DOROTHéE BéCART Journaliste- rédactrice multimédia 33 ans - carte de presse n° 101674
BOOK
Portraits de marques et de dirigeants dans les univers design et high-tech
Extérieurs Design
Groupe Digicia Média Bimestriel déco/design consacré aux jardins contemporains
Rédactrice en chef (CDI, 2010-2013) Rédactrice en chef adjointe (CDI, 2008-2010)
STUFF
Groupe B&B Média Mensuel masculin dédié aux loisirs numériques
Rédactrice en chef adjointe (CDI, 2006-2008)
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m etalco Mobilconcepts
n vue portrait de marque
2008
icE n Les cuisines d’extérieur ne sont pas encore ancrées dans les mentalités européennes. Metalco Home fait figure de pionnier en la matière, puisque les premiers modèles sont apparus à la fin des années 2000. Ce module équipé d’une machine à glace permet de préparer toutes sortes de cocktails. Metalco Home, design Alfredo Tasca et Marco De Luca.
Entreprise transalpine au savoir-faire de pointe dans le domaine du métal, Metalco décline son expertise dans les domaines exigeants du mobilier urbain et du mobilier outdoor haut de gamme, s’appliquant, avec la complicité active de son ex-filiale française, Mobilconcepts, à gommer les frontières entre ces deux univers. Propos recueillis par dorothée bécart
Rencontre avec…
Arnaud Avezou
Directeur de Mobilconcepts
Quelle est l’histoire de Metalco et de ses fondateurs ? Metalco est née, en 1984, de la rencontre de deux hommes : Claudio Bertino et Alfredo Tasca. Le premier possédait une usine de profilés aluminium, le second était artisan et dessinait des clôtures. L’activité de Metalco a justement démarré avec les clôtures : à l’époque, il y avait peu de choix sur ce marché ; les deux fondateurs de Metalco se sont inspirés de la philosophie colorée de Benetton, une entreprise de la même région avec laquelle ils partageaient de nombreux liens. La croissance de Metalco a été fulgurante : l’entreprise est rapidement – cinq ans après sa création – devenue leader sur le marché du mobilier urbain, un marché qu’elle a littéralement créé en Italie.
Pourquoi Metalco, spécialisé dans le mobilier urbain, a poussé la porte des jardins privés, avec la gamme Metalco Home ? Alfredo Tasca cherchait à meubler son propre jardin, mais il ne trouvait rien qui lui convenait, que ce soit au niveau des formes, des fonctions ou des degrés de finition. Designer lui-même, il avait du mal à s’approprier les créations des autres. Comme il ne trouvait décidément pas son bonheur, il s’est dit : « Pourquoi ne pas faire dessiner ce mobilier et le produire nous-mêmes ? ». Il a montré le résultat à quelques personnes du milieu, avec un accueil favorable. Le designer Marco De Luca a fait son entrée chez Metalco en 2008 pour lancer la marque Metalco Home, aussi bien sur le plan du design, du marketing, du commercial et de la communication. Cela a permis d’avoir une logique de A à Z du produit.
Comment définiriez-vous le savoir-faire de Metalco ? L’avantage de Metalco, c’est d’être multimatières. Dans l’usine Metalco, tous les métaux sont travaillés : l’acier, le Corten, l’aluminium ou encore l’Inox. Il y a en interne une grande capacité à maîtriser ces différents matériaux. L’entreprise a également de forts partenariats dans le domaine du béton et de nombreuses industries du Veneto qui ont des savoir-faire très spécifiques. Par exemple, dans sa gamme de mobilier urbain, Metalco a sorti un banc signé Antonio Citterio. Pour le fabriquer,
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Mobilier sans frontières Metalco A été créée en 1984 dans le Veneto, en Italie. Pendant longtemps, l’entreprise s’est spécialisée dans la fabrication de clôtures métalliques, avant de diversifier son activité dans le domaine du mobilier urbain : parcs à vélos, bancs publics, jardinières... Côté français, Philippe Bourachot importait occasionnellement les
créations de Métalco. Son expertise dans le domaine du mobilier urbain et ses bonnes relations avec les dirigeants de Metalco le conduisent à créer Mobilconcepts en 1996, une filiale de Metalco dédiée à la distribution, en France, des produits de la marque italienne. En 2008, Metalco diversifie ses activités, en se lançant notamment dans la création
et la fabrication de mobilier outdoor haut de gamme destiné aux particuliers sous la marque Metalco Home, distribuée depuis fin 2012 en France par Mobilconcepts. La firme française se lance, en 2013, dans l’édition de mobilier urbain dessiné par le designer Marc Aurel ; des créations inédites mêlant métal et céramique qui seront fabriquées à l’usine Metalco, en
Italie. Si Mobilconcepts est, de fait, indépendant depuis 2010 – Philippe Bourachot détient désormais 80 % de son capital – ses relations avec Metalco demeurent très étroites. « La croissance des deux entités a été parallèle, les liens capitalistiques et personnels restent très forts » résume Arnaud Avezou, aujourd’hui directeur de Mobilconcepts. extérieursdesign
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n vue portrait de marque Rencontre avec…
Marco de Luca
designer et directeur commercial chez Metalco Home Comment avez-vous défini l’identité de Metalco Home à votre arrivée en 2008 ?
2006
Diva, Dea, Ela, Lua n Création du designer français Marc Aurel, cette collection de mobilier urbain également disponible pour les jardins privés tire parti de deux savoir-faire spécifiques à Metalco : la découpe laser et le Corten-maison, vieilli naturellement grâce à l’eau et au soleil. Metalco Home, design Marc Aurel.
2012
l’entreprise a fait appel… à un fabricant de rames de gondoliers ! Cette expertise en interne et ce réseau de partenaires permettent d’innover : ainsi, le banc en céramique dessiné par Marc Aurel, Onda, est une grande première, dans la mesure où la céramique n’avait jamais été utilisée pour le mobilier urbain. Cinq personnes travaillent chez Metalco dans la recherche et le développement sur de nouvelles matières. Au global, cette maîtrise résulte des compétences acquises dans le domaine du mobilier urbain, où les normes sont très sévères.
Le savoir-faire de Metalco sur le marché du mobilier urbain bénéficie à Metalco Home, qui pousse encore plus loin le travail sur les finitions pour créer des produits raffinés. La flexibilité de la gamme est également un atout. Nous ne voulons pas imposer de barrières à nos clients. S’ils veulent un modèle en acier ou en Inox, on le fait. Le « made in Italy » rend cela possible. Par ailleurs, nous avons un positionnement de niche : nous offrons une gamme restreinte mais précise sur certains segments, comme celui de la cuisine d’extérieur.
Passons de l’autre côté de la frontière, chez Mobilconcepts : comment parvenez-vous à travailler avec Metalco tout en cultivant votre différence ? La philosophie de Mobilconcepts, c’est « L’humain dans l’urbain ». Philosophie que nous étendons aujourd’hui au mobilier d’extérieur. L’idée est de décloisonner l’intérieur et l’extérieur, l’urbain et le privé. Metalco et Mobilconcepts sont différents mais se rejoignent sur certains codes comme l’élimination de ces frontières ou la prise en compte des besoins du client. Nous avons longtemps travaillé avec les communes, mais aujourd’hui nous avons davantage une conception « projet », que nous développons avec les architectes, les designers ou les paysagistes.
Comment Mobilconcepts est devenu à son tour éditeur de mobilier ? C’est une activité que nous démarrons officiellement cette année ; pour la première fois, nous allons sortir un catalogue. Pour la partie d’édition pure et dure de produits, nous travaillons avec Marc Aurel ; demain, d’autres designers pourront travailler avec nous, cependant nous resterons ultra-sélectifs pour ne pas nuire à l’image de marque
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Y. MONEL
Comment Metalco Home, nouvel arrivant sur le marché du mobilier outdoor destiné aux particuliers, très concurrentiel, peut-il se différencier ?
Station de bus Osmose n Cette station expérimentale RATP, à proximité de la gare de Lyon, a été imaginée par Marc Aurel comme un espace public multiservices, où l’on peut louer des vélos électriques, boire un café, surfer en Wi-Fi et consulter les informations de quartier. Toujours en place, elle a obtenu le Janus de la prospective, une étoile de l’observeur du design et le prix du design service. Metalco Mobilconcepts, design Marc Aurel.
Il n’existait que quelques collections, je suis donc presque parti de zéro. Pour moi, le marketing, c’est regarder cinq, dix ans en avant. Faire des recherches sur les matériaux, les textiles, mais aussi sur les couleurs. Je travaille également beaucoup dans la rue. J’écoute les femmes : ce sont les meilleures architectes
du monde. Elles ont le sens du détail ; c’est en écoutant l’une d’elles que j’ai eu l’idée de laisser un espace entre le plateau et la structure d’une table pour pouvoir glisser une nappe ou un chemin de table sans prendre le risque qu’ils s’envolent. Enfin, pour asseoir l’identité de la marque, toutes nos collections portent un nom italien, à l’image de la chaise Piegami (ce qui signifie « Pliezmoi »), car nous fabriquons en Italie et travaillons avec un réseau de partenaires italiens.
En tant que designer, est-ce intéressant de
travailler à quelques mètres de l’usine ? Je travaille autant dans mon bureau que dans l’usine : j’échange constamment avec les ouvriers, les ingénieurs : c’est la clé de la réussite d’un objet. Nous avons la chance de produire sur place : cela permet de travailler dans une philosophie d’amélioration continue.
Comment résumeriezvous Metalco Home, en un mot ? La convivialité. C’est le mot d’ordre qui guide nos créations : nos cuisines sont circulaires
pour qu’on se retrouve autour… toujours dans cette logique, je travaille actuellement sur de petites tables basses intégrant des enceintes, auxquelles on pourra connecter un iPod.
Qu’est ce qu’un produit réussi ? Je me rends toujours chez nos clients pour voir nos créations installées chez eux, pour voir si tout est parfait. Pour moi, leur satisfaction est signe de réussite ; elle déclenche un bouche-àoreille qui reste la meilleure des publicités, un peu comme sur le modèle de TripAdvisor.
de Metalco, qui fabrique ces créations dans son usine. Du côté de Metalco, la perception de ces collections est bonne, car ils connaissent nos relations avec le designer, qui est par ailleurs venu plusieurs fois à l’usine pour mieux en comprendre le fonctionnement. Le fait d’avoir fabriqué le prototype chez Metalco nous a permis de gagner du temps, de confronter les rêves du designer au savoir-faire du fabricant. Metalco a également, par le passé, édité des créations de grands designers, comme Pininfarina ou Antonio Citterio.
Le développement durable semble être également une valeur partagée par les deux entités… Nous ne pouvons tout simplement plus passer outre l’écoconception. Ce n’est même pas une philosophie : c’est une évidence. C’est ancré dans notre identité. Nous n’avons pas surfé sur la vague green, nous avons agi avant même de communiquer sur ce point. Les chaînes de peinture sont en circuit fermé et utilisent une poudre aux normes environnementales. Depuis 2009, Metalco fabrique des panneaux photovoltaïques ; les toits de l’usine en sont couverts, ce qui garantit son autonomie énergétique ; les matières premières utilisées sont toutes certifiées : acier recyclable, pierre naturelle, bois PEFC et FSC… le Corten est vieilli naturellement, avec l’eau et le soleil, sans recourir à des produits chimiques agressifs. Metalco et Mobilconcepts créent du durable, du beau, qui sera en dernier ressort respecté par le client.
2013
Collection Onda n En tant qu’éditeur, Mobilconcepts, avec la complicité des équipes de Metalco, propose une collection d’objets urbains utilisant pour la première fois, dans ce contexte, la céramique. Mobilconcepts, design Marc Aurel.
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c’est de saison
confidences histoire en terrasse ■ Des formes classiques de la collection Barcelona (au premier plan), l’une des premières de la marque, aux lignes épurées de Zofa, c’est toute l’histoire de Dedon qui se dessine sur cette terrasse new-yorkaise. Dedon, collection Barcelona, design Richard Frinier ; collection Zofa, design Harry & Camila.
Bobby Dekeyser
V
Des cages de but des clubs de foot munichois aux terrasses les plus sophistiquées, l’itinéraire de Bobby Dekeyser, le fondateur de Dedon, a de quoi surprendre. Retour sur la success story d’un éditeur qui a révolutionné le mobilier outdoor. PROPOS RECUEILLIS PAR DOROTHÉE BÉCART
20ANS
DE FIBRE DESIGN
ous avez eu une première vie de goal au Bayern puis au TSV de Munich avant qu’une blessure au visage, en 1990, ne change la donne. A-t-il été difficile pour vous d’abandonner cette carrière ? À ce moment de ma vie, le football était ma principale ambition professionnelle. Mais, alors que je me reposais à l’hôpital de Munich, j’ai découvert par les journaux que j’avais été remplacé. Étant au début d’une carrière prometteuse, j’aurais pu réclamer mon transfert, et d’ailleurs, je commençais à recevoir des propositions. J’ai d’abord éprouvé de la colère, puis j’ai profité de mon séjour à l’hôpital pour réfléchir à tout cela. Bien que j’avais réalisé mes rêves de petit garçon, je savais que je ne me sentirais jamais accompli en tant que footballeur professionnel. Le
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quotidien était trop dur, la pression trop forte, l’atmosphère chaleureuse d’un foyer me manquait. J’étais prêt pour une nouvelle aventure et j’ai toujours su, au fond, que je voulais être un entrepreneur. L’idée de créer Dedon est née là, sur un lit d’hôpital. Avez-vous néanmoins gardé des liens dans le monde du football ? Je suis toujours en contact avec mes anciens amis. Jens Lehmann, l’ancien gardien de but de l’équipe nationale d’Allemagne, est, par exemple, mon partenaire de jogging préféré ! Avez-vous déjà pensé à sponsoriser une équipe de football ? Mon cœur bat encore pour ce sport. Mais plus que le
sponsoring, j’aime encourager l’esprit et les valeurs du foot. C’est pourquoi Dedon a équipé le lounge des équipes nationales pendant les grands événements, notamment les Coupes du monde 2006 et 2010. Ce que vous a appris le football vous aide-t-il aujourd’hui à diriger votre entreprise ? Le football m’a appris à ne jamais abandonner. C’est une préparation unique à la vie. Cela entraîne votre esprit, vos réflexes, votre capacité de résistance, votre discipline, et vous apprend à être optimiste. C’est naturel d’avoir peur ; mais quand vous êtes sur le terrain, le seul moyen de surmonter cette peur est de croire en vous-même et en votre équipe, de ne jamais cesser d’avoir à l’esprit que, même si tous les éléments sont contre vous, vous allez gagner.
