ALGÉRIE
OÙ EST LA RELÈVE ?
MAD DAGASCAR « Noous avons tout pour réussir »
CAMEROUN Biya-Kamto, les dessouss d’un bras de fer
Unee interview exclusive du président Rajoelina
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3030 DU 3 AU 9 FÉVRIER 2019
DOING BUSINESS IN AFRICA
SÉNÉGAL
2019
INVESTIR AU SÉNÉGAL 68 pages
Carrefour d’opportunités La réussite du Plan Sénégal émergent se confirme. Dakar est en passe de devenir une plateforme régionale, la nouvelle ville de Diamniadio développe son parc industriel, et la croissance est au beau fixe. Une dynamique soutenue par les potentielles ressources en minerais, en pétrole et en gaz.
ADO à quitte ou double CÔTE D’IVOIRE
Confronté à la pugnacité de l’opposition et de ses anciens alliés, le chef de l’État, Alassane Ouattara, met son parti, le RHDP, en ordre de bataille avant la présidentielle de 2020. Quels sont ses plans? Avec qui organise-t-il la riposte? Sera-t-il lui-même candidat? Enquête. ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE
.
.
.
.
. .
.
.
. .
. .
. .
. . .
France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 birrs Grèce 4,80 €
.
.
.
.
.
.
.
Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 5 € Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 4 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2000 F CFA ISSN 1950-1285
UN ENGAGEMENT SOCIÉTAL RESPONSABLE
L
Classées parmi les premiers employeurs privés du pays, les sociétés minières sont engagées dans une démarche de performance, de sécurité, d’amélioration continue dans le respect des hommes et de l’environnement. Soucieuses d’assumer pleinement leurs rôles d’acteurs miniers responsables, Orano Mines Niger, SOMAÏR, COMINAK et IMOURAREN SA déploient des actions dans les domaines de la santé, l’éducation, l’accès à l’eau, l’appui au développement économique et la lutte contre l’insécurité alimentaire.
EN SAVOIR PLUS :
www.rse-mines.areva.com
Crédits photos : © Orano, Maurice ASCANI
es sociétés minières de droit nigérien, filiales du Groupe Orano, SOMAÏR et COMINAK mettent en valeur le potentiel uranifère du Niger depuis plus de 50 ans, en exploitant des gisements situés dans le nord du pays.
- Janvier 2019 116762 - Credit photos : Renault Trucks - 954 506 077 RCS Lyon
MINING SOLUTIONS BY RENAULT TRUCKS
Renault Trucks est un fournisseur de solutions de transport compétitives, conçues sur mesure pour répondre aux besoins spécifiques du secteur minier. DES PRODUITS UNIQUES PARFAITEMENT ADAPTÉS AUX EXIGENCES DU TRANSPORT MINIER Les véhicules Renault Trucks K sont des outils de travail robustes, proposant une charge utile exceptionnelle, un châssis renforcé, un moteur puissant de 13 litres et une boîte de vitesses robotisée Optidriver Xtrem extrêmement performante.
UNE GAMME COMPLÈTE DE SERVICES POUR MAXIMISER LA PRODUCTIVITÉ ET L’UPTIME Qu’il s’agisse d’un simple plan de maintenance prédictive, d’une formation à la conduite des chauffeurs ou de la maîtrise du coût kilométrique, nos solutions de transport dédiées à l’activité minière maintiennent la productivité et la disponibilité de votre flotte tout en réduisant votre coût total d’exploitation.
www.en.africa.renault-trucks.com/mining-solutions
LOGISTIQUE
Port fluvial de Dapilon, sur le Rio Nunez, où sont chargées les barges de SMB-Winning.
Comment la Guinée a dopé sa production Soutenu par de grands partenaires asiatiques, l’essor du transport fluvial a permis à la filière bauxite de changer d’échelle. 64
jeuneafrique no 3030 du 3 au 9 février 2019
CHRISTOPHE LE BEC, envoyé spécial
D
epuis le centre de contrôle du trafic fluvial et maritime de Kamsar, dans le nord-ouest de la Guinée, sur la côte atlantique, Li Wengjung, responsable du site, et ses six agents venus d’Asie, recrutés par le singapourien Winning Shipping, supervisent les allées et venues d’une trentaine de barges remorquées qui descendent pleines de bauxite le Rio Nunez jusqu’à son embouchure. Une fois en mer, à quelques encablures de Kamsar, elles
sont déchargées par des grues flottantes qui transvasent leur cargaison de minerai rouge clair – dont on fait l’aluminium – dans le ventre de l’un des six cargos arrimés au large. Tous les deux jours, l’un de ces navires transportant 185 000 tonnes de bauxite part en direction du port de Yantai, principale porte d’entrée des minerais destinés à la métallurgie de l’empire du Milieu. Il mettra quarante-deux jours à atteindre sa destination via le cap de BonneEspérance. La Chine est chaque année plus vorace en bauxite, à mesure que ses propres gisements
YOURI LENQUETTE POUR JA
Dossier Mines
Weiqiao, l’acheteur du minerai, qui le transforme dans ses usines près du port de Yantai, dont il est l’un des principaux clients ; et le groupe de logistique United Mining Supply (UMS), du Franco-Libanais Fadi Wazni, figure du patronat en Guinée. Ce sont les camions de ce dernier qui font l’essentiel des va-et-vient entre les gisements et les ports fluviaux.
