DOROTHéE BéCART Journaliste- rédactrice multimédia 33 ans - carte de presse n° 101674
BOOK évasion Extérieurs Design
Groupe Digicia Média Bimestriel déco/design consacré aux jardins contemporains
Rédactrice en chef (CDI, 2010-2013) Rédactrice en chef adjointe (CDI, 2008-2010)
STUFF
Groupe B&B Média Mensuel masculin dédié aux loisirs numériques
Rédactrice en chef adjointe (CDI, 2006-2008) Critique musicale (CDI, 2005-2008)
Tendance l Gourmand
Paris est une grande cachottière : dans l’intimité de ses hôtels se cachent jardins enchantés et terrasses trendy où se ressourcer, s’afficher ou observer la vie de la capitale. TEXTE DOROTHÉE BÉCART 124 I extérieurs design
TERRA
© THOMAS DHELLEMMES
Écrin luxueux ■ À force de côtoyer les grands noms de la mode, ses voisins de l’avenue Montaigne, le sage Plaza Athénée a fini par adopter un style très couture. Le froufroutant mur végétal est réveillé par de petites touches de rouge vif, tout comme le mobilier métallique signé Sifas qui habille le patio. Hôtel Plaza Athénée, 25 avenue Montaigne, Paris VIIIe.
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Tendance l Gourmand
© MAMA SHELTER
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Refuges design Bois, blanc, rouge ■ À mi-chemin entre Bastille et Nation, cet écrin boisé cultive un esprit cocardier avec son mobilier Fermob Up & Down rouge et blanc et ses lampions discrets invitant à quelque bal populaire au bord d’un canal Saint-Martin de carte postale. La fontaine Leopold ajoute un côté décalé à ce patio où l’on vient bruncher ou boire un verre. Hôtel Le Quartier Bastille-Le Faubourg, 9 rue de Reuilly, Paris XIIe.
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Starck attackS ! ■ Ouvert depuis l’automne dernier, en face de la Flèche d’or, le Mama Shelter, enfant terrible de l’hôtellerie parisienne, est un cocktail de luxe et de design régressif bien secoué par Philippe Starck. Son esprit rock et rebelle est tempéré par une terrasse sobre, où l’on partage les derniers cancans de Paris sur les canapés Bubble de Kartell. Hôtel Mama Shelter, 109 rue de Bagnolet, Paris XXe.
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Pas de deux ■ Paola Navone et Arik Levy se sont donnés rendez-vous dans la cour du Quartier Bercy-Square, qui vient d’ouvrir ses portes à deux pas des anciens chais de Bercy. Les fauteuils Low Lita et les curieux bancs Meteor, créés pour Slide et Serralunga, donnent à ce petit jardin aux allures campagnardes un look rétro-futuriste bien dans le ton de ce petit coin de Paris qui semble hésiter entre passé et futur. Hôtel Le Quartier Bercy-Square, 33 boulevard de Reuilly, Paris XIIe.
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Terrasse étoilée ■ Si loin, si proche du tumulte de l’avenue des ChampsÉlysées, la cour intérieure de l’hôtel Lancaster invite les gourmets à déguster les divines recettes de Michel Troisgros. Mêlant tapis d’helxines, galets et bambous, la terrasse de la Table du Lancaster se veut zen, chic et un tantinet provocante, avec son mur habillé de panneaux tressés rouge vif. La Table du Lancaster, 7 rue du Berri, Paris VIIIe. extérieurs design I 127
équenté entre roïne de déco de l’avenue palace le plus isme de sa ables Sifas est ussins et des 25 avenue
© THOMAS DHELLEMMES
© JOHN VAN HASSELT
Tendance l Gourmand
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Dans l’intimité des palaces 1
Rêve éveillé ■ Quelques mètres derrière l’extravagante place de la Concorde,
tout en ors et en grandeur, ce patio hors du temps mise sur l’élégance et la sobriété. Une véritable ode à l’art de vivre et au bon goût... Hôtel Crillon, 10 place de la Concorde, Paris VIIIe.
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Rouge glamour ■ Fréquenté entre autres par Carrie Bradshaw, l’héroïne de Sex and the City, le bel hôtel Art déco de l’avenue Montaigne est indéniablement le palace le plus fashion de la capitale. Le classicisme de sa terrasse meublée de chaises et tables Sifas est bousculé par le rouge vif des coussins et des parasols. Hôtel Plaza Athénée, 25 avenue Montaigne, Paris VIIIe.
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Vue imprenable ■ C’est la terrasse d’hôtel la plus privée de la capitale. Perchée sur le toit du Meurice, palace parisien récemment revu et corrigé par l’équipe de Philippe Starck, elle n’est accessible qu’aux occupants de la sublime suite royale Belle Étoile. On y dîne ou l’on s’y prélasse dans un décor sobre et chic signé Dedon, en regardant scintiller la tour Eiffel le soir venu... Hôtel Meurice, 228 rue de Rivoli, Paris Ier.
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À la Française ■ Tout en raffinement, la terrasse du Bristol, nichée au cœur
d’un jardin à la française, est à l’image du palace, élu en 2008 meilleur hôtel du monde par une revue américaine. On y déguste dès le 1er mai la cuisine d'Éric Fréchon, le chef deux étoiles du Bristol. Hôtel Bristol, 112 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris VIIIe.
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Tendance l Gourmand
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Écrins verts 1
Parenthèse enchantée ■ Entre topiaires sagement taillées, herbes folles et tapis de fleurs, le petit jardin du Regent’s Garden est un piquant cocktail d’influences japonaises, tropicales et occidentales. Les fauteuils Rendez-Vous de Fermob accueillent, à l’heure du thé, les gourmands pour une pause contemplative et zen. Hôtel Best Western Regent’s Garden, 6 rue Pierre-Demours, Paris XVIIe. Comme dans un rêve ■ Le très arty Hôtel Particulier de Montmartre, dont les chambres sont ultra-customisées par des créateurs issus du monde de l’art et de la mode, étonne avec ce jardin plutôt sauvage, dessiné par le paysagistevedette de l’Élysée, Louis Bénech. Hôtel Particulier de Montmartre, 23 avenue Junot, Paris XVIIIe.
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Terrasse décapotable ■ Dominé par un spectaculaire mur végétal
de 30 mètres composé de plus de 300 essences d’arbres et d’arbustes, et signé par le « maestro » Patrick Blanc, le patio du Pershing Hall est une oasis de raffinement, avec ses sièges en cuir signés Imaad Rahmouni. Pour l’An neuf, cette terrasse unique en son genre s’est offert une spectaculaire verrière rétractable pour protéger les gourmands des caprices du ciel. Hôtel Pershing Hall, 49 rue Pierre-Charron, Paris VIIIe.
