JA n° 3047 du 2 au 8 juin 2019 GF COTE D'IVOIRE

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INTERVIEW

BÉNIN Bruno Amoussou, l’éminence grise de Talon

MOÏSE KATUMBI : « Ce que je veux pour le Congo »

FINANCES BNP : out of Africa ?

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3047 DU 2 AU 8 JUIN 2019

À dix-sept mois de la présidentielle, la classe politique est en pleine effervescence. Les alliances se font et se défont, et les candidats potentiels affûtent leurs armes. Quant au gouvernement, il entend mener à bien les derniers chantiers des « années Ouattara ». SPÉCIAL 30 PAGES

CÔTE D’IVOIRE

Grands projets

petites manœuvres .

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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 birrs Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 5 € Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 4 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285

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CÔTE D’IVOIRE Accélérer la croissance, résoudre le problème de l’emploi

constats tirés lors du Forum d’Abidjan, le PNE (Programme national d’enquêtes) prévoit d’améliorer la corrélation entre l’offre et la demande exprimée par le marché du travail, de rationaliser le cadre institutionnel et la législation du travail pour qu’elle soutienne encore davantage l’activité économique.

© NABIL ZORKOT POUR JA

Le document veut aussi améliorer l’appareil statistique national pour avoir une meilleure lecture des événements. La Fondation Mo Ibrahim ne dit pas autre chose quand elle souligne dans son rapport l’absence générale de données fiable sur le continent, le plus souvent incomplètes et conduisant à une perception erronée qui limite l’application de politiques ordonnées.

≥ Chaîne d’emboîtage de thon de la conserverie Scodi à Abidjan

L’industrie, véritable gisement d’emplois La Côte d’Ivoire sait que c’est en transformant ses ressources naturelles qu’elle s’assurera un avenir industriel, source d’emplois pour la population et de valeurs ajoutées pour les opérateurs privés. L’agro-industrie pèse à elle seule pour les trois-quarts du secteur manufacturier ivoirien. La filière cacao transforme localement 30 % de ses volumes exportés. Loin des 50 % visés dans le Plan national de développement (PND), 2016-2020, mais de nouvelles incitations fiscales doivent être

adoptées prochainement pour motiver la transformation locale des fèves. Les pouvoirs publics portent également une attention particulière vers la filière anacarde qui emploie déjà 225 000 personnes, alors que le premier producteur africain transforme encore à peine 10 % des 800 000 tonnes de noix de cajou qu’il produit chaque année. D’importants gisements d’emplois existent dans les filières plastiques et chimiques, cuir et plastique, ainsi que dans les nombreuses autres activités du primaire et du tertiaire, qui font de l’économie ivoirienne la diversifiée d’Afrique de l’Ouest.

Les autorités ivoiriennes réfléchissent depuis plus d’un an à introduire des quotas réservés aux travailleurs locaux dans le secteur minier. Un essai qui pourrait ensuite se généraliser aux autres filières et concerner tous les grands projets d’envergures en cours ou à venir dans le pays. En plus d’assurer le recrutement direct d’une main-d’œuvre nationale, le contenu local – local content

En attendant le local content La Côte d’Ivoire a établi une véritable stratégie en matière de politique de l’emploi, détaillée dans le plan national présenté en 2016. Il vise à créer 200 000 emplois par an à l’horizon 2020, notamment dans les catégories particulièrement vulnérables que sont les femmes et les jeunes. Comme en réponse aux

© OLIVIER POUR JA

Créer 200 000 emplois par an, c’est l’objectif de l’État. Après le développement des infrastructures, et les diverses réformes faites, notamment sur le plan de la santé et de l’éducation, la Côte d’Ivoire accélère les réformes et s’oriente vers l’industrialisation.

Grâce au PNE, ce n’est pas le cas de la Côte d’Ivoire qui a déjà réalisé certaines promesses en faveur de l’emploi des jeunes, à commencer par la création en 2016 d’une Agence emploi jeune (AEJ), qui fonctionne comme un guichet unique, avec incitations fiscales à la clé. Avant de jouer la carte de la préférence nationale, comme d’autres pays africains avant lui.

≥ 800 000 tonnes de noix de cajou sont produites chaque année en Côte d’Ivoire.


MESSAGE

Le 12e Forum Mo Ibrahim s’est tenu à Abidjan du 5 au 7 avril. Comme

en anglais - permet également de soutenir la création et l’activité des PME ivoiriennes, de multiplier les transferts de technologies et de développer les compétences des individus. Il apparaît aujourd’hui, aux yeux des experts internationaux, comme l’outil indispensable pour promouvoir une croissance inclusive dans un pays.

pour récompenser la Côte d’Ivoire d’avoir réalisé, en dix ans, la plus belle progression du continent à l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique

Croissance et transparence Et en la matière, le gouvernement ivoirien est bien conscient qu’il lui reste encore beaucoup à faire. Comme dans l’ensemble des pays du continent, les taux de croissance robustes enregistrés ces dernières années par le pays – plus de 8 % en moyenne – n’ont pas suffi pour sortir une large partie de la population de son indigence. Pour relever le défi de la pauvreté, le gouvernement a adopté début 2018 son Plan d’actions prioritaires (PAP), destiné à lutter contre la pauvreté. Ce dispositif vient en complément de nombreux autres qui permettent aujourd’hui à la Côte d’Ivoire d’afficher la plus belle progression à l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIGA). Le pays se classe en 22e position en 2018 alors qu’il était 41e dix ans plus tôt, réussissant à améliorer ses scores

(IIGA).

≥ Unite de transformation du Cacao Chocoivoire à San Pedro.

dans chacune des quatre catégories de l’indice : sécurité et État de droit, participation et droits humains, développement économique durable, développement humain.

CHIFFRES DU RAPPORT IIGA (COMPARATIF 2008 – 2018 – SOURCE FONDATION MO IBRAHIM)

+15,9 points

enregistrés par la Côte d’Ivoire en matière de Participation et droits humains, soit la deuxième progression

C’est en matière de transparence, de participation démocratique ou encore de politiques éducatives et sanitaires que les indices ivoiriens ont le plus progressés en dix ans. « Un bilan très positif », estime la fondation Mo Ibrahim dans ses conclusions, qui devrait encore renforcer l’attrait de la Côte d’Ivoire auprès des investisseurs privés qui créeront les emplois ivoiriens de demain.

la plus forte du continent.

+ 36,7 points enregistrés par la Côte d’Ivoire en matière de gestion budgétaire et financière, soit la cinquième meilleure progression à l’échelle de l’Afrique.

+23,2 points

133 MILLIARDS DE F CFA PRÉVUS

enregistrés par la Côte d’Ivoire en matière de transparence, soit la meilleure progression

POUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE

d’Afrique

+22,6 points

enregistrés par la Côte d’Ivoire en matière d’État de droit, soit la deuxième meilleure amélioration du continent.

+38,8 points

enregistrés par la Côte d’Ivoire

© NABIL ZORKOT POUR JA

en matière d’harmonisation

≥ L’université d’Abidjan va également bénéficier de nouveaux équipements.

du système éducatif avec les besoins du marché, soit l’un des rares résultats positifs enregistrés en Afrique.


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GRAND FORMAT

LUC GNAGO/REUTERS

Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays

CÔTED’IVOIRE

Effervescence générale À dix-sept mois de la présidentielle, les manœuvres vont bon train au sein des états-majors politiques, tandis que le gouvernement met les bouchées doubles pour mener à bien les derniers chantiers des « années Ouattara ».

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L'AVENIR, C'EST VOUS QUI L'EMMENEZ PLUS LOIN

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CÔTE D’IVOIRE élue meilleure banque pour l’année 2019

*Source: BI Cognos Analysis SOCIETE GENERALE COTE D’IVOIRE


90 ENJEUX

Un faux air de déjà-vu

André Silver Konan andresilverkona

Transparence l est clair qu’en Côte d’Ivoire l’un des enjeux de la présidentielle d’octobre 2020 sera la préservation de la paix. Une paix qu’a tenté d’instaurer le président Alassane Ouattara depuis son investiture officielle, en mai 2011. Une paix néanmoins émaillée de violences dans plusieurs circonscriptions lors des scrutins locaux d’octobre 2018. Certains vieux démons n’ont pas totalement disparu. Ils sommeillent dans cet électeur tenté d’user de la violence, dans ce candidat qui risque de se faire acheter, dans ce fonctionnaire de la Commission électorale indépendante (CEI) susceptible de se laisser corrompre. Au lendemain de ces événements, la Commission nationale des droits de l’homme de Côte d’Ivoire avait relevé « des cas d’intimidation, des atteintes à la liberté de circulation et à l’intégrité physique ». Cinq personnes sont décédées à la suite de ces attaques portées à la démocratie, dont les familles attendent toujours que justice soit rendue. Comment préserver la paix à tout prix? Pourquoi les crises postélectorales sontelles si fréquentes en Afrique? La réponse est simple, invariable, et tous les observateurs s’accordent à le dire: le jeu électoral n’est pas suffisamment transparent. Au-delà du fait qu’il est souvent difficile pour le candidat malheureux d’admettre sa défaite, se pose une première question sur la sincérité du scrutin. Suivie d’une seconde:pourceluioucellequil’emporte, peut-on parler de « véritable » victoire?

I

Préserver la paix

Retour en arrière. Nous sommes en décembre 2010. En direct, à la

télévision nationale, un proche du candidat Laurent Gbagbo, alors chef de l’État sortant, déchire la feuille des résultats que s’apprête à proclamer le porte-parole de la CEI, présidée – à cette époque comme aujourd’hui – par Youssouf Bakayoko. Il remet en question la validité des résultats, dénonce de graves irrégularités, des affrontements… En quelques secondes, ce geste a suffi pour entraîner les pires violences dans l’histoire du pays, provoquant près de 3 000 morts. Cette tragique crise postélectorale de 20102011 est directement liée au manque de transparence du jeu politique ivoirien. Au Sénégal, si les opposants de Macky Sall – malgré les réserves concernant le processus qui a abouti à l’élimination de certains candidats – ont reconnu leur défaite lors de la présidentielle de février, c’est bien parce qu’ils estiment que le scrutin, son organisation et ses résultats sont sincères. Une sincérité en revanche sévèrement remise en question par les nombreux observateurs présents lors de la présidentielle de décembre 2018 en RD Congo. En Côte d’Ivoire, pour chasser ces vieux démons qui fragilisent la paix, il faut trouver cette sincérité, que seule la transparence des processus électoraux peut assurer. Et c’est là qu’intervient la responsabilité du personnel politique, à commencer par ceux qui disposent du pouvoir de décision. Réformer en profondeur la CEI, en la protégeant de toute tentative de fraude – telles celles énumérées par la chambre administrative de la Cour suprême – est un impératif. Personne ne devrait avoir peur de la transparence. Bien au contraire.

94 Majorité

Amadou Gon Coulibaly, premier de cordée Interview de Kobenan Kouassi Adjoumani Ministre, porte-parole du RHDP

101 Institutions

Le Parlement, contre-pouvoir légitimiste

104 Opposition

Entretien avec Gnamien Konan Député, président de La Nouvelle Côte d’Ivoire

110 ÉCONOMIE

La croissance loge en ville

116 Énergie

Abidjan branche ses voisins

119 Agriculture

Comment doper la valeur ajoutée en milieu rural

122 Transports Le port toutes voiles dehors

124 Consommation Yaatoo, la plateforme d’e-commerce de Prosuma, défie Jumia

128 SOCIÉTÉ

Houphouët intime, par Serge Bilé

132 Médias

Caroline Dasylva, diva de la RTI

136 Loisirs

Plein soleil sur Grand-Bassam

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Grand format CÔTE D’IVOIRE

ENJEUX

Un faux air de déjà-vu Alassane Ouattara

LUC GNAGO / REUTERS

SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA

Henri Konan Bédié


De prime abord, les trois grands blocs qui devraient s’affronter à la présidentielle d’octobre 2020 ressemblent fort à ceux qui avaient concouru en 2010. Pourtant, les dynamiques politiques ne sont plus du tout les mêmes. Décryptage. VINCENT DUHEM, à Abidjan

A

lassane Dramane Ouattara (ADO), Henri Konan Bédié (HKB), Laurent Gbagbo. Le premier a été le seul chef de gouvernement de Félix HouphouëtBoigny, le deuxième lui a succédé à la présidence après son décès, en 1993, le troisième fut son principal opposant. Tous trois animent la vie politique ivoirienne depuis trente ans. Après avoir assuré l’intérim d’Houphouët pendant deux ans, Bédié, élu en 1995, est chassé du pouvoir par un coup d’État militaire en décembre 1999. Dix mois plus tard, Gbagbo est élu à la tête du pays. Dix ans plus tard, il chute à son tour: il est arrêté le 11 avril 2011, après quatre mois d’une grave crise électorale, à l’issue de laquelle Alassane Ouattara, reconnu vainqueur par la communauté internationale, est investi. Il sera réélu en 2015. Pendant longtemps, il fut acquis que le scrutin d’octobre 2020 serait l’occasion d’un passage de témoin apaisé d’une génération à une autre. Ce n’est hélas plus du tout une certitude. Et on évoque même l’hypothèse de voir les trois leaders s’affronter de nouveau, dans un remake de 2010… Après avoir assuré dans un premier temps qu’il ne serait pas candidat à un troisième mandat, ADO (77 ans) maintient le suspense et a annoncé qu’il prendrait sa décision au premier trimestre de 2020. En attendant, il semble souffler le chaud et le froid ; ses proches assurent qu’il ne veut pas se représenter… mais qu’il n’hésitera pas si HKB (85 ans) décide de se lancer dans la course. Or, en janvier, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a déclaré qu’il n’excluait pas cette possibilité. Il reste le cas Gbagbo (74 ans), dont l’avenir est suspendu à la procédure judiciaire devant la Cour pénale internationale (CPI). Libéré sous conditions en janvier, il ne s’est toujours pas exprimé sur ses intentions, même s’il a donné le sentiment à certains de ses interlocuteurs de ne pas vouloir être candidat.

