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Algérie Les enfants de Bouteflika N° 2968 • du 26 novembre au 2 décembre 2017

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LE PLUS

de Jeune Afrique

ENJEUX On tourne en rond

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TRIBUNE MehdiTaje, géopoliticien et prospectiviste INTERVIEW Habib Karaouli, PDG de CAP Bank SOCIÉTÉ L’avenir leur appartient

TUNISIE

Le prix

de la liberté DR

Vie politique, situation financière, climat social… Alors que le train des réformes et de la relance économique semble marquer le pas, où en est vraiment le pays ?

JEUNE AFRIQUE

N 0 2968 • DU 26 NOVEMBRE AU 2 DÉCEMBRE 2017



Le Plus de Jeune Afrique

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Prélude Alain Faujas

Un peu d’économie, s’il vous plaît! Chers amis tunisiens, Le monde entier vous a admirés. La façon dont vous avez su réaliser votre Printemps – le seul digne de ce nom dans le monde arabe – contre la dictature, la bêtise et la prédation a été exemplaire. Vous avez su éviter les pièges de la guerre civile. Vous avez protégé vos acquis sociétaux. Vous avez su composer avec vos nombreuses forces sociales, politiques, religieuses et trouver un équilibre entre la modernité et les angoisses conservatrices. Votre classe moyenne est un vrai gage de stabilité. Vos islamistes ont, pour l’instant, su mettre de l’eau dans leur thé très amer. Seulement voilà, vous tournez en rond. Votre croissance est aux abonnés absents. Le chômage de vos jeunes diplômés est intense. Le désespoir de vos compatriotes de l’Est et du Sud ne faiblit pas. Et malheureusement vos politiques ne pensent qu’à se faire des crocsen-jambe pour gagner l’élection d’après. La paralysie qui en résulte Ne gâchez pas vos atouts. entrave votre indispensable lutte C’est un prix Nobel du anticorruption, la remise à niveau développement qu’il vous de vos entreprises publiques, qui faut désormais viser. prennent l’eau, la maîtrise de votre fonction publique, pléthorique. Savez-vous que vos retraites, si vous en avez, sont menacées et que votre système de protection sociale est en péril ? Que vous consommez plus que vous ne produisez ? Que vous allez avoir du mal, dans un avenir pas si lointain, à rembourser vos dettes au reste du monde ? Il est temps de vous mettre à la rationalité. Un peu d’économie, s’il vous plaît ! Vous vivez au-dessus de vos moyens. Trop de vos entrepreneurs se complaisent dans l’informel. Votre syndicat préféré a du mal à résister aux tentations du toujours plus, relativement aux capacités de votre pays. La pratique des grèves enfle dangereusement. Ne gâchez pas vos atouts et vos talents. C’est un prix Nobel du développement que vos forces économiques, sociales et politiques devraient viser désormais. Ce sera un peu douloureux, mais personne ne peut le faire à votre place. La confiance, cela se mérite. Ne croyez pas que les menaces terroristes qui pèsent sur votre démocratie encore fragile vous vaudront une pluie d’euros et de dollars. Les promesses répétées de dons qui vous ont été faites ne seront tenues que lentement et parcimonieusement si vous ne balayez pas devant votre porte. Aidez-vous et le Ciel vous aidera. JEUNE AFRIQUE

N 0 2968 • DU 26 NOVEMBRE AU 2 DÉCEMBRE 2017

ENJEUX On tourne en rond

p. 60

POLITIQUE Un régime en quête d’équilibre p. 64 En débat. Être ou ne pas être… une terre d’accueil p. 66 Plaidoyer pour une nouvelle diplomatie, par Mehdi Taje, géopoliticien et prospectiviste p. 68 ÉCONOMIE En panne de stratégie p. 71 « Il faut oser la rupture » Interview de Habib Karaouli, PDG de CAP Bank p. 76 SOCIÉTÉ L’avenir leur appartient Génération 25-35 ans p. 81 Entretien avec Hichem Ben Ammar, producteur et réalisateur, directeur de la Cinémathèque tunisienne p. 86 Un luxe encore inédit s’installe à La Marsa Ouverture du premier Four Seasons du pays p. 88

SUIVEZ toute l’actualité de la Tunisie


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Le Plus de Jeune Afrique

ENJEUX

On tourne en Le processus engagé après la révolution de 2011 est allé bon train jusqu’en 2015, puis s’est essoufflé. Le cap sur la démocratie et les réformes – politiques, sociales, économiques – est tenu. Mais, sans réelle boussole, difficile d’avancer.

Place de la Kasbah, à Tunis.


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rond

FRIDA DAHMANI,

U

à Tunis

EMERIC FOHLEN/HANS LUCAS

ne Constitution adoptée le 26 janvier, des législatives le 26 octobre suivant et, dans la foulée, les 23 novembre et 21 décembre, la première élection présidentielle au suffrage universel, libre et démocratique du pays : en 2014, après trois ans de mise en place laborieuse, tout indiquait que la Tunisie s’engageait dans le sprint final de son processus de transition, qui devait se clore par l’installation du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et de la Cour constitutionnelle, ainsi que par la tenue des élections municipales. Or, dans les derniers mètres, la transition semble s’être essoufflée. Après deux ans de houleuses tergiversations, le CSM a commencé à siéger le 28 avril dernier, mais, faute de moyens financiers et logistiques, il peine à travailler. À tel point qu’en octobre il s’est résolu à porter plainte contre le gouvernement auprès du Tribunal administratif pour entrave à son fonctionnement. Quant au contrôle de la constitutionnalité des lois, il reste par défaut assuré par une commission provisoire, en attendant l’établissement de la Cour constitutionnelle. Dans un cas comme dans l’autre, le délai maximum fixé pour leur mise en place à compter de la date des En un an, les législatives – six municipales ont mois pour le CSM et un an pour la été reportées Cour – est largetrois fois… Une ment dépassé et valse-hésitation a forcément un impact sur le bon peu rassurante. fonctionnement de la démocratie et la garantie d’un État de droit. « Le concept d’autorité indépendante n’est pas intériorisé dans la culture politique tunisienne, explique le juriste et ancien ministre de la Justice Mohamed Salah Ben Aïssa. Soumis à une logique partisane, à la volonté de mainmise des partis, il est mal compris et malmené, malgré la nature constitutionnelle de ces institutions. » COUP DE FREIN. Mais c’est surtout la démo-

cratie locale qui inquiète les Tunisiens. En 2011, les municipalités ont été dissoutes et des délégations spéciales désignées pour assurer leur intérim jusqu’à la tenue des élections municipales, première étape d’une décentralisation elle aussi gravée dans le marbre de la N 0 2968 • DU 26 NOVEMBRE AU 2 DÉCEMBRE 2017


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Lire aussi le portrait du nouveau président de l’Isie

Le Plus de JA Tunisie Constitution de la IIe République. Initialement prévu en octobre 2016, ce scrutin a été reporté à mars, puis à décembre 2017 et, finalement, à mars 2018. Un troisième ajournement et une valse-hésitation peu rassurante, pendant laquelle la gestion des villes, de leurs infrastructures et de leurs services (notamment en matière d’assainissement) est devenue défaillante. « On craint des événements qui justifieraient un report, et ce serait un signal négatif pour la démocratie », estime Rached Ghannouchi, le président d’Ennahdha. Pourtant, les textes sont prêts. Et l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) l’eût été, elle aussi, si la démission de son président, Chafik Sarsar, et de deux autres de ses neuf membres, le 9 mai dernier, n’avait pas bloqué son fonctionnement. Pis, six mois plus tard, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), si elle avait désigné des remplaçants aux démissionnaires de l’Isie, n’avait toujours pas élu son nouveau président, à cause de tiraillements partisans. Le 13 novembre, après quatre vaines plénières (où la majorité requise de 109 votes favorables sur 217 n’était pas atteinte) et un consensus de dernière minute entre Nidaa Tounes, Ennahdha et l’Union patriotique libre (UPL, de Slim Riahi), les députés ont enfin donné une « nouvelle tête » à l’Isie : Mohamed Tlili Mansri, qui avait été élu membre de l’instance en janvier 2017, en tant que représentant du corps des avocats. Ce proche des islamistes l’a emporté avec une petite majorité de 115 voix, contre 49 voix à sa principale concurrente, la juge Najla Brahem. Ce coup de frein délibéré donné au processus électoral par les députés – à plusieurs reprises, ils n’ont pu voter faute de quorum – est révélateur de bras de fer et de marchandages politiques, notamment entre Nidaa Tounes et Ennahdha.

Intentions de vote aux municipales Selon un sondage réalisé par Sigma Conseil en septembre 2017, sur un échantillon de 9 678 Tunisiens âgés de plus de 18 ans 37,3 % Nidaa Tounes 28,6 % Ennahdha 8% Front populaire 4,5 % Attayar

Depuis avril, le CSM siège enfin, mais il manque de moyens financiers et logistiques.

Pourtant, le mode de scrutin retenu pour les municipales leur est largement favorable : en un seul tour, il donnera la majorité des sièges à la liste obtenant le plus de suffrages, les autres étant attribués à la proportionnelle, ce qui laisse peu de place aux petits partis. Certains s’inquiètent des déséquilibres qui en découleront dans la gouvernance territoriale, mais aussi de l’abstention (selon un sondage de Sigma Conseil réalisé en octobre, 68,8 % des Tunisiens déclarent qu’ils n’iront pas voter). INTÉRÊT PARTISAN. « Bien qu’essentielles,

les élections municipales sont abordées avec une certaine légèreté. Dès le départ, il était clair qu’elles ne pourraient avoir lieu dans les temps, compte tenu des délais incompressibles nécessaires à leur organisation et à leur bon déroulement. Résultat : la crédibilité de l’Isie est écornée », regrette Rym Mourali, cofondatrice du Parti de l’indépendance tunisienne (PIT), qui déplore par ailleurs l’intérêt partisan d’Ennahdha. « Rached Ghannouchi ne cesse de rappeler que 7 000 sièges sont à prendre, dit-elle. Un moyen de retenir ses troupes, de les calmer et de boucler la transition en position de force. » Avec un régime semi-parlementaire qui attribue à l’ARP une large marge de manœuvre, un hémicycle soumis aux tergiversations entre les deux partis-blocs majoritaires, Nidaa Tounes et Ennahdha, et une opposition faible (lire pp. 64-66), le pays ne semble tenir le cap de sa toute jeune démocratie que par l’accord de non-agression d’août 2013 et l’alliance gouvernementale de 2015 conclus entre le président de la République et fondateur de Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi, et le leader des islamistes, Rached Ghannouchi. Cependant, même si elle peine à se faire entendre des élus, la société civile veille.