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c’est de saison
évasion VISION NOCTURNE
STRAS(BOURG)
SAMTEN NORBÙ
Les grands noms du design, d’Emu à Vitra en passant par Driade et Metalarte, se croisent sur cette terrasse rétroéclairée, nouvelle venue de la nuit strasbourgeoise.
ET PAILLETTES...
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Ancré dans l’histoire, l’hôtel Hannong, à Strasbourg, entre dans l’ultra-modernité avec une terrasse à la pointe du design et du high-tech, pour cocktails trendy et bien secoués. TEXTE DOROTHÉE BÉCART
’est une vénérable maison strasbourgeoise, édifiée dans les années 20 par deux frères passionnés d’art moderne sur les lieux d’une faïencerie pluricentenaire, quelque part entre la cathédrale et la Petite France. Dans cette demeure d’allure bourgeoise, le raffinement des salons et des chambres s’est, au fil des années, acoquiné avec la modernité, dans l’élégant bar surmonté d’une verrière années 30 ou dans les chambres équipées de gadgets dernier cri. Mais c’est avec sa nouvelle terrasse, imaginée par l’ar26 I extérieurs design
chitecte Marcel Hubner, que l’hôtel Hannong a fait sa véritable entrée dans le XXIe siècle, l’été dernier. Comme un tapis volant, la dalle de verre rétroéclairée semble, à la nuit tombée, flotter au-dessus du sol en bois brésilien. Pleine de légèreté, la structure arachnéenne des chaises signées Christophe Pillet participe à ce ballet aérien, éclairé par des lampadaires translucides aux allures d’abat-jour surdimensionnés. Un peu en retrait, une dormeuse Tokyo Pop, tel un nuage détaché de ce ciel artificiel, invite à planer
au-dessus des festivités les plus débridées... car la terrasse de l’hôtel Hannong accueille tout le long de l’année les soirées les plus en vue de la capitale alsacienne. Un écrin à la fois intimiste et généreux pour soirées fooding ou dégustation de vin, concerts improvisés ou réunions d’amis à la belle étoile où l’on se trémousse sur la plateforme illuminée, dancefloor futuriste tout droit sorti d’un clip de Michael Jackson... Hôtel Hannong, 15 rue du 22 Novembre, Strasbourg, tél. 03 88 32 16 22.
c’est de saison
évasion Hommage
Inutile de chercher l’« île Dedon » sur une carte : elle se situe sur la terrasse de l’hôtel East, dont les extérieurs rendent hommage à l’éditeur allemand de mobilier outdoor. On y échoue volontiers, confortablement installés dans les fameux Orbits ou sur les sofas Tango.
À L’EST, DU NOUVEAU A
deux pas du quartier chaud de la Reeperbahn, où les marins s’encanaillent depuis des lustres et d’où démarra la Beatlemania à l’aube des années 60, s’élève une ancienne fonderie, investie il y a cinq ans par un trio de passionnés. Avec la complicité de l’architecte Jordan Mozer, Christoph Strenger, Marc Ciunis et AnneMarie Bauer ont transformé ce lieu prometteur en temple du design et de l’art de vivre. Cet hôtel ultra-contemporain, sobrement baptisé « East », ne 18 I extérieurs design
Quand une ancienne fonderie hambourgeoise se métamorphose en hôtel design, les extérieurs ne sont pas en reste... TEXTE DOROTHÉE BÉCART
fait pas mentir le dicton local, qui dit que Hambourg est la porte ouverte sur le monde : on y déguste des mets savamment métissés et des cocktails où se mêlent les influences européennes et asiatiques. Ces derniers se savourent dans des espaces lounge ou sur la terrasse, liée à un grand nom du design extérieur et une fierté locale : Dedon, dont le siège est situé à Lüneburg, à une cinquantaine de kilomètres de Hambourg. Omniprésentes dans l’hôtel, les créations en fibre
tressée de la marque sont également à l’honneur sur le toit de l’hôtel, où les cadres stressés viennent se faire masser au grand air après un spa finlandais. À l’abri des regards, derrière une forêt de bambous, on peut aussi, tout simplement, tendre l’oreille pour essayer de capter les rumeurs de la ville la plus cosmopolite et la plus branchée d’Allemagne... Hôtel East Hamburg, Simon-von-UtrechtStrasse 31, 20359 Hambourg, Allemagne, tél. +49 (0) 40 30 99 30.
c’est de saison
évasion Côté restaurant La terrasse extérieure aménagée par Filippo Scorza joue la carte de la discrétion, avec un élégant mobilier en résine tressée dont la sobriété contraste avec les îlots de détente composés de poufs verts.
Seuls au monde
COSTAGROUP.NET / MORENO CARBONE
Comme sur un tapis volant, les amoureux viennent rêvasser sur les lits d’extérieur, en quasi-lévitation au-dessus de la Méditerranée !
NUITS SECRÈTES ù se trouve le bar le plus secret du monde ? En Italie, à 150 kilomètres à peine de la frontière française, dans un... ancien tunnel ferroviaire ! Le pari un peu fou des architectes du cabinet AMW et du groupe Costa de réhabiliter ce lieu atypique à l’aplomb de la Méditerranée a donné naissance à un endroit hybride, entre discothèque, bar-lounge et beach-club. À la sortie du tunnel, on 18 I extérieurs design
découvre une terrasse hors du temps, où des cabines de plage surannées côtoient des meubles en résine tressée. Pergolas et coussins blancs ancrent ce lieu singulier dans son contexte méditerranéen. Allongé sur des lits d’extérieur à baldaquin dont les matelas sont posés sur des sommiers lumineux, on se laisse bercer par le bruit des vagues qui viennent se briser sur les rochers en contrebas, ou gagner par
l’appel des beats syncopés venus de la discothèque. À moins que l’on préfère parfaire sa connaissance des cépages italiens et français en piochant parmi les 300 références proposées par le restaurant... une certaine idée de la dolce vita ! La Kascia, Villa Aurelia, Arenzano (Italie), terrasse ouverte jusqu’à fin septembre, www.lakascia.com
COSTAGROUP.NET / MORENO CARBONE
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Un ancien tunnel ferroviaire à l’aplomb de la Méditerranée accueille désormais un bar-lounge et une terrasse unique, coupée du reste du monde. TEXTE DOROTHÉE BÉCART
c’est de saison
évasion Design en grappes
DESIGN HOTELSTM
Autour de la piscine perchée sur le toit-terrasse de l’hôtel The Vine sont alignés des lits d’extérieur aux couleurs de la vigne au fil des saisons, du vert au prune en passant par le pourpre.
