CÔTE D’IVOIRE
CAMEROUN Au milieu du gué
LE SPHINX ET LES PRÉTENDANTS
10 pages
DOSSIER FINANCES Spécial Bourses africaines
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3046 DU 26 MAI AU 1ER JUIN 2019
Donald J. Trump @realDonaldTrum
SI L’IRAN VEUT SE BATTRE, CE SERA LA FIN OFFICIELLE DE L’IRAN Donald J. Trump, 19 mai 2019
Golfe
Demain la guerre ? .
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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 birrs Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 5 € Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 4 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285
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Le potentiel de voir grand
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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL
NIGERIA Un eldorado à conquérir coûte ût que coûte
HORS-SÉRIE NO 50
PALMARÈS AGRO-INDUSTRIE L’ivoirien Sifca met le cap sur l’aval
ÉNERGIE Comment Elsewedy est devenu un géant des câbles électriques
MANAGERS Ces pionniers de d la transformattion numérique
2019
20e édition
Hors-série n° 50 156 pages
De g. à dr., Ahmed El Sewedy, Elsewedy Electric ; Pierre Billon, Sifca ; Rob Shuter, MTN ; Mostafa Terrab, OCP ; Youssef Omaïs, Patisen ; Bella Disu, Globacom.
LES
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20e ÉDITION Palmarès exclusif 2019 .
Suisse 14 FS Tunisie 6,50 DT Zone CFA 3 200 F CFA ISSN 1959-1683
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Si les industriels et les investisseurs du monde entier ont les yeux braqués sur l’Afrique, ses dirigeants, eux, doivent faire face à de multiples défis de développement dont l’inclusion financière. Lorsqu’on évoque l’inclusion financière, il semble évident que les banques ont un rôle majeur à jouer. Dans le même temps, elles vivent une disruption sans précédent : le digital. Depuis un peu plus de 5 ans, l’effervescence autour du digital en Afrique ne cesse de croître. La population, jeune, constitue une parfaite cible, capable de s’approprier rapidement les innovations et les nouveaux usages. Le digital n’est pas une solution miracle ou une technologie révolutionnaire mais une apInstagram, @wip_by_soprabankingsoftware proche globale qui se matérialise par une prise de conscience de la nécessité de faire évoluer les modèles opératoires. On ne peut évoquer le digital sans parler de technologie. Elle apporte des solutions innovantes et adaptées aux usages attendus. Son évolution extrêmement rapide nécessite le maintien d’un savoir-faire technique et la capacité à travailler avec un écosystème de manière sécurisée. Il faut être bien conscient que cette révolution digitale n’aura de sens que si les femmes et les hommes du continent, qui en sont à la fois les acteurs et les bénéficiaires, sont accompagnés. Il s’agit de les embarquer progressivement et faire émerger les leaders de demain capables de placer l’humain et l’intelligence collective au centre de l’innovation. De plus, les décideurs africains ont mis en place un environnement règlementaire et politique propice à l’inclusion financière. Ils ont ouvert la concurrence, laissant ainsi la possibilité aux organismes bancaires et non bancaires d’innover et de développer l’accès aux services financiers. Ces acteurs proposent des processus simples et innovants tout en utilisant des réseaux de distribution non bancaires.
Face à la concurrence des banques entre elles et à ces deux nouvelles contraintes business et règlementaire, la révolution digitale s’impose désormais comme une opportunité à saisir. Contrairement aux pays occidentaux où les banques font plutôt face à des menaces de désintermédiation, celles des pays africains doivent répondre à des enjeux socio-économiques - aider les ménages et les entreprises tout en finançant la croissance. Pour cela, elles disposent d’un atout majeur : le niveau de confiance suffisant pour devenir le tiers capable de proposer des services bancaires et non bancaires. En adoptant une approche digitale, je suis donc convaincu que les banques en Afrique sont en mesure de prendre des positions stratégiques tout en contribuant au développement du continent Africain. Proches de nos clients dans toutes les transformations du secteur depuis 40 ans, nous avons progressivement ouvert des bureaux et recruté des équipes à Casablanca, Abidjan, Tunis, Libreville, Alger et Douala. Nous poursuivons aujourd’hui notre développement en Afrique de l’Ouest avec l’ouverture de Dakar. Cette nouvelle implantation s’inscrit dans notre logique de proximité avec nos clients mais également avec l’écosystème digital africain pour le mettre à disposition des banques. Nous avons, ainsi, la volonté de contribuer au développement du continent africain.
Éric Pasquier CEO de Sopra Banking Software & Membre du conseil d’administration de Sopra Steria
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COMMUNIQUÉ
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COMMUNIQUÉ
EQUITY BANK BANQUE AFRICAINE DE L’ANNÉE
“
Nous proposons un dispositif complet d’accompagnement à destination des Congolais de la diaspora qui souhaitent investir en R RDC ENTRETIEN
Célestin Mukeba Muntuabu DIRECTEUR GÉNÉRAL DE EQUITY BANK CONGO S.A.