COMMUNIQUÉ

Se soigner à l’étranger, un choix à réussir

Les dix dernières années ont connu une révolution dans les habitudes et les comportements des patients en recherche de soins. La baisse des coûts des transports aérien, le différentiel des prix à qualité égale, et les facilités d’accès ont permis l’internationalisation des offres de santé et expliquent que les patients aient de plus en plus de choix et de solutions de soins en dehors de leur pays de résidence. Accompagnant cette évolution, de nouveaux métiers, logistique, administrative, d’accompagnement médical de nouvelles expertises et de nouveaux services à haute et de conciergerie, est au cœur la réponse apportée valeur ajoutée sont apparus et de nouvelles destinations et au cœur de l’activité qui a fait de la société Service santé, se sont fait connaitre (France, Espagne, Tunisie, Médical International (SMEDI), 10 ans après sa création, Turquie, Inde, Brésil etc.) un des leaders des solutions de soins à l’étranger, et présente dans divers pays dont les plus SMEDI service médical international est importants sont la Tunisie, la France, la SMEDI possède plus l’une des premières agences et sociétés Cote d’ivoire, la RDC, le Cameroun, le à avoir compris les évolutions et les qu’une certification ISO Gabon, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, nouvelles opportunités en la matière et à 9001 version 2015, elle Togo, et le Bénin. y répondre efficacement. touche un « domaine » Paradoxalement et contrairement aux SMEDI est parti de la conclusion que, non certifiable par croyances, le recours à des agences face à la complexité, et la spécialisation l’homme. Il émane de comme SMEDI, ne coûte pas plus cher, rampante qui touche les solutions, SMEDI une atmosphère bien au contraire. les structures de soins, les centres de diagnostics, les soignants, les Grâce à ses moyens logistiques, de bienveillance, soins de suites et de résidences de grâce à son réseau de professionnels d’humanité qui touche convalescence, bien se soigner, exige de santé, aux tarifs qu’elle négocie avec le cœur de nos jours, des choix et des arbitrages ses prestataires, grâce à la réduction des Joseph BUSCAINO, entre plusieurs offres et options temps d’attente des rendez vous et des Président de LABEL QUALITÉ nationales et internationales. Le bon actes, et grâce à une offre globale qui France - nov. 2017 choix est essentiel, mais reste à la portée prend en charge le patient de bout en de connaisseurs, qui font que le patient identifie ce qui bout (Parcours de soins, transport, hébergement dans sert le plus ses intérêts. le pays d’accueil, formalités, assistance et protection juridique et multiforme), SMEDI arrive aisément à Fournir aux patients en recherche de soins hors de leur proposer des prises en charge globales, plus efficaces, pays de résidence, différentes solutions évitant hasard et plus sures et moins coûteuses. tâtonnement, et proposant des prestations d’assistance

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Un régime en quête d’équilibre Garants de la démocratie, pluralisme et semi-parlementarisme ont aussi leurs travers: une majorité bipolaire, que se partagent modernistes et islamistes, et une opposition affaiblie par la multiplication des partis.

D

ans le sillage de la révolution de 2011, quelque 250 partis ont été créés. Aujourd’hui, 209 sont opérationnels, dont la plupart, sans réelle influence, sont presque confidentiels. Ce chiffre montre néanmoins que la Tunisie a fait du multipartisme un bouclier pour préserver sa démocratie naissante. Même si, dans la conquête des libertés, au premier rang desquelles celle de l’expression politique, personne n’a vraiment évalué l’impact d’un passage brutal du parti unique au pluralisme. Au point que l’immobilisme et les incertitudes qui exaspèrent aujourd’hui les Tunisiens, comme les difficultés dans lesquelles le pays semble s’être englué, sont liés à la force d’inertie et aux déséquilibres entretenus par les partis. Beaucoup de jeunes formations ont confondu pratique de la politique et prise N 0 2968 • DU 26 NOVEMBRE AU 2 DÉCEMBRE 2017

de parole à tout-va, sans programme ni vision, comme si la construction démocratique était un kit sans mode d’emploi, certains l’utilisant comme une tribune, à seule fin de paraître. Résultat : un morcellement des voix aux élections à la Constituante, en octobre 2011, puis une nette bipolarisation de la vie politique aux législatives d’octobre 2014, avec la prééminence de deux partis, Nidaa Tounes et Ennahdha, et la déliquescence de formations plus anciennes, telles que le parti social-démocrate Ettakatol, ou de celles nées en 2012 de la fusion de différents mouvements, comme Al Joumhouri ou Al Massar. MÉFIANCE. Six ans et une transition

inaboutie plus tard, certains alertent sur les dérives de la démocratie, voire les risques de sa confiscation. Ainsi, fin

L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) lors de sa première séance, le 2 décembre 2014. Nidaa Tounes, qui a porté au pouvoir Béji Caïd Essebsi, est arrivé en tête des législatives et occupe alors 86 sièges sur 217. Les démissions s’étant multipliées depuis que le fils du président, Hafedh Caïd Essebsi, a été nommé directeur exécutif du parti, en janvier 2016, le groupe ne compte plus que 67 députés, contre 69 pour Ennahdha. Parmi les 16 autres partis représentés, seuls 3 disposent de plus de 8 sièges : le Front populaire, de Hamma Hammami (15), l’Union patriotique libre, de Slim Riahi (12) et Afek Tounes, de Yassine Brahim (10).

octobre, un collectif de gauche a lancé un manifeste pour dénoncer l’alliance entre le président de la République et fondateur de Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi (BCE), et le leader d’Ennahdha, Rached Ghannouchi. Pis, selon une enquête réalisée début novembre par Joussour, think tank spécialisé dans l’évaluation des politiques publiques, 54 % des Tunisiens estiment que la tendance est à un retour à la dictature. Tenant compte de la méfiance de l’électorat, quelques formations s’organisent sur la durée et jouent la continuité, JEUNE AFRIQUE


Le prix de la liberté comme le parti libéral Afek Tounes, de Yassine Brahim, qui a tenu son deuxième congrès en avril, compte dix députés, participe toujours au gouvernement (avec deux ministres après le remaniement de septembre) et applique les règles de transparence dans sa gestion. Dynamique similaire au sein de Machrou Tounes, créé en mars 2016 par Mohsen Marzouk. Issu d’une scission de Nidaa Tounes, le nouveau parti centriste a absorbé la formation Al Watan, de Mohamed Jegham, il prend pied au Sahel (région électorale clé) et s’apprête à lancer une campagne sur sa vision et ses valeurs. Lui aussi a tenu son congrès, dispose d’un groupe parlementaire et est consulté en tant que soutien du gouvernement d’union nationale – « on ne peut pas vendre de produits avant d’avoir construit l’usine », précise Mohsen Marzouk. INFLUENCE. Dernier-né des partis :

Al Badil Ettounsi, lancé fin mars par l’ancien chef du gouvernement Mehdi Jomâa, qui fait ainsi évoluer le think tank Alternative tunisienne, qu’il avait créé en 2016, en formation politique,

INCONTOURNABLE UGTT

L’

Union générale tunisienne du travail (UGTT) ne devrait pas avoir de place dans le paysage politique tunisien, elle y tient cependant une position… « centrale ». En effet, l’atypique organisation ouvrière, qui, depuis sa création, en 1946, a mêlé activité syndicale et rôle politique en accompagnant la lutte nationale, est considérée non plus

comme un acteur de la société civile mais bien comme un moteur politique. Forte de près de 750 000 adhérents, elle pèse plus que tous les partis réunis, est en contact avec ceux qui comptent et réussit à infléchir ou à contrer les décisions gouvernementales. Si bien que, d’instance nationale, elle s’est muée en interlocuteur sans lequel aucune décision n’est prise. À

également centriste, avec pour but « de rassembler les Tunisiens et de renforcer leur unité, loin de toutes dissensions idéologiques ». Un objectif sur lequel tout le monde s’accorde et qui vaut à Jomâa une certaine popularité, déjà nourrie par son bilan à la Kasbah.

son actif, l’initiative du Dialogue national, en 2013, qui lui a valu d’être l’un des quatre récipiendaires du prix Nobel de la paix en 2015, avec l’Utica, l’Ordre national des avocats et la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme. « Notre objectif n’était pas politique, mais nous y avons pris goût », confie l’un de ses dirigeants. F.D.

Pour rééquilibrer le paysage politique, qu’ils participent au gouvernement, qu’ils le soutiennent ou qu’ils soient dans l’opposition, ces partis devront (littéralement) « faire le poids » face à Nidaa Tounes, qui, malgré son effritement, est toujours en tête des intentions de

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Le Plus de JA Tunisie vote (voir p. 62) et face à Ennahdha, qui, malgré les désaccords internes, avance soudée et préserve sa place prépondérante au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Il leur faudra compter avec d’autres initiatives, comme le Mouvement démocratique, lancé en septembre par Néjib Chebbi, fondateur de l’exParti démocrate progressiste (PDP, devenu Al Joumhouri), et comme le « rassemblement de la gauche » auquel a appelé, également en septembre, Abid Briki, ancien syndicaliste et exministre de la Fonction publique et de la Gouvernance. Ils devront aussi

composer avec des formations minoritaires mais qui donnent de la voix, notamment avec le Front populaire, coalition de gauche active mais sans réelle influence politique, et avec

de l’alternance n’est pas lointaine »… De fait, toutes ces formations préparent déjà les élections législatives et présidentielle de 2019. Pour servir leurs ambitions, elles risquent de refuser les concessions, de ne pas vouloir intégrer Dernier-né : Al Badil Ettounsi, de coalitions, et laiscréé en mars par l’ancien Premier seront alors l’atout du nombre à Nidaa Tounes ministre Mehdi Jomâa. et à Ennahdha. À moins des partis d’inspiration nationaliste que l’une d’entre elles ne réussisse le arabe, populistes et conservateurs, tour de force de se rallier les suffrages tels qu’Attayar ou Harak Tounes Al des abstentionnistes et autres déçus de la politique. Irada, de l’ancien président Moncef FRIDA DAHMANI Marzouki, lequel prédit que « l’heure

En débat

Être ou ne pas être… une terre d’accueil

L

e pays a vu affluer sur son territoire près de 1 million de personnes fuyant la Libye au cours de la seule année 2011. Pourtant, depuis, il n’a pas jugé nécessaire de prévoir un statut pour les réfugiés et demandeurs d’asile. Prise en tenaille entre, d’un côté, l’Europe, qui la somme de faire le gendarme et de contenir le passage des clandestins vers l’Italie, et, de l’autre, les migrants subsahariens ou syriens qui s’installent de manière irrégulière sur son territoire, laTunisie est confrontée à un véritable casse-tête. Faute de révision des textes codifiant les conditions de séjour – devenus pour la plupart anachroniques –, l’État expulse certains clandestins et en place d’autres en rétention en banlieue de Tunis, dans un centre situé à El Ouardia (qui, officiellement, n’existe pas). S’il n’est pas question d’ouvrir les frontières à tous les candidats à l’immigration en Europe, il n’est en revanche plus tenable que le gouvernement, les partis

N 0 2968 • DU 26 NOVEMBRE AU 2 DÉCEMBRE 2017

DOM

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politiques et le législateur continuent d’occulter le problème. Pas plus, d’ailleurs, que celui des conditions de séjour des étrangers arrivés de manière régulière sur le sol tunisien, en particulier celles des étudiants d’origine subsaharienne. Débarquée à Sfax en 2014 pour ses études, Edna n’a plus les moyens d’en repartir et y vivote de petits jobs au noir. Désormais en situation irrégulière faute d’avoir

pu renouveler sa carte de séjour dans les temps, elle doit s ’acquitter d’une amende de 20 dinar s (6,83 euros) par semaine de séjour illégal avant de pouvoir quitter le pays. Comme elle, de nombreux étudiants étrangers tombent dans la précarité. La lenteur des services administratifs du ministère de l’Intérieur est telle que, pour beaucoup, l’année académique s’achève sans que le précieux récépissé qui doit leur permettre de poursuivre leur

cursus leur ait été délivré. « Pour l’obtenir, il faut prouver notre assiduité en cours au moment où l’année universitaire débute à peine, explique un étudiant camerounais. Et produire un bail que les propriétaires refusent d’établir pour éviter les impôts… » Une situation que dénonce l’Association des étudiants et stagiaires africains enTunisie (Aesat), qui a interpellé Mehdi Ben Gharbia, ministre chargé des Relations avec les instances constitutionnelles et la société civile. En vain. Pour le gouvernement, la question n’est pas prioritaire. Pour les parlementaires, elle n’est pas à l’ordre du jour. Pourtant, si la Tunisie veut être un hub vers et pour l’Afrique, elle a tout intérêt à revoir et à adapter sa politique migratoire. Depuis sa nomination, en juillet, Mansur Zhakupov, le nouveau directeur général deTotalTunisie, attend toujours, lui aussi, sa carte de séjour. FRIDA DAHMANI JEUNE AFRIQUE


