Workshop Magazine Conflict Sensitive Journalism, Dakar, Senegal

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MALI

magazine d’un atelier de la DW Akademie

Surfer sur l’espoir ☛ GUINEE

Soif de justice ☛ casamance

30 ans, ça suffit! ☛ cote d'ivoire

La leçon de Dakar ☛ niger

Le casse-tête foncier

Akademie en coopération CESTI, atelier du 2 au 12 Septembre 2013, Dakar-Sénégal DW AkademieDW en coopération avec le CESTI, avec atelierledu 2 au 12 Septembre 2013, Dakar-Sénégal

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SOMMAIRE Editorial :

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Reportage : Fatoumata ne se cache plus, une guinéenne réclame justice. Par Nouhou Baldé Pages3-4 Reportage : Ethnocentrisme guinéen en exil à petite flamme, « histoire de vieux crocodiles » Par Mamadou Siré Diallo Page 5 Commentaire : Reconciliation nationale en Guinée, un impératif pour la paix civile Par Nouhou Baldé Page 6 Analyse : Problématique foncière au Niger, dernière minute. Par Ibrahim Diori Page 7 Dossier: Discrimination foncière : les femmes s´organisent par Aissa Pages 8- 9 Analyse : Mali, surfer sur l´espoir. Par Assane Koné Pages 10-11-12 Reportage : Diaspora ivoirienne à Dakar, « on rigole ensemble » Par Eugène Yao Pages 13-14 Interview : Lorou Hirtchet Richard Morton, consul à l´ambassade de Cote d´Ivoire au Sénégal : « Aucune place n´est laissée à la politique » Par Nesmon De Laure et Eugène Yao Page 15 Commentaire : Casamance, 30 ans- ca suffit ! Par Ibrahima Diallo

Equi…distance Comment couvrir un conflit sans prendre partie ? L’équidistance du journaliste face aux acteurs du conflit est une préoccupation majeure dans nos Etats enclins aux différends sociaux, ethniques, régionaux et même religieux. Des revendications sécessionnistes de l'Azawad et des Djihadistes au Mali, à celle des indépendantistes de la Casamance, la responsabilité du journaliste est toujours pointée du doigt. En Côte d'Ivoire également, la contribution du journaliste est attendue pour résoudre la problématique de la réconciliation. A tord ou à raison, le passif des élections législatives en Guinée est encore attribué à la presse. Comment rassurer l´opinion? Est-ce le rôle du journaliste de faire la guerre ou de faire la paix ? Le journaliste est-il un politique, un militaire? Sa mission n´est- elle pas de s´en tenir aux faits ? Comment transcender ce nœud cornélien ? La Deutsche Welle Akademie a osé. En dix jours, la branche académique de la télévision allemande a familiarisé une dizaine de journalistes ouest africains sur le sujet. Il serait prétentieux de dire que son but est totalement atteint. Mais au cours des sessions de rédaction d´un article, chaque participant se souviendra certainement du mot fétiche : équidistance ! Alors, à bon entendeur, salut. Nesmon De laure

Pages 16-17

Interview : Mouminy Camara, enseignant chercheur au CESTI : « L´approche Macky Sall en bonne voie » Par Aminata Traoré Pages 18-19 Reportage : Amadou Toumani Touré, exil tranquille. Par Nesmon De Laure Page 20

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Editorial

L'équipe de rédaction de Ouest info

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REPORTAGE Fatoumata ne se cache plus

Une jeune Guinéenne réclame justice

Fatoumata Barry sourit légèrement, mais ses yeux sont tristes et elle a l’air fatigué. « J'en ai marre ! Je ne peux plus me cacher », dit-elle. « Plus de trois ans après ces événements, je suis toujours hantée par ces scènes de viols et meurtres. » La jeune femme est l'une des 109 filles et femmes violées le 28 septembre 2009 dans un stade à Conakry. tion en langue nationale Poular, cherchant la compréhension des ses interlocuteurs.

