CÔTE D’IVOIRE Spécial 30 pages Grands projets, petites manœuvres
MAROC
LE SUPERFLIC DE SA MAJESTÉ HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3047 DU 2 AU 8 JUIN 2019
Les élections de décembre, Tshisekedi, Kabila, l’opposition, son avenir… Rentré à Lubumbashi le 20 mai, après trois ans d’exil forcé, l’homme d’affaires et principal opposant s’est confié à JA.
INTERVIEW EXCLUSIVE
MOÏSE KATUMBI
« Ce que je veux pour le Congo » .
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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 birrs Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 5 € Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 4 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285
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FINANCES BNP : out of Africa ?
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La dégradation de la situation financière de Mobisol a fait l’effet d’un coup de semonce dans le secteur.
SOLAIRE DOMESTIQUE
Retour sur terre La procédure d’insolvabilité annoncée en avril par Mobisol, l’un des leaders du marché, souligne la fragilité du modèle économique du secteur. Après dix années d’investissements massifs, cette industrie voit ses revenus décroître.
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RACHEL FOR POWER AFRICA
Dossier Énergies vertes
JULIEN WAGNER
«
N
ous devons nous attendre à une première vague de consolidation de l’industrie dans les mois à venir. » La procédure d’insolvabilité révélée en avril par l’allemand Mobisol, l’un des cinq leaders du secteur, a provoqué un véritable coup de semonce sur le marché des installations solaires domestiques en Afrique. Dans sa lettre de blog sur NextBillion publiée le 22 mai, en forme de réponse aux déboires de Mobisol, Jesse Moore, le cofondateur du kényan M-Kopa, leader du marché en Afrique, a, malgré un ton résolument optimiste, reconnu les difficultés actuelles. Lâchant même au passage une petite bombe supplémentaire : M-Kopa, qui, entre 2010, sa date de création, et la fin de 2018, a vendu 630 000 kits solaires, a procédé à « une restructuration » à la fin de 2017. D’après un bon connaisseur du secteur, « la start-up kényane s’est séparée à ce moment-là de 10 % à 15 % de ses salariés ». Pour une industrie qui ambitionnait d’éclairer « 25 % de l’Afrique subsaharienne d’ici à 2030 », ces différentes annonces sonnent comme un coup d’arrêt. Depuis son essor il y a dix ans, l’industrie a vu affluer plus de 500 millions de dollars d’investissements privés avec l’espoir affiché de détenir à terme la solution pour donner accès à l’électricité aux quelque 600 millions d’Africains qui en sont dépourvus – dont près des trois quarts habitent en zone rurale.
Un recul qui cache cependant de grandes disparités
Une manne et un impact social qui ont attiré beaucoup d’acteurs. Aujourd’hui, on compte plus de 130 compagnies dans le monde vendant des produits allant de la lampe de moins de 1 watt aux solutions
capables d’alimenter un réfrigérateur ou une pompe à eau. D’après les projections, le milliard de dollars de revenus dans toute l’industrie devrait être atteint en 2020 – dont près de 30 % pour le seul M-Kopa. Toutefois, après plusieurs années d’une croissance à deux chiffres, les ventes connaissent depuis deux ans une stagnation. D’après le dernier rapport semestriel produit par Gogla, la vigie du secteur, les revenus totaux du marché sont passés de 252 millions de dollars, en 2016, à 211 millions, en 2017, et à 207 millions, en 2018. Une diminution qui cache cependant de grandes disparités, avec notamment les solutions à petite puissance (moins de 10 W), qui représentent près de 90 % du marché et dont les ventes stagnent ou diminuent, et celles à plus grandes puissances (plus de 10 watts), qui augmentent fortement. Les ventes de solutions solaires domestiques de 10 W à plus de 100 W ont ainsi plus que doublé en deux ans (+ 133 % entre 2016 et 2018).
