Book musique

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DOROTHéE BéCART Journaliste- rédactrice multimédia 34 ans - carte de presse n° 101674

BOOK critiques musicales STUFF

Groupe B&B Média Mensuel masculin dédié aux loisirs numériques

Rédactrice en chef adjointe (CDI, 2006-2008) Critique musicale (CDI, 2005-2008)


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STUFF MUSIQUE

SOFT

VOS GADGETS ONT SOIF DE MUSIQUE, DE FILMS ET DE JEUX VIDÉO ? SUIVEZ LE GUIDE !

STUFF LOUIS XIV, THE BEST LITTLE SECRETS ARE KEPT Warner HHHHH

MUSIQUE

Disponible

Le Pitch Les nouveaux rois du glam ? Et c’est comment ? Encore une fois, il aura fallu tendre l'oreille vers une radio étrangère (la belge Pure FM, www.purefm.be) pour dénicher cette perle absolue. C'est tout de même le comble pour un groupe qui s'est choisi le nom d'un roi bien de chez nous ! Originaires de San Diego, les Louis XIV ont sans doute voulu éviter de se fondre dans la masse des groupes en « the », adoptant à cet effet la méthode Franz Ferdinand, qui consiste à emprunter le nom d'un personnage ayant marqué l'Histoire... pour s'imposer dans celle du rock. Et à raison, car ce premier album, sans égaler les débuts fracassants des Écossais suscités, est l'un des plus prometteurs de cet automne. Sexy et glam, la pop sulfureuse de Louis XIV s'inscrit dans une lignée plus britannique que californienne, avec ses articulations à la Monty Python, ses rythmiques et ses choeurs empruntés à T-Rex et, sur les pistes les plus calmes de l'album (un vrai répit !), des mélodies qui pourraient être signées... Lennon/Harrison, pour changer ! Totalement irrésistible, Louis XIV vous convie à son bal. Ne le manquez pas ! Je le veux ! 15,99 euros, et vous voici au sommet de la hype. Le titre à télécharger Finding Out True Love is Blind, le plus représentatif de cet album à bout de souffle

TAHITI 80 FOSBURY Atmosphériques HHHII Disponible

Le Pitch Big in Japan Et c’est comment ? Ambassadeurs de la musique française au Japon, au même titre que Mireille Mathieu et Patricia Kaas, Tahiti 80 fait plus volontiers dans la pop légère et sucrée que dans la chanson qui roule les R. Très festif, cet album sorti il y a quelques mois pourrait même venir réchauffer les dancefloors cet hiver, avec ses rythmiques quasidisco et sa production impeccable. Notre préférence va aux titres purement pop, comme Matter of time, mélodie imparable habillée de choeurs irrésistibles. Je le veux ! 17,84 euros, et il ne vous reste qu'à travailler votre déhanché !

SOMMAIRE CD Dorothée Bécart DVD Emmanuel Voisin Jeux vidéo Yazid Amer

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SHANNON WRIGHT FLIGHTSAFETY Vicious Circle HHHHH Disponible

Le Pitch Folk fragile Et c’est comment ? Cette réédition du premier disque solo de Shannon Wright tombe à point nommé : cet album est de ceux qui soignent la mélancolie hivernale à coup de mélodies lumineuses comme un matin d'hiver sous la neige. Pas étonnant que l'écriture de Flightsafety ait servi de thérapie à la chanteuse américaine après la séparation de son groupe, Crowsdell. Il semble que des moments les plus sombres de l'existence, les songwriters (citons encore une fois le regretté Elliott Smith) ont le don de faire naître des phrases musicales immédiatement touchantes et des textes déchirants. La voix fragile de Shannon Wright s'accroche tantôt à un piano, tantôt à quelques cordes discrètes, souvent à une simple guitare sèche. Poignant. Je le veux ! 11,20 euros, auxquels nous vous conseillons d'ajouter un bon feu de bois, un vieil album photo... et un paquet de mouchoirs !

GHINZU ELECTRONIC JACUZZI Atmosphériques/Dragoon HHHHI Disponible

Le Pitch Rock belge, option perruques afro Et c’est comment ? Même si l'excellent album Blow est celui qui les a fait connaître en France, les Ghinzu n'en étaient pas à leur coup d'essai : il y avait eu un précédent, Electronic Jacuzzi, aujourd'hui réédité avec un tracklisting différent. S'il était réducteur de définir l'esprit du groupe à partir du tube power Pop Do you read me, cet album vient confirmer que l'univers musical de Ghinzu est plus complexe qu'il n'y paraît, et qu'il convient d'aborder l'écoute de leurs opus comme une exploration (ce que conseille le titre Dragon, où le groupe part à la quête du Ghinzu qui lui donnera son nom). Toujours à la limite de tomber dans le trop-plein de lyrisme, ces Belges funambules jetaient là les bases d'une carrière qui s'annonçait déjà passionnante. Je le veux ! 11,89 euros très précisément, la location du postiche étant en sus.

M EN TÊTE À TÊTE Delabel HHHHI

GREENHORNES SEWED SOLES V2 HHHHI

PUPPETMASTAZ CREATURES SHOCK RADIO

Le live, c'est l'album clin d'oeil par excellence, et M l'a bien compris, avec ce En tête à tête complice avec le fan jusque dans le packaging rose bonbon. Généreux, le chanteur n'exclut pas pour autant le M-ophyte avec son énergie contagieuse et ses arrangements étonnants. (19,99 euros / 26,72 euros le coffret Collector avec carnet de la tournée)

Cette compilation de la courte mais riche carrière des Greenhornes permet aux Européens de découvrir que dans l'ombre (protectrice) des White Stripes, de passionnants groupes ont vu le jour aux USA. Notre chouchou ? Le titre There is an end, générique de l'excellent Broken Flowers de Jim Jarmush. (14,20 euros)

Vicious Circle

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HHHHI Le genre ? Le muppet show fait du hip-hop. Le résultat ? Un album détonnant, pas si éloigné de la fusion pop/rap/ cartoon de leurs cousins britanniques en -az, Gorillaz. Avec un son plus brut, un tempo plus débridé, et des voix... de Kermit. N'essayez même pas de résister ! (18,45 euros)


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STUFF MUSIQUE

SOFT

VOS GADGETS ONT SOIF DE MUSIQUE, DE FILMS ET DE JEUX VIDÉO ? SUIVEZ LE GUIDE !

STUFF EL PRESIDENTE EL PRESIDENTE Sony/BMG HHHHH

MUSIQUE

Disponible

Le Pitch Disco, glam, funk, etc. Et c’est comment ? À l'heure où Clap your hands say yeah et les Artic Monkeys se disputent le titre du groupe le plus hype de 2006, El Presidente débarque sans complexe avec un programme qui pourrait rallier le plus grand nombre : des morceaux mêlant savamment disco, pop, glam rock et funk, et une image sexy savamment entretenue par le leader du groupe, Dante Gizzi, né avec une tête de chanteur de rock bien coiffé. De ce cocktail détonnant - qui rappelle la posture adoptée il y a deux ans par les Scissor Sisters - résulte un album incroyablement péchu, empruntant ici aux Bee Gees (l'irrésistible Rocket), là au Beck de I'm a looser (100 mph) ou encore au Prince de Kiss, et bien sûr à T-Rex, qui inspire décidément bien des jeunes groupes. Rien de neuf, donc, mais en ces temps un peu moroses, on parie que l'énergie incroyable dégagée par ce premier album saura convaincre beaucoup de monde. Votez pour eux ! Je le veux ! 14,90 euros et un billet pour l'Écosse, s'il vous plaît (parce qu'entre les Franz Ferdinand et El Presidente, c'est décidément là que ça se passe...). Le titre à télécharger Rocket, le tube en puissance de l’album.

SOMMAIRE CD Dorothée Bécart DVD Emmanuel Voisin Jeux vidéo Yazid Amer

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ROBERT POST ROBERT POST Mercury HHHHI Disponible

Le Pitch Norvège : six points Et c’est comment ? La Scandinavie est longtemps apparue comme la terre d'élection des chanteurs de l'Eurovision. Mais depuis quelques années, il se passe quelque chose au Nord : ça a d'abord bougé en Suède, avec le fantasque Jay Jay Johanson et les petits gars d'Eskobar, puis en Norvège, qui s'affirme de plus en plus comme l'autre pays des songwriters. Alors que Sondre Lerche, gamin surdoué, fourbit ses armes (deux albums sont prévus en 2006), Robert Post assure brillamment son intérim avec ce beau disque pop. Sur le réjouissant Got none, on découvre que le jeune Norvégien possède un timbre à la McCartney, et comme son aîné, un talent indéniable pour trousser de jolies mélodies. Le reste de l'album confirme cette impression favorable, tout en imposant la personnalité du chanteur, des envolées vocales de More and more aux cordes discrètes de Big Boat et Ocean and a tear. Je le veux ! Quelle chance ! Une nouvelle version, agrémentée de titres bonus, de son premier album éponyme, vient juste de ressortir (15,99 euros).

HOLDEN CHEVROTINE Village Vert HHHHH 20 février

SKYE MIND HOW YOU GO Warner HHHHH 27 février

Le Pitch L'ex-chanteuse de Morcheeba en solo Et c’est comment ? On craignait un peu le passage en solitaire de l'ex-chanteuse de Morcheeba, après un dernier album en demi-teinte (Charango). Et pourtant, Mind how you go est une véritable pépite, un écrin précieux pour la voix et les états d'âme enfin révélés de Skye. La sincérité de l'artiste ne fait aucun doute : au-delà de l'image trendy de Morcheeba, il y a la sensibilité d'une jeune femme paniquée d'entamer malgré elle une carrière solo (Solitary). On retrouve sur des titres comme Calling et surtout All the promises, tout en urgence et en fragilité, des fulgurances du brillant Big Calm et de son émouvant tube Blindfold. Une réussite. Je le veux ! Un peu de patience, il arrive dans les bacs à la fin du mois !