Un moyen de transport sûr et économique
Personne avant le consortium SMBWinning n’avait planché sur la possibilité d’utiliser les fleuves, nombreux dans cette région de Guinée maritime, pour acheminer la bauxite jusqu’à la côte. Les « miniers historiques », la CBG et Rusal, utilisent des chemins de fer dédiés à cette activité. Winning Shipping avait déjà l’expérience de la gestion de plusieurs flux logistiques fluviaux et maritimes en Asie, notamment dans la partie indonésienne de l’île de Bornéo, près de la ville de Samarinda. « Plusieurs centaines de barges chargées de bauxite et de charbon circulent sur le fleuve Mahakam. Winning y a acquis une expertise sans pareille. Ce mode de transport nous est apparu comme un système à la fois robuste et moins coûteux que le chemin de fer pour nos gisements de bauxite situés à une distance raisonnable du fleuve », explique le Français Frédéric Bouzigues, le directeur général de la SMB, la division extractive du consortium, installé en Guinée depuis dix-neuf ans et venu d’UMS. Le démarrage des activités de SMBWinning ne s’est pas fait sans heurts avec les communautés locales : lors des deux premières années d’exploitation, les villageois qui subissaient les nuisances liées aux pistes minières sans pouvoir les utiliser ont bloqué des routes. La présence de nombreux cadres et techniciens chinois (entre 8 % et 9 % des 9000 salariés du consortium) a aussi pu créer des tensions. Mais les choses semblent s’apaiser, notamment grâce à un arrosage régulier des pistes minières, pour limiter la poussière soulevée par les camions, et au lancement de programmes
SI NOTRE CONSORTIUM A PU DÉMARRER PUIS FAIRE CROÎTRE SA PRODUCTION DE MANIÈRE EXPONENTIELLE EN TROIS ANS, C’EST QU’IL N’A PAS MANQUÉ LA FENÊTRE DE TIR APPARUE EN 2014 : DES PRIX ÉLEVÉS, UN SOUTIEN FINANCIER DE LA CHINE ET L’APPUI DES AUTORITÉS GUINÉENNES, OUVERTES À DE NOUVEAUX INVESTISSEURS. FRÉDÉRIC BOUZIGUES, directeur général de la SMB
NICOLAS CUQUEL/SMB
se tarissent et que ses besoins en aluminium s’accroissent, du fait de son stade de développement avancé. Après leur déchargement en mer, les barges remontent à vide vers les ports fluviaux de Dapilon et de Katougouma (voir carte), en amont du fleuve, et sont à nouveau chargées de bauxite, grâce à un flux continu de camions faisant le lien avec les plateaux miniers de Dabiss, Malapouya et Santou, de la Société minière de Boké (SMB), sur une distance de 20 à 50 km. L’équipe de Li Wengjung visualise sur ses écrans de contrôle la position de chacun des cargos et barges, mais aussi les obstacles éventuels. C’est grâce à cette logistique qui fonctionne sans accroc, vingtquatre heures sur vingt-quatre, réglée sur le rythme des marées, que le consortium SMB-Winning a pu faire exploser les exportations de bauxite de la Guinée. En 2016, sa première année d’exploitation, il a envoyé en Chine 12 millions de tonnes de minerai tirées de ses quatre permis miniers, puis ce chiffre a atteint 31 millions de tonnes en 2017 et 42 millions de tonnes en 2018. Auparavant, les exportations de bauxite de la Guinée plafonnaient à quelque 20 millions de tonnes, assurées essentiellement par deux sociétés : la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG), installée depuis 1963 dans la région de Boké, et aujourd’hui filiale de l’américain Alcoa et de l’anglo-australien Rio Tinto, qui a écoulé environ 15 millions de tonnes l’an dernier ; et les entités de Rusal, géant russe de l’aluminium présent à travers la Compagnie des bauxites de Kindia (CBK), son fief historique, plus au sud, mais aussi plus récemment à Dian-Dian, proche de Boké, dont la production totale atteignait 5 millions de tonnes en 2018. Si SMB-Winning a pu mettre en place cette logistique réglée comme du papier à musique, c’est grâce à la complémentarité des expertises opérationnelles de ses trois grands actionnaires : Winning Shipping, géant asiatique du transport maritime, qui travaille essentiellement au service de la métallurgie chinoise; Shandong
jeuneafrique no 3030 du 3 au 9 février 2019
65
Dossier Mines LOGISTIQUE
LES OPTIONS DE TRANSPORT SE MULTIPLIENT Chemin de fer : existant en projet
Permis miniers SMB : Société minière de Boké (UMS, Winning Shipping, Shandong Weiqiao) Cobad : Compagnie des bauxites de Dian-Dian (Rusal) CBG : Compagnie des bauxites de Guinée (Rio Tinto, Alcoa) GAC : Guinée Alumina Corporation GUINÉE AMR : Alliance minière responsable
COBAD
Routes : minières autres routes Ports : fluviaux maritimes
SMB GAC
CBG
Sangaredi
10 km
SMB Boke Katougouma Dapilon
SMB AMR
(SMB)
Vers Télimélé Kolaboui
Nun ez
Dougoula
Rio
Océan Atlantique
400 km
ne
SOURCE : JA
Kamsar
C
hi
rs Ve
la
de formation de techniciens guinéens, notamment comme remorqueurs de barge et grutiers. Mais ces différends peuvent ressurgir d’autant que la SMB est implantée dans une région désertée par les services publics, où l’État ne redistribue guère la manne minière qu’il perçoit en impôts, taxes et redevances. « Les métiers de la logistique fluviale sont nouveaux pour la Guinée. Il n’y avait pas de capitainerie ni de régulation de trafic au port de Kamsar », indique Frédéric Bouzigues. Selon lui, plutôt
LA GUINÉE, TROISIÈME PRODUCTEUR MONDIAL
SOURCE : US GEOLOGICAL SURVEY, MINERAL COMMODITY SUMMANES
(en millions de tonnes de bauxite, en 2017)
66
Indonésie
3,6
Arabie saoudite
3,9
Kazakhstan Russie
5,6
Jamaïque
8,1
Inde Brésil Guinée Chine
dont 31 millions pour la SMB
5
27 36 45 65
Australie
jeuneafrique no 3030 du 3 au 9 février 2019
83
LE CONSORTIUM SMBWINNING A FAIT EXPLOSER SES EXPORTATIONS VERS LA CHINE, DE 12 MILLIONS DE TONNES EN 2016 À 42 MILLIONS EN 2018.