Dans quels domaines vouliez-vous, à l’origine, devenir entrepreneur ? Je n’en avais aucune idée ! Je voulais avant tout travailler avec ma famille et mes amis dans un environnement agréable, et que nous créions tous ensemble de belles choses en nous amusant. Nous avons commencé par imaginer des skis peints à l’airbrush. Ça a été un flop : sur les 1 000 paires de départ, seules 80 ont été vendues, parmi lesquelles 50 nous ont été retournées. C’était ma première entreprise, et j’étais déjà au bord de la faillite. S’il n’y avait pas eu les girafes, Dedon n’aurait pas survécu. Nous avons vendu 15 000 girafes en raphia venues de Madagascar à 50 euros pièce, peintes grâce au matériel qui nous servait à personnaliser les skis. On peut dire que
les débuts de Dedon ont été – c’est un euphémisme –, une période d’exploration ! Qu’est-ce qui vous a poussé à vous concentrer sur le mobilier outdoor ? J’ai toujours préféré vivre dehors que dedans. Il m’arrive de penser que j’ai dû naître dehors ! Avant même d’avoir un jardin, je dépensais plus d’argent pour décorer mon balcon ou ma terrasse que pour n’importe quelle autre partie de ma maison. J’achetais beaucoup de meubles en rotin, mais ils finissaient toujours par s’abîmer. Je pensais que l’extérieur méritait autant que l’intérieur un mobilier de qualité. C’est cette réflexion qui m’a conduit à créer des meubles qui conviendraient à une véritable pièce à vivre en plein air. Avec mon oncle Seppi, nous avons
développé une fibre synthétique souple mais solide, naturelle en apparence et pourtant résistante aux éléments. Nous avons déposé un brevet pour protéger sa formule secrète. Il nous restait à convaincre le reste du monde qu’il s’agissait d’une bonne idée ! En 1991, je me suis rendu à un salon à Cologne où j’ai rencontré un entrepreneur de l’île de Cebu, dans les Philippines, qui proposait du magnifique mobilier d’extérieur en rotin. Pourquoi ne pas demander aux artisans d’utiliser la fibre Dedon au lieu du rotin ? Six jours plus tard, un rouleau de 47 kg de fibre Dedon sur l’épaule, je partais à Cebu. Peu de temps après, je me suis installé avec ma famille dans cette Mecque des tisserands. Quand nous sommes revenus à la maison, six mois plus tard, Dedon était devenue une entreprise de mobilier outdoor. extérieurs design I 27
c’est de saison
confidences Pourquoi avoir choisi Richard Frinier pour votre première collaboration avec un designer ? Richard a su amener le luxe et la sophistication dans le jardin. Cela correspond parfaitement à notre idéal de pièce à vivre en extérieur. Il est aussi réputé pour sa maîtrise d’une vaste variété de styles, des formes contemporaines aux plus classiques. Nous travaillons toujours ensemble : il vient de signer une nouvelle collection, Tribeca. Plus récemment, vous avez travaillé avec le « pape du design », Philippe Starck. Qu’est-ce qui vous a attiré chez lui ? Le fun ! Philippe est extraordinaire dans tout ce qu’il fait. Au cours de sa prolifique carrière, il a réussi à imprimer sa sensibilité unique à toutes sortes d’objets et de lieux. Sa collection « Play with Dedon » permet au client de faire passer son propre sens de l’humour et sa créativité dans son choix de mobilier. À la fois profilé et organique, intelligent et décalé, avec des combinaisons de matériaux inattendues, son travail n’a jamais cessé de nous surprendre et de nous réjouir ! Si vous deviez choisir un seul meuble, pour incarner l’esprit de Dedon, lequel serait-ce ? Je choisirais Nestrest, l’une de nos dernières créations. Cette « cachette secrète » est l’incarnation par-
2003 Collection Orbit ■ Imaginée par Richard Frinier, designer historique chez Dedon, cette collection comportait un « berceau pour adultes » inédit, qui fera bien des émules.
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« de nouvelles tendances et une excellence impossibles à imiter » faite de notre style de vie au grand air. Grâce à sa structure organique, Nestrest transforme le traditionnel canapé de jardin en petite cabane, qui vous enveloppe chaleureusement et vous coupe du monde, comme dans un petit sanctuaire suspendu se balançant doucement au gré du vent. C’est l’endroit parfait pour se relaxer, méditer ou discuter.
et de l’implication que nous partageons avec nos designers résultent continuellement de nouvelles tendances et une excellence qu’il est juste impossible d’imiter !
Les lignes intemporelles de cette collection récente démontrent qu’à côté des audaces signées Starck ou Jean-Marie Massaud, Dedon soigne ses classiques. Dedon, collection Mu, design Toan Nguyen.
En quoi consiste votre nouveau concept, « Dedon Places » ? Ce sont des sortes d’auberges de jeunesse d’exception. Nous voulons inciter les gens à partager leurs expériences : par exemple, aller pêcher ensemble, puis cuisiner le fruit de leur pêche avec un chef formidable. Il s’agira de lieux uniques disséminés partout dans le monde, du chalet de montagne au lodge africain, des cabanes suspendues aux igloos. Le premier « Place » à ouvrir sera le Dedon Island Resort sur l’île Siargao (Philippines) : un lieu loin de tout avec une mer transparente et une flore luxuriante, que nous connaissons depuis une dizaine d’années. Ces lieux sont le reflet de l’esprit nomade de Dedon. Nous voyageons beaucoup, et cela nous amène à découvrir des lieux extraordinaires partout dans le monde. Nous voulons maintenant partager cette expérience.
Le succès de Dedon est en grande partie dû à la fibre tressée que vous avez développée. De nombreux éditeurs de mobilier vous ont copié. Quels sont vos sentiments envers eux ? Nous ne nous en occupons pas trop. Dans ce secteur, notre démarche reste unique : nous faisons tout nous-mêmes, de la fabrication de la fibre à la livraison du produit. Nous gardons notre esprit fixé sur des améliorations permanentes, et notre volonté est de fournir toujours plus de qualité à nos clients. Par ailleurs, la fibre Dedon est toujours considérée comme l’« originale ». Et puis du soin
Selon vous, la fibre synthétique est-elle toujours à la mode ? Notre succès le démontre. Néanmoins, nous nous orientons vers la combinaison du mobilier tressé avec d’autres matériaux à travers des concepts innovants, comme vous pouvez déjà le voir avec la collection Play, qui mêle l’aluminium poli finition miroir avec le teck, ou le polypropylène avec les fibres synthétiques. En étroite collaboration avec notre équipe de recherche et développement, les designers font leur possible pour mixer les nouveaux matériaux avec la fibre Dedon. Nous avons ainsi longuement étudié les attributs des nouveaux cuirs véritables traités, qui offrent la possibilité de créer des meubles confortables et élégants en plein
2004
2005 Collection Leaf ■ Avec ce
2009 Collection slim line ddc ■
lounger-feuille devenu une véritable icône de la marque, Dedon a été l’un des premiers éditeurs outdoor à s’aventurer sur le terrain du design biomorphique.
Après des années de monochrome, la fibre Dedon prend des couleurs. Sous la plume de Jean-Marie Massaud, elle reprend les motifs cultes de l’histoire de la mode.
Collection Obelisk ■ Ce curieux totem dessiné par Frank Ligthart comporte quatre fauteuils et une table basse. Un puzzle ingénieux et unique en son genre lors de sa création en 2004.
Audace et classicisme ■
air, et nous sommes aujourd’hui en mesure de proposer des coussinages en cuir outdoor.
Et que prévoyez-vous pour les vingt prochaines années ? Encore plein d’aventures folles. Nous n’avons que 20 ans, cela ne fait que commencer, après tout ! Nous sommes jeunes, frais, idiots, pleins d’énergie et d’idées.
2010
Collection Play ■ Philippe Starck rejoint l’écurie Dedon et imagine la collection Play, qui pousse encore plus loin la customisation de la fibre tressée et le mariage des matériaux.
2011
Nestrest ■ Inspirés par la tendance au repli sur soi et au cocooning en plein air, Daniel Pouzet et Fred Frety imaginent un cocon design suspendu... un havre de paix hors du temps.
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c’est de saison
confidences
Alex Alorda
Photo de famille ■ Sur ce cliché, les créations de Rodolfo Dordoni, Patricia Urquiola, Ana Mir et Emili Padros se partagent la vedette. Rares sont les éditeurs outdoor qui peuvent se targuer de réunir autant de designers internationalement reconnus ! Collections Maia, design Patricia Urquiola, Landscape, design Kettal Studio, Bob, design Hella Jongerius, Bitta, design Rodolfo Dordoni, et Zig-Zag, design Emiliana.
Chez Kettal, le meuble de jardin est une affaire de famille. Créée dans les années 60 par le père, Manuel Alorda, la griffe espagnole est aujourd’hui codirigée par le fils, Alex Alorda, vice-président du groupe. Comme on feuillette un album de souvenirs, il revient sur l’évolution d’une marque qui peut se targuer, aujourd’hui, d’avoir dans son catalogue les designers les plus en vue. PROPOS RECUEILLIS PAR DOROTHÉE BÉCART
LE DESIGN EN
Q
CONQUISTADOR
uelles circonstances ont amené votre père, Manuel Alorda, à fonder Kettal au début des années 60 ? Lors d’un de ses voyages en Europe, on lui a offert l’opportunité de représenter, en Espagne, des meubles de jardin et d’équipement de loisirs de la marque Kettler (NDLR : le groupe Kettler, fondé en 1949, existe toujours et continue à distribuer ce type de produits). Le nom de « Kettal » provient d’ailleurs de la contraction de « Kettler » et « Al-orda ».
Comment Kettal est-il passé de la distribution de matériel de plage et de camping à la création de mobilier de jardin plutôt haut de gamme ? Kettal a toujours eu un intérêt pour le design. Nous avons commencé par fabriquer nos propres meubles 18 II extérieurs extérieurs design design 18
de plage et de camping. À l’époque, nous étions déjà des pionniers dans le design et la fabrication de ce type de meubles. À partir de quand, et pourquoi Kettal a-t-il fait appel à des designers extérieurs réputés ? Au cours de l’année 2004, nous avons analysé le travail de divers designers, et Patricia Urquiola correspondait sans nul doute à ce que nous recherchions. Le concept de la collection Maia tout comme son design sont venus d’elle. Nous avons interprété et fabriqué son design, avec la connaissance et les technologies du moment. Cela a marqué pour nous le début d’un nouveau mode de travail. Avec la collection Maia que nous avons sortie en 2006, elle a réinventé le meuble d’extérieur à travers une nouvelle manière de tresser, lui apportant caractère, énergie et tridimensionnalité. Elle a permis à notre catalogue de meubles de jardin d’entrer dans une nouvelle ère.
Après quoi nous avons intégré à notre catalogue des designers nationaux et internationaux de renom tels que Marcel Wanders, Ana Mir et Emili Padros d’Emiliana Design, Hella Jongerius ou Rodolfo Dordoni. Comment choisissez-vous les designers avec lesquels vous travaillez et qui constituent chaque année les « têtes d’affiche » de vos collections ? Pour nous, il est très important que les designers partagent les valeurs de l’entreprise d’une part, et que leur style corresponde à l’esprit que nous souhaitons insuffler à la nouvelle collection d’autre part. Lorsque nous avons collaboré avec Marcel Wanders pour « Atmosphere », par exemple, l’idée était d’évoquer le rêve, à travers le pavillon, les rideaux et les meubles portant la griffe si caractéristique de ce designer. On voit beaucoup de créations Kettal dans des jardins contemporains créés par des paysagistes. Est-
ce que vous souhaitez à l’avenir encourager ce genre de collaborations ? Notre relation avec le monde du paysage est encore toute récente, nous commençons à peine à contacter et à travailler avec des paysagistes. Mais cette année, par exemple, nous avons repéré une jeune paysagiste, Maria Elena Acuna, à qui nous avons demandé d’aménager notre showroom de Barcelone. Comment ce changement de philosophie a-t-il été perçu par vos clients, particuliers ou professionnels de l’hôtellerie et de la restauration ? La nouvelle image reste fidèle au nouveau concept de Kettal. Cette image étant cohérente avec le concept et les valeurs que nous transmettons, notre clientèle l’a naturellement acceptée. Pour ce qui est du segment professionnel, les choses vont plus lentement, mais avec le temps les véritables changements de la marque Kettal seront mis en perspective.
KETTAL EN QUELQUES DATES 1964 : Création de Kettal Manuel Alorda distribue les meubles et le matériel de loisir de la marque allemande Kettler en Espagne, avant de créer ses propres collections à partir de 1967. 1971 : Ouverture du premier showroom Situé au centre de Barcelone, dans le même bâtiment que les bureaux de la direction. 1990 : Kettal s’ouvre sur le marché européen La marque augmente sa production et débute l’exportation de ses meubles. 1998 : Rachat de Hugonet La marque française créée en 1950 est un acteur
historique sur le marché européen du mobilier de jardin. La politique de rachat se poursuivra en 2002 avec Triconfort et Évolutif. 2006 : Patricia Urquiola signe la collection « Maia » Devenue emblématique de la marque, cette collection ouvre la voie aux collaborations avec des designers internationaux de renom tels que Marcel Wanders, Hella Jongerius ou Rodolfo Dordoni. 2010 : Kettal remporte le prix national du design Cette récompense, décernée par le ministre de la Science et de l’Innovation, distingue en Espagne les entreprises innovantes.
