PRÉSIDENTIELLE 2019
MAROC Migrants : pourquoi Rabat hausse le ton
SÉNÉGAL
Macky Sall, la voie royale ?
GRAND FORMAT Afrique-France, un autre regard 10 pages
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3014 DU 14 AU 20 OCTOBRE 2018
Récompensé par le Nobel de la paix pour son action en faveur des femmes violées dans l’est de son pays, le célèbre gynécologue et obstétricien ne se mêle pas des querelles politiciennes mais juge sévèrement le maintien au pouvoir de Joseph Kabila et critique le processus électoral.
DOSSIER Pétrole & gaz Spécial 10 pages
RD Congo
Denisi Mukwege « Ce prix est une manière d’interpeller les Congolais » ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE CENTRALE
.
.
.
.
.
.
.
.
. .
. .
.
.
.
.
. .
France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 birrs Grèce 4,80 €
.
.
.
.
.
.
Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 3,50 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2000 F CFA ISSN 1950-1285
JACQUES TORREGANO POUR JA
Dossier Pétrole et gaz
TOTAL
« Nous disposons du premier réseau commercial d’Afrique devant Shoprite » Momar Nguer, directeur général marketing et services, et membre du comité exécutif 62
jeuneafrique no 3014 du 14 au 20 octobre 2018
Le patron sénégalais de l’aval du pétrolier français entend continuer la diversification des produits et services vendus dans ses stations. Et déplore l’interventionnisme des politiques sur les prix à la pompe. Propos recueillis par CHRISTOPHE LE BEC
C
’
est sans doute le cadre africain le plus haut placé au sein d’une major pétrolière. Né au Sénégal et diplômé de l’Essec, en France, Momar Nguer, 59 ans, est entré en 1984 chez Total et n’en est plus jamais parti, gravissant une à une les marches de l’échelle managériale avant d’être nommé, à la fin de 2016, patron de l’ensemble de la division marketing et services – les réseaux de distribution de carburant et boutiques –, mais aussi membre du comité exécutif du groupe. Une double responsabilité qui a fait de ce passionné du continent – notamment de son art contemporain –, doté d’un redoutable sens commercial, l’un des principaux collaborateurs du PDG, Patrick Pouyanné. Jeune Afrique : Bientôt trente-cinq ans chez Total, c’est une longévité rare chez les dirigeants de haut niveau, même dans l’industrie. Pourquoi êtes-vous resté ? Momar Nguer : Parce qu’à chaque
étape de ma carrière j’ai eu à me renouveler. Quand on m’a nommé la première fois au Cameroun, à mes débuts, je ne connaissais même pas l’Afrique centrale. Au Kenya, où j’ai été directeur de la filiale, j’ai eu, en plus de la responsabilité du réseau de stations-service, à gérer une activité de raffinage que je n’avais
jamais eue auparavant. Et de retour à Paris, nommé patron régional, à la tête de vingt-trois pays et territoires, de l’Éthiopie jusqu’à Tahiti, c’était là encore un sacré challenge ; tout comme quand, par la suite, je suis devenu patron de l’activité aviation du groupe au niveau mondial, expérience au cours de laquelle j’ai dû par exemple gérer les relations avec des syndicats parfois en grève dans les aéroports… Finalement, je ne suis jamais resté plus de cinq ans à un même poste, et à chaque nouvelle nomination j’ai eu à sortir de ma zone de confort. Votre parcours est essentiellement africain, mais dans des régions et à des responsabilités très variées. Le fait d’être africain y a-t-il changé quelque chose ?
Le fait d’être africain a été et est toujours un avantage important dans mes relations sur le continent, du pompiste jusqu’aux ministres et aux présidents. Les gens sur le terrain sont fiers des cadres africains qui ont des responsabilités. Du fait de mes origines sénégalaises, j’ai clairement b é n é f i c i é d ’u n e p l u s g r a n d e proximité avec mes interlocuteurs. Et d’une meilleure compréhension de l’environnement économique et social de mes clients, des pompistes et autres salariés. Comment interprétez-vous votre nomination par Patrick Pouyanné, le PDG de Total, à la tête de toute la
division marketing et services, ainsi qu’en tant que membre du comité exécutif du groupe, il y a deux ans maintenant ?
Quand Patrick Pouyanné m’a proposé ces responsabilités, je lui ai posé la question suivante : “Me nommes-tu parce que je suis africain ou bien pour mes compétences en marketing ?” Et il m’a répondu qu’il me choisissait d’abord pour mes compétences. D’ailleurs, au comité exécutif, nous ne sommes que deux à ne pas être ingénieurs. J’y donne certes mon regard d’Africain, d’origine sénégalaise, mais aussi et surtout de professionnel du marketing. Je m’exprime sur tous les sujets et toutes les géographies.
Dansvotremissionaucomitéexécutif, avez-vous un mandat spécifique en Afrique pour discuter avec les autorités politiques, y compris dans l’exploration-production?
Oui, c’est effectivement l’une de mes missions au sein du comité exécutif. D’ailleurs, quand je voyage sur le continent aujourd’hui, ce n’est pas uniquement pour mes responsabilités de dirigeant de la partie distribution de Total, mais aussi pour certains projets du groupe dans l’exploration-production. J’ai notamment été à plusieurs reprises au Sénégal, où j’ai rencontré le président Macky Sall, en Ouganda, où j’ai dialogué avec le président Yoweri Museveni, et en Côte d’Ivoire, où j’ai discuté avec le Premier ministre
jeuneafrique no 3014 du 14 au 20 octobre 2018
63
Dossier Pétrole et gaz INTERVIEW
Amadou Gon Coulibaly. Et j’ai revu le président Uhuru Kenyatta, que je connais depuis longtemps.