que de tergiverser, il fallait démarrer les activités logistiques fluviales avec l’expertise d’expatriés asiatiques amenés par ses partenaires Winning, Shandong Weiqiao et Yantai Port. Et d’ajouter par ailleurs que la totalité des chauffeurs de camion et mécaniciens d’UMS travaillant sur ce projet sont guinéens.
Pousser la production jusqu’à 50 millions de tonnes
À l’avenir, SMB-Winning veut encore changer d’échelle: il a signé avec l’État guinéen une série de conventions destinées à pousser sa production jusqu’à 50 millions de tonnes de bauxite et à s’y maintenir pendant au moins deux décennies. Il prévoit la construction d’une voie ferrée de 135 km entre le site d’un nouveau permis minier, dans la préfecture de Télimélé, et le port fluvial de Dapilon. « Au-delà de 50 km, le transport par camion ne fait plus sens économiquement »,
JEAN-CLAUDE MOSCHETTI/REA
Dossier Mines LOGISTIQUE
Mine de Sangaredi, exploitée par la Compagnie des bauxites de Guinée. Chargement du train à destination de l’usine de Kamsar.
explique Frédéric Bouzigues, qui précise que cette voie sera construite par China Railways Construction Corporation (CRCC), là encore un groupe chinois expérimenté, et gérée par et pour le consortium. À terme, une raffinerie doit aussi voir le jour, permettant de transformer en alumine 3 millions de tonnes de bauxite, la plus grande partie du minerai brut (autour de 47 millions de tonnes) ayant toujours pour destination directe la Chine. Au total, 3 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros) d’investissements sont annoncés pour cette phase du projet, qui s’ajoutent aux 1,4 milliard de dollars déjà dépensés par le consortium.
Doublement de la voie ferrée entre Sangaredi et Kamsar
En parallèle, l’émergence d’un système de rail partagé entre les autres miniers présents dans la région se concrétise, bien que lentement. Poussée par l’État, qui en est actionnaire à 49 %, la CBG a fini par négocier et accepter que le chemin de fer Sangaredi-Kamsar, qu’elle gère, puisse être utilisé par Rusal et Guinea Alumina Corporation (GAC, filiale d’Emirates Global Aluminium). La ligne passe à proximité de leurs gisements respectifs de Dian-Dian (entré en production en mai 2018) et de Tanene (pas encore en exploitation).
68
jeuneafrique no 3030 du 3 au 9 février 2019
Mais la coordination de la circulation des convois de Rusal et de la CBG connaît des ratés : le déraillement d’un train de l’entreprise guinéenne, le 16 décembre 2018, a bloqué la circulation des convois du russe depuis Dian-Dian jusqu’à la mi-janvier. Un doublement de la voie ferrée est toutefois prévu par l’accord, qui doit permettre la multiplication des rotations entre les gisements des trois miniers et Kamsar. Même si le chantier n’en est qu’à ses débuts, il devrait permettre à la production globale de la CBG, Rusal et GAC de nettement progresser à l’avenir. Le boom minier de la filière bauxite de la Guinée, passée de 20 à 62 millions de tonnes exportées entre 2016 et 2018, montre combien la robustesse et la maîtrise de la logistique sont cruciales dans les projets extractifs. La Guinée détenait depuis des décennies un tiers des réserves mondiales, mais n’avait pas réussi à augmenter sa cadence de production avant le développement de la logistique fluviale amenée par
LENTEMENT MAIS SÛREMENT, LES AUTRES MINIERS DE LA RÉGION ÉTABLISSENT UN SYSTÈME DE RAIL PARTAGÉ.
SMB-Winning, soutenu opérationnellement et financièrement par ses grands partenaires asiatiques. Reste que la proximité des gisements avec la côte, et la bonne tenue du marché de la bauxite, dont les prix sont soutenus par la demande chinoise, a largement facilité les investissements des groupes extractifs. « Si notre consortium a pu démarrer puis faire croître sa production de manière exponentielle en trois ans, c’est qu’il n’a pas manqué la fenêtre de tir apparue en 2014: des prix élevés, un soutien financierde laChine–confrontée à des embargos sur la bauxite non transformée en Indonésie et en Malaisie, ses pays d’approvisionnement habituels – et l’appui des autorités guinéennes, ouvertes à de nouveaux investisseurs », reconnaît Frédéric Bouzigues. Sur le continent, force est de constater que de telles opportunités conjoncturelles, qui permettent de décider d’investir dans des infrastructures logistiques cruciales, sont parfois manquées. À l’autre bout de la Guinée, dans la région forestière, les atermoiements des géants Rio Tinto et Chinalco à propos du méga-gisement de fer du mont Simandou, qui nécessite une voie ferrée minière longue de près de 900 km, témoignent de la difficulté à relancer un projet sans solution logistique quand les conditions de marché se détériorent.