VIGNES DIVINES n hôtel dédié au dieu du vin ? Des images de scandaleuses bacchanales viennent immédiatement à l’esprit des férus d’histoire et des bons vivants un peu fripons. Mais The Vine, le nouveau fleuron design du Portugal, conjugue l’amour du vin au présent et préfère le luxe à la luxure. Point de foulage de grappes de raisin aux pieds, mais des massages enivrants à base de concoctions aux noms 22 I extérieurs design
évocateurs – chardonnay, cabernet, sauvignon et autres cépages –, avant de piquer une tête dans la spectaculaire piscine du toit-terrasse, donnant d’un côté sur la montagne de Funchal, de l’autre sur la marina. Tout autour, de confortables lits d’extérieur se déclinent dans un camaïeu de vert, de pourpre et de prune, à l’image des teintes changeantes des grappes au fil des saisons. Voilà qui ouvre l’appétit
des fins gourmets, ravis de déguster les mets raffinés et fameux du chef étoilé Antoine Westermann dans ce cadre haut perché et haut de gamme. « Bonne cuisine et bon vin, c’est le paradis sur terre », disait Henri IV. Si près du ciel, dans un décor divin, The Vine et ses raisins lui donnent raison… Hôtel 5* The Vine, rua Dos Aranhas, 27-A, 9000-044 Funchal, Madeira/Portugal
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C’est un jeune cru à la robe pourpre, verte et ambrée. Du spa à la terrasse, l’hôtel The Vine est un hommage design à la tradition viticole chère à l’archipel de Madère. TEXTE DOROTHÉE BÉCART
Cornes d’abondance Les meubles du Philippin Kenneth Cobonpue habillent le patio ultra-moderne de l’établissement. Leurs formes inspirées par la nature et leurs coussins couleur liede-vin sont dans le ton du reste de l’hôtel.
c’est de saison
évasion Signe d’ouverture Les villas et les chambres du Lalu sont largement ouvertes vers l’extérieur, côté lac, par un jeu de baies vitrées ; côté cour, grâce à une architecture in et out donnant sur des jardins contemporains où les branches tortueuses des frangipaniers se reflètent dans de calmes bassins.
Couloir de nage
DESIGN HOTELSTM
À l’aplomb du lac, en contrebas du bâtiment principal de l’hôtel, un spectaculaire couloir de nage court sur 60 m. Un bassin unique en son genre, en parfaite harmonie avec l’architecture équilibrée du Lalu.
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LE SOLEIL ET LA LUNE
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Chek aimait à séjourner ? Ce bâtiment historique a fait peau neuve au début des années 2000. Inspiré par ce cadre d’exception empreint de mystère, de poésie et de sérénité, l’architecte australien Kerry Hill a voulu y appliquer les préceptes d’une architecture en mouvement, respectueuse de l’histoire des lieux, à même de vieillir sans se démoder. Seuls des matériaux locaux ont été employés dans ce remarquable chantier de rénovation, et un soin particulier a été apporté aux espaces extérieurs, où cohabitent près
de 35 000 plantes, des Prunus aux bambous en passant par les frangipaniers. Une piscine de 60 mètres de long parachève ce décor atypique, où se mêlent influences zen et contemporaines. Le soir, ce lieu unique s’illumine en douceur, au rythme du déclin du soleil, grâce à une mise en scène soignée signée par le designer Nathan Thompson. Et cette perle design de briller de plus belle dans son écrin naturel d’exception... The Lalu, 142 Jungshing Road, Yuchr Shiang Nantou Taïwan, R.O.C 555
DESIGN HOTELSTM
u centre de l’île de Taïwan, entre montagnes et plaines, il apparaît d’entre les brumes, comme dans un rêve. Le Sun Moon Lake, le lac du soleil et de la lune, est de ces paysages magiques qui ne se trouvent qu’en Asie. La légende raconte qu’un majestueux cerf blanc aurait guidé les ancêtres de la tribu Shao jusqu’à ses rives. Les pensionnaires de l’hôtel Lalu l’aperçoivent-ils parfois, depuis les larges baies vitrées de ce vaisseau de bois, de pierre, de verre et de métal dans lequel Tchang Kai-
Au bord d’un lac taïwanais légendaire empreint de mystère, un hôtel contemporain aux jardins enchanteurs. TEXTE DOROTHÉE BÉCART
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L. PONS
RÉINVENTER
Sieste zen La grande piscine est complétée par des bassins de taille moindre, qui permettent de se prélasser sur les transats Tandem Ego Paris en toute quiétude. Ce cadre privilégié accueillera expositions et défilés de mode en plein air.
SAINT-TROPEZ aint-Tropez, c’est d’abord une carte postale. Son port où mouillent les yachts des milliardaires en goguette. Sa place des Lices où les célébrités du moment disputent des parties de pétanque sans fin. Ses soirées bling-bling qui remplissent les colonnes de la presse à scandale... Et si la plus célèbre station balnéaire de la Côte d’Azur était autre chose qu’un amas de clichés ? C’est ce qu’entendent prouver Jérôme Foucaud, directeur du groupe Murano, et l’architecte François Vieillecroze. Sur le site d’une ancienne clinique, ils ont ressuscité l’esprit de la Riviera éternelle, celle de Coco Chanel et de F. Scott Fitzgerald, élégante et moderne, à travers une architecture sobre, privilégiant les matériaux nobles comme le Corian et l’acier, et des chambres dotées des derniers raffinements technologiques. Cet art de l’épure contemporaine trouve son écho dans des extérieurs aménagés avec goût et discrétion, laissant la vedette à la spectaculaire vue sur le golfe de Saint-Tropez. Une communion discrète avec la nature, qui se traduit également par l’utilisation de leds pour l’éclairage de l’hôtel et de puits canadiens pour son chauffage. Au bord de la piscine de 24 mètres de long, les pensionnaires se prélassent sur les loungers-icônes de l’éditeur Ego Paris, des après-midi ensoleillés aux soirées rythmées par les DJ. Un petit tour au bar de glace afin de recevoir le choc thermique nécessaire pour se sortir de la douce torpeur du farniente... et la fête se poursuit jusqu’au bout de la nuit, des terrasses au jardin. L’escapade rêvée au sortir de l’hiver... Kube Hôtel, route de SaintTropez, 83580 Gassin, tél. : 04 94 97 20 00. 28 I extérieurs design
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Le Kube parisien, branché et hightech, a désormais un petit frère avec vue sur mer... à Saint-Tropez, fleuron de la Côte d’Azur. TEXTE DOROTHÉE BÉCART
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BALI EN PRIVÉ
Comme au cinéma
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Dans ce micro-hôtel luxueux, les happy few s’offrent un petit bout de Bali version luxe, calme... et volupté design. TEXTE DOROTHÉE BÉCART
artir en vacances après une longue année de stress et de grisaille, c’est un peu comme embarquer pour la Lune. La pesanteur du quotidien cède petit à petit la place à l’apesanteur de journées rêvées, consacrées entièrement aux loisirs et au repos. Les murs oppressants s’effondrent un à un au profit de paysages dégagés, forcément destabilisants. Pas étonnant que l’hôtel Luna 2, dont le nom est inspiré du premier engin spatial à s’être posé sur la Lune à la fin des années 50, ait atterri au bord de la plage de Seminyak. Cette enclave très privilégiée, située au sud de Bali, assure un dépaysement total aux aventuriers du quotidien. Et avec son architecture inspirée par Richard Neutra et ses clins d’œil multiples au septième art, de la décoration intérieure signée Melanie Hall tout droit sortie d’un James Bond des sixties, jusqu’aux portraits de Marilyn, qui étend ses jambes au fond d’un bassin en mosaïque Bisazza, la villa-hôtel fait décoller ses hôtes vers une autre époque, riche et insouciante. Un vrai jardin, qui semble flotter au-dessus de l’océan Indien, parachève ce tableau idyllique et presque inaccessible : les cinq chambres du Luna 2 ne peuvent en effet être louées qu’en une seule fois ; seuls quelques happy few profitent donc de la villa et de son personnel aux petits soins, du chef-cuisinier Danny Drinkwater à la masseuse-maison. Un rêve de cinéma ! Luna 2 Private hotel, Jalan Sarinande 22, Seminyak, Bali, 80361, res@designhotels.com 20 I extérieurs design
Devant cette villa inspirée du style de Richard Neutra s’étend un jardin sixties que James Bond n’aurait pas boudé entre deux missions. Autre évocation du 7e art : les jambes de Marilyn Monroe figées pour l’éternité au fond de la piscine...
