LE PLUS
de Jeune Afrique
PANORAMA L’envol du phénix
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SOCIÉTÉ Signes extérieurs de croissance ÉNERGIE Comment apprivoiser le méthane du lac Kivu REPORTAGE Big bang à Kigali
RWANDA
Il a tout d’un grand
ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
Il ne laisse pas d’étonner par sa capacité à se reconstruire et à changer. Et par ses performances économiques. Voyage au cœur du petit pays des Mille Collines.
JEUNE AFRIQUE
N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
INVESTIR AU RWANDA
LE PAYS AUX MILLE COLLINES ET AUX MILLE OPPORTUNITÉS
ACCOMPAGNE CHAQUE INVESTISSEUR POUR TRANSFORMER SON POTENTIEL EN RÉALITÉ
Rwanda Development Board (RDB) coordonne les partenariats public-privé et offre aux investisseurs étrangers & locaux un accompagnement personnalisé. • Informer sur les dispositifs et réglementations locales • Aider à identifier les opportunités d’investissement • Apporter un support dans le montage et la création de leur entreprise • Aider à promouvoir leurs produits & services et à dynamiser leur croissance
5 RAISONS D’INVESTIR AU RWANDA UNE CROISSANCE FORTE : • 8,8 % en moyenne depuis 2005 • Un taux de croissance, entre 2001 et 2010, parmi les 10 premiers au monde, selon le classement FMI de janvier 2011 STABILITÉ ET BONNE GOUVERNANCE : • Une vision claire du développement à travers l’investissement privé dans le cadre de la Roadmap 2020 mise en place par le président Kagamé • Une stabilité et un bon fonctionnement des institutions dans le respect des lois (tolérance zéro face à la corruption)
UN ACCÈS AU MARCHÉ : • Un marché de 10 millions d’habitants avec un développement rapide du pouvoir d’achat de la classe moyenne • Une situation géographique centrale et porte d’entrée en Afrique de l’Est, membre du marché commun EAC, au potentiel de plus de 125 millions de consommateurs DES OPPORTUNITÉS D’INVESTISSEMENT DANS TOUS LES SECTEURS : • Infrastructures, agriculture, énergie, tourisme, TIC (secteur prioritaire dans la Roadmap 2020), bâtiment, exploitation des ressources minières et services financiers...
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UN CLIMAT D’AFFAIRES FAVORABLE : • Classé les 2 dernières années parmi les deux meilleurs réformateurs au monde • Le meilleur climat des affaires en Afrique de l’Est & 6e en Afrique (WEF Global Competitiveness Report) • Notation financière du pays augmentée à B par Fitch • Un des 3 meilleurs pays africains en termes de connectivité internet • Une fiscalité simple et la création d’une nouvelle zone franche
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RWANDA
Il a tout d’un grand
Prélude François Soudan
Un Rwandais à Paris
D
U 12 AU 13 SEPTEMBRE, Paul met directement en cause une demiKagamé effectuera sa première douzaine de personnalités politiques visite officielle à Paris depuis françaises toujours en activité, ainsi son accession au pouvoir. Si qu’une belle brochette de hauts gradés le président rwandais dirigeait un pays de l’armée. C’est ce cocktail détonant comme les autres, ce déplacement dans qui, alimenté par une enquête judiciaire la capitale française ne serait pas en soi bâclée, menée entièrement à charge un événement. Tout juste remarquecontre Kagamé et ses proches, explique rait-on qu’il met un terme à une sorte pourquoi les deux pays ont un moment rompu leurs relations diplomatiques. d’anomalie. Les deux précédents séjours en France de cet ancien chef de guerre parvenu à la D’un commun accord, Nicolas Sarkozy et Paul Kagamé ont décidé de gouvernance suprême sur les décombres d’un épouvantable génocide se sont mettre ce contentieux entre parenthèses – mais il demeure réactivable à tout en effet mal déroulés. Le premier, en moment. Le Rwandais, qui n’est pas pleine lutte armée, sous la présidence d’un certain François Mitterrand alors non plus un président africain comme ouvertement hostile à la rébellion tutles autres, est un pragmatique sans états sie, valut à l’intéressé d’être interpellé d’âme. Anglophone, dénué de toute par la police puis quasi expulsé du territoire. Le « Entre les deux pays, la tranquille second, lors du somnormalité d’une relation banale met franco-africain de février 2003, se solda par ne sera sans doute jamais de mise. » une rencontre glaciale de dix minutes avec un Jacques Chirac attache sentimentale avec la France, peu disposé à l’écouter. tourné vers l’Afrique de l’Est et les draCe voyage de Paul Kagamé, voulu, gons asiatiques, proche des États-Unis, voire imposé à une partie de ses collacet adepte du développement autoritaire borateurs, par Nicolas Sarkozy – qui s’est et de la démocratie surveillée ne vient lui-même rendu à Kigali – remet donc pas à Paris en position de demandeur, les choses à leur place. Reste que, entre même s’il entend bien vanter auprès la France et le Rwanda, la tranquille des investisseurs les mérites de l’une normalité d’une relation banale ne sera des économies les plus performantes et sans doute jamais de mise. les mieux dirigées du continent. Absente du Rwanda dans tous les Les comptes et mécomptes du passé, domaines – économique, culturel, éduet notamment le rôle trouble que joua catif et même diplomatique, en dépit des Paris avant, pendant et après le génoefforts méritoires de sa micro-ambascide de 1994, sont loin d’être réglés. sade –, la France a depuis longtemps Circonstance aggravante : la relation laissé la place à d’autres. À elle de savoir de cet épisode tragique vu de Kigali réagir. ●
PANORAMA L’envol du phénix CONFIDENCES DE Pierre Rwanyindo Ruzirabwoba, directeur de l’IRDP
p. 64
CONSOMMATION Fièvre acheteuse
p. 66
STRATÉGIE Pragmatique, mais pas trop…
p. 70
URBANISME Big bang à Kigali
p. 72
HYDROCARBURES Kibuye Power joue avec le feu
p. 75
AGRICULTURE Vivrier ou export, faut-il choisir ?
p. 76
INTERNATIONAL Partenariats à géographie variable p. 80 INTERVIEW Laurent Contini, ambassadeur de France à Kigali p. 82 ENSEIGNEMENT L’école de la gagne
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MÉDIAS Albert Rudatsimburwa, un patron touche-à-tout p. 88 BUSINESS La fine fleur et la jeune pousse
JEUNE AFRIQUE
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p. 89
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PANORAMA
L’envol du
phénix Objet de curiosité et d’analyse pour les économistes et sociologues, dix-sept ans après le génocide, le pays étonne par ses performances. Il invente un modèle.
PIERRE BOISSELET,
1er juillet 1962
Indépendance 5 juillet 1973
Putsch de Juvénal Habyarimana 6 avril 1994
Habyarimana meurt dans un attentat. Début du génocide, qui tuera plus de 10 % de la population 17 juillet 1994
Victoire du Front patriotique rwandais, qui proclame la fin de la guerre civile 17 avril 2000
Paul Kagamé est élu président par l’Assemblée nationale. Il est réélu au suffrage universel direct le 25 août 2003 et le 9 août 2010 N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
O
envoyé spécial
Le pays fait preuve d’une singulière faculté d’adaptation et d’intégration, notamment, depuis 2004, au sein du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa), le plus grand bloc économique régional du continent, et, depuis 2007, de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC). Tout en continuant à accroître la productivité de son agriculture, activité qui représente 32 % de son PIB (lire pp. 76-77), le Rwanda développe son secteur tertiaire et se rêve désormais leader régional des services à haute valeur ajoutée (finance, TIC, commerce, transport aérien, loisirs, tourisme), tel un Singapour africain.
n ne peut qu’être séduit par ses reliefs verdoyants, plongeant dans le majestueux lac Kivu, et PARANGON DE RIGUEUR. Rien de tout cela n’aurait sa petite capitale (1 million d’haété possible sans l’engagement et la discipline de bitants tout de même) propre ses habitants. À Kigali, on porte le casque à moto, et ordonnée, enveloppée dans on met sa ceinture en voiture, on garde les rues propres et on se vante de dénoncer à des forces de une chaleur agréable. Mais la véritable beauté l’ordre omniprésentes quiconque contreviendrait à du Rwanda est ailleurs. Elle se trouve dans les ces règles communes. Appliquée à l’appareil d’État, bras des paysans qui cultivent leurs terrasses à cette rigueur fait merveille. La corruption est rare flanc de colline, dans les jambes des femmes qui arpentent, balai à la main, les trottoirs de Kigali au (le pays arrive huitième du continent et premier petit matin, dans le sourire d’Afrique de l’Est dans le des expatriés croisés à l’aéclassementdeTransparency Le Rwanda se rêve en roport, qui reviennent pour Singapour africain, leader International), chaque corps de bon… Sa richesse réside administratif doit mettre en régional des services dans la détermination inéœuvre des objectifs précis et branlable de l’ensemble des à forte valeur ajoutée. est soumis à une évaluation Rwandais. Alors qu’au sortir des plus strictes. du génocide, il y a dix-sept ans, le pays, foudroyé, Il faut au moins cela pour bien gérer l’impresinspirait compassion et pitié, il force désormais sionnant flux d’aides que reçoit le Rwanda, et qui l’admiration de la communauté internationale. représente près de 40 % de son budget. En dépit Portés par une croissance économique remarde sa volonté d’autonomie, Kigali ne peut pas s’en quable et une jeunesse avide d’apprendre et passer pour l’instant. Sans compter que sa stratégie de s’ouvrir au monde, les Rwandais ont repris de développement repose en grande partie sur sa capacité à attirer les investissements étrangers confiance en l’avenir. Ils adoptent massivement l’anglais, se mettent aux technologies de l’informa(lire pp. 80-81). L’image du pays est à cet égard tion et de la communication (TIC) et construisent un enjeu stratégique, notamment vis-à-vis des à tour de bras. bailleurs. Selon la Banque mondiale, Kigali doit JEUNE AFRIQUE
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À KIGALI, CAPITALE qui s’est dotée d’un plan directeur d’aménagement courant jusqu’en 2050 (lire pp. 72-73).
donc prendre en compte les critiques émises sur la limitation des libertés et de l’espace démocratique liée à l’application des lois contre l’idéologie du génocide. Le gouvernement reconnaît d’ailleurs qu’il est peut-être temps de les modifier. Il est aussi des Rwandais qui attendent davantage d’efforts de leur gouvernement : les plus démunis. Le pays progresse dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement mais accuse des retards sur les plans de la réduction de la pauvreté et de la santé maternelle. Sa performance, mesurée par l’indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations unies
EN MUTATION
En bref
OUGANDA
TANZANIE
● Superficie 26340 km2 ● Population 10,7 millions
Lac Kivu Kiv
d’habitants
● Indice de développement
humain (IDH) 0,385 (152 e rang sur 169 pays classés)
JEUNE AFRIQUE
RÉP. DÉM. DU CONGO
Gisenyi
Kibuye
Kigali
R WANDA Butare BURUNDI
50 km
pour le développement (Pnud), a considérablement progressé grâce aux avancées en matière de santé (90 % des habitants sont couverts par une assurance maladie) et d’éducation (le taux de scolarisation au primaire dépasse 95 %). Et le rythme de croissance du PIB, supérieur à 7 % en moyenne entre 2006 et 2010, devrait, s’il est maintenu, permettre de réduire la pauvreté extrême de 20 % d’ici à 2015. Mais les inégalités de revenus restent fortes. Elles sont susceptibles d’entraver les avancées et de raviver les tensions sociales. Le programme Vision 2020 ambitionne de porter le PIB par habitant à 900 dollars (620 euros) d’ici à dix ans, ce qui semble réaliste (il est passé de 220 dollars en 2000 à 540 dollars en 2010). Toutefois, dix ans après le lancement de ce plan, plus de la moitié de la population ne vit qu’avec 0,43 dollar par jour. Des ombres au tableau rwandais qui ne doivent pas masquer l’essentiel. Après le cauchemar des années 1990, le pays a su se remettre sur pied en une décennie. Tant et si bien que, pour la prochaine, tous les rêves de grandeur lui sont permis. ● N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
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Le Plus de J.A. Rwanda CONFIDENCES DE | Pierre Rwanyindo Ruzirabwoba
« La cohésion sociale reste un défi » Ð L’Institut de recherche et de dialogue pour la paix (IRDP), à Kigali, associe chercheurs et acteurs sociaux Ð Son directeur souligne le changement survenu dans les mentalités de ses compatriotes JEUNE AFRIQUE : Quelle est, selon vous, l’évolution la plus marquante depuis le génocide de 1994 ? P. RWANYINDO RUZIRABWOBA : C’est celle des mentalités des Rwandais: leur manière de penser, d’agir et de se comporter les uns envers les autres. L’an dernier, nous avons fait un sondage sur la cohésion sociale. Parmi les deux mille personnes interrogées, qui venaient de toutes les provinces du pays, 53 % ont jugé que la cohabitation se passait bien ou très bien. Pour 41 %, elle était assez bonne. Seuls 6 % affirment que cela n’allait pas. C’est dû à l’éducation: la durée de l’enseignement de base est passée de six à neuf ans, et nous prévoyons de la porter à douze ans. La plupart des Rwandais sont donc en passe d’être lettrés. L’évolution des technologies d’information et de communication a également été considérable (lire aussi p. 67). Le téléphone mobile concerne désormais toutes les couches de la population. Il y a aussi eu des changements physiques : l’amélioration des infrastructures routières, et le développement de l’industrie et des exportations qui permettent aux paysans d’avoir de l’argent. Mais, j’insiste, le plus important changement est dans les têtes. Désormais, quels sont les principaux défis du pays? La cohésion sociale des ethnies reste l’un d’eux. Le processus est amorcé, mais nous n’y sommes pas encore totalement. Un autre défi est d’harmoniser le taux de croissance économique avec la démographie.
