BITUREM
MITSUAGE Aexum della presco rfe biturems
Emen sis itaque difficu ltatibus multis et
MITSUAGE Aexum della presco rfe biturems
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3048 DU 9 AU 15 JUIN 2019
Depuis la crise consécutive aux élections de 2018, la situation économique s’améliore. Pour accélérer encore le mouvement, le chef de l’Etat a lancé un très ambitieux Plan national de développement. Mais gare aux dérapages !
TOGO
Faure Gnassingbé
L’homme pressé .
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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 birrs Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 5 € Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 4 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285
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Le rendez-vous annuel des dirigeantes africaines 17 ET 18 JUIN 2019 PARIS
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GRAND FORMAT Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays
Changement d’horizon
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TOGO
Le chef de l’État, Faure Gnassingbé, s’appuie sur le Plan national de développement (2018-2022) pour transformer le pays en profondeur, multiplier les projets et attirer les investisseurs. jeuneafrique no 3048 du 9 au 15 juin 2019
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90 ENJEUX
L’homme pressé
94 L’infographie
Nadoun Coulibaly nadcoul
Nouvelle boussole
Un plan, trois axes
96 Stratégie
Sani Yaya Ministre de l’Économie et des Finances
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Éminences grises et chevilles ouvrières
104 Politique
Hors-jeu d’opposition
106 Opposition e Togo est désormais dans une conjoncture favorable. Après les législatives de 2018, boycottées par l’opposition réunie au sein de la C14, l’accalmie est de retour. Même si nombre de Togolais et d’observateurs ont les yeux rivés sur la présidentielle de l’an prochain. D’autant plus que la réforme constitutionnelle – entérinée par le Parlement –, qui prévoit la limitation du nombre de mandats présidentiels, permet également au chef de l’État, Faure Gnassingbé, de se présenter aux scrutins de 2020 et 2025. En attendant ces échéances, les autorités accentuent leurs efforts pour conforter la reprise. « L’impact négatif de la crise de 2017 et l’ajustement budgétaire sévère qui en a découlé ont limité la croissance », résume la BAD. Après une quasi-paralysie provoquée par les tensions politiques, l’économie amorce donc un rebond. Et pour la deuxième année consécutive, la croissance promet d’être au beau fixe, avec un taux de 4,9 % attendu cette année. Les efforts consentis par Lomé pour assainir les finances publiques viennent d’être couronnés par l’agence américaine de notation Standard & Poor’s qui, dans sa première évaluation du pays, lui attribue la note de B/B (spéculatif). Une reconnaissance méritée, qui ne doit cependant pas faire perdre de vue l’urgence de contrôler la dette, passée de 44 % en 2010 à 70 % du PIB aujourd’hui. Lancé au début de mars, le PND, que les experts décrivent comme un plan d’investissement structuré, sert
L
de boussole aux nouvelles ambitions togolaises. Après avoir rétabli une certaine stabilité macroéconomique, notamment dans la gestion de la dette qui avait explosé à la suite de la politique d’investissements massifs dans les infrastructures, Lomé parie dorénavant sur la mise en œuvre rapide des projets structurants du PND. Raison pour laquelle le Togo a récemment conclu deux conventions, l’une avec l’Africa Finance Corporation (AFC), la seconde avec la Banque asiatique pour les investissements dans les infrastructures (BAII), créée par la Chine. Ce pour diversifier davantage ses sources de financement et, surtout, bénéficier d’une enveloppe d’environ 800 millions de dollars destinée à financer le chantier de doublement de la route nationale 1.
Patience
« Après les problèmes de 2017, la relance économique est prometteuse grâce à des taux de croissance significatifs. Avec le PND, nous espérons maintenir ce cap. Pour ce faire, il faut trouver les bons leviers », décrypte un patron togolais. Dans un tel contexte, tous attendent que le PND produise ses effets sur la vie quotidienne des Togolais. D’après les projections, il doit permettre au pays de créer au moins 500 000 emplois, d’accroître le revenu par tête de 9,7 % et de grappiller 14 points dans l’indice de développement humain. Reste à savoir si les dépenses sociales de plus en plus prépondérantes – environ 15 % dans le budget 2019 – suffiront pour convaincre les Togolais de faire preuve de patience.
André Johnson Vice-président de l’Assemblée nationale
110 ÉCONOMIE
Cercle vertueux
113 Tribune
ACP-UE, d’égal à égal
116 Finance
Business modèle
118 Transports & logistique
Lomé, reine du ballet régional
120
L’autoroute de l’unité
121 Télécoms
Cina Lawson Ministre des Postes et de l’Économie numérique
124 Développement rural
Kara, projet pilote
126 Secteur privé
Do-Pharma prescrit ses solutions à la sous-région
128 Entrepreneuriat Le retour des femmes prodigues
Suivez toute l’actualité du Togo sur www.jeuneafrique.com
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Grand format TOGO
ENJEUX
L’homme pressé
Le président, Faure Gnassingbé, mise sur le Plan national de développement 2018-2022 pour accélérer les réformes structurelles et conduire le pays vers l’émergence. Cela sera-t-il suffisant? GEORGES DOUGUELI, envoyé spécial à Lomé
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PRÉSIDENCE TOGOLAISE
À
quoi reconnaît-on un pays pressé? Chaque décision prise va dans le sens de l’accélération. Quitte à ce que leurs détracteurs accusent les dirigeants de confondre vitesse et précipitation. Le 13 juin, à l’heure où le Forum économique Togo-Union européenne (UE) s’ouvrira à Lomé, la nouvelle Commission de l’UE, issue des élections du 26 mai, n’aura pas encore été mise en place. Les actes du forum porteront donc la signature de l’exécutif européen sortant, dont le mandat court jusqu’au 31 octobre. Sceptique, une partie du gouvernement togolais estimait qu’il valait mieux attendre que soient distribués les postes clés européens. Mais l’entourage du chef de l’État n’était pas de cet avis. Pour Faure Gnassingbé, il n’y avait pas une minute à perdre depuis que, le 4 mars, il a lancé le Plan national de développement (PND) 2018-2022. D’autant que, le 14 juin, jour de clôture du forum, s’ouvrira la campagne pour les élections locales, les premières organisées depuis plus de trente ans au Togo. Et pourquoi donc ajourner le forum alors que ce rendez-vous constitue une occasion rêvée pour les entreprises européennes et locales de prendre connaissance des possibilités de financement offertes par l’UE et ses différents États membres ? Financement dont les investisseurs pourraient bénéficier dans le cas où ils planifieraient des projets au Togo… Du reste, les changements attendus à Bruxelles n’inquiètent pas Lomé. Le pays le plus réformateur du continent a hissé la barre si haut qu’il se sait capable de séduire et convaincre n’importe quel partenaire. Pour cela, le Togo peut s’appuyer sur
Le chef de l’État (à dr.), le 5 avril, à Tsévié (Zio), lors du lancement d’une campagne de vulgarisation du PND.
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Grand format TOGO ENJEUX
sa bonne trajectoire en matière de climat des affaires, avec 19 rangs gagnés dans le classement « Doing Business » 2019 de la Banque mondiale, tandis que sa gouvernance économique est elle aussi saluée par une amélioration de sa notation souveraine (BBB–) par l’agence Bloomfield.
Pédagogie
Le PND a donc été conçu pour accélérer encore la tendance haussière de la croissance. « Nous venons de finir une revue avec le FMI, qui a révisé notre taux, estimé sur la base des réalisations 2018, à 4,9 %, contre les 4,8 % initialement projetés, précise Sani Yaya, ministre de l’Économie et des Finances (lire pp. 96-97). Ce qui correspond aux résultats publiés par nos propres services. Le Fonds a également révisé à la hausse le taux projeté pour 2019 de 5 % à 5,1 %, et a d’ailleurs salué tous les efforts que nous avons fournis. Notre ambition est de parvenir à 7,6 % à l’horizon 2022. » Accélérer la croissance, mais avec quels moyens ? « Ce plan vise à transformer structurellement l’économie pour créer de la richesse, avoir une croissance forte, durable et inclusive, qui devrait permettre, selon nos prévisions, la création de 500 000 emplois. Au bout du compte, notre objectif ultime est d’améliorer le bien-être des Togolais », répond Victoire Tomégah Dogbé, directrice de cabinet du président. « Le PND n’est pas issu d’une démarche prospective impliquant les populations. C’est une vision portée par le chef de l’État, elle ne s’étend pas automatiquement à la base, relativise Kako Nubukpo, économiste et ancien ministre togolais. Il y a un enjeu de pédagogie et de gouvernance. Le PND devrait être mieux expliqué. La présidence compte de très bons techniciens, mais ce plan ne représente qu’une phase pilote. Et puis il faut aussi composer avec le contexte local, les pesanteurs de nos ministères et la difficulté de faire adhérer des gens qui se demandent si ce plan ne sert pas un agenda électoraliste. » La réforme constitutionnelle ayant été votée par l’Assemblée nationale, Faure Gnassingbé a en effet toute
« LE PND EST UNE VISION PORTÉE PAR LE CHEF DE L’ÉTAT, IL NE S’ÉTEND PAS AUTOMATIQUEMENT À LA BASE », RELATIVISE L’ÉCONOMISTE KAKO NUBUKPO.
latitude pour briguer un quatrième mandat en 2020. « Cette échéance électorale rend la question de l’adhésion au PND plus sensible parce qu’il faut transcender les clivages partisans pour montrer la pertinence du plan. C’est pour cela que l’équipe qui porte le projet doit être constituée de personnalités crédibles, qui ne peuvent être soupçonnées d’arrière-pensées carriéristes ou électoralistes », explique un bon connaisseur du milieu. Une forte croissance, se traduisant par le recul de la pauvreté, y contribuerait aussi largement.
« Changer de paradigme »
En dépit de ces risques, Faure Gnassingbé semble avoir un boulevard devant lui pour emmener son pays vers l’émergence socio-économique. Le pouvoir a toutes les cartes en main et semble même disposé à « changer de paradigme », selon Victoire Tomégah Dogbé. « Il n’est plus possible de travailler comme avant. Si nous voulons accélérer et intensifier nos actions, il faut revoir d’urgence la manière de penser et d’agir », estime-t-elle. La majorité n’a même plus grand-chose à craindre de la part d’une opposition radicale qui n’est plus vraiment en position de gêner le gouvernement (lire pp. 104-107). Pour avoir choisi de boycotter les élections législatives, elle s’est placée elle-même en dehors du jeu institutionnel et n’a donc d’autre choix que de s’exprimer dans la rue. Mais, affaiblie par les divisions et plombée par des affaires de corruption, elle mobilise beaucoup moins que par le passé. Laissant à « l’État stratège » tout loisir d’en profiter pour dérouler son plan.
UN SUIVI HAUT EN COULEUR Pour améliorer le climat des affaires, un comité de suivi a été créé. Il est composé des secrétaires généraux de la présidence et de la primature, ainsi que de représentants du secteur privé (patronat et chambre de commerce). Afin d’appuyer cette structure ont été mis en place des comités sectoriels portant sur la gouvernance, la compétitivité commerciale, les infrastructures, l’attractivité
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économique, etc. Les travaux de ces derniers doivent aboutir à des plans d’action destinés à améliorer les résultats du pays au regard des différents indicateurs définis par le classement « Doing Business » de la Banque mondiale. Mais pas seulement, puisque l’on doit également à ces comités l’adoption rapide du code des investissements, ainsi que l’établissement d’un cadre
pour les partenariats public-privé (PPP). Ces plans sont soumis au chef du gouvernement et partagés avec les différents ministères concernés. La cellule climat des affaires en assure le suivi et élabore un document résumant les actions à mener. Présenté sous forme de tableau de bord, il est soumis tous les matins au président, selon un code couleur très strict. Rouge: la
réforme ne bouge pas. Jaune: elle est mise en œuvre mais pas achevée. Vert: elle est effective et confirmée par tous les acteurs concernés. Pour passer du rouge au jaune, le chef de l’État peut lui-même enjoindre le ministre concerné d’accélérer la manœuvre – afin que l’ensemble du tableau de bord passe, à terme, au vert. G.D.
COMPEL
Complexe Pétrolier de Lomé
STSL
Société Togolaise de Stockage de Lomé
COMMUNIQUÉ
T-OIL
Togo Oil Company
Un groupe de sociétés, acteur majeur du secteur pétrolier au service du développement du Togo et de la sous-région ouest africaine COMPEL et STSL
Les sociétés mènent également des actions multiformes RSSE (Jeunesse, emploi des jeunes, inclusion sociale, protection de l’environnement, soins de santé et nutrition).
COMPEL, STSL, T-OIL, un groupe pétrolier moderne et intégré La Société Togolaise de Stockage de Lomé – STSL est l’entité qui gère les opérations de COMPEL. LOCALISATION
Le dépôt COMPEL (Complexe pétrolier de Lomé) est situé dans la zone industrielle de la capitale togolaise, à 3,5 km du Port Autonome de Lomé, le seul port en eau profonde naturelle, dont les atouts en opérations logistiques et douanières en font l’un des ports les plus performants de la sous-région. La grande capacité opérationnelle de stockage de plus de 244 000 m3 de COMPEL, répartie dans des bacs de 400 à 30 000 m3, lui confère une place prépondérante dans le secteur pétrolier en Afrique.
ATOUTS STRATÉGIQUES
La proximité du Port Autonome de Lomé, la qualité des infrastructures routières reliant Lomé et les pays non côtiers, et l’expertise de l’équipe dirigeante de COMPEL sont autant d’atouts qui font de COMPEL un partenaire de choix des clients de la sous-région Ouest Africaine et en particulier des pays du « Sahel ». COMPEL et STSL constituent avec leur hub pétrolier, un acteur majeur des activités du Port Autonome de Lomé. Avec COMPEL, le Togo détient un des plus grands dépôts pétroliers de la région et contribue fortement à la disponibilité énergétique en Afrique de l’ouest.
Les activités des sociétés s’inscrivent clairement dans les 3 axes du PND.