HASSAN OUAZZANI POUR JEUNE AFRIQUE
Des découvertes majeures de gaz ont été faites au large des côtes du Sénégal et de la Mauritanie par la junior pétrolière Kosmos Energy, associée à BP pour leur exploitation. Total a également pris des licences d’exploration dans ces deux pays. N’y a-t-il pas des attentes démesurées vis-à-vis de ces gisements ?
UN POIDS LOURD PÉTROLIER EN AFRIQUE (Chiffres au 31 décembre 2017)
Stations-service
4 377
(sur 15 811 dans le monde) Production d’hydrocarbures
654 000
d’équivalents-barils par jour (sur 2,87 millions dans le monde)
10,6 %
des effectifs sur le continent
SOURCE : TOTAL
64
jeuneafrique no 3014 du 14 au 20 octobre 2018
Bien sûr, il y a de fortes attentes de la population vis-à-vis du gaz. Mais le président Macky Sall connaît parfaitement les enjeux du secteur extractif. Il est géologue de profession, formé à l’Institut français du pétrole, et il a travaillé au sein de la compagnie nationale Petrosen. Il n’est pas dans la surenchère optimiste sur les revenus futurs du pétrole. D’ailleurs, dans les prévisions budgétaires du Sénégal, le gouvernement sénégalais n’a inscrit aucun revenu prévisionnel tiré du gaz. Et c’est peu ou prou la même chose en Mauritanie avec le président Mohammed Ould Abdelaziz, qui est dans la même logique. Avec les découvertes gazières majeures qui ont été faites, j’en connais beaucoup qui auraient annoncé des mesures imprudentes, telles qu’un revenu minimum de 1000 dollars dans cinq ans ! Êtes-vous optimiste sur la bonne coopération entre deux pays, la Mauritanie et le Sénégal, qui ont par le passé eu des différends politiques ?
Les discussions entre Dakar et Nouakchott à propos des champs gaziers se sont bien passées si l’on compare avec d’autres litiges pétroliers frontaliers, notamment entre le Cameroun et le Nigeria, au sujet de la presqu’île de Bakassi, ou même entre le Ghana et la Côte d’Ivoire. Le Sénégal et la Mauritanie ont pris l’habitude de travailler ensemble, notamment au sein de l’Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), qui fonctionne très bien ! Je ne suis pas inquiet, ils ont établi entre eux leurs règles du jeu, et ils s’y tiendront.
Après une période difficile de chute du cours du baril, celui-ci a remonté à quelque 85 dollars ces derniers jours. Qu’est-ce que cela change pour votre réseau de distribution ?
Total est un groupe intégré. Nos résultats dans la distribution de carburant sont moins sensibles aux variations de prix du baril, avec un taux de marge assez stable, ce qui n’est pas le cas de la division exploration et production. Globalement, le groupe se porte mieux à ce niveau des cours plutôt élevé du fait de l’importance de la production. Dans la distribution de carburant, la question qui se pose avec cette remontée est la manière d’ajuster les prix à la pompe, dans des marchés qui sont le plus souvent régulés en Afrique. La tentation est grande pour les dirigeants politiques de ne pas faire bouger les prix, notamment en cas d’échéances électorales. Mais c’est un choix dangereux, d’une part parce que certains États doivent parfois, malgré tout, augmenter les prix en catastrophe à cause de l’endettement généré par le statu quo, devenu insupportable ; et d’autre part, cela laisse croire que le prix du carburant dépend du bon vouloir des politiques, ce qui est faux. Personnellement, je suis partisan de faire évoluer les prix à la pompe une fois par mois. Total détient le premier réseau de stations-service du continent. Comptez-vous sur tout étoffer les services que vous y offrez, notamment en dehors du carburant, où êtes-vous encore dans une recherche d’acquisition ?
Nous avons le premier réseau de distribution de carburant avec 4 500 stations-service, sur lesquelles sont installées 3 000 boutiques. Ces points de vente constituent le premier réseau de distribution commerciale du continent, devant le sud-africain Shoprite ! Pour toucher un public africain le plus large possible, les grands groupes de biens de consommation devraient
penser à Total en premier lieu ! C’est pourquoi nous sommes en pleine discussion avec différents groupes pour nouer des accords de distribution : dans l’entretien des véhicules, la restauration, les produits agroalimentaires, mais aussi les services de banque et d’assurance, ou la réservation d’hôtels. Nous développons de nouveaux services, et notamment le paiement par mobile au travers d’une application disponible dans nos stations, toutes reliées à internet. Élaborée par la start-up sénégalaise In Touch, dans laquelle Total a pris des parts, elle est déjà accessible dans les stations-service de huit pays ouest-africains et a vocation à multiplier les interfaces. À terme, nous souhaitons que l’application d’In Touch soit prochainement disponible sur l’ensemble de notre réseau. Nous souhaitons aussi que la part « non carburant » du chiffre d’affaires de nos stations-service
NOUS SOMMES AUSSI À LA RECHERCHE DE BONNES ACQUISITIONS SUR LE CONTINENT, NOTAMMENT DE PETITS RÉSEAUX NATIONAUX. passe de quelque 15 % actuellement à 30 %. Mais cette stratégie n’est pas exclusive. Nous sommes aussi à la recherche de bonnes acquisitions sur le continent, notamment de petits réseaux nationaux. Aujourd’hui,voustravaillezàl’échelle mondiale, et non plus seulement en Afrique. Pouvez-vous nous donner un exemple d’une démarche issue du continent mise en place ailleurs?