Fatoumata Barry, victime de viol

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e jour là, les "forces vives de la nation"- les partis de l'opposition et de la société civileavaient organisé une manifestation contre la candidature du chef de la junte militaire, le capitaine Moussa Dadis Camara. Outre les viols, la répression de cette manifestation par les forces de l'ordre avait fait plus de 150 morts et plusieurs centaines de blessés. La matinée de ce lundi avait pourtant bien commencé avec une grande mobilisation des militants de l'opposition. Pancartes et banderoles en l’air, les manifestants entonnaient des

L'horreur "Ça suffit ! Laissez-la partir maintenant !", a dit un militaire, rapporte la victime, qui dit devoir sa "libération" à cette intervention. Complètement nue et ensanglantée, elle ne restera pas longtemps dans le véhicule de la croix rouge venue secourir les victimes. "Il y avait plusieurs cadavres dedans et une dame dont on avait tiré sur le sexe criait très fort...", raconte Fatoumata Barry qui le 28 septembre 2009 au stade de Conakry dit s'être réfugiée dans un domicile privé slogans hostiles a la junte. Les d'à côté jusqu'à tard le soir. leaders de l’opposition avaient commencé leurs discours La honte quand un impressionnant À son domicile, Fatoumacontingent de force de l’ordre ta Barry ne parlera à pera fait irruption dans le stade. sonne de son malheur. Elle sera alors surprise de voir à Panique et violence la télévision sa photo illusDes coups de feu étaient entrer les nouvelles du pays. tendus et la panique était gé"Ma soeur a été informée, nérale. "C'est quand j'ai vu un la première, qu'on montre militaire gifler le leader Celma photo à la télé. Et, nous lou que j'ai compris qu'on ne avons été surpris de voir les pourra pas leur échapper", raenfants s'échanger ma photo conte Fatoumata et pose, avec sur les téléphones portables". un geste lourd, les bras sur la table. "On m'a déshabillé... Je ne peux pas en parler...", ditSuite à la page 4 elle, terminant sa communica-

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REPORTAGE Suite de la page 3

Le difficile exil à Dakar Évacuée à Dakar par une ONG, Fatoumata Barry ne bénéficie plus de l'aide, ni du soutien des lendemains de la tragique manifestation politique qui a scellé l'avenir de la junte militaire guinéenne, alors dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara. Abandonnée à elle même, la jeune femme ne parvient plus à faire ses visites périodiques pour surveiller la maladie contractée suite au viol de plusieurs militaires. Pour sa survie et la justice pour toutes les victimes, Fatoumata Barry témoigne désormais à visage découvert et dénonce les ONG qui ont suspendu le soutien aux victimes et les politiciens de tous bords. Désillusion de la politique Déçue par son leader, Fatoumata Barry est désillusion-

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née des politiciens qui "ne pensent qu'à leur pouvoir", contrairement à leurs discours. Il y a quelques mois, la victime a profité du passage à Dakar de son leader, Cellou Dalein Diallo, pour lui expliquer ses difficultés. "Il m'a dit qu'il n'est pas responsable des visas et a refermé la porte avec fracas", rapporte-t-elle, furieuse contre gouvernants et opposants du pays qui ne s'entendent toujours pas en Guinée. Plus de deux ans après l'élection du président actuel, l'ancien opposant historique, Alpha Condé, il n'y a toujours pas d'élections législatives. La nouvelle opposition qui exige des conditions de transparence organise régulièrement des manifestations de protestation dont la répression a déjà coûté aux populations civiles plusieurs dégâts humains et matériels dont plus

de cinquante morts. "Après chaque mouvement politique, les militaires entrent dans nos domiciles à Conakry pour commettre des exactions", explique Fatoumata Barry qui est en contact régulier avec sa famille restée au pays. Sans assistance sociale Au bout de quatre ans en exil, Fatoumata Barry se sent épuisée. Elle dort toujours mal. Elle panique quand elle voit un homme en uniforme. L'exilée n'a ni un statut de réfugiée, ni une prise en charge sociale. «Je ne peux pas rentrer chez moi, tant qu'il n'y a pas de justice pour les victimes. Même si je souffre ici, je préfère rester ici"... Face à cet avenir sombre, Fatoumata Barry rêve toujours de pouvoir reprendre un jour ses études de mathématiques appliquées à la gestion. Nouhou Baldé

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Ethnocentrisme guinéen en exil à petite flamme

«Histoire de vieux crocodiles»

Dakar, 8 septembre, en face de l’Ambassade de Guinée. Une dizaine de jeunes guinéens discutent, autour d’un thé, de l’actualité de leur pays. Ils fustigent l’ethnocentrisme et accusent les leaders politiques d’avoir attisé les tensions entre les ethnies avant de les appeler à la raison.