Laurent Gbagbo

VINCENT FOURNIER/JEUNE AFRIQUE

Évolution des attelages

Au-delà de la question de leurs candidatures, ADO, HKB et Gbagbo demeurent les maîtres du jeu dans leurs camps respectifs. Alassane Ouattara est le président du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), désormais parti unifié, et, en refusant que le PDCI intègre ce dernier, le Sphinx de Daoukro a indirectement renforcé l’emprise du chef de l’État – lequel n’a plus à partager la gestion du RHDP avec son ancien allié. Contesté en interne à plusieurs reprises, Bédié possède de son côté tous les instruments pour régner sur sa formation ; depuis le congrès ordinaire du PDCI de 2013, il

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Grand format CÔTE D’IVOIRE ENJEUX

est à lui seul un organe du parti, dont il peut directement modeler les structures dirigeantes. Enfin, Gbagbo a été renforcé au sein de son parti. L’exchef de l’État, qui depuis son accession au pouvoir avait toujours délégué la gestion du Front populaire ivoirien (FPI), en a été élu président le 4 août 2018. C’est donc lui qui dirige le FPI et transmet ses directives à Assoa Adou, son secrétaire général. Ce qui a affaibli Pascal Affi N’Guessan, bien qu’il demeure le seul dépositaire légal du logo et du nom du parti (lire encadré). « Tous trois donnent l’impression qu’ils seront candidats. Ils ne font rien pour préparer une nouvelle génération. Et on pourrait se retrouver en 2020 avec trois blocs similaires à ceux de 2010 », estime le politologue Sylvain N’Guessan, directeur de l’Institut de stratégies d’Abidjan. Sans doute aussi les trois leaders estiment-ils leur présence indispensable pour permettre à leurs partis de tirer profit de la recomposition politique en cours. Car derrière eux les attelages évoluent. Le RHDP est principalement composé du Rassemblement des républicains (RDR), de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI, d’Albert Toikeusse Mabri) et d’une grosse dizaine de cadres du PDCI (dont le président du Sénat, Jeannot Ahoussou-Kouadio, qui a annoncé le 22 mai qu’il rejoignait le RHDP, lire p. 101), auxquels il faut ajouter des personnalités venues d’horizons politiques divers (comme Alcide Djédjé, ex-proche de Gbagbo), dont le poids électoral est relativement modeste. En revanche, le parti unifié a enregistré quelques départs, en particulier celui de Guillaume Soro, l’ex-président de l’Assemblée nationale, qui fait désormais cavalier seul (lire p. 109). De son côté, en refusant d’intégrer le RHDP, le PDCI a perdu des plumes, mais il a réussi à « faire bloc ». On peut en effet estimer que, bien que divisé, le parti de Bédié a limité la casse. Toutefois, pour le moment, la plateforme de l’opposition qu’il souhaitait mettre en place pour compenser son nouveau positionnement reste limitée à un organe de discussion, et aucune alliance n’a encore été entérinée.

Possible rapprochement Ouattara-Bédié ?

Une comparaison du nombre de voix récoltées aux élections municipales de 2013 et de 2018 permet de visualiser cette évolution. En 2013, PDCI et RDR avaient déjà présenté des candidats séparément dans la plupart des circonscriptions. Toutefois, ils s’étaient réparti les zones, et leurs chefs étaient alors alliés. En octobre 2018, le divorce était entériné. « Lors du scrutin de 2013, le RDR avait recueilli 38,70 %, contre 30,16 % pour le PDCI. Cinq ans plus tard, le RHDP a conforté son avance, avec 39,87 % des voix, contre 21,85 % pour le PDCI », explique le Français Christian Bouquet, professeur de géographie politique à l’université de Bordeaux, qui compile les résultats des scrutins ivoiriens depuis 2000. « À l’heure actuelle, le RHDP représente la première force politique du pays. La question est de savoir si son poids sera suffisant pour réunir au moins 40 % des suffrages au premier tour en 2020, car, au second tour, il aura une réserve de

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voix faible », souligne Arthur Banga, enseignant-chercheur à l’université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan. Tout comme les rééquilibrages qui s’opèrent au sein du Parlement (lire pp. 100-101), les résultats des scrutins municipaux donnent une indication des évolutions géopolitiques, mais il convient de les relativiser. D’abord parce qu’il s’agit d’élections locales, ensuite parce qu’ils ne prennent pas en compte une grande majorité de l’électorat de Gbagbo, qui a boycotté les scrutins. Personne ne semble aujourd’hui capable d’évaluer avec précision le poids de l’ancien président et du FPI, un parti divisé et en pleine reconstruction. Enfin, les blocs actuellement formés sont amenés à évoluer jusqu’à octobre 2020. Les discussions entre le PDCI et le FPI-PDCI, qui se sont intensifiées ces dernières semaines, déboucheront-elles sur une alliance électorale? Sylvain N’Guessan n’y croit pas. « Un rapprochement entre Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Guillaume Soro est toujours possible. Chaque camp fait ses calculs, pèse les autres, essaie de mieux se positionner, estime-t-il. Le FPI n’a pas besoin d’une alliance avec le PDCI. Il fait les yeux doux au pouvoir afin de voir Gbagbo revenir à Abidjan. À partir de ce moment, on verra son vrai agenda. » Les défections ou les volte-face devraient se multiplier dans les mois précédant la présidentielle, en fonction du rapport des forces mais aussi de l’identité des candidats et, donc, du choix que feront Ouattara, Bédié et Gbagbo. Nul ne sait à quoi ressemblera alors l’échiquier politique ivoirien, mais une chose est certaine: ils en seront, encore, les principaux acteurs.

UN OU DEUX… OU TROIS FPI Le Front populaire ivoirien (FPI) présentera-t-il une, deux ou même trois têtes à la présidentielle de 2020? Les militants ont cru un temps à une réconciliation entre l’ancien chef de l’État Laurent Gbagbo, son fondateur, élu président de la faction dissidente du FPI le 4 août 2018, et l’ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, son président « légal ». Mais la rencontre prévue en février à Bruxelles, où Gbagbo, libéré en janvier, attend la fin de sa procédure judiciaire devant la Cour pénale internationale (CPI), a capoté. Et Affi N’Guessan, qui ne souhaite plus s’effacer, a réaffirmé à la fin d’avril qu’il sera candidat en 2020. Les chances sont désormais infimes de voir se

réunir les deux tendances du parti: celle d’Affi, reconnue par la justice ivoirienne, et celle de Gbagbo, considérée comme dissidente, mais soutenue par une grande majorité de la base. Un autre risque de division menace le FPI. Graciée par Alassane Ouattara le 6 août 2018, Simone Gbagbo a repris sa place au sein de la direction du parti et ne fait pas mystère de ses ambitions. Son époux ne semble cependant pas disposé à lui faire de la place. L’ex-première dame se montre pour le moment disciplinée, tout en laissant paraître quelques signes d’autonomisation. Ira-t-elle jusqu’à défier mari et parti pour se présenter en indépendante? V.D.


Sous la présidence de SEM Amadou GON COULIBALY, Premier Ministre de la République de Côte d’Ivoire

La Chambre de Commerce et d'Industrie de Côte d'Ivoire organise

6e

Edition FORUM OUEST AFRICAIN DE DEVELOPPEMENT DES ENTREPRISES

500 ENTREPRISES 6000 RDV d’AFFAIRES

Abidjan, Sofitel Hôtel Ivoire

Faman TOURÉ, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire « Nous mettrons en place un comité de suivi des partenariats qui naîtront de l’édition d’Abidjan » Tout en considérant l’attribution de l’organisation de ce Forum à Abidjan comme une marque de confiance à notre institution, nous devons reconnaître que nous le devons à la place de leader économique qu’occupe notre pays dans la sous-région et aux remarquables performances économiques réalisées par la Côte d’Ivoire depuis quelques années, avec le tissu économique le plus dense et le plus diversifié de l’UEMOA. Nous profitons donc de la qualité de l’image et de la gouvernance économique de notre pays.

L’édition 2019 d’AFRICALLIA se tient à Abidjan et AFRICALLIA devient ainsi un forum tournant. Pourquoi le choix de la Côte d’Ivoire ?

Depuis quelques années l’idée de faire d’AFRICALLIA un

Forum tournant entre les Chambres Consulaires ouest-africaines avait habité l’esprit des organisateurs, c’est-à-dire les premiers responsables de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso. Le Forum AFRICALLIA, en raison de sa notoriété, devrait être un véritable outil d’appui à la promotion des partenariats entre les entreprises ouest-africaines et d’intégration desdites entreprises aux chaînes de valeurs internationales. Le choix de la Côte d’Ivoire n’est pas fortuit car nul n’ignore les liens d’amitié et de coopération économique séculaires existant entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, deux partenaires historiques liés, en plus des accords sous régionaux, par le TAC (Traité d’Amitié et de Coopération) auquel les deux pays ont donné une dimension économique forte, à travers l’institution d’un forum économique en marge des conférences au sommet. C’est ce cadre qui a conduit les Chambres de Commerce et d’Industrie de ces deux pays frères, à signer le 26 juillet 2018 à Yamoussoukro, lors du premier Forum économique organisé en marge du dernier sommet du TAC, une convention de coopération interconsulaire attribuant à la CCI-Côte d’Ivoire l’organisation de la 6e édition du Forum AFRICALLIA, en 2019.

Quelles innovations la CCI-Côte d’Ivoire compte apporter à AFRICALLIA 2019 ?

L’édition 2019 d’AFRICALLIA est un véritable défi pour notre institution, au plan de la qualité de la participation des entreprises ivoiriennes et étrangères, ainsi qu’au plan de la qualité de l’organisation. Nous entendons mettre en place un accompagnement de proximité pour tous nos invités, afin de répondre, dans la mesure du possible, à tous leurs besoins spécifiques en termes de rendez-vous en marges. Nous réserverons à nos hôtes un accueil des plus chaleureux à l’image de l’hospitalité légendaire reconnue à la Côte d’Ivoire. En outre nous entendons mettre en place un comité de suivi des partenariats qui naîtront de l’édition 2019, afin de mieux apprécier les retombées de ce forum. Nous le devons aux autorités des deux pays qui nous

Quels sont les avantages, pour les entreprises ivoiriennes, à participer à AFRICALLIA 2019 ?

La Côte d’Ivoire est une terre d’opportunités. Nous voulons donc offrir des opportunités aux PME Ivoiriennes. C’est dans cette optique que notre mandature a été placée sous le signe de la promotion des entreprises. Il est bon de signaler que la CCI-CI a toujours conduit une forte délégation d’entreprises à toutes les éditions tenues au Burkina Faso. Nous avons décidé de leur ramener AFRICALLIA à Abidjan et ce sont près de 300 chefs et dirigeants d’entreprises étrangères qui feront le déplacement, à la rencontre des entrepreneurs ivoiriens. Ce sera une occasion unique pour nos PME de saisir toutes les opportunités pour le développement de leurs affaires.

CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DE CÔTE D’IVOIRE 6, Avenue Joseph Anoma- 01 BP Abidjan 01- Tél : +225 20 33 16 00 - Fax : +225 20 32 39 42 E-mail : info@cci.ci-www.cci.ci

COMMUNIQUÉ

20 PAYS


Grand format CÔTE D’IVOIRE ENJEUX

EXÉCUTIF

Amadou Gon Coulibaly, premier de cordée Du programme social de plus de 1 milliard d’euros qu’il vient de lancer aux chantiers stratégiques à boucler, le Premier ministre a de nombreux défis à relever. BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan

e maintien d’un climat social apaisé est un enjeu crucial pour le gouvernement, au moment d’aborder la dernière ligne droite du quinquennat. Le président Ouattara avait alors chargé son Premier ministre de plancher sur une série de mesures fortes. Résultat : Amadou Gon Coulibaly est en train d’engager les premières actions du programme social du gouvernement (PS Gouv), dans lequel il a décidé d’investir 727,49 milliards de F CFA (1,1 miilliard d’eu0 milliards ros) sur 2019 et 2020, dont 300 mobilisés par l’État, plus de 250 milliards es et finanpar les partenaires technique par les bailciers, et environ 176 milliards p leurs de fonds. estable de Malgré l’embellie inconte l’économie (lire pp. 110-112)), des ver défis majeurs restent à relev en matière de développement humain : difficultés d’accès à lla santé, manque d’enseignants, pénurie d’eau potable, etc. Ce programme est une façon de montrer la volonté du gouvernement de mieux redistribuer les fruits de la croissance. « Le Premier ministre est bien décidé à réduire les inégalités en matière de cadre de vie, et le budget du programme social est déjà bouclé. Nous essaierons de réaffecter une partie de ce qui avait été initialement prévu par le gouvernement à d’autres AFP

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jeuneafrique no 3047 du 2 au 8 juin 2019

secteurs », explique Sidi Tiémoko Touré, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement. Santé, éducation, eau, assainissement, énergie : 156 actions prioritaires sont prévues, avec un accent particulier mis sur l’électrification rurale à travers le Programme électricité pour tous (PEPT), doté d’une enveloppe de 135 milliards de F CFA sur deux ans.

Sur le pont Le chef du gouvernement lors du démarrage des travaux du 4e pont d’Abidjan, le 30 juillet 2018.

L’exécutif met par ailleurs les bouchées doubles pour boucler certains chantiers d’infrastructures stratégiques et en engager de nouveaux – dont la réhabilitation des 400 km de « La Côtière », la route Abidjan-San Pedro, qui devrait démarrer d’ici au mois de décembre. Au moment où s’achèvera la réhabilitation r des 145 km de route entre la a capitale, Yamoussoukro, et Daloa (Centre e-Ouest), l’un des greniers de la sous-région n. D’ici là, après les aéroports de Yamoussou ukro et de San Pedro, celui de Bouaké devra a aussi avoir été mis à niveau. Dans la cap pitale économique, les projets sont nombreux n : l’échangeur de la Solibra doit être livré pour le mois d’août, et la première phase de la promen nade de la Mer doit être terminée e à la fin de 2019 (8 km de promen ade piétonne et de piste cycla able). Quant à l’élargissement du bo oulevard de Marseille, il sera term miné en 2020. En nfin, après avoir posé, l’an dern nier, la première pierre du qua atrième pont d’Abidjan, quii doit relier Yopougon au Plateau dès la mi-2020, Amadou Gon Coulibaly a inauguré, en mars, le chantier du cinquième pont, celui de Cocody, qui devrait être opérationnel en a avril 2021.




Grand format CÔTE D’IVOIRE ENJEUX

MAJORITÉ

Kobenan Kouassi Adjoumani Ministre des Ressources animales et halieutiques, porte-parole du RHDP

ISSAM ZEJLY POUR JA

« Se soumettre à la volonté de la minorité, ce n’est pas la démocratie »

Propos recueillis à Abidjan par ANDRÉ SILVER KONAN

inistre des Ressources animales et halieutiques depuis 2011 (portefeuille qu’il avait déjà dirigé de 2002 à 2005), membre depuis 2001 du bureau politique du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), dont il fut longtemps le porte-parole, Kobenan Kouassi Adjoumani n’a pas voulu suivre Henri Konan Bédié dans sa rupture avec Alassane Ouattara. Après avoir créé Sur les traces d’Houphouët-Boigny (qu’il préside), un mouvement de soutien au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le professeur de français a été exclu du PDCI en août 2018. Il a définitivement tourné le dos

M

à son ancienne formation le 26 janvier, en rejoignant, lors de son congrès constitutif, le RHDP Parti unifié, dont il est désormais le porte-parole.

PARMI LES PROJETS À PARACHEVER D’ICI À LA FIN DU QUINQUENNAT : LA PAIX, À CONSOLIDER, ET LE PROGRAMME SOCIAL 2019-2020.

Jeune Afrique : À un an et demi de la fin du deuxième mandat d’Alassane Ouattara, quelles sont, selon vous, les actions qui resteront dans l’Histoire comme des symboles de sa présidence ? Kobenan Adjoumani : J’ai l’embarras du

choix. Le président Alassane Ouattara a construit des infrastructures modernes et a posé des actes qui auront un impact sur la vie des Ivoiriens pendant longtemps. Je crois qu’il faut davantage parler du leadership, de la capacité de cet homme d’État exceptionnel à transformer

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un pays totalement affaissé, à tous les niveaux, au moment où il a accédé au pouvoir, en 2011, en un pays qui fait aujourd’hui rêver. Quels sont les principaux chantiers à mener à bien d’ici à octobre 2020 ?