EQUITY GROUP HOLDINGS Plc est un groupe dont le siège est situé au Kenya et qui est coté à la bourse de Nairobi ayant pour vision de promouvoir la prospérité socio-économique des africains. Il offre une gamme variée de produits et services financiers, incluant les services bancaires et financiers inclusifs, le conseil en investissement pour les clients Corporate, les produits d’assurance pour une couverture des risques suffisante aux clients et une gamme d’outils performants. Outre le Kenya, EQUITY GROUP est présent dans cinq autres pays africains (Rwanda, Ouganda, Tanzanie, Sud Soudan et République Démocratique du Congo). Grâce au rachat d’Atlas Mara, le groupe vient de faire son entrée au Mozambique et en Zambie. EQUITY GROUP travaille actuellement avec 13 millions de clients, ce qui en fait la plus grande banque en termes de clientèle en Afrique. L’objectif fixé pour 2024 est d’être présent dans 15 pays et de travailler avec 100 millions de clients.
En quoi consiste votre présence dans la République Démocratique du Congo ? Le groupe a fait son entrée en RDC en 2015 avec le rachat de la majorité du capital de ProCredit Bank. Les deux autres actionnaires minoritaires, la banque de développement allemande KFW et la SFI, filiale de la Banque mondiale, sont restés au capital. Depuis cette date, EQUITY BANK CONGO S.A. a enregistré une forte croissance. Le nombre d’agences
E-mail : diaspora@equitybank.cd
est passé de 13 à 43 et nous sommes présentss sur l’ensemble du territoire national, grâce à 2 500 agents bancaires de proximité. EQUITYY BANK CONGO dispose du plus grand réseau bancaire du pays : nous aurons atteint le capp du million de clients à la fin de cette année. EQUITY BANK CONGO S.A est une banque com-merciale qui offre une gamme variée de servicess bancaires à toutes les catégories de clientèle : grandes entreprises, PME, micro-entrepreneurss et particuliers. Notre objectif est de proposerr des services financiers modernes et inclusifs à la population congolaise pour la rendre socia-lement et économiquement autonome, avec un personnel professionnel, qualifié et très engagé.
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DIFCOM/DF - PHOTO : DR.
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COMMUNIQUÉ
PIUS UTOMI EKPEI/AFP
Dossier Finance
INTRODUCTIONS EN BOURSE
MTN Nigeria a généré un gain de 21 % après seulement deux jours de cotation à Lagos, en mai.
En attendant la reprise
Les principales places du continent affichent des performances médiocres depuis le début de l’année. Mais l’amélioration de la conjoncture devrait ranimer l’intérêt des investisseurs. 68
jeuneafrique no 3046 du 26 mai au 1er juin 2019
TARIK YANMI
Les places financières les plus développées du continent ne cessent de monopoliser les IPO (« introduction en Bourse », en anglais), notamment celles de Johannesburg, de Lagos et d’Abidjan – où est établie la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) des huit pays d’Afrique de l’Ouest.
Le sud-africain MultiChoice a levé plus de 3 milliards de rands
Parmi les entreprises qui ont réalisé de belles performances dès leur introduction, on remarque MTN Nigeria Communications, qui a généré un gain de 21 % à 108,9 nairas (0,26 euro) au 17 mai, après seulement deux jours de cotation à la Bourse de Lagos. La filiale du plus grand opérateur de téléphonie du continent, le sud-africain MTN, avait cédé ses actions au prix initial de 90 nairas. En Afrique du Sud, le groupe de chaînes privées de télévision MultiChoice, propriété de la société d’e-commerce Naspers, affichait aussi une performance de 21 % au 15 mai, après avoir levé 3,72 milliards de rands (231 millions d’euros) en s’introduisant à la Bourse de Johannesburg le 27 février. À l’inverse, la liste des sociétés dont les actions ont manqué de rendement après avoir ouvert leur capital aux
PRINCIPALES ENTRÉES EN BOURSE EN 2019
EN 2018 DÉJÀ, SEPT MARCHÉS FINANCIERS AFRICAINS N’ÉTAIENT PAS PARVENUS À CRÉER DE LA VALEUR.
