JA 3016 3017 octobre 2018 GF TOGO

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CÔTE D’IVOIRE

HISTOIRE Sexe, race et colonies, le livre qui choque

CAMEROUN Rien ne bouge, mais tout a changé

LA MACHINE BAKAYOKO

NUMÉR DOUBLEO EN VENT DEUX E SEMAIN ES

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3016-3017 DU 28 OCTOBRE AU 10 NOVEMBRE 2018

Le Togo attend toujours la fin du blocage politique qui le fragilise depuis un an. Pourtant, le temps presse s’il ne veut pas hypothéquer des performances économiques enfin prometteuses.

La sortie de crise, c’est par où? ÉDITION TOGO

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Entretien avec André BOUFFIOUX CEO Siemens Belgique, Afrique du Nord, Centrale et Occidentale Quels sont, selon Siemens, les principaux défis dans la région WCA et au Togo plus précisément ?

Quels sont les plans/projets concrets de Siemens au Togo ?

Nos 158 années de présence sur le continent africain nous permettent de bien comprendre les enjeux sociaux, économiques et environnementaux auxquels les communautés font face. Un des défis majeurs est l'électrification. La demande d’électrification et d’infrastructures est de plus en plus forte, car elle conditionne le développement des industries mais aussi le bien-être des personnes.

Siemens s’appuie sur sa présence en Afrique et considère le Togo comme un marché important. Nous croyons au potentiel économique du pays et aimerions contribuer à la réalisation du nouveau plan du Gouvernement togolais axé sur le développement des infrastructures et la production d’énergie éco-responsable.

COMMUNIQUÉ

Ces dernières années, Siemens a franchi une étape importante dans son engagement pour la croissance en Afrique, et plus précisément au Togo,en œuvrant pour un accès fiable, abordable et durable à l’énergie pour tous. Nous pensons que l’électrification totale est la base de tout développement économique. Nous portons notre attention sur les infrastructures locales : comment transporter efficacement les personnes et les marchandises au Togo, dont l’économie est essentiellement basée sur les secteurs agricole et minier ? La réponse réside notamment dans de nouvelles infrastructures fiables et une production d’énergie respectueuse de l’environnement et accessible au bénéfice de tous les habitants.

Pensons par exemple aux centrales à cycle combiné au gaz. Il s’agit des centrales les plus efficaces au monde qui offrent un approvisionnement en énergie abordable. Elles constituent également une alternative à d’autres technologies plus anciennes, telles que les moteurs diesel ou à combustible lourd. Par ailleurs, grâce à leur flexibilité, nos centrales contribuent à la stabilisation du réseau et facilitent l'intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Avec nos partenaires, nous nous engageons sur le long terme en assurant la maintenance de nos installations mais également en participant activement au développement des compétences locales. Car nous sommes convaincus que la première richesse du Togo est l’humain.

« Notre objectif est d’ancrer nos activités au Togo, pour le Togo et avec le Togo ! »

©JAMG/DIFCOM - PHOTOS : D.R.

Quelle réponse et quelle solution Siemens peut-elle apporter ?

Siemens possède l’expérience et les meilleures solutions techniques, doublées d'un support de premier plan, pour aider le Togo à atteindre son objectif.



COMMUNIQUÉ

M. Christian AGOSSA, Directeur Général de la CRRH-UEMOA Photo du Lancement officiel du Projet Régional Banque Mondiale/UEMOA le 20 septembre 2018 à Abidjan



GRAND FORMAT d’un pays

BAUDOUIN MOUANDA POUR JA

Pour tout comprendre de l’évolution

GO TOGO GO

Le pays attend toujours la fin du blocage politique qui le fragilise depuis un an. Pourtant, le temps presse s’il ne veut pas hypothéquer des performances économiques enfin prometteuses. jeuneafrique no 3016-3017 du 28 octobre au 10 novembre 2018

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92 ENJEUX

La sortie de crise, c’est par où ?

94 En débat

André Silver Konan

La diaspora sur liste d’attente

andresilverkona

96 Politique

Entretien avec Komi Sélom Klassou Premier ministre

Faisons simple ! u Togo, les différentes pistes de sortie de crise sont d’autant plus difficiles à emprunter que la vie sociale et politique dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest est ankylosée par trois syndromes: celui de Stockholm, qui touche une bonne partie du petit peuple ; celui d’hubris, qui aveugle les tenants du pouvoir et les empêche d’admettre son éventuelle perte ; et celui « de Ouagadougou », qui a gagné les rangs de l’opposition. Tous ses leaders rêvent d’une révolution à la burkinabè, qui mettrait rapidement fin à « la dynastie cinquantenaire des Gnassingbé ». Mais au XXIe siècle une révolution populaire rapide et efficace ne se décrète pas par des hommes politiques. Elle se décide opportunément et spontanément par les peuples. Conscients de cette faille et atteints du syndrome d’hubris, Faure Gnassingbé et son camp jouent la carte de l’essoufflement des opposants. Il faut admettre que dans le contexte togolais une révolution issue de la rue semble, pour l’heure, hypothétique, d’autant que les partisans des deux camps ont fini par développer les symptômes du syndrome de Stockholm. En effet, en dépit des critiques qu’ils formulent à l’endroit de leurs propres leaders, ils finissent toujours (ou presque) par épouser les éléments de langage et les positions souvent jusqu’au-boutistes de ces derniers. Conséquence: les extrémismes qui se développent au sommet, d’un côté comme de l’autre, finissent par être la chose la mieux partagée par les troupes à la base. Pourtant, la question de bon sens sur laquelle doit se fonder toute médiation est

A

100 Vie des partis

L’opposition maintient la pression

simple: qui a peur de la transparence du jeu électoral et des scrutins? « Techniquement, nous sommes prêts à y faire face », répond Kodjona Kadanga, président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Mais le problème se pose moins en matière de mobilité technique que de transparence des procédures d’organisation des élections et surtout de compilation des résultats, talon d’Achille de nombreuses démocraties en Afrique.

La clé d’une solution durable

Si l’opposition refuse d’aller aux élections et brandit toutes sortes de préalables, c’est bien parce qu’elle n’a pas confiance en la qualité de son organisation. De son côté, si le pouvoir accepte d’y aller, c’est parce qu’il s’est assuré que le jeu était en sa faveur. Dans ces conditions, la communauté des médiateurs doit recentrer le débat et amener les protagonistes à un consensus autour d’un jeu électoral équitable, ouvert, transparent et libre. C’est la clé d’une solution durable du conflit togolais. Toute autre option ne reviendrait qu’à différer la confrontation et à faire gagner du temps à un camp ou à l’autre. La seule chose que recommandent la sagesse et l’humilité face à des protagonistes qui revendiquent tous la majorité du peuple est de reporter ces échéances et d’obtenir le consensus politique, pour que les élections aient bel et bien lieu et que le peuple sanctionne dans les urnes Faure Gnassingbé et adoube Jean-Pierre Fabre ou Tikpi Atchadam. Ou vice versa. Pourquoi faire toujours compliqué au Togo, quand on peut faire simple?

LA SAGESSE ET L’HUMILITÉ RECOMMANDENT DE REPORTER LES ÉLECTIONS POUR OBTENIR D’ABORD UN CONSENSUS.

101 Interview

Jean-Pierre Fabre

Président de l’Alliance nationale pour le changement

104 ÉCONOMIE

Tout est sous contrôle

106 Interview

Sani Yaya Ministre de l’Économie et des Finances

108 Parcours

Samuel Mathey, self-made businessman

112 SOCIÉTÉ Exit l’excision

114 Initiative

Quand les agricultrices s’unissent

116 Tendances

Lomé prend des couleurs

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Grand format TOGO

ENJEUX

La sortie de cris V GEORGES DOUGUELI, envoyé spécial à Lomé

udel’extérieur,leTogosemblevivreparà-coups. Une partie de l’année, les mornes plaines de ce pays d’agriculteurs s’alanguissent dans la somnolence de la saison des pluies. À l’image de Lomé, en cette mi-octobre. La capitale présente le visage d’un orgueilleux centre d’affaires illuminé par la quinzaine d’immeubles ultramodernes où siègent ses banques, le long de ses larges avenues soigneusement entretenues… Puis, comme stimulé par l’harmattan et l’approche des consultations électorales, le volcan s’éveille, prêt à tout dévaster. Une partie de la classe politique durcit le ton, déserte les institutions pour regagner la rue avec son inépuisable fonds de commerce. Une autre partie, tapie au

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sein de la majorité, apprécie tout autant ces moments de tensions politiques qui justifient leur présence aux affaires. Et le pays vu de l’intérieur confirme cette intuition première. À quelques broutilles près. Les politiciens s’écharpent sur des points de détail. Élection à un ou à deux tours? Tout le monde est d’accord pour passer au scrutin majoritaire à deux tours, en dépit de quelques « durs » de la majorité qui estimaient qu’une présidentielle à scrutin unique permettrait de réduire des dépenses inutiles. S’accorder sur le nombre de tours n’a pas suffi. Encore a-t-il fallu formaliser la réforme. La Cedeao a dû l’inscrire dans ses recommandations pour qu’elle apparaisse – enfin – sur l’agenda politique. S’agissant de la limitation du nombre de mandats, il ne serait renouvelable qu’une fois. Sur ce point aussi, les débats frisent l’hystérie. Est-ce que cette limitation mettra


Le président Faure Gnassingbé visitant le chantier du nouveau marché moderne de la préfecture, à Baifilo, le 14 juillet.