Nous cherchons à étendre ailleurs
le programme « jeune gérant », expérimenté avec succès d’abord en Afrique subsaharienne. Pour gérer nos stations-service, plutôt que de nous associer avec des hommes d’affaires locaux disposant d’un fonds de roulement, Total a préféré former et prêter de l’argent à des jeunes pompistes motivés et instruits. En leur mettant le pied à l’étrier – avec une avance de fonds de quelque 200 000 dollars pour les stations-service des grandes villes africaines –, nous nous sommes dotés d’un réseau mené par des entrepreneurs déterminés et concentrés sur cette seule activité, ce qui fait la différence par rapport à nos concurrents qui sont dans une démarche plus financière que commerciale. Ce succès du programme « jeunes gérants », nous le mettons en œuvre actuellement dans les Caraïbes, à la Jamaïque notamment, où nous comptons une soixantaine de stations-service.
Dossier Pétrole et gaz
PROJETS
Relance de l’exploration
SP
Après avoir puisé dans leurs réserves, les majors reprennent les investissements dans l’industrie pétrolière à la faveur de la hausse du prix du baril.
En décembre 2017, seulement 10 plateformes sur 76 étaient stationnées en mer. TARIK YANMI
’industrie pétrolière africaine, ne dérogeant pas à la tendance mondiale, connaît une embellie avec la reprise des investissements, catalysée par la hausse des prix du brut sur les marchés internationaux. Après les trois contractions annuelles consécutives qui ont réduit les investissements en amont à 432 milliards de dollars en 2016, leur plus bas niveau depuis au moins dix ans, certains observateurs, y compris Khalid Al-Falih, le président d’Aramco, le plus grand pétrolier du monde, avaient formulé l’hypothèse d’une pénurie à moyen terme, en indiquant que les compagnies pétrolières ne cessaient de puiser dans leurs réserves en retardant le renouvellement des stocks. Ce scénario semble maintenant moins plausible. Vu la prépondérance du secteur primaire dans les économies africaines, l’industrie pétrolière et les ressources naturelles sont cruciales pour le continent. La baisse des prix des matières premières ces dernières années a non seulement hypothéqué les équilibres
L
66
jeuneafrique no 3014 du 14 au 20 octobre 2018
macroéconomiques dans plusieurs pays, mais a aussi eu, dans certains cas, des conséquences politiques. Selon l’Agence internationale de l’énergie (IEA), les investissements en 2017 dans l’industrie de l’énergie, tous secteurs confondus, ont baissé pour la troisième année consécutive, enregistrant un déclin de 2 %, à 1800 milliards de dollars. Cependant, l’année a été marquée par l’inflexion de l’investissement dans l’exploration et la production (E&P), avec une expansion de 4 %, à 450 milliards de dollars. En Afrique, la trentaine de pays producteurs de pétrole fournissait l’année dernière environ 7 millions de barils par jour (b/j), soit 7,2 % des 97,4 millions de b/j extraits dans le monde. Les sept plus grands fournisseurs – tous membres de l’Opep, à l’exception de l’Égypte – comptaient pour 89 % de l’offre, ou 6,3 millions de b/j. Selon l’IEA, la demande africaine en pétrole aura été de 4,3 millions de b/j en 2018, soit 4,3 % des 100 millions produits globalement, laissant ainsi un excédent exportable de plus de 2,8 millions de b/j. Mais le continent reste dépendant des importations
de produits distillés à cause de la faiblesse de l’outil de raffinage.
Des pays qui aspirent à rejoindre le club des producteurs
Le nombre des plateformes actuellement actives dans l’E&P semble confirmer la reprise. Selon les données compilées pour le compte des industriels du secteur par le fournisseur de services Baker Hughes, le nombre de plateformes en Afrique en août avait dépassé le seuil symbolique de 99. Parmi les 103 structures, qui représentent 10,2 % du nombre global, moins de 17 % étaient affectés à des forages offshore. À leur plus bas depuis plus de dix ans en décembre 2017, lorsque le nombre de plateformes n’était que de 76, seulement 10 étaient stationnées en mer, soit 13 %. Parce que les coûts d’exploitation en mer ont tendance à être plus élevés, les pétroliers commencent par remiser les plateformes offshore lorsqu’ils sont acculés à réduire les dépenses en période de crise, nous indique un analyste du secteur. Le taux avait touché son plus haut niveau depuis plus de cinq ans
CERTAINS OBSERVATEURS AVAIENT ÉMIS L’HYPOTHÈSE D’UNE PÉNURIE À MOYEN TERME. UN SCÉNARIO QUI SEMBLE S’ÊTRE ÉLOIGNÉ.
Alors que le continent reste largement excédentaire en pétrole brut, la capacité de production renferme encore des marges d’expansion. En effet, la production actuelle de pétrole, pour la majeure partie, se limite au secteur conventionnel, alors que le segment du pétrole de schistes reste encore globalement inexploré. L’IEA s’attend à ce que la production continentale grimpe à 9 millions de b/j dès 2022.