Le Pitch Français inclassables Et c’est comment ? C'est l’un de ces disques sortis de nulle part, auquel il est impossible d'accoler une quelconque étiquette. Déjà parce qu'au sein d'une scène française décidément trop bavarde, il est de plus en plus rare de voir émerger des artistes qui s'intéressent autant à la mélodie des mots qu’au signifiant des mélodies. Ici, la primauté n'est donnée ni aux textes ni à la musique, mais à un mariage délicat des deux, auquel s'ajoute une dimension quasi-cinématographique, des chansons comme Charlie, Rosie et moi ou Madrid donnant autant à voir qu'à entendre. Il n'est pas étonnant, dès lors, de voir Jean-Louis Murat s'inviter sur le très joli L'orage, la démarche de son surprenant A bird on a poire n'étant pas éloignée de celle de titres comme Quelque chose en moi, yé-yé à souhait et porté par la voix d'Armelle Pioline qui y ajoute, par jeu, des intonations à la Sylvie Vartan. Le bijou made in France de ce début d'année. Je le veux ! 14,79 euros pour un voyage inédit et délicieux…

RAY DAVIES OTHER PEOPLE’S LIVES V2 HHHHI

SHOUT OUT LOUDS HOWL HOWL GAFF GAFF Capitol HHHII

6 février L'un des noms les plus emblématiques de la pop des sixties revient sans les Kinks, pour un quasi-premier album solo où il montre qu'il n'a rien perdu de son talent de mélodiste. Mais il n’est pas non plus interdit de se plonger dans la foisonnante carrière du bonhomme... 15,99 euros

Disponible Ces Suédois entendent bien conquérir l'Europe de la pop. Ils ne sont pas les seuls, ne débordent pas non plus d'originalité, mais des titres comme Oh sweetheart montrent tout le potentiel de ce groupe sympathique… 15,09 euros

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JOSEPH D’ANVERS LES CHOSES EN FACE Atmosphériques

HHHHI Disponible Sur une scène française déjà surpeuplée, Joseph d'Anvers ne manque pas d'atouts, avec ses compositions rappelant Julien Baer et Miossec, de jolis textes et des arrangements travaillés. Une vraie découverte. 14,99 euros


stuff musique sommaire : cd p. 124-125 - dvd p. 126-127 - jeux P. 128-129

coup de coeur

duels au sommet de la pop

La playlist de la rédac L’équipe de Stuff vous livre ses choix éclectiques.Téléchargez notre iMix sur iTunes Music Store ! 2Pac Hit’Em Up Aline de Lima Maré de Saudade Bob Sinclar In the name of love Franz Ferdinand Well that was easy Madonna Beautiful stranger Massive Attack Teardrops Monguito Santamaria Boogaloo Sabrosa OK Go A million ways Pixies Debaser Simply Red Stars

duels - the bright lights & what i should have learned HHHHH Alors que les Artic Monkeys ont été adoubés (un peu vite…) « meilleur groupe de rock anglais », une formation venue de Leeds relève le gant avec une classe folle : Duels – c’est son nom – est de ces miracles qui ne surviennent que tous les deux ou trois ans, quand des tombereaux de groupes hypes disparaissent des charts et des mémoires tous les six mois. Le quintet offre avec The Bright Lights & What I Should Have Learned une leçon de brit’ pop appliquée (Potential Futures, Animal) qui évoque irrésistiblement Blur période Parklife. Pressure on You électrise la dernière partie de l’album avec son énergie maîtrisée – tout le contraire des brouillons Artic Monkeys. What We Did Wrong, l’un des meilleurs titres de l’album, permet à Jon Foulger de montrer l’étendue de ses capacités vocales (de quoi inquiéter Chris Martin…). Élégants, sophistiqués, débridés : les petits gars (et la fille) de Duels ont tous les atouts en main pour tutoyer – durablement – les sommets. Nude - Sortie en août 2006 http://www.duelstheband.com/

Ron sexsmith - Time being HHHHH

ampop - my delusions HHHHI

Rinôcérôse - rinôcérôse HHHHI

compilation africa plays on HHHHH

Avec Time Being, Ron Sexsmith s’impose comme l’un des héritiers les plus crédibles de McCartney. La filiation, tant au niveau vocal que musical, devient évidente avec le titre The Grim Trucker, hommage à peine voilé aux Beatles. Ron le fataliste sème sur sa route de jolies ballades douces-amères, et ose, en ces temps de cynisme généralisé, quelques ritournelles toutes simples sur l’amour et le temps qui passe (Reason for Our Love, Hands of time). Une pépite. V2 - Disponible

Ces petits cousins islandais de Coldplay, déjà adoptés par nos voisins anglais, ont tout pour conquérir le monde, avec leurs chansons chargées d’émotion. My Delusions, leur céleste premier album (en tout cas le premier à connaître une sortie mondiale), est parfois juste un petit peu trop contemplatif. Mais l’ensemble, du tendu Eternal Bliss, qui ouvre superbement l’album, à l’aérien Precious, laisse tout de même espérer le meilleur… Recall - Disponible

Ce best of des quatre albums de Rinôcérôse sort opportunément alors que l’imparable Cubicle a été choisi pour illustrer la dernière pub pour l’iPod nano. Psys le jour, musiciens la nuit, le duo français alterne compositions franchement rock – version débridée et seventies – et plages lounge plus dispensables, datant des débuts « french touch » du groupe. Restent quelques pistes irrésistibles comme Le Rock Summer, qui devrait vous faire danser tout l’été… V2 - Disponible

Côte d’Ivoire, Angola, Ghana, Togo : pour fêter la présence d’équipes africaines dans la phase finale de la Coupe du monde, et encourager leurs joueurs, Amadou et Mariam, Cheikh Lô, Alpha Blondy, Fela Kuti ou encore Wasis Diop, se sont réunis sur cette compilation comportant de nombreux inédits. Un coup de projecteur sur une vingtaine d’artistes aujourd’hui incontournables de la World Music. Onda/Because - Disponible

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musique stuff

Muse - Black holes and revelations HHHHI Une bonne nouvelle pour commencer : il semblerait que Matthew Bellamy ait enfin remis la main sur son tube de Ventoline. Sur les derniers albums, on avait en effet la désagréable impression que le chanteur de Muse s’amusait à courir un 100 mètres avant de prendre le micro. Autre raison de se réjouir : comme le laissait espérer l’intro groovy de Time Is Running Out sur Absolution, le groupe semble vouloir explorer de nouvelles pistes, se risquant au-delà de la formule gagnante (mais lassante) chant plaintif et grosses guitares. Le premier single extrait de Black Holes and Revelations, Supermassive Black Holes, devrait à ce titre en surprendre plus d’un. Voix suraiguë à la Prince, tempo d’enfer : Muse s’aventure avec hardiesse sur des terrains qui lui sont inconnus. Map of the Problematique, avec son intro à la Enjoy the Silence, et Soldier’s Poem, balade apaisée dont les chœurs évoquent parfois Bohemian Rhapsody, de Queen, confirment cette nouvelle orientation. Hélas, à partir de Invicible, le groupe revient à un son plus « classique » et se paraphrase lui-même, à tel point que l’on s’ennuie un peu. Heureusement, le somptueux Knight of Cydonia, sorte de bande originale imaginaire d’un film de cape et d’épée eighties, vient clore l’album en beauté. On respire. Matthew aussi. Warner - Disponible www.muse.mu

sortie du mois Rubrique musique Dorothée Bécart

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STUFF MUSIQUE SOMMAIRE : CD P. 118 - DVD P. 120-121 - JEUX P. 122-123

coup de coeur

LES DOUCES INSOMNIES DE CHARLOTTE G.

Photo Willy Vanderperre

Le premier album « adulte » de Charlotte Gainsbourg a le charme discret de son interprète. Il faut plusieurs écoutes pour que se révèlent toute sa beauté et sa complexité. Si le mariage de la « noirceur optimiste » de Jarvis Cocker, l’ancien magicien de Pulp, et des mélodies parfois un peu aseptisées de Air pouvait faire craindre le pire, la remarquable interprétation de Charlotte Gainsbourg met tout le monde d’accord : transcendant sa légendaire timidité, elle se livre sans retenue, tantôt d’une voix bien assurée, tantôt dans un souffle sensuel. Il faut dire que la plume désabusée de Jarvis Cocker fait merveille : l’imparable « I’m dead, and I’m perfectly content » (dans The songs that we sing), et l’autopsie amoureuse de The Operation (« Our love goes under the knife ») rappellent les meilleurs textes de Pulp, ceux du monumental This is Hardcore. Sans doute l’une des plus jolies surprises de cet automne. Because - Disponible

Dès les premières mesures, les compositions du tout jeune québécois évoquent les mélodies dégingandées d’un Thomas Fersen ou d’un Yann Tiersen. Puis cette voix intense, souple, unique, surgit du néant, au service de textes qui mêlent le désabusement des vieux briscards au souffle romantique qui traverse la vie des jeunes gens. Audigram- Disponible

L’équipe de Stuff vous livre ses choix éclectiques. Téléchargez notre iMix sur iTunes Music Store ! Courtney Pine Love and affection Desmond Dekker It miek Duels Animal Elvis Costello Impatience Garbage Push it Grand Corps Malade Les voyages en train Israel Kamakawiwo’Ole Somewhere over the rainbow Hundred Strong ft. JTodd Shine Kaiser chiefs Everyday I love you less and less Louise Attaque La traversée du désert

CHARLOTTE GAINSBOURG 5.55 HHHHH

PIERRE LAPOINTE - LA FORÊT DES MAL AIMÉS HHHHH

LA PLAYLIST DE LA RÉDAC

THE BLACK KEYS - MAGIC POTION HHHHI

COMPILATION - ABSOLUTE FUNK HHHHH

MONTGOMERY - MONTGOMERY HHHHH

On est à peine étonné d’apprendre que le troisième disque des Black Keys a été enregistré dans la cave de leur batteur, Patrick Carney : c’est sans doute de là que vient ce son claustrophobique, cette atmosphère confinée où se mêlent sueur et fumée de cigarettes. Du reste, la potion magique des rockeurs fait mouche, rappelant les monstres sacrés des seventies, Jimmy Page et Jimi Hendrix. V2 - Disponible

Voici une compilation qui pourrait faire pousser une boule afro sur le crâne chauve de Fabien Barthez. Ce troisième volume de la série Absolute Funk rassemble quelques perles rares (des faces B de 45 tours sortis sur des petits labels) de l’époque bénie du funk. « Is it funky enough ? » interrogent dès la deuxième piste les Communicators. La réponse est oui. Sortez vos pattes d’eph’ ! Body & Soul / Nocturne - Disponible

Dans la lignée de la pop ludique de Dyonisos, ce groupe rennais apporte un vrai vent de fraîcheur et de nouveauté dans le rock français. Orchestre pop en apparence foutraque prônant la maîtrise du chaos, Montgomery impose en quelques pistes son univers particulier, fait de basses débridées et de choeurs à réveiller les morts. Hautement recommandable. Universal / Phantomatik -Disponible