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Jeunes Guinées vivant au Sénégal

u même moment, à l’enceinte de l’Ambassade, le personnel prépare le scrutin législatif du 24 septembre avec une délégation guinéenne en séjour à Dakar. La tenue de ces élections prévue six mois après l’investiture d’Alpha Condé comme chef d’Etat en 2010 est toujours incertaine bien qu’indispensable pour mettre en place toutes les institutions de la République, notamment l’Assemblée nationale. « Moi, je crois que cette histoire d’ethnocentrisme en Guinée, est une histoire de vieux crocodiles. Sinon, les Guinéens ont toujours vécu dans la cohésion, » attaque Mamadou Diouldé Bah, jeune informaticien guinéen résident à Dakar depuis plusieurs années. Il ajoute qu’à « Dakar, le côté ethnique n’est pas aussi exacerbé » mais qu’ « il y a toujours des brebis galeuses. » S’il y a mésentente entre les ethnies, lui, il accuse la politique qui aurait fait qu’un de ses amis d’une autre ethnie, l’a agressé l’année dernière. Leur dispute a commencé après un débat politique télévisé auquel ils ont participé. « Il m’a agressé devant une mosquée. Il a dit qu’il ne me connaît pas, que j’ai volé son téléphone », raconte Mamadou Diouldé Bah. Avant de s’installer à Dakar il y a six ans, la guinéenne Kadiatou Mirr a milité dans son pays pour l’entente des ethnies. « Le 22 juin, je regardais une télé sénégalaise. Au cours des débats à l’Assemblée, un député a dit qu’il faut éviter de prendre l’exemple sur la Guinée, parce que les Guinéens ne s’entendent pas. J’ai pleuré… » Lamine Sayon Tolno, jeune guinéen de la région forestière, vit à Dakar depuis un peu plus d’un mois seulement. Il souhaite, à la

veille des élections législatives, que les leaders politiques guinéens tiennent des discours de paix. Puisque même à Dakar, affirme-til, « la communauté guinéenne est à l’image de la Guinée. C’est-àdire qu’il y a des petites querelles mesquines entre les ethnies, qu’il ne faut pas nier. » Mais, il préfère ne pas entrer dans les détails. Revenu de ses vacances à Conakry, Amadou Sadio Diallo, jeune guinéen diplômé de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, soutient le contraire : « Les Guinéens de Dakar vivent en parfaite harmonie. Il n’y a pas de problèmes entre eux comme il en existe en Guinée. » M. Diallo lie la montée de la tension ethnique en Guinée aux comportements des leaders politiques. Etudiant en Droit résidant à Dakar depuis 2005, Benjamin Bamy lui, appelle les acteurs politiques à la responsabilité. « Puisqu’à la veille des élections législatives, les tensions ethniques sont encore vives. Et l’ethnocentrisme avait commencé déjà à être une gangrène au pays. Mais le plus important, c’est la cohabitation entre les Guinéens pour que nous sortions de cette crise et pensions au développement. » Kaba Diawara, formateur en économie financière, membre de la société civile guinéenne à Dakar, trouve qu’il n’y a pas « de tensions politiques ou ethniques entre Guinéens de Dakar. Les fédérations des partis politiques guinéens à Dakar se comportent bien aussi bien dans les débats que dans les faits. Tout le monde se côtoie, tout le monde est frère ici. Ce qui se passe en Guinée à cause de l’ethnie, nous ici, on ne le connaît pas », insiste M. Diawara. Mamadou Siré Diallo

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COMMENTAIRE Réconciliation nationale en Guinée