Des coûts importants et une faible présence locale
Paradoxalement, c’est à cette catégorie d’acteurs qu’appartient Mobisol. « Certes, c’est un marché en forte expansion et avec du potentiel, mais il est beaucoup plus complexe que celui des petites puissances », rappelle Joao Cunha, responsable de la division initiatives énergies renouvelables à la BAD. « Je vois au moins deux problèmes dans leur business model », énumère Thomas Chevillotte, directeur financier d’un des leaders du secteur, Bboxx (plus de 60 000 kits vendus en 2018). « Le premier, c’est une culture assez centralisée depuis leur siège à Berlin [où travailleraient près de 600 personnes], avec beaucoup d’expatriés en Afrique. » Soit une masse salariale importante lorsque le client final du produit se trouve, lui, en Afrique, et le plus souvent en zone rurale. Mais
DES MILLIARDS DE FRANCS RWANDAIS POUR BBOXX La Banque africaine de développement (BAD) vient d’octroyer un prêt de 8 millions de dollars libellé en monnaie locale au fournisseur de systèmes solaires hors réseau établi à Londres Bboxx par l’intermédiaire d'Ogef, son fonds d’accès à l’énergie hors réseau, pourvu de 100 millions de dollars. L’idée de ce prêt en francs rwandais est de « réduire le risque de change », explique Joao Cunha, responsable de la division initiatives énergies renouvelables à la BAD. « Le risque monétaire dans cette activité, c’est un peu l’éléphant dans le salon, explique-t-il. Les financements sont libellés en dollars ou en euros, mais les clients, eux, paient en shillings ou en francs CFA. Avec cet instrument, nous tentons d’atténuer ce risque pour les entreprises. » J.W.
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PIERS BENATAR/PANOS-REA
Dossier Énergies vertes SOLAIRE DOMESTIQUE
Jesse Moore, cofondateur du kényan M-Kopa - qui s’est séparé de 10 % de ses salariés.
20,32 MW C’est la puissance installée ces six derniers mois en Afrique subsaharienne à travers les solutions solaires domestiques hors réseau
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aussi une certaine déconnexion de la réalité du terrain. « Le second, ajoute Thomas Chevillotte, c’est leur approche marketing. D’une certaine façon, ils vendaient des BMW dans des zones rurales à travers de grandes campagnes publicitaires. C’est-à-dire des produits supérieurs à 80 W, de qualité, mais trop chers. Le problème, c’est que ce segment de marché n’est pas encore suffisamment profond et que ses coûts sont encore trop élevés. » En effet, typiquement, l’entreprise doit créer un réseau de distribution locale jusqu’en zone rurale, vendre à crédit et financer son client (modèle dit de pay-as-you-go) parfois pendant trois ans. En théorie, elle doit également être capable de bloquer ses installations à distance et de récupérer son matériel si le client ne paie pas. Ce qui n’est pas toujours le cas. Des coûts importants, une faible présence locale, un marché trop petit, mais aussi un actionnaire peutêtre trop frileux. « Le fait d’avoir pris comme investisseur un fonds de private equity [Investec] avec un horizon temporel plus court plutôt qu’un acteur stratégique [Bboxx s’est notamment allié avec EDF au Togo et avec AIIM, un fonds infrastructure, au Kenya, au Rwanda et en RD Congo] a rajouté, selon moi, une forte pression financière, avance Thomas
Chevillotte. Au début, ils ont obtenu beaucoup de subventions et n’ont probablement pas bien contrôlé leurs dépenses par rapport à leurs chiffres de vente. »
Objectif d’Engie : croître à très grande échelle
« Cela montre simplement que le business model n’est pas encore mature, constate Joao Cunha. Le marché a été un peu rapide à prétendre qu’il avait trouvé un modèle commercial gagnant. La solvabilité des clients reste fragile et saisonnière. Ce sont les entreprises qui ont vraiment été capables de se rapprocher de leur base client et de la comprendre, comme tente de le faire PEG Africa, Bboxx ou Fenix, qui ont la meilleure chance de survie. » Chez Engie, propriétaire à 100 % de Fenix International, qui revendique 220 000 clients sur le continent, on pense en effet avoir trouvé la parade. « Ce qui se passe avec Mobisol confirme que les Solar Home Systems sont bel et bien un business de volume, pense Raphaël Tilot, directeur de l’innovation et du développement chez Engie Afrique. Notre objectif est de croître à très grande échelle en faisant évoluer Fenix d’une start-up vers une société internationale bien structurée qui conserverait la même rigueur
