LE PALMARÈS DES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES
HORS-SÉRIE N O 25
H E B D O M A D A I R E I N T E R N AT I O N A L I N D É P E N D A N T
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Quand les gérants vedettes jugent l’Afrique
JEUNE AFRIQUE SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
AFRIQUE CENTRALE
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Fotso qui pleure, Fokam qui rit
Deux ans au purgatoire Comment BMCE joue sa partition africaine
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ÉDITORIAL
UNE ANNÉE VÉRITÉ VINCENT FOURNIER/J.A.
L JEAN-MICHEL MEYER
PAS D’OPTIMISME PROMISE PAR LES
a maison Afrique a tremblé sur ses bases, mais elle ne s’est pas effondrée. Loin s’en faut. C’est le bilan qui ressort de la douzième édition du classement des 200 premières banques africaines, le palmarès exclusif publié par Jeune Afrique depuis plus d’une décennie maintenant. Une livraison 2010 (qui porte sur les résultats 2009 des sociétés) particulière et innovante. Innovante dans la mesure où le hors-série élargit son spectre au-delà des champs traditionnels de la banque et de l’assurance, pour embrasser le vaste monde de la finance. Cette édition 2010, « spécial finance » donc, s’enrichit de classements et de commentaires nouveaux sur les performances des Bourses africaines, la percée du capital-investissement ou le bilan des opérations de fusions-acquisitions. Un numéro particulier, aussi, parce que 2009 a été une véritable « année test » pour juger de la capacité du secteur à digérer une crise économique mondiale majeure. Le panorama du hors-série, plus complet et plus précis qu’à l’accoutumée, le confirme : l’Afrique a tenu le choc. Sans plonger dans un optimisme béat, la Bérézina africaine promise par les Cassandre n’a pas eu lieu, même si l’année a été dure et que des groupes y ont laissé des plumes. Avec un total de bilan de presque 1200 milliards de dollars en 2009 (environ 840 milliards d’euros), les actifs cumulés des 200 premières banques africaines ont progressé de 11 %, après avoir franchi le seuil des 1 000 milliards de dollars en 2008. Les groupes bancaires ont donc continué à élargir la base de leur clientèle de particuliers et d’entreprises, mais avec une rentabilité moindre. Après une percée fulgurante de 36 % en 2008 (48 milliards de dollars), le produit net bancaire s’est effondré à 42 milBÉAT, MAIS LA BÉRÉZINA liards. Et que dire des profits ? Là aussi, le choc est rude. Ils ont chuté CASSANDRE N’A PAS EU LIEU. de 14,7 milliards de dollars en 2008 à 10,7 milliards l’an dernier. Plutôt cigales en matière de couverture des risques, des banques n’ont pas anticipé l’impact de la crise économique sur les entreprises, dont la solvabilité s’est brutalement dégradée. Un imprévu qui les a contraintes à passer des provisions, altérant leurs résultats. La crise a aussi amplifié le déséquilibre du continent. Plus que jamais, l’Afrique marche sur la tête. Les 15 banques sud-africaines classées vampirisent près de la moitié du total de bilan des 200 premiers établissements! Soit 571 milliards de dollars sur les 1200 milliards. L’Égypte (145 milliards de dollars) et le Maroc (102 milliards) arrivent loin derrière. Une distorsion identique avec les Bourses. Johannesburg a repris sa marche en avant (+ 28 % en 2009). La Place sud-africaine confirme ses bonnes dispositions, tout comme Le Caire ou Tunis, et à l’inverse d’Abidjan, de Casablanca, de Lagos ou d’Accra, dans le rouge l’an passé. Constat mitigé aussi pour les fusions-acquisitions, au maigre bilan. Ou pour les opérations de capital-investissement, qui dépassent à peine les 2 milliards de dollars. Il n’empêche : l’Afrique est là, et bien là. Tous les investisseurs internationaux l’ont compris. Et il n’y a pas meilleur avocat pour l’Afrique que l’Afrique elle-même, avec une croissance qui repart tutoyer les 5 % en 2010. ■
Rédaction en chef Frédéric Maury, avec Jean-Michel Meyer ■ Rédaction en chef technique Cyril Petit ■ Secrétariat de rédaction Fabien Mollon ■ Base de données Jérôme Besnault (les500@jeuneafrique.com) ■ Rédaction graphique et infographies Stéphanie Creuzé, Émeric Thérond ■ Iconographie Dan Torres (directrice photo), Nathalie Clavé ■ Révision Alexis Gau, Vladimir Pol ■ Publicité Florian Serfaty (coordination), DIFCOM, Groupe Jeune Afrique, 57 bis, rue d’Auteuil, 75016 Paris ■ Tél.: 33 1 44301960 – Fax: 33 1 45200967 ■ Ont collaboré à ce hors-série Stéphane Ballong, Julien Clémençot, Muriel Devey, Alex Duval Smith, Georges Dougueli, Shafika Houcine, Théophile Kouamouo, Éric Lepont, Moncef Mahroug, Frédéric Maury, Jean-Michel Meyer, Zoé Suarez. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
3
Sommaire 03 • Éditorial Une année vérité par Jean-Michel Meyer
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BANQUES ET ASSURANCES 10 • Enjeux Le mouvement est lancé 12 • Maroc BMCE Bank joue sa partition africaine 17 • Tunisie La Star mise sur la vie
PHOTO DE COUVERTURE : GETTY IMAGES; MONTAGE : E.T., P.M./J.A.
21 • Interview Mohamed El Kettani, PDG d’Attijariwafa Bank 24 • Algérie Toujours plus de contraintes 27 • Afrique centrale Fotso-Fokam : destins croisés au Cameroun 32 • RD Congo La ruée bancaire 35 • Interview Lala Moulaye, DG de BOA-Côte d’Ivoire
55
4
MANAGERS
38 • Zone CFA Banque Atlantique à l’heure des choix 43 • Crédit conso Alios Finance, le précurseur 46 • Nigeria Deux années de descente au purgatoire 48 • Interview Bernard David et Patrick Le Buffe, directeur délégué et responsable Afrique de la Société générale 53 • Ressources humaines Cherche « monéticiens »
CLASSEMENTS
56 • Top 200
62 • Afrique de l’Ouest
60 • Afrique du Nord
64 • Afrique centrale
66 • Afrique de l’Est 68 • Afrique australe 70 • Assurances JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
LE PALMARÈS DES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES
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SPÉCIAL
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BOURSE
Quand les gérants vedettes jugent l’Afrique
DE L’ANNÉE 74 • Banques 81 • Assurances 82 • Capital-investissement 84 • Conseil financier 86 • Bourse 90 • Institutions
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JEUNE AFRIQUE SPÉCIAL FINANCE
ÉDITION 2010
AFRIQUE CENTRALE
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 Édition 2010
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NIGERIA MAROC
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PERFORMANCES M 02939 - 25 H - F: 6,00 E - RD
3:HIKMTD=^U[UUV:?a@a@c@p@p;
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Fotso qui pleure, Fokam qui rit
Deux ans au purgatoire Comment BMCE joue sa partition africaine
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Des managers en or
ÉDITION INTERNATIONALE France 6 € • Algérie 360 DA • Allemagne 8 € • Autriche 8 € • Belgique 7 € • Canada 9,90 $ CAN • Danemark 59 DK • DOM 6 € Espagne 8 € • États-Unis 11,90 $ US • Finlande 8 € • Grèce 8 € • Italie 8 € • Maroc 45 DH • Mauritanie 1800 MRO • Pays-Bas 8 € Portugal 8 € • Suisse 14 FS • Tunisie 6,50 DT • Zone CFA 3 000 F CFA
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MARCHÉS FINANCIERS 94 • Enjeux Un nouveau souffle
106 • Notation GCR, à l’ombre des grands
96 • Bourses africaines L’avis des « gourous »
108 • Capital-investissement Royalement doté
100 • Épargne Les premiers pas de la gestion collective
110 • Interview Offong Ambah, directeur d’Ecobank Capital
103 • Courtage Le marché des illusions perdues
122 • Post-scriptum L’épargne oui, l’arnaque non par Stéphane Ballong
CLASSEMENTS
114 • Bourse
118 • Fusions-acquisitions
116 • Capital-investissement
120 • Finances publiques
INDEX DES ENTREPRISES CITÉES : Afriland First Bank pp. 27-30, 76 - Alios Finance pp. 43-44 - Attijariwafa Bank pp. 21-22, 60, 76, 86, 104 Bank of Africa pp. 12-14, 35-37, 70, 74 - Banque africaine de développement p. 90 - Banque Atlantique pp. 38-40 - Banque extérieure d’Algérie pp. 60, 75 - Banque internationale de crédit p. 32 - BGFI Bank pp. 43, 75 - BMCE Bank pp. 12-14, 60, 74, 104 - BNP Paribas pp. 25, 33, 53, 104 - CGF Bourse pp. 100, 103 - Citadel Capital p. 83 - CNIA Saada p. 81 - Colina p. 70 - Commercial Bank-Cameroun pp. 27-30 - Commercial International Bank pp. 74, 116 - Development Partners International pp. 83, 109, 116 - Ecobank pp. 75, 100, 110 - Emerging Capital Partners p. 83 - Equity Bank p. 76 - First Bank of Nigeria p. 62 - Global Credit Rating pp. 106-107 - Globus p. 81 - Helios Investment pp. 82, 116 - Hudson & Cie pp. 104-105 Kingdom Zephyr pp. 108-109 - Linkstone Capital p. 84 - NSIA pp. 70, 81 - Proparco pp. 106-107 - Raw Bank p. 33 - Renaissance Capital p. 84 SBIF p. 87 - Société financière internationale pp. 90, 116 - Société générale pp. 48-50, 100, 104 - Société nationale d’assurances p. 81 Soaga p. 100 - Standard Chartered pp. 70, 84 - Star pp. 17-19 - Tuninvest p. 82 - Tunisie Valeurs p. 104 - United Bank for Africa pp. 47, 62 JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
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ISO 9008 0 Certification ISO 14001
Notre specificite Avec un actionnariat 100% privé, BGFIBank est, depuis 1971, le partenaire des particuliers haut de gamme, des institutionnels, des grandes entreprises et des PME/PMI à fort potentiel.
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Financière des Vosges Personnel BGFIBank
Delta Synergie
Carlo Tassara Asset Management
5% 8,98% 9,01%
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Banque Gabonaise de Développement
VERSION 2008
Compagnie du Komo
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BANQUES 12
MAROC La partition africaine de BMCE
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ASSURANCE VIE En Tunisie, les ambitions de la Star
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AFRIQUE CENTRALE Fotso, Fokam : destins croisés
Crise économique, augmentation des risques, nouvelles exigences capitalistiques… Malgré les nombreux défis auxquels ils ont été confrontés, les groupes bancaires africains poursuivent leurs politiques de développement et d’innovation.
8
ET ASSURANCES 38 AFRIQUE DE L’OUEST Banque Atlantique à l’heure des choix
43 CRÉDIT CONSO Alios Finance, le précurseur
PICTURE PARTNERS/HOA-QUI/GAMMA
55 CLASSEMENTS Le Top 200
BANQUES ET ASSURANCES
ENJEUX Le mouvement est lancé Les revenus et les bénéfices des banques du continent ont été impactés par le ralentissement économique. Mais les pages qui suivent rappellent que la constitution de groupes financiers panafricains solides, bien gouvernés et solidement capitalisés, est bel et bien en route.
F RÉDÉRIC M AURY
A
vec un an de décalage par rapport à leurs le produit net bancaire cumulé a baissé de 12,9 %, consœurs occidentales, les banques africaines pour se replier à moins de 42 milliards de dollars. ont connu la crise. Des difficultés sans commune Autrement dit, les banques africaines auront pourmesure avec celles rencontrées par les institusuivi leur effort commercial en 2009, captant de tions financières européennes et américaines, qui nouveaux dépôts, mais auront eu davantage de s’étaient fourvoyées dans des placements hautement difficultés pour faire fructifier cet argent. spéculatifs. Si les banques du continent ont été affectées, c’est en effet par le canal plus classique TOUTEFOIS, LES PROBLÈMES des principales banques du ralentissement économique : baisse des transferts africaines sont à lire ailleurs : dans l’augmentation d’argent émanant de la diaspora, ralentissement parfois spectaculaire du coût du risque. L’année économique général dû notamment à la baisse de L’Afrique a besoin d’institutions de qualité, certes, la demande de matières mais disposant de fonds propres suffisants. premières, fléchissement des investissements… Au final, le total de bilan des 200 premières ban2009, avec son lot de difficultés économiques, a en ques africaines, dont le classement exclusif vous effet remis à l’ordre du jour la nécessité implacable est présenté à partir de la page 56, a poursuivi sa pour les banques de maîtriser leurs risques. Nombre progression en 2009, pour atteindre 1 199,4 milliards de groupes bancaires, dont certains d’envergure de dollars (environ 837 milliards d’euros à l’épopanafricaine, ont du coup vu exploser les provisions que) contre 1 078,5 milliards l’année précédente. liées aux créances en souffrance, tirant leurs bénéEn revanche, signe le plus visible du fléchissement, fices vers le bas.
Les volumes progressent…
… mais les revenus baissent
Total de bilan des 200 premières banques (en milliards de dollars)
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2005
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41,9
1199,4 35,4 29,6
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JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
SOURCES : JEUNE AFRIQUE
671,7
1078,5
Produit net bancaire des 200 premières banques (en milliards de dollars) 48,1
BANQUES ET ASSURANCES
prend désormais les commandes (voir pages 12 à 14), ou Banque Atlantique, qui a accueilli la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) à son capital et qui nous livre pour la première fois quelques détails sur ses éléments financiers (voir pages 38 à 40). Il est en marche également au sein de quelques établissements d’Afrique centrale. BGFI Bank s’est ainsi structuré en groupe bancaire afin de poursuivre son développement géographique, en commençant par le Cameroun voisin. Afriland (voir pages 27 à 30) a lui aussi décidé de rationaliser sa structure en créant un holding regroupant toutes les participations bancaires, basé en Suisse et dirigé par un directeur général apprécié pour son sérieux. L’objectif : doper les fonds propres et rayonner sur tout le continent, en ajoutant, par exemple, la Zambie, le Liberia et le Zimbabwe à la liste des implantations. Un autre exemple de l’avancée des banques panafricaines est celui d’Attijariwafa Bank qui, ayant clos la première partie de sa feuille de route africaine avec un peu d’avance, compte s’attaquer très rapidement aux pays anglophones (voir pages 21-22).
Les difficultés extrêmement spectaculaires des banques nigérianes (voir pages 46-47), hier louées pour leur formidable dynamisme, permettent également de tirer une autre leçon : celle de la supervision bancaire. Alors que certains analystes se demandaient dès 2007 comment des banques nigérianes peu expérimentées allaient parvenir à gérer l’expansion des crédits, il aura fallu l’explosion de la bulle boursière à Lagos et la nomination d’un nouveau gouverneur à la tête de la Banque centrale pour mettre à nu les failles du système : mauvaise PLUS SURPRENANT : les banques internationales gestion des risques, extrême concentration des ne savent plus où donner de la tête. Alors que le portefeuilles de crédit, faiblesse de la gouvernance, français Crédit agricole a poursuivi la cession de insuffisance des provisions. Comment être certain ses filiales subsahariennes avec celle de Djibouti, de la façon dont les gouverneurs des Banques cenque la Société générale nous déclare que les bantrales africaines, qui ont pour mission de superviser ques internationales seront plus sélectives dans le système financier, gèrent ces problématiques leurs implantations dans les pays émergents (voir dans le but de protéger le déposant ? pages 48 à 50), les grandes OPA bancaires pointent L’Afrique a besoin de banques fortes mais dans à nouveau leur nez, avec la tentative du géant briun sens plus large que celui qu’on donne parfois tannique HSBC de mettre la main sur le sud-africain à cette affirmation : des Nedbank, présent dans quelbanques à la fois matures, ques pays d’Afrique australe L‘Afrique centrale en retrait développées sur leurs maret également partenaire (sans AFRIQUE CENTRALE AFRIQUE chés, régionalisées, mais aussi lien capitalistique) du groupe 0,91 DE L’EST des institutions disposant de Ecobank. Se dessine alors un 2,6 fonds propres suffisants. C’est nouveau schéma : aux banques tout l’enjeu qui gagne notamsud-africaines, marocaines AFRIQUE ment depuis un à deux ans les et panafricaines existantes le DE L’OUEST 9,94 banques de la zone CFA. Des soin de se développer un peu banques de qualité, certes, partout, y compris jusque dans mais trop souvent sous-capiles pays jugés « exotiques » PART DANS talisées. par certains investisseurs LE TOTAL DE BILAN AFRIQUE DES 200 PREMIÈRES occidentaux. À charge ensuite AUSTRALE AFRIQUE BANQUES LE MOUVEMENT EST EN MARaux groupes internationaux 52,69 DU NORD (en %) 33,86 CHE, comme le rappellent de mettre la main sur ces la force capitalistique d’un Nedbank, Ecobank, BMCE Bank, groupe comme Ecobank, mais Attijariwafa Bank… Une sorte aussi le renforcement de la solid’alliance Sud-Nord qui mettrait dité d’autres institutions, comme enfin en lumière la qualité des banBank of Africa, dont BMCE Bank quiers africains. ■
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BANQUES ET ASSURANCES
MAROC BMCE BANK JOUE SA PARTITION AFRICAINE
En prenant officiellement les commandes de Bank of Africa, le fleuron du royaume chérifien fait du groupe panafricain le pilier, au sud du Sahara, de sa stratégie internationale. Décryptage. J EAN -M ICHEL M EYER
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ET
F RÉDÉRIC M AURY
asablanca, le 29 mars 2010, peu après 17 heures. Le temps de la reconnaissance marocaine pour le groupe Bank of Africa (BOA) et son PDG, Paul Derreumaux, traité avec tous les égards par son actionnaire majoritaire, Othman Benjelloun, patron du groupe BMCE Bank. C’est la première fois en effet depuis l’entrée du fleuron marocain dans le capital de BOA, en février 2008, que le fondateur de la banque subsaharienne est convié à partager l’estrade pour présenter devant les analystes et la presse marocaine les résultats 2009 de BMCE Bank. Les deux hommes partagent les mêmes ambitions panafricaines. Cette présence doit « permettre à l’opinion publique marocaine de prendre la mesure de notre volonté commune de continuer de tisser notre toile, partageant une même stratégie et de mêmes valeurs », insiste ce jour-là l’homme d’affaires marocain. « C’est notre vision commune à long terme d’expansion à la fois ambitieuse, exigeante et innovante qui a, je crois, réuni nos deux groupes », lui répond
12
Paul Derreumaux. Ses résultats plaident en sa faveur. Le fondateur de BOA, créé en 1982 au Mali, a prouvé la solidité du groupe, qui emploie 3 000 salariés dans 13 pays africains, face à la crise mondiale. Son total de bilan consolidé a franchi le seuil des 2,5 milliards d’euros en 2009, contre 2,3 milliards en 2008. Le produit net bancaire a légèrement augmenté, à 163 millions d’euros. Seul le résultat net consolidé après impôts s’est inscrit en retrait (- 36 %). Mais pour BMCE Bank, qui détient désormais la majorité du capital de BOA, ces 35 millions d’euros de bénéfices sont un encouragement de plus. UN CHANTIER DE TAILLE
Car le groupe marocain a d’immenses ambitions pour sa filiale panafricaine. Aux commandes, deux hommes de confiance nommés par Othman Benjelloun. Jaloul Ayed, désormais basé à Londres, s’est vu confier la mission de structurer l’activité à l’international de BMCE Bank. Mohamed Bennani, quant à lui, prendra la direction opérationnelle de BOA début 2011. Le pre-
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
CÉCILE TREAL POUR J.A.
de l’autre grande branche internationale du groupe, le réseau BOA. Depuis de longs mois, Paul Derreumaux sensibilise ses équipes africaines à un travail plus systématique avec les professionnels de BMCE Bank basés à Londres. Avec comme objectif de développer des synergies, faire remonter des dossiers de financement, de levées de fonds. Pour BBI, le gain est évident : la banque deviendrait alors la seule ou l’une des seules banques d’investissement appuyant son activité sur un vaste réseau de banques commerciales en Afrique. Pour BOA, les avantages sont également nombreux : le groupe pourrait ainsi prendre une place sur des marchés qui, aujourd’hui, lui échappent. Parmi eux, le conseil et le montage de projets d’infrastructures, d’équipement et d’investissement en Afrique subsaharienne, et l’accompagnement sur les marchés des capitaux. De quoi séduire, notamment, les grandes multinationales actives sur le continent. Désormais aux commandes opérationnelles de BOA, Mohamed Bennani devrait également s’inspirer de
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
Basé à Casablanca, le groupe marocain entend s’attaquer désormais à l’Afrique de l’Ouest anglophone et à l’Afrique centrale.
▲ ▲ ▲
mier trouve devant lui un chantier de taille afin de bâtir un pôle international reposant sur BOA, d’un côté, et sur les activités européennes, principalement tournées vers la banque corporate, de l’autre. De manière urgente, la banque d’affaires londonienne MediCapital Bank, rebaptisée BMCE Bank International (BBI), doit retrouver le chemin de la rentabilité. Trop tourné vers les marchés de capitaux à un moment où ceux-ci s’effondraient, MediCapital Bank a jusqu’à présent aligné les pertes. BBI doit ensuite intégrer les filiales bancaires en Espagne et en France, avant d’envisager des installations en Chine, en Inde… La volonté est claire : créer une plateforme européenne homogénéisée qui deviendra un interlocuteur de référence pour les entreprises africaines désirant lever des fonds sur les marchés mondiaux, et pour les multinationales souhaitant investir en Afrique ou financer des opérations de commerce international. Au sein des équipes dirigeantes de BMCE Bank, une chose est certaine : le succès de BBI est intimement lié à l’appui qu’il recevra
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BANQUES ET ASSURANCES
Londres plombe le groupe Contribution au résultat net consolidé en 2009 (en millions d’euros)
6 0
- 9,4
SOURCE : BMCE
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32,2
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l’expérience de BMCE Bank au Maroc pour mettre en chantier quelques autres pistes de développement : le financement de logements sociaux, la segmentation entre agences destinées aux particuliers et celles consacrées aux entreprises, avec un marketing différencié. ESPRIT DE PARTENARIAT
Donnant un coup d’accélérateur à la politique menée par Paul Derreumaux, le nouveau patron a également sur son bureau un ambitieux programme de développement géographique. BMCE Bank entend en effet couvrir avec BOA tous les pays africains d’ici à une décennie, en commençant, très rapidement, par l’Afrique de l’Ouest anglophone et l’Afrique centrale, avant d’attaquer l’Afrique australe. Les cibles ne manquent pas: le Cameroun est ainsi une priorité, une implantation est à l’étude au Togo et des recherches actives sont d’ores et déjà engagées au Rwanda et au Ghana. Autant de projets qui coûteront cher. Mais les
fonds propres de BOA, qui ont été portés à 34 millions d’euros, devraient se gonfler de 40 millions d’euros supplémentaires d’ici à 2013. Après trois décennies sous la houlette de Paul Derreumaux, les équipes de BOA ont-elles quelque chose à craindre de leur nouvel actionnaire majoritaire, BMCE Bank, et de ses managers? Comme l’affirme le fondateur de BOA lui-même, et comme le confirment les dirigeants de BMCE Bank, l’état d’esprit est davantage celui du partenariat que de la prise de contrôle. Il semble ainsi peu probable que BMCE Bank change les dirigeants des filiales nationales. Mohamed Bennani devrait en revanche faire appel à des compétences du groupe au niveau des comités stratégiques mais aussi de la direction des finances, des risques ou des affaires juridiques. Il ne devrait pas non plus manquer d’associer des professionnels marocains aux principaux chantiers stratégiques du groupe: nouvelles activités, nouveaux produits. Quant aux actionnaires, BMCE Bank les soigne. Un élément fondamental car BOA ne s’est jamais développé en solo. Au niveau du groupe, les actionnaires institutionnels historiques que sont Proparco (filiale de l’Agence française de développement) ou le FMO (l’agence de développement néerlandaise) sont acquis à la cause marocaine. Au niveau des filiales, Mohamed Bennani s’est engagé à soigner les minoritaires et à respecter les équilibres fondamentaux entre actionnaires. De quoi rassurer sur la stabilité de BOA. De quoi permettre aussi à BMCE Bank d’envisager sereinement la constitution d’un pôle international juridiquement et capitalistiquement intégré, regroupant BOA et BBI. Un défi à la hauteur de l’ambition d’Othman Benjelloun et de ses équipes: faire passer la contribution de l’international aux activités de BMCE Bank de 20 % aujourd’hui à 50 % demain. Rendez-vous est pris. ■
Le rebond après la crise ?
M
ême une banque peut avoir besoin d’argent, surtout par ces temps de crise économique. BMCE Bank est bien placé pour le savoir: en deux opérations majeures, le groupe a renforcé ses fonds propres de 6,1 milliards de dirhams (543 millions d’euros) en 2010. La Caisse de dépôt et de gestion (CDG), acteur clé du financement public au Maroc, a acquis 8 % du capital pour 3,4 milliards de dirhams. Dans la foulée, le français Crédit mutuel-CIC a porté sa participation de 20 % à 25 %, pour 2,7 milliards de dirhams. Un sacré ballon d’oxygène pour ce groupe de 4900 salariés. Car comme pour la majorité des groupes bancaires, l’exercice 2009 de BMCE Bank n’a pas été l’un des meilleurs. Certes, le total de bilan consolidé a progressé de plus de 12 % pour atteindre 168 milliards de dirhams et le produit net bancaire a connu une hausse de 6 %, à 6,4 milliards de dirhams. Mais le bénéfice net a plongé
14
de 53,7 %, passant de 830 millions de dirhams fin 2008 à 385 millions en décembre 2009. Le groupe a notamment pris de plein fouet le dépôt de bilan de l’une de ses participations, l’entreprise de textile Legler. Une défaillance qui lui a coûté 800 millions de dirhams et l’a conduit à remettre à plat sa politique de risque. Pour repartir de l’avant, Othman Benjelloun a changé en partie son staff dirigeant. Administrateur et directeur général délégué auprès du président, Brahim BenjellounTouimi s’est vu confier la coordination de l’ensemble des activités du groupe. Driss Benjelloun a pris la direction d’un pôle regroupant risques et finances. M’Fadel El Halaissi et Mohamed Jalil Bennani Smires ont désormais la responsabilité respective du corporate et du retail. Mamoun Belghiti doit créer une entité en charge du recouvrement. Jaloul Ayed et Mohamed Bennani ont été chargés de l’international. ■ J.-M.M.
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AFRICAN EXPORT-IMPORT BANK BANQUE AFRICAINE D’IMPORT-EXPORT
Stimuler l’expansion cohérente et développement du commerce et des projets liés à l’exportation en Afrique
La Banque Africaine d’Import-Export (la « Banque » ou « Afreximbank » a été créée à Abuja, Nigéria, en Octobre 1993 par des gouvernements africains, des investisseurs privés et institutionnels africains ainsi que des institutions financières non-africaines et des investisseurs privés pour le financement et la promotion du commerce intra- et extra-africain. La Banque a été créée en vertu de deux instruments constitutifs, à savoir un Accord signé par les états membres et des organisations multilatérales africaines, et qui confère à la Banque le statut d’organisation internationale, ainsi que des statuts qui régissent sa structure d’entreprise et ses opérations, signés par tous les Actionnaires. Le capital social autorisé de la Banque est de 750 millions de dollars US. Son total d’actif s’élevait à 1,5 milliard de dollars US au 31 décembre 2009. La Banque, dont le siège est au Caire, capitale de la République Arabe d’Egypte, a commencé ses activités le 30 septembre 1994, suite à la signature d’un accord de siège avec le gouvernement du pays hôte en août 1994.
Institution de choix pour le financement du commerce en Afrique, l’Afreximbank offre les principaux produits suivants : 1 - Programme de Ligne de Crédit 2 - Programme de Financement Direct 3 - Programme de Syndications 4 - Investissements Bancaires 5 - Programme de Risques Spéciaux (y compris Facilité de Garantie de Risque Pays) 6 - Facilité d’Escompte/ Financement en Pool d’Effets Commerciaux 7 - Programme de Financement de Projets 8 - Programme de Financement des Infrastructures et des Services 9 - Programme d’Informations Commerciales 10 - Programme de Financement du Développement des Exportations 11 - Programme de Financement du Carbone
La Banque du financement du commerce pour l’Afrique SIÈGE
World Trade Centre Bldg. 1191 Corniche El Nil, Cairo 11221, Egypt P.O. Box: 404 Gezira, Cairo 11568 - Egypt Tel :(202) 27701100 Fax:(202) 2578 0276-9 Telex : 20003 AFRXM UN mail@afreximbank.com info@afreximbank.com
SUCCURSALE D’ HARARE Eastgate Building 3rd Floor Gold Bridge (North Wing) - 2nd Street P.O. Box CY1600 Causeway Harare - Zimbabwe Tel: (263-4) 700 904 Fax: (263-4) 701 006 Tlx: 26770 AFXBK ZW
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BANQUES ET ASSURANCES
NICOLAS FAUQUÉ/WWW.IMAGESDETUNISIE.COM
La compagnie pourrait créer une filiale dédiée.
Tunisie La Star mise sur la vie Le leader tunisien des assurances, épaulé par son nouvel actionnaire français Groupama, fait désormais de l’assurance vie une priorité. Une activité encore marginale dans le pays, malgré le niveau très élevé de l’épargne à placer.
M ONCEF M AHROUG ,
N
À
T UNIS
ée pratiquement avec la Tunisie indépendante, la Société tunisienne d’assurances et de réassurance (Star) occupe une place importante dans la vie de bon nombre de Tunisiens, à qui elle a fait découvrir l’assurance. Aujourd’hui, lorsque ceux-ci passent devant le square de l’avenue de Paris, siège historique du leader du secteur, dans le centre de Tunis, il peut leur sembler que la « mère » des assureurs tunisiens a traversé cinq décennies sans avoir varié d’un iota. Impression erronée, car le vent du changement souffle fort sur la Star, comme sur l’ensemble de la profession. Avec l’appui de son nouvel
actionnaire de référence, le français Groupama, qui a pris 35 % du capital à la fin de 2008, la Star a notamment fait de l’assurance vie une réelle priorité de développement. Longtemps parent pauvre de l’assurance dans le pays, la branche est en plein boom (voir encadré page 18). Elle a crû de 10 % en moyenne sur les cinq dernières années et, en 2009, a atteint une croissance de 24 %. La Star, leader du marché en matière d’assurance dommages, n’a guère su, jusqu’à présent, s’imposer dans ce domaine. « Elle est loin derrière ses concurrents dans l’assurance vie, avec seulement 4 % de part de marché en 2009 », souligne un expert.
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BANQUES ET ASSURANCES
redresser les comptes de l’assurance automobile, génératrice jusqu’à récemment d’un déficit à la fois financier mais aussi en termes d’image auprès du public. Ensuite, le manque d’intérêt des Tunisiens, imputable d’après Lamia Ben Mahmoud à un système de sécurité sociale « très généreux qui leur garantissait une retraite représentant jusqu’à 90 % de leur salaire ». Les changements démographiques intervenus au cours des vingt dernières années ayant EN TUNISIE, LA MAJORITÉ DES LEADERS DU SECTEUR provoqué un « trou de la sécu » et posé le problème du financeSONT DÉTENUS PAR DES GROUPES BANCAIRES. ment des pensions, les Tunisiens ont pris conscience de la nécessité d’investir dans des retraites complémentaires. sureur Tunis Re. « Seulement deux groupes s’y Notamment à travers l’assurance « exonérée de sont investis réellement à ce jour : le Groupe des bout en bout », ajoute Lamia Ben Mahmoud. assurances de Tunisie (GAT), via sa filiale dédiée, L’entrée au capital de Groupama changera-tAmina, qui s’est lancé dans l’assurance vie il y elle la donne pour la Star ? Au siège, personne a vingt-cinq ans [sans parvenir à figurer parmi n’a souhaité répondre à nos questions. Le plan de les leaders du secteur, NDLR], et la Comar, qui transformation mis en place par le nouvel actionlui a emboîté le pas en créant dix ans plus tard naire a été soumis à l’appréciation de 250 cadres les Assurances Hayett, une structure également et dirigeants volontaires. Le groupe français dédiée à la vie. » voudrait notamment transmettre à la Star « son expertise en matière d’innovation marketing, de UN INTÉRÊT RÉCENT pilotage de réseaux, de gestion de la relation, Ce désintérêt de la profession a longtemps eu etc. », pour en faire « un acteur de premier plan deux causes principales, qui semblent aujourd’hui capable de développer son activité sur tous les segs’être atténuées. Il y avait d’abord le fait que les ments présentant de fortes perspectives de croisassureurs ont longtemps eu pour principal souci de Une entreprise – Maghrebia (UFI Group) – domine assez nettement le secteur, suivie de cinq autres au coude à coude (Hayett, Carte, Salim, Astrée et les Assurances BIAT). La Star, elle, ne pointe qu’en huitième position. « En fait, la plus ancienne des compagnies d’assurances n’est pas la seule à être en retard dans cette activité », tempère Lamia Ben Mahmoud, PDG du réas-
«
N
ous sommes en situation de surliquidité, et les experts estiment à plus de 1,1 milliard de dinars [573 millions d’euros, NDLR] les capitaux cherchant à se placer », indique un banquier. Dans nombre de pays, notamment en France, l’assurance vie est un canal idéal pour investir à long terme cette épargne disponible. Mais pas en Tunisie : « Il y a unanimité sur le fait que
l’assurance vie est insuffisamment exploitée, observe un spécialiste. Alors qu’un Marocain y consacre l’équivalent de près de 1 700 dinars par an, un Tunisien se limite à 89 dinars. » La contribution de l’assurance vie à la mobilisation de l’épargne longue, c’est-à-dire sa part dans le chiffre d’affaires global du secteur, demeure faible : elle atteignait 13 % en 2009, contre 60 % à l’échelle
L’assurance vie décolle… 80 70
… et reste dominée par une poignée d’assureurs
PRIMES ÉMISES
70
(en millions d’euros)
49,6
50
57,5 ASSURANCES BIAT 10,5
40,8
18
MAGHREBIA 16,2
AUTRES 26
PART DE MARCHÉ
60
40
mondiale. Toutefois, grâce à la naissance de la bancassurance en 2001, à l’octroi pour la première fois d’avantages fiscaux à ses souscripteurs, puis au relèvement en 2008 de 2 000 à 3 000 dinars du montant des primes d’assurance vie déductibles de l’assiette imposable, le chiffre d’affaires de cette branche connaît désormais une croissance à deux chiffres qui ne devrait pas se tarir. ■ M.M.
2006
2007
2008
2009
(en % du total des primes émises en 2009)
ASTRÉE 11,4
HAYETT 12,6
CARTE 11,8
SALIM 11,5
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SOURCE : FÉDÉRATION TUNISIENNE DES SOCIÉTÉS D’ASSURANCES
Une activité pleine d’avenir
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sance sur le marché de l’assurance en Tunisie », souligne Lamia Ben Mahmoud. Au centre de ce brain storming, l’assurance vie devrait rapidement connaître de profonds bouleversements.
Retour à la rentabilité (en millions d’euros) 20
VERS UNE ALLIANCE AVEC UNE BANQUE ?
Chiffre d’affaires 120 de la Star 112,8
17,6 109,2
108,5
10
8,2
5 100,3
0
-5
17
111,2
15
SOURCE : STAR
Une des principales transformations envisagées consiste à rendre l’activité autonome, via la création d’une filiale dédiée. Ce choix a déjà été adopté par plusieurs concurrents, comme la Compagnie d’assurances et de réassurances tuniso-européenne (Carte) et Maghrebia. Il faut dire que, si pendant longtemps les assureurs ont pu exercer l’assurance dommages et l’assurance vie dans le cadre de la même compagnie, les pouvoirs publics ont mis en place en 2002 les premiers garde-fous sous la forme d’une obligation de séparation des capitaux de l’assurance vie, via des normes comptables spécifiques. Et aujourd’hui le législateur veut aller plus loin et s’aligner sur la norme internationale – la spécialisation – « pour tranquilliser les assurés à propos de leur argent et les encourager à investir dans l’assurance vie », note Lamia Ben Mahmoud. Ils auraient « alors un superprivilège par rapport aux autres en cas de difficultés ou de faillite ». En filialisant, la Star entend aussi « donner une nouvelle impulsion commerciale à la
Résultat net
3,1
105,1
0,5
100
- 2,2 2004
2005
2006
2007
2008
2009
branche », selon la patronne de Tunis Re. Reste à vaincre un obstacle très important. En France, Groupama sait parfaitement que l’assurance vie reste dominée depuis de longues années par les bancassureurs, qui distribuent leurs produits d’assurances via un réseau étendu d’agences bancaires. En Tunisie, la majorité des leaders du secteur sont également détenus par des groupes bancaires. Un avantage de poids que la Star ne pourra contrebalancer qu’à la condition expresse de sceller une alliance, au moins commerciale, avec une grande banque privée tunisienne. ■
Repensez l’Afrique. Pensez ECP.
ECP est fier d’annoncer la clôture de son troisième fonds panafricain, ECP Africa Fund III PCC, d’un montant total de plus de 613 millions de dollars. ECP devient ainsi le premier gérant de fonds à avoir levé plus de 1.8 milliards de dollars pour des investissements en Afrique. Avec 10 ans d’expérience, 7 fonds sous-gestion, 50 investissements réalisés et plus de 20 sorties réussies, ECP est un leader du capital investissement en Afrique. Il est temps de repenser l’Afrique. ww.ecpinvestments.com
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BANQUES ET ASSURANCES
Interview Mohamed El Kettani
« En 2012, la moitié des agences d’Attijariwafa seront hors du Maroc » Le PDG du groupe marocain, leader au Maghreb et numéro deux en zone CFA, dévoile sa stratégie au sud du Sahara. La banque compte y étoffer ses réseaux d’agences pour s’ouvrir aux PME-PMI, à la classe moyenne et aux petits commerçants.
A
RECUEILLIS PAR
F RÉDÉRIC M AURY JEUNE AFRIQUE : M a i n t e n a n t q u ’A t t i jariwafa Bank est devenu le deu x ième groupe bancaire dans la zone CFA, où en est votre stratégie de développement ? MOHAMED EL KETTANI : Nous ciblons les pays jugés stratégiques, dont l’Algérie. L’accord avec le Crédit agricole a accéléré les choses, en nous permettant de nous installer dans quatre nouveaux pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Nous avons pris la décision d’utiliser désormais notre filiale sénégalaise, la CBAO, pour nous déployer dans d’autres pays de l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine, NDLR] : au Burkina, au Togo, puis au Niger. Une filiale directe d’Attijariwafa Bank a été créée en Guinée équatoriale. Maintenant, nous avons une deuxième feuille de route : dès 2011, nous irons vers certains pays anglophones, dont la liste reste à déterminer.
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ttijariwafa Bank est sur tous les fronts. Le groupe marocain a finalisé en 2009 l’acquisition de cinq banques subsahariennes (au Congo, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Gabon et au Sénégal) auprès du français Crédit agricole, devenant ainsi le deuxième groupe bancaire en zone CFA par le total de bilan, après la Société générale. En 2010, Attijariwafa Bank souhaite compléter son dispositif dans cette zone, avant de s’attaquer en 2011 aux pays anglophones. Tout en gardant un œil sur l’Algérie et en poursuivant les créations d’agences en Europe. Ces développements coûtent cher. Au Sud du Sahara, 250 millions d’euros ont été dépensés pour le rachat des filiales du Crédit agricole, financé en grande partie par des transferts de titres, et 60 millions d’euros pour le rachat de la Banque internationale du Mali. Mais le groupe, qui a affiché des résultats en hausse en 2009, en a les moyens. Son PDG, Mohamed El Kettani, nous dévoile sa stratégie commerciale en Afrique et nous explique comment il compte rentabiliser ces nouvelles opérations.
CÉCILE TREAL POUR J.A.