Pour avoir une idée précise des actions que le chef de l’État doit mener d’ici à 2020, il faut consulter le Plan national de développement (PND) 2016-2020. C’est la matrice. Le président Alassane Ouattara est un homme organisé, méthodique, travailleur, tout comme son Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, qui fait preuve d’une évidente maîtrise dans la coordination des activités du gouvernement. Avant la fin de 2020, il y a en effet encore d’importants projets à réaliser ou à parachever, notamment la paix à consolider, et un programme social d’envergure conduit par le gouvernement sur la période 2019-2020.

Comprenez-vous les critiques d’une partie des Ivoiriens, qui remettent en question le bilan du président Ouattara, notamment en ce qui concerne la répartition des fruits de la croissance ?

Critiquer est une chose tout à fait normale, surtout dans une démocratie. Par ailleurs, tout le monde veut être candidat, mais personne n’a encore proposé de projet de société aux Ivoiriens… Pour ce qui est de la répartition des fruits de la croissance, depuis l’élection du président Alassane Ouattara, les investissements dirigés vers les populations les plus démunies ont connu un bond remarquable, puisque, de 2012 à 2019, ils sont passés de 1 080,3 milliards à 2 505,5 milliards de F CFA [de plus de 1,65 milliard à près de 3,8 milliards d’euros]. La redistribution des fruits de la croissance est donc une réalité. En tant que dissident du PDCI, pourquoi refusez-vous d’intégrer le mouvement

Depuis la nomination de Hamed Bakayoko à la tête du ministère de la Défense, en juillet 2017, la réforme de l’appareil sécuritaire s’est accélérée. Après les mutineries de 2014 et de 2017, le malaise qui traverse l’armée depuis plusieurs années demeure, mais ne s’exprime plus violemment. Un vaste programme de départs volontaires à la retraite a été lancé, et, d’ici à la fin de 2020, environ 4 000 soldats devraient avoir quitté les rangs. Le ministère de la Défense espère ainsi opérer un renversement de la pyramide des grades (les sous-officiers représentant actuellement plus de 50 % de la troupe). Côté commandement, à la fin de 2018, le général Lassina Doumbia, ancien patron des Forces

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DR

Sécurité En rangs serrés

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Prise de fonctions du général Doumbia (portant le drapeau), en présence de Hamed Bakayoko (en civil), le 31 décembre 2018.

spéciales et décrit comme un homme à poigne, a succédé au général Sékou Touré au poste de chef d’état-major des armées. Par ailleurs, le 6 mars, le président Ouattara a procédé à une importante vague de nominations dans la hiérarchie, caractérisée par la promotion de militaires ayant fait carrière sous Gbagbo. D’anciens

rebelles jusqu’alors intouchables sont concernés. Les ex-comzones Chérif Ousmane et Issiaka Ouattara (alias Wattao) ont quitté la tête du 1er bataillon des commandos parachutistes et de la Garde républicaine. Ils sont nommés à des maroquins théoriquement plus prestigieux (respectivement sous-chef d’état-major

de l’armée de terre et commandant des unités rattachées à l’état-major général des armées), mais ont été coupés des troupes. D’autres ex-membres des Forces nouvelles (FN) ont cependant été renforcés, comme Losseny Fofana, qui remplace le colonel Hervé Touré (alias Vetcho) au commandement du 3e bataillon d’infanterie de Bouaké, ou le colonel Gaoussou Koné (alias Jah Gao), qui prend la tête du bataillon de commandement et des services (BCS). Morou Ouattara reste au commandement du bataillon de sécurisation de l’Est et le colonel Inza Fofana (alias Gruman) récupère celui du groupement ministériel des moyens généraux (GMMG). VINCENT DUHEM


PDCI-Renaissance du vice-président, Daniel Kablan Duncan ?

Le mouvement Sur les Traces d’Houphouët Boigny, que je préside, a été créé avant l’avènement de PDCI-Renaissance. Dès lors, je ne vois pas comment je pourrais intégrer un mouvement qui nous emboîte le pas dans la promotion du RHDP. Il y a juste une divergence au niveau de notre démarche : notre mouvement Sur les Traces d’Houphouët Boigny a rompu les amarres avec le PDCI; le PDCIRenaissance, lui, garde un certain lien avec le PDCI. Vous déclarez vouloir soutenir le président Alassane Ouattara s’il se portait candidat à la présidentielle de 2020 pour un troisième mandat. Est-ce réellement souhaitable ?

Le président Ouattara ne s’est pas encore prononcé dans ce sens. Il a le dernier mot, et nous sommes prêts à le soutenir quelle que soit sa décision.

Le RHDP dit être majoritaire. Dans ce cas, pourquoi le gouvernement ne s’engage-t-il pas à réformer en profondeur la Commission électorale indépendante (CEI) afin que les résultats des prochains scrutins soient incontestables ?

DES NÉGOCIATIONS SONT EN COURS POUR RENDRE LA CEI CONFORME AUX PRESCRIPTIONS DE LA COUR AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME ET DES PEUPLES.

Qu’entendez-vous par « réforme en profondeur » de la CEI ? Les négociations sont en cours pour rendre la Commission électorale conforme aux recommandations de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. C’est ce qui avait été réclamé au départ. En cours de chemin, l’opposition demande autre chose et veut qu’on se soumette à ses exigences. Se soumettre à la volonté de la minorité, ce n’est pas cela la démocratie. Les partisans de Laurent Gbagbo et ceux de Guillaume Soro semblent confiants pour la présidentielle de 2020. Qu’en pensez-vous?

On ne peut pas empêcher les uns et les autres de rêver.

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L’INFOGRAPHIE

Portrait de groupes VINCENT DUHEM

L

es mouvements au sein de l’Assemblée nationale sont le reflet de la recomposition politique en cours. Lors des législatives du 18 décembre 2016, sur 255 sièges, 167 ont été remportés par le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et le progrès (RHDP, coalition au pouvoir), 6 députés ont été élus sous celle de l’Union pour la démocratie et le progrès en Côte d’Ivoire (UDPCI, alors ex-membre du RHDP), 3 sous étiquette de l’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI, ex-membre du RHDP), 3 aux couleurs du Front populaire ivoirien (FPI), tendance Affi N’Guessan, et, enfin, 76 en tant qu’indépendants. Une première recomposition s’est opérée au début d’avril 2017, lors de l’ouverture de la session parlementaire – la toute première de la IIIe République. Face au refus d’Henri Konan Bédié, le patron du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (membre du Rassemblement démocratique africain, PDCI-RDA), de former un groupe commun avec le Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel), alors son allié au sein du RHDP, les deux partis ont chacun formé leur groupe, que nombre d’indépendants ont intégré.

Être ou ne plus être RHDP

Ainsi, au début de la législature, l’Assemblée comptait six groupes parlementaires ainsi répartis : RDR, 129 sièges ; PDCI-RDA, 89 ; UDPCI, 9 ; Vox populi (de Yasmina Ouégnin, ex-PDCI), 9 ; Nouvelle Vision (de Guy-Hervé Sérodé), 9 ; et Agir pour le Peuple (d’Évariste Méambly), 9. Seul Pascal Affi N’Guessan, président 100

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GROUPES PARLEMENTAIRES À L’ASSEMBLÉE NATIONALE (sur 255 sièges, dont 1 vacant en avril 2019)

En avril 2019

En avril 2017

RHDP 148 PDCI-RDA 68 Rassemblement 16 Vox populi 10 Hors groupe 12

RDR 129 PDCI-RDA 89 UPDCI 9 Vox populi 9 Nouvelle vision 9 Agir pour le peuple 9 Hors groupe 1

de l’une des branches du FPI, n’avait rejoint aucun groupe. Depuis, malgré la décision du PDCI de ne pas intégrer le RHDP, le président Ouattara a poursuivi le processus de création du parti unifié, dont le groupe intègre désormais les députés RDR et ceux de l’UPDCI. Quant à Guillaume Soro (lire p. 107), le président de l’Assemblée nationale, après avoir pris ses distances avec la mouvance présidentielle et refusé d’adhérer au RHDP, il a sans surprise démissionné du perchoir, le 8 février dernier, et

a été remplacé un mois plus tard par Amadou Soumahoro – député de Séguéla, ex-président du groupe parlementaire RDR. À l’ouverture de la session 2019, au début d’avril, l’hémicycle ne compte plus que quatre groupes parlementaires : RHDP, 148 députés ; PDCI-RDA, 68 ; Vox populi, 10 ; Rassemblement, 16 – issu du Rassemblement de Côte d’Ivoire (Raci), proche de Soro, ce nouveau groupe est présidé par Célestine Trazéré, transfuge du RHDP. En outre, 12 députés n’ont intégré aucun groupe.


INSTITUTIONS

Contre-pouvoir… légitimiste

Désormais bicaméral, même si le Sénat n’est pas encore opérationnel, le Parlement est nettement dominé par la majorité. Au point de passer pour une chambre d’enregistrement ? ANDRÉ SILVER KONAN, à Abidjan

endredi 3 mai. À Sikensi, à 79 km d’Abidjan, Amadou Soumahoro participe à une « journée d’hommage et de soutien » des populations au président Ouattara. Le nouveau président de l’Assemblée nationale prononce un discours particulièrement élogieux à l’égard du chef de l’État. Pour l’une de ses premières sorties publiques depuis son élection au perchoir, au début de mars, le président de la chambre basse semblait donner le ton d’une allégeance sans condition au chef de l’exécutif. Il est vrai qu’avec un nouveau bureau entièrement contrôlé par le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), dont le groupe compte désormais 148 députés sur 255 (lire p. 100), on est désormais bien loin des crispations telles que celles observées lors de la première législature présidée par Guillaume Soro, qui, en novembre 2012, avaient abouti à la dissolution du gouvernement et au limogeage du Premier ministre Jeannot Ahoussou-Kouadio.

V

Volte-face

Quid du Sénat, justement présidé par ce fidèle d’Henri Konan Bédié? Depuis son élection à la tête de l’institution, en avril 2018, Jeannot Ahoussou-Kouadio assurait demeurer membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), dont il était vice-président, tout en restant loyal à Ouattara… Jusqu’à ce que, le 22 mai dernier, il annonce quitter le PDCI pour « rejoindre la famille des houphouétistes », en l’occurrence le RHDP. Par ailleurs, 66 sénateurs ont été élus à l’issue des premières

sénatoriales, le 25 mars 2018, mais ce n’est que le 3 avril dernier que le chef de l’État a enfin nommé le tiers restant de la chambre (soit 33 sénateurs sur 99). Résultat : plus d’un an après son installation, le Sénat n’a toujours pas de bureau – alors que ses deux principaux groupes parlementaires (RHDP et PDCI) sont théoriquement formés – et il n’a toujours pas examiné la moindre loi. « Cela ne saurait tarder », assure un sénateur PDCI.

« Péché originel »

En attendant, aux yeux d’une partie de l’opinion, l’Assemblée nationale et le Sénat apparaissent comme de simples chambres d’enregistrement au service de l’exécutif. « Les deux chambres du Parlement ivoirien partagent un péché originel, celui d’avoir été mises en place après le boycott d’une importante partie de l’opposition et à la suite de l’adoption d’une nouvelle Constitution, dont l’utilité reste encore à prouver aux yeux de nombreux Ivoiriens », explique l’analyste politique Innocent Gnelbin. En outre, si sur les réseaux sociaux le Parlement est souvent accusé d’être « aux ordres », le gouvernement, lui, se félicite de la parfaite collaboration entre l’exécutif et le législatif. Enfin, il ne faut pas oublier que, si la durée de la législature est de cinq ans, la Constitution du 8 novembre 2016 a prévu, dans son article 182, que le mandat du Parlement, élu après sa promulgation, s’achève en décembre 2020. Il sera donc entièrement renouvelé après la prochaine présidentielle, quel qu’en soit le résultat. Et une nouvelle législature commencera, juste après le nouveau quinquennat.

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PUBLI-INFORMATION

Le canal du port d’Abidjan, élargi et approfondi

UN NOUVEAU SOUFFLE POUR LE « POUMON DE L’ÉCONOMIE IVOIRIENNE » Le canal de Vridi, cordon artificiel reliant le port d’Abidjan aux eaux du Golfe de Guinée, a été élargi et approfondi, dans le cadre d’un vaste programme de développement initié par les autorités portuaires, dès 2011, pour conformer ce port leader de la Côte Ouest Africaine aux standards internationaux. L’ouvrage, achevé en novembre 2018, a été inauguré le jeudi 21 février 2019 par le Premier ministre ivoirien, Monsieur Amadou GON COULIBALY.

Les travaux qui ont duré trois ans, depuis la pose de la première pierre le 06 octobre 2015, ont permis d’élargir la passe d’entrée du canal à 350 mètres (contre 200 mètres avant) avec 16 mètres de tirant d’eau (contre 14 mètres avant). Ces travaux ont été exécutés par la China Harbour Engeneering Company (CHEC), sous la supervision des ingénieurs du PAA et d’un groupement de cabinets d’études composé de TERRABO, BRIGHTEN et CID. Ce canal « nouveau », vient booster considérablement la compétitivité du port d’Abidjan par la possibilité qu’il offre désormais d’accueillir des navires de 16 mètres de tirant d’eau sans limitation de longueur. Il permettra ainsi de répondre durablement aux défis présents et futurs imposés par l’évolution technologique, maritime et portuaire. En outre, il présente de nombreux avantages pour les armateurs et les chargeurs. Pour les premiers cités, ils peuvent dorénavant affréter sur Abidjan des navires transportant 10 000 conteneurs au voyage contre 3 500 antérieurement. Ces navires sont beaucoup plus compétitifs en terme de capacité et de coûts d’exploitation. Ils sont également très avantageux en terme de touchers (escales) directs et en transbordements. Les affréteurs pourront ainsi mieux rentabiliser leurs investissements grâce à la baisse induite par les charges d’exploitation. Pour les chargeurs nationaux et ceux des pays de l’hinterland (le Burkina Faso et le Mali), le profit se trouve dans la flexibilité du fait de la réduction de la pression liée aux charges de magasinages de leurs produits. En effet, ils pourront assurés l’enlèvement de leurs marchandises en flux tendus rendus désormais beaucoup plus faciles grâce à la massification des flux. A la pratique, cela va se ressentir au niveau de la réduction des temps de voyage (transit time), grâce aux services directs qui vont se développer en direction des principales plateformes portuaires et économiques.

L’impact positif sera également ressenti sur l’économie ivoirienne. En effet, la combinaison de la baisse du coût de transport des marchandises et des charges d’exploitation des armateurs va contribuer à la réduction du coût final des marchandises importées et exportées, induisant de fait un gain de compétitivité pour l’économie ivoirienne tant au niveau des matières premières d’exportation (cacao, café, anacarde, etc.) qu’au niveau des produits de grande consommation importés (riz, sucre, huile, etc.), ainsi que les biens d’équipement. Par ailleurs, la livraison de l’ouvrage, à cette période de l’année, arrive à point nommé pour appuyer la politique du gouvernement qui est principalement axée, pour 2019, sur l’exécution d’un vaste programme social au bénéfice des populations, comme l’a souhaité le Président de la République, SEM. Alassane OUATTARA, dans son adresse de nouvel an, en janvier dernier. En effet, l’ensemble des gains qui seront réalisés par les usagers du port, grâce à la nouvelle configuration du canal, devrait impacter au final le pouvoir d’achat des populations et améliorer significativement leur qualité de vie. A côté du canal, le port d’Abidjan disposera bientôt d’autres nouvelles infrastructures dont un terminal à conteneurs, un terminal roulier et un terminal céréalier. D’autres encore, à savoir, le terminal fruitier et le terminal minéralier connaîtront d’importants travaux de modernisation. C’est l’ambition affichée par les autorités ivoiriennes de créer un hub portuaire de dimension internationale, à mi-parcours entre Tanger au nord du continent et Durban au sud, qui se concrétise et vient de connaître un coup d’accélérateur avec le canal de Vridi élargi et approfondi. Les perspectives d’avenir sont donc prometteuses pour ce port avec le programme d’investissements en cours. Pour l’instant, Abidjan conserve son leadership sous-régional, en terme de volumes de trafics. En 2018, ce sont plus de 24,1 millions de tonnes de marchandises qui ont été enregistrées. Et les responsables du Port Autonome d’Abidjan compte bien maintenir cette position, voire la consolider durablement.