Dossier Énergies vertes SOLAIRE DOMESTIQUE
DES MILLIONS EN JEU Volume des ventes, en unités
SOURCE : GOGLA
Régions
Total
Montant de valeur, en $
En leasing Comptant
En leasing
Comptant
Afrique subsaharienne 2 275 877
875 864
1 400 013
143 424 008
31 027 213
Afrique de l’Est
1 854 920
720 982
1 133 938
109 659 979
24 981 136
Afrique de l’Ouest
269 911
111 834
158 077
23 791 211
2 869 930
Afrique centrale
118 440
31 046
87 394
3 730 353
2 428 331
Afrique australe
32 606
12 002
20 604
6 242 464
747 816
financière et opérationnelle que dans les autres activités du groupe. Par exemple, nous sommes très attentifs à nos clients et à leur capacité de paiement. Nous effectuons une vérification préalable sur leur capacité de remboursement. »
Le hors-réseau solaire, facteur de développement local
LES REVENUS DU MARCHÉ SONT PASSÉS DE 252 MILLIONS DE DOLLARS EN 2016 À 211 MILLIONS EN 2017 ET À 207 MILLIONS EN 2018.
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Aucune compagnie contactée n’a consenti à nous donner son taux de défaut. Cependant, d’après nos informations, ce taux se situerait entre 10 % et 15 % selon les entreprises et les pays, et près de 40 % des clients accuseraient des retards de paiement. Un paramètre difficile à modifier et pourtant décisif. « La solvabilité du client final est une donnée fondamentale du business, observe Amaury Klossa, partenaire au cabinet de conseil Emerton. Des solutions de solaire domestique ne pourront être mises en place qu’en cas de solvabilité suffisante du client final. Ce qui reste aujourd’hui une très grosse incertitude. » « Il y a eu une sorte de bulle pendant trois ou quatre ans, résume Joao Cunha. Beaucoup d’argent est rentré, les valorisations ont augmenté, puis une grosse pression a été mise sur la croissance. La procédure d’insolvabilité de Mobisol est une forme de réveil. Nous devons retourner aux fondamentaux, comprendre le marché, les clients, les paramètres du crédit… Le positionnement aussi. Pour moi, ceux qui ont le plus de
chances de réussir sont ceux qui vont offrir des solutions off grid solaires [l’électrification à partir de systèmes de production autonomes non reliés au réseau électrique] permettant à l’agriculteur de gagner en revenus. Par exemple, les entreprises qui visent l’irrigation ont de plus grandes chances de survie que les autres. » Thomas Chevillotte, de Bboxx, est plus prosaïque. « Le marché n’est pas remis en question. Mais c’est une alerte. Beaucoup d’argent a été investi, et les investisseurs cherchent à avoir une bonne rentabilité finale. C’est normal qu’il y ait une première sélection et que ceux qui ne seront pas rentables à court terme s’en aillent. » Pour le directeur exécutif de Gogla, Koen Peters, il n’y a pas de quoi s’inquiéter outre mesure. Le secteur est jeune et tout aussi prometteur. « La faillite de n’importe quelle jeune entreprise du secteur est regrettable, mais c’est une industrie qui bouge très vite et où ce genre d’événements arrivent. L’industrie est parvenue depuis sa création à procurer à 245 millions de personnes des installations d’énergie solaire à travers l’Afrique et l’Inde. D’après les estimations, il devrait grandir de 25 % par an pour atteindre plus de 150 millions de ménages [environ 740 millions de personnes] d’ici à 2022. La raison est simple, c’est un secteur gagnant-gagnant pour ces économies. L’industrie du horsréseau solaire ne permet pas seulement de développer une nouvelle énergie verte, elle permet aussi de diversifier les sources de revenu au niveau microlocal. C’est d’ailleurs pourquoi nous en appelons aux différents gouvernements à travers le monde pour transformer leur stratégie énergétique vers le déploiement du solaire à tous les niveaux. » M-Kopa a montré un autre chemin. Selon Jesse More, la restructuration a eu du bon, la compagnie a pour la première fois dégagé un Ebitda positif au niveau global et est devenue profitable au Kenya, son plus grand marché.