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stuff musique SOMMAIRE : CD P. 150 - DVD P. 152-153 - JEUX P. 154-155

coup de coeur

ALL YOU NEED IS LOVE

DVD CONCERT Vous êtes plutôt fosse, gradins ou… canapé ? Revivez chez vous de purs moments live en DVD…

Photo Lester Cohen / Wire Image

THE BEATLES – love HHHHH N’en déplaise aux esprits chagrins qui n’y voient qu’un coup marketing de plus, ce Love est une belle réussite, doublée d’un projet véritablement audacieux. Ce savant collage sonore réalisé par George Martin et son fils à partir des bandes des Fab Four (150 chansons au total sont passées au mixeur) a un double mérite. D’abord, il permet, pour la première fois, de jouer la musique des Beatles en 5.1. Par ailleurs, George et Giles Martin ont envisagé l’oeuvre du groupe comme une partition symphonique. La jolie mélodie de Julia émerge d’un chaos sonore, Lady Madonna s’encanaille avec Hey Bulldog, les rires déments d’I am the walrus se retrouvent projetés en avant... et l’on se surprend à redécouvrir Eleanor Rigby, plus émouvante que jamais. Bien sûr, la modernité encore si frappante de la musique des Beatles ne justifiait pas une telle remise au goût du jour, et l’on préfèrera toujours entendre leurs chansons dans leurs versions originales. S’il n’est pas indispensable, donc, ce «nouvel album » des Beatles n’en demeure pas moins magique... Capitol | Disponible

JARVIS cocker – Jarvis HHHHI La reformation de Pulp se faisant de plus en plus improbable, chaque apparition publique de Jarvis Cocker – en DJ de luxe ou en guest improbable dans le dernier Harry Potter – suscite l’émoi parmi les fans. C’est dire si le premier album solo du dandy de la britpop était attendu... Dans le style dépouillé du dernier opus du groupe, We love life, Jarvis se décline en élégantes ballades agréablement servies par la légendaire voix de crooner de l’ex-leader de Pulp. Because | Disponible

MAXIMILIAN HECKER – I’LL BE A VIRGIN, I’LL BE A MOUNTAIN HHHHI La musique de Maximilian Hecker, jeune songwriter berlinois, évoque immanquablement la pop tranquille et lumineuse de Sparklehorse. La parenté se fait de plus en plus évidente avec ce cinquième album d’une carrière jeune mais prolifique. Ses berceuses-ballades mélancoliques, ponctuées d’envolées lyriques qui rappellent parfois le Coldplay des débuts, sont de tendres invitations à la rêverie. Un joli disque d’hiver… V2 | Disponible

Anaïs – THE CHEAP SHOW IN YOUR FACE HHHHH

Il y a un an, le Cheap show d’Anaïs créait la surprise dans les bacs. Captation live des performances de la prêtresse du rock’n’drôle, l’album était ressorti, au printemps dernier, dans une édition spéciale, augmentée de quelques bonus vidéo, notamment le clip de Mon coeur, mon amour. Ceux qui n’avaient pas eu la chance de voir le one-woman-song d’Anaïs sur scène attendaient avec impatience ce DVD live . Rien n’y manque, de la chanteuse québécoise au bluesman en passant par l’hilarant collectif de rap... Au passage, la Marseillaise égratigne Carla Bruni, dans une version éthylique de Quelqu’un m’a dit, et Céline Dion, dont la voix (qu’elle imite à la perfection) finit par se confondre avec une sirène de bateau... Indispensable ! V2 | Disponible

Philos – QU’EST CE QUE JE FAIS LÀ ?HHHHI Sur des rythmes ensoleillés qui rappellent les expérimentations reggae de Serge Gainsbourg, Philos exorcise ses démons (Je n’y crois plus, Et puis quoi encore). écriture fluide et sincère, chant habité – le chanteur est un grand admirateur de Brel, ce qui s’entend tout particulièrement sur le très intense Guet-apens. Hors du temps et des modes, ce premier album possède un charme durable. Une jolie découverte ! O+ music | Disponible

MARCEL ET SON ORCHESTRE – E=CM2 HHHHI Les sales gamins du Ska ch’timi sont de retour. Au menu, des moules, des frites, des refrains pas piqués des vers (« La jeunesse emmerde Nelly Holson, et sa mère, c’est rien qu’une… »), clins d’œil parodiques (« Mon fils, ma racaille ») et questions existentielles (« Quel est le secret des soirées Ferrero ? »). Bon enfant et festif, E=CM2 est, avec Rock’n’Roll Part 9 des Wampas, une des bonnes surprises 2006 du rock français, dans sa version la plus décomplexée. V2 | Disponible

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STUFF MUSIQUE SOMMAIRE : CD P. 118 - DVD P. 120-121 - JEUX P. 122-123

SORTIE DU MOIS

LES KLAXONS VONT FAIRE DU BRUIT

INTERVIEW Pour Stuff, les Klaxons reviennent sur leur irrésistible ascension amorcée sur le Web…

Rubrique musique Dorothée Bécart

KLAXONS Myths of the Near Future HHHHI Au petit jeu de « qui dénichera la nouvelle sensation rock ? », les journalistes britanniques ont désormais un sérieux concurrent : Myspace. Après avoir propulsé les douteux Artic Monkeys sur le devant de la scène au début 2006, les internautes viennent d’adouber un groupe autrement plus excitant : les Klaxons (voir interview ci-contre). Avec leurs textes habités – on pense souvent à Muse – , leurs refrains diablement entraînants et leur sens des harmonies vocales, qui est d’ailleurs pour beaucoup dans l’originalité du groupe, les jeunes Londoniens semblent taillés pour enflammer aussi bien les grandes scènes rock que les dancefloors. Totalement impliqués dans leur musique, les Klaxons semblent aborder chaque titre comme un canevas complexe dont ils ne perdent jamais la maîtrise. Du chaos sonore de certains titres émerge d’ailleurs une véritable grâce : c’est le cas du tourmenté As Above So Below, qui se paie le luxe d’évoquer à la fois les Manic Street Preachers (période The Holy Bible) et Radiohead (le final lorgne vers Karma Police). Les Klaxons visent haut, nous voici avertis… Because | Sortie le 29 janvier

THE BABYSHAMBLES The Blinding EP HHHHH

THE BLOOD ARM Lie Lover Lie HHHHH

Pete Doherty vaut beaucoup plus qu’on s’intéresse à lui pour sa musique que pour ses frasques. Ce CD cinq titres de son groupe, les Babyshambles, est là pour le rappeler : le sale gosse du rock anglais a du talent, et pas qu’un peu. Aussi légères et pures que sa vie est dissolue et brouillonne, ses mélodies, en particulier la jolie ritournelle Love you but you’re green, possèdent un charme tout solaire. Regal / Capitol | Disponible

À quoi ressembleraient les rejetons illégitimes de Franz Ferdinand et des White Stripes ? Aux Américains de The Blood Arm, qui empruntent aux uns leur pop bondissante et leur volonté de faire danser les filles (I like all the girls and all the girls like me), aux autres leur énergie irrésistible et l’art de marier le piano et les percussions (Stay put). Arty et diablement séduisant, Lie lover lie est notre coup de cœur du mois ! City Rockers / Because | Disponible

Votre page MySpace a rencontré un vif succès auprès des internautes. Pour un tout jeune groupe, est-ce devenu essentiel de se faire d’abord connaître sur Internet ? En fait, Myspace est devenu l’un des sites les plus pollués et il a plus ou moins été détourné de sa vocation originelle par les labels qui emploient aujourd’hui une armée de gens pour en faire un outil marketing de plus… Est-ce que ça vous a aidé à trouver un label ? Oui, bien sûr. C’était une façon de nous faire connaître et mettre le grappin dessus ! Votre site web psychédélique (www.klaxons.net) est-il destiné à faire mal aux yeux de vos fans ? Ça fait partie de l’univers visuel du groupe. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’a rien d’un site classique ! Mais il plaît…

COMPILATION Pas vu à la TV HHHHI Parrainée par le chanteur des Sinsemilia, cette monumentale compilation (4 CD) donne un aperçu de la « vraie » scène française, celle qui acquiert son public dans les salles de concert. Le parti pris du classement alphabétique, qui fait se côtoyer le reggae de Big Mama, le hardcore de Black Bomb A et le ska de Black Bombay permet de rendre compte de l’étonnante diversité de la scène indé française. Et de son indéniable vitalité ! Exclaim | Disponible

POPA CHUBBY Electric Chubbyland HHHHH Cet album hommage à Jimi Hendrix aussi imposant que le guitariste joufflu (il comprend tout de même deux CD live, plus un disque enregistré en studio) sort alors que Popa entame sa tournée française. Le pape du neo-blues new-yorkais, fidèle jusqu’au bout de sa Fender aux interprétations originales, cherche moins ici à créer la surprise qu’à recréer la magie, ce dont il s’acquitte avec respect et panache. Dixiefrog | Disponible

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STUFF MUSIQUE SOMMAIRE : CD P. 102-103 - DVD P. 104-105 - JEUX P. 106-107

COUP DE COEUR

SUR LE WEB Inédits, futurs « meilleurs groupes du monde » et découvertes…

MEDI, LE CONTE DE FÉES DU ROCK FRANÇAIS MEDI AND THE MEDICINE SHOW – MEDI AND THE MEDICINE SHOW HHHHH Imaginez : vous donnez un petit concert sur une plage de la Côte d’Azur. À peine avez-vous posé votre guitare sur le sable qu’un vacancier un peu spécial – Dave Stewart, la moitié d’Eurythmics – vous donne sa carte, vous invitant à lui rendre visite à Londres. Deux mois après, vous enregistrez votre album, avec ledit Dave Stewart aux manettes. Cette histoire à peine croyable, c’est celle de Medi, un jeune Niçois expatrié à Londres par amour de la pop. Le garçon n’est pas seulement incroyablement chanceux : il est en plus (très) doué. Biberonné aux mélodies seventies, il se balade avec aisance dans un rock à la fois sobre et ambitieux, au service de mélodies lumineuses et très souvent touchées par la grâce (Dreamer awake, Roofs and rafters). À déguster de la première à la dernière piste (une plage fantôme en français se cache en fin d’album), et à découvrir en live les 5, 12, 19 et 26 mars à la Flèche d’Or. Stereoblast/Exclaim | Disponible

CLAP YOUR HANDS SAY YEAH ! – SOME LOUD THUNDER HHHHH Un an à peine après leur premier album curieusement fagoté mais terriblement attachant, les Américains de Clap Your Hands Say Yeah ! sont de retour. Un peu moins foutraque que le premier opus, Some Loud Thunder reste joliment spontané – la voix d’Alec Ounsworth est toujours aussi prompte à dérailler (souvent, d’ailleurs, à bon escient), et la production minimaliste continue à faire mouche : on pense tour à tour aux Flaming Lips ou au Beta Band. Charmantes retrouvailles ! Wichita/V2 | Disponible

Les bondissants Écossais de Franz Ferdinand, en plus de préparer leur troisième album (visiblement prévu pour la fin 2007), ont récemment participé à un album caritatif destiné à nos chères têtes blondes et chapeauté par Belle & Sebastian, Colours are Brighter (à télécharger sur www.coloursarebrighter.com). Le guitariste de la formation de Glasgow, Nick McCarthy, a par ailleurs lancé son propre groupe, Box Codax (www.myspace.com/boxcodax), au son très expérimental. Enfin, la douce Keren Ann, dont le nouvel album est prévu pour avril, a mis en ligne un premier extrait, Lay your head down, à découvrir sur MySpace (www.myspace.com/ kerenann).