P ROPOS
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BANQUES ET ASSURANCES
Quels segments de clientèle allez-vous donc attaquer ? Après une première année consacrée à l’intégration, viendra la phase de développement en elle-même, avec comme objectif l’ouverture aux PME-PMI et aux classes moyennes. Les réseaux d’agences sont actuellement très limités et nous souhaitons qu’en 2012 la moitié de nos agences soient situées en dehors du Maroc, ce qui « NOUS ALLONS UTILISER LA CBAO, AU SÉNÉGAL, POUR représente la création d’environ 300 agences. En Tunisie, NOUS DÉPLOYER DAVANTAGE EN AFRIQUE DE L’OUEST. » lorsque nous avons acquis la Banque du Sud, alors que 60 agences avaient été ouvertes en quatre-vingt-dix ans, nous en avons ouvert rentabilité pour nos filiales africaines est très 55 en quelques années. élevée. Notre plan d’intégration pour les banques que nous avons acquises est clair : nous Vous parlez de classe moyenne et de PMEtenons compte de la réalité socioculturelle de PMI, mais l’Afrique subsaharienne n’est pas chaque pays, et l’opération de transformation le Maroc… ne vient pas de Casablanca mais elle est penVous avez raison, mais notre constat est sée et réalisée sur place. Chaque filiale doit le suivant. En se promenant dans les ruelles développer sa propre logique, avec comme de Bamako ou de Dakar, vous ne verrez pas objectif de devenir leader sur son marché. Elle d’agence pendant plusieurs kilomètres. En décide notamment d’adopter ou non la marque revanche, vous verrez beaucoup de petits Attijariwafa. commerçants. C’est ce segment de clientèle Les patrons marocains qui ont été nommés que nous souhaitons séduire et nous avons à la tête de ces banques récemment acquises développé au Maroc des techniques de scoring sont là pour assurer la transition. Pour la suite, [évaluation du risque client, NDLR] sérieuses nous avons déjà repéré de hauts potentiels subadaptées à ce type de population. sahariens qui pourront prendre la tête de nos filiales et également intégrer le comité exécutif Vos filiales marocaines spécialisées vontdu groupe. Nous voulons en effet que dans deux elles vous suivre au sud du Sahara ? ans ce comité comprenne les différentes sensiC’est un sujet sur lequel nous réfléchissons bilités culturelles du groupe. Par ailleurs, pour activement, et je peux vous dire qu’une fois le chaque filiale, la gouvernance plan de transformation des banques africaines est alignée avec les standards abouti, nos filiales dans l’assurance, le crédit à du groupe, les systèmes d’inEN CHIFFRES la consommation ou le crédit immobilier vienformation sont mis à niveau et LEADER AU MAGHREB dront dans cette zone. uniformisés. ET SIXIÈME GROUPE BANCAIRE EN AFRIQUE, Vous vous développez en Europe, ce qui est Les échanges commerciaux ATTIJARIWAFA extrêmement coûteux. Est-ce réellement entre le Maroc et l’Afrique BANK EMPLOYAIT, utile ? subsaharienne restent faiFIN 2009, 11 000 Nous avons construit sur trente ans un disbles. Difficile de penser que COLLABORATEURS, positif qui nous permet de rapatrier l’épargne vous comptiez sur ces flux AU SERVICE DE PLUS des Marocains, d’être une tête de pont pour pour rentabiliser vos opéDE 4 MILLIONS le financement du commerce et d’assister les rations… DE CLIENTS, investisseurs européens dans leur déploiement [Sourire] En effet, même DANS 22 PAYS. au Maroc. Ce modèle a très bien fonctionné, si, bien év idemment, nous POUR UN PRODUIT NET et nous voulons le développer dans les autres espérons que de plus en plus BANCAIRE PROCHE pays africains. Nous allons utiliser CBIP, filiale de PME marocaines aillent DE 1,2 MILLIARD française de CBAO Attijariwafa Bank, qui va vers l’Afrique subsaharienne, D’EUROS. interagir avec Attijariwafa Bank Europe pour persuadées de pouvoir y être l’Afrique subsaharienne. Nous allons déployer accompag nées par notre un véritable réseau CBIP. Et grâce aux transgroupe. Mais, comme nous souhaitons devenir ferts d’argent, qui sont au cœur de notre actile numéro un ou deux dans chacun de nos marvité européenne, chaque point de vente doit chés, chaque filiale doit développer sa propre être rentabilisé en deux ans. Plus généralelogique stratégique, tout en s’appuyant sur des ment, nous allons continuer notre développecompétences développées au Maroc, par exemment en Europe et nous allons nous implanter ple dans le transfert d’argent ou le financement en Suisse. ■ des grands projets d’infrastructures. ▲ ▲ ▲
Que répondez-vous à ceux qui doutent de votre capacité à transformer vos acquisitions en opérations rentables ? Je t iens à préciser deu x c hoses. Tout d’abord, notre stratégie de développement est bâtie sur notre capacité financière, certes, mais également sur nos capacités en ressources humaines. Ensuite, l’exigence de
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JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
BANQUES ET ASSURANCES
Algérie Toujours plus de contraintes
Obligation d’avoir un actionnariat local majoritaire, interdiction du crédit à la consommation, surveillance accrue… Face aux exigences des autorités, rien n’est simple pour les institutions financières, notamment étrangères. S HAFIKA H OUCINE
A
lors que la spéculation allait bon train avant la sortie du texte officiel, la loi de finance complémentaire 2010 (LFC), adoptée le 25 août, confirme et renforce la volonté des autorités algériennes d’encadrer et de placer sous haute surveillance les investisseurs étrangers. Un protectionnisme économique amorcé par l’État en 2008 et qui rejaillit sur les 14 banques étrangères installées sur le territoire. Déjà, la LFC 2009 avait imposé l’obligation, pour toute nouvelle société lancée par des investisseurs étrangers, d’avoir un actionnariat local majoritaire (51 % du capital). La mesure a fait couler beaucoup d’encre. Mais le législateur a réaffirmé ce principe pour le seul secteur bancaire dans la LFC 2010. Il est vrai que les textes régulant le marché financier n’avaient pas été mis à jour entre-temps… Bien sûr, la disposition n’est pas rétroactive et ne concerne pas les banques déjà implantées sur le sol algérien. Mais elles devront l’appliquer en cas de création d’une nouvelle filiale. Plus inquiétant encore : en cas de modification de l’actionnariat ou de levée de fonds, l’État s’oc-
quer et mettre en œuvre que pour les sociétés à capitaux nationaux. Être présent au plus près du capital des banques, avoir un droit de regard sur les opérations de change : telle est la volonté des autorités. Elle traduit une quasi-obsession de la maîtrise des réserves et devises, qui se fonde notamment sur les déboires qu’a connus le gouvernement algérien avec le groupe Orascom. Les autorités reprochent l’attitude de l’investisseur égyptien, qui a revendu au groupe français Lafarge, pour plus de 2 milliards de dollars, fin 2007, deux cimenteries acquises deux ans plus tôt pour moins de 700 millions de dollars à l’occasion d’une privatisation. Une plus-value record qui a irrité jusqu’au président Abdelaziz Bouteflika, à l’initiative de ce tour de vis réglementaire à l’encontre des investisseurs étrangers. La pilule n’est pas passée, à tel point que la cession annoncée de l’activité télécoms d’Orascom (sous la marque Djezzy) était toujours dans l’impasse mi-2010, l’État algérien menaçant d’exercer son droit de préemption. Un épisode d’autant plus irritant pour les autorités que tout sujet lié à la gestion des réserves de devises touche à la souveraineté du pays. Pour comprendre cette susceptibilité, il faut « remonLE DROIT DE PRÉEMPTION DE L’ÉTAT ÉTAIT RÉSERVÉ ter aux années 1990, lorsque l’Algérie était en situation de AUX SOCIÉTÉS À CAPITAUX NATIONAUX. IL A ÉTÉ ÉLARGI. quasi-cessation de paiement de sa dette », explique Mohand troie le droit d’imposer aux banques étrangèSidi Saïd, l’ex-vice-président de Pfizer, qui avait res d’accueillir dans leur capital un investisseur investi dans la première usine pharmaceutique local pour en faire l’actionnaire de référence. De étrangère en Algérie pendant la décennie noire. même, les responsables de leurs filiales algé« La situation économique difficile, ajoutée aux riennes doivent désormais avoir le statut de déficits de la balance commerciale et de la résident en Algérie. Enfin, les banques privées, balance des paiements, a plongé le pays dans la étrangères ou nationales, doivent obtenir l’autocrise », ajoute-t-il. risation des autorités pour céder des actions à Ce verrouillage de l’économie à l’encontre des tiers, et ces cessions doivent impérativedes investisseurs étrangers se retrouve aussi au ment se réaliser sur le sol algérien. Pour veiller plan fiscal. La LFC 2010 a ainsi généralisé à tous à la bonne application de cette mesure, l’État a les secteurs la taxe sur les superprofits (selon élargi aux entreprises étrangères son droit de un taux qui varie de 30 % à 80 %), appliquée préemption, qu’il ne pouvait jusqu’alors invoauparavant uniquement dans l’activité pétro24
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OUSSAMA AYOUB/TOROMORO/MAX PPP
lière. Cette mesure constitue un frein réel au développement du secteur bancaire. Elle pourrait bien dissuader de potentiels investisseurs, et pénaliser par ricochet les établissements locaux en limitant le développement de produits financiers compétitifs. QUELS RELAIS DE CROISSANCE ?
La suppression en 2009 du crédit à la consommation a déjà eu des conséquences non négligeables sur l’activité des banques. Filiale du français BNP Paribas, Cetelem, qui s’était imposé avec près de 45 % du marché, devrait être réintégré à sa maison mère avant fin 2010, licenciant au passage quelque 80 % de ses effectifs. Le crédit immobilier constituera-t-il un relais de croissance pour les banques ? Il est trop tôt pour le dire, d’autant que la mise à niveau des compétences dans ce domaine est nécessaire et que l’offre de logements est encore limitée. Le marché sera en outre certainement stimulé par l’entrée en vigueur, le 31 mars 2011, du décret imposant le chèque pour tout règlement supérieur à 500000 dinars (environ 5000 euros). Un sacré tour de force dans un pays où 80 % à 85 % des transactions se font encore en espèces. Cette mesure devrait très certainement accélérer le phénomène de bancarisation.
Mais les banquiers savent s’adapter. Et, au final, les mesures adoptées par les autorités depuis deux ans ne vont pas toujours contre leurs intérêts. Introduit sans réelle concertation comme moyen de paiement des importations en 2009, le crédit documentaire (Credoc), qui a provoqué un tollé au sein du patronat algérien, a surpris les établissements bancaires qui n’y étaient pas préparés. Quelques mois plus tard, sa généralisation constituait une véritable rente pour les banques, au grand dam des importateurs qui doivent avancer jusqu’à 110 % de leurs achats afin de supporter les risques de change, pour lesquels aucun instrument monétaire n’existe. « Pour un investisseur étranger, chaque pays a ses contraintes. Quel pays peut encore offrir des perspectives de retour sur investissement de 15 % à 20 %, sachant qu’on ne peut espérer guère plus de 6 % dans les pays occidentaux ? Le marché bancaire algérien est difficile mais pas inquiétant », assure un ancien dirigeant de banque privée. Quelques questions toutefois se posent : l’Algérie peut-elle se développer sans l’apport des investisseurs étrangers, de leurs capitaux, de leurs savoir-faire, de leurs technologies? L’économie ne risque-t-elle pas d’étouffer avec cette résurgence étatique, source de problèmes durant des années? La sagesse l’emportera-t-elle ? ■
Une agence à Alger, en 2008. Toute filiale nouvellement créée doit désormais compter plus de 51 % de capitaux algériens.
SANS MAITRISE, LA PUISSANCE N’EST RIEN Maîtrisez votre puissance, libérez votre passion.
BANQUES ET ASSURANCES
Afrique centrale Destins croisés au Cameroun
Alors que Commercial Bank-Cameroun a été placé sous administration provisoire, Afriland poursuit son ambitieuse politique panafricaine. Histoire de deux groupes portés par des entrepreneurs influents, mais dont les trajectoires ont radicalement divergé.
A
ET
É RIC L EPONT
u Cameroun, il y a des filiales de banques françaises, de groupes panafricains ou internationaux. Et puis il y a aussi, entre tous ces acteurs, Afriland First Bank et Commercial Bank-Cameroun (CBC), les deux seuls groupes bancaires à capitaux majoritairement camerounais. Enfin… il serait plus juste de dire « il y avait ». En novembre 2009, en effet, CBC était placé sous administration provisoire, ce qui dépossédait de fait son actionnaire principal, le groupe Fotso, de ses droits. Pour Victor Fotso et Yves-Michel, son fils, ce fut un coup de massue supplémentaire. Pour beaucoup d’observateurs, la suite logique d’erreurs en matière de gestion. Sur le papier, les deux groupes bancaires camerounais avaient plus d’un élément de ressemblance : leurs statuts d’établissements à capitaux camerounais, tout d’abord, mais aussi deux grands entrepreneurs aux commandes, Paul Kammogne Fokam pour Afriland et Victor Fotso pour CBC. Très vite, les deux banques se sont également lancées dans la conquête du marché sous-régional. Modeste microbanque à ses débuts, Afriland s’installe dès 1994 en Guinée équatoriale, avant de prendre pied, quelques années plus tard, successivement au Congo, à São Tomé e Príncipe, en RD Congo, puis, en 2010, en Zambie. Suivant les pas de sa devancière camerounaise, CBC inaugure ses premiers guichets bancaires en Centrafrique dès 1999, s’installe l’année suivante au Tchad et en 2005 à São Tomé e Príncipe. DIFFICULTÉS SUR DIFFICULTÉS
Mais la comparaison s’arrête là. Par la suite, en effet, tout semble avoir fait diverger les deux banques camerounaises. L’exemple
AFRILAND FIRST BANK
G EORGES D OUGUELI
de la Guinée équatoriale est à ce titre tout à fait révélateur : alors que Paul Fokam y bâtit avec habileté ce qui devient rapidement la première banque du pays, CCEI Bank, respectant les demandes de ses actionnaires minoritaires équato-guinéens et ne rencontrant que peu d’embûches dans son développement, Yves-
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
Paul Fokam, président d’Afriland First Bank.
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BANQUES ET ASSURANCES
créé en Suisse en 2008. L’objectif est clair : alors que les différentes banques n’étaient liées jusqu’à présent que par un actionnaire commun, Paul Fokam, celui-ci a décidé de regrouper toutes ses participations au sein d’un holding afin de consolider le groupe, le renforcer financièrement et accélérer son expansion géographique. L’institution de développement néerlandaise FMO, soutien historique du groupe, le suit dans cette aventure et convertit ses participations dans les banques camerounaise et équato-guinéenne en part dans le nouveau holding. DES FONDS PROPRES QUASIMENT NULS
Yves-Michel Fotso semble quant à lui avoir fait preuve de beaucoup moins de rigueur dans sa gestion. Derrière la mise sous administration provisoire de CBC se cache une forte dégradation de l’état financier de la banque, en raison notamment d’une politique de crédits hasardeuse. Établis officiellement à 18 millions d’euros en mai 2008, les fonds propres de CBC seraient en effet quasiment nuls après prise en compte des crédits en souffrance. L’autorité de surveillance a ainsi jugé que la gestion de la banque se déroulait en marge des normes communautaires. Tout comme d’ailleurs celle de la Société financière africaine (SFA, établissement financier au cœur du dispositif bancaire de Fotso), également placée sous administration provisoire avant que la Cobac ne lui retire son agrément en juin 2009. Les pertes cumulées au 31 décembre 2009 étaient en effet évaluées à 8,6 millions d’euros. Comble de ma lc ha nce, ceux qui auraient pu sauver le groupe l’ont laissé tomber. La Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale) et la Banque européenne d’investissement (BEI) ont en effet renoncé définitivement, début 2009, à un investissement de 10 millions d’euros dans le groupe Commercial Bank. L’opération avait pourtant été bruyamment annoncée un an et demi plus tôt. Mais entre-temps les deux bailleurs de fonds n’ont pas obtenu les garanties suffisantes. « Ils ont refusé de prendre le risque à cause des problèmes de gouvernance et les soucis judiciaires du principal négociateur », estime un journaliste de Yaoundé. Le fait qu’à partir d’avril 2008 le passeport d’Yves-Michel Fotso lui ait été retiré par les MABOUP POUR J.A.
Michel Fotso, lui, affronte difficultés sur difficultés. Malgré l’agrément de la Commission bancaire d’A frique centrale (Cobac) pour ouv rir en 2003 Commercial Bank Guinée équatoriale (CBGE), et en dépit des investissements déjà réalisés, Malabo refuse au groupe l’autorisation de démarrer ses activités. La longue bataille juridique qui s’ensuit devant la Cour comCOMBLE DE mune de justice et d’arbitrage MALCHANCE, CEUX de l’Oh ada (O r ga n i sat ion pour l’har monisation en QUI AURAIENT PU Afrique du droit des affaires) se termine en mai 2009 par SAUVER CBC L’ONT la condamnation de la Guinée équatoriale à payer près de LAISSÉ TOMBER. 70 millions d’euros de dommages et intérêts au groupe bancaire. Une victoire en trompe-l’œil car, entre-temps, Commercial Bank-Cameroun a commencé sa descente aux enfers… Il faut dire que CBC n’a peut-être pas accordé assez d’importance à son modèle de gouvernance. Chez le patron d’Afriland, au
Yves-Michel Fotso, président de Commercial BankCameroun.
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contraire, c’est une question centrale. « Pour éviter les conflits d’intérêt avec ses autres activités entrepreneuriales, Paul Fokam prend soin de confier la gestion des différentes entreprises qu’il contrôle à des managers de haut niveau », explique l’un de ses plus anciens partenaires. Parmi eux, Alamine Ousmane Mey, le patron d’Afriland au Cameroun, ou Joseph Tindjou, en Guinée équatoriale. Plus récemment, Albert Nigri a été nommé à la tête d’un nouveau holding, baptisé Afriland First Group (AFG) et
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Les atouts d’un Groupe leader des assurances de la zone CIMA Des atouts pérennes pour conforter et garantir la confiance de ses assurés Une stratégie de croissance performante et d de long ong terme - Un Groupe établi en Afrique depuis is 30 ans. ys. - 17 filiales présentes dans 11 pays. oissance au cours des 5 dernières années. - Un chiffre d’affaires en forte croissance e 13% dans la zone C A confortée par une position de leader en Côte d’Ivoire (Vie et Non - Une part de marché globale de CIMA Vie), au Bénin (Vie) et au Malii (Non Vie).
Notation financière de la capacité de règlement des sinistres : Colina Côte d’Ivoire = A+ : capacité élevée Colina Vie Côte d’Ivoire = A+ : capacité élevée
Evolution du chiffre d’affaires par activité (en millions FCFA)
45.000 40.000 35.000 30.000 25.000 20.000 15.000
Assurance Non Vie
10.000
Assurance Vie
5.000
Groupe
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Gabon Madagascar
Ghana Côte d’Ivoire
50.000
Bénin
55.000
Source : Direction Financière Groupe Colina (dirfin@groupecolina.com)
60.000
C O M M U N I C A T I O N
70.000 65.000
Sénégal
Colina Participations = BBB+ : indice d’investissement
Europe
D U F I N A N C I È R E
Notation financière de la dette à long terme :
Mali
anisation orientée vers la satisfaction du client et la a maîtrise des risques Une organisation nisation matricielle permettant à toutes les filiales d’offrir ffrir une qualité de service optimale et de bénéficier bé - Une organisation des e réassurance. meilleures ressources du Groupe, notamment en m matière de sécurité financière. - Le 1er groupe d’assurance de la zone CIMA à disposer de procédures de lutte anti-blanchiement et de sé
Cameroun
surance crédit à l’exp n paiement et le risque politiq - Une offre d’assurance l’export couvrant le risque commercial de non politique de non transfert. ces financières de ladéf aillan d’un système - L’assurance des risques informatiques permettant de réparer les conséque conséquences la défaillance on. d’information.
Togo
ce L’innovation au coeur de notr notre croiss croissance
G R O U P E
Des atouts distinctifs istinctifs s’ada s’adaptant tant aux exige exigences es de nos marchés
Burkina Faso
- Des fonds propres de 30 milliards FCFA. lliards FCFA. - Un total bilan de 220 milliards s evant à 144 milliards FCFA, FA, couvr couvrant 113% d - Des actifs financiers et immobiliers gérés s’élevant des engagements techniques. présentant 12 mois de sinistres bruts de réassurance. - Une trésorerie nette, disponible à court ter terme,, de 44 milliards FCFA représentant nne des placements fi nciers de 9% et des produits its financiers en fforte cr - Une rentabilité moyenne financiers croissance.
C O L I N A
Une structure financière exclusivement ère solide exclus ement dédiée aux opérations d’assurance
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enquêteurs chargés de l’affaire du détournement de l’argent public destiné à l’achat d’un avion présidentiel (du temps où le président de CBC était aussi administrateur directeur général de la compagnie aérienne à capitaux publics Cameroon Airlines) a sans doute pesé
Afriland : de nouvelles ambitions sur le continent
Afriland, en revanche, les séduit désormais beaucoup plus. Le groupe engrange les profits. En 2009, ils se seraient élevés à une vingtaine de millions d’euros, dont un quart environ amené par Afriland Cameroun. Déjà actionnaire, le FMO envisageait, à la mi-2010, d’investir 19,2 millions d’euros dans AFG, dont 6 millions en fonds propres et le reste sous forme de prêt. Plusieurs autres institutions de renom, dont le norvégien Norfund ou l’allemand DEG, regarderaient aussi le dossier.
SOURCE : JEUNE AFRIQUE
« INTERFÉRENCES POLITIQUES »
Le groupe, qui souhaite ardemment conserver son indépendance capitalistique et rechigne à faire entrer dans son capital une banque étrangère, a néanmoins un fort besoin de fonds propres pour assurer son développement. Il a en effet créé une banque au Liberia Cameroun Création : 1987 et réf léc hit à une Position : troisième Po i mpl a nt at ion Guinée banque du pays prochaine au Liberia équatoriale En projet Zimbabwe. Création : 1994 A v e c u n Position : première modèle stratébanque du pays gique constant : Côte d’Ivoire re Congo Cong Co ng celui d’une banRD Congo Le groupe Création Créa Cr éati que d’entrepreCréation : a quitté le pays ys d'un d' un bureau bbur neurs, capable 2005 en 2007 en 2002 2 São Tomé de soutenir les e Príncipe entreprises, les Création : 2003 PME du secteur Position : première f ormel et les banque du pays Zambie petits commerCréation : ces i n for mels, 2010 ainsi que les lo d. Mais Mai les le mullménages désireux lourd. d’acquérir des protiples casquettes duits financiers. d’ Yves-Michel Fotso, Zimbabwe Du côté du administrateur direcEn projet groupe Fotso, si l’on teur général de plusieurs dénonce, par la voix ent repr i se s du g roupe M d’Alex Mimbang, responsable de la comFotso – dont la Compagnie munication, des « interférences politiques » internationale de services, dans le dossier CBC, on reconnaît aussi les la distillerie Fermencam, errements du passé, tout en regrettant que la l’Imprimerie du Tchad… –, n’y mise sous administration provisoire soit intersont certainement pas pour alors qu’un plan de restructuration était rien. Dans la décision en date LE GROUPE DE PAUL du 2 novembre 2009, portant venue en préparation. Désormais, c’est l’administrateur provisoire de la banque, Martin Luther mise sous administration proFOKAM SOUHAITE Njanga Njoh, qui travaille à proposer à la visoire de la banque, la Cobac Cobac un plan de restructuration susceptible estimait en effet que des créARDEMMENT de rééquilibrer les comptes de l’entreprise. dits ont été « octroyés essenCe qui revient à trouver environ 60 millions tiellement à des entités qui CONSERVER SON d’euros d’argent frais. Une somme que seul un font partie du groupe Fotso, investisseur de premier plan, pourquoi pas une principal actionnaire de CBC, INDÉPENDANCE. banque étrangère, semble capable d’apporter. ou à des bénéficiaires consiLe Cameroun ne comptera plus alors qu’un seul dérés comme sensibles, voire douteux ». Pas de grand groupe bancaire à capitaux majoritairequoi décider à investir la fine fleur des bailleurs ment camerounais. ■ de fonds internationaux. 30
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RD Congo La ruée bancaire
Le pays recense 350 000 comptes, mais le potentiel est estimé à 13 millions de clients. De quoi attiser l’imagination commerciale des établissements de la place, de plus en plus nombreux, qui diversifient les produits et les services offerts à la clientèle. M URIEL D EVEY
E
n RD Congo, les banques poussent doucement, mais sûrement. Elles seront près de vingt-cinq à la fin de 2010 contre une douzaine seulement en 2002, année de l’adoption d’une nouvelle loi bancaire, et début de la restructuration et de la recomposition du paysage financier. La plupart des grands groupes bancaires panafricains, de Standard Bank à Ecobank en passant par Bank of Africa, s’y sont depuis installés, convaincus par le potentiel d’un pays qui compte quelque 65 millions d’habitants
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et d’importantes richesses minières. Cette inflation bancaire ainsi que la confiance retrouvée des Congolais dans leur système financier ont permis de porter le nombre de comptes de 30 000, il y a cinq ans, à 350 000 aujourd’hui. Le volume des dépôts a quant à lui grimpé de 835 millions de dollars en 2007 à 1 milliard de dollars en 2009 (environ 700 millions d’euros à l’époque). Les nouveaux arrivants ont bousculé les habitudes, diversifiant les produits et les services offerts à la clientèle. L’allemand ProCredit Bank a ainsi ciblé les « petits », dont aucune banque ne voulait auparavant, en s’implantant dans les quartiers populaires de la capitale et en introduisant la monétique. Les autres ont suivi, et, aujourd’hui, les retraits de cash aux guichets automatiques sont entrés dans les mœurs, tandis que le paiement par carte bancaire est de plus en plus accepté par les commerces, les hôtels et les restaurants. SÉDUIRE LES PME
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Pour augmenter leurs parts de marché, les banques n’ont d’autres moyens que d’explorer le gisement de clients non encore bancarisés. Alors que le marché des salariés est déjà largement couvert, et celui des grands comptes aussi, cette nouvelle manne pourrait venir des acteurs de l’informel et surtout des petites et moyennes entreprises (PME). Traditionnellement peu enclines à entrer dans le système bancaire, certaines de ces PME disposent pourtant d’épargne, qu’elles « capitalisent sous forme de stocks ou investissent dans la construction », explique Louis-Odilon Alaguillaume, administrateur délégué de la Banque internationale de crédit (BIC), l’une des cinq premières banques du pays. Cette situation pourrait être bouleversée « si le gouvernement prenait des mesures pour obliger les PME à exécuter leurs transactions via les banques, ce qui permettrait à ces dernières d’augmenter leurs parts de marché et d’abaisser le taux du crédit, très élevé », remarque un banquier. De leur côté, les banques devront faire un effort en matière de crédits. Si en 2009 le stock des crédits octroyés (504 millions de dollars)
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SOURCE : SOCIÉTÉS
térieur du pays a commencé. Les banques ancienreprésentait la moitié de celui des avoirs, les prêts nement implantées, qui disposent d’un réseau en à l’économie restaient principalement des crédits province, ont l’avantage sur les nouveaux arrivés, documentaires, de caisse et commerciaux à court dont la connaissance du pays reste à bâtir. terme, avec des montants limités. Même si elles Les banques étrangères ont quant à elle beaupeuvent parfois se regrouper pour un crédit, les coup de chemin à parcourir pour se faire une place banques prêtent en général à peine l’équivalent sur un marché dominé par des établissements de six mois de salaire pour les particuliers et de rattachés à des investisseurs, principalement des 15 000 à 50 000 dollars pour les commerçants groupes, opérant en RD Congo : ils représentent ou les petits industriels, avec des délais de remquasiment la moitié des banques du pays et totaboursement excédant rarement trente-six mois. lisent plus des trois quarts des dépôts et des créPas de quoi financer les investissements sur le dits (voir graphique). Parmi les leaders figure la long terme et, incidemment, le développement Banque commerciale du Congo économique d’un pays. (BCDC), doyenne des banques Où trouver les ressources congolaises, acquise à la fin qui permettraient de satisfaire Cinq banques pour 75 % du marché de 2009 par la famille Forrest cette demande ? Les déposants En termes de dépôts auprès du français BNP Paribas, semblent réticents à laisser leur (part de marché en %, en 2009) qui avait lui-même repris les épargne auprès du système parts de Fortis-Belgolaise en financier pour des durées lon20,3 18,9 mai 2008. La BIAC appartient gues. Seules cinq banques pro16,8 quant à elle au groupe Blattner, posent des comptes épargne, et tandis que le groupe indien les comptes courants représen11,4 Rawji, actif en RD Congo depuis taient toujours 82 % du total 9,4 près d’un siècle et très diversides comptes en 2009. Du coup, fié, a créé Raw Bank en 2002, des montages sont étudiés par désormais numéro un du pays. des bailleurs de fonds comme Autres exemples : les diamanla Banque européenne d’investaires israéliens Dan Gertler tissement, l’Agence française de Raw Bank BCDC BIAC TMB BIC International et Beny Steinmetz développement, l’Agence des Group, qui contrôlent la BIC, ou États-Unis pour le développeEn termes de crédits (part de marché en %, en 2009) l’homme d’affaires Robert Lévi, ment international ou la Banque qui a ouvert la Trust Merchant mondiale, qui envisagent d’ac19 19 19 Bank (TMB), à Lubumbashi. corder des lignes de crédit aux Ce lien capitalistique entre banques congolaises pour finanbanques et groupes privés laissecer les PME. Avec, en accompa11 11 t-il planer un danger sur la stagnement, une formation de ces bilité du système financier ? dernières à la culture bancaire. Ces banquiers d’un nouveau L’implantation de banques d’ingenre se sont-ils lancés dans vestissement est également le métier pour capter l’épargne appelée de leurs vœux par de Raw Bank BCDC BIAC TMB BIC locale et financer leurs affaires? nombreux chefs d’entreprise. Rawji s’en défend. « Nous avons créé une banque pour diversifier nos activités. COURSE À L’OUVERTURE D’AGENCES D’ailleurs, la Banque centrale du Congo est vigiPour développer l’activité commerciale, les lante en matière d’octroi de crédits aux entrepribanques visent les petites villes de l’intérieur. ses et aux administrateurs d’un groupe. En ce qui Deux provinces, le Bandundu et le Maniema, ne nous concerne, il n’y a pas de conflits d’intérêt », comptent en effet aucune présence bancaire. Une informe Michel Notebaert, directeur commercial autre, l’Équateur, ne compte qu’une agence. Et, de Raw Bank. De plus, la taille encore modeste excepté Kinshasa, le Bas-Congo et le Katanga, les du système bancaire congolais, avec un total de autres provinces sont sous-bancarisées. Malgré bilan équivalent à 11,9 % du produit intérieur brut des problèmes sécuritaires, les deux Kivus et la à la fin de 2009, contre une moyenne africaine de province Orientale offrent de larges potentialités. 32 %, limite fortement les risques. ■ Du coup, la course à l’ouverture d’agences à l’in-
Produire du savoir pour modeler l'avenir
L
a recherche, la production et le partage du savoir sont inscrits au cœur des activités du groupe de la Banque africaine de développement (BAD). Ces composantes-clés de la gestion du savoir contribuent largement à la lutte contre la pauvreté. Car le savoir joue un rôle crucial dans la transformation économique et la promotion du développement. C'est pour ces raisons que le groupe de la BAD a comme objectif, à terme, de se positionner comme un centre de savoir sur les questions liées au développement économique et social en Afrique.
© 2009 - BAD - Design, Unité des relations extérieures et de la communication/YAL
Conformément au rapport du Panel de haut niveau (HLP) produit sous la direction de M. Paul Martin, ancien premier ministre canadien, et M. Joachim Chissano, ex-président du Mozambique, « la Banque complète ses services financiers par les services du savoir, y compris les études d’analyses et de politiques économiques. Ces études fournissent les fondements essentiels aux nouvelles initiatives politiques et à la capacité de réaction du groupe de la BAD aux nouveaux défis du développement ». Conscient des enjeux du savoir dans la promotion du développement, le groupe de la BAD apporte son soutien à la recherche et au renforcement des capacités des institutions africaines. Il compte établir un fonds fiduciaire pour la gestion du savoir (Knowledge Management Trust Fund) destiné à mobiliser et à gérer les ressources nécessaires au renforcement de sa capacité de recherche, de production et de gestion du savoir. Le groupe de la BAD a également lancé d'autres initiatives telles que la Conférence économique africaine, le Programme des éminents conférenciers et le Partenariat pour le programme de valorisation des compétences (PASDEP). Le groupe de la BAD participe à des échanges de cadres avec le secteur privé, les institutions nationales, régionales et internationales, les universités et instituts de recherche ainsi qu’avec les syndicats et ONG pour développer le partenariat au service du savoir, en vue de modeler l’avenir.
www.afdb.org
BANQUES ET ASSURANCES
Interview Lala Moulaye
« De la culture cash à la culture carte »
Émergence d’acteurs régionaux, réforme du marché, pistes de croissance… La patronne des banquiers francophones et directrice générale de Bank of Africa-Côte d’Ivoire revient sur les principaux enjeux du secteur bancaire en Afrique de l’Ouest. P ROPOS
C
RECUEILLIS PAR
Z OÉ S UAREZ
’
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JEUNE AFRIQUE : La crise qui a frappé la finance mondiale à la fin de 2008 a-t-elle eu des conséquences durables en Afrique? LALA MOULAYE : Bien entendu, mais de façon sans doute moins forte qu’en Europe ou aux États-Unis. Nous avons tout de même observé une diminution ou un report des investissements, un tassement des transferts des diasporas et, au final, un ralentissement de la croissance dans la plupart des pays. Dans ces conditions difficiles, les
FALONE POUR J.A.
est une pionnière. Première femme à diriger une banque ivoirienne, Lala Moulaye est aussi la première à présider le Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’Afrique. Dans le milieu très masculin de la finance, le fait mérite d’être souligné. Directrice générale de Bank of Africa-Côte d’Ivoire (BOA-CI), cette quinquagénaire a su profiter des opportunités de promotion interne pour grimper dans l’organigramme. Titulaire d’un DESS en administration des entreprises, elle débute sa carrière en 1987. Treize ans plus tard, elle intègre la BOA-CI en tant que directrice des opérations et du développement, puis devient directrice générale en 2007. Aujourd’hui, la filiale ivoirienne du groupe BOA est l’un des principaux acteurs du marché ouestafricain. Sur les résultats de la banque comme sur sa stratégie, Lala Moulaye préfère rester discrète. Un trait de caractère qui détonne dans l’ambiance machiste des milieux d’affaires. « Madame le directeur général » reconnaît qu’à certains moments de sa carrière, il lui a fallu combattre les préjugés. Mais si la lutte fut parfois difficile, sa victoire est à la fois incontestable et rare. Peu nombreuses sont les femmes à se situer aujourd’hui à un tel niveau de responsabilité. Parmi elles, citons, entre autres, Laurence do Rego et Evelyne Tall, respectivement directrice financière et directrice exécutive d’Ecobank, ou Anta Dioum, numéro deux de CBAO, au Sénégal.
Dans son bureau à Abidjan, le 25 août 2010.
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
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BANQUES ET ASSURANCES
▲ ▲ ▲
banques ont continué à fonctionner, sans doute en analysant de façon plus stricte les demandes de crédit, mais sans durcir les conditions financières. Les banques centrales les ont aidées par une politique souple et pragmatique des taux de refinancement des banques.
Comment des groupes comme BOA ou Ecobank ont-ils pu devenir des acteurs majeurs? L’émergence d’acteurs régionaux, puis continentaux, est à mon sens le fruit de la volonté croissante des acteurs du continent d’occuper la place qui leur revient naturellement, mais c’est aussi le résultat du repli quasi général des banques occidentales, les deux mouvements s’étant ■ Fondé il y a deux simultanément influencés. Le décennies, le Club développement économique, les des dirigeants de évolutions démographiques, l’urbanques et établisbanisation continue ont bien sûr sements de crédit favorisé une demande de bancad’Afrique compte une risation sans cesse croissante, à soixantaine de memlaquelle les banques qui ne sont bres issus de quinze pas issues du continent africain pays subsahariens et pouvaient difficilement réponde Mauritanie. Présidé dre. Enfin, la densité du réseau par Lala Moulaye, s’est avérée être un outil indisil est animé par un pensable pour se développer au secrétaire exécutif, plus près de la clientèle.
Un club bancaire
Ousseynou Sow.
En zone CFA, il y aurait trop de banques, trop petites. Êtesvous favorable à un scénario nigérian, avec la diminution drastique du nombre d’établissements consécutive au relèvement du capital exigé? C’est vrai qu’il y a beaucoup de banques, au regard de la taille de nos marchés, et c’est bien ce qui justifie les réformes en cours, qui visent principalement à assainir le secteur. La garantie? C’est l’exercice du métier dans le respect des règles. Mais il faut également rappeler que les seules règles ne
« À
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ment. La réglementation et la supervision sont les moyens indispensables par lesquels l’autorité de tutelle intervient dans le jeu. L’exemple nigérian prouve que la restructuration du marché n’a pas encore permis d’éradiquer les pratiques douteuses… Vouloir les éradiquer à court terme ou totalement serait présomptueux. Vous avez cependant bien observé qu’il y a des réformes importantes en cours au Nigeria, qui ont notamment porté le nombre de banques en activité de 90 à 26 en quelques années. Dans l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine, NDLR], le paysage bancaire se recompose aussi, notamment avec l’arrivée de nouveaux opérateurs, et les réformes se poursuivent, avec une importante refonte institutionnelle qui a accru l’indépendance de la BCEAO [Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest, NDLR]. Les choses vont donc dans le bon sens. La remise en cause de la croissance du secteur bancaire nigérian va-t-elle avoir des conséquences néfastes pour l’Afrique de l’Ouest? Tout dépend comment on voit les choses : en termes d’activité bancaire, vous savez bien que les parties francophone et anglophone de l’Afrique de l’Ouest sont très cloisonnées. Par contre, les banques nigérianes qui sont en train de s’implanter en Afrique de l’Ouest francophone continueront-elles à en avoir les moyens ? Leur image va-t-elle en souffrir? L’avenir le dira.
Le développement rapide des banques marocaines ou nigérianes en Afrique francophone ne révèle-t-il pas une certaine faiblesse des établissements bancaires locaux? Les établissements marocains et nigérians ont trouvé dans notre zone un territoire d’expansion naturel pour leurs activités – parfois soutenues et encouragées par leurs pouvoirs publics –, et des banques très attrayantes. Mais il est vrai qu’il y a des banques de dimension plus modeste, qui sont contraintes de suivre les mises à niveau réglementaires sous peine de VOULOIR ÉRADIQUER LES PRATIQUES DOUTEUSES disparaître, comme au Nigeria voisin. Ce sont les nouvelles règles, indispenCOURT TERME SERAIT PRÉSOMPTUEUX. » sables au développement et à la bonne santé du secteur. Il faut s’y plier. suffisent pas: une vraie sécurité judiciaire est tout Quels bénéfices les banques africaines peuventautant indispensable, notamment pour assurer elles tirer des nouvelles technologies, notamcorrectement le recouvrement des créances banment dans le domaine de la monétique? caires compromises. D’une façon très générale, les nouvelles technologies font gagner en productivité, améliorent Souhaitez-vous une intervention plus forte de le service rendu au client et permettent de diverla BCEAO pour assainir le secteur, ou êtes-vous sifier l’offre avec des produits innovants. Dans le profondément libérale? domaine particulier de la monétique, l’Afrique est Si « profondément libérale » signifie « libéen retard par rapport au reste du monde, mais je ralisme sauvage », ma réponse est non. Dans un pense qu’il est en train de se produire le même système, même libéral, il faut des règles claires phénomène avec les cartes bancaires qu’avec le qui s’appliquent à tous les acteurs, lesquels doivent téléphone mobile il y a quelques années. Nous être surveillés et sanctionnés en cas de manqueJEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
BANQUES ET ASSURANCES
quier. Quand les banquiers rejettent des mauvais dossiers, on dit qu’ils sont frileux. Mais quand la banque a des difficultés nées de la dégradation de son portefeuille, on dit que l’établissement a été mal géré. Quoi qu’il en soit, je ne pense pas que la surliquidité des banques soit en cause, mais plutôt le nombre trop faible de projets bien construits.
allons passer directement de la culture cash à la culture carte, sans passer par la case chèque.
Pour enrichir leur offre, nombre d’établissements misent sur la diversification des produits et services. Comment jugez-vous ces nouvelles pistes de croissance? Il en existe plusieurs : ce sont par exemple Vous êtes la première femme à diriger une les produits de bancassurance ou les services de filiale de BOA. Dans le milieu très masculin de mobile banking. Mais je pense que nous faisons la banque, a-t-il été difficile de vous imposer? fondamentalement tous le même métier et proAu sein de ma propre entreprise, je n’ai pas posons globalement la même offre. Le choix du rencontré de difficultés, car seuls le travail, l’engaclient pour tel ou tel établissement s’opérera donc selon deux critères principaux : la qualité du service qu’on lui rend et la « DANS LE DOMAINE DE LA MONÉTIQUE, L’AFRIQUE bonne adéquation des produits à ses besoins. Autrement dit, les métiers EST EN RETARD SUR LE RESTE DU MONDE. » touchant à l’animation commerciale et au marketing vont rapidement se gement et les résultats comptent. Être une femme placer au centre de la stratégie des banques. n’a joué ni en ma défaveur ni en ma faveur. Certes, le milieu de la banque et de la finance reste très Les banques sont souvent accusées de ne pas masculin, mais je ne suis qu’une des premières. prendre de risques et d’être surliquides… Le mouvement est irréversible. Dans tous les secCe n’est pas parce que la liquidité d’une banque teurs professionnels, et je dirais même dans la vie est bonne qu’elle doit financer tous les projets qui en général, une femme doit faire davantage ses lui sont soumis. Quand un dossier n’est pas bon, preuves qu’un homme, toujours et tout le temps. il ne doit pas être financé. Or l’appréciation de la C’est ainsi, et les femmes font avec. ■ qualité d’un projet est du strict ressort du ban-
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* Tarif France métropolitaine par rapport au prix de vente en kiosque.
LES 3 HORS-SÉRIE INCONTOURNABLES DU CONTINENT AFRICAIN PORTRAITS LES PERSONNALITÉS QUI FONT 2010
ENQUÊTE L’AFRIQUE À L’HEURE DU GREEN BUSINESS
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JEUNE AFRIQUE
BANQUES ET ASSURANCES
Zone CFA Banque Atlantique à l’heure des choix Après avoir ouvert son capital à la Banque ouest-africaine de développement, le jeune groupe ivoirien pourrait accueillir un deuxième actionnaire de référence pour soutenir sa stratégie régionale.
T HÉOPHILE K OUAMOUO ,
O
À
A BIDJAN
ù va le groupe Banque Atlantique ? Que veulent vraiment ses dirigeants ? Ces deux questions ont nourri, ces dernières années, les débats au sein du microcosme financier d’Afrique subsaharienne francophone. Qui n’a cessé de scruter la stratégie globale du réseau né en Côte d’Ivoire, qu’il s’agisse de sa volonté de coopter un actionnaire de référence – et du portrait-robot qu’il se faisait du partenaire idéal – ou de sa politique d’expansion territoriale. Désormais, le suspense est levé. Du moins, en partie. Alors que, ces dernières années, les supputations allaient bon train sur l’identité d’un éventuel partenaire stratégique, l’établissement créé – et majoritairement détenu – par l’ancien ministre ivoirien Koné Dossongui vient de trancher. Pour renflouer les caisses du groupe afin de financer sa politique de régionalisation et de se conformer aux nouvelles règles de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en matière de fonds propres, Banque Atlantique ne s’alliera pas à une multinationale bancaire nigériane – les discussions avec Access Bank ont échoué rapidement – ou
38
extracontinentale. Le 3 août, la Banque ouestafricaine de développement (BOAD) a acquis 10,7 % du capital du groupe, pour la somme de 9,2 millions d’euros. Valorisant l’ensemble du groupe bancaire autour de 86 millions d’euros. UN AUTRE FINANCEUR INSTITUTIONNEL?
Cette prise de participation traduit « le sérieux et la confiance qu’inspire le groupe Banque Atlantique, par sa capacité à attirer des investisseurs de renommée internationale », a affirmé à l’occasion Charles Kié, le directeur général d’Atlantic Financial Group, le holding qui coiffe toutes les activités et filiales de la banque. Les discussions se poursuivraient toutefois avec un autre acteur de financement institutionnel – dont la banque garde pour l’instant l’identité secrète – en vue d’un accord d’ici au début de 2011. Un deuxième actionnaire clé serait en effet le bienvenu pour recapitaliser un groupe dont les huit filiales-pays (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo) devront disposer chacune de fonds propres s’élevant à 15,3 millions d’euros en 2012 – et à 7,6 millions d’euros dès la fin de 2010.
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
NABIL ZORKOT POUR J.A.
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Abidjan, En mars dernier, les fonds propres s’élevaient à On en sa it éga lement u n peu plus, septembre 52 millions d’euros, mais le holding n’a pas souaujourd’hui, sur le plan d’expansion géographi2010. Le groupe haité communiquer sur la grille de répartition que du groupe. L’heure est à la consolidation, compte 40 % entre ses différentes implantations. même si Banque Atlantique, dont la dernière de ses agences Pourquoi choisir ce type de partenariat avec implantation – au Cameroun – date de 2009, en Côte des institutionnels ? Cela rapporte du cash, envisage de s’installer assez vite en RD Congo d’Ivoire. certes, mais c’est aussi forcément un plus en et en Guinée équatoriale. « Après la phase matière de crédibilité, juge un observateur du d’implantations sous-régionales, nous allons petit monde de la finance régionale. De surcroît, renforcer notre présence, gagner des parts de ces institutions ne sont pas « gourmandes ». marché pour rendre nos filiales encore plus Elles n’ont pas vocation à prendre le contrôle rentables », confiait ainsi Charles Kié à Jeune des banques dans lesquelles elles ont des participations. SI L’ÉTABLISSEMENT EST PRÉSENT DANS HUIT PAYS, « Au-delà de la BOAD, Banque Atlantique devrait chercher IL LUI RESTE À Y ÉTOFFER SON RÉSEAU D’AGENCES. à attirer des acteurs de la finance internationale, en particulier les fonds d’investissement connus pour Afrique en août 2010. De fait, si l’établissement leur professionnalisme et leur activisme pour est aujourd’hui présent dans huit pays, il lui aider à créer et à libérer de la valeur. Ceux-ci reste à étoffer son réseau dans bon nombre apportent avec eux une expérience internatiod’entre eux. Près de 40 % de ses agences sont nale, un réseau mondial ainsi qu’une soif de concentrées en Côte d’Ivoire. Au Mali, il n’en performances qui propulse le sens de l’innovacompte que sept, et au Cameroun une seule, tion », observe le banquier d’affaires béninois à Bonanjo, quartier des affaires de Douala, la Wilfried Tamegnon. capitale économique. L’afflux de capitaux JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
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BANQUES ET ASSURANCES
Une croissance rapide…
… portée par Abidjan 976,2
497,5 Total de bilan (en millions d'euros)
798,9
125,4 59,6
36,6 2007
2008
71,5 2009
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P
atrick Mestrallet, ancien administrateur directeur général de la Compagnie bancaire de l’Afrique occidentale (CBAO), a dirigé Banque Atlantique en Côte d’Ivoire pendant moins d’un an. Félix Adahi Bikpo a fait long feu à la tête du groupe. À la mi-2008, François Siaka, administrateur directeur général de la Compagnie bancaire de l’Atlantique de Côte d’Ivoire (Cobaci, banque appartenant au groupe, qui s’est désormais effacée derrière l’enseigne principale), et deux de ses collaborateurs étaient limogés sur fond d’interrogations sur leur mode de gouvernance. Du coup, à tort ou à raison, des observateurs jugent le management du groupe « instable ». « Koné Dossongui a piqué des stars venant de Citibank, d’Ecobank et d’autres institutions financières de renommée régionale. Des stars qui ont bâti leur carrière dans des institutions aux cultures d’entreprise différentes. Les mettre ensemble, c’est comme monter une équipe de football avec des vedettes du Real Madrid, de Manchester et du FC Barcelone qui n’auraient jamais évolué ensemble », grince un professionnel ouest-africain, qui pointe le « coût » du recrutement massif de ces cadres confirmés et préconise la mise en place d’une pépinière constituée de jeunes cadres, formés dans les meilleures écoles africaines, européennes et américaines, et à même de saisir ensemble « des opportunités d’affaires croisées ». ■ T.K.