En Afrique, nous contribuons au dynamisme économique des territoires. Comment? En réinvestissant la majorité de nos dépenses localement. Autrement dit, nous partageons la valeur que nous créons. Notre objectif est d’apporter des solutions pour améliorer la performance de nos clients en matière réglementaire, sociétale et environnementale. Pour y parvenir, nous interagissons avec l’ensemble des acteurs du territoire pour innover et co-construire des initiatives créatrices de valeur partagée.
90%
Part des dépenses réinvesties sur les térritoires
Afrique fi
Dossier Énergies vertes
ÉOLIEN
SIEMENS GAMESA
SIEMENS GAMESA Enrique Pedrosa
PDG onshore pour l’Europe du Sud et l’Afrique
« Dans les renouvelables, mieux vaut avoir des objectifs modestes mais réalistes » Leader mondial dans l’éolien, le groupe né de la fusion de deux géants européens l’est aussi en Afrique. Son objectif: aider le continent à réussir sa transition énergétique. Propos recueillis par OLIVIER CASLIN
a fusion, en 2017, entre l’allemand Siemens et l’espagnol Gamesa a donné naissance à un géant mondial de l’énergie éolienne (9,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires). Présent sur les principaux segments du marché, Siemens Gamesa l’est également sur les cinq continents. À commencer par l’Afrique, où les deux entreprises étaient implantées de longue date. Chargé de la région depuis septembre 2017, Enrique Pedrosa, ancien responsable des ventes et du marketing chez Gamesa, revient sur les objectifs affichés par sa société sur le continent et sur les défis qu’il lui reste à relever pour accompagner, de manière durable, le développement énergétique de l’Afrique.
L
Jeune Afrique : Depuis quand date l’intérêt de Siemens Gamesa pour l’Afrique? Enrique Pedrosa : Siemens, notre
actionnaire principal, est présent en Afrique depuis plus de 162 ans, pendant que Gamesa s’y est établi en 2004, fournissant les parcs éoliens
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exploités en Tunisie, au Maroc et en Égypte. Grâce à son expérience, Siemens Gamesa est aujourd’hui leader sur le continent dans l’éolien, avec une capacité installée de près de 3 GW, soit 55 % de part de marché. La fusion entre les deux groupes a-t-elle provoqué un regain d’attention pour le continent?
Elle a permis de renforcer les relations avec nos partenaires sur place et de mieux nous positionner sur le marché pour aider le continent à réussir sa transition énergétique. L’Afrique offre plus que jamais de nombreuses opportunités dans le domaine des énergies renouvelables, basées sur les ressources dont elle dispose, sa croissance démographique et son dynamisme économique. Nous sommes donc déterminés, dans un environnement hautement concurrentiel, à conserver notre leadership et à assurer notre rentabilité en maximisant notre compétitivité par la différenciation technologique et la réduction des coûts. Notre plan stratégique triennal 2018-2020 doit justement renforcer notre capacité à
répondre aux attentes de nos clients, sur un marché en constante évolution, tout en optimisant nos économies d’échelle. Pourquoi avoir réalisé une telle opération à l’époque?
