JA 3046 DU 26 MAI AU 1ER JUIN 2019 GF CAMEROUN

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CÔTE D’IVOIRE

RD CONGO Que peut-on attendre du nouveau Premier ministre ?

LE SPHINX ET LES PRÉTENDANTS

INTERVIEW Vera Songwe : « Le FMI, c’est bien. La transparence, c’est mieux »

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3046 DU 26 MAI AU 1ER JUIN 2019

Yaoundé, le 20 mai

Spécial 10 pages

CAMEROUN

Au milieu du gué Sécessionnistes anglophones, opposants politiques, Boko Haram, mais aussi redémarrage économique et retour de la diaspora… À mi-chemin entre la présidentielle et les législatives prévues pour novembre, le pays que Paul Biya continue de gouverner à distance et en silence cherche encore la voie de l’apaisement.

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MARCO LONGARI/AFP

À Yaoundé, le 30 septembre 2018.

GRAND FORMAT

CAMEROUN

Équilibre instable e Cameroun est dans une position inconfortable ces derniers mois. La situation sécuritaire du pays reste toujours aussi délicate, entre la crise anglophone qui paralyse le Sud-Ouest et les attaques terroristes de Boko Haram, qui continue de frapper le Nord. Sa santé économique est encore chancelante, au lendemain de la brutale chute des cours pétroliers qui a touché l’ensemble des pays de la Cemac en 2017. Et si le Cameroun s’en sort mieux que ses voisins, les taux de croissance qu’il affiche ne lui permettront pas d’être au rendez-vous de l’émergence, fixé à 2035 par Paul Biya. Pour le chef de l’État, le plus important semblait avoir été acquis avec

L

sa réélection – sans surprise – en octobre. Sauf que, depuis, la scène politique du pays, si réputée pour sa stabilité, symbolisée par les trentesept années de règne en continu du chef de l’État, est des plus agitées. La faute en revient, selon les tenants du pouvoir, à l’opposition, qui persiste à contester sa défaite, à commencer par le candidat battu, Maurice Kamto, autoproclamé « président élu ». Le « vrai » chef de l’État a cru pouvoir remettre un peu d’ordre dans la maison en emprisonnant le récalcitrant. Mais c’est aujourd’hui lui qui se retrouve sous les feux des projecteurs, allumés par une communauté internationale inquiète de la tournure que prennent les événements.

Dans un tel contexte, tous les Camerounais semblent porter leur attention vers les prochaines élections législatives, attendues pour le mois de novembre. Très peu suivies en temps normal, elles font cette fois office de véritable troisième tour, notamment pour le chef de l’État, qui doit en profiter pour remporter la majorité parlementaire qui lui permettra d’asseoir son pouvoir. Paul Biya aura alors toutes les cartes en main pour remettre son pays sur les rails du développement économique. Et préparer en toute sérénité, un huitième mandat, si le cœur lui en dit, en 2025. À l’âge de 92 ans. OLIVIER CASLIN

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ENJEUX

D’un scrutin l

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l’autre

Crise anglophone, terrorisme, ralentissement économique… Sept mois après la présidentielle et à l’approche des législatives, le pouvoir est en difficulté. Mais ses adversaires sauront-ils en profiter? MATHIEU OLIVIER

Patrouille du bataillon d’intervention rapide à Buea, en zone anglophone, à quelques jours de la présidentielle, en octobre 2018.

REUTERS

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ans la prison centrale de Yaoundé, certains détenus ont conservé leur humour. Ils ont créé la république fictive de Kondengui, avec son président et ses ministres. Comme pour tourner en dérision le fait que le lieu accueille aujourd’hui une partie du gotha politique camerounais. Incarcéré depuis le 28 janvier et inculpé, entre autres, de « rébellion », Maurice Kamto vise bien plus haut que ce gouvernement de l’ombre: le patron du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) revendique toujours le (vrai) fauteuil du chef de l’État, qu’il estime avoir conquis à l’issue de la présidentielle d’octobre 2018. Arrivé second lors du scrutin, selon les résultats annoncés par le Conseil constitutionnel et qu’il conteste toujours, le « président élu » s’est lancé dans un bras de fer avec l’occupant du palais d’Etoudi, Paul Biya. Mais toutes ses demandes de mise en liberté lui ont été refusées, malgré les efforts de ses avocats(lire p. 100) et ses contacts mobilisés au Cameroun comme à l’étranger. Toutefois, le Parlement européen a appelé, dans une résolution, à sa libération. Et Washington pèse de tout son poids, notamment au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, pour l’obtenir. Paul Biya n’avait sans doute pas imaginé un tel début de septième mandat. Les premiers mois s’avèrent en effet compliqués pour le chef de l’État, et pas uniquement sur le plan politique. La Coupe d’Afrique des nations, qu’il avait promis d’accueillir en 2019, n’aura finalement lieu sur son sol que deux ans plus tard. Les chantiers ne sont pas achevés, et ce report semble avoir laissé des traces chez les Camerounais. Tout le monde cherche un responsable, que ce soit du côté du secrétariat général de la présidence, dirigé par Ferdinand Ngoh Ngoh, ou du ministère des Finances,

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piloté par Louis-Paul Motaze. L’ambiance est partout délétère, même au sein d’une présidence qui ne laisse d’ordinaire apparaître aucune faille.