40
8,5
Côte d'Ivoire
Le bal des patrons
90,8
57,2
47,5
35
nouveaux et le retour à la santé financière – 640 milliards de F CFA (environ 975 millions d’euros) de total de bilan fin 2009 – donneront sans doute au groupe les moyens d’étoffer les différents réseaux nationaux. Comment consolider les bonnes tendances qui se dégagent depuis l’année dernière ? Quel est le modèle d’affaires qui permettrait au groupe d’améliorer sa rentabilité sur le long terme ? Charles Kié n’entend pas abandonner la politique d’accompagnement des petites et moyennes entreprises (PME), qui a longtemps forgé la réputation de Banque Atlantique. Ni renoncer au choix d’accompagner des grandes
98,5
Bénin
7 Burkina
6,7 Mali
5,5 Niger
3,3 Sénégal
entreprises, choix qui s’est exprimé dès l’année dernière, avec le cofinancement (aux côtés de la BIAO Côte d’Ivoire) du rachat du réseau de stations-service de Texaco par la Société nationale d’opérations pétrolières de Côte d’Ivoire (Petroci), et qui a été confirmé en juillet par le crédit d’environ 75 millions d’euros accordé à la Société ivoirienne de raffinage (SIR), laquelle avait besoin de cash pour ses approvisionnements en pétrole brut. EXPLOITER LES SYNERGIES
Mais ce n’est pas tout. Banque Atlantique compte bien exploiter la force de son réseau régional pour creuser son sillon dans les soussecteurs d’avenir que sont le transfert d’argent et le mobile banking. Il s’est donné les moyens de ses ambitions en rachetant, en décembre 2008, Money Cash, une société de transfert d’argent basée en Suisse, implantée au Canada et au Royaume-Uni, et qui se prépare à s’installer en Italie, en Espagne et surtout en France, pays où réside une importante diaspora originaire des pays d’Afrique où Banque Atlantique opère. Le groupe compte bien exploiter des synergies entre cette nouvelle filiale et ses activités traditionnelles, notamment à travers le produit « cash à carte » (l’argent transféré crédite une carte bancaire, qu’elle soit prépayée ou non). Il sait également jouer de ses synergies avec l’opérateur de téléphonie mobile Atlantique Télécom, également fondé par Koné Dossongui mais désormais contrôlé par l’émirati Etisalat et qui opère sous la marque Moov dans sept pays – dont cinq où Banque Atlantique est présent. Sa filiale Atlantique Technologies met au point les technologies qui permettront à Moov de proposer ses propres produits de paiement mobile. Un créneau où les concurrents de Banque Atlantique ont déjà placé leurs pions : les filiales de BNP Paribas sont les partenaires de l’opérateur français Orange, tandis que la Société générale de banques de Côte d’Ivoire (SGBCI) accompagne la compagnie sud-africaine MTN. ■
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
SOURCE : BANQUE ATLANTIQUE
Produit net bancaire (en millions d'euros)
558,5
NABIL ZORKOT
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Crédit conso Alios Finance, le précurseur
Expérimenté au Gabon puis en Côte d’Ivoire, le crédit à la consommation porte désormais la croissance du groupe panafricain, initialement spécialisé dans le domaine du crédit-bail. De quoi inspirer la concurrence. T HÉOPHILE K OUAMOUO ,
D
À
A BIDJAN
es lettres bleues, filiformes, autour d’un « O » stylisé de couleur or. Le logo d’Alios Finance, établissement de crédit aujourd’hui présent dans huit pays d’Afrique – Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Mali, Sénégal, Tunisie et Zambie –, serat-il bientôt aussi connu que ceux des banques et opérateurs de téléphonie mobile, qui dépensent des sommes conséquentes pour leur visibilité grand public? Peut-être pas. Cela dit, cette identité visuelle forte est de plus en plus perceptible dans les pays où Alios Finance opère… et communique. Une forme d’audace nouvelle pour un groupe qui, depuis quatre ans, est entré dans un processus profond de transformation de sa stratégie glo-
bale et de sa culture d’entreprise. Historiquement spécialisé dans le domaine du leasing automobile pour les entreprises – et ce depuis plus de cinquante ans (voir encadré page 44) –, Alios Finance se veut désormais précurseur dans le secteur – naissant – du crédit à la consommation, et innovateur dans son approche du financement des acquisitions des entreprises. Un tournant amorcé en 2008, lorsqu’un consortium de nouveaux investisseurs prend le contrôle du holding Holdefi (ancien nom d’Alios Finance), piloté jusqu’alors par des concessionnaires automobiles, Renault, puis CFAO, en tête. « Ce changement d’actionnariat nous a amenés à adopter une nouvelle stratégie, avec de nouveaux
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
Abidjan, 2008. Depuis deux ans, les crédits à la consommation octroyés à des particuliers ivoiriens explosent. 43
BANQUES ET ASSURANCES
axes de développement », explique Mahdi Ben Hamden, directeur des opérations du groupe. Alios Finance est à la recherche de sources de croissance externe, ce qui se manifeste par une implantation en Zambie en 2008, en dehors des « terroirs » traditionnels d’Afrique francophone. Le holding parie également sur la croissance interne. Il est question d’exporter, voire de généraliser, les « bonnes recettes » qui ont fonctionné dans un pays en particulier. PREMIERS PAS À LIBREVILLE
Ainsi, alors que depuis 1998 la filiale gabonaise expérimentait avec bonheur le crédit à la consommation pour particuliers, sur le même créneau que Finatra, filiale de BGFI Bank, Alios Finance décide de renforcer cette activité. Il intervient de façon de plus en plus en frontale, alors qu’il laissait 18,3 MILLIONS jusqu’alors le soin à ses partenaires fournisseurs d’équipeD’EUROS ONT ment de proposer ses produits à leurs clients désirant bénéfiÉTÉ PRÊTÉS AUX cier de modalités de paiement. SALARIÉS GABONAIS En 2008, une agence dédiée est créée à Libreville. « On EN 2009. peut considérer que, depuis les années 2003-2004, il y a eu un triplement des crédits aux particuliers au Gabon », explique Thierry Papillon, directeur général Afrique de l’Ouest, qui évoque 12 milliards de F CFA (18,3 millions d’euros) de prêts aux salariés en 2009. Si bien qu’après une série d’études marketing et de terrain, ce type de produits financiers grand public est exporté en Côte d’Ivoire. Le succès est plus lent mais réel. « Au Gabon, il y a une plus forte réactivité à nos plans de communication, constate Mahdi Ben Hamden. Les gens empruntent des montants plus élevés, et quand ils ont fini de rembourser ils contractent à nouveau des emprunts. La culture de consommation des Ivoiriens est différente. Quand il ne
s’agit pas de gros investissements comme la voiture ou la maison, ils paient cash après avoir fait des économies. On s’endette davantage pour finir sa maison au village, faire face à de gros imprévus ou commencer une exploitation agricole que pour acheter un ordinateur dernier cri ou un pack “télévision + parabole Canal Horizons”. » Il n’empêche: alors qu’en 2009 les crédits octroyés à des particuliers ivoiriens étaient de 1,4 milliard de F CFA, ils sont montés à 2,6 milliards de F CFA sur les huit premiers mois de 2010. Preuve est faite qu’un marché existe pour le crédit à la consommation, lequel montre de surcroît une bonne résistance à la crise. Alors qu’en 2009, la production globale d’Alios Finance, constituée pour l’essentiel de crédit-bail, s’est fortement repliée – elle a été de 79,4 millions d’euros, contre 104,1 millions en 2008 et 93,7 millions en 2007 –, le crédit à la consommation a été la seule branche qui, non seulement n’a pas dégringolé, mais a connu une belle croissance. Avec une production passée de 9,2 millions d’euros en 2007 à 16,7 millions d’euros en 2009. Rançon du succès ? En Côte d’Ivoire, les banques classiques, qui pratiquent des taux d’intérêt en général plus attractifs, sont de plus en plus nombreuses à communiquer sur des produits se rapprochant du crédit à la consommation, notamment les prêts scolaires. Thierry Papillon ne veut pas s’en émouvoir, et dit miser sur le « caractère atypique » d’Alios Finance, qui sait « anticiper le marché », et a profondément modifié son fonctionnement managérial ces dernières années en cloisonnant les métiers, en renforçant le pôle commercial (plus de 50 recrutements depuis 2006 pour un groupe qui a environ 200 salariés), en développant une « relation de proximité » et en tentant de se rapprocher de son objectif de répondre aux demandes de prêt en quarante-huit heures, notamment grâce à un système automatisé de gestion des dossiers. ■
Au commencement était le leasing automobile… ■ 1956 Création à Dakar
de la Société africaine de crédit automobile (Safca) par un consortium de concessionnaires (Renault, Unilever, Optorg, CFAO, Scoa…).
■ 1958 Safca déménage
à Abidjan.
■ 1959 Création de la
Société camerounaise de crédit automobile (Socca).
44
■ 1966 Création de
■ 1998 Un holding
la Société gabonaise de crédit automobile (Sogaca).
■ 1976 Safca, Socca,
Sogaca et d’autres entreprises se fédèrent en un groupement d’intérêt économique, piloté dans un premier temps par Renault Crédit International (RCI), puis par CFAO.
dénommé Holdefi, regroupant les intérêts de CFAO et d’Optorg, vite rejoints par Proparco et Gras Savoye, est mis en place.
■ 2006 Holdefi est repris
par un consortium formé du capital-investisseur Tuninvest-Africinvest, du FMO (coopération néerlandaise) et de
Finnfund (contrôlé par l’État finlandais). Les « historiques » comme CFAO restent dans l’actionnariat mais deviennent minoritaires. ■ 2007 Holdefi devient
Alios Finance et les différentes implantations du groupe sont rebaptisées avec ce nouveau nom commercial.
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
Nigeria Deux années de Effondrement boursier, mauvaise gouvernance, gestion des risques déplorable… Depuis 2008,
gouverne gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, annonce la créati création d’une société, baptisée Asset As Management Corporation Corpor of Nigeria (Amcon), chargée cha de délester les banques banque de leurs actifs en souffrance. souffra En un an, la capitalisation capitalisati boursière des dix premières banques du prem pays a été divisée par quatre. di
MAI 2008 La Bourse de Lagos (Nigerian MA
ERIC MILLER/WORLD ECONOMIC FORUM 2006
JACOB SILBERBERG/PANOS-REA
MARS 200 2009 Charles Soludo,
JUIN 2009 Lamido Sanusi est nommé JU
St Stock Exchange, NSE) est au plus haut, avec une capitalisation de 105 milliards de dollars (environ 68 milliards d’euros à l’époque). Les prêts accordés par les banques pour investir en Bourse (les margin loans) atteignent environ 8 milliards de dollars.
gouverneur de la Banque centrale. L’ancien dirigeant de First Bank of Nigeria remplace Charles Soludo. Solu En quelques années, ce dernier a forcé la modernisation m du secteur financier mais a failli sur la question de la surveillance. À peine nommé, nom Lamido Sanusi ordonne un audit général gén des établissements bancaires.
DÉ DÉCEMBRE 2008 Victime d’un effondrement ef continu et du retrait massif des capitaux étrangers, la capitalisation du NSE chute de moitié et passe en dessous des 50 milliards de dollars (35 milliards d’euros à l’époque). Les margin loans deviennent en grande partie impossibles à récupérer.
AOÛT 2009 La première AO
phase de l’audit est accablante: cinq banques, plombées par les créances douteuses, sont reprises en main. Leurs dirigeants sont mis à la porte et la Banque centrale décide d’y injecter plus de 2,5 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros à l’époque) pour les sauver de la faillite.
SEPTEMBRE 2008 SE
YURIKO NAKAO/REUTERS
La banque d’affaires américaine Lehman Brothers fait faillite. La panique gagne les marchés financiers mondiaux.
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JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
BANQUES ET ASSURANCES
descente au purgatoire les banques de Lagos ont connu les pires difficultés. Elles tentent de repartir du bon pied.
L’au L’audit se conclut sur un bilan dram dramatique: les ba banques dans leur ensemble totalisent tota près de 17 milliards de dollars dollar (11,5 milliards d’euros d’eu à l’époque) de crédits c en souffrance. souf Cinq nouvelles banques nouv sont mises à l’index. La Banque centrale B injecte inject plus de 1 milliard de dollars mi pour les sauver.
MAI 2010 La Banque centrale approuve app la nomination de Godwin Emefiele à la tête de Zenith Bank et de Phillips P Oduoza à celle de United Uni Bank for Africa. Ils remplacent remp deux patrons stars, Jim Ovia et Tony Elumelu, sur le Elum départ depuis depui la décision prise par les autorités de limiter à dix d ans la durée du mandat exercé par ex les patrons de banque.
RICHARD KALVAR/MAGNUM
OCTOBRE 2009 OCTO OC
AOÛT 2010 Ndi Okereke-Onyiuke AO
est dé débarquée. La patronne du NSE depu depuis une décennie était mise en ca cause depuis plusieurs mois à la ssuite de soupçons de fraude finan financière.
JUILLET 2010 Le nouveau président JU
du Nigeria, Goodluck Jonathan, signe la loi créant l’Amcon.
DÉCEMBRE 200 DÉ 2009
JANVIER 2010 Les deux principales banques sudJA
PLAINPICTURE
af africaines, FirstRand et Standard Bank, annoncent leur intention de participer au rachat de l’une des neuf banques sauvées par la Banque centrale. FirstRand mettrait ainsi un premier pied dans le pays.
HALEY/SIPA
Dans une longue interview au Financial Times, Lamido Sanusi confime ses propos tenus quelques semaines plus tôt concernant la réouverture du secteur bancaire aux groupes étrangers.
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
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BANQUES ET ASSURANCES
Interview
Patrick Le Buffe et Bernard David « La Société générale maintient ses positions sur le continent »
Alors que les fleurons bancaires français semblent de moins en moins enclins à se développer au sud du Sahara, deux dirigeants de la « Soc gen », spécialistes des pays émergents, expliquent la politique africaine du groupe leader en zone CFA.
P ROPOS
RECUEILLIS PAR
A
F RÉDÉRIC M AURY
ffaire Kerviel, crise des subprimes, scandale d’un produit toxique vendu à une institution africaine : la Société générale sort de deux années difficiles, qui se sont traduites par un fort recul de ses performances financières. Alors que Crédit agricole a cédé ses filiales subsahariennes et que BNP Paribas s’est retiré de Mauritanie, que compte faire l’autre banque française historique en Afrique ?
JEUNE AFRIQUE : 2008 et 2009 ont été des années difficiles pour les banques du monde entier. Vos filiales africaines s’en sont-elles mieux sorties ? BERNARD DAVID : La réponse est clairement oui. Nous avons pu compter sur notre dispositif africain, qui a par ailleurs largement contribué à la stabilité de nos résultats. PATRICK LE BUFFE : 2008 a été une très bonne année pour le continent. En 2009, année où l’Afrique a « NOUS NOUS été impactée par le ralentissement économique internatioRAPPROCHONS DE nal, nous avons constaté de façon satisfaisante une stabilité LA CLIENTÈLE DES de notre produit net bancaire africain. Notre rentabilité quant PARTICULIERS. » à elle a été en progression en Afrique subsaharienne. B.D. : L’Afrique du Nord a encore moins senti la crise que l’Afrique subsaharienne et nos filiales sur place ont continué à fortement se développer. Par comparaison, l’Europe de l’Est a connu une crise plus profonde avec des pays, comme la Roumanie, qui sont passés d’une croissance positive de 4 % à 5 % à une décroissance de même proportion. En Afrique, de manière 48
générale, le coût du risque est resté très maîtrisé et faible. P.L.B. : Quant à 2010, c’est une année encore difficile, avec des taux de croissance sans doute inférieurs à ce qui était attendu en début d’année. Cependant nous constatons une progression tout à fait correcte des résultats de nos filiales. La réputation des banques occidentales a été gravement altérée par la crise des subprimes. Les trouvez-vous toujours légitimes pour apporter au secteur bancaire africain expérience et compétence alors qu’elles ont failli chez elles ? B.D. : Lors de mes visites dans nos différentes implantations africaines, je rencontre les autorités monétaires et des clients, et je n’ai pas l’impression que ce constat soit partagé. Nous ne sommes pas mis au pilori parce que nous nous appelons Société générale, loin s’en faut : notre image de marque historique sur le continent africain est plutôt bonne. Si une enquête sur l’image des banques était menée en Afrique, il y aurait certainement un écart dans les résultats avec ce qu’on peut constater en Europe ou aux États-Unis. Des groupes bancaires panafricains émergent depuis quelques années. Ils prétendent notamment avoir une meilleure connaissance de la réalité africaine et des besoins locaux que les banques internationales. Que répondez-vous ? P.L.B. : Le fait que nous soyons toujours le leader dans les grands pays africains est assez significatif. Nous y sommes présents depuis cinquante ans et avons acquis une connaissance des économies africaines. Nous étions très axés
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
Patrick Le Buffe (à gauche), responsable de la zone Afrique, Méditerranée et Outre-mer.
BRUNO LEVY POUR J.A.
Bernard David (à droite), directeur délégué pour la banque de détail à l’international.
sur la clientèle d’entreprises, nous sommes désormais aussi davantage présents auprès de la clientèle des particuliers, qui ne fonctionne plus exclusivement avec du cash. Aujourd’hui, au-delà des services bancaires de base, nous pouvons aussi leur offrir de nouveaux produits innovants, entre autres dans le domaine des cartes, notamment parce que les banques centrales en zone CFA en permettent désormais le développement.
B.D. : Nous avons maintenu nos parts de marché, ce qui est certainement dû au fait que nous prenons en compte les spécificités du marché local. Les banques françaises privilégient depuis quelque temps un développement en Europe de l’Est et autour du bassin méditerranéen, semblant mettre de côté l’Afrique subsaharienne. Comment l’expliquez-vous ?
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
49
BANQUES ET ASSURANCES
P.L.B. : La Société générale est leader dans de nombreux pays d’Afrique, cependant un certain nombre des banques françaises n’avaient quant à elles pas atteint un seuil minimum en termes de part de marché et de rentabilité, et ne voyaient pas d’opportunités de développement externe ou organique. Elles en ont tiré des EN CHIFFRES conclusions en matière de banIMPLANTÉE DANS 15 que de détail. PAYS AFRICAINS, B.D. : Historiquement, cerPOUR L’ESSENTIEL taines banques françaises qui FRANCOPHONES, étaient bien positionnées en LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE Afrique ont subi des mouveCOMPTE 2,5 MILLIONS ments de réorganisation qui DE CLIENTS SUR les ont poussées à se désengaLE CONTINENT. POUR ger. Cela s’est fait dans le cadre UN PRODUIT NET d’une stratégie d’ensemble, BANCAIRE DÉPASSANT pas par désamour du contiLES 500 MILLIONS nent. Désormais, les banques D’EUROS. vont moins se ruer sur les pays émergents : leurs moyens sont plus limités et les développements à l’étranger seront plus sélectifs. Il faut noter également que les pays subsahariens ont des taux de croissance qui sont inférieurs à ceux qu’on a connus dans les pays d’Europe de l’Est. Il y a de surcroît des concentrations d’actifs importants et il n’y a pas forcément encore d’émergence d’une classe moyenne forte. L’Algérie a été un pays stratégique pour vous et vous vous y êtes développé fortement. Depuis environ deux ans, les autorités algériennes prennent des décisions gênantes pour les banques, comme l’interdiction du crédit à la consommation. Quelle est votre position ? B.D. : L’Algérie reste un pays stratégique. Il est vrai que l’environnement n’est pas facile,
la Banque internationale du Mali. Mais il est vrai que nous n’avons pas une politique de développement au sud du Sahara à n’importe quel prix. Notre ambition reste de poursuivre notre croissance et d’accompagner nos clients, en ouvrant des agences et en développant notre offre de produits et services dans les pays où nous sommes déjà présents : pour les particuliers, nous avons mis en place des cartes comme la carte salaire, développé des offres pour le logement, le crédit à la consommation. Nous venons également de lancer une solution innovante de paiement par mobile. Nous avons par ailleurs standardisé l’offre de produits et mutualisé les infrastructures, dont l’informatique. Et nous comptons ouvrir de 15 à 20 agences par an sur les grands marchés: la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Cameroun. B.D. : Nous voulons avoir une approche de banque universelle avec un développement conjoint et corrélé du segment corporate et du segment des particuliers. Lorsque nous travaillons avec une entreprise, par exemple, nous cherchons à avoir ses salariés comme clients. P.L.B. : Les grandes entreprises restent notre socle de base mais nous visons également les PME en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD), via la convention Ariz [Assurance pour le risque de financement de l’investissement privé en zone d’intervention de l’AFD, NDLR], qui nous permet de bénéficier d’une garantie de l’AFD à hauteur de 50 %.
Mis à part le Ghana, vous n’êtes pas présents dans les pays anglophones. Êtes-vous candidat à la reprise d’une banque au Nigeria, pays dont les établissements financiers connaissent de grosses difficultés depuis deux ans ? P.L.B. : Nous étions présents au Nigeria et l’avons quitté il y a un certain temps, l’expérience n’ayant pas été concluante. À ce jour, nous n’envisageons pas MÊME SI un retour dans ce pays.
« L’ALGÉRIE RESTE UN PAYS STRATÉGIQUE, L’ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE N’EST PAS FACILE. » mais nous nous adaptons et essayons de faire connaître notre point de vue aux autorités. P.L.B. : Nous maintenons notre politique d’ouverture d’agences. Cinquante-quatre agences étaient ouvertes à la mi-2009, 80 devraient être opérationnelles d’ici à la fin de l’année car nous attendons beaucoup d’agréments pour ces agences. L’objectif est d’en avoir 150 en 2015. Votre situation en Afrique subsaharienne est paradoxale. Vous êtes un des principaux groupes bancaires sur place, et le premier en zone CFA, mais vous n’avez développé aucune nouvelle implantation depuis 2004. Pourquoi ? P.L.B. : Je vous rappelle que nous nous sommes positionnés récemment sur la privatisation de 50
Et ailleurs ? P.L.B. : Il est difficile d’imaginer se développer en Afrique du Sud, qui est un marché déjà bien desservi par les banques. Le Kenya a fait partie des pays auxquels nous nous étions intéressés mais les événements politiques ont bien évidemment impacté nos perspectives sur ce marché. B.D. : Nous avons un spectre global de rayonnement géographique et celui-ci doit être équilibré dans son développement. Nous regardons des dossiers en Afrique mais aussi dans de nombreuses autres régions du monde.
Pourriez-vous, comme Crédit agricole, céder vos filiales subsahariennes ? B.D. : C’est une question qui n’est pas à l’ordre du jour. Nous maintenons nos positions en Afrique. ■
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
GROUPE ATTIJARIWAFA BANK UN LEADER DE DIMENSION AFRICAINE 1ère Banque Maghrébine 1er Groupe Bancaire de l’UEMOA Acteur de référence de la CEMAC Présence dans 7 pays en Europe Plus de 12 000 collaborateurs au service de plus de 4 millions de clients présents dans 22 pays à travers plus de 1 850 agences. Total bilan consolidé
Résultat net consolidé
Produit net bancaire consolidé
en millions de dollars US
en millions de dollars US
en millions de dollars US
26 826
1 678 1 388
2008
2009
2007
2008
+24,7 %
+26,2 %
1 113
+32,3 %
+12,1 %
348
+22,2 % 2007
581
460
2009
2007
+20,9 %
32 779
36 755
2008
2009
Leader confirmé au Maroc, au Maghreb, et dans les régions UEMOA et CEMAC
1er collecteur de l’épargne* avec 29,2 milliards de dollars US. 1er distributeur de crédits* avec 23,9 milliards de dollars US. Leadership confirmé dans la Banque de Marchés et d’Investissement avec un volume de transaction** de l’activité change et obligataire de 60 milliards de dollars US. * Dans les régions Maghreb, Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) Épargne collectée et crédits distribués par les réseaux bancaires, l'Assurance, et les établissements financiers spécialisés dans l'ensemble des pays au 30 juin 2010. ** Activité Maroc. Chiffres au 30/06/2010
Au service d’une Afrique qui avance www.attijariwafabank.com
BANQUES ET ASSURANCES
Ressources humaines Cherche «monéticiens» Pourtant considéré comme l’une des priorités stratégiques des banques, le paiement dématérialisé souffre d’un déficit de profils compétents, notamment en Afrique subsaharienne. Les formations se mettent peu à peu en place.
J ULIEN C LÉMENÇOT
S
i elle ne concerne encore qu’une faible proportion des transactions en Afrique subsaharienne, la monétique représente l’avenir des échanges commerciaux sur le continent. Reste à mobiliser autour de ces nouveaux services les savoir-faire indispensables à leur développement. Cette question est au centre des réflexions du Groupement interbancaire monétique (GIM) de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui fédère 91 banques, établissements financiers et postaux. Selon Boukary Zongo, directeur d’exploitation et des normes monétiques du GIM, « le manque de ressources humaines qualifiées en Afrique de l’Ouest ralentit l’essor des paiements dématérialisés ». Les profils sont rares car ils touchent à l’informatique, à la finance, au droit, au marketing et à la communication. Dans la plupart des cas, les banques recrutent des informaticiens et des ingénieurs, issus pour une part des facultés de Dakar, de Ouagadougou ou d’Abidjan. « Depuis quelques années, beaucoup de jeunes vont aussi se former au Maroc et en Tunisie », note Ismahill Diaby, responsable du développement à la Bicici, filiale ivoirienne de BNP Paribas. UN MASTER SPÉCIALISÉ
Reste ensuite à combler leurs lacunes sur le terrain. Seul ou en partenariat avec Visa ou Mastercard, le GIM organise des sessions de formation qui concernent plus de 150 personnes chaque année, et a décidé de passer à la vitesse supérieure. « Nous avons lancé début 2010 un master spécialisé en partenariat avec Sup de Co Dakar et l’école française Epitech », explique Blaise Ahouantchédé, directeur général du GIM. Ce cursus accueille 16 étudiants avec un objectif, à terme, de 30 élèves par promotion. Après cinq années d’expérience, les lauréats pourront prétendre en Afrique de l’Ouest à des salaires entre 600 et 2 200 euros par mois. Au Maroc et en Tunisie, le développement de la monétique est bien plus avancé, mais la formation des professionnels reste elle aussi en chantier. « Il
n’existe pas de cursus spécifique », confirme Aissa Slimani, fondateur de la société PayLogic, basée à Casablanca. Les candidats marocains sortent des écoles d’ingénieurs (les Mines ou Mohammadia), ou d’informatique (comme l’Ensias). « Il faut deux ou trois ans pour former un bon “monéticien” », estime-t-il. Un investissement lourd, avec le risque de le voir partir ensuite pour la concurrence.
Dans le royaume, les banques ont pris l’habitude de débaucher les salariés des sociétés de services en proposant des rémunérations supérieures à 3 000 euros pour des profils expérimentés. Une situation de tension qui ne justifie toutefois pas, selon Aissa Slimani, la création d’une formation dédiée. « La demande représente de 20 à 30 diplômés par an, et les entreprises du secteur s’organisent mieux depuis quelques années, en proposant des parcours de formation pour leurs recrues. » Du côté de l’Algérie, où la carte bancaire peine à trouver son public, le constat est tout autre. Début 2010, la Société d’automatisation des transactions interbancaires et de monétique (Satim), qui réunit banques publiques et privées, annonçait la création future d’un pôle de compétences pour la formation des ressources humaines. ■
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, le manque de personnel qualifié freine l’essor de la monétique.
53
MIKE AGLIOLO/CORBIS
CLASSEMENTS
BANQUES ET ASSURANCES JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
55
BANQUES ET ASSURANCES
RANG 2010
RANG 2009
CLASSEMENT 2010 1-50
1
1
STANDARD BANK GROUP
AFRIQUE DU SUD
Jacko MAREE
180 631 836
4 222 023
2
2
STANDARD BANK OF SOUTH AFRICA
AFRIQUE DU SUD
S. K. TSHABALALA
112 873 326
2 898 630
3
3
AMALGAMATED BANKS OF SOUTH AFRICA (ABSA)
AFRIQUE DU SUD
Maria RAMOS
96 765 707
2 946 356
4
5
NEDBANK GROUP
AFRIQUE DU SUD
Tom BOARDMAN
76 942 178
2 198 375
5
4
FIRSTRAND BANKING GROUP
AFRIQUE DU SUD
Sizwe NXASANA
76 152 673
1 608 133
SOCIÉTÉ
PAYS
PDG OU DG
TOTAL DE BILAN (milliers de $)
PNB (milliers de $)
6
6
NATIONAL BANK OF EGYPT (NBE)
ÉGYPTE
Hussein Abdel Aziz HUSSEIN
46 934 389
626 270
7
8
ATTIJARIWAFA BANK
MAROC
Mohamed EL KETTANI
36 435 673
1 663 391
8
7
BANQUE EXTÉRIEURE D’ALGÉRIE
ALGÉRIE
Mohamed LOUKAL
30 023 000
542 000
9
10
GUMHOURIA BANK
LIBYE
Abubaker M. EL WADDAN
26 113 980
518 694
10
9
CRÉDIT POPULAIRE DU MAROC
MAROC
Mohamed BENCHAABOUN
26 102 296
1 124 767
11
-
12
11
BANQUE NATIONALE D’ALGÉRIE (BNA)
ALGÉRIE
Seghir BENBOUZID
16 917 882
576 038
BANQUE MAROCAINE DU COM. EXT. (BMCE BANK)
MAROC
Othman BENJELLOUN
15 867 255
466 049
13
13
FIRST BANK OF NIGERIA
14
14
LIBYAN FOREIGN BANK
NIGERIA
Stephen Olabisi ONASANYA
14 250 590
630 790
LIBYE
Mohammed A. AL BEIT AL MAL
12 975 241
15
17
COMMERCIAL INTERNATIONAL BANK
144 797
ÉGYPTE
Hisham EZZ AL ARAB
11 638 712
630 328
16
18
17
12
CAISSE NATIONALE D’ÉPARGNE ET DE PRÉVOYANCE
ALGÉRIE
Djamel BESSA
11 011 529
95 913
ZENITH INTERNATIONAL BANK
NIGERIA
Godwin EMEFIELE
10 887 652
718 897
18
19
19
16
CRÉDIT POPULAIRE D’ALGÉRIE
ALGÉRIE
Mohamed DJELLAB
10 469 305
294 941
UNITED BANK FOR AFRICA
NIGERIA
Phillips ODUOZA
10 156 723
842 730
20 21
23
NATIONAL SOCIÉTÉ GÉNÉRALE BANK
ÉGYPTE
Jean-Philippe COULIER
9 606 774
489 366
22
ECOBANK TRANSNATIONAL INC.
TOGO
Arnold EKPE
9 006 523
22
27
873 318
ARAB AFRICAN INTERNATIONAL BANK
ÉGYPTE
Hassan E. ABDALLA
8 285 542
180 032
23
28
BANCO AFRICANO DE INVESTIMENTOS
ANGOLA
José DE LIMA MASSANO
8 277 016
227 187
24
26
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROCAINE DE BANQUES
MAROC
Albert LE DIRAC’H
8 127 109
360 156
25
40
IMPERIAL BANK
AFRIQUE DU SUD
R. VAN WYK
7 504 034
274 098
26
29
BANQUE MAROCAINE POUR LE COM. ET L’INDUSTRIE
MAROC
Jacques ARDANT
7 231 249
302 804
27
30
BANQUE DU CAIRE
ÉGYPTE
Gamil SALEM
7 180 277
197 464
28
31
GUARANTY TRUST BANK
NIGERIA
Olutayo ADERINOKUN
7 072 845
187 636
29
-
BANQUE ALGÉRIENNE DE DÉVELOPPEMENT
ALGÉRIE
Saddek ALILAT
6 317 096
25 939
30
55
WAHDA BANK
LIBYE
Selim IHMOUDA
6 170 243
133 833
31
42
DEVELOPMENT BANK OF SOUTHERN AFRICA
AFRIQUE DU SUD
Paul BAYOLI
6 086 303
219 913
32
35
HSBC BANK EGYPT
ÉGYPTE
Abdel Salam EL ANWAR
6 075 952
327 855 470 966
33
34
BANCO DE FOMENTO ANGOLA
ANGOLA
Emídio PINHEIRO
6 014 723
34
21
OCEANIC BANK INTERNATIONAL NIGERIA
NIGERIA
John ABOH
5 911 147
ND
35
37
BANK OF ALEXANDRIA
ÉGYPTE
Laila Mohammed Abou LEILA
5 821 682
200 277
36
43
CRÉDIT DU MAROC
MAROC
Pierre-Louis BOISSIÈRE
5 244 946
219 397
37
39
PRINCIPAL BANK FOR DEV. AND AGRI. CREDIT
ÉGYPTE
Hassan Ali KHEDER
5 162 905
63 977
38
48
FAISAL ISLAMIC BANK OF EGYPT
ÉGYPTE
Abdulhamid ABOUMOUSSA
5 012 869
148 043
39
32
HSBC MAURITIUS
MAURICE
Sandeep UPPAL
4 855 500
98 436
40
61
AFRICAN BANK
AFRIQUE DU SUD
Léon KIRKINIS
4 618 798
1 558 519 299 319
41
41
COMMERCIAL BANK OF ETHIOPIA
ÉTHIOPIE
Zeleke BEKALU
4 609 276
42
50
BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE
TUNISIE
Slaheddine LADJIMI
4 603 664
196 133
43
36
ACCESS BANK NIGERIA
NIGERIA
Aigboje AIG-IMOUKHUEDE
4 550 973
237 643 182 307
44
47
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE BANQUE
TUNISIE
Hédi ZAR
4 429 164
45
46
ARAB INTERNATIONAL BANK
ÉGYPTE
Atef EBEID
4 367 879
12 000
46
45
BANCO BIC
ANGOLA
Fernando TELES
4 319 489
305 131
47
49
BANQUE NATIONALE AGRICOLE (BNA)
TUNISIE
Moncef DAKHLI
4 213 837
180 161
48
52
THE MAURITIUS COMMERCIAL BANK
MAURICE
J. Gérard HARDY
4 185 000
229 000
49
38
SKYE BANK
NIGERIA
Akinsola AKINFEMIWA
4 149 272
522 019
50
53
CRÉDIT AGRICOLE EGYPT
ÉGYPTE
Yaseen MANSOUR
4 126 535
68 786
CHIFFRES 2009 - EN ITALIQUE, CHIFFRES 2008 - ND : NON DÉTERMINÉ
56
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
BANQUES ET ASSURANCES
RANG 2010
RANG 2009
CLASSEMENT 2010 51-100
51
44
DIAMOND BANK
NIGERIA
Emeka ONWUKA
3 964 614
52
57
BANQUE DE L’HABITAT DE TUNISIE
TUNISIE
Brahim HAJJI
3 867 998
139 017
53
24
BANK PHB
NIGERIA
Cyril CHUKWUMAH
3 660 768
222 800 239 652
SOCIÉTÉ
PAYS
PDG OU DG
TOTAL DE BILAN (milliers de $)
PNB (milliers de $) 162 241
54
59
GROUPE BOA
MALI
Paul DERREUMAUX
3 565 523
55
58
CRÉDIT IMMOBILIER ET HÔTELIER
MAROC
Ahmed RAHHOU
3 402 294
ND
56
54
FIDELITY BANK
NIGERIA
Reginald IHEJIAHI
3 321 113
285 887 200 412
57
63
BARCLAYS BANK EGYPT
ÉGYPTE
Khalid EL GIBALY
3 284 804
58
88
HOUSING AND DEVELOPMENT BANK
ÉGYPTE
Fathy EL SEBAI MANSOUR
3 233 237
57 216
59
72
FIRST CITY MONUMENT BANK
NIGERIA
Ladi BALOGUN
3 041 349
107 049 104 869
60
67
AMEN BANK
TUNISIE
Ahmed EL KARM
3 015 742
61
69
ARAB TUNISIAN BANK (ATB)
TUNISIE
Mohamed Férid BEN TANFOUS
2 853 391
93 262
62
56
BARCLAYS BANK OF MAURITIUS
MAURICE
Ravin DAJEE
2 768 454
115 040 129 778
63
70
ALWATANY BANK OF EGYPT
ÉGYPTE
Yasser Ismaël HASSAN
2 685 708
64
82
STANDARD CHARTERED BANK MAURICE
MAURICE
Sridhar NAGARAJAN
2 609 615
16 934
65
74
ATTIJARI BANK TUNISIE
TUNISIE
Hassan BERTAL
2 593 951
110 370
66
64
BNP PARIBAS EGYPT
ÉGYPTE
Philippe JOANNIER
2 590 954
ND
67
65
SUEZ CANAL BANK
ÉGYPTE
Wagdy Youssef RABBAT
2 572 702
88 431
68
76
STATE BANK OF MAURITIUS
MAURICE
Geerja Shankar RAMDAURSING
2 529 138
76 606
69
60
ECOBANK NIGERIA
NIGERIA
Jibril AKU
2 472 427
292 800 182 740
70
71
KENYA COMMERCIAL BANK
KENYA
Terry DAVIDSON
2 462 996
71
68
EXPORT DEVELOPMENT BANK OF EGYPT
ÉGYPTE
Hisham HASSAN
2 272 265
82 181
72
80
LAND AND AGRI. DEV. BANK OF SOUTH AFRICA
AFRIQUE DU SUD
Phakamani HADEBE
2 269 529
91 236
73
66
STANBIC IBTC CHARTERED BANK
NIGERIA
Chris NEWSON
2 238 836
164 702
74
79
AL BARAKA BANK EGYPT (EX-EGYPT. SAUDI FINANCE BANK)
ÉGYPTE
Ashraf Ahmed EL GHAMRAWY
2 130 000
36 000
75
75
BARCLAYS BANK OF KENYA
KENYA
Mohamed ADAN
2 085 858
182 745
76
83
BANQUE DE TUNISIE
TUNISIE
Alia ABDALLAH
1 952 189
99 148
77
77
CALYON CREDIT AGRICOLE CIB
AFRIQUE DU SUD
Guillaume FAY
1 949 188
34 691
78
92
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ALGÉRIE
ALGÉRIE
Gérald LACAZE
1 935 857
140 703
79
86
BNP PARIBAS EL DJAZAIR
ALGÉRIE
Laurent DUPUCH
1 917 149
122 882
80
84
GROUPE BGFI BANK
GABON
Henri-Claude OYIMA
1 897 502
154 178
81
81
PIRAEUS BANK
ÉGYPTE
Graham MOHARAM
1 881 820
ND
82
93
FIRST NATIONAL BANK OF BOTSWANA
BOTSWANA
Lorato BOAKGOMO-NTAKHWANA
1 831 498
78 098
83
89
UNION INTERNATIONALE DE BANQUES (UIB)
TUNISIE
Kamel NÉJI
1 801 211
78 505
84
90
SOCIÉTÉ ARABE INTERNATIONALE DE BANQUE
ÉGYPTE
Hassan Abbas ZAKI
1 786 084
69 075
85
-
STANDARD BANK MAURITIUS
MAURICE
Chris CLARKSON
1 762 358
7 132
86
94
BANCO INTERNACIONAL DE MOÇAMBIQUE
MOZAMBIQUE
Mário MACHUNGO
1 755 278
183 568
BARCLAYS BANK OF BOTSWANA
BOTSWANA
Thuli JOHNSON
1 734 849
150 652
UNITY BANK
NIGERIA
Alhaj Falalu BELLO
1 712 567
45 523
MISR IRAN DEVELOPMENT BANK
ÉGYPTE
Ismaïl HASSAN
1 663 095
31 804
87
85
88
-
89
99
90
98
COMMERCIAL BANK OF ERITREA (CBE)
ÉRYTHRÉE
Tesfay YEMANE
1 655 953
13 112
91
91
NATIONAL BANK FOR DEVELOPMENT
ÉGYPTE
Ali Ismaïl SHAKER
1 612 619
18 675
FIRST NATIONAL BANK OF NAMIBIA
NAMIBIE
Ian LEYENAAR
1 591 567
90 920
BANK WINDHOEK
NAMIBIE
James HILL
1 579 414
101 240
92
96
93
118
94
109
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES EN CÔTE D’IVOIRE
CÔTE D’IVOIRE
Bernard LABADENS
1 412 143
117 082
95
124
CO-OPERATIVE BANK OF KENYA
KENYA
Gideon M. MURIUKI
1 397 864
85 496
96
101
AHLI UNITED BANK EGYPT
ÉGYPTE
Aly Mohamed NEGM
1 389 693
ND
97
116
CRDB BANK
TANZANIE
Charles KIMEI
1 371 651
122 423 100 362
98
-
ATLANTIC FINANCIAL GR. - GR. BANQUE ATLANTIQUE
CÔTE D’IVOIRE
Charles KIÉ
1 370 291
99
95
CITIBANK NA ALGÉRIE
ALGÉRIE
Kamel B. DRISS
1 362 305
68 951
100
97
CBAO GROUPE ATTIJARIWAFA BANK
SÉNÉGAL
Abdelkrim RAGHNI
1 341 527
96 948
CHIFFRES 2009 - EN ITALIQUE, CHIFFRES 2008 - ND : NON DÉTERMINÉ
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
57
BANQUES ET ASSURANCES
RANG 2009
RANG 2010
CLASSEMENT 2010 101-150 SOCIÉTÉ
PAYS
PDG OU DG
TOTAL DE BILAN (milliers de $)
PNB (milliers de $)
101
123
BANQUE AL BARAKA D’ALGÉRIE
ALGÉRIE
Ahmed Youssef ADNAN
1 328 477
83 019
102
104
UNION BANCAIRE POUR LE COM. ET L’IND.
TUNISIE
Slaheddine BOUGUERRA
1 320 837
69 045
103
103
GHANA COMMERCIAL BANK
GHANA
Simon DORNOO
1 320 544
138 464
104
100
BANK OF KHARTOUM
SOUDAN
Mohamed SALAH
1 300 341
62 624
105
167
CAPITEC BANK
AFRIQUE DU SUD
Riaan STASSEN
1 279 202
17 167
106
129
EQUITY BANK
KENYA
James U. MWANGI
1 273 256
197 988
CFC STANBIC BANK
KENYA
Greg BRACKENRIDGE
1 260 666
26 827
STERLING BANK
NIGERIA
Razack Adeyemi ADEOLA
1 252 846
69 379
107
125
108
87
109
106
BGFI BANK SA
GABON
Henri-Claude OYIMA
1 252 608
98 147
110
111
STANDARD CHARTERED BANK KENYA
KENYA
Richard ETEMESI
1 250 617
77 278
111
120
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE SOUTH AFRICA
AFRIQUE DU SUD
Pierre WOLMARANS
1 238 610
13 636
112
121
NATIONAL MICROFINANCE BANK
TANZANIE
Ben CHRISTIAANSE
1 235 306
125 275
113
102
STANDARD CHARTERED BANK BOTSWANA
BOTSWANA
Rosemary YEBOAH
1 224 246
73 059
114
105
STANDARD BANK NAMIBIA
NAMIBIE
Mpunzi PUPUMA
1 218 864
96 704
115
-
BANCO DE NEGÓCIOS INTERNACIONAL
ANGOLA
Mário Abílio PALHARES
1 194 963
66 050
116
108
117
-
BLOM BANK EGYPT
ÉGYPTE
Mohamed OZALP
1 187 507
ND
STANDARD CHARTERED BANK NIGERIA
NIGERIA
Christopher KNIGHT
1 171 225
174 030
118 119
177
BANCO SOL
ANGOLA
Miguel COUTINHO NOBRE
1 155 750
32 160
110
CCEI BANK GE
GUINÉE ÉQUAT.