L’Angola, premier producteur en 2017 1,8 % 2,8 % 3,7 %
10,9 %
Volume (en milliers 9,1 % de barils par jour) 11,8 %
Reprise des opérations de fusions-acquisitions
Pour sa part, Total, qui a budgétisé 30 % de ses investissements en 2017 pour l’Afrique, s’est engagé en février aux côtés de Qatar Petroleum pour explorer le Bloc 11B/12B en Afrique du Sud. À la fin de 2017, les réserves prouvées en Afrique de la société française atteignaient 1,74 milliard de barils équivalent pétrole (bep), soit 15 % des 11,48 milliards de bep agrégés. L’autre signe qui confirme l’inflexion dans l’industrie pétrolière en Afrique est la reprise des opérations de fusions-acquisitions. En février, Total a déboursé 450 millions de dollars pour le rachat de 16,3 % du capital de Marathon Oil Libya, lui procurant l’accès à des réserves dépassant les 500 millions de bep. Cependant, les deux plus grandes transactions ces derniers mois sont celles dans lesquelles ENI était partie prenante. La société milanaise avait racheté les 25 % d’intérêts détenus par ExxonMobil dans la concession gazière Rovuma, au Mozambique, pour 2,8 milliards de dollars, puis a cédé au russe Rosneft 30 % de ses parts dans le champ gazier géant Al Zohr, en Égypte, pour près 1,13 milliard de dollars.
23,3 %
7 050
21,7 %
14,9 % Angola Nigeria Algérie
Libye Égypte Congo
Gabon Guinée équat. Autres
SOURCE : IEA
naturel de plusieurs gisements en fin de cycle dans le plus grand pays pétrolier d’Afrique. Cependant, le lancement en juillet de l’exploitation du nouveau champ offshore Kaombo, dans lequel Total a injecté près de 16 milliards de dollars d’investissements, devrait ajouter une capacité de 115 000 b/j en décembre avant que la cadence n’atteigne à terme un rythme de croisière de 240000 b/j. Les majors continuent de jouer un rôle prépondérant dans l’industrie pétrolière africaine. ExxonMobil est en train d’étendre son exploration en Mauritanie, en Guinée équatoriale et en Afrique du Sud. Au Mozambique, le géant américain compte extraire du gisement Coral, dès 2022, l’équivalent de 3,4 millions de tonnes par an (mta) de GNL, avant de passer à 13 mta en 2024.
En période de crise, les pétroliers remisent en premier les plateformes offshore, dont les coûts d’exploitation sont les plus élevés Plateformes offshore Plateformes continentales XX Total 78 11
103 17
76 10
67
66
Janvier 2017
Décembre 2017
86 SOURCE : BAKER UGHES
en décembre 2014, à 34,6 %, lorsque 136 plateformes étaient en service et que le cours du baril de brut dépassait les 100 dollars. À cette époque, lorsque les pétroliers cherchaient à produire toujours plus pour profiter des prix élevés du brut, les sociétés d’exploration poussaient leurs pions dans de nouvelles contrées à la recherche de plus de réserves. En revanche, la contraction subie par le secteur ces dernières années a recentré l’investissement sur les marchés traditionnels en Afrique, à l’exception des pays où les gouvernements étaient plus agressifs dans leurs efforts à attirer des investisseurs dans le secteur, notamment à travers des cadres réglementaires revus pour réduire les risques des multinationales et offrir de meilleures conditions pécuniaires. Maintenant que la reprise semble se profiler, les pétroliers reprennent le chemin des pays qui aspirent à rejoindre le club des producteurs, en explorant notamment en offshore. Parmi les gisements récemment découverts, Tortue, au large de la Mauritanie et du Sénégal, devrait produire du gaz naturel liquéfié (GNL) d’ici à 2021. Le britannique BP y détient une participation de 61 % aux côtés du fournisseur de services américain Kosmos Energy (29 %), le reste étant entre les mains des gouvernements des deux pays, avec une participation de 5 % chacun à travers Petrosen et SMHPM. Les quatre partenaires sont aussi associés dans deux gisements voisins: Teranga et Yakaar. En Angola, la production a perdu en juillet 200000 b/j sur douze mois, à 1,45 million de b/j, soit une baisse de 12 % principalement due au déclin
Août 2018
L’offshore, toujours minoritaire
14,1 %
13,2 %
16,5 %
jeuneafrique no 3014 du 14 au 20 octobre 2018
67
SNPC - Société Nationale des Pétroles du Congo La SNPC, véritable levier du développement économique et énergétique de la République du Congo
Les objectifs de la SNPC pour les prochaines années peuvent être résumés suivant les orientations majeures ci-après : • Améliorer l'action de la SNPC dans le domaine de l’Exploration – Production ; • Améliorer les conditions d’approvisionnement du pays en produits pétroliers ; • Améliorer les performances de la société pour mieux contribuer au budget de l’état ; • Renforcer les capacités de l’ensemble du personnel du Groupe SNPC ; • Améliorer l’image de la société par des actions de Responsabilité Sociétale d’Entreprise. Ainsi, ces objectifs intègrent les aspects Amont, Aval, Finances, Ressources Humaines et Organisation, Communication et Actions Sociétales.
COMMUNIQUÉ
g
Visite de la salle de contrôle des installations de la CORAF
brut et créera des relations avec d’autres grands acteurs du marché afin d’améliorer ses capacités de commercialisation. Les activités de l’Amont et de l’Aval sont soutenues par des filiales (SONAREP, SFP, ILOGS, SNPC D, CORAF) qui ont été confrontées ces dernières années à de nombreuses difficultés suite à la baisse de l’activité. L'objectif consiste à les accompagner par une assistance multiforme afin d’augmenter leur niveau de contribution aux résultats du Groupe.