DESIGN HOTELS TM
Sous toutes les coutures Côté nuit, grâce à un éclairage étudié, l’architecture signée David Wahl révèle ses façades tout en transparence.
Vue sur mer Au bout de la piscine à débordement s’étend l’océan Indien. Un paysage idyllique à contempler depuis les chaises longues.
c’est de saison
évasion Une sieste sur le toit Ce n’est pas parce que l’on séjourne en ville qu’on doit s’interdire quelques petits plaisirs extravagants, comme une nuit à la belle étoile sur le toit-terrasse du Limes Hotel, dont la décoration est placée sous le signe de la détente.
SEPTIÈME CIEL
Un toit-terrasse entièrement dévolu à la détente, aux loisirs et à la fête… Au cœur de Brisbane, le Limes conjugue ses extérieurs à tous les modes. TEXTE DOROTHÉE BÉCART
16 I extérieurs design
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Réminiscence de la délicieuse époque des drive-in ou des séances de cinéma en plein air organisées aux beaux jours, cet écran géant projette aux clients de l’hôtel les derniers blockbusters.
Plein ciel
La « seconde peau » de la façade imaginée par Kevin Hayes et Tonic Design trouve un écho étonnant dans les formes du mobilier du toit-terrasse, coiffé d’un parasol Shadylace de Sywawa.
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out autour du monde, les hôtels des grandes villes tentent de réinventer leurs extérieurs. Fini les terrasses un peu trop sages réservées à la restauration, désormais elles sont l’écrin des fêtes les plus extravagantes et des happenings les plus inattendus. Le toit-terrasse du Limes Hotel, au cœur de Brisbane, en Australie, ne fait pas exception. Coiffant un bâtiment à l’architecture originale, recouvert d’une « seconde peau » stupéfiante imaginée par Kevin Hayes et Tonic Design, il est à l’image des chambres, qui mêlent design, hightech et ouverture sur l’extérieur, par le biais de balcons ou de petites cours privatives. Lovés dans un confortable canapé d’extérieur, les clients peu sujets au vertige peuvent se laisser aller à de douces rêveries à la belle étoile ou faire une pause entre deux pogos endiablés lorsque le toit se transforme, le temps d’une soirée, en dance-floor. Le clou du spectacle ? Un écran de cinéma qui projette, quand le temps s’y prête, les derniers blockbusters. Un lieu unique en son genre, pour des séjours riches en émotions. Limes Hotel, Constance Street, Fortitude Valley, Brisbane, 4006, Australie, res@designhotels.com
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ANNEXE
Sud sublimé Le paysagiste Christophe Ponceau a travaillé avec des sujets exceptionnels pour constituer, autour de la piscine, un paysage méditerranéen typique qui ne détonne toutefois pas avec l’esprit contemporain des lieux.
TROPÉZIENNE
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Havre de paix
Loin de l’ostentation de la marina tropézienne, le Sezz se pose en écrin zen où l’on vient se ressourcer autour d’un calme bassin de nage ponctué d’élégants îlots.
By night
Après un repas d’exception imaginé par Pierre Gagnaire, on se prélasse à la fraîche autour de
la piscine.
Signé Pillet Le restaurant et les chambres célèbrent le talent de Christophe Pillet, dont le mobilier se retrouve jusque sur les terrasses privatives.
© DESIGN HOTELSTM
près le Kube Hotel, c’est au tour du Sezz, autre fleuron parisien des établissements design, de s’installer à Saint-Tropez. Pour requalifier un ancien hôtel 3 étoiles, Shahé Kalaidjian a fait appel à la crème de la création française : l’architecte Jean-Jacques Ory, à qui l’on doit la réhabilitation d’immeubles parisiens comme celui qui abrite aujourd’hui le Lafayette Maison, boulevard Haussmann ; Christophe Ponceau, le disciple de Gilles Clément ; Christophe Pillet, dont les meubles aux lignes inimitables équipaient déjà l’hôtel parisien ; et, enfin, côté cuisine, le chef Pierre Gagnaire. Cette annexe tropézienne du Sezz est largement tournée vers l’extérieur : chacune des 35 chambres dispose d’une terrasse ou d’un jardin privatif, et les pensionnaires peuvent se prélasser dans les 1 1000 mètres carrés de parc dessinés par Christophe Ponceau, dans le respect de l’identité méditerranéenne des lieux. De quoi se ressourcer le temps d’un week-end, loin de l’agitation parfois vaine de la marina tropézienne, avec l’impression de revivre l’âge d’or de la Riviera élégante et insouciante des années 30… Hôtel Sezz, route des Salins, Saint-Tropez (83), 04 94 55 31 55, res@designhotels.com
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Le dernier-né des hôtels tropéziens réunit la crème de l’architecture, du design et du paysage français. TEXTE DOROTHÉE BÉCART
c’est de saison
évasion seuls au monde De nombreuses chambres de l’hôtel Insólito possèdent leurs propres bassins privés, avec en prime une vue imprenable sur la plage de Ferradura. Des extérieurs de rêve dont on peut profiter dans la plus stricte intimité.
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nuits brésiliennes
Au bord de la piscine de cet hôtel d’exception, le mobilier a été choisi pour permettre aux résidents de s’adonner à la paresse en toute impunité.
écrin végétal
Le superbe bar de l’hôtel est noyé dans un écrin de verdure – en réalité, un immense mur végétal qui fait la part belle aux espèces tropicales.