Direction Générale du Port Autonome d’Abidjan - BP V85 Abidjan, Côte d'Ivoire - Tél. : (+225) 21 23 80 00 / (+225) 21 23 80 80

JAMG - Photos : D.R.

Ce projet d’un coût total de 150 milliards de francs CFA (228,6 millions d’Euros) a été financé à hauteur de 85 % par un prêt de 127,5 milliards de francs CFA (194,3 millions d’Euros) auprès de Eximbank Chine et de 15 % sur les fonds propres du Port Autonome d'Abidjan (PAA), soit 22,5 milliards de francs CFA (34,3 millions d’Euros).


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OPPOSITION

Gnamien Konan

Président de La Nouvelle Côte d’Ivoire, député de Botro

« Un ticket avec Mamadou Koulibaly, pourquoi pas? »

Propos recueillis à Abidjan par ANDRÉ SILVER KONAN

ondateur de l’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI), ex-ministre de la Fonction publique (20122014 et 2016) et de l’Enseignement supérieur (2014-2016), Gnamien Konan, 65 ans, a rompu à la fin de 2016 avec le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), du président Alassane Ouattara, qu’il a soutenu en 2010 contre Laurent Gbagbo – sous la gouvernance duquel il a été directeur général des douanes (2001-2008). Le député de Botro (Centre) dirige désormais La Nouvelle Côte d’Ivoire, mouvement qu’il a créé en février 2018 et dont il pourrait être le candidat à la présidentielle de 2020.

ISSAM ZEJLY POUR JA

F

Jeune Afrique : Alors qu’il est question de réformes au sein de la Commission électorale indépendante (CEI), dans quelles conditions irez-vous à la présidentielle de 2020 ? Gnamien Konan : Dans les mêmes

établir un ticket avec une personne qui ne fasse aucune concession à la corruption. Des proches souhaitent que ce soit avec Mamadou Koulibaly. Je travaillerai donc pour que ce ticket se concrétise, ou pour tout autre ticket gagnant.

conditions qu’en 2010, en espérant que, cette fois, les Ivoiriens choisiront le changement et la vérité, et non l’argent et l’ethnie. Vous êtes cité parmi les membres de la future plateforme d’Henri Konan Bédié. On parle aussi de plus en plus d’un ticket que vous pourriez former avec l’ex-président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly. Est-ce vrai ?

Je suis membre de cette plateforme afin de m’associer à tous les partis qui se battent pour obtenir les conditions d’une élection libre, transparente et équitable. Quant à un ticket avec Mamadou Koulibaly, pourquoi pas ? Je souhaite

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J’ESPÈRE QUE LES IVOIRIENS CHOISIRONT LE CHANGEMENT ET LA VÉRITÉ, ET NON L’ARGENT ET L’ETHNIE.

Certains vous reprochent d’être resté silencieux pendant tout le temps que vous avez passé au gouvernement, pour devenir critique une fois limogé. Que leur répondez-vous ?

Dans certaines fonctions, il y a obligation de réserve ou démission. J’ai accepté d’entrer au gouvernement pour servir mon pays. Si je critique l’exécutif aujourd’hui, c’est exactement dans le même état d’esprit et non pour me venger, comme certains veulent le faire croire.


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Qu’est-cequiachangédanslagouvernance Ouattara entre hier et aujourd’hui?

De mon point de vue, rien n’a changé. Il y a toujours plus de dettes; des routes, des ponts, des barrages et des stades construits à crédit par des étrangers… Leprincipalproblèmedelaplupartdespays delasous-régionestlamauvaiserépartition des fruits de la croissance. Quelles sont vos propositions pour y remédier?

Je ne crois pas à l’équation selon laquelle on pourrait répartir équitablement la croissance, comme un gâteau de mariage. Il faut faire en sorte que les Ivoiriens eux-mêmes produisent la croissance par un travail bien rémunéré. C’est pourquoi il faut, entre autres, investir massivement dans la réforme de l’école et dans la recherche scientifique. Bien entendu, le préalable demeure l’éradication de la corruption.

Soro en embuscade

Après sa démission du perchoir au début de février, l’ex-chef rebelle a créé le Comité politique, prélude à un plus large rassemblement. Et à sa probable candidature.

Il n’en fait plus mystère. Son avenir ne sejouerapassurlesbergesdelaCharles River, à Harvard, aux États-Unis, où il souhaitait entreprendre un PhD en finances, mais bien sûr sur celles de la lagune Ébrié, à Abidjan. Depuis qu’il a démissionné de la présidence de l’Assemblée nationale, le 8 février, Guillaume Soro est devenu l’un des principaux opposants, avec Henri Konan Bédié, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Dès le 15 février, le député de Ferkessédougou (Nord) a fondé le Comité politique (CP), une rampe de lancement pour la présidentielle de 2020 et une étape dans la création d’un grand mouvement fédérant ses divers soutiens (calqué sur le modèle de La République en marche, du Français Emmanuel Macron). L’ossature de cette formation en gestation est constituée de trois partis politiques – l’Alliance nationale pour le changement (ANC), d’Alphonse Soro, ex-cadre du Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel) ; le Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (Raci), de Kanigui Soro, député de Sirasso ; le Mouvement pour la promotion des valeurs nouvelles en Côte d’Ivoire (MVCI), de Félicien Sékongo – et d’une cinquantaine d’associations et clubs de soutien.

Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti unifié du président Alassane Ouattara. En narguant la majorité, Guillaume Soro semble considérer l’arène politique comme une aire de jeux plutôt que comme un champ de bataille. « Je suis au chômage parce que je ne voulais pas être RHDP. On m’a arraché le tabouret, mais je vise un fauteuil plus confortable », résume-t-il dans un éclat de rire.

Lors du lancement de son mouvement, le 15 février.

Complicité remarquée

ISSOUF SANOGO/AFP

BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan

Le stratège ne laisse rien au hasard. Avec son équipe, il a lancé une pétition afin de récolter au moins 800 000 signatures, de cibler ses électeurs potentiels et d’établir une base de données. Surtout, depuis mars, Guillaume Soro s’est installé dans le Nord, fief du chef de l’État, pour une campagne de proximité dont l’objectif est de démontrer aux populations l’abandon de leur région par la majorité présidentielle. Une démarche qui a évidemment irrité le

Bien plus discrètement, l’ex-chef rebelle discute avec le camp de l’ancien président Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle à Bruxelles (lire pp. 90-92), et n’a pas rompu les liens avec Simone Gbagbo, l’ex-première dame, deuxième vice-présidente du Front populaire ivoirien (FPI). Avec Henri Konan Bédié, il cultive une relation filiale et n’hésite pas à s’afficher régulièrement en sa compagnie. Une nouvelle complicité remarquée, comme lors du dîner de gala, le 23 mars, de Servir, la fondation d’Henriette Konan Bédié, donné dans la salle des congrès du Sofitel Ivoire d’Abidjan et au cours duquel Henri Konan Bédié et Guillaume Soro se sont adonnés à un de leurs péchés mignons: le cigare… Alors que la législation en vigueur interdit de fumer dans les lieux publics fermés.

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COMMUNIQUÉ

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GENERAL ELECTRIC est un acteur historique et un pionnier du secteur de l’énergie dans la région et fournit entre autres des solutions complètes de gestion de centrales électriques ainsi que des solutions de gestion de réseaux pour améliorer l’accès à l’électricité pour les ménages, les entreprises, le développement des infrastructures et la croissance économique globale

S

elon le rapport de Deloitte, L’Afrique de l’intérieur : Pleins feux sur les opportunités en Afrique francophone, le récit de la croissance de l’Afrique est de plus en plus celui d’une « croissance à plusieurs vitesses » et la région francophone d’Afrique devrait connaître une croissance économique immense, car la région a supplanté l’Afrique australe et l’Afrique occidentale non francophone depuis 2014 en matière de croissance économique. On ne saurait trop insister sur le rôle transformationnel de l’électricité dans ce récit de la croissance. Alors que la demande d’énergie en Afrique devrait augmenter de plus de 4 % par an jusqu’en 2040, la plupart des pays de la région francophone ont encore du mal à combler le déficit énergétique tout en alimentant le réseau électrique. De la Côte d’Ivoire au Bénin, du Mali au Sénégal, les taux d’électrification vont de 35% à 64% selon les statistiques de la Banque mondiale et de l’AIE. GE s’engage à fournir des solutions énergétiques évolutives en partenariat avec les gouvernements et les services publics pour répondre aux besoins énergétiques croissants tout en développant des systèmes électriques autonomes pour soutenir le développement des infrastructures, les entreprises et les ménages dans la région. Dans le cadre d’une récente campagne média « Powering Forward » menée en collaboration avec CNN, GE a célébré la 100e centrale électrique construite en Afrique subsaharienne, avec de nombreux exemples notables en Afrique subsaharienne francophone.


La modernisation de la centrale électrique à gaz d’Azito à Abidjan permettra d’ajouter 30 MW au réseau national.

L’énergie au service de la région L’amélioration de la production des centrales électriques, de la fiabilité, de la disponibilité et de la performance opérationnelle du réseau, ainsi que l’obtention de données et d’informations pour la maintenance prédictive des actifs sont au coeur des préoccupations de GE. En Côte d’Ivoire, la modernisation des turbines à gaz de la centrale électrique d’Azito augmentera la production de la centrale de 30 mégawatts (MW). En outre, les premières turbines à gaz, le premier projet de production d’électricité indépendante et les premières centrales à cycle combiné du pays utilisent tous la technologie GE. GE participe également à la réhabilitation et à l’extension de trois sous-stations de 225 kV à Ferké, Man et Taabo, qui permettront d’améliorer l’approvisionnement en électricité dans le pays. Selon Luc AYÉ, directeur général d’Azito Énergie S.A., les solutions d’équipements de GE contribuent à améliorer la compétitivité des centrales, leur fonctionnement, modernisent les actifs existants en garantissant la pérennité des installations tout en soutenant les priorités énergétiques et économiques du pays. Au Bénin, GE concevra et fournira le premier système de gestion avancée de la distribution (ADMS) pour la Société Béninoise d’Énergie Électrique (SBEE) et entreprendra la réhabilitation des sous-stations et des infrastructures de télécommunications au Centre National de Contrôle de la Distribution à Cotonou. Le projet s’inscrit dans l’ambition du gouvernement de gérer efficacement la production des centrales électriques, des micro-réseaux et des autres infrastructures de réseau afin d’améliorer la qualité, l’efficacité et la disponibilité de l’électricité pour ses clients.

Au cours des dernières années, GE a ainsi activement contribué à l’amélioration des performances et à l’installation de centrales électriques au Mali, au Sénégal, au Gabon, en Côte d’Ivoire, au Tchad ainsi qu’au Bénin, ajoutant plus de 350 MW d’électricité supplémentaire au réseau.

Dynamiser les compétences locales Alors que les solutions de GE ont un impact considérable sur l’amélioration de la production et de la transmission de l’énergie dans les pays francophones, l’un des facteurs clés de son succès est la priorité qu’elle accorde au renforcement des compétences locales en tant que facteur clé de différenciation dans sa stratégie à long terme. En capitalisant sur sa politique de recrutement des locaux et en intégrant des Africains issus de la diaspora pour renforcer ses équipes et talents africains, GE a réalisé avec succès des projets tels

Des solutions innovantes pour un meilleur accès Malgré ces efforts louables, l’Afrique francophone a toujours besoin d’une énergie plus rapide, plus propre, plus fiable et plus rentable pour ses besoins énergétiques croissants. Avec un accès limité au gaz, les turbines aérodérivatives de GE sont une solution efficace et flexible pour ajouter de la puissance au réseau et sécuriser le courant. Qu’il s’agisse de rendement plus élevé et de rentabilité ou de puissance, d’impact environnemental ou de qualité, les turbines à gaz aérodérivatives présentent de nombreux avantages et sont particulièrement adaptées aux pays de la sous-région. Des pays comme le Bénin, le Mali, le Togo, le Sénégal et le Cameroun ont une occasion unique d’améliorer leur taux d’électrification et leur accès à l’énergie en tirant parti de ces solutions flexibles que leurs homologues au Ghana, en Angola ou en Tanzanie ont déployées avec succès. Néanmoins, pour améliorer l’accès à l’électricité, tant au niveau des ménages, des entreprises que des industries, il faudra investir davantage à tous les niveaux de la chaîne de valeur énergétique ; combiner les nouvelles technologies plus durables tout en utilisant plus efficacement les équipements installés.

+

Les solutions de gestion complètes pour centrales électriques améliorent le rendement, la fiabilité et la disponibilité du réseau.

CONTACTEZ-NOUS : gepowerssa.comms@ge.com - WEB : https://www.ge.com/power/fr/ssa/sustainable-power

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR SAUF MENTION.

"

que la modernisation de l’usine d’Azito, dont les effectifs étaient à 95 % locaux. Des partenariats fructueux avec des universités de renom, des écoles techniques, les institutions gouvernementales et entreprises locales, des IPP et des financiers de la région, ont permis de déployer des programmes adaptés et développer ainsi les compétences essentielles dans diverses disciplines, y compris un nombre conséquent d’ingénieurs, de techniciens et de chefs d’entreprise locaux.


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ÉCONOMIE

La croissance lo O Selon un rapport de la Banque mondiale, l’augmentation des gains de productivité – condition sine qua non d’un véritable décollage – et l’amélioration du niveau de vie passent par le développement urbain.

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ALAIN FAUJAS

n sentait bien que le stade du rattrapage post-conflit arrivait à son terme en Côte d’Ivoire. Il y avait une contradiction trop forte entre le palmarès économique éblouissant de ce pays et son niveau de pauvreté, comparable à celui du Burkina Faso voisin. Ses prouesses en matière de routes, de mégawatts, de tonnes d’anacarde ou de milliers de touristes s’accompagnaient de la montée d’un sourd mécontentement. Le huitième rapport de la Banque mondiale sur la situation économique de la Côte d’Ivoire, remis en février, permet de comprendre pourquoi le moment est venu pour le pays de mettre beaucoup plus de qualitatif dans ses projets. Les auteurs de ce document (intitulé « Que la route soit bonne ») démontrent que le décollage de l’économie et l’amélioration des conditions de vie de ses habitants passent par une amélioration de la mobilité urbaine.


Vue aérienne de Bingerville, commune en pleine expansion, dans la banlieue ouest d’Abidjan.

