CAMEROUN
CÔTE D’IVOIRE Avec les exilés d’Accra
MADAME LA PRÉSIDENTE Chantal Biya derrière le miroir
MALI Qui a peur de Mahmoud Dicko ?
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3032 DU 17 AU 23 FÉVRIER 2019
Macky Sall remet en jeu son mandat présidentiel ce 24 février. Recomposition du paysage politique, rôle des réseaux sociaux, dynamisme économique mais persistance de la pauvreté, émergence d’une nouvelle génération de féministes… Voyage au cœur d’un pays en pleine mutation. Spécial 28 pages
Le Sénégal
Présidentielle 2019
à l’heure du choix ÉDITION AFRIQUE DE L’OUEST
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Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 4 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285
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Cette ambition s’est tout d’abord traduite durant les trois premières années par une politique d’accompagnement des PME-PMI dans les différents domaines de l’économie Sénégalaise avec un niveau de maîtrise des risques moyen. En 2013, nous avons infléchi notre politique de crédit avec une meilleure prise en compte de la maîtrise des risques tout en maintenant le même niveau de financement des PME-PMI. Cela a permis au CREDIT INTERNATIONAL d’être pleinement préparé aux mutations en profondeur induites par l’adoption des nouvelles réglementations de bâle II et bâle III. À cet égard, le CREDIT INTERNATIONAL a pu mettre en œuvre l’ensemble des réformes institutionnelles dans les délais impartis par les nouvelles normes réglementaires, en respectant parfaitement le niveau de fonds propres de base requis et le ratio de levier. Un nouveau dispositif de gestion prudentielle a également été mis en place ainsi qu’une mise à niveau du système d’information permettant d’intégrer l’ensemble des obligations induites par la réforme. Au sortir de cette mutation réglementaire, le CREDIT INTERNATIONAL reste une banque solide, aux fondamentaux stables. Cette bonne santé financière lui permet de continuer son engagement envers le Sénégal et de financer le développement de son économie à travers les crédits octroyés aux PME-PMI, ceux octroyés à des entreprises officiant dans des secteurs prioritaires du Plan Sénégal Emergent tels que l’électricité, l’industrie et l’agro-alimentaire.
Christian KHALIFE Directeur Général Immeuble le Goelan, Boulevard Djily Mbaye X Henry DUNAN BP 50117 Dakar RP - SÉNÉGAL Tel : (+221) 33 889 18 18 – Fax : (+221) 33 822 80 80 Email : info@cisenegal.com / www.cisenegal.com
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Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays
SÉNÉGAL
L’heure du choix
État des lieux et perspectives politiques, économiques et sociales du pays, à une semaine du premier tour de la présidentielle. jeuneafrique no 3032 du 17 au 23 février 2019
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Une classe politique sens dessus dessous
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Momar Dieng
« Fake news » électorales
82 Présidentielle
bayemomardieng
La méthode Macky
Quatre challengers en campagne
Aggiornamento démocratique u lendemain de l’élection présidentielle, le Sénégal ne pourra faire l’économie d’une réflexion de fond sur le renforcement des fondements démocratiques de la République, pour que les formes d’exercice du pouvoir conféré par le suffrage universel soient cohérentes, d’une part, avec les attentes exprimées dans les urnes par les citoyens, d’autre part, avec les principes d’éthique et de justice qui s’imposent à tous les gouvernants. Un aggiornamento en profondeur, pour donner un souffle nouveau à ses institutions, critiquées par une frange non négligeable de l’opinion publique. À l’échelle du continent, la démocratie sénégalaise est encore jeune, empreinte de vitalité. Elle repose sur des ressorts qui lui permettent d’échapper aux turpitudes partisanes de la plupart de ses animateurs. Cependant, les ambiguïtés que cette démocratie continue d’entretenir en son sein, souvent à son corps défendant, imposent des mutations.
A
Signal de rupture fort
À cet égard, il est urgent que les institutions censées jouer le rôle de contrepouvoir assument leurs prérogatives constitutionnelles pour être crédibles auprès des citoyens, à commencer par l’Assemblée nationale. Au cours des quatre dernières législatures, sous la présidence d’Abdoulaye Wade, puis sous celle de Macky Sall, la mainmise de l’exécutif sur le législatif n’a pas permis aux députés de voter une seule proposition de loi – seuls l’ont été des projets, donc des textes déposés à l’initiative du gouvernement et non de
94 ÉCONOMIE Les chemins de l’émergence
99 Tribune
Cheikh Ahmed Bamba Diagne
parlementaires. Pour une institution supposée être l’émanation directe du peuple souverain, c’est pour le moins problématique. Pilier incontournable de la séparation des pouvoirs, l’autorité judiciaire est l’autre talon d’Achille d’une démocratie en quête de maturité. L’Union des magistrats sénégalais (UMS) a déjà tiré la sonnette d’alarme sur deux affaires qu’elle estime emblématiques de la domination exercée par l’exécutif : la gestion de la carrière des magistrats et le traitement politique des dossiers judiciaires de Khalifa Sall et de Karim Wade. Le sens des réformes annoncées du Conseil supérieur de la magistrature donnera des indications sur la volonté du chef de l’État. Marqué par des modifications unilatérales d’un code électoral qui était pourtant consensuel, le climat politique actuel résulte en grande partie de l’incapacité des organes de contrôle et de supervision à imposer aux différents acteurs, notamment ceux de l’actuelle majorité, les règles du jeu collectivement établies. Comment échapper à des lendemains électoraux compliqués si les juges chargés de la bonne organisation du scrutin ferment les yeux sur ses dysfonctionnements ou sur de présumés abus de pouvoir ou d’autorité ? Pour l’heure, ces ambiguïtés sont des facteurs d’affaiblissement du projet démocratique national. Les effacer serait pour Macky Sall, s’il est réélu, un vrai exercice de rattrapage et, pour son successeur potentiel, un signal de rupture fort. Sinon, le désintérêt des citoyens pour la vie politique risque de s’aggraver.
Directeur scientifique du Laboratoire de recherches économiques et monétaires de l’université CheikhAnta-Diop de Dakar
100 Grands travaux Un TER pas comme les autres
102 Hôtellerie
Luxe, calme et bonnes affaires
106 SOCIÉTÉ Paroles de Sénégalaises
116 Musique
Albums de famille : la fratrie Sarr à la scène et en disques
121 Culture
Le Mahicao, un musée en province
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Grand format SÉNÉGAL
ENJEUX Le complexe Dakar Arena, à Diamniadio, inauguré en août 2018.
Le maître du jeu Favori de la présidentielle du 24 février, le chef de l’État sortant a su exploiter à son profit la disparition des mastodontes et la recomposition de l’échiquier politique qu’elle a entraînée.
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MEHDI BA, envoyé spécial
D
epuis le 3 février, comme ses concurrents, il multiplie « caravanes » et meetings aux quatre coins du pays. Mais après un septennat à la tête de l’État, Macky Sall n’a pas attendu le top départ de la campagne pour s’élancer : depuis plusieurs mois déjà, il inaugure sans relâche. Un marathon débuté le 7 décembre 2017, quand il a imposé l’entrée en service de l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD), qui pouvait pourtant sembler prématurée. La veille, il avait inauguré l’hôtel Radisson Blu de Diamniadio, censé héberger les conférenciers venus tout au long de l’année au Centre international de conférences Abdou-Diouf (Cicad), à quelques dizaines de mètres de là.
SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA
D’UN SCRUTIN L’AUTRE
• Le candidat élu président le sera pour un mandat de cinq ans et non plus sept, conformément au référendum constitutionnel du 20 mars 2016, approuvé à 59,64 % des suffrages exprimés. • Dernier test électoral en date, les législatives du 30 juillet 2017 ont été favorables à la coalition gouvernementale Benno Bokk Yakaar (BBY, « unis par l’espoir »), qui a obtenu 49,5 % des voix et 125 sièges sur 165 à l’Assemblée nationale. • Pour qu’il n’y ait ni confusion ni collision, les prochaines locales, qui auraient dû se tenir le 23 juin, ont été ajournées au 1er décembre. Trois chantiers emblématiques de son premier mandat. Depuis, le président-candidat a enchaîné les « baptêmes ». Ici le complexe Dakar Arena, là un pont désenclavant la Casamance, une autoroute vers la ville sainte de Touba, une mosquée à Guédiawaye, un TER (train express régional, lire p. 100) qui desservira la banlieue dakaroise, un avion aux couleurs de la compagnie nationale, un building administratif refait à neuf… À ceux de ses détracteurs qui seraient tentés d’ironiser, il pourrait rétorquer que lui-même n’a pas inventé l’exercice. En février 2012, Abdoulaye Wade n’avait-il pas exigé que l’avion présidentiel se pose sur le tarmac d’un AIBD encore embryonnaire, constitué d’herbes folles et de terre battue, afin de faire valoir symboliquement qu’il en était le géniteur?
Une élection orpheline
Pour l’emporter le 24 février, Macky Sall met donc en avant son bilan. En coulisses, ce fin stratège s’est aussi donné les moyens de réduire à sa plus simple expression la menace portée par ses concurrents (lire pp. 82-85). La justice et le Conseil constitutionnel ont certes contribué à lui dégager
la voie, écartant deux challengers de taille pour cause de condamnation (Karim Wade et Khalifa Sall) et vingt autres candidats pour défaut de parrainages en règle, faisant hurler l’opposition à la purge stalinienne. Pourtant la théorie du complot ne saurait tout expliquer. Pour la première fois depuis la fin du régime à parti unique, la présidentielle sera orpheline de ses deux formations historiques: le Parti socialiste (PS, y compris les structures issues de ses rangs depuis la fin des années 1990) et le Parti démocratique sénégalais (PDS). Sous l’égide d’Ousmane Tanor Dieng, le premier s’est dissous spontanément dans la coalition au pouvoir, en acceptant d’œuvrer à la réélection de Macky Sall. Sa branche dissidente, l’Alliance des forces de progrès (AFP), a fait de même sur l’ordre de Moustapha Niasse. Quant au PDS, l’ancien parti de Macky Sall, devenu la principale formation d’opposition, il n’en finit pas de se déliter, entre un candidat en exil (Karim Wade), une direction tricéphale (établie à Versailles, Doha ou Dakar, selon les jours) et un dirigeant qui refuse d’abandonner le leadership, malgré ses 92 ans, au risque de voir la totalité de
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Grand format SÉNÉGAL ENJEUX
HUMEUR
ses cadres prendre le large. Macky Sall n’a eu qu’à récolter les fruits de ce processus. Si la présidentielle 2019 parvient à se frayer une place dans les annales de la vie politique sénégalaise, ce ne sera sans doute pas en raison de son suspense. Même si rien n’est encore joué, il n’est un secret pour personne que Macky Sall, à la tête d’une coalition solide électoralement, soudée derrière son champion, part en position de favori face à une opposition réduite aux acquêts.
Grand chamboule-tout
Ce ne serait pas la première fois, dans ce pays, qu’un président sortant l’emporte dès le premier tour – loin de là. Plus inédite en revanche est la recomposition du paysage politique intervenue depuis 2012, laquelle n’est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, l’extinction des dinosaures à la fin du Crétacé. Exit les mastodontes ! Landing Savané, Abdoulaye Bathily, Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse ou Abdoulaye Wade ont passé l’âge de briguer les suffrages; Djibo Leyti Kâ est décédé; Khalifa Sall, exclu du PS pour dissidence, est mis hors course par la justice; Cheikh Bamba Dièye a déclaré forfait… Parmi les grands chefs de parti d’avant 2012, seul Idrissa Seck a survécu. Cette nouvelle donne a créé un appel d’air pour la génération suivante, celle des Ousmane Sonko, Bougane Guèye Dany, Thierno Bocoum, Samuel Sarr, Moustapha Guirassy ou Karim Wade – dont certains pensent déjà à 2024. Mais elle a aussi accentué un travers national : la transhumance, rendant parfois indéchiffrable la partie d’échecs en cours. Les principaux adversaires de Macky Sall lorsqu’il était le Premier ministre d’Abdoulaye Wade sont aujourd’hui ses meilleurs alliés. Et ses camarades de parti de l’époque sont désormais ses pires détracteurs. Entre les deux, nombre de responsables l’ayant critiqué ces sept dernières années sont pourtant venus le rallier in extremis, à quelques mois, ou jours, du scrutin. Pas facile de s’y retrouver dans ce grand chamboule-tout. Au soir du 24 février, les résultats respectivement obtenus par Ousmane Sonko et El Hadji Issa Sall, deux nouveaux venus, seront un indice de la façon dont les électeurs s’accommodent de ce « new deal ». Car depuis la première présidentielle pluraliste, en 1978, seuls des candidats issus du sérail sont parvenus à se distinguer lors d’une élection à la magistrature suprême.
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« Fake news » et conspirations MEHDI BA
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«
e document certifie que nous avons pris la décision de confirmer notre choix d’Ousmane Sonko comme candidat à la présidentielle 2019. » Fruit d’un grossier montage, le document aura tout de même abusé quelques crédules sur les réseaux sociaux. Prétendument signé par les grands maîtres de cinq loges maçonniques européennes, il affirme le soutien des « frères » au candidat du Pastef. Un autre courrier mentionne le nom du patron de médias Bougane Guèye Dany, un temps candidat. Dans un pays où la franc-maçonnerie est perçue comme une entreprise occidentale visant à saper les fondements religieux et culturels traditionnels, un tel soutien vaut anathème. En décembre, il n’aura fallu que quelques vérifications élémentaires à l’équipe d’Africa Check, site sénégalais spécialisé dans le fact-checking, pour que la baudruche se dégonfle. « Comparativement à la campagne de 2012, le phénomène des fake news a pris de l’ampleur, analyse Samba Dialimpa, rédacteur en chef d’Africa Check. Même si les détournements de documents laissent clairement à désirer, les scénarios de type conspirationniste paraissent de plus en plus sophistiqués. » Ousmane Sonko en sait quelque chose. Un mois plus tard, la Toile s’embrasait autour d’une autre révélation faisandée à son propos. Selon un document censé émaner du groupe Tullow Oil, le « Monsieur Propre » autoproclamé de la scène politique, qui s’est fait connaître en dénonçant les clauses léonines de certains contrats gaziers et pétroliers, aurait perçu 195000 dollars de la major britannique pour soutenir sa campagne. Cette fois, c’est le bureau dakarois de l’AFP qui a déconstruit la manipulation, mais la fausse information avait eu le temps de faire le tour du pays. La majorité n’a pas échappé à son lot de fake news. Sur WhatsApp, une fausse carte d’identité française de Macky Sall s’est mise à circuler – la Constitution sénégalaise interdit au chef de l’État d’avoir une double nationalité. Plus récemment, une vidéo virale dans laquelle une femme africaine compte des liasses de francs CFA a été présentée – fallacieusement – comme mettant en scène l’épouse du ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang. Laquelle a porté plainte.
COMMUNIQUÉ
LE PONT SÉNÉGAL-GAMBIE : une référence en matière d’ouvrages d’art Inauguré le 21 janvier 2019 par le président du Sénégal, Macky Sall, et son homologue de Gambie, Adama Barrow, le pont de 1 842 mètres sur le fleuve Gambie a été construit par Arezki Group. En Guinée Bissau, Arezki Group a participé en tant que sous-traitant à la construction des ponts de São Vicente et Joâo Landim.
Un groupe fier de son passé et tourné vers le bien-être des populations africaines
Route Tambacounda/Kidira-Bakel (Sénégal) 250 km
Arezki Group est présent dans une large gamme d’activités : travaux routiers, voirie urbaine, ouvrages d’art (ponts notamment), bâtiments industriels et commerciaux (hôpitaux, hôtels, hangars, etc.), travaux aéroportuaires, adduction d’eau et assainissement, réseaux électriques, ouvrages maritimes et portuaires, télécommunications,
etc. Au total, près de 600 millions de dollars de travaux programmés pendant la période 2015-2020 sont actuellement en cours d’exécution. Arezki Group offre une approche progressive de la conception, de la gestion de projet et des contrats généraux. « Nous fournissons un service complet de réalisation en coopération avec nos clients » affirme Tarek Arezki, président-directeur général d’Arezki Group.