ALEX GOPHER – ALEX GOPHER HHHHI

HEY GRAVITY – RISEN HHHHI

NORAH JONES – NOT TOO LATE HHHHI

L’ex-acolyte de Air et Étienne de Crécy sort un nouvel album, à mille lieues des clichés qu’on colle volontiers aux artistes issus de la French touch. Si l’intro du premier morceau renvoie à la culture DJ du bonhomme, la suite évoque plus volontiers un mélange détonant entre les Clash et New Order. Puis Alex calme le tempo, le temps d’une plage dépouillée où souffle un doux vent d’été (le superbe Boulder Colorado). La pop française anglophone nous réserve décidément de bien jolies surprises… Idol/V2 | Sortie le 26 février

Il semblerait qu’après des années de domination mâle, la résistance féminine s’organise dans les rangs de la pop anglaise. Après l’album aux allures de bonbon acidulé de Lily Allen, voici que les filles de Hey Gravity, groupe formé sur les cendres de M.A.S.S, prennent d’assaut l’hexagone (qu’elles connaissent bien puisque leurs premiers albums furent produits en France). Quelque part entre les Pretenders, Blondie et… Iggy Pop, Hey Gravity déploie une énergie punk/ rock proprement irrésistible. Dad Records | Sortie le 26 février

Après la jolie parenthèse pop/folk des Little Willies, la douce Norah Jones revient pour un troisième album solo. La jeune femme renoue avec les sages ballades qui ont fait son succès, mais s’encanaille, ici avec un banjo, là avec quelques cuivres. Sans grande prise de risque, Not Too Late n’en reste pas moins fort plaisant, notamment dans ses digressions – le magnifique My Dear Country, chanson de cabaret qu’aurait pu entonner Marlène Dietrich, constitue d’ailleurs le sommet de ce nouvel opus. Capitol | Disponible

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MUSIQUE STUFF

Photo Steve Gullickx

BLOC PARTY – A WEEKEND IN THE CITY HHHII Emmené par l’utra-efficace Banquet, le premier album de Bloc Party avait propulsé les quatre petits protégés de Franz Ferdinand en haut des charts. Mais si la première écoute de Silent Alarm plongeait l’auditeur dans une sorte d’ivresse, les suivantes finissaient par avoir des relents de gueule de bois. Qu’importe : la machine, emmenée par le charismatique Kele Okereke, était lancée. Enregistré après les attentats de Londres, ce second opus aux allures de concept-album – il semble écrit du point de vue unique d’un jeune homme qui promène sa dépression sur onze pistes avant de se donner la mort – ne vient pas rassurer les sceptiques de la première heure. Après un premier titre plutôt réussi – l’intense Song for Clay (Disappear Here) –,

le groupe sombre doucement dans l’auto-caricature : on sent, notamment avec Hunting For Witches, une volonté de côtoyer les mêmes démons que ceux qui hantaient Cure période Pornography. Mais si les textes font parfois mouche – sur Waiting for the 7.18, notamment, le portrait d’une génération paralysée par la peur – ils n’atteignent jamais la noirceur espérée ; et la voix de Kele Okereke, souvent comparée à celle de Robert Smith, est, en comparaison, beaucoup trop froide et maîtrisée pour adhérer aux paroles (gentiment) écorchées vives. On ne peut pas reprocher à Bloc Party d’être un groupe paresseux ou en manque d’ambition ; il leur manque juste ce petit supplément d’âme, que des groupes comme Interpol ont réussi à acquérir au fil des albums. Attendons le prochain… Wichita/V2 | Sortie le 5 février

Textes Dorothée Bécart

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THE RAKES, MESSAGE BIEN REÇU !

THE RAKES - TEN NEW MESSAGES HHHHH The Rakes est un groupe paradoxal : tout est dit dans The World was a mess but his hair was perfect, le premier titre fleuve de Ten new messages. Fashion en diable – il n’est pas rare d’entendre leurs chansons dans les défilés Dior ou Vuitton, quand elles n’illustrent pas des publicités à la gloire de notre Zizou national –, les Londoniens n’en sont pas moins de fins observateurs de leur époque. Leur second album, comme une bonne partie de la cuvée 2007 du rock anglais, est hanté par le spectre des attentats de Londres (Suspicious Eyes, l’intense When Tom Cruise cries). Au service de paroles imparables, leur « art-punk » rêche et mélodieux évoque tantôt les Buzzcocks (l’incroyable On a mission, l’un des sommets de l’album), tantôt Blur (Little superstitions aurait pu être écrit par Graham Coxon). Ten new messages, accrocheur et inspiré, surpasse en tout point le déjà très prometteur Capture/Release. V2 - Disponible

Entre pop sautillante et funk seventies, Gossip (myspace.com/gossipband) et sa très pulpeuse chanteuse à la voix de feu nous viennent tout droit de Portland et ne demandent qu’à affoler les charts européens. Vivement que ça groove chez nous ! Non, il n’y a pas de pandas sur les volcans d’Auvergne. Et pourtant, le groupe Cocoon, auteur du très remarqué From the panda mountain vient bien de Clermont-Ferrand. Leur pop-folk lumineux est à découvrir sur leur MySpace (myspace.com/ listentococoon), avant d’aller les retrouver sur les scènes des festivals de l’été. Les Bordelais de Calc, dont nous avions adoré l’album Twelve steps to whatever, sont en studio, mais nous gratifient en attendant la sortie de leur nouvel opus d’une jolie reprise de Guided By Voices sur YouTube (lien sur leur MySpace, myspace.com/calcmusic).

THE BISHOPS - THE BISHOPS HHHHI

LES SUPRÊMES DINDES FEMMES DIVINES HHHHH

GALAXIE - LE TEMPS AU POINT MORT HHHHI

BJØRN BERGE - I’M THE ANTIPOP HHHHI

Petits-enfants des Zombies, groupe qui, dans l’ombre des Beatles et des Kinks, sortit de petits chefs-d’œuvre toujours méconnus, les Bishops semblent s’être donné une mission : ramener les brebis égarées de la pop anglaise dans le droit chemin. Résolument tourné vers les années 1960 et aussi efficace que les galettes de l’époque avec sa production vintage et ses mélodies bien envoyées, leur premier album est un vrai courant d’air frais. Comme quoi, c’est bien dans la vieille pop qu’on fait les meilleurs groupes… Boxson / Anticraft - 21 mai

Imaginez qu’Alain Souchon, Diam’s, Mylène Farmer (cf. la reprise déjantée de Libertine), Brigitte Bardot et Vincent Delerm soient soumis à des expériences scientifiques à base d’électrochocs, puis relâchés dans la nature sous forme de secrétaires à la dégaine à la fois guindée et punk… Vous obtenez les Suprêmes Dindes, quatuor explosif et bien entouré (Didier Wampas, Didier Super et Denis Barthe, le batteur de Noir Désir). Complètement barrées, méchamment drôles, ces volailles sont vraiment divines ! Echo prod / Exclaim - Disponible

On ne remerciera jamais assez The Arcade Fire, Malajube, la fée Feist et le Broken Social Scene d’avoir prouvé que le Canada et le Québec étaient capables d’exporter autre chose que Garou ou Céline Dion. Venu du Québec, Galaxie (ex Galaxie500) sonne comme un groupe anglais, entre la mélancolie électrique de Nirvana et les envolées lyriques d’un George Harrison (en beaucoup moins zen, toutefois). Bruyant, incisif et mélodieux, Le temps au point mort est un coup de maître. Ladilafé productions / Atmosphériques - Disponible

Un Norvégien au physique de viking qui fait du blues, forcément, ça (d)étonne. Bjørn Berge ne fait pas grand cas des clichés. C’est sans complexe qu’il reprend, dans son nouvel album, des classiques rock (de Led Zeppelin à Soundgarden en passant par Rage Against the Machine) comme s’il s’agissait de vieux standards de blues américains. Dans ces versions âpres et épurées, certains morceaux gagnent en intensité. Une expérience étonnante et réjouissante pour les oreilles… Dixiefrog / Harmonia Mundi - 10 mai