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c’est de saison
confidences Quels sont vos principaux clients ? Le marché se partage à parts égales entre les particuliers et le « contract ». Le marché des hôtels est important pour nous. Kettal est actuellement présent dans les extérieurs d’hôtels les plus luxueux tels que The Grand Iberostar à Mexico, l’hôtel Yas à Abu Dhabi, l’hôtel Mondrian à South Beach, l’hôtel La Finca en Espagne, ou l’hôtel Excelsior à Florence. Kettal a également meublé The World, considéré comme le plus grand yacht privé et le bateau le plus exclusif du monde. Cette clientèle a des besoins spécifiques, et c’est pour elle que nous avons développé des structures, des lits d’extérieur, des lampes, et tout un éventail d’éléments pouvant compléter le mobilier avec les mêmes coloris, les mêmes tissus, ce qui donne de la valeur ajoutée à ce type de projet. Un des points forts de Kettal est que nous offrons un service intégral, du concept à la mise en place, dans le monde entier. Côté particuliers, Kettal possède onze boutiques en son nom propre, des espaces uniques dédiés au meuble de jardin haut de gamme. La relation directe avec le client final nous permet de faire remonter les informations, leur vécu de consommateur, ce qui est d’une grande utilité pour le développement des collections et des nouvelles finitions. La force de nos établissements, c’est d’offrir un service personnalisé en décoration d’extérieur.
Que représentent les exportations dans votre chiffre d’affaires ? Nous exportons actuellement 70 % de nos produits et prévoyons d’atteindre 85 % d’ici deux ans. Vous avez récemment été distingués par le prix national du design 2010, décerné par le ministère espagnol de la Science et de l’Innovation. Que représente pour vous ce prix ? Chez Kettal, la relève générationnelle s’est faite il y a six ans. Un processus de changement et de régénération de la marque a alors débuté ; ce prix national du design est pour les équipes une reconnaissance qui confirme que nous sommes sur la bonne voie. Un prix de cette envergure apporte toujours un plus à une entreprise, même si notre ligne de travail restera la même, tous les jours en constante évolution, avec des ambitions nouvelles et toujours plus grandes. Pourquoi avoir racheté Triconfort et Hugonet il y a une dizaine d’années ? Parce qu’il s’agit de marques de luxe. Il faut tout de même savoir qu’Hugonet est la marque européenne de meubles de jardin la plus ancienne. Est-ce que vous essayez, avec Kettal, de véhiculer un certain art de vivre à l’espagnole ?
Kettal est plutôt synonyme de culture et de design, des valeurs qui se concrétisent dans notre fondation d’art contemporain Alorda-Derksen (NDLR : une fondation créée par Manuel Alorda et son épouse Hanneke Derksen, et qui soutient des artistes internationaux avant-gardistes invités à exposer dans une galerie de Barcelone). En quelques mots, comment résumeriez-vous la « griffe Kettal » ? Le mélange des styles, des matériaux, des valeurs culturelles et des éléments de décoration qui permettent de donner un caractère aux espaces. Quel est le jardin-écrin idéal pour les créations de Kettal ? Le concept de Kettal n’est pas fermé. Nous possédons des matériaux et des styles variés qui peuvent s’intégrer et fonctionner dans n’importe quel jardin. Quel est pour vous l’objet, le meuble-symbole de la marque Kettal aujourd’hui ? Actuellement, mes trois icônes Kettal sont le fauteuilclub et la balancelle Maia de Patricia Urquiola, et le fauteuil-club Bob dessiné cette année par Hella Jongerius. Mais si je ne devais en choisir qu’un seul, ce serait le fauteuil club Maia.
« Une marque en constante
Harmonie de gammes ■ Le mélange des genres est encouragé par Kettal, dont les gammes aux identités très différentes s’harmonisent parfaitement. La plupart des collections sont par ailleurs personnalisables à l’envi. Collections Manhattan et Landscape, design Kettal Studio, et Zig-Zag, design Emiliana Design.
Petit dernier ■ Présentée à Maison & Objet en septembre dernier, la collection Bob, signée par Hella Jongerius, redéfinit les codes du mobilier outdoor avec ses lignes futuristes et ses formes rebondies inédites dans les espaces extérieurs. Collection Bob, design Hella Jongerius.
évolution, des ambitions nouvelles »
1980 Collection Kettal Bambu
1990
■ Alors que l’osier fait fureur dans les jardins et dans
Collection Kettal Barcelona ■ Toujours au catalogue de la marque,
les intérieurs, Kettal imagine une collection d’inspiration exotique pour les extérieurs de charme.
cette collection en métal a l’élégance intemporelle des grands classiques.
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1998 Collection Kettal
2006 Collection Kettal Maia ■
Mondral ■ En aluminium et tissu Porotex
Avec cette gamme en fibre tressée signée Patricia Urquiola, Kettal se démarque de ses concurrents et entre dans une ère de collaboration avec des designers de renom.
disponible dans 28 coloris, cette collection séduit particulièrement les hôtels et les restaurants.
2009
2010 Collection Bitta ■ Rodolfo
des basiques indémodables, des chaises aux pergolas qu’un configurateur virtuel permet de personnaliser.
Dordoni a fait une entrée en fanfare dans le catalogue Kettal avec une collection en aluminium et cordes polyester aux lignes indémodables.
Collection Kettal Landscape ■ Le studio interne de Kettal imagine
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vondom
n vue PORTRAIT DE MARQUE
À chaque saison, Vondom étonne, avec ses créations imaginées par la crème des designers internationaux. Comment la personnalité innovante et impertinente de la jeune marque outdoor s’est-elle imposée dans nos paysages contemporains ? PROPOS RECUEILLIS PAR DOROTHÉE BÉCART
RENCONTRE AVEC…
José Albiñana
P-DG de Vondom
Qu’avez-vous apporté de nouveau sur le marché du mobilier en plastique rotomoulé, en comparaison avec vos concurrents comme Slide ou Qui est Paul ?
JOSÉ ALBIÑANA : Nous avons essayé de nous différencier en donnant une nouvelle destination à ce type de mobilier, en le rendant également plus élégant et en l’imaginant aussi bien pour les collectivités que pour les particuliers, ce qui n’est pas le cas, par exemple, de Slide, davantage tourné vers l’événementiel. J’estime par ailleurs que nous avons environ cinq ans d’avance, en termes de processus de fabrication, sur nos concurrents. Nous travaillons sur des machines à injection qui facilitent le rotomoulage ; nous les améliorons régulièrement ou en créons de nouvelles pour obtenir des formes impossibles, ce qui a par exemple été le cas avec les jardinières de la collection Alma. En nous améliorant, nous pouvons produire des objets aux formes organiques plus risquées tout en conservant la meilleure qualité possible. Notre département de recherche et développement comporte plus de dix personnes, mobilisées dans l’innovation des processus de fabrication. C’est ce qui nous permet de sortir très régulièrement de nouvelles collections. En ce moment, nous développons, en parallèle, une dizaine de gammes pour la prochaine saison !
Depuis la naissance de la marque, vous travaillez avec les plus grands designers internationaux, comme Karim Rashid, Javier Mariscal ou Ramón Esteve. Sur quels critères les choisissez-vous ? Nous essayons de travailler avec des designers effectivement très connus, qui donnent à Vondom une véritable impulsion en termes d’innovation. Nous les sélectionnons pour leur créativité, leur popularité, leur charisme également – comme c’est le cas pour Ora Ito et Fabio Novembre, avec qui nous allons bientôt travailler.
Comment parvenez-vous à les séduire ? Le premier contact se fait par mail ; nous leur envoyons un briefing. J’aime, ensuite, me déplacer pour les rencontrer dans leur studio ou leur
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COLLECTION VERTEX n Parmi les stars du design qui ont accepté de collaborer avec Vondom, Karim Rashid, a signé plusieurs collections marquantes pour la marque, dont la complexe et colorée Vertex, expression de sa fantaisie. Design Karim Rashid.
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n vue PORTRAIT DE MARQUE Quelle est votre façon de travailler avec les designers ? Cela dépend de la personne et du contexte. Il arrive que nous ayons besoin d’un objet spécifique ; il arrive également que nous leur laissions carte blanche. Si vous posez trop de limites, au départ, à un designer, cela limite également sa créativité et se ressent dans l’objet final. J’aime les laisser libres. Par exemple, le banc Cloud de Karim Rashid est une expression pure de sa créativité. En réalité, nous n’avons même pas échangé en termes de typologie de produit ; nous avons juste modifié ses dimensions pour le rendre plus confortable en tant que banc, sans en changer le dessin original.
Avez-vous eu souvent un coup de foudre immédiat pour un objet ?
Pouvez-vous en dire plus sur la collection sur laquelle vous travaillez avec Fabio Novembre ? Nous aimerions dévoiler sa collection au Salon de Milan au printemps prochain. Nous savons déjà de quoi il s’agit, mais Fabio, tout comme nous, préfère garder le secret ! Ce sera une collection complète, ultralégère, ultra-slim, avec quelques innovations et un jeu sur les couleurs. Du jamais-vu dans le mobilier en plastique rotomoulé ! Fabio a aimé travailler avec nous, parce que c’est la première fois, à ma connaissance, qu’on lui a demandé de créer une gamme complète de produits. Les autres éditeurs, comme Casamania par exemple (NDLR : pour lequel il a créé les fameux fauteuils Him & Her, aux courbes évoquant des corps masculins et féminins), lui demandent d'imaginer des « pièces » uniques, fauteuils, tables, mais jamais d’en créer des déclinaisons.
Comment assurez-vous une telle fréquence de production, avec une mise sur le marché quasi immédiate des produits que vous présentez pendant les grands salons de décoration internationaux ?
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VASES n L’une des premières collections développées par Vondom, et déjà quelques idées d’avance, comme ce dialogue entre l’objet (un banc circulaire faisant également office de jardinière) et le végétal. Design JM Ferrero.
atelier ; c’est lors de ces rencontres que nous pouvons vraiment définir ce que nous avons envie de faire ensemble. Après cette interview, par exemple, je vais voir Ora Ito, que j’ai déjà croisé plusieurs fois ; je ne sais pas de quoi nous allons parler ! Il fourmille d’idées, et il va me présenter la collection qu’il souhaiterait faire pour nous. Je ne sais absolument pas de quoi il s’agira, je suis un peu nerveux ! Il y a toujours une pointe d’appréhension avant qu’un designer me présente un nouveau projet, car il se peut que j’adore, mais il se peut aussi que je déteste ce qu’il va me montrer… Au fil des années, j’ai appris à ne pas donner mon opinion personnelle d’emblée… J’ai besoin de celle de mes collaborateurs, de mes clients, de mes commerciaux, sur un objet donné. Peut-on le produire, techniquement ? Va-t-il plaire ?
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Du dessin à la production, il se passe trois mois. Cela est possible car nous produisons notre mobilier uniquement en Espagne, ce qui nous permet d’être très réactifs. Chacun des objets de la marque Vondom sort de nos usines, à Valence. C’est un choix stratégique, car nous exportons beaucoup en Europe, notamment en France.
Est-ce une stratégie d’être très présent dans les foires internationales, et de présenter à chaque fois de nouveaux produits ? Ce n’est pas vraiment une stratégie : nous aimons tout simplement créer et développer de nouveaux produits ; c’est dans la nature de Vondom. Et comme ces produits se vendent très bien – nous exportons à 80 % nos créations, pour le moment nous ne subissons par conséquent pas trop les effets de la crise en Espagne –, cela nous permet d’investir dans de nouveaux projets à un bon rythme.
À quoi ressemble votre propre jardin ? C’est un jardin très espagnol dans l’esprit : il est grand, mais ne renferme que très peu de végétation. J’aime les jardins nets, j’ai donc choisi d’y mettre beaucoup de meubles mais peu de plantes. J’installe les prototypes dans mon jardin pour tester leur stabilité quand il s’agit d’une assise, pour voir si les plantes poussent bien dans le cas des jardinières… En réalité, mon jardin tient plus du terrain d’expérimentation !
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VELA n Selon son designer, Vela est « un système modulaire qui utilise la géométrie prismatique, dont la singularité repose dans l’équilibre des proportions. Ses volumes semblent flotter au-dessus du sol et, illuminés, se muent en architecture de lumière ». Design Ramón Esteve.
RENCONTRE AVEC…
Ramón Esteve designer de la collection Faz QU’APPRÉCIEZVOUS DANS VOTRE TRAVAIL AVEC VONDOM ? C’est une équipe jeune et dynamique avec qui je partage la passion du design et des choses bien faites. Leur maîtrise des technologies du plastique offre de larges possibilités, ce qui est très motivant pour un designer. Aujourd’hui, Vondom est une vraie référence dans le monde du design.
COMMENT DÉCRIRIEZVOUS, PLUS SPÉCIFIQUEMENT, LEUR SAVOIRFAIRE ? C’est une jeune entreprise, certes, mais qui bénéficie de la longue expérience de Plastiken, une autre marque de produits en plastique destinés à la grande distribution. Chez Vondom, il y a
une vraie équipe technique doublée d’une volonté d’innover et de créer de nouveaux produits. Ils sont très à la pointe et utilisent les dernières technologie de design assisté par ordinateur.
COMMENT DÉCRIRIEZ-VOUS VOS LIENS AVEC LA MARQUE ? Nous sommes en total accord avec nos objectifs : créer de nouveaux meubles et objets qui soient à la fois intemporels, innovants et inspirants. Notre lien, c’est le design. Les équipes de Vondom parviennent à comprendre le style de chacun des designers avec qui elles travaillent, et à les aider à concrétiser leurs désirs.