e, c’est par où? Faure Gnassingbé hors jeu dès la fin du mandat en cours, en 2020 ? Hors de question pour la majorité d’accepter le principe de rétroactivité législative. Le Premier ministre, Sélom Klassou, prévient: « Il est dangereux d’élaborer des lois qui visent des personnes » (lire pp. 96-98). L’opposition y voit le moyen d’éliminer son principal adversaire. Pour Jean-Pierre Fabre, si la réforme est adoptée, la limitation du nombre de mandats s’appliquera à Faure dès la prochaine élection. Le chef de file peaufine un argumentaire pour gagner cette bataille juridique. Il convoque même l’avis du constitutionnaliste français Guy Carcassonne, qui répondait en 2013 à la question de l’éligibilité à un troisième mandat du Sénégalais Abdoulaye Wade par la négative. Au Togo, le débat est pour l’instant sans issue. Il se poursuit néanmoins tandis que les acteurs politiques se renvoient

PRÉSIDENCE TOGOLAISE

À l’approche des législatives de décembre, la classe politique s’égare en querelles byzantines sur le mode de scrutin, le nombre de mandats présidentiels et la composition de la Ceni.

la responsabilité du blocage. Même sur la composition de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), ou sur celle de la Cour constitutionnelle, méfiance et acrimonie retardent des réformes souhaitées par les démocrates des deux bords. L’intervention de la Cedeao en tant que médiateur de la crise les a obligés à reprendre les discussions après les manifestations d’octobre 2017. Le ministre de la Fonction publique, Gilbert Bawara, assure: « Nous allons veiller à ce qu’un projet de révision soit adopté en Conseil des ministres, et cela après l’appréciation d’un expert constitutionnaliste désigné par la Cedeao pour examiner sa conformité aussi bien avec les recommandations du médiateur qu’avec les normes internationales. Ensuite, nous enverrons le texte à l’Assemblée. La majorité prendra ses responsabilités en espérant que les autres partis agiront aussi dans le sens

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Grand format TOGO ENJEUX

EN DÉBAT

de l’intérêt de tous. » Le gouvernement souhaite faire adopter ces réformes avant le prochain sommet de la Cedeao, prévu pour le 22 décembre.

DOMINIQUE JOUENNE

Mauvais génie

L di La diaspora sur liste d’attente NADOUN COULIBALY

A

près le Mali, puis le Sénégal et le Burkina Faso, bientôt le Togo ? Comme un effet domino, le vote des diasporas, considéré à tort ou à raison comme une avancée démocratique, s’institutionnalise à travers les pays d’Afrique de l’Ouest. Le Togo s’apprête à son tour à franchir le pas, après que le Burkina Faso en a entériné le principe dans sa dernière loi électorale. L’opposition togolaise n’attend que ça, confortée par la feuille de route de la Cedeao. Il reste maintenant à convaincre Faure Gnassingbé. Le vote de la diaspora, s’il peut contribuer à aider le pays à sortir de la crise qu’il traverse depuis un peu plus d’un an, aura forcément un impact sur les résultats des élections. Ne serait-ce que par son importance. Le Sénégal a comptabilisé, d’un coup, 200 000 électeurs supplémentaires en 2012. Au Mali, les 265000 inscrits de l’étranger pèsent aussi lourd qu’une région comme Gao. Au Burkina, ce sont quelque 3 millions de personnes recensées en Côte d’Ivoire qui devraient être autorisées à voter pour la présidentielle de 2020. Au Togo, l’absence de données officielles empêche de réaliser ce type de projection, même s’il est clair que les chiffres seront d’une envergure moindre. L’État commence tout juste à s’atteler à la tâche, qui risque d’être longue. « Le Burkina Faso a voté cette réforme bien avant nous, et elle n’entrera en vigueur qu’en 2020, souligne le ministre Payadowa Boukpessi, comme un rappel du temps nécessaire pour enclencher une telle réforme. La prise en compte du vote de notre diaspora ne pourra pas se faire avant cette date. » Un nouveau délai de deux ou trois ans pour le pouvoir togolais, qui aujourd’hui n’a donc aucune raison de s’opposer, en principe, à une telle nouveauté.

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La bonne volonté apparente du gouvernement suffira-t-elle? Rien n’apporte une telle garantie. Jean-Pierre Fabre accuse la majorité d’hypocrisie. « Ils n’ont jamais eu l’intention de faire aboutir les réformes. Tout ce qu’ils font, c’est gagner du temps. » Ce à quoi lui répond Gilbert Bawara : « Si le radicalisme et l’intransigeance étaient payants au Togo, ça se saurait. Depuis les années 1990, aucune des rencontres prévues pour faire avancer les réformes vers plus de démocratie n’a abouti, à cause du blocage des radicaux. » Même dans l’opposition, des voix dénoncent la surenchère. « Certains sont dans la contestation permanente », se plaint Isaac Tchiakpe, philosophe proche de l’opposant historique Gilchrist Olympio, qui a signé en 2010 un accord de gouvernement avec Faure Gnassingbé. « Nous sommes une nouvelle génération, issue de l’opposition, mais prête pour une négociation coopérative avec le pouvoir. Fabre [qui a créé son parti après avoir quitté l’Union des forces de changement, UFC] est notre mauvais génie. C’est à nous de le mettre hors d’état de nuire. En tout cas, nous ne le laisserons plus prendre en otage le débat au Togo. » Les législatives auront-elles lieu le 20 décembre, comme prévu? Rien n’est moins sûr.

UFC, QUE CHOISIR ? « Nous serons prêts pour le 20 décembre 2018 », assure Kodjona Kadanga, président de la Ceni, comme pour répondre à ceux qui doutent de sa capacité à organiser les législatives à l’échéance fixée par la feuille de route de la Cedeao. Indifférente à l’agitation ambiante, la Ceni a élaboré un chronogramme qu’elle clame pouvoir tenir. Pendant ce temps, l’Assemblée nationale poursuit ses discussions sur la désignation des représentants de l’opposition qui siégeront au sein de la Ceni. Ceux de l’opposition extraparlementaire et de la société civile ont déjà été désignés. Au sein des représentants de l’opposition

parlementaire, il reste le cas de l’admission d’un représentant de l’Union des forces du changement (UFC), alors qu’elle participe au gouvernement. Le nœud du problème étant le rejet par Jean-Pierre Fabre, chef de file de l’opposition parlementaire, de l’idée d’admettre l’UFC dans les rangs de l’opposition. Par ailleurs, les opposants estiment que ces délais ne seront pas tenus si les réformes sur le scrutin à deux tours et la limitation du nombre de mandats n’aboutissent pas. Un scepticisme qui tranche avec l’optimisme du président de la Ceni, Kodjona Kadanga. G.D.



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POLITIQUE

Komi Sélom Klassou Premier ministre

« Les lois ne doivent pas se dresser contre des personnes » Le chef du gouvernement se dit déterminé à garantir le bon déroulement du scrutin législatif et à poursuivre l’application de sa feuille de route.

Jeune afrique : Après la fin des manifestations de l’opposition, faut-il considérer que les turbulences politiques sont terminées ? Komi Sélom Klassou: Nous avons connu

une situation difficile pendant plusieurs mois, mais les choses sont aujourd’hui revenues à la normale. L’opposition a estimé nécessaires certaines réformes, mais le gouvernement veut également réformer la Constitution. En 2014, les discussions ont porté sur l’article 60 – sur le mode de scrutin – et sur l’article 59 – qui concerne la limitation du nombre de mandats. Le parti Unir [Union pour la république], du président Faure Gnassingbé, s’est alors montré favorable à cette dernière mesure. Mais nous étions opposés à toute notion de rétroactivité, contrairement à l’opposition, car nous voulions que le pays reste stable. Évitons les lois qui se dressent contre des personnes. Élaborons des lois impersonnelles. Est-il encore possible de vous entendre avant les échéances électorales fixées par la Cedeao ?

Nous y travaillons. Le 5 septembre, le gouvernement a adopté en Conseil des ministres un projet de révision constitutionnelle qui porte sur la limitation des mandats, à savoir un quinquennat renouvelable une seule fois. Et le mode de scrutin passerait de un à deux tours.

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L’opposition estime que le parti au pouvoir avait rejeté le projet de loi du gouvernement…

L’opposition savait bien que l’Unir seule ne disposait pas d’un nombre suffisant de députés pour régler ce problème. Elle a refusé d’apporter sa voix pour le faire. C’est un déni de démocratie de sa part. Des élections législatives sont prévues le 20 décembre, et la présidentielle doit se dérouler en 2020. Le calendrier peut-il être tenu?

Nous sommes en période de recensement électoral. Cela veut dire que nous souhaitons créer les conditions pour des élections transparentes, équitables et démocratiques. Le président a pris l’engagement de faire du Togo un pays de paix. Depuis un an, nous nous sommes donc inscrits dans une dynamique de dialogue, pour faire comprendre à tous que nous souhaitons la stabilité.

La paix sociale étant revenue, l’économie est-elle repartie?

Nous venons de voter un budget 2019 de 1 457,8 milliards de F CFA (2,2 milliards d’euros) en 2019, contre 1307,6 milliards en 2018. Soit une augmentation de 10 %. Mais nous n’avons pas encore mis en œuvre certains projets qui doivent booster l’économie, comme les agropoles, que nous lancerons bientôt avec le soutien de la BAD et qui permettront, je l’espère, d’engranger beaucoup de ressources supplémentaires.

EMMANUEL PITA

Propos recueillis par GEORGES DOUGUELI


À Lomé, le 13 octobre.