Performance au 15 mai
Société et secteur d’activité
Pays d’origine
Marché
Date
Montant levé
Eastern Company SAE (tabac)
Égypte
Égypte
3 mars
95 millions $
MultiChoice Group Ltd. (médias)
Afr. du Sud
Afr. du Sud 27 février
3,72 milliards rands + 22 %
–4%
Jumia (nouvelles technologies)
Allemagne/EAU
New York
11 avril
196 millions $
+ 62 %
Oragroup (banques)
Togo
BRVM
16 avril
86 millions €
–1%
Skyway Aviation Handling Co. Sahco (services aériens)
Nigeria
Nigeria
26 avril
1,89 milliard de nairas
0%
MTN Nigeria Communication Plc Afr. du Sud/Nigeria Nigeria (télécommunications)
16 mai
5 milliards $
+ 21 % (17 mai)
SOURCE : JA
D
e Jumia à Oragroup, en passant par MTN Nigeria, les introductions de sociétés africaines en Bourse se sont multipliées ces derniers mois sur les places du continent comme à Londres ou à New York. Cependant, la conjoncture morose des marchés de capitaux en Afrique tempère l’intérêt des investisseurs locaux et étrangers. La faute à des indices boursiers en berne. Depuis le début de l’année, huit places financières du continent parmi les neuf plus grandes Bourses affichent des performances négatives au 15 mai. Seule l’Afrique du Sud gagne 6,3 %, alors que les pertes au Ghana, en Tunisie et au Kenya dépassent les 4 %. La Tanzanie recule de 8 %, tandis que le Nigeria affiche la plus mauvaise performance, dégringolant de 10 %. En 2018 déjà, sept places financières n’étaient pas parvenues à créer de la valeur pour les investisseurs. Au Kenya et en Côte d’Ivoire, les pertes dépassaient les 24 %. L’Égypte atteignait à peine l’équilibre, alors que la Tunisie engrangeait un gain de 15,6 %. Conclusion : pour les nouvelles recrues des places financières africaines, il n’est pas toujours assuré d’afficher des rendements positifs.
jeuneafrique no 3046 du 26 mai au 1er juin 2019
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TOM SAATER/BLOOMBERG/GETTY IMAGES
Dossier Finance INTRODUCTIONS EN BOURSE
Le nigérian Dangote Cement, dont les actions sont déjà cotées à Lagos, veut ouvrir son capital aux investisseurs à Londres.
LES ACTIONS ORAGROUP, SKYWAY AVIATION ET EASTERN COMPANY N’ONT PAS EU LE RENDEMENT ESCOMPTÉ. 70
jeuneafrique no 3046 du 26 mai au 1er juin 2019
investisseurs compte Oragroup, le holding togolais d’Orabank qui a fait son entrée à la BRVM le 16 avril et dont le titre reculait de 1 % au 15 mai. « La valorisation initiale de certaines introductions, comme celle d’Oragroup récemment, a été excessive, ce qui a pesé sur la performance du titre depuis son introduction en Bourse », juge l’analyste Wilfride Becket, qui couvre le marché des actions chez Bici Bourse, à Abidjan. L’action Skyway Aviation Handling, pour sa part, s’échangeait à 65 nairas à Lagos, soit le prix d’introduction du 26 avril, alors que le producteur de cigarettes Eastern Company SAE, contrôlé par l’État égyptien, perdait 4 % par rapport au cours de l’IPO du 3 mars au Caire.
Des opportunités d’achat apparaissent
Au Ghana, la cotation d’Energy Commercial Bank a tout bonnement été abandonnée. À la suite de la faible
demande des investisseurs dans l’offre publique, qui ciblait une levée de 340 millions de cédis (59 millions d’euros), le management de l’établissement financier a dû accepter une fusion avec First International Bank. « Le risque politique [comme les échéances électorales de 2020 au Ghana ou en Côte d’Ivoire] constitue un frein pour les investisseurs. Il pèse sur la valorisation et les performances boursières dans la région, et ce n’est jamais le bon moment de s’introduire en Bourse, alors que la tendance générale des indices est à la baisse », poursuit l’analyste. Avec le recul inexorable des indices boursiers en Afrique, plusieurs opportunités d’achat d’actions commencent à se manifester. Le All Share Index Real Time, en Tanzanie, traitait le 15 mai à moins de 4,6 fois les bénéfices générés par les sociétés cotées. En revanche, le Maroc et la Tunisie figuraient, eux, parmi les places financières où
Strive Masiyiwa, le président d’Econet Wireless.
LES TÉLÉCOMS EN PLEINE EFFERVESCENCE Le secteur des télécoms multiplie les annonces. Millicom Tanzania ciblerait une cotation en Tanzanie, alors que l’opérateur Mascom compte ouvrir son capital avant la fin de l’année aux investisseurs à la Bourse du Botswana, selon son plus grand actionnaire, le milliardaire zimbabwéen Strive Masiyiwa, président d’Econet. Airtel Africa, filiale du deuxième plus important opérateur de téléphonie mobile en Inde, Bharti Airtel, a lui opté pour la place financière britannique. La levée de fonds de près de 1 milliard de dollars (893 millions d’euros) de la société contrôlée par le magnat Sunil Mittal, qui intervient dans pas moins de 13 pays du continent, devrait se concrétiser dans les quatre prochains mois, selon le management. T.Y.