T-Oil, Togo Oil Company
Acteur majeur de la distribution de produits pétroliers au Togo Togo Oil Company avec sa marque T-Oil distribue et commercialise des produits pétroliers sur toute l’étendue du territoire togolais et dans les pays de la sous-région. Au Togo, son segment B2B assure un partenariat privilégié avec tous les secteurs de l’économie togolaise, notamment le secteur industriel, le secteur des mines et énergie, le secteur des travaux publics. Togo Oil Company dispose d’un réseau de 36 stations-services Togo Oil Company est un atout indéniable pour le PND par sa capacité à garantir aux opérateurs économiques et à la population, l’approvisionnement nécessaire en produits pétroliers. Togo Oil Company mène également d’importantes actions RSSE. Les activités de la société s’inscrivent clairement dans les 3 axes du PND.
Pour le Togo, COMPEL est une réponse dans la stratégie d’autonomie énergétique et de sécurisation de l’approvisionnement du pays.
Les sociétés COMPEL et STSL participent à la mise en œuvre des orientations économiques de l’État (secteur Energie, Mines, Infrastructures et Commerce). COMPEL/STSL/Togo Oil Company/Route d’Aného – Zone Industrielle B.P. 797 Lomé – Togo Tél. : (+228) 22 23 73 19 / 22 23 72 00 - Email : infocompel@togosh.com
www.togooilcompany.com
JAMG - PHOTOS : D.R.
Dans le contexte de la mise en œuvre du PND, la reprise en main par l’État Togolais de COMPEL et STSL offre de grandes perspectives au secteur.
Grand format TOGO ENJEUX
Port sec Cinkassé
L’INFOGRAPHIE
Coût estimé: 50millionsde$ Financement : PPP
Dapaong
1 plan, 3 axes
Dédoublement de la RN1 Lomé-Cinkassé
CÉCILE MANCIAUX
(tronçon Davie-Atakpamé : 188 km)
Le Plan national de développement (PND) 20182022, présenté en mars par l’exécutif, est fondé sur les résultats de la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (Scape) menée par le gouvernement de 2013 à 2017. Son objectif global est de transformer structurellement l’économie afin que le pays installe une croissance forte, durable, inclusive, créatrice d’emplois décents pour tous et induisant l’amélioration du bien-être social. Soit, d’ici à 2022 : une croissance du PIB de 7,6 % (au lieu de 4,9 % en 2018), générant au moins 500 000 emplois directs, permettant de réduire l’incidence de la pauvreté monétaire à 44,6 % de la population et de faire progresser l’indice de développement humain de plus de 14 %. Coût total du plan : 4 622 milliards de F CFA (plus de 7 milliards d’euros), dont 2 999 milliards financés par le secteur privé et 1 623 milliards par l’État. Il repose sur 3 axes stratégiques, autour desquels s’articulent des projets prioritaires…
Coût estimé : 620 millions de $ Financement : PPP* concessif, BOT** et prêt classique
*Partenariat public-privé **Build, Operate and Transfer : « construire, exploiter et transférer »
Kara
Agropole Coût estimé : 115 millions de $ Financement : PPP
Sokodé
Satouboua
Mise en place d’un hub logistique et d’un centre d’affaires de premier ordre dans la sous-région. Projets phares : dédoublement de la RN1 (corridor LoméOuagadougou), plateforme logistique multiservice d’Atakpamé, port sec de Cinkassé, mise en valeur des infrastructures aéroportuaires, construction d’un centre de conférences moderne.
Plateforme logistique multiservice
SOURCE : PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE TOGOLAISE
AXE 1
Anié
Coût estimé : 40 à 60 millions de $ Financement : PPP, avec Sogea-Satom
Atakpamé
AXE 2
Développement de pôles de transformation agricole, manufacturiers et d’industries extractives. Projets phares : agropoles de Kara (lire p. 124) et de Vo-Zio, parc industriel d’Adétikopé, zone économique spéciale du Port autonome de Lomé (PAL), transformation des phosphates.
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Coût estimé : 100 millions de $ Financement : prêt d’actionnaires et prêt classique
Coût estimé :100 millions de $ Financement : PPP, avec le groupe Zhongmei
AXE 3
Consolidation du développement social et renforcement des mécanismes d’inclusion. Projets phares : création de cités modernes en zones urbaines et semi-urbaines, aménagement de 10 villes secondaires, électrification rurale (projet Cizo), accompagnement des femmes et des jeunes entrepreneurs vers l’autonomie.
Parc industriel
Agropole
Zio
Zone économique spéciale Coût : à l’étude Financement : PPP, avec China Merchants Port Holdings
Adétikopé LOMÉ
Centre de conférences Coût estimé : 200 millions de $ Financement: PPP
COMMUNIQUÉ
ASSOCIATION TOGOLAISE DES COMPAGNIES DE NAVIGATION ET CONSIGNATAIRES DE NAVIRES ASSOCIATION DES SOCIÉTÉS DE TRANSPORT MARITIME DU TOGO
La bataille pour la mer se gagnera à terre
Nous saluons ce plan qui, s’il n’est pas la première tentative du Togo de planifier son développement économique et social, est de loin le plus cohérent et le plus ambitieux. Mais le plus encourageant est que les parties prenantes à la conception du PND (acteurs publics, secteur privé, monde universitaire et organisations multilatérales de développement) ont voulu que cette croissance économique soit la mieux partagée possible.
Vice Président de NAVITOGO
Vous avez remarqué, à juste titre, l’importante place accordée aux métiers de la logistique et du transport, notamment dans le premier axe qui ambitionne de faire du Togo un hub logistique et un centre d’affaires de premier ordre. Nous pensons que ce choix découle d’une analyse minutieuse des avantages concurrentiels du Togo. Parmi les atouts concurrentiels, on peut citer l’existence d’un port en eau profonde, la position centrale du Togo au cœur de l’ouest africain ou le fait que son port soit, par ces temps de piraterie maritime accrue, le plus sûr et le plus sécurisé de la région. Il existe une demande certaine car le Togo est proche de beaucoup de pays sans littoral (Burkina, Niger, Mali). Sa position centrale a même permis à l’armateur Mediterranean Shipping Company (MSC) d’en faire son hub
d’éclatement en Afrique de l’ouest. La rivalité entre les firmes va grandissante. Pour ce qui est du transport maritime, l’amélioration des infrastructures a permis d’attirer toutes les compagnies maritimes majeures du monde. Les industries de soutien (déclarants en douanes, transporteurs, etc.) sont en plein essor. En résumé, le choix est bien pensé et repose sur une analyse solide.
Ne pensez-vous pas que la concurrence des mégaprojets dans les ports voisins pourrait handicaper la mise en œuvre de ce plan ? La concurrence en termes d’amélioration des infrastructures portuaires est rude en Afrique occidentale et c’est logique. Cependant, nous pensons que les projets des ports de Téma, Kribi et Abidjan vont davantage accompagner la croissance du trafic que provoquer l’apparition de surcapacité dans les ports. En comparant de simples ratios, comme le nombre de conteneurs par habitant ou par dollar de PNB, on se rend bien compte que le continent est sous-conteneurisé. Par ailleurs, la qualité des infrastructures n’est pas tout. Le Togo déploie un ensemble cohérent de « soft improvements » comme l’amélioration du climat des affaires (faisant partie des 10 pays les plus réformateurs au monde), les différents projets d’amélioration de la logistique, la tradition de pays de grandes rencontres internationales (accords ACP-UE de Lomé, etc.). Le PND contient divers projets qui visent a améliorer la connexion de la côte avec l’hinterland (ports secs, parc multimodal, amélioration des routes etc.) qui seront déterminants pour le développement du transport maritime. La bataille pour la mer se gagnera à terre.
Rue des Grands Moulins, Imm. Unico 55 - Zone Portuaire - 06 BP 61198 Lomé 06. Lomé - Togo Tél. : (+228) 22 27 56 14 / 12 - Email : cnptogo@gmail.com / cnptogo@cnp-togo.org
www.cnp-togo.org
JAMG - PHOTOS : Adobestock.com
Mr Kokou Edem Tengue
Le Togo vient d’adopter le Plan national de développement (PND) qui fait la part belle à la logistique et au transport. Quel regard portez-vous sur ce document ?
Grand format TOGO ENJEUX
STRATÉGIE
Sani Yaya Ministre de l’Économie et des Finances
« Tout est fait pour instaurer un climat de confiance » Propos recueillis à Lomé par GEORGES DOUGUELI
près une carrière de cadre supérieur dans la banque, notamment à la BCEAO et au sein des groupes Ecobank et NSIA, Sani Yaya a pris en charge le portefeuille du Budget en 2015, avant de diriger, un an plus tard, le ministère de l’Économie et des Finances. À 56 ans, cet homme clé pour la mise en œuvre du Plan national de développement (PND) 2018-2022 explique comment le gouvernement est parvenu à assainir les finances et pourquoi il croit fermement à la réussite du projet.
A
Sani Yaya : La vision du chef de l’État consiste à transformer le pays en le dotant d’une économie forte, résiliente et inclusive. L’ambition est de parvenir à un taux de croissance de 7,6 % à l’horizon 2022. Le premier axe du PND consiste à bâtir un pôle logistique et un centre d’affaires pour positionner le Togo comme « la » porte d’entrée des investisseurs dans la sous-région. Le deuxième axe vise à développer l’agriculture, qui contribue déjà à près d’un tiers du PIB. Cela va se produire à travers les agropoles que nous allons développer [lire p. 124]. Et nous allons également insuffler plus de dynamisme aux industries manufacturières et extractives. Enfin, le troisième axe doit améliorer le développement social et renforcer les mécanismes d’inclusion. Le coût global du PND est estimé à 4 622 milliards de F CFA [plus de 7 milliards d’euros],
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PIMENT
Jeune Afrique : Quels sont les objectifs du PND et comment s’articulent-il ?
L’ancien banquier a travaillé au sein d’Ecobank et de NSIA.
dont deux tiers seront portés par le secteur privé, et le dernier, par l’État. Comment susciter l’adhésion du privé ?
Un cadre de concertation avec le secteur privé, présidé par le Premier ministre, a été mis en place afin de favoriser une meilleure interaction. Par ailleurs, nous travaillons à améliorer le climat des affaires. De nombreuses réformes ont été entreprises, grâce auxquelles nous avons gagné 19 points dans le classement « Doing Business » 2019 [le pays occupe le 137e rang sur 190 pays, alors qu’il était 156e en 2018]. Tout cela est destiné à rendre le pays encore plus attractif, sachant que le port de Lomé a vocation à être l’un des principaux accès à la sous-région [lire pp. 118-120], de même que son aéroport [lire p. 117].
Pour cette opération, nous sommes conseillés par le groupe Lazard. Nous allons prochainement nous rendre à Londres pour rencontrer des investisseurs privés, parce que ça ne sera pas un bond [une émission sur les marchés internationaux], mais une syndication privée.
Tout est fait pour instaurer un climat de confiance. L’État s’attache à installer le cadre approprié, et le secteur privé doit donner de l’élan à la croissance, la tirer vers le haut. Désormais, c’est aux investisseurs privés de jouer. Mais pas seuls, nous serons là pour les accompagner. Notre plus grand atout, c’est la paix, la sécurité et la stabilité. En outre, nous adhérons à des organismes qui donnent des garanties aux investissements ; cela contribue à rendre notre pays plus attractif. Nous venons ainsi de discuter en commission de notre adhésion à l’Agence pour l’assurance du commerce en Afrique [ACA].
Le niveau de la dette est-il encore inquiétant ?
À la fin du mois de mars, notre dette s’élevait à 70,3 % du PIB, ce qui n’est pas loin de la norme de l’Uemoa, fixée à 70 %. Nous avons soldé toute la dette intérieure commerciale, de près de 150 milliards de F CFA [environ 230 millions d’euros], et sommes satisfaits de pouvoir dire aujourd’hui qu’aucune entreprise ne traîne d’arriérés de l’exercice 2018. Jusqu’à fin février, nous n’avions pas d’impayés. En avril, nous avons commencé à payer les instances de mars – que nous avons réglées, m’a confirmé le directeur général du Trésor.
Peut-on considérer que les finances publiques sont assainies, et de façon durable ?
Absolument. Nous sommes sortis de la période, qui a duré quinze ans, pendant laquelle nos partenaires de développement avaient coupé les liens de la coopération et où nous devions recourir à l’emprunt auprès de banques commerciales locales pour financer les infrastructures. Aujourd’hui, notre cadre macroéconomique est assaini et tous les indicateurs sont au vert. Nous maîtrisons bien notre budget. Depuis 2017, le solde est largement au-dessous des 3 % de déficit, la norme exigée par l’Uemoa, que nous sommes l’un des rares pays à respecter. Mieux, selon les projections, notre déficit budgétaire global devrait être abaissé à 1 % en 2019. L’inflation est contrôlée. Quant au déficit extérieur, nous travaillons à contenir la balance des paiements. Dans le cadre de l’assainissement, nous avons aussi restructuré notre dette. La dette bancaire est d’une maturité courte, avec des taux commerciaux élevés. Nous avons convenu avec le FMI d’effectuer une levée de fonds, dans le cadre d’une syndication privée, à hauteur de 500 millions d’euros [pour limiter le risque de change]. Cette dette extérieure va nous permettre de modifier le profil de notre endettement et de dégager des marges budgétaires qui pourront financer les actions du PND et les mesures sociales qui tiennent à cœur au président. En effet, la maturité étant plus longue et le taux d’intérêt plus faible, les remboursements vont diminuer, laissant donc de la marge dans le budget pour financer les projets de développement.
Pourquoi le paiement de la dette intérieure est-il prioritaire ?
NOTRE AMBITION : PARVENIR À UN TAUX DE CROISSANCE DE 7,6 % À L’HORIZON 2022.
Il est mauvais que les entreprises prestataires de l’État doivent attendre des années pour être payées: le compteur des banques continue de tourner. Les intérêts ne sont pas arrêtés – ils sont même déclassés en créances douteuses, ce qui a des implications néfastes sur l’activité économique. Alors pourquoi ne pas structurer des levées de fonds auprès de ces mêmes établissements pour payer cette dette intérieure ? Les banques ont applaudi, puisque cela leur permettait d’assainir leur portefeuille en faisant rembourser les crédits en instance. Cela a aussi libéré le secteur privé. Lesbailleursdefondsvoussoutiennent-ils?