COMMUNIQUÉ
1. Baraka KABEMBA,
AVIS D’EXPERTS
EY Advisory Leader for Central Africa / Energy Leader for French speaking Africa
2. Christian MION,
EY EMEIA Advisory Mining Leader, Western Europe, Maghreb, French speaking Africa and MENA Mining Leader 1
2
L’Afrique, continent clé du secteur minier pour les 20 prochaines années Les dernières baisses brutales des prix des matières premières, telles que le cuivre ou le fer, ont démontré que ces chocs exogènes majeurs continuaient de mettre à mal les économies africaines trop exposées aux industries extractives. Les prix se sont redressés, stabilisés et nous voyons aujourd’hui un certain nombre d’États africains prendre des mesures ad hoc, notamment pour accroître la chaîne de valeur, en privilégiant une transformation des minerais et métaux bruts. Ces mesures permettent également d’avoir une vision plus holistique du secteur extractif et le replacer dans un cadre mondial plutôt que continental, acceptant de facto l’idée que le monde est désormais un village planétaire où les informations positives ou négatives circulent de façon immédiate.
N
N
Des mutations de comportement d a n s d es j o i n ts ventures existantes.
Les États peuvent ainsi être beaucoup plus rapides, réactifs et proactifs pour adapter leur code minier par rapport à des cycles qui peuvent devenir haussier comme baissier plus rapidement. Ces codes sont devenus plus sophistiqués, plus équilibrés, et moins conservateurs Les États deviennent dans leur formalisme plus rapides, réactifs juridique que les coet proactifs pour adapter des des années 2000. leur code minier Ils couvrent aussi des aspects extrêmement prégnants et de plus en plus exacerbés comme le Social License to Operate (SLTO), le Ressources Nationalism, ou encore le Local Content.
N
Des nouveaux modèles de fonctionnement et d’exploitation des JV qui se créent autour de nouveaux permis miniers.
N
Un intérêt accru pour un affinement des cadastres miniers existants par rapport à des minerais peu exploités précédemment (graphite lithium, ou encore nouveaux gisements de terres rares) ou des métaux qui, compte tenu de l’évolution technologique, deviennent stratégiques.
Enfin, cela permettra d’appliquer du Business Modeling avec des techniques de recherches opérationnelles novatrices à un secteur qui évolue en général de façon lente, compte tenu des cycles de vie des mines. Il convient enfin d’ajouter qu’à côté de ces « macros » politiques nous voyons poindre : N
Des projets de « transformation » (Target Operating Model) dans des entreprises minières nationales afin de les adapter aux nouveaux paradigmes du secteur.
Un besoin d’innover et de redéfinir les relations contractuelles entre les États et les investisseurs, pour un équilibrage du partage de la manne générée (signature de Contrat de Partage Il faut redéfinir de Production, à les relations l’image de ce qui se contractuelles fait dans le secteur entre les États pétrolier).
et les investisseurs, pour un équilibrage du partage de la manne générée
Sur base de ces constats, il est très raisonnable de penser que, dans un cadre de gouvernance en évolution et dans un contexte de transition énergétique qui se mondialise progressivement, l’Afrique sera un continent clé pour le secteur minier pour les 20 prochaines années.
Baraka KABEMBA : baraka.kabemba@cd.ey.com Christian MION : christian.mion@fr.ey.com
www.ey.com/en_gl/miningmetals/10-business-risks-facingmining-and-metals
Dossier Mines
COURS
Des investisseurs fébriles En 2018, les prix des métaux ont évolué de manière imprévisible. Et cette incertitude devrait perdurer en 2019. ALAIN FAUJAS
a volatilité des prix des métaux a dominé 2018 : leurs cours ont augmenté durant la première moitié de l’année avant de chuter – l’indice de la Banque mondiale pour les métaux et les minerais a baissé de 1,8 % en décembre. Sur le plan des métaux industriels, le facteur déterminant est et restera la Chine. « Tant que ce pays continue à c o n s o m m e r m a s s ive ment des produits de base, leurs cours ne vont pas s’effondrer, malgré
L
la demande atone aux États-Unis et en Europe », prédit Kris Terauds, économiste à la Cnuced. Or l’indice industriel de Pékin s’est contracté en décembre 2018 pour la première fois depuis juillet 2016. Et ce n’est pas la guerre commerciale que le président américain lui a déclarée qui le dopera. Méfiance donc.
TANT QUE LA CHINE CONTINUERA DE CONSOMMER DES PRODUITS DE BASE, LES COURS DES MÉTAUX INDUSTRIELS NE CHUTERONT PAS.
L’OR brille peu
L
e « métal des dieux » s’est tassé de 3 % en un an – l’once glissant de 1 331 dollars à 1 289. En cause, le renchérissement de la devise américaine, qui la rend plus attractive en tant que placement, et une modification du comportement des investisseurs, qui ne choisissent plus systématiquement l’or comme refuge en cas de peur sur l’avenir. Les craintes d’un ralentissement de la croissance mondiale aidant, le métal précieux devrait s’orienter à la hausse… sauf si les États-Unis et la Chine parviennent, en mars, à un accord commercial en bonne et due forme. Plusieurs facteurs militent pour une demande accrue : les prévisionnistes pensent que le dollar devrait cesser de monter; les banques centrales de Russie, de Turquie et d’Inde renforcent leurs réserves avec
70
Les métaux précieux aussi sont imprévisibles, ballottés entre la hausse du dollar, qui en affaiblit la demande, donc les cours, et les inquiétudes croissantes des marchés, qui recherchent un refuge. Mais seuls ces métaux précieux ou ceux qui sont nécessaires aux énergies renouvelables sont promis à un bel avenir, car celles-ci
jeuneafrique no 3030 du 3 au 9 février 2019
1 380 . 1 350 . 1 320 . 1 289 . 1 260 . 1 230 . 1 200 . 1 170 . J F M A M J 2018
OR
(dollar/once)
J
A S O N D J 2019
des tonnes d’or, et la Chine a également participé au mouvement en décembre 2018, pour la première fois depuis deux ans, à hauteur de 10 tonnes. La note de conjoncture de la Société générale du 21 décembre 2018 annonce : « Nous prévoyons un prix de l’or à une moyenne de 1 275 dollars dans les six mois. » Pas de quoi emballer les investisseurs. On comprend pourquoi l’heure est à la recherche d’économies d’échelle dans ce secteur, où des fusions s’annoncent, à l’image de celle de Barrick et de Randgold.