Guerre de succession

« Il y a toujours eu des divisions au sein du parti au pouvoir [Rassemblement démocratique du peuple camerounais, RDPC], mais c’est la première fois qu’elles sont aussi visibles, analyse un politologue camerounais. La rivalité entre Ngoh Ngoh et Motaze prend des airs de guerre de succession. » L’opposition a alors beau jeu de jeter de l’huile sur le feu. Pour mieux diviser, Maurice Kamto s’appuie sur ses nombreuses connaissances au sein du RDPC, tout comme son conseiller Christian Penda Ekoka, lui aussi emprisonné. Quant à Akere Muna, son allié de circonstance lors de la présidentielle, il a maintenu ses réseaux au sein d’un appareil d’État qu’il a souvent défendu par le passé en tant qu’avocat. Dans ce contexte, le gouvernement n’a d’autre choix que de jouer la carte de l’unité et de la fermeté. Mais le défi est de taille, alors que le pays est confronté à deux des crises les plus graves de son histoire. Profitant de la faiblesse de l’armée fédérale nigériane, Boko Haram intensifie ses attaques au Cameroun, dans l’Extrême-Nord. Surtout, la « crise anglophone », qui a dégénéré à la fin de 2016 en quasi-guerre civile, endeuille les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. L’International Crisis Group a recensé plus de 1 850 morts, 530 000 déplacés internes et des dizaines de milliers de réfugiés. Face aux revendications d’indépendance des régions anglophones avancées par les Ambazoniens, Paul Biya a ouvert la voie du dialogue au début du mois de mai (lire

p. 102). « Le gouvernement est prêt à organiser une rencontre. Hormis la séparation et la sécession, toute autre chose peut être discutée », a affirmé à la mi-mai le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, alors qu’il était envoyé à Bamenda. Mais son message n’a pas suscité grand espoir. En juillet 2018, le cardinal Christian Tumi avait déjà annoncé un projet de conférence générale sur cette question. Mais, confrontée à un pouvoir récalcitrant, l’initiative a été reportée sine die. Si, selon René Emmanuel Sadi, le porte-parole du gouvernement, « la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest est en phase de reprise en main progressive », Yaoundé semble toujours en difficulté. Sur le plan économique, Yaoundé compte sur la production gazière et l’accroissement de la production énergétique pour redresser son économie après la chute des cours des hydrocarbures qui l’a durement frappé en 2016 (lire pp. 104105). Mais certaines annonces nourrissent les inquiétudes: si, en avril, Standard & Poor’s a maintenu la note « B/B » à la dette souveraine du pays, l’agence a révisé les perspectives de ses notes de « stable » à « négative » en raison des « risques extérieurs et budgétaires » pesant sur le pays. Combien de temps encore Paul Biya peut-il faire le dos rond, alors qu’il doit en plus gérer le calendrier politique en vue des législatives prévues pour novembre? Malgré ses divisions actuelles, le RDPC reste une machine bien huilée. Mais il fait face à un MRC bien décidé à rééditer ses performances d’octobre 2018, notamment dans l’Ouest et le long du Littoral. Avec ce nouveau scrutin, Paul Biya espère définitivement tourner la page de la présidentielle… Mais la partie est loin d’être gagnée.

Opposition En ordre dispersé

Les incertitudes sont grandes à l’approche des prochaines législatives, attendues en novembre au Cameroun. Préoccupée par la crise anglophone et perturbée par le malaise ambiant qui plane depuis la présidentielle d’octobre 2018, la classe politique semble faire peu de cas de ce scrutin, qui avait été reporté en juillet de la même année. Mais, à quelques mois de l’échéance, les préparatifs vont bon train. S’ils restent discrets, ils occupent une

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ALEXIS HUGUET/AFP

Tous sont d’accord pour attaquer le pouvoir de front aux élections. Mais pas forcément à l’unisson…

Un partisan du Social Democratic Front (SDF) lors de la campagne présidentielle.


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place de choix dans les agendas des différents partis. Il faut dire que l’enjeu est crucial pour l’opposition. Depuis la présidentielle, durant laquelle ont émergé de nouveaux visages, elle cherche à redessiner la carte politique du pays. Et elle ne veut pas perdre de temps: le pouvoir semble avoir tiré des leçons de ses dernières contre-performances et reprendre du poil de la bête ces dernières semaines. Pour éviter que le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) et ses alliés ne profitent une nouvelle fois de leur désunion, les états-majors des différents partis d’opposition peaufinent leur stratégie.