QU’APPRÉCIEZVOUS DANS LA CRÉATION
© JONATHAN SEGADE
Très souvent. Pour certaines collections, le doute n’intervient même pas. Par exemple, Faz, dessiné par Ramón Esteve (voir encadré ci-contre), que j’ai eu envie de produire dès le départ : c’est une collection au potentiel incroyable, qui grandit et est amenée à encore grandir, des canapés aux jardinières, grâce à des formes géométrique très « dures » qui se combinent merveilleusement bien entre elles. À l’opposé de cette démarche, j’aime les collections plus « douces » de Stefano Giovannoni, Pillow, Stones ou Blow, aux formes très organiques
D’OBJETS POUR LE JARDIN ? J’aime créer des espaces contemporains, et travailler à différentes échelles. Nous appliquons les mêmes critères qu’à l’intérieur de la maison pour créer, simplement, des espaces où nous aimerions vivre, ce que je fais pour Vondom mais aussi pour la marque de luminaires Vibia, pour De Castelli ou Gandía Blasco. Et il reste encore de nombreux chemins à explorer dans le domaine du design outdoor…
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LAMPES FAZ n La collection Faz exprime la quintessence de ses formes inspirées de l’origami dans ces luminaires en polyéthylène posés sur un piétement en métal et éclairés par des leds colorées. Design Ramón Esteve.
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Texte Dorothée Bécart Photos Ludovic Combe / DR
Parrot, Oiseau rare L’an dernier, Parrot a surpris son monde : passé maître dans la conception de kits mains libres à reconnaissance vocale pour voitures, le perroquet français a temporairement délaissé la voiture pour le salon en lançant un cadre photo numérique et des enceintes Bluetooth. Pour peu que l’on se penche sur l’histoire de l’entreprise et de son fondateur, Henri Seydoux, cette petite révolution n’a rien d’étonnant… « Je suis un homme de start-up, de nouveautés », avance timidement ce quadragénaire aux faux airs de Bill Gates. Ancien journaliste à Actuel, magazine branché des années soixante-dix et quatrevingt, ce self-made man est arrivé un peu par hasard dans le monde du high-tech. Il a suffi que sa route croise celle de Roland Moreno, l’inventeur de la carte à puce, pour qu’il fonce tête baissée dans l’informatique. « Il a eu dans ma vie une importance capitale : sans formation d’ingénieur, il a
inventé l’une des techniques phare des années quatre-vingt ». De quoi convaincre Henri Seydoux d’abandonner prématurément sa carrière journalistique… Embauché chez Micro-archi en 1982, le jeune autodidacte travaille sur un projet d’ordinateur de poche, on ne peut plus
« Développer un système par téléphone a été une galère, jusqu’au Bluetooth » avant-gardiste pour l’époque. Puis il crée sa propre boîte, Soft Seydoux, avant de se lancer dans la grande aventure de l’image 3D avec Pierre Buffin, devenu depuis l’un des grands noms de l’animation 3D en Europe – il a notamment dirigé les effets spéciaux du dernier film de Luc Besson, Arthur et les Minimoys. Courts-métrages, pubs et génériques télé – on leur doit notamment Crypto, la mascotte de Canal+
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dans les années quatre-vingt – : le tandem fonctionne, mais Henri Seydoux éprouve bientôt le besoin de changer d’air. Il fonde sa propre société, Parrot, en 1994, et sort, un an plus tard, le premier agenda électronique à reconnaissance vocale. L’idée est originale, mais peine à séduire le grand public, pas encore versé dans le nomadisme techno. « Aujourd’hui, il me paraît anachronique. On y croyait, et pourtant il n’a pas donné naissance à un usage ou à une mode », reconnaît l’intéressé. Contre toute attente, l’agenda Parrot est néanmoins adopté par une population bien particulière : les non-voyants. Une version spécialement conçue pour eux sort en 1997 : Ray Charles, Stevie Wonder, puis Amadou et Mariam ne jurent alors que par le Parrot+ ! L’entreprise est sauvée, mais Henri Seydoux voit déjà plus loin : il se met en quête d’applications de sa technologie dans le monde de la téléphonie mobile.
1995 Fondation de Parrot par Henri Seydoux.
1997 Lancement de l’agenda Parrot à reconnaissance vocale.
Création du Parrot+, agenda vocal pour les non-voyants.
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On peut avoir un perroquet pour logo et ne pas se contenter d’imiter les autres. Bien au contraire, Parrot essaie, depuis douze ans, d’anticiper les réflexes techno de demain. Portrait d’une entreprise en perpétuelle réinvention. Un entremetteur bien inspiré lui arrange un rendez-vous avec le directeur d’Ericsson, de passage à Bruxelles. Amusé par l’agenda Parrot, ce dernier l’invite en Suède, où on lui lance le défi de créer un système de reconnaissance vocale à même de fonctionner en voiture, dans un environnement bruyant. Henri Seydoux et son directeur technique, Nicolas Besnard, passent l’été le nez dans des études techniques, bidouillent leur agenda et reviennent en Suède avec un prototype qui fait ses preuves en quelques allers-retours entre Malmö et Lund. La technologie Parrot séduit Ericsson, puis Siemens et Sagem. Mais en plus de démarcher chaque marque, les Français se doivent de développer un système propre à chaque téléphone, « une vraie galère, jusqu’à ce qu’on découvre le Bluetooth ». Apparue à la fin des années quatre-vingtdix, cette nouvelle norme ne suscite pas immédiatement l’enthousiasme. Pour Parrot,
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le potentiel est pourtant évident : la marque va pouvoir enfin développer des kits mains libres universels, qui équipent bientôt les automobiles Renault, Peugeot et Nissan. Mais l’esprit de start-up rattrape encore Henri Seydoux. À la pointe de la reconnaissance vocale et du Bluetooth, Parrot s’oriente naturellement vers le marché naissant des systèmes audio sans fil avec le Parrot Sound System, puis la Boombox. Plus étonnant, la marque sort, l’an dernier, un cadre photo numérique. « Du high-tech fait main, made in Italy », précise malicieusement le PDG de Parrot, faisant référence à la finition cuir – au choix, croco ou zèbre ! – de ses Photo Viewer furieusement tendances. Il faut dire que le design est entre-temps devenu l’une des grandes préoccupations de l’entreprise, qui vient de remporter un IF Design Award pour son Driver Headset. « J’étais en train de lire un livre sur l’histoire de la Méditerranée et je suis tombé sur les statues cycladiques.
J’ai demandé à notre designer, Jean Etcheparre, de s’inspirer de leurs têtes pour le design de ces oreillettes ». Avec de telles sources d’inspiration, on est à peine étonné d’apprendre que le grand rêve d’Henri Seydoux est de créer le plus grand musée du monde… sur Internet ! « Malheureusement, je n’ai pas une minute à moi », déplore le PDG de Parrot, à la tête d’une PME en pleine expansion et cotée en bourse depuis l’an dernier. « C’est tous les jours plus intéressant… J’aimerais qu’on aille assez loin, et je pense qu’on va encore grandir » ajoute-t-il, confiant. Fort de ses succès dans l’industrie automobile et du bon accueil réservé à ses nouveaux produits, Henri Seydoux semble déjà ailleurs. « J’ai deux, trois fantasmes de produits dont je ne vous parlerai pas, parce que je compte bien les faire ». Ce drôle d’oiseau est décidément difficile à suivre…
2007
2006 Premier kit mains libres universel équipé du Bluetooth
Introduction en bourse. Lancement du Parrot Sound System, kit d’enceintes Bluetooth.
Lancement du Parrot Photo Viewer 7 pouces, cadre photo numérique aux finitions cuir ou bois. www.stuffmag.fr | 39
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Projet Nao
Texte Dorothée Bécart Photos Catherine de Torquat / DR
Le robot frenchy
L’histoire de Bruno Maisonnier, c’est celle d’un Au début des années quatre-vingt, il s’achète gamin en échec scolaire au collège qui, quelques son premier PC, un PET de Commodore, sur années plus tard, entre à Polytechnique. Pas lequel il s’amuse à écrire des programmes en Basic. « J’ai vraiment été acteur de la première très porté sur les études, le jeune adolescent préfère se plonger dans les bouquins de révolution des PC et j’ai acquis la conviction science-fiction. Un jour, c’est le déclic : fasciné qu’il allait se passer la même chose, un jour, par les gadgets plus ou moins improbables avec la robotique, et que je voulais en être ». qu’il croise dans ses lectures – en particulier les humanoïdes –, il demande à ses parents de IL CRÉE SES ROBOTS DANS SA « NICHE » l’inscrire à des cours d’électronique par Déterminé, mais décidé à attendre patiemment correspondance et rattrape du même coup le bon moment pour se lancer, le jeune homme son retard en maths et en physique à l’école. entre en société de services informatiques, avide À 16 ans, il construit son premier robot : de « voir plein de boîtes de l’intérieur ». Il pose « Comme je ses valises au Crédit Agricole, n’avais pas « J’étais convaincu qu’une qu’il ne quittera qu’en 2003 d’argent, il était après avoir dirigé l’informatique, révolution allait avoir en bois et les ressources humaines, j’avais taillé les la communication de la région lieu pour la robotique. » engrenages moiRhône-Alpes, redressé une même ». Il n’empêche : sa rudimentaire banque au Brésil et développé une entreprise créature se déplace, se rapproche et fuit la polonaise de crédit à la consommation. lumière. « J’étais tout content, mais je me suis Et les robots, dans tout ça ? Ils occupent tous vite dit que je pouvais faire beaucoup mieux, les loisirs du jeune Polytechnicien, qui continue en ajoutant par exemple des ultrasons ». à prendre des cours d’électronique et aménage Dès lors, la passion de la robotique ne le lâche chez lui un cagibi – que sa famille surnomme bien vite sa « niche » – pour fabriquer des robots plus. Reçu à l’X, il choisit soigneusement les options qui cadrent avec son violon d’Ingres. de plus en plus évolués. À la préhistoire de la
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Le projet Nao, UNE AFFAIRE À SUIVRE…
Il est né le 8 décembre 2006, il mesure 57 cm et pèse 4,5 kg. Nao, le petit robot français, est un peu le bébé de Bruno Maisonnier, qui en rêve depuis de longues années. Retour sur la gestation d’un des projets les plus passionnants du high-tech français.
synthèse vocale, il imagine un boîtier en bois criblé de touches, sommairement fabriquées à partir de boîtes de conserves repliées et de cabochons en bois. Chacune d’elle correspond à un phonème : « J’avais mis ça sur un robot qui avançait en roulant, en évitant les obstacles et en récitant Le Corbeau et le Renard ! » plaisante Bruno Maisonnier. « Ça faisait rigoler tout le monde, à la maison ». Lui succède un robot arachnoïde et d’autres inventions plus ou moins farfelues. « Mon épouse m’a toujours dit : mais qu’est-ce que tu attends pour créer ta boîte et faire des robots ? ». Et alors qu’on lui propose une nouvelle promotion au Crédit Agricole, il décide de tout plaquer et de se lancer, estimant que la technologie et le marché sont enfin mûrs – entre-temps, l’Aïbo de Sony a pointé le bout de son museau et le Robosapiens envahi les rayons des magasins de jouets. NAO, KÉSAKO ? Bruno Maisonnier se donne quelques mois pour faire le bilan des forces en présence dans l’Hexagone. Au cours de ses pérégrinations, il rencontre une poignée de passionnés prêts à foncer, comme lui, dans l’aventure. La bande de dingos des robots se divise en quatre groupes,
chargés chacun de créer un prototype selon des logiques et des savoir-faire différents. La plupart prennent sur leurs soirées et leurs week-ends pour façonner leur robot. Six mois plus tard, Bruno Maisonnier estime que ses troupes sont prêtes. Il crée Aldebaran et lance le projet Nao. « L’utopie directrice, derrière tout ça, c’est de
« Le 8 décembre 2006, Nao prend vie et salue ceux qui l’entourent. » faire un robot d’1,20 mètre, un alter ego fun avec qui discuter. Mais nous sommes partis sur un robot de petite taille, en se disant qu’on aurait deux ou trois étapes de robots commercialisés avant d’en arriver là » résume avec lucidité le patron d’Aldebaran avec en tête les prouesses d’Asimo, le robot de Honda, qu’il serait inimaginable de voir débarquer à court terme sur le marché pour des raisons d’autonomie et de coût. L’équipe s’étoffe au fil des mois, et les étudiants de quatrième année à l’école de design Créapole se chargent d’imaginer la bouille de Nao. Deux jeunes designers, Thomas Knoll et Erik Harlen, se
Jusqu’à la sortie commerciale du « robot frenchy », prévue pour 2008, Stuff suivra pas à pas le projet Nao. Nous vous emmènerons dans les coulisses de la création d’un humanoïde, du prototype au produit final, des débats acharnés sur son design au choix de sa voix en passant par toutes les difficultés – et les victoires ! – des ingénieurs qui le conçoivent. Un pari osé, une aventure passionnante, à suivre régulièrement dans nos pages ! Pour plus d’infos sur Nao, visitez www.aldebaran-robotics.com
détachent du lot et travaillent en étroite collaboration avec les équipes de mécatronique pour finaliser le prototype. Pendant la deuxième moitié de 2006, Aldebaran se métamorphose en ruche. Bruno Maisonnier s’est fixé une date pour la première démo, et tout le monde s’y tient, quitte à dormir sur la moquette. Moteurs, synthèse vocale et programmation sont minutieusement travaillés et le bébé-robot est assemblé… « dans la nuit du 4 au 8 décembre », plaisante le maître des lieux. Le 8 au matin, Nao prend vie, tourne la tête vers ceux qui l’appellent, leur fait coucou. « Pour moi, ça a été un moment très fort », reconnaît Bruno Maisonnier. « Ce dont on avait rêvé pendant des mois commençait à vivre ». Un membre de l’équipe résume le sentiment général : « C’était un peu comme si on venait de gagner la Coupe du Monde ». Quelques jours après sa « première naissance » – plusieurs prototypes doivent encore être fabriqués avant sa commercialisation à la mi-2008 – Nao est présenté au CES de Las Vegas. Et parle anglais avec un accent à la Maurice Chevalier. Les Américains, charmés, s’interrogent : « C’est quoi, un robot français ? ». Réponse dans le prochain épisode de la saga Nao, à suivre dans Stuff !