exigent « des quantités importantes de certains types de métaux tels que le lithium, le nickel, le cobalt ou le manganèse, utilisés dans la fabrication de batteries » pour les véhicules électriques, estime Marc Stocker, économiste senior à la Banque mondiale. L’Afrique pourrait espérer, malgré tout, profiter de ces évolutions contradictoires. Sauf que « les investisseurs sont peu enthousiastes en ce qui concerne les nouveaux projets miniers, constate Andrey Nikolaev, analyste chez Standard & Poor’s. Ils préfèrent baisser leurs coûts, réduire leur dette et augmenter leurs dividendes ». Pas de quoi parier sur de nouveaux eldorados avec des marchés qui continueront d’être tirés à hue et à dia en 2019.
LE CUIVRE en dents de scie
U
ne fois de plus, le métal rouge, qui fait les belles recettes de la RD Congo et de la Zambie, a mérité en 2019 sa réputation de baromètre de l’économie mondiale. Au rythme des moulinets belliqueux de Donald Trump et des craintes sur la solidité de la croissance mondiale, il a monté en flèche à 7260 dollars la tonne en juin 2018 pour s’effondrer à 5820 dollars trois mois plus tard.
7 400 . 7 000 .
CUIVRE
(dollar/tonne)
6 600 . 6 200 . 5 800 . J F M A M J 2018
J A S O N D J 2019
À 5 900 dollars le 15 janvier, il aura perdu 16 % en un an. Les marchés ont retenu les prévisions pessimistes de la Banque mondiale, ainsi formulées en décembre 2018 : « La croissance globale devrait ralentir pour atteindre un taux de 2,9 % en 2019. Le commerce mondial et les investissements décélèrent, les tensions commerciales restent élevées, et les conditions financières se durcissent. » Ce panorama peu engageant a fait oublier que les stocks de cuivre se sont dégonflés en 2018 et que personne ne peut se passer du métal rouge, dont la demande continue de croître. Ni la construction, ni les transports, ni les énergies – renouvelables ou non –, ni les téléphones portables, ni l’électrification… ne peuvent s’en passer.
LE FER résiste 79,33 . 75,33 .
FER
(dollar/tonne)
71,33 . 67,33 . 63,33 . D J 2017
E
F M A M J
J A S O N D 2018
n ce début 2019, le fer fait plutôt bonne figure et se situe aux environs de 75 dollars la tonne. « Il oscille entre 55 et 75 dollars, ce qui est un niveau soutenable », précise Andrey Nikolaev. Cet analyste de Standard & Poor’s explique la situation par l’absence d’investissements dans l’acier aux États-Unis comme en Europe et surtout par la rationalisation des capacités de production d’acier chinoises, décidée en 2017 et qui a entraîné une diminution de 100 millions de tonnes. « Les marges des aciéries n’ont jamais été aussi élevées depuis 2008 », ajoutet-il, ce qui laisse augurer une stabilité des cours.
Mais celui du minerai de fer dépend aussi des programmes d’investissement dans les infrastructures, qui fleurissent. Tant que Donald Trump se trouve dans l’incapacité de réaliser le programme massif de rénovation de routes, ports, ponts et voies ferrées dont son pays a besoin, le minerai se fait moins nécessaire. En 2018, il s’est ainsi tassé à 63 dollars la tonne. En revanche, le plan chinois destiné à contrer l’effet dépressif de la guerre commerciale avec la MaisonBlanche comprend la construction de nombreuses lignes de métro, ce qui suppose l’utilisation de beaucoup d’acier. Le fer s’en trouve ragaillardi.
chinois. Apparemment, les marchés n’ont d’yeux que pour les surcapacités persistantes. Et pourtant, différentes études prospectives font état d’une croissance de la demande de 6 % à 8 % par an dans les prochaines années !
LE PALLADIUM en pleine forme 1 350 .
PALLADIUM
1 250 .
(dollar/tonne)
1 150 . 1 050 . 950 . 850 .
L’ALUMINIUM déçoit
O
n avait prédit l’an dernier ici même que les prix de l’aluminium continueraient de progresser en 2018, bien au-delà des 2 000 dollars la tonne atteints en 2017. Le pronostic a fait long feu : début 2019, le métal gris est retombé à 1 840 dollars. Rien n’a eu d’effet durable : ni les fermetures des usines chinoises les plus nocives pour l’environnement, puisqu’elles ont été remplacées par d’autres plus propres et plus productives, ni l’annonce de l’arrêt par Norsk Hydro de la plus grande usine du monde au Brésil, également pour cause de pollution, ni les sanctions américaines contre Rusal et Oleg Deripaska, le magnat russe de l’aluminium, ni la surtaxation américaine de 10 % sur l’aluminium
2 600 . 2 400 .
ALUMINIUM (dollar/tonne)
2 200 . 2 000 . 1 800 .