PIERRE BOISSELET/J.A.
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CET ENSEIGNANT DE L’UNIVERSITÉ NATIONALE DU RWANDA note les effets positifs de l’allongement de la scolarité obligatoire, passée de six à neuf ans.
ne sont parfois pas exactement transposés, c’est pour éviter le retour des conflits. Prenez le partage du pouvoir, par exemple. Il se fait en fonction d’un objectif : réconcilier les Rwandais. Ainsi, un parti politique ne peut pas obtenir plus de 50 % des postes ministériels. De plus, il est interdit pour les partis de discriminer, ou de ressusciter
Je suis optimiste, je compte sur la jeunesse pour transformer la société.
Le Rwanda a-t-il vu l’avènement d’une véritable démocratie? Nous sommes dans l’apprentissage de la démocratie. Comme dans tous les pays, elle doit être adaptée. Nous avons toujours la hantise du génocide et si certains principes démocratiques N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
les idéologies qui ont mené au génocide. Quant à la liberté d’expression, depuis la création de l’Institut de recherche et de dialogue pour la paix (IRDP), il y a dix ans, personne n’a été inquiété pour avoir exprimé poliment – je dis bien poliment – ce qu’il pensait du pouvoir. L’essentiel est de le faire dans des termes courtois et dans un sens constructif.
L’évolution de certains pays africains vous inquiète-t-elle? Oui, car les conflits ont changé de nature. Pendant longtemps, lesAfricains ont lutté pour l’indépendance. Ensuite, il y a eu des luttes entre pays, notamment lors du démantèlement des anciens empires coloniaux. Mais aujourd’hui, les conflits sont internes: ce sont les composantes de la société qui se battent pour les richesses ou le pouvoir. Nous avons assisté à une série de conflits postélectoraux, notamment en Côte d’Ivoire, au Kenya et au Zimbabwe. Dans ces pays, le problème des individus a été réglé mais les causes de conflit perdurent. C’est inquiétant. Pour autant, je reste optimiste car notre jeunesse est instruite et a accès à la technologie. Je compte sur elle pour transformer la société africaine, ce qui devrait réduire les tensions à l’intérieur de chaque pays. ● Propos recueillis à Kigali par PIERRE BOISSELET JEUNE AFRIQUE
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RÉPUBLIQUE DU RWANDA
MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION
En cinq ans, le Rwanda a quasiment doublé le nombre de ses enfants scolarisés. Prochain objectif : les former selon les besoins du pays, en termes d’emploi, de façon à en faire le véritable moteur du développement national. Le ministre de l’Éducation, Pierre Damien Habumuremyi, explique comment.
Le Rwanda a réalisé depuis dix ans des progrès considérables dans l’accès des enfants à l’école élémentaire. Comment ? Le ministère rwandais de l’Éducation a pour mission de transformer le citoyen rwandais de façon à lui permettre de participer au développement économique et social du pays et à lui-même s’émanciper. Notre système éducatif se veut équitable en matière de qualité et d’accès. Il souhaite par ailleurs particulièrement faire la promotion des sciences et de la technologie. Sa réhabilitation a commencé en 1994 par sa revue et son harmonisation. En 2006, nous avons adopté un programme important mis en place deux ans plus tard, celui de « l’Éducation de base de neuf ans » : six ans pour le primaire et trois ans pour le secondaire. Durant ce cycle de neuf ans, l’enseignement est gratuit et obligatoire. Dans sa première phase, 3 072 salles de classe et 9 175 latrines ont été construites en cinq mois. Pour cela, il a fallu adopter une méthode non conventionnelle en impliquant les communautés locales, la police, l’armée, mais aussi les institutions publiques et privées. Les locaux sont en matériaux durables et respectent les standards de l’Unicef au Rwanda. Dans la deuxième phase de l’année scolaire suivante, 2 936 salles de classe et 5 714 latrines ont été construites. Au cours de l’année scolaire 2012 commencera « l’Éducation de base de douze ans », cela permettra aux jeunes Rwandais de terminer leur scolarité gratuitement. Dans cette troisième phase, il est prévu la construction de 2 679 salles de classe dont les travaux prendront fin vers la mi-janvier 2012, c’est-à-dire au début de l’année scolaire. Grâce à nos efforts, le taux de scolarisation a atteint 95 % en 2010.
Avec quels moyens et quels partenaires principaux le Rwanda parvient-il à relever ces défis ? Pour appliquer le « Plan d’action en matière d’éducation pour tous », le système éducatif rwandais bénéficie de plusieurs appuis, dont le plus important est celui de Fast Track Initiative (initiative multilatérale lancée en 2002 pour permettre l’accès de tous les enfants à l’éducation). Plusieurs politiques ont été mises sur pied, notamment la politique sectorielle de l’éducation, la politique de l’enseignement supérieur, la politique de l’éducation spécialisée, la politique des TIC, la politique de l’alphabétisation ou encore la politique de la vocation professionnelle (« TVET », Technical and Vocational Education and Training). Quelles sont les priorités actuelles du ministère ? L’enseignement rwandais voudrait mettre un accent particulier sur les métiers et l’enseignement professionnel. Une politique à cet effet a été développée en 2008 et son application effective se réalisera avec l’Enseignement de base de douze ans. En 2009, il a été créé un organe, WDA (Workforce Development Authority), qui s’occupe déjà de la régulation et de la qualité dans ces écoles techniques et professionnelles. L’enseignement supérieur se développe considérablement : de 6 institutions scolarisant 3 000 étudiants en 1994, nous sommes passés à 30 institutions (17 publiques et 13 privées) et plus de 31 500 étudiants au cours de l’année académique 2010. Ministère de l’Éducation - BP 622 -.Kigali - Rwanda Tél. : +250 252 583 051 - www.mineduc.gov.rw
www.justinecreation.fr / Photo D.R.
De l’enseignement de base à la préparation de la vie active
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CONSOMMATION
Fièvre acheteuse
OUVERT VINGT-QUATRE HEURES SUR VINGT-QUATRE, Nakumatt propose nombre de produits importés. Malgré les prix élevés, c’est un succès.
SurlemontRebero,collinesurplombant Kigali, un quartier de loisirs est en projet. Il doit accueillir un parc d’attractions, des bars, restaurants et cinémas capables d’aimanter cette classe aisée naissante.
Restauration, distribution, high-tech, loisirs… La nouvelle classe moyenne urbaine ne lésine pas sur les moyens pour se faire plaisir. Stimulant l’économie mais creusant les inégalités sociales.
RU
*SOURCES : UI T,
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plus en plus de consommateurs capables de s’offrir des repas à 10 000 francs rwandais (près de 12 euros) par personne. Les grands groupes hôteliers internationaux estiment que la tendance va s’accentuer. Radisson Blu, Marriott ou encore Hilton prévoient ainsi d’ouvrir des établissements dans la capitale rwandaise dans les prochaines années.
CENTRES COMMERCIAUX. On la croise
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P
atrick Knipping est un directeur heureux. Ce Belge à la chevelure grisonnante, ancien responsable du célèbre Hôtel des Mille Collines, gère désormais le Lemigo Hotel. Depuis son ouverture, en octobre 2010, il fait le plein. Les touristes américains, hommes d’affaires ougandais ou kényans, mais aussi rwandais, se pressent dans ses restaurants, dirigés par un chef français. « La nourriture et les boissons nous rapportent presque autant que les chambres, note Patrick Knipping. Beaucoup de clients consomment en marge des conférences, mais il y en a aussi qui viennent juste pour un repas et pour découvrir l’hôtel. Les Rwandais ais R A . aiment beaucoup millions la nouveauté ! » d’habitants seront Après une abonnés à la décennie de téléphonie mobile croissance éconoen 2015, selon les prévisions* mique soutenue, Kigali compte de
déjà dans les allées de l’Union Trade Center (UTC) de Kigali, scotchée à son smartphone connecté à internet. Dans ce centre commercial de 6 étages, on trouve 70 boutiques (tous les emplacements ont trouvé preneur) et un supermarché de la chaîne kényane Nakumatt, ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « L’exploitation n’est pas encore rentable la nuit, concède Paul Mutunga, le directeur adjoint du magasin. Mais nous sommes en train d’y habituer les Rwandais. » Pour cette enseigne, qui pratique pourtant des prix élevés (la plupart des produits sont importés), le succès est au rendez-vous: elle prévoit déjà d’ouvrir un deuxième supermarché avec le même concept dans la future Kigali City Tower, qui se construit à deux pas. « Il y a les entrepreneurs, les fonctionnaires de l’État, les employés des grandes entreprises… On voit vraiment une classe moyenne se dessiner », remarque Charles JEUNE AFRIQUE
Il a tout d’un grand
PAUVRETÉ PERSISTANTE. Pour l’instant,
cette ébauche de protection sociale n’est pas parvenue à effacer le point noir du modèle de développement rwandais : la pauvreté, qui reste le lot commun de ses habitants, en particulier dans les campagnes. « Selon les dernières données que nous avons, 56,9 % de la population vivait encore en dessous du seuil de pauvreté en 2006 », indique Nicolas Schmids, économiste au Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) à Kigali. Dans ce domaine, le Rwanda a redressé la barre par rapport aux statistiques catastrophiques de l’après-génocide (elles étaient alors les pires au monde). Mais il n’a pas encore retrouvé le niveau qui était le sien à la fin des années 1980. « Avec les efforts du gouvernement, on s’attend à une amélioration lors de la prochaine enquête, anticipe Nicolas Schmids. Mais on sait déjà que les Objectifs du millénaire pour le développement ne seront pas atteints sur ce point en 2015. » Entre une classe aisée qui émerge et entre de plain-pied dans la société de consommation, et la majorité de la population qui en reste en marge, le fossé n’est pas encore près de se refermer. ●
Tout pour la technologie Les réseaux de fibre optique et de téléphonie mobile sont en place. Objectif : développer les applications.
K
igali a fait du développement des prendre rendez-vous pour l’examen du technologies de l’information et permis de conduire et recevoir les résulde la communication (TIC) une tats par simple SMS. Une application priorité. Leur ministère est d’ailleurs similaire est reliée à la base de données rattaché directement à la présidence. nationale des cartes d’identité pour l’inscription sur les listes électorales. L’objectif du troisième plan quinquennal consacré aux TIC (2011-2015) est d’acSANTÉ EN LIGNE. Géré par le Centre célérer leur utilisation dans tous les secteurs. Et les choses vont bon train grâce de traitement et de recherche sur le au réseau haut débit mobile (3G), qui sida, TracNet recueille et traite les inforcouvre une grande partie du territoire, et mations concernant les patients et la au maillage de 2300 km de fibre optique, distribution de médicaments contre le achevé en mars, qu’exploitent les trois VIH. Le pays a par ailleurs mis à l’essai opérateurs de téléphonie mobile MTN, (avec le Ghana, le Kenya et le Nigeria) Rwandatel et Tigo. Pour répondre à la On peut s’inscrire au permis demande croissante d’acde conduire ou sur les listes cès internet à haut débit, des télécentres reliés au électorales par simple SMS. réseaudefibreoptiquefont leur apparition. Quant à la téléphonie unsystèmedecontrôle,MPedigree,pour lutter contre la contrefaçon de médicamobile, selon l’Union internationale ments. L’utilisateur envoie un code par des télécommunications, si le nombre d’abonnés n’était en 2010 que de SMS et reçoit un message indiquant si le 3,5 millions (33 % de la population), traitement répond aux normes. il devrait passer à 6 millions en 2015. Les éleveurs et cultivateurs peuvent Parmi les principaux freins, le retard du aussi s’informer des cours des produits réseau électrique, auquel seuls 8 % des agricoles grâce à eSoko (« eMarché »), Rwandais sont raccordés. Pour pallier un programme accessible par SMS et cette lacune, les opérateurs installent des internet qui élimine les intermédiaires centres où leurs clients peuvent recharet leur permet d’augmenter leur marge. ger les batteries de leurs appareils. Enfin,début2011,MTNs’estassociéavec En matière d’applications, l’adminislaBanquecommercialeduRwandapour tration donne l’exemple. On peut utiliser lancer un service d’opérations bancaires celle du ministère des Transports pour par téléphone mobile. ● P.B. et C.M. Æ Les cybercafés sont essentiels : SEULS 8 % DES RWANDAIS ONT ACCÈS À L’ÉLECTRICITÉ.