Qui nierait les beaux chiffres de la Côte d’Ivoire ? Qui plus est quand le taux de croissance de 7,4 % en 2018, qui la place parmi les champions mondiaux, et un déficit budgétaire qui revient doucement à 3 % laissent prévoir une poursuite de l’élan. Mais un élan qui va fléchir autour de 7 % durant les trois prochaines années, parce que l’État sera obligé de limiter ses investissements et parce que l’élection présidentielle de la fin 2020 constitue « la principale incertitude pour l’économie ivoirienne ». Premier message de la Banque mondiale : « La croissance doit se trouver un nouveau moteur. » Autre bémol, la croissance ivoirienne est trop tirée par l’investissement et pas assez par des gains de productivité, à la différence de la croissance asiatique. « La productivité moyenne d’un travailleur ivoirien en 2016 restait égale à celle qui existait en 1995, soulignent les auteurs. La croissance devra être davantage portée par des gains de productivité », notamment par le report des travailleurs vers des activités à forte valeur ajoutée.

ISSAM ZEJLY POUR JA

oge en ville

Enfin, la pauvreté résiste. Le revenu national s’est accru de 80 % entre 2012 et 2015, mais le taux de pauvreté n’a baissé que de 51 % à 46 %. Les causes de cette amélioration étriquée sont la concentration de la croissance dans les secteurs modernes d’Abidjan, l’importance du secteur informel (où les revenus sont en baisse) et la vulnérabilité du monde rural aux caprices de la météo ou des cours mondiaux du cacao et de l’hévéa. Troisième message : « La croissance doit devenir plus inclusive », même si le gouvernement a commencé à relever le salaire minimum et celui des fonctionnaires, à connecter au réseau électrique tous les villages de plus de 500 habitants et à mettre en place une couverture médicale universelle (CMU). Selon les économistes de la Banque mondiale, les autorités ivoiriennes ont tout intérêt à continuer sur cette lancée, car si les plus modestes reçoivent davantage de fruits de la croissance, ils consommeront davantage, ce qui stimulera l’économie nationale.

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Grand format CÔTE D’IVOIRE ÉCONOMIE

Coûteux transports en commun

« Une ville qui bouge est une ville qui gagne », poursuit le document. Parce que le déplacement facile des marchandises et des personnes augmente la productivité du travail et du capital tout en améliorant les conditions de vie des urbains. Or, à Abidjan, le compte n’y est pas: 1,2 million de ménages y dépensent chaque année 376 milliards de francs CFA (573 millions d’euros) pour se déplacer et perdent chaque jour deux cents minutes de temps de travail dans les transports – sachant que le coût des transports pèse pour 5 % sur le budget des plus riches, mais pour 30 % sur celui des plus pauvres. Outre les contraintes de circulation dues à la lagune, les embouteillages monstres sont imputables à la concentration des emplois dans les quartiers du Plateau et de Marcory, éloignés des zones d’habitation aux prix plus modérés, à l’incivisme du conducteur abidjanais et à « l’absence d’une infrastructure de transport de qualité ». La rareté des transports en commun oblige à recourir à des taxis en mauvais état ou à la marche pour 40 % des déplacements. Le rapport formule trois recommandations. La première est d’en finir avec « l’absence notoire de coordination entre les différents acteurs du secteur urbain, tant au niveau national qu’au niveau local ». Une Autorité organisatrice de la mobilité urbaine (Aomu), créée en janvier, doit justement prendre le pas sur les ministères, les communes et les districts. Deuxième recommandation: deux transports de masse vont voir le jour, avec le projet de ligne 1 du Train urbain (TU, nord-sud) et celui du Bus rapide de transit (BRT, estouest). Ils ne seront efficaces qu’à la condition de rabattre vers eux les usagers, grâce aux transporteurs informels et à un service amélioré des bus de la Société des transports abidjanais (Sotra), sans oublier le transport lagunaire, peu coûteux. Troisième recommandation : l’électronique devra faciliter la tarification, la billettique et l’information aux usagers. Il faut faire vite « avant que la densité de la population rende trop difficile l’aménagement de l’espace au sein et autour des villes ». Et trop coûteux.

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REPÈRES Une dynamique de croissance stable

Projections

2017 2018 2019 2020 PIB réel, à prix constants Inflation (moyenne annuelle)

(variation annuelle en %)

7,7 0,8

7,4 1,7

7,5 2,0

7,2 2,0

(en % du PIB)

Solde budgétaire global (dons inclus) – 4,5 – 4,0 Total des recettes et dons, dont recettes fiscales

20,4 16,5

20,4 16,5

– 3,0 20,5 17,0

– 3,0 20,7 17,2

Total des dépenses dont dépenses d’invetissement dont dépenses en faveur des pauvres

24,9 6,9 9,5

24,4 6,9 9,6

23,6 6,6 9,7

23,7 6,7 9,8

Balance commerciale

6,7

6,2

6,1

5,9

Dette publique totale

49,8 30,5

52,6 36,7

51,0 36,8

49,7 34,1

Dette extérieure

Nouvel équilibre sectoriel (en % du PIB)

Développement humain à améliorer Pour l’année 2017

Secondaire Primaire

21,6 %

24,7 %

Population

(6,3 % des emplois)

25 millions d’habitants

(47,4 % des emplois) Taux de croissance 2,5 % par an

Tertiaire

Autres

21,1 %

41,6 %

(45,3 % des emplois)

(impôts, taxes, etc.)

Population urbaine

50,3 %

Des IDE soutenus

Espérance de vie

54,2 ans

(Flux entrants, en millions de $, en 2017)

3 503

Nigeria

3 255

Ghana

675

Côte d’Ivoire Guinée Sierra Leone

577

Taux de chômage 2,6 % de la population active

560

Sénégal

532

Burkina Faso

486

Niger

334

Mali

266

Liberia

248

Bénin

184

Togo

146

Population utilisant des sources d’eau potable améliorées

73,1 %

Population vivant au-dessous du seuil national de pauvreté (737 F CFA, soit 1,12 euros)

46,3 %

SOURCES : AUTORITÉS NATIONALES, FMI, BANQUE MONDIALE, CNUCED, PNUD

L’urbanisation du pays, à un rythme très soutenu, est une chance pour améliorer aussi bien la productivité (le taux de scolarisation dans le premier cycle du secondaire est de 78 % dans les villes et de 11 % dans les campagnes) que le niveau de vie (le taux de pauvreté est de 23 % à Abidjan et de 57 % en zone rurale). « À l’évidence, la Côte d’Ivoire n’a pas encore réussi à optimiser les gains de son urbanisation », indique cependant le rapport de la Banque mondiale, qui précise que la nécessaire politique de développement des villes secondaires, engagée ces dernières années pour soulager Abidjan et stimuler les dynamiques locales et régionales, ne devrait pas se faire au détriment de la capitale économique, qui concentre 80 % des activités du pays.



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TRIBUNE

Croissance ou développement ? A

lors qu’Abidjan maintient une prévision de croisde Côte d’Ivoire (CCI-CI). Cependant, les entreprises maîtres sance économique à 7,5 % pour 2019 et que les prod’ouvrage de grands chantiers se sont souvent plaintes de jections du Fonds monétaire international (FMI) tablent ne pas avoir de sous-traitants locaux suffisamment qualifiés sur « seulement » 7,4 %, nombre d’Ivoiriens et d’obseret ont dû en faire venir de l’extérieur, qui coûtent plus cher. » vateurs étrangers s’interrogent. Ragaillardie par la poliC’est là que le bât blesse. Qui plus est à la lecture de tique de développement engagée depuis la mi-2011, la l’étude de l’unité Évaluation indépendante du développeCôte d’Ivoire se targue d’être considérée comme un pays ment (Idev) – créée par la Banque africaine de développe« pré-émergent », et, pour le budget 2019, ses dépenses ment –, qui indique que l’État ivoirien a versé, en 2015 et en d’investissement s’élèvent à plus de 2 099 milliards de 2016, 52 millions d’euros à l’exploitant du troisième pont F CFA (3,2 milliards d’euros), financés à plus de 55 % par d’Abidjan, le pont Henri-Konan-Bédié, inauguré en 2014. les ressources propres de l’État. L’ouvrage, qui est exploité par Socoprim, Mais comment se porte vraiment la filiale du groupe français Bouygues, affiche locomotive de l’Union économique et un trafic bien inférieur à celui envisagé par monétaire ouest-africaine (Uemoa) ? les études préalables (qui prévoyaient Officiellement, tout va bien. En particulier 75000 véhicules par jour), avec un péage à si l’on s’en tient aux chiffres : les résultats 500 F CFA (0,76 euro) pour les véhicules de de ces dernières années sont excellents, de tourisme, au lieu des 1 000 F CFA contracmême que les perspectives à court terme, tuels… Résultat, sur ces deux années, l’aptout le monde en convient (lire pp. 110port du gouvernement ivoirien a représenté 112). Cependant, sur le terrain, le constat près de 40 % des recettes de Socoprim. Nadoun est plus nuancé. En particulier lorsque l’on Une situation alarmante, selon l’Idev, qui Coulibaly considère le pouvoir d’achat des ménages, conclut que « plutôt que d’être une source Journaliste à qui pour beaucoup ne s’améliore pas de revenus pour l’État, ces infrastructures Jeune Afrique en raison de la cherté de la vie – environ constituent des sources de dépenses impor500 euros, par exemple, pour la location tantes ». Sans compter que ces dernières ne d’un trois-pièces dans le quartier résidentiel profitent même pas à un opérateur privé de Cocody, à Abidjan. Ou encore lorsqu’on local. Une anomalie de l’économie ivoianalyse l’évolution du taux de chômage : selon les statisrienne qui rappelle le mirage des années Houphouët. L’État tiques officielles, il est passé de 5,3 % en 2013 à 2 % en n’a-t-il pas pris trop d’engagements (exemptions fiscales, 2018, mais monte à 20 % de la population active si l’on concessions, etc.) concernant ces nombreux projets (métro prend en compte ceux qui ont une rémunération très inféd’Abidjan, aéroport, concessions portuaires…) ? rieure au smig ou ceux qui occupent des emplois précaires, notamment dans l’économie informelle. oilà qui donne à réfléchir, d’autant que le chantier du quatrième pont d’Abidjan est désormais en cours, « our l’instant, c’est plutôt de la croissance que du pour une livraison prévue en 2020. En reliant la comdéveloppement. Les investissements dans les mune populaire de Yopougon et le centre des affaires du infrastructures sont certes visibles, mais il n’empêche, on Plateau, il soulagera l’autoroute du Nord, actuellement a l’impression qu’il y a un délitement de certains services seule voie d’accès à Yopougon, et décongestionnera le publics, comme la santé ou les transports », estime un trafic dans l’ensemble de la capitale économique… Mais patron. « Les chantiers engagés depuis 2012 ont consiattention ! Ce sera aussi un pont à péage, qui devrait lui dérablement changé le visage du pays, reconnaît Faman aussi – selon les études préalables – être emprunté par Touré, président de la Chambre de commerce et d’industrie quelque 70 000 véhicules par jour.

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COMMUNIQUÉ

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de gestion incluant les prises de décisions participative. Cette bonne gouvernance dans la gestion de l’Entreprise va permettre d’avoir des flux des ressources adéquats pour un impact significatif sur le revenu des producteurs, sur le renforcement des capacités opérationnelles des sociétés coopératives du réseau Ecookim et sur les investissements dans la communauté. Dans ce cadre, grâce aux primes de certification payées par les partenaires, il a été facilité l’accès à l’éducation des enfants par la construction de 17 écoles primaires et un bâtiment de collège en plus d’avoir réhabilité 10 établissements scolaires. Pour renforcer la protection et l’épanouissement des enfants, l’Union déploie son ambitieux projet « Un enfant, Un avenir » avec le MIDH. L’Union a construit 17 pompes HV et réhabilité 8 de ces ouvrages en vue de faciliter l’accès à l’eau potable au sein de ses communautés productrices. Cette entreprise structure la mise en place d’Associations Villageoises d’Épargnes et de Crédits avec à ce jour 1 270 femmes.

La qualité des connexions développées par l’Union au fil des années avec des partenaires financiers nationaux et internationaux lui ont permis d’avoir une bonne assise financière. Par ailleurs, l’Industrie du cacao s’est engagée sur le long terme avec les sociétés coopératives de l’Union en vue de renforcer leur développement. Ces partenariats de longues durées contribuent fortement à la performance économique et financière de cette entreprise, et consolide le rayonnement de la société auprès de ses producteurs. Conformément à sa politique interne, il est important pour l’Union d’assurer continuellement l’épanouissement des communautés productrices de cacao, en faisant des changements sociaux significatifs, une stratégie d’affaires. Cette philosophie de gestion façonne les bonnes pratiques

L’engagement d’Ecookim Coop-Ca pour une chaine d’approvisionnement de cacao durable et responsable

Bamba Mamadou Adama Directeur général de la société Coopérative ECOOKIM

Ecookim Coop-Ca consolidera les acquis actuels de ses partenariats, diversifiera ses activités en s’orientant dans la transformation des noix de cajou. Elle envisage par ailleurs la mise en œuvre de plusieurs programmes devant à terme, permettre aux producteurs d’avoir un revenu décent, de renforcer l’inclusion économique et financière des femmes, d’assurer la protection et l’épanouissement des enfants et de préserver les ressources forestières.

CONTACT 01 BP 12497 Abidjan 01, Côte d’Ivoire Tél. : (+225) 20 21 18 01 Fax : (+225) 20 21 18 02 info@ecookim.com www.ecookim.com

NOTRE SCHÉMA DE DÉCISION ET DE GESTION DES PRIMES 1

PPRÉ-ASSEMBLÉES DES SECTIONS

© IPRACHENKO/STOCK.ADOBE.COM

• Concertations C des producteurs • Sélections des besoins

3

É ÉQUIPE TECHNIQUE ECOOKIM

• Synthèse des besoins • Classification par priorités • Draft de plan de développement • Répartition de la prime

5

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ECOOKIM

• Validation • Mise en place d’un Comité de gestion

7

RRÉUNIONS DES SECTIONS

• Informations des producteurs des différentes sections

2

4

6

• Synthèse des besoins • Classification par priorités

• Consolidation des plans de développement et de la répartition des primes

• Informations • Répartition des primes d’autonomisation

CCONSEIL D’ADMINISTRATION DES COOPÉRATIVES + ÉQUIPE TECHNIQUE

C CONSEIL D’ADMINISTRATION ECOOKIM

ASSEMBLÉES GÉNÉRALES DES DE COOPÉRATIVES

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR SAUF MENTION.

L’

Union Inter-régionale de Sociétés Coopératives Kimbê (Ecookim CoopCa) a été fondée en 2004 avec 4 coopératives. En 2019, Ecookim Coop-Ca regroupe 23 coopératives dont 20 coopératives café-cacao et 3 coopératives anacarde, toutes certifiées (Fairtrade, UTZ, Rainforest Alliance et Biologique). L’Union compte à ce jour 21 029 producteurs de café-cacao géo-référencés et 1 541 producteurs de cajou. Cette entreprise connait une croissance continue et figure parmi les meilleures sociétés coopératives exportatrices ivoiriennes. Cette réussite a été rendu possible grâce à une stratégie efficace et appropriée.