Ces signes de relance vous rendent donc optimiste?

Depuis plusieurs années, le taux de croissance est en moyenne de 5 % et plus. En 2013, il a atteint 5,9 %. Et notre ambition est d’atteindre 7,6 % d’ici à 2022. La situation sociopolitique que nous avons connue depuis le 19 août 2017 [affrontements meurtriers entre manifestants et forces de l’ordre] a affecté négativement cette dynamique. Et notre progression, au titre de l’année 2018, a connu une petite stagnation, avec un taux de croissance de 4,9 %. Concernant la loi de finances 2019, adoptée en Conseil des ministres et dont l’étude commencera ce 11 octobre à l’Assemblée nationale, nous avons tablé sur un taux de 5,1 %. C’est un taux « stressé », c’est-à-dire une hypothèse très prudente que nous devrions dépasser. Sur quels autres piliers comptez-vous pour porter cette croissance?

Nous avons présenté notre Plan national de développement (PND) en juillet et il a été approuvé par la communauté internationale. Il comporte 19 objectifs de développement durable, déclinés en 169 cibles. Nous sommes parvenus à synthétiser, selon trois axes principaux, les opportunités qui s’offrent au pays mais également les défis auxquels il est confronté.

Quelles sont ces opportunités?

Il est d’abord question de faire du Togo un hub logistique d’excellence et un centre d’affaires de premier ordre dans la région. Nous occupons une position médiane et stratégique dans la sous-région ouest-africaine qui fait de notre port en eau profonde un débouché incontournable, d’autant qu’il a bénéficié ces dix dernières années d’une modernisation accrue. Le port de Lomé est le seul de la sous-région à pouvoir accueillir des navires de troisième génération et est donc susceptible de tenir le rôle de port de transbordement. Nous comptons également profiter de notre bonne position dans le domaine aérien, grâce à l’ouverture d’une nouvelle aérogare à Lomé pour la compagnie Asky, qui dessert les capitales de la sous-région et au-delà. Où en est la restructuration du secteur agricole ?

L’agriculture ne bénéficie de l’accompagnement des banques qu’à hauteur

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de 0,3 %, alors qu’elle participe de près de 40 % au PIB. À la fin de juin, le chef de l’État a lancé le Mifa, un mécanisme incitatif de financement agricole pour mutualiser les risques de l’emprunt. Cela permet aux petits exploitants agricoles de trouver leurs financements auprès des banques. Avec le Mifa, nous souhaitons atteindre 5 % de taux de croissance, ce qui porterait à 50 % la contribution de l’agriculture dans la formation du PIB. Mais le vrai changement consiste à mettre l’accent sur la transformation, pour mieux valoriser nos produits et ainsi pallier le déséquilibre de notre balance commerciale. Parler de transformation, c’est aussi parler de création de chaîne de valeur et donc de création d’emplois et de richesses pour le pays. Ce plan de développement doit donc sortir le pays de la pauvreté ?

La création de richesses doit permettre de mieux mettre en place les mécanismes d’inclusion sociale et ainsi de lutter contre la pauvreté. Il faut affecter plus de moyens à l’éducation et à la formation, à la santé,

QUELLE EST LA SITUATION DE LA DETTE ?

La relance est due aux importantes réformes engagées pour rétablir la stabilité du cadre macroéconomique et l’assainissement des finances publiques. En 2017, le taux d’endettement avait atteint un niveau anormal. Nous avons réussi à le réduire de 10 %, à près de 72 %, et comptons tout mettre en œuvre pour que cela ne se reproduise plus.

aux infrastructures… tout ce qui doit permettre à la population d’avoir accès aux services de base. C’est grâce à ce plan que nous atteindrons nos objectifs de croissance. Quid de la question du déficit énergétique?

Dans le cadre du PNB, nous souhaitons parvenir à un taux d’électrification de 100 % d’ici à 2030, contre 37 % actuellement. Nous prévoyons d’atteindre un taux de 50 % d’ici à 2020, puis de le porter à 75 % en 2025, avant donc d’arriver à 100 % d’ici à 2030. Comptez-vous développer les énergies renouvelables ?

Une cartographie a été réalisée pour lister nos possibilités en la matière. Nous mettrons en place près de 351 mini-centrales solaires et nous voulons fournir des kits à chaque ménage. Cela a commencé avec le projet Cizo [« allumer » en langue guin]. En moins de six mois, près de 52000 foyers ont eu accès à l’électricité, notamment dans les zones rurales.

La CCIT au service des PMEs se digitalise principale mission de la CCIT est d’accompagner le secteur privé dans sa quête de plus de performance et de compétitivité au plan national et international, à travers l’information, la formation, la promotion,

l’appui-conseil, l’accompagnement des porteurs de projets ainsi que la mise à disposition d’infrastructures au bénéfice b des opérateurs écon nomiques. La CCIT s’est engagée ces dernières années dans une nouvelle dyd nam amique qui se traduit parr une transformation à travers la digitalisa-

tion de son fonctionnement et de ses procédures internes ; la mise en place des infrastructures d’accompagnement des TPEs et PMEs ; et des projets de création de centre de formation dédiée aux métiers, en commençant par la mécanique-auto et les métiers de bouche. L’objectif est de mieux prendre en compte les

besoins du secteur privé et de lui proposer des solutions. La CCIT est représentée à l’intérieur du pays par des Délégations Régionales, et contribue ainsi au développement inclusif par les actions qu’elle réalise pour les entreprises des cinq régions économiques du Togo.

« La CCIT, au service des Entreprises et du Développement ! » CHAMBRE DE COMMERCE ET D'INDUSTRIE DU TOGO - Avenue Pompidou - Lomé, Togo - Tél. : +228 22 21 20 65 - www.ccit.tg

©JAMG/DIFCOM - photos : D.R.

L


COMMUNIQUÉ

BLUE TURTLE BAY, UN PROJET INNOVANT DE TOURISME DURABLE

Créer la première marina du Togo, tel est l’objectif visé avec le projet Blue Turtle Bay, dont la finalisation est prévue en 2019. La priorité a été accordée à la préservation du cadre naturel et à l’impact des réalisations sur l’environnement.

Promoteur du Blue Turtle Bay

Blue Turtle Bay Lomé Boulevard du Mono, juste après le Sarakawa Lomé 3266, Togo Tél. : (+228) 70 00 40 01 Facebook : blueturtlebay

À côté du port de plaisance, huit bungalows, comprenant 16 chalets en tout, seront en construction à partir de novembre 2018. Deux restaurants sont déjà ouverts (cuisine japonaise, et cuisine avec grillade et pizzeria) et deux autres seront opérationnels en 2019, dont un établissement haut de gamme (bar à vin, bar à champagne et bar à cigares) qui doit être inauguré prochainement ainsi qu’une grande salle de réception. « Nous avons souhaité faire en sorte que la restauration s’adresse à toutes les couches sociales ; en effet, ce complexe a vocation à intéresser toute la population togolaise » précise le promoteur du projet.

Espaces verts et recyclage L’attraction principale de Blue Turtle Bay est sans conteste le bassin creusé à l’intérieur du site par enrochement afin d’établir une piscine naturelle, alimenté en eau de mer. Cette zone de baignade sécurisée permet d’éviter les courants de l’océan. Le projet devrait être entièrement achevé en 2019. Dès la conception, la dimension environnementale a été une priorité absolue. Plus de 4 000 arbres ont été plantés et un effort particulier a été dédié à l’aménagement des pelouses. Un espace naturel habité par une faune existe également et est entretenu. Pour ce qui est de l’énergie, l’objectif est d’utiliser le solaire pour couvrir 100 % des besoins du complexe d’ici trois ans. Un potager a été créé et aucun engrais chimique n’est utilisé. Les déchets sont recyclés et un traitement complet des eaux résiduelles est prévu. « Nous sommes dans une logique d’économie circulaire » affirme Sam K. Khouri.

L’appui des autorités Ce projet est le résultat d’une vision qui me tenait à cœur, combinée avec la volonté des autorités portuaires d’aménager le site. Aujourd’hui,

Blue Turtle Bay est le fruit d’une détermination à développer la zone côtière à Lomé. Il a été rendu possible grâce a la confiance des autorités portuaires qui m’ont concédé cet espace et accompagné jusqu’au bout dans toutes les étapes de réalisation de ce projet. L’étude environnementale a permis de déterminer un impact économique et social non négligeable et un intérêt certain pour la préservation de l’écosystème et la promotion d’une approche inclusive liée au développement durable. « Nous avons travaillé exclusivement avec des sous-traitants et des fournisseurs locaux ; tout est possible localement, que ce soit les compétences locales, les idées, et les matériaux » souligne Sam K. Khouri. Une centaine de personnes sont employées actuellement sur le site en permanence. Par-delà la génération de nouvelles recettes, liées notamment au tourisme de plaisance, le promoteur espère que le projet, qui bénéficie déjà d’un soutien important du gouvernement, et avec le taux de fréquentation encourageant qui se développe au fur et a mesure, va donner une impulsion décisive à l’industrie touristique togolaise dans son ensemble.

©JAMG/DIFCOM - PHOTOS : ©FLORENT BANISSA

Mr Sam Kossi Khouri

Sam Kossi Khouri, entrepreneur togolais, a eu l’idée en 2014 de bâtir le 1er port de plaisance du Togo. La construction a démarré en 2015 et le projet, situé entre l’hôtel Sarakawa et le Port Autonome de Lomé, est achevé aux deux-tiers. « Nous souhaitons pouvoir accueillir jusqu’à 30 bateaux de plaisance, aussi bien togolais qu’en provenance d’autres pays africains et étrangers » souligne Sam K. Khouri. Un parking à sec est également prévu au niveau de la marina ainsi qu’un service technique de maintenance et un dispositif de sécurité selon les normes édictées par les autorités.