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Mporanyi. Le président du groupe d’assurances Soras est bien placé pour observer la tendance. Flairant l’émergence de cette demande solvable, il a lancé les premiers contrats d’assurance maladie privée en 2006. « C’est ce type de produit qui connaît la croissance la plus forte. Il est déjà en deuxième position derrière les assurances automobiles ! » s’étonne-t-il. Ce succès est d’autant plus significatif que le pays dispose en parallèle d’assurances maladie publiques très bon marché : les mutuelles de santé. Avec des cotisations de 1 000 francs rwandais par personne et par an, elles couvraient 90 % de la population fin 2010, selon les chiffres du gouvernement. L’immense majorité des Rwandais a donc maintenant accès aux hôpitaux, qui seront à terme installés dans chacun des trente districts du pays. Mais le système est entré dans une nouvelle phase : les cotisations doivent augmenter pour atteindre 3000 à 7 000 francs rwandais, en fonction des revenus, tandis que la gratuité est instaurée pour les ménages les plus modestes. Ces derniers bénéficient aussi sans frais de l’école primaire obligatoire.
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NOTRE MÉTIER : PRODUIRE LE MEILLEUR THÉ Rwanda Mountain Tea SARL, société privée, a vu le jour en Août 2006, suite à la volonté politique de privatisation des entreprises théicoles en vue de les rendre plus performantes et de mobiliser les ressources financières nécessaires à leur développement. Rwanda Mountain Tea a progressivement acquis des actions dans plusieurs unités, dont notamment Rubaya et Nyabihu en 2006, Kitabi en 2009, Mata et Gisakura en 2010. Nos objectifs, en accord avec la vision du Gouvernement Rwandais, sont d’accroitre la capacité de transformation des usines théicoles, d’augmenter la zone de plantation du thé à travers des pratiques culturales garantissant une meilleur rentabilité de l’hectare, de fournir un encadrement technique aux théiculteurs villageois et de produire un thé de la meilleure des qualités. A cet effet Rwanda Mountain Tea a : - respectivement doublé et triplé la capacité de transformation des usines de Rubaya et Nyabihu en augmentant leur taille pour l’installation de machines plus performantes - lancé un processus d’expansion des plantations théicoles et des forêts attenantes productrices de bois de chauffe, avec le recours à l’expertise nationale et internationale pour le développement de pratiques culturales améliorant le rendement par hectare et protégeant l’environnement - aidé les théiculteurs villageois à améliorer leurs performances par le biais d’encadrements techniques ponctuels et de dispositifs de prêts pour l’achat de différents intrants agricoles - investi dans le conditionnement et la création d’une société chargée de la production et de la commercialisation de boites de thé. Rwanda Mountain Tea s’est aussi attelé à répondre aux normes internationales de production et de commercialisation des produits alimentaires et a souscrit aux certifications internationales pour les unités théicoles (Iso 22000 et Rain Forest Alliance). Ses produits ont été souvent primés durant les conventions théicoles et expositions nationales et internationales auxquelles la société participe régulièrement. Dans un avenir proche, Rwanda Mountain Tea procédera à l’installation d’un barrage hydro électrique pilote à Giciye (un cours d’eau en aval de Rubaya), en vue de permettre un accès à l’électricité propre et à moindre coût à ses usines de Rubaya de Nyabihu et aux populations environnantes. Rwanda Mountain Tea a également répondu à l’appel du Gouvernement Rwandais afin d’éradiquer la pauvreté dans les zones environnant ses usines à thé en offrant un meilleur accès des travailleurs à la sécurité sociale et médicale, en aidant à la réhabilitation des écoles et en souscrivant au programme d’apprentissage des enfants jusqu’à l’âge de 16 ans.
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Le Plus de J.A. Rwanda STRATÉGIE
Pragmatique, mais pas trop… Les réformes engagées au début des années 2000 ont amélioré la productivité et le climat des affaires. L’économie rwandaise est en excellente santé. Sa dépendance à l’égard de l’aide et des investissements étrangers reste cependant son talon d’Achille.
D
epuis l’engagement de sa stratégie Vision 2020, en 2001, l’économie rwandaise continue de progresser. Outre l’accroissement de la productivité, ce succès est dû aux investissements publics soutenus dans les transports aériens, et désormais routiers (lire p. 71), dans le développement des technologies de l’information et de la communication (lire p. 67) – notamment appliquées à l’administration en ligne – et dans l’amélioration des capacités de production d’électricité (lire p. 75). Après une insolente croissance en 2008 (plus de 11 %), et passé les turbulences liées à la crise financière et économique mondiale qui l’ont fait retomber à 4,1 % en 2009, l’économie rwandaise s’est rapidement redressée, progressant de 7,4 % en 2010. Et les perspectives à court et moyen termes (6,5 % pour 2011, 7 % pour 2012) s’annoncent solides, portées par l’augmentation des investissements dans les secteurs clés. Ce rapide rebond s’appuie sur le développement continu du secteur agricole, la reprise soutenue des secteurs de
l’industrie et de la construction, l’expansion des activités de services, notamment dans la finance et les télécommunications, ainsi que sur l’accroissement des exportations. SERVICES EN TÊTE. Banque et assurances, nouvelles technologies, commerce… Ce sont désormais les services qui contribuent le plus fortement au PIB du pays (47 %). Ils ont enregistré une croissance de 10 % en 2010, notamment grâce à la relance du secteur de la finance et des assurances (dont les activités affichent une hausse de 24 %, après un recul de 4 % en 2009), du transport et de la logistique (en hausse de 9 %), du commerce de gros et de détail (8 %). La part de l’agriculture dans le PIB du pays reste centrale (32 %). Elle a enregistré un taux de croissance de 5 % en 2010 (5 % dans la production vivrière et 14 % dans les cultures d’exportation, qui avaient accusé un déclin de 15 % en 2009). Toutefois, le secteur peine encore à trouver les capitaux d’investissement et manque de produits diversifiés pour l’exportation.
INDICATEURS
8
MONNAIE Franc rwandais (FRW) Parité au 31.8.2011 : 1 euro = 853,311 FRW 1 dollar = 589,804 FRW
INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS 118,7 millions de dollars
PIB PAR HABITANT 540 dollars
EXPORTATIONS 193 millions de dollars
PIB 5,7 milliards de dollars dont primaire 32 %, secondaire 15 %, tertiaire 47 %, ajustements (services bancaires et taxes) 6% TAUX D’INFLATION 2,3 % N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
Enfin, les activités industrielles ont augmenté de 8 % en 2010, portées surtout par la hausse des activités dans le secteur de l’électricité et de l’eau (15 %, contre 14 % en 2009), de l’industrie agroalimentaire (9 %) et de la construction (9 %, contre 1 % en 2009). En revanche, les exportations minières continuent de chuter (– 11 % en 2010 et – 18 % en 2009). Dans le même temps, l’inflation a poursuivi sa chute, avec une moyenne annuelle établie à 2,3 % en 2010, contre 10,3 % en 2009, quand les prix alimentaires avaient augmenté de plus de 20 % dans le sillage de la crise alimentaire mondiale. Elle devrait légèrement repartir à la hausse en 2011 (aux alentours de 3 % selon les estimations), compte tenu de l’augmentation des cours mondiaux du pétrole.
6 4
INITIATIVE PRIVÉE. Lancée en 2001, la
stratégie du Rwanda a connu un coup d’accélérateur en 2007 grâce à l’aboutissement de ses réformes structurelles. Le pays se place en 58e position sur 183 pays classés (il occupait le 70e rang en 2010) dans le classement « Doing Business » 2011 de la Banque mondiale. Premier
ÉVOLUTION DU PIB (en milliards de dollars, en prix courants)
3,1
3,8
4,7
5,2
5,7
6,1
2 0
2006
12
IMPORTATIONS 1,2 milliard de dollars
2007 200
2008 200
11,2
2009 200
2010* 201
2011* 201
CROISSANCE
10
(en %, en prix constants)
8 6
CLIMAT DES AFFAIRES 58e rang sur 183 pays classés dans le rapport « Doing Business » 2011
4
4,1
2 0
2006
2007
2008
2009
2010* 2011* * Estimations JEUNE AFRIQUE
SOURCES : PNUD, BAD, OCDE, MINECOFIN, NISR, MARS 2011
70
Il a tout d’un grand
FRAGILITÉS. En pleine croissance, l’éco-
nomie rwandaise est cependant fragile, en raisondesafortedépendanceàl’extérieur: la majorité des investisseurs est d’origine étrangère et l’aide internationale représente encore un cinquième des revenus du pays. Pour 2011-2012, cette dernière devrait s’élever à 455,5 milliards de francs rwandais (plus de 517 millions d’euros, en hausse de 22,3 % par rapport à l’exercice
Kigali peut s’enorgueillir de sa faible dette extérieure : moins de 5 % du PIB en 2010. précédent). Et, tant qu’il n’est pas parvenu à diversifier son offre à l’exportation, le Rwanda reste dépendant de la demande mondiale : le thé et le café assurent la moitié de ses recettes à l’export. Le pays peut cependant s’enorgueillir d’avoir l’un des plus faibles niveaux d’endettement en Afrique subsaharienne, notamment grâce à l’allègement d’une grande partie de sa dette en 2005 (de près de 1,5 milliard de dollars), suivi d’une gestion rigoureuse. Selon le rapport « Perspectives économiques en Afrique », publié par la Banque africaine de développement (BAD) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la dette extérieure du pays représentait moins de 5 % du PIB en 2010, contre une moyenne de 23 % en Afrique subsaharienne et de 26 % dans les pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est. ● CÉCILE MANCIAUX JEUNE AFRIQUE
Mille collines à traverser Enclavé, le pays pâtit de son relief accidenté. De nouveaux projets d’infrastructures routières, ferroviaires et aéroportuaires sont en cours de développement.
ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
pays réformateur en matière de climat des affaires en 2010, il prend cette année la deuxième place dans ce domaine. Parmi les principales réformes touchant les entreprises : la réduction du délai requis pour créer une société à vingt-quatre heures (c’est le plus court au monde), pour un coût équivalent à 8,9 % du revenu par habitant (contre 223 % en 2005), et celle du délai pour obtenir un permis de construire à trente jours (contre deux cent trente en 2005). Résultats : dans les différentes filières, de nombreuses entreprises privées se sont développées et ont été créées. Quant aux flux d’investissements directs étrangers (IDE), ils ont été plus que décuplés entre 2004 et 2009, passant de 10,9 millions à 118,7 millions de dollars (de 8 à 83 millions d’euros d’alors).
71
Ð LES TRAJETS ENTRE seront de plus en plus faciles. PROVINCES
Q
uarante pour cent… Au Rwanda, devrait s’étoffer de nouvelles liaisons qui c’est la proportion exorbitante favoriserontlestrajetsprovince-province et les flux internationaux. Une route est que peut atteindre le coût du déjà en construction le long du lac Kivu transport dans le prix des produits entre Gisenyi (ville frontalière de Goma importés. Conséquence de l’enclavement du pays et de son relief accidenté en RD Congo) et Ruzizi, carrefour sur (il faut tout faire venir du Kenya ou de le chemin de Bukavu (RD Congo) et la Tanzanie par des routes pas toujours Bujumbura (Burundi). directes), ce surcoût pèse lourdement sur son économie. HUB RÉGIONAL. Le Rwanda prévoit L’amélioration des infrastructures est enfin de construire un nouvel aéroport donc une priorité. Au cours de la prointernational à Bugesera (à une quaranchaine décennie, le pays devrait ainsi se taine de kilomètres au sud de la capitale) doter de sa première ligne de chemin de pour pallier l’engorgement de celui de Kigali. C’est un projet stratégique : son fer,quirelieraKigali,ainsiqueMusongati, au Burundi, au réseau ferroviaire tanzaambition de devenir un hub régional des nien et donc au port de Dar es-Salaam. services et une destination touristique Le coût de l’ouvrage est estimé à près s’appuie essentiellement sur le transport de 4 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros), Le coût du transport peut plus 1 milliard pour représenter jusqu’à 40 % du prix réhabiliter les lignes en Tanzanie. « Nous recherdes produits importés. chons un partenariat public-privé pour le financer, indique aérien. L’aéroport de Bugesera devrait Alexis Nzahabwanimana, secrétaire comporter à terme deux pistes dotées d’État chargé des Transports. Si on ne de voies de circulation, mais il pourrait le trouve pas, les États s’en chargeront voir le jour en deux temps pour alléger seuls : c’est indispensable. » Les études la facture (estimée à 635 millions de détaillées ont commencé et les travaux, dollars). RwandAir, la compagnie publiqui pourraient durer cinq ans, doivent que, accompagne déjà le mouvement : elle s’est fait livrer, le 26 août, le premier débuter en 2013. Entre-temps,leréseauroutierasphalté, appareil neuf de son histoire, un Boeing qui pour l’heure relie essentiellement 737-800, et en attend un second avant Kigali aux principales villes du pays, la fin de l’année. ● PIERRE BOISSELET N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
72
La ville est calme mais LES CHANTIERS SONT PARTOUT.
