JA N° 3050 DU 23 AU 29 JUIN 2019 GF DJIBOUTI

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EXCLUSIF

Les milliards envolés de l’Asecna

CÔTE D’IVOIRE Que prépare Gbagbo ?

ALGÉRIE Kamel Daoud : « Il faut juger Bouteflika »

En vingt ans, le président Ismaïl Omar Guelleh a profondément transformé son petit pays, même s’il reste encore du chemin à parcourir pour parvenir à l’émergence. Emploi, logement, éducation, niveau d’endettement : les grands chantiers du quinquennat sont plus que jamais ouverts. Spécial 16 pages

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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3050 DU 23 AU 29 JUIN 2019

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GRAND FORMAT

DJIBOUTI

PATRICK ROBERT

Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays

La métamorphose

En vingt ans, Ismaïl Omar Guelleh a transformé son petit pays en un carrefour géostratégique ouvert aux vents de la mondialisation. Sans toutefois réussir à en résoudre tous les problèmes. jeuneafrique no 3050 du 23 au 29 juin 2019

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Olivier Caslin OlivierCaslin

Bras de fer portuaire our réussir en affaires, il faut une bonne dose de confiance entre partenaires et, surtout, la certitude que chacun d’entre eux conserve l’impression d’en faire, des affaires. Force est de constater qu’après une décennie d’intérêts partagés entre Djibouti et l’opérateur portuaire dubaïote, DP World, l’absence de confiance et de bénéfices mutuels menace le contrat qu’ils ont signé en 2000. Les premiers contacts avaient pourtant été prometteurs : le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh (IOG) avait trouvé auprès de Cheikh Rachid Al Maktoum ce qu’il s’était vu refuser par son homologue français Jacques Chirac : le financement d’un port en eau profonde. En plus d’envoyer son fleuron industriel construire un terminal pour quelques centaines de millions de dollars, le futur émir de Dubaï avait accepté de financer un terminal pétrolier dernier cri et le premier hôtel cinq étoiles du pays. Les Émiratis envisageaient même de construire un pont de 29 km au-dessus de la mer Rouge, vers le Yémen. La lune de miel durera, en apparence, jusqu’en 2016. DP World atteint alors les 900 000 conteneurs manutentionnés par an, confirmant que le port de Djibouti est devenu une escale incontournable dans la sous-région. Mais le ver était dans le fruit dès la signature du contrat, paraphé côté djiboutien par Abdourahman Boreh, alors patron du port. Qu’un simple négociant en cigarettes puisse se retrouver à la tête de l’Autorité portuaire constitue déjà une énigme. Qu’il ait pu négocier seul en est une autre. D’autant que certains termes de l’accord se révéleront contraires aux intérêts fondamentaux de son pays. « Ma patience à son égard est certainement l’une de mes plus graves erreurs », reconnaissait IOG en 2016. Et c’est bien Djibouti qui risque de payer

P

84 ENJEUX

Guelleh au milieu du gué

la facture : l’une des clauses attribue à DP World un monopole de trente ans sur le littoral djiboutien. Une telle concession pourrait être acceptable si les deux partenaires y trouvaient leur compte. Mais l’arrogance de l’opérateur, et sa volonté de placer les intérêts de son terminal de Djebel Ali avant ceux de ses autres ports, a érodé leurs relations.

Pires rumeurs

Les autorités djiboutiennes se sont bien rendu compte – mais un peu tard – qu’elles s’étaient fait avoir par Abdourahman Boreh, parti se réfugier à Dubaï dès 2008, puis à Londres. Après avoir tenté, en vain, de renégocier le contrat, elles n’ont eu d’autres choix que de chasser DP World du terminal de Doraleh au début de 2018. Depuis, la situation ne fait qu’empirer. Conforté par la Cour d’arbitrage de Londres, l’opérateur veut récupérer ce qu’il estime être son bien, n’hésitant pas à répandre les pires rumeurs – comme ces épidémies de choléra et de typhus qui auraient dévasté le pays – voire à menacer de poursuites les compagnies maritimes qui veulent s’implanter sur le littoral. Le plus insupportable pour les Dubaïotes est d’entendre que le terminal fonctionne mieux sans eux, comme l’a affirmé, en février, Thomas Waldhauser, chef du commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom). Vexés, ils ont lancé une « guerre des ports » en multipliant les projets concurrents dans la Corne, plutôt que de renouer les fils du dialogue. En visite à Djibouti en mars, Emmanuel Macron a promis de téléphoner à l’émir de Dubaï pour tenter de mettre un terme à ce bras de fer qui empoisonne la sous-région. Avec comme seul préalable à toute discussion, côté djiboutien, la reconnaissance du fait que les ports sont bien la propriété du pays et de lui seul.

88 En débat

Asmara ne répond plus

89 Opposition

En désordre de marche

92 ÉCONOMIE

Les bons comptes…

96 Interview

Aboubaker Omar Hadi Président des ports et des zones franches de Djibouti (DPFZA)

99 Portraits

Pionnières en affaires

102 SOCIÉTÉ

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ENJEUX

Guelleh

aumilieudugué L

À mi-mandat, le président est en position de force sur la scène politique. Mais il doit faire face à de nombreux défis sociaux et à des bouleversements géopolitiques majeurs dans la région. 84

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OLIVIER CASLIN, envoyé spécial à Djibouti

e 8 mai, Ismaïl Omar Guelleh (IOG) a célébré le vingtième anniversaire de son accession au pouvoir. Sans tambour, ni trompette. En deux décennies, Djibouti a troqué son image de petite ville portuaire endormie sous la poussière du désert pour celle de carrefour géostratégique ouvert aux quatre vents de la mondialisation. Mais l’heure n’est pas encore aux célébrations pour le chef de l’État djiboutien. Réélu haut la main en 2016, pour la quatrième fois d’affilée, sur un


programme essentiellement social, ciblant la lutte contre le chômage, il est loin d’avoir terminé sa mission et, à mi-mandat, le moment n’est pas encore venu de regarder dans le rétroviseur. D’autant moins que les situations extérieures et intérieures ont considérablement évolué ces douze derniers mois.