EN DÉBAT

Le piège Kamto

E

MATHIEU OLIVIER

n janvier, l’opposant Maurice Kamto, qui se dit « président élu » depuis la présidentielle de 2018, a célébré ses « cent jours ». Ses équipes étaient à pied d’œuvre, avec une obsession: ne pas finir comme Jean Ping, l’opposant gabonais qui se revendique « président élu » depuis… 2016. Il est vrai qu’en Afrique centrale le destin de l’« élu » est parfois cruel et souvent sans lendemain. Kamto voulait donc écrire un autre scénario en occupant le terrain pour conserver l’élan de la présidentielle. Mais le 28 janvier, deux jours après une « marche blanche » pacifique, il a été arrêté puis inculpé, accusé de rébellion, d’insurrection et d’hostilité à la patrie. On lui reproche notamment d’avoir provoqué le saccage de l’ambassade camerounaise à Paris, le 26 janvier. Ce qu’il nie vigoureusement. Pour sortir de la prison de Kondengui, l’ex-ministre délégué à la Justice s’est entouré d’avocats chevronnés, camerounais mais aussi français et gabonais, qu’il a chargés de trouver la meilleure riposte juridique… et médiatique. C’est ainsi qu’en mars par voie de presse, et par la voix d’Éric Dupond-Moretti, ténor du barreau de Paris, il a invité Paul Biya à dialoguer avec lui. Une proposition guère appréciée – c’est un euphémisme – par le chef de l’État. René Emmanuel Sadi, le porte-parole du gouvernement, est rapidement intervenu pour éteindre le début d’incendie, mais il était déjà trop tard. Aujourd’hui, les États-Unis s’inquiètent de la détention de Kamto, l’Union européenne la dénonce, et les Nations unies s’interrogent sur les raisons qui la motivent. Que faire désormais du prisonnier le plus célèbre du Cameroun? « Le libérer accréditerait la thèse du procès politique et signifierait que Yaoundé cède à la pression, s’inquiète un membre du parti au pouvoir. Mais le condamner ferait de lui un martyr, et cela aux yeux du monde entier. » Pour la première fois depuis longtemps, le pouvoir doit sortir de sa zone de confort, celle de l’ombre et du silence, au grand dam d’un Paul Biya toujours très attaché à l’image internationale de son pays. Mais en emprisonnant Maurice Kamto, c’est lui qui se retrouve pris au piège.

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Fragiles alliances

Mais, à ce jour, aucun bloc commun n’est envisagé. Malgré les appels à l’union de certains acteurs politiques, les rares alliances constituées pendant la présidentielle battent de l’aile. Leader du mouvement Onze Millions de citoyens (OMC), Cabral Libii est ainsi accusé de fronde par le parti Univers, qui l’avait investi à la présidentielle. Contrairement à la convention qui les liait, celui-ci est en train de créer sa propre formation, Les Citoyens, et s’apprête à présenter ses propres candidats. Soudée jusqu’à la proclamation des résultats à la présidentielle, la coalition constituée par Maurice Kamto et Akere Muna a finalement éclaté. Alors que le premier est en prison depuis plusieurs mois, le second renonce à la création de son parti politique – qu’il avait pourtant plusieurs fois annoncée – pour mieux se consacrer à la résolution de la crise anglophone. Q u a n t à la par t ic ipa tio n du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), elle reste en suspens à la suite de l’incarcération de ses principaux leaders. Les troupes du MRC continuent cependant à s’activer sur le terrain, tout comme celles du Social Democratic Front (SDF), malgré les troubles dans son fief anglophone. Dans un paysage politique en pleine mutation, les formations politiques de tous bords ont bien conscience que boycotter ces législatives reviendrait à signer leur arrêt de mort. FRANCK FOUTE, à Yaoundé



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EXÉCUTIF

Grégoire Owona

Ministre du Travail et de la Sécurité sociale, secrétaire général adjoint du RDPC

« Le président ne veut pas voir le pays morcelé »

Propos recueillis à Yaoundé par FRANCK FOUTE

69 ans, Grégoire Owona est l’un des plus fidèles collaborateurs du président Paul Biya. Il occupe depuis 1992 le poste de secrétaire général adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Une fonction qu’il cumule depuis 2011 avec celle de ministre du Travail et de la Sécurité sociale.

À

Jeune Afrique : Les députés du RDPC ont voté une révision partielle du code électoral plutôt que de réexaminer l’ensemble du texte, comme le demandait l’opposition. Le dialogue est-il encore possible dans le système politique camerounais?

Grégoire Owona : Il n’y a aucune raison de penser que nous puissions être hostiles au dialogue. La révision du code visait à introduire des élections régionales. Nous pourrons envisager quelque chose de plus global le moment venu, si cela s’avère nécessaire. Mais, dans une démocratie, celui qui contrôle la majorité a le droit de faire des choix politiques. Et en attendant que les règles actuelles changent, il faut les respecter.

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Les leaders aujourd’hui emprisonnés ne sont-ils pas les seuls capables de faire taire les armes du côté des sécessionnistes ?

Si c’est le cas, qu’ils donnent des mots d’ordre pour que cesse la violence et qu’ils désignent leurs représentants pour discuter de la paix. Le président Paul Biya les a invités à déposer les armes. Il a créé une structure de réinsertion, exhorté au pardon et au dialogue. Que faut-il de plus? Le 9 mai à Bamenda, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a affirmé que le chef de l’État était prêt à débattre de tout, sauf de la sécession. Le fédéralisme est-il désormais une option pour le pouvoir de Yaoundé ?