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ARTIC MONKEYS - FAVOURITE WORST NIGHTMARE HHHHI

Photo Perou / Richard Kelly

Les Artic Monkeys sont un groupe très énervant, et le pire, c’est que ça n’est pas vraiment de leur faute. Adoubés par les internautes (ils sont souvent cités comme LE groupe de la génération MySpace), puis par une certaine presse rock craignant d’être ringardisée par la Toile, les quatre jeunots ont un peu précipité la sortie de leur premier album. Bâclé, brouillon, poseur, ce dernier a néanmoins terminé en haut des charts, et des classements des magazines : il faut dire que 2006 fut une « année sans » pour la pop anglaise, après deux années de grâce totale qui avaient vu naître Franz Ferdinand, The Rakes, Bloc Party et consorts. Whatever people say I am that’s what I’m not a eu toutefois le mérite de poser les bases du « son » Artic Monkeys : une incontrôlable logorrhée posée à la va-vite sur des riffs assez irrésistibles, mais rarement mémorables. Beaucoup plus mûri et moins arrogant, ce deuxième album modifie la recette gagnante du premier. Si This house is a circus est une

photocopie éhontée du sympathique Fake Tales of San Francisco, le reste de l’album surprend, ici avec des harmonies bien trouvées (D is for dangerous), là avec un final en fanfare vaguement inquiétant, lointain écho au For the Benefit of Mr. Kite des Beatles (If you were there, beware). La voix d’Alex Turner, plus posée, trouve le bon tempo, et du bouillonnement caractéristique du groupe sortent quelques jolies mélodies (Only ones who know). Du reste, les singes de l’Arctique cultivent leur image de mauvais garçons sur Balaclava, et montrent de vraies qualités d’écriture sur le versant sombre de Somewhere over the rainbow, Old yellow bricks. Dans l’ensemble plus abouti, Favourite Worst Nightmare apparaît comme un honnête album, bien meilleur que le précédent, mais pas encore à la hauteur de la réputation des quatre Anglais. Sur leur site MySpace, les Artic Monkeys clament bien fort « Don’t believe the hype ». Fausse modestie ou extraordinaire lucidité ? Et si les Artic Monkeys avaient, tout simplement, besoin de grandir en paix ? Après tout, ils n’ont que 20 ans… Domino / Pias - Disponible

Textes Dorothée Bécart

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L’ARTY-SHOW DE FRUITKEY

Fruitkey – CHEVALINE HHHHH Piste 1, Hand in the Dark : décor de western-spaghetti. Au fond d’un vieux saloon proche de la frontière mexicaine, une jeune femme ivre fait son show debout sur le comptoir. Piste 4, Competition : fin des années 70. Une boîte londonienne branchée. Des chanteurs pop, glam et punk se succèdent sur scène dans le but de gagner le concours de la chanson la plus triste (It’s a competition / Who can sing the saddest song). Piste 13, Chevaline : quelque part dans le monde, les années 90. Une chambre tapissée de posters de Nirvana. Un jeune homme aux cheveux longs tire quelques accords mélancoliques de sa guitare. L’album qui porte le nom de ce dernier morceau de bravoure est l’œuvre d’un groupe caméléon, Fruitkey. Le projet d’un artiste new-yorkais touche-à-tout, Jason Glasser, exilé en France depuis quatre ans. Loin de Brooklyn, il a regroupé autour de lui un véritable Velvet Underground à la française – oserait-on dire un souterrain de velours ? – pour enregistrer cet objet musical protéiforme, mais uniformément… séduisant. T-Rec / Anticraft | Disponible

EDITORS – An end has a Start HHHHI Pour leur retour sur le devant de la scène, les New-Yorkais d’Interpol… Ah, pardon, on me signale qu’il s’agit d’un disque des Editors, de Birmingham. Il faut dire que ces deux groupes, au son très voisin, sortent leur nouvel album à quelques jours d’intervalle ! Comme leurs cousins américains, les Editors se réclament de la « new new wave », cette réinvention du son de Joy Division. On se laisse happer sans difficulté par ce tsunami sonore réglé au millimètre, entre refrains psalmodiés avec un timbre à la Ian Curtis et guitares laconiques. Pias | 25 juin

Nous nous régalions, il y a quelques mois, du premier album de Montgomery, musicalement et géographiquement à l’ouest – ils sont de Laval. Leur œuvre éponyme bénéficie d’une réédition chez Naïve ; l’occasion de leur rendre visite sur leur Myspace (myspace.com/chezmontgomery) où une vidéo sympathique vous attend. Votre compagne n’a plus que son nom à la bouche. C’est bête, mais même si vous ne l’avez jamais vu, Julien-de-la-nouvelle-star a d’emblée une tête qui ne vous revient pas. Révisez ce jugement un peu hâtif en visitant le Myspace de l’un de ses groupes, The Jean D’Ormessons (sic) (myspace.com/thejeandormessondiscosuicide), où vous pourrez vous délecter des reprises déjantées de Born to be alive et du Lolita d’Alizée. Sean Lennon et « M » ont concocté et chanté ensemble une version française du très joli Parachutes. Malgré le capital sympathie des deux garçons, L’éclipse sonne comme un rendez-vous manqué. À vous de juger ! (leclipse.emi-artistes.com)

HELP SHE CAN’T SWIM – THE DEATH OF NIGHTLIFE HHHHI

MALAJUBE – TROMPE-L’OEIL EMILY HAINES & THE SOFT HHHHI SKELETONS – Knives don’t have your back HHHHH Le rock de Malajube se déguste frappé,

Après avoir pris la température de la « new new wave » (plutôt glaciale), prenons des nouvelles des néo-punks. Enfants terribles des Sex Pistols (Idle Chatter n’est pas sans rappeler Anarchy in the UK) et de la britpop débridée de la fin des années 90 (la généreuse énergie de Blur période Song 2), Help She Can’t Swim est tout autant capable de faire pogoter les geeks solitaires que de faire se trémousser des clones de Paris Hilton sur les dancefloors du samedi soir. Décoiffant ! Dad Records / Pias | 4 juin

voire frappadingue. Déclaration fiévreuse à la froide métropole canadienne (le génial Montréal – 40 °C, sommet de l’album), hip hop verbeux dirigé contre les critiques, accent québécois en prime (La Russe), berceuse déjantée destinée à calmer les ardeurs d’un érotomane (Pâte Filo) : on conseillerait de « magasiner » Trompe-l’œil les yeux fermés, si la seconde moitié de la galette ne nous avait pas laissés sur notre faim. Allez, ne chicanons pas… City Slang / V2 | Disponible

Voix du groupe canadien Metric et membre occasionnelle, comme Feist, du Broken Social Scene, Emily Haines sort aujourd’hui son premier album solo. Si, au sein de sa formation initiale, sa jolie voix en remontrait souvent – et sans forcer – aux guitares, elle se fait ici murmure sur quelques accords de piano éthérés (l’aérien Crowd Surf Off Cliff), ou caresse presque jazzy (sur The Maid Needs a Maid, interprétation toute personnelle du A man needs a maid de Neil Young). Des débuts envoûtants. Grönland | 4 juin

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PAUL MCCARTNEY - Memory Almost full HHHHH Intro dépouillée au yukulele, mélodie lumineuse, voix juvénile : dès le premier titre de Memory Almost Full, Dance tonight, Paul McCartney annonce la couleur. À la sublime introspection de Chaos and Creation in the Backyard, sa précédente œuvre – chronologiquement composé après le présent album –, que « Macca » avait enregistré seul sous la houlette de Nigel Godrich, succède un disque joyeusement rock, plus volontiers Wings que Beatles. C’est la première moitié de l’album, pleine d’amour (See Your Sunshine) et de nostalgie (Ever Present Past) qui recèle le plus de perles : le débridé Only Mama Knows, qui s’ouvre sur des cordes mélancoliques à la Bernard Herrmann – le compositeur des films d’Hitchcock – avant de prendre une tonalité franchement rock ; le mélancolique You Tell Me, dans la tonalité du récent A Certain Softness ; et surtout l’étonnant Mister Bellamy, composé comme une pièce lyrique où Mc Cartney, ténor léger, donne la réplique à un chœur

de voix graves – où on le retrouve travesti en baryton ! Après cette petite merveille, le lourdingue Gratitude sonne comme une faute de goût incompréhensible, d’autant que lui succède le très joli Vintage Clothes, étonnant bricolage sixties dont les harmonies évoquent Think For yourself (le bijou d’Harrison sur Rubber Soul) et quelque générique télé arty exhumé des tiroirs de la BBC. La fin de l’album, alourdie par les dispensables That Was Me et House of Wax (qui aurait gagné à bénéficier d’arrangements plus subtils) est sauvée par Feet in the Clouds et surtout le poignant The End of The End, où, pour la première fois et en toute simplicité, Macca évoque sa disparition (On the day that I die / I’d like jokes to be told / (…) and songs that we sung to be hung like blankets). Une façon de dire que tout se termine en chansons.. ce que le réjouissant Nod your head, qui clôt l’album, prouve avec panache. Hear Music / Mercury | 4 juin

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QUAND LA POP SE REMPLUME THE PIGEON DETECTIVES WAIT FOR ME HHHHH Sans cesse en train de se réinventer (ou de tourner en rond, question de point de vue), le rock anglais apporte ponctuellement son lot de jolies surprises – quand celles-ci veulent bien atteindre nos côtes… Depuis quelques mois, on voit apparaître des groupes à la fraîcheur proportionnelle au taux d’alcoolémie de Pete Doherty. Dans les mains de Larrikin Love – groupe-météorite formé fin 2005 et déjà splitté début mai ! – ou des Mystery Jets, la pop retrouve sa légèreté et son insouciance originelles. Bien qu’originaires de Leeds comme les excellents Kaiser Chiefs et Duels,

Compilation – Absolute Funk, Vol. 4 HHHHH Chaque nouveau volume de l’irréprochable collection Absolute Funk est accueilli, à la rédaction de Stuff, par un défilé de perruques afros et de costumes aussi moulants qu’improbables. Des Marvells, “Girl Group” fiévreux, aux cuivres déchaînés de Marvin Holmes & The Uptights en passant par l’irrésistible Mister Boogie de Brother Soul, cette compilation d’introuvables sortis entre 1968 et 1975 sur des labels obscurs, redonne ses lettres de noblesse à un genre finalement assez mal connu. Body&Soul / Nocturne | Disponible

les Pigeon Detectives s’inscrivent tout à fait dans cette “ThamesBeat” (nom donné par les critiques anglais à la scène pop des beaux quartiers de Londres) sautillante et résolument positive. Sans prétention aucune, mais avec une impressionnante maturité pour leurs 22 ans (âge moyen des membres du groupe), ces enquêteurs plumés s’ébrouent avec un enthousiasme contagieux dans des chansons pleines de digressions (I’m Not Sorry), dont on ne sait pas toujours où elles veulent aboutir (comme le tourbillon Can’t Control Myself, dont les ruptures rythmiques évoquent les Kaiser Chiefs). Leeds serait-elle la nouvelle Liverpool ? V2 / Coop | Disponible

Textes Dorothée Bécart

Findlay Brown – Separated The bird and the bee – by the Sea HHHHI the bird and the bee HHHHI Avec des papis toujours verts (Dylan et Young), une jeune garde pas intimidée pour un sou par ses glorieux aînés et des groupes de rock comme Midlake naviguant à la limite du genre, le folk connaît un joli renouveau. Findlay Brown, qui avoue n’avoir longtemps acheté que des disques parus en 1967, puise autant ses racines musicales dans l’Amérique de Dylan que dans le Londres psychédélique – car le jeune homme est anglais. En résulte une très jolie collection de ballades inspirées, à écouter autour d’un feu de bois avec quelques amis babas. Peacefrog / Discograph | 2 juillet