URBANISME
Big bang à Kigali Afin de faire face au doublement de la population de la capitale d’ici à 2020 et de la rendre plus attractive pour les investisseurs, l’État et la municipalité ont adopté un plan directeur ambitieux. Et ne reculent devant rien pour le mettre en œuvre.
A
u premier abord, Kigali ressemble à une belle endormie. Une jolie ville posée sur les collines, sage et modeste, avec ses boulevards plantés de palmiers et ses pelouses tondues de frais. Mais les apparences sont trompeuses. La capitale rwandaise se prépare en réalité à un bouleversement. Sous l’effet de sa croissance économique, de l’exode rural et d’une démographie vigoureuse, elle devrait atteindre les 2 millions d’habitants avant la fin de la décennie, soit deux fois plus qu’aujourd’hui. Çà et là, de grands chantiers rendent déjà ce changement visible. Comme celui du Kigali Convention Center, un complexe d’un coût de 200 millions d’euros qui devrait regrouper dès 2012 une salle de conférences de 2 600 places, un centre commercial,unhôteldeprèsde300chambres (opéré par The Rezidor Hotel Group, baséàBruxelles),unmuséeetdesbureaux. Dans le quartier des affaires, la Kigali City Tower, en construction, semble encore bien isolée. Plus pour longtemps. « D’ici à quatre ans, une vingtaine d’immeubles N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
de 15 à 30 étages seront construits dans le central business district », explique le maire, Fidèle Ndayisaba, qui a pris ses fonctions en mars. « Et je ne parle que des projets déjà approuvés… » « RATIONALISER L’ESPACE ». S’il peut être aussi sûr de la hauteur des futurs bâtiments, c’est que les promoteurs n’ont pas le choix : la ville a adopté en 2008 un plan directeur qui doit organiser s o n d é ve l o p p e ment jusqu’à l’horizon 2050. Celui-ci découpe Kigali en zones, au sein desquelles l’ensemble desimmeublesdevra répondre à certains critères. Dans le futur quartier hôtelier, tout proche du centre d’affaires, la hauteur minimale a ainsi été fixée à 8 étages. Le
but ? « Rationaliser l’espace en densifiant la ville », répond le maire. Du coup, la modélisation 3D du futur visage de Kigali donne le tournis : immeubles élancés, espaces verts bordés par des cours d’eau, quartiers commerçants survolés par des passerelles piétonnes… Les petites échoppes qui prospèrent autour du rond-point du centre-ville devront donc laisser place à des constructions plus ambitieuses. Leurs propriétaires actuels, s’ils ne veulent pas s’impliquer dans un nouveau projet, seront expropriés moyennant dédommagement. « La plupart des commerçants sont enthousiastes,affirme Fidèle Ndayisaba. Ils Toujours se mettent en complus haut mun pour atteindre Nombre d’étages la surface minimum minimal des requise, et nous les nouveaux immeubles accompagnons. » Mais il arrive que cela se passe moins bien, comme dans certains quartiers résidentiels. Invités à s’exprimer sur ce thème lors d’un forum de l’Institut de recherche et de dialogue pour la paix, en mars,deshabitantsde
15 8
Quartier des affaires
Quartier hôtelier
JEUNE AFRIQUE
Il a tout d’un grand
LAC ARTIFICIEL. C’est aussi pour favoriser la croissance que la municipalité, qui prévoit de recevoir de plus en plus d’étrangers, veut créer un quartier des loisirs sur le mont Rebero, qui surplombe la ville. Le 12 août, elle a conclu un accord avec des investisseurs pour la cession de trois parcelles. Celles-ci accueilleront la Kigali Tower (un projet de 8,7 millions d’euros mené par Kigali Real Estate), l’Appartement Hôtel (10,3 millions d’euros, Génimmo) et le Chic Shopping Complex (28,4 millions d’euros, Chic Champion Investment Corporation).
« Je n’hésiterai pas à aller sous une tente pour permettre de lancer les travaux au plus vite ! » FIDÈLE NDAYISABA, maire de Kigali
Plus ambitieux encore: la création d’un lac artificiel est à l’étude pour accueillir des activités nautiques. Mais l’Office rwandais de gestion de l’environnement est déjà vent debout contre le projet. « Ce serait de l’eau stagnante, s’inquiète sa directrice, Rose Mukankomeje. Or les déchets sortent de partout et cette ville n’a pas de système de traitement des eaux usées ! Les concepteurs ont voulu nous mettre devant le fait accompli sans faire les études d’impact obligatoires. Nous nous y sommes donc opposés. » Pas de quoi entamer la détermination de la mairie. Pour montrer l’exemple, elle a fait raser son ancien hôtel de ville pour construire un nouveau city hall. Réfugié au dernier étage d’un vieux bâtiment administratif adjacent, Fidèle Ndayisaba prévient : « Si le terrain sur lequel nous sommes installés intéresse quelqu’un, je n’hésiterai pas à aller sous une tente pour permettre de lancer les travaux au plus vite. » ●
Des mètres carrés très prisés Le marché de l’immobilier – résidentiel et commercial – a le vent en poupe. Et les prix montent.
L
et incite à construire en hauteur dans e nouveau maire de Kigali n’a qu’une obsession : construire certains quartiers. La Générale de l’impour faire face à une demande qui mobilier (Génimmo) vient ainsi d’acparaît insatiable. « En ce qui concerne quérir une parcelle auprès de la ville de les bureaux, les immeubles construits Kigali pour construire l’Appartement dans le centre-ville sont occupés à 100 %, Hôtel, d’un coût estimé à 10,3 millions indique Fidèle Ndayisaba. Et ceux qui d’euros. Mais ce n’est pas le créneau que la sont en cours de construction sont déjà entièrement vendus. » À tel point que, société souhaite privilégier. « La pluselon les professionnels du secteur, les part des Rwandais préfèrent les petites surfaces commerciales les mieux plamaisons individuelles, confie un de ses responsables. En appartement, on cées peuvent se louer jusqu’à 25 dollars (17,30 euros) par mois le mètre carré. Avec le retour de la diaspora et « Les prix restent l’apparition d’une classe aisée, la globalement raisonnademande en logements augmente. bles, estime toutefois le maire. L’inflation n’est est obligé de cuire à l’électrique : les pas beaucoup plus forte dans l’immogens n’en ont pas l’habitude et c’est bilier qu’ailleurs. » Elle est en tout cas extrêmement coûteux. » Du coup, la suffisante pour attirer les investissesociété prévoit de se lancer dans la ments dans le secteur: selon le Rwanda construction de lotissements de 100 Development Board, ceux-ci sont passés à 200 maisons individuelles, ce qui de 80 millions à 335 millions d’euros entre 2003 et 2009. devrait lui permettre de les vendre à des prix très compétitifs. « Nos études de DES MAISONS PAR CENTAINES. Avec marché nous montrent que la demande le retour de la diaspora et l’apparition est là pour ce genre de biens », poursuit d’une classe aisée (lire pp. 66-67), la le promoteur. Sa seule crainte n’est pas demande en logements augmente aussi. que les maisons ne se vendent pas, mais Le plan directeur de Kigali prévoit la que ses concurrents commencent à construction prochaine d’appartements profiter du boom avant lui. ● de grand standing dans la zone hôtelière P.B. Æ Les Rwandais préfèrent LES PAVILLONS INDIVIDUELS (ici sur la colline de Gacuriro).
ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
Kigali ont ainsi estimé que « les intérêts des expropriés ne sont pas pris en compte, surtout en ce qui concerne leur relogement » – les locataires ne se voient pas proposer de solution –, ou encore que la valeur donnée aux terrains ne correspond pas au prix du marché. « Ce n’est pas toujours facile, concède Fidèle Ndayisaba. Il faut les préparer psychologiquement, les convaincre. Mais c’est pour le bien commun : cela crée une activité économique dont ils sont aussi bénéficiaires. »
PIERRE BOISSELET JEUNE AFRIQUE
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N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
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Il a tout d’un grand HYDROCARBURES
Kibuye Power joue avec le feu
Le lac Kivu regorge de méthane, dont l’extraction pourrait combler les besoins en électricité de la région. Un seul projet est entré en production, mais d’autres acteurs sont sur les rangs.
L’exploitation du méthane est aussi une question de sécurité. Le Kivu est, avec les lacs camerounais Monoun et Nyos, l’un des trois « lacs explosifs » de la planète, les seuls à contenir une telle proportion de gaz… Et donc à présenter un risque d’éruption, comme celle qui, en 1986, avait causé la mort de plus de 1 700 habitants des berges du Nyos. Plus de 2 millions de personnes vivent au bord du Kivu : de quoi frémir.
ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
MOINS DE RISQUES. « Exploité, ce gaz
D
epuis les collines du Rwanda, le bleu du lac Kivu s’étend à perte de vue. Difficile d’imaginer qu’une énergie à la fois fabuleuse et monstrueuse sommeille dans les profondeurs de cette immensité paisible. Sauf peut-être à Gisenyi, près de la frontière avec la RD Congo. Depuis la rive, on s’interroge sur cette forme bleue et jaune qui émerge des flots. À mesure que le Zodiac s’en approche, une véritable usine à gaz se dessine. C’est la plateforme flottante Kibuye Power 1 (KP1) : deux imposants réservoirs, reliés entre eux par des pompes et tuyaux, sont surmontés d’une torchère et reliés par un gazoduc à la rive, où trois générateurs produisent de l’électricité. Sous les pieds des techniciens, un tube s’enfonce pour pomper l’eau 300 m plus bas. Dioxyde de carbone (CO2), diazote, hydrogène sulfuré et, surtout, méthane : à cette profondeur, les eaux du lac sont chargées d’un cocktail de gaz piégé par les fortes pressions qui s’exercent. On y trouve aussi les bactéries, uniques au monde, à l’origine de ce trésor. Elles s’attaquent aux sédiments reposant au fond et accélèrent une réaction chimique qui produit du JEUNE AFRIQUE
méthane à partir du CO2 issu de l’activité volcanique de la région. On estime que 300 milliards de m3 de CO2 et 60 milliards de m3 de méthane, remontés dans le lac Kivu par des cheminées volcaniques, s’y sont accumulés au fil des siècles. MANNE ÉNERGÉTIQUE. Une manne pour
est une richesse. Sinon, il devient une menace », résume Majuné Laurent, ingénieur électronicien sur KP1. La dangerosité du méthane pourrait donc accélérer les projets rwandais. Plusieurs investisseurs privés s’intéressent en effet au potentiel du Kivu. L’américain ContourGlobal a ainsi décroché une concession à Kibuye. Son projet Kivuwatt, d’un montant de 140 millions de dollars (96,5 millions d’euros), a été lancé le 25 août. À l’issue de la première phase, Ý LA PLATEFORME qui devrait être PILOTE KP1 opérationnelle en pompe l’eau 2012, l’entreprise à plus de 300 m prévoit de produire de profondeur. 25 MW. Le français Data Environnement, qui dégaze déjà le Nyos et le Monoun dans un but sécuritaire, a conçu une seconde plateforme expérimentale à Gisenyi pour la société privée Rwanda Electricity Company (REC). L’usine se trouve sous l’eau et utilise la pression ambiante pour économiser sur le pompage. Mais la production est à l’arrêt du fait d’un défaut de conception ; l’ossature, incapable de résister aux vagues du lac
le Rwanda, qui pourrait ainsi remédier à son déficit énergétique : seuls 8 % des Rwandais ont accès à l’électricité et le pays a aujourd’hui une capacité de 85 MW (un peu plus de « Exploité, ce gaz est une la moitié de sa consommarichesse. Sinon, il devient tion). Il s’est donné jusqu’à une menace. » 2017 pour porter ce chiffre MAJUNÉ LAURENT, ingénieur pour Kibuye Power Ltd à 1 000 MW. Avec son projet pilote, dans lequel ont d’ores et déjà été investis Kivu, doit être changée. Malgré ce contreplus de 15 millions d’euros, la compagnie temps, REC affirme que le procédé est nationaleKibuyePowerLtdproduitactuelau point. « La phase de recherche et développement est presque terminée lement 3,6 MWh. « Mais en exploitant les réserves, nous pourrions générer 700 MW et nous n’attendons plus que les invespendant cinquante ans », calcule Alexis tisseurs », indique Ivan Twagirishema, Kabuto,directeurgénéraldelasociété.Àce le directeur général de l’entreprise, qui rythme, le pays devrait parvenir à combler cherche donc quelque 136 millions de dollars pour atteindre une capacité de les besoins croissants de sa population et de son économie, et même exporter le 50 MW. ● surplus dans la sous-région. PIERRE BOISSELET N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
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Le Plus de J.A. Rwanda
ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
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LES PLANTATIONS DE THÉ ne cessent de s’étendre.