Modèle fragilisé

Ce n’est pas la position du président sur la scène politique nationale, un peu plus d’un an après que son camp a raflé 87 % des sièges au Parlement et alors que

ABOU HALLOYTA

Rencontre avec le président érythréen Issayas Afeworki (à dr.), à Djeddah, le 17 septembre 2018.

l’opposition est portée disparue (lire p. 89), qui est aujourd’hui fragilisée. Mais plutôt son modèle de développement. Si le poids de la dette vis-à-vis de la Chine devrait être moins insurmontable que ne le redoutent les bailleurs de fonds (lire pp. 92-94), l’arrivée d’un nouveau Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, en 2018, dont la priorité semble être de chercher à aplanir les différends avec le frère ennemi érythréen (lire p. 88), et la querelle qui s’envenime chaque jour un peu plus avec DP World (lire pp. 96-98) font peser quelques incertitudes sur le futur économique du pays. Sans compter

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Grand format DJIBOUTI ENJEUX

que les revendications algériennes et soudanaises ont retenu toute l’attention d’une partie de la population djiboutienne, de plus en plus pressée de récolter les fruits d’une croissance économique qu’elle observe, mais dont elle ne profite toujours pas, ou pas assez.

Paradoxe

C’est le principal défi auquel devra faire face Ismaïl Omar Guelleh ces deux prochaines années. Conscient des

attentes de ses compatriotes, il a profité du remaniement ministériel du 5 mai pour leur signifier que les priorités sociales annoncées en 2016 étaient davantage que de simples promesses électorales. Les questions relatives au logement et aux affaires sociales ont été confiées à des ministères à part entière et non plus à des ministres délégués ou à des secrétaires d’État. Bien sûr, le président n’a pas attendu aujourd’hui pour se saisir de ces dossiers. Il a promulgué

Gardienne de l’information À Djibouti, la CNC, ce n’est pas du cinéma. La Commission nationale de la communication a pour mission « d’assurer le pluralisme de l’information et un accès équitable aux médias », explique sa présidente, Ouloufa Ismaïl Abdo, et de veiller à la liberté informatique. Créée en 2016, la commission et les neuf membres qui la composent ont passé leur baptême du feu lors des élections législatives de février 2018. Depuis la mise en place du multipartisme, en 1992, c’était la première fois qu’un organisme était chargé de contrôler le temps de parole des différents candidats dans les journaux de la télévision publique.

La présidente de la Commission nationale de la communication, Ouloufa Ismaïl Abdo.

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PATRICK ROBERT

Indépendance

Et la CNC a exécuté sa tâche « avec succès », estime un an plus tard sa présidente : « La communauté internationale a reconnu notre impartialité et l’opposition, la qualité de notre travail. » La façon dont la commission a su s’imposer face à certains caciques de la majorité présidentielle, peu au fait des nouvelles règles du jeu démocratique, n’a fait que souligner son indépendance, donc sa crédibilité. Pour ce premier test, elle a réussi à maintenir une équité non seulement partisane, mais également géographique, en tenant compte des particularités communautaires et linguistiques de chacune des six régions. Maintenant qu’elle a fait ses preuves, le plus dur commence peutêtre pour la CNC. « À nous de rester vigilants lors de chaque élection », reconnaît Ouloufa Ismaïl Abdo, qui

insiste pour que le gouvernement complète le cadre légal de la commission et surtout étende ses missions à la radio, qui reste le média de référence dans les campagnes. Trois textes sont actuellement en discussion, traitant du pluralisme politique dans les médias, de la déontologie de l’information et de l’attribution de la carte de presse. Car les compétences

de la CNC lui permettent également d’encadrer le secteur journalistique, pour mieux le professionnaliser et l’émanciper du pouvoir politique. Le premier chantier porte sur la réforme de la Radiodiffusion Télévision de Djibouti (RTD), déjà en cours, pour renforcer l’opérateur public avant d’ouvrir, plus tard, le marché à des médias privés.



Grand format DJIBOUTI ENJEUX

EN DÉBAT

l’assurance-maladie universelle dès 2014 et les programmes d’habitat se sont multipliés à travers le pays depuis 2017, décrétée « année du logement » par IOG. Reste que, si la pression est moins forte, « il manque toujours entre 35 000 et 50 000 logements à Djibouti », estime le représentant local d’une grande institution internationale. Sur le front de l’emploi aussi, beaucoup reste à faire. « Djibouti vit un véritable paradoxe, avec un taux de croissance économique proche des 8 % chaque année, pour un chômage qui ne descend pas au-dessous de la barre des 60 % », constate un proche collaborateur du président. Le nombre d’entreprises créées localement augmente chaque année, à mesure que le pays monte dans le classement « Doing Business » de la Banque mondiale, mais pas au point de pouvoir répondre à la demande. Seules les centaines de sociétés internationales que Djibouti espère bien accueillir dans les immenses zones franches portuaires, existantes ou à venir, autour de la capitale pourraient l’absorber.

« Guerre des ports »

Et c’est là que la redéfinition géopolitique en cours dans la sous-région pourrait bien avoir des conséquences inattendues sur la scène intérieure djiboutienne. « L’histoire a offert à Djibouti un monopole portuaire sur le marché éthiopien qui, pendant plus de dix ans, lui a permis de développer ses infrastructures mais est appelé à disparaître dans les toutes prochaines années », analyse un diplomate étranger. Nommé le 2 avril 2018, Abiy Ahmed s’est bien rendu à Djibouti dès le lendemain pour confirmer le lien unique entre les deux pays, mais le rétablissement des relations diplomatiques entre Addis-Abeba et Asmara, en juillet, a changé la donne. Et dans la perspective d’une future « guerre des ports », telles que la prophétisent certains, le président djiboutien peut compter sur DP World pour jeter de l’huile sur le feu. La crise ouverte au début de 2018 avec l’opérateur dubaïote ne semble pas près de se refermer. Elle pourrait même dégénérer un peu plus, à mesure que fleuriront dans la région les nouveaux terminaux sous pavillon DP World, à Berbera d’abord, à Assab et à Massawa ensuite. Djibouti et ses ports vont encore faire la course en tête dans les prochaines années, mais ils devront un jour apprendre à partager – le nord de l’Éthiopie avec les ports érythréens, l’Ogaden avec Berbera. « Cela aura certainement des conséquences en matière d’activité économique, et donc de création d’emplois pour la petite république, dont devra bien entendu tenir compte le président », redoute notre diplomate. Surtout s’il compte être candidat à sa propre succession en 2021, comme de nombreux indices le laissent entendre ces dernières semaines.