Grand format TOGO ENJEUX

VIE DES PARTIS

accompagne ainsi l’élaboration des textes des réformes politiques et constitutionnelles chères à l’opposition, qui réclame la limitation du nombre de mandats présidentiels. « Le terrain d’entente que nous trouverons ne peut que déboucher sur l’alternance en 2020 », assure Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson.

Pression force 14 La coalition qui porte la contestation contre Faure Gnassingbé se dit prête au dialogue. À condition que le pouvoir donne des gages de bonne volonté.

Libération de détenus

n an après sa création, la coalition des 14 partis d’opposition (C14), qui mène la fronde contre le pouvoir, semble montrer des signes d’effritement. « Nous n’en sommes pas là, assure la présidente, Brigitte Kafui AdjamagboJohnson. La C14 se porte bien et continue d’être à l’avant-garde de la lutte. » Accusant le camp d’en face de jouer la montre et surtout d’avoir infiltré les manifestations de l’an dernier, cette ex-enseignante en droit de l’université de Lomé affirme que la contestation est loin d’avoir faibli. « Nous avons décidé de donner une chance au dialogue pour sortir de la crise », poursuit-elle. Si les appels de l’opposition à manifester se sont faits plus rares, c’est en raison des progrès engrangés par la médiation conduite par les présidents guinéen et ghanéen Alpha Condé et Nana Akufo-Addo, sous l’égide de la Cedeao. « La mise en œuvre de la feuille de route évolue de façon positive et a déjà permis à l’opposition, à commencer par la C14, de rejoindre la Commission électorale nationale indépendante [Ceni] pour apporter sa contribution à la tenue d’élections transparentes, ouvertes et crédibles », se félicite Boukpessi Payadowa, ministre de l’Administration territoriale. La commission de la Cedeao a mandaté des experts chargés d’appuyer la Ceni. Un spécialiste constitutionnaliste

ANGE OBAFEMI/PANAPRESS/MAXPPP

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Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson est à la tête de la C14, qui regroupe quatorze partis.

Le Journal Afrique Chaque soir à 20h30* sur TV5MONDE Présenté par N’Fanteh Minteh et Dominique Tchimbakala

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NADOUN COULIBALY, envoyé spécial à Lomé

Si elle se montre ouverte à un dialogue inclusif, la coalition attend, en contrepartie, la libération des détenus politiques. « La feuille de route préconise cette mesure en signe d’apaisement. C’est une question de bon sens. Elle doit intervenir sans délai », lance cette militante des droits humains. Pour exiger la remise en liberté des prisonniers de la coalition, le président du parti Les Démocrates, Nicodème Habia, a observé deux semaines de grève de la faim devant l’ambassade du Ghana. « Nous avons eu des blessés et des morts dans nos rangs, et cela n’a donné lieu à aucune arrestation ni à aucune enquête pour identifier les responsabilités et les auteurs de ces crimes, poursuit Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson. En revanche, le régime interpelle systématiquement nos sympathisants, réels ou supposés. Des personnes ont été arrêtées à leur domicile en dehors de toute manifestation. Ces injustices poussent à la révolte. Si le régime veut aller vers une résolution de la crise, il devrait tendre la main en libérant les personnes arrêtées sans aucune charge ni preuve. » Alors que les législatives approchent, la C14, qui affirme avoir désigné ses huit délégués au sein de la Ceni, met en garde contre toute précipitation. « Actuellement, le chronogramme ne permet pas d’organiser des élections transparentes, estime Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson. Si, malgré nos recommandations, la Ceni reçoit l’ordre de préparer unilatéralement les élections, c’est que le régime est de mauvaise foi. » L’accalmie paraît plus que précaire…


INTERVIEW

Jean-Pierre Fabre Président de l’Alliance nationale pour le changement

« Pas d’élections dans ces conditions » Malgré la médiation de la Cedeao, le chef de file ne le boycott du scrutin scrutin. de l’opposition prône Il subsiste selon lui trop t de points de blocage.

Le président de la Commission électorale nationale indé épendante (Ceni) assure qu’il peut tenir t ce délai…

La a Cedeao a des normes et je doute que la Ceni puisse réussir. Tout T ce que nous contestons et qu ui est à l’origine de la crise doit êtrre réglé. Sinon il n’y aura pas d’électtions. Nous ne courons pas après des d sièges, mais nous travaillons à l’an ncrage de la démocratie et de l’État de dro oit dans le pays.

Propos recueillis par GEORGES DO OUGUELI Le gouvernement estime e que vous faites obstruction aux réform mes institutionnelles. Qu’en est-il ?

Vous imaginez que, après a avoir organisé les manifestatio ons contre le pouvoir auxquelles le e monde a assisté, nous puissions accepter d’aller aux élections da ans ces conditions d’opacité ? Non N ! Nous ne lâcherons r ien sur ce qui va concourrir à l’équité et à la transparence des élections.

Pourquoi exclluez-vous l’Union des forces de changemen nt (UFC) de Gilchrist Olympio des rangs de l’opposition au sein de la Ceni ?

Le pouvoir nous demande de céder à l’UFC un des sièges réservés à l’opposition, alors que e ce parti a signé un accord de gouvernem ment. Nous ne lui accorderons jamais. Au A sein de la Ceni, la loi prévoit huit mem mbres issus de l’opposition parlementaire e, extraparlementaire et de la société civiile, ainsi que huit membres représentant le parti au pouvoir et ses alliés. Quant au dix-septième membre, nous exigeon ns qu’il soit un étranger, de préférence isssu d’un pays membre de la Cedeao.

Ne risquez-vous pas de d vous mettre à dos les ch hefs d’État médiateurs de la C Cedeao ?

Cela signifie-t-il que vo ous n’irez pas au scrutin du 20 décembre d prochain ?

Ne craignez--vous pas de passer pour des fauteurs de d troubles aux yeux de la Cedeao ?

VINCENT FOURNIER/JA

Non. C’est la Cedeao o qui veut régler la crise togolaise e à travers les législatives. Elle a don nc le devoir de tout mettre en œuvre e pour que les conditions de leur bo on déroulement soient réunies. Et E qu’il n’y ait pas de contestation. Le 30 juillet, nous avons eu une discussion d franche et respectueu use avec Alassane Ouattara, ma ais nous sommes restés fermes sur nos positions : pas d’élection ns dans les conditions actuelles.

Quelle personne normale peut penser que ce scrutin se tiendra à cette date ? Nous ne sommes pas des idiots. Nous n’y participerons pas avec le mode de scrutin actuel [un seul tour] et avec ce découpage des circonscriptions. Imaginez-vous que je suis élu en ayant obtenu huit fois plus de voix que d’autres ! Nous exigeons 23 sièges de député à Lomé, contre 10 actuellement. Pour légitimer ce découpage inéquitable, ils disent s’appuyer sur l’histoire du pays. Mais certaines zones ne devraient pas être privilégiées. Il n’existe pas de discrimination positive en matière d’élections.

Ils nous ont demandé d de donner une liste au plus tard le e 30 septembre. Nous avons tenu ce délai. Nous attendons la suite. Le reste ne nous regarde r pas. S’agissant de la tenue des élec ctions, je pense qu’elles n’auront pas lieu avant a juin ou juillet 2019. La Ceni ne pourra pas les organiser avant.

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COMMUNIQUÉ

Le groupe TOGOCOM constitué de l’entité filaire Togo Télécom opérateur historique et de l’entité Mobile TOGO CELLULAIRE se réorganise en profondeur pour faire face à l’évolution des usages des consommateurs et à l’entrée sur le marché de nouveaux concurrents avec des offres très compétitives et séduisantes pour sa clientèle. La convergence des deux réseaux permet aujourd’hui de rapprocher progressivement le très haut débit fixe et mobile sur toute l’étendue du territoire au bénéfice de la population. Affoh ATCHA-DEDJI Directeur Général de Togocom

La Direction Générale affiche sa nouvelle vision à travers les propos de Mr. Affoh ATCHA-DEDJI, Directeur Général de TOGOCOM : « Nous avons conscience d’avoir une responsabilité particulière et d’être un rouage essentiel de la croissance de notre pays dans un monde qui se digitalise chaque jour un peu plus. Et notre ambition est de devenir dans les prochaines années un des acteurs de référence de la sous-région ».

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ÉCONOMIE

Sur la bonne

JACQUES TORREGANO POUR JA

Après une année difficile, les signes d’un redressement sont là. Une tendance que le Plan national de développement devrait consolider.