Djaméni Joseph TINDJOU
1 146 539
90 961 142 273
120
113
CITIBANK NIGERIA - NIGERIA INTER. BANK (NIB)
NIGERIA
Emeka EMUWA
1 116 710
121
115
STANBIC BANK BOTSWANA
BOTSWANA
Leina GABARAANE
1 089 572
46 237
122
127
BANQUE INTER. POUR L’ÉPARGNE ET LE CRÉDIT
CAMEROUN
Pascal REBILLARD
1 081 169
80 045
123
126
DEUTSCHE BANK
MAURICE
Mark BISSON
1 078 245
2 170
124
117
INVESTEC GROUP SOUTH AFRICA
AFRIQUE DU SUD
Bernard KANTOR
1 073 827
6 233
125
152
BANCO MILLENNIUM ANGOLA
ANGOLA
Victor ALVES CARVALHO
1 071 161
ND
126
132
BANK OF AFRICA - BÉNIN
BÉNIN
Cheick Tidiane N’DIAYE
1 050 943
57 022
127
145
SBI INTERNATIONAL
MAURICE
Venkataraman SRINIVASAN
1 043 251
18 693
128
143
FAISAL ISLAMIC BANK SUDAN
SOUDAN
Ali Omer Ibrahim FARAH
1 030 760
66 351
1 008 786
99 039
977 867
64 298 108 481
129
119
BARCLAYS BANK OF GHANA
GHANA
Margaret MWANAKATWE
130
136
STANBIC BANK UGANDA
OUGANDA
Philip ODERA
131
134
NATIONAL BANK OF COMMERCE
TANZANIE
Christo DE VRIES
962 459
132
131
SOCIÉTÉ GÉN. DE BANQUES AU CAMEROUN (SGBC)
CAMEROUN
Alexandre MAYMAT
958 080
70 892
133
141
ECOBANK GHANA
GHANA
Samuel ASHITEY ADJEI
956 229
110 136
134
128
BANCO COMERCIAL E DE INVESTIMENTOS
MOZAMBIQUE
Ibraimo IBRAIMO
946 258
76 513
135
130
BARCLAYS BANK OF ZAMBIA
ZAMBIE
Zafar MASUD
926 261
101 077
136
122
ARAB BANKING CORP. (EGYPT)
ÉGYPTE
Tarek HELMY
915 591
27 131
137
107
INVESTEC BANK MAURITIUS
MAURICE
Craig McKENZIE
915 119
45 560
138
133
EGYPTIAN GULF BANK
ÉGYPTE
Hesham Ramez Abdel HAFEZ
905 097
44 929
139
139
AFRILAND FIRST BANK
CAMEROUN
Alamine Ousmane MEY
890 587
45 800
140
149
DIAMOND TRUST BANK KENYA
KENYA
Jiwa ALKARIM
842 384
64 049
141
135
STANDARD BANK MOZAMBIQUE
MOZAMBIQUE
Antonio Caroto COUTINHO
839 134
74 653
142
162
BANCO COMERCIAL DO ATLÂNTICO
CAP-VERT
Antonio Joachim DE SOUSA
833 429
44 546
143
150
COMMERCIAL BANK OF AFRICA
KENYA
O. Isaac AWUONDO
829 632
85 737
144
154
MERCANTILE BANK
AFRIQUE DU SUD
D. J. BROWN
784 482
36 168
145
147
BANQUE DE DÉVELOPPEMENT DU MALI
MALI
Abdoulaye DAFFÉ
783 846
41 559
146
137
BANQUE INTER. POUR LE COM. ET L’IND. DU GABON
GABON
Claude AYO-IGUENDHA
777 513
56 141
147
-
BANCO CAIXA GERAL TOTTA DE ANGOLA
ANGOLA
Daniel CHAMBEL
762 450
80 874
148
140
STANDARD CHARTERED BANK GHANA
GHANA
Hemen SHAH
759 402
90 297
149
138
DASHEN BANK
ÉTHIOPIE
Lulseged TEFERI
754 762
37 955
150
153
ECOBANK CÔTE D’IVOIRE
CÔTE D’IVOIRE
Charles DABOIKO
743 577
62 200
CHIFFRES 2009 - EN ITALIQUE, CHIFFRES 2008 - ND : NON DÉTERMINÉ
58
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
BANQUES ET ASSURANCES
RANG 2009
RANG 2010
CLASSEMENT 2010 151-200 SOCIÉTÉ
PAYS
PDG OU DG
TOTAL DE BILAN (milliers de $)
PNB (milliers de $)
151
142
UNION NATIONAL BANK EGYPT
ÉGYPTE
E. Mohamed Mahmo ABU AHMED
740 978
30 842
152
176
SOCIÉTÉ GÉN. DE BANQUE EN GUINÉE EQ. (SGBGE)
GUINÉE ÉQUAT.
Pierre NAHUM
702 286
33 888
153
144
SOCIÉTÉ COMMERCIALE DE BANQUE CAMEROUN
CAMEROUN
Francis DUBUS
696 371
48 759
154
155
BIAO CÔTE D’IVOIRE
CÔTE D’IVOIRE
Jean Kacou DIAGOU
693 379
53 440
155
146
BANQUE INTER. POUR LE COM. ET L’IND. DE LA CÔTE D’IVOIRE
CÔTE D’IVOIRE
Jean-François FICHAUX
690 721
60 354
156
182
INVESTMENT & MORTGAGES BANK
KENYA
Arun S. MATHUR
687 507
43 994
157
-
158
158
TADAMON ISLAMIC BANK
SOUDAN
Hassan Osman A. SAKUTA
681 652
27 881
NATIXIS ALGÉRIE
ALGÉRIE
Bruno MARTIN
674 769
44 325
159
148
BANQUE INTER. POUR LE COM. ET L’IND. DU SÉNÉGAL
SÉNÉGAL
Daniel DELANIS
674 061
59 496
160
187
BANQUE ATLANTIQUE - CÔTE D’IVOIRE
CÔTE D’IVOIRE
Souleymane DIARRASSOUBA
673 081
48 929 43 685
161
156
ECOBANK BÉNIN
BÉNIN
Cheick TRAVALY
666 091
162
170
AFRICAN BANKING CORP. HOLDING
BOTSWANA
Douglas T. MUNATSI
649 585
18 700
163
171
NATIONAL BANK OF KENYA
KENYA
Reuben MARAMBI
649 238
72 454
164
159
ZAMBIA NATIONAL COMMERCIAL BANK
ZAMBIE
Mark H. WIESSING
638 286
104 300
165
165
DEVELOPMENT BANK OF ETHIOPIA
ÉTHIOPIE
Esayas BAHRE
619 515
3 354
166
151
BANK OF AFRICA - MADAGASCAR
MADAGASCAR
Jacques DILET
610 375
43 655
167
173
168
-
NIC BANK
KENYA
Michael Norman DAVIDSON
600 661
30 490
ECOBANK BURKINA
BURKINA FASO
Roger DAH-ACHINANON
590 429
27 968
169
164
ARAB BANKING CORP. ALGÉRIE
170
180
ECOBANK SÉNÉGAL
ALGÉRIE
Reidha Slimane TALEB
589 000
33 700
SÉNÉGAL
Ehouman KASSI
573 970
171
166
BGFI BANK CONGO
42 657
CONGO
Narcisse OBIANG ONDO
570 419
44 292
172
168
173
163
UNION GABONAISE DE BANQUE
GABON
Redouane BENNIS
569 073
41 186
CITIBANK NA KENYA
KENYA
Peter HARRIS
565 655
174
161
ND
AWASH INTERNATIONAL BANK
ÉTHIOPIE
Leikun BERHANU
553 131
55 485 58 208
175
193
STANDARD BANK LESOTHO
LESOTHO
Roger SNELGAR
545 431
176
169
BANQUE DES MASCAREIGNES
MAURICE
Bruno DELETRÉ
544 491
18 737
177
-
MERCHANT BANK GHANA
GHANA
Kwame OSEI-OWUSU
543 677
37 804
178
178
BANQUE NATIONALE D’INVESTISSEMENT
CÔTE D’IVOIRE
V. Jerôme NEMBELESSINI-SILUÉ
526 564
25 595
179
185
NATIONAL BANK OF MALAWI
MALAWI
George PARTRIDGE
511 656
75 270
180
-
ARAB INVESTMENT BANK
ÉGYPTE
Mohamed Mahmoud ELETREBY
510 288
ND
181
-
AGRICULTURAL DEVELOPMENT BANK
GHANA
Stephen KPORDZIH
506 290
91 614
182
184
SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUE (SIB)
CÔTE D’IVOIRE
Mounir OUDGHIRI
502 821
43 416
183
175
TUNIS INTERNATIONAL BANK
TUNISIE
Mohamed FEKIH
499 034
26 011
184
-
AL BARAKA BANK TUNISIE
TUNISIE
Laroussi BAYOUDH
495 000
ND
185
174
BNI MADAGASCAR
MADAGASCAR
Pascal FALL
494 693
38 624
186
157
FIRST SECURITIES DISCOUNT HOUSE
NIGERIA
Ritwan BELO-OSAGIE
494 534
26 640
187
-
ECOBANK MALI
MALI
Binta Touré N’DOYE
480 963
37 220
188
188
ECOBANK CAMEROUN
CAMEROUN
André FOTSO
476 356
31 263
189
186
BANQUE DE L’HABITAT DU SÉNÉGAL
SÉNÉGAL
Souleymane LY
450 396
25 688
190
190
191
-
192
FINANCIAL BC SA TOGO
TOGO
Vincent LE GUENNOU
450 254
31 073
STANDARD BANK SWAZILAND
SWAZILAND
Tineyi MAWOCHA
448 247
42 128
200
BANQUE DE TUNISIE ET DES ÉMIRATS D’INVEST.
TUNISIE
Chadli AISSA
435 596
15 321
193
198
EXIM BANK TANZANIE
TANZANIE
Hanif JAFFER
431 812
16 079
194
-
SASFIN BANK
AFRIQUE DU SUD
Roland SASSOON
428 883
21 512
195
-
FARMER’S COMMERCIAL BANK
SOUDAN
Soleiman Hashim Mohamed TOUM
427 779
6 735
196
179
BANK OF ABYSSINIA
ÉTHIOPIE
Yilma CHANYALEW
424 712
12 705
197
-
BANQUE MALGACHE DE L’OCÉAN INDIEN
MADAGASCAR
Gaston RAMENASON
415 958
26 842
198
196
BANQUE INTERNATIONALE POUR LE MALI
MALI
Mohammed KRISNI
407 417
28 980
199
189
WEGAGEN BANK
ÉTHIOPIE
Araya GEBREGZIABHER
404 343
32 060
200
-
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE - SSB BANK
GHANA
Alain BELLISSARD
397 244
55 896
CHIFFRES 2009 - EN ITALIQUE, CHIFFRES 2008 - ND : NON DÉTERMINÉ
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
59
BANQUES ET ASSURANCES
Afrique du Nord Performances marocaines Meilleur représentant du royaume, le groupe Attijariwafa Bank a ravi la deuxième place à la Banque extérieure d’Algérie. De son côté, le secteur tunisien est en pleine modernisation.
L
éger changement dans le haut de notre classement. Certes, National Bank of Egypt (NBE) reste en pole position en Afrique du Nord, avec près de 47 milliards de dollars de total de bilan en 2009 (+ 18 % par rapport à 2008), mais la place de numéro deux est désormais occupée par le marocain Attijariwafa Bank (AWB), avec un total de bilan de 36,4 milliards de dollars. La Banque extérieure d’Algérie (BEA), au deuxième rang à l’issue de l’exercice 2008, est ainsi rétrogradée à la troisième place. Victime de la chute des cours des hydrocarbures, elle voit son total de bilan régresser à 30 milliards de dollars en 2009. BEA conserve toutefois un résultat net de 466 millions de dollars. Parmi les autres établissements du pays, la Banque nationale d’Algérie pointe en sixième position avec un produit net bancaire (PNB) de 576 millions de dollars, suivie de la CNEP et du Crédit populaire d’Algérie ; les filiales de Société générale et de BNP Paribas ne figurent qu’en 42 e et 43 e positions, mais voient leurs résultats progresser.
Tunisie Holding assurera le suivi des activités de STB, de BNA et de la Banque de l’habitat. En Libye, les banques commerciales ont enregistré une hausse sensible de leurs ressources. Selon la Banque centrale, les dépôts ont atteint 22,5 milliards de dollars et les bénéfices avant impôts étaient évalués à 700 millions de dollars à l’issue de l’exercice 2009. Portedrapeau du pays, Gumhouria Bank gagne une place, avec 26 milliards de dollars de total de bilan. Mais d’autres acteurs devraient bientôt se dévoiler : alors que l’on annonce la création prochaine de deux nouveaux établissements, la banque portugaise Banco Espírito Santo (BES) a pris position, annonçant en avril 2010 l’acquisition de 40 % du capital d’Aman Bank, pour près de 40 millions d’euros. Enfin, le Maroc reste très bien placé dans notre palmarès, avec trois établissements classés dans les dix premiers d’Afrique du Nord. Il s’agit, outre Attijariwafa, du Crédit populaire du Maroc et de BMCE Bank. AWB a eu une année 2009 particulièrement riche, avec la poursuite de son expansion au sud du Sahara. Le groupe a ainsi finalisé le EN LIBYE, LE PORTUGAIS BANCO ESPÍRITO SANTO rachat de plusieurs filiales du français Crédit agricole : Crédit A ACQUIS 40 % DU CAPITAL D’AMAN BANK. du Congo, Union gabonaise de banque, Société ivoirienne de Pas de changement notable en Tunisie, où banque et Crédit du Sénégal, le rachat de la Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT), Société camerounaise de banque devant être Société tunisienne de banque (STB) et Banque finalisé en 2010. Au Sénégal, le groupe a éganationale agricole (BNA) restent leaders sur le lement achevé la fusion de la Compagnie banmarché. La filiale tunisienne d’AWB, Attijari caire d’Afrique occidentale (CBAO), acquise fin Bank, poursuit sa progression, se plaçant à la 2007, avec Attijari Bank Sénégal. D’un point de 36 e place avec près de 2,6 milliards de dollars vue financier, son PNB a progressé de 21 %, son de total de bilan et un résultat net de 35 millions résultat net de 26,2 % (à 576 millions de dollars) de dollars. Au premier trimestre 2010, son PNB et ses fonds propres sont en hausse de 17,5 % a encore augmenté de 21 %. Sur cette même entre 2008 et 2009. période, Amen Bank a aussi connu une activité Également présent au sud du Sahara, BMCE soutenue, avec un PNB en hausse de 24 %. Bank a connu une année moins flamboyante, L’année en cours va voir la mise en œuvre d’un avec un PNB en hausse de 6,6 % et des bénéfiprogramme de modernisation du secteur tunices réduits de moitié en un an. Mais il compte sien. Le capital minimum des banques sera porté profiter de sa prise de contrôle du groupe Bank à 100 millions de dinars (environ 68 millions de of Africa (BOA) pour unifier sa stratégie afridollars) avant la fin de 2014. D’ici là, le taux des caine (voir pages 12 à 14) ; BMCE Bank doit en créances classées devra être ramené à moins de acquérir la majorité du capital et, début 2011, 7 %. En outre, pour accroître la bancarisation du Mohamed Bennani, directeur général délégué pays, 400 nouvelles agences devront être ouverde BMCE Bank, succédera à Paul Derreumaux à tes. Enfin, un pôle bancaire public va être créé : la tête de BOA. ■ Z OÉ S UARE Z 60
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
BANQUES ET ASSURANCES
RANG DANS LES 200
RANG 2010
LES 50 PREMIÈRES BANQUES D’AFRIQUE DU NORD EN 2010 SOCIÉTÉ
PAYS
PDG OU DG
TOTAL DE BILAN (milliers de $)
PNB (milliers de $)
1
6
NATIONAL BANK OF EGYPT (NBE)
ÉGYPTE
Hussein Abdel Aziz HUSSEIN
46 934 389
626 270
2
7
ATTIJARIWAFA BANK
MAROC
Mohamed EL KETTANI
36 435 673
1 663 391
3
8
BANQUE EXTÉRIEURE D'ALGÉRIE
ALGÉRIE
Mohamed LOUKAL
30 023 000
542 000
4
9
GUMHOURIA BANK
LIBYE
Abubaker M. EL WADDAN
26 113 980
518 694
5
10
CRÉDIT POPULAIRE DU MAROC
MAROC
Mohamed BENCHAABOUN
26 102 296
1 124 767
6
11
BANQUE NATIONALE D'ALGÉRIE (BNA)
ALGÉRIE
Seghir BENBOUZID
16 917 882
576 038
7
12
BANQUE MAROCAINE DU COM. EXT. (BMCE BANK)
MAROC
Othman BENJELLOUN
15 867 255
466 049
8
14
LIBYAN FOREIGN BANK
LIBYE
Mohammed A. AL BEIT AL MAL
12 975 241
144 797
9
15
COMMERCIAL INTERNATIONAL BANK
ÉGYPTE
Hisham EZZ AL ARAB
11 638 712
630 328
10
16
CAISSE NATIONALE D'ÉPARGNE ET DE PRÉVOYANCE
ALGÉRIE
Djamel BESSA
11 011 529
95 913
11
18
CRÉDIT POPULAIRE D'ALGÉRIE
ALGÉRIE
Mohamed DJELLAB
10 469 305
294 941
12
20
NATIONAL SOCIÉTÉ GÉNÉRALE BANK
ÉGYPTE
Jean-Philippe COULIER
9 606 774
489 366
13
22
ARAB AFRICAN INTERNATIONAL BANK
ÉGYPTE
Hassan E. ABDALLA
8 285 542
180 032
14
24
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROCAINE DE BANQUES
MAROC
Albert LE DIRAC’H
8 127 109
360 156
15
26
BANQUE MAROCAINE POUR LE COM. ET L'IND.
MAROC
Jacques ARDANT
7 231 249
302 804
16
27
BANQUE DU CAIRE
ÉGYPTE
Gamil SALEM
7 180 277
197 464
17
29
BANQUE ALGÉRIENNE DE DÉVELOPPEMENT
ALGÉRIE
Saddek ALILAT
6 317 096
25 939
18
30
WAHDA BANK
LIBYE
Selim IHMOUDA
6 170 243
133 833
19
32
HSBC BANK EGYPT
ÉGYPTE
Abdel Salam EL ANWAR
6 075 952
327 855
20
35
BANK OF ALEXANDRIA
ÉGYPTE
Laila Mohammed Abou LEILA
5 821 682
200 277 219 397
21
36
CRÉDIT DU MAROC
MAROC
Pierre-Louis BOISSIÈRE
5 244 946
22
37
PRINCIPAL BANK FOR DEV. AND AGRI. CREDIT
ÉGYPTE
Hassan Ali KHEDER
5 162 905
63 977
23
38
FAISAL ISLAMIC BANK OF EGYPT
ÉGYPTE
Abdulhamid ABOUMOUSSA
5 012 869
148 043
24
42
BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE
TUNISIE
Slaheddine LADJIMI
4 603 664
196 133
25
44
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE BANQUE
TUNISIE
Hédi ZAR
4 429 164
182 307
26
45
ARAB INTERNATIONAL BANK
ÉGYPTE
Atef EBEID
4 367 879
12 000
27
47
BANQUE NATIONALE AGRICOLE (BNA)
TUNISIE
Moncef DAKHLI
4 213 837
180 161
28
50
CRÉDIT AGRICOLE EGYPT
ÉGYPTE
Yaseen MANSOUR
4 126 535
68 786
29
52
BANQUE DE L'HABITAT DE TUNISIE
TUNISIE
Brahim HAJJI
3 867 998
139 017
30
55
CRÉDIT IMMOBILIER ET HÔTELIER
MAROC
Ahmed RAHHOU
3 402 294
ND
31
57
BARCLAYS BANK EGYPT
ÉGYPTE
Khalid EL GIBALY
3 284 804
200 412
32
58
HOUSING AND DEVELOPMENT BANK
ÉGYPTE
Fathy EL SEBAI MANSOUR
3 233 237
57 216
33
60
AMEN BANK
TUNISIE
Ahmed EL KARM
3 015 742
104 869
34
61
ARAB TUNISIAN BANK (ATB)
TUNISIE
Mohamed Férid BEN TANFOUS
2 853 391
93 262
35
63
ALWATANY BANK OF EGYPT
ÉGYPTE
Yasser Ismaël HASSAN
2 685 708
129 778
36
65
ATTIJARI BANK TUNISIE
TUNISIE
Hassan BERTAL
2 593 951
110 370
37
66
BNP PARIBAS EGYPT
ÉGYPTE
Philippe JOANNIER
2 590 954
ND
38
67
SUEZ CANAL BANK
ÉGYPTE
Wagdy Youssef RABBAT
2 572 702
88 431
39
71
EXPORT DEVELOPMENT BANK OF EGYPT
ÉGYPTE
Hisham HASSAN
2 272 265
82 181
40
74
AL BARAKA BANK EGYPT (EX-EGYPTIAN SAUDI FINANCE BANK)
ÉGYPTE
Ashraf Ahmed EL GHAMRAWY
2 130 000
36 000
41
76
BANQUE DE TUNISIE
TUNISIE
Alia ABDALLAH
1 952 189
99 148
42
78
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ALGÉRIE
ALGÉRIE
Gérald LACAZE
1 935 857
140 703 122 882
43
79
BNP PARIBAS EL DJAZAIR
ALGÉRIE
Laurent DUPUCH
1 917 149
44
81
PIRAEUS BANK
ÉGYPTE
Graham MOHARAM
1 881 820
ND
45
83
UNION INTERNATIONALE DE BANQUES (UIB)
TUNISIE
Kamel NÉJI
1 801 211
78 505
46
84
SOCIÉTÉ ARABE INTERNATIONALE DE BANQUE
ÉGYPTE
Hassan Abbas ZAKI
1 786 084
69 075
47
89
MISR IRAN DEVELOPMENT BANK
ÉGYPTE
Ismaïl HASSAN
1 663 095
31 804 18 675
48
91
NATIONAL BANK FOR DEVELOPMENT
ÉGYPTE
Ali Ismaïl SHAKER
1 612 619
49
96
AHLI UNITED BANK EGYPT
ÉGYPTE
Aly Mohamed NEGM
1 389 693
ND
50
99
CITIBANK NA ALGÉRIE
ALGÉRIE
Kamel B. DRISS
1 362 305
68 951
CHIFFRES 2009 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2008 - ND : NON DÉTERMINÉ
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
61
BANQUES ET ASSURANCES
Afrique de l’Ouest Traitement de choc au Nigeria Dure année pour les banques de Lagos ! Plusieurs d’entre elles chutent dans notre classement, tandis que les réseaux panafricains Bank of Africa et Ecobank s’affirment.
L
amido Sanusi a réussi à éviter le pire. Le 17 août 2009, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria lançait un vaste plan de sauvetage du secteur bancaire, le premier de cette ampleur jamais mis en œuvre en Afrique (voir aussi pages 46-47). Un an après, les résultats sont là. Dans la tourmente, les présidents et directeurs généraux de cinq banques (Afribank, FinBank, Intercontinental Bank, Oceanic Bank et Union Bank of Nigeria) ont été démis de leurs fonctions. Et l’institut d’émission a dû intervenir pour sauver leurs établissements en injectant près de 4 milliards de dollars et leur éviter une faillite due à des créances douteuses. Sur la vingtaine d’établissements audités par la Banque centrale, le total des prêts improductifs a été estimé à plus de 16 milliards d’euros (environ 40 % du portefeuille de crédits des cinq établissements les plus exposés). Une partie de ces fonds a été investie à perte à la Bourse de Lagos ou dans le financement d’activités de trading pétrolier lors de la flambée des cours du brut, il y a deux ans. Jusqu’à ce qu’ils s’ef-
niquement insolvable. Contraint de passer des provisions massives, le trio de tête – First Bank of Nigeria (FBN), Zenith International Bank et United Bank for Africa (UBA) – a également beaucoup souffert. FBN a ainsi vu ses bénéfices s’effondrer de 75 % en monnaie locale, une chute qui s’explique toutefois en partie par un exercice plus court (sur neuf mois). Les profits de Zenith ont quant à eux reculé de 60 %. Mais 2010 semble s’annoncer sous de meilleurs auspices. Ainsi, au premier trimestre 2010, UBA a réalisé un bénéfice net de 3,3 milliards de nairas (environ 22 millions de dollars), soit davantage que les profits engrangés au cours de l’ensemble de l’année 2009. Derrière les turbulentes nigérianes pointent les groupes Ecobank (basé au Togo), Bank of Africa (BOA, basé au Mali) et, nouveau venu dans notre classement, le groupe Banque Atlantique (Atlantic Financial Group). Au 21e rang africain, le premier enregistre 9 milliards de dollars de total de bilan. Toutefois, il pâtit de la dégradation de l’environnement économique en général et de l’effondrement de la profitaUNITED BANK FOR AFRICA A PROFITÉ DES DIFFICULTÉS bilité de sa filiale au Nigeria. Son résultat net atteint seuleDE SES RIVAUX ET SE HISSE AU PREMIER RANG. ment 64,6 millions de dollars, contre 111 millions l’année fondrent… Conséquence : les groupes nigérians précédente. Le groupe déclare toutefois un PNB ont passé une année difficile, enregistrant une en hausse de 6 %, à 873,3 millions de dollars, chute de leurs profits et de leurs fonds propres. pour un réseau de près de 750 agences. Et se trouvent contraints de se plier aux exigenSur le marché ivoirien, SGBCI (Société ces de leur tutelle. Une structure dédiée, l’Asset générale) reste en tête avec un bénéfice de Management Company of Nigeria (Amcon), aura 43,3 millions de dollars en 2009, en hausse de pour mission de récupérer leurs actifs toxiques. 23 % par rapport à 2008. Même tendance pour Dans le même temps, la Banque centrale veut Bicici (BNP Paribas), avec un résultat net de réformer le secteur pour séparer les activités 20,5 millions de dollars, en hausse de 18 % par commerciales des activités spéculatives. Enfin, rapport à 2008. Mais BOA-CI, qui a été introles principaux dirigeants bancaires vont être duit en Bourse début 2010 avec un beau succès, plus surveillés, et leurs mandats limités dans enregistre une chute de son PNB de 21 millions le temps. de dollars. En toute logique, ce contexte a incité les Enfin, au Sénégal, un an après sa fusion établissements à réduire considérablement avec Attijari Bank Sénégal, la Compagnie banleurs prêts depuis un an. Et certains restent caire de l’Afrique occidentale (CBAO) réalise dans une situation délicate. Ainsi Oceanic un résultat net de 23,6 millions de dollars, en Bank, qui a perdu en deux ans environ 2 milhausse de 31 % par rapport à 2008. Avec un PNB liards de dollars, a annoncé en juin 2010 qu’il de 97 millions de dollars, la filiale du groupe était dans l’incapacité de verser le bonus promis Attijariwafa Bank revendique 22,3 % de part de à ses actionnaires, la banque demeurant techmarché. ■ Z OÉ S UARE Z 62
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
BANQUES ET ASSURANCES
RANG DANS LES 200
RANG 2010
LES 50 PREMIÈRES BANQUES D’AFRIQUE DE L’OUEST EN 2010 SOCIÉTÉ
PAYS
PDG OU DG
TOTAL DE BILAN (milliers de $)
PNB (milliers de $) 630 790
1
13
FIRST BANK OF NIGERIA
NIGERIA
Stephen Olabisi ONASANYA
14 250 590
2
17
ZENITH INTERNATIONAL BANK
NIGERIA
Godwin EMEFIELE
10 887 652
718 897
3
19
UNITED BANK FOR AFRICA
NIGERIA
Phillips ODUOZA
10 156 723
842 730
4
21
ECOBANK TRANSNATIONAL INC.
TOGO
Arnold EKPE
9 006 523
873 318
5
28
GUARANTY TRUST BANK
NIGERIA
Olutayo ADERINOKUN
7 072 845
187 636
6
34
OCEANIC BANK INTERNATIONAL NIGERIA
NIGERIA
John ABOH
5 911 147
ND
7
43
ACCESS BANK NIGERIA
NIGERIA
Aigboje AIG-IMOUKHUEDE
4 550 973
237 643
8
49
SKYE BANK
NIGERIA
Akinsola AKINFEMIWA
4 149 272
522 019
9
51
DIAMOND BANK
NIGERIA
Emeka ONWUKA
3 964 614
162 241
10
53
BANK PHB
NIGERIA
Cyril CHUKWUMAH
3 660 768
222 800
11
54
GROUPE BOA
MALI
Paul DERREUMAUX
3 565 523
239 652
12
56
FIDELITY BANK
NIGERIA
Reginald IHEJIAHI
3 321 113
285 887
13
59
FIRST CITY MONUMENT BANK
NIGERIA
Ladi BALOGUN
3 041 349
107 049
14
69
ECOBANK NIGERIA
NIGERIA
Jibril AKU
2 472 427
292 800 164 702
15
73
STANBIC IBTC CHARTERED BANK
NIGERIA
Chris NEWSON
2 238 836
16
88
UNITY BANK
NIGERIA
Alhaj Falalu BELLO
1 712 567
45 523
17
94
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES EN CÔTE D’IVOIRE
CÔTE D’IVOIRE
Bernard LABADENS
1 412 143
117 082 100 362
18
98
ATLANTIC FINANCIAL GROUP - GROUPE BANQUE ATLANTIQUE
CÔTE D’IVOIRE
Charles KIÉ
1 370 291
19
100
CBAO GROUPE ATTIJARIWAFA BANK
SÉNÉGAL
Abdelkrim RAGHNI
1 341 527
96 948
20
103
GHANA COMMERCIAL BANK
GHANA
Simon DORNOO
1 320 544
138 464
21
108
STERLING BANK
NIGERIA
Razack Adeyemi ADEOLA
1 252 846
69 379
22
117
STANDARD CHARTERED BANK NIGERIA
NIGERIA
Christopher KNIGHT
1 171 225
174 030 142 273
23
120
CITIBANK NIGERIA - NIGERIA INTERNATIONAL BANK (NIB)
NIGERIA
Emeka EMUWA
1 116 710
24
126
BANK OF AFRICA - BÉNIN
BÉNIN
Cheick Tidiane N’DIAYE
1 050 943
57 022
25
129
BARCLAYS BANK OF GHANA
GHANA
Margaret MWANAKATWE
1 008 786
99 039
26
133
ECOBANK GHANA
GHANA
Samuel ASHITEY ADJEI
956 229
110 136
27
142
BANCO COMERCIAL DO ATLÂNTICO
CAP-VERT
Antonio Joachim DE SOUSA
833 429
44 546
28
145
BANQUE DE DÉVELOPPEMENT DU MALI
MALI
Abdoulaye DAFFÉ
783 846
41 559
29
148
STANDARD CHARTERED BANK GHANA
GHANA
Hemen SHAH
759 402
90 297
30
150
ECOBANK CÔTE D’IVOIRE
CÔTE D’IVOIRE
Charles DABOIKO
743 577
62 200
31
154
BIAO CÔTE D’IVOIRE
CÔTE D’IVOIRE
Jean Kacou DIAGOU
693 379
53 440
32
155
BANQUE INTER. POUR LE COM. ET L’IND. DE LA CÔTE D’IVOIRE
CÔTE D’IVOIRE
Jean-François FICHAUX
690 721
60 354
33
159
BANQUE INTER. POUR LE COM. ET L’IND. DU SÉNÉGAL
SÉNÉGAL
Daniel DELANIS
674 061
59 496
34
160
BANQUE ATLANTIQUE - CÔTE D’IVOIRE
CÔTE D’IVOIRE
Souleymane DIARRASSOUBA
673 081
48 929
35
161
ECOBANK BÉNIN
BÉNIN
Cheick TRAVALY
666 091
43 685
36
168
ECOBANK BURKINA
BURKINA FASO
Roger DAH-ACHINANON
590 429
27 968
37
170
ECOBANK SÉNÉGAL
SÉNÉGAL
Ehouman KASSI
573 970
42 657
38
177
MERCHANT BANK GHANA
GHANA
Kwame OSEI-OWUSU
543 677
37 804
39
178
BANQUE NATIONALE D’INVESTISSEMENT
CÔTE D’IVOIRE
V. Jérôme NEMBELESSINI-SILUÉ
526 564
25 595
40
181
AGRICULTURAL DEVELOPMENT BANK
GHANA
Stephen KPORDZIH
506 290
91 614
41
182
SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUE (SIB)
CÔTE D’IVOIRE
Mounir OUDGHIRI
502 821
43 416
42
186
FIRST SECURITIES DISCOUNT HOUSE
NIGERIA
Ritwan BELO-OSAGIE
494 534
26 640
43
187
ECOBANK MALI
MALI
Binta Touré N’DOYE
480 963
37 220
44
189
BANQUE DE L’HABITAT DU SÉNÉGAL
SÉNÉGAL
Souleymane LY
450 396
25 688
45
190
FINANCIAL BC SA TOGO
TOGO
Patrick MESTRALLET
450 254
31 073
46
198
BANQUE INTERNATIONALE POUR LE MALI
MALI
Mohammed KRISNI
407 417
28 980 55 896
47
200
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE - SSB BANK
GHANA
Alain BELLISSARD
397 244
48
-
BANK OF AFRICA - CÔTE D’IVOIRE
CÔTE D’IVOIRE
Lala MOULAYE
393 749
23 431
49
-
BANQUE INTERNATIONALE DU BURKINA (BIB)
BURKINA FASO
Alphonse KODJO
392 579
26 607
50
-
ECOBANK TOGO
TOGO
Didier Alexandre CORREA
387 804
29 584
CHIFFRES 2009 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2008 - ND : NON DÉTERMINÉ
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
63
BANQUES ET ASSURANCES
Afrique centrale Ménage au Cameroun Plusieurs banques du pays ont été placées sous administration provisoire. Les établissements de Libreville affichent en revanche leur bonne santé.
C
arton plein pour BGFI Bank. Cette année encore, le groupe gabonais confirme sa position dominante dans la sous-région, en s’arrogeant la première place en Afrique centrale et la 80 e à l’échelle du continent. Son total de bilan est passé de 1,8 milliard à 1,9 milliard de dollars entre 2008 et 2009, alors que son produit net bancaire (PNB) s’est tassé, de 182 millions de dollars à 154 millions de dollars sur la même période. Au cours du dernier exercice, les dépôts de la clientèle ont atteint 1,4 milliard de dollars, alors que les crédits consentis se sont élevés à 1,1 milliard de dollars. L’irrésistible ascension de BGFI s’accompagne d’une expansion géographique ambitieuse. Déjà implanté au Gabon, au Congo et en Guinée équatoriale, le groupe est désormais présent en Afrique de l’Ouest, avec la création d’une filiale au Bénin en mai 2010. Quelques semaines plus tôt, il prenait pied dans l’océan Indien en s’installant à Madagascar. Enfin, le 19 août, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a donné son feu vert à l’installation de BGFI au Cameroun. C’est la première fois qu’un établissement financier originaire d’un pays de la Communauté économique et moné-
EN EN
64
(15,3 millions de dollars) et dirigée par Malick Ndiaye, cette entité est consacrée au crédit-bail et au crédit à la consommation. Au Gabon, la Bicig reste loin derrière le groupe BGFI Bank, avec un PNB de 56 millions de dollars. À l’issue de l’exercice, la banque de Claude Ayo-Iguendha annonçait que les crédits à la clientèle s’établissaient à 608 milliards de F CFA, en augmentation de 7,7 % par rapport à l’année précédente. À noter également – même s’il n’apparaît pas encore dans notre classement – l’installation du nigérian United Bank for Africa (UBA) au Gabon, avec l’ouverture en novembre 2009 d’une filiale à Libreville, laquelle s’ajoute aux six banques déjà présentes sur la place. Face au dynamisme gabonais, les établissements camerounais se maintiennent relativement bien, sans faire d’étincelles pour autant. L’Association des professionnels des établissements de crédit du Cameroun (Apeccam) souligne que les institutions bancaires et de microcrédit du pays ont enregistré une embellie en 2009. Les ressources du secteur ont ainsi augmenté de 3 % sur un an. Sur l’ensemble des dépôts détenus par les banques en 2009, 46 % relevaient de la clientèle des particuliers. Dans ce contexte, le trio de tête ne change pas : la Bicec 2010, LE GROUPE GABONAIS BGFI A PRIS PIED reste devant avec 1 milliard de dollars de total de bilan, AFRIQUE DE L’OUEST ET DANS L’OCÉAN INDIEN. suivie de la SGBC (Société générale), avec 958 millions taire de l’Afrique centrale (Cemac) s’installe de dollars, et d’A f riland First Bank, avec au Cameroun, ce qui devrait lui permettre de 890 millions de dollars. conforter son assise sous-régionale. D’autres établissements camerounais ont Compte tenu de son envergure croissante, le en revanche connu une année difficile, et plugroupe s’est doté d’une nouvelle organisation, sieurs d’entre eux ont été placés sous adminisqui comprend trois pôles. Le premier concerne tration provisoire. C’est notamment le cas de ses activités commerciales au Gabon, c’est-àCommercial Bank-Cameroun (CBC), d’Union dire la banque de détail destinée à la clientèle Bank of Cameroon et d’Amity Bank Cameroon. des particuliers, des PME-PMI et des instituToutefois, en novembre 2009, la cour d’arbitionnels. Le deuxième inclut les services finantrage de la Cemac a réhabilité Amity Bank, ciers spécialisés et la gestion d’actifs (avec les alors que celle-ci avait été sanctionnée par la filiales BGFI Cash, BGFI Factor et BGFI Immo). Commission bancaire avant d’être cédée en Et le troisième supervise les activités du groupe mai 2009 à l’ivoirien Banque Atlantique. Par à l’international. Parallèlement, le transfert des ailleurs, l’État camerounais a décidé en janvier actifs de BGFI Bail à Finatra, en juillet 2010, a d’apporter une aide financière à CBC, encourapermis de créer un nouvel établissement de crégeant ainsi les établissements publics ayant des dit. Dotée d’un capital de 8 milliards de F CFA dépôts dans cette banque à les maintenir. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
BANQUES ET ASSURANCES
Si les banques locales rencontrent parfois des difficultés, les réseaux internationaux, eux, en profitent pour occuper le terrain. À l’instar de l’ivoirien Banque Atlantique, du marocain Attijariwafa, du nigérian UBA et du gabonais BGFI, le groupe panafricain Ecobank, basé au Togo, passe à l’offensive en Afrique centrale. Sa filiale camerounaise, qui se place en 12e position, a lancé récemment des produits d’épargne et de microcrédit non bancarisés, avec EB-Accion Microfinance. En s’adressant à une population hors circuit bancaire, elle prévoit l’ouverture de 83 000 comptes d’épargne sur les cinq prochaines années, pour un volume de prêts estimé à 37 millions de dollars. Même politique innovante à Bangui, où Ecobank Centrafrique (30 e position) vient de lancer le service Rapid Transfert, qui permet d’envoyer ou de recevoir de l’argent en monnaie locale dans toutes les filiales africai-
nes du groupe. Quant à la filiale tchadienne d’Ecobank, elle voit son total de bilan bondir à 234 millions de dollars en 2009, contre 160 millions pour l’exercice précédent. L’offensive des réseaux devrait également modifier la donne à Kinshasa, où la BIAC, la BCDC et Raw Bank se maintiennent. Mais la montée en puissance d’enseignes étrangères, comme Bank of Africa, qui a ouvert sa douzième filiale en RD Congo en avril 2010, pourrait changer la donne. Enfin, le marché équato-guinéen est lui aussi animé par des groupes étrangers. Premier établissement de la place, la CCEI Bank, filiale de la camerounaise Afriland First Bank, se hisse à la troisième place de notre classement, avec 1,1 milliard de dollars de total de bilan, alors que la SGBGE (Société générale) passe du 12 e au 8 e rang, enregistrant une progression notable de ses activités. ■ Z OÉ S UARE Z
RANG DANS LES 200
RANG 2010
LES 30 PREMIÈRES BANQUES D’AFRIQUE CENTRALE EN 2010 SOCIÉTÉ
PAYS
PDG OU DG
TOTAL DE BILAN (milliers de $)
PNB (milliers de $)
1
80
GROUPE BGFI BANK
GABON
Henri-Claude OYIMA
1 897 502
2
109
BGFI BANK SA
GABON
Henri-Claude OYIMA
1 252 608
154 178 98 147
3
119
CCEI BANK GE
GUINÉE ÉQUAT.
Djaméni Joseph TINDJOU
1 146 539
90 961 80 045
4
122
BANQUE INTER. POUR L’ÉPARGNE ET LE CRÉDIT (Bicec)
CAMEROUN
Pascal REBILLARD
1 081 169
5
132
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES AU CAMEROUN (SGBC)
CAMEROUN
Alexandre MAYMAT
958 080
70 892
6
139
AFRILAND FIRST BANK
CAMEROUN
Alamine Ousmane MEY
890 587
45 800
7
146
BANQUE INTER. POUR LE COM. ET L’IND. DU GABON
GABON
Claude AYO-IGUENDHA
777 513
56 141
8
152
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUE EN GUINÉE ÉQ. (SGBGE)
GUINÉE ÉQUAT.
Pierre NAHUM
702 286
33 888
9
153
SOCIÉTÉ COMMERCIALE DE BANQUE CAMEROUN
CAMEROUN
Francis DUBUS
696 371
48 759
10
171
BGFI BANK CONGO
CONGO-BRAZZA
Narcisse OBIANG ONDO
570 419
44 292
11
172
UNION GABONAISE DE BANQUE
GABON
Redouane BENNIS
569 073
41 186
12
188
ECOBANK CAMEROUN
CAMEROUN
André FOTSO
476 356
31 263
13
-
LA CONGOLAISE DE BANQUE
CONGO-BRAZZA
Abdellah IKCHED
383 599
26 151
14
-
RAW BANK
RD CONGO
Thierry TAEYMANS
331 909
24 570 20 416
15
-
STANDARD CHARTERED BANK CAMEROON
CAMEROUN
Mathieu MANDENG BATOUM
331 363
16
-
BANQUE CONGOLAISE
RD CONGO
George ABILLAMA
319 032
34 115
17
-
CRÉDIT DU CONGO
CONGO-BRAZZA
Abdelahad KETTANI
316 251
25 990
18
-
BANQUE COMMERCIALE DU CONGO (BCDC)
RD CONGO
Yves CUYPERS
300 300
50 900
19
-
CITIBANK NA GABON
GABON
Edgard ANON
294 132
24 760
20
-
FÉDÉRATION DES MUCODEC
CONGO-BRAZZA
Bienvenu MAZIEZOULA
283 948
18 592
21
-
BANQUE DE KIGALI
RWANDA
R. THIBAUT DE MAISIERES
261 261
18 454
22
-
BANQUE INTER. POUR L’AFRIQUE AU CONGO (BIAC)
RD CONGO
Charles SANLAVILLE
237 271
23 178
23
-
ECOBANK TCHAD
TCHAD
Mahamat Ali KERIM
234 025
24 886
24
-
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE TCHADIENNE DE BANQUE
TCHAD
Francis SIMONNEAU
199 921
18 472
25
-
TRUST MERCHANT BANK
RD CONGO
Robert LÉVI
185 027
17 968
26
-
UNION DES BANQUES POPULAIRES DU RWANDA
RWANDA
Bernard ITANGISHAKA
183 462
19 666
27
-
BANQUE COMMERCIALE DU RWANDA
RWANDA
David KUWANA
176 715
4 011
28
-
INTERBANK BURUNDI
BURUNDI
Callixte MUTABAZI
171 510
14 947
29
-
BANQUE INTERNATIONALE DE CRÉDIT
RD CONGO
Louis-Odilon ALAGUILLAUME
156 565
28 935
30
-
ECOBANK CENTRAFRIQUE
CENTRAFRIQUE
Christian ASSOSSOU
148 742
17 180
CHIFFRES 2009 - EN ITALIQUE, CHIFFRES 2008
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
65
BANQUES ET ASSURANCES
Afrique de l’Est Locomotives kényanes Si une banque éthiopienne occupe la tête du palmarès régional, les établissements de Nairobi affirment leur dynamisme. Ils innovent et investissent dans les pays voisins.