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Asmara ne répond plus OLIVIER CASLIN

L

a Corne de l’Afrique a connu un intense ballet diplomatique à la fin de 2018. Aussi soudain qu’inattendu, l’accord signé en juillet entre les frères ennemis d’Asmara et d’Addis-Abeba, après trois décennies de conflits, a fait souffler « un vent de paix sur la région », selon l’expression d’Issayas Afeworki, le président érythréen. Les visites se sont alors succédé entre responsables éthiopiens, érythréens et somaliens. Puis djiboutiens. Inquiète d’être exclue des négociations, la petite république a vite été rassurée quand, au début de septembre, elle a vu atterrir à Ambouli le ministre érythréen des Affaires étrangères. Les deux États, également divisés sur des questions frontalières, n’avaient pas échangé de visite depuis dix ans. Un premier pas largement encouragé par Abiy Ahmed, Premier ministre éthiopien depuis avril 2018 et grand initiateur de cette nouvelle donne. C’est lui qui est à l’origine de la poignée de main historique entre Ismaïl Omar Guelleh (IOG), le président djiboutien, et son homologue érythréen, à Djeddah, le 16 septembre, à l’issue de leur première et unique rencontre. L’occasion « d’avancer dans le processus de normalisation entre nos deux pays », avait alors estimé la diplomatie djiboutienne. Son chef, Mahmoud Ali Youssouf, avait même été convié à se rendre en Érythrée. Mais neuf mois plus tard, il attend toujours. Depuis le 14 novembre et la levée par l’ONU des sanctions qui pesaient sur l’Érythrée depuis 2009, Asmara ne répond plus. Comme si Issayas Afeworki retombait dans ses travers, après avoir obtenu ce qu’il cherchait. « L’Érythrée ne montre aucune volonté de changer les choses, contrairement à ses voisins », confirme un diplomate étranger en poste à Djibouti. À commencer par IOG, qui avait accepté de taire sa méfiance vis-à-vis d’Issayas Afeworki. La déception n’en est que plus grande. Et elle risque bien de faire retomber le « vent de paix ».


OPPOSITION

En désordre de marche Alors que le chef de l’État se prépare déjà pour les échéances électorales de 2021, ses adversaires ne parviennent toujours pas à former un front commun.

OLIVIER CASLIN

epuis la tentative – réussie mais sans lendemain – de l’Union pour le salut national (USN), en 2013, l’opposition djiboutienne n’arrive plus à se conjuguer au singulier. Laminées lors du scrutin présidentiel de 2016, les différentes factions qui la compose n’ont pas su faire front commun, deux ans plus tard, pour les législatives de 2018, une nouvelle fois remportées haut la main par l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), du président Ismaïl Omar Guelleh. Et ce n’est pas la « nouvelle » USN, présentée en toute discrétion au début de mars, qui va inverser la tendance. D’abord, parce qu’elle ne regroupe que des partis politiques non reconnus et qu’elle n’a attiré aucun des grands leaders historiques de l’Union première version. Daher Ahmed Farah préfère rester en Belgique, où il a été rejoint, au début d’avril, par Abdourahman Mohamed Guelleh, dit TX, qui s’est dépêché de quitter le pays une fois son passeport récupéré. Ensuite, parce que son retour sur la scène politique est loin de faire l’unanimité parmi les opposants de la nouvelle génération. À commencer par Ilaya Ismaïl Guedi Hared (lire p. 106), tête de liste, lors des dernières législatives, de l’alliance formée par l’Union pour la démocratie et la justice (UDJ), qu’elle dirige, et le Parti

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LA NOUVELLE UNION POUR LE SALUT NATIONAL N’A ATTIRÉ AUCUN DES GRANDS LEADERS HISTORIQUES DE L’ANCIENNE.

Une coalition sinon rien

Les négociations ouvertes à la fin de 2017 avec l’Alliance républicaine pour le développement (ARD) et le Centre démocrate unifié (CDU) n’avaient pas empêché ces deux partis de partir chacun de leur côté. Pourtant, tous sont d’accord : « sans coalition, l’opposition ne peut exister dans les urnes », résume Mohamed Daoud Chehem. Mais entre ceux qui acceptent les règles démocratiques telles que définies par le pouvoir et ceux qui préfèrent s’abstenir, « pour ne pas faire le jeu de l’UMP », difficile de fédérer autour d’une personnalité « qui reste de toute façon à identifier », rappelle Ilaya Ismaïl Guedi Hared. À un peu moins de deux ans du prochain scrutin présidentiel, le temps est pourtant compté. D’autant que, profitant des atermoiements de ses adversaires, Ismaïl Omar Guelleh semble déjà dans les starting-blocks. Et ce n’est pas une opposition une nouvelle fois divisée qui risque de lui contester sa victoire.

ABOU HALLOYTA

Ismaïl Omar Guelleh recevant les responsables des partis politiques, le 30 janvier, au palais de la République.

djiboutien pour le développement (PDD), et à ce titre chef de l’opposition parlementaire. « L’USN est morte, et le fantasme de sa résurrection empêche aujourd’hui l’opposition de s’imaginer tout autre futur », insiste la présidente de l’UDJ. Son allié du PDD, Mohamed Daoud Chehem, ne dit pas autre chose quand il estime qu’il est temps « de tourner la page ». Le candidat de l’USN au scrutin de 2016 estime même que c’est autour de cette alliance UDJ-PDD, « qui dure », que l’opposition doit aujourd’hui se regrouper.