NOS PROJETS La SNPC a l’ambition d’atteindre une capacité de production pétrolière journalière significative en tant qu’opérateur. Pour ce faire, l'entreprise s'appuiera notamment sur le développement du permis d'exploitation Mengo Kundji Bindi II et sur la mise en valeur du permis d'exploration Mayombe. Quant à ses participations dans les permis opérés par des tiers, l'objectif de la SNPC consiste à augmenter sa part de production et d'améliorer la rentabilité de ces permis par un suivi optimisé et une organisation interne solide.
Les performances financières du groupe SNPC sont menacées par la volatilité de l’environnement économique et financier. Après trois années (2014, 2015 et 2016) de perte, les résultats 2017 et les prévisions 2018 sont positifs grâce à une conjoncture favorable (remontée des cours du baril et augmentation de la production nationale d'hydrocarbures) mais fragile. Aussi, l'amélioration durable des performances financières du Groupe s'appuiera sur le triple plan du contrôle des activités, de la réduction des coûts et de l’optimisation des recettes.
NOTRE POLITIQUE R.H. La politique des ressources humaines du Groupe SNPC est un maillon essentiel de sa stratégie globale. L'objectif est de renforcer l'éthique, la motivation et d'investir durablement dans le capital humain à travers le renforcement des capacités.
NOS ENGAGEMENTS SOCIAUX Elle saisira toute opportunité d’operating lors de l’expiration des permis d’exploitation mâtures. En ce qui concerne le Gaz Naturel, la SNPC saisira aussi les opportunités offertes par les projets gaziers afin d'accompagner l’état dans sa stratégie de valorisation du gaz au Congo.
Afin d’être au plus près des besoins de la population, la SNPC − société citoyenne − poursuivra son engagement sociétal à travers l'optimisation des réalisations antérieures et l'élaboration de nouveaux projets à fort impact sur les populations.
La SNPC entend améliorer les conditions d’approvisionnement du pays en produits pétroliers afin de maintenir la performance de « Zéro Pénurie ». La stratégie consiste à : renforcer le rôle central de la Congolaise de Raffinage (CORAF); augmenter les moyens logistiques existants et relancer le projet du Pipeline Pointe-Noire/Yié/Maloukou ainsi que celui des dépôts de stocks stratégiques et de sécurité. La CORAF devra faire face à de nombreux défis notamment le renouvellement du personnel technique et le financement du remodelage de l’usine existante pour une meilleure valorisation du brut Djéno. La SNPC développera des mécanismes et instruments de couverture contre le risque de volatilité des prix de pétrole
Société Nationale des Pétroles du Congo Tour SNPC -Avenue Denis SASSOU NGUESSO BP: 188 Brazzaville – Congo
www.snpc-group.com
©DIFCOM - PHOTOS : D.R. - ILLUSTRATION : ADOBESTOCK.COM
NOS DÉFIS
Dossier Pétrole et gaz
PRODUCTION
Grand vent de réformes à la Sonangol Sur fond de ralentissement économique et de changements politiques, la restructuration de l’entreprise publique angolaise s’accélère. Objectif: se recentrer pour renouer avec les bénéfices. TARIK YANMI
es enjeux du redressement de la Sonangol sont de taille, alors que le pays de 27 millions d’habitants a requis, en août, et pour la première fois depuis près de dix ans, une aide financière et technique du FMI pour diversifier son économie, largement tributaire d’un secteur dont les ressources devraient s’épuiser en moins de trente ans. Fondée en 1976, la compagnie établie à Luanda a produit, en partenariat avec ses associés, près de 1,6 million de barils par jour (b/j) l’année dernière, soit le plus grand volume en Afrique, contribuant pour près de 40 % au PIB et représentant 95 % des exportations globales du pays. Deux mois après les élections de septembre 2017, le nouveau président, João Lourenço, a choisi Carlos Saturnino pour présider aux destinées de Sonangol, remplaçant la fille du président sortant, José Eduardo dos Santos, qui régnait depuis 1979.
L
Jusqu’au départ d’Isabel, la femme la plus riche du continent, la compagnie s’est aventurée dans plusieurs industries, acquérant pas moins de 90 sociétés positionnées dans les télécoms, l’immobilier et même le transport aérien, diluant ainsi ses ressources et entamant sa rentabilité. Après un bénéfice de près de 3,1 milliards de dollars en 2013, lorsque le prix du baril de brut dépassait les 100 dollars, la profitabilité du groupe, qui emploie près de 22000 collaborateurs, a chuté sous les 100 millions de dollars en 2016.
Vente d’actifs non stratégiques
Pour renouer avec les bénéfices, le plan de restructuration a érigé en priorité la réduction de la dette, qui culminait à près de 14 milliards de dollars en 2015, pour aider à recentrer Sonangol sur ses métiers de base, en se focalisant sur l’établissement d’un groupe pétrolier verticalement intégré. En amont, l’équipe dirigeante
FORTE CROISSANCE POUR LA DISTRIBUTION En aval de la chaîne de valeurs, le stockage, le transport et la distribution des produits distillés et du gaz sont pris en charge par des filiales de l’entreprise publique : Sonangol Logística,
70
Sonangol Distribuidora, Sonangol Gas Natural et Sonangol Comercialização Internacional. Selon les derniers chiffres de la compagnie, le segment a contribué
jeuneafrique no 3014 du 14 au 20 octobre 2018
pour 234 milliards de kwanzas (674 millions d’euros) à l’Ebitda en 2016, en augmentation de 29 % sur un an, et pour 45 % dans la profitabilité agrégée. T.Y.
