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Vincent Luis: objectif Tokyo 2020

À 29 ans, Vincent Luis est au sommet de sa carrière. Depuis quelques années maintenant, il côtoie régulièrement les podiums internationaux en individuel, avec notamment une médaille de bronze mondiale en 2015. Après la déception de sa 7e place aux jeux de Rio en 2016, il a décidé de tout mettre en œuvre pour atteindre son objectif ultime à Tokyo en 2020 : le titre olympique. Sa rigueur et son mental d’acier continuent de le propulser au meilleur niveau mondial. Sa maturité et son expérience l’aident à y rester en gérant son quotidien sans laisser de place au hasard.

Propos recueillis par Anne Odru

Quel est votre rythme d’entraînement ? Sur une semaine type, je m’entraîne 30 heures environ, avec 6 séances de natation et de vélo, et jusqu’à 7 séances de course à pied. On varie aussi les intensités des séances, les lundis et jeudis sont des journées plus faciles car c’est du 7 jours sur 7.

Comment organisez-vous vos stages tout au long de la saison ? Je passe la plus grande partie de l’hiver à l’étranger, souvent sur les îles Canaries ou aux Baléares car il n’y a pas de décalage horaire et que les conditions d’entraînement y sont très bonnes. Quand arrive l’été, je me déplace plus en fonction des compétitions. On court aux Bermudes en avril, je pars dans la foulée aux États-Unis pour optimiser et rester dans la zone géographique. Je passe donc l’hiver en Europe et voyage en été au gré des courses.

Devez vous vous adapter sur chaque compétition ? On commence par essayer de s’habituer en amont. Par exemple avant de venir sur l’étape WTS d’Abu Dhabi, j’ai couru à Singapour où il faisait très chaud et très humide. On se prépare de façon à s’adapter en amont avec des bains chauds, hammams…, on a tout un protocole d’immersion pour gérer la chaleur. Pour être prêt le jour de la course il faut aussi être frais physiquement et donc arriver reposé après avoi effectué une bonne préparation.

Avec votre maturité et votre expérience, comment gérez-vous votre staff et les différentes décisions que vous devez prendre pour vous mettre dans les meilleures conditions possibles ? Mon staff se compose de Joël Filliol, entraîneur canadien, de Drew Box, entraîneur assistant qui gère toute la partie logistique, et d’un physiothérapeute qui nous suit partout. Ces trois personnes-là font partie intégrante de mon quotidien, avec qui j’interagis et prends mes décisions concernant la planification des entraînements, la récupération, mais aussi tout ce qui gravite autour de l’organisation, des déplacements, etc.

Pourquoi les avoir choisis, eux ? C’est une question de sérénité. Je voulais pouvoir me lever le matin et n’avoir aucune question à me poser. Aujourd’hui, je n’ai qu’à regarder mon téléphone pour connaître l’entraînement du jour, je sais que les parcours à vélo sont définis à l’avance, que le rendez-vous chez le kiné est pris… toutes ces choses qui me simplifient la vie. Et puis, je n’ai que trois interlocuteurs qui travaillent ensemble depuis des années, ce qui facilite encore plus l’organisation.

Est-ce difficile de les laisser tout mettre en œuvre pour votre réussite et votre préparation physique malgré votre expérience ? Je pense que c’est un échange. On dit souvent que l’entraîneur voit, et que l’athlète ressent, l’inverse n’est pas faisable. Moi, je m’investis dans une relation entraîneur/entraîné à 100 %, et surtout je ne mens pas à mon entraîneur. Je pense qu’il n’y a rien à cacher et que si on veut avancer, il faut être transparent, se dire les choses quand ça va, mais également quand ça ne va pas. Cette relation s’est très vite installée avec Joël, en deux ou trois mois on est arrivé à avoir ce feeling. Il est capable de lire sur mon corps pendant les séances. Il sait selon mon attitude si je suis bien ou pas, et si je me pose des questions. On a vite trouvé cet échange non verbal et il n’y a pas de subordination, ce qui est parfait pour moi.