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Le Plus de JA Tunisie

TRIBUNE

Plaidoyer pour une nouvelle diplomatie

MEHDI TAJE Géopoliticien et prospectiviste, directeur de Global Prospect Intelligence

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e monde d’aujourd’hui est caractérisé par une nouvelle fluidité, qui bouscule tous les repères traditionnels. Loin de « la fin de l’histoire » prônée par Fukuyama, nous assistons à son accélération. Et dans ce monde en transition marqué par une instabilité et une imprévisibilité accrues, générant des risques de conflits et d’escalade élevés, les autorités tunisiennes ne peuvent plus ignorer la moindre secousse, même lointaine. En effet, les acquis du pays, encore fragiles et exposés sur le plan intérieur, sont directement menacés par un environnement géopolitique tourmenté, déphasé, fragmenté, voire hostile, qui amplifie ces vulnérabilités. Celui-ci fait peser un risque majeur sur le processus démocratique et est inhérent à une double dynamique. D’une part, le voisinage maghrébo-sahélien, durablement déstabilisé, projette un large spectre de menaces. Le chaos libyen, à l’est, combiné à une potentielle déstabilisation de l’Algérie – dans le cadre d’une éventuelle succession non maîtrisée –, à l’ouest, exposerait la Tunisie à une situation « à la libanaise », en donnant de la résonance aux lignes de fractures intérieures et en menaçant la cohésion nationale du pays. D’autre part, l’ancrage de laTunisie en tant que première société arabe démocratique la propulserait au rang d’État pivot dans la géopolitique du Maghreb et du monde arabe. L’accession à la communauté des États démocratiques lui conférerait une responsabilité nouvelle, tout en l’exposant à des stratégies malveillantes de la part d’acteurs étatiques et non étatiques hostiles à la réussite de sa transition.

multipolarité. Et, ne serait-ce que pour des raisons de marge de manœuvre dans le cadre des négociations avec ses partenaires traditionnels, elle devra ajouter des cartes à son jeu. Encore faut-il développer une vision, voir loin, faire preuve d'imagination et, là aussi, d’audace. Comment, par exemple, insérer habilement laTunisie dans le vaste projet de nouvelles routes de la soie déployé par la Chine ? Et comment tirer le meilleur parti de cette insertion dans le cadre des futures négociations avec l’Union européenne ? Les objectifs prioritaires assignés à cette diplomatie plus offensive doivent être d’assurer la sécurité du pays, de soutenir le développement économique et social, de permettre d'amorcer la sortie de crise et de contribuer, à moyen terme, à l’émergence de la Tunisie sur la scène internationale, en lui conférant une capacité de résilience face aux chocs.

Le voisinage maghrébo-sahélien, durablement déstabilisé, projette un large spectre de menaces.

Ces évolutions posent la problématique de la cohérence d’ensemble de notre posture stratégique et de l’adéquation des moyens. Tout en préservant les acquis, la nouvelle diplomatie tunisienne devra faire preuve d’audace. Fondée sur le pragmatisme et le réalisme, elle visera en priorité la défense des intérêts stratégiques nationaux. Agile, souple, elle devra, tout en maintenant un fort ancrage vis-à-vis de l’Europe et de la réassurance américaine, miser progressivement sur la N 0 2968 • DU 26 NOVEMBRE AU 2 DÉCEMBRE 2017

Il faudra être en mesure de tirer le meilleur parti des évolutions qui sont en train de dessiner la future grammaire géopolitique et de parer aux menaces. Cette diplomatie multivectorielle ou à large spectre, fondée sur de fines capacités d’analyse géopolitique et prospective, se déclinera, fluide, à l’image d’une goutte d’huile : diplomatie de principes, diplomatie proactive ou transformatrice, diplomatie de réseau, diplomatie économique cultivant la veille stratégique, diplomatie des flux et diplomatie culturelle, valorisant la marque ou le label Tunisie, constitueront autant de leviers pour ériger le pays en « État pivot » au carrefour de l’Europe, de l’Afrique et de l'Asie. La singularité démocratique seule ne suffira pas. L’ensemble de notre grille de lecture et d’analyse doit être revu et décloisonné à l’aune des bouleversements mondiaux et régionaux. Raisonner comme par le passé, sans cultiver un regard neuf et affûté, ne pourra qu’amener la Tunisie à « subir » ces changements et à « gémir » en « gérant » dans l’urgence. JEUNE AFRIQUE


Inclusion financière en Tunisie : Enda la pionnière

L’

adoption en 2011 d’un décret-loi régissant le secteur de la micro-finance en Tunisie et qui permet la création de sociétés de micro-finance (et non plus uniquement d’associations) a mis le vent en poupe au secteur en attirant de nouveaux acteurs. Pourtant, la micro-finance suivant les « bonnes pratiques » internationales avait été introduite en Tunisie par l’ONG internationale, Enda inter-arabe, dès 1995. En 2016, Enda-ia a créé Enda tamweel, comme société anonyme, qui a pris la relève de 21 ans d’activité de l’ONG et qui est la principale source de micro-crédit en Tunisie. Via 81 agences sur tout le territoire et un portefeuille équivalent à 160 millions d’euros, Enda tamweel sert 330 000 « clients actifs » (ayant un crédit en cours). Les cibles prioritaires de Enda tamweel sont les femmes (deux-tiers des clients) et 29 % de jeunes (entre 18 et 35 ans). Les zones rurales représentent plus de 40 % de l’activité, si bien que Enda est actuellement la principale source de crédit pour l’agriculture en Tunisie, en nombre de prêts mais pas en montant. Ainsi, grâce à l’inclusion financière, Enda contribue à autonomiser les femmes, ce qui participe à leur dignité et renforce leur apport à leur famille et à l’économie. Elle donne de l’espoir à des jeunes en les encourageant à se lancer dans l’entreprenariat. Et elle participe au développement rural, ce qui freine l’exode et rend justice à ceux qui nourrissent le pays. La révolution de 2011 a marqué un tournant ; malgré un cap difficile où le portefeuille à risque est passé de 0,33 % à 5 % en un an (pour revenir à 1 % aujourd’hui), Enda a encore renforcé ses relations avec ses clients et a trouvé des solutions pour ceux qui avaient des problèmes de remboursement.

L’après 2011 a été un moment clé ; face au chômage persistant, nombreux sont ceux qui se sont tournés vers l’auto-emploi et la micro-entreprise, ce qui a augmenté la demande des services proposés par Enda. Avec le décret-loi de 2011, le marché s’est ouvert à la concurrence. Bien sûr, le fait d’avoir des concurrents a changé un peu la donne. Mais le marché est estimé à plus d’un million de personnes et donc il y a de la place pour tout le monde. Et plus les micro-entrepreneurs seront soutenus, mieux ce sera pour la lutte contre la pauvreté et pour l’économie de la Tunisie. Des relations de collaboration entre les institutions de micro-finance se mettent en place et cela devrait améliorer le service en général. D’ici fin 2017, Enda tamweel compte ouvrir son capital à des investisseurs internationaux. Ceux-ci renforceront sa capacité de lever des fonds sous forme de prêts. Enda est refinancée par 10 partenaires financiers tunisiens et 12 à l’échelle internationale, ayant levé plus de 650 millions de dinars depuis 2005. En faisant davantage appel à la technologie, on peut mieux servir les populations exclues du système classique : rapidité, précision, gain de temps pour les clients, surtout ruraux.... Ces technologies devraient être encouragées. Mais il est temps d’actualiser le décret-loi de 2011 en s’inspirant de l’expérience réussie dans d’autres pays : permettre aux institutions de micro-finance de proposer directement toute la gamme de services financiers, notamment l’épargne mais aussi la micro-assurance et les transferts, pour une inclusion financière complète ; réviser le plafond de DT 20 000 pour tenir compte de l’inflation depuis six ans ; lever les contraintes de nature bureaucratique qui freinent l’évolution de ce secteur qui relève du privé. ▲ ENDA EN CHIFFRES (SEPTEMBRE 2017)

M Essma BEN HAMIDA, Co-fondatrice et Directrice Générale de Enda tamweel. me

M Michael Philip CRACKNELL, Co-fondateur et Président du conseil. .

Femmes

64 %

Jeunes (18 - 35 ans)

29 %

Portefeuille

DT 450 millions

Refinancement cumulé : (2005 - 2017 équiv. DT)

DT 658 millions

National

51 %

International

49 %

Agences : Urbaines Rue de l’Assistance, cité El Khadra, Tunis 1003, Tunisie

www.endatamweel.tn

330 000

Rurales Personnel

81 57 % 43 % 1 500 (dont 75 % de diplômés)

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PUBLI-INFORMATION

Clients actifs dont :


COMMUNIQUÉ

Université Centrale Houbeb Ajmi Rmadi, Directrice Générale du groupe université centrale, revient sur l’étape de développement de cette institution d’enseignement supérieur privé, pionnière en Tunisie.

Qu’est ce que l’Université Centrale ?

Quels sont les objectifs de l’Université Centrale ?

Houbeb Ajmi Rmadi – C’est plus de 7000 étudiants, originaires de 20 pays, quelques 2000 diplômés par an, 1000 enseignants et experts répartis sur 15 campus. L’université Centrale délivre 120 diplômes dans des spécialités aussi diverses que l’architecture, l’ingénierie, les télécommunications, le business, le droit, le journalisme ou la santé.

H.A.R - Nous souhaitons réaliser les ambitions de nos étudiants avec une formation aux standards internationaux servie par des enseignants compétents et de renom. Une ouverture à l’international, d’ailleurs, ils peuvent bénéficier de bourses d’études, dont l’une à hauteur de 100 000 dollars est destinée à un postulant à un cursus à Oxford. Nous sommes également dans une étape de modernisation de nos infrastructures et équipements et adoptons de nouvelles méthodes d’enseignement. À moyen terme un nouveau campus (Immeuble/18 étages min à l’Av MedV) Université Centrale regroupera toutes nos activités et constituera une vitrine de nos performances en matière d’enseignement supérieur.

L’Université Centrale entame-t-elle une nouvelle étape de développement ? H.A.R – C’est effectivement le cas ; en intégrant, en 2017, Honoris United Universities, première plateforme d’enseignement supérieur panafricaine créée par le fond d’investissement britannique Actis, l’Université Centrale est dans une émulation et une synergie pour se déployer en direction du continent, de la région et de la Tunisie. Cela permet à nos étudiants d’évoluer également à l’international et d’accéder à des établissements du groupe et à des universités partenaires dont l’université de Lorraine, L’École de Journalisme de NICE, L’université de Rouen, l’Université publique de Saint-Pétersbourg Électrotechnique « LETI », Université de Minnesota à Minneapolis, Arts et Métiers Paris et l’Université Technologique de Troyes. Ces plus et les formations de haut niveau que nous dispensons permettent à nos diplômés de postuler à des emplois partout dans le monde.