J F M A M J 2018
J A S O N D J 2019
J F M A M J 2018
J A S O N D J 2019
C
’
est l’Afrique du Sud et le Zimbabwe qui se frottent les mains ! L’once de palladium qu’ils produisent a atteint 1 327 dollars à la mi-janvier 2019, contre 1 098 dollars un an plus tôt, soit un bond de quelque 20 %. Une nouvelle progression, après celle de 27 % en 2017. Depuis décembre 2018, le palladium vaut plus cher que l’or, qui stagne sous les 1 300 dollars. La première cause de cette poussée ? Le « dieselgate ». En maquillant les émissions nocives de leurs moteurs Diesel, certains constructeurs ont déclenché un report de la demande sur les moteurs à essence, dont les pots catalytiques font appel au palladium. Surtout, « l’Agence internationale de l’énergie prévoit que le nombre de véhicules électriques en circulation atteindra 125 millions en 2030, contre 3 millions en 2017 », rappelle Marc Stocker, de la Banque mondiale. Or ce platinoïde est un composant essentiel de la connectique électronique utilisée abondamment par ces engins… Mieux encore, il est indispensable pour confectionner les piles à combustible qui équiperont les voitures à hydrogène de demain.
jeuneafrique no 3030 du 3 au 9 février 2019
71
Dossier Mines
MANGANÈSE
BUMIGEB
Les réserves de manganèse de Tambao sont estimées à 55 millions de tonnes.
À Tambao, le Burkina veut tourner la page Frank Timis En attendant l’arbitrage du 28 février sur la plainte du groupe du milliardaire australoroumain, l’État est déterminé à réattribuer le permis minier à un nouvel investisseur. NADOUN COULIBALY, à Ouagadougou
rouver un nouveau partenaire au projet intégré de manganèse de Tambao (est du pays), dont les réserves sont estimées à 55 millions de tonnes. Telle est désormais l’obsession du ministre burkinabè des Mines, Oumarou Idani. Le 11 mai 2018, une ordonnance du tribunal arbitral de la Chambre de commerce internationale de Paris (CCI Paris) donnait carte blanche au Burkina pour résilier le permis minier des sociétés du milliardaire australo-roumain Frank Timis, avec qui le conflit dure depuis 2015. « Désormais, nous travaillons sur les études de faisabilité et sur le scénario d’exploitation du gisement », explique
T
72
jeuneafrique no 3030 du 3 au 9 février 2019
le ministre. Pour lui, la procédure d’arbitrage en cours n’a aucune conséquence sur l’avenir de Tambao. S’il n’a pas encore donné suite aux manifestations d’intérêt exprimées par des sociétés chinoises, européennes, américaines et même africaines, c’est bien pour prendre le temps de parvenir à une convention minière transparente afin de relancer l’exploitation.
Bientôt deux opérateurs différents ?
Oumarou Idani se veut confiant : « L’exploitation du manganèse n’est pas complexe en soi. Elle consiste en une opération de dynamitage et de concassage. La principale contrainte relative à ce projet porte sur le transport. Même si nous arrivions à faire le
traitement du minerai sur le site, il faut tout de même transporter 50 millions de tonnes. La question de la logistique est essentielle. » En attendant la réattribution du permis minier à un nouvel investisseur, le Burkina étudie plusieurs options, comme celle de confier à des opérateurs différents les deux volets du projet, l’exploitation minière, d’un côté, et les infrastructures ferroviaires et routières, de l’autre. Mais si l’État peut désormais faire prévaloir ses droits sur le gisement de Tambao, il n’en a pas pour autant fini avec la procédure judiciaire enclenchée par la société Pan African Minerals, détenue par Frank Timis, et ses filiales, Pan African Burkina et Pan African Tambao. Ces dernières avaient invité
le tribunal arbitral parisien à prendre des mesures suspensives à la suite de la mise en œuvre par le Burkina de son droit contractuel de résiliation sur le projet intégré de la mine de Tambao. Elles avaient requis cette décision de justice après que le Burkina avait annoncé rompre l’accord-cadre de partenariat public-privé (PPP) conclu avec Pan African Burkina en août 2012. « Nous n’avons plus d’activités au Burkina. Nous attendons l’issue de la procédure légale en cours », confie un cadre de Pan African Tambao. Le litige porte sur un volet minier et sur la réalisation d’infrastructures routières et ferroviaires, avec la ligne KayaTambao, distante de 140 km environ.
Les autres projets du groupe minier affectés
En 2015, déjà, le Burkina avait suspendu le permis d’exportation du gisement, arguant que Pan African Burkina n’avait montré aucune volonté, ni aucune capacité d’exécuter ses obligations. Dans une lettre datée du 9 septembre 2016 et adressée au ministre burkinabè des Mines d’alors, que Jeune Afrique avait révélée, la junior minière accusait l’État burkinabè d’agissements illégaux et de manquements à son encontre, comme le refus d’envoyer un représentant du ministère des Mines pour superviser les opérations de pesée du minerai, ou celui de recourir au transport routier en attendant que le chemin de fer soit réhabilité. Elle pointait aussi du doigt la série de suspensions dont elle faisait
SUR LE PODIUM AFRICAIN Avec douze mines industrielles en exploitation, le Burkina a produit près de 52 tonnes d’or en 2018, contre 45,6 t engrangées un an plus tôt. En comptant l’orpaillage, sa production totale atteint plus de 60 t. Une performance qui le place désormais parmi les pays miniers les plus dynamiques en Afrique. La production de zinc, elle, s’est établie
autour de 160000 t. Le secteur minier a généré 1308 milliards de F CFA (1,9 milliard d’euros) de recettes d’exportation, soit 71 % de celles du Burkina. De nouvelles mines d’or vont entrer en exploitation avant la fin de l’année 2019, comme celles des canadiens Teranga Gold (1,2 million d’onces de réserves) et Orezone à Bomboré, au
l’objet, et notamment celle de son autorisation spéciale d’exportation, le 15 janvier 2015, celle des activités d’exploitation du 23 mars 2015 ou encore celle relative à l’accord de PPP. Autant de blocages qui ne lui ont pas permis d’entreprendre de nouveaux projets, parmi lesquels la construction d’un terminal minéralier dans le port d’Abidjan ou l’exploitation de la mine nigérienne d’uranium du bassin de Tim Mersoï, dont les réserves sont estimées à plus de 1,1 milliard d’euros. « Les difficultés du groupe Pan African Minerals à exploiter le projet minier de Tambao ont un impact direct sur les plans de développement de ses autres projets, ce qui représente un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars »,
sud de Ouagadougou. « Notre objectif est désormais de diversifier notre production minière », confie le ministre du secteur, Oumarou Idani. Il affirme par ailleurs disposer de résultats probants sur la présence dans le sous-sol de substances stratégiques comme le pétrole ou encore le gaz. N.C.