Un impératif pour la paix civile

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la veille de l'indépendance nationale, les guinéens étaient dirigés par des partis politiques à caractère ethnique et régional. À la faveur de la mise en place des institutions, les lois constitutionnelles ont banni l'ethnocentrisme et le régionalisme dans les partis politiques. Mais, cette interdiction "juridique" n'est encore que formelle ! Puisqu'en réalité, la majorité des Guinéens militent et votent toujours pour le leader de leur ethnie. Du premier président de la République, Sékou Touré, au tout dernier, Alpha Condé- en passant par Lansana Conté, Moussa Dadis Camara et Sékouba Konaté- l'ethnie du président a toujours été le premier soutien du pouvoir en place. En 2010, l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo (de l'ethnie peulh) a été crédité de plus de 43 pour cent des voix au premier tour avant de perdre le deuxième tour devant l'opposant historique, Alpha Condé (malinké). Devenu leader de l'opposition, Cellou Dalein Diallo accuse souvent Alpha Condé de ségrégation contre son ethnie. Accusation réfutée par le

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chef de l'Etat qui reproche son adversaire de mener une politique ethnocentrique. Combattu officiellement et publiquement, l'ethnocentrisme et le régionalisme restent toujours parmi les moyens de manipulation qui permettent aux politiciens d'engranger des voix dans leurs "fiefs naturels". Des "fiefs politiques" à l'image des régions naturelles du paysla Basse Guinée, la Moyenne Guinée, la Haute Guinée et la Guinée Forestièrequi déterminent également les groupes ethniques du pays. Les coordinations régionales de la Guinée- composées des "doyens" de chacune des régionss'ingèrent souvent dans le débat politique et soutiennentchacuneles leaders et personnalités de leur région. Un comité de réflexion pour la réconciliation nationale mis en place après l'élection du président Alpha Condé est sans aucun impact. À chaque accrochage politique, la bataille devient ethnique et le risque de "guerre civile" est à craindre pour ce pays de 12 millions d'habitants, crédité d'énormes richesses minières

Des manifestants s'en prennent à un camion de Police dont deux tiers des réserves mondiales de la bauxite. Le débat sur la tenue des prochaines élections législatives au 24 septembre prochain relance le risque d'affrontement avec la menace de l'opposition de mettre fin à la campagne électorale en cours et d'appeler à une nouvelle manifestation de rue. Nouhou Baldé Magazine réalisé lors d’un atelier de la DW Akademie DW Akademie en coopération avec le CESTI Avec le soutien financier du Ministère Fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ) Rédaction: Aminata Traoré Aissa Abdoulaye Alfary Assane Koné Eugène Yao Ibrahima Diallo Ibrahim Diori Nouhou Baldé Mamadou Siré Diallo Nesmon De Laure Infographie Aissatou Gaye Diagne Impression: Amadou Ndiaye

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ANALYSE PROBLEMATIQUE FONCIERE AU NIGER

Dernière minute

Les enjeux fonciers n’ont jamais été si pesants au Niger ces dernières années. C’est l’alerte donnée par «le rapport bilan de 20 ans de mise en œuvre du code rural » réalisé par un pool d’experts Nigeriens. Mais la politique, disent-ils, n’a pas réagit.

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Carte agro écologique du Niger

es pressions des problèmes fonciers au Niger montent : «Les enjeux sont encore plus nombreux qu’il y a vingt ans», disent les experts. Les raisons les plus pertinents selon eux sont claires: Primo, le droit foncier au Niger est contradictoire et trop complexe. Secundo, la forte croissance de la population aggrave la compétition pour la terre fertile déjà en danger par la désertification du pays. La gravité de cette situation est illustrée par le «drame de Zouzou Sané» du 12 juin 2012. Les deux villages voisins Zouzou Sané Zarma et Zouzou Sané Peul distant à peine deux kilomètres situés dans l’ouest du pays étaient en conflit foncier et attendaient une décision de justice. Quand la première instance décidait

en faveur de Zouzou Sané Peul, les habitants de Zouzou Sané Zarma organisaient une vendetta. Le Bilan : 7 morts, 12 blessés et 43 habitations incendiées» Selon les experts, la démographie galopante d’un taux de 3,5% par ans est un des plus grand problème des conflits fonciers au Niger : Aujourd’hui, les 17 millions d’habitants se partagent une terre cultivable, avec une moyenne de 0,4 hectare par personne. En 2030, 30 millions d’habitants doivent se partager un espace de terre fertile encore réduit. Pendant que les besoins montent en flèche, les terres agricoles et pastorales, se raréfient comme une peau de chagrin : La désertification, la dégradation des sols