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Texte Dorothée Bécart Photos Gameloft/Ludovic Combe
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Il est bien loin le temps où l’on jouait au Snake sur son Nokia dernier cri. Aujourd’hui, la plupart des téléphones portables sont, potentiellement, de formidables consoles de jeux. Et les Français de Gameloft sont en passe de dominer ce nouvel eldorado.
Elles sont rares les entreprises françaises qui affichent une telle santé : fin 2005, Gameloft annonçait un chiffre d’affaires de 46,8 millions d’euros, en hausse de 102 % par rapport à 2004 ! Michel Guillemot, son P.-D.G. et fondateur, peut souffler : son audace est enfin récompensée. En 1999, alors que les mobiles n’offraient que de tristes écrans gris et servaient essentiellement à téléphoner – c’est tout ce qu’on leur demandait –, ce visionnaire a anticipé l’avènement de la deuxième génération de portables. « À cette époque, Sun a annoncé l’arrivée du Java mobile, qui permettrait de télécharger des jeux de très bonne qualité, se souvient cet ancien d’Ubisoft. Les conditions me semblaient réunies pour donner l’accès au jeu vidéo à des milliards de personnes qui n’étaient pas équipées de consoles ou de PC. » Il n’en a pas fallu plus pour que ce féru de nouvelles technologies se lance tête baissée dans l’aventure. Loin de se contenter de monter
un petit studio à Paris en attendant l’explosion du marché, Michel Guillemot a, dès le départ, ouvert des bureaux dans le monde entier. L’objectif ? Être à même de s’adapter rapidement aux évolutions des marchés locaux et profiter des faibles coûts salariaux de pays comme la Chine,
« Le secret ? De solides accords de licences avec l’éditeur de jeux Ubisoft. » la Roumanie ou le Canada (le Québec subventionne les emplois du jeu vidéo). Une fois la machine de guerre lancée, il ne restait plus aux petits soldats du jeu mobile qu’à attendre les premiers téléphones Java. Hélas, ceux-ci ne sont apparus qu’en 2002, obligeant Gameloft et ses partenaires à investir une année de plus… Loin de se décourager, Michel Guillemot a continué à fourbir ses armes en s’entourant
de jeunes talents aux profils atypiques et de commerciaux issus de l’univers des télécoms : ce n’est donc pas un hasard si l’actuel directeur commercial de Gameloft est un ancien de… Bouygues Telecom ! « Ils savent à quelle porte frapper et quel langage parler avec les grands noms de la téléphonie mobile », reconnaît Anne-Laure Desclèves, directrice de la communication depuis le début de l’aventure. Néanmoins, les premiers accords avec les opérateurs ont été le fruit d’âpres discussions : il a fallu deux ans et demi pour convaincre SFR ! Mais ce lourd travail de négociation est aujourd’hui récompensé : Gameloft est présent sur les cinq continents et vient de signer un accord avec le géant nippon des télécoms, NTT DoCoMo. 150 autres opérateurs font aujourd’hui confiance à l’entreprise française. Il est vrai que, entretemps, la presse spécialisée s’est entichée de Gameloft, primant à de nombreuses reprises des jeux comme Prince of Persia :
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Warrior ou Asphalt : Urban GT. De quoi rassurer les géants de la téléphonie mobile… Le secret de cette réussite ? De solides accords avec Ubisoft, qui, dès le départ, a pris 20 % du capital de Gameloft en échange de l’accès à ses prestigieuses licences, dont Rayman et Prince of Persia. Mais le tour de force de Gameloft est d’avoir réussi à imposer ses propres marques, comme le best-seller Real Football, qui rivalise, en terme de notoriété, avec les pachydermiques Pro Evolution Soccer et FIFA. Aujourd’hui, même les grands studios de cinéma viennent frapper à la porte de Gameloft : Viacom lui a confié les adaptations de La Guerre des mondes et de Mission : Impossible III, en licence exclusive. Ce joli succès a conduit Michel Guillemot à engager près de mille personnes supplémentaires pour la seule année 2005. Le très sérieux magazine Business Week dit de lui qu’il « embauche comme un fou » (« He’s hiring like mad »). Il faut dire que chaque nouveau titre doit être adapté à tous les téléphones portables Java : il existe pas moins de 1 500 versions différentes de Real Football 2006, le dernier jeu de la marque. « Et nous en sortons trente par an à ce rythme ! » précise l’heureux P.-D.G. de Gameloft. Une visite au studio parisien suffit à prendre la mesure de cette effervescence : des centaines de téléphones de toutes marques et de toutes origines grignotent l’espace vital des graphistes,
game-designers et programmeurs. Ces derniers sont débordés, mais ravis. « Sur console, nous sommes limités à des concepts existants, répétitifs. Nous, nous sommes juste en train de passer de la 2D à la 3D, ce qui nous laisse de belles années de perspectives, de développement et de création devant nous ! » s’enthousiasme Arnaud, game-designer. Mais le jeu mobile a ses contraintes, et pas des moindres : les jeux pèsent 280 Ko en moyenne, et seuls les téléphones très haut de gamme peuvent aujourd’hui accepter des applications de taille plus importante. « Cette contrainte d’espace nous force à rester au cœur du fun, tempère Anne-Laure Desclèves. Ce n’est pas parce que vous disposez de la technologie la plus pointue que vous allez vous marrer avec votre jeu. » L’« effet fun » fonctionne : les jeux de Gameloft se téléchargent comme des petits pains, certains accros avouant même y jouer… aux toilettes ! Et ça ne fait que commencer : si, aujourd’hui, un peu plus de la moitié des téléphones offrent une console Java, leur nombre devrait atteindre les deux milliards en 2008 ! Arnaud est optimiste : « Nous savons que la technologie va exploser. Nous aurons juste à la suivre et à nous adapter pour avoir les meilleurs jeux possible en fonction des nouveaux téléphones. » Soit de plus en plus de jeux en 3D… et multijoueurs – en cours d’expérimentation aux ÉtatsUnis grâce à la 3G. Déjà leader en Europe, Gameloft pourrait bien devenir LE géant du jeu mobile…
Casse-briques et valeurs sûres Le catalogue Gameloft est l’un des plus riches du marché émergeant des jeux pour mobiles. Des jeux de stratégie comme Platinum Sudoku ou Block Breaker Deluxe partagent la vedette avec des rouleaux compresseurs comme Prince of Persia, King Kong ou Mission : Impossible III, qui sort ce mois-ci, le même jour que le long-métrage. Le public féminin n’est pas négligé, avec les titres Totally Spies et New York Nights : Success in the City, une sorte de Sims où l’on incarne une jeune fille originaire de l’Alabama et qui part pour la Grosse Pomme dans l’espoir de devenir célèbre. Les jeux de course (Asphalt Urban GT) et les licences sportives rencontrent un grand succès, que ne devrait pas démentir le millésime 2006 de Real Football, une valeur sûre de Gameloft. Le principal concurrent de Gameloft est l’Américain Electronic Arts, qui a absorbé l’an passé et pour la modique somme de 680 millions de dollars, la société Jamdat.
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Archos,
geant
de poche Texte Dorothée Bécart Photos Ludovic Combe
Pionnier des baladeurs MP3 à disque dur et inventeur du baladeur vidéo, Archos est devenu l’un des outsiders les plus redoutables sur le marché des gadgets de poche. Portrait d’une marque nomade… en mouvement perpétuel.
Comme toutes les grandes légendes du high-tech, l’histoire d’Archos commence au fond d’un garage. Nous sommes à la fin des années 1980 et Henri Crohas, ancien de chez Total, se lance dans une nouvelle aventure : l’informatique. Il crée Archos – l’anagramme de son nom – en 1988. Pendant une dizaine d’années, l’entreprise produit des diffuseurs d’images et des bornes interactives implantées dans les lieux publics, et développe quelques consoles de jeux. En 1996, la société est en difficulté et Henri Crohas se tourne vers un nouveau marché : celui des périphériques pour ordinateurs portables, à l’époque dénués de lecteurs de CD-Rom intégrés. Qu’à cela ne tienne : Archos lance sa gamme de lecteurs et de graveurs CD-Rom ultra-fins et compacts, les premiers à puiser leur alimentation de l’ordinateur lui-même, et non d’un branchement sur le secteur. L’innovation est saluée par Toshiba, Acer ou encore IBM, qui accordent leur confiance à l’entreprise française.
Archos se met à gagner des marchés dans le monde entier mais Henri Crohas a déjà la tête ailleurs : en 1998, les premiers baladeurs MP3 font leur apparition sur le marché. Mais le Mpman d’Eiger Lab comme le Rio PMP 300 de Diamond se basent sur une mémoire Flash modeste, qui permet, au mieux, d’embarquer une petite demiheure de musique avec soi. Le PDG d’Archos
« Les baladeurs Archos entreront les premiers dans l’ère de la vidéo à la demande nomade. » pressent que l’avenir est ailleurs : en 2001, la marque sort le tout premier baladeur MP3 à disque dur, le Juke-box 6000, baptisé ainsi en référence aux 6 000 minutes de musique qu’il peut contenir. Creative, puis Apple et son fameux iPod suivent, et la marque à la pomme sort gagnante de la mêlée. « Apple nous a détrônés à un moment
où nous étions moins en avance techno logiquement, donc plus faibles », analyse Henri Crohas. Qu’importe : face à la pomme, Archos oppose sa pêche légendaire. Fin 2002, la marque sort son premier baladeur vidéo, trois ans avant l’iPod 5G. L’écran est encore modeste, le boîtier toujours un peu joufflu, mais les geeks et les early adopters adhèrent au concept, ce qui permet à Archos de revenir sur le devant de la scène. « Notre aura internationale s’est construite sur la sphère des utilisateurs et la presse », reconnaît le fondateur d’Archos. Avec la gamme Gmini, la marque prend une nouvelle dimension : plus design, plus ergonomiques, ces baladeurs ouvrent de nouvelles perspectives à Archos, qui continue d’innover sur le plan technologique en proposant le premier magnétoscope de poche, l’AV400. Le résultat ? « Aujourd’hui, nous sommes les seuls sur le marché à avoir une vraie gamme de baladeurs multimédia. Aucun de nos concurrents n’est capable de présenter une gamme de trois ou quatre baladeurs vidéo. » Pas même Apple, qui
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2006 le pari de la TV
ne s’est mis à la couleur qu’en 2004… et à la vidéo qu’à la fin de l’année dernière. La stratégie d’Archos serait-elle payante ? Alors que Rio, pionnier du MP3, s’est retiré de la compétition, que iriver, acteur historique, vient d’annoncer un plan de restructuration, et que Creative, pourtant l’un des concurrents les plus sérieux d’Apple, a annoncé des résultats trimestriels en demi-teinte, la marque française semble tirer son épingle du jeu. Plutôt que de vivoter parmi les suiveurs, Archos joue à « attrape-moi si tu peux » avec la firme de Cupertino. « Nous avons une aventure complètement séparée d’Apple. Les gens qui ont imité l’iPod ou se sont aventurés sur son terrain ont aujourd’hui de gros problèmes », constate Henri Crohas. D’ailleurs, tandis qu’Apple s’impose peu à peu sur le marché de la vidéo nomade, le fondateur d’Archos se lance de nouveaux défis : « Apple fait de la vidéo qui est très centrée sur le PC ou le Mac,
et basée sur un business model, celui de l’iTunes Music Store. De notre côté, nous nous sommes recentrés sur la télévision. » Premier coup de semonce : l’AV700 TV, déclinaison TNT du très bel enregistreur nomade de la marque. Archos a par ailleurs signé des accords de partenariat avec CanalPlus et Echostar, deuxième acteur de la télévision par satellite aux états-Unis, et, plus récemment, avec CanalPlay, permettant ainsi aux baladeurs d’entrer les premiers dans l’ère de la vidéo à la demande nomade. « J’aime sentir les nouveaux marchés, créer de nouvelles choses », reconnaît Henri Crohas, le regard en permanence tourné vers l’avenir. « Archos a la possibilité de devenir un grand de l’électronique parce que nous sommes sur des marchés dont la croissance est très forte et très rapide ». À coup d’innovations et d’audace, la marque de l’image est en train de se forger une vraie image de marque. Une marque de triomphes ?
Première incarnation de la nouvelle stratégie d’Archos, l’AV700 TV, avec son récepteur TNT intégré, a fait son apparition sur le marché de la vidéo nomade juste avant le coup d’envoi de la Coupe du monde. Malin ! La marque devrait également lancer, dès cet été, ses premiers baladeurs Wi-Fi, capables d’acquérir du contenu vidéo sans passer par la case PC. Voilà qui pourrait donner tout son sens à l’accord signé entre Archos et CanalPlay… Par ailleurs, Henri Crohas annonce d’ores et déjà la sortie de baladeurs-enregistreurs capables de recevoir de la télé sous IP, et se positionne sur le marché de la téléphonie 3,5G. Cette nouvelle norme, également appelée HSDPA, permettra, avec son débit de 2 Mo par seconde, de recevoir des programmes télévisés d’excellente qualité. « De la télé trop bonne pour un téléphone », plaisante le patron d’Archos, qui souhaiterait l’exploiter sur de nouveaux types d’appareils multimédia, en laissant toutefois de côté – pour le moment ? – la fonction téléphone. Une révolution qui devrait faire chavirer bien des petits cœurs de geeks !
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Textes Dorothée Bécart Photos DR
Des souris et des hommes
Il y a 25 ans, les montagnes suisses accouchaient d’une souris. Et pas n’importe laquelle, puisqu’elle a engendré à son tour un poids lourd de l’informatique, Logitech. Guerrino De Luca, son président depuis 1998, retrace avec nous la saga de l’helvétique mulot. l’innovation et le marketing comme aucun de nos concurrents ne peut le faire. Tout le défi de notre management tourne autour de ça : rester une grande petite entreprise, plutôt que devenir une petite grande entreprise.