Le port de la capitale, où d’importants investissements ont été consentis.


voie « N NADOUN COULIBALY

ous sommes dans une dynamique de reprise de l’activité », constate Germain Essohouna Meba, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Togo. L’économie du pays va effectivement à nouveau de l’avant, après une période atone en 2017 due aux remous sociopolitiques. Lomé explique cette bonne tenue par les investissements massifs consentis dans les infrastructures – notamment dans le port de la capitale ou dans l’aéroport international –, censés renforcer le socle de l’économie. « L’activité a pourtant bien connu un ralentissement mi-2017. En conséquence, le taux de croissance est estimé à 4,4 % pour l’ensemble de l’année. L’inflation reste dans le même temps sous contrôle, autour de 1,1 % », précisent les experts du FMI. S’il est conscient des risques que font peser les tensions sociales sur les perspectives de croissance, le Fonds se dit désormais optimiste. Il faut dire que la première revue des performances du Togo dans le cadre de son programme appuyé par une facilité élargie de crédit (FEC) avait relevé des indicateurs économiques globalement positifs : croissance proche des 5 % en fin d’année 2018, faible taux d’inflation, assainissement en cours des finances publiques, modernisation des infrastructures, financements extérieurs obtenus à des conditions favorables. Une mission du Fonds prévue fin octobre devrait d’ailleurs entériner ces bons résultats. Lomé semble donc être sur la bonne voie. Les efforts de redressement de l’économie ont permis de ramener le solde primaire de la dette autour de 72 % du PIB en 2017, contre 79,2 % un an plus tôt. Cet indicateur qui mesure l’effort budgétaire des autorités s’est amélioré, passant d’un déficit d’environ 4 % du PIB en 2016 à un excédent proche de 1 % l’année suivante. Mais les manifestations qui ont ébranlé le pays dès le mois d’août 2017 ont sapé une partie de la confiance des consommateurs et des investisseurs, locaux comme

étrangers. L’économie a ainsi perdu près d’un point de croissance par rapport aux prévisions initiales. Le léger rebond annoncé pour 2018 est encore en deçà de la moyenne de 5,4 % enregistrée sur la période 2015-2016. « La reprise dépend largement de l’issue des élections législatives de décembre prochain et surtout de la présidentielle de 2020. Beaucoup d’investisseurs hésitent et attendent que l’horizon politique s’éclaircisse », glisse un patron togolais. Si celui-ci admet des progrès, il regrette « la lenteur » dans la prise de décisions comme dans leur mise en œuvre. Plus optimiste, le ministère de l’Économie et des Finances table sur une prévision de croissance de 5,1 % en 2019.

Hub financier

Pour consolider la trajectoire de ses performances macroéconomiques, l’exécutif parie sur son Plan national de développement (PND), portant sur la période 2018-2022. Doté d’une enveloppe d’environ 4 622 milliards de F CFA (7 milliards d’euros), dont près des deux tiers sont apportés par le secteur privé, ce programme entend ouvrir la voie à une transformation structurelle de l’économie togolaise. Pour cela, il prévoit la mise en place d’une plateforme logistique de premier plan, d’un hub financier et d’une base manufacturière solide, le tout encadré par une politique inclusive et sociale. Misant sur le positionnement géographique du Togo, la plateforme logistique s’appuie sur les installations portuaires et aéroportuaires rénovées de la capitale. Le nouvel aéroport de Lomé a même déjà franchi la barre du million de passagers. « Nous travaillons à rassurer le secteur privé. C’est dans cet esprit que nous avons organisé à Hangzhou [en marge du sommet Chine-Afrique] un forum d’affaires avec les investisseurs chinois, en vue de nouer des partenariats pour la mise en œuvre des projets structurants contenus dans le PND », explique-t-on au ministère de l’Économie et des Finances. Selon le meilleur scénario, l’effet du plan serait tel qu’il favoriserait l’accélération de la croissance, qui s’établirait à 7,6 % en 2022. Dans le même temps, le pays espère créer pas moins de 500 000 emplois, pour augmenter le PIB par habitant de 9, 7 % et le porter à 670 dollars. Une augmentation qui pourrait permettre au Togo de grappiller 14 points sur l’indice de développement humain (IDH) du Pnud, pour, finalement, ramener le pourcentage de la population vivant au-dessous du seuil de pauvreté à 44,6 %, contre 53 % actuellement.

SELON LE MEILLEUR SCÉNARIO, LES MESURES ENVISAGÉES FAVORISERONT UNE ACCÉLÉRATION DE LA CROISSANCE, QUI S’ÉTABLIRAIT À 7,6 % EN 2022.

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INTERVIEW

Sani Yaya

Ministre de l’Économie et des Finances

« Nous devons rassurer le secteur privé »

Propos recueillis par NADOUN COULIBALY

onsolider la croissance et confirmer la relance de l’économie, ralentie en 2017 par les remous politiques : voici les objectifs que s’est fixés le ministre Sani Yaya, 55 ans. Ce fin connaisseur du secteur bancaire ouest-africain détaille son plan d’attaque.

C

faire augmenter le stock de capitaux dans le pays et de préserver la croissance, par ailleurs soutenue par l’agriculture, secteur dans lequel le gouvernement a injecté d’importantes ressources financières depuis 2008. Avec quels objectifs?

L’agriculture va continuer à porter la croissance du pays en 2019, de manière plus ou moins importante en fonction des conditions

Jeune Afrique : En dépit de la tension sociale, les performances macroéconomiques du Togo restent p ositives. C omment l’expliquez-vous? Sani Yaya : Le gouver-

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Quatre ans plus tard, nous pouvons dire que nous avons pris la bonne décision. L e s p erformances réalisées par ce nouvel office ont permis de booster le niveau de mobilisation des ressources. Les recettes fiscales ont bondi de 40 % en quatre ans, et leur mobilisation devrait encore progresser de 3,8 % en 2018. Nous avons réussi à porter le taux de pression fiscale à 20,6 % en 2017, soit plus que la norme des pays de l’Uemoa [20 %]. Pourquoi avoir élaboré un nouveau Plan national de développement (PND) 2018-2022?

L’élaboration du PND, désormais unique cadre de référence à moyen terme en matière de développement, s’appuie sur les résultats de la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (Scape), mise en œuvre entre 2013 et 2017. Le gouvernement entend maintenant capitaliser sur ces acquis pour transformer structurellement l’économie togolaise. Et comment comptez-vous financer ce plan?

EMMANUEL PITA

nement a poursuivi ses réformes pour progressivement améliorer le climat des affaires. Ce qui nous a permis d’attirer d’importants investisseurs et, ainsi, de poursuivre notre plan de développement des infrastructures. Le groupe Bolloré et l’armateur MSC ont ainsi considérablement investi dans le Port autonome de Lomé (PAL), et Heidelberg Cement dans le secteur du BTP, avec la production de clinker. Une nouvelle aérogare internationale a également été construite, et des routes ont été bitumées. Ces équipements nous ont permis de

climatiques. Nous prévoyo n s d e c ré e r d e s « agropoles » pour favoriser la transformation locale. Les deux sites de ciment installés dans le pays exportent une partie de leur production et soutiennent la demande locale dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Dans le tertiaire, le transport devrait prendre de l’importance à la suite des investissements réalisés dans le port de Lomé.

Vous avez fusionné vos services des douanes et des impôts pour mieux mobiliser les ressources p r o p r e s . Av e c q u e l s résultats ?

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Le secteur privé doit apporter près de 65 % des 4 622 milliards de F CFA (7 milliards d’euros) nécessaires au financement du PND. À nous de le rassurer pour qu’il apporte sa contribution au développement du pays.


E

INITIATIVE

DOMINIQUE JOUENNE

deh Dona Etchri ne dort pas beaucoup. « Quand j’ai une tâche qui m’attend, je la fais à fond », explique-t-il après une nuit blanche. Et ça paie. Multirécompensé pour ses applications, l’entrepreneur de 32 ans a récemment intégré le Top 10 des Togolais les plus influents. Son grand succès, la plateforme e-agribusiness, transforme peu à peu le paysage agricole du pays. « Le secteur emploie près de 60 % de la population, mais il est miné par de nombreux problèmes, constate-t-il. Le principal, c’est la difficulté pour les producteurs à écouler leurs productions. Ils ne connaissent parfois pas leurs acheteurs et ne maîtrisent pas le cours du marché. Avec l’appli, ils ne se font pas avoir, tout est transparent. » Quid des agriculteurs qui n’ont ni smartphone ni accès à internet ? « Nous disposons de centres d’appels en langue locale, insiste Edeh Etchri. Nous leur envoyons ensuite des SMS les informant de la météo, par exemple, afin qu’ils prennent les bonnes décisions. Il faut s’adapter à leurs réalités. » Après trois années de phase pilote, l’application a été officiellement lancée en mars 2017. Et depuis trois mois, c’est aussi l’outil principal du Mécanisme d’incitation au financement agricole (Mifa), piloté par le ministère de l’Agriculture.

Appli des champs YOUENN GOURLAY

Au nord de Lomé, dans la vallée du fleuve Zio, Gaston, l’un des conseillers agricoles du Mifa, mesure la taille exacte des champs de Wisdom, agriculteur, et les géolocalise à l’aide de la plateforme. Une fois les données

enregistrées, Wisdom est identifié, et tout un écosystème digital se met en place. « On voit qu’il a deux hectares cultivables mais que son sol est pauvre en raison des engrais chimiques. Nous allons donc l’aider à trouver un acheteur – là, en l’occurrence, une entreprise qui fabrique de la bière de riz –, un laboureur, du compost, une assurance… » énumère Gaston. L’application permet ainsi à l’État d’apporter les financements adéquats. « J’attends de voir si tout cela va marcher », nuance le riziculteur, un peu dépité par ses maigres récoltes, une tonne de riz de moins qu’il y a dix ans, soit 400 000 F CFA de pertes par saison. Mais il reste encore un dernier acteur à convaincre : les banques. « Nous visons une augmentation des prêts de 0,2 % à 5 % en dix ans. Mais il faut baisser les taux d’intérêt, et, pour l’instant, seules deux banques ont pris ce risque », indique Noël Bataka, coordonnateur du Mifa. Aujourd’hui, 4 000 professionnels togolais utilisent « e-agri » ; l’objectif est d’en toucher 1 million dans dix ans. La Côte d’Ivoire et le Rwanda s’intéressent de près à ce nouvel outil, et Edeh Etchri cherche lui aussi à développer sa start-up de quatorze employés. Il n’est pas près de fermer l’œil.