Oui, c’est notre premier atout. Nous avons effectué trois revues concluantes avec le FMI. Les agences de notation ont analysé notre situation, et nous avons obtenu une note encourageante [BBB–] de la part de Bloomfield. Nous nous sommes aussi engagés dans un processus de notation avec les trois grandes agences internationales, dont Standard & Poor’s, qui a déjà envoyé son rapport. Tout est transparent. Au-delà des évaluations du FMI, les revues et rapports sont rendus publics dès leur signature. Le chef de l’État a décidé de jouer la transparence.
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COMMUNIQUÉ
« Nous répondons aux besoins en termes de bâtiments, de routes, de travaux hydrauliques et d’aménagements hydro-agricoles »
s Visite du président Faure et son gouvernement sur le chantier du pont de Djemegni
Fondé en 1996 sur une forte culture d’entreprise, MNS GROUP propose des solutions à haute valeur ajoutée pour l’ensemble des projets de développement qu’il réalise tant sur le plan national et que sur le plan régional. Fort de son expérience et de son succès au Togo, la société MNS GROUP étend son rayonnement géographique au Niger, au Mali, au Bénin, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire où il réalise, depuis quelques années, des projets à succès.
Une expertise complète MNS GROUP dispose d'une expertise dans plusieurs domaines :
> Bâtiments
MNS GROUP propose une offre globale pour la construction de bâtiments publics ou privés, de logements, de centres médicaux, de locaux tertiaires ou industriels. Les équipes de MNS GROUP répondent à tout besoin en conception, réalisation et optimisation de projets. Grâce à des moyens techniques, humains, à une ingénierie forte et à une quête permanente d'innovation, MNS GROUP mène avec succès ses projets.
> Routes
Dotés de matériels, d’outils industriels modernes et performants et du savoir-faire de ses ingénieurs, MNS GROUP réalise avec une grande technicité tout type de chaussées et tous les revêtements routiers.
> Travaux hydrauliques
MNS GROUP dispose d’un bureau d’étude et d’exécution de tout projet d’aménagement hydraulique, d’assainissement et d’approvisionnement en eau potable, en milieu urbain et rural au Togo. MNS GROUP intervient dans la réalisation de forages d’eau équipés de pompe à motricité ou d’électropompe immergée, l’installation de stations de pompage et traitement d’eau, la construction de retenues et de châteaux d’eau.
> Aménagements hydro-agricoles
MNS GROUP réalise, sur demande des pouvoirs publics, des travaux d’aménagements hydro-agricoles.
Un architecte de l’Afrique globale MNS GROUP s’engage en faveur d’un développement durable à travers une construction durable de nos villes et territoires. Chaque jour MNS GROUP construit l’avenir en pariant sur l’Excellence. MNS GROUP veut être l’un des architectes princi-
paux d’une Afrique nouvelle, sûre de son potentiel et de ses forces. Le développement des activités de MNS GROUP a pour corollaire le renforcement du potentiel humain, la création de valeur, l’innovation continue, la maîtrise des ressources, la diversification des activités et l’ouverture à l’international. MNS GROUP nourrit cette ambition forte via son engagement envers ses équipes, ses clients et les communautés locales.
MNS GROUP au cœur du Plan de Développement National (PND) MNS GROUP, acteur majeur de la construction, des travaux publics, des travaux hydrauliques et de l’aménagement hydro-agricole, est fier de mettre à la disposition des pouvoirs publics, son expertise et son savoir-faire dans le cadre du Plan de Développement National (PND) 2018-2022. Le Gouvernement Togolais, pleinement engagé, met en œuvre de vastes chantiers d’infrastructures pour construire un Togo moderne, robuste et dynamique. Cette ambition est partagée par MNS GROUP. MNS GROUP se retrouve au cœur de l’objectif visé par le PND qui est de transformer structurellement l’économie togolaise, pour une croissance forte, durable, résiliente, inclusive, créatrice d’emplois décents pour tous et induisant l’amélioration du bien-être social. MNS GROUP sera de la partie des Architectes et Constructeurs d’un Togo Émergent !
MNS GROUP, le Pari de l’excellence ! 95, rue n°173 TKW Tokoin Wuiti - BP 2459 Lomé - Togo Tél. : (+228) 22 26 22 04 / (+228) 90 21 02 05 Fax : (+228) 22 26 22 08
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s Route de Notse Tohoun
Grand format TOGO ENJEUX
Éminences grises et chevilles ouvrières Pour élaborer et mettre en application son plan de développement, l’exécutif s’est appuyé sur le savoir-faire d’experts étrangers et nationaux. GEORGES DOUGUELI
is-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es. À force d’afficher sa complicité avec les chantres du social-libéralisme, Faure Gnassingbé apparaît désormais comme leur cousin africain. Pour élaborer son Plan national de développement (PND) 2018-2022, le président les a beaucoup consultés. Le plus familier de ses visiteurs est l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair. Le 4 avril dernier, l’ex-patron du Parti travailliste effectuait l’un de ses nombreux
D
séjours au Togo, où sa fondation – le Tony Blair Institute for Global Change (TBI) – apporte son appui à la mise en œuvre des projets structurants du PND. Les affinités du président avec l’icône du New Labour sont nombreuses. Leur tropisme pro-business pourrait expliquer une partie des orientations économiques du Togo, dont l’axe principal est de privilégier la croissance et la création d’emplois. Cette philosophie, qui croit en la créativité du secteur privé et prône un marché du travail flexible, considère la mondialisation comme une occasion dont il faut se saisir. Pour ne pas effrayer les investisseurs, il faut alléger les charges, notamment fiscales. Blair n’est pas le seul sorcier blanc libéral de gauche familier du palais
Sandra ABLAMBA JOHNSON
P
romue ministre déléguée le 19 mars, Sandra Ablamba Johnson est la cheville ouvrière des réformes qui valent au Togo un bond de 19 places dans le classement « Doing Business » 2019 de la Banque mondiale. Économiste du développement formée à l’université de Lomé, elle travaille sous l’autorité directe du président, dont elle a intégré le cabinet en 2012. Forte de son soutien, la cellule climat des affaires, que Sandra Ablamba Johnson coordonne depuis 2017, dépoussière les anciennes pratiques : allègement des procédures administratives de transfert de propriété, baisse de 30 % des frais de raccordement au
réseau électrique, remplacement de la taxe sur le chiffre d’affaires (TCA) par une patente, possibilité de déclarer et payer ses impôts en ligne, suppression de quatre taxes, dématérialisation de la procédure de demande de permis de bâtir… Une loi a été adoptée portant création des tribunaux du commerce, mais pour Sandra Ablamba Johnson la révolution est d’abord numérique, d’où le chantier de l’e-justice : désormais, il est possible de déposer une plainte initiale par voie électronique, de régler les frais de justice en ligne, de consulter l’enrôlement des dossiers, etc. La cellule a également obtenu la numérisation complète du registre
PIMENT POUR JA
39 ans, ministre déléguée, coordonnatrice nationale de la cellule climat des affaires au sein du cabinet présidentiel
du commerce, c’est-à-dire la possibilité de soumettre en ligne son dossier de création d’entreprise. G.D.
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présidentiel de Lomé-II. Faure Gnassingbé reçoit régulièrement le socialiste français Dominique Strauss-Kahn (DSK) qui, lorsqu’il était encore directeur général du FMI, confiait déjà que le Togo était « cher à son cœur ». Depuis la démission de DSK de l’institution, en 2011, le pays a sollicité ses conseils pour l’aider à boucler ses programmes avec le Fonds, lequel requérait notamment de moderniser la gestion des finances publiques. Si, selon un proche du dossier, les collaborateurs de Christine Lagarde ont catégoriquement exclu toute collaboration avec Strauss-Kahn, l’infréquentable DSK a probablement été utile
en coulisses. Toujours est-il que le Togo a bouclé ses trois revues avec le FMI. Sur la liste des experts consultés par Faure Gnassingbé pour l’élaboration du PND figurent aussi l’homme d’affaires ghanéen Samuel Esson Jonah, ex-patron d’AngloGold Ashanti et actuel président exécutif de Jonah Capital (fonds d’action implanté à Johannesburg, en Afrique du Sud), et l’économiste bissau-guinéen Carlos Lopes, ex-secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique. Selon nos informations, ce dernier était contre les agropoles (lire p. 124), estimant qu’elles sont une bonne idée en théorie, mais que leur mise en œuvre nécessite le règlement de questions foncières complexes, présente des problématiques de stockage et d’évacuation des produits, suppose l’existence d’un marché, etc. Sur ce terrain, il s’est opposé à Serge Marie Nguessan, alors représentant-résident de la BAD au Togo, qui, lui, ne trouvait aucun caractère insurmontable à ces obstacles.
PIMENT POUR JA
Garde rapprochée économique
Victoire TOMÉGAH DOGBÉ
59 ans, directrice de cabinet du président, ministre du Développement à la base, de l’Artisanat et de la Jeunesse
A
ncienne cadre du Pnud, titulaire d’une maîtrise en sciences économiques obtenue à l’université de Lomé, Victoire Tomégah Dogbé est rentrée au Togo en 2008 pour intégrer l’équipe du Premier ministre Gilbert Fossoun Houngbo et n’a plus quitté le gouvernement. Sa principale mission : traduire en action la fibre sociale du chef de l’État. Non sans donner
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satisfaction puisque, le 15 mai 2009, ce dernier l’a nommée directrice de cabinet de la présidence, tout en la maintenant à la tête d’un portefeuille stratégique et étendu. En 2018, le taux d’exécution de la lettre de mission de son département ministériel était de 94 %, et son taux d’engagement sur le plan financier de 72,16 %. G.D.
Tous les visiteurs qui ont l’oreille du président togolais étaient conviés au lancement officiel du PND, le 4 mars dernier, par Faure Gnassingbé lui-même. Parmi eux, son ancien Premier ministre Gilbert Houngbo, aujourd’hui président du Fonds international de développement agricole (Fida), l’un des plus importants des Nations unies, ou encore le banquier d’affaires et ancien chef du gouvernement béninois Lionel Zinsou. Sans compter la garde rapprochée économique du président, composée notamment de Victoire Tomégah Dogbé, sa directrice de cabinet et ministre du Développement à la base (lire ci-contre), de Kanka-Malik Natchaba, coordonnateur de la cellule présidentielle d’exécution et de suivi des projets prioritaires (lire p. 101), et de Sandra Ablamba Johnson, ministre déléguée, chargée de la cellule climat des affaires (CCA, lire p. 99). Manquait à l’appel, lors de cette cérémonie, l’éminence grise Anne Lauvergeon, l’ex-présidente du directoire d’Areva. En 2011, la Française était membre du Conseil présidentiel sur l’investissement, un think tank chargé de conseiller l’exécutif dans sa stratégie de développement.
Kanka-Malik NATCHABA 41 ans, coordonnateur de la cellule présidentielle d’exécution et de suivi des projets prioritaires (CPES)
EMMANUEL PITA
D
epuis le 15 novembre 2017, c’est lui qui coordonne la delivery unit du PND, cette cellule intégrée au cabinet présidentiel où l’on parle le franglais et le jargon des geeks. « Le mandat est clair : suivre les projets prioritaires et veiller à ce que les goulets d’étranglement, qu’ils soient administratifs, techniques, financiers ou organisationnels, puissent être levés rapidement pour arriver au résultat recherché », résume Malik Natchaba, qui a retrouvé un bureau de conseiller à la présidence à la fin de 2017, après un « exil » de dix-sept mois au sein de la Société aéroportuaire de Lomé-Tokoin (Salt) en tant que directeur général. Parmi les projets suivis: le dédoublement de la route nationale 1 (Lomé-Ouagadougou, lire p. 120), l’agropole de Kara (lire p. 124), le parc logistique multiservice de Lomé (lire pp.118-120), le parc industriel d’Adétikopé…
La cellule est chargée de faire des comptes rendus au chef de l’État afin que, le cas échéant, il puisse prendre des mesures pour lever les blocages. « Nous essayons de contribuer à la diffusion d’une certaine culture de l’urgence au sein de l’administration », précise le ministre-conseiller, diplômé en finances publiques de l’université d’Aix-en-Provence (France) et passé par le cycle international de l’École nationale d’administration (ENA, promotion Romain-Gary, 2003-2005) en France. G.D.
COMMUNIQUÉ
LA CNSS agit pour une meilleure protection sociale des travailleurs La Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) est engagée dans une dynamique de transformations, afin d’améliorer la qualité de ses prestations et s’intègre pleinement dans les axes principaux du Plan National de Développement. Elle constitue ainsi un levier stratégique pour la promotion du développement économique et social du Togo.
L
a CNSS assure au bénéfice des travailleurs des secteurs privés (formel et informel) et ceux du parapublic, la gestion du régime de sécurité sociale du Togo. Elle est régie, entre autres, par la loi n° 2001-016 du 29 novembre 2001, qui lui consacre un cadre institutionnel et juridique de droit privé d’utilité publique. Dans ce cadre, elle assure le recouvrement des cotisations sociales prévues par la loi, leur gestion et l’acheminement des différentes prestations sociales aux travailleurs bénéficiaires.
Renforcer performances les p
L’aactuel Directeur Général, madame Ingrid AWADE, nommée en mars 2017 à la tête de cette instituttion, a engagé plusieurs
initiatives en vue de renforcer les performances, la qualité des prestations, ainsi que celle des services offerts aux partenaires sociaux de son champ d’intervention : La mise en place de la Gestion Électronique des Documents (GED). Ce dispositif est destiné à assurer la prise en compte des requêtes des partenaires sociaux dans des délais maîtrisés et supprimer les interventions manuelles du personnel, sources d’erreurs et de risques de fraude. La GED permet de numériser les dossiers, de les gérer en version dématérialisée sur l’ensemble du circuit de leur traitement et de générer des notifications automatisées. L’ouverture d’un programme de formation permanente du personnel. Tout en renforçant les effectifs de l’institution, la Direction Générale a entrepris de créer de
meilleures conditions de travail, de renforcer les capacités de l’ensemble du personnel, d’assurer la mobilité du personnel et d’instaurer la culture de la gestion axée sur les résultats en matière de ressources humaines. Ces différents objectifs sont poursuivis, entre autres, à travers le programme de formation permanente qu’elle a lancé en mars 2018. La mise en place de services dédiés aux usagers. La pérennité du régime de sécurité sociale géré par la CNSS repose sur la confiance renouvelée des partenaires sociaux. Ainsi, pour asseoir et renforcer cette confiance, Madame le Directeur Général a décidé d’accorder une place importante aux partenaires sociaux. Cette démarche a été concrétisée par la mise en place de services usagers avec un accueil physique et téléphonique de qualité
La CNSS saisit les opportunités du PND pour consolider sa viabilité financière à long terme La CNSS s’est pleinement inscrite dans la dynamique du Plan National de Développement (PND) 2018-2022, initié sous la haute autorité de son Excellence, Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, Président de la République Togolaise. Les plus importants projets lancés par cet organisme sont les suivants : Participation à l’amélioration du climat des affaires
La création d’un programme de formation des partenaires sociaux. Il s’agit d’un programme trimestriel de formation approfondie des partenaires sociaux sur leurs obligations, démarches et formalités en matière de sécurité sociale. Cette initiative, dénommée « le vendredi de la sécu », se tient une fois chaque trimestre sur libre inscription des partenaires du monde de la sécurité sociale.