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u cœur des mégalopoles, sur les rivages des mers et océans du monde entier, les hôtels tendent à se ressembler, avec leurs lobbys froids et leurs chambres standardisées. Fidèle au concept des « boutiques hotels », l’Insólito se situe aux antipodes de cette « internationale de l’hébergement ». Situé à quelques encâblures de Rio de Janeiro, au bord de la paradisiaque plage de Ferradura Beach, il distille un charme unique dans ses 21 chambres au tempérament affirmé. Cocons artys ou hommages à l’artisanat local, elles offrent tous les raffinements de la technologie moderne avec en bonus, pour la plupart, un bassin privatif et une vue sur la mer. Un cocktail d’influences et de raffinement voulu par la propriétaire des lieux, Emmanuelle de Clermont Tonnerre, qui a souhaité imprimer à cet hôtel – jusque dans son nom – un charme unique. Côté jardin, on se retrouve en soirée autour de la superbe piscine et de son bar noyé dans les feuillages exotiques d’un mur végétal de grande envergure. Est-on à l’autre bout du monde... ou dans un tout autre monde ? Se poser cette question, c’est déjà adouber l’Insólito comme un lieu d’exception... Insólito Boutique Hotel, Rua E1. Lotes 3 e 4, Condomínio Atlântico, Armação de Búzios (Brésil), res@designhotels.com
À quelques kilomètres de Rio de Janeiro, une oasis de sérénité au caractère bien affirmé. TEXTE DOROTHÉE BÉCART
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BRÉSIL INSOLITE
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c’est de saison
évasion Surprise de taille Le Royal Monceau est l’un des rares grands hôtels parisiens à être doté d’un jardin de belle taille (400 mètres carrés). Une oasis au cœur de Paris, à deux pas d’un autre grand fleuron vert de la capitale, le parc Monceau.
P. GARCIA / LA SOCIETE ANONYMA
L .ATTIAS / LA SOCIETE ANONYME
Un thé au jardin Serait-on invité à prendre le thé par le chapelier fou d’Alice au pays des merveilles ? C’est du moins ce que semble suggérer cette théière géante créée par l’artiste Joana Vasconcelos.
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AU PAYS DES MERVEILLES
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’est un lieu mythique, chargé des histoires de ceux, pour la plupart artistes, qui y ont séjourné au fil des décennies, des Années folles à nos jours. Walt Disney, Joseph Kessel, Lou Reed, Robert De Niro et la cinéaste Sofia Coppola ont tous vécu au Royal Monceau lors de leurs passages à Paris. D’où son côté peut-être un peu bohème qui le rend si unique au sein des grands palaces parisiens. Mais ce qui fait sa spécificité, c’est surtout son grand jardin – près de 400 mètres carrés. À l’occasion de la rénovation de l’hôtel, orchestrée par Philippe Starck, ce poumon vert en plein cœur de Paris a lui aussi été repensé. Le designer star s’est pour cela fait seconder par le grand paysagiste Louis Benech, pour imaginer un lieu hors du temps, loin du tumulte de la ville, laissant une large place au rêve et à l’imagination. Des bandeaux de végétation posent le décor, tandis que, plus loin, on déjeune ou on dîne dans un véritable « jardin d’Alice » dominé par une théière géante, œuvre décalée de l’artiste portugaise Joana Vasconcelos. Tout l’esprit du Royal Monceau, luxueux et décalé, « infuse » dans ce cocon vert. À déguster sans modération… Le Royal Monceau – Raffles Paris, 37 avenue Hoche, Paris 8e, 01 42 99 88 00 26 I extérieurs design
Vision fantasmée Aux beaux jours, les clients des restaurants du palace ou du Bar long peuvent se restaurer au cœur du jardin, avec pour point de mire la surprenante théière de Joana Vasconcelos.
H. GOTTSCHALK / LA SOCIETE ANONYME
Sommités du design et du paysage, Philippe Starck et Louis Benech ont conçu le nouveau jardin du Royal Monceau, un des plus beaux palaces parisiens. TEXTE DOROTHÉE BÉCART
c’est de saison
évasion Dîners privés
À nous Paris
Une terrasse rien que pour soi, la Ville lumière à ses pieds... Un véritable rêve que l’on peut s’offrir en réservant la suite Royal Mandarin, qui comporte, outre ce promontoire privilégié, un bar et un espace de remise en forme privatifs. Luxe, calme, volupté !
HÉLÈNE HILAIRE
MANDARIN ORIENTAL
Reprenant une tradition asiatique répandue, notamment dans les restaurants hongkongais, Patrick Jouin et Sanjit Manku ont imaginé une alcôve qui permette d’accueillir jusqu’à huit convives sous une « cage à humains », filant la métaphore des lampes-fleurs choisies en guest stars par l’agence de paysage Neveux Rouyer.
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PALACE POÉTIQUE
ernier-né des palaces parisiens, le Mandarin Oriental a ouvert ses portes fin juin au sein d’un immeuble d’inspiration Art déco, réhabilité par l’architecte Jean-Michel Wilmotte. Pour sa première implantation parisienne, le groupe hôtelier Mandarin Oriental s’est appuyé sur de belles signatures. Outre l’architecte français, l’aménagement intérieur a été confié à Sybille de Margerie, qui s’est attachée à raconter de manière contemporaine les silhouettes féminines du Tout-Paris des années 1930. C’est en revanche Patrick Jouin et Sanjit Manku qui se sont chargés d’aménager les deux restaurants et le bar supervisés par le chef Thierry Marx, de même que le patio intérieur. La cour intérieure de l’hôtel réserve une jolie surprise : un magnifique jardin-écrin où se mêlent les délicates fragrances des camélias et des magnolias. On y dîne sous les ramures d’arbres-alcôves étouffant le tumulte parisien, ou l’on s’y mue en oiseaux gourmands, à l’abri sous une « cage » à échelle humaine éclairée par des lampes-fleurs. Une vision bucolique et délicate qui, d’emblée, confère un charme unique à ce nouveau venu. Hôtel Mandarin Oriental, 251, rue Saint-Honoré, Paris Ier, 01 70 98 78 88. 22 I extérieurs design
Cage aux camélias
AGENCE JOUIN MANKU
Labellisé HQE, le Mandarin Oriental, nouveau palace parisien, est placé sous le signe du raffinement et de la nature. TEXTE CHLOÉ COURANT
Baptisé « La table du jardin », un espace privatif abrité sous une cloche éclairée de camélias lumineux promet des moments uniques, à la découverte des expériences culinaires métissées de Thierry Marx.