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ÉCONOMIE

Les bons com Récusant les conclusions du FMI sur son taux d’endettement, Djibouti met en avant ses progrès en matière de climat des affaires, d’investissement et de diversification. OLIVIER CASLIN

PATRICK ROBERT

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râce à la simple magie de quelques chiffres, l’économie djiboutienne vient de retrouver un peu d’air frais. Montrée du doigt ces dernières années pour son taux d’endettement record, notamment vis-à-vis de la Chine, jugé dangereux pour sa bonne santé financière, la petite république a tenu à mettre les choses au point en rétablissant la réalité comptable. Non, Djibouti n’est pas endetté à hauteur de 104 % de son PIB, comme les experts de FMI l’ont affirmé après leur dernière visite dans le pays, en décembre. « Les statistiques fournies par nos services étaient erronées puisqu’elles ne prenaient pas en compte l’ensemble de nos activités liées au port et aux zones franches », explique Mohamed Skier Kayak, conseiller économique à la présidence. Et c’est loin d’être un détail pour Djibouti, qui a entièrement adossé son développement économique aux infrastructures portuaires et logistiques depuis bientôt deux décennies. Résultat, la production de richesse du pays a bondi, d’un jour à l’autre, de 47 %, pour atteindre 491 milliards de francs djiboutiens (près de 2,5 milliards d’euros). « En conséquence de quoi l’endettement réel est aujourd’hui de 71 % », assure, avec satisfaction, Mohamed Skier Kayak. Bien moins, donc, que le plafond des 75 % « au-dessus desquels les bailleurs de fonds commencent à tirer la sonnette d’alarme », précise un économiste local.

jeuneafrique no 3050 du 23 au 29 juin 2019

Djibouti a donc profité de la réunion de printemps du FMI pour dépêcher à Washington, mi-avril, une délégation ministérielle chargée, chiffres à l’appui, de convaincre le Fonds d’organiser une nouvelle mission d’évaluation pour revoir ses calculs. Autre bonne nouvelle pour la dette du pays, la Chine, qui détiendrait à elle seule plus de 60 % des créances extérieures djiboutiennes, semble prête à renégocier les conditions du prêt accordé pour la construction de la ligne ferroviaire entre Djibouti et Addis-Abeba, qualifié de « fardeau » par le président Ismaïl Omar Guelleh lors de l’entretien qu’il a eu à Pékin, le 27 avril, avec Xi Jinping. Les autorités djiboutiennes espèrent obtenir un taux d’emprunt concessionnel moins élevé que le taux commercial actuel, sur une durée de remboursement de vingt-cinq ans, contre quinze ans actuellement.

L’ami chinois

La petite république semble donc en passe d’éviter l’asphyxie financière que tout le monde lui promettait il y a encore peu de temps. D’autant qu’elle n’a pas baissé la garde et poursuit sa politique d’investissements pharaoniques, avec la construction programmée sur le site de Damerjog, au sud de la capitale, d’un second complexe industrialo-portuaire aux proportions identiques à celui qui a été inauguré au nord de la ville en 2018 (lire p. 98). Bien sûr, le pays n’allait pas lui-même décaisser la somme – équivalente à une fois et demie son PIB – nécessaire pour réaliser


ptes‌

Terminal multiservice du port de Doraleh.

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ces nouvelles infrastructures. « La majeure partie du projet est financée par les opérateurs, sous forme d’investissements directs étrangers [IDE] », précise Mohamed Skier Kayak. Mais la baisse drastique de son niveau d’endettement va considérablement rassurer ses partenaires, publics comme privés. À commencer par les Chinois, prêts à contribuer une nouvelle fois, à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars, à ces nouveaux équipements, vitaux pour le développement économique de Djibouti. « Nous n’avons rien à exporter. Les ports et les zones franches sont donc essentiels pour l’équilibre de notre balance commerciale », explique encore le conseiller à la présidence. D’où l’urgence pour le pays de régler une bonne fois pour toutes le différend qui l’oppose depuis plusieurs années à l’opérateur portuaire DP World avant qu’il ne porte vraiment préjudice à sa réputation de place maritime et financière fiable. Ironie de l’histoire, au moment où il décide de chasser les Dubaïotes du terminal de Doraleh, le pays fait un bond sans précédent dans le classement « Doing Business » 2019 de la Banque mondiale, passant de la 154e à la 99e place, grâce notamment aux excellents résultats enregistrés en matière de… protection des investissements. Une bonne nouvelle supplémentaire pour Djibouti, qui, vu la taille de son économie, n’a pas d’autre choix dans l’immédiat que de compter sur les contributions extérieures pour financer son développement.

Reste que le modèle actuel, qui s’appuie sur les secteurs maritime et logistique, a déjà montré ses limites. « Malgré une croissance comprise entre 6 % et 8 % ces dernières années, le chômage reste toujours aussi élevé dans le pays », regrette Mohamed Skier Kayak. Plutôt que d’attendre de pouvoir mesurer l’impact réel, en matière d’emplois, de l’installation en cours de centaines d’entreprises dans les zones franches, le gouvernement a sonné l’heure de la diversification. Le pays a ciblé plusieurs secteurs, comme le tourisme ou les services numériques et financiers, qu’il entend développer selon la même logique de hub régional qui fait actuellement les beaux jours de ses ports.

Poids lourds de l’hôtellerie

La stabilité macroéconomique et monétaire, renforcée par la présence de bases militaires, semble donner confiance aux investisseurs. Quelques grands noms de l’hôtellerie internationale (Onomo, Radisson, Hilton…) répondent déjà présents, alors que les dix câbles sous-marins situés à proximité des côtes commencent à intéresser les opérateurs de data centers et autres plateformes d’appel. Deux projets sont en discussion, avec chaque fois plusieurs centaines d’emplois à la clé. « Il est temps de mettre l’économie au service du social », insiste Mohamed Skier Kayak. Même si le chemin vers le plein-emploi s’annonce encore long, il est pavé de bonnes intentions.