Le Président Faure scellant la première pierre de l’Hôpital Saint Pérégrin.
Par ailleurs, d’autres initiatives ont été engagées pour la transformation des services de la sécurité sociale : présence active de la CNSS au Centre des Formalités des Entreprises (CFE) et au guichet unique « Jeunes et Femmes entrepreneurs » en vue de délivrer le quitus social nécessaire pour les marchés publics ; délivrance du quitus social en 24 heures ; déconcentration des services de la CNSS avec une prise en charge totale de toutes les requêtes localement ; et réalisation d’actions sociales ciblées en faveur des couches défavorisées et des organisations de protection de l’enfance pour compléter le service des prestations techniques.
www.cnss.tg Boulevard EYADEMA, 1 BP 69 & 1 BP 199 Lomé 1 TOGO Tél. : (+228) 22 53 55 00 / 22 25 96 96 Mail : contact@cnss.tg
Ces différentes transformations sont destinées à simplifier et réduire les coûts induits dans l’accomplissement par les entrepreneurs des formalités en matière de sécurité sociale. Ce faisant, cette simplification contribue à accélérer le processus de formalisation de l’économie informelle, élargissant ainsi l’assiette sociale Le projet « Résidence Renaissance » (RR)
Initié par la CNSS, ce projet s’inscrit pleinement dans la vision de l’axe 1 du PND (« Créer un hub logistique d’excellence et un centre d’affaires de premier plan ») avec pour ambition d’offrir un produit immobilier de référence destiné à la vente nationale et internationale. Situé sur le plateau de Tokoin, au centre de la ville de Lomé, sur une surface de 55 ha, ce projet comprend : 394 villas, 228 appartements et appart-hôtels, des espaces commerciaux et des bureaux, un centre commercial type mall, des immeubles de bureau et de boutiques, un complexe de formation supérieure, etc. Le projet de « l’hôpital de référence Saint Pérégrin de Lomé » Il s’agit de la construction et de l’équipement d’une structure hospitalière de référence de niveau IV, avec une couverture nationale et sous-régionale. Par cet investissement, la CNSS poursuit non seulement l’amélioration du plateau technique des soins de santé du Togo, mais aussi les objectifs de recherche de rentabilité, de placement de réserves et la satisfaction des besoins socio-économiques du pays.
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et une permanence desdits services usagers sur la plage 7 h à 20 h, chaque jour ouvrable, sans interruption.
Par la digitalisation des formalités de collecte des cotisations sociales et de paiement des pensions, via sa plateforme de services « www.cnss.tg », la CNSS a procédé à la mise en ligne des opérations suivantes : télé- déclaration des cotisations sociales, formalités d’affiliation des entreprises et de leurs travailleurs, paiement des cotisations sociales à travers les réseaux des deux opérateurs de téléphonie mobile, télépaiement bancaire des cotisations en partenariat avec la Banque Togolaise pour le Commerce et l’Industrie (BTCI-Togo).
PIUS UTOMI EKPEI/AFP
Grand format TOGO ENJEUX
Jean-Pierre Fabre (en orange), président de l’Alliance nationale pour le changement.
POLITIQUE
Hors-jeu d’opposition
Absente du Parlement pour avoir boycotté les législatives, la C14 se retrouve en bien mauvaise posture dans la perspective des locales de juin. GEORGES DOUGUELI
’opposition n’a pas le moral. Elle avait parié sur le boycott des législatives du 20 décembre 2018 pour mettre le pouvoir dos au mur. Mais cela n’a pas marché, et le scrutin s’est tenu sans la coalition C14, ce regroupement de mouvances politiques articulé autour des deux formations les plus importantes de l’opposition dite radicale, l’Alliance nationale pour le changement (ANC), de JeanPierre Fabre, chef de file de l’opposition lors de la précédente législature, et le Parti national panafricain (PNP), de l’opposant en exil Tikpi Atchadam. Sans surpris e, l’ Union p our la République (Unir), du président Faure Gnassingbé, a obtenu 59 des 91 sièges de la Chambre basse. Les observateurs de l’Union africaine et de la Communauté
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RÉDUITS À REGARDER PASSER LES TRAINS, PLUSIEURS PARTIS ONT SUSPENDU LEUR PARTICIPATION À LA COALITION.
économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont salué la bonne tenue du scrutin. L’opposition a eu beau dénoncer des « fraudes », elle a assisté, impuissante, à la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale. Sortie du jeu institutionnel, la voilà réduite à regarder passer les trains. En effet, sitôt mise en place, la Chambre n’a pas tardé à engager les réformes constitutionnelles dont la teneur avait jusqu’ici divisé le pays. L’accord politique global de 2006 prévoyait de revenir à un scrutin à deux tours pour l’élection présidentielle et à la limitation du mandat du chef de l’État à cinq ans, renouvelable une fois. L’opposition exigeait que la nouvelle disposition s’applique de manière rétroactive à Faure Gnassingbé, empêchant de ce fait une nouvelle candidature du président sortant en 2020. Hors de question pour le pouvoir, qui excluait toute rétroactivité. Avec ses 62 députés, faute de majorité aux quatre cinquièmes des sièges, ce dernier n’avait jamais pu faire voter la modification bloquée par Fabre et ses amis.
L’affaire des « 30 millions »
Mais en s’étant eux-mêmes exclus du Parlement, les opposants ont permis à l’Unir, soutenue par son alliée, l’Union des forces du changement (UFC), qui compte désormais six députés, d’emporter ce long bras de fer – faute d’adversaire. Le 8 mai, la réforme a été votée, autorisant donc le président à se représenter en 2020 et en 2025. Saisi par d’anciens membres de la C14 en rupture avec la stratégie du boycott, le chef de l’État a accédé à leur requête de rouvrir les inscriptions sur les listes électorales. S’ils ne l’avaient pas fait, ils n’auraient été ni électeurs ni éligibles, et se seraient donc exclus des élections locales prévues à la fin de juin. Comme on pouvait s’y attendre, cette manœuvre menace désormais l’existence de la coalition, plusieurs partis ayant « suspendu » leur participation. Pis, les leaders de la C14 sont empêtrés dans l’affaire dite des 30 millions. Soupçonnés de corruption par leurs partisans, ils ont nié. Puis ils ont reconnu avoir perçu un don en argent, remis par un chef d’État d’Afrique de l’Ouest. « On a essayé de me salir », se plaint Jean-Pierre Fabre, visiblement marqué par cet épisode.
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OPPOSITION
André Johnson
Vice-président de l’Assemblée nationale et de l’Union des forces de changement (UFC)
« Nous ne sommes plus dans la contestation systématique » Que la loi revêt toujours un caractère général, impersonnel et permanent: « Elle ne dispose que pour l’avenir; elle n’a point d’effet rétroactif », dit-on. Par ailleurs, ceux qui critiquent n’avaient qu’à participer aux législatives et être présents au Parlement pour s’opposer et apporter leurs contributions.
Propos recueillis à Lomé par GEORGES DOUGUELI
oyen de la Chambre basse, dont il a été élu vice-président fin janvier, André Johnson, 70 ans, est un proche de Gilchrist Olympio, le leader de l’Union des forces de changement (UFC). Opposé à l’accord de gouvernement passé entre ce dernier et Faure Gnassingbé en 2010, l’ancien professeur a un temps quitté l’UFC avec d’autres cadres, dont Jean-Pierre Fabre, pour former l’Alliance nationale pour le changement (ANC). Avant de revenir sur sa décision et d’être nommé ministre de l’Environnement en 2013, poste qu’il occupera jusqu’en janvier 2019.
D
André Johnson : En toute responsabilité, le groupe parlementaire UFC a voté pour les modifications de la Constitution, qui portent sur 29 articles. Les plus significatifs sont l’article 59 [qui limite le mandat présidentiel à cinq ans renouvelable une seule fois], l’article 60 [selon lequel l’élection du chef de l’État a lieu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours] et l’article 75 [qui détermine le statut des anciens présidents].
La coalition C14 déplore que la réforme ne tienne pas compte des mandats précédents ni de celui en cours. Que lui répondez-vous?
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PIMENT POUR JA
Jeune Afrique : Le 8 mai, l’Assemblée nationale a adopté le projet de réformes constitutionnelles et institutionnelles. Pourquoi l’UFC a-t-elle voté pour?
Comment le climat politique a-t-il évolué depuis les législatives de décembre 2018?
Il s’est apaisé. Nos concitoyens ont désigné des représentants au Parlement. Tous nos partenaires de développement et la communauté internationale ont reconnu que ce scrutin avait été libre et démocratique. Désormais, nous sommes entrés dans un nouveau processus en vue d’élire des conseillers communaux et territoriaux. Beaucoup de partis annoncent leur participation, la situation est donc normale. L’UFC est devenue le premier parti de l’opposition parlementaire – avec 7 députés sur 91 élus, dont 59 de l’Unir [Union pour la République], 7 issus d’autres partis et 18 indépendants. Quels objectifs s’est-elle fixés?
Cette position de chef de file nous oblige à jouer un rôle de contre-pouvoir. Aussi prenons-nous des initiatives pour promouvoir le dialogue entre partis. Nous faisons des démarches pour que les formations parlementaires soient dotées de moyens suffisants pour suivre l’action gouvernementale et émettre des critiques constructives.
La C14, qui a boycotté les législatives, considère que l’UFC n’est plus dans l’opposition, puisque ses membres participent au gouvernement. Comment vous situez-vous?
L’UFC est un parti d’opposition. Son positionnement à l’Assemblée est conforme aux dispositions de la loi relative au statut juridique de l’opposition parlementaire. Elle l’est aussi politiquement, car son projet diffère de celui de l’Unir. Notre ambition est d’accéder au pouvoir pour mettre en œuvre notre projet. Nous sommes une force de proposition, nous ne sommes plus dans la contestation systématique. C’est loin de convaincre la C14…
L’UFC ne s’est pas toujours alignée sur les votes du parti au pouvoir. Parfois, son vote a été solidaire avec celui d’autres partis de l’opposition qui constituent aujourd’hui le noyau de la coalition. Et c’est au regard de notre histoire, de nos expériences de lutte et du contexte politique actuel que nous avons choisi la négociation coopérative, pour obtenir l’alternance pacifiquement.
La politique ce n’est ni la guerre, ni l’invective, ni les attitudes comminatoires. Notre engagement est fondé sur des convictions et sur une volonté de changement dans la paix et la tolérance, ce qui suppose de parler et de discuter, voire de convaincre ceux qui sont différents de nous. Et de ne plus dire non?
L’opposition ne se réduit pas « au pouvoir de dire non ». Bien au contraire. Dans nos États profondément divisés, la situation d’opposant doit être source de régénérescence. Une négociation coopérative requiert une confiance mutuelle, du savoir-vivre, la capacité de créer un esprit de groupe et de susciter le respect. Pensez-vous, comme Gilchrist Olympio, que « le combat politique ne doit plus s’exprimer dans la rue »?
Tout à fait. Le combat politique qui ne s’exprime que dans la rue polarise le débat. Dans le contexte actuel, seule une approche négociée peut permettre l’alternance.
DANS LE CONTEXTE ACTUEL, SEULE UNE APPROCHE NÉGOCIÉE PEUT PERMETTRE L’ALTERNANCE.
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ÉCONOMIE
Cercle vertu Grâce à une croissance soutenue et à l’implication grandissante du secteur privé, le pays semble enfin en mesure de se redresser.
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NADOUN COULIBALY, envoyé spécial à Lomé
A
«
u début des années 2000, quand je venais à Lomé en mission, je n’osais pas sortir de l’hôtel à cause de l’état défectueux des routes et surtout de l’insalubrité des ruelles. Aujourd’hui, j’y ai accepté un poste car la ville a radicalement changé de physionomie. » Cette confidence d’un dirigeant de l’un des nombreux groupes financiers établis dans la capitale est significative de l’évolution récente du pays. « Vu d’où vient le Togo, ses performances économiques sont un succès.