Les étudiants africains forment l’essentiel du contingent des étudiants étrangers à l’Université Centrale Depuis 1993, nous avons participé à former des compétences africaines ; d’une promotion à l’autre la fiabilité de notre institution a été largement démontrée et établi un rapport de confiance. Outre un enseignement de qualité et un environnement estudiantin très vivant, nous assurons de bout en bout l’accueil des étudiants étrangers avec une prise en charge gratuitement de leur hébergement durant un an mais également des démarches administratives pour l’obtention de la carte de séjour.

3, Rue Hammadi Eljaziri, 1002 Tunis Tunisie Fax : (+216) 71 79 35 58 / (+216) 71 79 37 02 E-mail : ucaat@planet.tn MADAME HOUBEB AJMI, DIRECTRICE-GÉNÉRALE DE L’UNIVERSITÉ CENTRALE

www.universitecentrale.net

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Tél. : (+216) 71 79 66 79


Le Plus de JA Tunisie

71

ÉCONOMIE

En panne de stratégie Le projet de budget 2018 est révélateur des travers du pilotage économique du pays, qui empêchent ce dernier de repartir de l’avant. Car le coût de la lutte antiterroriste n’explique pas tout. Décryptage.

T

trou de la sécurité sociale, réduire les out le monde sait qu’en Tunisie la croissance souffre de lansubventions aux carburants et aux progueur. Tombée à 1 % en 2016, duits de première nécessité (sauf pour les plus défavorisés) et lutter contre la elle devrait remonter au moins à 2,3 % cette année et frôler les 3 % en corruption. Côté recettes, le FMI juge 2018. Trop peu pour résorber un chôqu’il convient d’augmenter la TVA sur les biens de consommation, le prix de mage de masse, dont le taux atteint 30 % chez les jeunes diplômés et 22,7 % chez l’électricité et du gaz, les taxes sur l’alcool, les femmes. le tabac et les voitures. Il demande un Tout le monde sait que les déficits élargissement de l’assiette fiscale. budgétaire et commercial persistants Le projet de budget 2018 donne l’imobligent le gouvernement à emprunter pression de slalomer entre ces conseils lourdement et que la dette publique de rigueur, la perspective des élections devrait tourner autour de 70 % du produit intérieur brut (PIB) cette année, contre Repères macroéconomiques 45 % en moyenne de 2010 à 2014. Le dinar a perdu 18 % 2015 2016 2017* Indicateurs de sa valeur face au dollar entre mai 2016 et avril 2017. (en %) L’inflation avoisine les 5 % en moyenne annuelle. 1,1 1,0 2,3 PIB réel (à prix constants) Tout le monde sait que la situation n’est pas brillante 3,6 5,7 5,3 Inflation non plus du côté des entreprises et que le secteur infor(en % du PIB) mel représente la moitié de Solde budgétaire global – 5,3 – 5,9 – 5,9 l’économie. En juin, le Fonds monétaire Recettes totales (hors dons) 23,2 22,6 24 international (FMI) a débloDépenses totales et prêts nets 28,8 28,7 30,2 qué 314,4 millions de dollars, correspondant à la deuxième tranche de son programme 57,2 62,9 69,1 Dette publique totale en cours avec la Tunisie, mais 64,9 70 76,9 Dont dette extérieure en accompagnant cette aide d’un rapport dans lequel il souligne des périls et précoInvestissements directs 2,6 2,0 2,4 nise des remèdes de bon sens. étrangers (IDE, net)

la formation du gouvernement d’union de Youssef Chahed). On y trouve des mesures de rigueur. Citons pêle-mêle : hausse de 10 points de l’impôt sur les sociétés dans 7 secteurs, contribution conjoncturelle des banques et des assurances, hausse de 1 point de la TVA, augmentation des droits de douane, hausse de la taxe sur les assurances et de celle sur la consommation de produits jugés non essentiels, création d’une taxe de nuitée hôtelière… Le projet présente cependant un volet plus généreux : hausse de 3 % du salaire des fonctionnaires, trois ans d’exemption d’impôt pour les nouvelles entreprises, exonération des cotisations sociales pour les emplois créés dans les zones déshéritées du Sud et de l’Ouest, pas ou peu de réduction des subventions aux produits pétroliers ou alimentaires, rien sur les déficits des entreprises 2018* publiques. E S Q U I SS E . Au bout du

compte, le résultat n’est pas fameux. Le budget 2018 demeurerait en hausse de 4,2 4,3 %, l’inflation oscillerait entre 5 % et 6 %, le déficit progresserait une fois de plus de – 5,4 4,9 %… Et il n’est pas sûr que les bonnes récoltes d’olives et 24,5 de dattes qui s’annoncent et 30,1 le dynamisme des industries mécaniques suffisent à faire respecter ce budget. 72,1 Il ne faut pas trop comp80,7 ter non plus sur les 17,5 milliards de dollars promis fin novembre 2016 par les bail2,8 leurs publics et les investisseurs privés lors de la (en mois d’importations) conférence Tunisia 2020 : le ZIGZAGS. Il s’agit d’abord de FMI prévoit qu’il n’en arrive ramener le déficit budgétaire Réserves officielles 4,1 3,4 4,3 4,6 à 3 % et, en matière de dette, que la moitié et, de plus, à petite vitesse… de ne pas aller au-delà du pic * Projections L’esquisse budgétaire est de 72 % du PIB attendu pour d’autant moins crédible 2018. Ce qui veut dire, côté que le monde patronal réuni au sein dépenses, contenir les revendications à venir et les dissensions de la coalition de l’Union tunisienne de l’industrie, salariales et réduire les effectifs de la gouvernementale fondée sur l’accord de Carthage (texte signé le 13 juillet 2016 du commerce et de l’artisanat (Utica) fonction publique (lire p. 73), reporter est vent debout contre elle, alors que l’âge de la retraite, contraindre les entrepar les partis politiques et organisations prises publiques (toutes déficitaires) ayant pris part à la deuxième phase du le gouvernement affirme l’avoir assoà une meilleure gestion, maîtriser le Dialogue national, qui a rendu possible cié à son élaboration. Le patronat parle JEUNE AFRIQUE

SOURCES : AUTORITÉS TUNISIENNES ET FMI, JUILLET 2017

3,0

N 0 2968 • DU 26 NOVEMBRE AU 2 DÉCEMBRE 2017


72

Le Plus de JA Tunisie de matraquage fiscal qui réduirait les recettes espérées, car il pousserait les entrepreneurs à se réfugier dans l’informel pour y échapper. « Nous allons nous retrouver coincés entre le marteau des impôts et l’enclume des mouvements sociaux », dénonce-t-il en brandissant la menace d’une grève du secteur privé. Le projet risque d’être donc mis en pièces au Parlement, sous la poussée conjuguée des entrepreneurs et des différents partis politiques, qui, à l’approche des municipales, voudront caresser l’électorat dans le sens du poil. Il y a gros à parier que les zigzags (entre rigueur et relance) et les expédients (pour ne mécontenter personne) vont se poursuivre. AU PETIT BONHEUR. Exemple d’inco-

hérence : la Banque centrale a renoncé à inscrire les véhicules et les préservatifs sur la liste des produits non nécessaires, car cela aurait obligé leurs importateurs à consigner l’équivalent de la valeur de ces produits et leur aurait causé un important surcoût. Certes, il était illogique de pénaliser deux produits qui ne sont

Béji Caïd Essebsi, le 29 novembre 2016, au palais des Congrès de Tunis, à l’issue de la cérémonie d’ouverture de la conférence Tunisia 2020.

pas fabriqués en Tunisie, mais il aurait fallu y penser avant. Cette gouvernance économique semble dépourvue de boussole. Les autorités acceptent du bout des lèvres les conseils du FMI et, quand les mesures leur semblent douloureuses, rusent avec les promesses qu’elles lui ont faites. Elles manient au petit bonheur

l’accélérateur et le frein, effrayées par le risque de grogne sociale, puis par le risque de faillite. Faudra-t-il que, pour éviter la catastrophe, la Tunisie soit contrainte de faire marcher la planche à billets, comme l’Algérie aux abois ? Pas de quoi rassurer les investisseurs, pas de quoi créer des emplois, pas de

Tableau de bord chamboulé du côté des investissements Investissements

DANS L'INDUSTRIE Total d’investissements déclarés dont :

Janv. à sept. 2016

Janv. à sept. 2017

(en millions de dinars)

Évolution (en %)

(en %)

Investissements

DANS LES SERVICES Total d’investissements déclarés dont :

2 374,6

2 603,2

+ 9,6

filière cuir et chaussures

323,0 504,8 229,6 8,7

378,2 579,9 205,1 8,0

+ 17,1 + 14,9 – 10,7 –8

Régime totalement exportateur

773,2

541,2

– 30,0

Régime totalement exportateur

Régime autre

1 601,4

2 062,0

+ 28,8

Régime autre

Tunisiens

1 580,4

2 111,5

+ 33,6

À participation étrangère dont :

À participation étrangère dont :

794,2

491,7

– 38

324,1 470,1

315,6 176,1

– 2,6 – 62,5

filière matériaux construct. filière mécanique et électr. filière chimique

mixtes 100 % étrangers

N 0 2968 • DU 26 NOVEMBRE AU 2 DÉCEMBRE 2017

recherche & développement études et conseils transport maintenance

mixtes 100 % étrangers

Janv. à sept. 2016

Janv. à sept. 2017

(en millions de dinars)

Évolution (en %)

(en %)

1 128,1

1 567,6

+ 39

1,6 28,1 99,5 20,2

26,5 22,1 71,0 13,9

+ 1 541,4 – 21,4 – 28,6 – 31,2

94,9

55,2

– 41,8

1 033,2

1 515,4

+ 46,4

87,5

191,7

+ 119,2

67,4 20,1

161,2 30,5

+ 139,2 + 52,2

SOURCE : MINISTÈRE DE L’INDUSTRIE ET DES PME/APII, SEPTEMBRE 2017

JEUNE AFRIQUE


Le prix de la liberté UNE MASSE SALARIALE « INSUPPORTABLE »

NICOLAS FAUQUÉ/WWW.IMAGESDETUNISIE.COM

D

quoi redresser les comptes publics. La seule solution raisonnable serait d’élaborer une loi de finances pluriannuelle, à laquelle seraient associées l’Utica et l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Il y aurait enfin un cap intelligible, fixé avec le concours des représentants patronaux et salariés, qui devraient

ans un rapport publié au mois de juillet, le FMI désigne la masse salariale de la fonction publique comme l’une des principales causes de la dérive ininterrompue des déficits budgétaires depuis la chute de Ben Ali. La paie des quelque 700 000 fonctionnaires représentait 10,7 % du produit intérieur brut (PIB) tunisien en 2010, mais 14,5 % en 2016.

