VAX, et de Fanny Gennaux, inspectrice du groupe Opera (Organisation police enquêtes recherches artistiques) pour résoudre des crimes à caractère rituel qui les conduisent à s’immerger dans les milieux de la sorcellerie et du satanisme. « J’ai d’ailleurs accumulé une très grosse documentation sur le sujet », s’amuse encore Kash.



COMMUNIQUÉ

AVIS D’EXPERTS

1. Thibaut

HOLLANDERS

2. Edwine

ENDUNDO

Associé Directeur Général Liedekerke Africa Collaboratrice Liedekerke Africa 1

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Énergie hydroélectrique en RDC Un extraordinaire pôle de développement Le potentiel en énergie hydroélectrique de la RDC est estimé par la Banque Mondiale à 100 000 MW, ce qui est de nature à couvrir au moins un tiers des besoins en énergie du continent africain. Néanmoins, sur les 26 provinces congolaises, seules 12 ont accès à ce mode de production d’énergie, les autres étant privées d’électricité sauf à disposer de groupes électrogènes ou de panneaux solaires. L’ hyd ro é l e c tr i q u e Malgré certains est une énergie défis à relever, p r o p r e e t inépuisable, la privatisation du contrairement au secteur de l’électricité pétrole ou au gaz naturel. Fort d’un en RDC devrait débit maximum de 80 000 m 3 /s, le connaitre, fleuve Congo est à court terme, le second fleuve le plus impor tant une forte croissance. d u m o n d e, a p rès l’Amazone. Le projet Grand Inga (40 000 MW), amorcé en 2015, n’est pas encore entré en phase de travaux. Les autorités congolaises semblent dorénavant se tourner vers des projets de moindre envergure (de 10 à 100 MW), plus faciles à financer et à gérer. Le développement de l’industrie minière, très énergivore, passera nécessairement par le développement de l’industrie hydroélectrique. L’outil juridique de base de ce nouveau départ trouve son fondement dans la loi n°14/011 du 17 juin 2014 relative au secteur de l’électricité, qui jette les bases de la libéralisation du secteur de l’électricité en RDC.

Malheureusement, à ce jour, la législation sectorielle congolaise est lacunaire. Elle prévoit que les concessions sont octroyées sur la base d’un appel d’offres et que les modalités de sélection des opérateurs et d’attribution des concessions sont fixées par décret délibéré en Conseil des Ministres. Or, à ce jour, pareil décret n’a pas encore été adopté. Cette lacune réglementaire n’empêche pas, en pratique, l’octroi de concessions, eu égard au principe de continuité du service public. Par ailleurs, les carences du législateur ne font pas le poids face aux besoins de la population. Il reste toutefois à espérer que le législateur comblera rapidement les lacunes constatées, afin d’accroître l’attractivité du secteur hydroélectrique qui est vital pour le développement de la RDC. Donner accès à l’électricité offrira à la population de réelles opportunités de développement économique, tout en diminuant la pression exercée sur les massifs forestiers de la RDC, le charbon de bois (le makala) étant actuellement la principale alternative à l’électricité.

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Grand format RD CONGO SOCIÉTÉ

DIDI JUNIOR KANNAH POUR JA

Le maître tailleur dans son atelier de La Gombe, à Kinshasa, en juin.

STYLE

Du sur-mesure pour les officiers Depuis plus de vingt ans, Okasol est le couturier attitré des corps habillés. Entre autres.

TRÉSOR KIBANGULA, envoyé spécial

l connaît les mensurations de tous les officiers congolais. Dans son atelier moderne installé dans le centre-ville de Kin, on peut admirer des chemises et uniformes taillés sur mesure pour de haut gradés de l’armée et de la police, des costumes en cours de confection pour des ministres et des députés nationaux, sans oublier quelques toges de magistrats. Plusieurs fois primé dans sa discipline, à 58 ans, Samy Okaso Lushima, dit Okasol – ou maître Samy – est le couturier attitré des corps habillés congolais. « La couture est une affaire de famille », confie ce Tetela natif de Lodja (centre du pays). Pour s’en rendre compte, il suffit d’un coup d’œil aux trois portraits – luimême, avec deux de ses cinq enfants – brodés sur un grand tissu blanc et trônant en bonne place dans le bureau où le maître tailleur a l’habitude de recevoir. Un travail remarquable réalisé par son deuxième fils, qui a appris l’utilisation de l’automate de broderie en Afrique du Sud. L’aîné des Okasol, lui, est passé par l’Académie internationale de coupe de Paris (AICP). La fierté se lit sur le visage de ce père lorsqu’il parle de ses fils, mais aussi de sa fille, qui marchent dans ses pas. Lui, c’est sa mère qui l’a initié au métier. Son père n’a jamais voulu le voir coudre et l’avait