cultivables et l’accaparement des terres fertiles par une aristocratie locale sont les problèmes les plus pertinents dans ce contexte. En plus, les experts soulignent « une contradiction fortement conflictuelle entre la coutume et certaines dispositions de la loi écrite.» D’un coté la loi écrite reconnait le «principe de retrait d’un espace des mains de son propriétaire pour non mise en valeur». Alors que dans l’imago collectif, « la terre des ancêtres est sacrées. Elle est insusceptible de changement de propriétaire. » Des propositions concrètes pour résoudre tous ces problèmes sont difficiles à identifier. «Après vingt ans de mise en œuvre, l’évaluation du Code Rural montre que ses dispositifs juridique et institutionnel sont en grande partie fonctionnels et peuvent être améliorés et renforcés pour les insuffisances qu’ils présentent», dit le rapport. Mais les experts surtout critiquent l’échec du gouvernement face à la situation. Le gouvernement, jusqu’à présent, n’a pas établi «une politique foncière rurale efficace.» Pour cela, ils demandent au gouvernement «d’améliorer la sécurité foncière, sociale et alimentaire des producteurs ruraux» et pour prendre en charge la gestion efficace des problèmes fonciers, les experts recommandent la création d’un ministère permanent. Reste a prouver si un ministère de plus peut vraiment résoudre le problème.

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DIORI Ibrahim

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DOSSIER la discrimination foncière au Niger

Les femmes s’organisent

Vue de femmes en activité Le nombre de femmes chef de ménage est important au Niger notamment dans les zones rurales. Pourtant les femmes ont rarement accès aux terres. Elles ont donc du mal à prendre en charge leurs enfants. Le problème ne se pose pas dans la législation ; mais il se retrouve dans les coutumes. C’est pourquoi certaines femmes s’organisent.

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eaucoup de paysans ont une vision traditionnelle du rôle de la femme qui la relègue au second plan: «Les femmes sont toujours connues comme des gardiennes de maisons, pas des exploitantes, elles doivent chercher l’eau, piler le mil, préparer à manger, elles ne doivent pas s’occuper des affaires de terrain» explique Mme Marthe Diarra, consultante indépendante. Elle a

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étudié la situation des femmes dans le monde rural du Niger. Selon elle, la pression foncière est la raison fondamentale de cette exclusion. La population s’agrandit et les terres cultivables se dégradent et deviennent de plus en plus rares. Des systèmes fonciers souvent discriminatoires Les femmes au Niger héritent rarement des terres de valeur de façon définitive. Elles sont

exclues de l’héritage dans la famille d’origine. « Nos coutumes ne permettent pas aux femmes de posséder la terre agricole, car elle quitte la famille et reçoit une part de terre dans sa famille maritale. Elle ne peut pas hériter deux fois » rapporte Mme Diarra. En principe les femmes peuvent avoir accès à une portion de terre dans la famille de leurs maris. Mais la réalité est souvent tout autre comme montre le cas de Fati, habitante de Kollo, département de Tillabéry à l’Ouest du pays. ‘’Trois mois après le décès de mon mari, son frère a Suite à la page 9

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voulu me prendre en mariage et devenir propriétaire des biens de mon mari. J’ai refusé. Il m’a chassé de la maison, mes deux enfants et moi. J’ai regagné mes parents la mort dans l’âme’’ déplore- t-elle. Dans tout le pays, selon le modèle coutumier, la terre est un don naturel. Le «toubandi» en milieu zarma et le « gado » en milieu haoussa désignent la forme coutumière classique d’héritage des terres. Pays à plus de 90% musulmans, la loi coranique permet en principe aux femmes de bénéficier de l’héritage : une part pour l’homme et une demi-part pour la femme - pour tous les biens y compris le foncier agricole de ses parents. Les femmes peuvent également hériter d’un quart des terres de leurs maris. Femmes réunies : Finis les soucis Dans la périphérie de Niamey, quelques femmes se sont mis ensemble pour avoir accès à des terres. Leur groupement