AGRICULTURE
Vivrier ou export, faut-il choisir?
Le pays parvient à nourrir sa population tout en augmentant sa production pour l’étranger. Reste à savoir si ce miracle peut durer.
L
les filières agricoles sont en hausse. La production vivrière a augmenté de 5 % en 2010, année où le pays est parvenu à l’autosuffisance alimentaire pour la première fois, tandis que les productions à l’exportation croissaient de 14 %, après une chute de 15 % en 2009 liée à la crise internationale. Depuis 2007, Kigali a mis AN T en place un programme d’intensification des cultures. Des ingénieurs agronomes sont envoyés aux quatre coins du pays, à commencer par les zones céréalières (riz, maïs, blé…). « Le but est N
BO
RGE
A U D P O U R J. A .
N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
INTENSIFICATION. Pourtant, toutes
NI
32 %assuré du PIB national est par l’agriculture
ajouter que le Rwanda n’a pas de terres en réserve pour accroître la surface agricole exploitée.
O
e défi semble proche de la recherche de la quadrature du cercle. Pays le plus densément peuplé du continent (407 habitants/ km 2), le Rwanda garde en outre une croissance démographique de 2,8 %, plus vigoureuse que la moyenne subsaharienne. Il se prépare donc à nourrir 3 millions de bouches supplémentaires d’ici à 2020 (il compte 10,7 millions d’habitants en 2011). Parallèlement, Kigali doit compenser le déficit de sa balance commerciale (lire pp. 70-71) en augmentant le volume et la valeur de ses exportations. Or ses meilleures ventes à l’étranger ne sont autres que des produits agricoles : le thé et le café. Pour compléter cette délicate équation, il faut
de former nos paysans à bien préparer leurs terres, à utiliser les semences qu’on leur fournit et les engrais qu’on subventionne », détaille Raphaël Rurangwa, directeur de la planification au ministère de l’Agriculture. Dès 2008, l’effet est visible : les rendements à l’hectare, déjà traditionnellement forts, ont presque doublé par rapport à 2004. Et l’effort se poursuit. « La première année, le programme concernait 27 000 ha. Aujourd’hui, nous en sommes à 500 000 ha, sur un total d’environ 1,3 million, poursuit Raphaël Rurangwa. Et nous sommes en train de l’étendre à d’autres cultures: patates douces, haricots, bananes, manioc, etc. » L’intensification a un autre avantage, celui d’amortir les effets du fractionnement des parcelles, un des problèmes structurels de l’agriculture rwandaise qui empire de génération en génération : leur taille moyenne est passée sous la barre de 1 ha par foyer. Pour bénéficier de l’accompagnement des agronomes, les agriculteurs doivent s’unir et former des exploitations de 50 à 100 ha. Ils réalisent ainsi des économies d’échelle. En outre, pour les familles les plus démunies, le gouvernement a lancé le programme Girinka : « une vache par famille ». En plus de sa forte valeur symbolique dans JEUNE AFRIQUE
Il a tout d’un grand les campagnes, ce bétail fournit du lait, une force de traction précieuse et des engrais naturels. ÉROSION. Tout n’est pas gagné pour
autant. Le Rwanda est condamné à perpétuellement augmenter ses rendements: les plantations de thé et de café s’étendent, tandis que l’érosion fait perdre des centaines de milliers d’hectares de terre chaque année. Par ailleurs, la préservation de l’environnement est devenue
Kigali veut encourager la culture en terrasses et accroître les surfaces irriguées jusque sur les collines. un objectif prioritaire pour le pays, qui mise sur le tourisme écologique : pour respecter les Objectifs du millénaire pour le développement, il devrait rendre plus de 10 % de son territoire à la forêt d’ici à 2015… Il n’y parviendra vraisemblablement pas. Mais les pistes d’intensification ne manquent pas. Le gouvernement se lance dans la mécanisation, veut encourager l’agriculture en terrasses et augmenter les surfaces irriguées jusque sur les collines. « Cela peut être fait grâce à des réservoirs pour les eaux de pluie ou grâce à l’utilisation de l’eau retenue par les barrages », indique Raphaël Rurangwa. La révolution verte n’est pas terminée. ● PIERRE BOISSELET
Une croissance soutenue dans toutes les filières
(PIB agricole en milliards de francs rwandais, en prix courants) 1 100
880
Cultures vivrières Cultures d’exportation Élevage Sylviculture Pêche 000 Total agriculture
1 012
1 057
834
729
660
660 553
SOURCES : NISR, MARS 2011
440
220
0
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JEUNE AFRIQUE
2006
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N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
RÉPUBLIQUE DU RWANDA
MINISTÈRE DES RESSOURCES NATURELLES
MINES : TROIS RAISONS D’INVESTIR AU RWANDA Au cœur de l’Afrique, le Rwanda, politiquement stable et sûr, possède un potentiel géologique qui présente de grandes opportunités pour les groupes internationaux dans l’exploration et l’exploitation minières. Son fort développement économique offre de nombreux débouchés dans les activités à valeur ajoutée comme la construction et la transformation de produits miniers. Le Rwanda dispose en outre des ressources hydrauliques et géothermiques permettant de produire l’électricité qui sera nécessaire à ces nouvelles industries.
D.R.
D.R.
Les autorités rwandaises ont résolument entrepris les réformes indispensables pour garantir aux investisseurs un environnement juridique et financier efficace et transparent, en mesure de garantir la sécurité de leurs engagements.
C DES MINEURS LAVANT DU WOLFRAM DANS LA MINE DE NYAKABINGO SITUÉE À 18 KM DE LA VILLE DE KIGALI, CAPITALE DU RWANDA.
MESSAGE
C CRIBLAGE INDUSTRIEL À LA MINE COLTANIFÈRE DE CYUBI, DANS LE CENTRE DU RWANDA.
D.R.
FORT POTENTIEL GÉOLOGIQUE
TRANSPARENCE ET MODERNITÉ
Le Rwanda repose largement sur les roches de l’orogenèse kibarienne. Celle-ci consiste principalement en socle et en roches mésoprotérozoïques qui ont été intrudées par plusieurs générations de roches granitiques et mafiques. Elle forme une large province métallogénique qui contient de nombreux granites en relation avec les minéralisations, qui sont riches en minerais tel que la cassitérite (SnO2), la wolframite (Fe, Mn, Mg)WO4, le colombo-tantalite/coltan (Fe, Mn) (Nb, Ta)2O6 et l’or (Au). Ces quatre minerais sont d’ores et déjà extraits sur plusieurs sites dans le pays, lesquels contiennent également des réserves importantes d’autres minéraux parmi lesquels : lithium, thorium, phosphore, plomb et nickel. Ces minerais se rencontrent sous plusieurs types de minéralisation, ils apparaissent comme des dépôts primaires et/ou des dépôts alluviaux ou éluviaux.
Le Rwanda est l’un des rares pays à avoir mis en place une autorité de régulation du secteur des mines et des ressources naturelles, la Rwanda Natural Resources Authority. En toute indépendance, elle exerce des missions d’arbitrage et de suivi. Pour renforcer la transparence du secteur minier, les autorités rwandaises favorisent le regroupement des exploitations artisanales en coopératives. À ce jour, une quarantaine de coopératives ont été créées. Trente d’entre elles forment la Fédération nationale des mines (National Mining Federation), créée en 2009.
Pour rendre le secteur minier plus attractif aux yeux des investisseurs internationaux, le gouvernement rwandais a adopté une politique minière suivie par la révision du code minier qui a été promulgué en avril 2009 et par la mise en place des décrets ministériels d’application en septembre 2010 ; un régime fiscal approprié sera bientôt publié. Depuis sa privatisation, il y a cinq ans, le secteur minier du Rwanda a attiré de nombreux investissements étrangers, tant dans l’exploration que dans l’exploitation de divers minerais. Parmi les nouveaux partenaires figurent des entreprises d’Afrique du Sud, d’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de Chine et d’Inde, sans compter les investisseurs nationaux. Le secteur minier est ainsi devenu le premier exportateur du pays, représentant près d’un tiers des recettes d’exportation.
C LA MINE DE WOLFRAMITE DE GIFURWE DANS LE NORD DU RWANDA. LES FILONS MINÉRALISÉS SONT CLAIREMENT VISIBLES SUR LA PHOTO.
Enfin, le Rwanda est très attaché à la mise en œuvre des normes modernes de production minière, des bonnes pratiques et de la traçabilité. Le pays a notamment mis en place, en coopération avec l’Institut international de recherche sur l’étain (Itri), un processus d’étiquetage systématique de la production. Les minerais extraits au Rwanda sont par conséquent conformes à la loi américaine « Conflict Minerals Trade Act » (loi sur le commerce des minerais liés aux conflits). Ce qui garantit à tout exploitant de minerais au Rwanda que sa production peut être vendue dans le monde entier.
MINISTÈRE DES RESSOURCES NATURELLES BP 3502 - Kigali - Rwanda Tél. : (+250) 252 582 628 www.minirena.gov.rw
AUTORITÉ DES RESSOURCES NATURELLES Département de géologie et des mines www.ogmr.minirena.gov.rw E-mail : ogmrmin@ogmr.minirena.gov.rw
DIFCOM / www.justinecreation.fr
ENVIRONNEMENT FAVORABLE POUR LES AFFAIRES
D.R.
En 2008, une exploration géophysique aéroportée (gravité et magnétisme) fut réalisée pour identifier de nouvelles cibles potentielles de recherche. La compilation des données existantes et des nouvelles données a permis d’identifier 21 nouvelles zones à fort potentiel minier, les « Prospective Target Areas (PTA) ».
Le Plus de J.A. Rwanda
PRAKASH SINGH/AFP PHOTO
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INTERNATIONAL
Partenariats à géographie variable
Pour devenir la première plateforme régionale de services, Kigali multiplie ses échanges et diversifie ses relations. Avec ses voisins, vers l’est et le sud du continent. Et bien au-delà.