La transformation des phosphates est l’un des projets phares du PND.
investissements publics et, surtout, la crise politique, semble donc devoir retrouver toute sa vitalité. Depuis la signature de l’accord avec le FMI, en 2017, portant sur un programme de prêts de 238 millions de dollars (plus de 223 millions d’euros) remboursables en dix ans, le pays s’est engagé dans un « tunnel de stabilité macroéconomique », pour reprendre l’expression d’un économiste international, et plusieurs indicateurs s’en sont trouvés améliorés. Les finances publiques ont pu être assainies, et l’inflation contenue à moins de 2 %. Le Togo a ainsi engrangé des points, notamment sur la gestion de sa dette. Le déficit s’est même transformé en excédent, passant de – 4,5 % en 2016 à + 2,5 % en 2018. Dans le même temps, les efforts consentis ces derniers temps par l’exécutif ont permis de ramener le seuil de la dette totale, incluant les sociétés d’État, de 81 % à 74 % du PIB l’an dernier. Pour 2019, il devrait se situer au-dessous des 69 %. Et afin de créer davantage d’espace budgétaire, la dette extérieure sera profilée avec un taux de maturité compris entre 4 % et 5 %. Des progrès qui motivent Lomé à poursuivre dans cette voie. Mais si « les réformes sur le budget et la fiscalité avancent », selon le FMI, il reste en revanche à régler l’épineuse question de la réforme foncière et, surtout, celle de la sécurité juridique, attendue par l’ensemble du secteur privé.
eux
C’est un pays en mouvement. Le défi est désormais de rester dans cette dynamique », décrypte sous le couvert de l’anonymat une source diplomatique. L’économie togolaise confirme donc sa bonne tenue du moment. Après avoir pâti des tensions politiques en 2017, elle a retrouvé des couleurs dans le sillage de la mise en œuvre du Plan national de développement (PND), conçu pour s’étaler sur la période 2018-2022. Le FMI table sur une croissance autour de 5 % cette année, sensiblement égale aux 4,9 % engrangés en 2018. Pour 2020, ses experts prévoient un taux de 5,3 %, et de 5,4 % l’année suivante. La croissance, freinée par le ralentissement des
FRANÇOIS GUENET
Inclusion sociale
Dans la foulée du lancement du PND, dont le coût est estimé à 4 622 milliards de F CFA (7 milliards d’euros), apportés aux deux tiers par le secteur privé, Lomé table sur 6,2 % de croissance de son PIB dès cette année. « À l’arrivée du chef de l’État au pouvoir, en 2005, il fallait rattraper le retard dans les infrastructures. Avec beaucoup d’audace et l’engagement des partenaires locaux, il a conduit cette phase de reconstruction grâce à des investissements massifs dans les infrastructures situées à Lomé, à commencer par le port », glisse un proche du président. Si les investissements dans les routes, ainsi que la construction d’un troisième quai portuaire – le tout pour un montant supérieur à 510 millions de dollars –, ont permis de doper la croissance, Lomé prend désormais un nouveau cap : la transformation structurelle de l’économie nationale. Entré dans sa phase de mise en œuvre, le PND doit, selon les experts, obtenir ses premiers résultats tangibles dès cette année. Mais Faure Gnassingbé ne cesse de le répéter : « La croissance doit toucher le plus grand nombre. » Fort de ses réussites économiques actuelles, le Togo veut donc mettre l’accent sur l’inclusion sociale. Il doit pour cela favoriser la création d’emplois à travers les nombreux projets en train de voir le jour à travers le pays. C’est le cas du parc industriel d’Adétikopé, situé à une dizaine de kilomètres du port de Lomé et qui doit contribuer à faire du Togo un corridor logistique pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Les études sont en cours, avec le soutien d’Afreximbank, qui aide également à rechercher les
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Grand format TOGO ÉCONOMIE
partenaires financiers et techniques nécessaires à la réalisation de ce parc, dont le coût est estimé à 100 millions de dollars. Il sera doté d’un régime fiscal spécial ainsi que de facilités administratives et concentrera sur ses 80 ha plusieurs activités, dans l’agro-industrie, le secteur pharmaceutique ou encore le montage de panneaux solaires. « Une dizaine d’entreprises ont déjà manifesté leur intérêt », confirme le conseiller à la présidence Kanka-Malik Natchaba. Avec, à la clé, plusieurs centaines d’emplois créés. En attendant mieux.
REPÈRES Un redressement bien engagé
(Variation annuelle en %)
PIB réel, à prix constants Inflation (moyenne annuelle)
4,4 – 0,7
Solde budgétaire global
– 0,3 – 3,1 21,8 24,3 21,7 27,4
– 1,5 24,0 25,4
– 1,2 24,0 25,2
25,9 6,3 19,7
30,1 10,1 20,0
29,9 8,9 21,0
31,3 8,8 22,5
Dette publique totale
dont dette extérieure
75,6 19,7
74,1 24,0
69,9 25,3
65,3 24,6
Solde du compte courant
– 7,9
– 7,9
– 6,2
– 5,2
Investissement brut intérieur Secteur public Secteur privé
Nouvel équilibre sectoriel
5,0 1,8
5,3 2,0
Développement humain mitigé
(En % du PIB)
PRÉSIDENCE TOGOLAISE
4,9 0,7
(en % du PIB)
Recettes et dons Dépenses et prêts nets
Pour l’année 2017
Population
Tertiaire
Primaire
(44,9 % des emplois)
(36,9 % des emplois)
29,8 %
7,6 millions d’habitants
41,3 %
Taux de croissance 2,5 % par an
RETOUR À LA NORMALE AVEC LE FMI
Tendues en 2016-2017 en raison des dérapages budgétaires liés aux investissements massifs dans les infrastructures, les relations entre le FMI, dirigé localement par l’économiste burkinabè Sampawendé Jules Tapsoba, et le Togo sont désormais sous de bien meilleurs auspices. « Le pays n’a raté aucune revue du Fonds », confie une source proche du dossier, saluant au passage les efforts consentis par l’exécutif pour assainir les finances publiques. Un retour en grâce auprès des institutions de Bretton Woods qui permet au pays, in fine, de retrouver la confiance des bailleurs. « L’accord avec le Fonds a
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servi de levier à l’Union européenne, à la Banque mondiale ou encore à la BAD, qui décaissent chacune d’importants appuis budgétaires », salue une source gouvernementale. Conclu en 2017 pour un nouveau programme de prêts de 238 millions de dollars (plus de 223 millions d’euros), l’accord signé avec le FMI vise à soutenir les autorités dans leur volonté de mener des réformes budgétaires et fiscales. La simplification de la politique d'imposition a notamment abouti à l’adoption du code général des impôts et de celui des douanes. N.C.
Secondaire
17,1 %
(17,3 % des emplois)
Autres
11,8 %
Population urbaine
(impôts, taxes, etc.)
41,2 %
Une croissance à dynamiser
Espérance de vie
60,7 ans
Croissance du PIB réel, à prix constants, en 2018, des pays de l’Uemoa Côte d’Ivoire
7,4 %
Bénin
6,6 %
Sénégal
6,2 %
Burkina Faso
6,0 %
Niger
5,2 %
Mali
4,9 %
Togo
4,9 %
Guinée-Bissau
3,8 %
Taux de chômage : 2,8 % de la population active
Emplois précaires
80,3 %
des emplois
Indice de développement humain (IDH) : 0,503, soit le 165e rang mondial sur 189 pays classés, et 32e sur 53 pays africain classés.
SOURCES : AUTORITÉS NATIONALES, FMI, BANQUE MONDIALE, CNUCED, PNUD
Le président avec la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, à Berlin, en 2018.
112
Projections
2017 2018 2019 2020
TRIBUNE
ACP-UE, d’égal à égal L
VINCENT FOURNIER/JA
es négociations en vue du renouvellement du partenariat pacifiques et stables, centrées sur l’être humain et fondées sur entre le groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique le respect des droits de l’homme, la paix et la sécurité ; le déve[ACP], et l’Union européenne [UE], à l’expiration de l’accord de loppement humain et social; le développement et la croissance Cotonou, en 2020, ont commencé le 28 septembre 2018, en économique inclusifs et durables ; la durabilité environnemenmarge de la 73e Assemblée générale des Nations unies à New tale et la prise en compte du changement climatique; la migraYork. Depuis, plusieurs sauts qualitatifs ont déjà été réalisés. tion et la mobilité. Cet accord, que nous voulons plus fécond, Premier défi relevé : un consensus sur le format du futur plus équitable et plus responsable, devra contribuer à hâter le accord de partenariat a été trouvé. Il aura un socle commun développement des pays ACP. et trois piliers régionaux. Le premier, applicable à tous les Ses membres se sont organisés selon une logique régionale membres, comprend aussi bien les valeurs et principes fonpour répondre à un impératif d’efficacité. L’Afrique, les Caraïbes dateurs de la coopération que les domaines et le Pacifique ont chacun une forte expérience stratégiques à enjeux prioritaires et interdéen matière de planification du développement pendants pour l’UE et le groupe ACP. Les trois régional et d’intégration économique. La prepiliers régionaux, définis en fonction des entités mière dispose depuis 2015 d’un agenda de continentales composant ce dernier, refléteront développement, et une Zone de libre-échange quant à eux les spécificités et besoins propres à continentale (Zlec) est en cours de création. chaque région. La région des Caraïbes, elle, s’appuie sur un Le premier cycle des négociations a pris fin plan stratégique communautaire et un marle 14 décembre 2018, et la rédaction du texte ché unique. Quant à l’excellent travail des îles du futur accord est en cours. Les deux parties du Forum du Pacifique sur les questions enviRobert DUSSEY ont clôturé le deuxième cycle de négociations ronnementales à l’échelle régionale, dans les Ministre togolais des le 4 avril dernier, à N’Djamena [Tchad], lors domaines de la pêche, des télécommunications Affaires étrangères, de la troisième réunion des négociateurs en ou encore de l’énergie, il est connu des pays ACP. négociateur en chef chef [le Croate Neven Mimica, pour l’UE, et du groupe ACP pour l’auteur de cette tribune, pour le groupe ACP]. ans la droite ligne de leurs actions l’accord post-Cotonou Elle a offert l’occasion de revenir sur les priodomestiques, l’Afrique, les Caraïbes et le rités stratégiques du prochain accord, de pasPacifique sont appelés à négocier directement ser en revue les progrès réalisés et de lancer leurs protocoles régionaux respectifs avec l’UE, le troisième cycle des négociations, portant à la lumière de leurs ambitions de développeessentiellement sur les piliers régionaux. Enfin, une série de ment. Et, à terme, nous aurons un accord avec un socle comconsultations régionales a été organisée – UE-Pacifique, à la mun et trois protocoles régionaux [UE-Afrique, UE-Caraïbes fin de février, aux Samoa ; UE-Afrique, le 3 mai, en Eswatini ; et UE-Pacifique]. et UE-Caraïbes, le 14 mai, en Jamaïque –, à partir desquelles En responsabilisant ainsi les régions, le groupe ACP a la les négociations vont s’accélérer. conviction que celles-ci feront un travail de fond efficace. Du reste, les négociations conduiront à un accord inédit, dont le es attentes de l’ACP en matière de modernisation de son défi sera de contribuer qualitativement au développement de partenariat avec l’UE sont immenses, l’accord post-Cotonou ses pays membres. ayant pour principal objectif le développement humain et écoNous avons le devoir d’avancer ensemble, car le manque nomique durable de ses membres. Le droit de nos populations de développement des uns, où qu’il soit, menace les progrès et de nos pays au développement est le régulateur idéal des des autres. « Le monde est monde commun », écrivait Martin négociations en cours. Dans cette dynamique, les priorités Heidegger dans Être et Temps, et son développement est une stratégiques du prochain accord sont l’édification de sociétés responsabilité commune.
D
L
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113
Autorité de régulation des communications électroniques et des postes
ART&P devenue ARCEP, garante d’une concurrence effective et loyale au service des utilisateurs Créée pour réguler les marchés des communications électroniques et des postes dans un contexte de modernité et d’évolutions technologiques, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) doit assumer plusieurs missions. Présentation des principales d’entre elles.
Délivrance des autorisations pour les réseaux indépendants. L’agence autorise les réseaux indépendants à usage privé ou partagé, notamment pour les sociétés, les banques, les organisations internationales, les organismes de coopération internationale et les Ambassades ; et délivre les agréments d’équipements radioélectriques et d’installateurs d’équipements radioélectriques ainsi que le certificat d’enregistrement aux fournisseurs de services déclarés.
Création d’une Autorité de Certification Électronique Le Gouvernement Togolais a mis en place un cadre juridique relatif aux transactions électroniques. Le processus de la mise en œuvre de la chaîne de confiance doit se concrétiser par l’effectivité de la mise en place d’une Autorité de Certification Electronique, mettant en œuvre des procédures pour l’accréditation des Prestataires de Services de Confiance Electroniques (PSCE) et des Prestataires de Service de Confiance Qualifié (PSCQ). Cette mission est confiée à l’ARCEP. Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé le 15 avril 2019 pour l’obtention de la qualification de prestataires de service de confiance électronique. Par ce biais, l’autorité de régulation souhaite identifier les acteurs locaux qui souhaiteraient obtenir une accréditation de PSCE pour fournir des certificats électroniques ou accéder au statut de PSCQ en vue de fournir aux entreprises et à l’administration les prestations telles que la signature électronique qualifiée, les services d’horodatage électroniques, les services de courrier recommandé électronique et les services d’archivage électronique. L’Autorité de Certification Electronique devra être opérationnelle au plus tard en décembre 2019.
©AS PHOTO PROJECT - STOCK.ADOBE.COM
Gestion et contrôle des opérateurs autorisés par le Gouvernement pour établir et exploiter des réseaux et services ouverts au public. À ce titre, l’ARCEP est chargée de négocier les cahiers des charges avec les exploitants de réseaux et services ouverts au public, contrôler les obligations inscrites aux cahiers des charges des opérateurs exploitant les réseaux et services ouverts au public, approuver les catalogues d’interconnexion et d’accès des opérateurs et régler les différends entre opérateurs.
Gestion des ressources. L’ARCEP a pour mission de gérer et contrôler les fréquences radioélectriques : gestion, assignation et contrôle des fréquences radioélectriques conformément au Plan National d’Attribution des Fréquences (PNAF) à l’exclusion des fréquences des services audiovisuels et de la défense ; et collaboration avec d’autres acteurs tels que l’Agence Nationale de l’Aviation Civile (ANAC) pour les fréquences aéronautiques. Elle gère également le plan de numérotation (adoption et gestion du plan de et attribution des ressources en numérotation) ainsi que le domaine Internet national « .tg ».
Protection des intérêts des consommateurs. L’ARCEP recueille et traite les plaintes et réclamations des consommateurs et règle les différends entre opérateurs et consommateurs.
Autorité déléguée pour la certification électronique. La loi n°2017-007 du 22 juin 2017 sur les transactions électroniques (LTE) et le décret n°2018-062/PR du 21 mars 2018, portant règlementation des transactions électroniques, consacrent la création d’une Autorité de Certification Electronique chargée, notamment, d’assurer l’accréditation et le contrôle des prestataires des services de certification électronique.
Pour enregistrer votre nom Internet en « .tg » au Togo, des formalités simples à accomplir auprès de l’Autorité de régulation. Formulaire d’accréditation disponible à l’adresse suivante : https://www.nic.tg/annexe-2-formulaire-d-accreditation/index.html
Représentation de l’Etat et coopération internationale. Enfin, l’agence représente l’État auprès des institutions internationales et régionales pour le compte des deux secteurs, notamment l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) et l’Union Postale Universelle (UPU) et participe aux travaux des organisations internationales et régionales dans les domaines des postes et des communications électroniques.