Je ne sais pas si le fédéralisme est une option, mais il n’a jamais été un tabou au Cameroun. Dans ses textes fondateurs, le SDF (Front social démocrate) prône ce système, et c’est un parti autorisé. Nous sommes prêts à en discuter car cela nous donnera l’occasion de faire valoir nos arguments pour la décentralisation telle que voulue par le président. Mais toute sécession est à exclure. Le président a hérité d’un pays uni et il ne veut pas le voir morcelé. La communauté internationale dénonce l’arrestation de Maurice Kamto. Comment le gouvernement peut-il gérer cette situation?

MABOUP POUR JA

L’exécutif parle de dialogue dans les zones anglophones. Mais avec quels négociateurs ?

Les interlocuteurs côté gouvernemental sont bien connus. Les Premiers ministres se sont succédé auprès de la population et des leaders traditionnels de ces régions. Le secrétaire général du RDPC [Jean Nkuete] était sur le terrain, et je m’y suis moi-même

rendu. Malheureusement, la crise persiste, et nous souhaitons aller plus loin dans le dialogue pour que cessent les exactions commises par ceux qui ont pris le maquis et le quittent pour tuer, piller, détruire les villages… Nous attendons d’avoir devant nous des gens reconnus comme porte-parole de leur camp. C’est plutôt de ce côté qu’il faut demander qui sont les interlocuteurs.

Les organismes internationaux n’ont pas à faire pression, ni à nous donner de leçons. Force doit rester à la loi. Maurice Kamto a été interpellé pour des activités illicites et violentes dans plusieurs capitales. Des personnes ont brandi des portraits de lui au cours de ces actions. Il appartient à la justice de déterminer les responsabilités de chacun, de les libérer ou de les condamner.


PUBLI-REPORTAGE

BEAC

Banque des États de l’Afrique Centrale

La BEAC, partie prenante du processus de mise en oeuvre du PREF-CEMAC

Le PREF-CEMAC a été adopté par les Chefs d’État de la CEMAC lors de leur Sommet Extraordinaire du 30 juillet 2016 à Malabo. Ce Programme vise à concevoir et à mettre en œuvre des actions rapides, vigoureuses et coordonnées sur le double plan national et sous régional, pour la stabilisation du cadre macroéconomique et la transformation structurelle et profonde des économies de la Sous-région, avec l’appui de la Communauté internationale. Placé sous la présidence dédiée de Son Excellence Denis SASSOU-N’GUESSO, Président de la République du Congo, ce programme comporte plusieurs organes opérationnels, à savoir le Comité de Pilotage (composé des Ministres et des Premiers responsables des institutions de la CEMAC), la Cellule de Suivi (composée des représentants des Etats et des institutions de la CEMAC), et le Secrétariat Technique (composé des représentants de la Commission de la CEMAC, de la BEAC et de la BDEAC). Au cours de leur Sommet Extraordinaire du 23 décembre 2016 à Yaoundé, les Chefs d’État, après avoir rejeté l’hypothèse d’un ajustement monétaire, ont décidé de la mise en œuvre des politiques d’ajustement sur les plans budgétaire, monétaire et structurel pour apporter des solutions à la crise économique vécue par les Etats membres. Le suivi de la mise en œuvre de ces politiques a été confié au PREF-CEMAC sur la base de plusieurs orientations précises. Les éléments de la matrice des mesures constituent le cadre de référence à l’échelle sous régionale pour la mise en œuvre des politiques économiques nationales, en particulier avec le soutien des institutions de Bretton-Woods. Conformément à ce mandat, le Comité de Pilotage a adopté une matrice des actions du PREF-CEMAC articulée autour de cinq piliers, relatifs : I) à l’amélioration des politiques budgétaires, II) à l’orientation appropriée de la politique monétaire ainsi que le maintien de la stabilité et le renforcement du système financier, III) à l’approfondissement des réformes structurelles, IV) à la dynaLES PAYS misation de l’intégration DE LA CEMAC : régionale, et V) au renforceCAMEROUN ment de la coopération CENTRAFRIQUE internationale.

Le pilier 1 est consacré au renforcement de la politique budgétaire et vise à améliorer la mobilisation des recettes non pétrolières ainsi que les capacités des administrations publiques nationales.

Le pilier 2 englobe plusieurs aspects essentiels, dont le renforcement de l’efficacité de la politique monétaire, la reconstitution des réserves de change, le renforcement de la stabilité et de l’inclusion financière dans la CEMAC, la lutte contre le blanchiment de capitaux ainsi que la redynamisation des marchés financiers et la réforme de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC).

Le pilier 3 vise la mise en place d’une stratégie intégrée de diversification des économies et d’amélioration du climat des affaires, notamment par l’opérationnalisation de l’Observatoire du Climat des Affaires dans la CEMAC.

Le pilier 4 se concentre sur l’intégration régionale avec l’accélération de l’édification du marché commun et le renforcement de l’appareil statistique de la sous-région.

Enfin, le pilier 5 vise le recours au FMI et aux autres partenaires techniques et financiers.