I

même envoyé à Kindu, dans le Maniema, très loin de l’influence maternelle, pour préparer son examen d’État (équivalent du baccalauréat). Diplôme obtenu, il intègre l’Institut supérieur de commerce de Kinshasa au début des années 1980, mais continue à coudre « par passion », dit-il, pendant le week-end et les vacances. Jusqu’à se construire petit à petit une réputation. « Un prêtre belge disait à ma mère que la couture était un métier noble, se souvient maître Samy. J’y ai cru et j’ai toujours voulu le prouver à ceux qui pensaient le contraire. »

Tenues d’apparat

À la fin de ses études de gestion, il rejoint Inter Mode, un atelier de couture qui a alors pignon sur rue dans la capitale congolaise. Quelques mois plus tard, il se lance en solo et, dans la foulée, il « gagne le marché des toges des magistrats », qui lui permet d’enregistrer son entreprise et de s’envoler pour Bruxelles. Il y approfondit ses connaissances en gestion à l’Institut de formation des cadres pour le développement (Ifcad) et suit une formation à l’Institut des arts et métiers tout en continuant à coudre des abacosts (symbole vestimentaire de la nomenklatura sous Mobutu) pour des diplomates et des officiers. Encouragé par un attaché militaire à « rentrer servir son pays », le tailleur revient à Kinshasa au moment où débute la rébellion dans l’Est. Après la chute de Mobutu, les nouveaux maîtres de Kinshasa se tournent peu à peu vers lui pour faire confectionner leurs tenues d’apparat. Une clientèle qu’il parvient à fidéliser « grâce à [son] amour du travail bien fait », tient-il à rappeler, mètre ruban extra-long autour du cou. Okasol, c’est aussi le seul atelier de couture d’Afrique centrale où l’on peut trouver certains tissus haut de gamme. C’est notamment le représentant de Dormeuil et de Scabal. Le tailleur envisage maintenant d’ouvrir une boutique à l’aéroport international de Bole, à Addis-Abeba. Son vœu : « Habiller, un jour, les plus grandes personnalités africaines. »

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COMMUNIQUÉ

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Grand format RD CONGO SOCIÉTÉ

ART DE VIVRE

culinaires congolaises, la chef lance, en 2017, une page Facebook fermée : « Le Béaba de la cuisine RDcienne ». Le groupe d’échanges et d’études compte plus de 7 000 inscrits, dont une majorité de femmes, résidant pour la plupart en RD Congo. « Avant de valider une demande d’adhésion, je pose évidemment des questions, mais pour rester membre, il faut surtout être actif, intervenir régulièrement. Je ne vise pas le nombre mais la participation », insiste la chef. Pour éviter tout dérapage, cette dernière joue les modératrices : rien n’est publié en direct, et si les échanges entre membres tournent au vinaigre, elle les désactive.

À consommer sans modération

« Le Béaba de la cuisine RDcienne » réunit sur Facebook des « mamans », des spécialistes et des fans de recettes traditionnelles et de produits du terroir. MURIEL DEVEY MALU-MALU

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Fougères et pâte d’arachide

La coach culinaire Francine Lomponda Moseka, alias Malewa Moderne, anime une communauté de plus de 7 000 passionnés.

POSTERMATIC

u surnom de Maman Malewa – malewa signifiant « restaurant de rue » en lingala – Francine de Lomponda Moseka a préféré éfé é celui l i d e manière de souMalewa Moderne, une a fois populaire et ligner le caractère à la contemporain de la cuissine congolaise. Un sujet qui l’a toujours passsionnée. D’abord parce qu’elle aime ses rrecettes, qu’elle a apprises auprès des « mamans » du ans l’Équateur. village de son père, da Mais aussi parce que préparer ces spécialités lui a permis de rester connectée en avait la nostalà son pays quand elle e hasa, elle a en effet gie. Née en 1970 à Kinsh e à l’adolescence, quitté sa capitale natale pour aller vivre dans un petit bourg de Belgique. C’est lorrsqu’elle était étudiante à Bruxelles, au début des est mise aux années 1990, qu’elle s’e ndissait ses fourneaux. Elle arron nt des plats fins de mois en cuisinan que lui commandaient la famille, les amis, et s’était inscritte dans un groupe culinaire. Maiis exaspérée par les querelles à propos de telle ou telle recette et la méconns et mets naissance des tradition e d’ouvrir congolais, elle décide us le nom sa page Facebook, sou de Malewa Moderne. Elle crée Émission également la chaîne É e, où elle Moseka sur YouTube poste des vidéos de recettes, la plupart bilingues, en frrançais et ongo. en lingala, voire en kiko Afin de pousser pluss loin ses pécialités investigations sur les sp