SUR LE WEB

Un oiseau, une abeille, quelques rythmes de bossa : pas de doute, c’est l’été. Balayé par une douce brise pop, le premier album – éponyme – de The Bird and the Bee est l’incarnation de la saison des siestes et des fiestas. Le duo formé par le jazzman Greg Kurstin et la chanteuse Inara George fonctionne à merveille, le premier composant un jardin de mélodies enlevées – entre Cocosuma et Au revoir Simone – où la seconde, avec son timbre à la Feist, s’ébat avec délice. A butiner – ou à becqueter – sans modération ! Blue Note / EMI | 2 juillet

Le Japon serait-il l’autre pays de la pop ? La Jpop s’exporte de plus en plus, aidée par des jeux vidéo cultes comme Osu ! Tatakae ! Ouendan (le fameux jeu où des pom-pom… boys se trémoussent sur des tubes du top 50 japonais, disponible en import sur la DS de Nintendo). Pour faire ses premiers pas dans la forêt d’artistes nippons plus séduisant(e)s les un(e)s que les autres, rendez-vous sur Nippop (nippop.com). Les messieurs apprécieront notamment la charmante Kaela Kimura – présente sur Osu ! Tatakae ! Ouendan 2 –, tandis que leurs compagnes se trémousseront sur ses compos power pop sucrées (kaela-web.com). Larrikin Love a splitté mais son Myspace est toujours vivant (myspace.com/ larrikinlove) ; l’occasion de découvrir ces porte-drapeaux de la ThamesBeat dont nous vous causons ci-contre…

Stephanie Dosen – A lily for the spectre HHHHH L’Amérique nous envoie de plus en plus de jolies folkeuses, à l’image de la mélancolique Shannon Wright ou de Cat Power. Blonde gracile, Stéphanie Dosen se situe d’emblée sur le versant le plus solaire de cette nouvelle vague. Jouant de sa voix unique – version apaisée d’Alanis Morissette ou de Sinead O’Connor –, la jeune femme déploie ses charmes vocaux de la première à la dernière seconde de l’album, tantôt en se muant, à elle seule, en chœur de fées, tantôt en laissant quelques cordes ou une guitare s’envoler avec elle… et nous avec ! Bella Union / V2 | Disponible

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Montevideo, capitale… de la Belgique Textes Dorothée Bécart

MONTEVIDEO – MONTEVIDEO HHHHH Oyez, bonnes gens, acclamez le retour du rock en perruques disco ! Trois ans après la déferlante Ghinzu, un nouveau groupe belge, Montevideo, s’apprête à conquérir les dancefloors. Le premier titre, Groovy Station, donne le ton : des cuivres élégants se trouvent bientôt noyés dans une déferlante de guitares groovy. On se retrouve à la fois sur le territoire raffiné de Jack The Ripper (les textes très écrits et les arrangements précieux d’I’m a Troublemaker) et les contrées festives redécouvertes avec bonheur par la génération Franz Ferdinand (même volonté de faire « danser les filles », notamment sur Sluggish Lovers, Nation et le très peu féministe Liberation for Women). Le charme de l’ensemble doit beaucoup à voix du leader, Jean Waterlot, qui n’a rien d’une morne plainte, oscillant entre les timbres de Robert Smith et de Gaz Coombes (le leader de Supergrass). Aux manettes de la production, impeccable, John Stargasm, le leader de Ghinzu, cosigne et prête sa voix à l’étourdissant Drunk For The Last Time, dont on sort effectivement dans un état proche du delirium tremens. C’est bon, c’est belge, et on en veut encore ! Dragoon / Pias | 17 septembre

• En attendant qu’ils se décident à sortir un digne successeur au délicieusement subversif The Best Little Secrets are Kept, régalez-vous de la kitchissime reprise du générique de Flash Gordon – autrefois interprété par Queen – par les Américains de Louis XIV (myspace.com/louisxiv). • Les Parisiens d’Avia ont récemment illustré de leur charmant You’ll Be Fine une publicité pour une banque. Les quelques titres qu’on trouve sur leur Myspace nous font espérer la sortie d’un album dans la veine de Tahiti 80 ou de Jim Noir (myspace.com/aviasoundsystem). • Vous rencontrez quelques difficultés à arrêter définitivement la cigarette ? Vous n’êtes pas seul : c’est aussi le cas du groupe Molypop, qui signe une jolie complainte folk, Je fume plus, à découvrir en même temps que leurs autres compositions au charme tout bucolique (myspace.com/molypopi).

INTERPOL – OUR LOVE TO ADMIRE HHHHI

GRAVENHURST - THE WESTERN LANDS HHHHH

AIR TRAFFIC – FRACTURED LIFE HHHII

ARTHUR & YU – IN CAMERA HHHHI

En deux albums, Turn on the Bright Lights et Antics, les New-Yorkais d’Interpol ont su s’imposer comme les héritiers les plus crédibles de Joy Division. Moins cohérent que l’opus précédent, qui enchaînait les titres comme autant de mouvements d’une bien sombre symphonie rock, Our Love to Admire privilégie l’atmosphère (le glacial Pioneer to The Falls) et les titres plus immédiatement accrocheurs (Heinrich Maneuver et Mammoth, tubes en puissance). Seules quelques petites longueurs gâchent le plaisir de ces retrouvailles. Capitol | Disponible

Nick Talbot, leader et tête pensante de Granvenhurst, aime à mettre en musique ses rêves, vénéneux et mélancoliques. C’est presque sur la pointe des pieds qu’on rentre dans son petit monde musical, qui ne se laisse apprivoiser qu’après de longues et amples introductions instrumentales (She Dances et ses riffs dissonants à la Sonic Youth). La récompense est belle : de mélodies lumineuses (Trust) en merveilleux chaos (le final de The Collector), The Western Lands est l’album le plus envoûtant de cette rentrée. Warp Records | 10 septembre

Le premier contact avec Air Traffic, nouvelle-nouvelle-sensation-du-rockbritannique, laisse augurer le meilleur : riffs sautillants, piano jazzy, Just Abuse Me, tout en fraîcheur pop, est bien sympathique. Mais dès le troisième titre, le groupe abandonne cette réjouissante veine pour un rock plus emphatique, jusqu’à singer Radiohead, Muse (on frise le plagiat sur Empty Space) ou Coldplay (le plan-plan I Can’t Understand). L’ensemble, forcément familier, n’a rien de désagréable, mais n’est-il pas trop pompé pour être honnête ? EMI | 24 septembre

2007 est décidément l’année des couples de musiciens. Après les jolis bidouillages de Fruitkey et l’électro aérienne de The Bird and The Bee, Arthur & Yu viennent à leur tour apporter un courant d’air frais au paysage musical. Toutes en harmonies vocales, leurs ballades apparaissent comme une charmante régression folk qui donne envie de prolonger, quarante ans après, le Summer of Love hippie, ou de fréquenter de plus près le Velvet Underground, influence majeure du duo. V2 / Coop | 29 août

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GOSSIP - STANDING IN THE WAY OF CONTROL HHHHH Précédés par une rumeur à la hauteur du nom du groupe (« ragot » en anglais), les Américains de Gossip débarquent enfin en France, après avoir enfiévré les charts anglais. Adoubés par Sonic Youth – la pochette de l’album, sur laquelle la chanteuse du groupe exhibe fièrement sa pilosité, est signée Kim Gordon –, ces extraterrestres venus de l’Arkansas sont devenus, en trois albums, la coqueluche du rock indé américain. Question d’attitude – la charismatique et gironde Beth Ditto a été élue par le NME « personnalité la plus cool du rock » l’an passé – et d’audace musicale : sur des rythmes punk-pop bien

balancés (on pense très souvent aux Ramones et à Franz Ferdinand), Mademoiselle Ditto, voix de diva noire dans un corps de blanche, envoie tout son groove. Ce contraste fait la grande originalité du groupe, qui sonne presque « vintage » tout en distillant des paroles plus que jamais ancrées dans les préoccupations de ce début de siècle (sous des apparences frivoles, l’énorme tube Standing in the Way of Control, repris cet été sur tous les dancefloors européens, est un très sérieux plaidoyer pour le mariage gay). Irrésistible de bout en bout (les imparables Jealous Girls, Listen Up ! ou Yr Mangled Heart le disputent à des ballades toutes en tension, comme Coal To Diamonds ou Holy Water), Standing in the way of control est LA sensation de cet automne. Backyard / Pias | 17 septembre

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FIELDS, champs du possible Textes Dorothée Bécart

Fields – Everything last Winter HHHHH Avec ses allures de vieux bouquin aux pages cornées, le premier album de Fields affiche d’emblée le credo du groupe : faire du vieux avec du neuf. Everything Last Winter inscrit ces jeunes anglo-islandais dans la mouvance neo-vintage à laquelle s’apparentent tout aussi bien les mélodistes éclairés de Sparklehorse, chez qui la patine se manifeste par quelques craquements de vinyle ou un chapelet de notes nostalgiques tirées d’un mellotron, que les folkeux de Midlake, incarnation nouveau siècle des hippies seventies. Les superbes

STEREOPHONICS – PULL THE PIN HHHHI Après la fraîcheur pop de Just Enough Education to Perform, l’album qui leur avait ouvert les portes de la gloire avec le joli Have a Nice Day, Stereophonics avait pris un tournant plus rock, même si leur plus grand succès, Maybe Tomorrow, tenait plus de la ballade mélancolique mainstream que du brûlot punk. Les premières notes de Pull the Pin remettent les pendules à l’heure, avec le rageur Soldiers Make Good Targets. L’album culmine avec l’efficace I Could Lose Ya, mais c’est décidément quand il met ses guitares en veilleuse, comme sur le charmant Bright Red Star, que le groupe se montre le plus attachant. V2 | 15 octobre 108 | STUFF

harmonies entre voix féminine et masculine évoquent le lyrisme médiéval d’Espers et savent rendre inoubliables des mélodies laconiques comme celle de Schoolbooks. On se laisse assez vite aller à des rêveries stratosphériques que l’âpre The Death, avec ses accents de coldcold wave à la Interpol, interrompent brutalement. La seconde moitié de l’album, avec ses envolées pleines de grâce, consolera les orphelins de Grandaddy. Conte nordique riche et foisonnant, Everything Last Winter est l’acte de naissance d’un grand groupe, proche des plus grands, mais unique en son genre. Pias | Disponible