En raison de la complémentarité technologique, opérationnelle et géographique entre les deux entreprises. Siemens Wind Power est leader dans l’offshore, avec des positions solides en Europe et en Amérique du Nord, pendant que Gamesa, numéro un dans l’onshore, est un acteur de premier plan en Amérique latine, en Afrique et sur les marchés émergents d’Asie. Cette opération a donc permis de consolider nos positions et notre compétitivité. Nous sommes plus forts pour investir dans les nouvelles technologies qui contribuent à rendre l’énergie plus verte et plus fiable. Et quel bilan en tirez-vous?
La fusion de deux géants qui ont leur propre culture est toujours un défi de taille, mais nos efforts ont payé puisque nous sommes aujourd’hui numéro un mondial dans l’offshore et numéro deux dans l’onshore et les services. Nous disposons actuellement de plus de 90 GW installés dans 90 pays, et notre carnet de commandes d’élève à 23 milliards d’euros. Notre titre a réalisé cette année la
Dossier Énergies vertes ÉOLIEN
attentifs et prêts à leur proposer nos services et nos solutions.
PAUL LANGROCK/SIEMENS GAMESA
Quelles sont les particularités du marché africain en matière d’énergie éolienne?
Le parc de Haouma, au Maroc.
plus-value la plus importante sur l’Ibex 35 [principal indice à la Bourse de Madrid], avec une hausse de 27 %. EnAfrique,leMarocdisposed’untiers devoscapacitésinstalléesainsiquede votre unique usine de fabrication de pâles. Est-ce que le royaume tient une place particulière dans votre stratégie d’implantation sur le continent?
C’est en effet l’un de nos pays les plus importants en Afrique, avec l’Égypte et l’Afrique du Sud. Le Maroc offre un environnement politique et économique stable, avec un engagement clair des pouvoirs publics pour encourager la présence des énergies renouvelables dans le futur mix énergétique du pays, à hauteur de 52 % d’ici à 2030. Nous avons implanté notre première usine de pâles à Tanger, car la ville est idéalement placée pour approvisionner de nombreux pays d’Europe, d’Afrique et du MoyenOrient. Cette implantation confirme également notre engagement à encourager le développement des compétences locales. Pourquoi avez-vous choisi d’implanter une usine en Afrique?
Nous sommes des industriels. L’emplacement de nos usines est dicté par des facteurs tels que les coûts, la taille des futurs marchés, la proximité logistique, la compétitivité
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à l’exportation et la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée. Avec la croissance attendue du secteur éolien sur le continent, il était logique que nous nous y installions un jour ou l’autre. Vous semblez jusqu’à présent vous être particulièrement concentrés sur l’Afrique du Nord. Avez-vous d’autres projets sur le reste du continent?
Notre présence dans cette région est due à des raisons historiques. Les pays d’Afrique du Nord sont les premiers sur le continent à avoir mis en place les cadres nécessaires pour assurer le développement des énergies renouvelables. Mais nous sommes également présents en Mauritanie, à Maurice, au Kenya, et beaucoup de pays africains s’intéressent aujourd’hui au secteur, de l’Éthiopie au Sénégal en passant par la Zambie ou le Ghana. Nous sommes
La consommation énergétique y est étonnamment faible, et, les énergies renouvelables étant aujourd’hui parmi les plus abordables, l’Afrique représente pour nous l’un des marchés importants dans les prochaines décennies. Mais, en raison de ses particularités climatiques, géographiques et démographiques, le continent pose des problèmes spécifiques, comme l’accès à l’énergie, à cause notamment du faible développement des réseaux électriques, de la mobilité des populations ou des faibles taux de bancarisation. Ces défis exigent des solutions adaptées dont les Africains doivent devenir les acteurs. De plus en plus d’entreprises émergent localement, offrant des solutions adaptées aux besoins du continent. Et cette tendance ne fait que commencer. Commentdévelopperdavantagel’utilisation des énergies renouvelables à travers le continent?
Nous avons pu constater, à travers le monde, que les pays qui ont réussi à développer les énergies renouvelables l’ont fait en définissant des objectifs clairs à moyen terme et à long terme, qu’ils ont ensuite respectés. En matière d’énergies renouvelables, mieux vaut des objectifs modestes mais réalisables. Le plus important est d’apporter de la visibilité et de la crédibilité au secteur, pour attirer les investisseurs et les industriels. Quels sont vos objectifs sur le continent?