S’agissant en particulier de l’intégration régionale, les engagements pris par l’ensemble des États membres consistent en l’ouverture intégrale de leurs frontières aux ressortissants de la Communauté d’une part, et en l’édification d’un marché commun à travers l’adoption d’un Tarif Extérieur Commun (TEC) effectif d’autre part. Par ailleurs, l’unification des deux marchés financiers, décidée par la Conférence des chefs d’État, participe de la même logique d’intégration régionale. Décidée en octobre 2017 par les Chefs d’État de la CEMAC, elle consistera en la fusion : ›

Des deux bourses, la Bourse de Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) et la Douala Stock Exchange (DSX) ;

Des deux régulateurs, la Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale (COSUMAF) et la Commission des Marchés Financiers (CMF) ;

Et des dépositaires centraux, la BVMAC, la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) et la Cellule de Règlement et de Conservation des Titres (CRCT) ; la BEAC étant retenue comme dépositaire central transitoire.

BP 1917 - Yaoundé, Cameroun Tél. : (+237) 222 23 40 30/ 222 23 40 60 Fax : (+237) 222 23 34 68 Email : communication@beac.int

CONGO

GABON GUINÉE ÉQUATORIA ALE TCHAD

Chaque pilier du programme se décline en objectifs

Banque des États de l’Afrique Centrale

www.beac.int

JAMG - Photos : D.R.

ABBAS MAHAMAT TOLLI, Gouverneur de la BEAC

généraux et spécifiques assortis de mesures et d’actions concrètes à mettre en œuvre suivant un échéancier défini.


Grand format CAMEROUN

ÉCONOMIE

Entre deux eaux Frappé en 2016 par la chute des cours des hydrocarbures, le pays a su retrouver le chemin de la croissance grâce à la diversification de l’activité. Mais de nombreux progrès restent à faire pour parvenir à l’émergence. OMER MBADI, à Yaoundé

L

es décisions annoncées par Standard & Poor’s, le 12 avril, reflètent bien les paradoxes de l’économie camerounaise. Si l’agence a maintenu ses notes « B/B » à la dette souveraine du pays, elle a, dans le même temps, fait passer ses perspectives de « stables » à « négatives ». Une première pour le pays. Et l’agence a déjà laissé entendre que ces notes à court et à long termes pourraient être abaissées si des ajustements n’étaient pas effectués sur les comptes publics et si l’endettement n’était pas maîtrisé. L’avertissement n’a pas refroidi le FMI, qui, le 3 mai, a autorisé le décaissement de 76,5 millions de dollars dans le cadre du programme signé en juin 2017 avec Yaoundé. Le pays s’apprête dans le même temps à lever pour 150 milliards de F CFA

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(228,7 millions d’euros) d’obligations du Trésor assimilables (OTA). Une formalité selon les analystes, tant la signature du Cameroun semble aujourd’hui crédible sur les marchés. Ainsi va le patient camerounais, dont le bulletin de santé oscille entre espoirs et inquiétudes depuis qu’il a été frappé, en 2016, par la chute brutale des cours des hydrocarbures. Grâce à la diversification de son économie, il a été bien moins affecté que ses voisins de la Cemac, mais la convalescence est encore loin d’être terminée. Bien qu’encore très lente, la reprise entamée en 2017 continue de s’affermir. Après être monté à 4 % en 2018, le taux de croissance du pays devrait parvenir à 4,3 % en 2019, selon le FMI. Encore plus enthousiaste, Yaoundé le voit même à 4,5 %. Un optimisme nourri par le rebond attendu de la production pétrolière, qui devrait atteindre les 24,5 millions de barils, conjugué à un prix du baril bien supérieur aux 65 dollars retenus dans les


Le port en eau profonde de Kribi, entré en exploitation en mars 2018.

LYU SHUAI/XINHUA/REA

UN VIVIER DE PROJETS MINIERS Le démarrage des opérations du port en eau profonde de Kribi, en 2018, a permis de remettre au goût du jour les projets miniers camerounais. C’est le cas du gisement de bauxite de MinimMartap (Nord), en phase d’exploration depuis bientôt un an par la junior australienne Canyon Resources, à travers sa filiale Camalco. Il contiendrait des réserves prouvées de 550 millions de tonnes, avec des teneurs en alumine de 45 %, comparables à celles des mines guinéennes. Canyon Resources envisage d’extraire

prévisions budgétaires. La montée en puissance de la production gazière devrait également soutenir la tendance, tout comme l’entrée en activité du port en eau profonde de Kribi et les chantiers liés à l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en 2021. Un temps ralenti, le rythme des travaux s’est accéléré, suffisamment pour soutenir l’activité économique du premier semestre de cette année.