AU


Grand format CÔTE D’IVOIRE ÉCONOMIE

ÉNERGIE

Abidjan branche ses voisins

NADOUN COULIBALY, envoyé spécial à Abidjan

près avoir consenti 7 000 milliards de F CFA d’investissement (plus de 10 milliards d’euros) entre 2011 et 2017 pour le programme de renforcement de son parc énergétique, la Côte d’Ivoire compte doubler sa puissance installée d’ici à la fin 2020. « Le plan d’investissement du secteur de l’électricité a déjà permis d’engranger des résultats spectaculaires. Le parc de production a progressé de plus 60 % de 2011 à 2017, passant de 1 391 mégawatts [MW] à 2 199 MW », résume Amidou Traoré, le patron de Côte d’Ivoire Énergies (CI-Energies), la société publique chargée de la gestion du secteur. Depuis le démarrage du complexe hydroélectrique de Soubré à la mi-2017, la puissance installée a augmenté de 275 MW. Elle devrait atteindre 4 000 MW en 2020 et de 6000 MW en 2030. Parallèlement, près de 200 milliards de F CFA sont mobilisés pour restructurer et renforcer les réseaux de distribution. De quoi permettre à la Côte d’Ivoire de consolider son rôle de pôle énergétique régional et d’accroître ses exportations d’électricité vers le Ghana, le Burkina, le Mali, le Togo et le Bénin, qui avaient déjà doublé de 2015 à 2016, passant de 855 GWh à plus de 1 650 GWh, grâce à la mise en service des cycles combinés des centrales Azito et de Ciprel. Le projet

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XINHUA/REA

Alors que le marché commun de l’électricité s’organise, le pays, qui aura doublé sa puissance installée d’ici à 2020, entend accroître ses exportations dans la sous-région. d’interconnexion des réseaux de transport d’énergie électrique de Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone et Guinée (CLSG), dont le coût est estimé à 450 millions de dollars, vise la construction et l’exploitation d’une ligne à très haute tension (225 kilovolts) de 1300 km de long.

Le complexe hydroélectrique de Soubré, le plus important du pays (275 MW), a été construit par le groupe chinois Sinohydro et mis en service en 2017.

Premières centrales solaires

Pour conforter ces objectifs d’exportation et répondre aux impératifs de développement durable, les autorités ivoiriennes diversifient les sources de production. « Nous avons des projets en cours de construction dans les énergies renouvelables pour plus de 400 MW », précise Amidou Traoré. L’objectif à l’horizon 2030 est un mix énergétique composé à 60 % d’énergie fossile et à 40 % d’énergie renouvelable, dont au moins 6 % d’énergie solaire photovoltaïque. Parmi les projets en partenariat publicprivé les plus avancés, citons ceux des premières centrales solaires du pays à Korhogo (Nord): Korhogo Solaire, filiale du marocain Nova Power (25 MW, pour un coût estimé à 24 milliards de F CFA), et Poro Power 1 (66 MW, environ 47 milliards de F CFA). Enfin, Biokala, filiale de l’agro-industriel ivoirien Sifca, et son partenaire français EDF préparent la construction à Aboisso (sud-est) d’une centrale biomasse, à partir de palmier à huile (46 MW, 105 milliards de F CFA), dont la première phase, de 23 MW, devrait être opérationnelle à la fin de 2020.

OBJECTIF 2030 : UN MIX ÉNERGÉTIQUE COMPOSÉ À 40 % DE RENOUVELABLE, DONT 6 % D’ÉNERGIE PHOTOVOLTAÏQUE.


©Adobestock.com

COMMUNIQUÉ

La cacaoculture durable KINEDEN COMMODITIES SA est une société de négoce de droit ivoirien, entièrement détenue par des nationaux qui opère dans la filière café-cacao depuis 2014. KINEDEN commercialise essentiellement le cacao dont l’approvisionnement est fait aussi bien auprès de commerçants traitants que de coopératives de petits producteurs pour une clientèle composée de traders et de chocolatiers à travers l’Europe, l’Asie et les États-Unis.

Depuis sa création, le niveau des activités de KINEDEN est passée de 1 500 T à 35 000 T pour la campagne 18/19. L’objectif de KINEDEN est de répondre aux attentes tant des producteurs de cacao à qui il convient de payer un prix juste et rémunérateur, que des clients exigeants d’un cacao de qualité surtout produit dans des conditions respectueuses des valeurs environnementales, sociales et humaines.

KINEDEN COMPTE RÉALISER SA MISSION m

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En assurant le développement durable de son circuit approvisionnement-vente, en encourageant le respect de l’environnement, en maintenant des conditions de travail sécuritaires et de qualité, et en offrant à la clientèle une production attentive aux besoins de ses clients. En s’appuyant sur des principes dont la traçabilité des opérations, une bonne gouvernance et la gestion axée sur les résultats.

ENJEUX KINEDEN COMMODITIES SA port de pêche, après la Sotra Zone portuaire Treichville - 01 BP 12245 Abidjan 01 Abidjan - Côte d’Ivoire Tél. : (+225) 21 24 37 62 Port. : (+225) 77 46 91 96 (+225) 01 10 69 48 Fax : (+225) 21 24 37 73

KINEDEN COMMODITIES fait face à des challenges dont notamment :

STRATÉGIE KINEDEN COMMODITIES maintient avec ses partenaires commerciaux acheteurs internationaux des négociations permanentes pour accroître l’offre en produits certifiés (UTZ, RA et Fairtrade) afin d’améliorer le revenu des planteurs, donc de leurs ménages et de favoriser des investissements dans leurs communautés respectives. En ce sens, des projets ont déjà été implémentés ; de la formations des planteurs à la sensibilisation contre le travail des enfants dans les exploitations agricoles, à la réhabilitation et/ou construction de magasins de stockage, de salles de classe et de pompes d’adduction en eau potable, etc.

PERSPECTIVES Au-delà de la croissance financière et économique dont les points de développement sont élaborés par le comité managérial, KINEDEN COMMODITIES accorde une place de choix à la promotion du genre et à l’éducation avec la mise en place d’une cellule de réflexions dont les conclusions orienteront vers une indépendance financière certaine de la femme et le maintien de la jeune fille dans le cursus scolaire.

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L’accès très limité aux marchés de niche est pour elle une voie, certes restreinte mais indispensable pour réussir un commerce équitable et responsable.

Des politiques, mesures et actions efficaces s’imposent pour une cacaoculture durable. Aussi un point d’honneur est-il mis sur le renouvellement des vergers et la réhabilitation des plantations qu’il est opportun d’envisager très vite.

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L’assurance de débouchés aux produits des producteurs en développant la durabilité dans le circuit achat-vente des produits.

Par ailleurs, que dire de la transformation locale ? Ne serait-ce pas la voie de prédilection du cacao ivoirien ?

JAMG - Photos : D.R. sauf mention

KINEDEN fournit à sa clientèle du cacao tant conventionnel que labellisé sous des certificats internationaux que sont UTZ, RA et FT.



REUTERS

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Cette année, 138,2 milliards de F CFA ont été alloués au développement des aménagements hydroagricoles et à la diversification. Ici, une plantation d’ananas, à Bonoua, à 35 km d’Abidjan.

AGRICULTURE

Comment doper la valeur ajoutée en milieu rural

Le Programme national d’investissement agricole de 2013 à 2017 a réformé les filières. Sa seconde phase (2018-2025) met l’accent sur la transformation locale des productions.

NADOUN COULIBALY

es objectifs du programme national d’investissement agricole (PNIA) sont de faire reculer la pauvreté, d’assurer la sécurité alimentaire, de créer plus de 2 millions d’emplois supplémentaires et d’assurer la transformation de 50 % de notre production à l’horizon 2020. Sur tous ces points, nous progressons », assure le ministre ivoirien de l’Agriculture, Mamadou Sangafowa Coulibaly. Depuis sa mise en œuvre, en 2013, la politique agricole a en effet permis d’infléchir les mauvaises tendances (faiblesse des investissements et de la productivité, mauvaise gouvernance dans certaines filières, mise sur le marché des produits mal assurée…). De fait, le PNIA 2013-2017 a réorganisé les filières, comme celle du café-cacao, en engageant des réformes qui ont amélioré

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leur mode de gestion et de direction, et en mettant en place des interprofessions de l’oignon, du palmier, du riz, etc. « Aucun bilan n’est disponible sur ces différentes réformes, tempère toutefois un cadre de la Chambre d’agriculture, qui préconise des études pour en évaluer l’impact. Et le manque de mécanisation demeure un frein… On en est encore à la machette et à la daba. » Expert en politique agricole auprès de la Cedeao, le Français Roger Blein renchérit : « La Côte d’Ivoire a pris conscience que, sur des filières à l’export comme le café-cacao, on a beau être le premier producteur, c’est en se réappropriant une partie de la valeur ajoutée liée à la transformation qu’elle pourra profiter de la forte demande alimentaire. »

Des financements mieux ciblés et plus accessibles Sur le budget 2019, le secteur agricole bénéficie d’une enveloppe de 138,2 milliards de F CFA (près de 210,7 millions euros) destinée au développement des aménagements hydroagricoles et à la diversification. « Par ailleurs, nous avons déjà engagé plus de 52 % de l’enveloppe budgétaire, c’est-à-dire plus de 1 000 milliards de F CFA », précise Mamadou Sangafowa Coulibaly, parlant du décaissement du budget de la phase 1 (2013-2017), d’un montant global de 2 040 milliards. Alors que l’agriculture et la pisciculture pèsent pour plus de 20 % dans son PIB, la Côte d’Ivoire a encore du mal à libérer son immense potentiel en raison de problèmes liés au foncier, à l’accès aux financements, ainsi qu’à l’environnement des affaires. L’un des objectifs de la seconde phase du programme (PNIA II), qui couvre la période 2018-2025, est justement d’accroître la valeur ajoutée en s’attaquant à ces freins. « Au-delà des enjeux d’emplois et de revenus, ce programme vise aussi à moderniser l’exploitation familiale en passant par de grands investissements privés, qui vont privilégier l’agrégation avec les paysans [l’agrégation consistant, pour un investisseur, à préfinancer les productions auprès des paysans auxquels il est lié par un contrat d’achat] », analyse Roger Blein, en déplorant toutefois les difficultés à définir une réelle stratégie à long terme pour le développement agricole.

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Grand format CÔTE D’IVOIRE ÉCONOMIE Le nouveau quai roulier (300 m de long et 14 m de tirant d’eau), première phase du terminal Ro-Ro d’Abidjan, a été inauguré en mars 2018.

Le PAA toutes voiles dehors

Le Port autonome d’Abidjan veut rattraper son retard pour rester compétitif face à ses concurrents du golfe de Guinée, qui se sont déjà modernisés et agrandis, comme Tema, Lomé, ou même Kribi.

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BAUDELAIRE MIEU

e port d’Abidjan est en pleine effervescence. Ces derniers mois, les travaux semblent s’intensifier, et Hien Sié, le directeur général du Port autonome d’Abidjan (PAA), compte bien engager avant la fin de l’année les derniers projets d’extension et de modernisation. En avril, un appel d’offres international a été lancé pour les travaux du terminal céréalier : un chantier dont le coût est estimé à 55 milliards de F CFA (plus de 83,8 millions d’euros), financé par l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica), qui permettra à ce terminal d’accueillir des navires de 13 mètres de tirant d’eau et de disposer d’une zone de stockage de 10 hectares. Surtout, en février, le PAA a réceptionné le chantier de l’élargissement et de l’approfondissement du canal de Vridi, principale voie d’accès au port d’Abidjan (qui donne sur la lagune Ébrié, et non directement sur l’océan). Ce projet majeur a été réalisé pour un investissement estimé à 255 millions de dollars (227 millions d’euros), financé par l’Exim Bank de Chine et par le PAA, sur fonds propres. La passe d’entrée a été élargie de 200 m à 350 m, et sa profondeur est passée de 14 m à 22 m, un atout pour le port, qui pourra désormais accueillir des navires de plus de 250 m de long (et bientôt jusqu’à 348 m), transportant 10 000 conteneurs (contre seulement

L

PAA

TRANSPORTS & LOGISTIQUE

3500 auparavant), et jusqu’à 16 m de tirant d’eau (comme à Kribi). Nombre d’investissements portant sur la mise à niveau des infrastructures avaient été suspendus ou retardés pendant la longue crise politico-militaire qu’a traversée le pays de 2002 à 2011, créant une congestion de la plateforme portuaire abidjanaise (dont le trafic représente 90 % des échanges extérieurs du pays) et engendrant une perte de compétitivité au profit de ses rivales, en particulier Tema (Ghana), Lomé (Togo) et Kribi (Cameroun). Mais, depuis 2012, les autorités ivoiriennes ont mis les bouchées doubles au PAA, l’objectif étant d’en faire « le » carrefour maritime incontournable sur l’Atlantique, entre Tanger, au Maroc, et Durban, en Afrique du Sud. L’État et ses partenaires chinois, qui financent l’ensemble des travaux d’aménagement et d’extension, ont prévu un investissement global de plus de 1015 milliards de F CFA). Environ 800 milliards de F CFA sont investis directement dans l’aménagement de la plateforme portuaire, et 200 milliards, consacrés à la réhabilitation et à la construction des voiries autour de son enceinte afin de fluidifier le trafic. Une grande partie des chantiers est exécutée par China Harbor Engineering Company (CHEC), le groupe qui a construit le port de Kribi.

Mise à niveau pérenne

Le dernier très gros chantier en cours est celui du deuxième terminal à conteneurs, le TC2. Il doit être achevé dans le courant du second semestre de 2019, pour une mise en service dès juin 2020. Avec 1 200 m de linéaire de quai et 18 m de tirant d’eau (ce sera le seul de cette profondeur sur la côte ouest-africaine), il va permettre d’accroître considérablement les capacités de transbordement ainsi que le volume de trafic. Actuellement, le TC1, saturé, ne peut guère excéder 1 million d’équivalents vingt pieds (EVP) par an et ne peut accueillir de bâtiments de plus de 11,5 m de tirant d’eau. Avec le TC2, le PAA pourra doubler sa capacité de traitement, à 2,5 millions d’EVP par an, et répondre, entre autres, aux besoins croissants des exportateurs de cacao et de noix de cajou, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial. Pour que le TC2 soit opérationnel, ses concessionnaires – le groupe français Bolloré (qui


exploite le TC1 depuis 2004) et son partenaire néerlandais APM Terminals (filiale du danois Maersk) – vont devoir l’équiper en portiques, en grues, etc. Un investissement estimé à 220 milliards de F CFA. De son côté, le groupe belge Sea Invest s’active sur le terminal minéralier, spécialisé dans l’importation de clinker pour les cimenteries, ainsi que dans l’exportation de manganèse – un enjeu de taille, sachant que la production ivoirienne de manganèse a dépassé les 640000 tonnes en 2018, en hausse de 25 %. Un investissement de 55 milliards de F CFA est d’ailleurs prévu afin de créer une zone de stockage et de manutention de 9 ha et de permettre au terminal d’accueillir des navires minéraliers longs de 13 m, contre 9,5 m actuellement. Enfin, en mars 2018, le PAA a inauguré un nouveau quai roulier (Ro-Ro) de 300 m de long et de 14 m de tirant d’eau, qui constitue la première phase du terminal Ro-Ro d’Abidjan (Terra), lequel comprendra à terme un linéaire de 500 m de quai et un terre-plein de 8 ha. Son rôle est important dans l’exploitation du port, puisqu’il

APRÈS LA FIN DES TRAVAUX DE REDI­ MENSIONNEMENT DU CANAL DE VRIDI, EN FÉVRIER, LE DERNIER GROS CHANTIER EST CELUI DU DEUXIÈME TERMINAL À CONTENEURS (TC2), QUI DEVRAIT ÊTRE LIVRÉ EN AOÛT.

est consacré à l’import-export de véhicules (qui peuvent ainsi être débarqués en un seul lieu) et permettra de relocaliser les activités de la douane. « Les chantiers ont été dimensionnés pour absorber une croissance de trafic pendant plusieurs décennies. Aussi, quand les infrastructures en cours seront livrées, la Côte d’Ivoire pourra-t-elle attendre cent ans avant de faire de nouveaux investissements ! » assure Hien Sié, le directeur général du PAA. « Nous avons déjà enregistré un trafic de 24 millions de t de marchandises en 2018 [en hausse de 7 % par rapport à 2017], dont 21 millions étaient destinées à l’économie nationale et seulement 3 millions à l’hinterland. L’objectif est d’atteindre 30 millions de t d’ici à 2020 », indique Hien Sié, soulignant que la croissance économique soutenue a permis au pays d’absorber un tel volume. Cet essor du trafic aura évidemment un impact sur le chiffre d’affaires du port (près de 85,3 milliards de F CFA, en 2018), qui dépend pour 52 % des redevances sur les marchandises.