Grand format TOGO ÉCONOMIE

PARCOURS

Samuel Mathey, self-made-businessman Ce docteur en économie s’est donné pour mission de transmettre le virus de l’entrepreneuriat à ses concitoyens. Avec un rêve : décrocher le prix Nobel. YOUENN GOURLAY

omme chaque matin, Samuel Mathey quitte la chambre de son appartement abidjanais et rejoint ses collaborateurs dans… la pièce d’en face. Cet entrepreneur et docteur en économie, Togolais de 49 ans, veut « montrer l’exemple » et prouver qu’on peut développer son entreprise à la maison, sans financement. Le fondateur et président de la Fondation africaine pour l’entrepreneuriat et le développement économique (Fafede) et de l’initiative Entreprendre à zéro franc (EZF), lancée en 2013, a rendez-vous avec Aïcha Diaby. Formée par les coaches d’EZF, elle a installé sa petite entreprise de compotes dans sa cuisine. « Je rêvais d’avoir un grand local, mais pour commencer j’avais juste besoin d’unepièceetd’unpeu de matériel », raconte-t-elle. « C’est l’esprit d’EZF, renchérit l’économiste. On supprime les obstacles de départ et on développe l’idée. » En cinq ans, près de 100 000 jeunes ont suivi ces formations, pour un coût compris entre 10 et 100 euros, dans une vingtaine de pays d’Afrique. « Trois problèmes se posent aux jeunes du continent: le financement, la fiscalité et l’accès aux marchés. L’idée, c’est

ISSAM ZEJLY POUR JA

C

Ce Togolais de 49 ans critique « le mythe du fonctionnariat », très ancré dans son pays.

donc de faire du coaching et du « matching » pour qu’ils trouvent des débouchés ensemble, en réseau », explique-t-il. EZF est un concept né de son expérience. Tout jeune diplômé, il découvre, lors d’un reportage, l’incapacité de l’État à financer des ordinateurs pour les écoles et décide de pallier ce problème: il en loue d’abord auprès d’un fournisseur, avant de les lui racheter. Pari gagné, puisqu’il aurait empoché 10000 euros en à peine un mois. Il crée par la suite plusieurs entreprises sur le même modèle et emploie jusqu’à 200 personnes à Abidjan. Lors de la crise de 2010, il abandonne tout et reprend ses études d’économie entre la France et les États-Unis, où il obtient un MBA puis un doctorat. Il enseigne ensuite à HEC Paris et à l’université de Nancy. Convaincu que « la solution au problème du chômage en Afrique, c’est l’auto-emploi », il démissionne de ces fonctions « confortables » pour rentrer à Abidjan développer ses projets. Sans autre financement que les siens. Samuel Mathey critique « le mythe du fonctionnariat », ancré en Afrique et notamment dans son pays d’origine. « L’État togolais vit sur une économie de rente et choisit ses investisseurs, ça ne peut pas marcher », estime-t-il. Encouragé par divers soutiens « principalement européens », l’économiste rêve de devenir le premier Africain Prix Nobel d’économie. Objectif raté cette année, mais son entourage a relancé sa candidature pour 2019.

UN .TG, C’EST TOUT Lancé en septembre, le nom de domaine .tg a été attribué gratuitement à 1000 entreprises qui en avaient fait la demande. « L’objectif est de booster l’e-commerce, qui prend une part de plus en

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plus importante dans l’économie », assure Cina Lawson, la ministre chargée de l’Économie numérique, visiblement satisfaite d’avoir inauguré cette initiative, inédite en Afrique de l’Ouest,

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avec plusieurs partenaires, dont le Centre de formalité des entreprises (CFE) ou le régulateur des télécoms. Celle-ci fait suite à l’adoption, en juin 2017, d’une loi sur les transactions électroniques,

dont l’objectif est de créer un cadre juridique favorable au paiement en ligne sécurisé et d’encadrer la dématérialisation à venir des formalités administratives. NADOUN COULIBALY


COMMUNIQUÉ

PORT AUTONOME DE LOMÉ - PAL Le port de Lomé est le principal canal des échanges du pays avec l’extérieur puisqu’il assure plus de 80 % du commerce extérieur. C’est aussi un important contributeur à l’économie nationale dans la mesure où il apporte près de 80 % des recettes douanières.

Directeur Général du Port Autonome de Lomé (PAL)

«

Actuellement, le port de Lomé se porte bien. Il a enregistré une progression de son trafic avec l’arrivée de navires, dont le nombre est passé de 1 311 unités en 2016 à 1 375 en 2017. Le volume de marchandises est passé de 13 983 587 tonnes en 2016 à 19 316 624 tonnes en 2017, le transbordement représentant plus de 57 % du trafic global. Au cours du premier trimestre 2018, des progressions de 15 % et de 18 % ont été observées pour les dessertes maritimes et le trafic de marchandises respectivement.

Le port de Lomé possède d’énormes

Pour quelles raisons, le port peut-il être considéré comme un hub de trafic international en Afrique de l’ouest ?

potentialités qui en font un véritable pôle d’éclatement sur la côte ouest-africaine

«

Port Autonome de Lomé 01 BP 1225 Lomé 01, Togo Tél. : +228 22 23 77 00 22 23 77 77 22 23 78 00 Fax : +228 22 27 26 27 22 27 02 48 Email : togoport@togoport.tg

Le port de Lomé possède d’énormes potentialités qui en font un véritable pôle d’éclatement sur la côte ouest-africaine. Parmi ses nombreux atouts, on peut citer : sa position stratégique qui rend l’accès facile à plusieurs pays comme le Burkina-Faso, le Mali, le Niger; la profondeur d’eau de 16,60 m, qui permet au port d’accueillir des navires de grand tonnage ; une zone franche établie sur un rayon de 5 km ; un guichet unique qui rend plus aisées les procédures administratives ; et des conditions naturelles et nautiques avantageuses, qui facilitent la navigation.

Avec deux nouveaux terminaux à conteneurs, TOGO TERMINAL et LOME CONTAINER TERMINAL (LCT), le port de Lomé bénéficie d’une logistique à la pointe de la technologie. TOGO TERMINAL dispose de 450 mètres de longueur de quai avec 15 mètres de profondeur, 4 portiques de quai et 12 portiques de parc pour le traitement des navires de 7 500 EVP. LOME CONTAINER TERMINAL offre une plateforme de transbordement de premier plan en Afrique de l’ouest avec 9 portiques de quai et 22 portiques de parc. Il peut accueillir des navires de plus de 14 500 EVP.

Quelle est votre stratégie en vue de promouvoir cette fonction de hub de trafic ? La stratégie de la Direction Générale pour la promotion de la fonction de hub du port de Lomé repose sur des actions de communications ciblées auprès des chargeurs et des opérateurs économiques. D’où l’existence d’une communauté portuaire forte, l’Alliance pour la Promotion du Port de Lomé (A2PL), qui regroupe tous les acteurs de la chaîne de transport maritime et qui œuvre en synergie pour offrir les meilleures conditions de transit des marchandises. On peut mettre également à l’actif de cette stratégie, la mise en place d’un Guichet Unique pour le Commerce Extérieur qui vise à réduire les formalités administratives et douanières et à accélérer les opérations portuaires. Enfin, le port de Lomé est aujourd’hui certifié ISO 9001 version 2015 pour la Qualité de Service, ISO 14001 version 2015 pour l’Environnement, OHSAS 18001 version 2007 pour la Sécurité Santé au travail. C’est le gage d’un service de qualité et d’une écoute attentive de la clientèle.

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©JAMG/DIFCOM - photos : D.R.

Pouvez-vous nous présenter brièvement, à travers quelques chiffres, le Port Autonome de Lomé ?

Un entretien avec le Contre-Amiral Fogan K. ADEGNON



PUBLI-INFORMATION

Au Togo, l’opérateur Moov a été un précurseur en matière de services financiers mobiles. Depuis cinq ans, il a multiplié les services offerts en s’appuyant sur un réseau d’accords de partenariat.

Flooz : une large gamme de produits Axé à l’origine sur les transferts d’argent et le rechargement de crédits, Flooz répond aujourd’hui à de plus amples besoins comme : le transfert international entre les filiales de Moov de la sous-région (transfert d’argent de/vers Moov Bénin, Moov Niger, Moov Côte d’Ivoire) et d’autres opérateurs de la sous-région ; le paiement de l’électricité ; le paiement des primes d’assurances ; le paiement de salaire ; le paiement des frais d’inscriptions universitaires ; et le renouvellement des abonnements télé.

Nouvelle dynamique La démarche stratégique de Moov pour développer le Mobile Money consiste à positionner Flooz comme apporteur de solutions innovantes sur le segment Mobile Money à travers son produit Flooz et à simplifier le parcours client en matière d’utilisation des services financiers. Fidèle à sa politique d’innovation, Moov lance le NFC QR Code pour permettre aux Togolais l’accès à la nouvelle technologie et une utilisation plus simplifiée, sécurisée, efficace et rapide. Moov va plus loin avec le crédit et l’épargne accessibles instantanément depuis un téléphone mobile. Ces services sont proposés avec des microfinances

de la place. Le transfert international, également un axe fort du développement de Flooz, vise à faciliter le lien entre les personnes établies en dehors de leurs pays d’origine et leurs proches. Toujours dans cette dynamique, Moov a rendu possible l’interconnexion entre différents systèmes de portefeuilles électroniques des opérateurs mobiles, des banques, des sociétés de transferts, et des commerçants au travers de son partenariat avec MFS Africa, qui est une société de technologie financière (fintech).