Cette année, Logitech fête ses 25 ans. Estce un atout, aujourd’hui, de figurer parmi les pionniers d’un tel marché ? Nous sommes à la fois jeunes et expérimentés. C’est, je pense, un bel équilibre, parce que nous avons gardé tout l’enthousiasme et l’optimisme des jeunes. Néanmoins, en tant que société, nous avons beaucoup appris, parfois même, hélas, de nos erreurs. Bref, pour moi, Logitech est une jeune femme belle et expérimentée.
« Pour moi, Logitech est une jeune femme, belle et expérimentée »
… et cette « belle jeune femme » arrive-telle à garder la fraîcheur de ses débuts ? Il est vrai que la société est devenue plus lourde, au fil des années. Mais notre force, c’est que nos business individuels (les souris d’une part, les webcams ou l’audio d’autre part) sont restés relativement petits : nous pouvons garder l’esprit d’une petite entreprise dans chacun de ces mondes. Le risque de la taille, c’est de devenir une grande entreprise qui ne crée pas d’innovation. Néanmoins, notre échelle nous permet d’investir dans
Vous avez investi 5 % de votre chiffre d’affaire dans la recherche et le développement en 2005. Ce chiffre va-t-il encore augmenter ? Nous avons plus que deux fois et demie la taille de notre deuxième concurrent, plus de quatre fois la taille du troisième, et donc on peut se permettre d’investir. On a dépensé 90 millions de dollars en R&D l’an passé. À long terme, nous allons continuer à investir même si notre chiffre d’affaire augmente, ce qui est très rare dans ce monde. Et nous allons
1981
1982 Fondation de Logitech par le Suisse Daniel Borel et deux associés.
sûrement ouvrir de nouvelles voies, soit avec le développement interne au sein de chaque catégorie, soit par le biais d’acquisitions. Il est vrai que depuis votre arrivée en 1998, Logitech a racheté plusieurs entreprises. Comment avez-vous pensé ces acquisitions ? On a fait trois acquisitions importantes : Quickcam pour les webcams, Labtec pour l’audio, et Intrigue pour les télécommandes Harmony. Cela nous a permis d’accéder à des marchés technologiques sur lesquels nous n’étions pas encore présents. Quoi qu’il en soit, nous n’avons jamais fait de grande acquisition sous prétexte qu’elle augmentait notre chiffre d’affaire. Additionner des CA n’a aucun intérêt, et s’il y a un décalage en terme de culture d’entreprise, ça nuit au dynamisme et à la pérennité de la société. Lors d’une acquisition, nous avons besoin que les équipes puissent travailler très vite ensemble. La culture maison, c’est « party hard and work hard » (travailler dur, faire la fête). Ça doit rester comme ça quelle que soit notre taille !
1984 Première souris Logitech, la P-4
1985 Première souris sans fil infrarouge pour Metaphor
1989 Sortie de la C7, première souris grand public à moins de 100 $
Ouverture du siège américain et implantation en France
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500 millions Vous faites appel à des agences de design indépendantes pour concevoir vos produits. Pourquoi ce parti pris ? Design partners (N.D.L.R. : Studio indépendant irlandais qui dessine claviers et souris pour le compte de Logitech depuis 1994) connaît la marque comme nous, voire mieux que nous. Ils sont tellement intégrés à notre démarche qu’on les considère comme faisant partie de la famille. Je suis totalement convaincu que faire appel à des indépendants nous permet de garder une fraîcheur. Ils nous connaissent très bien, mais ils nous amènent toujours des idées qui nous paraissent étranges. Nous leur disons souvent : « Mais vous êtes fous ! », mais ces idées folles deviennent parfois des produits. C’est un challenge d’innover, de provoquer… Qu’est-ce que, pour vous, un bon produit, et quel a été le meilleur produit Logitech ? Un bon produit, c’est un produit qui surprend : vous ouvrez la boîte, vous l’utilisez, et vous avez une bonne surprise, ou la personne qui est assise près de vous vous demande ce que c’est. Ce sont des produits qui sont étonnants pour vous et qui vous posent comme
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un expert auprès des autres. Quant à choisir le meilleur produit de l’histoire de Logitech, c’est comme demander à un père de choisir un de ses enfants ! À l’inverse, quels ont été vos échecs ? Dans l’histoire de Logitech, nous avons souvent fait des produits bien conçus au niveau de la technologie, mais qui sont arrivés trop tôt. Faire des produits trop tard, c’est grave, mais du point de vue financier, c’est aussi fâcheux de les sortir trop tôt. Le premier appareil photo numérique, c’était nous, avec Photoman. On a également développé et essayé de vendre une caméra vidéo numérique bien avant Quickcam… est-ce que c’était des mauvais produits ? Non, mais du point de vue commercial, ils nous ont beaucoup appris. Ces faillites commerciales ont été des éléments du succès futur. Vous êtes un ancien de chez Apple. Voyez-vous des points communs entre les deux entreprises ? Chez Apple comme chez Logitech, nous fabriquons des produits conviviaux. Mais aujourd’hui, je pense que nous avons une base de clients beaucoup plus vaste qu’Apple, on touche beaucoup plus de monde, on vend plus de souris qu’Apple a vendu d’iPod. De quoi être fier !
1998 Première souris sans fil par radio, la Logitech Mouseman Cordless
2000 Rachat de Connectix et de sa gamme de webcams, Quickcam
135
produits lancés la seule année 2005
pays abritent des bureaux Logitech
5%
Première souris laser, la Logitech MX 1000 Laser Cordless Mouse
30
du chiffre d’affaire réinvesti dans la recherche et le développement
25
de webcams vendues 2006
2004 Première souris optique
de souris vendues depuis 1981
millions
Sortie d’une souris nouvelle génération, la MX Revolution
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Éric Viennot et Lexis
LE JEU À (H)AUTEUR D’HOMMES Textes Dorothée Bécart Photos S. Loegel
Avec des titres aussi mémorables que l’Oncle Ernest et le très sombre In Memoriam, Lexis Numérique s’est imposé comme un acteur majeur du paysage vidéoludique français. Stuff a braqué ses caméras de surveillance sur son fondateur, Éric Viennot, et sur Nicolas Delaye, auteur du très prometteur Expérience 112. Retour arrière. Dans les années quatrevingt, Éric Viennot est professeur d’art plastique et membre du collectif Équipage 10, au sein duquel il se distingue par ses créations vidéo. En rencontrant sa future épouse, Marie, il fait également la connaissance du frère de celle-ci, José Sanchis, un ingénieur qui l’initie aux joies de l’informatique. Les deux beaux-frères s’achètent un Amiga et s’exercent au graphisme 3D, puis gagnent un prix de l’innovation en présentant un projet de banque de donnée numérique pour les graphistes. Un peu trop en avance sur leur temps – Internet n’est encore qu’une lointaine chimère – Éric, Marie et José franchissent tout de même le cap de la création d’entreprise : Lexis Numérique naît de cette histoire de famille et de talents conjugués. Pause. Lexis entame sa première vie comme studio de design graphique, produisant des images 3D fixes qui illustrent des livres et des magazines prospectifs comme Science et Avenir. Très vite, les éditeurs multimédias comme Ubisoft
1990
1998 Création de Lexis Numérique
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Héroïne d’Expérience 112, Léa Nichols essaie de s’échapper d’un tanker.
et Micro Application – qui éditeront quelques années plus tard les jeux Lexis – font appel à eux pour imaginer le packaging de leurs logiciels et de leurs jeux vidéo. « J’ai commencé par faire la boîte avant de m’intéresser à l’intérieur », plaisante, rétrospectivement, Éric Viennot. À cette époque arrive le CD-Rom, qui bouleverse le marché : les éditeurs, qui faisaient tenir leurs programmes sur des disquettes 3,5 pouces, disposent soudain d’un espace considérable dont ils ne savent que faire. Lexis est alors sollicité pour réaliser des interfaces et des images animées en 3D pour des encyclopédies destinées aux enfants. Forte de cette expérience et de l’embauche d’ingénieurs chevronnés, la famille Lexis s’agrandit et accueille un sacré tonton : l’oncle Ernest. Avance rapide. Empruntant aux univers de Tintin et de Jules Verne, le premier jeu d’Éric Viennot, L’Album secret de l’oncle Ernest, connaît un succès immédiat : il s’en vend 30 000 exemplaires en un mois, tandis
que les récompenses pleuvent. Un sacré coup d’accélérateur pour Lexis, qui devient une référence dans le jeu pour enfants, à tel point que Disney lui confie la réalisation du jeu Le Livre de la Jungle. « On a fait jouer des enfants américains sur des projets totalement réalisés en France », s’amuse, avec une pointe de fierté, Éric Viennot. Les concurrents n’étant pas nombreux dans le secteur du jeu ludoéducatif, le studio sort une trentaine de jeux qui obtiennent tous un beau succès. « Pourquoi tu ne fais pas un Oncle Ernest pour les adultes ? » lancent, comme un défi, les amis d’Éric Viennot… Vision de nuit. En s’adressant à un public plus mûr, ce fan de polar va bousculer l’image « gentille » de Lexis. Un jour, il se met à faire des recherches sur un scénariste dont il a reçu un manuscrit. C’est en se livrant, sans préméditation, à ce petit jeu qu’on n’appelle pas encore « googlisage », que lui vient l’idée d’un jeu utilisant l’Internet pour la recherche d’indices.
2003 Premier volet des aventures de l’Oncle Ernest, qui remporte le prix multimédia Möbius et s’écoule à 300 000 exemplaires dans le monde
Premier volet d’In Memoriam (In Memoriam : la Treizième victime). Sortie d’Alexandra Ledermann 4 : Aventures au haras
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Le très sombre In Memoriam, qui met en scène Quand Lexis décide de lancer un nouveau jeu l’un des serial killers les plus marquants de d’aventures, il se jette frénétiquement dans l’histoire du jeu vidéo, voit le jour, lui permet- l’écriture d’un scénario : l’univers « Big Brother » tant de renouer avec sa première passion : et post-guerre d’Expérience 112 naît sur le la vidéo. Le jeu devient instantanément culte, papier. Complètement impliqué dans l’histoire, fédérant autour de lui des communautés le joueur doit aider la scientifique Léa Nichols de joueurs passionnés, qui avec le deuxième – Nicolas Delaye a donné à son héroïne le préopus reçoivent en sus SMS et coups de télé- nom de sa fille ! – à sortir d’un mystérieux tanphone plus inquiétants les uns que les autres. ker à travers les vidéos diffusées par les caméras « Ça nous a fait rentrer dans la cour des de surveillance. Un concept original, dans la grands », se souvient Éric Viennot. « Des gens lignée d’In Memoriam : « L’idée n’est pas de comme Nicolas Gaume ou Frédéric Raynal faire un coup médiatique, mais de faire avan(N.D.L.R. : le papa d’Alone cer le schmilblick », in the Dark) sont venus reconnaît le papa « J’ai dit à l’équipe : me féliciter. C’est alors d’Expérience 112, lâchez-vous, tout que j’ai dit à l’équipe de dont c’est la première Lexis : “lâchez-vous, tout œuvre originale. est possible ! » Mise au point. est possible” ». Car loin de savourer son succès en solitaire, Éric Viennot « Faire avancer le schmilblick », un credo en forme le partage avec ses collaborateurs, pour cer- de boutade qu’il partage avec Éric Viennot, tains membres depuis de longues années de pour qui la notion d’auteur est fondamentale. « Aujourd’hui, on est arrivés à un tel niveau de la famille Lexis. Zoom. Parmi ces jeunes pousses, Nicolas technicité que ce qui fera la différence, Delaye, designer touche-à-tout et caricaturiste à terme, c’est le point de vue, la vision de à ses heures, se distingue rapidement en multi- l’auteur qui est derrière le jeu », explique celui pliant les casquettes sur la série Le Poisson arc- qui fut adoubé, l’an dernier, chevalier des Arts en-ciel, un jeu tiré d’une célèbre collection de et des lettres, un honneur qui le satisfait davanlivres pour enfants. Créatif avant tout, ce fan de tage pour la reconnaissance du jeu vidéo cinéma, doté d’une vraie culture de l’image, comme enjeu culturel qu’à titre personnel. prend l’injonction d’Éric Viennot (« lâchez- Et de conclure : « Un jeu vidéo réussi fait passer vous ») au pied de la lettre. Le déclic vient d’un des émotions esthétiques, comme une œuvre voyage à San Francisco. Dans un magasin, d’art ». Cette vision, qui détonne dans le monde Nicolas tombe nez à nez avec un… périscope, très concurrentiel du jeu vidéo, porte depuis dix dans lequel sont diffusées des images en boucle ans des projets toujours plus audacieux, avec issues des caméras de surveillance du magasin en ligne de mire les consoles de troisième génédans le cadre d’une installation artistique. ration comme la Wii. Chapeau, les artistes !
2004 In Memoriam remporte le prix SACD de la création interactive
Scientifique chevronnée, Léa Nichols sait aussi se détendre…
2005 Création de Lexis Mobile, déclinaison mobile de Lexis Game
2006 Achat de 40 % des parts de Vector Cell, le studio de Paul Cuisset
Union Sacrée Studio de développement, Lexis Numérique a par le passé laissé le soin à Emme (L’Oncle Ernest), Montparnasse Multimédia (Le Poisson arc-en-ciel) ou à Ubisoft (In Memoriam et la série des Alexandra Ledermann) d’éditer ses jeux. Mais c’est Micro Application qui a choisi de se lancer dans l’Expérience 112. Premier éditeur de logiciels « vie pratique » en France, « MicroApp’ » s’est fait, depuis 2002, un nom dans le domaine du jeu d’aventure avec la licence Jules Verne et Dreamfall. « Il faut être malin, quand on est un éditeur de taille moyenne. Chercher les concepts vraiment originaux et innovants, qui feront parler d’eux », analyse Rémy Poirson, directeur marketing du pôle jeux, qui a eu un coup de foudre pour le scénario de Nicolas Delaye. Une prise de risque non négligeable pour l’éditeur, mais qui pourrait s’avérer payante…
2007 Éric Viennot est fait chevalier des Arts et des lettres. Sortie d’Expérience 112
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LACIE
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2><?06=84 Texte DorothĂŠe BĂŠcart Photos IvanoĂŤl Barreto
ÂŤ Les disques durs externes, câ&#x20AC;&#x2122;est sexy! Âť Il y a encore quelques annĂŠes, cette phrase aurait fait ricanerâ&#x20AC;Ś Entre-temps, LaCie a dynamitĂŠ le monde austère des pĂŠriphĂŠriques. RĂŠcit dâ&#x20AC;&#x2122;une ascensionâ&#x20AC;Ś made in France!