Faible gouvernance

Les nuages continuent pourtant de s’amonceler dans le ciel camerounais. Le défi sécuritaire, notamment celui lié à la crise dans les régions anglophones, commence à coûter très cher. En plus d’entraîner des dépenses faramineuses, il limite les activités économiques dans les régions concernées. Deuxième employeur du pays après l’État, la Cameroon Development Corporation (CDC), qui produit de l’huile de palme, de l’hévéa ou de la banane, doit faire face au ralentissement de ses activités. Autant d’événements qui surviennent alors que la dette du Cameroun a enflé ces dernières années dans la tentative de rattraper – en vain – le retard du pays en matière d’infrastructures. Au point d’inquiéter un temps le FMI, jusqu’à ce que Yaoundé ne lui montre que la situation était sous contrôle.

annuellement 10 millions de t de minerai dès 2024. Ces volumes seraient ensuite transportés sur 700 km par chemin de fer. Pour ce faire, l’opérateur vient de conclure un partenariat avec le français Bolloré Transport & logistics (BTL), qui gère l’entreprise ferroviaire Camrail ainsi que le terminal à conteneurs de Kribi. Pour qu’un tel service voie le jour, le portugais Mota Engil doit encore construire, dans les quatre ans, les 130 derniers kilomètres de tronçon manquant entre Édéa et Kribi. Le projet d’exploitation du minerai de fer de Ngovayang renaît

également de ses cendres. Après avoir racheté les trois permis détenus par l’australien Legend Mining, l’indien Jindal Steel and Power vient de lancer les premiers forages destinés à évaluer le potentiel du gisement. S’il est prématuré de déterminer le montant des investissements à réaliser, ces deux projets replacent déjà le Cameroun sur la carte mondiale du secteur minier. En attendant la relance de l’exploitation du fer de Mbalam-Nabeba, situé à la frontière avec le Congo.

O.M.

Mais les retards pris dans le démarrage de nombreux projets structurants ont mis en évidence la faiblesse de la gouvernance camerounaise. Et les objectifs affichés dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), le plan pour l’émergence du Cameroun, dont la première phase arrive à son terme cette année, sont loin d’avoir été atteints. Prévu à 5,5 % par an en moyenne sur la période 2010-2020, le taux de croissance économique n’a en fait jamais dépassé les 5 %. Le taux de pauvreté, qui devait être ramené de 40 % à 28,7 % sur la même période, a reculé d’à peine trois points. Enfin, le sous-emploi, censé devoir être ramené de 75 % à 50 %, atteint toujours les 67 %. Le Centre d’analyse et de recherche sur les politiques économiques et sociales du Cameroun (Camercap) vient de publier un rapport sur l’avancement du DSCE. Parmi les principales erreurs pointées par le think tank : la faible coordination de l’ensemble, l’absence d’appropriation par la population, la dispersion des ressources ou encore un leadership insuffisant. Autant de carences qui devront être corrigées lors du lancement de la deuxième phase du DSCE (de 2020 à 2028) pour que l’émergence soit bien au rendez-vous, fixé à 2035.

jeuneafrique no 3046 du 26 mai au 1er juin 2019

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Bab ba Danpullo Group

BAG SA : un acteur majeur de l’économie camerounaise

Baba Ahmadou Danpullo Group (BAG SA) est un groupe dynamique et éthique, qui a pour ambition de devenir un acteur économique incontournable dans les secteurs d’activités où il est présent. Sa progression a contribué à l’essor économique du Cameroun. M. Baba Ahmadou Danpullo, PDG de Baba Ahmadou Danpullo Group (BAG SA)

du thé : le thé glacé (IcedTea). « La consommation de thé glacé enregistre une forte croissance dans le monde. Nos recherches ont mis en évidence l’importance des vertus de cette boisson pour la santé et l’absence d’une boisson véritablement concurrente sur nos rayons » explique-t-on au siège du groupe. La recherche d’un partenariat stratégique est l’option privilégiée.

L

Fondé en 1977 par Baba Ahmadou Danpullo, Danpullo entrepreneur et hommes d’affaires originaire du Cameroun anglophone, le groupe opère dans plusieurs secteurs. Il a également mené une diversification géographique remarquable puisqu’il est aussi présent en Afrique du Sud, au Nigeria et en Suisse. Son exigence de qualité participe à l’ancrage d’une culture d’excellence tout en préservant, dans le même temps, les valeurs humaines qui en sont les fondations.

Thé : adaptation à la demande mondiale Le groupe est un important producteur du thé avec deux sociétés (Cameroon Tea Estates, CTE ; et Ndawara Highland Tea Estate, NHTE) et une présence sur l’ensemble de la filière : plantations (10 000 hectares) et usines de traitement et de conditionnement. La capacité de production est de 8 000 t/an, dont 80 % sont destinées à l’exportation (thé en vrac de 20 kg et 40 kg) et 20 % vendues sur le marché local (infusettes et thé en sachet). La stratégie a consisté à s’adapter aux évolutions de la demande. L’existence d’une forte concurrence, la saturattion progressive du marché du thé noir et l’augmentation de la consommation de thé vert dans le monde, particulièrem ment en Afrique du nord, ont conduit le groupe à envisager dans les mois à venir la création d’une ligne de production de thé vert à Ndawara. Le groupe veut franchir un pas supplémentaire. Il envisage de mettre prochainement sur le marché une boisson saine à base

Récolte dans une plantation de thé Ndawara

Une forte présence dans l’agro-industrie Le groupe est également présent dans d’autres secteurs stratégiques de l’agro-industrie. Avec 11 % du capital, BAG SA, à travers sa filiale Smic SA, est, après l’État du Cameroun (49 %) et le français Geocoton (30 %), l’un des actionnaires de Sodecoton, une société créée par le gouvernement camerounais pour superviserles activités de la culture et du commerce du coton au Cameroun. Basée à Garoua, dans la partie nord du Cameroun, Sodecooton est une société agro-industriellee de référence dans la sous-région. Autre exemple: l’élevage avec la filiale fi Elba Ranch Tld, une entreprise famif mpte liale fondée en 1976, qui com trois ranchs situés à Ndawara, Esu et Batcham, dans le nord-ouest cameerounais. Elle possède environ 20 000 têtes t de bétail. Elle est également l’un des plus grands éleveurs d’ovins et dee caprins d’Afrique centrale.