s’est fixé comme priorité l’augmentation des investissements dans l’exploration et la production (E&P) pour enrayer la chute de la production nationale, précipitée par la maturation dans le cycle de production des gisements actuels. Sur les 3 milliards de dollars d’investissements budgétisés en 2016, plus de 96 % ont été affectés à l’E&P, même si le montant était en retrait annuel de 35 % à cause de la chute des prix du pétrole. Parmi les gisements visés: Mafumeira Sul, Polo Este, Dalia 1, ainsi que Kaombo, qui devrait à lui seul augmenter la capacité de production de 115 000 b/j dès décembre avant d’atteindre, à terme, 240 000 b/j. Le financement des investissements a été facilité par un renflouement public des caisses de la compagnie pour près de 10 milliards de dollars en 2017, ce qui a contribué à réduire la dette à moins de 5 milliards. La vente d’actifs considérés comme non stratégiques devrait aussi contribuer à soulager la trésorerie de l’entreprise. Saturnino indiquait, en février, que des participations dans le transporteur aérien SonAir, ainsi que des parts détenues dans cinq banques locales, notamment les 8,5 % dans Banco Angolano de Investimentos, étaient à vendre. Cependant, les investissements placés à l’étranger ne sont pour l’instant pas concernés. Au Portugal, l’ancienne puissance coloniale de l’Angola, Sonangol détient le tiers du capital de Galp Energia, et
SIMON DAWSON/BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES
En 2017, la compagnie a produit 1,6 million de barils par jour, soit le plus grand volume sur le continent.
près de 15 % de la Banco Comercial Português. Dans le segment midstream, Sonangol compte restructurer son outil de raffinage et augmenter sa capacité de production. Sonaref, l’unique raffinerie du pays, fournit moins de 20 % des besoins en produits
distillés à travers son unité de production de 65 000 b/j à Luanda, à l’arrêt depuis le début d’octobre pour deux mois de maintenance. Cependant, les autorités indiquent qu’une nouvelle unité de 200000 b/j devrait entrer en service à Lobito dès 2022.
Épuisement progressif des réserves
Pour faciliter la restructuration de la compagnie et favoriser le développement du secteur des hydrocarbures, le gouvernement s’est engagé à revoir le cadre réglementaire. Diamantino Azevedo, le ministre du Pétrole, a indiqué, en août, que la mission de concessionnaire des champs pétrolifères du pays, actuellement attribuée à Sonangol, sera transférée d’ici à juin 2019 au plus tard à un nouveau régulateur du secteur. Le gouvernement estime que la création de la National Agency of Petroleum and Gas devrait permettre à Sonangol d’être
APRÈS UN BÉNÉFICE DE 3,1 MILLIARDS DE DOLLARS EN 2013, LA PROFITABILITÉ DU GROUPE EST TOMBÉE SOUS LA BARRE DES 100 MILLIONS EN 2016. plus efficiente, en se focalisant sur ses missions principales de production, de raffinage et de distribution. Le temps semble compté pour la restructuration et la pérennisation des ressources du pays. Selon les propres estimations de Sonangol, l’épuisement progressif des réserves devrait tirer la production de pétrole sous la barre du million de b/j dès 2032, après avoir plafonné à près de 2 millions de b/j en 2008. En 2037, le pays ne pourra plus produire plus de 500 000 b/j avant l’extinction des ressources.
Dossier Pétrole et gaz
INVESTISSEMENTS
En Libye, des majors sur la réserve Le chaos qu’a connu le pays en 2013-2017 a fait chuter la production. Et le retour à une relative stabilité n’a pas rassuré les grands opérateurs internationaux. LAURENT DE SAINT PÉRIER
vec la hausse des cours et le tarissement programmé en novembre des exportations iraniennes, les hydrocarbures libyens – de grande qualité, faciles à extraire et géostratégiquement situés – suscitent l’intérêt des traders comme celui des producteurs. Déjà sous-exploités avant la révolution de 2011 (1,65 million de barils par jour, b/j) en raison d’années d’embargo et de sanctions, les pétroliers libyens ont
A
Malgré la situation politique, la production s’équilibre quand même autour de 1 million de b/j depuis un an. Ici, le champ pétrolifère El Sharara, de l’espagnol Repsol.
Benghazi, a ramené une stabilité relative sur le marché libyen. Au début de septembre, Mustapha Sanalla, le patron de la société d’État National Oil Company (NOC), a ainsi annoncé une hausse de 80 % des revenus pétroliers : soit 23 milliards de dollars, contre 13 milliards en 2017. Opérateur majeur en Libye aux côtés de l’italien ENI, du français Total, de l’autrichien OMV et des américains Marathon et ConocoPhillips, l’espagnol Repsol s’est félicité d’avoir repris ses activités, au point mort entre 2013 et 2017. La relance a permis à la major d’annoncer, en février 2018, que ses activités upstream ont généré en 2017 des profits douze fois supérieurs à ceux de 2016, s’élevant à 632 millions d’euros.