C
omme dans notre précédente édition, les établissements du Kenya et d’Éthiopie occupent l’essentiel de notre classement est-africain. Il est vrai que la sous-région reste minée par des crises politiques qui influent durablement sur ses activités économiques et financières. C’est particulièrement notable en Somalie, mais aussi en Érythrée, en conflit avec ses voisins. Quant au Soudan, son secteur financier demeure relativement opaque, et seulement quatre banques du pays se placent dans les 200 premières du continent. Comme l’an dernier c’est un établissement éthiopien, Commercial Bank of Ethiopia, qui demeure en pole position. Celui-ci accuse toutefois une légère régression de son total de bilan, à 4,6 milliards de dollars, contre près de 5 milliards lors de l’exercice précédent. En revanche, son produit net bancaire progresse, à 299 millions de dollars en 2009, contre 240 millions en 2008. Les trois banques éthiopiennes suivantes, Dashen Bank, Development Bank of Ethiopia et Awash International Bank, affichent des perfor-
mobile banking, le Kenya a développé des solutions innovantes qui commencent à se répandre dans les pays voisins. Il est vrai que le pays a su faire fructifier le créneau des transferts de fonds des Kényans résidant à l’étranger, qui ont atteint 609 millions de dollars en 2009, en provenance majoritairement d’Amérique du Nord et d’Europe. Ces fonds destinés à aider les familles sont parfois réinvestis dans l’immobilier mais aussi convertis en actions sur le marché boursier. Pour soutenir ces flux, les services monétiques se diversifient. En mars 2010, KCB a lancé le premier guichet automatique de billets « intelligent » du pays. Équipé d’un écran tactile, celui-ci peut manipuler à la fois le shilling kényan et le dollar américain… et rejeter les faux billets. Forts de cette expertise, les établissements kényans ont décidé d’investir chez leurs voisins. C’est en tout cas le choix du groupe KCB au début de 2010, qui soigne son implantation en Tanzanie. Le réseau KCB est aujourd’hui constitué de plus de 200 agences réparties entre la Tanzanie, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et le Sud-Soudan. Dans le sillage du Kenya, KENYA COMMERCIAL BANK A LANCÉ LE PREMIER les établissements tanzaniens restent discrets. Trois d’entre GUICHET AUTOMATIQUE DE BILLETS « INTELLIGENT ». eux – CRDB Bank, National Microfinance Bank et National mances mitigées, se plaçant respectivement aux Bank of Commerce – assurent près de 40 % de 17e, 21e et 24e rangs. l’activité bancaire du pays. À lui seul, CRDB Si le Kenya connaît une situation institutionBank recueille 19 % des dépôts du secteur pour nelle transitoire, ses établissements enregistrent un total de bilan de 1,4 milliard de dollars. C’est des résultats globalement positifs. Le numéro la seule banque tanzanienne à figurer parmi les un du pays, Kenya Commercial Bank (KCB), a 100 premières africaines. vu son total de bilan progresser de plus de 8 % Enfin, les banques ougandaises affichent en 2009 par rapport à l’exercice précédent. De des scores relativement modestes, mais en la même manière, la filiale kényane de Bank of progrès. Seul Stanbic Bank figure dans notre Africa (BOA) a réalisé un bénéfice avant impôt de palmarès africain, à la 130 e place, pour un 260 millions de shillings en 2009 (3,3 millions de total de bilan de 977 millions de dollars, en dollars à l’époque), en hausse de 180 % par rapport hausse de plus de 20 % par rapport à l’exerà 2008. De son côté, Standard Chartered a vu ses cice précédent. Toutefois, comme leurs grandes bénéfices bondir de 43 %. Equity Bank, NIC Bank sœurs kényanes, les établissements ougandais et Imperial Bank ont eux aussi le vent en poupe. comptent sur la libre circulation des capitaux, Selon la Banque centrale du Kenya, les banques instituée depuis juillet 2010 dans le cadre de commerciales ont enregistré en 2009 une croisla Communauté est-africaine (CEA), pour trousance de 15,6 % des bénéfices avant impôts. ver de nouveaux clients. C’est le cas de Crane Le dynamisme des kényanes leur confère un Bank, qui a annoncé en avril 2010 l’ouverture rôle de locomotives dans la sous-région, notamde nouvelles succursales au Rwanda et au Sudment en matière technologique. Pionnier du Soudan. ■ Z OÉ S UARE Z 66
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
BANQUES ET ASSURANCES
RANG DANS LES 200
RANG 2010
LES 50 PREMIÈRES BANQUES D’AFRIQUE DE L’EST EN 2010 SOCIÉTÉ
PAYS
PDG OU DG
TOTAL DE BILAN (milliers de $)
PNB (milliers de $)
1
41
COMMERCIAL BANK OF ETHIOPIA
ÉTHIOPIE
Zeleke BEKALU
4 609 276
299 319
2
70
KENYA COMMERCIAL BANK
KENYA
Terry DAVIDSON
2 462 996
182 740
3
75
BARCLAYS BANK OF KENYA
KENYA
Mohamed ADAN
2 085 858
182 745
4
90
COMMERCIAL BANK OF ERITREA (CBE)
ÉRYTHRÉE
Tesfay YEMANE
1 655 953
13 112
5
95
CO-OPERATIVE BANK OF KENYA
KENYA
Gideon M. MURIUKI
1 397 864
85 496 122 423
6
97
CRDB BANK
TANZANIE
Charles KIMEI
1 371 651
7
104
BANK OF KHARTOUM
SOUDAN
Mohamed SALAH
1 300 341
62 624
8
106
EQUITY BANK
KENYA
James U. MWANGI
1 273 256
197 988 26 827
9
107
CFC STANBIC BANK
KENYA
Greg BRACKENRIDGE
1 260 666
10
110
STANDARD CHARTERED BANK KENYA
KENYA
Richard ETEMESI
1 250 617
77 278
11
112
NATIONAL MICROFINANCE BANK
TANZANIE
Ben CHRISTIAANSE
1 235 306
125 275
12
128
FAISAL ISLAMIC BANK SUDAN
SOUDAN
Ali Omer Ibrahim FARAH
1 030 760
66 351
13
130
STANBIC BANK UGANDA
OUGANDA
Philip ODERA
977 867
64 298
14
131
NATIONAL BANK OF COMMERCE
TANZANIE
Christo DE VRIES
962 459
108 481
15
140
DIAMOND TRUST BANK KENYA
KENYA
Jiwa ALKARIM
842 384
64 049
16
143
COMMERCIAL BANK OF AFRICA
KENYA
O. Isaac AWUONDO
829 632
85 737
17
149
DASHEN BANK
ÉTHIOPIE
Lulseged TEFERI
754 762
37 955 43 994
18
156
INVESTMENT & MORTGAGES BANK
KENYA
Arun S. MATHUR
687 507
19
157
TADAMON ISLAMIC BANK
SOUDAN
Hassan Osman A. SAKUTA
681 652
27 881
20
163
NATIONAL BANK OF KENYA
KENYA
Reuben MARAMBI
649 238
72 454
21
165
DEVELOPMENT BANK OF ETHIOPIA
ÉTHIOPIE
Esayas BAHRE
619 515
3 354
22
167
NIC BANK
KENYA
Michael Norman DAVIDSON
600 661
30 490
23
173
CITIBANK NA KENYA
KENYA
Peter HARRIS
565 655
ND
24
174
AWASH INTERNATIONAL BANK
ÉTHIOPIE
Leikun BERHANU
553 131
55 485 16 079
25
193
EXIM BANK TANZANIE
TANZANIE
Hanif JAFFER
431 812
26
195
FARMER’S COMMERCIAL BANK
SOUDAN
Soleiman Hashim Mohamed TOUM
427 779
6 735
27
196
BANK OF ABYSSINIA
ÉTHIOPIE
Yilma CHANYALEW
424 712
12 705
28
199
WEGAGEN BANK
ÉTHIOPIE
Araya GEBREGZIABHER
404 343
32 060
29
-
ISLAMIC CO-OPERATIVE DEVELOPMENT BANK
SOUDAN
Abdel Aziz Ali AL ARABI
379 535
27 673
30
-
BANQUE INDOSUEZ MER ROUGE
DJIBOUTI
Luc BEISO
375 675
18 759
31
-
NIB INTERNATIONAL BANK
ÉTHIOPIE
Amerga KASSA
372 745
27 213
32
-
UNITED BANK
ÉTHIOPIE
Birhanu GETANEH
360 797
26 750 25 118
33
-
STANBIC BANK TANZANIA
TANZANIE
Bashir AWALE
348 661
34
-
AL BARAKA BANK SUDAN
SOUDAN
Abdallah Khairy HAMID
320 000
ND
35
-
DEVELOPMENT FINANCE CO. OF UGANDA
OUGANDA
C. McCORMACK
318 147
27 008 57 474
36
-
CENTENARY RURAL DEVELOPMENT BANK
OUGANDA
Simon KAGUGUBE
302 998
37
-
PRIME BANK
KENYA
Bharat JANI
299 330
7 118
38
-
BANK OF BARODA KENYA
KENYA
Manvi N. KRISHNA
277 097
9 173
39
-
CRANE BANK
OUGANDA
Ali Reza KALAN
276 394
26 473
40
-
FINA BANK
KENYA
Franck GRIFFITHS
231 524
12 233
41
-
HOUSING FINANCE CO. OF KENYA
KENYA
Frank IRERI
230 886
17 129
42
-
BANK OF AFRICA - KENYA
KENYA
Kwame AHADZI
213 636
6 732
43
-
SAVINGS & SOCIAL DEVELOPMENT BANK
SOUDAN
Ahmed Omar ABDULRAHMAN
213 203
19 991
44
-
ECOBANK KENYA
KENYA
Anthony OKPANACHI
185 523
12 323
45
-
FAMILY BANK
KENYA
Kamau NJUNG’E
168 052
14 817
46
-
CHASE BANK KENYA
KENYA
Zafrullah KHAN
163 807
8 458
47
-
IMPERIAL BANK KENYA
KENYA
Pramila AGGARWAL
159 841
ND
48
-
DIAMOND TRUST BANK TANZANIA
TANZANIE
Viju CHERIAN
150 608
10 749
49
-
BANK OF INDIA
KENYA
A. K. JALOTA
143 383
ND
50
-
BANK OF AFRICA - TANZANIA
TANZANIE
Kobena ANDAH
122 972
8 278
CHIFFRES 2009 - EN ITALIQUE, CHIFFRES 2008 - ND : NON DÉTERMINÉ
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
67
BANQUES ET ASSURANCES
Afrique australe et océan Indien Joburg sourit, Tana pleure Malgré le ralentissement économique, les banques sud-africaines continuent de truster le haut du classement. Si l’Angola a le vent en poupe, Madagascar pâtit de la crise politique.
P
as de révolution majeure dans la hiérarchie des banques sud-africaines. Les cinq premières sont les mêmes que dans notre précédente édition, et le groupe Standard Bank conforte sa pole position, avec un total de bilan de 180 milliards de dollars, en hausse de 35 % par rapport à l’exercice précédent. Le groupe a vu toutefois son bénéfice chuter de près de 20 % en 2009, à la suite du ralentissement de l’économie. La seule filiale sud-africaine de Standard Bank enregistre un produit net bancaire (PNB) de 2,9 milliards de dollars en 2009, qui progresse de plus de 25 % par rapport à l’année précédente. Selon le magazine The Banker, le groupe a de fortes chances de maintenir cette position dominante en 2010 grâce à ses investissements dans des zones à forte croissance. Cette stratégie a été facilitée par l’arrivée d’un nouvel actionnaire en février 2008, Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), qui détient
Standard Chartered puis par son compatriote HSBC. Enfin, parmi les enseignes qui montent, on saluera la performance de Capitec Bank, qui passe de la 41e à la 25e place sous-régionale, et affiche un total de bilan de 1,28 milliard de dollars, contre 525 millions pour l’exercice précédent. Capitec, qui s’est fait une spécialité du prêt de masse, revendique 70 000 nouveaux clients tous les mois depuis un an. Si les banquiers sud-africains ont le sourire, leurs voisins botswanais sont plus circonspects. Avec quatre établissements, Gaborone accuse le coup du ralentissement de l’activité minière. En 2009, après avoir réduit les financements au secteur extractif, les banques ont même suspendu l’octroi de crédits aux mineurs en raison des risques de pertes d’emploi. Sur un marché atone, First National Bank of Botswana prend malgré tout la tête (19e) et devance désormais les deux plus anciennes banques de la place, Standard Chartered et Barclays. À l ’i nve r s e , le m a r c hé LE GROUPE STANDARD BANK A DE FORTES CHANCES angolais reste très dynamique. Le résultat de 2009 de Banco DE MAINTENIR SA POSITION DOMINANTE EN 2010. af r icano de investimentos s’est accru de 39 %, passant de une participation de 20 %. Standard Bank a été 166 millions de dollars en 2008 à 231 millions. classé au 106e rang mondial par la publication De son côté, le britannique Standard Chartered a financière britannique, réalisant un gain de quaouvert une succursale en Angola en février 2010 tre places par rapport à l’enquête de 2008. et poursuit sa stratégie d’élargir son implantaDans le sillage du numéro un, ses rivaux Absa tion sur le continent africain, où il est présent (3e), Nedbank (4 e) et FirstRand (5e) maintiendans treize pays. nent plus ou moins leurs positions : FirstRand Si l’Angola, avec sept établissements classés s’est fait doubler par Nedbank à l’issue de l’andans les 200, a le vent en poupe, le Mozambique, née écoulée. Ces deux établissements restent la Namibie et la Zambie restent des marchés pluau coude à coude, avec un total de bilan d’entôt frileux. Seul événement notable : Ecobank a viron 76 milliards de dollars chacun, mais un inauguré une filiale à Lusaka (Zambie) en sepPNB de près de 2,2 milliards pour Nedbank et tembre 2009. de 1,6 milliard pour FirstRand. Malgré ce recul, Enfin, dans l’océan Indien, les banques mauFirstRand poursuit son développement géograriciennes maintiennent des résultats honorables phique. Son réseau First National Bank, déjà malgré la baisse du volume des investissements solidement installé en Namibie, au Botswana, étrangers au cours du premier semestre 2009, au Swaziland, au Lesotho et au Mozambique, qui a surtout touché le secteur financier. En a commencé à opérer en Zambie et projette de revanche, la crise institutionnelle malgache s’implanter en Tanzanie et en Angola. Quant relègue Bank of Africa et BNI (Crédit agricole) à Nedbank, le principal point d’interrogation dans les profondeurs du classement. Ce qui tient à son avenir capitalistique. Contrôlé par n’a pas empêché BGFI de parier sur la Grande l’assureur anglo-sud-africain Old Mutual, il a Île : le groupe gabonais a ouvert une filiale à été convoité successivement par le britannique Antananarivo en 2010. ■ Z OÉ S UARE Z 68
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
BANQUES ET ASSURANCES
RANG DANS LES 200
RANG 2010
LES 50 PREMIÈRES BANQUES D’AFRIQUE AUSTRALE EN 2010 SOCIÉTÉ
PAYS
PDG OU DG
TOTAL DE BILAN (milliers de $)
PNB (milliers de $)
1
1
STANDARD BANK GROUP
AFRIQUE DU SUD
Jacko MAREE
180 631 836
4 222 023
2
2
STANDARD BANK OF SOUTH AFRICA
AFRIQUE DU SUD
S. K. TSHABALALA
112 873 326
2 898 630
3
3
AMALGAMATED BANKS OF SOUTH AFRICA (ABSA)
AFRIQUE DU SUD
Maria RAMOS
96 765 707
2 946 356
4
4
NEDBANK GROUP
AFRIQUE DU SUD
Tom BOARDMAN
76 942 178
2 198 375
5
5
FIRSTRAND BANKING GROUP
AFRIQUE DU SUD
Sizwe NXASANA
76 152 673
1 608 133
6
23
BANCO AFRICANO DE INVESTIMENTOS
ANGOLA
José DE LIMA MASSANO
8 277 016
227 187
7
25
IMPERIAL BANK
AFRIQUE DU SUD
R. VAN WYK
7 504 034
274 098
8
31
DEVELOPMENT BANK OF SOUTHERN AFRICA
AFRIQUE DU SUD
Paul BAYOLI
6 086 303
219 913
9
33
BANCO DE FOMENTO ANGOLA
ANGOLA
Emídio PINHEIRO
6 014 723
470 966
10
39
HSBC MAURITIUS
MAURICE
Sandeep UPPAL
4 855 500
98 436
11
40
AFRICAN BANK
AFRIQUE DU SUD
Léon KIRKINIS
4 618 798
1 558 519
12
46
BANCO BIC
ANGOLA
Fernando TELES
4 319 489
305 131
13
48
THE MAURITIUS COMMERCIAL BANK
MAURICE
J. Gérard HARDY
4 185 000
229 000 115 040
14
62
BARCLAYS BANK OF MAURITIUS
MAURICE
Ravin DAJEE
2 768 454
15
64
STANDARD CHARTERED BANK MAURICE
MAURICE
Sridhar NAGARAJAN
2 609 615
16 934
16
68
STATE BANK OF MAURITIUS
MAURICE
Geerja Shankar RAMDAURSING
2 529 138
76 606
17
72
LAND AND AGRI. DEV. BANK OF SOUTH AFRICA
AFRIQUE DU SUD
Phakamani HADEBE
2 269 529
91 236
18
77
CALYON CREDIT AGRICOLE CIB
AFRIQUE DU SUD
Guillaume FAY
1 949 188
34 691
19
82
FIRST NATIONAL BANK OF BOTSWANA
BOTSWANA
Lorato BOAKGOMO-NTAKHWANA
1 831 498
78 098
20
85
STANDARD BANK MAURITIUS
MAURICE
Chris CLARKSON
1 762 358
7 132
21
86
BANCO INTERNACIONAL DE MOÇAMBIQUE
MOZAMBIQUE
Mário MACHUNGO
1 755 278
183 568
22
87
BARCLAYS BANK OF BOTSWANA
BOTSWANA
Thuli JOHNSON
1 734 849
150 652
23
92
FIRST NATIONAL BANK OF NAMIBIA
NAMIBIE
Ian LEYENAAR
1 591 567
90 920
24
93
BANK WINDHOEK
NAMIBIE
James HILL
1 579 414
101 240
25
105
CAPITEC BANK
AFRIQUE DU SUD
Riaan STASSEN
1 279 202
17 167
26
111
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE SOUTH AFRICA
AFRIQUE DU SUD
Pierre WOLMARANS
1 238 610
13 636
27
113
STANDARD CHARTERED BANK BOTSWANA
BOTSWANA
Rosemary YEBOAH
1 224 246
73 059
28
114
STANDARD BANK NAMIBIA
NAMIBIE
Mpunzi PUPUMA
1 218 864
96 704
29
115
BANCO DE NEGOCIOS INTERNACIONAL
ANGOLA
Mário Abílio PALHARES
1 194 963
66 050
30
118
BANCO SOL
ANGOLA
Miguel COUTINHO NOBRE
1 155 750
32 160
31
121
STANBIC BANK BOTSWANA
BOTSWANA
Leina GABARAANE
1 089 572
46 237
32
123
DEUTSCHE BANK
MAURICE
Mark BISSON
1 078 245
2 170
33
124
INVESTEC GROUP SOUTH AFRICA
AFRIQUE DU SUD
Bernard KANTOR
1 073 827
6 233
34
125
BANCO MILLENNIUM ANGOLA
ANGOLA
Victor ALVES CARVALHO
1 071 161
ND
35
127
SBI INTERNATIONAL
MAURICE
Venkataraman SRINIVASAN
1 043 251
18 693
36
134
BANCO COMERCIAL E DE INVESTIMENTOS
MOZAMBIQUE
Ibraimo IBRAIMO
946 258
76 513
37
135
BARCLAYS BANK OF ZAMBIA
ZAMBIE
Zafar MASUD
926 261
101 077
38
137
INVESTEC BANK MAURITIUS
MAURICE
Craig McKENZIE
915 119
45 560
39
141
STANDARD BANK MOZAMBIQUE
MOZAMBIQUE
Antonio Caroto COUTINHO
839 134
74 653
40
144
MERCANTILE BANK
AFRIQUE DU SUD
D. J. BROWN
784 482
36 168
41
147
BANCO CAIXA GERAL TOTTA DE ANGOLA
ANGOLA
Daniel CHAMBEL
762 450
80 874
42
162
AFRICAN BANKING CORP. HOLDING
BOTSWANA
Douglas T. MUNATSI
649 585
18 700
43
164
ZAMBIA NATIONAL COMMERCIAL BANK
ZAMBIE
Mark H. WIESSING
638 286
104 300
44
166
BANK OF AFRICA - MADAGASCAR
MADAGASCAR
Jacques DILET
610 375
43 655
45
175
STANDARD BANK LESOTHO
LESOTHO
Roger SNELGAR
545 431
58 208
46
176
BANQUE DES MASCAREIGNES
MAURICE
Bruno DELETRÉ
544 491
18 737
47
179
NATIONAL BANK OF MALAWI
MALAWI
George PARTRIDGE
511 656
75 270
48
185
BNI MADAGASCAR
MADAGASCAR
Pascal FALL
494 693
38 624
49
191
STANDARD BANK SWAZILAND
SWAZILAND
Tineyi MAWOCHA
448 247
42 128
50
194
SASFIN BANK
AFRIQUE DU SUD
Roland SASSOON
428 883
21 512
CHIFFRES 2009 - EN ITALIQUE, CHIFFRES 2008 - ND : NON DÉTERMINÉ
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
69
BANQUES ET ASSURANCES
Assurances Une année pour rien Alors qu’en 2009 le secteur a progressé dans les pays émergents, il a reculé en Afrique. Les marchés sud-africain, marocain et nigérian affichent néanmoins un certain dynamisme.
M
algré l’important potentiel de développement qu’il recèle, le secteur des assurances en A f r ique a reculé en 2009, largement impacté par la crise économique. Selon l’assureur Swiss Re, qui produit chaque année une étude sur le marché mondial, les primes d’assurances sur le continent ont atteint un total de 49,3 milliards de dollars (environ 34,4 milliards d’euros en 2009), contre 52,8 milliards de dollars en 2008, soit un recul de 6,6 %. Une réelle déception, car, si le marché mondial a également reculé (- 1,1 %), les assurances dans les marchés émergents ont en revanche poursuivi leur progression (+ 3,5 %), notamment en Asie du Sud-Est et en Amérique latine. Si l’Afrique chute, c’est pour l’essentiel à cause des difficultés du principal marché du continent pour les assurances, l’Afrique du Sud. En raison d’un marché boursier en progression mais délaissé par des investisseurs frileux, l’assurance vie y a fortement souffert : les produits d’épargne investis en Bourse ont été boudés, et le total des primes a du coup reculé de 15 %. Le Maroc et l’Égypte, les deux autres principaux marchés africains, ont connu des évolutions contrastées : positives pour l’as-
rement difficile en raison de l’effondrement boursier. Les principaux indicateurs se sont donc stabilisés, avec comme principal événement l’annonce de la fusion de deux assureurs : le rapprochement entre Metropolitan et Momentum donnera ainsi naissance à l’un des tout premiers assureurs sud-africains. Sanlam, de son côté, poursuit son développement panafricain. Il s’est implanté en Ouganda sous son propre nom. Il a également signé à la mi-2009 un accord avec Standard Chartered afin de diffuser ses produits via le réseau de la banque britannique dans cinq pays subsahariens. Un an plus tard, il a signé avec l’une des premières banques nigérianes, First Bank of Nigeria, dans le même sens. Ce phénomène de partenariat entre établissements bancaires et assureurs est un passage obligé pour le développement de l’assurance en Afrique. Ce choix a d’ailleurs été opéré par le groupe ivoirien NSIA, qui a acquis la banque ivoirienne BIAO, ou par son compatriote Colina qui s’est associé au groupe Bank of Africa. Derrière l’Afrique du Sud, le Maroc suit, en toute logique. Wafa Assurance, qui a chipé la place de numéro un du pays en 2008, reste toujours légèrement devant son principal concurrent, RMA Watanya. Derrière, la filiale chérifienne LE RÉASSUREUR NIGÉRIAN AFRICA RE CRÉE LA du français Axa est talonnée par l’acteur qui monte, CNIA SURPRISE ET S’INTERCALE EN ONZIÈME POSITION. Saada. Issu de la fusion à la mi-2009 de deux compagnies surance dommages au Maroc, très mauvaises d’assurances membres du même groupe, CNIA pour l’assurance vie en Égypte. Il n’empêche : et Es Saada, cet assureur indépendant mise malgré les soubresauts économiques et finanrésolument sur la conquête de la clientèle des ciers, le secteur des assurances reste encore particuliers, historiquement moins bien servie largement sous-développé en Afrique. Il n’y que celle des professionnels. représente en moyenne que 3,2 % du produit Entre tous ces acteurs marocains, le nigéintérieur brut (PIB) – contre une moyenne rian African Reinsurance Corporation, plus mondiale de 7 % –, et n’atteint même pas 1 % connu sous le nom d’Africa Re, crée la surdu PIB dans certains pays comme l’Algérie, le prise et s’intercale en onzième position. Le Nigeria, l’Égypte ou l’Angola. réassureur, détenu notamment par la Banque Notre classement ci-contre reproduit la africaine de développement et plus de 40 États hiérarchie des assurances africaines. Sanlam, africains, continue d’asseoir son leadership, Old Mutual (filiale de la compagnie britanaidé par une implantation, par pôles régionique éponyme), Liberty Group et d’autres naux, dans toutes les zones d’Afrique. Il a acteurs sud-africains continuent de dominer d’ailleurs signé en 2009 son année la plus nettement la scène. Pour eux, l’année 2009 rentable, avec un bénéfice net de 44 millions a été meilleure que le cru 2008, particuliède dollars. ■ F RÉDÉRIC M AURY 70
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
BANQUES ET ASSURANCES
RANG 2010
LES 50 PREMIÈRES COMPAGNIES D’ASSURANCE EN 2010 SOCIÉTÉ
PAYS
PDG OU DG
TOTAL DES PRIMES
RÉSULTAT NET
1
SANLAM
AFRIQUE DU SUD
Johan VAN ZYL
8 179 664
685 020
2
OLD MUTUAL LIFE ASSURANCE CO.
AFRIQUE DU SUD
Gerhard VAN NIEKERK
3 113 129
725 332
3
LIBERTY GROUP
AFRIQUE DU SUD
J. B. HEMPHILL
2 965 770
31 818
4
SANTAM
AFRIQUE DU SUD
Leon VERMAAK
1 738 369
150 459
5
METROPOLITAN LIFE
AFRIQUE DU SUD
P. R. DOYLE
1 380 557
154 504
6
LIFE HEALTHCARE GROUP
AFRIQUE DU SUD
Michael FLEMMING
1 069 078
150 358
7
MUTUAL & FEDERAL INSURANCE
AFRIQUE DU SUD
B. CAMPBELL
926 753
ND
8
DISCOVERY HEALTH
AFRIQUE DU SUD
Adrian GORE
699 177
165 020
9
ZURICH INSURANCE CO. SOUTH AFRICA
AFRIQUE DU SUD
N. V. BEYERS
574 972
- 24 883
10
WAFA ASSURANCE
MAROC
Jaouad KETTANI
539 347
84 990
11
AFRICAN REINSURANCE CORP.
NIGERIA
Bakary KAMARA
536 382
44 301
12
RMA WATANYA
MAROC
Sébastien CASTRO
527 828
127 580
13
AXA ASSURANCE MAROC
MAROC
Daniel ANTUNÈS
384 146
ND
14
CNIA SAADA
MAROC
Moulay Hafid ELALAMY
355 137
ND
15
SOCIÉTÉ CENTRALE DE RÉASSURANCE (SCR)
MAROC
Ahmed ZINOUN
334 919
ND
16
SOCIÉTÉ NATIONALE D’ASSURANCES
ALGÉRIE
Amara LATROUS
250 199
21 437 34 947
17
BOTSWANA INSURANCE HOLDINGS
BOTSWANA
P. B. SUMMER
186 935
18
COMPAGNIE ALGÉRIENNE DES ASSURANCES (CAAT)
ALGÉRIE
Abdelkrim DJAFRI
179 357
11 142
19
SOCIÉTÉ TUNISIENNE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCE
TUNISIE
Abdelkarim MERDASSI
156 444
25 169
20
COMPAGNIE ALGÉRIENNE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCE
ALGÉRIE
Brahim Djamel KASSALI
151 408
11 395
21
COMPAGNIE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCE SANAD
MAROC
Muhammad AOUAD
149 776
ND
22
COMPAGNIE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCE ATLANTA
MAROC
Mohamed Hassan BEN SALAH
142 022
ND
23
COMPAGNIE CENTRALE DE RÉASSURANCE
ALGÉRIE
Hadj Mohamed SEBA
137 087
8 358
24
SUDANESE INSURANCE AND REINSURANCE CO.
SOUDAN
Izz El-Dein ELSAYED
127 861
6 694
25
AVBOB INDUSTRIES
AFRIQUE DU SUD
Jan VAN DER WALT
121 888
18 641
26
CLIENTÈLE LIFE ASSURANCE COMPANY
AFRIQUE DU SUD
G. J. SOLL
121 625
18 600
27
LA MAROCAINE VIE
MAROC
Jean-Marie STEIN
107 051
ND
28
MUTUELLE CENTRALE MAROCAINE D’ASSURANCES
MAROC
Abed YACOUBI SOUSSANE
94 527
ND
29
JUBILEE INSURANCE CO.
KENYA
Abdul JAFFER
89 282
11 540 13 556
30
COMPAGNIE MÉDITERRANÉENNE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCE
TUNISIE
Rachid BEN JEMIA
89 251
31
SWAN GROUP
MAURICE
Louis RIVALLAND
81 878
6 184
32
COMPAGNIE INTERNATIONALE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCE
ALGÉRIE
Tahar SOUFI
81 648
3 279
33
COMPAGNIE D’ASSURANCES TRANSPORTS (CAT)
MAROC
Mohamed SAIDI
79 538
ND
34
ASSURANCES MUTUELLES EL ITTIHAD
TUNISIE
Lamjed BOUKHRISS
68 460
8 506
35
CAISSE NATIONALE DE SÉCURITÉ SOCIALE
BURKINA FASO
Innocent COULIDIATI
67 613
ND
36
OGAR - OGAR VIE
GABON
Henri-Claude OYIMA
62 908
2 639
37
ASSURANCES MAGHREBIA
TUNISIE
Abdelaziz DERBEL
60 414
4 601
38
COMPAGNIE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCE (ASTREE)
TUNISIE
Mohamed Habib BEN SAAD
60 138
10 301
39
CAISSE NATIONALE DE MUTUALITÉ AGRICOLE (CNMA)
ALGÉRIE
Djamel MADANI
53 352
ND
40
ETHIOPIAN INSURANCE CORP.
ÉTHIOPIE
Yisma GETACHEW
53 255
6 205
41
AIICO INSURANCE
NIGERIA
F. J. HAGERTY
52 983
4 429
42
COLINA ASSURANCES CÔTE D’IVOIRE
CÔTE D’IVOIRE
Joël ACKAH
49 644
4 257 16 784
43
KENYA REINSURANCE CORP.
KENYA
Eunice MBOGO
46 832
44
MUTUELLE AGRICOLE MAROCAINE D’ASSURANCES (MAMDA)
MAROC
Rachid GUESSOUS
45 813
ND
45
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE RÉASSURANCE
TUNISIE
Lamia BEN MAHMOUD
45 340
3 761 40 459
46
ANGLO-MAURITIUS ASSURANCE SOCIETY
MAURICE
Jean DE FONDAUMIERE
44 721
47
CHANAS ASSURANCES
CAMEROUN
Jacqueline CASALEGNO
37 470
ND
48
STATE INSURANCE CO. OF MAURITIUS
MAURICE
K. Bhoojedhur OBEEGADOO
36 894
9 830
49
MAURITIUS UNION ASSURANCE CO.
MAURICE
Jacques DE NAVACELLE
35 821
10 119
50
MAURITIAN EAGLE INSURANCE CO.
MAURICE
Christian DALAIS
33 427
1 123
CHIFFRES 2009 EN MILLIERS DE DOLLARS - EN ITALIQUE, CHIFFRES 2008 - ND : NON DÉTERMINÉ
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
71
MANAGERS DE
P ORTRAITS RÉALISÉS PAR T HÉOPHILE K OUAMOUO , F RÉDÉRIC M AURY , J EAN -M ICHEL M EYER ET Z OÉ S UAREZ 74
BANQUES
84 CONSEIL FINANCIER
81
ASSURANCES
86 BOURSE
82 CAPITAL-INVESTISSEMENT
72
90 INSTITUTIONS
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
Investisseurs, repreneurs, sauveurs, développeurs, consultants, pionniers, mais aussi déchus… Qui sont les financiers qui ont marqué l’actualité en 2010? Qui sont ceux dont on parlera en 2011? Tout ce qu’il faut savoir sur les hommes et les femmes qui président aux destinées de la finance africaine.
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
73
ROBERT LLEWELLYN/IMAGESTATE/HOA-QUI
L’ANNÉE
M A N A G E R S D E L' A N N É E
BANQUES PAUL DERREUMAUX,
président de Bank of Africa, et MOHAMED BENNANI, directeur général de BMCE Bank
VINCENT FOURNIER/J.A.
LS INCARNENT L’INTÉGRATION SUDSUD. Le passage de témoin se fera en douceur en janvier 2011. Mohamed Bennani, 60 ans, entré dans le groupe marocain BMCE Bank à 25 ans, succédera à Paul Derreumaux, 64 ans, fondateur de Bank of Africa (BOA), le groupe créé au Mali en 1982 et aujourd’hui présent dans 13 pays au sud du Sahara. Un sacré bouleversement pour les 3 000 salariés du groupe, qui ont travaillé au quotidien avec cet homme du nord de la France, né à Roubaix, aux portes de la Belgique, et passionné par l’Afrique. Mais ce passage de relais concrétise aussi la prise de contrôle entamée en 2008 par BMCE Bank (voir pages 12 à 14). À la faveur d’une augmentation de capital terminée en août, le groupe d’Othman Benjelloun détiendra, à la fin de l’année 2010, plus de 50 % des actions de celui de Paul Derreumaux. C’est à un pur produit de la banque marocaine, à un fidèle, qu’Othman Benjelloun a confié la mission stratégique de conduire le rapprochement, puis l’intégration du groupe subsaharien au sein de BMCE Bank, pour en faire sa tête de pont au sud du Sahara. Il se dit – BMCE Bank cultive le culte du secret, abrité derrière un organigramme en forme de labyrinthe – que Mohamed Bennani est devenu le numéro deux du groupe, à la suite d’un remaniement du top management opéré, début 2010, pour remettre BMCE Bank sur les rails après les turbulences de la crise économique mondiale. Entré dans le groupe marocain en
CÉCILE TREAL POUR J.A.
I
1974 pour diriger le bureau de Beyrouth, Mohamed Bennani a gravi tous les échelons du 11e groupe bancaire africain. Chargé des affaires internationales, passé par le Mali, l’Espagne, etc., il a une parfaite connaissance du métier. « On apprend à travailler ensemble depuis le début de l’année, c’est un très bon professionnel », dit de lui Paul Derreumaux. Q uant au fondateur de BOA, après vingt-huit ans passés à la tête du groupe, il devrait rester à un poste non opérationnel pour contribuer à en dessiner l’avenir. « Nous avons joué les pionniers. Nous avons été les premiers à sortir de l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine, NDLR] et, ce dont je suis peut-être le plus fier, à sortir de l’Afrique francophone pour pénétrer la partie anglophone en 2004. Nous avons aussi été les premiers, en 2007, à conclure un accord interrégional en nous associant avec un groupe marocain. » Et là, c’est une nouvelle histoire qui s’écrit. ■
HISHAM EZZ AL ARAB, président de Commercial International Bank
O
B JEC T IF : MODERNISATION. Commercial International Bank (CIB) au r a at t i r é , e n 2 0 0 9, l’un des plus importants investissements de private equity de l’année. En choisissant la première banque privée ég y ptienne, le britannique Actis, qui 74
a i njec té 24 4 m i l l ion s de dollars dans l’opération, a rappelé à tous sa conviction que le secteur ba nca i re ég y pt ien, u n peu boudé par les investisseurs internationaux, avait un gros potentiel. Face à un secteur public en redressement, les
banques privées – dont le leader CIB, mais aussi National Société génér a le B a n k ou B a n k of Alexandria – ont en effet l a r ge me nt pr of ité de s dernières années pour se conformer aux standards internationaux. Hisham Ezz Al Arab, 50 ans, prési-
dent de CIB depuis 2002, est à ce titre le meilleur représentant des patrons égyptiens qui ont mené cette modernisation. Une sit uat ion som me toute logique pour un banquier formé chez Merrill Lynch, JP Morgan et Deutsche Bank. ■
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
M A N A G E R S D E L' A N N É E
D
MOHAMED LOUKAL, PDG de la Banque extérieure d’Algérie
IVERSIFIER L’ÉCONOMIE. Discret, le patron de la première banque algérienne n’en demeure pas moins un homme très influent dans l’économie du pays. À son poste depuis 2005, c’est un proche de Mohamed Meziane, ancien patron de Sonatrach, et de Chakib Khelil, ex-ministre de l’Énergie. Pour faire écho à la volonté politique du gouvernement de réduire la dépendance aux hydrocarbures en diversifiant l’économie et en soutenant notamment l’essor du secteur privé, Mohamed Loukal, 60 ans, a annoncé au début de l’été 2010 la mobilisation par la Banque extérieure d’Algérie (BEA) d’une enveloppe de 5 milliards de dollars dans le cadre d’un plan triennal (2010-2012). Et si un peu plus de la moitié de ce montant est réservée au soutien des entreprises publiques du pays, « cette enveloppe va toucher tous les segments de l’activité économique », a-t-il précisé. Les grands groupes publics sont les mieux lotis (53,6 % du total), mais les PME (39 %) ainsi que les particuliers et les ménages (7,4 %) ne sont pas délaissés. ■
CECILIA IBRU et ERASTUS AKINGBOLA,
L
ES DÉCHUS. Mi-2010, E r a s t u s A k i ngb ol a , 59 ans, est revenu au Nigeria. Un an plus tôt, l’ex-banquier star, débarqué de son poste de directeur général d’Intercontinental Bank pour mauvaise gestion et mauvaise gouvernance, était
publ iquement m i s en cause par la Banque centrale du Nigeria. Avec lui, Cecilia Ibru, 64 ans, banquière elle aussi écartée de la tête d’Oceanic Bank. Au faîte de leur gloire, ces deux patrons avaient pourtant attiré dans le capital de leurs banques
des investisseurs internationaux de renom, qui avaient injecté plusieurs centaines de millions de dollars. Mais, à en croire l’état act uel des deu x groupes, qui ont dû massivement provisionner leurs comptes, le succès était largement factice. ■
HENRI-CLAUDE OYIMA, directeur général de BGFI Bank
AGOSTINO PACCIANI POUR J.A.
T
OUJOURS PLUS LOIN. C’est lui qui a fait de BGFI Bank un véritable réseau. Alors que le groupe était déjà présent au Gabon, au Congo et en Guinée équatoriale, il compte désormais des filiales au Bénin et à Madagascar et, le 19 août 2010, a obtenu le feu vert pour s’installer au Cameroun. La Banque gabonaise et française internationale (ex-Paribas) a bien évolué depuis qu’elle est devenue BGFI Bank en 1996. Sous la houlette de Henri-Claude Oyima, 53 ans, titulaire d’un MBA en development banking, elle affiche un total de bilan de 1,9 milliard de dollars en 2009. Son patron ne veut pas s’arrêter là : il entend bien étendre la présence de BGFI Bank à 15 pays en 2015 et en faire l’une des deux premières banques de la zone CFA. ■
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
ECOBANK
ex-dirigeants d’Oceanic Bank et d’Intercontinental Bank
KOLAPO LAWSON,
président du conseil d’administration d’Ecobank
U
NE FIGURE INCONTOURNABLE. A ssocié à Ecobank depuis la création du groupe bancaire panaf ricain, Kolapo Lawson, 60 ans, est devenu le sept ième président du groupe à la suite du décès du Malien Mandé Sidibé. Nigérian, diplômé de la prestig ie u s e L on don S c h o ol of Economics, il préside Lawson’s Corporation, un consortium industriel et commercial implanté en Afrique de l’Ouest et au Royaume-Uni. Mais siège aussi au conseil d’administration de nombreuses sociétés, dont trois sont cotées à la Bourse de Lagos. Une somme d’expériences qu’il devra mettre au service d’Ecobank, qui a entamé début 2010 une très sensible réorganisation stratégique. ■ 75
M A N A G E R S D E L' A N N É E
AHMED RAHHOU,
TAYO ADERINOKUN,
PDG du Crédit immobilier et hôtelier
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NE MISSION DÉLICATE. Pour la Ca isse de dépôt et de gestion (CDG) et le f ra nçais Caisse d’épargne, actionnaires majoritaires du Crédit immobilier et hôtelier (CIH), Ahmed Rahhou, 52 ans, représente une deuxième chance. Car si le redressement du CIH a été la rgement
enta mé, sa t ra nsformation en banque universelle est encore loin d’être une réussite. En octobre 2009, quelques mois après le départ de Khalid Alioua, ancien ministre et patron du CIH pendant cinq ans, c’est à Ahmed Rahhou qu’a échu cette délicate mission. Son parcours
parle pour lui : informaticien puis auditeur, cet ingénieur polytechnicien a fait l’essentiel de sa carrière au Crédit du Maroc, dont il fut directeu r généra l adjoi nt à 40 ans, avant d’être nommé en 2003 à la tête de Lesieur Cristal, l’une des plus importantes sociétés marocaines. ■
ABDELKRIM RAGHNI, administrateur directeur général de CBAO
I
ÉMILIE RÉGNIER POUR J.A.