Tout savoir sur le pondu (ou saka-saka, l’une des spécialités les plus populaires de RD Congo), apprendre à cuire un gâteau à la l vapeur ou à co oncocter une vinaigrette savoureuse et allégée… a Ce « béaba » permet évidemmen nt de découvrir des recettes, mais pas seu ulement. On y trouve des informations surr l’histoire des plats, sur les techniques d de préparation et les modes de cuisson, sur les produits, leur origine et leur nom dans les différentes langues de la RD Co ongo. On y apprend pourquoi le chincha ard y est surnommé « thomson ». On y dé écouvre des spécialités locales, comme c ce plat végétarien de l’ex-Bandundu, prépa aré à base de fougères et accommodé à la p pâte d’arachide, servi sans viande ni poisso on. « Pour redécouvrirr des recettes locales, des savoir-faire, vériifier les techniques, les produits utilisés, jje consulte beaucoup les mamans, mais a aussi des agronomes, des sociologues ou des historiens », explique Francin ne Lomponda Moseka. Ce qu’elle aime e et cherche à partager, c’est une cuisine e naturelle qui soit le plus proche p possible des recettes authenttiques, utilise un maxim mum de produits du terroir et encourage une alim mentation saine et éq quilibrée. À en croire lle nombre de vues de ses vidéos et les commentaires de ses pages sur les réseaux sociaux, l’objectif ssemble atteint.


COULEUR LOCALE

reprises, de la première dame, Olive Lembe Kabila, qui s’échappe pourtant rarement de son palais. Pourquoi une telle proximité avec le régime ? « Mes parents travaillent pour le chef de l’État. Ils s’occupent de l’intendance de la présidence, mais ils sont totalement apolitiques, assure Suzy Muka Okonofua, qui est revenue d’Afrique du Sud pour assurer la gérance du restaurant familial. Majorité, opposition… Tout le monde peut venir à Touche de piment ! » Et de citer en exemple le cas d’un mystérieux professeur, promoteur du mouvement Maï-Maï, qui résiderait aux États-Unis.

Clubbeurs assidus

Petit piment OLIVIER LIFFRAN

B

«

onjour général ! » Suzy Muka Okonofua se lève d’un bond pour saluer JeanClaude Kifwa – officier supérieur connu pour ses méthodes controversées alors qu’il servait à Kisangani –, accompagné ce jour-là de son épouse et de son fils aîné. En femme d’affaires aguerrie, la restauratrice échange quelques amabilités avec son hôte de marque avant de le conduire au bar, où il semble avoir ses habitudes. En quelques années, le restaurant Touche de piment, situé avenue de la Justice, à La Gombe, est devenu l’un des lieux de rendez-vous incontournables des hommes et des femmes de pouvoir dans la capitale congolaise. Officiers supérieurs, ministres

et conseillers, principalement issus de la majorité, viennent régulièrement déguster les spécialités locales sur la terrasse aménagée au bord de la piscine, dans le jardin de la ville. Lorsque les circonstances l’exigent, ils peuvent même tenir séance dans l’un des salons VIP de l’établissement, à l’abri des oreilles et des regards indiscrets. Parmi les habitués : le ministre des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, son homologue de l’Intérieur, Henri Mova Sakanyi, ou encore du Plan, Modeste Bahati Lukwebo. Les militaires y ont aussi leur rond de serviette, à l’instar du général Fall Sikabwe Asinda, commandant de la 34e région militaire (Nord-Kivu), et du général de brigade Jean-Claude Yav, considéré comme un proche du président Joseph Kabila. Sans oublier la visite, à deux