Elle menace d’atteindre les 15 % en 2018. Rapportée au PIB, la masse salariale publique tunisienne est la troisième parmi les pays émergents. Accords salariaux locaux et recrutements incontrôlés l’ont portée à un niveau insoutenable, lit-on dans le rapport. En 2016, elle absorbait la moitié des dépenses publiques, les deux

prendre leurs responsabilités face aux mesures de rigueur au lieu de se renvoyer la balle. Ils ne seront pas trop de trois (politiques, patronat et syndicats) pour combattre la fraude fiscale et la corruption, éviter les grèves suicidaires dans le phosphate ou ramener la masse salariale de la fonction publique à des

tiers des recettes fiscales et représentait trois fois l’investissement public. Le parti Ennahdha porte une large part de responsabilité dans cette situation, mais les gouvernements successifs n’ont pas fait grand-chose pour résister à la pression des syndicats et aux tentations électoralistes… A.F.

niveaux raisonnables. L’union a fait la force pour tirer la Tunisie de la crise politique. Elle doit être renouvelée. Ce n’est plus d’un prix Nobel de la paix dont le pays a besoin, mais d’un prix d’excellence économique qui le remette sur les rails. ALAIN FAUJAS

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▲ L’amphithéâtre d’El Jem, aussi appelé Colisée de Thysdrus, est un amphithéâtre romain situé dans l’actuelle ville tunisienne d’El Jem.

▲ Le site de Sbeïtla. Situé au centre de la Tunisie est un important site archéologique dont il subsiste encore de nombreux vestiges.

LE PATRIMOINE, L’INCROYABLE

Au cœur de la Méditerranée, la Tunisie est à la croisée des routes de l’humanité depuis la nuit des temps.

L

’Hermaïon d’El Guettar, le plus ancien monument rituel au monde, atteste de la présence humaine 40 000 ans avant JC, la civilisation Capsienne, temps fort de la préhistoire, se réfère à la région de Gafsa tandis que les hommes du Néolithique ont laissés des témoignages de leur vécu à travers des peintures rupestres sur les parois des abris sous roche du massif de Ain Khanfous à Oueslatia au centre du pays. Depuis les premiers balbutiements de l’Homo sapiens, la Tunisie est devenue un musée à ciel ouvert où l’homme a apposé son empreinte dans différents milieux sur un territoire p de 163 000 km² ; 30 000 sites, dont 53 ouverts au grand public. Où que l’on soit en Tunisie, le patrimoine interpelle comme une grande saga qui déroule le fil de l’histoire. De Kerkouane en passant par Utique et l’incontournable Carthage, où est née la première démocratie de l’humanité, on se surprend à évoquer la puissance des Carthaginois qui ont rayonné sur la Méditerranée orientale ainsi que les figures mythiques de la princesse Elyssa, du valeureux Amilcar Barca et d’Hannibal, le conquérant dont Rome a

www.tourisme.gov.tn

voulu effacer l’héritage. Sous son empire, la Tunisie devient Africa, une province riche qui sera le grenier de Rome et donnera son nom à un continent. De cette période de conquêtes et de paix, de construction et d’ouverture sur de nouveaux territoires, les cités opulentes de Dougga, Bulla Régia, Sbeïtla et Makthar racontent, à travers leurs mosaïques et d’innombrables artéfacts, le déploiement d’une civilisation raffinée où les berbères autochtones se mêlent aux romains pour créer un socle d’une population singulière riche qui fait de tous les apports des acquis. Les musées de Sousse, de Chemtou, d’El Jem, connu pour son p amphithéâtre, le plus grand après le Colisée de Rome, et l’incontournable musée du Bardo permettent de saisir, à travers des pièces uniques comme la mosaïque de Virgile, le rôle majeur de la Tunisie romaine. Le patrimoine de la Tunisie est aussi le témoin d’une tradition séculaire d’accueil et d’intégration. Selon la légende, la communauté juive de Djerba a trouvé refuge sur l’île

www.discovertunisia.com


COMMUNIQUÉ

▲ Le site de Oudna. Situé à trente kilomètres au sud de Tunis, il comprend un amphithéâtre, un capitole, des thermes, des citernes, un aqueduc et des habitations dont des riches villas.

▲ Le site de Dougga. Situé dans le nord-ouest de la Tunisie, il est remarquable par sa taille.

TRÉSOR TUNISIEN la grande mosquée de Kairouan, deux pôles d’un islam radieux à la fois docte et serein. Le patrimoine n’est pas que vestiges évocateurs d’un passé, il est perpétué dans la musique avec les spécificités arabo andalouses du Malouf tunisien que conserve jalousement le Palais Nejma Ezzahra, Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes (CMAM) à Sidi Bou Saïd. Le patrimoine est aussi dans le quotidien des Tunisiens notamment dans la gastronomie où les saveurs d’Orient, apportées par les routes commerciales depuis l’antiquité composent avec le legs des arabes d’Andalousie d Andalousie des mets raffinés où les épices embaument l’air d’effluves subtiles. Au point que le patrimoine en Tunisie est devenu un des piliers d’une culture multiple qui donne au pays une identité spécifique. Ce pays baigné d’une lumière unique, est un musée à ciel ouvert mais aussi un musée vivant.

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des Lotophages que décrit Homère, après la chute du premier temple de Salomon et veille depuis sur la Ghriba, la plus ancienne des synagogues connues. Un brassage que l’on peut lire sur le « Rda » de Mahdia, tissage que portent les mariées ou l’étoile de David côtoie le croissant musulman. Un pacifisme qui installe les prémices de la Tunisie moderne, terre d’accueil. Pourtant le pays n’a cessé d’être dans la ligne de mire de grands conquérants, depuis les Byzantins, les Vandales, les Espagnols, les Arabes et les Turcs. Chacun y a laissé sa trace depuis les ribats qui veillent sur les rivages g de Sousse et Mahdia jusqu’à j q la route des limes érigée par les Romains ; le site d’Althiburos, à lui seul, est une parfaite illustration de tous ces passages de civilisations. Souvent il suffit d’emprunter n’importe quelle petite route de campagne pour rencontrer des vestiges de toutes les époques et de déambuler dans les villes où médinas et centres historiques européens sont riches d’une architecture métissée qui intègre souvent des éléments antiques comme dans les mosquées de La Zitouna à Tunis ou

01 Avenue Mohamed V - 1001 Tunis

Contact : ontt@ontt.tourism.tn


Le Plus de JA Tunisie

Habib Karaouli PDG de CAP Bank « Il faut oser la rupture » pour évaluer les actions menées et réaliser les ajustements indispensables à la trajectoire souhaitée. L'élaboration d'une loi de finances équivaut à un véritable plan de bataille, qui doit traduire une orientation. Nous sommes prisonniers d’une approche de comptable public alors que chaque mesure de la loi de finance doit être jugée et jaugée à l’aune de sa capacité à répondre aux facteurs qui ont déclenché la révolution et, donc, à une question fondamentale : comment relancer l’investissement pour créer de la croissance et de l’emploi ? Où est-ce que le bât blesse ?

ONS ABID POUR JA

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S

Le banquier d’affaires dans ses bureaux de Mutuelleville, à Tunis.

il a refusé le portefeuille des Finances en 2016, il n’en est pas moins consulté pour ses avis pertinents qui, souvent, dérangent. Natif de Gafsa, Habib Karaouli, 64 ans, PDG de CAP Bank (Capital African Partners Bank, ex-Banque d'affaires de Tunisie), a conduit les grandes opérations de privatisation de ces quinze dernières années et connaît sur le bout des doigts les rouages de l’économie réelle. Il prône la rupture avec le passé et avec l'atavisme économique et, surtout, appelle à une vision globale et prospective de développement. Vision qui, selon lui, n'a toujours pas été définie et sans laquelle il sera difficile de trouver les bonnes solutions aux défis financiers, économiques et sociaux que le pays doit relever.

et démocratique, notamment en matière de libertés collectives. Mais, paradoxalement, elle nous a fait régresser en matière de libertés individuelles. Pour qu’il y ait convergence et cohérence entre les libertés, il faut que les politiques, les institutions et le législateur se préoccupent de cette question et appliquent la volonté exprimée à travers la Constitution. Nous

Le dispositif, notamment en matière fiscale, doit être repensé. Il faut revenir à la vocation originelle de la fiscalité, qui est d'assurer la redistribution à travers les transferts sociaux. Il faut aussi encourager l’épargne et l’investissement. L’équité en matière fiscale est essentielle. Or l’asymétrie actuelle accroît la pression sur les secteurs et les entreprises qui sont les plus transparents. Globalement, on doit aussi remarquer une dissonance entre la politique budgétaire adoptée par le gouvernement et la politique monétaire menée par la Banque centrale de Tunisie [BCT]. C'est comme si l'on avait en même temps un pied sur le frein et un autre sur l’accélérateur : la politique monétaire est restrictive, la BCT signifiant sa volonté de limiter l’accès au crédit pour lutter contre l’inflation, tandis que la politique

Le plan de développement relève plus du vœu pieux qu’il ne procède du bon diagnostic.

JEUNE AFRIQUE : Où en est globalement la Tunisie ? HABIB KARAOULI : C’est un moment

charnière pour le pays. La transition est positive sur le plan du processus politique N 0 2968 • DU 26 NOVEMBRE AU 2 DÉCEMBRE 2017

avons aussi nettement raté le coche sur le plan économique et social.

budgétaire, sans s'en donner les moyens, encourage l’investissement.

Pourquoi ?

La loi de finances 2018, qui vise à rééquilibrer les comptes publics, vous semblet-elle pertinente ?

Il nous manque cette approche qui consiste, d’abord, à définir une vision globale. Résultat, le plan de développement relève plus d'un vœu pieux qu'il ne procède d’un bon diagnostic. Depuis 2011, nous n'accordons plus assez de réflexion à la mise en place du budget et à l'élaboration de la loi de finances, qui est justement une excellente occasion

Son approche n’est pas en phase avec le moment. On ne répond ni aux préoccupations des jeunes ni aux revendications émanant de l’ouest et du sud du pays, où la tendance est au désinvestissement. Des entreprises ferment, des emplois sont supprimés… La perception JEUNE AFRIQUE



COMMUNIQUÉ

e processus de réformes des banques publiques tunisiennes est en cours ; la Banque de l’Habitat en fait une opportunité pour son développement et remporte ce défi. Notée à l’échelle internationale « B » à long terme avec perspective d’évolution « stable » et « B » à court terme par l’agence de notation Standard & Poor’s, en juillet 2017, la Banque de l’Habitat a enregistré à fin septembre, une augmentation de 18,12 % de son produit net bancaire (PNB) et de 13,45 % des dépôts clientèle par rapport à la même période en 2016. Autant d’indicateurs positifs qui permettent à la BH de mettre à profit ces performances pour donner de la voilure. D’ici fin 2017, l’établissement bancaire portera son capital de 170.000.000 à 238.000.000 dinars. Une assise qui lui permettra d’être pleinement dans son rôle de financement de l’économie. Dans cet axe, avec la garantie de l’État tunisien la BH a eu accès à un prêt de 120 millions d’euros accordé par la Banque Européenne d’Investissement (BEI). Ce prêt est d’abord une marque de confiance de l’institution financière européenne mais aussi « une confirmation de la réussite de la banque en tant que véritable modèle de partenariat public-privé » comme le souligne Ahmed Rjiba, Directeur Général de la

18, avenue Mohamed V - 1004 Tunis Tél.: (+216) 71 126 000 E-mail : banquehabitat@bh.fin.tn www.bh.com.tn

Banque. « Avec cette nouvelle ligne de crédit, c’est un signal fort que nous souhaitons donner avec la société civile aux petites et moyennes entreprises (PME) et très petites entreprises (TPE). Nous offrons ainsi de nouvelles perspectives d’emploi à la jeunesse » précise Flavia Palanza, Directrice des opérations de prêts dans les pays du voisinage à la BEI. L’objectif est en effet d’apporter le meilleur soutien aux opérateurs dans les domaines de la santé publique et privée, des nouvelles technologies, de l’industrie pharmaceutique, de l’éducation, de l’agroalimentaire, des énergies renouvelables mais aussi l’exportation et l’accès à de nouveaux marchés extérieurs ; autant de secteurs où l’innovation contribuera au développement local et à la création d’emplois ainsi que la pérennité du tissu économique. Dans ce contexte, la Banque de l’Habitat devient partenaire de l’inclusion pour un retour de croissance et de prospérité, garants de la démocratie. ◆ LE 8 NOVEMBRE 2017 AHMED RJIBA, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA BANQUE D’HABITAT SIGNE UN CONTRAT DE PRÊT AVEC FLAVIA PALANZA, DIRECTRICE DES OPÉRATIONS DE PRÊT AUPRÈS DU BEI. DIFCOM - © PHOTOS: DR.