UN LEADER EN AFRIQUE DE L’OUEST Le groupe travaille dans une logique de partenariat et recherche la transparence et la fiabilité. « Nos clients sont pleinement conscients que nous avons les compétences, les ressources et l’expertise, et surtout, la capacité d’achever leurs projets dans les délais en respectant les exigences techniques » poursuit Tarek Arezki. Grâce à ces atouts, Arezki Group est devenu l’un des principaux groupes de construction de la sous-région. Pourtant, au fil des années, il est resté un groupe familial. La direction est assurée par quatre actionnaires : Tarek Arezki, Ziad Arezki, Ahmed Arezki et Yousra Arezki. « Notre principal défi aujourd’hui est de maintenir la croissance que nous avons générée jusqu’à ce jour tout en restant fidèles à nos valeurs » conclut Tarek Arezki.
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JAMG/DIFCOM - Photos : © D.R. DR
Fondé en 1952 à Dakar par Mahmoud Arezki, mécanicien de formation, Arezki Group a démarré son activité dans le transport interurbain. Depuis 1962, le groupe a élargi son activité à la construction au Sénégal et en Afrique de l’Ouest.
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PRÉSIDENTIELLE
La méthode Macky Pour tenter de l’emporter dès le premier tour, le chef de l’État a une stratégie: rallier à sa coalition les partis qui comptent ou, à défaut, leurs cadres les plus influents. MEHDI BA
e 1er décembre, dans un Dakar Arena archicomble, Macky Sall avait mis les petits plats dans les grands pour conférer à sa candidature des airs de triomphe avant l’heure. Dans la fosse, le carré VIP regroupait quatre chefs d’État africains venus le soutenir. Plus haut, dans les tribunes, deux responsables politiques sénégalais attiraient eux aussi l’attention des médias. Côte à côte, le maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, et l’ancien président du groupe parlementaire Libéraux et démocrates (opposition), Modou Diagne Fada, étaient venus officialiser leur serment d’allégeance. Transfuges du camp d’en face, les deux hommes font partie des récents
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« trophées » du président sortant. Il est vrai que tous trois sont d’anciens « frères » qui ont longtemps cheminé au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS), fondé par Abdoulaye Wade. Après la défaite du PDS en 2012, Abdoulaye Baldé avait quitté le parti pour créer l’Union centriste du Sénégal (UCS). Quant à Modou Diagne Fada, il en avait été sèchement éjecté fin 2015, après s’être montré trop réticent à l’égard de la désignation de Karim Wade pour représenter le parti libéral à la présidentielle.
Apologie de la transhumance
En matière de ralliements politiques, la stratégie de Macky Sall n’est plus un secret. À Kaffrine, en avril 2015, il l’avait résumée ainsi : « Lorsque vous avez une majorité et que vous voulez la consolider, si vous n’allez pas pêcher dans le camp adverse, comment la maintenir ? L’opposition fait dans la critique, la désinformation et la surenchère pour décourager des pans entiers du pouvoir et les ramener à elle. Le pouvoir aussi doit tout faire pour récupérer des gens de l’opposition. » Considérée comme une apologie de la transhumance, cette sortie présidentielle avait alors provoqué une brève polémique. Depuis, nombreux sont les anciens cadres de l’opposition
SEYLLOU/AFP
Congrès de l’APR au Dakar Arena, le 1er décembre 2018.
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Aéroport Dakar Blaise Diagne
Xavier Mary, directeur général de LAS Pouvez-vous vous présenter ? LAS est une société anonyme sénégalaise, au capital de 100 millions de F CFA. Créée en mai 2017, elle est la société de gestion de l’Aéroport International DAKAR Blaise Diagne (IABD). Son capital est détenu à 34 % par l’État du Sénégal à travers AIBD S.A et par deux partenaires turcs détenant chacun 33 % : l’opérateur aéroportuaire Limak et l’entreprise de construction Summa. La société LAS a signé un contrat de concession de 25 ans avec l’État du Sénégal pour l’exploitation de la toute nouvelle plateforme aéroportuaire. AIBD S.A. est une société sénégalaise détenue à 100 % par l’État du Sénégal. Le nouvel aéroport de Dakar est opérationnel depuis le 7 décembre 2017. Quel bilan tirez-vous de l’exercice 2018 ? Le bilan de l’année 2018 est très satisfaisant avec 2,38 millions de passagers, soit une hausse de près de 10 %. Air Sénégal, le pavillon aérien national, s’est installé dans l’aéroport en 2018 et, le 1er février 2019, la ligne Dakar-Paris-Dakar a été inaugurée. Nous accueillons quatre autres compagnies : Air Peace (Nigeria), Camair-Co (Cameroun), Rwandair (Rwanda) et
L’Aéroport International Dakar Blaise Diagne c’est 2,38 millions de passagers en 2018 soit une hausse de 10 % TACV (Cap Vert). Actuellement, 60 destinations sont desservies en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient et aux ÉtatsUnis. Quels sont vos projets pour 2019 ? Nous travaillons en permanence à développer de nouvelles routes et à renforcer celles qui existent. L’aéroport est un établissement moderne qui répond à tous les standards internationaux : architecture, équipements techniques, services, sûreté, etc. La piste de l’aéroport peut accueillir tous types d’avions, y compris l’A380. L’aéroport de Dakar peut devenir une grande plateforme aéroportuaire internationale en Afrique. Par ailleurs, nous agissons en permanence pour répondre aux attentes de la clientèle et améliorer la qualité du service. Nous avons mis en place 52 Smiley Box (bornes de satisfaction) afin de recueillir les avis des passagers tout au long de leur parcours avant l’embarquement. Le 4e magasin duty free a été inauguré. Il s’agit d’une boutique d’artisanat de haute qualité, qui commercialise
exclusivement des produits fabriqués localement. Par ailleurs, nous souhaitons utiliser l’aéroport comme vitrine de promotion des artistes sénégalais. En décembre 2018, nous avons présenté des œuvres du sculpteur Ousmane Sow. Un cycle d’expositions temporaires est prévu cette année.
La responsabilité sociale et environnementale (RSE) est inscrite dans votre démarche. De quelle façon ? Nous avons créé la LAS Academy en nous inspirant de l’expérience réussie de notre actionnaire, Limak, à l’aéroport de Pristina (Kosovo). L’objectif est de former une trentaine de jeunes aux métiers de l’aéroportuaire (gestionnaire et assistant). Nous avons accueilli les premiers élèves en janvier 2019. En 2019, nous allons lancer la construction d’une ferme photovoltaïque de 6 MW. Ce projet, qui sera opérationnel dès cette année, permettra de couvrir la moitié des besoins d’électricité de l’aéroport et de réduire de façon substantielle notre empreinte carbone. Finalement, pouvez-vous nous dire quelques mots à propos du fret ? En 2018, le trafic a été stable à 36 400 t. En 2019, nous avons prévu de mettre en œuvre une extension de 75 % de la superficie de la zone de fret et de réorganiser les flux. Nous pensons qu’il y a un grand potentiel de croissance du fret, tant à l’export qu’à l’import.
www.dakaraeroport.com Xavier Mary, directeur général de LAS.
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JAMG - PHOTOS : LAS
ENTRETIEN AVEC
Grand format SÉNÉGAL ENJEUX
à avoir rejoint le parti présidentiel sans se soucier du qu’en-dira-t-on. Alliances, ralliements et transhumances tardives auront rythmé le septennat de Macky Sall et consolidé, chaque jour davantage, la force de frappe de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY). En février, celle-ci revendique 350 organisations ou personnalités, fédérées en de multiples sous-coalitions.
Le ralliement des ex
Dès avril 2012, le chef de l’État fraîchement élu est en effet parvenu à transformer une alliance électorale de circonstance, face à Abdoulaye Wade, en véritable coalition de gouvernement – et en machine à remporter les élections à venir. À l’époque, il réalise son plus beau coup en s’assurant du soutien indéfectible de deux poids lourds : Moustapha Niasse (Alliance des forces de
progrès, AFP) et Ousmane Tanor Dieng (Parti socialiste, PS). Arrivés respectivement troisième et quatrième au premier tour de la présidentielle (en cumulant leurs scores avec celui de Macky Sall, ils dépassaient 51 %), tous deux se sont engagés, très tôt, à ne pas contrarier la réélection de leur nouvel allié. Ils tiendront parole, dissuadant quiconque, dans leurs rangs, de concourir – exclusion des récalcitrants à l’appui. Autour de ce noyau dur, d’autres partis historiques rejoignent aussitôt BBY, comme la Ligue démocratique/ Mouvement pour le parti du travail (LD/MPT), d’Abdoulaye Bathily, ou le Parti de l’indépendance et du travail (PIT), longtemps dirigé Plus encore qu’en 2012, la présidenpar Amath Dansokho. tielle se jouera, aussi, sur Facebook et En 2015, une autre figure Twitter. Hashtags: #Sunu2019,
CAMPAGNE VIRTUELLE
#SunuDebat, #Kebetu, #RepublicainTweeTeam… Papa Ismaïla Dieng (alias @aliamsi), twitto et influenceur digital incontournable au Sénégal, nous aide à décoder l’approche et le style des cinq candidats sur les réseaux sociaux (chiffres au 14 février)
Macky Sall Le chef de l’État sortant ne joue évidemment pas dans la même catégorie que ses challengers. Sa page Facebook affiche plus de 415 135 abonnés (et 841 000 followers), et celle de la présidence, plus de 197 600.
YOURI LENQUETTE
Un diptyque que l’on retrouve sur son compte Twitter personnel (@Macky_Sall), qui rassemble 841 000 followers, tandis que celui de la présidence (PR_Senegal) en atteint 157900.
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Depuis quelques années déjà, l’équipe de communicationdupalaisdelaRépubliques’estétofféedecommunity managers (CM) dynamiques et réactifs. « L’approche est avant tout institutionnelle, puisqu’il s’agit des comptes du président de la République: contrairement aux opposants, il n’est pas là pour recruter », analyse Papa Ismaïla Dieng. Sur les réseaux sociaux, Macky Sall n’est pas seul. Son ministre conseiller chargé de la Communication – par ailleurs ancien journaliste, et poète à ses heures –, El Hadj Hamidou Kassé, y est plutôt volubile. Divers militants occupent eux aussi l’espace, leur signe de ralliement est le hashtag #RepublicainTweeTeam.
historique de la vie politique, Djibo Leyti Kâ (Union pour le renouveau démocratique), jusqu’alors compagnon de route de l’opposition, viendra grossir les rangs de la majorité présidentielle. Plus récemment, le 28 janvier, l’ex-socialiste Aïssata Tall Sall, maire de Podor, exclue du PS un an plus tôt, choisira à son tour d’apporter son soutien à la candidature de Macky Sall, qu’elle avait pourtant amplement critiqué jusqu’alors. Mais c’est dans les rangs du PDS, son ancien parti, que Macky Sall a su provoquer le plus de ralliements notables. Au fil du septennat, une partie non négligeable de la garde rapprochée de l’ex-président Abdoulaye Wade a en effet franchi le Rubicon, comme le montre cet échantillon représentatif : outre Abdoulaye Baldé (ex-secrétaire général de la présidence, plusieurs fois ministre) et Modou Diagne Fada (plusieurs fois ministre), Awa Ndiaye (ancienne ministre de la Famille, puis de la Culture), Ousmane Ngom (ex-ministre de l’Intérieur, entre autres), Souleymane Ndéné Ndiaye (ex-Premier ministre), Serigne Mbacké Ndiaye (ancien porteparole de la présidence), Papa Samba Mboup (ex-chef de cabinet du président Wade), Aïda Ndiongue (ancienne sénatrice du PDS), etc. ont également viré de bord. Au jeu des ralliements, Macky Sall sait pouvoir compter sur le dévouement de ses troupes. Depuis des années, ses alliés
font office de sergents recruteurs, afin d’établir des passerelles entre les notables politiques (opposants ou non alignés) et la mouvance présidentielle. En janvier, le propre frère du chef de l’État, Aliou Sall, président de la Caisse des dépôts et maire de Guédiawaye, assurait avoir fait migrer vers l’Alliance pour la République (APR), le parti présidentiel, les 97 antennes des « amazones », un mouvement de femmes jusqu’alors dévoué à Karim Wade.
Qui séduira Dakar ?
Pour le camp au pouvoir, outre une déstabilisation évidente des partis adverses, chaque allié ainsi conquis est la promesse de gagner du terrain dans le fief de ce dernier. À Podor, grâce à Aïssata Tall Sall, à Kebemer (la ville de naissance d’Abdoulaye Wade), grâce à Modou Diagne Fada, à Ziguinchor (capitale régionale qui lui avait échappé en 2014), grâce à Abdoulaye Baldé, etc. Une seule ombre au tableau pour BBY : Dakar, avec ses centaines de milliers d’électeurs potentiels, lui résiste toujours. Mais la candidature de Khalifa Sall étant invalidée et l’ex-maire de Dakar toujours emprisonné, un proche de Macky Sall se veut confiant: « Le président sera réélu dès le premier tour. Même à Dakar, il arrivera en tête. Au pire, son score dans la capitale fera quelque peu baisser sa moyenne nationale. »
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La DGID, une administration moderne au cœur du financement des politiques publiques
M. Cheikh Ahmed Tidiane BÂ Directeur Général de la DGID
Les axes stratégiques moteurs de la dynamique de performances de la DGID La Direction générale des Impôts et des Domaines exerce des missions stratégiques dans le financement et la mise en œuvre des politiques publiques. Ses objectifs prioritaires sont : •
L’amélioration de la qualité des services rendus aux usagers ;
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La modernisation de l’administration fiscale, domaniale et cadastrale ;
•
Et la réalisation des recettes destinées au financement des politiques publiques.
Dans ce cadre, la DGID a entrepris plusieurs réformes au plan législatif et organisationnel tendant à adapter le système fiscal sénégalais aux réalités socioéconomiques, avec une plus grande simplicité et une meilleure intelligibilité. Ces efforts d’adaptation s’arriment aux options stratégiques de l’État du Sénégal, notamment le Plan Sénégal émergent (PSE) qui est le référentiel unique des politiques publiques. En vue de promouvoir la croissance économique et d’améliorer l’environnement des affaires, le cadre fiscal sénégalais a connu des évolutions notables depuis 2012. Ainsi, l’instauration d’un droit commun incitatif s’est traduite par des mesures hardies d’allègement de la fiscalité applicable à certains secteurs et par des dispositions de dépenses fiscales bien ciblées. À titre illustratif, les délais de traitement et les frais de mutation foncière ont été réduits et les droits de timbre y afférents ont été supprimés. Dans le même sillage, la Contribution des patentes, longtemps appréhendée comme un impôt anti-investissement car s’appliquant sur le matériel productif, a été remplacée par la Contribution économique locale en 2018.
En considération du rôle indispensable des collectivités territoriales pour le développement (éducation, santé préventive et curative, infrastructure de transport etc.), la DGID privilégie la démarche inclusive dans le chantier en cours portant sur la réforme de la fiscalité locale.
La DGID, une administration moderne au service des usagers. Au niveau international, la DGID s’aligne aux meilleurs standards internationaux en matière de négociation des conventions fiscales et d’échanges de données et de renseignements fiscaux. En effet, conscient du fléau des flux financiers illicites, le Sénégal, après avoir passé avec succès l’examen par les pairs de son cadre législatif et administratif, a rejoint en 2016 le cadre inclusif pour la mise en œuvre du projet BEPS (Base Erosion and Profit Shifting). Grâce au leadership incarné dans ce réseau qui compte aujourd’hui 113 pays et juridictions, le Directeur général des Impôts et des Domaines, Monsieur Cheikh Ahmed Tidiane BÂ, en assure la Vice-présidence. C’est dire l’engagement politique ferme des autorités sénégalaises à lutter contre l’évasion et les fraudes fiscales internationales.