Gare cependant aux importuns. « Nous sommes une maison de paix, mais nous n’aimons pas les tracasseries », explique Suzy Muka Okonofua. À l’en croire, un simple coup de fil suffirait à rameuter la garde présidentielle – le palais de Joseph Kabila est tout proche – pour écarter un éventuel gêneur et ramener le calme dans l’établissement. « Les gens viennent ici pour la tranquillité, insiste-t-elle encore. Les officiers et les ministres sont comme tout le monde, ils ont besoin eux aussi de se détendre ! » Côté divertissement, les noctambules disposent aussi d’une discothèque : une petite salle avec boule à facettes au plafond et DJ aux platines, où les huiles du régime peuvent venir se déhancher jusqu’à l’aube. « Ils ont terminé à 4h30 du matin cette nuit », fait remarquer avec enthousiasme la maîtresse des lieux, en ajoutant que Léonard She Okitundu figure parmi les clubbeurs assidus. Les moins fêtards privilégieront le buffet-brunch du dimanche, au prix unique de 40 dollars. Une cuisine savoureuse et, forcément, fort pimentée, avec ses incontournables spécialités congolaises: chèvre grillée, ragoût de feuilles de manioc, biteku-teku (feuilles d’amarante), etc. Avis aux amateurs, la maison propose aussi du crocodile. Soyez rassurés : une fois cuisiné, le saurien aux crocs acérés fond en bouche. jeuneafrique no 3005-3006 du 12 au 25 août 2018

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COMMUNIQUÉ

Entretien avec Amedeo Anniciello, directeur général de Standard Bank RDC

Standard Bank est la plus grande banque africaine en termes d’actifs avec une empreinte unique dans 20 pays africains. Son siège est situé à Johannesburg, en Afrique du Sud. Notre position stratégique, qui nous permet de connecter l’Afrique à d’autres marchés émergents, ainsi qu’à des pools de capitaux sur les marchés développés et notre portefeuille équilibré d’entreprises, offrent des opportunités de croissance significatives.

« Nous sommes entrés dans une nouvelle phase de développement de notre activité en République Démocratique du Congo » Le groupe compte plus de 54000 salariés, environ 1200 agences et 9000 distributeurs automatiques de billets sur le continent. Le principal actionnaire de Standard Bank est la Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), la plus grande banque mondiale, avec une participation de 20,1%. En outre, Standard Bank Group et ICBC ont conclu un partenariat stratégique qui facilite les flux d’échanges et de transactions entre l’Afrique, la Chine et certains marchés émergents.

Depuis combien de temps êtes-vous en RDC et quelle est votre empreinte ? Nous avons une compréhension profonde et approfondie de l’environnement de la banque d’investissement en RDC, car nous sommes présents dans le pays depuis plus de 25 ans. Standard Bank RDC propose des produits et des services à travers ses succursales à Kinshasa et Lubumbashi, ainsi que dans toute la RDC via un réseau d'intermédiaires locaux.

Vous avez récemment annoncé un changement majeur dans la stratégie de la RDC. Pourriez-vous nous en dire plus ? Standard Bank a décidé de modifier son modèle économique et sa stratégie en RDC pour se concentrer exclusivement sur ses activités de banque de financement et d’investissement (Corporate Investment Banking, CIB) afin de servir un groupe restreint de multinationales et de grands comptes. Cela a entraîné l'abandon de nos services bancaires aux particuliers et aux petites et moyennes entreprises (PME).

Quels sont les objectifs de cette nouvelle stratégie ? La RDC représente une opportunité substantielle pour Standard Bank. Nous avons augmenté notre investissement en capital au niveau local et nous avons récemment mis à niveau nos systèmes bancaires et informatiques de base pour aider à remodeler nos activités de plus de 25 ans et stimuler notre croissance sur le marché. Par ailleurs, nos équipes développent des solutions axées sur les clients en combinant leur compréhension approfondie des conditions du marché en RDC et l'expertise de Standard Bank sur les marchés émergents. Notre opération fournit un lien géographique fort pour les clients multinationaux de Standard Bank qui souhaitent profiter des opportunités d’affaires en RDC.

Quel est l'avenir de la Standard Bank en RDC ? Il s’agit d’une nouvelle phase passionnante de notre croissance en République démocratique du Congo. Comme l’Afrique est notre demeure et que nous sommes déterminés à stimuler sa croissance, nous sommes impatients de poursuivre notre longue histoire de service en RDC.

Pour plus d'informations:

www.standardbank.com et www.standardbank.cd

©DIFCOM - PHOTOS : D.R. - ILLUSTRATION : ADOBESTOCK.COM

Pouvez-vous nous présenter brièvement Standard Bank ?



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