Chaîne de production de thé Ndawara

Diversification dans les services

Enfin, le groupe envisage de se lancer dans la recherche d’hydrocarbures et l’exploration minière, grâce à sa filiale Best Petroleum qui a signé un contrat de recherche et de partage de production d’hydrocarbures avec l’Agence de gestion et de coopération entre le Sénégal et la Guinée-Bissau. BAG SA à travers sa filiale envisage de faire couler sa première goutte de pétrole d’ici 9 à 18 mois.Une nouvelle diversification qui correspond à l’existence de réelles opportunités d’affaires. Plus que jamais, BAG SA confirme qu’il est un acteur majeur et dynamique de l’économie camerounaise qui se destine a devenir bientôt un groupe de classe mondiale.

Le groupe s’est diversifié avec succès dans les services. Il a investi dans l’immobilier par le biais de Bestinver, filiale de droit sud-africain, qui possède des actifs immobiliers (entrepôts, centres commerciaux, immeubles à usage commercial, etc.) au Cameroun, au Nigeria, en Afrique du Sud, en Europe et aux États-Unis. L’entrée dans le transport aérien représente un pari audacieux mais réussi. Basée au Cap, en Afriquedu Sud, la compagnie aérienne à vocation régionale Star Away Airlines garantit à ses clients des conditions de sécurité optimales. Chaque aspect opérationnel de l’entreprise, qu’il s’agisse de l’entretien des appareils, des infrastructures ou du personnel, a été conçu et développé sur la base de normes de qualité telles que celles appliquées dans l’Union européenne. Elle possède une filiale spécialisée dans le fret.

Télécommunications et médias Fort de ses succès, il était logique de s’intéresser aux activités d’avenir. Dernier-né des trois opérateurs de téléphonie cellulaire sur le marché camerounais, Viettel Cameroun a lancé ses activités commerciales le 12 septembre 2014 sous le nom commercial de Nexttel. BAG SA est présent en tant qu’actionnaire minoritaire via sa filiale Bestcam (30 %), le reste du capital étant détenu par le groupe vietnamien Viettel Global. L’opérateur revendiquait, fin 2018, cinq millions d’abonnés. Nexttel détient actuellement une part de marché d’environ 25 %, ce qui représente une percée substantielle face aux deux leaders du marché, MTN Cameroon et Orange Cameroun. Dan Broadcasting System (DBS) est une chaîne de télévision, basée à Douala, qui émet depuis 1er juin 2009. Elle a vocation à traiter de l’information économique, des ffaits politiques et de société. Dans un souci de proximité, elle propose des programmes e fufulde, haoussa, douala, pidgin, ewondo, en b bassa et certaines autres langues locales. Elle ddonne la priorité aux jeunes journalistes.

Antenne-relais de téléphonie mobile

UN GROUPE DOTÉ DE VALEURS SOLIDES La mission de BAG SA est de contribuer à l’émergence de l’économie du Cameroun et des pays où nous sommes présents en impactant de manière positive la vie des populations Notre vision est claire : nous souhaitons bâtir un groupe de classe mondiale et être leader dans tous nos secteurs d’activités, en garantissent à nos potentiels partenaires des revenus durables. Les valeurs du groupe sont les suivantes :

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INTÉGRITÉ

Exigence de qualité dans les échanges avec nos partenaires, et la satisfaction de nos clients.

AUTHENTICITÉ

Nous nous inspirons toujours de nos traditions et culture pour nous ouvrir au monde.

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TRAVAIL

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LEADERSHIP

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Nous considérons l’accomplissement comme le but à atteindre par le travail bien fait. Affirmer notre leadership non-seulement dans tous nos secteurs d’activités, mais aussi dans le développement des communautés.

AMÉLIORATION CONTINUE

Contribuer au développement personnel et collectif par la promotion d’une culture d’excellence.

JAMG - PHOTOS : DR

La société Moulin Coq Rouge (MCR) est spécialisée dans la fabrication de farine de blé dont la qualité est très appréciée par les consommateurs. Sa capacité de production actuelle est de 400 t de farine par jour pour une production effective de 325 t/j. Elle produit de la farine boulangère avec pour spécificité l’incorporation d’additifs ainsi que de la farine spéciale destinée à la préparation de beignets, un produit très demandé localement.