Pression de l’Europe et des ÉtatsUnis, fermeté des Nations unies
« Depuis plus d’un an, la production, qui s’équilibre autour de 1 million de b/j, est certes très en deçà des capacités, mais plutôt satisfaisante compte tenu de la situation politique. L’attaque de juin sur le Croissant a toutefois confirmé le diagnostic d’instabilité chronique partagé dans les milieux internationaux », commente Francis Perrin, spécialiste du secteur, chercheur associé à l’OCP Policy Center (Rabat) et directeur de recherche à l’Iris (Paris). La crise de juin-juillet a rappelé les risques qui pèsent sur le secteur en Libye. Le 14 juin, cette zone sous le contrôle du maréchal Haftar était attaquée par le chef de guerre Ibrahim Jadhran et ses « Gardes des installations pétrolières » (GIP). La production s’effondrait à nouveau. À la fin de 2017, le président de la NOC déclarait à Jeune Afrique : « Depuis 2011, la Libye a perdu 180 milliards de dollars à cause des milices. » Il n’a néanmoins fallu que cinq jours au
ALFREDO CALIZ/PANOS-REA
72
vu leur production s’effondrer sous les 400 000 b/j durant les années de chaos 2013-2017. Au cœur de l’échiquier politico-milicien, les zones de production, notamment celle du Croissant pétrolier, dans le centre du pays, sont à la fois un enjeu que se disputent les chefs de guerre et un moyen de pression pour les groupes locaux. Mais, depuis septembre 2016, la prise de contrôle de cette zone par le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’autoproclamée Armée de libération nationale qui règne sur l’Est depuis
jeuneafrique no 3014 du 14 au 20 octobre 2018
LUBRIFIANTS DE
QUALITÉ PREMIUM
Une gamme complète de produits de qualité supérieure adaptés aux dernièrres technologies et développés pour répondre aux exigences de tous types de moteurs sous conditions extrêmes. Garantissez à vos véhicules une protection optimale et une performance incomparable.
Découvrez la gamme Champion sur www.championlubes.com
R EL E AS E T H E F U L L P OT EN TI A L U N E M A R Q U E D E W O L F O I L C O R P O R AT I O N
Dossier Pétrole et gaz INVESTISSEMENTS
maréchal Haftar pour reprendre le contrôle de la zone. Mais il brouillait la donne politico-économique en décrétant que la branche orientale de la NOC procéderait elle-même à la commercialisation du pétrole des terminaux de l’Est, alors que les revenus étaient auparavant transmis au siège tripolitain, chez ses rivaux du Gouvernement d’union nationale, reconnu par la communauté internationale. Le président américain, Donald Trump, s’étant fendu d’une lettre aux partis libyens, Haftar a restitué le 10 juillet la gestion des terminaux à la NOC Tripoli. « De toute façon, la fermeté des Nations unies et les pressions de l’Europe et des États-Unis, qui ne reconnaissent que la NOC Tripoli, empêchent toute entreprise, sauf quelques négociants peu scrupuleux, de signer avec Benghazi », rappelle Francis Perrin.
Un secteur parapétrolier plus porteur
Face à tant d’incertitudes, les majors se tiennent sur la réserve. Les américains (ExxonMobil, ConocoPhilips, Marathon) ont réduit leur représentation au strict minimum, les européens (l’italien ENI, le français Total, l’autrichien OMV et l’espagnol Repsol) sont plus investis et, tout en restant circonspects, guettent les opportunités. Total (31 000 b/j en 2017, contre 14 000 en 2016 et en 2015) a ainsi annoncé en mars le rachat des 16,33 % des parts détenues par Marathon dans le joint-venture Waha Oil Company,
confirmant un repli américain. Mais la transaction n’a pas plu à Tripoli. « La NOC a émis une objection à ce rachat, les discussions sont toujours en cours. La transaction pose des problèmes légaux, et la NOC avait, en 2012-2013, mené une étude qui estimait cette part à 800 millions d’euros, loin des 450 millions signés, commente en off le représentant libyen d’un parapétrolier européen à Tripoli. Ce qui est aussi préoccupant dans cette affaire, c’est l’absence de coordination entre la NOC et Waha, sa propre filiale. » En Libye, le secteur parapétrolier, dont le service dans le temps est limité au chantier, est en ce moment plus porteur que les investissements dans l’appareil de production, qui demandent d’avoir des certitudes à long terme, rappelle la même source. Dans ce domaine, TechnipFMC (Londres) a raflé la mise en mai 2016, avec un contrat de plus de 1 demi-milliard de dollars pour développer le champ de gaz de Bahr Essalam, au large de Tripoli. Un gigantesque cargo d’habitation a été acheminé pour loger les employés et minimiser les contacts avec la terre : l’offshore reste, en Libye, le meilleur moyen d’échapper au risque sécuritaire. À terre, les enlèvements pour rançons ou autres chantages se sont multipliés, et les entreprises ont appris à composer, financièrement, avec les groupes locaux pour garantir leur sécurité, indique un spécialiste de la sécurité en zone de crise qui assiste sur place des sociétés étrangères. Les
UN POTENTIEL SOUS-EXPLOITÉ Estimées par l’Opep à 48 milliards de barils, les réserves libyennes sont les premières d’Afrique. À la création de la NOC dans la foulée du coup d’État de Kadhafi, en 1969, la Libye produit 3 millions de b/j. Mais de
74
nationalisations en embargo et en sanctions, les investissements chutent, ainsi que la production. Dans les années 2000, le retour en grâce de Kadhafi ramène les investisseurs. En 2010, le président de la NOC annonce l’objectif
jeuneafrique no 3014 du 14 au 20 octobre 2018
de 3 millions de b/j pour 2015. Après sept années de crise, son successeur actuel annonce 2,2 millions de b/j pour 2022, un objectif qui appelle un investissement nécessaire de 18 milliards de dollars. L.S.P.