L

CONFIANCE CONFIRMÉE


Le prix de la liberté

Le plan de développement 2017-2020 apportera-t-il des solutions ?

Ce plan triennal est volontariste, sans être pour autant raisonnable. On oublie le passé pour fixer le taux de chômage à 12 % en 2020, alors qu’il est de 16 % aujourd'hui, ce qui implique de créer en moyenne 110 000 emplois d'ici à 2020 ! Il en va de même pour l’inflation, pour la réduction de la masse salariale du secteur public et pour la croissance. Ce n’est pas le taux de croissance qui importe, mais sa formation (comment elle est entraînée) et, surtout, sa redistribution. Arrêtons d’être dans le paradigme qui a conduit à l’échec et à la révolution. Il faut oser être dans la rupture. Quand on n’a pas de vision prospective, même les éléments positifs, s’ils ne sont pas dans une globalité dynamique, deviennent anecdotiques. Ainsi, la contribution sociale généralisée [CSG] a été faite au mauvais moment, sans traduire une véritable politique sociale. Propos recueillis à Tunis par FRIDA DAHMANI JEUNE AFRIQUE

Initiative

Souffler, c’est bien joué!

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ancer un projet industriel de 3 millions de dinar s (1,5 million d'euros) d’investissement en Tunisie, en 2012, en pleine période postrévolutionnaire, relevait de la gageure. C'était même un pari fou, puisque ledit projet portait sur une manufacture d'objets en verre soufflé, jusqu'alors fabriqués uniquement dans des ateliers artisanaux, et que son promoteur était, certes, un spécialiste du verre, mais du verre mécanique. Pourtant, à 38 ans, licencié de l'usine qui l'employait, Khaled Azaiez a décidé de souffler et de le faire pour son propre compte, persuadé que son idée allait marcher. Il a monté son business plan et convaincu des investisseurs. Et, en 2014, la première unité industrielle de verre soufflé du pays est entrée en production à Soliman, sa ville natale, sur la rive sud du golfe de Tunis.

En hommage aux origines phéniciennes de son art, Khaled Azaiez a appelé sa fabrique Verrerie de Carthage et a donné à son premier four le nom de la princesse Didon. Quatre ans plus tard, l'engin tourne à plein régime sept jours sur sept, la manufacture emploie 40 ouvriers, son carnet de commandes est rempli, et son heureux PDG vient d'ouvrir un showroom à Carthage-Byrsa, sur les terres mêmes de Didon. Objets pour les arts de la table ou pièces de décoration, opalisés ou craquelés dans la masse, en blanc, rouge, bleu, vert, rose, jaune ou multicolores, les créations de Khaled Azaiez s'y exposent tels des bijoux, jouant avec les textures et les nuances de verre. Car si le maître-verrier a misé sur des capacités de production bien supérieures à celles des

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étant fondamentale dans l’action économique, l’agrégation de petites mesures aura un double effet négatif : un effet nocebo et un effet récessif. De ce fait, le taux de croissance prévu ne sera pas atteint, car on va renchérir l’investissement et complexifier les opérations pour le financer. Cependant, le déficit commercial peut se révéler beaucoup plus dangereux pour l’équilibre de l’économie que le déficit budgétaire, si tant est que ce dernier soit dynamique et que les ressources qui le suscitent soient orientées vers des investissements productifs. En l'occurrence, 85 % de nos échanges se font avec l’Europe, et notre balance est équilibrée, contrairement à ce qui est dit dans le cadre de l’Aleca [Accord de libre-échange complet et approfondi, pierre angulaire du partenariat privilégié obtenu par la Tunisie auprès de l’Union européenne fin 2012]. C'est la diversification de nos partenariats ces dernières années, avec la Chine, la Turquie et la Russie notamment, qui est la principale source de nos déficits. Il faut donc remettre à plat les partenariats avec ces pays. Les pouvoirs publics ont intérêt à y travailler, il y va de leur crédibilité.

ateliers artisanaux, il a également voulu positionner sa marque sur le créneau de l'art contemporain et du haut de gamme. La haute couture du verre soufflé en quelque sorte, avec une large déclinaison de modèles, mais réalisés en séries limitées, voire en exemplaires uniques. Tout aussi unique, la forte personnalité de Khaled Azaiez a largement contribué au succès de l'entreprise. Désormais, il veut créer et produire plus, et a investi dans trois nouveaux fours. Reste que, depuis la fermeture du Centre de formation aux arts du feu de Nabeul, en 2011, il est difficile de trouver des artisans qualifiés. Qu'à cela ne tienne, la verrerie a ouvert le métier aux femmes et forme désormais ellemême ses employés. Un coût supplémentaire que le patron estime payant et qui lui permet de franchir un cap. Après avoir convaincu les grands hôtels et restaurants de la région du symbole, de l'élégance et de la solidité de ses produits, le maître-verrier s'attaque au marché européen. Début 2018, ses créations brilleront sur les rayons du célèbre magasin Harrods, à Londres, ainsi que sur les présentoirs de deux grandes enseignes parisiennes. F.D.

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SOCIÉTÉ

L’avenir leur appartient

Ni désenchantée ni enchantée, la génération des 25-35 ans est avide de vivre mieux. Diplômés en quête d’emploi, conseillers en stratégie politique ou culturelle, ils sont bien résolus à changer le pays.

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uand, début octobre, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique Slim Khalbous a, non sans froideur, invité les doctorants à se rapprocher du monde de l’entreprise pour trouver du travail ailleurs qu’à l’université, j’ai failli baisser les bras et j’ai envisagé de partir », raconte Amina, 26 ans, qui prépare une thèse en préhistoire – une matière en voie d’extinction dans les facultés, faute d’enseignants. Elle sait que, cette année, 60 % des 5484 doctorants n’ont pas trouvé d’emploi et s’insurge contre un État auquel elle faisait confiance. « Nous sommes victimes du manque de projection vers l’avenir de nos dirigeants ! s’enflammet‑elle. Je ne gère ni les politiques publiques ni la prospective, mais, si aujourd’hui on écarte les doctorants de l’enseignement supérieur, qui assurera la relève, dans dix ans ? Qui constituera “l’élite” ? » Comme

elle, ils sont des milliers d’ingénieurs, de doctorants, de postdoctorants à avoir décidé de se battre. Et savoir que des millions de jeunes diplômés à travers le monde sont dans la même situation qu’eux n’atténue pas leur colère. « Par ses revendications d’emploi et de dignité, notre jeunesse a contribué à la révolution. Sept ans plus tard, elle constate qu’elle n’a pas été entendue. Nous devrions peut-être crier plus fort. Ou provoquer un autre soulèvement », maugrée Chawki Sarraji. Après l’obtention de son diplôme d’ingénieur en mécanique, il a été contraint de s’adapter : il installe des paraboles et des climatiseurs chez les particuliers. « J’ai de la chance, je gagne ma vie tant bien que mal, concède-t-il. Un de mes amis, ingénieur en nucléaire, est devenu marchand dans les souks. » Quant à tenter leur chance ailleurs, dans une Europe qui ne veut pas d’eux, la plupart en ont abandonné

l’idée. « La situation est désespérante, mais notre pays, c’est ici, et on ne le lâchera pas », lance Amina, qui a rejoint une association d’éveil à la citoyenneté. « La Tunisie, c’est nous, les moins de 35 ans. On représente la moitié de la population », enchaîne Chawki Sarraji, qui a déposé un dossier de recrutement chez un avionneur et, quoi qu’il arrive, songe à monter une petite entreprise de pièces pour l’aéronautique. BUREAUCRATIE. Avec un potentiel qu’ils

ne soupçonnent souvent pas eux-mêmes, chaque jour, quelques-uns osent sortir du moule… pour sortir de l’impasse. Ils déplorent le peu de cas que font les politiques des problèmes auxquels ils sont confrontés, pestent contre la bureaucratie, mais retroussent leurs manches, bien décidés à se prendre en main. « L’État ne peut rien pour moi. Soit, j’utiliserai les quelques dispositifs qui existent et je vais construire ma vie, sans me sentir débiteur de qui que ce soit », assure Chawki Sarraji, convaincu que « la nouvelle Tunisie » n’est pas encore là. « C’est ma génération qui la bâtira, une fois que les vieux de la contre-révolution auront cédé la place ! » FRIDA DAHMANI

Ismail Ben Sassi 27 ans, directeur général et fondateur d’Il Boursa

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décide de revenir en Tunisie pour se consacrer au projet qu’il y a lancé en 2013 et qui commence à prendre de l’ampleur : Il Boursa, le premier portail boursier et financier de nouvelle génération dans le pays. Une plateforme qu’il a développée en partenariat avec ABCbourse.com (premier site boursier indépendant en France), où il a effectué un stage après sa licence. « L’objectif était de développer la culture boursière et économique, mais aussi de renforcer la visibilité de la BoursedeTunispouryattirer des investisseurs », explique le jeune entrepreneur. Cotations, informations et analyses économiques et financières, mais aussi outils

d’aide à la décision (graphiques dynamiques, techniquesdescreening),ilboursa .com couvre l’actualité des Bourses de Tunis, d’Alger, de Casablanca et de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) des pays de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Uemoa), basée à Abidjan. Son promoteur, qui compte prochainement élargir sa plateforme à l’Afrique anglophone, a bouclé, en septembre, sa première levée de fonds, de près de 1 million de dinars (environ 338 000 euros), en introduisant la Compagnie tunisienne d’investissement et de financement (Cotif Sicar) dans son capital.