La modernisation et la qualité de service par la maturité digitale de la DGID La DGID se veut une administration moderne en phase avec la société de l’information et de la communication. À ce titre, elle exploite les opportunités offertes par l’outil informatique. Le processus de digitalisation de la DGID poursuit principalement deux objectifs :
31 rue Vincens Bloc Fiscal - BP 1561 Dakar ( Sénégal) - Tél. : (+221) 33 889 20 02 - Fax : (+221) 33 823 21 29
COMMUNIQUÉ
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L’efficacité et l’efficience de l’action administrative : automatisation de la collecte des données et renforcement des capacités de les exploiter avec une réduction du coût d’administration ;
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L’amélioration et l’élargissement de la qualité de service : fourniture de services accessibles à tous à travers différents canaux avec une meilleure transparence et un traitement plus équitable des usagers.
Plateforme d’échange permanent entre le contribuable et son centre fiscal
Le déploiement de nouvelles fonctionnalités dans la plateforme de télé-déclaration et de télépaiement dénommée « etax », dont l’utilisation est rendue obligatoire pour les usagers de la Direction en charge des grandes Entreprises ; cette obligation est progressivement étendue aux usagers de la Direction en charge des moyennes Entreprises ;
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Le lancement de la plateforme de suivi des transactions fiscales dénommée « Mon espace perso », dédiée aux particuliers et aux entreprises ayant un chiffre d’affaires inférieur à 100 millions ;
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La mise en service de la Banque de données fiscales qui est alimentée par plusieurs sources ;
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Le déploiement de diverses plateformes de collectes de données et de gestion : e-courrier, sensouf etc.
En perspectives, la DGID ambitionne d’acquérir plusieurs autres solutions au cours de l’année 2019 et de renforcer la sécurité de l’environnement et des infrastructures informatiques. C’est ainsi que progressivement son système d’information va couvrir l’ensemble de ses missions, dans un cadre intégré et cohérent, permettant de construire des canaux de dialogue et d’échange avec les administrations de la Douane, du Trésor, de la Statistique, etc. Le dispositif sera également ouvert aux usagers pour le suivi de l’état d’avancement de leurs requêtes et transactions avec l’administration. Cette approche collaborative permet le développement des synergies qui renforcent l’efficacité de l’action administrative globale, au bénéfice de l’usager et du citoyen.
www.impotsetdomaines.gouv.sn
Déclarez et payez vos impôts en ligne en toute sérénité
JAMG/DIFCOM - Photos : © D.R. sauf mention
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La DGID a déjà enregistré des avancées notables en matière de dématérialisation des procédures. Au titre de l’année 2018, on peut citer plusieurs réalisations significatives :
Grand format SÉNÉGAL ENJEUX
Quatre challengers et un gros doute Dispersée et encore tributaire d’Abdoulaye Wade, qui appelle au boycott d’un scrutin qu’il dit « verrouillé », l’opposition risque de sortir affaiblie de la compétition. MEHDI BA
ême le plus pessimiste des opposants n’aurait songé à pareil scénario. Fin 2018, c’est une opposition dispersée, mais forte de 26 représentants, qui avait déposé ses dossiers de candidature devant le Conseil constitutionnel. Or seuls quatre d’entre eux ont reçu des « sages » l’autorisation de défier le président sortant dans les urnes. Pour dénicher un équivalent à cette compétition restreinte qui, le 24 février, opposera à Macky Sall un quatuor composé de Madické Niang, El Hadji
M
Idrissa Seck
Certes, @IdrissaSeck2019 compte 7 240 abonnés. Mais avec seulement 8 tweets entre le 23 août et le 24 janvier derniers, Idrissa Seck ne semble pas envisager Twitter comme un moyen de dynamiser sa campagne.
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GABRIELA BARNUEVO/AP/SIPA
Sa page officielle sur Facebook (FB) affiche plus de 75000 likes. Mais son contenu paraît trop relever du culte de la personnalité du leader de la coalition Idy 2019 pour faire rêver au-delà de son fan-club. « Ses pages sur les réseaux sociaux sont à l’image de l’homme, capable de rester silencieux pendant de longues périodes. Apparemment il n’a guère de stratégie en la matière », analyse Aliamsi (alias Papa Ismaïla Dieng). Les références religieuses sont très présentes sur le mur FB de l’ancien maire de Thiès, qui a toujours cultivé son image de pieux musulman.
Issa Sall, Idrissa Seck et Ousmane Sonko, il faut remonter jusqu’en 1988, où seulement quatre candidats avaient concouru. Trente ans plus tard, décimée par la nouvelle loi sur les parrainages citoyens – qui s’est révélée un impitoyable couperet –, l’opposition accuse le coup. Elle n’en est pas pour autant devenue aphone. Quotidiennement, par conférences de presse et communiqués interposés, les détracteurs de l’exécutif déversent leur vindicte sur celui qu’ils accusent de vouloir les museler collectivement. « En nous privant de nos droits constitutionnels et en mettant le pays sous le joug de l’oppression contre les valeurs démocratiques et la sauvegarde des libertés, le président Macky Sall et son régime ne nous laissent aucun autre choix, pour la défense de nos droits citoyens et républicains, que celui de la confrontation politique », déclarait ainsi Malick Gakou, du Grand Parti, le 21 janvier.
Armée mexicaine
Officiellement, l’opposition à Macky Sall est soudée. Après avoir multiplié, au cours des dernières années, les cadres de concertation informels entre les multiples partis qui la
Revue des troupes
Avec 26 candidats en compétition, au risque de décourager son électorat, l’opposition courait au casse-pipe. Mais avec seulement quatre représentants, elle n’a pas forcément gagné au change. À 59 ans, l’ancien Premier ministre Idrissa Seck se lance pour la troisième fois dans une campagne présidentielle qui pourrait bien être la dernière en cas d’échec. Le fondateur de Rewmi a en effet perdu de sa superbe depuis l’époque où, victime d’une cabale du clan Wade, il tournait le dos au Parti
Ousmane Sonko
SEYLLOU/AFP
composent, elle chemine aujourd’hui au sein du Front de résistance nationale (FRN) et du C25 (collectif de 25 candidats déboutés par le Conseil constitutionnel). Mais derrière une solidarité de façade et des mots d’ordre communs, elle peine à dissimuler qu’aucune véritable stratégie d’alliance n’a été élaborée au cours du septennat écoulé. Lors des législatives de juillet 2017, une liste commune réunissant ses principaux ténors avait pourtant failli voir le jour. Mais entre la garde rapprochée d’Abdoulaye Wade et celle de Khalifa Sall, les négociations avaient capoté pour des questions de préséance. Malgré une moisson plutôt mince (26 députés sur un total de 165), les deux principales coalitions d’opposition avaient tout de même agrégé 28,41 % des suffrages exprimés. Le 24 février prochain, il en faudra davantage pour menacer Macky Sall, dont la coalition, Benno Bokk Yakaar (BBY, « Unis par l’espoir »), a largement dominé les législatives de 2017, frôlant la majorité absolue en récoltant 49,47 % des voix et 125 sièges dans l’hémicycle. Une fois ce scrutin passé, l’opposition s’est refusée à envisager une candidature commune pour 2019. « Nous avons retenu le principe d’une pluralité de candidatures. Une présidentielle, c’est une rencontre entre un homme et son peuple », expliquait Malick Gakou à JA en mai 2018. C’est donc une armée mexicaine qui s’est présentée aux portes du Conseil constitutionnel, mi-décembre. Il y avait là des chefs de parti blanchis sous le harnais ou novices, d’anciens ministres et d’ex-Premiers ministres, des députés, un patron de médias, un célèbre architecte, etc. Mais identifier dans cette foule un leader susceptible de faire miroiter au pays une troisième « alternance » n’était pas chose aisée.
Avec plus de 148 000 fans et 154 000 abonnés sur Facebook, Ousmane Sonko surclasse tous ses aînés. Sa page accorde une large place à la vidéo, d’autant que ses meetings de campagne ont été diffusés en direct et que le jeune député dispose d’une chaîne YouTube. « C’est le plus dynamique des candidats sur les réseaux sociaux », résume Aliamsi. Sur Twitter, où @SonkoOfficiel séduit 19 770 followers, il se montre très disert, opte le plus souvent pour des tweets « punchy » dans lesquels il expose ses positions sur l’actualité de la campagne.
démocratique sénégalais (PDS), après un séjour de sept mois à la prison de Rebeuss et fondait son propre parti libéral, Rewmi. Au faîte de sa popularité, « Idy » pesait près de 15 % des voix, se classant deuxième derrière Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2007. Cinq ans plus tard, il n’arrivait plus qu’en cinquième position, avec 7,8 % des suffrages exprimés. Mais depuis le 3 février, le leader de la coalition Idy 2019 semble revenu en grâce. De nombreux candidats recalés par le Conseil constitutionnel se sont ralliés à lui, comme Malick Gakou, Pape Diop et, surtout, Khalifa Sall. Ex-dauphin putatif d’Abdoulaye Wade, auquel il voue toujours
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(patriotisme économique, sortie du franc CFA…), il séduit une frange notable de l’électorat des villes et de la diaspora qui ne se reconnaît pas dans Macky Sall.
Nécessité arithmétique
Dans l’entourage présidentiel, on moque dans les médias ce « candidat du buzz politique », dont certains prédisent qu’il retombera, tel un soufflé, au soir du premier
SEYLLOU/AFP
des sentiments quasi filiaux malgré leur relation en dents de scie, bénéficiera-t-il d’un ndiguel (consigne d’un guide religieux) de « Gorgui » (« le vieux »), afin de rallier à sa candidature une partie de l’électorat – orphelin – du PDS? Officiellement, Wade père n’a d’yeux que pour son fils Karim, candidat empêché, et prône le boycott du scrutin, se refusant à tout ralliement. Le scénario paraît donc peu vraisemblable. Il l’est encore moins pour Madické Niang, qui était demeuré aux côtés d’Abdoulaye Wade alors que plusieurs cadres influents quittaient le navire PDS. Longtemps considéré comme son principal homme de confiance, l’avocat a tourné le dos à son mentor en octobre 2018, annonçant qu’il serait le « plan B » du parti libéral en cas d’invalidation – désormais acquise – de la candidature de Karim Wade. Un véritable casus belli pour Wade père, inspirateur de la ligne « Karim ou rien ! » Même s’il est influent dans le « pays mouride », qu’il peut compter sur des sympathisants de sa ville natale de Saint-Louis et serait capable d’attirer ceux des militants libéraux qui ont toujours désavoué l’option Karim Wade, on le voit mal créer la surprise, à moins de bénéficier d’un soutien explicite d’Abdoulaye Wade et de son fils – ce qui semble exclu. El Hadji Issa Sall est sûrement le moins connu des cinq candidats. Cet informaticien, président de l’université du Sahel, à Dakar, s’est surtout fait remarquer à l’occasion de l’incursion surprise du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR), dont il est le coordinateur, aux dernières législatives. En obtenant quatre sièges de députés et 4,7 % des suffrages, ce parti lié aux Moustarchidine (un mouvement socioculturel né dans le giron de la confrérie des Tidjane) a d’ores et déjà démontré qu’il faudrait compter avec lui. Mais de là à chahuter Macky Sall dans les urnes… Reste Ousmane Sonko, l’ovni de la présidentielle. L’ex-inspecteur des impôts et domaines, devenu brièvement lanceur d’alertes avant de se lancer en politique, a ravi la vedette à la plupart des candidats autoproclamés. À seulement 44 ans, il a, très tôt, mené une campagne efficace et moderne, alignant les meetings dans les principaux bastions électoraux du pays – retransmis en Facebook Live. Apôtre d’une gouvernance vertueuse, affichant des accents souverainistes
Issa Sall Manifestement, le candidat du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR) ne mise pas sur les réseaux sociaux pour conquérir les Sénégalais. Sa page Facebook, qui réunit un peu moins de 18000 fans, ronronnait depuis avril 2018 et n’a commencé à s’animer légèrement que depuis que son parti l’a investi, début décembre. On y trouve son programme, un court clip électoral, quelques photos du candidat en campagne ; rien de très affriolant. Son fil Twitter, @EiSleChoixPUR, qui s’est lui aussi dynamisé tardivement, recense plus de 3 770 abonnés. L’image renvoyée est plutôt austère et traditionaliste. Ce n’est pas la jeunesse urbaine, vissée à son smartphone, que semble viser le représentant du mouvement Moustarchidine.
COMMUNIQUÉ
AVIS D’EXPERT
Khaled Abou EL HOUDA Avocat à la Cour
E-commerce, établissement stable et fiscalité : quels enjeux pour nos États africains ? Le commerce électronique occupe aujourd’hui une place importante dans le monde des affaires. Au Sénégal, le taux de croissance des transactions e-commerce devrait prochainement atteindre plus de 75 %.
Les États africains devront nécessairement s’impliquer dans la réglementation du e-commerce, au risque de perdre d’importantes recettes fiscales indispensables à leur politique de développement économique.
Dans ce contexte, quel est l’État actuel de la fiscalisation du e-commerce et quel doit être le rôle de nos États ?
La fiscalisation de ce secteur s’imp ose a u x É ta ts afin d’éviter non seulement les pertes de recettes fiscales mais également la distorsion entre la fiscalité du commerce traditionnel et celle du e-commerce.
En fiscalité internationale, les bénéfices d’une entreprise d’un État ne sont imposables que dans cet État, à moins que l’entreprise n’exerce son activité dans un autre État par l’intermédiaire d’un établissement stable qui y est situé. Dans la plupart des conventions fiscales, l’« établissement stable » désigne « une installation fixe d’affaires par l’intermédiaire de laquelle une entreprise exerce tout ou partie de son activité. » Il peut aussi s’agir d’un agent dépendant doté de pouvoirs et agissant au nom de l’entreprise. Cependant, le constat est presque unanime que la définition de l’établissement stable n’est pas adaptée à la réalité du e-commerce caractérisée par une immatérialité de ses supports. Diverses solutions ont été proposées pour la fiscalisation du e-commerce dont celle de l’OCDE, qui considère que l’entreprise étrangère qui vend des biens
ou fournit des services en ligne n’est réputée disposer d’un établissement stable dans l’État de situation de l’acheteur que lorsqu’elle y possède un serveur qu’elle exploite elle-même. Cette position réduit au minimum les chances d’un État où l’opération se réalise de pouvoir imposer les bénéfices générés par le e-commerce sur son territoire, car la plupart des serveurs internet sont situés en Amérique du Nord et en Europe. Ainsi, une solution serait de considérer le site web comme un établissement stable si l’entreprise étrangère réalise par son intermédiaire un chiffre d’affaires minimum sur lequel les États devront s’accorder. Une autre serait d’accorder le pouvoir d’opérer une retenue à la source sur tout paiement provenant d’un État, quel que soit la catégorie de revenu à laquelle il appartient, à la condition qu’il érode la base imposable de l’État de la source du revenu. Une troisième solution serait d’appliquer un critère de pénétration de marché qui conditionne l’imposition à l’accès au marché et au bénéfice des avantages qui y sont liés. La solution juridico-fiscale devra nécessairement tenir compte de tous les intérêts en présence et notamment de nos pays, acteurs devenant de plus en plus importants du e-commerce.
SÉNÉGAL CÔTE D’IVOIRE
Grand format SÉNÉGAL ENJEUX
Madické Niang
En comparaison, son compteTwitterparaîtléthargique. Créé en octobre 2018, @madicke2019 compte moins de 4 500 abonnés. Mais, selon Aliamsi, « ses CM sont plutôt réactifs : ils ont été les premiers à réagir lors de la campagne #SunuDébat ».
SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA
Avec sa page Facebook Madické 2019, qui compte près de 66 000 abonnés, l’ancien ministre d’Abdoulaye Wade a mis le paquet. Ses community managers (CM) postent plusieurs fois par jour photos, vidéos, liens, statuts, et disséminent des visuels reprenant les mesures phares de son programme. Un contenu diversifié, certes classique, mais plus adapté aux réseaux sociaux que celui d’Issa Sall.
tour. Mais en privé, plusieurs proches de Macky Sall reconnaissent se préoccuper de la percée dans l’opinion de ce trublion qui a manifestement bénéficié des espoirs en berne des partisans de Karim Wade et de Khalifa Sall. « Je ne le prenais pas au sérieux avant les législatives, mais j’ai changé d’avis, confie un membre du premier cercle présidentiel. Il a démontré sa capacité à rallier une population plutôt jeune par un discours radical, provocateur, parfois démagogique. » L’intéressé cultive en outre une relation privilégiée avec Abdoulaye Wade, dont il sollicite les conseils. Pour accéder au second tour, lui aussi aurait bien besoin d’un mot d’ordre favorable du patriarche de la vie politique nationale. À quelques jours du scrutin, le sort de l’opposition sénégalaise se résume à une nécessité arithmétique : atteindre collectivement la barre des 51 % des suffrages exprimés afin qu’un second tour
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lui permette de rallier tous les mécontents autour d’un seul homme. Verra-t-on l’un des quatre rescapés sortir du lot et atteindre 25 %, voire 30 % des voix, au soir du 24 février ? Dans le camp présidentiel, même si l’on admet qu’Ousmane Sonko a pris de l’envergure au cours des derniers mois, on se rassure en rappelant que la coalition qu’il conduisait lors des législatives de 2017 n’avait réuni que 37 000 voix. « Cette élection a été taillée sur mesure pour Macky Sall, qui a su faire en sorte que les alliances parmi nous soient désormais impossibles ou de façade », estime un chef de parti. Pour sa « dernière bataille », Abdoulaye Wade, dont trois opposants au moins convoitent l’électorat, se rêve, lui, en faiseur de rois. Une position toutefois risquée pour l’ex-président. Car une réélection de Macky Sall au premier tour entérinerait à la fois la décomposition provisoire de l’opposition et le déclin durable du PDS, qu’il a fondé.
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ÉCONOMIE
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Macky Sall et son épouse lors de l’inauguration du premier tronçon du TER, le 14 janvier.
Les chemins de jeuneafrique no 3032 du 17 au 23 février 2019
ALAIN FAUJAS
SEYLLOU/AFP
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ans conteste, le Sénégal est l’un des champions africains du dynamisme économique et devrait le rester. Le taux de croissance de son PIB est supérieur à 6 % depuis plusieurs années, et le FMI lui laisse espérer, dans son analyse du 18 janvier, une accélération pour atteindre 6,9 % en 2019, puis 7,5 % en 2020, et même 10 % quand ses champs pétrolifères et gazéifères entreront en production, à partir de 2022. Une politique macroéconomique avisée lui vaut de limiter son déficit budgétaire 2019 à 3 %, conformément aux préconisations de l’Uemoa, et de contenir l’inflation au-dessous de 3 % par an. Quoique en augmentation, sa dette n’inquiète pas trop, car elle est peu détenue par des créanciers étrangers. Les satisfecit abondent. Depuis l’élection de Macky Sall à la présidence en 2012, le pays a doublé sa production de riz et celle d’électricité, dont la puissance installée est passée de 571 MW à 1 141 MW. Il se dote d’infrastructures de qualité, dont un train express régional (lire p. 100), l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) et une ville nouvelle, Diamniadio, aux portes de Dakar, sans oublier un pont le reliant enfin à la Gambie. Cette bonne santé économique alliée à une vie démocratique réelle, sinon apaisée, a valu au pays des promesses d’investissements à hauteur de 14 milliards de dollars lors de la manifestation organisée à Paris en décembre 2018 par le gouvernement sénégalais pour financer la deuxième phase de son Plan Sénégal émergent (PSE, 2019-2023). Celui-ci doit amener le pays à décoller et à créer une vraie classe moyenne, le revenu annuel par tête étant censé passer de 2311 dollars en 2011 à 4000 dollars en 2035. Et c’est là que ça coince. Malgré une croissance plus qu’honorable, la pauvreté ne recule guère : entre 45 % et 47 % de la population en souffre toujours, notamment dans les zones rurales. Avec une croissance du revenu par habitant de 0,6 % l’an entre 1987 et 2015, le pays fait
Grâce à des choix stratégiques avisés et à une conjoncture favorable dans les secteurs clés, le gouvernement affiche un bilan positif. Mais la population attend une amélioration plus tangible de ses conditions de vie.
l’émergence
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Grand format SÉNÉGAL ÉCONOMIE Deuxième meilleure croissance et deuxième PIB de l’Uemoa
Tableau de bord macroéconomique 2016
2017
45,9 Estimations
2018
Projections
2019
17,4
24,2
2020
5,1 %
SOURCES : AUTORITÉS NATIONALES ET FMI, OCTOBRE 2018
(variation annuelle en %)
PIB réel, à prix constants Inflation (moyenne annuelle)
6,2 0,8
7,2 1,3
7
6,9
0,4
0,9
7,5 1,5
(en % du PIB)
Solde budgétaire global
– 3,3 22,9 24
–3 21,6 22,3
– 3,5 21,4 22,9
–3 21,5 22,4
–3 21,7 22,7
Investissement intérieur brut 25,3
28,5 6,9 21,7
25,9 6,5 19,3
25,5 6,3 19,2
25,1 6,1 19
Recettes totales et dons Dépenses totales et prêts nets public non public
Dette publique totale dont dette publique extérieure
7 18,3
47,8 33,7
48,3 37,7
49,4 42,8
47,7 41,2
moins bien que les pays subsahariens comparables. Il lui faudrait porter son élan à 7 %, voire à 8 %, pour créer les emplois nécessaires à la marée de jeunes qui s’annonce, puisque 45 % de sa population a moins de 14 ans. Il ne faut pas rêver: la future production d’hydrocarbures n’apporterait pas plus de 20 % supplémentaires au budget de l’État à partir de 2022, selon les calculs du géologue Fary Ndao, auteur de l’essai L’Or noir du Sénégal. Comprendre l’industrie pétrolière et ses enjeux (2018).
Quatre axes prioritaires
Le PSE parviendra-t-il à relever le défi et à transformer la croissance en développement ? C’est avec courage que le gouvernement a accepté la proposition du FMI de soumettre ce plan à l’analyse de vingt-cinq auteurs venus de l’administration, de la politique, de l’université de plusieurs pays, afin de comparer ses stratégies avec celles qui ont réussi à Maurice, au Ghana, au Nigeria, au Rwanda ou en Corée du Sud. Et afin de savoir à quelles conditions les 27 projets du PSE se changeront en véritables facteurs de croissance et pas en sources d’aggravation de l’endettement. Ce travail collectif piloté par Ali Mansoor, Salifou Issoufou et Daouda Sembene a donné naissance à un rapport intitulé « La course à la nouvelle frontière des revenus : comment le Sénégal et d’autres pays à bas revenus peuvent atteindre la ligne d’arrivée ». Parmi les nombreuses préconisations de l’ouvrage, citons-en quatre. La plus importante : l’investissement public, qui a permis la croissance sénégalaise, ne peut faire plus, faute de moyens, et il faut que le secteur privé prenne le relais pour produire de la richesse, exporter des produits à valeur ajoutée et créer des emplois. Pour que le privé se renforce, il convient de lui faciliter la vie et d’améliorer le climat des affaires. Des études auprès
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14,3
7%
7,4 %
(6,9 %)
5,3 % (5,4 %)
Mali
Niger
(7 %)
10,6
5,9 %
Sénégal
(6 %)
4,5 % (4 %)
Guinée-Bissau
6%
Burkina Faso
1,5 Côte d’Ivoire
5,3
(6,3 %)
Bénin
4,7 % (5 %)
Togo Volume du PIB, à prix courants, 2018, en milliards de dollars Évolution du PIB réel, à prix constants, 2018 (projections pour 2019)
d’entreprises ayant préféré s’installer en Côte d’Ivoire ou au Ghana plutôt qu’au Sénégal expliquent ce choix par le manque de zones d’activités modernes et par les embûches administratives sénégalaises. Autre domaine d’amélioration : l’industrie. La tertiarisation de l’économie doit s’accompagner d’une politique industrielle digne de ce nom. Il faut combattre la concurrence déloyale que font aux entreprises de la place les importations sauvages du secteur informel et les fraudes en tout genre. Aujourd’hui, sans moyens et inaudible, la direction de l’industrie a besoin de renforts en compétences afin d’organiser des filières consacrées à l’exportation (seul 1 % des financements publics soutient une stratégie d’exportation).
Moins spectaculaire, plus rentable
D’autre part, les auteurs font état des lenteurs (dix ans) et des surcoûts (l’addition finale a au moins doublé) du chantier de l’AIBD pour conclure que le Sénégal manque de capacités pour superviser des projets de grande taille. Ils préconisent de prendre exemple sur Maurice, qui s’est doté de procédures pour sélectionner les projets en fonction de leur rentabilité et non de leur côté spectaculaire. Enfin, encore faudra-t-il que la croissance profite à tous. Cela ne se fera pas si le gouvernement ne met pas en place une politique sociale vigoureuse, en commençant par la santé, mais sans oublier les autres aspects de la protection sociale – par exemple des aides financières aux plus pauvres, à condition que leurs enfants aillent à l’école et soient suivis médicalement, comme au Brésil ou au Mexique. Or pour l’instant, celles-ci profitent surtout aux fonctionnaires et aux salariés du secteur privé formel, pas aux ruraux qui composent les trois-quarts de la main-d’œuvre. À l’évidence, s’il veut franchir « la ligne d’arrivée » en 2035, le Sénégal doit persister dans la réforme.
IL FAUT QUE LE SECTEUR PRIVÉ PRENNE LE RELAIS POUR PRODUIRE DE LA RICHESSE.
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PUBLI-INFORMATION
AIR SÉNÉGAL se dote de son premier A 330 neo
AIR SÉNÉGAL, est devenu en peu de temps un acteur clé du transport aérien en Afrique. Un succès qui s’explique par la clarté de la vision stratégique de ses dirigeants mais aussi par la qualité du travail des membres d’équipage qui permet d’aligner l’offre de la compagnie sur les standards internationaux les plus exigeants. AIR SÉNÉGAL garantit ainsi un service de haute qualité. AIR SÉNÉGAL est une entreprise citoyenne dont la principale préoccupation est la satisfaction de ses clients. Elle est fière d’être un porte-étendard du Sénégal dans le monde, en appliquant l’un des principes de l’Esprit Teranga, marque de la culture sénégalaise à toutes ses opérations.
Une flotte moderne La compagnie vient de franchir une nouvelle étape. Le 1 er février 2019, AIR SÉNÉGAL a lancé la ligne Dakar -Paris-Dakar, desservie, dans un premier temps par un A340 puis, courant février, par le tout premier A330neo : Casamance. Cet appareil est doté de 290 sièges et propose un aménagement cabine de haute qualité, offrant des innovations à tous les passagers des classes Business, Premium économique et Économique (Wifi, prise
électrique sur chaque siège, etc.). AIR SÉNÉGAL est le premier acquéreur sur le continent africain de cet appareil de dernière génération d’Airbus. « L’accueil de cet avion marque une nouvelle ère pour AIR SÉNÉGAL qui mise sur une stratégie conquérante qui se traduit par l’achat d’avions neufs dernière génération à forte valeur ajoutée et par l’exploitation de routes intercontinentales à
forte rentabilité. Il est important pour nous d’offrir à nos passagers un service et un confort inégalés » explique Philippe Bohn, directeur général d’AIR SÉNÉGAL. Cet appareil vient compléter une flotte composée de quatre appareils, deux Airbus A319, qui sont en leasing opérationnel auprès des Lessors Avolon & Apollo, et deux ATR 72-600 livrés en 2017. Par ailleurs, afin de poursuivre son expansion sur l’intercontinental, AIR SÉNÉGAL accueillera son deuxième A330neo, Sine Saloum, à l’été 2019. Le pavillon national compte ainsi desservir plu-
www.flyairsenegal.com
sieurs autres destinations notamment : New York, Sao Paulo, Londres et Dubaï.
Leader africain Le Sénégal occupe une position géographique stratégique qui lui offre des opportunités remarquables dans le domaine du transport aérien. En Afrique, AIR SÉNÉGAL couvre déjà un réseau sous régional. La compa-
gnie relie Dakar à Abidjan, Bamako, Banjul, Bissau, Conakry, Cotonou, Praia et Ziguinchor. Grâce à l’aéroport international Blaise Diagne et au développement à venir des lignes intercontinentales, AIR SÉNÉGAL va incarner le volet aérien du hub économique que le gouvernement du Sénégal souhaite mettre en place. « Notre objectif est de nous positionner comme le leader du transport aérien en Afrique » conclut Philippe Bohn.
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
Cet appareil de dernière génération va être prochainement mis en service sur la ligne Dakar-Paris-Dakar. Une étape décisive dans la consolidation du pavillon aérien national sénégalais.
UNE SOLUTION DE TRANSPORT STRUCTURANTE POUR DAKAR : LE BUS RAPID TRANSIT
DES BUS SUR VOIES RÉSERVÉES.
STATION À ALIMENTATION SOLAIRE.
MIXITÉ DES MODES DE DÉPLACEMENTS.
Caractéristiques techniques du Bus Rapid Transit (BRT)
Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement
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PUBLI-REPORTAGE
Le projet de Bus Rapid Transit (BRT) constitue aujourd’hui une des réponses majeures et les plus décisives apportées par le Président de la République, Monsieur Macky SALL, aux problèmes de mobilité de la région de Dakar. À côté du projet de Train Express Régional, avec lequel il s’intègre parfaitement, le BRT améliorera considérablement les conditions de déplacements des populations.
Bénéfices socioéconomiques du Bus Rapid Transit (BRT) Le projet, d’un coût total de 465 millions d’euros, est financé par la Banque mondiale, la Banque Européenne d’Investissement, le Fonds Vert pour le Climat et l’Etat du Sénégal. Les principaux marchés seront attribués au début du second semestre de l’année 2019. La durée des travaux est prévue sur 30 mois. En plus de la régularité et du confort offerts par les bus capacitaires, le système BRT permettra, sur les zones les plus densément peuplées et congestionnées de Dakar, d’acheminer 300 000 voyageurs par jour, avec des temps de parcours réduits de moitié (90 à 45 minutes). Ainsi, 69 % des dakarois pourront accéder au centre-ville en moins d’une heure en transport public contre 57 % aujourd’hui.
Dr Thierno Birahim AW Directeur Général du CETUD
”
Les perspectives de croissance démographique (3,5 millions d’habitants aujourd’hui, 5 millions en 2030) et urbaine de l'agglomération dakaroise incitent à la modernisation des systèmes de transports. Investir dans des projets de transports publics structurants, permettra d’atteindre efficacement les objectifs de croissance économique, de performance environnementale et d'équité sociale indiqués dans le Plan Sénégal Émergent.
www.cetud.sn
DIFCOM/DF- PHOTOS : DR.
M. Abdoulaye Daouda DIALLO
Le projet consiste en la construction d’un corridor BRT (bus sur voies réservées) de 18,3 km entièrement séparé du trafic général, reliant le centre-ville de Dakar à la partie Nord-est de l’agglomération. Il est prévu de mettre en place 3 pôles d’échanges, 20 stations, d’aménager des espaces piétons sécurisés et de fournir une flotte de bus propres articulés, avec des systèmes d’exploitation modernes (composante 1). Le projet intègre aussi la restructuration du réseau de transport public, le mobilier urbain le long des itinéraires de rabattement, des travaux routiers sur les routes vicinales le long du couloir, et des aménagements tenant compte des modes non motorisés (composante 2). Le renforcement de capacités des acteurs et le suivi du projet sont aussi pris en compte (composante 3), de même que les activités relatives à la sécurité routière (composante 4).