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jeuneafrique no 3046 du 26 mai au 1er juin 2019
les bénéfices prévisionnels des émetteurs étaient le moins en adéquation avec les cours des actions, suggérant une possible correction à la baisse. Alors que des valorisations attractives pourraient inverser la tendance baissière et pousser les gestionnaires de fonds à repenser leurs positions en Afrique, les perspectives d’une plus grande croissance économique devraient se répercuter sur la profitabilité des émetteurs, améliorant l’attractivité de leurs actions en Bourse. Selon les estimations du FMI publiées le mois dernier, l’expansion du PIB des pays d’Afrique subsaharienne devrait atteindre 3,5 % en 2019, en nette accélération par rapport aux 2,9 % enregistrés en 2018 et surclassant la croissance mondiale, estimée à 3,3 %. Par rapport aux données de janvier, l’institution a revu à la hausse ses projections pour l’année 2020 de 10 points de base, à 3,6 %, alors que les estimations de la croissance globale étaient restées inchangées. Plus du tiers des pays de la région devraient enregistrer une croissance dépassant les 5 %, non seulement en 2019 mais aussi en 2020, selon le FMI. Avec la reprise de la conjoncture économique et l’amélioration des conditions de marché qui se profilent, les annonces de nouvelles introductions se multiplient, même si toutes les IPO planifiées ne finissent pas nécessairement par se concrétiser. L’année dernière, trois opérateurs du secteur des infrastructures de télécommunications, Eaton Towers, Helios Towers Africa et IHS Towers, avaient annulé à la dernière minute
leurs plans de cotation en Bourse, en citant les conditions défavorables du marché boursier londonien.
Le Ghana va créer un fonds pour regrouper ses intérêts miniers
La cotation à Londres et à New York reste une bonne solution. Jumia a ainsi levé le 11 avril l’équivalent de 196 millions de dollars (175 millions d’euros) en s’introduisant à Wall Street. Le cours de l’action de la société, focalisée sur 14 pays, avait bondi de 62 % au 15 mai, soit une valeur totale d’entreprise de 1,8 milliard de dollars. Cependant, le titre avait auparavant atteint un pic au 1er mai avec des gains culminant à 224 %. Pour sa part, le nigérian Dangote Cement, dont les actions sont déjà cotées à Lagos, veut ouvrir son capital aux investisseurs à travers une introduction à la Bourse de Londres, a indiqué Aliko Dangote, l’homme le plus riche du continent. « Plusieurs sociétés africaines qui cherchent à s’introduire en Bourse préfèrent la liquidité et la profondeur des marchés développés plutôt que les Bourses locales où les multiples de valorisation sont bas », selon Wilfride Becket. « S’aligner sur les valorisations des marchés européens et américains leur permet de lever plus de fonds », ajoute-t-il. Au Ghana, le ministre de s Finances, Ken Ofori-Atta, a annoncé au Parlement que son département a déjà sélectionné des conseillers financiers et juridiques pour la création d’un fonds qui regroupera les intérêts miniers du pays avant de procéder à une double cotation à Accra et à Londres.
PERFORMANCES DES PRINCIPAUX INDICES BOURSIERS Pays
Indice
Afrique du Sud Égypte Maroc Kenya Nigeria Tunisie Côte d’Ivoire Ghana Tanzanie
FTSE/JSE All Share Index EGX 30 MASI Free Float All Shares index Nairobi Securities Exchange Ltd 20 Index Main-Board Index Tunindex BRVM Composite GSE Composite All Share Index Real Time
2018 – 11,8 % 0,7 % – 10 % – 24,5 % – 18,8 % 15,6 % – 29 % – 3,7 % – 14,6 %
Au 15 mai 2019 6,3 % – 1,5 % – 0,2 % – 5,5 % – 10 % – 4,7 % – 2,8 % –4% –8%
Ratio cours/ bénéfices 17,4 14 19,2 10 7 18 10,7 19,8 4,5
Performance un an glissant au 15 mai 0,5 % – 16,8 % –7% – 17,5 % – 30 % –4% ** – 28,6 % – 19 %
SOURCE : BVM ET BLOOMBERG
C. BIBBY/FINANCIAL TIMES/REA
Dossier Finance INTRODUCTIONS EN BOURSE
COMMUNIQUÉ
AVIS D’EXPERT
Mastercard
Middle East Africa FZ-LLC
mea.mastercard.com
Les transactions électroniques créent des opportunités d’affaires et rendent les populations autonomes S
’écarter des paiements en es-
paiements et, par extension, la base
pèces réduit les coûts de tran-
clientèle. En Afrique, où plus de 80%
sactions, améliore la transparence
des entreprises sont des PME ou des
et favorise le développement des
microentreprises, l’amélioration des
petites entreprises.Mastercard est à
mécanismes de paiement peut consi-
la pointe de l’innovation en matière
dérablement booster le commerce et
de paiements électroniques.
renforcer les économies.