Comment faites-vous pour éviter les blessures ? J’ai un passé un peu chargé avec les blessures… Surtout avant les jeux de Rio où ça a été compliqué pour moi. C’est aussi pour ça que j’ai choisi Joël, car il a déjà un groupe de quinze athlètes à très haut niveau qui connaît très peu de blessures depuis plusieurs années. C’était important pour moi de me rapprocher de quelqu’un qui avait la réputation de garder ses athlètes en bonne santé. Résultat, j’ai passé mon premier hiver sans blessure. Depuis trois ou quatre ans et je me sens en bonne santé, en forme, je n’ai mal nulle part. C’est essentiel pour être en confiance.

La bonne santé passe également par la nutrition, quelle est votre approche sur le sujet ? J’essaie de faire attention à vraiment manger de tout. Quand j’ai besoin ou envie de me faire plaisir, je le fais. Je ne m’impose pas de restriction. J’ai la chance de ne pas avoir de soucis alimentaires, ce qui est tout de même un gros avantage. De plus, grâce à mon encadrement, j’évolue dans des lieux de stage où la nourriture est saine et fraîche, ce qui me permet de manger de tout. Je fais également très attention à mon hydratation, car je me retrouve souvent en altitude ou dans des endroits où il fait chaud. La nutrition est un travail au quotidien.

Avez-vous des rituels ou des habitudes alimentaires ? Avant les courses, je vais faire plus particulièrement attention à ce que je mange et ne pas faire de folies, peu importe où je suis, je vais essayer d’avoir toujours le même menu. Je préfère manger « simplement » et ne rien tester pour me contenter du poulet et du riz par exemple, tant pis si ce n’est pas ce qu’il y a de meilleur. Au moins, je sais que je vais bien digérer et ne pas être malade, et que ça va m’apporter ce dont j’ai besoin. Je respecte juste les bases.

Vous avez signé un partenariat avec Skoda®, en quoi consistet-il ? L’idée était d’évoluer sur un projet commun où l’on pouvait échanger et s’apporter des choses mutuellement. De mon côté, j’ai la chance de conduire une voiture et d’avoir certaines facilités concernant mes déplacements, ce qui est vraiment un plus pour moi. De leur côté, je les aide à développer leur image auprès des cyclistes et des triathlètes. On a donc décidé d’organiser des journées de coaching avant une compétition, comme j’ai pu le faire l’année dernière à La Baule. On a tiré au sort deux triathlètes amateurs que j’ai accompagnés pendant les deux jours avant leur course. Je leur ai donné des conseils, nous avons reconnu le parcours ensemble… j’espère qu’ils ont vécu une bonne expérience, car c’était assez sympa. La prochaine fois, je serai accompagné de Cassandre Beaugrand et je trouve que c’est un échange intéressant, car, en triathlon, on a la chance de pouvoir évoluer avec les amateurs sur certaines compétitions. C’est cet échange que nous souhaitons garder et faire perdurer avec Skoda®.

Quels sont les conseils que vous donnez aux amateurs ? Je leur explique les bases, même si pour moi c’est devenu un réflexe. Je leur dis de commencer à penser à leur transition avant la fin de la natation, afin de se projeter et d’imaginer les gestes qu’il va falloir faire une fois arrivé dans l’aire de transition. C’est pour les aider à ne pas paniquer et à bien savoir ce qu’ils vont devoir faire et ne pas oublier de mettre le casque, etc. Ce sont plein de petites choses comme ça qui peuvent paraître évidentes, mais quand on est un peu fatigué et sous pression, on oublie vite. Je pense que leur rappeler et même leur montrer comment faire, ça aide beaucoup. Je les ai également soutenus pendant la course, car je pouvais rester près d’eux. J’ai pu leur donner des conseils sur comment se placer à vélo à cause du vent, sur la pression des pneus… toutes ces questions qu’ils ne se poseront plus lors de leur prochain triathlon ! ✱

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