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COMMUNIQUÉ

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Grand format CAMEROUN ÉCONOMIE

ENTREPRENEURIAT

Le retour du businessman

Après avoir fait leurs armes en Europe, ils ont décidé de développer leur activité au pays. Dans leurs bagages : une solide expérience, mais aussi une soif d’innover. GEORGES DOUGUELI

WILLIAM FOTCHINE Pionnier de la déco

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ien sûr, William Fotchine continue de passer régulièrement en Auvergne, où vit sa famille, et à Paris, où est installé le siège de Coplacam Design and Build, l’entreprise qu’il a fondée en 2007. Mais le Camerounais est en train de se réinstaller dans son pays, à mesure qu’avance son nouveau projet : une activité d’importation de plaques de fibres-gypse et de design d’intérieur. « Je commence par le Cameroun parce que c’est mon pays d’origine, mais aussi parce que c’est un endroit où l’on construit énormément et où, comme ailleurs sur le continent, la décoration intérieure est encore

une expertise très marginale », confie l’entrepreneur de 53 ans. Pour convaincre ses futurs clients, William Fotchine s’est lancé dans la construction d’une matériauthèque dont l’inauguration est prévue dans le courant de juin à Yaoundé. Ce show-room servira à promouvoir un savoir-faire déjà largement reconnu en France, où ce self-made-man a rénové ou réaménagé plusieurs sièges sociaux d’entreprise, des hôtels particuliers et des boutiques de luxe. Si William Fotchine n’est pas diplômé en architecture, il sait pouvoir s’appuyer sur ses talents de vendeur pour séduire les clients. Et ses nombreux projets en 3D, stockés dans un ordinateur qui ne le quitte jamais, suffisent à les rassurer. En France aujourd’hui, et au Cameroun demain.

CHRISTIAN NGAN Du capital au végétal

VINCENT FOURNIER/JA

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hristian Ngan a réalisé le grand saut en 2012. Alors qu’il avait réussi à trouver ses marques dans le monde très fermé de la finance parisienne, notamment chez le capital-investisseur Quilvest Private Equity, il décide de tout plaquer pour rentrer dans son pays d’origine. Écœuré par le phénomène de dépigmentation volontaire de la peau qu’il a constaté lors de son passage en Europe, Christian Ngan se saisit de ce problème de santé publique. Il veut formuler des alternatives à l’utilisation massive de produits éclaircissants, dangereux pour la santé de leurs utilisateurs. Il se lance ainsi


CHRISTIAN KOUAM Un virage bien négocié

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MAX MBAKOP TCHIKAPA POUR JA

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hristian Kouam, bientôt 45 ans, a passé vingt ans de sa vie en Allemagne. En 2015, il a plié bagage pour rentrer au Cameroun. « Après tant d’années passées à l’étranger et toutes ces connaissances acquises, il était temps pour moi de rentrer transmettre mon expérience aux plus jeunes. » Exit Wolfsburg et ses quinze années d’expérience comme ingénieur chez le premier constructeur européen, Volkswagen. Un départ qui en a surpris plus d’un, notamment au sein de la communauté des 8000 ingénieurs camerounais présents outre-Rhin, où Christian Kouam était devenu une référence. Également titulaire d’un doctorat en management, il décide alors de démarrer une nouvelle vie d’entrepreneur. S’appuyant sur ses relations privilégiées avec Volkswagen, il en devient le représentant exclusif à Douala. À peine débarqué, il mobilise 1,5 milliard de F CFA (2,3 millions d’euros) et rachète le fonds de commerce d’une vieille concession automobile. Quatre ans plus tard, l’Autohaus Volkswagen Cameroun emploie vingt-cinq personnes et dispose

de 3 500 m² de garages, bureaux et parkings, dans le quartier d’affaires d’Akwa. Mais Christian Kouam a un autre motif de fierté. Bien décidé à développer les transferts de compétence en faveur de son pays, il a créé, toujours à Douala, l’Automotive Service Training Academy (Asta). La première promotion de seize techniciens de l’automobile a été diplômée en 2018.

dans la fabrication de cosmétiques à base d’actifs végétaux 100 % naturels et fonde sa propre marque, Madlyn Cazalis. Un sacré pari pour ce diplômé de l’École de management de Lyon, également titulaire d’une maîtrise de gestion obtenue à l’université Panthéon-Sorbonne à Paris – défi d’autant plus difficile à relever qu’au Cameroun l’accès au financement reste la difficulté majeure pour tout investisseur. « J’ai dû attendre trois ans d’activité pour toucher 10 millions de F CFA (environ 15 000 euros). Ce qui ne m’a pas empêché, malgré le manque de moyens financiers, d’afficher un très

bon bilan », raconte Christian Ngan qui, à 35 ans, continue d’afficher un optimisme sans faille. Madlyn Cazalis propose désormais vingt-cinq produits (à base d’aloe vera, de beurre de cacao, de citron, d’avocat, de concombre…), distribués dans plus de 200 points de vente répartis sur le territoire camerounais. Afin d’augmenter ses capacités de production, il fait construire une nouvelle usine à Yaoundé, pour un coût de 1,5 milliard de F CFA. Car l’ancien banquier ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : il teste aujourd’hui le marché gabonais et vise celui de la Côte d’Ivoire.

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