Malgré les progrès dans les transac-
Connecter les commerçants
tions numériques mondiales, près de
africains
85 % de tous les paiements, et 95 %
Habiliter les petites entreprises en
en Afrique, sont toujours effectués
Afrique dépend de la connexion de
en espèces ou par chèques. En plus
davantage de commerçants à des
des désagréments et du manque de
systèmes de paiement électroniques.
transparence, les espèces entraînent
Toutefois, le coût élevé des TPE (ter-
également des coûts importants.
minaux de paiement électronique) a
Par exemple, les opérations en espèces comportent des frais cachés
entravé leur adoption par de nombreuses micro et petites entreprises.
d’impression, de distribution et de
Pour surmonter ce défi, les solutions
traitement, représentant près de 1,5%
QR peuvent être un catalyseur
du PIB national. Par ailleurs, son ca-
pour les paiements électroniques.
ractère anonyme peut favoriser une
Les codes QR peuvent doter des
activité illégale. Pour une entreprise,
commerçants de toute taille, mais
les espèces sont synonymes de
particulièrement les plus petits,
difficulté de traçabilité et d’archi-
comme les vendeurs de rue, d’un
vage, au contraire des transactions
moyen de paiement rapide, sécurisé
numériques, rendant plus aléatoire
et peu coûteux.
l’épargne et l’emprunt pourtant nécessaires à son développement.
Arn Vogels, Directeur régional, Afrique subsaharienne francophone, Mastercard
scanne le code QR du commerçant sur son smartphone ou entre un code texte dans son téléphone. Cette innovation s’inscrit dans le cadre de l’engagement pris par Mastercard de connecter plus de 100 millions d’Africains et 500 millions de personnes dans le monde à une infrastructure financière formelle d’ici 2020. Mastercard se donne pour mission de rendre les paiements sécurisés, simples et intelligents et se positionne ainsi à la pointe des dévelop-
Mastercard QR change la donne
pements de systèmes technologiques
Lancé en 2016, Mastercard QR offre
novateurs et interconnectant les
À l’inverse, les paiements électro-
aux utilisateurs de tous types de télé-
populations. Plus de 178 millions
niques stimulent la croissance éco-
phones mobiles la possibilité de faire
de transactions sont traitées chaque
nomique nationale en renforçant la
des achats en toute sécurité et sans
jour dans le monde grâce à la tech-
sécurité, la rapidité et la facilité des
carte électronique.Un consommateur
nologie Mastercard.
Dossier Finance
BANQUE D’AFFAIRES
Tunisie Valeurs prépare sa mue
SAMI FRIKHA
Le conseil d’administration de la société cherche des personnalités pour étoffer le management du futur établissement.
Pour répondre aux appels d’offres internationaux alors que son marché domestique est devenu trop étroit, l’intermédiaire boursier change de catégorie. MATHIEU GALTIER, à Tunis
près vingt-huit années d'existence, Tunisie Valeurs, qui pesait 5,8 millions d’euros de produit d’exploitation en 2018 (+ 17 %), est au sommet de sa carrière de conseiller gestionnaire financier et met KO tous ses concurrents nationaux. La même année, il avait réalisé 22 % du volume des capitaux traités par les intermédiaires en Bourse pour 1,7 milliard de dinars (505 millions d’euros), près de 8 points devant son premier rival, Attijari Intermediation. En matière de gestion d’actifs, la firme du groupe Integra Partners (fruit du rapprochement avec AfricInvest) monte aussi sur la première marche du podium avec 18 % de part de marché et 850 millions de dinars répartis en gestion de fonds et de comptes. Fort de ces atouts, Fadhel Abdelkefi, président du conseil d’administration de Tunisie Valeurs et ancien ministre du Développement, de l’Investissement et, par intérim, des Finances (2016-2017),veutfairemonterlegroupe
A
74
jeuneafrique no 3046 du 26 mai au 1er juin 2019
dans la catégorie poids lourds des banques d’affaires. Hormis l’octroi de crédits, la société fondée par son père exerce déjà tous les métiers (conseil, ingénierie financière, etc.) d’un établissement bancaire. Alors pourquoi prendre ce risque? « Posséder le label banque d’affaires est très important pour les appels d’offres internationaux et pour accéder au marché des conseils financiers, surtout en Afrique », souligne Kais Kriaa, dirigeant du cabinet d’analyse financière AlphaMena. Le conseil d’administration cherche des personnalités de la région Mena
L’« AFFAIRE » ABDELKEFI Août 2017: Fadhel Abdelkefi découvre sur Facebook qu’il a été condamné par contumace en 2014 à une peine de prison et à une amende de 1,8 million de dinars. Alors dirigeant de Tunisie Valeur, il aurait « oublié » de rapatrier les revenus de sa filiale marocaine. Le ministre présente sa démission et revient dans la société familiale. La Cour de cassation le blanchit le 5 mars 2019.
pour étoffer le management du futur établissement – dont le nom n’est pas encore défini – afin de mieux asseoir sa réputation à l’étranger. Jouer dans la cour internationale nécessite également de muscler ses actifs. Pour cela, Tunisie Valeurs a mis en Bourse, le 28 septembre 2018, plus d’un tiers de son capital. Une stratégie payante puisque le prix de l’action a depuis grimpé de 8,9 %. Cette introduction (la seule sur la place en 2018) oblige aussi la société à une transparence indispensable pour l’obtention de marchés internationaux importants. La gouvernance va, elle, gagner en clarté. À côté de la banque d’affaires, le groupe va créer Tunisie Valeurs Bourse (intermédiation) et Tunisie Valeurs Asset Management (gestion d’OPCVM).