Grand format SÉNÉGAL
TRIBUNE
Modus operandi C
DR
inquante-neuf ans après son indépendance, le Sénégal à la création de richesses à travers le Programme d’urgence organise sa onzième élection présidentielle. Un moment de développement communautaire (PUDC), le Programme crucial et important dans la vie de notre jeune nation. d’urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers Aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement d’élire un président (Puma), etc. de la République, mais surtout de choisir le premier gouverS’il est vrai que dans les pays en développement tout est neur de nos ressources pétrolières. Le PIB par habitant était de prioritaire, les autorités doivent aussi savoir mettre de l’ordre 1 058 dollars en 1961 et il est estimé à 1 095 dollars en 2018. dans leurs priorités. On a investi dans des projets structurants On peut donc dire que le niveau de vie actuel des Sénégalais qui n’ont pas encore agi positivement sur l’environnement des est égal à celui qu’ils avaient au lendemain de l’indépenaffaires. Le ventre mou de notre croissance est le secteur privé dance. Mais, depuis 2015, le pays est dans une nouvelle dynanational, et il y a des préalables à prendre en compte pour qu’il mique de croissance intéressante, qui tourne puisse jouer son rôle. autour de 6 %, avec la note B+. Les deux points les plus importants sont Cependant, si l’on analyse la structure de le coût de l’énergie, ainsi que le niveau des cette croissance et que l’on mesure son impact impôts et taxes, qui sont très élevés par rapport sur l’économie réelle et sur la qualité de vie à ceux des pays concurrents. L’État doit encoudes Sénégalais, on s’aperçoit qu’il reste du rager le développement des industries traditravail. La croissance repose désormais sur tionnelles (légères), comme passerelles vers un double processus : quantitatif (les dimenl’émergence. Ce sont des industries qui ne sont sions augmentent) et qualitatif (les structures contraignantes ni en matière de qualification changent). Elle est toujours portée par le secprofessionnelle ni au niveau des capitaux, et qui Dr Cheikh teur tertiaire et, surtout, par les sous-secteurs se contentent d’une main-d’œuvre abondante, Ahmed Bamba de rente, à savoir les télécommunications et ni trop qualifiée ni trop chère. les services financiers. Diagne En revanche, alors que deux tiers de la popul doit par ailleurs pousser un maximum d’enEnseignantlation évoluent dans le monde rural, le secteur treprises à la cotation boursière, afin qu’elles chercheur, directeur primaire ne contribue à la richesse créée sur le publient annuellement leurs états financiers et scientifique territoire qu’à hauteur de 17 %. leurs comptes de résultat de façon à créer les du Laboratoire conditions d’une concurrence pure et parfaite. de recherches près avoir consolidé les moteurs actuels, Aujourd’hui, on constate une espèce de coléconomiques et l’État doit en développer de nouveaux, lusion entre les hommes d’affaires et les permonétaires (Larem) créateurs de richesses, d’emplois, d’inclusion sonnes au pouvoir, ce qui affecte négativement de l’université sociale, à forte capacité d’exportation et d’atles recettes fiscales. Dans la zone Uemoa, et Cheikh-Anta-Diop traction d’investissements. Et arrêter les gros au Sénégal en particulier, les dispositifs pru(Ucad) de Dakar investissements, qui n’ont pas d’impact bénédentiels sont tels que les PME ont du mal à fique sur les inégalités. Car le véritable probénéficier des financements bancaires. Même blème est celui de la redistribution équitable si l’État a mis en place un dispositif pour régler des richesses. Pour y parvenir, il faut développer une activité ce problème (Fonsis, Fongip, BNDE), il reste entier. dans les zones les plus reculées du pays, il faut donc mettre Il est nécessaire d’opérer des réformes, notamment en en place des stratégies pour « territorialiser la croissance créant une seule institution financière capable d’accompaéconomique ». gner les PME et les TPE. Globalement, le Sénégal est sur le Une inflation des inégalités existe encore. Aussi, pour y remébon chemin sur le plan matériel, mais des efforts sont à faire dier, l’État doit-il accompagner les zones reculées et contribuer sur le plan immatériel.
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Durée du trajet : quarante-cinq minutes.
GRANDS TRAVAUX
Un train pas comme les autres Écologique et rentable, la ligne de TER Dakar-Diamniadio, inaugurée à la mi-janvier, est l’une des principales réussites du Plan Sénégal émergent. Du moins selon l’exécutif.
AMADOU OURY DIALLO, à Dakar
’est l’un des projets emblématiques du septennat de Macky Sall. Deux ans jour pour jour après le premier coup de pioche et plus d’un mois avant la présidentielle, le chef de l’État a pris place à bord du train express régional (TER), le 14 janvier, pour son voyage inaugural de Dakar à Diamniadio. L’exploitation commerciale de cette ligne de 36 km ne devrait cependant être effective que dans six mois, le temps d’achever l’ensemble des travaux. Premier train rapide du pays et de l’Afrique de l’Ouest francophone, ce TER a été conçu pour desservir en 45 minutes le nouveau pôle urbain de Diamniadio, au sud de la capitale, afin de décongestionner celle-ci et de faciliter les trajets dans toute l’agglomération. Plus tard, un second tronçon, de 19 km, reliera Diamniadio à l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD). Pour l’exécutif, le TER est une réussite du Plan Sénégal émergent (PSE). « Il n’est pas cher. Mieux, il rapportera de l’argent à l’État puisque, selon une étude de la Banque mondiale, notre économie perd environ une
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COÛT DU CHANTIER : 656 milliards de F CFA financés par … … l’État 142,5 … la Banque islamique de développement 197 … l’Agence française de développement et le Trésor français 196,5 … la Banque africaine de développement 120
centaine de milliards de F CFA par an du fait de la médiocrité de la mobilité à Dakar », souligne Abdou Ndéné Sall, ministre délégué chargé du Développement du réseau ferroviaire. De surcroît, ce moyen de transport de masse bimode (électricité et diesel) polluerait cinq fois moins qu’un véhicule routier; dans une agglomération qui représente 0,3 % de la superficie nationale, mais concentre 72 % du parc automobile du pays, ce n’est pas négligeable. Pourtant, un camp anti-TER s’est formé. Il se dit scandalisé par le coût du projet, qu’il estime exorbitant (656 milliards de F CFA, soit environ 1 milliard d’euros, pour le premier tronçon de 36 km) et considère qu’un tel investissement n’était pas prioritaire, arguant qu’il eut été plus judicieux de construire des lignes pour désenclaver les régions intérieures. Pour certains, un tel montant aurait en particulier dû servir à réhabiliter la portion sénégalaise DakarThiès-Kidira (à la frontière malienne) de la voie ferroviaire moribonde allant jusqu’à Bamako. Cependant, selon Kibili Touré, le nouveau patron sénégalais de Dakar-Bamako ferroviaire (DBF, entité binationale gestionnaire provisoire de la ligne depuis 2015, après l’éviction du concessionnaire Transrail), une telle comparaison est un non-sens, car ces deux chantiers ne relèvent pas de la même logique. De fait, le TER assurera uniquement un trafic de voyageurs (estimé à 115000 personnes par jour), dans le but de décongestionner la capitale, alors que DBF sert exclusivement au transport de fret entre le Sénégal et le Mali. Un corridor d’autant plus important que ce pays est le premier client du Sénégal (qui y a exporté 19,8 % de ses biens en 2017) et qu’une grande partie de ses importations transite par le port de Dakar.
COMMUNIQUÉ
AVIS D’EXPERT
Anouar HASSOUNE
Président Directeur Général de West Africa Rating Agency (WARA)
WARA, leader de la notation financière en Afrique de l’ouest Qui est WARA ? WARA, West Africa Rating Agency, est une agence de notation financière agréée par l’Autorité des Marchés Financiers de l’UMOA (AMF-UMOA, ex-CREPMF). Notre agence de rating est autorisée à fournir des services de notation aux personnes morales de droit privé et public en zone UEMOA. Il y a très peu d’agences de rating en Afrique ; WARA est l’une d’entre elles, leader sur le marché ouest-africain.
Qu’est-ce qu’une notation ? Une notation est une opinion indépendante quant à la qualité de crédit d’une personne morale, publique ou privée. Fort de nos méthodologies analytiques robustes, nous mesurons, par le biais d’une échelle de notation composée de signes alphanumériques (AAA, AA+, AA etc.), la solvabilité des entreprises industrielles et commerciales, des institutions financières (banques, compagnies d’assurance, institutions de microfinance), États, collectivités locales et transactions structurées ou de financement de projet.
À quoi sert une notation ? Les émetteurs de dette, le plus souvent obligataire et bancaire, sollicitent une notation de WARA afin que nous transmettions aux investisUne mesure seurs une mesure indépendante du risque indépendante de de crédit améliore la leur risque de crédit. transparence financière Cela améliore leur et contribue à une juste transparence financière et contribue à tarification de la dette une juste tarification de la dette. Il existe une corrélation presque unitaire entre les notes que nous assignons, les taux de défaut et les taux d’intérêt.
Quelles sont les principales caractéristiques de WARA ? Outre le fait que nous sommes parfaitement indépendants, notre marque de fabrique est l’excellence de nos analyses de crédit, sans doute les meilleures sur
le continent. Nous maintenons un niveau très élevé de qualité, grâce à un processus analytique minutieux, le respect rigoureux de nos méthodologies, lesquelles sont en ligne avec les standards mondiaux, et des analystes de tout premier plan. Très clairement, nos clients, et pas des moindres, nous font confiance en raison de ces attributs.
En quoi consiste la régulation des agences de notation en UEMOA ? Des obligations de notation pèsent sur un certain nombre de personnes morales en UEMOA. Les entreprises cotées à la BRVM, les entités faisant appel public à l’épargne (à l’exclusion des Etats et des collectivités locales) et les garants sont soumis à une obligation de notation, en vertu des instructions 36, 37, 38/2009 et de la circulaire 02-2010 de l’AMF-UMOA. Cette notation obligatoire doit être effectuée par une agence de notation agréée en UMOA, et non pas par n’importe quelle agence. Les agences de rating agréées sont quant à elles soumises à des obligations de siège, de qualité, de ressources et de transparence. Cela dit, de nombreux clients qui ne sont pas soumis à l’obligation de notation font appel à nos services, afin d’améliorer leur communication financière et de négocier de meilleurs termes avec leurs bailleurs de fonds.
West Africa Rating Agency (WARA) 8e étage - Bureau n°2 - Immeuble El Hadji Fallou Sicap Sacré Cœur - Cité Keur Gorgui Dakar Sénégal Tél. : +221 33 824 6014 | +221 77 435 1886 Email : infos@rating-africa.org www.wara-ratings.com
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HÔTELLERIE
Luxe, calme et bonnes affaires Dynamisme économique, stabilité politique, attrait culturel… Dakar ne manque pas d’atouts pour disputer à Abidjan le leadership régional en matière de tourisme haut de gamme. AMADOU OURY DIALLO
övenpick, Hyatt, Sheraton… Les projets de développement, de rénovation et de construction d’hôtels, portés par des opérateurs locaux et internationaux, se multiplient dans la capitale sénégalaise et son agglomération, poursuivant un mouvement amorcé il y a dix ans. Le Mövenpick Hotel Dakar (462 chambres) accueillera ses premiers hôtes en 2022 dans le nouveau pôle urbain de Diamniadio, à l’occasion des premiers Jeux olympiques de la jeunesse organisés sur le continent. Il viendra apporter une saine concurrence au Radisson Hotel Dakar Diamniadio, financé par l’État, qui y a ouvert ses portes l’an dernier. À l’autre extrémité de l’agglomération, dans l’ouest de la capitale et son très cosy quartier des Almadies, un Sheraton prend forme, sous la houlette de l’homme d’affaires sénégalo-ivoirien Amadou Loum Diagne. Ce dernier est, en outre, l’un des promoteurs du Saraba, le futur village de vacances du Club Med en construction à Nianing, sur le site de l’ex-Club Aldiana, à Mbour, dans la région de Thiès. L’opérateur international AccorHotels et le sénégalais Société de gestion hôtelière (Sogeho) vont quant à eux gérer un nouvel établissement à Dakar, sous l’enseigne milieu de gamme Mercure (plus de 200 chambres), dont l’ouverture est prévue en 2020. La capitale sénégalaise est ainsi en train de remettre à niveau ses infrastructures hôtelières, plutôt vieillissantes ces dernières décennies. Le prestigieux King Fahd Palace (KFP, ex-Méridien-Président),
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construit en 1991 à l’occasion du premier sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) et aujourd’hui en rénovation, fut pendant longtemps l’unique lieu capable d’abriter de manière convenable des rencontres internationales. Il a fallu attendre la tenue d’un autre sommet de l’OCI, en 2008, pour que la capitale opère un salutaire lifting de ses établissements. C’est le cas du Terrou-Bi, cinq-étoiles établi sur la corniche ouest de Dakar, où le groupe de l’homme d’affaires sénégalais Yérim Sow, Teyliom, a par ailleurs construit un Radisson Blu. Un Azalaï, de l’hôtelier malien Mossadeck Bally, y est également en chantier. Et le Centre international de conférences Abdou-Diouf (Cicad), inauguré en 2014 dans la ville nouvelle de Diamniadiopourlequinzièmesommetdela Francophonie, semble avoir désormais pris le relais du KFP pour l’accueil de rencontres internationales comme la Conférence sur
Le Pullman Teranga, sur la corniche est.
LE CENTRE INTERNATIONAL ABDOU-DIOUF, À DIAMNIADIO, A ACCUEILLI LA CONFÉRENCE SUR L’ÉMERGENCE AFRICAINE, À LA FIN DE JANVIER.
Écologie cinq étoiles
l’émergence africaine, à la fin de janvier, ou le grand rendez-vous annuel sur la paix et la sécurité dans le Sahel.
Une vingtaine de chambres haut de gamme de 41 m 2 chacune, dont la moitié en rez-de-jardin avec terrasse et vue directe sur la plage, les cocotiers, la mer. Les autres, au premier étage, avec vue latérale imprenable sur le grand bleu. Une piscine privée à débordement sur l’océan, avec jacuzzi et transats… Le Lamantin Beach Resort & Spa, cinq-étoiles situé à Saly (à 80 km au sud de Dakar), sur la Petite-Côte, a inauguré à la mi-décembre le Blue Bay : un espace VIP aux décors et prestations encore plus haut de gamme et écoresponsables, pour une clientèle en quête de luxe et soucieuse de préserver l’environnement. De fait, le bâtiment et ses abords, tout en bois et alimentés à l’énergie solaire, ainsi que la décoration, utilisent des matériaux quasi exclusivement naturels (sols en bois, marbre ou jonc de mer, etc.). « C’est un concept unique en Afrique de l’Ouest, assure Éric Philibert, directeur associé du Lamantin. Il a été inspiré par certains clients africains – qui représentent environ 55 % de nos visiteurs. Ils souhaitaient un hôtel plus intimiste et select,
À la croisée de routes internationales, siège d’organisations sous-régionales et continentales, capitale administrative et économique d’un pays reconnu pour sa stabilité politique, Dakar est naturellement devenue une métropole privilégiée pour l’organisation de congrès et de rencontres professionnelles. Toutes les semaines, dans les halls de ses établissements hôteliers, on croise des patrons de multinationales, des hommes et des femmes d’affaires, des diplomates, des politiques, des universitaires, venus prendre part qui à des rendez-vous, qui à un conclave continental ou régional. Selon les informations du ministère du Tourisme sur les motifs d’entrée dans le pays de la Teranga, les voyageurs d’affaires et ceux qui assistent à des congrès ont représenté 12 % des visiteurs, contre 48,4 % de vacanciers, en 2017 – année où le secteur a contribué à 6,8 % du PIB et généré 485 milliards de F CFA (plus de 739 millions d’euros) de recettes. Les acteurs et spécialistes de ce domaine sont unanimes : le tourisme d’affaires monte en puissance au Sénégal. « Il faudra cependant plus d’infrastructures hôtelières et des lieux de réunion », estime Daniel Karbownik, directeur général du Pullman Teranga Dakar et cluster general manager d’AccorHotels pour le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Sur ce plan, Abidjan reste en tête. En revanche, il reconnaît que la capitale sénégalaise a une vraie carte à jouer, tant dans l’accueil de congrès et de rencontres de travail que dans celui des séjours « incentives » organisés par les multinationales pour leurs salariés. « En décembre dernier, toutes les filiales africaines de l’opérateur de téléphonie mobile Orange se sont réunies à Dakar pendant trois jours et demi. Après avoir beaucoup travaillé, ils ont profité d’une demi-journée pour pratiquer la pêche au gros, se promener dans des galeries d’art, visiter l’île de Gorée, le lac Rose, etc. », raconte Daniel Karbownik, qui confirme que, lorsqu’il s’agit d’allier travail et loisirs, Dakar dispose de très solides arguments.