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UNE NUI T DE RÊVE (S) Sélection et textes Dorothée Bécart Ph otos Copy right Christ ophe Biels a
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Five Hôtel Blotti au cœur du Quartier Latin, le Five Hôtel prend, à la nuit tombée, des allures de petit nid douillet où design et high-tech sont au service d’une seule et même cause : rendre vos nuits magiques…
Il y a encore deux ans, le Five Hôtel était une petite pension vétuste, comme il en existe des dizaines à Paris. Jusqu’à ce que l’Aveyronnais Philippe Vaurs s’en porte acquéreur, avec la ferme volonté d’en faire l’écrin de ses rêves. Avec l’aide de Vincent Bastie, l’homme qui avait déjà réussi l’alchimie entre chaleur et ultramodernité au Murano, il se prend à imaginer un lieu onirique et romantique. Le résultat se décline en
vingt-quatre chambres à l’atmosphère unique : les lits se mettent à léviter dans l’air bleuté d’une (fausse) nuit étoilée, et les pensionnaires embarquent pour un voyage immobile des plus sensuel. Car le Five évoque tout autant le cinquième arrondissement, où l’hôtel est implanté, que les cinq sens, sollicités tour à tour par le cadre et la décoration de l’hôtel. Voici cinq bonnes raisons d’y passer la nuit de la Saint-Valentin…
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La vue Le temps d’une nuit, le Five Hôtel offre à ses pensionnaires un morceau de ciel. Le traditionnel lit à baldaquin se transforme ici en capsule spatiale, et s’illumine de dizaines d’étoiles – en réalité, il s’agit de fibres optiques. Et puisque dans les rêves, tout est possible, on peut même, dans certaines chambres, faire varier la couleur de ces lointains soleils…
L’ouïe S’il se prête à tous les fantasmes romantiques, le Five Hôtel n’en est pas moins un cocon high-tech. Blotti dans l’un de ses vingt-quatre boudoirs, chacun peut prêter l’oreille à la beauté et au chaos du monde, grâce aux 400 chaînes diffusées par les écrans plats Loewe. À moins que vous ne préfériez vous lover dans le silence moelleux de votre chambre…
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Le goût
VINCENT BASTIE Architecte du Five Hôtel
Au sous-sol, la salle du petit-déjeuner accueille les pensionnaires à peine tirés de leurs rêveries. Le réveil est gourmand : les croissants d’une célèbre pâtisserie parisienne et le thé des Frères Mariage se dégustent dans une ambiance vitaminée. Pour repartir du bon pied dans le monde réel…
Le toucher Au Five Hôtel, le froid métal s’encanaille de cuir, les murs s’habillent de velours ou de briques, tandis que la cheminée prend des allures de grosse valise oubliée là par quelque tanneur. De la réception aux chambres, les laques de l’artiste Isabelle Emmerique, œuvres uniques, se laissent caresser… du regard.
Tout comme le Murano, le Five Hôtel était un bâtiment ancien que vous avez rénové. Cela constitue-t-il un défi pour vous ? L’immeuble du Five était vétuste et ne dégageait rien. On a complètement vidé la coque, on a créé la cage d’ascenseur, la cage d’escalier de secours et la salle du petit-déjeuner du sous-sol. On s’est rendu compte assez vite que si on voulait quatre chambres par étage, l’espace était considérablement réduit. Pour agrandir l’espace, il existe une thérapie : il faut mettre beaucoup de choses. Plus on met de choses, plus l’œil, au lieu de s’arrêter sur une couleur, un éclairage, un motif, va en voir des dizaines, et l’espace lui paraîtra plus grand. Parlez-moi de l’utilisation de la fibre optique, omniprésente dans l’hôtel ? Pourquoi le parti pris sur ce matériau ? Dans l’échelle des lumières, on a introduit des toutes petites sources de lumière qui de fait semblent distantes, donnant une impression de profondeur. Nous l’avons également utilisée dans les joints de carrelage, ce qui, je crois, n’a jamais été fait. Ça a été complexe à mettre en œuvre, toutefois : c’est un travail de précision. Vous avez eu recours à un certain nombre d’éléments high-tech, mais sans que le lieu devienne froid, clinique. Le tapis volant, le lit à baldaquin nous renvoient à des clichés anciens réinterprétés de façon moderne. Quelle est votre conception du high-tech ? Les nouvelles technologies deviennent romantiques. D’ailleurs, aucune technologie utilisée dans l’hôtel n’est compliquée : chacun peut se les approprier immédiatement, et s’approprier ainsi un élément qui lui est propre, pour personnaliser son séjour.
L’odorat Pour enivrer un peu plus les amoureux qui viennent de réfugier dans les douillets nids du Five Hôtel, chaque chambre est équipée d’un diffuseur d’huiles essentielles. Plongez-vous avec délice – et selon votre humeur ! – dans les cinq ambiances olfactives proposées : tonique, relaxante, gourmande, naturelle ou… sensuelle.
LE FIVE HÔTEL
3, rue Flatters 75005 Paris Tel : 01 43 31 74 21 E-mail : contact@thefivehotel.com Site web : www.thefivehotel.com Chambres : de 150 € (standard 1 pers.) à 320 € (suite avec jacuzzi)
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L’Hôtel des Académies et des Arts
Art(s) de vivre Sélection et textes Dorothée Bécart Photos D.R.
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Dans un quartier hanté par les fantômes des plus grands peintres du XXe siècle, l’Hôtel des Académies et des Arts fait revivre l’esprit d’avant-garde des « Montparnos » en invitant jeunes artistes et valeurs sûres à s’exprimer sur ses murs. Sur la façade vierge comme une page blanche d’une ancienne pension du VIe arrondissement se détache un cadre rouge sang dans lequel s’affaire une silhouette bien connue des Parisiens : l’homme blanc, créature imaginée par Jérôme Mesnager qui court sur les murs de la capitale depuis plus de vingt ans. Occupé à redresser une fenêtre-tableau, il est lui-même le personnage principal d’une toile posée sur un chevalet. Cette curieuse mise en abyme semble concentrer tout l’esprit de l’Hôtel des Académies et des Arts, lieu atypique où l’art s’immisce partout, de la cage d’ascenseur aux chambres-salles d’exposition, en passant par le bar à happenings.
« Toujours plus haut », semblent nous murmurer ces hommes blancs…
Si les doux personnages d’albâtre de Jérôme Mesnager tiennent la vedette, animant les murs de chacune des vingt chambres de l’hôtel, ils savent aussi s’éclipser pour laisser la place aux œuvres de jeunes artistes comme Henri Taib et Charlotte Batifol, qui occupent les écrans plasma du bar avec leurs créations vidéo. Mais l’esprit du lieu doit autant aux artistes qu’aux concepteurs du lieu : en jouant sur les contrastes entre matières brutes et raffinées, les architectes Vincent Bastie et Marie-Paule Clout ont donné un cachet unique à l’endroit ; à l’image de la salle du petitdéjeuner, dont l’alcôve en cuir répond de façon surprenante au sol en béton.