s’appelle «milé ban » ce qui signifie en zarma »finis les soucis. Les membres de cette association cultivent ensemble un espace d’un hectare pour faire le maraichage. Mamou , chef de ménage de ce groupement féminin, explique : « Je dois forcément m’occuper de mes trois enfants après le départ de mon mari en Cote d’Ivoire. Je salue l’initiative de ce genre de rassemblement autour des groupements. Cela m’a permis de faire le petit commerce après la vente des produits maraichers’’. Le cas de Mamou montre le besoin des femmes d’avoir une terre, un champ pour être indépendantes surtout qu’au Niger les hommes vivant dans les milieux ruraux quittent généralement le pays à la recherche de lendemains meilleurs. Le mari de Kadidja , lui n’a pas quitté le pays mais quand sa femme l’a aidé à cultiver son champ, celui-ci s’est approprié la bonne récolte et a pris une seconde épouse. Cette pratique devient de plus en plus courante et du coup décourage les femmes

à s’adonner pleinement à l’activité agricole. C’est pourquoi beaucoup de femmes adhérent à des groupements et où des coopératives souvent soutenus par des partenaires au développement. Des pistes de solutions Les études de la FAO confirment que les femmes ont moins facilement accès que les hommes aux ressources tels que la terre, le crédit, les intrants et les services qui renforcent la productivité. Vu le rôle important que joue la femme pour satisfaire les besoins en nourriture de la famille, les experts de cette organisation internationale suggèrent des stratégies de sécurité alimentaire durable qui doivent prendre en compte leur accès limité aux ressources productives. Et la consultante Marthe Diarra réclame l’accès à l’héritage foncier de tous, hommes et femmes. Pour cela, des politiques foncières doivent être envisagées pour favoriser l’accès des femmes à la terre. Aissa Abdoulaye Alfary

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ANALYSE

Ibrahima Boubacar Keita salue ses admirateurs dans un stade de Bamako

Crise malienne

Surfer sur l’espoir Le gouvernement de IBK marque la volonté de mettre fin à la crise malienne par la voix du dialogue. Pour la première fois de son histoire, un gouvernement malien compte un « Ministère de la Réconciliation ». Mais, au regard de l’immensité de la tâche, l’on peut s’interroger sur l’efficacité de cette initiative.

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n cette saison hivernale 2013, à Bamako, l’administration IBK se met en place. Il n’y a pas de temps à perdre. Le nouveau président et ses

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hommes savent qu’ils ne bénéficieront pas de période de grâce. Les priorités se bousculent. « En plus de la question cruciale de la réconciliation

nationale qui doit forcement aider à la pacification de la partie nord du pays, le nouveau Président doit songer à la reconstruction du pays, le Suite à la page 11

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redressement de l'économie et veiller à remettre les maliens au travail», a indiqué Nouhoun Keita, secrétaire administratif du parti SADI, l’un des nombreux soutien de la candidature de IBK au second tour de l’élection présidentielle. Au Mali, comme à l’international, le nouveau président est considéré comme un espoir pour résoudre la crise du nord. «La réconciliation nationale demeure la priorité la plus pressante», disait IBK, le 4 septembre 2013, lors de son investiture. Mais comment parvenir à cette réconciliation ? Le nord du Mali vit aujourd’hui dans une situation de «ni paix, ni guerre ». Depuis l’intervention de l’armée française, les Djihadistes qui occupaient le nord du Mali, ont cherché d’autres terres d’accueil.

volonté indépendantiste, même si aujourd’hui le discours est beaucoup plus édulcoré. La guerre peut reprendre d’un moment à l’autre. Dans l’espoir de mettre fin à cette ambiance néfaste pour la quiétude, IBK a décidé de surfer sur la réconciliation et le développement. «J’enclencherai des actions appropriées pour forger des solutions robustes en vue d’une paix durable», a-t-il déclaré. Et, comme première action, IBK a initié un département ministériel dédié à la réconciliation et au développement des régions du nord. Naffe Keita, enseignant chercheur à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Bamako, pense que la création du nouveau ministère pourrait être perçue comme un fort engagement des autorités à prendre à bras le corps la résolution pacifique de la crise du nord.