ENLÈVEMENTS, DEMANDES DE RANÇON… L’OFFSHORE EST LE MEILLEUR MOYEN D’ÉCHAPPER AU RISQUE SÉCURITAIRE. installations réalisées par Technip pour Mellitah Oil, joint-venture entre la NOC et ENI, sur le point d’être mises en service, illustrent un autre potentiel du marché libyen, son gaz, abondant en offshore, peu exploité et moins affecté que le secteur du pétrole par les soubresauts sécuritaires. Avec 1 505 milliards de m 3 de réserves prouvées, la Libye est au 23e rang mondial et au 6e rang africain, avec 14,3 millions de m3 commercialisés annuellement, dont elle n’exporte que le tiers (source : Opep 2017). Mais ses réserves pourraient être bien plus vastes, comme en témoigne la découverte, révélée par ENI en avril 2017, d’une importante poche de gaz et de condensats à 5 km de ses installations de Bahr Essalam.
Les élections conduiront-elles à des jours meilleurs ?
Malgré ces signes positifs, l’insécurité entretient l’incertitude. Le 10 septembre, quelques jours après l’annonce optimiste du patron de la NOC, des hommes masqués ont attaqué son siège à la faveur d’un nouveau chaos milicien dans la capitale. Deux employés ont été tués, vingt-cinq ont été blessés. Le Wall Street Journal y a vu une cause majeure de la hausse de plus de 2 % des cours du brut le lendemain. Prudents face au champ de bataille de Libye, les pétroliers gardent l’œil bien ouvert sur ses champs de pétrole et de gaz, attendant des jours meilleurs. Les élections présidentielle et législatives qu’exige la communauté internationale pour décembre les amèneront-elles ? Chez les géants des hydrocarbures, on voudrait y croire.
COMMUNIQUÉ
AVIS D’EXPERTS
1-
Patrick Pallard
Head of Trade Commodity Finance
2-
Antoine Le Blainvaux
Relationship Manager Trade Commodity Finance 1
2
Notre ambition est de devenir une banque de référence en Afrique Nous répondons aux besoins de nos clients liés à leur activité de négoce en produits pétroliers et gaziers sur le continent africain.
Les projets auxquels nous croyons concernent principalement :
L’Union de Banques Arabes et Françaises - U.B.A.F. a toujours été présente en Afrique du Nord et tout particulièrement en Algérie, Mauritanie, Libye et Egypte pour ses clients – grands négociants et Majors – à travers le financement des enlèvements de crude oil et des livraisons de produits pétroliers raffinés. Aujourd’hui, l’U.B.A.F. peut s’appuyer sur sa longue expérience, ses équipes spécialisées et son important réseau de banques correspondantes et partenaires.
•
Les changements géopolitiques en Afrique du Nord ; en Libye ou au Maroc avec la liquidation de la SAMIR, ont imposé à l’U.B.A.F. de nouvelles orientations stratégiques : • •
2011 à 2012 : Déploiement vers l’Afrique Sub-saharienne en s’adossant à notre réseau de banques historiques. 2015 : Focus sur l’Afrique francophone avec un fort développement de la couverture risque banque pour l’ensemble des biens de première nécessité, les produits pétroliers et agroalimentaires.
Depuis 2016, l’U.B.A.F. a fortement augmenté ses lignes de crédit afin de mieux répondre aux besoins de ses clients et de ses 130 correspondants bancaires. Ainsi nous couvrons pour le compte de nos clients négociants les flux de produits raffinés en faveur de pays tels que la Mauritanie, la Libye, la Guinée, le Sénégal, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Nigéria ou le Ghana. Une partie de ces flux étant vendue aux raffineries africaines (la SIR, la SAR, la SONARA, etc.), l’U.B.A.F. s’est intéressée à ces contreparties et est ainsi devenue sponsor de l’African Refiners Association (ARA), association regroupant les acteurs opérant sur l’aval pétrolier. Aujourd’hui notre volonté est d’élargir notre activité en faveur des pays africains anglophones et notamment en Afrique de l’Est.
•
•
L’usage grandissant du gaz en particulier le LNG, le butane et le propane Le développement des carburants plus propres avec AFRI 4/5 Le soutien de certains projets d’investissement relatifs aux besoins précités.
La stratégie de l’U.B.A.F. pour accompagner les échanges commerciaux avec le continent africain reste celle que nous avons toujours adoptée sur nos zones géographiques historiques (le Monde Arabe). Elle repose sur l’excellente qualité de notre coopération avec nos banques correspondantes qui sont aussi les banques des importateurs et exportateurs, et avec nos clients négociants et Majors. Forts de cet acquis, nous souhaitons désormais nouer des relations d’affaires directes avec certains grands acteurs locaux, distributeurs ou raffineurs. Le réseau de l’U.B.A.F. (France, Japon, Corée, Singapour, Bangladesh, Algérie, Emirats Arabes Unis, Égypte) permet d’accompagner efficacement ces nouveaux développements commerciaux. En quelques années l’U.B.A.F. a multiplié par dix son enveloppe de lignes de crédit dédiée au continent africain et a multiplié par cinq le nombre de ses correspondants bancaires. Parallèlement nous devons poursuivre notre rôle de conseil auprès de tous les intervenants dans un contexte réglementaire et prudentiel renforcé. La maîtrise complète de cet environnement est indispensable pour accompagner efficacement les acteurs ayant recours aux services et produits de trade finance.
Union de Banques Arabes et Françaises – U.B.A.F. Tour EQHO 2, avenue Gambetta 92066 Paris La Défense Cedex France Tél. : +33(0)1 46 40 61 01
www.ubaf.fr