L’art… de vivre est aussi à l’honneur : entre un massage dans le salon de bien-être et une dégustation de thé, les plus branchés pourront recourir aux services d’un Personal Shopper, qui les guidera à travers la jungle foisonnante des jeunes créateurs parisiens. En jouant la carte arty, l’Hôtel des Académies et des Arts aurait pu facilement se muer en musée poussiéreux ; au contraire, il s’impose comme l’un de ces lieux miraculeux où l’on laisse l’art vivre sa vie, pour le plus grand plaisir des pensionnaires-esthètes.
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JÉRÔME MESNAGER Peintre
Les hommes blancs de Jérôme Mesnager animent les Que peut bien contempler ce curieux attroupement, murs des vingt chambres de l’hôtel, jusqu’au dernier dos au salon très cosy où les pensionnaires de l’hôtel étage où ils semblent s’envoler vers le firmament. dégustent des thés raffinés ?
Vous avez l’habitude d’intervenir en quelques secondes sur les murs de la ville. Comment avez-vous vécu cette démarche « institutionnalisée », et qu’est-ce qui vous a poussé à l’accepter ? J’étais absolument ravi ; c’est une des plus belles commandes que j’ai eues, et l’équipe de Vincent Bastie et Marie-Paule Clout m’a laissé carte blanche sur la créativité. J’ai été un acteur à part entière de la création du lieu ; je l’ai visité avant les travaux, c’était une ancienne pension avec un côté vieux Paris, hôtel du Nord… Et puis la rue de la Grande Chaumière est une rue mythique pour la peinture : Gauguin et Modigliani ont hanté ces lieux, ce à quoi j’ai été d’emblée très sensible. Le chevalet sur la façade est d’ailleurs un clin d’œil aux fantômes de ces artistes. L’homme blanc de la cour intérieure s’étire sur quatre étages. Comment avez-vous relevé ce défi ? Quand je suis face à un très grand mur, j’imagine que je suis un tout petit peintre en face d’un mur normal. Là, je manquais en plus de recul. J’ai donc fait un petit croquis au 1/10 et j’ai vu ce qui correspondait à chaque fenêtre, la tête au dernier étage… etc. À l’aide d’un échafaudage à manivelle, je l’ai réalisé en une heure. Comment vivez-vous le fait que vos œuvres font désormais partie de chambres d’hôtel ? Nous, les peintres, sommes habitués à ce que nos œuvres se retrouvent chez des particuliers. C’est un peu triste, mais les hommes blancs que j’ai peints dans chaque chambre vont être les témoins privilégiés des nuits de cet hôtel… et vivre leur histoire.
Hommage aux hommes blancs de Jérôme Mesnager, La cour intérieure de l’hôtel réserve une surprise les sculptures de Sophie de Watrigant font la courte aux visiteurs : Jérôme Mesnager y a peint son plus échelle tout le long de l’escalier. grand « corps blanc » !
L’HÔTEL DES ACADÉMIES ET DES ARTS Le velours rouge des banquettes de la salle vidéo Au fond du salon vidéo s’attablent les amateurs évoque quelque ciné-club prestigieux, assurant un d’art numérique, confortablement lovés dans une accès privilégié à l’avant-garde de l’art numérique. alcôve couleur chocolat. Un régal… pour les yeux !
15, rue de la Grande Chaumière 75 006 PARIS Tel : 01 43 26 66 44 www.hotel-des-academies.com 20 chambres, de 210 € (chambre double « classique ») à 270 € (chambre double « supérieure ») STUFF | 85
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DESIGN E R S EN LIB ERTÉ Textes Do Extrait rothée Bécart s du po ème « L Photos Copyri iberté », g de Paul ht Rafael Varg a Eluard, Poésie e s t Vérité, Éd. Min
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Hôtel Puerta America C’est un îlot de luxe et de poésie au milieu du chaos urbain. Bienvenue au Puerta America de Madrid, fruit des rêves des dix-neuf designers les plus influents au monde…
Coincé entre le périphérique madrilène, l’aéroport de Barajas et le quartier des affaires, le Puerta America aurait pu devenir l’un de ces hôtels grisâtres pour businessmen pressés. Mais il semblerait que le vent bigarré de la Movida ait abandonné pour un temps le quartier branché de La Chueca pour venir s’appliquer comme un voile sur sa façade. C’est en réalité le choix de l’architecte français Jean Nouvel, chargé d’habiller la structure extérieure dessinée par l’Espagnol Felipe Saez de Gordoa. Entre manifeste et musée d’art moderne, cet
hôtel de la chaîne Silken est le fruit du travail de la crème mondiale des designers. Chaque étage de ce paquebot arc-en-ciel a été pris en charge par une équipe différente, avec une seule consigne : s’inspirer du poème Liberté, de Paul Éluard, qui s’étale dans toutes les langues sur les stores extérieurs du Puerta America. Une façon de prendre le contrepied d’une certaine vision froide et mécanique de la modernité. À notre tour, nous vous proposons une balade onirique dans les couloirs de cet Eldorado high-tech, illustrée par quelques vers de Liberté…
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« Sur chaque bouffée d’aurore... »
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« Sur les merveilles des nuits... »
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« Sur le pain blanc des journées... »
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PREMIER ÉTAGE Zaha Hadid Il avait l’impression de se promener dans les couloirs de Discovery, le vaisseau de 2001 : l’Odyssée de l’espace. Il lança son stylo-plume dans l’air orangé de sa chambre, en espérant qu’il se mette à flotter, le confortant ainsi dans cette divine sensation d’être en totale apesanteur au-dessus de Madrid. Une tache noire sur le sol immaculé de sa chambre le ramena brusquement sur terre. Les cours de la Bourse qui défilaient sans répit sur son écran plat achevèrent de le sortir de sa rêverie. Il essaya de se concentrer sur son ordinateur portable, mais abandonna bien vite la partie : son corps ne demandait qu’à épouser les courbes indécentes de la pièce, à se fondre avec elles comme les meubles futuristes qui l’entouraient. Qu’à cela ne tienne ; le message Do not disturb s’afficha en lettres lumineuses sur la porte de sa chambre. Avant de se lover dans son cocon rétroéclairé, il entreprit de se faire couler un bain. Il se sentait comme un ermite qui aurait investi un habitat troglodyte creusé dans une mine de sel. À des années-lumière de sa caverne ultramoderne, le téléphone se mit à sonner. En toute hâte, il enfila un peignoir et ouvrit les rideaux pour s’accrocher au tout petit fragment de réalité qui lui restait, juste délimité par les bords de sa fenêtre. Histoire de ne pas replonger...