COMMUNIQUÉ

Le secteur bancaire à Djibouti : une place financière sûre, moderne et attractive

La Banque Centrale de Djibouti a pour principales missions de veiller sur la convertibilité de la monnaie nationale, le Franc Djibouti qui a été créé en 1949. Librement convertible et lié au Dollar américain par une parité fixe, le Franc Djibouti puise sa stabilité linéaire qui le caractérise depuis plus de 65 ans dans les fondements de son système d’émission du type « currencyboard ». Son principe de fonctionnement est des plus simples : chaque Franc Djibouti émis doit être entièrement couvert par un dépôt en dollars américains auprès de l’un des correspondants à New-York. C’est ainsi que la Banque Centrale de Djibouti est chargée de la gestion des réserves officielles en devises du pays pour garantir un taux de couverture de son émission largement positif. Quant à l’achat de devises, il est libre et s’effectue contre simple dépôt de Francs Djibouti. Cette absence de contrôle de change et une application stricte et contrôlée des dispositions réglementaires et prudentielles des établissements de crédit, ont fait de Djibouti une place financière dynamique attractive et sécurisante où les opérateurs de la sous-région logent leurs principales opérations. Le secteur financier, profitant largement de la vigueur de la croissance économique du pays depuis plusieurs années, connaît une forte expansion. Le nombre d’opérateurs financiers en activité ne cesse d’augmenter et compte désormais 11 banques commerciales, un Fonds étatique de financement des PME/PMI, 2 institutions de microfinance et 18 bureaux de change et de transfert de fonds. La multiplication d’opérateurs a permis d’enrichir la panoplie de produits et services financiers offerts par la place djiboutienne.

Pour accompagner au mieux ce foisonnement du secteur financier, les autorités nationales ont procédé à une refonte de la législation bancaire et financière en janvier 2011, de sorte à l’adapter aux attentes de la profession.

NOTRE CORRESPONDANT EN EURO • Banque de France CENTRAL BANK OF DJIBOUTI SWIFT : BCDJDJJDXXX IBAN N° FR76 3000 1000 6400 5245 024 BANQUE DE FRANCE SWIFT CODE : BDFEFRPPCCT

NOS CORRESPONDANTS EN DOLLARS US • BNP PARIBAS – New York Branch Central Bank Of Djibouti - SWIFT : BCDJDJJDXXX IBAN N° FR53 3000 4056 5800 0004 1015 D42 BNPPARIBAS – PARIS SWIFT CODE : BNPAFRPPXXX • Federal Reserve Bank of New York CENTRAL BANK OF DJIBOUTI - SWIFT: BCDJDJJDXXX ACCOUNT N° 0210 83 682 FEDERAL RESERVE BANK OF NEW YORK SWIFT CODE : FRNYUS33XXX • Citibank – NA New York CENTRAL BANK OF DJIBOUTISWIFT : BCDJDJJDXXX ACCOUNT N° 36252795 CITIBANK–NA NEW YORK - SWIFT CODE : CITIUS33XXX

Banque Centrale de Djibouti Boulevard Saint-Laurent du Var - BP 2118 - Tél. : (253) 35 27 51 / (253) 31 20 00 Fax : (253) 35 62 88 / (253) 35 12 09 Télex : 5838DJ - SWIFT : BCDJDJJDXXX E-mail : bndj@intnet.dj - www.banque-centrale.dj


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Aboubaker Omar Hadi Président des ports et des zones franches de Djibouti (DPFZA)

ABOU HALLOYTA

« Nous avons vingt ans d’avance sur nos concurrents »

Propos recueillis par OLIVIER CASLIN

hargé des infrastructures portuaires et logistiques de Djibouti depuis 2001, Aboubaker Omar Hadi est le véritable architecte du virage économique pris par son pays il y a plus de vingt ans. Pari réussi pour celui qui, à 62 ans, dirige une entité qui représente à elle seule près d’un tiers du PIB du pays. Sans compter que de nouvelles installations vont venir renforcer le

C

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rôle de hub que compte jouer la petite république dans la sous-région. Jeune Afrique : Le 4 avril, la Cour d’arbitrage international de Londres a fixé à 385 millions de dollars l’indemnisation que devra verser l’État djiboutien à l’émirati DP World pour avoir rompu le contrat du Doraleh Container Terminal (DCT). Comptezvous payer cette somme? AboubakerOmarHadi: Absolument

pas. Nous sommes prêts à ouvrir les

négociations autour de trois options : soit DP World nous rachète les 67 % que nous possédons dans DCT, pour 1,8 milliard de dollars, selon leurs propres estimations, et abandonne ses revendications de monopole sur le littoral djiboutien; soit l’opérateur sort du terminal et nous lui réglons les 33 % qu’il détient dans DCT, soit environ 800 millions de dollars. Ou nous retravaillons ensemble, à condition qu’ils oublient toute exclusivité sur nos côtes. Eux-mêmes avaient proposé


COMMUNIQUÉ


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Tous ces équipements seront financés par les investissements directs étrangers réalisés par les opérateurs eux-mêmes. Et ils sont justifiés par les marchandises que ces infrastructures vont voir passer.

La gare de Nagad, sur la première ligne reliant Djibouti à l’Éthiopie, construite par des groupes chinois.

cette solution quelques jours avant de saisir la Cour de Londres. Et depuis, nous ne nous parlons plus. Les Émiratis auraient demandé 3 milliards de dollars pour rendre son littoral à Djibouti…

Je n’en sais rien, mais ils doivent comprendre que cette crise s’arrêtera quand ils auront accepté qu’ils ne peuvent pas posséder nos côtes. C’est une question de sécurité nationale. Nous ne voulons spolier personne. Nous devons nous parler, même pour discuter d’indemnisations. Mais pour l’instant, les Émiratis veulent faire appliquer le contrat tel qu’il a été signé à l’époque. Ce qui est inacceptable!