NOTRE USINE DE PÂLES DE TANGER EST BIEN PLACÉE POUR SERVIR L’EUROPE, L’AFRIQUE ET LE MOYEN-ORIENT.
En tant que premier fournisseur d’énergie éolienne en Afrique, nous sommes déterminés à soutenir la croissance économique du continent de manière durable. En permettant d’abord l’accès à une énergie propre pour un nombre toujours croissant d’Africains. En assurant ensuite une intégration de la chaîne de valeur le plus localement possible.
Pour l’Afrique de demain Des chantiers iconiques, réalisés par BESIX
EGYPTE GRAND MUSEE EGYPTIEN
Le Grand Musée Égyptien est le plus grand édifice construit par l’homme dans le pays depuis les pyramides. Il accueillera plus de 100.000 œuvres, illustrant la richesse de l’histoire égyptienne. BESIX et Orascom réalisent l’ensemble des travaux de construction du bâtiment.
CAMEROUN BARRAGE DE NACHTIGAL
Financé par EDF(I) S.A., la SFI, l’Etat du Cameroun, Africa 50 et STOA, les installations de Nachtigal produiront 420 MW et augmenteront d’un tiers la production nationale d’électricité. BESIX est en charge, en association, de la conception et de la construction du barrage, du canal d’amenée, des prises d’eau et des travaux de génie civil de la centrale.
MAROC | TOUR MOHAMMED VI
BESIX et TGCC construisent la Tour Mohammed VI, d’une hauteur de 250 mètres, conforme aux standards internationaux les plus élevés. Financé par Groupe FinanceCom et dessiné par les architectes Rafael de la Hoz et Hakim Benjelloun, l’ouvrage s’inscrit dans le programme « Rabat Ville Lumière, Capitale Marocaine de la Culture ».
CÔTE D’IVOIRE | EAU POTABLE
L’usine de traitement d’eau de La Mé, l’une des plus importantes d’Afrique de l’Ouest, renforcera l’alimentation en eau potable de la ville d’Abidjan. Pour PFO Africa, BESIX réalise l’ensemble des travaux de génie civil, dont ceux des sites de l’usine et de la prise d’eau.
BESIX réalise des chantiers de classe mondiale dans les domaines de la gestion de l’eau et des déchets, du bâtiment, des infrastructures ou encore des travaux maritimes. Parmi ses réalisations figure notamment la Burj Khalifa de Dubaï, la plus haute tour du monde. En savoir plus : www.besix.com Nos opportunités d’emploi : www.besix.com/fr/careers
Dossier Énergies vertes
INFOGRAPHIES
Un mix de plus en plus diversifié ’
L
Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) estime, dans une étude, que l’objectif d’une part de 31 % de renouvelable dans le total de la production de la Cedeao sera atteint dès 2025. Cette proportion pourrait même atteindre 38 % d’ici à 2030.