Le partenariat avec les banques La volonté de renforcer sa présence dans le « Mobile Banking » a condduit Moov à conclure des accords de partenariat avec les banques. L’objectif est de permettre aux abonnés Moov et aux clients bancariséés de lier leurs comptes bancaires à leurs comptes Mobile Money afin de pouvoir faire des transactions enttre ces deux comptes :

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Transfertt banque à Flooz : transfert de fondds du compte de la banque vers son compte Flooz, ou celui d’une autre personne.

!

Trans sfert Flooz à banque : trans fert de fonds de son compte Flooz F vers son compte en banquue ou un autre compte. Ces opérations sont désormais possibbles grâce au partenariat aveec Ecobank. Le client n’aura plus besoin de se déplacer vers la l banque pour déposer l’argent sur son compte. De chez lui, il peut envoyer l’argent viaa Flooz et, inversement, faire un appel de ffonds de son compte en banque vers son compte c Flooz (le retirer, le transférer à unne tierce personne, payer sa facture, acheteer des unités cash power, payer du crédit de communication, renouveler son abonnement télé etc.).

DIFCOM/DF - PHOTO : © QWASDER1987 - STOCK.ADOBE.COM

Flooz, la solution « Mobile Money » de Atlantique Telecom Togo (Moov Togo), célèbre cette année son 5ème anniversaire. Lancé en 2013, le service compte aujourd’hui plus de 2 300 000 utilisateurs. Flooz offre la possibilité à ses abonnés de gérer des services financiers (consultation des soldes, transfert et retrait d’argent, paiement marchands) et le service ne cesse d’évoluer au bénéfice des populations, des entreprises, des institutions et des Gouvernements.


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SOCIÉTÉ

Exit l’excision Depuis leur interdiction il y a vingt ans, les mutilations génitales féminines ont fortement reculé. Au point que le plus petit pays francophone ouest-africain fait figure de modèle sur le continent. YOUENN GOURLAY, envoyé spécial à Tchamba

C

omme chaque jour à Tchamba, dans le centre du pays, Aïchatou rend visite à sa mère, Abiba. Assises devant la ferme familiale, les deux femmes conversent de leur quotidien. Celui d’Aïchatou est difficile, pénible. Mal dans son corps, mal dans sa vie depuis l’âge de 15 ans, elle souffre des conséquences de l’excision réalisée par sa propre mère, ancienne praticienne « repentie ». « Pour mes deux premiers enfants, j’ai énormément souffert, j’ai dû accoucher par césarienne. Et comme j’ai mal et que je ne ressens aucun plaisir durant l’acte, mon mari est devenu polygame », explique-t-elle d’une voix timide. Abiba ne manifeste aucune empathie pour sa fille : « C’était la tradition, c’était comme ça. Si tu as mal, va à la pharmacie, ou demande des plantes au voisin », lancet-elle d’un ton sévère.

Jusqu’à cinq ans de prison

Elle n’a qu’un seul regret : « J’étais exciseuse par héritage, mais je n’ai pas pu transmettre cette tradition à ma fille. » Aïchatou, regard sombre, assure que, s’il ne s’agissait pas de sa mère, elle l’aurait « traînée en justice ». À 25 ans, elle est certainement l’une des dernières de sa génération à avoir été excisée. « Les femmes de mon âge ne connaissent plus ça », observe-t-elle. Au Togo, la loi du 17 novembre 1998 interdit en effet « toutes les formes de

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mutilations génitales féminines » avec une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et une amende de 1 million de F CFA (1 500 euros). Il a ensuite fallu attendre quatorze ans pour que ne soit célébrée la déclaration d’abandon de cette tradition, le 29 novembre 2012. Excisée lorsqu’elle avait 8 ans, Fati Gnon s’est battue pour faire reculer cette pratique dans les zones rurales du centre du pays. « Nous avons fait du porte-à-porte, organisé des activités ludiques, des débats grand public et même des projections d’images et de vidéos chocs pour que les femmes comprennent le mal qu’elles faisaient », explique la responsable de l’ONG Tama’de. Des médecins sont également venus leur expliquer précisément les effets de cette tradition sur le corps. Et des juristes et des magistrats leur ont détaillé ce qu’elles risquaient si elles étaient prises en flagrant délit.

Abiba, ancienne praticienne repentie, a excisé sa propre fille Aïchatou.

YOUENN GOURLAY

Reconversion et microcrédits

Dans la cour de la ferme d’Abiba, plusieurs femmes sont venues, en voisines. Aïchatou les connaît bien mais les salue à peine. Ce sont d’anciennes exciseuses, repenties elles aussi. Elles racontent sans complexe leur passé de praticiennes, à une époque où elles étaient « reconnues » et « bien rémunérées ». « Il y avait des cas d’hémorragie qu’on ne pouvait pas arrêter. Mais quand la fille mourait, on attribuait ça à son destin, pas à l’excision », lance l’une d’entre elles. À la tête des anciennes exciseuses du village de Tchamba, Omoro Aridjetou a été la première interlocutrice des ONG. « Un jour, j’ai compris que ce n’était pas bien, que ça touchait à la santé, à la reproduction. J’ai alors tenté de convaincre toutes les femmes qui la pratiquaient dans ma localité », se souvient-elle. Et elle n’hésite pas à repasser les voir régulièrement. « Certaines disent qu’elles arrêtent mais le font en cachette car c’est une activité génératrice de revenus. D’ailleurs, celles qui ont arrêté ne savent souvent plus quoi faire », constate Omoro Aridjetou. Pour leur permettre d’entamer une reconversion, des microcrédits leur ont été proposés. À quelques kilomètres de piste de Sokodé, Adjara Agoro fabrique désormais de la moutarde en transformant des graines de soja. Elle revend aussi des oignons. « Ce que je fais me rapporte plus que les excisions, car c’était un revenu ponctuel », affirme-t-elle. Aujourd’hui, le plus petit pays francophone d’Afrique de l’Ouest fait figure de modèle sur le continent avec moins de 1 % de jeunes femmes excisées en 2017. Mais changer les mentalités n’est pas chose aisée, et le combat idéologique semble perdu pour les plus âgées, viscéralement attachées à la tradition. Les mutilations clandestines pratiquées aux frontières restent donc toujours d’actualité. « On vient de nous appeler ce matin pour nous dire qu’une jeune fille venait d’être excisée par une clandestine venue du Ghana à la frontière avec le Bénin. Pour certains parents, c’est encore un passage obligé », regrette Fati Gnon, plus que jamais décidée à ne pas baisser la garde.

jeuneafrique no 3016-3017 du 28 octobre au 10 novembre 2018

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Grand format TOGO SOCIÉTÉ

Quand les agricultrices s’unissent Les champs de Brigitte Acakpo sont sans doute les mieux protégés du pays. Pour y accéder, il faut traverser le camp militaire de la ville d’Atakpamé, dans la région des Plateaux. Sa maison et ses terres se trouvent tout au bout de la base, au pied des petites montagnes de cette région riche en fruits et en céréales. Biologiste de formation, elle a quitté Lomé et suivi son mari, médecin militaire, pour réaliser son rêve de jeune citadine: « cultiver ». Mais à 32 ans, elle fait plus que semer, récolter et vendre avocats, maïs, haricots et soja: elle est aujourd’hui l’une des agricultrices les plus influentes du pays. Son défi ? « Renforcer et moderniser les compétences des agricultrices togolaises » grâce à un outil moderne et « pratique »: l’application WhatsApp. « Dans notre pays, il y a 4 millions d’agriculteurs, dont une

grande majorité de femmes. Elles jouent donc un grand rôle dans le développement du secteur mais n’ont pas assez d’appuis », constate Brigitte Acakpo. Consciente que le réchauffement climatique affecte la terre et donc les revenus et le mode de vie des agricultrices, elle a créé, en 2016, le Consortium Femmes REDD+ Togo, qui réunit 62 ONG du secteur. Chaque vendredi, les représentantes du collectif se retrouvent sur l’application pour échanger et trouver des solutions. « Nous conseillons aux agricultrices d’adopter les bonnes pratiques: cultiver et manger bio, utiliser des insecticides naturels, conserver les semences pour les récoltes à venir, ne pas brûler les résidus mais les transformer en compost. Ainsi, la terre se restaure et devient plus fertile », explique cette cultivatrice engagée.

Les discussions sont ensuite relayées auprès des femmes à travers le pays.

Plus à l’aise

Le collectif lutte également contre la déforestation, dans un pays où 80 % de la population a recours au charbon de bois comme combustible. « Nous proposons aux femmes qui collectent le bois des formations pour apprendre à fabriquer des foyers améliorés qui en consomment moins. Pour compenser cette perte de revenus, on les incite à se reconvertir doucement dans l’apiculture ou le maraîchage », détaille Brigitte Acakpo. Plus de 10 000 agricultrices suivent ainsi le mouvement. « Quand les femmes sont entre elles, elles s’expriment mieux, elles sont à l’aise et elles avancent », affirme-t-elle. Y.G.