Ils semblent s’être laissés intimider, mais nous sommes toujours en contact, ils viendront quand ils seront décidés. Cela ne nous a pas empêchés de confirmer la réalisation du terminal, pour un investissement de 660 millions de dollars, grâce au Fonds souverain d’Oman. Après un temps d’hésitation, le projet de Damerjog, au sud de Djibouti, semble également se confirmer. Pourquoi cette attente ?

La région manque d’infrastructures. Il n’y aura donc pas de guerre des ports, comme certains se plaisent à l’imaginer. Et même si cela arrivait, Djibouti a vingt ans d’avance sur ses éventuels concurrents, en matière d’équipement comme de ressources humaines. Le port de Djibouti est aujourd’hui un outil unique dans la Corne. Et pour longtemps encore.

Nous avons été obligés de redimensionner le projet pour répondre aux demandes importantes constatées en matière de trafic pétrolier et gazier, de bétail et de marchandises. Nous prévoyons donc de réaliser, sur plus de 3 000 hectares, un second complexe logistico-portuaire, après celui ouvert au nord de la ville en 2018. D’importantes installations de stockage pour les vracs liquides seront construites à proximité de deux quais pétroliers pour servir l’Éthiopie, mais aussi une grande partie de l’Afrique de l’Est. Notre objectif est de devenir un hub pétrochimique pour l’ensemble de la sous-région.

Le Français CMA CGM a avoué avoir renoncé à investir dans le second

Necraignez-vouspasdecreuserencore l’endettement du pays avec ce projet?

Ne redoutez-vous pas des représailles de DP World, qui multiplie les projets portuaires dans la région, à Assab et à Berbera, et bientôt à Massawa ?

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terminal à conteneurs à la suite des menaces de poursuites judiciaires de DP World…

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PATRICK ROBERT

Pour tant, l’immense Djibouti International Free Trade Zone (DIFTZ), inaugurée en 2018, peine à démarrer. Pour quelles raisons ?

Ce n’est qu’une question de temps. Plus de 60 entreprises s’installent, et des sociétés indiennes et jordaniennes travaillant dans la logistique ou l’industrie légère nous demandent plusieurs centaines d’hectares pour s’implanter. Je suis convaincu que nous remplirons la DIFTZ en 2020. Le train entre Djibouti et AddisAbeba a déraillé en avril à cause de fortes pluies. Cet accident ne vous inquiète-t-il pas ?

Le trafic est reparti à la normale après une semaine. Je ne suis pas inquiet, car c’est un accident isolé. Et je rappelle que c’est la seule liaison ferroviaire de la région. Quatre trains partent chaque jour, deux dans chaque sens, pour transporter un total de 420 conteneurs. C’est-àdire que 20 % des volumes destinés à l’Éthiopie empruntent chaque jour la voie ferroviaire. C’est un résultat encourageant, et nous avons pour objectif de monter à dix trains par jour. Et comment comptez-vous atteindre cette cadence ?

En privatisant les opérations. Les deux gouvernements viennent de se rencontrer à ce sujet pour une privatisation effective à partir de 2020. Le rail restera public, mais le matériel roulant sera apporté par les compagnies privées qui assureront le transport des marchandises. Les études de faisabilité viennent d’être lancées et nous espérons attirer trois opérateurs. Nous comptons démarrer le processus d’appel d’offres avant la fin de cette année. L’idée est d’éviter tout monopole et de donner le choix aux utilisateurs du train.


SOCIÉTÉ DE GESTION DU TERMINAL À CONTENEURS DE DORALEH

De nouvelles ambitions Société de Gestion du Terminal à Conteneurs de Doraleh (SGTD) est l’opérateur du Terminal à conteneurs le plus moderne et avancé de l’Afrique de l’Est, leader du commerce régional et de la chaîne d’approvisionnement. Lancé en 2009, il s’agit de l’un des plus grands projets d’infrastructures portuaires impulsé par l’Autorité des Ports et des Zones Franches de Djibouti (DPFZA). Situé en République de Djibouti, à l’entrée de la mer Rouge et sur la deuxième voie maritime la plus fréquentée du monde, le Terminal de Doraleh grâce à sa présence unique au cœur du trafic à conteneurs mondial, se positionne comme le hub régional et est une plaque tournante régionale de transbordement. À travers son accès à plus de 43 ports et villes dans le monde (Afrique, Moyen-Orient, Europe, Asie, Amérique du Nord), le terminal permet également une ouverture exceptionnelle au marché Est-africain constitué de plus de 250 millions d’habitants.

AVEC LA REPRISE DE LA GESTION DU TERMINAL PAR L’AUTORITÉ DES PORTS ET DES ZONES FRANCHES DE DJIBOUTI (DPFZA) DEPUIS FÉVRIER 2018, LE TERMINAL CONNAIT UNE TRANSFORMATION MAJEURE AVEC UNE FORTE CROISSANCE DE SES VOLUMES ET DE SA PRODUCTIVITÉ AUX NAVIRES

Société de Gestion du Terminal à Conteneurs de Doraleh - Djibouti, République de Djibouti - PO Box : 2081 Email : customerservice.dct@dct.dj - Tél. : (+253) 21 317 317

www.sgtd-terminal.com


• Large capacité de passage de volume de conteneurs (1,6M evp) • Portiques de quai (STS) : 8 + 3 en commande • Portiques de parc (RTG) : 30 + 8 en commande • Portiques de station de train (RMG) : 2 • Autres engins de levage (Reachstakers) : 14 RS/ECH • Camions internes (ITV) : 65