AFRIQUE DE L’OUEST : LE GAZ EN PLEINE CROISSANCE Éolien
Solaire photovoltaïque
Biomasse
Hydroélectricité
Gaz
Pétrole
Charbon
250 000 GWh
200 000
MAROC : 80 % D’ÉNERGIE FOSSILE MAROC :EN 802017 % D’ÉNERGIE FOSSILESolaire EN 2017 1,3 % Chaleur industrielle 4,1 % Solaire Hydroélectricité 4 % 1,3 % Hydroélectricité 4 % Éolien 9,5 % Éolien 9,5 %
Pétrole 9,1 % Pétrole 9,1 % Gaz naturel 18,6 %
100 000
Chaleur industrielle 4,1 %
32,8 32,8 TWh TWh
Charbon
50 000
53,5 % Charbon 53,5 %
Gaz naturel 18,6 %
0 2015
SOLAIRE : LE KENYA, LEADER DES VENTES 800 000
2016
2017
2018
2018 SEMESTRE (S.) 2
2019
2020
2018 S. 1
2022
2017 S. 2
2024
2026
2017 S. 1
2028
2016 S. 2
600 000
SOURCE : GOGLA
400 000
74
200 000 0
Éthiopie
jeuneafrique no 3047 du 2 au 8 juin 2019
Kenya
Rwanda
Tanzanie
Togo
Zambie
2030
2016 S. 2
SOURCE : IRENA
SOURCE : ©CONNAISSANCE DES ÉNERGIES, D’APRÈS AIE
150 000
COMMUNIQUÉ
AVIS D’EXPERT
FIDAL 4-6 avenue d’Alsace 92982 PARIS La Défense Cedex Standard : +33 (0) 1 46 24 30 30 Séverine Lauratet : Severine.Lauratet@fidal.com Hugues de la Forge : Hugues.delaForge@fidal.com Alexandre Almira : alexandre.almira@fidal.com www.fidal.com
Énergies Renouvelables en Afrique : éclairage sur les enjeux juridiques et fiscaux E
njeu de souveraineté et de croissance,les gouvernements
africains ont adapté leur cadre juridique et fiscal pour accompagner le développement des énergies renouvelables. Le financement va prioritairement aux pays ayant su adapter leur cadre juridique La BEI a récemment accordé 1 milliard d’euros destiné notamment à des projets de centrales solaires de 500 MW au Maroc ou une centrale hydroélectrique de 420 MW au Cameroun. Or, ces pays ont fait évolué leur législation vers une libéralisation du secteur de l’énergie facilitant des financements soutenus par des mécanismes de couverture de type MIGA (Multilateral Investment Guarantee Agency) suppléant les carences des off-takers publics.
Standardisation de la documentation de projet En parallèle, sous la pression des prêteurs, les Etats standardisent la documentation de projet à l’instar de l’Île Maurice ou du Burkina Faso pour la mise en œuvre de leurs contrats d’achats d’électricité. Des réformes encore inachevées Cependant, certains pays pâtissent encore d’un cadre juridique im-
parfait : feed-in tarifs non fixés, poids persistant du régulateur, ouverture limitée à des producteurs indépendants… Séverine Lauratet, Hugues de la Forge, Alexandre Almira, Enfin, certaines Avocat Avocat Avocat Directeur Associé Directeur Associé Collaborateur Fiscaliste lois sectorielles FIDAL FIDAL FIDAL se heurtent à la concurrence des lois PPP dont tissement par le Ministre technique certaines incluent la sphère énergé- concerné et le Ministre du Budget tique. Une clarification parait donc en Côte d’Ivoire. s’imposer dans certains pays. Des mesures fiscales dissuasives Face à ces nouveaux défis, En parallèle, de nouvelles taxes viles législations fiscales africaines sant à dissuader le développement évoluent autour de trois axes. des activités polluantes sont introduites. En Algérie par exemple une De nouvelles mesures incitatives taxe sur les activités polluantes et Des incitations fleurissent pour pro- dangereuses pour l’environnement mouvoir l’investissement dans les a été codifiée, elle est assisse sur le énergies renouvelables, comme au nombre d’employés, la nature de Sénégal avec l’application d’une ré- l’activité et la quantité de déchets duction d’impôt sur les bénéfices dans générés. le domaine du solaire ou de l’éolien. Les codes des investissements intègrent dorénavant, explicitement ou implicitement, le secteur des énergies renouvelables. Toutefois, récemment les législateurs encadrent l’octroi de tels avantages par la constitution de garanties préalables sous forme de caution bancaire au Burundi ou en imposant la signature conjointe de la convention d’inves-
La structuration des investissements à revisiter Enfin, tous les États africains ont ainsi récemment introduit des mesures fiscales spécifiques pour lutter contre la fraude et l’évasion fiscales. La structuration des investissements doit être parfaitement organisée pour assurer la conformité aux nouvelles normes locales et internationales fiscales.
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