YOURI LENQUETTE POUR JA
Montée en puissance
respectueux de l’environnement et situé face à la mer. Nous avons compris la demande. » Ce qui a nécessité un investissement de plus de 1,5 milliard de F CFA (près de 2,3 millions d’euros). Aujourd’hui, le groupe, qui emploie plus de 300 collaborateurs et a réalisé environ 5 milliards de F CFA de chiffre d’affaires en 2017, compte développer le concept et proposer une nouvelle forme d’hôtellerie de loisirs attentive à l’environnement dans la catégorie du haut de gamme. Il donne ainsi un second souffle à l’écotourisme de luxe et durable sur lequel avait misé la famille Touly, propriétaire du groupe, dès l’ouverture du Lamantin, en 2005 : les 146 chambres et suites de l’établissement, construites par des artisans locaux, épousent la forme des cases rondes de l’architecture sérère ; son spa abrite le premier centre de balnéothérapie d’Afrique de l’Ouest… L’un des projets du groupe Lamantin Beach Resort & Spa est d’ouvrir une maison d’hôte, ainsi qu’un lodge haut de gamme, dans les îles du Saloum. A.O.D.
Le Blue Bay, nouvel espace VIP du Lamantin Beach Resort & Spa, à Saly.
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PLAN STRATÉGIQUE DE LA DIRECTION GÉNÉRALE DES DOUANES 2018-2022 Une Douane de proximité au service du développement économique et social BILAN 2018 DES DOUANES SÉNÉGALAISES, UNE STRATÉGIE PAYANTE Pour l’atteinte des objectifs de recettes budgétaires, l’Administration des douanes, à travers ses unités opérationnelles et de contrôle, a défini une stratégie optimale de mobilisation des recettes fiscales. Ladite stratégie est relative à la réduction du délai de traitement des déclarations dans les unités douanières pour une grande célérité des procédures, au contrôle strict des manifestes et des déclarations des produits fortement taxés pour une meilleure maitrise de l’assiette et au contrôle des régimes suspensifs et des exonérations.
Inspecteur Général d’État Oumar Diallo Directeur Général des Douanes
La mise en œuvre de cette stratégie a permis à la Douane sénégalaise de réaliser en 2018 des recettes budgétaires chiffrées à 694,47 milliards F CFA soit 98 % de l’objectif assigné. Ces résultats font apparaître un glissement annuel positif de 45 milliards de F CFA soit 6,9 % en valeur relative. S’agissant de la lutte contre la fraude (LCF) la douane a opéré des saisies de marchandises équivalant à 51 milliards de F CFA.
Siège de la Direction Générale des Douanes sénégalaises
UN NOUVEAU PLAN STRATÉGIQUE Pour une Douane à la hauteur des enjeux des politiques publiques Le plan stratégique 2018-2022 sert de référentiel pour l’Administration des Douanes en raison, d’abord, de sa cohérence avec ses principales missions, sa vision et ses défis, mais aussi de son alignement sur les stratégies et politiques nationales, régionales et internationales. Validé par la tutelle, ce nouveau plan s’oriente vers : « une Douane de proximité pour un développement économique et social ».
Le DGD avec les unités frontalières
L’objectif global poursuivi est de : « contribuer à la mobilisation des recettes budgétaires et à la promotion d’un environnement économique favorable à la croissance et à la sécurité des populations ».
DOUANE DE PROXIMITÉ
Pour ce faire, le plan stratégique s’articule autour de cinq axes :
Une offre de service de dédouanement de qualité
• une contribution à l’amélioration de l’environnement des affaires afin de renforcer la compétitivité des entreprises locales ;
La Douane a initié une réforme en érigeant des postes de proximité. Les principaux bureaux frontaliers et les unités déployées peuvent, dans certains cas, autoriser le dédouanement.
• une mobilisation optimale des recettes douanières en vue de contribuer aux ressources budgétaires annuelles de l’État ; • la lutte contre la fraude et contribution à la consolidation de la paix et de la sécurité ; • l’amélioration de la gestion des ressources humaines, financières et matérielles, dans un contexte de gestion des finances publiques axé sur les résultats ; • le développement du leadership en Douane dans le but de renforcer la transparence et le respect des bonnes pratiques au sein de la Douane.
< Plan stratégique de la DGD
Une telle démarche aura l’avantage de réduire considérablement la fraude par contrebande et permettra de contrôler de façon optimale le trafic entrant des marchandises en dehors du segment portuaire par : • une meilleure conduite en douane des marchandises ; • un renforcement de la sécurisation des recettes à travers une connexion au système de Gestion automatisée des Informations douanières et des Échanges (GAINDE) ; • des formations renforcées du personnel dédié; • une promotion d’un service public douanier de proximité. Cette réforme devra, à terme générer des recettes substantielles, par une meilleure prise en charge des marchandises, dont les véhicules importés par voie terrestre. En effet, elle permettra d’assurer une gestion informatisée des axes de circulation et ainsi dédouaner immédiatement les véhicules entrant.
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COOPÉRATION Les Douanes sénégalaises misent sur le partenariat sous-régional Le scanner du bureau des douanes de Kidira
DÉDOUANEMENT « SANS PAPIERS » L’informatique au cœur de la stratégie des Douanes sénégalaises L’Administration des Douanes est actuellement dans une phase avancée de dématérialisation intégrale de ses procédures.
Les Douanes sénégalaises ont le souci constant de développer la coopération bilatérale avec les administrations douanières des pays voisins. C’est dans ce cadre que se sont tenues en 2018 à Dakar des rencontres bilatérales avec les Douanes gambiennes et maliennes. Avec le Mali, la Gambie et la Guinée-Bissau, il a été identifié des axes de coopération autour des échanges de renseignements, de contrôle des flux de marchandises, d’interconnexion des systèmes informatiques, pour, entre autres, des corridors numérisés. Dans ce sillage, il est prévu, en 2019, la réactualisation des projets de formalisation et de collaboration avec les Douanes de la Guinée Conakry, mais aussi celles de la Mauritanie.
Le nouveau système informatique mis en place préfigure d’un environnement de dédouanement entièrement « sans papier » basé sur le respect de la réglementation sur le commerce extérieur et des engagements du gouvernement du Sénégal. Grâce à sa politique actuelle de douane de proximité les unités situées à l’intérieur du pays sont en train d’être connectées au système informatique rendant les frontières plus « SMART » (Sécuriser les frontières, Mesurer la performance, Automatiser les procédés, gérer les Risques et intégrer la Technologie). Cette situation a contribué à améliorer significativement la gestion des frontières et notament la coodination entre les forces de police, de gendarmerie et de douane. Ce rapprochement permet aux populations d’éviter de faire de longues distances pour dédouaner.
La visite des DGD du Sénégal et de la République de Guinée Conakry à Boundou Fourdou
Journée Internationale de la Douane au Sénégal (JID)
Au niveau sous-régional, la présence de l’informatique au niveau des frontières est un levier qui facilitera l’interconnexion avec des pays voisins comme le Mali, la Gambie et la Guinée Bissau.
Le DG à l’écoute des populations
Le thème des frontières SMART a réuni le secteur privé, la Police, la gendarmerie et la Douane autour d’un panel. Les communications ont porté sur l’état des lieux et les perspectives pour des frontières SMART et le cas du Sénégal. Plus de 300 participants ont pris part à la célébration de la JID 2019 à Dakar.
Photo de famille bilatérale avec la Gambie
Direction Générale des Douanes - Bloc des Madeleines,Boulevard de la République x Avenue André Peytavin - Dakar Tél.: (+221) 33 839 00 00 - E-mail : spdgd@douanes.sn
www.douanes.sn
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Présidum de la bilatérale avec le Mali
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SOCIÉTÉ
Les femmes redonnent de la voix
Quarante ans après Awa Thiam et Mariama Bâ, une nouvelle génération de militantes prend la parole, la plume ou le clavier. MANON LAPLACE, à Dakar
P
«
rendre une seconde femme, mais ne pas oublier l’extincteur. » Voilà le genre de railleries qui circulaient dans la presse sénégalaise et sur les réseaux sociaux après qu’une femme avait immolé son mari en apprenant que celui-ci prenait une seconde épouse. « Des propos impensables il y a cinquante ans », selon l’écrivaine Marie-Angélique Savané, 71 ans, figure de proue du féminisme dans le pays qui assure que, dans les années 1970, ils auraient été condamnés. « Des médias qui tournent en dérision ce genre de geste désespéré sans chercher à en comprendre les raisons, cela en dit long sur la déstabilisation de la société, déplore la militante. Nous avons vécu un net recul quant à la manière dont on considère les femmes. La polygamie, par exemple, est devenue normale. L’élite de la société s’affiche polygame sans complexe. C’était impossible à mon époque. »
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YOURI LENQUETTE POUR JA
Les actrices de la série C’est la vie, de g. à dr. : Awa Djiga Kane, Fatou Jupiter Touré et Ndiaye Cire.
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Marie-Angélique Savané, fondatrice de Yewu Yeewi, premier mouvement féministe du pays, à son domicile, à Dakar, en janvier.
une étude menée par l’Entité des Nations unies pour Son époque, c’est « l’âge d’or du féminisme sénégalais ». L’onde soixante-huitarde apporte alors avec elle un l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, ces vent libératoire pour la parole des femmes dans le pays. violences (des viols, dans 50 % des cas) ont doublé entre L’éveil durera jusque dans les années 1990, porté par les 2007 et 2012. En décembre dernier, en annonçant une icônes féministes d’alors. Awa Thiam donne La Parole enquête nationale sur le sujet, Ndèye Saly Diop Dieng, aux négresses en 1978. Un an plus tard, Mariama Bâ brise ministre sénégalaise de la Femme, de la Famille et du le tabou de la polygamie dans Une si longue lettre. Puis, Genre, déclarait que « 68 % d’entre elles n’osent pas parler en 1984, Marie-Angélique Savané crée le predes violences qu’elles subissent ». Cette loi du silence porte le nom de soumier mouvement féministe du pays : Yewu Yeewi (« faire prendre conscience », « libétoura, en wolof. « Elle vient avec la culture rer », en wolof). du muugn, c’est-à-dire la propension des Aujourd’hui, sans avoir rien perdu de sa femmes à tout endurer, de peur de voir la pugnacité, l’engagement de Marie-Angélique communauté les couvrir d’opprobre par la Savané traîne un peu de lassitude. La milicommunauté, donc de n’être plus bonne à tante des premières heures ne demande qu’à marier et d’être ostracisée », explique Ndèye passer le relais, mais la parole des femmes Fatou Kane, 32 ans, essayiste et petite-fille de l’écrivain Cheikh Hamidou Kane. Le poids semble s’être recroquevillée sous le poids de la tradition et du religieux. de la tradition et du religieux est prégnant Vous avez dit au sein de la société sénégalaise, qui compte féministe ? 94 % de musulmans et 5 % de chrétiens. Ndèye Fatou « On parle du Sénégal comme d’un pays de Pour évaluer la liberté de s’exprimer des Kane liberté. Mais, pour ce qui a trait aux femmes, femmes, il faut prendre la mesure de ce L’Harmattan il y a eu un net recul sous le poids du reliqu’elles taisent. Les données relatives aux Sénégal, 2018 gieux. Si elles font valoir leurs droits, les violences qui les visent en disent long. Selon
Haro sur la loi du silence !
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MINISTÈRE DE L’HYDRAULIQUE ET DE L’ASSAINISSEMENT DU SÉNÉGAL
LE GRAND DÉFI DE L’EAU Investir activement
chantiers d’infrastructures hydrauliques visant
La zone Dakar-Thiès - Petite-Côte représente 80 % de la demande en matière d’hydraulique urbaine. Depuis 2014, 500 milliards de F CFA ont été engagés (266 milliards entre 1996 et 2013). Une stratégie qui répond aux besoins de l’agglomération dakaroise et des nouveaux pôles urbains, un défi pour une capitale où près du quart de la population nationale vit sur 0,3 % du territoire.
à assurer ses besoins en eau potable font l’objet d’une planification stratégique. Dotés de moyens ambitieux, bénéficiant de partenariats internationaux, les projets en cours améliorent déjà le quotidien des populations et s’inscrivent dans une démarche de développement durable. Tour d’horizon…
Bâtir une troisième usine La station de Keur Momar Sarr (KMS1-KMS2) fournit 140 000 m3/jour d’eau potable, et celle de Ngnith, 50 000 m3/jour. En construction pour 274 milliards de F CFA (418 millions d’euros), KMS3, une troisième usine de traitement et de pompage approvisionnée par le lac de Guiers produira 200 000 m3 /jour dès 2020.
Dessaler l’eau de mer Avec ses 718 km de côtes, le pays se lance dans l’innovation technologique avec une usine de dessalement (137 milliards de F CFA). Dès 2021, elle produira 50 000 m3/jour d’eau douce, puis le double.
Progresser par étapes Le Programme spécial de renforcement de l’alimentation en eau potable de Dakar (PSDAK) a été mis en œuvre en 2017. À terme, il produira 94 000 m 3/jour. Entre 2014 et 2017, des programmes d’urgence ont fourni 105 000 m3/jour. En juillet 2018, le pôle de production d’eau potable de Bayakh a permis d’atteindre 395 000 m3/jour.
COMMUNIQUÉ
Renforcer les infrastructures Grâce au Programme d’amélioration de la qualité (18 milliards de F CFA), une usine existe à Fatick (traitement du fluor), d’autres se construisent à Sébikotane et à Koungheul (déferrisation), à Kaolack (fluor et chlorure) et à Foundiougne (dessalement). Et des villes à forage unique sont dotées d’un forage de secours.
Remplir les OMD et les ODD Rare pays africain à avoir atteint les Objectifs du millénaire pour le développement dès 2013, avec deux ans d’avance sur l’agenda international, le Sénégal se donne les moyens de réaliser les Objectifs du développement durable en 2030.
Un programme social Avec les « branchements sociaux », l’accès à l’eau potable est gratuit pour 50 % des abonnés. En 2015, le taux de desserte atteignait 96 % à Dakar et 81 % dans l’intérieur. Cette politique aux résultats significatifs pour les ménages modestes se poursuit : outre 15 000 branchements par an, 85 000 sont prévus par KMS3 et 20 000 par le PEAMU - Projet Eau potable et Assainissement en milieu urbain (25 milliards de F CFA).
Une politique d’anticipation Dès 2021, à la mise en service complète de KMS3 et de l’usine de dessalement, d’autres ouvrages, dits structurants, verront le jour dans le domaine du transfert des eaux de surface à partir du lac de Guiers comme dans la diversification des sources d’eau potable.
Le Président Macky Sall donne le signal de départ pour KMS3
PARTENARIATS Crédible en matière d’investissements structurants, le Sénégal a la confiance de partenaires techniques et financiers internationaux : AFD, BEI, BID, BAD, BM et Jica.
CHIFFRES-CLÉ Programme des branchements sociaux • 600 000 personnes (objectif initial, 540 000) ont obtenu un accès à une source d’eau pérenne améliorée dans le cadre du PEPAM. • 50 % des 700 000 abonnés ont eu accès l’eau grâce à une subvention de l’État. • Accroissement de la production de 29% de l’année 2011 à l’année 2018 pour Dakar. • 763 millions d’euros mobilisés depuis 2014 contre 406 millions d’euros entre 1996 et 2013.
PROGRAMME D’EAU POTABLE ET D’ASSAINISSEMENT DU MILLÉNAIRE Le PEPAM (40 milliards de F CFA) a permis, outre une production complémentaire de 56,000 m3/ jour, de raccorder gratuitement au réseau 54 000 ménages (soit 540 000 personnes), en particulier dans les centres de l’intérieur.
SOCIÉTÉ NATIONALE DES EAUX DU SÉNÉGAL Route du Front de Terre Hann - BP : Dakar 400 Sénégal - Tél. : 221 33 839 78 00 - Fax : 221 33 832 20 38 - E-mail : sones@sones.sn - www.sones.sn
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Le Sénégal vit une révolution. De grands
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jeunes femmes craignent d’être marginalisées, qualifiées “d’Occidentales” », ajoute Ndèye Fatou Kane. « Dire à une Sénégalaise “Tu es occidentalisée”, c’est la placer en dehors de la société. C’est le meilleur moyen de l’empêcher de parler au nom des Sénégalaises et, donc, de la faire taire », renchérit Marie-Angélique Savané.