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CONSOMMATION

Yaatoo défie Jumia Le site d’e-commerce du groupe Prosuma se développe à grande vitesse sur le marché domestique, où il compte bientôt rivaliser avec le leader panafricain du secteur. NADOUN COULIBALY

epuis son lancement en juillet 2016, Yaatoo, le site de commerce en ligne du géant ivoirien de la grande distribution Prosuma, s’est considérablement développé. Son objectif: gagner du terrain sur le marché naissant de l’e-commerce en Côte d’Ivoire, dominé par la plateforme panafricaine Jumia. Yaatoo mise sur la diversification de ses gammes de produits (comme le laisse entendre son nom) et sur des prix revus à la baisse (« moins chers que la boutique du quartier, d’après ses services marketing »). Désormais, la plateforme propose près de 12 000 références, contre 4 500 à ses débuts. « Nous avons commencé par référencer les franchises du groupe Prosuma. Aujourd’hui, les produits de notre maison mère continuent de représenter 90 % des ventes de Yaatoo, mais nous commercialisons également d’autres produits, comme des vêtements et de chaussures de marques », explique Doungnan Coulibaly, directeur de Yaatoo depuis sa création, après avoir été débauché chez Jumia. « Pour diversifier nos offres, nous nouons des partenariats avec des marques européennes, poursuit-il. Dans ce cadre, nous sommes, par exemple, en négociation avec Celio, qui a déjà une franchise en Côte d’Ivoire. » La plateforme multiplie aussi les campagnes promotionnelles. « Nous avons été les initiateurs du Boxing Day [soldes de Noël] en Côte d’Ivoire et avons aussi instauré une sorte de Black Friday, chaque premier vendredi du mois. Pendant ces campagnes, nous pouvons multiplier nos ventes

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ATOUT CLÉ: UN RÉSEAU DE POINTS DE VENTE

Leader de la grande distribution en Afrique francophone, Prosuma (Société ivoirienne de promotion de supermarchés) est présidé par Abou Kassam et dirigé par Karim Fakhry. Le groupe dispose de centrales d’achat ainsi que de 160 magasins et points de vente à Abidjan (notamment au sein de ses centres commerciaux: Cap Nord, Cap Sud, La Djibi), à San Pedro, à Bouaké, à Yamoussoukro et à Daloa. Il compte une vingtaine d’enseignes et de franchises (les magasins Sococé, les supermarchés Casino, Bon prix, Miniprix, Cash Ivoire, Gifi, Kiabi, Fnac, Nespresso…).

C.M.

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quotidiennes par dix », indique Doungnan Coulibaly. Au début, les clients devaient récupérer leurs achats faits en ligne dans les supermarchés du groupe à Abidjan, notamment au Casino Cap Sup de Cocody Riviera et à l’Hyper Casino du Prima Center, à Marcory. Depuis, le site marchand a développé son service de livraison, auquel il tient à associer une réputation de fiabilité et de rapidité. Pour assurer la livraison des commandes en deux heures dans Abidjan, Yaatoo dispose d’une plateforme logistique qui lui permet d’être toujours à une heure au maximum, à vol d’oiseau, du client final. « Toutes les commandes livrées à AbidjanNord sont acheminées à partir d’un point de traitement à Sococé, et celles d’Abidjan-Sud à partir du Prima Center [à l’entrée de la Zone 4], depuis lequel nous livrons à PortBouët, à Treichville et au Plateau », précise le patron de Yaatoo.

Solide allié

Il travaille par ailleurs avec deux prestataires : ALS, une start-up spécialisée dans la livraison des plis et des colis, et La Poste de Côte d’Ivoire. Yaatoo avait conclu un accord de partenariat avec cette dernière pour que les commandes effectuées sur sa plateforme puissent être livrées à domicile grâce à la géolocalisation, mais celui-ci n’a finalement pas abouti. Yaatoo a en revanche trouvé un solide allié : Ecobank Côte d’Ivoire lui a permis de développer ses solutions de paiement en ligne, en intégrant Visa et MasterCard. « Payer ses achats en ligne sur Yaatoo n’est pas moins sécurisé que chez Amazon. Nous utilisons le même protocole de sécurité que les grands groupes du secteur », assure Doungnan Coulibaly. Pourtant, jusqu’à présent, plus de la moitié des clients règlent encore en espèces à la livraison, plutôt que par carte bancaire ou

LA PLATEFORME PROPOSE PRÈS DE 12 000 RÉFÉRENCES, CONTRE 4 500 À SES DÉBUTS, MI-2016.


VINCENT FOURNIER/JA

paiement mobile. « Yaatoo, ça dépanne bien, avec une livraison rapide. J’y achète régulièrement des articles pour mon enfant, confie Haoua, employée d’une institution panafricaine établie à Abidjan. Mais je n’oserais pas commander des appareils électroniques. » À l’instar de la jeune femme, beaucoup de clients ivoiriens font du « lèche-vitrines » sur

Le paiement en ligne est autant sécurisé que chez Amazon.

le site, mais disent préférer « voir en vrai ce qu’ils achètent » en magasin, surtout lorsqu’il s’agit de produits onéreux, notamment dans les rayons high-tech ou électroménagers. Malgré l’essor rapide du secteur, seulement 0,2 % des transactions commerciales ivoiriennes sont réalisées en ligne. En face, le concurrent Jumia, implanté à Lagos, affiche des résultats globaux mitigés: s’il a annoncé pour 2018 un chiffre d’affaires de 149,6 millions de dollars (133 millions d’euros) et fait une entrée remarquée à la Bourse de New York en avril, en levant 200 millions de dollars au premier jour, ses pertes cumulées s’élèvent depuis sa création en 2012 à plus de 1 milliard de dollars (dont 195,2 millions pour la seule année 2018) ! Le géant panafricain n’en reste pas moins le numéro un incontesté de la grande distribution en ligne en Côte d’Ivoire. « Il y capte plus de 50 % des parts de marché des sites marchands, confirme le directeur de Yaatoo. Mais, à défaut de terrasser le géant, notre objectif est de faire jeu égal avec lui. » Que la bataille commence!

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SOCIÉTÉ

Houphouët intime S’appuyant sur la toute dernière interview du « Vieux », qu’il réalisa il y a vingtcinq ans, le journaliste et écrivain Serge Bilé nous entraîne dans les coulisses du pouvoir et retrace les premiers pas de la Côte d’Ivoire indépendante. KATIA DANSOKO TOURÉ, envoyée spéciale à Abidjan

E

n 1960, la Côte d’Ivoire accède à l’indépendance, et Félix Houphouët-Boigny devient le premier président du pays. C’est aussi en 1960 qu’est né Serge Bilé. Les « années Houphouët » de celui-ci auraient pu être celles de n’importe quel autre Ivoirien de sa génération. Si ce n’est qu’au récit viennent s’ajouter le commentaire et la vision du journaliste, qui analyse et ordonne nombre de temps forts de l’histoire de la Côte d’Ivoire postcoloniale. Et aussi, les impressions d’un enfant du pays qui, avant de se pencher sur l’écriture de ce livre, n’avait aucune idée des liens existants entre sa propre famille et le premier président ivoirien. « Mon oncle, mon grand-père et mon père sont liés à Houphouët. Et ma mère est une parente de Bernard Dadié, lui-même lié à Houphouët. Je me suis rendu compte que j’avais des attaches de toutes sortes avec le père de l’indépendance », raconte Bilé. Au fil des pages s’entremêlent une analyse des événements majeurs qui ont ponctué les mandats successifs du « Vieux », la biographie express de personnalités politiques ivoiriennes et antillaises, quelques anecdotes sur

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la culture populaire ivoirienne, avec, en filigrane, une brève histoire du panafricanisme et de la Françafrique, le parcours de Bilé depuis son arrivée en France, à l’âge de 13 ans (en 1973), le témoignage de membres de sa famille sur « leurs années Houphouët », etc. L’ensemble se déroule sur plusieurs décennies, mais il s’appuie sur un épisode qui, lui, dure à peine dix minutes. Il s’agit de la toute dernière interview d’Houphouët-Boigny, accordée quatre mois avant son décès. Ce 12 août 1993, Serge Bilé trépigne, avec quelques-uns de ses confrères, dans les couloirs de l’hôtel Masseran, le domicile parisien du président ivoirien, qui tarde à se montrer. Il recueillera finalement les propos qui, vingt-cinq ans plus tard, serviront de trame à cette biographie-autobiographie qui emmène ses lecteurs dans les coulisses du pouvoir et des histoires de familles.

Amitiés antillaises

Bilé choisit comme point de départ de son récit le 1er mai 1959, quand Houphouët-Boigny prend officiellement la tête du gouvernement autonome. Alors que la Côte d’Ivoire vient d’intégrer la Communauté


PORTALI/GAMMA-RAPHO

Félix Houphouët-Boigny (ici, en février 1990) prit la tête du gouvernement autonome le 1er mai 1959 et dirigera la Côte d’Ivoire jusqu’à sa mort, le 7 décembre 1993.


IL A TRACÉ UN CHEMIN POUR CE PAYS, DONT NOUS PROFITONS ENCORE AUJOURD’HUI. MAIS, À UN MOMENT DONNÉ, IL FAUT CESSER DE S’APPUYER SUR CE SOCLE HOUPHOUËT.

CONRAD VITASSE

Grand format CÔTE D’IVOIRE SOCIÉTÉ

Avant la préparation de son livre, l’auteur ignorait que sa famille et le « Vieux » étaient à ce point liés.

franco-africaine, le roi du Sanwi, Amon N’Doffou III, réclame un statut particulier pour son royaume. Les négociations échouent, et, le 3 mai, la République autonome du Sanwi est proclamée. « Si j’évoque cette affaire en premier, c’est à cause de mon lien personnel avec la communauté agni-sanwi. Mon père et ma mère sont tous les deux des Agnis, nés à Aboisso. On a toujours dit des Agnis qu’ils étaient arrogants parce qu’ils pensaient avoir été les premiers à avoir vu des Blancs. Cela m’a toujours perturbé », confie Serge Bilé. L’auteur évoque alors ses parents, qui apportent, eux aussi, leur éclairage sur l’ascension d’Houphouët. « Ce parcours qui est le mien est aussi le leur. Ils ont vécu l’indépendance. Avant la sortie du livre, je suis allé les voir et je leur ai fait une lecture des passages les concernant. Ma mère a pleuré et mon père est resté stoïque, comme d’habitude. Mais je sais qu’il était touché. » Ce récit-rétrospective fait aussi la part belle aux Antilles, chères au cœur d’Houphouët comme à celui de Bilé – qui officie actuellement en tant que présentateur

du journal télévisé sur la chaîne Martinique La Première. « Moi qui ai travaillé à établir un pont entre Africains et Antillais et me suis retrouvé aux Antilles, j’ignorais qu’Houphouët-Boigny s’était attaché à faire la même chose trente ou quarante ans avant moi ! » Et il revient sur les solides amitiés qu’a entretenues Houphouët avec Auguste Denise, Guy Tirolien, Albert Béville, Gerty Archimède, militante féministe et députée communiste guadeloupéenne dont il s’était épris (lire ci-dessous), sans oublier Aimé Césaire. « Houphouët disait qu’il existait aux Antilles un savoir-faire “français” qu’il ne trouvait pas en Côte d’Ivoire. En s’entourant de personnalités politiques antillaises, il avait l’impression de toucher à cet idéal. »

Séjour à la Maca

L’évocation de son passage au sein de la rédaction du quotidien gouvernemental Ivoir’Soir est l’occasion pour Serge Bilé d’aborder le côté sombre du Vieux. « On ne peut pas nier que, sous son règne, la presse ivoirienne

TRIPTYQUE Après son livre, Mes années Houphouët, Serge Bilé prépare un documentaire sur l’ancien président ivoirien ainsi qu’une comédie musicale, dont il a déjà écrit les textes. Celle-ci sera centrée sur le parcours politique de Félix Houphouët-Boigny de 1945 à 1960, sur ses combats

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contre le travail forcé et pour l’indépendance, ainsi que sur sa rencontre avec MarieThérèse Brou, qu’il épouse en 1952. Houphouët est la deuxième comédie musicale écrite par Serge Bilé, après celle sur Nelson Mandela, Soweto (2008), qui n’avait été jouée qu’aux Antilles et au Casino de Paris.

Le documentaire sera quant à lui consacré à la rencontre entre Houphouët et la députée féministe guadeloupéenne Gerty Archimède, dont il tomba amoureux. « Au-delà de cette histoire, le film évoquera le combat des Africains et des Antillais contre le colonialisme. Dans les années 1950, la Côte

d’Ivoire, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane ont fait front commun, souligne Serge Bilé. Des personnalités comme Aimé Césaire, Guy Tirolien ou Léon-Gontran Damas seront évoquées, avec des témoignages de la nièce de ce dernier et du neveu de Gerty Archimède. » K.D.-T.