COMMUNIQUÉ

L’Office tOgOLais des recettes (Otr) : la facilitation des échanges et l’amélioration du climat des affaires au cœur de nos priorités. Dans le souci permanent d’améliorer le climat des affaires et de favoriser le développement du secteur privé (par la création d’emploi), de promouvoir la facilitation des échanges, des innovations ont été introduites dans le Code des Douanes National et le Code Général des Impôts. Ces innovations consacrent essentiellement des assouplissements de procédures et des avantages au profit des opérateurs économiques. Au nombre des avantages, on note la réduction du droit d’enregistrement sur les mutations immobilières, l’enregistrement gratis des actes de formation de Société et l’accompagnement des microentreprises individuelles, le droit de recours administratif reconnu aux entreprises et la création d’un Cadre de Partenariat Privilégié (CPP). Réduction du droit d’enregistrement sur les mutations immobilières de 3 points soit de 5 % à 2 % (Art. 598 du CGI), ce qui implique : • la facilitation de la mutation d’immeubles • la sécurisation de la propriété immobilière à travers la création de titre foncier dans des délais resserés. • l’accès au crédit des PME/PMI par une plus facile constitution de garantie auprès des établissements financiers Enregistrement gratis des actes de constitution de Société de 2 % à 0 % ; exonération du droit de timbre passant de 1500frcs/page à 0frc/page (Art. 761 du CGI), ce qui implique : • la facilitation de la création d’entreprises • la promotion du secteur privé

• •

la création d’emplois la redynamisation de l’économie

Accompagnement des microentreprises individuelles (Art. 1426 du CGI) Exonération pour la première année de création de la Taxe Professionnelle Unique (TPU) pour les entreprises régulièrement enregistrées au Centre de Formalités des Entreprises (CFE), ce qui implique : • une plus forte incitation à la création d’entreprises • un allégement substantiel de la charge fiscale • une forte promotion des PME Droit de recours administratif Le Code des Douanes National reconnait désormais le droit de recours administratif aux usagers. En effet dans son TITRE III (Article 386-397) il dispose que « Toute personne a le droit d’exercer un recours contre les décisions relatives à l’espèce, à la valeur ou à l’origine prises par l’administration douanière et qui la concernent directement et personnellement ». CPP : Cadre de Partenariat Privilégié Il s’agit d’un programme de partenariat entre la Douane togolaise et les opérateurs économiques fiables et vise à : •permettre aux entreprises partenaires d’être plus compétitives. •développer un partenariat public-privé fondé sur l’éthique, la confiance, la transparence, la responsabilité et l’efficacité dans l’action. •contribuer à la sécurité et à la sûreté de la chaine logistique internationale.


COMPEL

PUBLI-INFORMATION

Complexe Pétrolier de Lomé

• Vue partielle des installations de stockage de COMPEL.

COMPEL est une entreprise spécialisée depuis plus de 30 ans dans la réception, le stockage et la distribution de produits pétroliers. COMPEL, créé le 2 avril 1990, fait partie d’un groupe de trois sociétés pétrolières dynamiques dont l’État Togolais est l’actionnaire principal.Ce consortium de sociétés offre une grande synergie dans le métier de stockage,de distribution et de commercialisation des hydrocarbures sur le marché local et international. La grande capacité opérationnelle de stockage de plus de 244 000 m3 de COMPEL, répartie dans des bacs de 400 à 30000 m3, lui confère une place prépondérante dans le secteur pétrolier en Afrique. Avec son quai moderne de réception et de chargement de navires allant jusqu’à 185 m de long, 13 m de draft et un dépôt automatisé, COMPEL garantit

entièrement l’approvisionnement du marché local. Il assure également la majorité des besoins de stockage des pays de l’Afrique de l’Ouest et surtout des pays non côtiers pour leur approvisionnement en produits pétroliers (Super, Gasoil, Jet A1, Fuels lourds et Bitume). Le Complexe investit continuellement dans la modernisation de ses quais de chargement. Un grand parking sécurisé est aménagé pour une amélioration continue de la gestion des flux de camions et la performance des chargements, réduisant ainsi le temps d’attente des clients. Depuis Avril 2017, l’État Togolais est devenu l’actionnaire unique de COMPEL.

Localisation Le dépôt COMPEL est situé dans la zone industrielle de la capitale togolaise, à 3,5 km du Port Autonome de Lomé, le seul port en eau profonde naturelle, dont les atouts en opérations logistiques et douanières en font l’un des ports les plus performants de la sous-région.

Sécurité & Responsabilité environnementale : Un engagement au quotidien COMPEL est pionnier dans le domaine de la Sécurité et la préservation de l’Environnement, dont les normes internationales en la matière sont maîtrisées et rigoureusement suivies. Son excellence opérationnelle la distingue des autres dépôts côtiers régionaux.

L’installation au sein du dépôt, de la société d’inspection internationale SGS, permet un contrôle minutieux de la qualité des produits réceptionnés. L’intégrité, la sécurité et la sûreté des installations de COMPEL sont régulièrement auditées et évaluées. Ceci garantit la qualité des services offerts à nos clients.

Expertises et évolution technologique COMPEL est géré par une équipe de professionnels talentueux et expérimentés. Les recrutements périodiques de nouveaux talents, et la priorité mise sur la formation et le développement des expertises permettent à la société de maintenir et de renforcer sa compétitivité opérationnelle et technologique. Le dépôt COMPEL est l’un des rares dépôts automatisés dans la région. Il dispose de larges quais de réception et de chargement par voie maritime et par voie terrestre.

• Dépotage de Carburant au Port Autonome de Lomé

• Unité de stockage de JET A1 avec son ballon de purge

La proximité du PortAutonome de Lomé, la qualité des infrastructures routières reliant Lomé et les pays non côtiers, et le savoir-faire de l’équipe dirigeante de COMPEL sont autant d’atouts qui font de COMPEL un partenaire de choix des clients de la sous-région Ouest Africaine et en particulier des pays du « Sahel ».

Pour tous vos besoins de stockage en produits pétroliers adressez-vous à COMPEL (Complexe Pétrolier de Lomé) : Route D’Aného - Zone Industrielle du Port B.P. 797 Lomé - TOGO - Tél. : (+228) 22237200/01 - Fax : (+228) 22278852 - Email : info@compeltogo.com

©JAMG/DIFCOM - photos : D.R.

Atouts stratégiques


Grand format TOGO SOCIÉTÉ

TENDANCES

Lomé prend des couleurs Dans la capitale, le pari de la modernisation semble réussi. Le front de mer et le centre-ville ont fait peau neuve et sont devenus une attraction dans la sous-région.

SALIFOU OUZEROU/JEUNE AFRIQUE

Lutte contre les inondations

FIACRE VIDJINGNINOU, envoyé spécial

Sur l’avenue de la Paix.

out en couleurs et en lumière, la ville de Lomé semble se remettre doucement des années de morosité ! Le front de mer et les quartiers du centre-ville ont fait peau neuve et sont devenus une nouvelle attraction dans la sous-région. « Lomé, c’est le must… », déclare un Béninois qui vient s’encanailler dans les boîtes de la capitale togolaise tous les week-ends. Quant à Ornella et ses copines, elles s’y rendent « régulièrement » pour « faire du shopping » dans des magasins de prêt-à-porter ou des épiceries fines. Beaucoup d’autres viennent découvrir les nombreux restaurants, les nouveaux hôtels, les musées… « C’est une ville chaleureuse. Ici, l’ambiance a une saveur particulière », témoigne un couple de visiteurs ghanéens qui se prélasse sur la plage. L’attrait qu’exerce aujourd’hui la capitale

LA VILLE RESPIRE GRÂCE À DE LARGES ARTÈRES QUI LUI DONNENT DES ALLURES DE GRANDE MÉTROPOLE.

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togolaise sur les touristes de la sous-région semble démontrer que le grand pari lancé en 2010 par les autorités togolaises pour moderniser l’agglomération de Lomé est en passe d’être réussi. L’Agence nationale d’assainissement et de salubrité publique (Anasap), créée le 12 décembre 2013, a amélioré spectaculairement le cadre de vie des habitants. Aujourd’hui, la ville respire grâce à de larges artères qui lui donnent des allures de grande métropole. Les transformations ont été réalisées dans le cadre du Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) du Grand Lomé. Ce plan définit les projets prioritaires d’assainissement et les principaux points de rejet des eaux usées. Il localise également les endroits devant servir de centres de regroupement des ordures ménagères.

jeuneafrique no 3016-3017 du 28 octobre au 10 novembre 2018

Doté de 177 milliards de F CFA (près de 270 millions d’euros), le SDAU porte aussi sur la restructuration et la rénovation du centre-ville, la gestion des quartiers inondables ainsi que la construction d’équipements publics, d’immeubles de bureaux et d’habitations. Entre la ville de Lomé, fortement urbanisée, et sa périphérie, essentiellement rurale, les articulations sont construites pour « gommer les disparités infrastructurelles et réduire la pauvreté urbaine », selon le ministère chargé de l’Urbanisme. En novembre 2016, le président togolais démarrait officiellement les travaux d’assainissement de la ville de Lomé et l’aménagement du « quatrième lac ». Deux ans plus tard, de nombreux ouvrages sont prêts, et ce plan d’eau de 26 ha équipé de longs collecteurs de plus de 8 km a été inauguré en juin dernier. Une série de travaux de réhabilitation et d’amélioration du réseau de drainage des eaux pluviales ont par ailleurs été réalisés à travers le Grand Lomé. Et beaucoup de chantiers sont encore en cours: dans le canton voisin de Togblékopé, un programme de lutte et de prévention contre les inondations a par exemple été lancé en avril pour un coût de 9 milliards de F CFA.


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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ


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