M
arché commun de l’Afrique orientale et l’Afrique australe (Comesa, le plus grand bloc économique régional du continent) en 2004, relance de laCommunautééconomiquedespaysdes Grands Lacs (CEPGL) et, surtout, entrée dans la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) en 2007… À défaut de pouvoir faire venir l’océan Indien aux pieds de ses collines, le Rwanda s’ouvre au monde par un impressionnant activisme en matière d’intégration sous-régionale. De petite taille, enclavé, pourvu d’un relief accidenté, il a longtemps été handicapé par sa géographie, qu’il s’évertue désormais à transformer en avantage. Si ses frontières n’ont pas bougé, le pays, de plus en plus anglophone (lire p. 81), les regarde différemment. Il a quasi oublié celles qui le séparent de l’Ouganda, de la Tanzanie, du Burundi et, au-delà, du Kenya, membres comme lui de l’EAC, un marché commun avec libre circulation des biens et services, des personnes et des capitaux, qui prévoit N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
de mettre en place une monnaie unique prochainement. FRONTALIERS. Pour autant, le Rwanda
PAUL KAGAMÉ ET PRANAB MUKHERJEE (À G.), FINANCES (alors aux Affaires étrangères), lors d’un sommet économique à New Delhi en 2009. LE MINISTRE INDIEN DES
vers Libreville a enregistré des réservations plus importantes que toutes les autres destinations lancées dans un passé récent », indiquait Rwandair peu après l’ouverture de la liaison. Brazzaville a quant à elle accueilli une délégation d’hommes d’affaires rwandais au mois de juin. « Le ministre s’est déplacé, et nous avons constaté que le pays importait de France de nombreux produits sur lesquels nous voulons nous positionner », indique Jean-Louis Uwitonze, directeur de la planification du ministère rwandais du Commerce et de l’Industrie. Lestatutdelanguesofficiellesdufrançais et de l’anglais, en plus du kinyarwanda, se révèle donc un atout pour le Rwanda dans
n’oublie pas qu’il conserve une frontière avec la RD Congo, les nombreux rwandophones qui y vivent et ses immenses ressources. Entre Gisenyi (au Rwanda) et Goma (en RD Congo), nombreux sont les frontaliers à faire le trajet quotidiennement pour travailler. Et les échanges de marchandises se portent encore mieux: produits Les échanges avec la Chine pétroliers en provenance explosent. Ils ont augmenté des ports de l’océan Indien, de 89 % entre 2008 et 2010. ou minerais congolais à destination du reste du monde, même si les nouvelles exigences son ambition de devenir le Singapour de en matière de traçabilité ont beaucoup l’Afrique.Kigaliveuts’imposercommeune ralenti ce dernier commerce. plaque tournante des services (finance, Mais le Rwanda veut aussi survoler commerce, technologies de l’informala RD Congo – littéralement – pour se tion et de la communication, transport rapprocher d’autres pays francophones. aérien, tourisme…) entre l’Atlantique et Depuis mars, la compagnie nationale l’océan Indien. Rwandair a ouvert des liaisons vers le Mais il lorgne aussi du côté des pays Congo-Brazzaville et le Gabon. « Le vol émergents, comme l’Inde, la Thaïlande JEUNE AFRIQUE
Il a tout d’un grand et, en particulier, la Chine. Les échanges avec cette dernière explosent (+ 89 % entre 2008 et 2010), et elle est devenue un partenaire indispensable pour construire ses infrastructures. Pour la seule année 2009, les entreprises chinoises ont réalisé des projets pour près de 500 millions de dollars (345 millions d’euros). Avec l’Inde, les échanges sont davantage tournés vers la formation, le Rwanda espérant bénéficier de son expertise dans les nouvelles technologies : elle y envoie des étudiants et y recrute des professeurs. DÉSÉQUILIBRES. Cette ouverture n’est pas
sans conséquences. Depuis son adhésion à l’EAC, en 2007, les exportations rwandaises ont sensiblement augmenté, mais les importations ont littéralement explosé. Du coup, le déficit de la balance commerciale a dépassé le milliard de dollars en 2010 (contre moins de 500 millions en 2005). « Les autres pays membres de l’EAC sont plus avancés que nous, donc nous savions qu’il y aurait des pertes au début, assure Jean-Louis Uwitonze. C’est une stratégie de long terme: nous espérons qu’il y aura convergence des technologies et de la connaissance. » Un déséquilibre que l’on retrouve dans ses relations avec les États-Unis. Éligible dès octobre 2000 à l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), qui exonère de droits de douane des produits venant d’unequarantainedepayssubsahariens,le Rwandaaexporté7,4millionsdedollarsde marchandisesverslesÉtats-Unisen2010… pour des importations de 42,9 millions de dollars. Quant au Canada, s’il ne figure pas parmi les vingt premiers partenaires commerciaux du Rwanda, il a noué avec lui de solides relations, notamment en matière universitaire. ● PIERRE BOISSELET
Double culture
Le pays se tourne de plus en plus vers le monde anglophone. Un choix qui n’est pas sans conséquences sur la vie quotidienne.
«
H
ello, I would like a coffee, please. – Sorry? – Vous préférez parler français? – Je le comprends mieux. – Alors, un café s’il vous plaît. – Okay. Do you need anything else? » La scène peut paraître incongrue, mais, à Kigali, rien de plus banal. Alors que le français reste très parlé au Rwanda, dans la capitale, presque tout le monde s’évertue à s’exprimer dans la langue de Shakespeare. Y compris face à des francophones. Dans l’administration, c’est encore plusfrappant.Dumanagementintermédiaire au sommet, il n’y a quasiment que des anglophones, souvent trentenaires, qui ont grandi et étudié à l’étranger. Le constat se vérifie particulièrement au Rwanda Development Board – comme son nom l’indique –, où sont centralisés tous les guichets nécessaires pour créer une entreprise. Dans ce temple du capitalisme à la rwandaise, il n’y en a que pour l’anglais. « Bien sûr, c’est la langue du business! » lance Dianne, une jeune employée, formée au Canada. LE FRANÇAIS SUPPLANTÉ. Autrefois bastion de la francophonie, et longtemps soutenu comme tel par Paris, le Rwanda aamorcésonvirageverslemondeanglophone au lendemain du génocide. De nombreuses familles réfugiées dans les pays anglophones voisins (Ouganda, Tanzanie…), parfois depuis les premiers pogroms anti-Tutsis des années 1960, sont revenues. Les liens tissés avec ces pays ont évidemment subsisté.
La rupture diplomatique avec la France, entre 2006 et 2009, n’a fait qu’accélérer le processus. Kigali a successivement adhéré à la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), majoritairement anglophone, en 2007, décidé que l’anglais remplacerait le français dans ses écoles publiques et intégré le Commonwealth en novembre 2009 (tout en restant, à l’instar du Cameroun, membredel’Organisationinternationale de la Francophonie). Pas étonnant, dès lors, que l’on retrouve les traits du monde anglosaxon dans la gestion du pays. Ainsi, de l’énergie aux transports, en passant par le logement et les télécoms, le gouvernement fait systématiquement appel aux investisseurs privés pour développer les infrastructures et les services. L’organisation et le fonctionnement mêmes de l’État ne sont d’ailleurs pas sans rappeler ceux d’une entreprise, avec pour principal souci celui d’être performant et d’évaluer ses employés. « Chaque année, tous les ministères mettent en place un plan d’action, avec des objectifs chiffrés, validé par les services du Premier ministre, explique un haut fonctionnaire rwandais. À la fin de l’exercice, nous présentons nos résultats point par point. Mais ça ne s’arrête pas là: la primature et la présidence se chargent de vérifier ce que nous déclarons. » Bref : si, de passage à Kigali, vous entendez parler du chief ou du boss, il y a de fortes chances qu’il s’agisse du président. ● P.B.
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Le Plus de J.A. Rwanda
Laurent Contini « Au Rwanda, la France peut et doit mieux faire » Après trois ans de rupture diplomatique, les deux pays ont renoué fin 2009. L’ambassadeur de France à Kigali déplore cependant le manque d’investissement humain et financier de Paris. JEUNE AFRIQUE: Comment avez-vous été accueilli à votre arrivée, début 2010 ? LAURENT CONTINI : Nous avons reçu
Le passage à l’anglais dans l’enseignement public a été décidé il y a maintenant trois ans. Où en est-on ?
un accueil comme j’en ai rarement vu. Dans la rue, comme lorsque nous sommes allés évaluer les dégâts au Centre d’échanges culturels franco-rwandais, les gens étaient manifestement très contents de nous voir. Je connais bien ce pays, et je ne m’attendais pas à une réaction aussi positive. D’autant que c’était pareil du côté des autorités. À l’époque de la visite de Nicolas Sarkozy [en février 2010, NDLR], je n’avais que deux collaborateurs pour tout organiser. Heureusement, les Rwandais m’ont aidé d’une façon remarquable : discrète et efficace. De même, les autorités ont facilité le retour de Radio France Internationale (RFI) sur les ondes. C’est une radio très écoutée : les francophones restent plus nombreux que les anglophones.
Le passage au forceps à l’anglais sacrifie une génération d’étudiants et de professeurs. Mais le bilinguisme coûte cher, et les autorités ont des priorités. Si la France proposait une aide de quelques dizaines de millions d’euros pour l’enseignement, nous sauverions le français. Aujourd’hui, il est en danger et, si on ne fait rien, il deviendra une langue étrangère dans les années à venir. À Paris, certains semblent penser que les Rwandais ne veulent plus du français. Mais c’est faux.
Dans les administrations, ce n’est pas toujours l’impression que l’on a…
La richesse linguistique est un atout pour le Rwanda dans son ambition de devenir un hub régional se concentrant sur le secteur des services. Or c’est la bonne stratégie : le pays a peu de ressources naturelles, l’agriculture est quasiment au maximum de ses capacités et l’industrie peut difficilement être
Effectivement, parce qu’il y a eu un mot d’ordre de passer à l’anglais. Les fonctionnaires sont encore inhibés sur ce sujet. Il faudrait que les autorités disent plus clairement qu’on peut aussi bien utiliser le français.
développée. Il faut donc souhaiter qu’ils réussissent. Et, pour l’instant, nous ne les y aidons pas. En avez-vous les moyens ?
Non, les moyens de l’ambassade de France au Rwanda sont loin de ceux dont elle aurait besoin. En 2006, il y avait cinquante personnes à temps plein ici.
Dans le domaine des affaires, les liens sont rompus. Pourtant, il y a des opportunités. Pourquoi est-ce important pour Kigali ?
TRÈS DÉLICAT RETOUR DE LA FRANCOPHONIE L’ORGANISATION INTERNATIONALE de la Francophonie (OIF) peine à ouvrir les six centres de lecture et d’animation culturelle (Clac) prévus. L’OIF, qui fournit le matériel, attend que les autorités locales créent un poste de gérant pour chacun d’eux. Un seul a été accordé à ce jour, à Nyamagabe, mais trois autres pourraient suivre d’ici à juin 2012. Quant au Centre d’échanges culturels franco-rwandais, il est en sursis. Dans la zone où il est situé, la mairie impose la construction d’immeubles, sous peine d’expropriation. L’ambassade de France a mis sur pied un projet avec des investisseurs privés, mais Kigali ne propose qu’une concession de trente ans sur une partie des terrains, terrains pour lesquels la propriété française n’a jamais été officialisée. « Les Français doivent construire et P.B. ensuite ils obtiendront un véritable titre », explique-t-on à la mairie. ● N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
VINCENT FOURNIER/J.A.
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Aujourd’hui, nous ne sommes qu’une quinzaine alors que nos attributions n’ont pas changé. L’aide publique au développement est de moins de 2 millions d’euros par an, dont 1,2 million qui correspond au désendettement du Rwanda vis-à-vis de la France. Nous comptons parmi les lanternes rouges des donateurs, derrière l’Italie, l’Espagne ou le Luxembourg. Et sur le plan économique, la France est-elle de retour ?
Non, c’est encore trop tôt. En France, le Rwanda garde une image déplorable héritée du génocide et de la caricature que l’on y fait du régime. Dans le domaine des affaires, les liens sont rompus : il n’y a plus que cinq entreprises françaises ici. Pourtant, il y a des opportunités. Une visite de patrons français était pourtant prévue dans la région au début de l’année…
Justement, elle a été reportée à une date inconnue faute d’entreprises JEUNE AFRIQUE
Il a tout d’un grand Ý L’EX-CONSEILLER DE BERNARD KOUCHNER à la cellule Afrique du Quai d’Orsay (2007-2008) était auparavant en poste à Harare, au Zimbabwe. La visite de Paul Kagamé à Paris pourrait-elle changer la donne ?
Il doit rencontrer le Medef [principale organisation patronale française]. C’est l’une de ses demandes : il ne veut pas seulement le rétablissement des liens diplomatiques, mais aussi le retour des investisseurs. Ces derniers ne craignent-ils pas que les relations diplomatiques soient encore trop fragiles ?
intéressées: seules quatre s’étaient manifestées, alors que le voyage devait inclure aussi le Kenya et l’Ouganda. Il y a là une véritable méconnaissance : l’Afrique de l’Est est en train de décoller. Il faudrait nous inscrire dans cette dynamique.
Bien sûr, la propagande antirwandaise est telle qu’elle a sans doute des effets. Mais la diplomatie et les affaires sont déconnectées. Et puis la rupture des relations diplomatiques était une bombe atomique. Je ne pense pas que cela puisse se reproduire, même s’il peut encore y avoir des tensions.
La nomination au ministère des Affaires étrangères d’Alain Juppé, qui était déjà à ce poste pendant le génocide de 1994, les a-t-elle ravivées ?
Du point de vue des Rwandais, ce n’était pas une bonne nouvelle. Ils ont pu penser que les lobbies antirwandais étaient encore puissants à Paris. Mais ils connaissent la politique française et savent que ce choix n’était pas dirigé contre eux.
Qu’avez-vous pensé des déclarations de Juppé, disant qu’il n’avait pas l’intention de serrer la main de Paul Kagamé ?
Il est le ministre. Il prend ses responsabilités. Je n’ai pas à commenter.