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Si son nœud papillon et ses lunettes rondes lui donnent des allures de fort en thème, Ismail Ben Sassi est en fait un petit génie de la finance, qui connaît autant de succès en tant qu’entrepreneur qu’il en a remporté au cours de ses études. Après un magistère en économie et statistiques à l’université de ToulouseIII (sud-ouest de la France), une licence à la Toulouse School of Economics (TSE), un master en finance à Paris I-La Sorbonne, puis en techniques financières et bancaires à Paris II-Panthéon-Assas, il commence sa carrière en tant qu’analyste risque au sein du groupe Edmond de Rothschild. À peine un an et demi plus tard, fin 2015, il

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Kerim Bouzouita 37 ans, conseiller en stratégie et communication politiques Il contribue à construire les argumentaires pour défendre des dossiers chauds, comme celui des réfugiés, à élaborer des projets de lois organiques, comme celle contre les violences faites aux femmes, adoptée en juillet par le Parlement tunisien. Et il est désormais l’un des neuf membres de la commission présidentielle chargée des réformes législatives pour les libertés individuelles et l’égalité, créée en août. Brillant et hyperactif, polyglotte (il parle l’arabe, le français, l’italien et l’anglais), passionné de jazz (il joue du piano tous les jours), bardé de diplômes tunisiens, français, anglais et américains (maîtrise en informatique appliquée à la gestion, master en marketing et communication, doctorat en anthropologie culturelle et musicologie, etc.), Kerim Bouzouita a un CV aussi fourni que captivant. À son image. Celle d’un homme à la curiosité insatiable et en phase avec son temps. Enseignant-chercheur, animateur radio, blogueur, compositeur de musique de films et documentaires, militant des droits humains… L’ancien publicitaire est tout cela à la fois et, surtout, il est devenu un influent spin doctor : conseiller en communication

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et stratégie auprès de partis et de leaders politiques, d’institutions nationales et internationales (Nations unies, Union européenne, Organisation pour la coopération et le développement économiques, etc.), il persiste cependant à faire cavalier seul et à rester indépendant. Son cheval de bataille : la formation. Sa spécialité : la sensibilisation

par la communication, la formation, l’information, la littérature et les arts – autant de disciplines qu’il maîtrise à la perfection. Quant au critère qui prévaut dans le choix de ses missions, c’est celui des droits humains. Marqué par la cause d’enfants réfugiés lors d’un séjour en Inde, en 2010, il sera sollicité par l’ONU l’année suivante pour

apporter son expérience au camp de réfugiés de Choucha, dans le Sud, près de la frontière libyenne. Passionné de voyages et de sports extrêmes, il veut aussi donner aux jeunes l’envie de bouger, de s’ouvrir, et prépare un blog pour les inciter à la pratique du sport, à la découverte et au dépassement de soi. F.D.


L’épopée africaine de SAIPH

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algré les turbulences qu’elle a connu après la révolution et les difficultés conjoncturelles qu’elle a rencontrées, comme la plupart des entreprises tunisiennes, SAIPH a réussi à redresser la barre, grâce notamment à une réorganisation de son management et à des plans d’investissement et de développement audacieux.

SAIPH TUNISIE SAIPH est l’un des plus grands laboratoires pharmaceutiques tunisiens et le 1er fabricant de médicaments cardio-vasculaires et d’antibiotiques génériques en Tunisie. Créé en 1992, grâce notamment à des investissements du Fond Arabe d’Investissement ACDIMA et du gouvernement tunisien, SAIPH fête cette année son 25ème anniversaire. Après la révolution SAIPH a connu des difficultés. Le Conseil d’Administration de SAIPH décide alors de changer le Management et de faire appel à une équipe d’expérience et aguerrie dans l’industrie pharmaceutique. Cette équipe, composée exclusivement de compétences tunisiennes et dirigée par son Directeur Général, Mr Ramzi Sandi, a réussi dès la 2ème moitié de 2015 à stabiliser la situation et à amorcer le décollage en 2016.

▲ De gauche à droite : L’Ambassadeur de

Tunisie en Côte d’Ivoire, le Ministre ivoirien de l’industrie, le Directeur Général de SAIPH et le Président du Conseil de l’Ordre des Pharmaciens de Côte d’ivoire.

En Tunisie, SAIPH emploie 600 personnes et dispose d’un site industriel comprenant quatre usines, formes stériles, céphalosporines, pénicillines et formes sèches et liquides. Deux autres usines sont en voie d’être créées pour la fabrication d’autres formes galéniques, dont certaines pour la première fois en Tunisie.

Elle fabrique des médicaments génériques, traitant les principales pathologies présentes dans la région, notamment des médicaments cardiovasculaires, des antidiabétiques, des antibiotiques, des antalgiques, des anti-inflammatoires, etc… SAIPH fabrique aussi des princeps pour les plus grandes multinationales.

SAIPH IVOIRE Bénéficiant d’un investissement initial de plus de 20 millions de dollars US, la nouvelle usine de SAIPH IVOIRE, implantée sur 35 000 m2 et dont la pause de la 1ère pierre a eu lieu le 12 juin 2017, vise à ravitailler le marché ivoirien en médicaments essentiels. SAIPH IVOIRE constituera également une plateforme d’exportation de médicaments vers toute la région de l’Afrique de l’Ouest dans un 1er stade et vers toute l’Afrique sub-saharienne ultérieurement. SAIPH IVOIRE et ses employés ivoiriens bénéficieront de l’expertise des cadres de la maison mère, les Laboratoires SAIPH Tunisie, riches de 25 ans d’expérience et de la logistique du fond arabe d’investissement ACDIMA.

Pose de la première pierre de l’usine SAIPH Côte d’Ivoire en Juin 2017

SAIPH REÇOIT LE « FIPA AWARD » AU TUNISIA FORUM INVESTMENT 2017

Cette distinction est accordée « aux entreprises partenaires de la Tunisie qui se sont distinguées que ce soit par des performances économiques ou par une grande capacité et souplesse à surmonter des difficultés conjoncturelles ».

MESSAGE

DIFCOM - © PHOTOS: DR.

Le Laboratoire SAIPH a reçu le « FIPA AWADS 2017 » à l’occasion de la 18ème édition du Tunisia Investment Forum tenu à Tunis les 9 et 10 novembre dernier.

Route de Zaghouan Km 24 MOHAMEDIA BEN AROUS, G P3, 1145

www.saiph.com.tn


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Omezzine Khélifa

Aprèsavoirétél’unedesquinze Top Global Women désignées par le bimestriel américain Diplomatic Courier en 2013 et la première Tunisienne à figurer, en 2014, parmi les Young Global Leaders du Forum économique mondial, Omezzine Khélifa vient d’intégrer le cercle des New Voices Fellow de l’Aspen Institute, dont elle est désormais l’une des expertes en financement du développement. Née en 1982 dans une famille d’universitaires de Carthage, où elle effectue toute sa scolarité, Omezzine Khélifa intègre l’École nationale supérieure d’informatique et de mathématiques appliquées de Grenoble (Ensimag), en

France, en 2003. Trois ans plus tard, l’ingénieure en télécoms fait ses premiers pas dans le monde des finances, à Paris, en tant que consultante en analyse de risques et dérivés sur actionsauprèsdeSociétégénérale Corporate & Investment Banking, avant de devenir responsable de la gestion des risques chez Ullink, puis des comptes de fonds spéculatifs chez Sophis, qu’elle quitte en avril 2011 pour rentrer à Tunis. Elle rejoint le bureau du parti social-démocrate Ettakatol et se présente à la Constituante d’octobre 2011. Elle n’est pas élue, mais devient conseillère du ministre du Tourisme (2012-2013), puis de celui des Finances (2013-2014), avant de

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35 ans, consultante en politique et gestion des finances publiques, présidente-fondatrice de l’ONG Mobdi’unCreative Youth

s’éloigner de la politique pour devenir consultante auprès d’institutions financières internationales, notamment pour la Banque mondiale. En quittant la sphère politique, elle voulait aussi mener à bien un projet associatif. Convaincue que les jeunes sont le présent de la Tunisie avantd’êtresonavenir,ellecrée Mobdi’un-Creative Youth, une ONGàl’écoute des jeuneset de leurs rêves. Depuis deux ans, l’ONG vise l’inclusion sociale des adolescents par le sport, la culture, les arts et la technologie,enconcentrantsesactivités

dans le quartier difficile du Kram ouest, en banlieue de Tunis. Avec son équipe d’une vingtaine de collaborateurs, Mobdi’un-Creative Youth recueille par ailleurs des données pour comprendre les conditions de vie des adolescents du quartier, leurs relations avec leur entourage et leurenvironnementimmédiat, afin de réfléchir à des solutions pour répondre à leurs besoins. Et de stimuler leur créativité et leur envie d’être des bâtisseurs de démocratie. F.D.

Shiran Ben Abderrazak 33 ans, cofondateur et directeur opérationnel de Dar Eyquem Tunisois de naissance, Shiran Ben Abderrazak a trois passions – la politique, la littérature, le théâtre – et s’est essayé aux trois. En 2004, il monte une troupe amateur à Paris, où il décrochera un master d’études politiques de l’École des hautes études en sciences sociales

(EHESS) en 2012. Un temps journaliste pour l’hebdomadaire français Le Nouvel Économiste, il fait aussi un passage par l’édition avant de revenir en Tunisie. Cet esprit critique s’engage par l’écriture dans l’action politique. En 2014, il assure la rédaction en chef de l’ouvrage El Kasbah.

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Fragments de révolution, constate les manipulations de certains élus, déplore l’absence de volonté de construire sur un territoire commun… Ses réflexions deviendront des chroniques, consignées dans Journal d’une défaite. Chroniques de Tunisie 2011-2013, qu’il publie en 2015. Ce constat d’échec conduit le FrancoTunisien à se concentrer sur la culture qui, selon lui, est principalement politique – le politique dépendant du culturel. Cofondateur et directeur opérationnel de Dar Eyquem, une résidence d’artistes située à Hammamet, il travaille à développer les échanges entre artistes tunisiens et artistes internationaux par le biais de la formation et de la production. Consultant en planification stratégique du secteur culturel, il est chargé de la mise en place du programme Europe créative de l’Union européenne pour la promotion de l’entrepreneuriat culturel, des projets de création, de la mobilité artistique et pour la création d’espaces indépendants et, depuis le mois de juin, est l’un des 100 jeunes experts du réseau NET-MED Youth de l’Unesco et de l’ONG Jamaity. F.D. JEUNE AFRIQUE


COMMUNIQUÉ

la banque pour tous

Être efficace et participer à l’effort national

À partir de cette assise, et pour satisfaire les besoins de ses clients en matière de nouveau mode de financement et combler les limites de l’activité leasing. Wifak Leasing a opéré sa mue pour devenir en 2015, une banque universelle islamique, la troisième en Tunisie au capital de 150 millions de dinars dont le tour de table se répartit comme suit : 14 % AUTRES ACTIONNAIRES 27 % ACTIONNAIRES TUNISIENS PRIVÉS

29 % ACTIONNAIRES TUNISIENS NSTITUTIONNELS

30 % ACTIONNAIRES ÉTRANGERS

Cette initiative qui revient à investir à contre courant, en a étonné plus d’un dans un contexte de malaise économique, mais elle signifie aussi toute la confiance des partenaires de WIFAK BANK dans la réussite du projet et l’investissement

en Tunisie. Agréée par la Banque Centrale de Tunisie, WIFAK BANK est la seule banque dont le siège est en région pour signifier que son cœur de métier est de « promouvoir l’inclusion financière par le biais d’une stratégie ambitieuse visant à rapprocher davantage les services bancaires de la clientèle, surtout dans les régions généralement peu desservies, et de les adapter aux besoins des PME » comme le souligne Mohamed Mellousse, fondateur et Directeur Général de Wifak Bank. Avec sur fin 2015, un résultat net de 4,644 MDT, des revenus nets IJARA 4,670 MDT, un taux des créances classées de 5,65 % et un taux de couverture de 72,18 %. Ces résultats ont favorisé la réussite de la première et l’unique opération de conversion d’une société de leasing en une banque universelle pour le système financier Tunisien. Avec pour objectif d’ouvrir 90 agences d’ici à la fin 2020, la banque propose des produits et des services conformes aux principes de la finance islamique. Outre un comité charaïque de contrôle des normes, WIFAK BANK est le seul établissement bancaire tunisien doté d’un système de global banking spécialisé dans la finance islamique. La notation financière attribuée par l’agence Fitch Rating est passée, au 1er trimestre 2016, de « BBB- » à « AA+ » avec perspectives stables. Autant d’indicateurs qui confirment le positionnement de WIFAK BANK comme organisme de financement de l’économie et d’accompagnement des projets à partir des spécificités locales. ■ Siège social : Avenue H.Bourguiba 4100 Médenine Centre d’affaires : Zone d’activités Kheireddine, Les berges du Lac 3,Tunis

www.wifakbank.com

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a plus jeune des banques Tunisiennes n’est pas une banque de plus ; elle est l’aboutissement d’une histoire très particulière où la détermination et l’écoute de professionnels de la finance et de l’économie ont rencontré des entrepreneurs et cerné leurs besoins. Tout a démarré en 2002 avec la création à Médenine au sud de la Tunisie d’« El Wifak Leasing » avec un capital de 5 millions de dinars et ce par conviction de l’importance du rôle fondamental que doivent jouer les régions intérieures dans la contribution efficace à l’effort de développement économique et à la création de nouveaux mécanisme de financement spécialisés dans les régions en support à l’effort national.