ENTRETIEN avec Monsieur Abdillahi Adaweh Sigad CEO de SGTD Le Terminal de Doraleh fait l’objet de beaucoup débats médiatiques contradictoires entre l’ancien opérateur et Djibouti. Quelle est la position de Djibouti sur ce sujet ? Le sujet des débats comprend plusieurs volets : l’importance stratégique du Terminal de Doraleh dans l’environnement économique de Djibouti, la propriété ou « ownership » de l’actif en question (DCT), une gouvernance déséquilibrée au profit d’un actionnaire minoritaire qui régissait le fonctionnement de l’entité DCT et enfin une performance commerciale médiocre au regard d’un marché régional et international dynamique. Les représentants et les juristes de l’État ont compétence à évoquer les sujets de la recomposition de l’actionnariat et les débats concernant le fonctionnement de l’ancienne entité de Doraleh Container Terminal (DCT). En tant que Manager de la nouvelle structure de gestion du Terminal– Société de Gestion du Terminal à Conteneurs de Doraleh (SGTD) – mes réponses à la question se limiteront aux volets économiques, à la performance opérationnelle et commerciale de l’actuelle entité SGTD. Quel poids économique représente le Terminal de Doraleh dans le secteur portuaire et logistique de Djibouti, et dans l’économie du pays ? L’activité de Terminal à Conteneurs de Doraleh représente plus ou moins 60 % de l’activité du secteur portuaire et de la logistique qui lui-même est le principal secteur économique du pays. Ceci rend évident l’intérêt, voire l’intervention de l’État djiboutien dans la conduite du développement de l’activité du Terminal à Conteneurs de Doraleh, d’autant plus que l’État a toujours maintenu une majorité de détention du capital des entités successives ayant conduit l’activité conteneur sur le site de Doraleh (DCT et SGTD). Comment a évolué la performance opérationnelle et commerciale du Terminal depuis le départ de l’ancien opérateur ? La gestion du Terminal par l’ancien opérateur a cessé en février 2018 et la performance opérationnelle du Terminal, dont le principal indicateur clé (KPI) est le nombre de mouvements opérés à l’heure sur un navire, a progressé de 35 % entre 2017 et 2018. Sur le plan de la performance commerciale et notamment le segment de transbordement, secteur à fort potentiel compte tenu du positionnement géographique de Djibouti – sur un axe principal de commerce maritime – le volume de l’activité de transbordement représente actuellement (en mai 2019), 25% du volume global du Terminal contre 7 % durant les derniers mois de gestion de l’ancien opérateur (novembre 2017 à janvier 2018), tout en maintenant la part de marché local (Djibouti) et de l’hinterland (Ethiopie).

JAMG - © SGTD

La SGTD en quelques chiffres


Grand format DJIBOUTI

SOCIÉTÉ

Place aux femmes !

Depuis 2018, un quart des sièges leur sont réservés à l’Assemblée nationale.

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Depuis vingt ans, les Djiboutiennes gagnent du terrain dans les sphères politique et sociale. Mais il leur reste beaucoup de chemin à parcourir dans le secteur économique. OLIVIER CASLIN

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epuis très exactement vingt ans, Djibouti semble décidé à faire sauter le plafond de verre qui empêche les femmes d’exercer toutes les responsabilités dans le pays. Plutôt que de le briser net, les responsables politiques de la petite république s’escriment à le faire disparaître progressivement, pour ne pas heurter une société restée par tradition très patriarcale. À la tête de cette croisade d’un nouveau genre: Ismaïl Omar Guelleh (IOG). Depuis son arrivée au pouvoir, en 1999, le chef de l’État n’a en effet cessé d’améliorer la condition de ses concitoyennes. C’est lui qui nomme la première Djiboutienne ministre, déléguée certes, et spécifiquement affectée à la promotion de la femme et de la famille. La détentrice du portefeuille, Hawa Ahmed Youssouf, juriste de formation, saisit l’occasion pour s’engager fortement contre certaines pratiques traditionnelles, des mutilations génitales aux mariages forcés. « Elle a joué un rôle fondamental dans la transformation des mentalités djiboutiennes, tout en s’appuyant toujours sur le Coran », estime l’une de ses héritières déclarées, Fatouma Awaleh Osman, l’actuelle maire de Djibouti-Ville.

ABOU HALLOYTA

Politique de quotas

En 2002, avec le soutien d’IOG, Hawa Ahmed Youssouf dépoussière d’abord le vieux code de la famille, avant de lancer la Stratégie nationale d’intégration de la femme dans le développement, qui permet dans un premier temps « de mesurer la participation réelle des Djiboutiennes dans les sphères politique et économique, dans les secteurs de l’éducation et de la santé », précise Amina Saïd Chiré, chercheuse à l’université de Djibouti. Avant de commencer à leur donner toute la lumière qu’elles méritent. Dès 2003, un premier quota de 10 % leur est réservé dans l’ensemble des administrations ainsi que sur les bancs de l’Assemblée nationale. Le pays découvre alors ses premières femmes députées, ambassadrices, etc. Cette avancée, aussi rapide que spectaculaire sur la scène politique et sociale, se révèle en revanche bien plus compliquée dans les milieux économiques. « Les Djiboutiennes

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Grand format DJIBOUTI SOCIÉTÉ

manquent alors de formation et sont les premières à devoir faire face au chômage et à la pauvreté », explique Amina Saïd Chiré. Principales victimes, aujourd’hui encore, de ces deux fléaux, les Djiboutiennes pourraient bien voir leur situation évoluer à moyen terme. « À Djibouti, plus de 50 % des étudiants sont des étudiantes. Mieux éduquées, elles sont plus présentes dans certaines filières. Elles occupent, par exemple, 70 % des postes dans la magistrature », constate Ouloufa Ismaïl Abdo, juriste investie depuis 2007 dans le cadre de la cellule d’écoute des femmes battues mise en place par l’Union nationale des femmes de Djibouti (UNFD). Une association qui a joué un rôle très important depuis sa création, aux lendemains de l’indépendance, en 1977, « notamment sur certaines questions comme l’excision, mais aussi l’alphabétisation, rappelle notre universitaire. L’urbanisation du pays, en cours depuis plusieurs décennies, a également permis aux femmes de s’affranchir de la cellule familiale où elles étaient jusqu’alors cantonnées par les traditions issa comme afar ».