Vous donnez l’impression d’être assez indépendant de lui…
Non. La mission que le président de la République m’avait confiée à mon arrivée était la normalisation des relations avec le Rwanda. Si je reçois un contrordre, j’aviserai. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. ● Propos recueillis par PIERRE BOISSELET
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RéPUBLIQUE DU RWANDA
MINISTÈRE DES INFRASTRUCTURES
NOTRE VISION : la réalIsatIOn Des OBJeCtIFs De la FeuIlle De rOute 2020 NOTRE MISSION : releVer le CHallenge Du DéVelOppeMent éCOnOMIque dix-sept ans après le génocide qui a détruit le peu d’infrastructures existant au rwanda, notre gouvernement est en train de réussir le défi que represente la satisfaction des besoins croissants en infrastructures urbanistiques, météorologiques, en transports terrestre et aérien, en ressources énergétiques et hydrauliques. cela a requis d’importantes injections d’investissements. Le gouvernement du rwanda en appelle aujourd’hui à la participation du secteur privé aux développements de ces différentes infrastructures. en 2010, l’organisation du ministère des Infrastructures a été modifiée pour lui permettre, en collaboration avec d’autres agences gouvernementales, de gérer le développement de 5 sous-secteurs :
éNERGIE : UNE FORCE AU SERVICE DE EAU & ASSAINISSEMENT LA PRODUCTION ET DU DéVELOPPEMENT Ayant connu une situation d’urgence en 2004 avec de sévères manques en capacité de production énergétique, notre pays a fourni des efforts pour augmenter les taux d’accès et de production d’énergie, ce qui permet aujourd’hui de soutenir le développement des activités de production aussi bien rurale qu’industrielle.
D.r.
En 2017, l’objectif est d’avoir une capacité de production de 1 000 MW et de pourvoir l’accès de 50 % de la population rwandaise à l’électricité. Dans cette perspective, diverses sources d’énergie sont en train d’être développées, notamment le gaz méthane, la géothermie, le solaire, l’hydroélectrique, le biogaz et la tourbe...
message
Un programme de réalisations d’infrastructures sanitaires, telles que des latrines décentes et la distribution d’eau en eau potable, a été mis en place pour permettre d’atteindre en 2015 un taux de 100 % de couverture du service. Une approche intégrale et plus fine est en cours pour donner accès à des latrines décentes à 100 % de la population dès 2012.
TRANSPORTS : RELIER LE RWANDA AU RESTE DU MONDE EN RéDUISANT DéLAIS ET COÛTS D’ACHEMINEMENT Notre pays est enclavé au cœur de l’Afrique, le port le plus proche est à 1 400 km de Kigali. Le transport terrestre est le moyen essentiel de déplacement des personnes et marchandises entrant et sortant du Rwanda, la densité du réseau actuel se situe autour de 14 000 km. L’actuel aéroport international est en cours d’agrandissement en vue de faire face à l’explosion du nombre de voyageurs et à l’arrivée chaque année à Kigali de nouvelles compagnies
D.r.
aériennes, en attendant la livraison en 2015 du nouvel aéroport international de Bugesera et de six autres aérodromes. L’acquisition de nouveaux appareils a permis également à Rwandair d’accélérer l’ouverture de nouvelles dessertes. Le transport fluvial est limité pour le moment au lac Kivu. Afin de réduire les délais et le coût du transport des marchandises dans la région, le Rwanda et les pays voisins (la République démocratique du Congo, l’Ouganda, le Burundi et la Tanzanie) réalisent ensemble un projet de chemin de fer régional, Isaka-Kigali/Keza-Gitega-Musongati, qui devrait finir avant 2020. Kigali se situe à deux heures de vol des côtes de l’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Cette situation géographique au centre du continent permettra, grâce à la réalisation de ces projets d’infrastructures des transports, de faire du Rwanda un hub régional, plateforme de transit au cœur de l’Afrique.
et permettre ainsi à une majorité de la population d’accéder à la propriété. L’objectif du gouvernement est de tripler le taux d’accès à la propriété. Nous veillons à la gestion et à l’organisation de l’urbanisme, la réglementation de l’industrie du bâtiment et le développement de son professionnalisme. Plus de 300 000 logements ont été construits entre 1995 et 2010 dans le cadre des programmes de lutte contre l’habitat précaire et non réglementé. D’ici à 2020, plus de 70 % des populations rurales seront relogées dans des villages groupés, les 30 % restants vivront dans les villes.
D.r.
C Maquette De l’aérOpOrt InternatIOnal De Bugesera.
MéTéOROLOGIE : AU-DELà DES INFORMATIONS CLIMATIQUES, DES SERVICES DE POINTE AUX ENTREPRISES
D.r.
Des investissements substantiels en capital technique et humain ont été réalisés et nos efforts se poursuivront pour garantir à nos prestations météorologiques le label qualité le plus élevé. La situation géographique centrale du Rwanda, combinée à notre savoir-faire et à nos moyens, nous permet de nous positionner comme une plateforme régionale de service météorologique et aérien en Afrique de l’Est, à destination des opérateurs privés et publics. C Vue nOCturne De la VIlle De KIgalI.
Face au développement de l’urbanisation du pays, le ministère des Infrastructures a formulé les politiques et mis en place les instruments nécessaires à la promotion et à l’encadrement de l’industrie du bâtiment. Une politique est aussi en cours de préparation pour promouvoir les maisons à prix abordable
ministère des infrastructures BP 24 - Kigali - Rwanda Tél. : (+250) 252 582 619 Fax : (+250) 252 582 621 www.mininfra.gov.rw
D.r. DIFCOM / www.justinecreation.fr
HABITAT & URBANISME : UNE EXPLOSION DE LA DEMANDE AUX CONSéQUENCES MICRO & MACROéCONOMIQUES
Le Plus de J.A. Rwanda ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
L’école de la gagne L’Institut des sciences et technologies de Kigali forme des ingénieurs et des architectes. Ce fleuron du système universitaire national attire bien au-delà des frontières.
depuis peu, haïtiens achèvent de lui donner un esprit multiculturel et pionnier. C’est ici que sont formés les architectes, les ingénieurs et techniciens en agronomie, génie civil, informatique, ou encore électronique, dont le pays a besoin pour développer son ambitieuse économie de la connaissance. « Au niveau national, le Rwanda manque de compétences, constate Paul Mugemangango, senior manager chez MTN Rwanda, le premier opérateur télécom du marché. Mais le Kist est une bonne école : nous recrutons des ingénieurs dans chacune de ses promotions. »
L
e sommet de la colline de Kiyovu, à Kigali, est une allégorie de l’évolution du Rwanda ces deux dernières décennies. Ce vaste espace dégagé, situé à proximité de la résidence présidentielle, était encore une caserne au milieu des années 1990. Aujourd’hui, les treillis ont laissé place aux tenues de footing des étudiants et aux uniformes des chrétiens évangéliques en route pour la chorale.
PRIX FORT. Les opportuni-
tés d’embauche à la sortie de l’Institut sont nettement plus nombreuses – et alléchantes – que dans les autres universités rwandaises. Des perspectives DU CAMP AU CAMPUS. Hors qui se paient au prix fort. Car quelques bâtiments vieillots, pour accéder à cet établis LES ÉTUDIANTS S’INQUIÈTENT DE LA SUPPRESSION DES BOURSES et de l’augmentation du coût des cursus à la rentrée prochaine. le lieu rappelle les campus sement, il faudra dès la prodes films américains: grandes chaine rentrée universitaire pelouses, dortoirs, infirmerie, restauL’Institut a pu investir dans de nouvelles débourser 1,2 million de francs rwandais rant, accès à l’internet sans fil… Cela fait infrastructures (comme le très high-tech par an (1 370 euros environ), soit deux d’ailleurs bien longtemps que l’Institut des fois plus qu’en 2010, alors que les bourses bâtiment 4 et ses salles lumineuses équisciences et technologies de Kigali (Kist), pées de microscopes dernier cri). mensuelles de 25 000 francs rwandais qui occupe depuis 1997 ce village au cœur L’établissement a largement recruté seront parallèlement supprimées. « Nous au-delà des frontières : un quart des de la capitale, est passé à l’enseignement voulons amener progressivement chaque en anglais. Ces dernières années, le gouenseignants est étranger. Les nombreux établissement à s’autofinancer, explique vernement n’a pas lésiné sur les moyens. étudiants sud-soudanais, burundais, et Emmanuel Kaviziya, conseiller du ministre de l’Éducation. Donc nous leur avons coupé une partie des fonds, ce qu’ils ont Le Kist en bref dû compenser. » Certains étudiants ont profité de la Des frais de scolarité venue de Paul Kagamé, en avril dernier, étudiants pour s’en inquiéter. Si le président a assuré en 2010 que les plus nécessiteux obtiendraient un (209 en 1997) de soutien matériel, il a écarté la possibilité € de revenir sur la décision de supprimer à les bourses. « On peut vous aider à utipar an facultés : ingénierie, sciences liser votre temps libre ou vos vacances appliquées, architecture et planification pour travailler, a-t-il déclaré. Vous pouvez environnementale gagner votre argent plutôt que d’attendre centre de le recevoir. » L’armée est partie depuis Des unités de recherche de langues bien longtemps, mais, au Kist, la disciet développement, une pépinière d’entreprises pline et l’effort continuent de régner. ● VINCENT FOURNIER/J.A.
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dans le secteur de la technologie…
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PIERRE BOISSELET JEUNE AFRIQUE
RÉPUBLIQUE DU RWANDA D.R.
MINISTÈRE DE LA SANTÉ
LA SANTÉ : POUR TOUS, PARTOUT Le Rwanda a réalisé des progrès sanitaires remarquables en menant une politique de décentralisation des soins jusque dans la plus petite unité villageoise. Mme Agnes Binagwaho, ministre de la Santé, trace les grandes lignes de cette politique. Comment le Rwanda s’y est-il pris pour améliorer son système de santé ? Mme Agnes Binagwaho : Notre première richesse au Rwanda est la population. Notre plan de santé publique est donc né avec l’objectif de faire de chaque individu un être en bonne santé, économiquement autonome et à même de participer au développement du pays. Depuis 1994, notre politique vise à apporter les soins aux individus jusque dans leurs communautés, afin que 80 % des problèmes de santé puissent y être réglés. Pour cela, nous avons demandé à chacun des 15 000 villages du Rwanda d’élire trois agents de santé communautaires. Ce ne sont pas des professionnels, mais ils doivent avoir un niveau minimum d’éducation afin d’être formés aux problèmes de santé de base tels que le paludisme, la tuberculose, le VIH ou encore les problèmes digestifs. S’ils perçoivent des signes aggravants d’une pathologie, ils décident eux-mêmes d’un transfert. Et les personnes malades n’attendent plus pour consulter. Pour compléter ce dispositif, nous avons créé une assurance santé pour les communautés, pour les fonctionnaires, et nous avons favorisé les assurances privées. 98 % des Rwandais sont aujourd’hui assurés. Nous modulons la contribution des assurés selon leurs revenus. Pour ceux qui ne peuvent réellement pas payer, l’État le fait.
Avec quels moyens le Rwanda parvient-il à mener cette politique ? Le ministère de la Santé reçoit environ 17 % du budget national. Notre principal partenaire étranger, les États-Unis, contribue à lui seul plus que tous les autres réunis (Belgique, Suisse, Allemagne, GrandeBretagne, Luxembourg, Chine…). L’appui budgétaire est selon nous la meilleure façon de nous aider, car nous l’utilisons selon nos besoins et de façon flexible, y compris dans l’adduction d’eau, l’électricité et les infrastructures, qui servent la santé de la population. Dans certains pays, les partenaires passent par la société civile. Or nous avons constaté que pour une durabilité des opérations il faut passer par le gouvernement. Cela est plus efficace que d’emprunter des canaux qui engloutissent jusqu’à 40 % de l’aide au développement.
MINISTÈRE DE LA SANTÉ BP 84 - Kigali - Rwanda Tél. : (+250) 252 577 458 www.moh.gov.rw
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DIFCOM / www.justinecreation.fr
Quels résultats sont les plus visibles ? Notre espérance de vie a augmenté. Autrefois, huit femmes mouraient chaque jour durant la grossesse ou l’accouchement, contre moins d’une femme aujourd’hui. La mortalité et la malnutrition ont diminué de 50 %. Tout n’est pas parfait, mais nous essayons de répartir les opportunités de façon équitable dans tout le pays, ce qui n’était pas le cas avant 1994. Toutes les personnes atteintes du sida sont traitées. Notre but est de pouvoir traiter les personnes porteuses du VIH qui n’ont pas encore déclaré de maladie. La contamination mère-enfant atteint 2 %, contre 30 % à 50 % lorsque rien n’est fait.
Le Plus de J.A. Rwanda est devenue l’une des premières radios privées du pays : elle revendique entre 1,5 million et 2 millions d’auditeurs quotidiens. L’identité de son cofondateur, Jean Mutsar, beau-frère du président, a-t-elle joué un rôle dans cette réussite ? « Pas du tout, se défend Albert Rudatsimburwa. C’est un ami d’enfance. On a toujours tout fait ensemble et ça ne date pas de l’élection de Paul Kagamé. » Il précise ensuite : « J’ai un soutien moral des autorités, parce qu’elles veulent voir l’éclosion d’un véritable secteur privé. » Et de ce point de vue, elles ne peuvent qu’être séduites par la multiplication des initiatives de l’homme d’affaires.