Le 23 mai 2019, l’ARCEP a signé un accord-cadre de partenariat avec quatre associations de défense des consommateurs œuvrant pour la défense des droits et intérêts des utilisateurs des services de communications électroniques et des postes. Il s’agit de l’Association Togolaise des Consommateurs (ATC), de la Ligue des Consommateurs Togolais (LCT), de l’Alliance Nationale des Consommateurs et de l’Environnement (ANCE) et du Mouvement Martin Luther King (MMLK – la voix des sans voix). L’accord-cadre met à la charge de chacune des deux parties des obligations spécifiques. Pour l’autorité de régulation, il s’agit notamment de renforcer les capacités des associations de consommateurs sur les questions relatives aux secteurs des communications électroniques et des postes à travers des formations, des ateliers et des rencontres ; et d’élaborer, en concertation avec celles-ci, des mécanismes transparents et des moyens efficaces de protection des consommateurs, notamment en ce qui concerne la qualité de services, le traitement des plaintes, la comparaison d’offres et la signalisation des pannes de réseaux. Les associations s’engagent à développer des actions d’information, d’éducation et de communication (IEC) visant à mieux défendre les droits des consommateurs ; à sensibiliser les consommateurs sur leurs droits et devoirs dans le domaine des communications électroniques et de la poste ; à cultiver l’esprit de concertation avec l’autorité de régulation ; et enfin à mettre en place des mécanismes, moyens et outils nécessaires pour l’atteinte de leur mission, en particulier auprès de groupes particuliers tels que les femmes, les jeunes filles, les utilisateurs handicapés et les personnes âgées.
www. artp.tg 32, Rue N’dagni (80) Tokoin Tame Wuiti, BP : 358 Lomé - Togo Tél. (+228) 22 23 63 63/89 Fax : (+228) 22 23 63 94 E-mail : artp@artp.tg
Le 23 mai dernier à Lomé, lors de la signature de l'accord-cadre, M. BOYODI, Directeur général de l’Autorité de régulation (au centre) entouré des représentants des quatre associations signataires.
JAMG - © ART&P SAUF MENTION
Un accord-cadre avec les associations de défense des consommateurs
©BLACKZHEEP - STOCK.ADOBE.COM
COMMUNIQUÉ
Grand format TOGO ÉCONOMIE
FINANCE
PIMENT POUR JA
Business model
Le gouvernement a conclu un accord de partenariat avec le groupe panafricain Ecobank.
Pour conforter Lomé dans son statut de centre d’affaires régional de premier plan, l’État va ouvrir le capital des deux banques publiques.
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NADOUN COULIBALY
n marge du lancement de son Plan national de développement (PND), le gouvernement a conclu un accord de partenariat avec le groupe panafricain Ecobank. Un « deal » au service de l’ambition que le pays cultive depuis quelques années: devenir une place financière régionale de premier plan. À travers ce partenariat, le groupe Ecobank, en sa qualité de grand investisseur privé et d’acteur incontournable dans son domaine, apporte son expertise au gouvernement pour l’aider à impliquer le secteur privé dans le financement du PND. Selon des sources proches du dossier, Ecobank appuiera une série de mesures et de réformes nécessaires à la mise en place d’un hub financier (allègement des procédures administratives et juridiques, mise à niveau des formations, etc.). « Cette logique de hub est naturelle, parce qu’il y a [à Lomé] une culture d’accueil des grands groupes financiers », souligne Kanka-Malik Natchaba, le coordonnateur de la cellule présidentielle d’exécution et de suivi des projets prioritaires (lire p. 101). Outre Ecobank, Oragroup, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD)
E
et la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (BIDC) ont déjà établi leur siège à Lomé. Et de nouveaux acteurs devraient les rejoindre, comme African Lease and Trade, société de crédit-bail d’origine danoise établie en Ouganda, qui envisagerait d’y ouvrir sa première filiale. « Avec le développement de la plateforme logistique [lire pp. 118-119], Lomé doit pouvoir disposer de services financiers performants, poursuit Malik Natchaba. Aussi anticipons-nous le fait que, demain, il y aura des back-offices. » C’est-à-dire des services chargés du suivi des opérations administratives et financières.
Levées de fonds
Lomé veut aussi devenir un centre de services au profit de plateformes spécialisées dans un certain nombre d’activités bancaires telles que le retraitement ou la comptabilisation des chèques. C’est dans cette optique que Phone Group, opérateur du service après-vente du géant mondial du commerce en ligne Amazon, s’est déjà installé à Lomé. L’ouverture annoncée du capital des deux établissements publics que sont la Banque togolaise pour le commerce
et l’industrie (BTCI) et l’Union togolaise de banques (UTB) à des opérateurs privés devrait elle aussi contribuer à faire de Lomé un carrefour financier et un centre d’affaires incontournable, ainsi que l’esquisse le PND. Pour l’ouverture du capital de la BTCI, les autorités comptent privilégier un processus restreint ou d’entente directe, alors que pour l’UTB un appel d’offres est en cours. Numéro trois du marché national, cette dernière avait besoin d’une enveloppe de 25 milliards de F CFA (plus de 38 millions d’euros) de recapitalisation pour compenser ses pertes. Quant à l’évolution globale du secteur, elle est positive : les revenus des banques présentes dans le pays progressent (leur bilan, de 2437 milliards de F CFA à la fin de 2017, était déjà passé à 2520 milliards en août 2018). « Le hub financier nous profite, car les investissements passent par nos établissements », confie un acteur du secteur.
DU NOUVEAU DANS L’AIR Certes, la superficie, l’économie et la population du Togo sont de taille réduite, en comparaison de celles de la Côte d’Ivoire. Pourtant, Lomé n’a pas à rougir du dynamisme de sa plateforme aéroportuaire, d’ailleurs souvent comparée à celle d’Abidjan. L’aéroport international GnassingbéEyadéma (ex-Tokoin) a en effet accueilli plus de 651 000 passagers en 2018, selon le Conseil international des
aéroports (ACI). Un dynamisme dû en grande partie à la présence de la compagnie panafricaine Asky (dont Ethiopian Airlines est actionnaire à 40 %), qui a fait de Lomé son hub et la relie à 22 capitales d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. En ce mois de juin, la compagnie, qui assure déjà une liaison avec New York, relance ses vols pour Johannesburg (suspendus il y a deux ans) et, selon nos informations, étudie
la création d’une ligne vers Paris. Également actionnaire du transporteur, le gouvernement togolais cherche des fonds, notamment auprès d’acteurs chinois, afin d’acquérir de nouveaux appareils. De quoi permettre à la nouvelle aérogare, inaugurée en 2016, d’atteindre son objectif de 2 millions de passagers par an – seuil que dépasse l’aéroport d’Abidjan. RÉMY DARRAS
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Grand format TOGO ÉCONOMIE
Le PAL a traité près de 1,2 million d’EVP en 2018.
TRANSPORTS & LOGISTIQUE
Lomé, reine du ballet régional Le premier port à conteneurs d’Afrique de l’Ouest veut se doter d’une plateforme multiservice pour accélérer le traitement des marchandises et accroître le trafic.
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NADOUN COULIBALY
nique port naturel en eau profonde de la sous-région, et le seul aussi, pour le moment, à pouvoir accueillir des navires de troisième génération, Lomé est le premier terminal à conteneurs d’Afrique de l’Ouest, avec un trafic de près de 1,2 million d’équivalents vingt pieds (EVP). Ses atouts en font un véritable pôle d’éclatement des marchandises sur la côte ouest-africaine – grand domaine portuaire, port franc, rapidité des formalités, réhabilitation et construction d’infrastructures de relais (en particulier les voies de contournement de la capitale), etc. Depuis cinq ans, le Port autonome de Lomé (PAL) est devenu une plateforme de transbordement de premier plan en Afrique de l’Ouest, avec la mise en service, en octobre 2014, d’un troisième quai, Togo Terminal, financé par le groupe Bolloré, ainsi que de la nouvelle darse de Lomé Container Terminal (LCT) – joint-venture entre l’armateur
U
italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC) et China Merchants Holdings International –, réalisés avec le concours des grands bailleurs de fonds internationaux.
De meilleures connexions
Grâce à ces investissements estimés à plus de 1 milliard de dollars, le trafic global de conteneurs du PAL a bondi de 15,4 millions de tonnes en 2015 à plus de 19 millions de t en 2017, soit une hausse de 23,3 %. « Sur cette même période, le trafic local a connu une hausse de 21 %, contre 15,43 % pour celui de transit, et jusqu’à 28,43 % pour le transbordement », remarque Zouréhatou Kassah-Traoré, la ministre des Infrastructures. Le Togo s’est d’ailleurs classé dans le top 5 des pays africains les mieux connectés par voie maritime, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Pour conforter cette dynamique, Togo Invest (TI), holding créé en 2014 afin de
piloter les investissements stratégiques pour l’État, prépare la construction d’une plateforme logistique multiservice à Adakpamé, dans l’est de la capitale. Le projet comprend notamment la réalisation d’une voie d’accès directe au port pour les camions, d’un complexe de guérites sécurisées à la limite de la zone portuaire, d’un parc de stationnement pour les camions et d’équipements connexes (bureaux des douanes, stations de maintenance et de ravitaillement, etc.). « Cette plateforme, dont 50 ha vont être consacrés au pôle logistique multiservice, vise à désengorger la zone portuaire de Lomé, explique Ekué Samuel Mivedor, le directeur général de Togo Invest. Elle va permettre de relocaliser des activités qui n’ont pas forcément vocation à se développer dans l’environnement immédiat du PAL vers une zone stratégique plus appropriée. » Ce parc offrira en particulier plus d’espace, ainsi que de meilleures connexions avec les différents pôles de
production et de consommation de Lomé, des autres villes du pays et de ses voisins. Le projet prévoit par ailleurs des aménagements industriels, des restaurants et des hôtels.
Recherche de financement
« Les études techniques sont presque finalisées et plusieurs manifestations d’intérêt ont été enregistrées, notamment sur les volets financement, construction et opérationnalisation de la plateforme et de ses composantes, précise Ekué Samuel Mivedor. La recherche de financement est en cours. Nous espérons boucler très vite cette étape afin d’engager des travaux très prochainement. » Objectif: que la zone soit opérationnelle d’ici à deux ans. Selon nos informations, l’estimation du coût du projet oscillerait entre 100 et 150 millions de dollars, sur la base d’un partenariat avec le groupe Sogea-Satom pour la construction, le partenariat financier n’étant pas encore tranché.
ESTIMATION DU COÛT DU PROJET : ENTRE 100 ET 150 MILLIONS DE DOLLARS.
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L’autoroute de l’unité
Davié. Compte tenu de l’enjeu stratégique que représente cet axe pour le pays et la sous-région, le dédoublement de tout le corridor a été planifié. Côté togolais, une deuxième phase de ce projet, inscrite dans le PND, porte sur le tronçon de 188 km entre Davié et Atakpamé (Centre). Son coût est estimé à environ 600 millions de dollars, pour le financement desquels l’État
compte recourir à un partenariat public-privé de type concessif et de type BOT (Build, Operate and Transfer). « La concession pourra durer jusqu’à trente ans, et l’État se portera garant du niveau de trafic annoncé », assure Zourehatou KassahTraoré, la ministre des Infrastructures. Ajoutant que le trafic devrait quadrupler d’ici à 2040. Côté burkinabè, on a déjà anticipé la modernisation
POUR FINANCER LES 600 MILLIONS DE DOLLARS DU TRONÇON DAVIÉ-ATAKPAMÉ, L’ÉTAT COMPTE SUR LE SECTEUR PRIVÉ.
de cette route, qui capte plus de 35 % du fret en direction du Faso où, à la fin de mars, le président Ro ch Marc Chris tian Kaboré a inauguré la route inter-États KoupélaCinkansé-frontière du Togo (RN 16). Ces travaux, dont le coût s’élève à plus de 100 milliards de F CFA (environ 152,5 millions d’euros), ont porté, entre autres, sur la réhabilitation de plus de 150 km de route et de six ponts, la construction d’un péage à Cinkassé et l’aménagement de 14 km en deux fois deux voies dans les agglomérations traversées. N.C.