MOHAMED MELLOUSSE, FONDATEUR ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE WIFAK BANK


Le Plus de JA Tunisie

Hichem Ben Ammar

Producteur et réalisateur, directeur de la Cinémathèque tunisienne

« J’ai cru que la mémoire audiovisuelle était une cause perdue »

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ur l’avenue Mohammed-V, en plein cœur de Tunis, la construction de la Cité de la culture s’achève. L’inauguration est prévue pour le 20 mars 2018, jour de la Fête de l’indépendance. L’un des pôles majeurs de cet immense complexe sera la Cinémathèque tunisienne : un projet vieux de cinquante ans qui prend enfin corps et dont la direction a été confiée en

juin 2017 à Hichem Ben Ammar. Pour le réalisateur, la préservation du patrimoine audiovisuel est un projet beaucoup plus global.

HICHEM BEN AMMAR : C’est vrai, à travers mes films, je n’ai jamais cessé de me poser la question de la mémoire. Mais mon engagement pour sauvegarder celle du cinéma s’est affirmé dès le début des années 1980… Avant même que je JEUNE AFRIQUE : La plupart de vos docume consacre au devoir de mémoire en mentaires portent sur la mémoire cultutant que documentariste. Je le suis d’ailrelle et sociale du pays. Le projet de la leurs devenu presque en désespoir de Cinémathèque tunisienne s’inscrit-il cause ! Pratiquement tous les ministres dans ce registre ? de la Culture [depuis 1958] annonçaient la création d’une cinémathèque nationale, sans jamais approfondir le sujet ni envisager de lui donner un statut qui garantisse sa viabilité. Voyant le projet staPatron de la société gner, j’ai donc changé 5/5 Productions, qu’il mon fusil d’épaule et a créée en 2000, commencé à réaliser Hichem Ben Ammar des films qui m’ont est fondateur permis d’être reconnu et directeur du comme un cinéaste festival Doc Days, engagé. Aujourd’hui, dont la 6e édition le rêve se concrétise s’est déroulée du enfin. Alors que je 23 au 28 mars à croyais sa cause perDjerba. Parmi les documentaires qu’il due, la Cinémathèque a réalisés et, depuis tunisienne est là. Sa 2000, produits : naissance a été offiFemmes dans un ciellement annoncée monde de foot le 14 octobre, à Alger, (1998), Cafichanta lors du colloque orga(1999), Raïs Labhar, nisé par la Fédération Ô ! Capitaine des internationale des mers (2002), J’en archives du film ai vu des étoiles [Fiaf ] sur la préser(2006), Un conte vation du patrimoine de faits (2010), La cinématographique. Tunisie vote (2011),

La Mémoire noire, témoignages contre l’oubli (2013), Papa est en voyage (2015) ou encore Bourguiba est de retour (2017).

Elle a donc enfin un statut et un cadre ?

La Cinémathèque est rattachée administrativement et financièrement au Centre national du cinéma et de l’image, qui, dans son règlement, en définit le fonctionnement et les attributions. La conservation des films sera assurée par la Bibliothèque nationale et les Archives nationales, afin d’optimiser

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JEUNE AFRIQUE


Le prix de la liberté les ressources et de mettre à profit la complémentarité entre ces institutions concernées par la conservation et la diffusion du patrimoine culturel. Grâce à ce statut, la Cinémathèque tunisienne peut nouer un partenariat avec la Fiaf, qui favorise les échanges entre les 164 cinémathèques de son réseau. Le dépôt légal étant le moyen le moins onéreux de collecter les films et de constituer des collections, elle devra notamment militer pour que les lois existantes soient appliquées, ou que de nouvelles soient promulguées, afin de lui permettre de se doter d’une collection exhaustive issue de la production cinématographique nationale. Quelles sont les actions à engager dans l’immédiat ?

Il faut avant tout procéder à l’inventaire des stocks de films existants, vérifier l’état des copies et des négatifs. Il faut aussi prendre en charge la numérisation des Actualités tunisiennes (tournées entre 1955 et 1980), transférer les films dans des locaux offrant plus de garanties de sécurité, établir et mettre

en ligne des bases de données, commencer à restaurer les films de patrimoine, engager la recherche de longs-métrages tunisiens détenus à l’étranger par des laboratoires ou des centres d’archives… C’est un travail considérable ! Nous pensons raisonnablement pouvoir établir un premier bilan dans un délai de trois ans et, pour y parvenir, nous comptons sur la persévérance, la motivation et la solidité du cadre mis en place.

réparant la fracture intergénérationnelle. L’un des enjeux est d’ailleurs de trouver les formes de communication les plus à même de susciter la curiosité et l’intérêt des jeunes à l’égard des films de patrimoine. Pour atteindre ces objectifs, notre institution doit être en phase avec la corporation des cinéastes et avec la société, elle doit s’adapter aux mutations actuelles, celles d’une Tunisie qui tente

L’un des enjeux est d’éveiller la curiosité des jeunes pour les films de patrimoine. Restauration, conservation et restitution… Quels sont les autres enjeux ?

La Cinémathèque collecte, conserve et valorise le patrimoine cinématographique. Elle célèbre ses œuvres, ses auteurs, ses acteurs, ses techniciens, elle met ses collections au service des chercheurs et, à partir d’un minutieux travail muséographique, elle joue aussi un rôle fédérateur en formant le public, en rassemblant les professionnels et en

de se reconstruire. C’est un véritable défi, car il s’agit de rattraper un retard de soixante ans, pendant lesquels l’écart technologique entre le Nord et le Sud s’est creusé. La Cinémathèque s’inscrit dans le cadre de la restructuration du secteur audiovisuel tunisien et n’a pas le droit à l’erreur. La réussite de ce projet patrimonial sera également celle d’un pays qui tient à sa transition démocratique. Propos recueillis à Tunis par FRIDA DAHMANI

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ARCHITENDANCE

Un luxe encore inédit s’installe à La Marsa Dans la plus chic banlieue de la capitale, le tunisien Mabrouk et le canadien Four Seasons ouvriront, le 11 décembre, le premier cinq-étoiles de l’enseigne dans le pays. couverte, une pour les tout-petits), deux courts de tennis, un centre de fitness, un salon de coiffure, un hammam et un spa inspirés des thermes romains, sans oublier les incontournables conciergerie et business center.

NICOLAS FAUQUÉ/WWW.IMAGESDETUNISIE.COM

RARETÉ. Aux abords de la marina de

Gammarth et avec vue imprenable sur le golfe de Tunis, l’emplacement de l’établissement est à lui seul une rareté. « C’est à la fois une zone touristique chic et sublime – en bord de mer, voisine de Carthage et de Sidi Bou Saïd –, mais aussi proche des centres d’affaires et du cœur de la capitale [situé à 20 km, soit vingt à trente minutes en voiture], où les investisseurs étrangers en visite à Tunis préfèrent généralement séjourner », explique le directeur de l’hôtel, L’architecte l’Égyptien Ahmed Khalaf, californien Peter qui a notamment fait ses Mason a dessiné armes aux Four Seasons 24 hôtels très haut de L’un des quatre restaurants du palace, le 18 novembre. d’Alexandrie et de Doha. gamme à travers le Le palace se distingue monde, dont 7 pour l’enseigne Four ne situation remarquable, aussi par sa structure, à (environ 79,1 millions d’euSeasons. ros). Présent dans l’agroaliune ambiance ultraraffinée, la fois contemporaine et un linéaire exceptionnel de résolument méditerranéenne. mentaire, la grande distribution, 500 m de plage. Le groupe l’automobile, la banque, la finance, Son architecte, le Californien Peter canadien Four Seasons Hotels and Mason, s’est inspiré du charme des les télécoms et le numérique, le holding Resorts, propriété du prince saoudien familial a développé ses activités dans villages méditerranéens, tout en proAl-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al posant des volumes aérés, habillés de le tourisme via la société Tunisia Hotels Saoud et du milliardaire américain discrètes touches arabo-andalouses et Properties, filiale de la Banque interBill Gates, ouvre son plus grand étarépartis sur plusieurs niveaux, en ternationale arabe de Tunisie (Biat, dont blissement en Méditerranée. Ce sera il est l’actionnaire majoritaire). Depuis rasses, tournés vers la mer. Résultat : un le septième en Afrique du Nord et le 2012, avec le français premier en Tunisie. Si le projet peut AccorHotels, il a relancé Un cadre extrêmement raffiné les enseignes Novotel et surprendre, compte tenu des difficultés et intemporel, inspiré du charme du secteur touristique dans le pays, il Ibis à Tunis et à Sfax, ciblant répond pourtant à la demande d’une principalement une cliendes villages méditerranéens. clientèle internationale exigeante qui tèle d’affaires. ne connaît pas la crise. Et sur le créÀ travers son partenariat avec Four cadre intemporel, extrêmement raffiné, neau des prestations haut de gamme, Seasons Hotels and Resorts, il prend construit et aménagé exclusivement par le Four Seasons Tunis promet de battre position sur le segment du très haut des entreprises et des artisans tunisiens. quelques records. de gamme, encore inexploité dans le Le savoir-faire local sera également mis en avant dans la qualité de services de Le leader mondial de l’hôtellerie pays. En tout cas, pas avec de telles l’hôtel, auxquels ont été très rigoureude luxe a évidemment veillé à ce que prestations : 168 chambres (dont les sement formés les 320 employés qui plus petites font 60 m2), 35 suites (cerl’établissement dont il est le gestiontaines avec piscine privée, dont une naire réponde aux normes exigées par assureront l’ouverture, le 11 décembre. Un effectif qui, selon Ahmed Khalaf, suite présidentielle de 550 m 2), deux sa marque. Mais c’est son partenaire devrait être porté à 400 personnes dès tunisien, le groupe Mabrouk, qui a lounges, quatre restaurants, neuf salles l’année prochaine. de conférences, des jardins paysagers, financé la réalisation du projet, soit un trois piscines (une extérieure, une FRIDA DAHMANI investissement de 234 millions de dinars

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N 0 2968 • DU 26 NOVEMBRE AU 2 DÉCEMBRE 2017

JEUNE AFRIQUE



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