MÉDIAS
Albert Rudatsimburwa, un patron touche-à-tout Le très décontracté directeur de la radio Contact FM vient d’acquérir le club de football le plus populaire du pays. Et s’apprête à créer la première chaîne de télévision privée.
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MUSICIEN, PRODUCTEUR, JOURNALISTE… L’homme d’affaires multiplie les initiatives.
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eek-end oblige, les locaux de Contact FM sont presque vides. Mais des rires s’échappent du bureau du directeur général. La décontraction d’Albert Rudatsimburwa ne le laisse pas deviner, mais l’un de ses présentateurs étant absent, il se prépare à animer lui-même, en direct, Crossfire, le talk-show phare hebdomadaire de la station. Derrière lui, une grande affiche du boxeur Mohamed Ali frappée de la phrase « I move fast » (« Je bouge vite »). Ce pourrait être sa devise. Musicien et producteur en Belgique, où la famille de ce métis vivait en exil, Albert Rudatsimburwa revient au Rwanda en 1994. Pendant quatre ans, il mène une carrière de journaliste indépendant, couvrant notamment la première guerre du Congo. « Avant ça, je n’avais eu aucune expérience dans la presse », raconte-t-il. Quatre ans plus N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
tard, il devient marketing and brand manager chez l’opérateur de téléphonie mobile MTN RwandaCell. Tout en continuant la musique et la production. Arrive la libéralisation des ondes rwandaises, début 2004, et Albert Rudatsimburwa décide de quitter son poste pour monter Contact FM. Il lui faudra moins d’un an. JOLIS COUPS. Un peu à
« À LA BERLUSCONI ». Alors que la radio n’a pas encore tout à fait atteint son équilibre financier, Albert Rudatsimburwa vient de reprendre le Rayon Sports Football Club, pour une concession de sept ans renouvelable. « Ce club, c’est 8 millions de supporteurs ! » s’enthousiasme le nouveau président. Même s’il a perdu de sa superbe et que le championnat est dominé depuis plusieurs années par le club de l’Armée patriotique rwandaise, le Rayon Sports FC ne laisse pas, en effet, d’attirer les foules. La saison devait débuter en septembre, mais Albert Rudatsimburwa espère obtenir un report d’un mois. C’est le temps que ce touche-à-tout estime nécessaire pour finaliser un autre projet : Contact TV devrait devenir la première chaîne de télévision privée au Rwanda. Il prévoit de filmer tous les matchs du championnat et de retransmettre les plus importants – dont ceux de son équipe – en direct. « L’idée, c’est de créer une collaboration entre médias et sport pour générer des revenus jusqu’ici
« La politique ? Ce serait la pire des choses à faire ! Je préfère rester dans la société civile. »
l’image de son patron, la radio mélange décontraction, flexibilité et une relative liberté de ton, inédite dans les médias rwandais. Sans oublier quelques jolis coups. Comme lorsqu’il fait venir le président Paul Kagamé sur son plateau. « La première fois, c’était en 2005. À l’époque, personne n’avait essayé, se souvient-il. Nous lui avons juste écrit une lettre et il a dit oui. Ça nous a vraiment boostés. » Depuis, Contact FM
inexistants au Rwanda. C’est un plan à la Berlusconi ou à la Bernard Tapie ! » s’amuse-t-il. L’appétit d’Albert Rudatsimburwa pourrait-il le conduire, lui aussi, à une carrière politique ? « Non, ça ne m’intéresse pas du tout ! Ce serait la pire des choses à faire. Je préfère largement rester dans la société civile. » ● P.B. JEUNE AFRIQUE
Il a tout d’un grand BUSINESS
La fine fleur et la jeune pousse Le premier dirige depuis vingt ans l’un des plus grands groupes du pays. La seconde, encore étudiante, fait une entrée remarquée dans le secteur des nouvelles technologies. Portraits.
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ans le monde des affaires rwandais, Charles Mporanyi est une mémoire vivante. Il a survécu à tous les changements politiques. Quand il commence sa carrière dans la coopération rwando-suisse, en 1971, c’est Grégoire Kayibanda qui est au pouvoir. Lorsqu’il lance sa première affaire – une imprimerie –, en 1982, le pays est dirigé par Juvénal Habyarimana, qui décidera d’ouvrir le secteur des assurances à la concurrence deux ans plus tard. Charles Mporanyi crée alors la Société rwandaise d’assurances (Soras), première entreprise privée du secteur, avec des associés rwandais et l’Union des assurances de Paris.
DIVERSIFIÉ. Le génocide et le changement d’administration provoqueront le retrait des Français en 1995. Mais notre homme reste dans l’entreprise et en devient même l’actionnaire majoritaire. À l’époque, ces transitions sans accrocs
sont rares. « En général, les entreprises privées ont changé de mains après 1994 car elles étaient gérées par des gens du régime, explique-t-il. Quant aux sociétés d’État, elles ont souvent été reprises avant d’être privatisées. » C’est au cours de la dernière décennie que la Soras aura été le plus florissante. Elle a créé des filiales dans l’assurance vie, la microfinance (banque Agaseke), l’immobilier (Génimmo). Mporanyi mise également dans Rwanda Investment Group (l’entreprise la plus capitalisée du pays), dont il a pris la présidence. Sans compter ses multiples investissements à titre personnel – sur lesquels il ne préfère pas s’étendre. L’année dernière, la Soras a ravi la place de numéro un des assurances à la Sonarwa, l’ancienne entreprise publique, privatisée il y a trois ans. Et la croissance du secteur (près de 30 % par an) promet encore de belles années à son président. ● PIERRE BOISSELET
PIERRE BOISSELET/J.A.
Charles Mporanyi Assureur multirisque
Nadia Uwamahoro Serial entrepreneuse
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des Rwandais et encore moins à des étudiants pour ce genre de produit. Mais heureusement, ici tout le monde s’intéresse aux nouvelles technologies. » CONVAINCANTE. C’est sans doute
ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
n apparence, c’est tout le contraire d’une femme pressée. Plutôt discrète, Nadia Uwamahoro marche d’un pas tranquille sous l’élégant voile qu’elle porte pendant le ramadan. Mais ses deux téléphones portables ne lui laissent aucun répit. À 24 ans, cette étudiante a déjà fondé trois entreprises : une agence d’organisation de mariages, un restaurant et une start-up, Data Systems. Créée il y a deux ans, cette dernière, spécialisée dans la création de logiciels de gestion d’entreprises (stations essence, supermarchés, hôpitaux…) compte déjà quatre employés, et des clients jusqu’en RD Congo et au Burundi. « Au départ, ma jeunesse m’a posé des problèmes, se souvient-elle. Les clients n’ont pas l’habitude d’avoir affaire à
cette conviction qui l’a poussée à se lancer aussi dans la presse en ligne, en créant imvano.com (« la source », en kinyarwanda), un site d’information pour lequel elle vient de décrocher ses premiers annonceurs : le Rwanda Development Board et la compagnie aérienne publique RwandAir. Depuis quelques mois, elle connaît même le président rwandais en personne pour l’avoir croisé dans la rue avant d’engager la discussion. Depuis, il l’a citée en exemple lors d’un discours diffusé à la télévision. ● P.B. N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011
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RÉPUBLIQUE DU RWANDA
MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DES RESSOURCES ANIMALES
LA TRANSFORMATION AGRICOLE : GARANTIR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE Situé au cœur de l’Afrique, le Rwanda est sorti d’un conflit dévastateur en 1994 pour devenir un modèle de développement agricole dans la région. Le Rwanda est un microcosme des défis agricoles du XXIe siècle - un univers dans lequel les pays doivent maintenir tout à la fois la production alimentaire et les revenus stables face à la décroissance des terres arables, au prix du carburant en hausse, à une population croissante et à un climat instable.
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La valorisation de la production agricole par la transformation, la commercialisation et la distribution est essentielle à la modernisation de l’agriculture. 45 % des revenus d’exportation du pays sont générés par l’agriculture. Le gouvernement a facilité la diversification des exportations afin d’élargir la base de l’économie. Ces actions se reflètent dans l’augmentation des vols quotidiens, régionaux et internationaux, et dans un réseau routier efficace qui facilite le commerce.
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La sécurité alimentaire a été un élément essentiel pour atteindre un climat politique et économique stable. Le programme gouvernemental d’intensification des cultures cible des zones de production « grenier à blé », pour des cultures commercialisables ayant une valeur nutritive. Par le biais de distributeurs privés, le programme a fourni des semences améliorées et de l’engrais aux agriculteurs et aux coopératives dans tout le pays. Depuis la mise en place du programme en 2007, la production agricole a augmenté de façon spectaculaire (voir graphique). Il en résulte une diminution importante de la malnutrition. Étant donné l’instabilité climatique (en témoigne la crise actuelle que traverse la Corne de l’Afrique) et la topographie non favorable du Rwanda, la gestion des terres et des infrastructures de collecte d’eau ont été organisées afin de réduire les risques des agriculteurs. L’irrigation des collines et des marais a permis aux agriculteurs d’augmenter considérablement leur rendement grâce à l’appui d’institutions internationales et privées. L’intégration d’élevage de bétail dans les systèmes agricoles augmente également la sécurité alimentaire et les revenus. Le « One Cow Programme », un projet de distribution d’une vache par foyer de plus de 0,7 hectare, a distribué plus de 125 000 vaches à travers le pays jusqu’à la mi-août 2011. Cela accroît l’apport alimentaire en augmentant la production de lait et améliore la fertilisation et la productivité de la terre grâce au fumier produit.
Le thé, produit traditionnel de l’exportation rwandaise, a été remis en valeur ces sept dernières années. Le secteur privé a joué un rôle important dans la production du thé, largement privatisée. La qualité du thé a augmenté et sa production a été diversifiée pour introduire des thés verts et non traditionnels répondant aux demandes des marchés haut de gamme. Les revenus ont augmenté de 163 % ces sept dernières années.
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ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION ALIMENTAIRE Racines et tubercules
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Les pluies abondantes, le climat tempéré et le sol volcanique riche du Rwanda offrent des conditions idéales pour la culture de nombreux fruits et légumes. Ce n’est que récemment que cette richesse a été exploitée. Une production de grande qualité est maintenant en cours, visant les marchés extérieurs. Les produits ciblés sont les ananas, les mangues, les avocats, les prunes japonaises, les fruits de la Passion et les noix de macadamia. Grâce à la promotion d’accès des terres aux investisseurs privés, qui peuvent potentiellement en augmenter
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MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DES RESSOURCES ANIMALES BP 621 - Kigali - Rwanda Tél. : (+250) 788 518 580 www.minagri.gov.rw
Food Security Research Project Data (FSRP) & Minagri
la valeur, le secteur se développe rapidement. Afin d’attirer les investisseurs étrangers et d’organiser le commerce régional, un marché de gros est actuellement en construction à Kigali, comprenant des entrepôts frigorifiques afin d’accroître le marché des produits horticoles. Le Rwanda a priorisé le secteur agricole pour atteindre la sécurité alimentaire. De plus, le gouvernement devant faire face au défi de l’agriculture moderne, le Rwanda se tourne vers l’avenir, en formulant une stratégie nationale se basant sur le changement de climat et le développement à faible émission de carbone. Le Rwanda est en position de recevoir les premiers fonds d’adaptation au changement de climat. De plus, le président est leader dans les politiques agricoles menées dans la région, comme le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad). Le Rwanda améliore l’agroalimentaire, l’entreposage et travaille sans répit afin que les investissements du secteur privé entraînent la future croissance du Rwanda. Avec la demande accrue pour des produits rwandais et la sécurité alimentaire soutenue, le Rwanda est un symbole d’espoir pour l’Afrique subsaharienne.
DIFCOM / www.justinecreation.fr
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En juillet 2011, la Gisovu Tea Company a remporté le premier prix parmi les 35 entreprises productrices de thé de la région lors de la première convention africaine pour le thé à Mombasa, Kitabi arrivant 3e. Le café rwandais s’est répandu dans le monde. Tout en consolidant des partenariats existants avec Starbucks et d’autres entreprises américaines, le café rwandais a pénétré de nouveaux marchés comme la Chine, le Japon et l’Australie. La qualité du café rwandais s’est beaucoup améliorée, ainsi que le reflète son prix qui a augmenté de 51 % entre 2006 et 2010. L’augmentation de la production de café transformé a joué un rôle clé, atteignant 150 % ces deux dernières années. Le programme rwandais « Cup of Excellence » attire l’attention du monde entier, faisant ainsi connaître la qualité du café rwandais.