Les geeks ne sont dĂŠcidĂŠment plus ce quâ&#x20AC;&#x2122;ils ĂŠtaient : on les imaginait enchaĂŽnĂŠs Ă de grosses tours beiges, et les voici qui se baladent en costume Armani, Ă peine dĂŠformĂŠ par le disque dur Porsche logĂŠ dans leur poche. Pendant ce temps, les geekettes assortissent leur garde-robe Ă leur Skwarim, sorte de bloc de Post-it rose fluo qui contientâ&#x20AC;Ś 30 Go de donnĂŠes. Une rĂŠvolution est passĂŠe par lĂ : celle de LaCie, fabricant français de pĂŠriphĂŠriques de stockage. Lâ&#x20AC;&#x2122;histoire de LaCie commence au fond dâ&#x20AC;&#x2122;un bar branchĂŠ, Ă la fin des annĂŠes 1980. Ă&#x20AC; lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠpoque, Philippe Spruch, après une courte et brillante carrière dans le nĂŠgoce international, vend des micro-ordinateurs en costume-cravate. Sa clientèle se limite alors aux grandes entreprises françaises, mais le dĂŠbonnaire Alsacien sent que lâ&#x20AC;&#x2122;informatique est Ă lâ&#x20AC;&#x2122;aube dâ&#x20AC;&#x2122;un âge dâ&#x20AC;&#x2122;or. Il lui reste toutefois Ă trouver sa voieâ&#x20AC;Ś Un Allemand sorti dâ&#x20AC;&#x2122;une rutilante dĂŠcapotable sâ&#x20AC;&#x2122;accoude au zinc et le tire de sa rĂŞverie. Il rĂŠvèle Ă Philippe Spruch quâ&#x20AC;&#x2122;il est en train de faire fortune avec son partenaire, Formac,
un fabricant de disques durs. ÂŤ Ă&#x20AC; force de lâ&#x20AC;&#x2122;entendre mâ&#x20AC;&#x2122;expliquer Ă quel point câ&#x20AC;&#x2122;ĂŠtait facile Ă faire, je me suis dit que jâ&#x20AC;&#x2122;avais enfin trouvĂŠ le bon crĂŠneau. Âť Lâ&#x20AC;&#x2122;ÂŤ ancĂŞtre Âť de LaCie, Ă&#x2030;lectronique D2 (pour Disque Dur), dĂŠmarre en 1989. BientĂ´t lassĂŠ dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŞtre entourĂŠ de grosses boĂŽtes Ă chaussures, Philippe Spruch, sur un coup de tĂŞte, en expĂŠdie un carton
ÂŤ Sur un coup de tĂŞte, il expĂŠdie un carton entier de disques durs chez Philippe Starck. Âť entier chez Philippe Starck, avec pour tout accompagnement un mot griffonnĂŠ Ă la hâte (ÂŤ Monsieur Starck, voilĂ la mâ&#x20AC;Ś que nous fabriquons, pouvez-vous nous aider ? Âť), et un numĂŠro de tĂŠlĂŠphone. Ă&#x20AC; peine une heure plus tard, le designer appelle, croyant dâ&#x20AC;&#x2122;abord Ă une plaisanterie, puis accepte de relever le dĂŠfi. Et de fort belle manière : le K1
(prononcez CaĂŻn), nommĂŠ ainsi en rĂŠfĂŠrence au gros Ĺ&#x201C;il bleu qui en orne la façade, est dâ&#x20AC;&#x2122;emblĂŠe propulsĂŠ au rang dâ&#x20AC;&#x2122;icĂ´ne informatique. ÂŤ Tous les fabricants de disques durs externes faisaient des boĂŽtes en tĂ´le carrĂŠes, au format exact des Mac de lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠpoque, se souvient Philippe Spruch. Câ&#x20AC;&#x2122;ĂŠtait avant tout utilitaire. Avec Starck, nous avons clairement tentĂŠ le diable ! Âť Une audace rĂŠcompensĂŠe puisque, quatre ans plus tard, en 1995, Ă&#x2030;lectronique D2 absorbe LaCie, une sociĂŠtĂŠ amĂŠricaine au positionnement similaire. Si lâ&#x20AC;&#x2122;entreprise fondĂŠe par Philippe Spruch perd au passage son nom, elle gagne en notoriĂŠtĂŠ sur le continent amĂŠricain tout en conservant une forte identitĂŠ europĂŠenne. La marque multiplie les collaborations avec des designers de renom, de Christophe Pillet Ă Karim Rashid en passant par Ora-Ito, le jeune prodige français qui a rĂŠcemment signĂŠ les disques durs Brick en forme de Lego. LaCie signe ĂŠgalement quelques jolis succès en collaboration avec FA Porsche Design, dont un très classieux lingot en magnĂŠsium
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que Philippe Spruch a pensĂŠ, un temps, dorer Ă la feuille dâ&#x20AC;&#x2122;or pour sĂŠduire les Asiatiques, friands dâ&#x20AC;&#x2122;objets clinquants. ÂŤ Ă&#x2030;tant donnĂŠ que nous sommes dix fois moins nombreux quâ&#x20AC;&#x2122;eux, on va dire que câ&#x20AC;&#x2122;est nous qui avons mauvais goĂťt Âť, plaisante le P.-D.G. de LaCie, rappelant au passage son attachement aux designs simples et ĂŠpurĂŠs des Scandinaves. ÂŤ Philippe part avec des flashs, des idĂŠes, explique Marie, chef de produit. Aux designers de dessiner la boĂŽte autour. Âť En misant gros sur le design, LaCie brise lâ&#x20AC;&#x2122;image austère des fabricants de hardware. De quoi attirer encore davantage le grand public, qui ne craint plus dâ&#x20AC;&#x2122;acheter des pĂŠriphĂŠriques depuis lâ&#x20AC;&#x2122;avènement de lâ&#x20AC;&#x2122;USB. ÂŤ Quand on conçoit un produit, la première chose que lâ&#x20AC;&#x2122;on a en tĂŞte, câ&#x20AC;&#x2122;est la faisabilitĂŠ technique. La seconde, câ&#x20AC;&#x2122;est lâ&#x20AC;&#x2122;utilisateur final, reconnaĂŽt Gilles, ingĂŠnieur au siège parisien. Dès que quelquâ&#x20AC;&#x2122;un nous dit : â&#x20AC;&#x153; LĂ , je ne comprends pas â&#x20AC;?, nous faisons demi-tour. Âť Et si la marque a autant fait parler dâ&#x20AC;&#x2122;elle en sâ&#x20AC;&#x2122;associant avec Porsche, câ&#x20AC;&#x2122;est aussi bien grâce au design ĂŠpurĂŠ du boĂŽtier quâ&#x20AC;&#x2122;Ă sa simplicitĂŠ dâ&#x20AC;&#x2122;utilisation : ÂŤ Nous avons tellement travaillĂŠ lâ&#x20AC;&#x2122;interface, se souvient Philippe Spruch, que les clients ont cessĂŠ de nous appeler pour demander comment faire fonctionner le produit. Âť Lâ&#x20AC;&#x2122;objet, hype et simple,
se vend comme des petits pains, tandis que le chiffre dâ&#x20AC;&#x2122;affaires de LaCie double. Depuis, lâ&#x20AC;&#x2122;entreprise continue son petit bonhomme de chemin, et la stratĂŠgie de Philippe Spruch est claire : ne pas avoir peur de viser des niches de consommateurs dĂŠdaignĂŠes par les autres marques. ÂŤ Lorsque nous faisons un boĂŽtier rose, nous divisons notre marchĂŠ par deux, analyse le P.-D.G. de LaCie. Mais nous allons aussi chercher une clientèle dĂŠlaissĂŠe, que nos concurrents nâ&#x20AC;&#x2122;arrivent pas Ă toucher. Âť Et cette tactique se rĂŠvèle payante en terme dâ&#x20AC;&#x2122;image : ÂŤ Si nous ne rĂŠalisons pas des ventes phĂŠnomĂŠnales sur un produit comme le Skwarim, nous faisons tout de mĂŞme parler de nous Âť, remarque Nolwenn, chef de produit. Le prochain dĂŠfi de LaCie sera sans doute le plus complexe Ă relever : la marque se lance en effet dans les disques durs en rĂŠseau, un marchĂŠ que se disputent dĂŠjĂ des gĂŠants comme Seagate, Cisco ou Sony. ÂŤ Au fur et Ă mesure de notre ĂŠvolution, nous sommes passĂŠs de grand parmi les petits, Ă petit parmi les grands, constate Philippe Spruch. Tant mieux : nous allons retrouver la souplesse de nos dĂŠbuts. Âť Tenace et combative, lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠquipe de LaCie nâ&#x20AC;&#x2122;est pas près de nous fausser compagnieâ&#x20AC;Ś
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BRIQUES ET CARTES ORANGE DÊcidÊment, LaCie donne des couleurs aux ternes rayons consacrÊs aux pÊriphÊriques de stockage. Après les briques de construction signÊes Ora-Ito, la marque sort les Skwarim, minidisques durs de 30 et 60 Go, dÊclinÊs en rose fluo et bleu turquoise. Cette crÊation du designer New-Yorkais Karim Rashid devrait faire fureur dans les sacs à main ! Autre nouveautÊ : le LaCie Rugged, disque dur tout-terrain protÊgÊ par une coque antichoc et dessinÊ par Neil Poulton. LaCie propose Êgalement des pÊriphÊriques de stockage plus  lÊgers , comme la Carte Orange, qui renferme 8 Go dans un boÎtier fin comme un nano, mais Êgalement des Êcrans rÊservÊs aux professionnels de la PAO et des graveurs de DVD.