NSCT, Nouvelle Société Cotonnière du Togo
ENGAGÉE POUR L'ATTEINTE DES OBJECTIFS DU PND Avec plus de 24 milliards de francs CFA versés aux cotonculteurs en 2018/19 pour une production de 137 000 tonnes, la filière cotonnière est rigoureusement ancrée dans la réduction de la pauvreté en milieu rural. Elle traduit ainsi son engagement à I ‘atteinte des objectifs du Plan National de Développement. Le Togo ambitionne d’atteindre une production de 200 000 tonnes à I’horizon 2022. NSCT, Nouvelle Société Cotonnière du Togo
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Alors que le trafic sur le corridor Lomé-Ouagadougou – 950 km de route nationale (RN) – connaît une croissance moyenne de 18 % par an depuis 2017, le dédoublement de la RN 1 est devenu une priorité : cette nationale traverse le Togo depuis Lomé, dans le Sud, jusqu’à Cinkassé, dans le Nord, à la frontière avec le Burkina Faso et le Ghana, où le Plan national de développement (PND) 2018-2022 prévoit de construire par ailleurs un port sec (voir p. 94). Pour faire face à la hausse du trafic, l’État avait déjà dédoublé la RN 1 sur 20 km, entre Lomé et
TÉLÉCOMS
Cina Lawson
Ministre des Postes et de l’Économie numérique
« Nous voulons devenir un hub technologique d’ici à 2030 »
Né de la fusion de Togocel et de Togo Télécom, le holding Togocom cherche un partenaire stratégique pour développer l’innovation et gagner en compétitivité. Jeune Afrique: Où en est le processus d’ouverture du capital du holding Togocom? Cina Lawson: L’ouverture du capital de Togocom – né de la fusion amorcée en 2017 de Togo Télécom et de Togo Cellulaire – va permettre au groupe de consolider sa capacité d’investissement et de bénéficier des dernières innovations dans les TIC. Afin de sélectionner un partenaire stratégique, le gouvernement a validé, le 6 décembre 2018, le dossier d’appel d’offres portant sur cette ouverture de capital. Nous sommes dans la phase de soumission des dossiers. Après leur examen, l’État signera un pacte d’actionnaires avec celui qui aura présenté la meilleure offre. Nous espérons boucler l’opération d’ici à la fin du troisième trimestre 2019. Qu’attendent les autorités du futur partenaire? L’ouverture du capital de Togocom s’inscrit dans notre volonté de devenir un hub technologique d’ici à 2030. L’État veut accroître l’innovation et donner un nouveau souffle à l’entreprise. Le partenaire stratégique choisi devra mettre à la disposition de Togocom son savoir-faire et son expertise technique afin d’assurer le respect du cahier des charges de Togo Cellulaire et de Togo Télécom, ainsi que des standards internationaux. Les objectifs de modernisation des
infrastructures réseaux et de diversification des offres fixe et mobile, grâce à l’internet très haut débit de la fibre optique, s’inscrivent dans le cadre du processus de transformation du groupe entamé en 2015. Ces orientations stratégiques devraient permettre à Togocom de satisfaire les consommateurs qui demandent des services de qualité à des prix compétitifs, mais aussi de financer ses projets en tenant compte des enjeux et des mutations qui s’opèrent dans le secteur. Vous avez piloté la mise en œuvre de la cellule de promotion
PIMENT POUR JA
Propos recueillis à Lomé par NADOUN COULIBALY
des investissements. Quel rôle joue-t-elle dans le financement du Plan national de développement (PND) 2018-2022? Cette cellule a commencé ses activités en février 2018. Sa mission est d’accroître le montant des investissements privés au Togo en attendant l’entrée en activité de l’Agence nationale de la promotion des investissements et de la zone franche [API-ZF]. Pour y parvenir, nous offrons un accompagnement qualitatif de l’investisseur depuis le moment où il manifeste son intérêt jusqu’à sa décision finale. La rapidité d’exécution est un facteur important, et nous nous assurons que les entreprises que nous suivons démarrent leurs activités au Togo en un délai record. En une année de travaux, la cellule a enregistré des résultats notables. Elle a ainsi contribué au lancement du secteur de la relation client externalisée avec l’implantation d’Arvato, leader mondial de ce domaine, qui offre depuis Lomé des prestations offshore au géant américain du commerce en ligne Amazon, ce qui créera plus de 500 emplois à terme. Elle a également œuvré pour l’arrivée d'Adkontact, qui a établi dans la capitale un centre de contact offshore pour répondre à des donneurs d’ordres inter nationaux. Six mois seulement après son démarrage, ce centre compte plus de 150 téléconseillers. jeuneafrique no 3048 du 9 au 15 juin 2019
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L'UNION EUROPÉENNE ET LE TOGO, UN PARTENARIAT EN PLEINE ÉVOLUTION Dans un monde globalisé de plus en plus interdépendant, l'Union européenne et ses États membres ont choisi de renforcer leur coopération avec le Togo pour faire face ensemble aux grands enjeux mondiaux tels que le changement climatique, l'insécurité, le protectionnisme, l'emploi des jeunes, la pauvreté et l'inégalité de genre. Un partenariat basé sur des intérêts et valeurs communs L'Union européenne (UE) et ses États Membres, en particulier l'Allemagne et la France présents au Togo, ont toujours soutenu le Togo dans ses efforts pour promouvoir la paix, la stabilité, la réconciliation et le déveLe Togo, l'UE et l'Allemagne célèbrent leur partenariat pour appuyer la transformation de l'ananas au Togo.
loppement socio-économique. Car ce qui se passe au Togo impacte l’Union européenne, et vice-versa. L'Union européenne et le Togo partagent des valeurs communes et se soutiennent mutuellement pour promouvoir et atteindre les objectifs de développement durable (ODD) universels. Ainsi, le Partenariat entre l'Union européenne et le Togo revêt des aspects politiques, économiques, commerciaux, culturels et de coopération au développement.
Une coopération au développement étendue et multiforme L’Union européenne est aujourd’hui le premier bailleur de fonds au Togo en termes de dons, avec plus de 270 millions d'Euros (180 milliards de F CFA) alloués au Togo sur la période 2014-2020 pour financer des programmes de développement. Grâce à ces programmes, ce sont des centaines de milliers de togolais qui ont accès à l'eau, à l'électricité, au ramassage de déchets, et qui sont protégés des inondations. C'est également une justice en cours de modernisation, une police mieux formée, et des soins de santé améliorés. Ce sont des fonds publics qui sont de mieux en mieux gérés, contrôlés et suivis pour qu'ils soient utilisés à bon escient pour l'atteinte des objectifs des plans nationaux de développement. Ce sont des initiatives de lutte contre le changement climatique (utilisation d'énergies propres, reforestation, gestion des écosystèmes, épis côtiers, etc.) qui ont pu être financées, mais aussi des projets pour renforcer la compétitivité des entreprises et le commerce, les droits de l’homme, et l'égalité de
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genre. Enfin, l'UE est particulièrement fière de soutenir le processus de décentralisation en cours, qui va franchir un grand pas en avant avec la tenue en juin 2019 des premières élections locales depuis 1987.
Une coopération conjointe avec l'Allemagne et la France Dans un souci de cohérence, d'efficacité et d'alignement avec la stratégie nationale de développement du Togo, la programmation des domaines prioritaires d'intervention de l'Union européenne a été effectuée conjointement avec l'Allemagne et la France, pour un montant total de plus 716 millions d'Euros (477 milliards de F CFA). Cette initiative a permis à l'UE, l'Allemagne et la France de financer des projets conjoints de grande envergure bénéficiant la population togolaise, par exemple dans le secteur de la décentralisation, de l'eau, de l'assainissement et de l'énergie, tout
Compactage du massif de déchets au nouveau Centre d'Enfouissement technique du Grand Lomé.
en réduisant considérablement les procédures de de financement et de mise-en-œuvre pour les autorités.
Une nouvelle Alliance pour des investissements et des emplois durables Dans le cadre de l'Alliance Europe-Afrique pour des investissements et des emplois durables, dévoilée par le Président de la Commission européenne, M. Juncker, en septembre 2018, la coopération de l'Union européenne va désormais se concentrer plus particulièrement sur l'appui aux investissements publics et privés créant de la croissance et des emplois, la facilitation du climat des affaires, l'éducation et la formation technique et professionnelle, ainsi que l'augmentation du commerce et le renforcement de l'intégration régionale. Cette Alliance a pour ambition de créer plus de 10 millions d'emploi en Afrique. À cet effet l'Union européenne a lancé la première phase du Plan
Des écoliers célèbrent l'arrivée de l'eau et de nouvelles latrines dans le cadre d'un projet de la ville d'Aného cofinancé par l'UE et le département des Yvelines (France).
européen d'investissement extérieur (PIE) avec un financement de 4 milliards d'euros qui contribuera à faire éclore des investissements de plus de 44 milliards d'euros. Ces dons ont notamment pour but de promouvoir les investissements dans les pays les moins développés en Afrique, en absorbant une partie des risques encourus par les investisseurs. Au Togo, l'UE accompagne de nombreuses réformes pour améliorer le climat des affaires et faciliter des investissements du secteur privé, notamment dans les secteurs de l'énergie, de l'agriculture et du transport. L'organisation du 1er Forum Économique entre le Togo et l'Union européenne les 13 et 14 juin 2019 est un symbole de cette nouvelle vision, totalement en ligne avec le nouveau Plan national de développement du Togo pour 2018-2022 qui vise une transformation structurelle de son économie en misant sur une contribution massive du secteur privé dans les investissements prévus.
DÉLÉGATION DE L'UNION EUROPÉENNE AUPRÈS DE LA RÉPUBLIQUE TOGOLAISE Cité OUA - 01 BP 1657 - LOMÉ - TOGO Tél. : (+228) 22.53.60.00 - https://eeas.europa.eu/delegations/togo_fr - DELEGATION-TOGO@eeas.europa.eu AmbUETogo
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Le Président togolais et le Commissaire européen au Développement inaugurent le 4e lac de rétention de Lomé, construit en partenariat avec l'Agence française de développement.
Grand format TOGO ÉCONOMIE
DÉVELOPPEMENT RURAL
Kara, projet pilote Pour doper les rendements et la transformation locale, le pays met en place des agropoles rassemblant tous les acteurs d’une filière. Test grandeur nature dans le Nord.
distributeurs de mêmes filières. À Kara, ce sera autour des chaînes de valeur du maïs, du riz, du sésame, de l’anacarde, de la volaille et des boissons. Objectif : doper les rendements, mutualiser les équipements, développer la transformation locale et aussi faciliter l’accès aux marchés.
GODONG/UIG VIA GETTY IMAGES
Au moins 25 000 emplois
NADOUN COULIBALY
ans le cadre des agropoles, le gouvernement parie sur une approche pragmatique pour créer les conditions d’installation d’unités agro-industrielles, explique Noël Bataka, le ministre de l’Agriculture. Un plan stratégique identifie dix agropoles, qui seront mises en place graduellement afin de documenter le processus avant leur développement à plus grande échelle à travers le pays. » Identifiée parmi les huit projets prioritaires du Plan national de développement (PND) 2018-2022, l’agropole du bassin de la Kara (Nord-Est) sera la première à voir le jour. Un site stratégiquement situé sur le corridor routier Lomé-Ouagadougou, pratiquement à mi-chemin entre les deux capitales – et leurs grands marchés. L’enjeu, pour ces pôles de compétitivité, est de parvenir à conjuguer les intérêts des communautés et des exploitations familiales à ceux des investisseurs privés, en mobilisant des producteurs, des industriels, ainsi que des négociants et
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Le pôle de compétitivité s’organisera autour des chaînes de valeur du maïs, du riz, du sésame, de l’anacarde, de la volaille et des boissons.
ENJEU : CONJUGUER LES INTÉRÊTS DES COMMUNAUTÉS ET DES EXPLOITATIONS FAMILIALES À CEUX DES INVESTISSEURS PRIVÉS.
L’Agence de promotion et de développement des agropoles au Togo (Aprodat) a lancé les appels d’offres pour l’aménagement du parc pilote de Kara et la construction de ses infrastructures (dont l’édification de deux barrages et l’aménagement des périmètres irrigués associés). Ces travaux représentent un investissement d’environ 25 milliards de F CFA (plus de 38 millions d’euros) hors énergie et télécoms. Sur un montant global estimé à 65 milliards de F CFA, 38 milliards auraient déjà été mobilisés au début de mai, notamment grâce à la BAD et à la fondation sud-coréenne Saemaul. L’Aprodat conçoit par ailleurs des dispositifs pour sélectionner les investisseurs privés. « Le Togo a choisi de concéder des terres de façon à ne pas exproprier les communautés. Pendant ce processus qui vise à sécuriser le foncier, nous mobilisons les opérateurs privés nationaux et étrangers autour d’une série de projets, afin de booster l’investissement », assure Noël Bataka. Partenaire de cette politique, la BAD, qui avait déjà soutenu les études techniques et de rentabilité des filières à hauteur de 100 millions de F CFA, a mobilisé une ligne de crédit de 50 milliards de F CFA sur son guichet destiné au secteur privé, afin d’accompagner les nouveaux investissements. L’agropole de Kara devrait s’étendre sur 165 000 ha et créer au moins 25 000 emplois. De quoi apporter d’ici à 2022 deux points supplémentaires à la croissance du PIB agricole (qui était de 7 % en 2018), doper les ventes, à l’export comme au niveau local, et donc réduire les importations agroalimentaires pour ramener le déficit de la balance agricole à 38 %, au lieu de 44 % actuellement.
Notre mission
Conduire le développement et la mise en œuvre d’investissements stratégiques par et pour l’État afin de créer de la valeur pour l’économie togolaise et ses populations.
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Se positionner comme l’interface compétente entre l’État Togolais et le secteur privé.
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Développer le Corridor de Transport du Togo (infrastructure routière, férrovière et portuaire).
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Impliquer le secteur privé dans le développement de l’économie Togolaise.
Notre stratégie ●
Gérer un portefeuille d’investissements
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Développer les Partenariats public-privés
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Privilègier la création de richesse pour le pays
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Valoriser des pratiques responsables
CED @Togoinvest - Tél. : (+228) 22 23 12 80 - www.togoinvest.tg
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Nos objectifs
Grand format TOGO ÉCONOMIE
SECTEUR PRIVÉ
Do-Pharma prescrit ses solutions à la sous-région
DOTÉE D’UN ÉQUIPEMENT DE POINTE, L’USINE IMPLANTÉE SUR UN TERRAIN DE 20 HA EMPLOIE PLUS D’UNE CENTAINE DE PERSONNES. 126
jeuneafrique no 3048 du 9 au 15 juin 2019
NADOUN COULIBALY
remière entreprise à avoir fabriqué des solutés pharmaceutiques en Afrique de l’Ouest, la société togolaise Do-Pharma a inauguré son unité de production en février 2018. « Dès l’an dernier, nous avons exporté nos produits au Bénin et, cette année, nous avons déjà obtenu l’autorisation de les distribuer au Burkina, au Mali, au Niger et en Côte d’Ivoire. Nous attendons d’autres permis, notamment pour le Cameroun », détaille Frédéric Dovi-Akué, le directeur général de l’entreprise. Il a été formé en Allemagne comme son père, le fondateur et président du conseil d’administration de Do-Pharma, Guy DoviAkué (72 ans), qui y avait commencé sa carrière de chirurgien-orthopédiste avant de rentrer à Lomé au début des années 1990 pour y fonder la clinique Saint-Joseph. « J’étais confronté à des pénuries récurrentes de sérum, pourtant indispensable à la prise en charge du paludisme, des diarrhées, etc., se rappelle le médecin. Alors m’est venue l’idée de créer une unité pour fabriquer ces intrants médicaux. Cela n’a pas été facile, mais nous avons réussi à mettre en place une usine répondant aux normes internationales les plus pointues, avec l’aide de grands groupes allemands du secteur, Fresenius et B. Braun. » Financée par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (BIDC) à hauteur de 12 milliards de F CFA (près de 18,3 millions d’euros), l’usine de Do-Pharma est implantée sur un terrain de 20 ha dans la zone franche d’Avéta, à une vingtaine de kilomètres du centre de Lomé. Dotée de salles blanches entièrement
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La société a inauguré son unité de production en février 2018.
automatisées et d’installations techniques de pointe, elle emploie plus d’une centaine de personnes et peut produire 20 millions de flacons de solutés intraveineux (glucosés, salés…) par an. Do-Pharma mise sur sa proximité avec le marché sous-régional, ainsi que sur des prix compétitifs, pour substituer sa production aux importations et pallier les ruptures de stock fréquentes dans les différents pays ouest-africains. Elle aurait notamment décroché un contrat de 1,2 million de flacons avec la Centrale d’achat de médicaments essentiels génériques du Togo (Cameg-Togo), chargée d’assurer l’approvisionnement du pays.