Balance ton « saï-saï »
Fatou Kane. En écho à #BalanceTonPorc, la romancière lance le hashtag #BalanceTonSaï-Saï (« pervers », « coureur », « vaurien », en wolof). Point de déferlante cependant : quelque 20 000 lectures seulement, des messages de soutien, d’autres de menaces, mais peu de reprises. Pas plus de succès du côté juridique. De nombreuses femmes se sont portées partie civile, parmi lesquelles Marie-Angélique Savané et Mélissa Beausir, et ont engagé des poursuites pour « apologie du viol ». Mais, près d’un an plus tard, des plaignantes ainsi que l’avocat chargé de la procédure se sont retirés sous la pression, et la plainte est au point mort.
Certains ont choisi la sensibilisation par le divertissement. C’est le cas de la série C’est la vie, un soap hospitalier tourné à Dakar et diffusé en Afrique de l’Ouest ainsi qu’en Afrique centrale qui aborde les tabous de la sexualité, de l’avortement, de la contraception et des violences sexuelles. Fatou Jupiter Touré y incarne Assitan, une sage-femme. « Je vois ma série comme un acte militant. Le pari était Pour Marie-Angélique Savané, ces démonstrations de briser le silence autour de ces questions, parfois avec publiques de misogynie ainsi que l’échec des réponses humour. En entrant dans tous les foyers, notre série est qui y sont faites sont liés à la perte de vigueur du milidevenue une force dont on peut se servir pour pousser à tantisme féministe. « Une fois qu’il a été possible d’aboropérer des changements politiques », revender les questions fondamentales comme le dique l’actrice. En mettant en scène une femme droit à l’éducation, l’accès à un poste de resqui décide de s’élever contre son mari violent ou ponsabilité ou à la contraception, à partir des encore les premières expériences sexuelles d’un années 1980, le travail de conscientisation a jeune couple, C’est la vie permet aux femmes été négligé, au profit d’un féminisme de carde toutes les catégories socio-économiques de rière », argue-t-elle. Avec l’appui des organisas’identifier. tions internationales, la question des femmes Mais qu’importe la liberté de parole si on est devenue une source de financements, sans ne travaille pas sur l’écoute, notamment celle qu’un changement profond des mentalités soit des autorités. C’est le sens des formations engagé. « Le ministère chargé des femmes dispensées par Mélissa Beausir, consultante distribue des dons, comme si la femme n’était La Parole aux spécialisée dans les violences liées au genre. qu’un objet caritatif. Résultat, on a négligé négresses, L’un des volets de l’action qu’elle mène avec le travail de conscientisation, et l’emprise de Awa Thiam, le Programme des Nations unies pour le la religion est devenue telle que beaucoup Denoël, 1978 développement (Pnud) consiste à former les n’osent plus aller à contre-courant », regrette gendarmes et les policiers à une meilleure Marie-Angélique Savané. écoute en déconstruisant leurs préjugés. « Je Cependant, comme Ndèye Fatou Kane, suis confrontée à des policiers qui pensent elle estime que l’autonomie financière est que, parce que la victime n’arrive pas à parler, une condition capitale pour libérer l’expresles violences n’ont pas eu lieu, ou encore qui sion. « Celles qui portaient le flambeau à mon minimisent la gravité d’un viol en fonction de époque avaient un certain niveau intellectuel, l’habillement de la victime », explique-t-elle. d’accord. Mais, surtout, elles jouissaient d’un Le comble de cette stigmatisation des vicniveau professionnel et socio-économique times s’est affiché sur un plateau de Télé Futurs indispensable à leur liberté, souligne-t-elle. Une si longue Médias (TFM) le 9 mars 2018. Le professeur de J’ai pu me permettre d’être une grande gueule lettre, Mariama philosophie et chroniqueur Songué Diouf s’est car j’étais indépendante financièrement et que Bâ, alors fendu de ce qu’il qualifiera plus tard de personne n’aurait pu me foutre dehors pour Le serpent à boutade : « Vous faites tout pour que nous vous mes idées. » plumes, 2001 violions, et quand nous vous violons, nous Obligations domestiques, abus sexuels en allons en prison et vous continuez à être libres. milieu scolaire, mariages et grossesses pré[…] Celui qui est tombé dans le panneau prendra dix ans coces – 10 % des Sénégalaises sont mariées avant l’âge et celle qui a violé toutes les normes morales, sociales, de 15 ans et 38 % avant 18 ans, selon l’Agence nationale religieuses, continuera à errer », lâche-t-il goguenard de la statistique et de la démographie (ANSD) – constidevant une audience ricanante. Il déclenche un tollé. tuent aujourd’hui autant de freins à l’émancipation des On croit alors à l’ouverture d’un débat dans le pays. femmes, dans un Sénégal où la plupart d’entre elles « J’ai vu le mouvement #metoo libérer la parole dans le exercent encore des activités informelles, notamment monde entier et je me suis demandé ce que nous faisions dans le secteur agricole, et où le décrochage scolaire reste au Sénégal pour notre propre parole », se souvient Ndèye majoritairement féminin.
Indépendance financière
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1ER GROUPE D’ASSURANCES AU SÉNÉGAL
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Assureur de référence en Afrique
Siège social 6 Avenue Léopold Sédar Senghor BP. 210 Dakar – Sénégal Téléphone : (+221) 33 823 10 03 E-mail : sonam@sonam.sn
Vivez l’esprit tranquille
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C’est encore loin la parité ? Khalifa Sall, révoqué. Elle remettra donc en jeu son mandat dès le 1er décembre, date des prochaines élections locales.
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Pas synonyme de privilèges
Soham El Wardini, maire de Dakar, devant l’hôtel de ville.
Au perchoir, Moustapha Niasse orchestre les débats depuis 2012 et, avant lui, aucun président de l’Assemblée nationale n’avait fait face à tant de femmes. Elles sont actuellement 69 députées pour un total de 165 sièges, soit 41,82 % de l’hémicycle, ce qui est largement plus que la moyenne mondiale (24,1 %) et que la moyenne subsaharienne (23,8 %). Selon l’Union interparlementaire (IPU), en matière de représentativité des femmes au sein de l’Assemblée nationale, le Sénégal se classe en effet au douzième rang mondial et au troisième sur le continent, derrière l’Afrique du Sud et le Rwanda, leader mondial avec un hémicycle composé à 62 % de femmes. C’est grâce à la loi sur la parité adoptée en mai 2010, sous Abdoulaye Wade, que le nombre d’élues à l’Assemblée nationale est passé de 22 % en 2007 à 43,3 % à l’issue des législatives de 2012. Le texte prévoit « la parité absolue homme-femme […] dans toutes les institutions électives » et des « listes de candidatures
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alternativement composées de personnes des deux sexes », sous peine d’irrecevabilité. Pour le moment, la parité est cependant loin d’avoir gagné les conseils municipaux issus des élections locales de 2014. Certes, Soham El Wardini (maire de Dakar) et Aïssata Tall Sall (Podor) dirigent deux des plus grandes villes du pays, mais, sur 557 communes, seules cinq sont gérées par des femmes, selon l’Observatoire national de la parité (créé en 2011). En outre, Soham El Wardini n’a été élue à la tête de la mairie de Dakar que le 29 septembre 2018, pour achever le mandat de son ex-mentor,
POUR QUE LES MENTALITÉS ÉVOLUENT, IL FAUT PROMOUVOIR LE LEADERSHIP FÉMININ DANS L’IMAGINAIRE COLLECTIF.
Le constat n’est guère plus brillant du côté du gouvernement Dionne, avec seulement huit femmes (sur 40 membres), toutes à la tête de portefeuilles secondaires. Et pour cause: le gouvernement n’est pas inclus dans les institutions visées par la loi. Aminata Touré, qui fut garde des Sceaux (20122013) et Première ministre (2013-2014), tempère : « Il faudrait que la loi s’applique aux postes nominatifs au sein du gouvernement, et même dans les entreprises. Mais saluons déjà la parité à l’Assemblée, largement en avance sur nombre de démocraties occidentales », souligne la coordinatrice du cabinet de campagne de Macky Sall. Pour que la société avance au même train que la législation, il faut promouvoir au forceps le leadership féminin dans l’imaginaire collectif. Selon Amsatou Sow Sidibé, candidate à la présidentielle de 2012 et qui, cette année, a buté sur l’étape des parrainages, le sujet manquera cruellement aux joutes électorales. « Aucun des candidats actuels n’a de discours satisfaisant en la matière. La loi parité de 2010 avait fait du Sénégal une référence. On ne sent plus le même engagement aujourd’hui », déplore-t-elle. Aminata Touré préfère relativiser : « La parité n’est pas synonyme de privilèges pour les femmes. On ne peut pas avoir d’espaces d’exception dans l’application des lois, ce serait une dénégation du concept même de parité. » Avant de voir un jour, peut-être, une femme dans le fauteuil présidentiel, la participation d’une candidate à ce scrutin aurait offert une audience au concept de parité. Mais le 24 février, la bataille des urnes se jouera entre cinq hommes. MANON LAPLACE
COMMUNIQUÉ
Le Groupe GETRAN fête ses 20 ans d’expertise africaine
> La gare de TER (Train Express Régional) à Diamniadio, un projet emblématique
À
l’assaut de l’Afrique, la Générale de travaux publics et de négoce (GETRAN) est d’avantage connue sur le reste du continent que sur ses propres terres Sénégalaises. Avec ses 20 ans d’expertise et des équipes aussi cosmopolites que son carnet de commandes, le groupe GETRAN s’est développé au Sénégal et partout en Afrique au rythme de projets innovants et de haute facture. Pluridisciplinaire, le groupe GETRAN sait déployer son expertise pour relever des défis toujours plus ambitieux, bénéficiant ainsi de la confiance des États africains. Ses atouts reposent sur une industrie innovante, un parc de matériel de dernière génération, la qualité de ses services et son capital humain qualifié issu de diverses nationalités. Ce qui traduit l’esprit persévérant, panafricaniste et futuriste de son fondateur et Président Directeur Général, monsieur Mar THIAM. Un groupe en perpétuel mouvement ! Son domaine d’activité regroupe l’ingénierie, la construction, le bâtiment, les travaux publics, le transport et le négoce.
LES RÉALISATIONS
LA RÉPONSE AFRICAINE
Implanté dans plusieurs pays africains, Le Groupe GETRAN a à son actif plusieurs réalisations d’envergures parmi lesquelles : l’Immeuble ELBO à Brazzaville (2015), le village des jeux de la francophonie Abidjan (2017), le siège de la BCEAO de la Guinée Bissau (2007), l’Arche du Cinquantenaire de N’Djamena (2011) et le Ministère de l’environnement à Dakar (2011), pour ne citer que ceux-là.
Leader du BTP, le Groupe GETRAN participe pleinement aux politiques de grands travaux porteurs de croissance et d’amélioration de la qualité de vie des populations. Le Groupe GETRAN anticipe les mutations de nos sociétés en participant à la construction d’un avenir durable au service des générations futures en promouvant la responsabilité sociétale des entreprises et la création d’emploi pour les jeunes en Afrique à travers nos différents projets. Le Groupe GETRAN est la réponse africaine aux solutions innovantes dans la conception et la réalisation de grands travaux porteurs de croissance du continent africain.
> Concasseur d’une capacité de 250 tonnes par heure
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GETRAN valorise son capital humain mixte et panafricain, et s’inscrit dans une optique de valorisation de l’ingéniosité africaine.
À TRAVERS L’AFRIQUE Sans cesse en mouvement et animé par une culture d’innovation permanente, le Groupe GETRAN est composé de 7 filiales parmi lesquelles : GETRAN SA société génie civil avec des engins de dernière génération, GETRAN INDUSTRIES Société de fabrication et de fourniture d’articles de construction avec des moyens ultra-modernes dont 13 centrales à béton et 7 unités de production de béton et du précontraint, SAGEC pour l’exploitation des carrières de latérite et de basalte, GETRAN ENVIRONNEMENT œuvre dans le domaine du transport, START AFRIQUE couvre l’ensemble des travaux de terrassement et d’assainissement. GETRAN IMMO spécialisée dans la promotion immobilière avec le programme « Les Résidences de l’Espoir » et GESPAT pour la gestion du patrimoine et l’exploitation des projets du Groupe.
Mermoz-Pyrotechnie Lot 46 DAKAR. BP 16 482 Dakar - Fann Dakar, Rep. du Sénégal Tél. : (+221) 33 825 96 85 - (+221) 33 825 96 87 - Email : getramar@orange.sn - getran@getran.com
www.groupegetran.com
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Parmi les grandes réalisations du Groupe GETRAN nous pouvons citer la réalisation en cours de la gare emblématique du Train Express Régional (TER) de Diamnadio. Ce train devra relier le centre de Dakar au nouvel Aéroport International (Blaise Diagne AIBD). Le Groupe GETRAN s’est par ailleurs engagé dans le développement de villes modernes allant de la conception à l’exploitation. C’est ainsi qu’en partenariat public privé avec l’État du Sénégal, sa filiale GETRAN IMMO réalise un important projet immobilier de 37 hectares au pôle urbain de Diamniadio dénommé « Les Résidences de l’Espoir ».
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PARI SUR L’AVENIR
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Dans les venelles sableuses de Dakar, il n’est pas rare de croiser les deux-roues orange pétant de Jumia, entreprise d’e-commerce, première licorne africaine, un temps incarnée par la Sénégalaise Fatoumata Ba. Son exemple revient comme un leitmotiv dans l’entrepreneuriat digital. À Dakar comme dans les régions, de plus en plus de femmes se lancent. Selon un rapport publié en 2017 par le Global Entrepreneurship Monitor (GEM), le taux d’activité entrepreneuriale féminin s’élève à 37 % dans le pays, et ce chiffre est sans doute bien supérieur dans la réalité, si on considère la pléthore d’activités informelles pour lesquelles les statistiques font défaut. « Au Sénégal, les femmes sont naturellement des entrepreneures. La plupart créent des revenus en tenant un petit commerce. Le numérique est un puissant levier d’autonomisation », avance Rokhaya Solange, chargée du programme M-Women de la Sonatel, qui promeut le secteur comme outil d’implication économique et d’autonomisation des femmes. Ces dernières représentent plus de la moitié de la population et portent une part considérable de l’économie du pays, notamment dans l’agriculture et le commerce. Pour elles, « la formalisation passera par la digitalisation », prophétisait le codirigeant du fonds Partech Afrique (Partech Ventures) lors du forum Women In Africa, en avril 2018, à Dakar. Incubateurs, fonds, plateformes d’échange… Les structures d’accompagnement fleurissent. Telle la plateforme Inter’actes – Madame Digitale, gérée par la Guinéo- Congolaise Mariam Tendou Kamara. « Il faut convaincre les femmes qu’elles peuvent prétendre à davantage que des microcrédits », martèle l’ex-communicante de l’ONU Femmes. Depuis 2017, elle offre de coacher celles qui
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Le business numérique ne connaît pas le sexisme
À Dakar, Sokhna Camara gère sa start-up, Avenir Consulting, depuis l’espace de coworking Agora.
créent une entreprise dans le digital, de Dakar à Conakry, en Guinée.