L PREND LE LEADERSHIP. C’est une entrée en scène réussie en Afrique subsaharienne. Abdelkrim Raghni, 57 ans, qui a pris en 2008 la tête de la Compagnie bancaire de l’Afrique de l’Ouest (CBAO, filiale d’Attijariwafa Bank au Sénégal), peut être fier d’avoir porté la banque au rang de numéro un au Sénégal, devant la prestigieuse Société générale de banques au Sénégal (SGBS). Diplômé de Centrale Paris en 1977, Abdelkrim Raghni a fait toute sa carrière dans son pays. Il est passé par Crédit du Maroc, Interfina (filiale de BMCE Bank) et Crédit immobilier et hôtelier. En 2007, il rejoint le groupe Attijariwafa Bank, dont il devient conseiller à la présidence, avant de remplacer Patrick Mestrallet, f ig u r e h i stor ique de CBAO – dont l’enthousiasme quant au projet d’absorption était plus que modéré. Abdelkrim Raghni engage alors le très délicat processus de passage de relais entre le groupe Mimran, actionnaire historique, et le repreneur marocain. Il a aujourd’hui à son actif la création de produits innovants comme le crédit-bail et le développement du réseau d’agences hors de Dakar. ■
JAMES MWANGI, PDG d’Equity Bank
L’
HOMME DE LA CROISSANCE. En quelques années, James Mwangi, 49 ans, a transformé un petit établissement financier en une banque de renom. Son secret ? Avoir fait d’Equity Bank une banque de microfinance hyperrentable, qui comptait, fin 2009, 4 millions de clients – deux fois plus qu’en 2007 –, en adaptant ses techniques commerciales et de crédit au plus grand nombre. Depuis 76
2004, date de l’installation de James Mwangi au poste de directeur général, l’établissement affiche une croissance à deux chiffres et pointe désormais à la quatrième place des banques kényanes par le total de bilan, mais au premier rang par le nombre de clients. Equity Bank s’est offert une banque ougandaise en 2008 avant d’investir massivement au Sud-Soudan en 2009. ■
PDG de Guaranty Trust Bank
P
LUS FORT APRÈS LA CRISE. E n dé c i d a n t d ’ i nj e c t e r 30 millions de dollars dans le capital de Guaranty Trust Bank (GT Bank), la Société f i n a nc iè r e i nte r n at ion a le (SFI, filiale de la Banque mondiale) a rappelé à tous que cette banque nigériane était sortie la tête haute de la crise du secteur financier de Lagos. Profitant des difficultés de deux poids lourds, Oceanic B a n k e t I nt e r c ont i n e nt a l Bank, GT Bank a ainsi gravi plusieurs échelons dans notre classement (voir page 56), se sit ua nt désor ma is au pied du podiu m n igér ia n. C of on d at e u r de G T B a n k en 1990, Tayo Aderinokun, 55 ans, en a fait un établissement de référence : c’est notamment la première banque du pays cotée à la Bourse de Londres. ■
ALBERT NIGRI,
administrateur d’Afriland First Group
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ISSION : DONNER UNE NOU VELLE DIMENSION. Albert Nigri est un homme de l’ombre. Membre du conseil d ’a d m i n i s t r a t i o n d ’A f r i land First Group, il est aussi l’homme de confiance qu’a choisi Paul Fokam, patron du groupe camerounais, pour mettre sur pied et administrer son holding créé en Suisse. Objectif : structurer les participations bancaires d’Afriland, mettre en œuvre une politique de développement géographique et ouv rir le capital du groupe à de nouveaux investisseurs capables de financer ces ambitions. Doté, fin 2009, d’un capital de 100 millions d’euros, Afriland est présent au Cameroun, en Guinée équatoriale, au Congo, à São Tomé e Príncipe et en RD Congo, et a acquis une banque zambienne au début de 2010. ■
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
Cameroun
La ruée des banques
Motivées par l’environnement économique du Cameroun, dont l’embellie, ces dernières années, augmente les capacités d’épargne des différents acteurs économiques, de nombreuses institutions bancaires s’y implantent. MESSAGE. I
Cameroun
La ruée des banques
Une percée remarquable des institutions bancaires africaines Le secteur bancaire camerounais fait l’objet d’un réel intérêt de la part des institutions financières sous-régionales, africaines et même internationales. Après une période difficile au milieu des années 1990, marquée par une profonde restructuration, le paysage des banques au Cameroun connaît la plus grande aisance financière de toute son histoire. Toutefois, la percée la plus remarquable est celle des africaines, avec l’installation ces dernières années de l’ivoirienne, Banque atlantique, la marocaine, Attijariwafa bank, la nigériane, UBA, ou encore Ecobank. Quatre nouvelles structures se sont ajoutées à celles déjà existantes dans le pays à la fin d’année 2009, selon des sources proches de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC). BGFI, Banque gabonaise et française internationale est la toute dernière à étendre son réseau africain sur le Cameroun. L’institution financière qui a pris ses quartiers à Douala, capitale économique du pays, a obtenu l’agrément de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) le 19 août 2010. Première banque gabonaise en terme de parts de marché et de chiffre d’affaires, avec
un capital de 73,8 milliards de francs CFA, et figurant parmi le peloton de tête des banques d’Afrique centrale, BGFI devait achever son installation en septembre dernier. Michel Madougou, ambassadeur du Gabon au Cameroun, confirmait alors : « les locaux sont déjà disponibles, tandis que le processus de recrutement du personnel touche à sa fin ». De l’avis même des autorités compétentes en la matière, la Banque gabonaise et française internationale nourrit de grandes ambitions pour le Cameroun. Son plan de développement prévoit une extension dans d’autres villes du pays à partir de l’agence principale de Douala, érigée en locomotive au regard du dynamisme de la capitale économique camerounaise, qui concentre plus du tiers des ressources de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).
Le paysage des banques au Cameroun connaît la plus grande aisance financière de toute son histoire.
MESSAGE. II
Cameroun
La ruée des banques
L’un des marchés bancaires les plus prometteurs de l’Afrique Parmi les nouvelles ainsi annoncées, deux sont nigérianes dont Intercontinental Bank of Nigeria, figurant parmi les cinq premières banques au Nigeria. Son Directeur général, Chris Alabi, a bouclé, l’année dernière, une visite de sensibilisation auprès des autorités et des milieux d’affaires camerounais. Ces échanges visaient également à rechercher des partenaires locaux pour entrer dans le capital de la banque, dont l’objectif à court terme, selon son directeur, est d’occuper au moins le deuxième rang national au Nigeria. L’autre banque nigériane, la troisième à s’installer dans le pays, en l’espace de deux ans, est Oceanic Bank. Très implantée dans l’Est du Nigeria, frontalier du Cameroun, cette banque était aussi intéressée par la reprise de la banque camerounaise First Trust Savings and Loans. Les locaux de celle-çi, situés en plein cœur du quartier d’affaires Akwa, à Douala, devraient abriter le siège d’Oceanic Bank. Ces deux banques surviennent après l’installation, il y a deux ans, de Union Bank of Africa (UBA), qui compte déjà une dizaine d’agences à travers le pays, dont quatre pour la seule ville de Douala. Etait également attendue, la Sud-Africaine Skye. Le dossier devait être bouclé au mois de juillet 2009 au niveau de la COBAC. Alors que certains sont encore seulement en train de convoiter quelques parts de marché sur le Cameroun, d’autres avancent à grands pas, multipliant des actions concrètes sur la place financière du pays. Il en va ainsi du Marocain Mohamed El Kettani, patron d’Attijariwafa bank. Pour que Yaoundé puisse accélérer le processus d’acquisition du Crédit Agricole du Cameroun, le patron d’AWB a, lors d’une importante
visite de travail, tenu à rassurer les responsables gouvernementaux camerounais sur la contribution du Groupe qu’il dirige à la relance de l’économie de leur pays. Il leur a présenté les différents avantages que le Cameroun peut tirer de la coopération avec son groupe bancaire. C’est alors que le Crédit agricole du Cameroun est passé sous le contrôle du groupe marocain Attijariwafa bank entre fin juin et début juillet 2009.
Le Cameroun bénéficie d’un climat politique propice aux affaires et investissements. Attijariwafa bank a ainsi repris les 65 % des actions détenues à la SCB par le français Crédit agricole SA, le reste (35 %) étant détenu par l’État camerounais. À Yaoundé, le Pdg d’AWB s’était dit rassuré et confiant en le Cameroun dont la stabilité politique et sociale est universellement connue et le modèle macro-économique a déjà fait ses preuves. Pour Mohamed El Kettani, le Cameroun bénéficie d’un climat politique propice aux affaires et investissements. De par sa position dans la sous-région Afrique Centrale et le brassage des peuples des autres pays du continent, le pays ne peut qu’être un marché porteur et rentable, de l’avis de l’homme d’affaires marocain. Avec ses 1200 agences à travers le monde et près de 25 milliards d’euros de capital, la marocaine Attijariwafa bank entend dupliquer au Cameroun un modèle économique qui a réussi au Maroc et dans plusieurs pays, faisant de la nouvelle banque l’un des partenaires sûrs à l’investissement et au développement.
MESSAGE. III
Cameroun
La ruée des banques
Des mesures étatiques incitatives
Dans le golfe de Guinée, enjeux de toutes les convoitises, le Cameroun occupe une place géo-stratégique spéciale. Le pays qui tend, plus que jamais, les bras aux investisseurs étrangers dispose de nombreux atouts pour les conquérir. Stabilité politique et sociale durable, situation géographique privilégiée sur la côte, cadre d’investissement libéral et souple, système financier restructuré et diversifié, qualité
des infrastructures, main-d’œuvre abondante, formée et qualifiée, législation propice au développement des affaires. Un vaste programme d’incitations fiscales, réglementaires et douanières est offert aux entreprises installées en zone franche industrielle. Les procédures administratives sont simplifiées par la création d’un guichet unique. La qualité des services offerts aux nationaux et étrangers a été améliorée. Par ailleurs, la modernisation de la fiscalité intérieure, depuis janvier 1999, se traduit par le passage de la taxe sur le chiffre d’affaires (TCA) à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
Les projets énergétiques et miniers en cours attirent les investisseurs étrangers. Le Cameroun compte également pour les richesses de son sol et de son sous-sol. Les projets énergétiques et miniers en cours attirent nombre d’investisseurs étrangers. Pour ceux-ci, les banques sont toujours d’un appui multiforme et d’une couverture financière importante. De son côté, l’État camerounais a fait des efforts considérable pour promouvoir les secteurs classés porteurs : forêts, bois, transports, télécommunications, mines, hydrocarbures, tourisme, pêche, élevage, agriculture, services. De plus, d’importants instruments juridiques sont à la disposition des investisseurs, pour assurer leur protection. Comme garantie à l’investissement, les autorités compétentes offrent entre autres un libre transfert, hors du territoire, des revenus de toute nature provenant des capitaux investis. Conscient de ce que l’exigence de crédibilité est en train de devenir une norme fondamentale de l’environnement international concurrentiel de l’investissement, le Cameroun a engagé une campagne de lutte contre la corruption. Ainsi, les actes de corruption, clientélisme et autres détournements de deniers publics sont de plus en plus dénoncés et réprimés. De quoi attirer les acteurs de la finance internationale.
MESSAGE. IV
DIFCOM/FC - PHOTOS : FOTOLIA - DR
Les émirats arabes unis, non plus, ne comptent pas demeurer absents du Cameroun, « l’un des marchés bancaires les plus prometteurs de l’Afrique ». Le ministre des Affaires étrangères émirati, Sheikh Abdullah Bin Zayed Al Nayhan, qui vient d’effectuer une « mission d’exploration » en Afrique courant juin, a confirmé les ambitions de son pays de s’impliquer davantage dans le développement du continent africain, lors de l’étape camerounaise, au terme d’une rencontre avec le président Paul Biya. Le chef de la diplomatie de la monarchie pétrolière du Golfe a levé un pan de voile sur les secteurs prioritairement visés. L’émissaire émirati a ainsi révélé que son pays ouvrira « dans les meilleurs délais », deux banques au Cameroun. Une banque à vocation commerciale, chargée également d’appuyer les investissements, et une autre institution bancaire, tournée prioritairement vers l’agriculture. Cette diversification des activités traduit les opportunités qu’offre le Cameroun, qui servira d’ailleurs de point d’ancrage en Afrique centrale et de l’Ouest pour les importants investissements que cette monarchie pétrolière du Golfe entend réaliser en Afrique. « Le Cameroun est un pays qui regorge de nombreux atouts pour devenir une économie émergente : sa situation géographique, la stabilité de ses institutions, ses potentialités économiques et une ressource humaine de qualité. Nous croyons en la capacité de ce pays de relever ce défi, raison pour laquelle les Emirats arabes unis ont décidé de faire du Cameroun, non seulement un partenaire stratégique sur le plan bilatéral, mais également, le principal pôle de développement dans la région », a résumé Son altesse Sheikh Abdullah Bin Zayed Al Nayhan.
M A N A G E R S D E L' A N N É E
ASSURANCES GHITA LAHLOU, administratrice directrice générale de CNIA Saada
CNIA SAADA
LLE CONCURRENCE LES PLUS GRANDS. Au Maroc, Ghita Lahlou est la révélation de 2009, année au cours de laquelle elle a achevé la fusion entre deux compagnies d’assurances, CNIA et Es Saada, pour former CNIA Saada, quatrième assureur marocain et leader dans l’assurance pour les particuliers, notamment auto, avec un réseau de 290 points de vente. Si Ghita Lahlou a connu rapidement le succès professionnel – comme directrice des ressources humaines (RH) et de la communication de l’Omnium nord-africain (ONA), puis comme directrice RH et marketing de Cofarma –, c’est à Moulay Hafid Elalamy, fondateur du groupe Saham, qu’elle doit son envol. Il la recrute en 2001 pour diriger l’une de ses filiales – Phone Assistance – avant d’en faire sa numéro deux au sein du groupe, chargée plus spécifiquement du développement de CNIA Saada. En cinq exercices, elle a fait croître le chiffre d’affaires de l’assureur de 40 %. Et, selon la presse marocaine, la prochaine étape passerait par une introduction à la Bourse de Casablanca. ■
C
AP SUR LE S T ERRE S ANGLOPHONES. Créée en 1995, la Nouvelle société interafricaine d’assurances (NSIA, 130 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2008) ne ressemble plus vraiment à ce qu’elle était il y a quinze ans tant sa croissance externe a modifié sa physionomie. Après le rachat de la filiale ivoirienne d’AGF, l’assureur s’est installé au Bénin, puis au Gabon, au Sénégal,
au Congo et au Togo. En 2006, le groupe a acquis BIAO Côte d’Ivoire pour développer des produits de bancassurance, tout en poursuivant ses implantations en zone CFA, où il est présent dans dix pays. Trois ans plus tard, Jean Kacou Diagou, 62 ans, s’est aventuré en terre anglophone pour racheter la compagnie ghanéenne CDH Insurance, avec l’appui du fonds américain
VINCENT FOURNIER/JA
JEAN KACOU DIAGOU, PDG du groupe NSIA
Emerging Capital Partners. Une étape de plus pour le nouveau président de la Fédération des organisations patronales de l’Afrique de l’Ouest (Fopao). ■
AMAR LATROUS, PDG de la Société nationale d’assurance
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ÉVOLUTIONNAIRE. Amar Latrous a fait un grand pas vers l’ouverture des assurances algériennes aux investisseurs étrangers. Le patron de la Société nationale d’assurance (SAA), leader du secteur avec environ 30 % de part de marché, a en effet signé à la mi-2010 un accord retentissant avec le groupe mutualiste français Macif, afin de créer une filiale commune dans l’assurance des personnes. En respect des nouvel-
les dispositions juridiques algériennes, la Macif détiendra moins de 50 % du capital (environ 34 %) mais sera le principal actionnaire et prendra en charge le management dès la création de la filiale, au début de 2011. Pour les assurances algériennes, très en retard, il s’agit d’une véritable (r)évolution, menée par Amar Latrous avec l’assentiment général puisqu’il dirige également l’Union algérienne des assurances. ■
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
GLOBUS
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RICHARD LOWE,
cofondateur du réseau Globus
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ÉDÉR AT EUR. Diplômé de l’Essec, ex-directeur adjoint de la filiale d’Athena Assurances au Cameroun, Richard Lowe, 56 ans, est un acteur incontournable du secteur. En 1998, il crée sa propre société, Activa, dans un environnement déjà très concurrentiel. Dix ans plus tard, elle est l’un des leaders du marché. Signe de bonne santé, Activa a fait ses premiers pas en Afrique anglophone en 2009, en rachetant la filiale ghanéenne du sudafricain Global Alliance Insurance. Mais Richard Lowe n’est pas un adepte de la croissance externe à tout prix. Alors que des groupes émergents comme NSIA, Sunu ou Colina privilégient la formation de conglomérats d’entreprises aux capitaux liés, lui prône un modèle différent : celui de l’alliance d’assureurs indépendants – et complémentaires – proposant la couverture géographique le plus large possible. Aujourd’hui, pas moins de 28 sociétés appartiennent au réseau Globus fondé en 2007 par Activa avec l’assureur ivoirien La Loyale. D’Alger à Kigali, il offre une réponse globalisée aux besoins de ses clients internationaux ayant des installations industrielles et commerciales dans plusieurs pays africains. ■ 81
M A N A G E R S D E L' A N N É E
CAPITAL-INVESTISSEMENT
HELIOS INVESTMENT
TOPE LAWANI, managing partner de Helios Investment Partners
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L RAYONNE À L’INTERNATIONAL. Si Tope Lawani, 40 ans, gérant principal de Helios Investment Partners, est parvenu à drainer 350 millions de dollars pour Helios Towers Africa, ce n’est pas la principale de ses prouesses. Encore plus exceptionnel est le fait d’avoir entraîné dans cette aventure – la création d’une société panafricaine de gestion
de tours de télécommunications – des noms aussi célèbres que ceux du financier George Soros, de l’ex-secrétaire d’État américaine Madeleine Albright et de la famille Rothschild… « Nous avons une relation historique très forte avec les équipes de Soros, not a m ment depu is l’u n iversité », explique ce financier pur jus, diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et de Harvard. « Des investisseurs comme eux ont une perspective internationale, mais ne disposent pas d’équipes présentes en Afrique pour y conduire des due diligences [évaluations comptables, financières, NDLR]. » Si Tope Lawani et la vingtaine de professionnels qui travaillent avec lui ont su les convaincre, c’est notamment parce qu’ils ont aligné, depuis la fondation de Helios Investment Partners à Londres en 2005, huit investissements dans des entreprises africaines (Equity Bank, Portugal
Telecom Africa, etc.). Mais c’est aussi une af faire de réseau. Avant de revenir en Afrique, Tope Lawani a exercé durant neuf ans chez Texas Pacific Group, un poids lourd du private equit y mondial. De quoi se bâtir une solide réputation et parvenir à lever deux tiers de son nouveau fonds panafricain – d’une taille prévue de 650 millions de dollars – auprès d’investisseurs internationaux privés. Fort de 1,5 milliard de dollars sous gestion, Helios investit des tickets très importants – jusqu’à 200 millions de dollars – dans des entreprises africaines qui servent ensuite de plateforme pour un développement géographique ou sectoriel. Des montants unitaires qui expliquent sans doute que Helios n’ait pas encore investi dans une entreprise d’Afrique francophone… « Nous travaillons très dur pour investir dans cette zone, et cela se fera », affirme Tope Lawani. ■
HAKIM KHELIFA,
senior partner chez Tuninvest NE POSITION DE CHOIX. Depuis dix ans qu’il exerce chez le capital-investisseur tunisien Tuninvest, dont la moitié de l’activité se situe désormais hors du Maghreb, Hakim Khelifa, 34 ans, a une position de choix : cet ingénieur des Mines (Paris) s’occupe de l’Afrique subsaharienne. En 2009, il a ainsi organisé 20 millions d’euros d’investissements dans trois entreprises africaines (MTN Côte d’Ivoire, le ghanéen LaGray Chemical et le hollandais opérant au Cameroun Reef Hout), avant d’entrer en 2010 au capital de l’Union des assurances du Burkina. Il a également ouvert un bureau au Kenya. Objectif : développer en Afrique de l’Est les investissements du fonds AfricInvest II, doté de 140 millions d’euros. ■ 82
NICOLAS FAUQUÉ/IMAGESDETUNISIE.COM
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JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
M A N A G E R S D E L' A N N É E
AHMED HEIKAL,
président de Citadel Capital
KALPESH LATHIGRA POUR J.A.
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SOFIANE LAHMAR, partner chez Development Partners International
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E JEUNE QUI MONTE. Dans le capital-investissement africain, les francophones sont rares. Sofiane Lahmar, 34 ans, est l’un d’entre eux et l’actualité récente en a fait un professionnel incontournable. Coresponsable des investissements chez Kingdom Zephyr Africa Management (Kzam, voir pages 108-109), il a en effet été débauché par l’une de ses anciennes collègues, Runa Alam, pour codiriger Development Partners International, une jeune société de capital-investissement parmi les plus en vue. L’un des objectifs de cet ancien vice-président au sein du département fusions-acquisitions de JP Morgan sera de trouver de bons investissements en Afrique francophone. Chez Kzam, il avait notamment orchestré des opérations dans le groupe immobilier Mixta Africa et le groupe de pêche Thunnus Overseas. ■
VINCENT LE GUENNOU,
vice-président d’Emerging Capital Partners
EREIN FACE AUX EMBÛCHE S. En 20 08, a n née record, E merg i ng Capital Partners (ECP) avait investi plus de 300 millions de dollars dans des entreprises africaines. En 2009, le capital-investisseur américain a vu les embûches se multiplier : plusieurs de ses participations, dont Intercontinental Bank, Blue Financial Services et Central A frican Gold, sont passées à deux doigts de la liquidation. Sans compter un conflit avec l’ancien propriétaire de Financial Bank, Rémi Baysset, traité par la cour d’arbitrage international de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris. Des difficultés que le FrancoCamerounais Vincent Le Guennou, 47 ans, désormais aux commandes d’ECP avec Hurley Doddy, dit vivre avec une
VINCENT FOURNIER/J.A.
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relative sérénité, lui qui affiche désormais une décennie d’activité dans le capital-investissement africain. D’autant qu’en 2010, le troisième fonds panafricain s’est clos avec 613 millions de dollars au compteur. ■
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
N ROU T E VER S L’E S T. Jusqu’à présent, Ahmed Heikal n’était que le fondateur et patron du plus important capital-investisseur égyptien, Citadel Capital. Gérant directement ou indirectement plus de 8 milliards de dollars investis dans des entreprises, cet ancien banquier d’investissement concentrait jusqu’alors ses opérations sur le Moyen-Orient et l’Égypte. Après avoir mis un pied en Algérie et investi près de 900 millions de dollars au Soudan, le voici désormais parti pour bouleverser le capital-investissement en Afrique de l’Est, région dans laquelle il a annoncé vouloir investir au moins 400 millions de dollars. Avec à ses côtés plu s de 6 0 profe s sionnels, il a pris en quelques mois le contrôle de Rift Valley Railways, la société gérant le chemin de fer de 2 350 km reliant le port de Mombasa, au Kenya, à l’Ouganda. Ahmed Heikal, qui, avant de fonder en 2005 Citadel Capital, avait participé à la transformation d’EFG-Hermes en banque d’investissement leader dans le monde arabe, a fait de cet investissement son épreuve d’initiation en Afrique de l’Est. Près de 300 millions de dollars doivent être investis pour améliorer l’efficacité de la ligne et abaisser les coûts de transports, avec l’objectif de multiplier par cinq le poids des marchandises enlevées au port de Mombasa. ■ 83
M A N A G E R S D E L' A N N É E
CONSEIL FINANCIER PAPE DIOUF, fondateur de Linkstone Capital
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OUS LES FEUX DE L’ACTUALITÉ. À la différence de son célèbre homonyme, ex-patron de l’Olympique de Marseille, Pape Diouf ne goûte guère la communication. Ce Sénégalais, qui a fait ses ar mes chez le br itannique HSBC avant de fonder Linkstone Capital avec Yves Bardèche à la
fin de 2004, n’a pas souhaité nous éclairer sur son parcours. Établi à Londres, cet expert des chiffres, respecté sur le marché comme un bon conseiller financier dans le secteur des télécoms, est pourtant désormais sous les feux de l’actualité. La raison ? Deux opérations qu’il a conseillées : la pri-
vatisation de l’opérateur malien Sotelma, cédé à Maroc Télécom à la mi-2009, et celle de la Banque internationale du Mali, vendue à A t t ija r i w a f a B a n k . C h aque fois, Linkstone a conseillé l’État malien, qui a empoché à la faveur de ces deals environ 335 millions d’euros. ■
PRAHLAD SHANTIGRAM,
VINCENT LE STRADIC, associé-gérant chez Lazard
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PÉCIALITÉ TÉLÉCOMS. La cheville ouvrière de la fusion ONA-SNI, c’est lui : Vincent Le Stradic, 42 ans, associégérant au sein de la prestigieuse banque d’affaires franco-américaine Lazard. La grande spécialité de ce polytechnicien – les télécoms – l’avait amené peu de temps auparavant à s’occuper, avec suc-
cès, de l’ouverture du capital de Wana, opérateur téléphonique filiale de l’Omnium nord-africain (ONA). Appelé dans les derniers mois pour s’occuper de l’avenir du couple ONA-CNI, c’est son schéma stratégique qui a été retenu. Une réussite de plus pour le banquier d’affaires entré chez Lazard en 2002. ■
ANDREW CORNTHWAITE,
directeur général délégué de Renaissance Capital
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RENAISSANCE CAPITAL
L REVIENT EN FORCE. Depuis qu’il a installé Renaissance Capital (RenCap) au Nigeria, où la banque d’affaires d’origine russe compte désormais l’un de ses principaux bureaux africains, Andrew Cornthwaite, 45 ans, a gardé un goût marqué pour l’Afrique. Une inclination que le continent lui a bien rendue : en 2009, celui qui est responsable de toutes les activités de banque d’investissement chez RenCap, où il est entré en 2005, aura monté avec ses équipes pas moins d’une quinzaine d’opérations majeures sur les marchés de capitaux et en fusions-acquisitions (M&A). La principale : le rachat du congolais Central African Mining & Exploration Company (Camec) par le kazakh Eurasian Natural Resources Corporation (ENRC), pour près de 1 milliard de dollars. Impliqué depuis le début de sa carrière dans environ 150 opérations pour une valeur de 25 milliards de dollars, Andrew Cornthwaite a fait ses armes en Russie, où il a conseillé financièrement une grande partie des opérations de marchés ou de M&A. Une réussite que ce diplômé d’Oxford entend continuer à appliquer en Afrique. ■
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Global Head M& A chez Standard Chartered
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E R SÉ V É R A N T. Pou r Prahlad Shantigram, banquier d’affaires indien, 2008 et 2009 auront été deu x a n nées di f f ici les, avec l’échec par deux fois du rapprochement entre le groupe indien de télécoms Bh a r t i et son con f r è r e sud-af r icain M T N. Une opérat ion d’une va leur d’environ 20 milliards de dollars que le patron mondia l des f usions-acquis it i o n s c h e z St a n d a r d Chartered a conseillée de bout en bout. Pour rien, p u i s q ue le s b a n q u ie r s d’affaires ne sont payés qu’en c a s de succès de l’opération. Persévérant, il aura toutefois connu la réussite peu de temps après, avec le rachat des f i l ia le s de Za i n A f r ic a par le même Bharti. Une reconnaissance pour ses équipes et lui, mais aussi pour Standard Chartered, la banque d’origine britannique qui s’est muée en quelques a n nées en véritable banque des pays émergent s, sol idement implantée aussi bien en Asie qu’en Afrique. ■
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
M A N A G E R S D E L' A N N É E
BOURSE ABDELAZIZ HAMMAMI, directeur général d’Attijari Intermédiation L S’IMPOSE SUR L A PL ACE. En ce 13 juillet 2010, Abdelaziz Hammami, 39 ans, a de quoi être fier. Ennakl, distributeur automobi le leader da n s son pays, la Tunisie, débute sa double cotation sur les Bourses de Tunis et de Casablanca. Une première, qui est aussi un véritable succès. L’offre, qui consistait à céder 40 % du capital d’Ennakl, a été sursouscrite 22 fois en Tunisie et 8 fois au Maroc. Derrière cette réussite, l’implication d’Attijariwafa Bank, présent à la fois en Tunisie et au Maroc, qui a déployé son réseau bancaire au ser v ice de cet te introduction et mis en marche ses filiales spécialisées : la banque d’affaires Attijari Finances pour le conseil financier et le montage de l’opération, Attijari Inter médiat ion pour l’int ro duction et le placement. « En Tunisie, en plus de l’implication du réseau bancaire, six à sept personnes d’Attijari I nte r mé d iat ion et d’At t ija r i Finances ont travaillé sur cette opération pendant trois à quatre mois », explique Abdelaziz Hammami, directeur général d’Attijari Intermédiation depuis le milieu de l’année 2008. « Nous avons du coup at t iré 49 0 0 0 souscripteurs, plus du double du chiffre atteint pour Carthage Cement, l’opération de réfé -
NICOLAS FAUQUÉ/WWW.IMAGESDETUNISIE.COM
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rence jusqu’alors. » Du coup, alors qu’Attijari Intermédiation figurait en milieu de tableau des opérateurs boursiers tunisiens, il a bondi à la cinquième place. Installé dans de nouveaux locaux, le courtier veut d’ailleurs atteindre une nouvelle dimension. Une bel le m ission pour Abdelaziz Hammami. Analyste financier de formation, il a toujours travaillé dans l’intermédiation boursière, entrant chez Sud Invest (alors filiale de la Banque
du Sud) en 1998, avant d’être choisi dix ans plus tard par le nouvel actionnaire (Attijariwafa Ba n k a acqu is la Ba nque du Sud en 2005) pour succéder au directeur général, qui partait à la retraite. Au sein du groupe Attijariwafa, Abdelaziz Hammami peut d’ailleurs s’inspirer de son « grand frère » marocain : Attijari Intermédiation, dirigé à Casablanca par Jalal Berrady, est en effet le leader sur la Bourse de Casablanca. ■
SULIMAN SALEM ALSHAHOMY, président du Libyan Stock Market
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RANSFORMER L’ESSAI. Le Libyan Stock Market, dernier-né des marchés boursiers africains, créé juridiquement en 2006, a réellement débuté ses activités en
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2008. Deux ans plus tard, il compte une dizaine de compagnies inscrites à la cote, soit davantage que le marché algérien. En 2009, le listing de Gumhouria Bank a donné
un coup d’accélérateur à la capitalisation du marché, désormais proche du milliard de dollars. À sa tête, Suliman Salem Alshahomy est parvenu à rendre pos-
sible l’investissement des étrangers, résidents ou non. Et il promet quatre nouvelles introductions de poids, dont celles de deux sociétés de télécoms. ■
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MOHAMED BICHIOU,
ALEXIS LOURGO,
directeur général de la BVMT
directeur général de la SBIF
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IONNIER. L’histoire retiendra qu’Alexis L ou r go, d i r e c teu r général de la Société burk inabè d’intermédiation financière (SBI F ), a mené la première introduct ion en Bourse du Burkina Faso. Celle de l’Office national des télécommunications (Onatel), qui a lancé le 22 décembre 2008 une offre publique de vente portant sur 20 % de son capital. Ce n’est que justice. Alexis Lourgo, 46 ans, est un des premiers vrais professionnels des marchés financiers dans son pays. Inspecteur du Trésor à l’origine, il émigre au Canada où il obtient en 1997 à la fois un MBA et le diplôme de l’Institut canadien des valeurs mobilières. De retour au pays, il passe par la Banque internationale du Burkina (BIB) avant d’être recruté, en février 1999, comme directeur général de la SBIF – dont la BIB est actionnaire SBIF
N RÔLE DE COMMERCIAL. Séduire les investisseurs étrangers : telle est désormais la mission prioritaire de Mohamed Bichiou, directeur général de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT) depuis la mi-2008. Il peut déjà se satisfaire de la bonne santé du marché financier tunisien : sept années de résultats positifs, meilleure performance parmi les Bourses africaines en 2009, et des introductions qui se sont succédé en 2010. Mais il sait également que Tunis reste boudé par les investisseurs internationaux. Cet ancien de la Banque centrale de Tunisie et du Fonds monétaire international était surtout connu pour ses qualités de technicien financier. Le voici désormais obligé d’être aussi un bon commercial. ■
principal, mais non majoritaire. Depuis, il a supervisé des introductions obligataires pour le compte de l’Onatel, de Celtel et de l’État du Burkina Faso. Il est aujourd’hui fier de l’engouement qui a caractérisé l’introduction en Bourse de l’Onatel. Un montant brut total de 44 millions d’euros a été mobilisé, pour 680 000 actions vendues. « On nous avait pourtant déconseillé de nous lancer en pleine crise financière et durant les fêtes de fin d’année. Mais selon nos études, c’était le bon moment », confiet-il. ■
SAÏD IBRAHIMI, directeur général de la société d’aménagement et de gestion de la future place financière de Casablanca
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U SERVICE DU ROYAUME. Positionner Casa sur les radars de la finance régionale, puis internationale. C’est la mission que lui a confiée, le 26 avril 2010, le roi Mohammed VI, lui demandant pour l’occasion d’abandonner la fonction de Trésorier général du royaume, qu’il occupait depuis 2002. Concrètement, Saïd Ibrahimi, 54 ans, doit créer cette place financière sur 110 ha, dans la zone d’Anfa, qu’il reliera, par la route, à la Bourse de Casablanca et à l’aéroport international. Aujourd’hui, le projet n’en est qu’à ses balbutiements et n’est doté d’aucune enveloppe budgétaire. L’idée est d’attirer dans des immeubles et des bureaux de standing des représentations d’investisseurs internationaux, des sociétés de Bourse, des bureaux de fonds d’investisseJOËLLE VASSORT
ments internationaux ; bref, concentrer toute la profession à Casa, dans l’espoir de doper l’activité de la Bourse marocaine. Le choix de Saïd Ibrahimi ne doit rien au hasard. Diplômé de l’École centrale de Paris, il a fait ses armes dans le groupe BNP Paribas, en France, avant de revenir au Maroc pour être directeur de la clientèle de la filiale marocaine, la BMCI. Mais c’est à la fin des années 1990 que sa carrière prend un tournant, lorsque le roi Hassan II l’appelle pour redresser la Caisse nationale du crédit agricole. La rest r uc t u rat ion, qui prendra si x ans, lui ouvrira les portes du poste de Trésorier général du royaume. ■
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L’arrivée d’un partenaire stratégique aussi important que la BOAD marque-t-elle un tournant dans l’histoire de votre Groupe ?
Charles Kié
Parlons-en...
Directeur Général Atlantic Financial Group, Groupe Banque Atlantique
Côte d’Ivoire
La prise de participation de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) dans le capital d’Atlantic Financial Group est en effet un événement majeur dans la vie de notre Groupe. C’est tout d’abord la première fois de sa jeune histoire que la holding du Groupe Banque Atlantique ouvre son capital. Cette entrée constitue également le point de départ d’un processus qui devrait conduire le Groupe à ouvrir progressivement son capital à de nouveaux investisseurs de référence, traduisant ainsi la confiance, la crédibilité et le respect qu’inspire aujourd’hui le Groupe Banque Atlantique. Notre Groupe bancaire a désormais établi les bases d’un développement fort et harmonieux et nous poursuivons les efforts pour en faire une référence en Afrique. Tout cela est de nature à inspirer confiance à toutes les institutions financières avec lesquelles nous discutons. Est-ce important pour consolider votre expansion géographique ? L’ouverture de notre capital à des investisseurs de renommée internationale s’inscrit dans la continuité du processus de consolidation de notre Groupe et dont l’objectif majeur était de renforcer les équilibres financiers de nos différentes entités afin de les inscrire durablement sur le sentier de la croissance. Pour mener à bien ce processus de consolidation, nous avons notamment fusionné, avec succès, nos deux entités en Côte d’Ivoire, la banque
Bénin
Burkina Faso
atlantique Côte d’Ivoire et la COBACI. Nous avons également revu en profondeur la structure de nos charges, entrepris de rationaliser notre réseau d’agences dans tous les pays où nous sommes implantés et recapitalisé l’ensemble des entités bancaires. Enfin, nous avons recruté les talents dont nous avions besoin pour conduire le changement et développer le Groupe. Vous implanterez-vous bientôt dans d’autres pays ? Dans le contexte actuel de renforcement des fonds propres de nos banques, nous privilégions la consolidation à la croissance externe. Cela ne nous empêche pas, d’un point de vue stratégique, d’analyser avec beaucoup d’attention et de sérieux les prochaines étapes de notre développement. L’Afrique est notre marché de prédilection et nous n’en avons pas encore exploité tout le potentiel. Suite à la fusion de la banque atlantique Côte d’Ivoire et de la COBACI, que pèse aujourd’hui votre filiale ivoirienne ? La Côte d’Ivoire représente notre marché de base et nous avons su y gérer notre positionnement auprès de notre clientèle. Notre filiale ivoirienne est la plus ancienne du Groupe. Elle représente environ 40 % du total bilan agrégé du Groupe. Avec environ 12 % de part de marché des ressources, elle est devenue la deuxième banque en Côte d’Ivoire. Avec un peu plus de 60 agences, elle est aussi la première par la taille de son réseau et notre croissance est loin d’être achevée.
Cameroun
Mali
Niger
Quel bilan tirez-vous de l’année en cours et quelles sont les priorités pour le prochain exercice ? L’année 2010 constitue une année charnière dans la vie de notre Groupe. Après quatre ans d’existence, le Groupe Banque Atlantique, avec un capital social pour la holding de 56 milliards de F CFA (110 millions de dollars), et qui est devenu profitable cette année, compte aujourd’hui : - 160 agences réparties dans 8 pays, - plus de 270 000 clients et de 300 000 comptes bancaires,
- 1 300 employés À notre rythme de croissance actuelle, notre total de bilan devrait atteindre le seuil de 2 milliards de dollars d’ici à la fin de cette année, avec des parts de marché, notamment au niveau des ressources, de plus en plus importantes. Nos ambitions sont claires et nous veillons à bien maîtriser notre croissance et à nous donner les moyens financiers, humains, technologiques et de gouvernance nécessaires à atteindre nos objectifs.
Dates clés Groupe Banque Atlantique.
Être à l’écoute de vos besoins, réussir à traduire vos valeurs en objectifs, vos atouts en performance et vos ambitions en résultats, telle est notre conception de la banque. Notre réseau en pleine expansion compte aujourd’hui 160 agences en Afrique de l’Ouest et au Cameroun, toutes résolument tournées vers l’innovation. En toute Finesse et avec une Efficacité prouvée dans tous ses services, la Banque Atlantique relève vos défis et vous accompagne partout dans le monde.
la synergie d’un réseau
Sénégal
Togo
Paris
www.banqueatlantique.net
Difcom C.C. Visuel McCANN
◗ 1978 : Création de la Banque Atlantique Côte d’Ivoire (BACI). ◗ 1997 : Reprise des activités de Barclays en Côte d’Ivoire, création de la COBACI. ◗ 2001 : Création de la SGI Atlantique Bourse devenue en 2003 SGI Atlantique Finance. ◗ 2004 : Création du GIE Informatique. ◗ 2005 : Atlantique Financial Group (AFG) est constitué au Togo, avec pour objectif principal de coordonner l’expansion régionale du Groupe Banque Atlantique et d’apporter une assistance technique à ses différentes filiales. La banque atlantique s’implante au Bénin. ◗ 2006 : La banque atlantique s’implante au Niger (février), au Burkina Faso (mars), au Mali (avril), au Togo (mai) et au Sénégal (septembre). ◗ 2007 : Création de la société de service Informatique Atlantique Technologie SA. ◗ 2008 : Fusion de la banque atlantique Côte d’Ivoire et de la COBACI. Prise de participation majoritaire dans la Société Money Cash Worldwide. ◗ 2009 : Le Groupe ouvre au Cameroun sa première filiale en zone CEMAC. ◗ 2010 : Signature d’un partenariat stratégique avec la Banque ouest-africaine de développement (BOAD).
M A N A G E R S D E L' A N N É E
INSTITUTIONS SITUMBEKO MUSOKOTWANE,
ministre des Finances de la Zambie et JOHN
RWANGOMBWA,
ministre des Finances et de la Planification du Rwanda
VINCENT FOURNIER/J.A.
VINCENT FOURNIER/J.A.
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THIERRY TANOH, vice-président de la Société financière internationale, et DONALD KABERUKA, président de la Banque africaine de développement
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LS ONT PERMIS D’ÉVITER LE PIRE. Managers de l’année dans notre hors-série annuel sur la finance africaine, Donald Kaberuka, 59 ans, et Thierry Tanoh, 48 ans, l’ont été à de nombreuses reprises. Pour la première fois, ils le sont ensemble. L’ex-ministre rwandais et l’ancien expert-comptable ivoirien, devenus respectivement président de la Banque africaine de développement (BAD) et vice-président de la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale), auront en effet, le temps d’une crise financière, lié leurs destins à celui des économies africaines. Comment ? En mettant en place, alors que les liquidités disponibles s’étaient asséchées sur les marchés mondiaux, des lignes de financement massives. Les objectifs? Dans un premier temps, permettre aux banques de continuer à financer le commerce au départ ou à destination de l’Afrique, via le Programme global de liquidité pour le commerce extérieur, doté de 5 milliards de dollars. Dans un second temps, obliger les banques partenaires à reprendre les prêts aux
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petites et moyennes entreprises, particulièrement affectées par le ralentissement économique africain. Face à la crise, la BAD et la SFI ont répondu présentes. La première a en effet doublé le montant alloué aux opérations sur le continent, à plus de 12 milliards de dollars. La seconde, après avoir augmenté ses investissements au sud du Sahara de 32 % au cours de l’année fiscale 2008-2009 par rapport à l’année fiscale précédente, a maintenu ce taux de croissance, en investissant 2,4 milliards de dollars dans 31 pays subsahariens. Donald Kaberuka est de surcroît parvenu à convaincre les actionnaires de la BAD – des États africains et occidentaux – de tripler son capital pour le porter à près de 100 milliards de dollars. De son côté, Thierry Tanoh a ajouté, à la mi-2008, d’autres régions à son portefeuille: l’Amérique latine, les Caraïbes et même l’Europe de l’Ouest. Une réussite incontestable pour cet ardent défenseur du développement africain, qui a fait du sud du Sahara une zone de première importance au sein de la SFI. ■
HAMPIONS DE L A CROISS ANCE. 6,5 % de croissance pour l’un, au t o u r d e 4 % p o u r l’autre. En 2009, à nouveau, la Zambie et le Rwanda auront brillé pa r m i le s économ ie s af ricaines. À K igali revient l’honneur d’avoir poursuivi sa diversification et affiché, sur l’ensemble de la décennie, une croissance moyenne supérieure à 6 %, malgré l’absence de ressources extractives importantes et de débouché maritime. À Lusaka, le mérite d’avoir maintenu un taux de croissance élevé malgré les effets dévastateurs de l’effondrement, en 2008, des cours du cuivre, principale richesse du pays, et le ralentissement économique généralisé en Afrique. Aux manet tes, Sit umbeko Musokotwane, ministre zambien des Finances nommé à la fin de 2008, qui aura maintenu l’allégement de ta xe sur les sociétés minières, p e r met t a nt à ce r t a ines de traverser la crise. Au Rwanda, John Rwangombwa, nommé à la fin de 2009, a pris la suite des ministres de l’Économie chevronnés que le pays a eus depuis quinze ans. ■
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M A N A G E R S D E L' A N N É E
PHILIPPE DACOURY-TABLEY,
gouverneur de la BCEAO
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NE VISION PANAFRICAINE. Nom mé g ou v e r ne u r le 17 janv ier 2008, l’Ivoirien Ph i l ipp e D ac ou r y-Table y, 62 ans, entré à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en 1976, a aujourd’hui pour mission de piloter la réforme de l’institut d’émission lancée le 1er avril. Celle-ci s’est concrétisée par la création d’un Comité de politique monétaire et par une série de mesures destinées à renforcer l’indépendance de la BCEAO. Administrateur à la Banque africaine de développement jusqu’en 20 07, sa connaissance du système bancaire africain l’a conduit à s u c c é d e r e n a o û t 2 010 au Congolais Jea n- Claude Masangu à la présidence de l’A ssoc iat ion des ba nques centrales africaines. À charge pour lui de poursuiv re les chantiers en cours : le projet de monnaie unique africaine, la création d’une Banque centrale africaine, ou encore la mise en œuvre d’un véritable programme de coopération monétaire continentale. ■
N BLASON À REDORER. La nomination, le 17 janvier 2010, d’un Équato-Guinéen au poste de gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) est une petite révolution. Alors que ce siège était traditionnellement occupé par un Gabonais, Lucas Abaga Nchama, 49 ans, incarne la nouvelle puissance financière de son pays. Représentant de la Guinée équatoriale au conseil d’administration de la Beac, il en était le directeur général de l’exploitation depuis juin 2008. Succédant au Gabonais Philibert Andzembe, limogé après la révélation du détourne me nt e nt r e 2 0 0 4 et 2 0 0 9 de 25 millions d’euros par des employés de la Beac, Lucas Abaga Nchama va
devoir redorer le blason de l’institut d’émission. Autre changement de tête important : la Banque de développement des États d’Afrique centrale (BDEAC) est désormais présidée par le Gabonais Michaël Adandé, ancien conseiller économique à la primature. Parallèlement à cette nomination, la BDEAC a bénéficié d’une augmentation de capital, qui passe de 94 milliards de F CFA à 214 milliards de F CFA (326 millions d’euros), ce qui lui permettra de jouer un rôle croissant dans le développement de la sous-région. La BDEAC va devoir elle aussi faire oublier le parfum de scandale qui l’entoure, puisqu’en 2009 elle aurait perdu 16 millions d’euros dans l’affaire Madoff. ■
VINCENT FOURNIER/J.A.