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Textes : Dorothée Bécart Photos : Ludovic Combe
Dailymotion, Le Web en mouvement En à peine plus d’un an, Dailymotion s’est imposé comme l’un des plus sérieux concurrents de YouTube sur le marché naissant de la vidéo gratuite en ligne. Retour sur une ascension fulgurante. Avec son logo en forme de building et son nom à forte consonance anglophone, Dailymotion semble venir tout droit des États-Unis. Et pourtant, il s’agit d’une entreprise 100 % française, bien que le projet ait germé dans la tête de son cofondateur, Benjamin Bejbaum, à l’issue d’un séjour à New York, en février 2005. De retour en France, assis sur son tabouret de piano, le jeune homme se demande ce qu’il va faire de toutes les vidéos prises avec son appareil photo numérique pendant son voyage dans la Grosse Pomme. Il s’essaie au montage, y prend goût, et décide de montrer son petit film de vacances à ses amis. Rompu aux rouages du web – il dirigeait, avant l’aventure Dailymotion, une Web agency, Iguane Studio – il publie sa vidéo sans trop d’encombres. Puis vient le déclic : à l’heure de l’ADSL et du blog, pourquoi est-il encore si difficile de partager des vidéos en ligne ? Une première maquette envoyée sur le Web bluffe une quinzaine de proches. Parmi eux, certains postent à leur tour une vidéo : la machine est lancée. Benjamin Bejbaum va alors solliciter une vieille connaissance : Olivier Poitrey, rencontré six ans plus tôt par le biais du cybercafé du quartier de l’Horloge où il a fait ses premières armes. Sans abandonner leurs jobs respectifs – Olivier travaille chez Lycos, Benjamin continue à gérer Iguane –, les deux
camarades passent leurs nuits à peaufiner le site. « On bouffait des sushis à en crever », plaisante Benjamin Bejbaum. La gastronomie japonaise leur réussit, puisqu’ils découvrent, dès le mois d’avril, que leur nom est connu des bloggeurs. Le bouche
« La vidéo sur Internet est devenue un média hautement viral » à oreille fait le reste, les vidéos Dailymotion s’échangent à un rythme effréné et suscitent la curiosité de quelques investisseurs qui permettent aux deux copains de se lancer plus sérieusement. Une demi-douzaine de déménagements et une quinzaine d’embauches plus tard, Dailymotion parvient à taquiner le géant YouTube, en particulier sur la Toile française, où se concentrent 45 % de ses utilisateurs. Et ça n’est que justice, puisque la start-up parisienne s’est lancée un peu avant la plateforme américaine. Fin septembre, Dailymotion franchissait la barre symbolique des 10 millions de pages vues par jour, soit 1,3 million de plus que… la semaine auparavant. « La vidéo est un média hautement viral », analyse Benjamin Bejbaum. « Quand vous mettez une vidéo en ligne, vous avez envie qu’elle soit vue par
un maximum de gens ». Résultat : Dailymotion est, avec 10 Gigabits/seconde, un des plus gros consommateurs de bande passante en France, après les hébergeurs. Outre la plate-forme d’upload bien connue des internautes, Dailymotion a su s’attirer la sympathie de grands groupes comme TF1 – qui utilise sa technologie sur le site Wat TV, ou Neuf Telecom – qui édite un service avec la jeune entreprise. Côté diffusion, Disney a récemment utilisé le service pour poster une bande-annonce de Pirates des Caraïbes. Mais ce sont les bloggeurs, qui intègrent toujours plus de vidéos à leurs sites, qui restent au cœur du succès de Dailymotion. L’entreprise compte bien leur rendre la pareille en rémunérant leurs vidéos grâce à la publicité. À la seule condition qu’ils soient créatifs ; une façon de se démarquer de Youtube, simple « Google de la vidéo » – et d’ailleurs absorbé, début octobre, par le géant américain – selon le responsable du contenu, Marc Eychenne, qui veille à encourager la fibre artistique des utilisateurs. Quelques journalistes et cinéastes amateurs ont effectivement trouvé en Dailymotion un moyen simple et payant de diffuser leurs vidéos. Le système de chaînes mis en place leur assure une audience confortable, à tel point que certains, comme Charlimars, doivent à Dailymotion d’avoir boosté leur notoriété. Autre succès, autre histoire…
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500 000 visiteurs quotidiens
10 millions
de pages vues par jour
6 000 vidéos postées chaque jour
40 % ème 2 de croissance par mois
site de partage vidéo en France après YouTube
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TRIO VIRT Un site Web qui parle, ça n’existe pas ? Si, et c’est en France que ça se passe ! Chez VirtuOz, on forme des « agents conversationnels » qui accueillent et guident les clients des sites commerciaux. Portrait d’une petite entreprise qui est en train Texte Dorothée Bécart de se tailler une renommée internationale… Photos Paolo Bevilacqua
Il était une fois trois copains de boulot plutôt doués – un polytechnicien, un centralien et un diplômé de l’ENSTA, excusez du peu –, qui décidèrent un jour de mettre leurs compétences complémentaires au profit d’une grande cause : la drague. C’est ainsi qu’Alexandre Lebrun, Laurent Landowski et Callixte Cauchois ont débuté, sans vraiment le vouloir, l’aventure VirtuOz. « Nous souhaitions aider nos amis qui sortaient de prépa et qui étaient un peu timides », plaisante Alexandre Lebrun, aujourd’hui P.-D.G. de l’entreprise. Pour concevoir leur coach de drague, le trio utilise alors les codes d’A.L.I.C.E., un robot qui simule des dialogues semblables à ceux que vous pourriez avoir avec vos amis sur un logiciel de messagerie. À l’époque, il s’agit de l’une des applications les plus poussées en terme d’intelligence artificielle. Mais, très vite, le trio perçoit les limites de ce « chatbot » : A.L.I.C.E. utilise en effet
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les schémas conversationnels d’un psychanalyste réagissant à certains motsclés, sans toutefois chercher à analyser le sens réel de la phrase. Ils remettent alors les compteurs à zéro et développent une nouvelle approche, qui deviendra
« Humaniser les échanges sans remplacer les humains par des robots » la technologie VirtuOz. « Pour répondre intelligemment à une phrase, il faut pouvoir la comprendre, explique Callixte Cauchois, à la tête de la recherche et du développement. Nos agents font comme les élèves de CE2 lorsqu’ils soulignent le sujet en rouge, le verbe en vert et le C.O.D. en noir. » Voilà qui évite aux robots conversationnels de VirtuOz de tomber dans certains écueils grammaticaux qui provoquaient chez
A.L.I.C.E. des réponses hors-sujet, quand elle ne restait pas sans voix… C’est l’entourage des trois professeurs de drague virtuelle qui leur souffle les potentielles applications commerciales de leur « Hitch » virtuel. « Ce qui commençait à se faire sentir, au-delà de la volonté de faire de jolis sites, c’était d’y attirer des clients », se souvient Callixte Cauchois. Fin 2002, les trois jeunes ingénieurs créent leur propre entreprise, en reprenant les postes qu’ils occupaient dans leur ancienne boîte, et ouvrent leur « centre de formation » pour agents conversationnels autour d’un premier pôle : les assurances. Leurs bavards employés virtuels sont désormais en mesure de répondre aux questions plus ou moins pointues des visiteurs et de leur offrir des simulations de contrat. Un premier client, clic-retraite.com, leur fait confiance, puis des sociétés d’assurances et de crédits s’adjoignent à leur tour les services de l’un de leurs
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T UOSE collaborateurs virtuels. Plutôt pas mal, à une époque où la plupart des entreprises de la bulle Internet se cassaient le nez… En 2004, nouvelle étape : VirtuOz se retrouve au sein du top 100 de l’innovation publié chaque année par le magazine américain Red Herring, aux côtés de grands du secteur comme Google, Adobe ou Amazon. « Le tampon de validation Red Herring a joué pour les investisseurs, notamment américains », souligne Alexandre Lebrun. « Soudain, notre dossier est passé de la pile des rêveurs à celle des entreprises qui apportaient réellement quelque chose », ajoute Callixte Cauchois. VirtuOz est également salué par le Jetro, organisme de commerce extérieur japonais, ce qui permet au trio de mettre un pied dans la péninsule nippone, tandis que l’équivalent de Yahoo en Corée leur propose à son tour un partenariat. Mais c’est pour le moment en France que les brillants diplômés virtuels du centre de formation pour agents conversationnels VirtuOz – dix pour le moment, leur « production » s’étant nettement accélérée depuis six mois – sont le plus présents. L’un d’eux a même obtenu un prestigieux « CDD » chez AOL, le temps d’une campagne de sensibilisation des clients bas débit aux charmes de l’ADSL. Si la confiance de grandes entreprises a permis à VirtuOz de grandir, passant de six à quinze employés (humains !) en 2005, son modèle
économique particulier ne fait pas encore pleuvoir les euros. « Nous souhaitons partager les succès et les échecs de nos agents », précise Alexandre Lebrun, qui a fait le choix risqué d’une facturation au dialogue. Mais le P.-D.G. de VirtuOz croit à l’avenir de ses cyber-poulains et à la consolidation de ses contacts asiatiques et américains. Mais la concurrence internationale dans ce tout nouveau secteur fait déjà rage, obligeant l’entreprise à innover sans cesse. Callixte Cauchois travaille à ce que ses agents soient de plus en plus « auto-apprenants », c’est-à-dire qu’ils commencent leur mission seuls, ne sollicitant leur formateur humain qu’en cas d’impasse. Le dernier objectif de VirtuOz ? Se faire connaître du grand public dès cet été, en proposant à chacun de développer son propre avatar. « Notre but sera d’expérimenter des technologies nouvelles, que l’on pourra valider sur le terrain avant de les installer chez nos clients », explique Alexandre Lebrun. Et demain, pourront-ils remplacer l’humain dans certaines tâches ? « Nos agents réduisent les temps d’attente des clients des centres d’appels en résolvant les problèmes les plus simples. C’est la qualité des services qui augmente, et personne n’a été licencié à cause de nous. » Humaniser les échanges sans échanger les humains contre des robots : VirtuOz, c’est l’histoire de trois intelligences bien réelles qui ont réussi à dompter l’intelligence artificielle.
AGENTS VIRTUELS, BESOINS RÉELS Mascottes animées ou non, bombes virtuelles ou réelles, comme la jolie Téa qui officie sur le site de Discounteo, les avatars qui accompagnent le logiciel de conversation humanisent l’échange. À tel point que certains internautes doutent parfois de la virtualité de l’interlocuteur ! « On s’est aperçu que de nombreux visiteurs draguaient Téa, alors on a prévu des séquences vidéo cachées. Quand on lui dit qu’elle est super, par exemple, elle enfile un costume de Superman », s’amuse Laurent Landowski, le benjamin de la bande. Ce genre de petit clin d’œil n’est pas totalement innocent : il permet de générer du trafic sur le site par le bouche-à-oreille entre internautes. Plus sérieusement, les agents conversationnels opèrent des synthèses des requêtes clients, ce qui permet de mieux identifier leurs besoins : Téa a pu rapidement signaler à Discounteo que des clients possesseurs de Mac se plaignaient de ne pas pouvoir ajouter des articles à leur panier. « Avoir une interface de dialogue qui permet de corriger le problème en temps réel change la relation avec le client, qui n’aurait peut-être pas eu le temps d’en faire part sur un forum », estime Laurent Landowski. Ludiques et productifs, les agents conversationnels décomplexent les internautes débutants et amusent les geeks. De là à ne bientôt plus pouvoir s’en passer ? www.virtuoz.fr Les codes d’A.L.I.C.E. sont publiés en Open Source sur www.alicebot.org.
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Vodeo.tv Textes Dorothée Bécart Photos Ludovic Combe
Soif de culture Pionnier de la Vidéo à la Demande (VOD) en France, Vodeo.tv mise depuis deux ans sur le savoir et la curiosité. À l’inverse des robinets à programme, cette source presque intarissable de documentaires et de reportages joue la carte de l’audace et de la fraîcheur. 2003. France 3 réalise sont meilleur score d’audience depuis la Coupe du Monde de Football avec un… documentaire, L’Odyssée de l’espèce. 2004. Au Festival de Cannes, la Palme d’Or est attribuée à… un documentaire, Farenheit 9/11, qui totalise plus de deux millions d’entrées dans les salles obscures. Malgré ce nouvel engouement du public français pour les
Vodeo.tv édite aussi des DVD à la demande.
« films du réel », reportages et documentaires de qualité restent souvent relégués, à la télévision, à des cases horaires tardives. Et pour peu qu’on ait raté ou pris en cours de route un documentaire sur un sujet passionnant, inutile d’espérer le revoir : deux millions de français se sont manifestés auprès des grandes chaînes de télévision pour récupérer des programmes en
cassette ou en DVD, sans succès. Dans une des plus grandes Fnac parisiennes, un seul rayonnage est consacré au genre, perdu au milieu d’un océan de films, spectacles, séries et dessins animés. « On vit dans un monde où on a le droit de se divertir, mais pas de se cultiver », tempête Frédéric Pie, le fondateur de Vodeo, qui remarque au passage qu’il se vend chaque année des millions de magazines spécialisés et de livres hors divertissement, « du bonzaï à Churchill ». « À l’ère audiovisuelle, où l’on regarde la télévision 3 h 40 par jour, où l’on éduque les enfants à l’image, qui nous procure de l’information ? Gutenberg, Gutenberg et encore Gutenberg. » « T’as pas vu, hier, à la télé ? » Au début des années 2000, après avoir revendu sa Web Agency, Frédéric Pie ressent ce décalage entre l’offre et la demande, s’amusant des déjeuners où surgit immanquablement la phrase « T’as pas vu, hier, à la télé ? » – au point qu’il pense dans un premier temps baptiser son site taspasvu.com ! Il ne se risque cependant pas dans l’édition DVD : les passionnés de tous poils sont certes nombreux, mais se répartissent en autant de niches qu’il existe de violons d’Ingres. Peu échaudé par les échecs des premières web TV, il voit son avenir sur l’Internet : grâce au hautdébit, le téléchargement de musique commence à se démocratiser, et en ce début 2004, tout porte à croire que la vidéo va suivre.
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En mars, La Banque Audiovisuelle, socle du en lui dédiant un canal en mars dernier, propofutur Vodeo, est lancée. L’objectif ? Numériser sant même un abonnement illimité à un tarif les reportages et les documentaires qui dor- plutôt attractif. « C’est une façon de nous faire ment sur les étagères des producteurs, des peti- connaître sans perdre de l’argent dans des tes chaînes locales aux grandes agences. affichages onéreux ; les fournisseurs d’accès, Frédéric Pie soumet son projet au CNC ; faute de les portails internet et les grands sites d’esubvention, il reçoit une lettre d’encourage- commerce constituent des bassins d’audience ment. « C’est extraordinaire, ça. C’est un projet non négligeables », analyse le patron de Vodeo. culturel, francophone, et ce sont des anglais qui tv, qui continue de négocier avec les principaux l’ont financé » constate, avec une pointe opérateurs. VirginMega, Amazon, Alapage et d’amertume, le fondateur de Vodeo, qui a fina- Priceminister ouvrent à leur tout un « corner » lement trouvé en Arts Alliance Media, leader Vodeo ; quand les passionnés de taxidermie, de européen de la distribution des films numéri- feng-shui ou du Japon lancent une recherche ques, un investisseur solide et enthousiaste. sur l’un de ces sites, les documentaires Vodeo Après un an et demi de recherche de finance- apparaissent au-dessous de la traditionnelle ments, de prospection et sélection de livres. de numérisation, le site « On vit dans un monde où Aujourd’hui, Vodeo a 40 000 clients. Pour Vodeo.tv démarre en sepl’on a le droit de se divertir, assurer la pérennité tembre 2005.C’estmême, historiquement, le tout mais pas de se cultiver ! » de cette belle idée, premier service de vidéo à quasi-utopique, et en la demande français à se lancer, un mois avant attendant que « madame Michu télécharge CanalPlay, et le seul au monde à proposer un comme une folle » (sic), La Banque Audiovicatalogue uniquement composé de reportages suelle propose ses services en marque blanche ; et documentaires. Streaming, téléchargement, début octobre, LBA Services a été choisi par un fabrication de DVD à la demande : Vodeo se veut partenaire qui semble à des années-lumière de le plus complet possible et se distingue d’emblée la philosophie de Vodeo, Endemol, pour créer par une interface où l’éditorial occupe une place une plate-forme de VOD. Le prix à payer, sans primordiale. Chaque document est en effet vu et doute, pour financer l’achat et l’enrichissement commenté avant d’être proposé sur le site, seul de collections toujours plus prestigieuses, des ou au sein de collections ; et Vodeo rebondit sur documentaires de la BBC aux films de The l’actualité, comme ce fut le cas, récemment, History Channel. Et les équipes de Vodeo contiavec les événements birmans. Preuve de la perti- nuent à fourmiller d’idées pour accroître la nence du concept : seuls 2 % des programmes notoriété du service, en lançant notamment proposés n’ont pas encore été vus. une plate-forme d’affiliation destinée aux bloggeurs et aux webmasters de sites personDes alliés précieux nels, qui pourront mettre des extraits sur leur Pour se rendre encore plus visible, Vodeo sort page, et seront rémunérés si cela génère des très vite de sa bulle PC. Main dans la main avec achats sur le site. Dopée par un réservoir d’idées Archos, la plate-forme devient nomade mi- futées, la VOD culturelle pourrait bientôt couler 2006. Free lui permet de passer sur petit écran de source…
Le serveur de Vodeo.tv stocke déjà quelque 3 500 documentaires achetés à 150 producteurs.
9 800 3 500
documentaires signés
vidéos en ligne
150
producteurs représentés sur le site
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clients
service VOD er consacré aux
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