Exit l’autocensure
Le prix Linguère Digital Challenge de la Sonatel revendique le label « réservé aux femmes », qui permet de lutter contre l’autocensure. « Le prix existait depuis plus de cinq ans, et nous ne comptions pas 10 % de femmes. Tant qu’il n’était pas estampillé féminin, elles ne se sentaient pas concernées », constate Rokhaya Solange. Au-delà des aventures entrepreneuriales urbaines, comme les moussors (« foulards ») d’Awa Seck, qui s’exportent jusqu’à Bruxelles, ou les produits locaux d’Awa Caba,
SANS COMPTER LE SECTEUR INFORMEL, LE TAUX D’ACTIVITÉ ENTREPRENEURIAL FÉMININ S’ÉLÈVE À 37 %.
fondatrice du site de vente Sooretul, qui cheminent des quatre coins du pays jusqu’aux Dakarois, le numérique change le commerce rural. Il offre aux femmes de tous niveaux d’éducation une possibilité d’expansion. « Dans le passé, il fallait nécessairement être alphabétisé. Désormais, le Sénégal et la Côte d’Ivoire mènent une politique en faveur de l’utilisation des outils technologiques, notamment en zone rurale, pour accroître leur productivité », se félicite Mariam Tendou Kamara. Et le changement tient à peu de chose. Installée sur presque tous les smartphones, l’application WhatsApp révolutionne en particulier le quotidien des femmes. La fonction vocale, pour celles qui n’ont pas eu accès à l’école, permet d’étendre son marché et de communiquer sur son activité. Pour les bana-bana (« les vendeuses informelles ») du bord de la route, les clients sont à portée de clic. MANON LAPLACE
COMMUNIQUÉ
« En matière d’assainissement, le Sénégal est un modèle pour beaucoup de pays africains » Directeur Général de l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS)
Quels en sont les objectifs pour le secteur de l’Assainissement ? L’objectif principal est d’avoir un meilleur cadre de vie pour les populations. L’assainissement a toujours été le parent pauvre du secteur de l’hydraulique. Dans la nouvelle Lettre de Politique Sectorielle pour le Développement (LPSD), le Gouvernement du Sénégal a pris à bras le corps le problème de l’assainissement avec des investissements très importants pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD). Il y a désormais une volonté politique affirmée d’améliorer le cadre de vie des populations et d’atteindre les ODD. Même si ces objectifs n’ont pas été atteints jusqu’ici, le Sénégal est leader en matière d’assainissement en Afrique subsaharienne. En 2021, notre pays sera à l’honneur puisqu’il accueillera le Sommet Mondial de l’Eau. Nous devons confirmer notre leadership en Afrique au sud du Sahara.
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De quelle façon ? Le Sénégal a des projets structurants importants avec un budget triennal de 200 milliards de francs CFA, un chiffre jamais atteint depuis l’Indépendance. Nous sommes aussi en train de réfléchir à la façon de mieux gérer le secteur de l’assainissement pour améliorer la qualité de service. L’ONAS est l’une des premières structures à avoir signé un contrat de performance avec l’État. Le bilan est positif et nous sommes en train de travailler sur le contrat de performance 2019-2022. Nous sommes redevables de l’argent public : cela implique non seulement de présenter des comptes de gestion mais aussi d’afficher des performances opérationnelles satisfaisantes.
Vous avez défini quatre axes majeurs. Pouvez-vous les présenter ? • Avoir une organisation performante. Quels que soient les moyens dont vous disposez, si vous n’avez pas une organisation performante et des ressources humaines de qualité, vous n’obtiendrez pas de résultats. • Maîtriser notre patrimoine. Nous avons un patrimoine considérable que nous ne maîtrisons pas forcément. • Avoir une direction de la planification et de l’exploitation. Nous devons être capables de travailler sur le long terme. • Impliquer le secteur privé dans la gestion de nos ouvrages. Nous avons des ressources financières grâce à la redevance de l’assainissement mais celles-ci sont insuffisantes au vu de la croissance nos projets. Il y a un gap de financement que le secteur privé peut combler.
Dépollution de la baie de Hann : un exemple de PPP
© CC Ibrahima El Bachir Diack
Entretien avec M. Lansana Gagny SAKHO,
La baie de Hann, à Dakar, a atteint une situation de dégradation avancée en raison de la vétusté des installations et du rejet d’effluents industriels et domestiques. « Les pouvoirs publics ont saisi la gravité et l’urgence de la situation. Ils agissent dans le cadre d’un partenariat public privé (PPP) » affirme Lansana Gagny SAKHO.
Route de service géographique, Dakar, Sénégal Tél. : (+221) 33 859 35 35 Fax : (+221) 33 832 35 31 Email : onas@onas.sn
onas.sn
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DR
Sahad and The Nataal Patchwork connaît un succès grandissant sur le continent et en Europe.
MUSIQUE
Djibril, alias Majnun, et son univers onirique et jazzy.
Albums de famille MANON LAPLACE
ans la famille Sarr, difficile de passer à côté de Felwine, penseur de l’essai Afrotopia, initiateur des Ateliers de la pensée à Dakar et coauteur d’un rapport très remarqué sur la restitution des œuvres africaines au continent, remis au chef de l’État français et publié à la fin de 2018. Autant de réalisations qui ont éclipsé ses premières amours pour le reggae, les concerts, les tournées… Une passion qui ne l’a cependant jamais quitté, et qu’il a transmise à ses cadets. De Felwine, trois albums, 46 ans, aîné d’une fratrie de huit, au benjamin, Youssoupha, 28 ans, qui offre son rap polyglotte et son débit torrentiel sous le nom de
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OZGUR CANBULAT PHOTOGRAPHY
Dans la fratrie Sarr, on connaît bien l’aîné, Felwine. Six de ses cadets sont aussi des auteurs, compositeurs et interprètes reconnus dans des styles très divers : jazz, afro-fusion, reggae, rap, funk, blues…
Rhapsod, la musique a embarqué six des huit frères et sœurs Sarr. Il y a l’enivrante Ngnima, alias Tie, la poétesse, qui pratique le Tassû (joute oratoire) avec autant d’aisance qu’elle chante, entourée de ses musiciens, au sein de Tie and The Love Process; Djibril, surnommé Majnun, et ses contes oniriques; Saliou, dit Alibeta, et ses mélodies acoustiques. En 2013, ce dernier a sorti un album afro-jazz (Badi Adama) dans
DAMIEN PAILLARD
Ngnima, alias Tie, la poétesse, chanteuse de Tie and The Love Process.
Kindépili, Majnun, 2017
Life Is Not a Waiting Game, Tie and The Love Process, 2013
lequel il partage un titre avec Rhapsod et un autre avec l’hyperactif Sahad dont le groupe, Sahad and The Nataal Patchwork, connaît un succès grandissant sur le continent et en Europe. À eux six, ils conjuguent une demi-douzaine de langues et plus encore d’univers musicaux, de l’afro-fusion au jazz, en passant par le reggae, le hip-hop, le rap, le blues malien, la musique sérère, funk ou trance.
Jiw, Sahad and The Nataal Patchwork, 2018
Quand on lui demande si la musique est une affaire de famille, Youssoupha Sarr met immédiatement en garde contre « tout fantasme concernant les familles d’artistes à la façon des Jackson Five ». Chez les Sarr, la musique est avant tout un cheminement personnel. Et l’apprentissage s’est fait en autodidacte, même si l’on admet volontiers une transmission familiale et des influences communes, comme celles de Richard Bona ou de Keziah Jones. « Ça peut être compliqué d’appartenir à une famille où tout le monde fait quelque chose de fort. Chacun veut tracer sa propre route sans être évalué à l’aune de son nom. Quand j’ai commencé, je ne voulais pas faire la même musique que Majnun, Alibeta ou Felwine… », explique Sahad qui, avec son groupe, The Nataal Patchwork, a sorti son premier album, Jiw (« la graine », en wolof), en 2017. Depuis, il enchaîne les tournées en Afrique de l’Ouest comme en Europe et accumule les prix internationaux. Il a été piqué dès le lycée. Puis l’envie de faire de la musique a grandi, jusqu’à ce qu’il décide de quitter l’université pour s’y consacrer. Des années de gestation qu’il a en commun avec ses frères et sœurs musiciens. Pour la plupart d’entre eux, les premiers souvenirs sont associés aux mélodies reggae d’un oncle guitariste.
Chants sérères, culture hip-hop
Mais la musique est surtout entrée dans le foyer par le biais d’une guitare acoustique envoyée par Felwine à ses frères dans les années 1990, alors qu’il vivait en Europe. C’est sur son bois que Majnun et Alibeta ont plaqué leurs premiers accords, Sahad a suivi, et la guitare est aujourd’hui entre les mains de Rhapsod. Majnun avait 17 ans quand l’instrument est arrivé à la maison. « Saliou et moi avons appris à jouer avec. C’est le moment où la musique a vraiment commencé pour nous », se souvient Majnun qui, comme Sahad, a sorti son premier album, Kindépili (« cœur pur » en dogon), en 2017. De leur mère, les frères et sœurs ont hérité les chants sérères. De leur père, qui les a longtemps poussés à privilégier les études, « sans conteste la culture du travail », estime Ngnima. De son éducation, la fratrie tire surtout une inclination commune pour les thématiques de l’exil, du voyage, de l’immigration ou encore de
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Grand format SÉNÉGAL SOCIÉTÉ Saliou, alias Alibeta, accompagne ses chants sérères ou mandingues de mélodies acoustiques et afro-jazz.
DR
l’indépendance. « C’est un héritage spirituel qui remonte à bien plus loin que nous. Felwine nous a donné nos premières armes, mais il a lui-même reçu les valeurs et l’éthique de notre père, dit Majnun. Ça se ressent nécessairement dans notre art. » Avoir sous la main une fratrie de créateurs avec une sensibilité proche sur le fond permet de se tester sur la forme. « Nous sommes les premiers auditeurs des morceaux des uns et des autres. Pour parler d’arrangements, je m’adresse à Sahad. Ngnima et moi partageons une culture hip-hop, et nous échangeons sur la poésie et les mots. Majnun et Alibeta ont en commun un côté conteur mandingue… », égrène Rhapsod. De l’avis de tous, le cadet est le linguiste de la fratrie. « Il m’ouvre parfois des champs lexicaux très riches, en wolof comme en français », confirme Ngnima. Une étiquette qui flatte Rhapsod autant qu’elle l’amuse. Ce passionné d’oralité africaine fait rimer le sérère – la langue que l’on parlait chez les Sarr –, l’anglais, le wolof et le français.
Alibeta, Bani Adama, 2013
Comme avec les langues, la fratrie jongle avec tant de projets qu’on peine à les compter. Rhapsod prépare un album de chant parallèlement à un projet de rap. Sahad and the Nataal Patchwork travaillent à leur prochain album pour 2020 alors que, dans le même temps, Sahad puise dans les titres qu’il a composés depuis près de quinze ans pour sortir un album solo acoustique. Majnun sera en tournée en Afrique de l’Ouest à partir du troisième trimestre 2019 et mûrit lui aussi un second opus. De même qu’Alibeta, qui se produit
INA MAKOSI
Talents conjugués
Youssoupha, alias Rhapsod, a créé un genre musical : l’afreekind hip-hop.
LÉAU-PAUL RIDET, HANS LUCAS POUR JA
FELWINE A DONNÉ LE « LA »
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Auteur, compositeur et lead vocal, guitariste et percussionniste, Felwine Sarr a composé et écrit pour Dolé (« la force », en wolof), le groupe de reggae africain qu’il a fondé en 1993, lorsqu’il étudiait en France. Avec Dolé, il a donné plus de cinq cents concerts et produit deux albums, Civilisation ou barbarie (2000) et Les Mots du récit (2005), avant d’enregistrer un opus solo, Bassaï, plus intimiste, en 2007. jeuneafrique no 3032 du 17 au 23 février 2019
Juròom, Rhapsod, 2017 actuellement au Sénégal et en Mauritanie avec son spectacle musical et cinématographique Ubuntu Roads. On peut aussi le voir en tant qu’acteur, aux côtés d’Omar Sy, dans Yao, le film de Philippe Godeau, sorti à la fin de janvier. Quant à Ngnima, sept ans après son EP très remarqué Life Is Not a Waiting Game, elle vient d’enregistrer avec Tie and The Love Process l’album Pangool (sortie prévue en mars) et n’a pas moins de quatre projets sur le feu, parmi lesquels la formation d’un trio ainsi qu’une performance mêlant musique, danse et vidéo. Un jour, tous pourraient aussi conjuguer leurs talents au sein d’un projet musical familial qui s’inscrirait dans le sillage des quelques concerts au cours desquels on a pu voir rassemblée une partie de cette hyperactive fratrie éparpillée entre le Sénégal, la France et les ÉtatsUnis. « On y pense depuis longtemps, avance Sahad. Mais nous, les plus jeunes, avions d’abord besoin de cheminer personnellement. Je crois qu’aujourd’hui nous sommes prêts. »
© D.R.
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A R A C T U
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Grand format SÉNÉGAL SOCIÉTÉ
textiles, bijoux…). De quoi offrir un parcours à la fois historique, géographique et thématique, s’étirant du bassin du lac Tchad aux grands empires du Sahel, depuis le néolithique jusqu’au milieu du XXe siècle, au long de quelque 500 m2 de vitrines et d’installations.
YOURI LENQUETTE POUR JA
De grandes réalisations
Les 500 pièces exposées couvrent une période allant du néolithique au milieu du XXe siècle.
CULTURE
Mahicao ou le retour aux sources Dans le Sine-Saloum, le Musée d’art et d’histoire des cultures d’Afrique de l’Ouest célèbre et perpétue la mémoire d’un passé glorieux. MANON LAPLACE
l faut s’approcher du sinueux delta du Sine-Saloum pour visiter l’un des plus beaux musées du pays. Une curiosité plantée au cœur du village sérère de Djilor Djidiack, à 70 km au sud de Mbour, sur les rives du bolong (chenal). Au fond du parc tropical des Jardins d’Aïda (du nom de la maîtresse des lieux), on découvre un bâtiment de style soudanais aux murs d’ocre rouge : le Musée d’art et d’histoire des cultures d’Afrique de l’Ouest (Mahicao). Il est né de la « folie » de Reginald Groux, ancien marchand d’art parisien spécialisé dans les arts premiers. Il aura fallu près de dix ans à ce dernier pour en imaginer les plans, défricher le terrain, penser la muséographie, etc., afin de mettre en scène près de 500 pièces archéologiques et objets cultuels ou artistiques (outils, masques, statues, costumes,
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CARTE DE VISITE
Tarif : 2 500 F CFA (3,80 euros) par personne, gratuit pour les moins de 15 ans Horaires : tous les jours de 10 heures à 13 heures et de 15 heures à 18 heures (fermeture des portes à 19 heures) L’entrée se fait par le restaurant Le Miam-Miam Durée moyenne de la visite : 1 h 30 Bibliothèque riche de nombreux ouvrages illustrés pour les enfants Visite virtuelle : www.mahicao.org
S’il est conscient que le musée comptera moins de visiteurs à Djilor Djidiack que s’il avait été implanté à Dakar, Reginald Groux est persuadé que le Mahicao retiendra davantage d’attention en région, où il veut changer l’image de l’art et de la culture. « Ces objets doivent être montrés afin de faire prendre conscience aux enfants que l’Afrique a accompli de grandes choses, à la même époque que l’Europe, si ce n’est avant », explique-t-il. Une vitrine vient ainsi rappeler l’existence de la métallurgie soudanaise dès 1 500 av. J.-C., alors qu’elle n’est apparue en Europe qu’au IXe siècle av. J.-C. Ailleurs, une statuette de bois à l’œil tombant, la poitrine asymétrique et l’épaule rehaussée, toute cubique dans ses formes et volumes, remet en perspective les mouvements avant-gardistes, dada et surréaliste. On se surprend à gamberger en observant deux costumes coiffés de masques Tyi Wara en bois, dont les ombres, telles des antilopes, dansent sur le mur. Plus loin, une quinzaine de masques, mi-animaliers mi-humains, dont les regards encerclent des costumes d’enfants… « En exposant ces objets, j’ai voulu leur restituer un peu de leur histoire, de leur importance et de leur valeur symbolique. Les gens ont perdu leur lien cultuel avec ces objets, il faut maintenant établir un lien culturel », résume Reginald Groux. Quand on l’interroge sur sa démarche, à l’heure et à l’aune de l’épineuse question de la restitution au continent de ses biens et œuvres, il rétorque qu’il a conçu son musée « pour restituer à l’Afrique une part de son histoire, pas des objets ». Surtout, il espère que ce dernier servira d’exemple. « Il faut moins de 1 million d’euros pour créer un lieu comme celui-ci. Ce n’est rien pour un État », martèle-t-il. Quant au Mahicao et à sa collection, il en a fait don à son épouse, Aïda Diome. « C’est un musée sénégalais, dit-il. Et il le sera pour le reste des temps ! »
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