« Les tribunaux, même religieux, vont de plus en plus dans le sens des femmes », constate encore Amina Saïd Chiré. Un net progrès qui pousse Ouloufa Ismaël Abdou à affirmer que, d’un point de vue juridique, « les Djiboutiennes n’ont aujourd’hui plus grand-chose à revendiquer. Elles doivent juste s’emparer de leurs droits ». Seul bémol, la question de l’héritage. Dans ce domaine, la loi du mâle l’emporte encore pour l’instant. C’est d’ailleurs la question financière de façon plus générale qui continue de limiter le rôle économique des Djiboutiennes. En la matière, elles « font encore l’objet d’une véritable discrimination », regrette Amina Saïd Chiré. Si elles n’ont pas encore réussi à pénétrer le secteur privé, les femmes ont cependant consolidé leurs positions dans le public dans la foulée du Plan national du genre (PNG), adopté en 2009. Leur présence dans les partis politiques n’a également cessé d’augmenter, à mesure que les quotas de femmes au Parlement étaient revus à la hausse – 20 % en 2008 et 25 % depuis mars 2018. Une tendance qui devrait se poursuivre, car les Djiboutiennes semblent bien décidées à ne pas baisser la garde. « L’objectif, c’est la vraie parité », insiste Ouloufa Ismaïl Abdo, qui, comme ses camarades, compte une nouvelle fois sur le volontarisme affiché par IOG pour décrocher les 50 %.

MIEUX ÉDUQUÉES QUE LES HOMMES, ELLES OCCUPENT AUJOURD’HUI 70 % DES POSTES DANS LA MAGISTRATURE.

« Vraie parité »

Au point que ces bouleversements provoquent des crispations chez les hommes, bousculés dans leurs habitudes et plus forcément assurés d’être dans leur bon droit.

Ismahan MAHAMOUD IBRAHIM

Première présidente de la Cour des comptes

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ABOUY HALLOYTA

L

’œil sévère et le discours clair. Pour Ismahan Mahamoud Ibrahim, les bons comptes publics font les bons États. Et depuis sa nomination, en juillet 2017, Mme la présidente de la Cour des comptes de la République de Djibouti n’a de cesse qu’elle n’ait renforcé l’indépendance et la crédibilité de ses services. Elle a réussi le tour de force de réaliser l’an dernier le premier rapport général jamais publié par l’organisme, pourtant créé en 2002. Reste que ses recommandations sont encore loin d’être suivies à la lettre. « Difficile d’asseoir notre mission de contrôle dans la société djiboutienne », reconnaît-elle. Cette experte-comptable de 50 ans a suivi des formations à Dakar et à Bordeaux tout en poursuivant sa carrière au sein du ministère des Finances de son pays. Alors que son mandat prendra fin dans un an, elle estime avoir déjà fait bouger les lignes au sein de son administration, « comme toutes les Djiboutiennes qui aujourd’hui peuvent occuper des responsabilités et changer les choses ».


PUBLI-INFORMATION

LE FINANCEMENT PUBLIC DE L’INITIATIVE PRIVÉE

www.fdeddjibouti.com

L

e fonds de développement de Djibouti, est un établissement public à caractère commercial jouissant d’une large autonomie financière dont le mandat est de promouvoir l’essor et le développement du secteur privé à Djibouti. Il est, en effet, chargé de mettre en œuvre la politique fixée par le Gouvernement destinée à l’essaimage des PME à Djibouti à travers l’octroi de prêts à moyen et à long terme à des conditions incitatives.

Outre le financement des PMI-PME, le FDED contribue particulièrement à la promotion de l’entrepreneuriat féminin et de celui des jeunes en application des priorités définies par le Président de la République, son Excellence Monsieur Ismail Omar Guelleh.

DIFCOM - PHOTOS : ABOU SAUF MENTION

Les ressources financières du FDED proviennent essentiellement des lignes de crédits accordées par les bailleurs de fonds Internationaux.

RÉPARTITION DES PRÊTS PAR SECTEURS D’ACTIVITÉS 2018 Répartition des octrois de prêts par secteurs d’activités Tourisme Service

Primaire 7% 6%

21 %

Petite industrie 14 % 10 %

42 %

Commerce

Transport

Siège social : Angle de l’avenue Georges Clémenceau et de la rue Pierre Curie BP : 520 - Djibouti Email : fded@intnet.dj Tél : (+253) 21 35 33 91 Fax : (+253) 21 35 50 22


Grand format DJIBOUTI SOCIÉTÉ

Ilaya Ismaïl GUEDI HARED

Présidente de l’Union pour la démocratie et la justice (UDJ)

ABOU HALLOYTA

I

smaïl Guedi Hared doit être fier. La fille unique de cette figure historique de l’opposition décédée en septembre 2015 est sortie victorieuse des législatives de février 2018. Également présidente de l’Union pour la démocratie et la justice, le parti qu’il avait créé, Ilaya est même aujourd’hui, à 27 ans, la chef de file de l’opposition sur les bancs de l’Assemblée nationale. « Je suis là où je dois être », estime l’héritière, qui a toujours travaillé avec son père, même lorsqu’elle poursuivait ses études d’économie politique en France. Née à Djeddah, elle ne rentre vraiment vivre à Djibouti qu’en 2015, pour intégrer les services de la Banque centrale et démarrer en parallèle une carrière politique. « Par amour du pays », comme son père, mais surtout « pour mettre un terme à cette société clanique et patriarcale ». Si elle reconnaît une nette amélioration de la condition des Djiboutiennes ces quinze dernières années, elle en veut plus. Et les 25 % de sièges réservés aux députées depuis 2018 ne sont qu’un début pour Ilaya, qui souhaite la parité. Et rêve d’être la première femme à prendre la tête d’un ministère régalien dans son pays.


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