était muselée. Houphouët disait même que la télévision anticasseurs, mais plutôt au système politique ivoirien, était “sa chose” », rappelle-t-il. Le journaliste l’apprend qui ne respectait pas les droits des individus », explique à ses dépens, en mai 1992. Après avoir qualifié l’arrestaSerge Bilé. tion de Laurent Gbagbo de « mascarade de justice » sur la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI), il est passé à tabac, puis arrêté à l’aéroport et emprisonné à la Maison Le journaliste franco-ivoirien ne semble pas non plus avoir d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Il y restera deux nourri de profonde rancune envers le père de l’indépensemaines. dance. « Comme tous les grands hommes, Houphouët« Les enfants qui ont “fait” la France n’écoutent pas Boigny avait ses zones d’ombre, mais il a tracé un chemin les conseils », répond Alassane Ouattara, alors Premier pour ce pays. Il avait une vraie vision, dont nous profitons ministre, à la mère de Serge Bilé venue le voir encore aujourd’hui, souligne Serge Bilé. Je pense pour obtenir des explications. « J’ai osé dire ce que si nous avons pu rebondir et sortir presque qu’il ne fallait pas et je me suis retrouvé dans la indemnes de la guerre que nous avons travermême prison que Laurent Gbagbo, avec lequel je sée, c’est grâce à ce qu’il nous a laissé. Reste que, me suis alors entretenu à plusieurs reprises. Je à un moment donné, il faut cesser de s’appuyer sur ne raconte pas, dans le livre, mes balades avec le socle Houphouët. » En d’autres termes, il estime Simone Gbagbo dans la cour de la prison, mais qu’il faut tourner la page Bédié-Gbagbo-Ouattara, j’ai trouvé que c’était une femme au tempérament trois hommes qui, à part, ou plutôt, à responsabiaussi solide que celui de son mari. » lité égale, ont selon lui dilapidé l’héritage d’HouUn séjour à la Maca certes pénible, mais que phouët-Boigny. « Même si chacun d’entre eux Mes années Serge Bilé surmonte en faisant son travail. Il orgaa apporté quelque chose à la Côte d’Ivoire, pour Houphouët, nise des interviews avec plusieurs prisonniers, permettre à ce pays d’avancer, il est temps que de Serge Bilé, qui seront publiées dans La Voie, quotidien de le jeu politique soit joué par les nouvelles généÉdition Cercle l’opposition. « À l’époque, je n’avais pas le temps rations », lance Serge Bilé. Selon lui, ce qu’il faut Média, 2019, de penser à moi et à ce que je ressentais. Je n’en avant tout retenir d’Houphouët c’est l’image d’un 216 pages, ai pas voulu à Ouattara, qui a mis en œuvre la loi homme qui aimait profondément son pays. 20 euros

Héritage dilapidé


Grand format CÔTE D’IVOIRE SOCIÉTÉ

MÉDIAS

Caroline Dasylva, diva de la RTI Avec son émission C’Midi, talk-show très suivi par les téléspectateurs ouest-africains, l’animatrice est devenue un visage emblématique de l’audiovisuel public ivoirien.

Quama Awards 2016

KATIA DANSOKO TOURÉ, envoyée spéciale à Abidjan

epuis cinq ans, Caroline Dasylva présente C’Midi, un talk-show très suivi, diffusé du lundi au vendredi, de 12 heures à 12 h 52, sur la RTI 1, première chaîne de la Radiodiffusion télévision ivoirienne. Elle accueille des anonymes prêts à témoigner de leurs expériences diverses et variées, parfois insolites – « J’ai été initiée à la sorcellerie par mon père », « J’ai envoûté mon mari », « J’ai été emprisonné à quatre reprises en Suède » –, mais aussi de parcours permettant d’aborder nombre de sujets de société, comme le handicap, la maltraitance, l’acceptation de soi, les relations familiales, la délinquance, etc. « Un programme d’infotainment avec une forte fibre sociale », résume la présentatrice. C’est à l’université de Bouaké (centre), où elle étudie les lettres modernes, que Caroline Dasylva fait ses premières armes audiovisuelles en donnant de la voix sur la radio du campus. Elle intègre ensuite le groupe Pigier pour un cursus en communication d’entreprise à Abidjan, où plusieurs stations, dont Cocody FM et Radio Abidjan 1, lui ouvrent leurs micros. En 2005, elle assure la présentation de 3T Fort, un jeu télévisé de la RTI 2. « Après cette expérience, j’ai monté Vaillance Production, devenue aujourd’hui Mediatis CI, ma société de communication événementielle. » C’est en août 2011, après avoir passé un casting, que l’animatrice rejoint la RTI. Très vite, elle devient le visage du programme Midi chez nous, puis, en 2014,

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celui de C’Midi, dont elle est aussi la rédactrice en chef. Depuis, cinq jours par semaine, elle officie en direct, entourée de sa troupe d’une dizaine de chroniqueurs, le « Caro Gang ». Avant chaque émission, Caroline Dasylva coache son invité témoin du jour – lequel aura au préalable contacté la hot line de la RTI puis été auditionné par l’ensemble de l’équipe. Le vendredi, place aux célébrités, parmi lesquelles Michel Drucker, Stromae, Lilian Thuram, Youssou N’Dour, Salif Keïta, Singuila, ou Oumou Sangaré, sans oublier les personnalités ivoiriennes, comme Didier Drogba, Michel Gohou, DJ Arafat ou Claire Bahi. « Je suis passionnée par mon travail. Pendant l’émission, je mets en avant mon amour pour les autres, je ne me cache pas », confie Caroline Dasylva, quinefaitaucunedistinctionentre ses invités, qu’ils soient ou non des stars : « C’est le respect de celui que l’on reçoit qui prime. Ce qui change, c’est le degré d’émotion. » Le talk-show, très suivi en Côte d’Ivoire et dans la sous-région, est numéro un des programmes grand public sur sa tranche horaire (avec plus de 16,8 % de part d’audience selon l’étude AfricascopeKantar pour 2018). Ce qui a valu nombre de distinctions à sa présentatrice, qui a notamment été sacrée meilleure animatrice d’émission culturelle en Afrique de l’Ouest aux Quama Awards 2016, à Bamako. « Je ne suis motivée ni par le succès d’audience ni par le buzz, insiste-t-elle. Pour moi, l’essentiel est d’apporter une réponse au problème posé par l’invité en plateau. » Une empathie tout à faitcompatibleavecson ambition de participer activement au rayonnement de l’audiovisuel ouest-africain.



Grand format CÔTE D’IVOIRE SOCIÉTÉ

FOOTBALL

Cissé Académie Croix-de-Savoie (2003-2009) – rebaptisé Évian-Thonon-Gaillard (ETG) en 2009. Des blessures récurrentes le contraignent à prendre sa retraite en juillet 2009. Il s’oriente alors vers la formation et la détection de nouveaux cracks. S’il n’a pas eu la flamboyante carrière d’attaquant de son compatriote Didier Drogba, il excellera dans cette nouvelle fonction.

Il officie aujourd’hui aux Girondins de Bordeaux.

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Fondateur du Racing d’Abidjan

Reconverti dans la formation et le recrutement, l’ex-attaquant fait désormais partie des meilleurs dénicheurs de talents de l’Hexagone. BAUDELAIRE MIEU

41 ans, l’ex-attaquant ivoirien a réussi sa mue. Fin janvier, Souleymane Cissé a été nommé directeur du nouveau département technique du club des Girondins de Bordeaux. Sa nouvelle mission est de conseiller le centre de formation et l’équipe première, en particulier pour détecter les talents et valider les recrutements. Un rôle clé dans le cadre du renouveau bordelais souhaité par les nouveaux dirigeants du club, les fonds américains General American Capital Partners (GACP) et King Street, propriétaires depuis novembre 2018. Natif de Bouna, en pays zanzan (nordest de la Côte d’Ivoire), Souleymane Cissé fait ses premiers pas en tant que joueur professionnel au milieu des années 1990 à Dijon, en France. Il passe ensuite par le Portugal – Sporting Portugal (19981999) –, puis par l’Allemagne – Werder Brême et Hanovre 96 (1999-2001) –, avant de rejoindre le club français

À

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CE TECHNICIEN A JOUÉ UN GRAND RÔLE DANS L’ÉCLOSION DE KYLIAN MBAPPÉ, QUI L’APPELLE « TONTON ».

AprèssixsaisonspasséesenHaute-Savoieen tant que joueur, il fonde et dirige le centre de formation d’ETG. Il devient ensuite entraîneur de l’équipe réserve monégasque, où évolue un certain Kylian Mbappé. De son passage en équipe première monégasque jusqu’à la signature de son premier contrat professionnel, Souleymane Cissé joue un grand rôle dans l’éclosion du jeune prodige, qui l’appelle « Tonton ». À Monaco, le coach contribue à la formation d’autres espoirs, tels que Thomas Lémar, devenu champion du monde 2018 avec l’équipe de France (milieu offensif à l’Atlético de Madrid), son compatriote Abdou Diallo (Borussia Dortmund), le Franco-Malien Almamy Touré (Eintracht Francfort) ou encore le Portugais Bernardo Sylva (Manchester City). Mais, en raison de désaccords avec le nouveau directeur du centre de formation de Monaco, Bernard Reuzeau (arrivé en 2017), le technicien ne sera pas reconduit pour la saison 2018-2019. Au moment où il a pris sa retraite de joueur, en 2009, Souleymane Cissé a également créé le Racing Club d’Abidjan (RCA), un centre de formation qui s’est depuis transformé en club. Le RCA, qui a un partenariat avec le club français de l’OGC Nice, fait désormais partie du top 5 ivoirien : il a rejoint la Ligue 1 pour la saison 2018-2019 et, dès cette première participation, est parvenu à titiller les clubs historiques de la capitale, comme l’ASEC Mimosas, le Stade d’Abidjan ou encore l’Africa Sports.


COMMUNIQUÉ

AVIS D’EXPERT

CMS Francis Lefebvre Avocats 2, rue Ancelle 92522 Neuilly-sur-Seine Cedex - France Tél. : +33 1 47 38 55 00 Email : deana.dalmeida@cms-fl.com www.cms.law/fr

Grandes Entreprises : Adaptez-vous ! La fiscalité en Afrique évolue L’exemple de la Côte d’Ivoire est frappant. La Côte d’Ivoire est l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique. En 2018, son taux de croissance est supérieur à 7 % et les recettes fiscales ont atteint un niveau record à plus de 2 000 milliards de Francs CFA (environ 3,4 milliards de dollars). Pour autant, la mobilisation des ressources intérieures demeure stratégique. La fiscalité internationale source croissante de recettes pour les États 50 milliards de dollars par an : c’est le montant estimé du manque à gagner pour l’Afrique de la fraude et de l’évasion fiscales. La Côte d’Ivoire, à l’instar d’une vingtaine d’autres pays africains, a donc rejoint le cadre inclusif de l’Organisation de coopération et de développement économiques afin de disposer d’outils pour lutter contre ces pratiques. De nombreuses mesures en matière de fiscalité internationale ont ainsi été récemment adoptées : majorations d’impôt pour les sommes versées à des paradis fiscaux, obligations de communiquer à l’administration des informations sur la nature et le prix des transactions

réalisées au sein d’un groupe (« prix de transfert »), déclaration pays par pays, etc. Vers un changement de paradigme dans la gestion fiscale des entreprises en Afrique ? Cela peut paraître aride pour les néophytes, mais il faut savoir que tout cela se traduit par une charge de « conformité fiscale » significative dont le non-respect est réprimé parfois très lourdement. Les entreprises appartenant à des groupes étrangers ou africains doivent désormais s’interroger sur leur approche de la fiscalité en Afrique. Les pratiques fiscales du groupe sont-elles conformes

Deana d’Almeida, Avocat counsel et Head of tax de l’équipe Afrique, CMS Francis Lefebvre Avocats

Dans ce contexte, certains groupes choisissent d’accroître leurs ressources sur le continent pour limiter le coût fiscal des facturations intragroupe. Des centres de services partagés ou des holdings régionales sont implantés, en Côte d’Ivoire notamment, où ils bénéficient de dispositions fiscales favorables.

Certains groupes choisissent d’accroître leurs ressources sur le continent pour limiter le coût fiscal des facturations intragroupe. aux nouvelles règles et cohérentes d’un pays à l’autre ? Est-il vraiment avantageux de localiser une holding à Maurice ? Comment facturer des « management fees » aux filiales du groupe alors que leur déduction est souvent contestée en cas de contrôle fiscal ?

Pour accompagner les entreprises dans leur stratégie d’investissement et d’implantation, les États africains doivent leur assurer, plutôt que des avantages fiscaux, une véritable stabilité juridique ainsi que des relations avec l’administration fiscale plus…équilibrées.


Grand format CÔTE D’IVOIRE SOCIÉTÉ

YOUENN GOURLAY

LOISIRS

Plein soleil sur Grand-Bassam

Sur la plage, un samedi.

Trois ans après l’attentat qui l’avait endeuillée, la cité balnéaire a retrouvé ses baigneurs du week-end, ses visiteurs étrangers et son rang de première destination touristique du pays. YOUENN GOURLAY, à Abidjan

e danger semble bien loin. Sur la plage la plus prisée de GrandBassam, des centaines de jeunes s’amusent à sauter dans les rouleaux, souvent violents sur cette partie de la côte. Patrick Collin, le propriétaire de La Nouvelle Paillote, l’un des hôtels particulièrement touchés lors de l’attentat de 2016, est ravi de retrouver cette ambiance. « Ça repart enfin, ça fait plaisir. On a fait beaucoup de travaux et d’efforts pour redonner une belle image. Les touristes habituels reviennent, on n’attend plus que les tour-opérateurs. » Le 13 mars 2016, trois jihadistes d’Al-Qaïda auMaghrebislamique(Aqmi)tiraientfroidement sur la foule toujours impressionnante du dimanche à « Bassam ». Premier – et unique – attentat du genre en Côte d’Ivoire. Bilan: 19 morts et 33 blessés, sans compter les trois terroristes. Les victimes étaient à la fois des Africains et des Européens, précise Ange Nohonain, guide-conférencier de la ville et chargé d’études au ministère de la Culture: « À Grand-Bassam, il y a toujours eu beaucoup de monde et un mélange: des Ivoiriens en week-end, des expatriés et des touristes. » Située à seulement 40 km à l’est d’Abid­ jan, l’ex-capitale coloniale, riche en histoire et en hôtels, était devenue la première destination touristique du pays, surtout depuis son entrée au patrimoine mondial de l’Unesco, en 2012. « La veille de l’attentat, j’avais accueilli plus de 2000 élèves au Musée national du costume, se souvient

L

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DU CÔTÉ D’ABIDJAN

Au début d’avril, le français Accor a rouvert son cinquième établissement dans la capitale économique ivoirienne. Après deux années de travaux de rénovation, il a inauguré au Plateau un hôtel Pullman (5 étoiles) entièrement relooké, de 265 chambres. Un investissement de 30,5 millions d’euros.

Lire aussi « Tourisme : opération reconquête pour la destination Côte d’Ivoire » sur www.jeuneafrique.com

Ange Nohonain. On recevait alors près de 40 000 personnes chaque week-end… » L’attentat a tout stoppé. Traumatisée, la ville a vécu au ralenti pendant des mois. Et les premiers touristes à revenir ne sont pas ceux que l’on pouvait imaginer… « Aussi bizarre que cela paraisse, ce sont les étrangers, explique le guide. Des Suédois, des Norvégiens, des Australiens… L’attentat a fait découvrir la ville et son histoire au monde entier. »

Grappe de photographes

Aujourd’hui, la cité balnéaire enregistre un regain d’attractivité. Elle accueillerait entre 10 000 et 20 000 visiteurs par week-end. C’est deux fois moins qu’avant, mais cela lui permet de retrouver sa place de première destination touristique du pays. À l’entrée de la vieille ville, à quelques pas de la stèle en hommage aux victimes de l’attentat, Deborah et Camille Nemlin semblent eux aussi comblés. Le couple vient de se dire « oui » et pose avec élégance devant une grappe de photographes. « Se marier ici est symboliquement fort. Cela étant, maintenant, c’est comme si on avait oublié, car dans notre culture on se focalise sur la joie. On préfère mettre en avant la fête de Bassam et le tourisme », explique Annie Kouassi, sœur de la mariée et organisatrice de ce grand jour. « Cette ville historique est vraiment incontournable », enchaîne Stefan, un touriste allemand en promenade avec son appareil photo, avant d’avouer qu’il ne savait même pas ce qui s’était passé en 2016.


HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL

NIGERIA Un eldorado à conquérir coûte ût que coûte

HORS-SÉRIE NO 50

PALMARÈS AGRO-INDUSTRIE L’ivoirien Sifca met le cap sur l’aval

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20e édition

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LES

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