avançait le groupe de Frank Timis. Dès lors, l’entreprise, qui indique avoir investi plus de 150 millions de dollars (131 millions d’euros) dans le projet, réclamait à son partenaire burkinabè une compensation estimée à 4 milliards de dollars, évoquant un montant de 380 millions de dollars de préjudice du fait de la perte de contrats de vente auprès de clients prestigieux. Une audience sur les prétentions de dommages et intérêts réclamés par le groupe, tenue en novembre 2018, avait permis aux parties en conflit de déposer leurs conclusions pour permettre au tribunal de se faire une opinion. « Nous attendons la sentence sur le volet financier de la plainte formulée par les sociétés du groupe minier le 28 février 2019 », confie le ministre burkinabè.
Dossier Mines
OR
Endeavour part à la conquête de l’Ouest Mali, Côte d’Ivoire, Burkina Faso… Le groupe canadien entend tirer profit des gisements de la sous-région, parmi les plus riches du monde.
Sébastien de Montessus. L’Afrique de l’Ouest se situe au troisième rang des régions les plus riches en ressources aurifères, derrière l’Australie et le Canada. Pourtant, des pays importants sont encore sous-explorés. Le Burkina Faso ou la Côte d’Ivoire concentrent seulement 35 % des découvertes dans la région, alors qu’ils représentent 60 % de la zone “birimienne”. » En mars, Endeavour va franchir une nouvelle étape dans le déploiement de sa stratégie et consolider davantage son assise africaine avec l’entrée en production de la mine d’Ity, en Côte d’Ivoire. Il a investi 412 millions de dollars dans ce gisement, dont les réserves sont estimées à 2,9 millions d’onces.
ENDEAVOUR
Objectif : devenir le premier producteur du continent
La compagnie a investi 412 millions de dollars dans le gisement d’Ity, en Côte d’Ivoire. NADOUN COULIBALY, à Ouagadougou
’est dans son sous-sol que les plus importantes découvertes de nouveaux gisements aurifères ont été réalisées ces dix dernières années. Plus de 79 millions d’onces ont en effet été mises au jour en Afrique de l’Ouest, et 5 milliards de dollars investis sur la même période, soit 10 % du total mondial des investissements dans l’exploration. Et pourtant, l’exploitation minière dans la région ne fait que commencer. Une attractivité qui séduit particulièrement les compagnies minières canadiennes, comme Endeavour, Teranga Gold, B2Gold ou encore Iamgold. Tablant sur un coût de production de l’once tournant autour de 800 dollars, Endeavour souhaite porter la durée de vie de ses mines
C
74
jeuneafrique no 3030 du 3 au 9 février 2019
à environ dix ans. Mais celle-ci devrait même se prolonger au-delà : le groupe, qui a déjà découvert 5 millions d’onces ces cinq dernières années, vise en effet 10 à 15 millions d’onces dans les cinq prochaines. Pour doper ses réserves, la compagnie minière entend investir quelque 45 millions de dollars dans l’exploration. « Nous allons poursuivre nos efforts dans ce domaine. Nous croyons dans le potentiel de la zone géologique du plateau birimien ouest-africain, souligne son PDG,
LE MINIER MISE SUR LA DÉCOUVERTE DE 10 À 15 MILLIONS D’ONCES DANS LES CINQ PROCHAINES ANNÉES.
Le groupe canadien réalise également de nouvelles acquisitions afin de devenir le premier producteur d’or du continent. En 2016, il avait déjà récupéré la participation, à hauteur de 90 %, du canadien True Gold Mining dans la mine d’or de Karma, au Burkina Faso, pour 175 millions de dollars. Ce site, d’une durée de vie de huit ans et demi, devrait lui permettre de récolter 110 000 à 120 000 onces au cours des cinq premières années. Au Mali, « nous avons clôturé en décembre 2018 la vente de la mine de Tabakoto à Algom Resources, une filiale de BCM International. Dans le cadre de cette transaction, Endeavour va conserver ses permis d’exploration situés à 20 km au nord », précise Sébastien de Montessus. Ses priorités portent désormais sur la finalisation du projet CIL d’Ity et le développement de celui de Kalana, autour de Tabakoto, acquis pour 120 millions de dollars auprès d’Avnel Gold. Les travaux de construction de cette dernière mine, dont les réserves sont estimées à 7,1 millions d’onces, vont nécessiter un investissement de l’ordre de 200 à 300 millions de dollars.