PATRICK ALLARD/REA
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LUCAS ABAGA NCHAMA, gouverneur de la Beac, ADANDÉ, président de la BDEAC
et MICHAËL
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LAMIDO SANUSI, gouverneur de la Banque centrale du Nigeria
HANGER LES PRATIQUES. Nommé gouverneur de la Banque centrale le 1er juin 2009, le successeur de Charles Soludo a entamé sa mission avec fracas. Un mois et demi plus tard, les dirigeants de cinq banques commerciales, accusés de mauvaise gestion, étaient limogés. Depuis, une vingtaine d’établissements ont été audités et un vaste plan de sauvetage du secteur a été lancé. L’institut d’émission a dû injecter près de 4 milliards de dollars pour éponger les créances douteuses. L’ancien professeur d’économie Lamido Sanusi, 49 ans, a ainsi sifflé la fin de la récréation. Il a décidé de créer une structure chargée de récupérer les actifs toxiques. L’apurement du passif bancaire nigérian pourrait prendre une dizaine d’années. ■
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MARCHÉS
96 BOURSE Les gérants stars aiment l’Afrique 103 BROKERS Les illusions perdues des courtiers francophones 106 NOTATION GCR, à l’ombre des grands 108 PRIVATE EQUITY Un fonds royalement doté 110 INTERVIEW Offong Ambah, directeur d’Ecobank Capital 113 CLASSEMENTS Bourse, capitalinvestissement, M& A… 92
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L’Afrique voit émerger de nombreuses activités liées aux marchés, telles que la banque d’investissement ou la gestion d’actifs. Plus que jamais, le continent clignote sur les écrans des financiers du monde entier.
ALAIN LE BACQUER/PICTURETANK
FINANCIERS
MARCHÉS FINANCIERS
ENJEUX Un nouveau souffle Malgré une année 2009 difficile pour la finance africaine, nos enquêtes et classements révèlent l’intérêt des gérants étrangers, le rôle croissant des Bourses occidentales et le développement rapide de nouvelles activités. Mais ils prouvent aussi que les financiers privilégient une poignée de pays et de secteurs.
F RÉDÉRIC M AURY
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st-il enfin en train de se passer quelque chose autour des marchés financiers africains ? À en croire les gourous des marchés émergents (voir pages 96 à 98), il n’est plus permis d’en douter. Si l’Afrique ne représente pour l’instant que 2 % à 3 % des fonds investis dans les pays émergents, c’est non par manque d’intérêt mais par manque d’opportunités et du fait de l’existence de plusieurs contraintes lourdes (liquidité insuffisante sur les principaux marchés boursiers, faiblesse du nombre de titres cotés et des opérations d’introduction).
Dans le domaine des fusionsacquisitions africaines, ce phénomène d’extraterritorialité se constate également : la principale opération du genre en 2009 aura été l’acquisition du canadien Addax Petroleum par le chinois Sinopec, pour 7,2 milliards de dollars. En 2010, la cession de Zain Africa (dont le siège est aux Pays-Bas) à l’indien Bharti pour 10,7 milliards de dollars, est à ce jour le plus gros deal de l’année. L’avenir financier de l’Afrique se jouerait-il ainsi pour l’essentiel à Johannesburg, Londres, Paris ou Dubaï ? C’est ce qui ressort de la
JEUNE AFRIQUE N’AURA AINSI RECENSÉ, en 2009, que sept introductions en Bourse avec levées de fonds et autant de listings simples, sans levée de capital. Un chiffre dérisoire. Pis, la principale introduction (initial public offering, IPO) d’un groupe africain a eu lieu… à Paris, avec le distributeur panafricain CFAO. En 2010, la tendance semble se confirmer à Londres avec l’IPO record d’African Barrick Gold, filiale africaine du géant aurifère Barrick Gold, pour un peu moins de 900 millions de dollars (moins de 700 millions d’euros).
BOURSE: L’Afrique du Sud en pole position
SOURCES : JEUNE AFRIQUE
JOHANNESBURG 46
94
AUTRES 8
AUTRES 11 LONDRES 6
PAR BOURSE
LE CAIRE 12
PARIS 12 LAGOS 13
MINES PÉTROLE RESSOURCES NATURELLES 9 BANQUES FINANCE ASSURANCES 11
PAR SECTEURS
TÉLÉCOMS 60
DISTRIBUTION 12
ALEXANDRE DUPEYRON
Répartition des principales opérations (en % des montants investis)
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
MARCHÉS FINANCIERS
FUSIONS-ACQUISITIONS: Le pétrole avant tout
Répartition des principales opérations (en % des montants investis)
AFRIQUE DU SUD 34
AGRO-INDUSTRIE 1 AUTRES PHARMACIE 3 1 BTP-CIMENT 3 IMMOBILIER 6
AUTRES MALI 2 6 ÉGYPTE 4 RD CONGO 4 ANGOLA 6
PAR PAYS
MAROC 12
NIGERIA-GABON 32
BANQUES FINANCE ASSURANCES 9
PÉTROLE 39
PAR SECTEURS
MINES 16
TÉLÉCOMS 22
CAPITAL-INVESTISSEMENT: L’Afrique francophone à la traîne Répartition des principales opérations (en % des montants investis)
TUNISIE AUTRES 2 ALGÉRIE 2 NIGERIA 3 3 CÔTE D’IVOIRE 3 PANAFRICAIN 29 KENYA 9
PAR PAYS
BANQUES FINANCE ASSURANCES 31
AUTRES 7
PAR SECTEURS
ÉGYPTE 24 AFRIQUE DU SUD 25
INFRASTRUCTURES 23
lecture des pages qui suivent. Mais est-ce, en soi, un drame ? N’est-ce pas davantage une question lancée aux ministres de l’Économie et des Finances du continent sur la nécessaire union qui doit se faire entre les mondes financiers africains et occidentaux ? À part Johannesburg, Lagos ou Le Caire, aucune Bourse du continent ne peut permettre à une entreprise africaine de lever plusieurs centaines de millions de dollars pour son développement… CE RAPPROCHEMENT NE POURRA ÊTRE QUE GAGNANTGAGNANT : à mesure que l’Afrique monte en visibilité, les grands investisseurs financiers internationaux envisagent de manière croissante d’y placer une partie de l’épargne qu’ils gèrent. Et lorsque de grandes figures de la gestion d’actifs comme Mark Mobius invitent la planète finance à s’intéresser au continent, l’effet ne peut être que positif pour le financement des entreprises et pour l’activité des sociétés de Bourse, conseils financiers, banques d’investissement qui vivent aujourd’hui un peu à
PHARMACIE SANTÉ 5 AGRO-INDUSTRIE 5
MINES 11
TÉLÉCOMS MÉDIAS-NTIC 18
l’étroit, notamment sur les places francophones (voir pages 103 à 105 et l’interview page 110). Le monde du private equity, un secteur qui explose en Afrique, l’a bien compris. Un pied à Londres, New York ou Singapour, pour collecter des montants vertigineux, l’autre à Lagos, Johannesburg ou Nairobi pour investir ces mêmes sommes. Même en 2009, année difficile, près de 1,5 milliard d’euros auront été injectés par les capital-investisseurs africains dans les 40 premières opérations du continent, comme le révèle notre classement page 117. En 2010, Helios Investment, Emerging Capital Partners, Aureos Capital et Kingdom Zephyr Africa Management (voir pages 108-109) ont bouclé des fonds pour une valeur totale de plus de 2 milliards d’euros, prouvant l’intérêt que les investisseurs internationaux ont pour le continent, mais aussi – il faut le souligner – le fort soutien que continuent à apporter les institutions de développement.
RESTE LA QUESTION DE L’ORIENTATION DE CES INVESTISSEMENTS. Les graphiques ci-contre, synthèses des classements exclusifs des pages suivantes, rappellent une concentration géographique des investissements et des levées de fonds en faveur d’un pays, l’Afrique du Sud. Mais ils montrent aussi que quelques autres, dont le Maroc, prennent également leur place, notamment dans le domaine des fusions-acquisitions. Par ailleurs, quelques secteurs, les plus dynamiques en Afrique, restent chéris par les financiers : la banque-finance, les ressources naturelles, les télécoms. Fort heureusement, d’autres pointent aussi le bout de leur nez : la santé, l’agro-industrie, les infrastructures. Et certains pays, comme le Nigeria, montrent que l’on peut être à la fois riche en ressources naturelles (le pétrole, en l’occurrence) et attirer l’attention des investisseurs financiers vers d’autres activités. Notamment celles liées à la consommation ou aux besoins des classes moyennes (distribution, alimentation, santé), secteurs d’avenir en Afrique. ■
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FIDELITY INTERNATIONAL
«
H. DE OLIVEIRA/EXPANSION-REA
MARCHÉS FINANCIERS
Les valorisations sont bien inférieures à celles du Brésil. »
«
Les sociétés sud-africaines permettent d’avoir une exposition sur des marchés plus petits. »
NICK PRICE, Fidelity International
VINCENT STRAUSS, Comgest
Bourses africaines L’avis Ils s’appellent Mark Mobius, Nick Price, Antoine Van Agtmael, Vincent Strauss, et gèrent plusieurs de plus en plus attractif pour les investisseurs boursiers, qu’en pensent ces experts influents dans F RÉDÉRIC M AURY
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ébut 2010, le plus connu des gestionnaires de fonds spécialisés sur les marchés émergents, et l’un des plus respectés, Mark Mobius, a lâché une véritable bombe en écrivant, sur le réseau social Twitter, ces quelques mots : « Je crois que le Nigeria est destiné à croître en importance et à devenir une destination clé d’investissement. » L’information est de poids : Mark Mobius dirige en effet Franklin Templeton, l’une des principales sociétés de gestion américaines, qui dis-
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pose de près de 35 milliards de dollars (environ 27 milliards d’euros) investis sur les Bourses des pays émergents. Autant dire qu’une décision de sa part de placer une partie de ces sommes à Lagos provoquerait à coup sûr une belle surchauffe. Quelques semaines plus tard, alors que s’ouvre la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, il se fait plus précis : « Alors que l’Afrique du Sud est de loin le plus important et le plus liquide des marchés en Afrique, nous regardons désormais également des marchés
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Nous regardons désormais également des marchés moins connus du continent. » MARK MOBIUS, Franklin Templeton
«
MARK LENNIHAN/AP SIPA
«
KIM KULISH/REA
MARCHÉS FINANCIERS
L’Afrique, malgré ses problèmes, est un lieu formidable pour investir. »
ANTOINE VAN AGTMAEL, Emerging Markets Management
des « gourous » dizaines de milliards d’euros sur les marchés émergents. À l’heure où le continent s’avère les milieux financiers? Passage en revue des forces et des faiblesses des Places africaines.
moins connus du continent, comme le Nigeria, l’Égypte, le Kenya, le Botswana, le Ghana, le Maroc ou la Tunisie. » De plus en plus, l’idée selon laquelle l’Afrique serait désormais un continent potentiellement attractif pour les investisseurs boursiers se répand dans les milieux financiers. Antoine Van Agtmael, autre gourou des « marchés émergents » et inventeur de l’expression ellemême il y a quelques décennies, partage cet enthousiasme : « L’Afrique, malgré ses problè-
mes, est un lieu formidable pour investir », explique le patron et fondateur d’Emerging Markets Management, une société américaine qui gère une quinzaine de milliards de dollars. « L’Afrique change… Elle a du pétrole, du sucre et tous types de denrées alimentaires que le reste du monde convoite. » Nick Price, qui gère 5 milliards de dollars sur les marchés émergents chez l’américain Fidelity International, met en avant un autre avantage : « La croissance a été supérieure à 5 %
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MARCHÉS FINANCIERS
“illiquides”, explique-t-il. Comme nous n’investissons pas dans des sociétés ayant moins de 1 milliard de dollars de capitalisation, cela exclut des marchés comme le Ghana, qui présente pourtant de grandes opportunités. » Exit, du coup, les trois quarts des places africaines, d’Abidjan à Dar esMANQUE DE LIQUIDITÉ Salaam en passant par Gaborone ou Kampala… Dans les portefeuilles des gérants internaPour atteindre ces marchés, Mark Mobius évotionaux, l’Afrique du Sud fait désormais jeu que toutefois une possibilité adoptée par un égal avec la Russie ou l’Inde. L’Égypte est là. nombre croissant de gérants : « En attendant Le Nigeria pointe le bout de son nez, le Maroc que ces Bourses soient suffisamment profondes, aussi. Mais le problème numéro un des marles investissements de private equity [dans des chés africains, souligné par tous les gérants, entreprises non cotées, NDLR] sont un canal alternatif d’invesDANS LES PORTEFEUILLES DES GÉRANTS, L’AFRIQUE tissement étranger. » Autre méthode : investir DU SUD FAIT JEU ÉGAL AVEC LA RUSSIE OU L’INDE. dans des sociétés actives en Afrique mais cotées sur des marchés occidentaux, comme l’opérateur minier est la liquidité. La grande majorité des Bourses ouest-africain Randgold, ou dans des groupes du continent ne voit en effet s’échanger qu’une panafricains cotés en Afrique du Sud… « Cela poignée de millions de dollars de titres chapermet d’avoir en portefeuille des sociétés qui que jour : trop peu pour satisfaire l’appétit des ont un cœur défensif et de bonnes pratiques de grands fonds d’investissement. « La liquidité gestion, avec, à la marge, une exposition sur des est une préoccupation clé pour la plupart des marchés plus petits », explique Vincent Strauss, investisseurs, souligne Mark Mobius. En consédirecteur général de la société de gestion franquence, les marchés africains les plus liquides çaise Comgest, impliqué de longue date sur les attireront les f lux d’investissement les plus marchés émergents. « Ainsi, MTN est très actif importants. Bien que les marchés de certains au Nigeria et au Ghana. » pays africains se développent plutôt rapidement, nous pensons qu’ils ont encore beaucoup JOHANNESBURG RASSURE de chemin à parcourir avant que leur potentiel Le groupe de téléphonie sud-africain fait ne soit pleinement réalisé. » logiquement partie des multinationales africaiUne intuition que confirme Nick Price : nes appréciées par les grands gérants actifs sur « La plupart des marchés africains sont très les marchés émergents. Mais il y en a d’autres, comme la chaîne de supermarchés Shoprite, les minières AngloGold Ashanti, Impala Platinum ou Harmony Gold. Et, hors d’Afrique du Sud, les groupes de téléphonie Orascom Telecom et Maroc i les gérants actifs sur l’ensemble des marchés émergents Télécom, cotés respectivement en Égypte et au commencent à regarder avec intérêt les places africaines, Maroc, bénéficient aussi d’un intérêt croissant. de plus en plus de sociétés de gestion, notamment celles Mais attention : « Plus vous descendez dans de taille moyenne, ont d’ores et déjà compris l’intérêt l’échelle du développement, moins vous êtes de développer des fonds d’investissement exclusivement protégé et plus le risque macroéconomique est dédiés à l’Afrique. Sont ainsi apparus, au cours des derniers important », prévient Vincent Strauss, qui gère mois, une multitude de produits investissant uniquement avec ses équipes une quinzaine de milliards de sur la zone ou couplant les régions Afrique et Moyen-Orient. dollars avec une grande réputation de prudence. Parmi les quinze plus grandes sociétés de gestion mondiales, « Il faut un minimum d’organisation et de strucdeux ou trois ont développé un fonds d’investissement ture juridique pour avoir de la croissance, ajouteplaçant une part importante de ses actifs en Afrique, t-il. » Selon lui, les sociétés sud-africaines offrent hors Afrique du Sud. Parmi eux, Fidelity International. moins de risques macroéconomiques et un cadre Cette société de gestion, la troisième au monde, avec plus juridique plus adéquat pour des gérants occidende 1 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion, a ainsi mis taux. « La Bourse de Johannesburg a des règles sur pied à la mi-2008 son fonds FF EMEA (pour Europe, Middle alignées sur celles de la Bourse de Londres, tient East and Africa). L’avantage ? Ces fonds de plus petite taille à souligner Nick Price. Et les standards de comppeuvent investir sur des petits marchés. FF EMEA comptait tabilité en Afrique du Sud sont les mêmes que ainsi en portefeuille, début 2010, des brasseurs kényans ceux qui se pratiquent en Occident. » De quoi et nigérians, un groupe agroalimentaire zambien ou des rassurer, a priori, des investisseurs qui, lassés des obligations gouvernementales ghanéennes ! Impensable habituels et surévalués Bric (Brésil, Russie, Inde, il y a quelques années seulement… ■ F.M. Chine), cherchent aujourd’hui de plus en plus loin les gisements de croissance potentielle. ■ pendant plusieurs années et les niveaux de valorisation sur les marchés africains restent faibles. En tout cas, bien inférieurs à ceux qu’on trouve par exemple au Brésil en ce moment. »
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Épargne Les premiers pas de la gestion collective
Permettant d’investir en Bourse de manière indirecte, les organismes de placement collectif en valeurs mobilières n’ont guère séduit en Afrique subsaharienne. Mais maintenant qu’ils s’ouvrent aux particuliers, la donne pourrait changer. S TÉPHANE B ALLONG
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est un canal d’investissement qui a fait ses preuves en Europe et au Maghreb, mais qui reste encore peu connu du grand public en Afrique subsaharienne. Et pour cause : les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM, voir encadré) n’y ont qu’une existence récente. Les plus anciens ont en effet démarré leurs activités entre 2002 et 2003. Au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), ils géraient en 2008 (date des chiffres disponibles les plus récents) un total d’actifs d’environ 61 millions d’euros, en hausse de 9 % sur un an. Un montant encore très faible et qui n’est rien comparé à l’épargne mobilisée en Tunisie, par exemple, où les actifs gérés via ces fonds d’investissement connaissent une progression annuelle moyenne de 20 % par an et totalisaient près de 2 milliards d’euros sous gestion en 2008. « L’avantage de la gestion collective, c’est qu’elle permet à un particulier dont les moyens sont limités d’avoir accès aux opportunités d’investissements qui sont généralement proposées aux entreprises ou aux plus riches », explique Gaspard Ouédraogo, président du conseil d’administration de la Société ouest-africaine de gestion d’actifs (Soaga). Aussi regrettable soitelle, l’affaire des « Madoff » ouest-africains, dans laquelle des placements (fictifs) soi-disant rémunérés à plus de 200 % d’intérêt par an ont été proposés à plusieurs centaines de milliers d’épargnants novices, est révélatrice de l’existence d’une vraie demande en produits de placement potentiellement rentables. ECOBANK PREND LES DEVANTS Du coup, les OPCVM s’ouvrent aux particuliers. « Il est temps de sensibiliser nos populations et de leur proposer des outils professionnels de placement, estime Gaspard Ouédraogo. D’ici à la fin de l’année, de nouveaux produits destinés aux particuliers et à la diaspora vont être lancés dans trois pays de la sous-région. » 100
Ecobank Asset Management, filiale de gestion d’actifs du groupe bancaire panafricain, a déjà pris les devants avec FCP Patrimoine, son fonds commun de placement (FCP) destiné aux particuliers. Le groupe gère également un autre fonds, Prima Capital, réservé notamment aux compagnies d’assurances vie. De même, Bank of Africa a reçu récemment un agrément pour sa filiale BOA Asset Management, qui devrait proposer ses propres OPCVM. Au total, moins d’une dizaine de sociétés de gestion d’actifs opèrent dans la zone UEMOA. Parmi elles, Sogespar, détenue à 100 % par la Société générale de banques en Côte d’Ivoire (SGBCI) et qui gère les FCP Sogeavenir et Sogevalor. Mi-2009, le sénégalais CGF Gestion, qui gère le fonds de retraites du Sénégal, a lancé avec la branche financière de la Poste du Sénégal le FCP PosteFinances Horizon, destiné au grand public. Début 2010, ce fonds avait une valeur liquidative d’environ 152 000 euros. Autant de premiers pas vers le développement d’un véritable marché de la gestion collective en zone CFA. ■
OPCVM, mode d’emploi
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es organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) sont des véhicules d’investissement collectif qui placent dans des titres boursiers (actions, obligations, dette publique ou privée, titres monétaires…) l’argent collecté auprès d’institutions ou de particuliers. « Les télécommunications, les banques ou l’agroalimentaire sont les secteurs privilégiés par ces fonds », précise un analyste financier. Il existe deux formes juridiques possibles – la société d’investissement à capital variable (sicav) et le fonds commun de placement (FCP) –, dont le fonctionnement est à peu de chose près le même. Dans tous les cas, de par la nature des investissements réalisés, la performance n’est nullement garantie, ni connue à l’avance, à la différence des comptes d’épargne servis par les banques. Sur le très long terme, toutefois, l’investissement dans un OPCVM peut rapporter de 7 % à 8 % par an, net d’inflation. ■ S.B.
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Premier courtier de la Bourse de Tunis, Tunisie Valeurs a capté 35,5 % du marché en 2009.
Courtage Le marché des illusions perdues
La soixantaine de sociétés de gestion et d’intermédiation actives sur les Bourses francophones se partagent un maigre butin. Certaines s’en tirent bien, d’autres vivotent en attendant un boom providentiel. État des lieux à Abidjan, Casablanca et Tunis.
S TÉPHANE B ALLONG
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«
tant donné le très faible volume de transactions quotidiennes, exister à la BRVM [Bourse régionale des valeurs mobilières, à Abidjan, NDLR] demande beaucoup d’imagination et un grand travail de psychologie pour arriver à convaincre vendeurs et acheteurs de titres. » Depuis Dakar, Gabriel Fal dirige CGF Bourse, l’une des 21 sociétés de Bourse (ou sociétés de gestion et d’intermédiation, SGI) opérant sur le marché boursier régional, pour seulement une quarantaine de valeurs cotées et une liquidité quotidienne dépassant à peine le million de dollars! À Tunis, l’activité, plus importante, reste limitée. La Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT) voit s’échanger en moyenne environ 5 millions de dollars (soit 3,8 millions d’euros) de titres par jour, pour 24 brokers (« courtiers ») agréés. La Bourse de Casablanca est un peu mieux lotie: les 17 SGI traitent une liquidité quotidienne d’environ 20 millions de dollars.
Détentrices du monopole du courtage sur les marchés financiers, les SGI accompagnent également les entreprises dans les opérations d’appel public à l’épargne. Mais de ce côté-là aussi, l’actualité n’est pas très fournie… « Dans l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine, NDLR], les entreprises rechignent encore à faire appel au marché pour se financer. Elles ont pour la plupart une culture patrimoniale », souligne Gabriel Fal. Casablanca n’a vu aucune introduction en Bourse en 2009. Tunis, deux. Pas de quoi nourrir des sociétés qui vivent des commissions (jusqu’à 3 %) sur les opérations dont elles sont l’intermédiaire (emprunt obligataire, émission ou cession d’actions…). Résultat : nombre d’entre elles vivotent en attendant des jours meilleurs. Parmi les cinq premières SGI de la BRVM, CGF Bourse emploie 15 salariés pour un chiffre d’affaires annuel bien mince d’environ 152 000 euros. Pourtant, CGF
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Bourse est, avec Hudson & Cie – une SGI créée et dirigée par Jean-Luc Bédié, fils de l’ancien président ivoirien –, l’un des courtiers les plus dynamiques et l’un des plus fervents partisans du développement de la BRVM. Les quelques fonds d’investissement britanniques et américains qui misent sur Abidjan choisissent d’ailleurs comme intermédiaires ces deux sociétés, dirigées par des anciens de Citibank. Malgré cela, les leaders de la place restent les filiales ivoiriennes de BNP Paribas et de Société générale, qui profitent en grande partie de leur statut de conservateur de titres. En 2009, leurs SGI (Sogébourse et Bici Bourse) ont traité le plus grand nombre de transactions à la BRVM, pour une valeur de plus de 70 milliards de F CFA chacune (environ 107 millions d’euros), selon les chiffres fournis par la BRVM. DES DÉPENSES RÉDUITES À Tunis et à Casablanca, seuls les leaders tirent leur épingle du jeu. Tunisie Valeurs, la première SGI de la Bourse de Tunis, a capté en 2009 35,5 % du marché, pour un volume d’opérations d’une valeur de 1,2 milliard d’euros. Sa principale concurrente, Mac SA, a traité des transactions d’un montant de 419 millions d’euros. Des volumes « dopés par la bonne tenue de la Bourse de Tunis au cours de ces dernières années », explique Ibrahim Chérif, analyste financier à Mac SA. Le Tunindex, l’indice de la BVMT, a en effet progressé de 30 % au cours de l’année 2009 ; et sur les six premiers mois de 2010, la progression est de 12 % par rapport à la même période l’année précédente. À Casablanca, les trois premiers brokers – Attijari Intermédiation, BMCE Capital Bourse et Upline Securities – captent environ les deux tiers du marché. Attijari Intermédiation traite un volume de transactions d’une valeur de 3,3 milliards d’euros, pour une part de marché de 26 %. Derrière, la situation est moins florissante. Le plus petit des acteurs affiche ainsi moins de 400 000 euros de chiffre d’affaires.
LES PRINCIPAUX « BROKERS » FRANCOPHONES Volume traité en 2009 (en millions d’euros)
BOURSE
Attijari Intermédiation
3 300
CASABLANCA
CFG Marché
1 700
CASABLANCA
BMCE Capital Bourse
1 170
CASABLANCA
Tunisie Valeurs
1 229
TUNIS
Mac SA
415
TUNIS
BNA Capitaux
186
TUNIS
Sogébourse
107
ABIDJAN
Bici Bourse
107
ABIDJAN
Source : sociétés
104
Si malgré ces faibles revenus une grande partie des sociétés de courtage font du profit, c’est, pour l’essentiel, parce que les dépenses sont réduites au minimum. Quitte à rogner sur la qualité, notamment en matière de publication d’analyses financières pour les épargnants. « Les SGI doivent pourtant jouer pleinement leur rôle pour apporter un peu plus d’animation sur le marché », estime Cyrille Nkontchou, directeur associé d’Enko Capital, un gestionnaire d’actifs basé à Londres et dont l’essentiel des activités se trouvent en Afrique. Selon lui, les marchés d’actions africains, dont le potentiel est élevé, souffrent surtout « du manque de données et d’analyses financières de qualité sur la plupart des sociétés et des émetteurs du continent ». Et ce problème ne peut être résolu que si les SGI « publient régulièrement des notes de recherche pour inciter un plus grand nombre d’investisseurs à venir sur leur marché », affirme cet expert des Bourses africaines qui a publié, il y a près de dix ans, le premier recueil exhaustif sur le sujet. Certaines sociétés, dont Hudson & Cie, en Côte d’Ivoire, qui publie ses études en anglais, ont une longueur d’avance dans ce domaine. Mais la plupart des SGI d’Afrique subsaharienne francophone sont encore à la traîne. Une des principales raisons de cette carence est liée à « un sérieux problème de ressources humaines en analystes financiers compétents », explique Jean-Luc Bédié. À Casablanca, la critique est différente. Nombre d’observateurs reprochent surtout aux SGI de consacrer essentiellement leurs notes de recherche aux valeurs les plus en vue.
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FALONE POUR J.A.
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et ses conséquences sur plusieurs filiales cotées en Bourse. À Abidjan, les intermédiaires se raccrochent à un hypothétique boom de la Bourse. « Pour dynamiser cette place dont le potentiel reste énorme, il suffit de peu de chose », souligne ainsi Jean-Luc Bédié. Une série de privatisations, via le marché financier, de grandes sociétés publiques, par exemple. « En Côte d’Ivoire, considérée comme la locomotive de la sous-région, des sociétés telles que Côte d’Ivoire Télécom sont toujours détenues par l’État. Celui-ci détient en outre des parts dans des banques [BIAO-Côte d’Ivoire, par exemple, NDLR] qui devraient être cédées sur le marché financier », poursuit le patron de Hudson & Cie. Sans ce boom tant attendu, les SGI de la BRVM n’auront comme ultime solution, pour survivre sur ce marché exigu, qu’un rapprochement entre elles. Plusieurs acteurs y songent sérieusement. Ceux qui en ont les moyens envisagent quant à eux un développement à l’étranger. Dans ce domaine, les SGI du Maghreb sont pionnières. Tunisie Valeurs, qui compte déjà une filiale au Maroc (Integra Bourse), est la figure de proue du mouvement de régionalisation. Les groupes bancaires ont également logiquement associé leurs SGI à leur développement géographique. Ainsi, BMCE Capital Bourse a déjà avancé ses pions sur le continent, pratiquant le conseil financier en zone CFA et des activités plus larges en Tunisie, où la société a repris il y a quelques années un acteur local de premier plan, Axis Capital Bourse. Le groupe marocain Attijariwafa Bank a également créé une SGI dans ce pays. Enfin, quelques rares groupes étrangers se positionnent pour capter l’embellie attendue sur
Hudson & Cie est l’une des sociétés boursières les plus dynamiques d’Abidjan.
« Des entreprises comme Maroc Télécom, BMCE Bank ou encore Compagnie générale immobilière retiennent davantage l’attention », concède un analyste de la place. Tunis n’échappe pas non plus à ce phénomène. Explication d’Ibrahim Chérif : « La moitié de la capitalisation totale est représentée par le secteur bancaire, c’est normal que les sociétés de Bourse se focalisent sur les QUELQUES RARES GROUPES ÉTRANGERS SE banques. » Pour se démarquer de la concurrence, certaines POSITIONNENT POUR CAPTER L’EMBELLIE ATTENDUE. sociétés comme Integra Bourse ciblent plutôt les petites valeurs les places financières. C’est le cas de Renaissance qui, selon Widad Ouardi, analyste financier au Capital. Déjà leader sur plusieurs marchés sein de ce courtier qui opère à Casablanca, « ont (Nigeria, Zambie, Kenya), la banque d’investissouvent un ratio de valorisation intéressant pour sement d’origine russe a annoncé, au début de les investisseurs misant sur le long terme ». 2010, son intention de racheter des SGI un peu partout sur le continent. Objectif partiellement « IL SUFFIT DE PEU DE CHOSE » atteint quelques semaines plus tard avec le rachat La profession se fait peu d’illusions. La persde BJM Securities, l’un des principaux brokers pective d’une explosion des Bourses casablancaise sud-africains, pour un montant d’environ 27 milet ivoirienne peine à se préciser, surtout pour la lions de dollars. Une valorisation que ses confrères seconde. Au Maroc, l’espoir reste entretenu par francophones sont bien loin d’atteindre. Mais le la fusion entre l’Omnium nord-africain (ONA) secteur ne demande qu’à exploser. ■ et la Société nationale d’investissement (SNI)
LEADER, N.m. (mot anglais) 1. Qui occupe la place principale. 2. Qui prend la tête d’un mouvement. Distribué dans plus de 80 pays et lu, chaque semaine, par près de 500 000 personnes, Jeune Afrique est le premier hebdomadaire panafricain par sa diffusion et son audience. Jeune Afrique, l’hebdomadaire qui donne du sens à l’actualité africaine. www.jeuneafrique.com
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Notation GCR, à l’ombre des grands
Leader sur le continent avec 60 % des rapports de notation émis, l’agence sud-africaine devance Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch. Et se veut moins conservatrice.
A LEX D UVAL S MITH ,
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our bien travailler sur le continent africain, il faut connaître le contexte local. » Melanie Brown a des ambitions pour l’entreprise qu’elle dirige, Global Credit Rating (GCR). Cette agence de notation, basée à Johannesburg, émet comme tous ses confrères des notes sous forme de lettres – de A, la meilleure, à D, la plus mauvaise – pour exprimer la capacité des États ou des entreprises à emprunter sur les marchés financiers. Numéro un au sud du Sahara, GCR vise désormais l’Afrique francophone, avec l’ouverture d’un bureau à Dakar en 2011. Elle y promet des analyses mieux informées et moins coûteuses que celles élaborées par les grosses pointures telles que Standard & Poor’s (S&P), Moody’s et Fitch. Le marché est quasiment vierge : à la différence du Nigeria voisin, qui compte plusieurs agences locales de notation, l’Afrique subsaharienne francophone en est dépourvue. La décision, fin 2009, de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan d’imposer
sion il y a plusieurs années. La première note surtout les États. La seconde, en revanche, a adopté un spectre plus large et note, par exemple, les filiales du groupe Bank of Africa cotées à la BRVM. LES RAVAGES DES « BIG THREE »
Malgré leur force de frappe internationale, ces grandes agences ne dominent pourtant pas le marché africain. « Soucieuses de leur image de marque, elles tendent à être excessivement conservatrices en Afrique pour éviter l’erreur, explique Melanie Brown. Elles peuvent par conséquent effrayer les investisseurs. » Créée en 1996 en tant que filiale africaine d’une grande agence américaine (Duff & Phelps) dont elle est aujourd’hui indépendante, GCR publie près de 60 % des rapports de notation en Afrique. Dans le secteur des assurances, le chiffre monte à 80 %. L’agence a su s’imposer en Afrique du Sud avant de se développer dans les pays de l’Afrique anglophone. Elle est désormais implantée à Johannesburg (avec 20 analystes sur place) mais aussi au Zimbabwe, en Zambie, au Nigeria DANS SON VISEUR : L’AFRIQUE FRANCOPHONE, et au Kenya. « Nous savons que lorsqu’une OÙ LE MARCHÉ EST QUASIMENT VIERGE. société s’installe dans un autre pays africain, les bureaux peuvent se une note comme préalable à toute émission de retrouver sans téléphone fixe pendant les trois titres devrait grandement doper le marché de premières semaines, insiste Melanie Brown. la notation. Pour les financiers, les agences sont Cela ne veut pas dire que l’investissement sera de toute façon un maillon clé dans l’essor des mauvais à terme. À la différence d’un analyste économies. « Des investisseurs qui travaillent qui vient de débarquer d’un vol de Londres, à l’échelle mondiale sont à la recherche de nous prenons en compte ce genre de détails. » repères comparables de marché en marché. À titre d’exemple, la directrice exécutive cite Les fonds de pension, d’après leurs statuts, ne l’effondrement en 2002 de la septième banque peuvent s’intéresser qu’à des investissements sud-africaine, Saambou, qui comptait plus de notés. L’essor de la notation est donc une suite 2 000 employés et 56 agences. Elle avait connu logique et nécessaire de l’expansion des écodes problèmes de liquidité dus aux difficultés nomies africaines », estime Michael Fischer, d’une de ses agences de microcrédit. Sans directeur général de DEG, une institution consultation et sans avertir la banque centrale allemande de financement du développement sud-africaine, le bureau londonien de Fitch entrée en 2008 dans le capital de GCR. Au Sud avait soudainement, un vendredi après-midi du Sahara, S&P et Fitch ont débuté leur expande février, dégradé la notation de Saambou de 106
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BÉNÉDICTE KURZEN/VII NETWORK POUR J.A.
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deux échelons (de B à D), provoquant la panique parmi ses clients et menaçant six autres petites banques de faillite. La rétractation dès le lundi suivant par Fitch de sa notation n’avait pas sauvé Saambou. UNE PERCÉE EN ZONE CFA
En Afrique francophone, GCR a reçu le soutien d’un institutionnel influent, Proparco, entré à son capital en 2009. La filiale de l’Agence française de développement dédiée au secteur privé souhaite soutenir le sud-africain dans son développement. « Le vrai bénéfice de la notation est de permettre une diversification des sources d’investissement. Il y a un véritable travail à entreprendre en Afrique francophone pour convaincre le marché de ses bienfaits, et nous souhaitons épauler GCR dans son implantation », souligne Sophie Le Roy, représentante de Proparco pour l’Afrique australe. « L’Afrique a besoin de son agence de notation, lance Michael Fischer. Pourquoi ne serait-ce pas GCR ? » L’agence a d’ailleurs déjà commencé à se faire une place en zone CFA. Elle y travaille
via des partenaires et note, par exemple, le groupe agro-industriel ivoirien Sifca. Sophie Le Roy a un argument de poids pour convaincre les clients potentiels : « Sur ses estimations de la probabilité de défaut au cours des dix dernières années, GCR a été bien plus fiable que les trois grands. Elle n’a pas la notoriété d’un Fitch mais elle a de la crédibilité. » D’autant que ces derniers temps, la probité des grandes agences internationales a été largement mise en cause. Leur incapacité à prévoir la crise des subprimes aux États-Unis et leur choix de dégrader les notes de la Grèce, suscitant une panique dans la zone euro, en ont fait des cibles idéales. « Les notations déclenchent forcément des réactions, les agences ne font que travailler avec les éléments qui leur sont fournis », conclut Melanie Brown pour défendre l’ensemble de la profession. En Afrique, ajoute Michael Fischer, « il est urgent d’atteindre un niveau de standardisation des notes. La réglementation des agences de notation est importante aussi, nous l’avons vu en Europe. Mais en Afrique, ce sera pour plus tard. » ■
Melanie Brown, directrice exécutive de Global Credit Rating (GCR), en août 2010 à Johannesburg.
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Capital-investissement Royalement doté Né en 2004 de l’union entre le holding du prince saoudien Al-Walid Ibn Talal et une société de gestion américaine, Kingdom Zephyr Africa Management dispose de près de 400 millions d’euros à investir. En partie en Afrique francophone. F RÉDÉRIC M AURY
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ondres, New York, Shanghai, Dubaï, Abu Dhabi, Singapour, Francfort, Bruxelles : Kofi Bucknor et ses associés auront fait, en un an et demi, le tour des capitales financières du monde, dans les pays occidentaux comme dans les pays émergents. L’objectif du managing partner ghanéen de Kingdom Zephyr Africa Management (KZAM) : boucler un nouveau fonds de capital-investissement pour un total de 500 millions de dollars (environ 394 millions d’euros). Malgré la crise financière et économique internationale, l’opération s’est avérée un succès : PAIP II (pour Pan-African Investment Partners II) dispose désormais de 492 millions de dollars, soit quatre fois plus que son aîné, PAIP I.
propres investissements en Afrique dans les années 1990, dans la Sonatel [Sénégal], United Bank for Africa [UBA, Nigeria] ou Ecobank [Togo]. Zephyr avait également une expérience de l’Afrique, puisqu’il avait déjà géré des fonds sur cette zone, et, de façon plus générale, il connaissait bien les marchés émergents. » Une alliance au sommet s’est ainsi formée entre le riche homme d’affaires saoudien et la société de gestion américaine. Les décisions d’investissement de KZAM dans des entreprises africaines, loin d’être du seul ressort du prince saoudien, sont le résultat des choix d’un comité d’investissement pluriel. « C’est vrai qu’il soutient la structure et que son nom est clairement associé au fonds, mais ce n’est pas son fonds personnel », souligne un capitalLE RICHE HOMME D’AFFAIRES A INJECTÉ 165 MILLIONS investisseur qui connaît bien la maison. PAIP II a d’ailleurs DE DOLLARS DANS LE FONDS BAPTISÉ PAIP II. attiré bien d’autres investisseurs, comme la Société finanParmi les souscripteurs, venus d’horizons cière internationale (SFI, filiale de la Banque divers, figure le prestigieux fonds souverain sinmondiale), qui a investi 40 millions de dollars, gapourien Temasek. Ce dernier, dans ce qui reste ou la Banque européenne d’investissement, qui aujourd’hui l’un de ses très rares investissements a misé 32 millions d’euros. en Afrique, a injecté 75 millions de dollars dans PAIP II. Les équipes de KZAM en sont fières, NIGERIA, BOTSWANA, MAROC… tout en sachant que le choix de Temasek tient Avec huit investissements réalisés depuis aussi à l’entregent du prince saoudien Al-Walid sa naissance, pour un total d’environ 150 milIbn Talal, neveu du roi Abdallah. Actionnaire de lions de dollars, KZAM fait aujourd’hui partie la société de capital-investissement à hauteur des plus anciennes équipes spécialisées sur de 50 %, via son holding personnel Kingdom l’Afrique, après les trois acteurs historiques que Holding, l’homme d’affaires en est l’un des plus sont Actis, Emerging Capital Partners et Aureos sûrs et fidèles soutiens: il a ainsi injecté à lui seul Capital. Trois de ses investissements ont déjà été 165 millions de dollars dans le deuxième fonds. revendus: UBA, la banque panafricaine Ecobank et le groupe de téléphonie mobile Celtel (devenu ALLIANCE AU SOMMET Zain Africa). « Ces trois participations ont été « En 2004, Kingdom Holding et Zephyr ont cédées à des investisseurs stratégiques, souligne souhaité créer une société d’investissement comKofi Bucknor. Notre cible de taux de rendement mune pour lever et gérer un premier fonds, expliinterne [qui indique la rentabilité annuelle de que Kofi Bucknor, présent dans KZAM depuis le l’investissement, NDLR] était de 25 %, et nous début. Kingdom Holding avait commencé ses l’avons largement dépassée. » Un beau début, 108
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MARCHÉS FINANCIERS
certes, mais sans grande originalité. Tous les grands capital-investisseurs du continent ont été présents dans Celtel. Beaucoup l’ont été dans Ecobank. Et UBA reste, à plus d’un titre, l’une des plus sûres des banques nigérianes. Toutefois, KZAM a réalisé cinq autres investissements bien plus originaux. Il a investi, fin 2004, 13,4 millions de dollars dans Letshego, une société de crédit à la consommation destinée principalement aux fonctionnaires et qui, depuis le Botswana, a rayonné de la Namibie à l’Ouganda. Il a également injecté 27 millions de dollars dans le capital du groupe d’assurance marocain CNIA Saada. Et sa principale opération s’est faite avec le promoteur immobilier Mixta Africa, basé en Espagne mais opérant du Sénégal à l’Égypte, à qui KZAM a apporté 45 millions d’euros via ses deux fonds. Enfin, ses deux derniers deals en date ont été passés avec le fournisseur sud-africain de matériaux lourds et d’infrastructures électriques BuildWorks, et avec le thonier ivoirien Thunnus Overseas Group. UN PORTEFEUILLE DIVERSIFIÉ
Crédit conso, immobilier, assurance, matériaux, industrie de la pêche : en quelques années, KZAM a su diversifier son portefeuille et investir dans des secteurs plus novateurs que le classique « télécoms-mines-banques ». Il a su également se déployer en Afrique francophone. « Cette zone nous intéresse beaucoup car elle est sous-pénétrée par le private equity et les valorisations y sont donc plus intéressantes », explique Kofi Bucknor, francophile avéré, aussi à l’aise en anglais que dans la langue de Molière et qui connaît bien la Côte d’Ivoire pour avoir travaillé à la Banque africaine de développement. Il poursuit : « En Afrique francophone, certains pays disposent d’une classe moyenne croissante et d’une bonne structure industrielle. D’autres ont un potentiel minier et bancaire. » Avec son nouveau fonds, KZAM, qui se définit comme un investisseur actif, impliqué dans la gouvernance des entreprises, devrait faire dans cette zone plusieurs investissements, sur les cinq à sept qu’il lui reste à mettre sur pied d’ici à trois ans environ. Un travail hypersélectif : sur une dizaine de dossiers regardés en permanence, un à deux seulement aboutiront, dans un délai de six à neuf mois, pour un investissement moyen d’une trentaine de millions de dollars et une prise de participation allant de 25 % à 40 % du capital. L’une des clés du succès des équipes de capital-investissement est la qualité des hommes et des femmes qui y travaillent. Chez KZAM, Kofi Bucknor, banquier d’investissement réputé et d’expérience, s’appuie aujourd’hui sur une équipe d’une dizaine de professionnels. Panos Voutyritsas étudie et monte les opérations d’investissement. Seyi Owodunni
gère le suivi des participations. Depuis Accra, au Ghana, siège opérationnel de KZAM, mais aussi depuis Londres et Johannesburg. Le Marocain Saad Aouad est chargé de l’Afrique francophone depuis le départ, il y a quelques mois, de Sofiane Lahmar, l’un des principaux associés de KZAM. Une défection qui n’est pas la première… Runa Alam, financière d’origine
Les trois dernières opérations ■ MIXTA AFRICA
Date : 2008 Montant : 45 millions d’euros Activité : Promotion immobilière de logements pour la classe moyenne Région : Afrique du Nord et Sénégal Objectif : Se développer sur de nouveaux marchés africains et proposer davantage de constructions pour les classes moyennes ■ THUNNUS OVERSEAS GROUP
Date: 2009 Montant: 14,3 millions d’euros Activité: Pêche et industrie du thon Pays: Côte d’Ivoire, Madagascar Objectif: Consolider les opérations, organiser la société, renforcer la distribution en France et se développer sur de nouveaux marchés, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ■ BuildWorks
Date : 2009 Montant : 15 millions d’euros Activité : Matériaux de construction Pays : Afrique du Sud Objectif : Acquérir une société active auprès du secteur énergétique, se développer sur le continent
bangladaise, a codirigé pendant cinq ans les fonds de KZAM avant d’être recrutée pour développer un nouveau venu sur la scène du capital-investissement panafricain : Development Partners International, où Sofiane Lahmar l’a rejointe récemment. Enfin, après avoir servi quelque temps comme cogérant aux côtés de Runa Alam et de Kofi Bucknor, le Sud-Africain Mark Jennings a lui aussi garni les rangs de la concurrence, aujourd’hui en tant que directeur du private equity africain à la banque d’affaires Investec. Autant de coups durs pour la jeune équipe. Mais, désormais doté de près de 500 millions de dollars, KZAM n’a pas perdu le sourire. Loin s’en faut. ■
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
109
MARCHÉS FINANCIERS
Interview Offong Ambah
« Un potentiel de 2 milliards de dollars » Conseil en fusions-acquisitions, levées de fonds… Pour le directeur d’Ecobank Capital, la banque d’investissement est un métier d’avenir sur le continent. P ROPOS
RECUEILLIS PAR
D
F RÉDÉRIC M AURY
JEUNE AFRIQUE : La banque d’investissement est une activité méconnue en Afrique. Comment la définiriez-vous ? OFFONG AMBAH : Sa principale mission est d’assister les entreprises et les gouvernements dans leurs levées de fonds. Elle agit ainsi comme un agent financier clé, à la différence des banques commerciales, dont le premier objectif est de recevoir des dépôts et d’accorder des crédits. De plus, elle fournit des services spécialisés, comme le financement de projets d’infrastructures, et d’autres activités dites de corporate finance, comme le conseil en fusions-acqui« LES CENTRES sitions. C’est un rôle central dans le fonctionnement des FINANCIERS marchés financiers, particulièrement en Afrique où nombre MONDIAUX ONT de secteurs, notamment celui des infrastructures, ont besoin UN RÉEL APPÉTIT de capitaux importants.