Des entreprises en demande de conseil
Dernier obstacle levé: l’augmentation de son capital social de 10 à 20 millions de dinars, exigée par la Banque centrale. Lors de l’assemblée générale extraordinaire du 19 avril, la société a voté le doublement de ses fonds propres par incorporation de réserves via l’émission de 2 millions d’actions d’une valeur de 5 dinars. La décision d’accorder l’agrément est attendue fin juillet, soit quasi un an après que Tunisie Valeurs a déposé le dossier. « Cette officialisation ne pourra qu’être bénéfique à la professionnalisation du marché bancaire tunisien. Cette demande d’homologation montre aussi que les entreprises ont soif de conseil: doivent-elles s’introduire en Bourse, avoir recours au marché financier? », détaille Ahmed el Karam, le président de l’association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers. Habib Karaouli, le dirigeant de Cap Bank, jusqu’ici l’unique banque d’affaires du pays, est également ravi d’avoir bientôt – enfin – un adversaire aussi « professionnel et sérieux » à qui se mesurer sur le ring.
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Dossier Finance
RESTRUCTURATION
RICCARDO GANGALE/BLOOMBERG/GETTY IMAGES
L’établissement bancaire n’a pas reçu d’argent frais, mais a opté pour une part de 6,3 % du capital de son partenaire.
Atlas Mara revoit ses ambitions à l’ombre d’Equity Bank Après avoir cédé ses filiales au groupe kényan, la banque commerciale fondée par Bob Diamond calque son modèle sur celui d’un fonds d’investissement. TARIK YANMI
tlas Mara, la banque commerciale fondée en 2013 qui tablait sur une recomposition drastique du paysage bancaire en Afrique subsaharienne, a finalement dû revoir ses ambitions après avoir contracté de larges dettes pour financer son expansion dans sept pays. L’entreprise, dont le siège est à Dubaï, a fini par congédier, le 6 février, son président et fondateur, le charismatique Bob Diamond, 67 ans. Après une chute de plus de 84 % du cours de l’action depuis son introduction à la Bourse de Londres en 2013, la banque s’est résignée, le 30 avril, à se désengager de quatre pays en une seule transaction, en troquant des filiales pour une part de moins de 7 % dans le capital du kényan Equity
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Bank, le plus grand groupe bancaire du Kenya au regard de la valeur de marché. Lors de cette opération, Atlas Mara a cédé au kényan ses 62 % du capital de la Banque populaire du Rwanda, ainsi que 100 % du capital de l’African Banking Corporation – qui détient trois filiales, au Mozambique, en Tanzanie et en Zambie. La transaction est évaluée à près de 10,7 milliards de shillings (95 millions d’euros). Atlas Mara n’a pas reçu d’argent frais, mais a opté pour une part de 6,3 % du capital d’Equity. Atlas Mara a été acculé à céder ses participations à un prix qui n’atteint même pas la valeur comptable des filiales lors de l’acquisition initiale. Le même jour, John Staley, le remplaçant de l’ex-PDG de Barclays, annonçait lui aussi son départ après moins de douze mois à la tête de l’établissement.
En réduisant sa voilure et en optant pour une participation minoritaire dans une plus grande banque, Atlas Mara calque de plus en plus son modèle sur l’activité d’un fonds d’investissement plutôt que sur celle d’une banque commerciale. Si la vente des actifs restants à un plus grand concurrent semble de plus en plus possible, les perspectives d’un nouveau départ ne sont pas à exclure, car les activités du groupe se limitent désormais au Botswana, au Nigeria et au Zimbabwe. Selon Ronak Gadhia, qui couvre le secteur bancaire en Afrique subsaharienne pour la banque d’investissement EFG Hermes depuis Londres, « Atlas Mara a acheté de mauvais actifs à un prix qui n’était pas toujours raisonnable, en ciblant les pays qu’il ne fallait pas ».