Antalgiques et antibiotiques
À moyen terme, la société prévoit d’écouler 20 % de sa production sur le marché local et le reste à l’exportation. « Notre objectif est de conquérir les marchés de l’Union économique et monétaire ouest-africaine [Uemoa]. Nous visons aussi le Ghana et le Nigeria à partir de 2020, notamment avec les antalgiques et les antibiotiques », précise Frédéric Dovi-Akué. Do-Pharma compte étendre rapidement sa gamme de produits (paracétamol, antibiotiques ou injectables) et diversifier leur mode d’administration, en fabriquant des comprimés. Mais avant de faire de nouveaux investissements, elle veut conforter sa présence sur deux ou trois marchés et atteindre sa vitesse de croisière en matière de production.
PIMENT POUR JA
Un an après avoir commencé à fabriquer des solutés intraveineux, le groupe a déjà obtenu l’autorisation d’exporter au Bénin, au Burkina, au Mali…
COMMUNIQUÉ
COMPAGNIE D’ÉNERGIE ÉLÉCTRIQUE DU TOGO
La CEET, acteur clé du développement de l’économie togolaise La Compagnie d’Énergie Éléctrique du Togo (CEET) assure le service public de distribution de l’énergie électrique sur l’ensemble du territoire national. Engagée dans l’amélioration permanente de la qualité de ses prestations, la CEET est un acteur clé du succès du Plan National de Développement (PND) 2018-2022 et de l’émergence du Togo.
Dans le cadre du Programme National de Développement (PND), le gouvernement togolais a mis en place une stratégie pour le secteur de l’électricité basée sur la sécurisation, la continuité, l’optimisation de la disponibilité de la fourniture du courant électrique propre et durable et l’accessibilité de l’énergie à moindre coût pour les industries et les ménages. La CEET, qui a le monopole national de la distribution, joue un rôle majeur dans cette stratégie.
ALLIER LES EXIGENCES DE LA CLIENTÈLE AVEC LA SÉCURISATION DES REVENUS DE LA SOCIÉTÉ La sécurisation de la collecte des revenus a été identifiée par la CEET comme un facteur clé pouvant asseoir durablement la viabilité financière de la société. À cet effet, la société avait annoncé depuis 2016, le lancement d’un vaste projet de vulgarisation des compteurs à énergie prépayée à hauteur de 300000 unités.
UN INSTRUMENT DE COMPÉTITIVITÉ La CEET contribue également à l’amélioration du climat des affaires. La dernière édition du rapport « Doing Business », réalisé par la Banque mondiale, montre que les progrès réalisés en matière d’accès à l’électricité ont contribué à l’amélioration de la position globale du Togo, qui a gagné 19 places en passant de la 156e place dans le classement 2018 à la 137e place dans le classement 2019. En ce qui concerne le raccordement à l’électricité, le Togo a fait un bond en avant encore plus significatif de 37 places, passant de la 142e place en 2018 à la 105e place en 2019, occupant ainsi la 1e place dans l’Espace UEMOA. Ces bons résultats permettent au Togo de figurer dans la liste des 10 pays les plus réformateurs cette année.
UNE DYNAMIQUE DE MODERNISATION Le Projet d’Extension du Réseau Électrique de Lomé (PEREL) illustre l’activité de la CEET. L’objectif est d’améliorer les conditions de vie des populations de la ville de Lomé et ses environs en favorisant un accès amélioré aux services électriques. Le projet vise à étendre les réseaux électriques de distribution dans les zones périurbaines de la ville de Lomé et la connexion de nouveaux clients. Il vise également à améliorer le rendement du réseau électrique de distribution de la ville de Lomé par la réduction des interruptions non programmées et l’augmentation de la fiabilité du réseau. Les travaux porteront sur 154 km de réseaux moyenne tension, 153 postes BT/MT et 1850 km de réseaux basse tension. Plus de 20000 foyers à faibles revenus seront connectés. Un système de téléconduite (SCADA/DMS) du réseau de distribution de Lomé sera mis en place. Ce projet bénéficie d’un financement global de 48 millions d’euros, composé d’un prêt souverain concessionnel de l’AFD (30 M€) et des subventions de la KFW (10 M€) et de l’Union européenne (8 M€).
426, Av. Mama Fousséni BP 42 Lomé TOGO - Tél. : (+228) 22 21 27 43 / 22 21 27 44 - Fax : (+228) 22 21 64 98 - Email : ceet@ceet.tg / infoservices@ceet.tg
www.ceet.tg
JAMG - PHOTOS : D.R.
Le projet a effectivement débuté au cours de l’année 2016 et le nombre de compteurs prépayés avoisine 200000 unités à fin décembre 2018. L’inversion de ce mode de paiement a vu l’introduction de plateformes de paiement numériques chez deux opérateurs de téléphonie mobile qui collectent les revenus de la clientèle atteignant un seuil de 20%.
Grand format TOGO ENJEUX
ENTREPRENEURIAT
Le retour des femmes prodigues Elles ont renoncé à la sécurité d’un emploi à l’étranger pour revenir au pays et lancer leur propre affaire. Portraits de créatrices inspirées.
GEORGES DOUGUELI
o s m o p o l i t e s , e l l e s n ’e n demeurent pas moins attachées à leur terre d’origine. Toutes ont foi en l’avenir de leur pays, où, la tête pleine d’idées, elles ont décidé de revenir s’installer après avoir étudié et vécu à l’étranger. Et le gouvernement couve d’un œil attentif les petites sociétés artisanales que ces femmes ont fondées. Il est après tout normal qu’au pays des Nana Benz la création d’entreprise au féminin soit particulièrement soutenue. Plus globalement, l’État a mis en œuvre une politique volontariste qui vise à faire de l’artisanat l’un des leviers de la
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croissance économique. Le pays compte environ 1 million d’artisans, et le secteur contribue à hauteur de 18 % au PIB. Le plan national de développement de l’artisanat, adopté en 2011, puis le code de l’artisanat ont renforcé l’attractivité de ces métiers et de leurs savoir-faire. Selon le ministère du Développement à la base, l’État a investi 8,7 milliards de F CFA (13,3 millions d’euros) dans ce domaine, dont 3,8 milliards ont été octroyés sous forme de crédits, et 3,9 milliards, affectés à l’achat de kits d’outillage offerts aux jeunes artisans. Voici quelques-unes de ces femmes entrepreneuses qui inspirent aujourd’hui la jeunesse togolaise.
Essy KODJO Perles et Pagnes
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PIMENT POUR JA
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ssy Kodjo se présente toujours avec une petite pointe d’humour. « En quelques années, je suis passée des fonds de pension aux chiffons. » Cette diplômée de HEC Montréal se destinait à vivre une carrière sans histoire au sein de grandes entreprises quand, après une expérience dans un fonds de pension canadien, elle décide de faire ses valises pour rentrer au Togo. Là, elle ne tarde pas à s’investir dans ce qu’elle aime vraiment, à savoir le design et la création. En 2012, elle lance sa société, Perles et Pagnes, spécialisée dans les accessoires de mode ethniques, avant de se diversifier dans la décoration d’intérieur. Dans son atelier installé à Hedzranawoe, un quartier populaire de Lomé, seize artisans fabriquent des objets à la main
avec des matériaux majoritairement locaux : des sacs perlés ou tressés, des porte-documents, des coussins et oreillers, des nappes, des dessous-de-verre, toutes sortes d’étuis… La créatrice y impose sa rigueur, même si elle-même reconnaît qu’elle apprend en même temps. Elle souhaite maintenant
nouer quelques partenariats avec des artisans européens, « pour assurer un transfert de technologies ». En attendant, elle a ouvert plusieurs boutiques, non seulement au Togo mais aussi en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays de la sous-région. Sa société emploie une vingtaine de personnes.
Mablé AGBODAN Mille Couleurs
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RICHARD CANNON POUR JA
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agenda de Mablé Agbodan est plein jusqu’en juillet. Le 1er juin, cette créatrice de 44 ans a ouvert un magasin de mode à Lomé, sur la route de l’aéroport. Elle exposera dans ce showroom de 60 m² les créations qu’elle a développées ces dernières années : une ligne de mobilier de maison pouvant être réalisée sur mesure, ainsi que de multiples accessoires, des objets d’art, etc. Le tout fabriqué avec des matériaux recyclés. Courant juillet, Mablé Agbodan prendra ensuite part à une semaine de sensibilisation à la protection de l’environnement en organisant un défilé de mode écologique. Entre-temps, elle aura préparé pour 2020 une exposition itinérante de ses productions
dans plusieurs pays grâce au soutien du réseau des Alliances françaises. D epuis qu’elle a commencé sa carrière au musée d’Orsay, à Paris, où elle a passé six ans, cette diplômée en architecture d’intérieur voue un véritable culte au beau et au design, culte qu’elle a affermi tout au long d’un parcours qui l’a ensuite menée à Londres. Elle y vit toujours et y a même installé sa marque, Mille Couleurs. Depuis 2014, elle partage son temps avec Lomé, où elle a lancé, deux ans plus tard, le Club des métiers d’art et d’artisanat. Elle veut mettre en valeur la créativité des artisans togolais et ambitionne, grâce à l’apprentissage, d’améliorer un savoir-faire haut en couleur.
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Grand format TOGO ENJEUX
Sonya TOMÉGAH Nyah’s Touch
BRUNO LEVY POUR JA
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u’est-ce qui peut conduire une architecte de 32 ans à s’investir dans la confection d’accessoires de mode plutôt qu’à concourir pour le prix Pritzker, le Nobel d’architecture? Réponse de l’intéressée: « Je mets tout en œuvre pour matérialiser mes rêves et marquer mon temps. » Quels rêves ? Magnifier le textile africain, le dépoussiérer pour le mettre en pleine lumière. Sonya Tomégah a lancé Nyah’s Touch en 2012, une entreprise spécialisée dans la création et la confection, entièrement manuelle, d’accessoires à base de wax ou de textiles africains, tels que le bogolan, le danfani ou le kenté. Sans oublier le cuir. Nyah’s Touch propose également ses services dans le design d’espace, notamment dans le conseil et la conception d’intérieurs, qui reste trop souvent le parent pauvre de la construction en Afrique subsaharienne. Diplômée de l’École africaine des métiers de l’architecture et de l’urbanisme (Eamau) de Lomé, Sonya
Tomégah est également titulaire d’un BTS en arts appliqués, avec une spécialité design d’espace acquise au lycée des métiers de l’habitat et de l’aménagement urbain Adolphe-Chérioux de Vitry-sur-Seine, en France. Aujourd’hui, elle veut construire une véritable usine pour passer au stade de l’industrialisation. Ce qui lui ouvrirait des débouchés à l’export. Notamment vers le marché américain, auquel les artisans togolais ont un accès privilégié grâce au mécanisme de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa).
COMMUNIQUÉ
INAM, Institut National d’Assurance Maladie
Au service des assurés
© Adobestock.com
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Le développement d’un savoir faire au service de la couverture maladie universelle.
Depuis 2012, c’est plus de 350 000 bénéficiaires de tous âges, de l’assurance maladie au Togo. La santé est l’un des domaines où la demande de protection sociale est de plus en plus élevée au Togo. L’INAM est un acteur incontestable dans la réforme du financement de la santé. L’engagement de tous autour de l’axe N°3 du Plan National de Développement (PND) va contribuer à l’amélioration de la santé des populations, mais aussi au renforcement des plateaux techniques de l’offre de soin.
Madame Myriam Dossou d’Almeida Directeur Génaral de l’INAM
Le déploiement de la gestion spécifique du risque maladie, la réforme du cadre de conventionnement avec l’offre de soins, le contrôle médical, l’analyse de la dispensation des soins, la prévention des risques, la lutte contre la fraude et les abus, l’adaptation du panier de soins de base à la carte sanitaire sont autant d’éléments qui contribuent à garantir la pérennité des prestations de protection sociale santé. Il n y a pas de développement soutenu, sans développement humain.
La prochaine étape est indéniablement la prise en charge des soins de santé des agriculteurs pour lesquels les conditions d’inclusion, d’équilibre et de satisfaction des bénéficiaires sont étudiées. Les études actuarielles pour la couverture maladie universelle sont en cours ainsi que la digitalisation de l’INAM pour mieux servir ses usagers.
L’assurance maladie doit jouer sa pleine partition en synergie avec l’ensemble des acteurs économiques et les investisseurs pour une population épanouie et bien portante. Elle sera alors un moteur du développement et de la croissance économique du Togo, accompagnée par une gouvernance démocratique et paritaire qui s’appuie sur des outils modernes de gestion.
D’ici 2020, l’objectif est de couvrir au moins 100 000 familles d’artisans sur la base de cotisations forfaitaires.
Faire soigner en préservant les revenus des ménages, c’est notre mission 01 BP 11 Lomé 01, Tél. : (+228) 22 21 49 47
www.inam.tg
JAMG - Photos : D.R. sauf mentions
Après avoir pris en charge les agents de l’état, civils et militaires, actifs ou à la retraite c’est au tour des artisans d’être assurés par l’INAM. Si pour les premiers le régime obligatoire a permis de réduire les impacts de la maladie sur les revenus. C’est fort de leur satisfaction, et de la réussite de cette première phase, que le gouvernement a lancé le 14 mai 2019 l’inclusion des artisans et de leurs ayants droit à l’assurance maladie. C’est déjà 20 000 assurés principaux qui se sont enregistrés en moins d’un mois.
« Le risk management » est au cœur de notre activité il permet de piloter efficacement le régime et de rationaliser les prises de décisions. Nous comptons mettre en place des mécanismes innovants de gestion et de transfert de risques pour permettre aux Togolais d’avoir une couverture maladie minimale garantie, de la naissance à la fin de la vie.