CUIVRE
Usine de Lubumbashi, dans le Haut-Katanga.
La Gécamines ouvre la chasse aux dividendes Un an après son premier rappel à l’ordre, la compagnie congolaise passe ses partenaires étrangers au peigne fin. Objectif : les contraindre à s’acquitter de leurs dus.
China Molybdenum en haut de la liste ?
Wait and see donc à la Gécamines, après les coups de semonce de
UM
IEU
ALBERT YUMA PREMIER MINISTRE ?
NT
F O U R NIER
/JA
rétorque-t-elle. Néanmoins, si on prend comme exemple KCC [Kamoto Copper Co, filiale de Katanga Mining], avec les projections publiques de dividendes de 2 milliards de dollars sur dix ans pour la GCM et plus de 3 milliards d’impôts sur les bénéfices pour l’État, on imagine que, pour la totalité des partenariats de la Gécamines, les perspectives devraient être particulièrement intéressantes. » De quoi faire tache d’huile dans le secteur minier congolais et inspirer, par exemple, Okimo et Miba, les opérateurs publics aurifère et diamantifère ? « Au vu des résultats probants obtenus par la Gécamines, on ne peut pas exclure que d’autres entreprises détenues par l’État soient inspirées par notre démarche », conclut-on au siège.
CE
l y a un an, au Cap, Albert Yuma, président du conseil d’administration de la Gécamines (GCM), tapait du poing sur la table en raison de l’absence de versement de dividendes de la part de ses partenaires étrangers. En 2018, deux premiers dossiers ont été réglés auprès de Katanga Mining, filiale du suisse Glencore, et dernièrement auprès de Boss Mining, filiale du kazakh ERG, qui ont, entre autres, versé respectivement 150 et 30 millions de dollars (131 et 26 millions d’euros) de pas-deporte. Mais tout le monde s’interroge désormais: quel sera le prochain sur la liste? Au sein de la GCM, on rétorque qu’« une décision de ce genre est confidentielle. S’agissant des prochains concernés, cela dépend d’une série de facteurs principalement liés à la gravité des manquements contractuels constatés ». Comprendre les clauses du contrat qui lient la GCM à la société étrangère et qui ne sont pas respectées par cette dernière. La direction nuance toutefois: « On pourrait imaginer que nos partenaires viennent à nous pour discuter et adoptent une attitude réellement constructive, plutôt que d’attendre que nous n’ayons plus d’autre solution que d’engager des procédures. Ce qui nous a plutôt été favorable à ce jour. »
I
Katanga Mining et de Boss Mining, qui faisaient l’objet de procédures. Quoique. Un autre partenariat pourrait être passé au peigne fin. Le 18 janvier, China Molybdenum, partenaire de la GCM, qui avait acquis l’intérêt de la société américaine Freeport McMoRan dans la mine géante de cuivre de Tenke Fungurume en novembre 2016 pour 2,65 milliards de dollars, a annoncé un accord de rachat pour 1,13 milliard de dollars des parts de son compatriote BHR dans Tenke. De quoi faire remonter l’alliance avec China Molybdenum en haut de la pile de la GCM ? D’autant plus que, selon Jeune Afrique Business+, « tout n’avait pas été réglé » depuis l’arrivée de ce minier chinois. Des problèmes subsistent dans l’exécution du contrat, notamment en ce qui concerne le rythme de production qui était prévu dans l’étude de faisabilité, la capitalisation de la filiale opératrice de Tenke et la répartition des revenus avec la GCM. À l’aune des expériences Boss et Katanga Mining, les rééquilibrages récurrents interviennent aussi au sujet des royalties par tonne de cuivre – revues à la hausse de 35 à 165 dollars pour prendre en compte désormais le cobalt contenu – ou encore du non-recours à des sous-traitants locaux. L’objectif pour la GCM est de faire enfin rentrer des dividendes dans ses caisses, et des impôts dans celles de l’État. Sur quels montants versés par ses partenaires table-t-elle cette année ? « Impossible de répondre,
THO
VI
N
GAËLLE ARENSON
GWENN
UR DUBO
À Kinshasa, tout le monde a les yeux rivés sur les résultats des élections présidentielle et législatives, et l’hypothèse d’une nomination à la primature d’Albert Yuma, président du conseil d’administration de la Gécamines, revient en force. « Une rumeur qui réapparaît à chaque nouvelle échéance électorale », tempère une bonne source. G.A.
jeuneafrique no 3030 du 3 au 9 février 2019
75
50 000
m2
d'Installations
WWW.JADELMAS.COM
* VOTRE PARTENAIRE DE RÉFÉRENCE EN AFRIQUE DE L’OUEST
+
Un Réseau de
+ Collaborateurs
VOTRE CONCESSIONNAIRE CAT® POUR VOUS ACCOMPAGNER SUR VOS PROJETS : MINES I CONSTRUCTION & INFRASTRUCTURES ENERGY, MANUFACTURING & SERVICES.
2 1
Centtre de Foormation Régiional
Centres de Reconditionnement de Composants
+ Modèles suivis Un parc actif de
23000 Équipements
© 2019 Caterpillar. Tous droits réservés. CAT, CATERPILLAR, LET’S DO THE WORK, leurs logos respectifs, la couleur «Caterpillar Yellow» et l’habillage commercial «Power Edge» ainsi que l’identité visuelle de l’entreprise et des produits qui figurent dans le présent document, sont des marques déposées de Caterpillar qui ne peuvent pas être utilisées sans autorisation.
Conception : rodolphe-latreyte.com
YOUR REFERENCE PARTNER IN WEST * AFRICA