Une conjoncture économique défavorable
L’année dernière, le bénéfice du groupe a reculé de 13 %, à 39,7 millions de dollars, en corrélation avec le tassement du chiffre d’affaires, qui est tombé à 346,4 millions de dollars. La tendance baissière du cours de l’action continue en 2019 après avoir touché son plus bas niveau historique à 1,35 dollar, le 2 avril, réduisant la valeur de marché totale de la banque à moins de 280 millions de dollars. C’est presque le montant de sa première acquisition, effectuée le 31 mars 2014. À l’époque, l’établissement avait racheté pour 265 millions de dollars une participation majoritaire dans deux organismes de crédit: 50 % d’ABC Holdings Limited, la maison mère de BancABC, ainsi que 100 % de l’ADC African Development Corporation AG, le holding allemand qui détenait une participation de 9,1 % dans Union Bank of Nigeria (UBN). Alors que l’équipe dirigeante a été à plusieurs reprises la cible de critiques pour avoir effectué des acquisitions dont la valorisation était jugée excessive, la conjoncture économique du continent a aussi contribué à contrarier les ambitions du groupe. Dès 2016, la baisse des cours des
Dossier Finance RESTRUCTURATION
Des choix géographiques problématiques
Au niveau opérationnel, ses filiales avaient du mal à atteindre une taille critique et continuaient à subir une concurrence acharnée de rivaux solidement capitalisés et à envergure régionale, comme Standard Chartered, Standard Bank Group et Absa Group. « La domiciliation de la banque aux îles Vierges, alors que son siège administratif restait à l’écart aux Émirats arabes unis, cristallisait sa propre vision d’un système financier africain censé migrer vers l’internet banking et le mobile banking, et où le réseau d’agences bancaires avait moins d’importance », poursuit l’analyste. Avec le recul, les choix géographiques d’Atlas Mara se sont aussi révélés problématiques: le Zimbabwe
était en proie à une crise économique, le gouvernement zambien éprouvait des difficultés à rembourser des dettes, tandis que le Mozambique, lui, sombrait dans une récession à la suite de révélations sur des dettes publiques frauduleuses contractées à l’insu du FMI. Pour renflouer ses capitaux propres, Fairfax Africa Holdings est ainsi devenu la maison mère d’Atlas Mara avec 49 % des actions en circulation IF CL R AT S I R après une augmentation de H C capital. Le fonds d’investissement Wellington Management Company reste le deuxième plus grand actionnaire du groupe (9,9 %). Quant au courtier de matières premières Trafigura Holdings Limited, il détient encore une participation minoritaire de 2,4 %. Le 6 février, lors de l’annonce de la démission de Bob Diamond, qui reste parmi les cinq plus grands actionnaires de la banque et conserve ainsi son titre de membre du conseil d’administration, le management avait indiqué que l’établissement « continuerait de se focaliser sur ses marchés de base, où il [était] concevable d’atteindre un leadership ». Dans les autres pays, l’équipe dirigeante, chapeautée par Michael Wilkerson, président de Fairfax Africa, « cherchera des partenariats ou la liquiFE
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matières premières, principale richesse du continent, avait pesé sur les perspectives de croissance de plusieurs pays de la région. Au Nigeria, la dévaluation du naira, en 2016, avait tronqué l’investissement initial d’Atlas Mara dans UBN, investissement qui avait été augmenté en 2017 à travers une levée de fonds auprès d’une filiale de l’assureur canadien Fairfax Financial Holdings Ltd.
UBN CONSTITUE LE NOYAU DES FILIALES AUTOUR DESQUELLES LE MANAGEMENT ESPÈRE RÉALISER DES PERFORMANCES. dation de ses participations pour réduire l’exposition aux risques ». La banque ambitionne maintenant de figurer parmi les cinq plus grands opérateurs des marchés où elle intervient. Avec 49 % du capital, UBN constitue actuellement le noyau des filiales autour desquelles le management espère encore créer de la valeur pour les actionnaires. L’acquisition des 35 % détenus par la maison mère, Fairfax Africa, dans le sud-africain GroCapital Holdings Limited pourrait aussi catalyser ses plans de développement dans l’internet banking. Pour sa part, Bob Diamond consacre maintenant tout son temps à Atlas Merchant Capital, le fonds d’investissement qu’il dirige depuis New York et qui détient des participations dans une liste de sociétés qui compte Kepler Cheuvreux, en France, Panmure Gordon & Co., en Angleterre, l’assureur américain Talcott Resolution Life, et Praxia Bank, en Grèce.
UN CONTRÔLE RENFORCÉ SUR UNION BANK OF NIGERIA Pour financer son expansion dans le capital de Union Bank of Nigeria (UBN) et maintenir la conformité de ses indicateurs financiers avec les ratios prudentiels réglementaires (ratio en deçà duquel une banque est insolvable), Atlas Mara avait annoncé le 20 juin 2017 son intention de lever 200 millions de dollars à travers une augmentation de capital. Trois semaines
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plus tard, le 14 juillet, l’assemblée générale des actionnaires ratifiait, avec près de 90 % des votes, la transaction qui allait ouvrir le capital à Fairfax Africa en émettant 100 millions de dollars d’obligations convertibles en actions. La transaction avait abouti à un pourcentage de contrôle initial de Fairfax de 42 %. Pour la seconde moitié, 30 % du montant
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allaient être attribués à Fairfax, et 70 % des fonds ont été proposés aux actionnaires existants avec, toutefois, une décote de 10 % par rapport au cours de l’action en Bourse. Après l’augmentation de capital, Atlas Mara allait relever son pourcentage de contrôle dans UBN à 44 % en acquérant une participation additionnelle de 13,4 % qui était détenue par Clermont
Capital, le fonds d’investissement connu précédemment sous le nom de Richard Chandler Corporation. À la suite d’une augmentation de capital effectuée par UBN le 28 décembre 2017, et pour laquelle Atlas Mara a exercé son droit de préemption, le pourcentage de contrôle s’élevait à 48 % du total des actions. T.Y.