POUR L’AFRIQUE. »
Le conseil en fusions-acquisitions ou les levées de fonds en Afrique sont dominés par de grandes banques d’investissement internationales. Comment les structures locales comme Ecobank Capital peuvent-elles se faire une place ? Aujourd’hui, la force d’une banque d’investissement n’est pas seulement d’être une banque majeure. La valeur ajoutée tient aussi
110
ONYISI POUR J.A.
ans la réorganisation stratégique lancée en début d’année par Ecobank, Offong Ambah a un rôle central. Cet ancien dirigeant de la banque panafricaine au Nigeria, membre exécutif du conseil d’administration, a pris en charge le pôle banque d’investissement, Ecobank Capital, un des trois piliers (avec la banque de détail et la banque des grands comptes) du groupe. Il nous explique ce qu’est le métier de banquier d’investissement, une activité en plein essor en Afrique. à la connaissance locale des marchés, ce dont dispose Ecobank, seule banque au monde à être présente dans 30 pays d’Afrique. Nous souhaitons nous positionner comme un acteur clé sur le marché de la banque d’investissement, qui a un potentiel indéniable sur le continent. Aujourd’hui, nous estimons que ce marché représente près de 2 milliards de dollars [environ 1,5 milliard d’euros, NDLR] dans les plus importants pays d’Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud) : Ghana, Nigeria, Cameroun, Côte d’Ivoire, Kenya, Angola… Dans les trois prochaines années, ce marché devrait doubler pour atteindre 3 milliards à 4,5 milliards de dollars. Être installé dans les centres financiers internationaux donne un sérieux avantage… Il y a une reconnaissance du potentiel africain dans les grands centres financiers mondiaux, en raison de la croissance de notre région – la troisième au monde derrière l’Asie et le Moyen-Orient – et du taux de rentabilité des investissements étrangers (12 %), supérieur à ce qu’il est dans d’autres zones en développement. Pour capter cet appétit international, il y a une certaine logique à établir une présence formelle dans les centres financiers internationaux comme Londres. Les équipes auront pour objectif d’orienter les financements internationaux vers l’Afrique. ■
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
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CLASSEMENTS
MARCHÉS FINANCIERS JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
113
MARCHÉS FINANCIERS
Bourse Des places qui tournent au ralenti Année de recul pour Accra, de progression pour Tunis, 2009 aura été marquée par un fort fléchissement de l’activité sur les marchés d’actions et par la rareté des nouvelles cotations.
Q
u’elle semble loin, l’année 2007 ! La quasitotalité des Bourses africaines avaient alors enregistré des performances positives. Puis, en 2008, affectées notamment par le retrait des investisseurs étrangers, une bonne moitié d’entre elles avaient affiché des reculs. 2009 n’a guère été meilleure. Plusieurs marchés ont enregistré leur seconde année dans le rouge : la Bourse régionale des valeurs mobi-
tation de capital, les entreprises souhaitant généralement attendre des temps meilleurs pour lever des fonds. En revanche, plusieurs d’entre elles ont choisi de s’introduire via une simple inscription à la cote (un listing). La principale opération de ce type a été le listing de Vodacom, numéro un de la téléphonie mobile en Afrique du Sud, pour une valeur de marché dépassant les 3 milliards de dollars. Le Nigeria a également connu plusieurs opérations comparables. À UN NOMBRE HISTORIQUEMENT BAS D’INTRODUCTIONS Accra et surtout à Tunis, plusieurs entreprises ont égaleEN BOURSE A ÉTÉ ENREGISTRÉ SUR LE CONTINENT. ment réalisé des émissions supplémentaires ou des émislières (BRVM), basée à Abidjan, mais aussi les sions de droits préférentiels pour les actionnaiBourses du Kenya, du Nigeria ou du Maroc… res existants. La pire chute a été celle subie par le Ghana, qui Parallèlement, les entreprises africaines ou a reculé en 2009 de presque 50 %. principalement actives en Afrique ont poursuivi L’année ayant été contrastée, plusieurs leur utilisation active des marchés occidentaux, marchés ont toutefois retrouvé des couleurs et plus profonds, plus liquides et plus visibles que compensé en partie les pertes de 2008 : c’est le les marchés africains. Le groupe français de cas par exemple des Bourses distribution spécialisée CFAO d’Afrique du Sud, d’Égypte, a ainsi signé la plus imporde Mau r ice et de Za mbie. tante IPO africaine, avec plus POUR LE MEILLEUR C on n a i s s a nt s a s e p t i è m e de 800 millions de dollars ET POUR LE PIRE année de hausse consécutive, levés. À Toronto ou à Londres, Performances la Bourse des valeurs mobilièoù sont cotés nombre de titres des Bourses en monnaie locale res de Tunis (BVMT) est donc miniers africains, de nombreu(en %), en 2009 la seule grande gagnante de ses petites compagnies, telles Tunisie 48,38 20 09, avec une hausse de qu’African Minerals (mines) 48,4 % en monnaie locale. ou Afren (pétrole), ont financé Maurice 40,42 Gagnante sur le plan de la perleur développement par des Égypte 34,86 formance, la place tunisienne levées de fonds successives. Afrique du Sud 28,63 l’est aussi sur le plan de l’actiComme sur le front des Zambie 10,07 vité, comme le rappelle notre f u sion s-acqu i sit ion s (voi r Swaziland 4,12 classement ci-contre. Alors pages 118-119), l’année 2010 a qu’un nombre historiquement débuté sur un rythme d’activité Botswana 2,93 bas d’introductions en Bourse bien plus élevé. Plusieurs introNamibie - 2,01 (initial public offerings, IPO) ductions en Bourse ont eu lieu Tanzanie - 3,84 a été enregistré sur le contià Tunis, dont une, celle du disMaroc - 4,92 nent, la BVMT a sauvé la mise tributeur automobile Ennakl, Ouganda - 6,34 avec deu x I PO, dont cel le conjointe avec la Bourse de des Ciments de Bizerte pour Casablanca. En A frique du Kenya - 7,77 77 millions de dollars. Sud, les entreprises semblaient Malawi - 15,37 Les grands marchés afriégalement de retour, avec l’inBRVM (à Abidjan) - 25,89 ca i ns, l’ Ég y pte, le Ma roc, troduction record du groupe Nigeria - 33,78 l’Afrique du Sud et le Nigeria, hospitalier Life Healthcare, n’ont connu aucune introducpour 687 m i l l ions de dolGhana - 46,58 tion en Bourse avec augmenlars. ■ F RÉDÉRIC M AURY Source : Investec 114
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
MARCHÉS FINANCIERS
LES 40 PRINCIPALES OPÉRATIONS BOURSIÈRES EN 2009 RANG
SOCIÉTÉ
BOURSES
NATURE
MONTANTS LEVÉS (millions de $)
SECTEUR
1
Vodacom
Johannesburg SE
Listing
3 200
Télécoms
2
CFAO
Euronext
Introduction en Bourse
806
Distribution
3
Orascom Telecom
Cairo and Alexandria SE
Émission de droits
800
Télécoms
4
Unity Kapital Assurance
Nigeria SE
Listing
204
Assurances
5
Guaranty Trust Assurance
Nigeria SE
Listing
197
Assurances
6
Pinnacle Point
Nigeria SE
Dual Listing
182
Immobilier
7
Cadbury Nigeria
Nigeria SE
Émission de droits
146
Agro-industrie
8
eTranzact International
Nigeria SE
Listing
135
NTIC
9
Afren
London SE AIM
Émission secondaire
127
Pétrole
10
African Minerals
London SE AIM
Émission secondaire
105
Mines
11
Ecobank Transnational
Ghana SE / Nigeria SE / BRVM
Émission secondaire
100
Banque
100
Énergie
77
Ciment
12
Coal of Africa
London SE / Johannesburg SE
Émission secondaire
13
Ciments de Bizerte
BVMT (Tunis)
Introduction en Bourse
14
Sundance Resources
Australian Securities Exchange
Émission secondaire
77
Mines
15
Honeywell Flour Mills
Nigeria SE
Listing
65
Agro-industrie
16
Onatel
BRVM (Abidjan)
Introduction en Bourse
61
Télécoms
17
Platmin
Toronto SE / London SE AIM
Émission secondaire
61
Mines
18
Centamin Egypt
Toronto SE / London SE AIM
Émission secondaire
56
Mines
19
Ecobank Ghana
Ghana SE
Émission de droits
54
Banque
20
Zambia Sugar
Lusaka SE
Émission de droits
50
Agro-industrie
21
Moto Goldmines
London SE AIM
Émission secondaire
49
Mines
22
Bidvest Namibia
Namibia SE
Introduction en Bourse
45
Télécoms
23
Attijari Bank Tunisie
BVMT (Tunis)
Émission secondaire
44
Banque
24
Standard Chartered
Ghana SE
Émission de droits
34
Banque
25
Banque nationale agricole
BVMT (Tunis)
Émission secondaire
33
Banque
26
Magasin Général
BVMT (Tunis)
Émission secondaire
28
Distribution
27
Kalahari Minerals
London SE AIM / Namibia SE
Émission secondaire
27
Mines
28
Socapalm
Douala SE
Introduction en Bourse
24
Agro-industrie
29
African Medical Investments
London SE AIM
Émission secondaire
22
Santé
30
Amen Bank
BVMT (Tunis)
Émission secondaire
20
Banque
31
Fortress Income Fund
Johannesburg SE
Listing
18
Finance
32
African Consolidated Resources
London SE AIM
Émission secondaire
16
Mines
33
Tunisie Leasing
BVMT (Tunis)
Émission secondaire
15
Finance
34
CRDB Bank
Dar es-Salaam SE
Introduction en Bourse
14
Banque
35
SG-SSB
Ghana SE
Émission de droits
14
Banque
36
Fidelity Bank
Ghana SE
Émission de droits
13
Banque
37
Cal Bank
Ghana SE
Émission de droits
10
Banque
38
El Wifak Leasing
BVMT (Tunis)
Émission secondaire
5
Finance
39
National Insurance Corporation
Uganda Securities Exchange
Introduction en Bourse
4
Assurances
40
Servicom
BVMT (Tunis)
Introduction en Bourse
2
Télécoms
GLOSSAIRE Introduction en Bourse : introduction avec appel public à l’épargne Listing : introduction des titres sans levée de fonds Émission de droits : émission de titres réservée aux actionnaires existants Émission secondaire : nouvelle levée de fonds JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
115
MARCHÉS FINANCIERS
Private equity Nouveaux acteurs, nouveaux secteurs La fin des grandes opérations de capital-investissement en Afrique du Sud a permis à d’autres pays de figurer en bonne position dans notre classement 2009.
E
n 2009, près de 2 milliards de dollars (environ 1,4 milliard d’euros à l’époque) ont été investis en Afrique dans les 40 opérations de capital-investissement que nous reprenons ci-contre dans un classement unique. Une belle manne, certes, mais qui s’établit nettement en dessous des niveaux atteints au cours des années précédentes. La cause est connue : le ralentissement économique en Afrique du Sud. Ainsi, alors qu’en 2007 l’acquisition par emprunt (leverage buyout, LBO) du groupe financier Alexander Forbes s’était élevée à 1,2 milliard de dollars, et qu’en 2008 celle de l’énergéticien Alstom South Africa atteignait les 700 millions de dollars, aucune opération de cette taille n’aura été enregistrée dans la première économie africaine en 2009. Sur les dix premières opérations de capitalinvestissement de l’année, seulement quatre ont eu lieu en Afrique du Sud… Du coup, le reste du continent a pu s’octroyer une belle place dans notre classement. L’Égypte, notamment, s’est illustrée : deux de ses principales banques privées, Commercial International Bank et Bank of Alexandria, ont ainsi respectivement ouvert leur capital au fond de capital-investissement britannique
classée, avec une onzième place. L’Algérie, pourtant peu accueillante pour les capitaux étrangers, surprend avec 38 millions de dollars investis dans Asec Algeria, producteur de ciment, et Shoresal, promoteur immobilier. L’année 2009 aura également été marquée par l’émergence de nouveaux secteurs d’investissement. Le premier d’entre eux est la santépharmacie, qui suscite un intérêt croissant. African Medical Investments, qui exploite des centres de santé au Kenya, en Tanzanie et en Afrique du Sud, la chaîne hospitalière Hygeia Nigeria ou le centre de lutte contre le cancer Sweden Ghana Medical Centre ont ainsi bénéficié de levées de fonds importantes. Dans cette catégorie figurent également la compagnie pharmaceutique ghanéenne Lagray ou le Nairobi Women’s Hospital. Pour le reste, et à la notable exception des mines, les capitalinvestisseurs restent fidèles aux grands secteurs habituels : l’agro-industrie, les télécoms, les infrastructures et la finance. Notre classement montre également la montée en force de nouveaux investisseurs. Le britannique Helios, qui n’a débuté son activité sur le continent qu’en 2005, s’impose comme un leader avec deux des plus grosses opérations de l’année. La SFI, qui soutient depuis plus longtemps des entreprises afriLA CÔTE D’IVOIRE S’ILLUSTRE, AVEC 45 MILLIONS DE caines, multiplie les opérations et signe le quatrième investisDOLLARS INJECTÉS DANS THUNNUS OVERSEAS GROUP. sement de l’année. Le sud-africain Harith, gestionnaire du Actis et à la Société financière internationale Pan-African Infrastructures Development Fund, (SFI, filiale de la Banque mondiale), pour un fait également bonne figure avec 120 millions de investissement total de 444 millions de dollars. dollars injectés dans deux entreprises. Sans surprise, le Nigeria et le Kenya continuent D’autres capital-investisseurs devraient être à séduire, même si Lagos a sans aucun doute de plus en plus actifs. Parmi eux, le sud-africain souffert de la déconfiture boursière de ses banGroFin Capital, qui a achevé en 2009 la levée ques (voir pages 46-47). de son fonds GroFin Africa (170 millions de dolDerrière, les surprises sont plus nombreulars), ou le britannique Development Partners ses. L’A frique francophone, généralement International, qui a bouclé son premier fonds, oubliée des capital-investisseurs du continent, African DP 1. Mais la crise économique et finanaura cette année retenu leur attention. La Côte cière en Occident a douché quelques espoirs d’Ivoire s’illustre, grâce aux 45 millions de dolde voir de nouveaux grands investisseurs, par lars injectés dans le thonier Thunnus Overseas exemple des fonds souverains, s’intéresser au Group et aux 14 millions investis dans Planor continent. Les bailleurs de fonds classiques, Capital International, qui détient une particihabituels soutiens du capital-investissement pation dans la filiale locale de l’opérateur télépanafricain, ont donc dû poursuivre leur appui phonique MTN. La Tunisie est également bien à ce jeune métier. ■ F RÉDÉRIC M AURY 116
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
MARCHÉS FINANCIERS
LES 40 PRINCIPALES OPÉRATIONS DE CAPITAL-INVESTISSEMENT EN 2009 RANG
SOCIÉTÉ
PAYS/RÉGIONS
SECTEUR
CAPITAL-INVESTISSEURS
MONTANT INVESTI (millions de $)
1
Helios Towers Africa
Afrique
Infrastructures
HELIOS INVESTMENT PARTNERS - SOROS STRATEGIC PARTNERS RIT CAPITAL PARTNERS - ALBRIGHT CAPITAL MANAGEMENT
350
2
Commercial International Bank
Égypte
Banque
ACTIS
244
3
Rand Uranium
Afrique du Sud
Mines
PAMODZI RESOURCES FUND ADVISORS
209
4
Bank of Alexandria
Égypte
Banque
SOCIÉTÉ FINANCIÈRE INTERNATIONALE
200 145 100
5
INM Outdoor
Afrique du Sud
Médias
HELIOS INVESTMENT PARTNERS - RMB CORVEST CITI VENTURE CAPITAL INTERNATIONAL
6
Ecobank Transnational Inc
Togo-Afrique
Banque
SOCIÉTÉ FINANCIÈRE INTERNATIONALE
7
Essar Telecom Kenya
Kenya
Télécoms
HARITH FUND MANAGERS
94
8
Kwikspace Modular Buildings
Afrique du Sud
Ind. manufacturière
ABSA CAPITAL PRIVATE EQUITY - VANTAGE CAPITAL
65
ABSA CAPITAL PE - FRONTIER MARKETS FUND MANAGERS FMO - HARITH FUND MANAGERS
54
9 10
Aldwych International
Afrique
Infrastructures
African Medical Investments
Afrique du Sud-Afrique de l’Est
Santé
HARBINGER CAPITAL PARTNERS
47 45
11
Thunnus Overseas Group
Côte d’Ivoire-Madagascar
Agro-industrie
EMERGING CAPITAL PARTNERS - KINGDOM ZEPHYR AFRICA MANAGEMENT
12
TAV Tunisie
Tunisie
Infrastructures
SOCIÉTÉ FINANCIÈRE INTERNATIONALE
39
13
Main One Cable
Nigeria
Télécoms
HARITH FUND MANAGERS
30
14
SkyVision Holding
Afrique
NTIC
CITI VENTURE CAPITAL INTERNATIONAL
25
15
Wananchi Group
Kenya
Télécoms
EMERGING CAPITAL PARTNERS
25
16
ASEC Algeria
Algérie
Construction
SOCIÉTÉ FINANCIÈRE INTERNATIONALE
24 19
17
Brookside Dairy
Kenya
Agro-industrie
AUREOS CAPITAL
18
Hygeia Nigeria
Nigeria
Santé
SATYA CAPITAL
18
19
I&M Bank
Kenya
Banque
PROPARCO - DEG
17
20
Wasteman Group
Afrique du Sud
Gestion des déchets
MARLOW CAPITAL - MANAGEMENT
15
TLG CAPITAL - SCANDINAVIAN CARE - SWEDFUND ELEKTA - FIDELITY CAPITAL PARTNERS
15
21
Sweden Ghana Medical Centre
Ghana
Santé
22
Planor Capital International - MTN CI
Côte d’Ivoire
Télécoms
AFRICINVEST CAPITAL PARTNERS – CAURIS
14
23
Shoresal
Algérie
Construction
EMERGING CAPITAL PARTNERS
14
24
Almes
Maroc
Construction
EMERGING CAPITAL PARTNERS
12
25
Deli Foods
Nigeria
Agro-industrie
AUREOS CAPITAL
10
26
Sasfin
Afrique du Sud
Finance
SOCIÉTÉ FINANCIÈRE INTERNATIONALE
10
27
Reef Hout
Cameroun
Agro-industrie
AFRICINVEST CAPITAL PARTNERS
9
28
Sandbox Holdings
Afrique du Sud
NTIC
AUREOS CAPITAL
9
29
Curro Holdings
Afrique du Sud
Éducation
PALADIN CAPITAL
7
30
AllLife
Afrique du Sud
Assurance
LEAPFROG INVESTMENTS
7
31
New Forests Company
Afrique de l’Est
Agro-industrie
SANLAM PRIVATE EQUITY - SP AKTIF
7
32
Ciments du Sahel
Sénégal
Construction
AUREOS CAPITAL
6
33
Premier Finance Group
Zimbabwe
Banque
AFRICAN DEVELOPMENT CORPORATION
6 6
34
LaGray Chemical Ltd
Ghana
Pharmacie
AFRICINVEST CAPITAL PARTNERS - FIDELITY CAPITAL PARTNERS
35
Maghreb Leasing Algérie
Algérie
Leasing
SOCIÉTÉ FINANCIÈRE INTERNATIONALE – PROPARCO
5
36
Nairobi Women’s Hospital
Kenya
Santé
AUREOS CAPITAL
5
37
Sierra Fishing Company
Sierra Leone
Agro-industrie
MANOCAP
5
38
Agrolito
Espagne-Tunisie
Agro-industrie
RIVA Y GARCIA
4
39
Craft Silicon
Kenya
NTIC
FANISI CAPITAL
3
40
Bayport
Maurice
Microfinance
KINNEVIK
2
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
117
MARCHÉS FINANCIERS
Fusions-acquisitions Une année de répit Notre classement montre un fort ralentissement en Afrique en 2009, en raison notamment de l’échec de plusieurs opérations majeures. Une tendance qui s’est inversée début 2010.
L
e bilan des opérations de fusions-acquisitions (mergers and acquisitions, M&A) en Afrique, que notre hors-série publie pour la première fois, est à l’image de ce qu’il a été dans le reste du monde : déprimé. L’année 2009 aura en effet été, pour l’essentiel, celle des opérations manquées. Le premier de ces échecs a été le rapprochement avorté entre deux opérateurs télécoms émergents, le sud-africain MTN et l’indien Bharti Airtel, dans le cadre d’une opération valorisée à hauteur de 20 milliards de dollars. Depuis, Bharti s’est rattrapé en mettant la main sur les actifs africains du koweitien Zain, mais en 2010… L’autre échec de 2009 a été la fusion ratée entre deux géants miniers, le suisse Xstrata et le britannique Anglo American. Enfin, France Télécom aura bataillé toute l’année avec son partenaire égyptien, Orascom Telecom, pour la prise de contrôle de l’opérateur égyptien Mobinil. Un deal d’une valeur supérieure à 700 millions de dollars qui aura surtout fait naître une crise majeure entre les deux par-
été cédé au français Total et Chevron Nigeria à Corlay Global SA, une compagnie appartenant à un consortium ivoiro-nigérian. Au-delà, les télécoms continuent, malgré la raréfaction des attributions de licences ou des opérations de privatisation, à générer nombre de deals de taille. Le plus important aura été la cession par l’espagnol Telefonica et par Portugal Telecom de leurs parts, majoritaires, dans l’opérateur marocain Médi Télécom. Plusieurs repreneurs marocains, dont FinanceCom et Fipar, sont parvenus à monter les financements nécessaires pour reprendre des parts valorisées à plus de 1 milliard de dollars ! 2010 devrait voir les opérations de ce type se multiplier. En quelques mois, plusieurs accords ont été annoncés : celui entre Bharti et Zain ; mais également, en Afrique du Sud, la fusion des assureurs Momentum et Metropolitan et celle des groupes de casinos Tsogo Sun et Gold Reef Resorts ; et enfin la préemption par le pétrolier britannique Tullow Oil des parts de son partenaire canadien Heritage Oil dans le pétrole ougandais, pour 1,5 milliard de dollars. Par ailleurs, le secEN ACQUÉRANT LE CANADIEN ADDAX, LE PÉTROLIER teur bancaire nigérian devrait alimenter le marché, plusieurs CHINOIS SINOPEC S’EST PLACÉ EN TÊTE DE PELOTON. banques en difficulté étant clairement à vendre, et de tenaires, coactionnaires de Mobinil. L’opération, nombreux acheteurs, notamment sud-africains, non dénouée en 2009, aura finalement abouti s’étant déjà déclarés. en 2010, sous une forme satisfaisant les deux Toutefois, un phénomène croissant pourrait parties, Orascom restant au capital et France freiner les opérations de fusions-acquisitions en Télécom pouvant désormais consolider la filiale Afrique: la montée d’un réel nationalisme éconoégyptienne dans ses comptes… mique. En 2010, l’intervention du gouvernement Ces échecs auront coûté quelques plaalgérien a déjà clairement bloqué les intentions ces à l’Afrique dans le classement mondial de MTN de reprendre Orascom Telecom, dont des fusions-acquisitions. Fort heureusement, le joyau est Orascom Algérie (sous la marque d’autres opérations ont abouti : la valeur des Djezzy). De la même manière, les autorités zim50 opérations recensées ci-contre atteint plus babwéennes ont empêché la reprise de Shell et de 23 milliards de dollars (plus de 16 milliards de BP Zimbabwe par deux groupes étrangers, d’euros en 2009). La plus importante est l’acquile sud-africain Engen et le kényan KenolKobil. sition d’Addax Petroleum, société canadienne Objectif annoncé : favoriser un repreneur local. dont l’essentiel des activités se situe au Nigeria Une solution pour laquelle le Ghana semble égaet au Gabon, par le pétrolier chinois Sinopec. lement avoir opté : la société nationale pétroLe secteur des ressources naturelles dans son lière, GNPC, a en effet mis un coup d’arrêt à la ensemble a continué à alimenter le marché des vente des actifs ghanéens de l’américain Kosmos M&A. Parmi les opérations marquantes figure à son compatriote Exxon, pour 4 milliards de le désengagement de l’américain Chevron du dollars. Proposant aussitôt de les acquérir ellesecteur de la distribution : Chevron Kenya a même. ■ F RÉDÉRIC M AURY 118
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
MARCHÉS FINANCIERS
LES 50 PREMIÈRES OPÉRATIONS DE FUSIONS-ACQUISITIONS EN 2009 RANG
CIBLE (PART DU CAPITAL ACQUIS)
PAYS
ACQUÉREUR
MONTANT (millions de $)
SECTEUR
1
Addax Petroleum (100 %)
Canada - Nigeria - Gabon
Sinopec
7 200
Pétrole
2
Vodacom (15 %)
Afrique du Sud
Vodafone
2 450
Télécoms
3
ApexHi Properties et Madison Property Fund
Afrique du Sud
ApexHi
1 310
Immobilier
4
Bloc 32 (20 %)
Angola
Sonangol
1 300
Pétrole
5
AngloGold Ashanti (11 %)
Afrique du Sud
Paulson & Co
1 277
Mines
6
Médi Télécom (64,4 %)
Maroc
FinanceCom / Fipar / RMA Watanya
1 138
Télécoms
7
Camec
RD Congo
Eurasian Natural Resources Co (ENRC)
955
Mines
8
Samcrete Egypt (99,6 %)
Égypte
Samcrete for Engineering Investment
747
Construction
9
GFI Mining South Africa
Afrique du Sud
Gold Fields
624
Mines
10
Aspen Pharmacare (16 %)
Afrique du Sud
GlaxoSmithKline
594
Pharmacie
11
Moto Goldmines
RD Congo
Randgold / AngloGold Ashanti
520
Mines
12
Attijariwafa Bank (10 %)
Maroc
SNI
520
Banque
13
Sotelma (51 %)
Mali
Maroc Télécom
375
Télécoms
14
Wana (31 %)
Maroc
Zain / Al Ajial Investment Fund
324
Télécoms
15
VenFin
Afrique du Sud
Remgro
321
Finance
16
BMCE (4,9 %)
Maroc
CIC
270
Banque
17
MTN International Carrier Services
Afrique du Sud
Belgacom
239
Télécoms Banque
18
Imperial Bank (49,9 %)
Afrique du Sud
Nedbank
237
19
Mogale Alloys (84,9 %)
Afrique du Sud
Ruuki Group Oyj
234
Mines
20
Crédit du Maroc (24 %)
Maroc
Crédit agricole
211
Assurances
21
Blocs OML-125 et OML-134 (15 %)
Nigeria
Oando
197
Pétrole
22
Licence téléphonique
Tunisie
Orange / Divona Tunisie
192
Télécoms Télécoms
23
Verizon
Afrique du Sud
MTN
186
24
Libyan Emirates Oil Refining Company (50 %)
Libye
Trasta Energy
175
Pétrole
25
Warid Telecom Uganda & Congo (51 %)
Ouganda - Congo
Essar
150
Télécoms
26
Chevron Kenya
Kenya
Total
149
Pétrole
27
Beyti
Égypte
Pepsico / Almaray
115
Agro-industrie
28
Kibali Goldmines (20 %)
RD Congo
Randgold / AngloGold Ashanti
114
Mines
29
Union gabonaise de banque (58,7 %)
Gabon
Attijariwafa Bank
106
Banque
30
Wafasalaf (15 %)
Maroc
Sofinco (Crédit agricole)
103
Finance
31
Egyptian Glass Company (61 %)
Égypte
Guardian Industries
86
Verre
32
Crédit du Sénégal (95 %)
Sénégal
Attijariwafa Bank
80
Banque
33
Comanav (activités passagers)*
Maroc
Comarit
80
Transport
34
Mon Désert Alma
Maurice
Savannah Sugar
68
Agro-industrie
35
Consolidated Power Projects-Conco (100 %)
Afrique du Sud
Buildworks
66
Matériaux
36
Crédit du Congo (91 %)
Congo
Attijariwafa Bank
66
Banque
37
AK6 Mine (70 %)
Botswana
Lucara Diamond
49
Mines
38
Coal of Africa
Afrique du Sud
ArcelorMittal
44
Mines Agro-industrie
39
Mount Sugar
Maurice
Harel Frères
37
40
Société ivoirienne de banque (51 %)
Côte d’Ivoire
Attijariwafa Bank
36
Banque
41
iTalk Cellular (59 %)
Afrique du Sud
MTN
35
Télécoms Banque
42
Libyan Aman Bank
Libye
Banco Espírito Santo
35
43
Lundin East Africa et Lundin Kenya
Kenya
Africa Oil
20
Pétrole
44
Maheu
Zambie
SABMiller Africa
19
Agro-industrie Pétrole
45
Bloc de Ksar Hadada
Tunisie
PetroAsian Energy
15
46
Athi River Mining (11 %)
Kenya
Divers
14
Ciment
47
Al-Musharraf (75 %)
Soudan
El Rashidi El Mizan
14
Agro-industrie Finance
48
First Africa (75 %)
Afrique du Sud
Standard Chartered
13
49
Stramiflex (60 %)
Tunisie
Ober
11
Bois
50
Artumas (actifs)
Tanzanie - Mozambique
Maurel & Prom
10
Pétrole
* ESTIMATION
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
119
MARCHÉS FINANCIERS
Finances publiques Des comptes en bonne santé Les pays producteurs de pétrole se retrouvent naturellement en position privilégiée. Mais ils ne sont pas les seuls: la zone francophone compte aussi beaucoup de bons élèves.
M
ettre en lumière l’état des finances publiques africaines est un exercice difficile. Quels critères retenir? Quelle est la fiabilité de ces chiffres? En 2010 en Afrique, celle des comptes publics est encore toute relative. S’il existe un début de consensus sur l’évaluation de données économiques générales telles que le taux de croissance ou l’inflation, l’ampleur réelle du déficit public ou de la dette reste encore l’objet de débats entre économistes. Les chiffres que nous présentons ci-contre sont tous extraits des « Perspectives économiques africaines », une étude annuelle réalisée par la Banque africaine de développement, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique. Autres problèmes, non moins essentiels : la lecture dans le temps de ces données et la remise en contexte économique. Sur le premier point, notre classement, qui en est à sa première édition, profitera des années qui viennent pour mettre davantage en lumière l’évolution temporelle des principaux indicateurs des finances publiques.
déficits publics très importants? Accra, pourtant loué pour sa dynamique économique, a d’ailleurs vu sa notation rétrogradée par Standard & Poor’s en septembre 2010 en raison de la mauvaise santé de ses comptes publics. Le déficit public, de 14 % du produit intérieur brut (PIB) en 2008, aurait atteint 15 % en 2009 en raison de l’explosion des prix de l’alimentaire et du pétrole. Mais certains analystes estiment positives les réformes entamées par le gouvernement ghanéen ainsi que la perspective d’une manne pétrolière conséquente. En grande partie grâce à des initiatives de désendettement comme celles pour les pays pauvres très endettés (PPTE), les États africains affichent globalement une dette externe soutenable, même si elle reste abyssale pour certains, Liberia, Guinée-Bissau et Zimbabwe en tête. Très affectées par de longues années de crise économique, les finances publiques zimbabwéennes commencent à retrouver des couleurs: déficit public maîtrisé et amélioration des rentrées fiscales, négociations en vue avec les créanciers en matière de réduction de la dette, meilleur contrôle de l’inflation et relance générale de l’économie. De quoi espérer un retour prochain du SEULS DEUX PAYS AFRICAINS, LE GHANA ET L’ÉRYTHRÉE, Zimbabwe parmi les locomotives économiques du continent. AFFICHENT DES DÉFICITS PUBLICS TRÈS IMPORTANTS. Les pays du Maghreb et de la zone franc, à quelques rares Sur le second point, l’un des principaux enseiexceptions près, n’ont pas ce type de difficultés. gnements des tableaux ci-contre est que les pays Globalement, la maîtrise des comptes publics y pétroliers disposent de comptes publics globaleest une pratique généralisée. Sans doute en raison ment en meilleure santé que ceux affichés par les de la qualité des banquiers centraux, le Maroc, pays non pourvus d’or noir. la Tunisie, l’Algérie et l’ensemble des pays de la Ainsi, sept des dix plus importants excédents zone CFA continuent à afficher des taux d’inflapublics sont réalisés par des pays richement dotés tion très mesurés (entre 3 % et 6 %). En matière en pétrole. Six des dix pays disposant des réserde finances publiques, ils apparaissent comme des ves de change les plus conséquentes sont dans élèves consciencieux: rarement dans la catégorie le même cas. Car si le pétrole ne garantit pas le des plus endettés ou dans celle des pays affichant développement économique, il doit, a minima, les déficits publics les plus importants, ils sont en assurer une bonne santé des comptes publics. général dans la moyenne des pays africains. Un Sans surprise, plusieurs des plus gros producteurs score honorable sur un continent qui n’a nullement du continent – la Libye et l’Algérie notamment –, à rougir de l’état de ses finances publiques (même se retrouvent systématiquement parmi les plus si les chiffres que nous présentons ne reflètent pas vertueux dans nos tableaux. en totalité les difficultés de la crise économique Enfin, comment ne pas se satisfaire qu’en 2008, africaine, surtout active en 2009). En particudate des chiffres présentés ci-contre (car c’était la lier face à des pays occidentaux dont certains, et dernière année réellement fiable à l’heure où nous non des moindres, affichent des déficits publics mettions sous presse), seuls deux pays africains, supérieurs à 5 % du PIB (plus de 10 % pour le le Ghana et l’Érythrée, affichaient des niveaux de Royaume-Uni en 2009). ■ ÉRIC LEPONT 120
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
MARCHÉS FINANCIERS
État des lieux LES DIX PLUS IMPORTANTS EXCÉDENTS
EXCÉDENT/DÉFICIT PUBLIC EXCÉDENT PUBLIC (en % du PIB, chiffres 2008)
RANG
RANG
■
■
LES DIX PLUS IMPORTANTS DÉFICITS
DÉFICIT PUBLIC (en % du PIB, chiffres 2008)
26,9
1
ÉRYTHRÉE
25,4
CONGO
26,1
2
GHANA
14,0
3
GUINÉE ÉQUATORIALE
22,9
3
MAURITANIE
7,4
4
LESOTHO
19,5
4
GUINÉE-BISSAU
7,0
5
SÃO TOMÉ E PRÍNCIPE
17,5
5
ÉGYPTE
6,8
6
GABON
12,1
6
KENYA
5,9
7
ANGOLA
8,8
7
SIERRA LEONE
5,1
8
ALGÉRIE
6,0
8
SÉNÉGAL
4,8
9
NIGER
6,0
9
BURKINA FASO
4,4
10
TCHAD
5,2
10
ZIMBABWE
4,0
■ DETTE
EXTÉRIEURE
LES DIX MOINS ENDETTÉS À L’EXTÉRIEUR
DETTE EXTÉRIEURE (en % du PIB, chiffres 2008)
RANG
LIBYE
2
RANG
1
■
LES DIX PLUS ENDETTÉS À L’EXTÉRIEUR
DETTE EXTÉRIEURE (en % du PIB, chiffres 2008)
1
GUINÉE ÉQUATORIALE
0,6
1
LIBERIA
432,6
2
NIGERIA
2,2
2
GUINÉE-BISSAU
225,5
3
ALGÉRIE
2,7
3
ZIMBABWE
192,2
4
CAMEROUN
6,0
4
BURUNDI
134,3
5
LIBYE
6,2
5
RD CONGO
115,9
6
ZAMBIE
7,3
6
SEYCHELLES
102,8
7
BOTSWANA
9,3
7
CÔTE D’IVOIRE
79,1
8
MAURICE
9,4
8
SÃO TOMÉ E PRÍNCIPE
70,0
9
ÉTHIOPIE
11,0
9
GUINÉE
66,3
BÉNIN
12,1
10
MAURITANIE
59,9
10
LES DIX PAYS LES PLUS COUVERTS
DE CHANGE
RÉSERVES (en nombre de mois d’importation, or exclus, chiffres 2009)
RANG
RANG
■ RÉSERVES
■
LES DIX PAYS LES MOINS COUVERTS
RÉSERVES (en nombre de mois d’importation, or exclus, chiffres 2009)
1
LIBYE
51,8
1
RD CONGO
0,2
2
ALGÉRIE
48,4
2
MAURITANIE
1,6
3
BOTSWANA
25,7
3
SOUDAN
2,1
4
CONGO
19,7
4
MALAWI
2,4
5
NIGERIA
17,0
5
ÉTHIOPIE
2,8
6
BURUNDI
14,4
6
LIBERIA
2,9
7
GUINÉE ÉQUATORIALE
14,2
7
SEYCHELLES
3,4
8
GABON
14,2
8
TCHAD
3,5
9
GUINÉE-BISSAU
14,2
9
CAP-VERT
3,6
BÉNIN
12,0
10
ÉRYTHRÉE
4,2
10
INFLATION (en %, chiffres 2008)
LES DIX PAYS LES PLUS INFLATIONNISTES
INFLATION (en %, chiffres 2008)
1
ALGÉRIE
3,9
1
ZIMBABWE
2
MAROC
3,9
2
SEYCHELLES
37,0
3
GAMBIE
4,5
3
SÃO TOMÉ E PRÍNCIPE
26,1
4
COMORES
4,8
4
ÉTHIOPIE
25,3
5
TUNISIE
5,1
5
BURUNDI
24,5
6
GABON
5,3
6
ÉRYTHRÉE
19,9
7
CAMEROUN
5,3
7
KENYA
18,5
8
SÉNÉGAL
5,4
8
GUINÉE
18,4
9
CONGO
6,0
9
GHANA
18,1
GUINÉE ÉQUATORIALE
6,0
10
RD CONGO
18,0
10
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N° 25 ■ SPÉCIAL FINANCE - ÉDITION 2010
156,2
SOURCE : AFRICAN ECONOMIC OUTLOOK
RANG
LES DIX PAYS LES MOINS INFLATIONNISTES
RANG
■ INFLATION ■
121
POST-SCRIPTUM
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL
P O L I T I Q U E , É C O N O M I E , C U LT U R E Fondé à Tunis le 17 oct. 1960 par Béchir Ben Yahmed (50 e année)
L’ÉPARGNE OUI, L’ARNAQUE NON E VINCENT FOURNIER/J.A.
xperts de tous ordres, patrons de banque, chefs d’entreprise, économistes… Tous le disent : le financement efficace des économies africaines doit forcément passer par une meilleure mobilisation de l’épargne intérieure. Voilà des décennies qu’on ne cesse d’en parler, mais rien ou pas grand-chose n’a vraiment été fait pour relever ce défi majeur. Ni les banques ni les autres STÉPHANE BALLONG institutions financières n’ont jusque-là été en mesure de trouver une solution. Et pourtant, l’actualité de ces derniers mois en Afrique de l’Ouest vient confirmer ce que l’on savait déjà : l’existence dans nos États d’une manne énorme qui ne demande qu’à être collectée et injectée dans le secteur privé, créateur de richesse, pour peu que l’on ait de l’imagination. Cela, des individus véreux, via des sociétés illégales, semblent l’avoir mieux compris que nos institutions financières, archaïques dans leur fonctionnement, et n’ont pas hésité à exploiter le filon dans leur propre intérêt. Leur méthode, basée sur le principe frauduleux de la pyramide de Ponzi, est certes criminelle, mais les résultats auxquels elle a abouti interpellent. Dans quatre pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Togo), où les taux de bancarisation ne dépassent guère les 6 %, ces entités ont collecté, en un temps record, plusieurs centaines de millions d’euros en promettant des taux d’intérêt mirobolants allant jusqu’à 200 % par an. Ainsi au Bénin, ICC Services a réussi à engranger, à elle seule, près de 152 millions d’euros. Si aucune institution financière sérieuse et digne de ce nom ne peut proposer de tels rendements à ses clients, il va sans dire, au vu des montants mobilisés, qu’il existe un vrai potentiel. La demande en produits de placement plus rentables qu’une épargne classique en banque est tellement forte que les épargnants, des particuliers pour la plupart mais aussi des PME et TPE, sont naïvement tombés dans le piège de ces sociétés malhonnêtes. Certains d’entre eux se sont endettés, d’autres ont même vidé leur bas de laine pour confier leur argent à ces structures qui ont totalement échappé au contrôle des services de régulation de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, en s’immatriculant comme des ONG ou des entreprises commerciales. Tout cela est regrettable, mais rappelle aux acteurs de nos systèmes financiers la nécessité, sinon le devoir, d’innover et de sortir des sentiers battus pour proposer des produits attractifs et accessibles au grand public. En cela, les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), embryonnaires dans nos États et qui permettent au particulier, quel que soit son revenu, d’avoir accès à des investissements rentables, peuvent être une piste. ■ 122
Édité par SIFIJA
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