« Sur le tremplin de ma porte... »
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« Sur l’écho de mon enfance... »
TROISIÈME ÉTAGE David Chipperfield QUATRIÈME ÉTAGE Eva Castro, Hoger Kehne, Plasma Studio C’était un homme plutôt pressé, qui n’attendait pas du standardiste de l’hôtel qu’il se perde en amabilités. Ce qu’il lui fallait, c’était le numéro de sa chambre, et fissa ! On lui indiqua qu’elle se situait au troisième étage, l’étage David Chipperfield. À peine troublé par cette information, il se précipita dans l’ascenseur en regardant sa montre. On venait de lui faire perdre une minute et il soupira bruyamment pour signifier son mécontentement à la jeune femme trop maquillée qui était montée en même temps que lui. Lorsque les portes coulissantes se refermèrent derrière lui, il se retrouva seul dans un couloir lugubre, presque intimidé par les lignes strictes éclairées par des halos de lumière dont il avait du mal à déterminer la provenance, ce qui ajoutait à son malaise. Il entra dans sa chambre à reculons, encore fasciné par la solennité de l’endroit. Il se retourna et fut frappé
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au coeur : il lui semblait se trouver dans le petit cabanon de vacances où ses parents l’emmenaient, enfant, et au plafond bleu duquel il projetait alors ses pensées oniriques. L’homme pressé s’étendit sur le sol en terre cuite noire et se mit à rêver pour la première fois depuis des années. La jeune femme de l’ascenseur s’arrêta, elle, au quatrième étage. Quand elle avait entamé sa carrière de chanteuse, tout le monde l’avait mise en garde : elle allait se retrouver au royaume des illusions et des faux-semblants. Perdue dans les jeux de miroirs du couloir menant à sa chambre, ivre de son image, elle sentit qu’elle perdait pied. Elle poussa la porte de sa chambre, comme étourdie, empoigna sa guitare à la lueur de néons eighties et, inspirée par ce lieu clinquant, composa un tube New Wave qui déferla sur l’Europe quelques semaines plus tard.
« Sur les cloches des couleurs... »
« Sur les formes scintillantes... »
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« Sur mon lit coquille vide... » SEPTIÈME ÉTAGE Ron Arad C’est curieux : à des centaines de kilomètres de son sweet home londonien, c’est son chat qui lui manquait, plus encore que sa charmante épouse et ses enfants chéris. Il en culpabilisait presque et se demandait s’il n’était pas en train de sombrer dans le gâtisme le plus complet. Tiens, c’est vrai que « chat » se dit gato en espagnol. Ceci expliquerait cela… Il avisa l’étrange lit éclairé par un halo de lumière, qui semblait flotter au-dessus du sol. Et il comprit : sa forme ronde, totalement inhabituelle, imitait le coussin sur lequel son félin compagnon aimait à se pelotonner. Épuisé d’avoir parcouru toute la journée les rues madrilènes, il se dit qu’il avait trouvé là l’endroit le plus confortable de l’hôtel, se roula en boule et s’endormit. Un peu plus et il se serait mis à ronronner…
« Sur la mousse des nuages... » 88 | www.stuffmag.fr
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HUITIÈME ÉTAGE Kathryn Findlay NEUVIÈME ÉTAGE Richard Gluckman Quand il lui a annoncé qu’il avait réservé une suite à l’hôtel Puerta America pour leur nuit de noces, elle l’avait regardé avec stupeur : quoi, cette « chose » en bordure du périph’ ? Elle craignait que le romantisme de leur idylle en prenne un coup. Soudain, ils se retrouvèrent tous deux au paradis. Il lui fallut toucher le sol et les parois courbes du hall pour s’assurer de la matérialité de l’endroit. Chacun de leurs pas faisait scintiller de petites étoiles sur les murs imitant tour à tour le blanc éclatant de sa robe
et le pourpre du frac baroque de son nouvel époux. Au neuvième nuage à droite, ils disparurent dans une chambre qui leur promettait des moments tout aussi célestes… Dans la suite au-dessus de la leur, un champion de tennis effectuait sa séance quotidienne de yoga, accroupi sur son lit, le regard fixé sur le grand mur rétroéclairé qui lui faisait face. Ah, si seulement les courts de tennis étaient équipés de tels dispositifs relaxant, il éviterait de se mettre à dos tous les arbitres du circuit !
« Sur la lampe qui s’allume... » HÔTEL PUERTA AMERICA Avenida de America 41 Madrid 28 002 www.hotelpuertamerica.com Téléphone : + 91 74 45 400 308 chambres, 12 suites, 22 chambres-salons Prix : à partir de 176,55 euros (chambres) et jusqu’à 300 euros (suites).
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La fête
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CINQ R D’ALLE
AISON
R À MA
Les Madrilènes ont la fête dans le sang. Embarquez dans le Party Bus (www.partybus.es), qui vous emmènera en musique dans les discothèques les plus branchées de la ville ! (19,95 euros le ticket)
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DRID !
On aur ai d e B a b t t o r t d e ré d u el ir facette techno. Déco e Madrid à sa s d’une u t ville fo vrez les différ our lle, foll e, folle entes !
La culture
Pour voir en vrai l’éprouvant Guernica, de Picasso, rendez-vous au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia (www.museoreinasofia.es). L’occasion d’admirer les trois annexes ultramodernes inaugurées en septembre et dessinées par… Jean Nouvel !
Le foot
Réservez vos places pour le derby Real/Atletico, (le 5 mars), qui divise chaque année la ville en deux camps. Vous avez déjà choisi le vôtre ? Évidemment ! Allez, entraînez-vous : « Zi-zou ! Zi-zou ! Zi-zou ! ». (www.realmadrid.com)
Les bars à tapas
Concentrés dans le quartier de La Latina, les bars à tapas sont de véritables monuments madrilènes. Pour en profiter au mieux, apprenez à dire caña, por favor (« un demi, s’il vous plaît ») !
Le high-tech
Le concept Negone (www.negone.com) occupe un immeuble de Madrid constitué de vingt pièces, dans lesquelles vous progresserez comme dans un jeu vidéo. Palpitant !
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ONZIÈME ÉTAGE Javier Mariscal, Fernando Salas L’exotisme à deux sous, très peu pour lui. C’est un aventurier, un vrai, de ceux qui ne se posent jamais longtemps quelque part. Ce qui l’avait ramené au bercail ? Une sombre affaire de famille. Globe-trotter enchaîné à un îlot ultramoderne, il prit son mal en patience. Puerta America… sonnait à ses oreilles comme le nom d’une ville mexicaine. D’où le cactus, sans doute. Mais celui-là ressemblait plus à un délire de dessinateur de BD qu’à ses piquants compagnons de voyage. À quoi ressemblerait sa chambre ? Il ressentait une certaine appréhension, pas prêt à dormir dans un décor froid et sans âme. Ce qui s’offrit à ses yeux quelques minutes plus tard était tout le contraire : il retrouva curieusement l’ambiance des cases africaines où il avait séjourné – la clim’ en plus –, tandis que les murs semblables à des pelages de zèbre ou de léopard lui rappelèrent ses safarisphoto débridés, en Afrique ou en Inde. Il posa son sac, s’assit sur le bord de son lit, ferma les yeux, et perçut, très loin, le ravissant barrissement d’un éléphant…
« ... j’écris ton nom, liberté »
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