© African Development Bank Group 2019 www.afdb.org
Dossier Finance
RÉGULATION
Les analystes marocains mis à l’épreuve L’Autorité du marché des capitaux vient d’imposer une habilitation aux professionnels des sociétés de Bourse et de gestion. Sans elle, impossible d’exercer.
atteindre le score minimal à l’issue de la troisième fois seront disqualifiées. « Globalement, les professionnels qui m’entourent restent extrêmement sceptiques concernant ce point. L’Autorité n’a pas été très explicite, et nous ne savons pas ce qui se passera exactement après trois échecs successifs », souligne le directeur du desk action d’une société de gestion casablancaise.
EL MEHDI BERRADA, à Casablanca
Une carte à renouveler périodiquement
e gendarme de la Bourse s’est décidé à mettre un peu d’ordre dans la sphère financière marocaine en imposant une habilitation professionnelle pour certaines fonctions (contrôleur interne, analyste financier…), malgré la résistance de certains. L’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) met en place une série d’examens à l’issue desquels une carte professionnelle sera délivrée, qui permettra aux candidats d’exercer leur métier. Selon le recensement effectué par l’AMMC, 400 personnes travaillant pour des sociétés de Bourse ou de gestion, ainsi que pour des teneurs de comptes, seront concernées dans les prochains mois. « L’habilitation permettra de consolider les connaissances des professionnels, et elle aura un impact positif réel sur l’organisation des métiers, le renforcement des capacités des acteurs et, par là, la protection des investisseurs », explique Nezha Hayat, présidente de l’AMMC. L’objectif de ce processus est avant tout de s’assurer que les professionnels sont assez qualifiés pour le poste qu’ils occupent. Selon le marché, les premières sessions d’examens sont prévues pour la fin de juin et se poursuivront jusqu’à la fin de l’année. Les analystes financiers seront les
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ALEXANDRE DUPEYRON POUR JA
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Ce processus permettra au royaume de coller aux standards internationaux.
derniers à passer ces examens, en ce qui les concerne jusqu’en 2020. Pour préparer ce dispositif, dans les tuyaux depuis plusieurs années, l’AMMC a consulté l’ensemble des protagonistes du marché des capitaux marocain. Avec la mise en place de cette habilitation, le Maroc colle enfin aux standards internationaux, mais toute la population ciblée n’est pas convaincue. Si l’un des candidats échoue à deux sessions consécutives, il sera obligé de quitter son travail. Il ne pourra le reprendre qu’à condition de réussir l’épreuve et d’obtenir ainsi sa carte professionnelle. L’AMMC assure que les personnes qui n’arriveront pas à
Ce qui laisse les acteurs du marché perplexes, c’est qu’ils ne savent pas ce que l’employeur décidera par la suite. « Nos contrats de travail sont clairs. Ils définissent nos fonctions, pour lesquelles nous serons amenés à passer cette habilitation. Si on ne l’obtient pas, je pense que l’on devra changer de métier », redoute un acteur qui ne porte clairement pas ce dispositif dans son cœur. Ce qui contrarie encore plus ces professionnels, c’est qu’ils seront dans l’obligation de renouveler périodiquement ladite carte. La première fois, trois années après l’obtention de l’habilitation, la seconde, trois années plus tard – et une troisième sera peut-être nécessaire après le même nombre d’années. Une fois que la personne cumulera une expérience égale ou supérieure à dix ans, elle sera dispensée de ce processus. L’AMMC a pensé à deux méthodes pour tester les candidats : soit via un examen de renouvellement de l’habilitation, soit via un dispositif de contrôle continu des connaissances.
LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT ET LE TERRORISME Les candidats seront examinés sur quatorze thèmes, dont les cadres institutionnel et juridique, l’environnement économique, le contrôle interne et la déontologie, la réglementation pour lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Bien s’informer, mieux décider MAROC
ALGÉÉRIE Un général raconte le pouvoir
M6 ET LE PATIENT GABONAIS
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BÉNIN Bilan d’étape
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Acquitté le 15 janvier mais maintenu (provisoirement?) en détention, l’ancien président entend retrouver toute sa place sur l’échiquier politique ivoirien. Comment compte-t-il s’y prendre? A-t-il changé en prison? Et surtout: quelles conséquences pour l’élection d’octobre 2020?
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