MOTHER AND THE ADDICTS – SCIENCE FICTION ILLUSTRATED HHHHH

DOMINIC SONIC – PHALANSTÈRE 7 HHHHI

Séquestré depuis deux ans par le duo versaillais Air qui semble le maintenir dans un état végétatif à coup de puissants narcoleptiques, l’esprit de Jarvis Cocker semble avoir réussi à échapper à la vigilance de ses geôliers pour s’incarner en Mother, le chanteur de Mother and the Addicts. Cette troublante gémellité vocale trouve son écho dans le son du groupe, qui fait la part belle aux synthétiseurs eighties – certains morceaux sonnent comme d’hypothétiques bonus à His’n’Hers… – et une production disco qui n’est pas sans évoquer les flamboiements kitsch d’un Countdown. Le disque que Pulp n’a jamais enregistré ! Pias | Disponible

Chanteur rageur de Kalashnikov, parolier de Bashung, copain de scène des Stooges, Curiste éclairé – il figure dans la playlist de la compilation hommage Imaginary Songs –, Dominic Sonic a connu mille vies musicales, surtout du côté obscur. Après des années de déboires divers et variés, il revient dans la lumière avec cet album électrique, juvénile et culotté, jusque dans sa reprise très inspirée du Mother de John Lennon. Aussi à l’aise en français qu’en anglais, le Breton rescapé des eighties et revenu de tout ne parle de toute façon qu’une seule langue : le rock. Et ça balance ! Village vert / Wagram | 15 octobre

• Montevideo, notre coup de cœur de septembre, ne sortira finalement son premier album que le 15 octobre en France. En attendant de vous jeter sur la bombe sonore de la rentrée, allez faire un tour sur myspace.com/ montevideotheband et régalezvous avec le clip de leur premier single, Sluggish Lovers, dans lequel le groupe joue sur des guitares… humaines ! • Tahiti Boy and the Palmtree Family ne sévit pas sous les cocotiers polynésiens, mais bien sur la scène parisienne. Découvrez leurs jolies rengaines pop / rock sur myspace.com/tahitiboyfamily. • Les Yarrows arrivent bientôt chez nous. Découvrez sans tarder ces Américains inspirés sur myspace.com/theyarrows.

ASOBI SEKSU – CITRUS HHHHI Si vous n’êtes pas encore prêt à vous jeter à corps perdu dans la très foisonnante scène J-Pop (registre somme toute passablement varié), voici un – flamboyant – compromis : Asobi Seksu (littéralement, « le sexe ludique »), groupe américano-nippon, se joue des barrières linguistiques et culturelles, mélangeant habilement anglais et japonais, pop kawai et grosses guitares. La légère acidité noisy de ce Citrus trouve d’ailleurs son parfait contrepoint dans la voix sucrée et haut perchée de la chanteuse Yuki, joli petit elfe qui donne toute son âme à ce premier opus aérien, enchanteur et… bruyant. One Little Indian / Discograph | Disponible


Stuff musique

Scoop : Pete Doherty, l’ex de Kate Moss-la-brindille, le copain de beuverie d’Amy Winehouse, Pete Doherty, dont même le chat est cocaïnomane, Pete Doherty fait aussi… de la MUSIQUE ! Abonné aux couvertures de la presse people, l’enfant terrible du rock anglais laisse souvent ses frasques éclipser sa carrière. Et c’est bien dommage, car son groupe postLibertines (rappelons que les Libertines avaient splitté en 2004 en deux entités, Pete Doherty créant les Babyshambles d’un côté, Carl Barat les Dirty Pretty Things de l’autre) enchaîne les tout bons albums.

Après Down in Albion et l’EP The Blinding, voici Shotter’s Nation, sans doute l’opus le plus abouti du néo-groupe. Grand admirateur d’Oscar Wilde, Pete Doherty semble avoir fait sien le célèbre aphorisme « Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains regardent les étoiles ». Plus il tombe bas, plus ses compositions volent haut. À travers l’élégante désinvolture du parfait Carry Up That Morning et du jazzy There She Goes, l’évidence du très « Kinksien » Delivery, la fragilité apparente des très beaux UnBiloTitled et Lost Art of Murder, la mélancolie guillerette de French Dog Blues, on devine en Doherty un esthète de la pop, plus poète maudit à la Rimbaud que sale gamin. De quoi faire taire les ragots ? Delabel / EMI | 1er octobre

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Photo Richard Skidmore

BABYSHAMBLES - SHOTTER’S NATION HHHHH


Stuff musique SOMMAIRE : CD P. 124 - DVD P.126-127 JEUX P.128-129

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SUR LE WEB Inédits, futurs « meilleurs groupes du monde » et découvertes…

Calc, révolution en douceur Textes Dorothée Bécart

Photo Renaud Subra

CALC – DANCE OF THE NERVE HHHHH Il y a deux ans, Calc nous avait subjugués avec le très « Elliott Smithien » Twelve Steps to Whatever, d’une remarquable subtilité mélodique. Après un très sympathique EP, Real to reel, dominé par l’obsédant Fluorescent Knives, le groupe bordelais sort enfin son cinquième album. Les riffs guillerets de Bad Actor tranchent d’emblée avec la mélancolie du précédent opus ; les mélodies toujours

• Anaïs, l’inoubliable interprète de Mon cœur, mon amour, s’est acoquiné avec les excellents Californiens de The Blood Arm pour enregistrer une version bilingue du très pop Do I have your attention ?. Une petite récréation fraîche et punchy, à découvrir en exclu sur myspace.com/thebloodarm et myspace.com/anaisinyourface. • Jason Lytle, l’ex-leader de Grandaddy, a craqué pour le groupe normand Maarten, au point de produire leur deuxième album studio. Leurs compositions, effectivement pas éloignées du son de Grandaddy, sont à écouter sur myspace.com/ maartenpopband. • Orwell, le groupe nancéen dans la lignée de Tahiti 80, sort un nouvel album, à découvrir sur myspace.com/ orwellfrenchband.

aussi frappantes de Julien Pras se font plus enlevées, comme sur le très charmant Algebrasong. Servi par une production impeccable – aux manettes, Xavier Boyer, le leader de Tahiti 80 – le groupe s’affranchit du son lo-fi des précédents albums sans perdre son identité sonore : on navigue toujours entre le tristement gai et le joyeusement triste qui fait tout son charme. Calc, ou les cyclothymiques les plus attachants du paysage pop français… Vicious Circle | Disponible

PJ Harvey – White Chalk HHHHH

Alpha – THE SKY IS MINE HHHHI

INA ICH – Ina Ich HHHHI

ZONG – Fractures HHHHI

On avait laissé Polly Jean sur les riffs énervés de Uh Huh Her. Il est d’autant plus surprenant de la retrouver sous les atours d’une créature victorienne qui ne jurerait pas dans un tableau préraphaélite. Dépouillé à l’extrême, White Chalk fait la part belle aux claviers et à la voix – à nu comme jamais – de la chanteuse. Du fragile Broken Harp au subtilement pop The Devil en passant par le frissonnant To Talk To You (dédié à sa grand-mère), c’est une PJ transfigurée, presque fantomatique, qui nous embarque dans ses errements mélancoliques, entre passé décomposé et avenir incertain. Touchant et superbe. Island Records | Disponible

Cela faisait un bon bout de temps qu’on n’avait pas reçu d’aussi bonnes nouvelles de Bristol, la ville qui a donné naissance au trip-hop. Avec son huitième album, Alpha ne prétend pas réinventer le genre, mais en montre une parfaite maîtrise. On se laisse à nouveau porter vers des paysages musicaux en cinémascope, quelque part entre Portishead et le premier album de Goldfrapp, Felt Mountain. Mais ici, la douceur et la chaleur dominent (Stargazing, Home), donnant naissance à un disque aérien et délicat, jamais mièvre et captivant de bout en bout. Don’t touch Recordings | Disponible

Avec l’efficace Âme armée, qui cartonne en radio depuis quelques mois déjà, Ina-Ich a fait une entrée fracassante dans le paysage rock français. Ce petit bout de femme d’origine vietnamienne, dont on n’attend que fragilité et délicatesse – ce qu’elle épingle dans le mordant Belle asiatique – pose son chant viscéral, de cris en chuchotements, sur des guitares âpres ou un piano aérien qui évoque souvent Tori Amos. Ses textes, très au-dessus du lot, se font tantôt touchants – Libre comme l’eau –, tantôt grinçants – Belle o scalpel. Le rock hexagonal (de qualité) aurait-il trouvé son nouveau visage ? Baïdjan | Disponible

Non, la musique des DOM ne se résume pas à Francky Vincent et la Compagnie créole. Comme la Réunion d’où il vient, le groupe Zong est volcanique ! Ici, l’électro-punk se frotte aux rythmes ternaires du maloya et engendre des compositions qui semblent couler de source, comme Murder et Orgiak. La voix de Dean, bouillante chanteuse du groupe, évoque souvent les Breeders sur les titres anglophones ; mais c’est sur les chansons en français ou en créole qu’elle semble se donner le plus. À la fois complètement dépaysé et en territoire connu, on ressort de l’écoute de Fractures avec la ferme intention de réembarquer pour la planète Zong, « The planet where everybody has a song » ! Follow Me | 31 octobre

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Stuff musique SOMMAIRE : CD P. 136 - DVD P. 138-139

SUR LE WEB

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Inédits, futurs « meilleurs groupes du monde » et découvertes…

Jolie bris(a) d’hiver Textes Dorothée Bécart

Photo Ami Barwell

BRISA ROCHÉ – TAKES HHHHH Brisa Roché. Drôle de nom, drôle de frimousse, drôle d’oiseau. Sur son premier album, elle promenait une dégaine improbable, tantôt diva jazzy éthérée, tantôt folkeuse mélancolique. Se débarrassant de ces atours un peu trop sages, cette fille de babas cool revient à l’essentiel, au propre (voir la photo joliment dénudée de la pochette) comme au figuré. Takes trace sans complexe une route Sixties, quelque part entre le Swinging London (Breathe In, Speak Out) et la Californie psychédélique (The Building), l’Inde hippie (Halfway

THE WOMBATS – A GUIDE TO LOVE, LOSS & DESPERATION HHHHI À quoi ressemble The Wombats, nouveau-meilleur-groupe-anglaisdu-monde (du mois), dont Paul McCartney himself dit être un grand fan ? Hormis quelques chœurs gentiment déjantés et des textes au-dessus de la moyenne (le refrain délicieusement oxymorique de Let’s Dance to Joy Division : « Everything is going wrong / but we’re so happy »), ces marsupiaux venus de Liverpool n’apportent rien de très neuf. Seuls quelques titres forts (My First Wedding, qui clôt l’album), permettent à A guide to… de décoller. L’ensemble reste fort sympathique ; mais Liverpool a connu de plus grandes révolutions… 14 th Floor / ADA Global / Naïve | Disponible 136 | STUFF

On) et le New York underground (le pont très « Velvet » de Heavy Dreaming). En empruntant ces voies « vintage » pourtant maintes fois revisitées, Brisa Roché parvient à livrer un disque intime, prônant l’amour façon carpe diem sur Trampoline, s’interrogeant sur la dérive des sentiments dans l’envoûtant Halfway On, et prenant enfin sa liberté sur The Choice. Road-movie musical servi par une remarquable production, qui sait rester en retrait quand il le faut, Takes a le charme de ces joyaux intemporels qui restent bloqués sur la platine des mois durant. Discograph | Disponible

KYLIE MINOGUE – X HHIII Messieurs, ouvrez vos mirettes, l’Australienne de poche est de retour, avec son cortège de poses glamour, de strass et de paillettes. Le premier titre de son nouvel opus laisse espérer le meilleur : secondée par un groupe qui va à l’essentiel (piano, batterie, guitare, basse), Kylie Minogue, en Marylin destroy, joue la carte du glam rock, ce qui lui va plutôt bien. Les choses se gâtent hélas sur le reste de la galette, recyclage peu inspiré de tout ce qui marche, du néo-disco ABBA-esque à la sauce Madonna à la pop gentillette de Gwen Stefani. Seuls Sensitized (sur un sample de Bonnie & Clyde), et la ballade No More Rain parviennent à sauver l’album du naufrage. Parlophone / EMI | 26 novembre

• DJ Zebra, l’empereur français du bootleg, capable de mixer Cali et U2, Camille et Nirvana, Katerine et Boney M, est actuellement en tournée sur les routes de France. Fans du Zebramix, régalez-vous sur son MySpace… www.myspace.com/zebramix • Faites place au Grand Marquee ! Ce groupe californien se fraye un chemin séduisant entre rock psychédélique et cold wave. À découvrir sur www.myspace.com/ thegrandmarquee • Vous l’avez peut-être remarquée sur scène, aux côtés de Sean Lennon : la charmante Yuka Honda aime « faire de la musique avec des machines ». Ses compositions sont en écoute sur www.myspace.com/ yukahonda

COCOON – MY FRIENDS ALL DIED IN A PLANE CRASH HHHHH

TUE-LOUP – LE LAC DE FISH HHHHI

Musicalement parlant, 2007 fut marquée par le renouveau du folk… et les titres d’album improbables. Si l’on ne devait retenir qu’un disque pour caractériser l’année écoulée, ce serait donc celui de Cocoon. Le duo auvergnat, qui s’était déjà distingué avec le très joli EP From Panda Mountains, n’a pas son pareil pour enluminer d’une mélodie au piano ou au ukulélé des textes sombres (Take Off, Christmas Song), rendus encore plus touchants par les sublimes harmonies vocales dont Mark Daumail et Morgane Imbeaud savent jouer à la perfection. Ces deux-là ont vraiment bien fait de sortir de leur cocon… Sober & Gentle / Discograph | Disponible

Pour qui se donne la peine d’être un peu curieux, la scène pop / rock française recèle quelques belles surprises. Tue-Loup, groupe sarthois, trace sa route en toute discrétion depuis une dizaine d’années. Réponse hexagonale aux Américains de Midlake ou de Sparklehorse, leur nouvel album évoque souvent, côté frenchie, Jean-Louis Murat. Les textes joliment tournés de Xavier Plumas sont servis par des ballades amples empreintes de douceur. Sobre et intimiste, ce Lac de Fish se laisse explorer avec bonheur. Une bonne pêche… T-Rec / Anticraft | Disponible


Stuff musique SOMMAIRE : CD P. 96-97 - DVD P. 98-99 - JEUX p. 100-101

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Syd matters, revival seventies Textes Dorothée Bécart

Photo Jason Glasser

Syd matters – ghost days HHHHH Il y a cinq ans, Jonathan Morali – alias Syd Matters – remportait le concours CQFD des Inrockuptibles, le même qui a couronné, cette année, le joli duo néo-folk Cocoon. Deux albums plus tard, entouré de fidèles musiciens, le Parisien continue de tracer sa route pop-folk, quelque part entre le Pink Floyd du début – comme le suggère son pseudo-clin d’œil et la fin de I’ll Jackson, avec son « Shame on you crazy Jackson » sans ambiguïté – et Radiohead – le final complexe de It’s a

Nickname –, avec un soupçon de Rufus Wainwright dans l’interprétation. Très autobiographique, Ghost Days voit Syd relater ses pérégrinations nocturnes, à la limite du somnambulisme, soutenu par un piano-confident (le magnifique I was Asleep) ; s’égarer en effrayantes digressions dans l’étrange Louise 10 ; laisser ses émotions affleurer dans des harmonies vocales sur le fil (Cloud Flakes). Ghost Days ouvre en beauté l’année 2008 sur la scène alternative française, décidément riche et surprenante. Because | 14 janvier

• Le dernier clip d’Arcade Fire est un petit bijou : il s’agit en réalité d’une animation Flash interactive, pleine d’humour noir et de surprises déconcertantes. À découvrir sur www.beonlineb.com • Barth, petit cousin frenchy de Beck, sort son prochain album en mars. Et en offre un petit avant-goût bien appétissant en vidéo sur son Myspace, myspace.com/barthroom • La jolie découverte du mois : Feeric Chimney, un groupe français originaire de Poitiers et d’Angers, dont quelques compositions sont à écouter sur myspace.com/feericchimney.

CAT POWER – Jukebox HHHHI

CARIBOU – Andorra HHHHI

HOPPER – DEER GIRL HHHHI

COMPILATION – PAS VU À LA TV 2 HHHHI

Chan Marshall, alias Cat Power, revient de loin : il n’y a pas si longtemps, elle envoyait balader ses fans en les plantant en plein concert, entre deux verres d’alcool bien fort. Puis vint The Greatest, album de la dernière chance dont le succès critique et public – sa chanson-titre hante même le dernier Wong Kar-Wai – a considérablement apaisé la jeune femme. Dans ce nouvel album, où se côtoient reprises et inédits, son joli brin de voix se heurte à des monuments soul (Lost Someone de James Brown), se montrant beaucoup plus à l’aise avec les univers de Bob Dylan, Joni Mitchell et Janis Joplin. Une bien jolie pause, en attendant son prochain disque… Matador / Beggars | 21 janvier

En voilà au moins un qui assume pleinement ses origines : Daniel Snaith, alias Caribou, a grandi, comme son surnom l’indique, au Canada. Et son deuxième album sous cette identité animale ne fait pas mentir l’adage en vogue – selon lequel c’est au Canada qu’il se passe les choses les plus intéressantes musicalement (voir Arcade Fire et The Broken Social Scene). Album-trip mélangeant joyeusement rock psyché (After Hours), pop façon Brian Wilson (Sandy) et électro (Irene), Andorra est porté par sa première chanson, Melody Day, petit trésor mélodique tissé d’arrangements de haute volée. Cooperative Music | Disponible

Contrairement aux apparences, Hopper ne vient pas du Grand Nord – le groupe ne fait que suivre la grande mode des têtes de cerf, déjà présentes sur la pochette de Pigeon Detectives. Ce duo féminin français d’expression anglaise, aux influences multiples – un soupçon d’Interpol (Tomorrow is a Mystery), beaucoup des Yeah Yeah Yeahs dans l’interprétation viscérale (Rock’n’Roll High) et pas mal de Sonic Youth dans les compos – a de l’énergie à revendre. Produit par Ryan Hadlock (déjà aux manettes des albums de The Gossip et des Blonde Redhead), ce petit bijou hexagonal d’une efficacité redoutable en remontre sans peine aux groupes indés américains. MVS / Anticraft | 28 janvier

Voici le deuxième volet de cette compilation regroupant une cinquantaine d’artistes français dits « alternatifs ». De la chanson à texte, sage (Aldebert) ou déjantée façon David Lafore Cinq Têtes au rock métissé de Zong, en passant par les élégantes divagations de Jack The Ripper et l’humour noir de Didier Super, c’est tout l’éclectisme d’une scène hexagonale – qu’on a tendance à réduire à deux ou trois têtes d’affiche – qui est ici donné à entendre, faute d’être vu… à la TV. Trois galettes à prix très doux qui donnent envie de se ruer chez son disquaire pour rattraper le temps perdu ! Écho Productions / Exclaim | Disponible

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Stuff musique

RADIOHEAD - IN RAINBOWS HHHHH Un mode de distribution audacieux, un groupe qui prend son indépendance : In Rainbows a déjà beaucoup fait parler de lui ces derniers mois, plus à cause du séisme qu’il a provoqué dans le monde de la musique que pour son contenu. Maintenant qu’il sort dans les bacs (cette fois-ci à prix fixe), le dernier album de Radiohead existe enfin en tant qu’œuvre, dépassant le statut de simple phénomène. Et quelle œuvre ! Beaucoup plus accessible que les trois albums précédents – Kid A, Amnesiac et Hail to The Thief – In Rainbows est une magnifique

synthèse de quinze années d’une recherche musicale sans répit, entre fulgurances et intransigeance. Si l’efficace Bodysnatchers évoque l’adolescence du groupe – avec un son proche de The Bends –, les splendides accès mélancoliques de Nude et Reckoner renvoient, eux, à la carrière post-OK Computer du quintet et à la tentative solo de Thom Yorke, The Eraser. Sommet de l’album : Faust Arp, ballade dépouillée sur fond de cordes envoûtantes qui évoque Try Some, Buy Some de George Harrison (récemment repris par David Bowie). Ce morceau donne à lui seul le ton d’In Rainbows, album d’un groupe en paix avec lui-même. Enfin. XL Recordings / Beggars | 31 décembre

STUFF | 97


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