Pour sa part, Aboubacry Mbodji, secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), propose au nouveau président d’aller rapidement à l’unification du pays. « Il faut qu’il associe tout le monde à un dialogue sincère », a-t-il indiqué.

Cette proposition est pertinente, d’autant que les acteurs n’arrivent pas à s’accorder sur la signification de la réconciliation. Certains estiment qu’on ne saura parler de réconciliation sans justice. D’autres soutiennent qu’il ne sert à rien de remuer le couteau dans la plaie. Pour eux, il faut pardonner et aller rapidement à une réconciliation. De leur coté, les Touaregs du MNLA pensent que la réconciliation rime avec l’autonomie de l’Azawad. Tout compte fait. Même, du côté de la rébellion Aujourd’hui, les armes se Ibrahim sont pratiquement BoubaAvec IBK, tues. Mais, les renous avons beaucoup d’espoir .» car Keita belles ne sont pas bénéficie Mahamadou Djéri Maïga, désarmés. Le canVice-président du Conseil transitoire d’un prétonnement annonjugé facé dans la foulée de de l’Etat de l’Azawad (CTEA) vorable. l’Accord de Ouaga« Avec dougou, n’a pas IBK, nous avons beaueu lieu. Les soldats du coup d’espoir », nous a MNLA et ceux de l’armée Mais, il attire l’attensur l’existence déclaré Mahamadou Djémalienne se regardent tion ri Maïga, Vice-président en chien de faïence. Le d’une commission naMNLA ne cache pas sa tionale qui s’occupait Suite à la page 12 déjà de la question.

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du Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad (CTEA), crée par le Mouvement de libération de l’Azawad. Selon lui, avec IBK, une solution sera trouvée à la crise. « IBK est un homme d’Etat rigoureux. Mais, à défaut d’une indépendance, il faut qu’on donne à l’Azawad la chance de s’auto gérer », a-t-il indiqué. L’enseignant chercheur Naffé Kéïta pense que « la revendication autonomiste du MNLA est une grosse bulle sur laquelle

le mouvement Touareg, à dominance ifoghas, veut surfer pendant les futures négociations ». Selon, lui-même si on organisait aujourd’hui un référendum dans la zone, difficilement « l’autonomie » pourrait l’emporter. Tant ses partisans sont minoritaires. Entre l’indépendance et l’autonomie, les nouvelles autorités maliennes pourront-t-elles, à travers les actions du nouveau département ministériel convaincre le MNLA à jouer toute sa partition dans le dévelop-

pement des régions nord du Mali, dans une décentralisation renforcée. Dans tous les cas, même s’il ne donne pas les détails des actions qu’il compte mettre en œuvre, IBK veut « réconcilier les cœurs et les esprits, rétablir une vraie fraternité entre les maliens afin que chacun dans sa différence, puisse jouer harmonieusement sa partition dans la symphonie nationale ». Assane Koné

Le peuple malien attend beaucoup d'IBK, même les tout petits

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REPORTAGE LES IVOIRIENS DE DAKAR

«On rigole ensemble»

La crise politique née des élections de 2010 a divisé les citoyens de la Côte d’Ivoire en deux camps. A Dakar, loin de leur patrie, les Ivoiriens sont déjà sur la piste de la réconciliation.

Les ivoiriens de tout bord ensemble, dans un maquis à Ouakam (Dakar)

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n les retrouve en majorité à Ouakam, un quartier populaire de Dakar, situé à 6 ou 7 kilomètres du centre ville, où, ils se donnent rendez-vous, la nuit tombée, pour une virée nocturne, au maquis Awaley » (une buvette). Une appellation bien ivoirienne, en référence à un jeu très privé par

les chômeurs et les retraités Ivoiriens. Contrairement en Côte d’Ivoire où les maquis sont généralement à ciel ouvert avec des musiques à tue-tête, Awaley est un espace en vase-clos. Ici les maquis sont fermés, c’est la règle au pays de la Téranga, au risque de voir votre bistrot fermé. Dans ce maquis-bar, la bière coule à flot. C’est

aussi un espace de bouffe partie où l’on retrouve de la viande braisée de son vraie nom dibiterie mais communément appelée “Soukouya“ en Côte d’Ivoire. On y trouve de l’Attiéké (un mets typique de la Côte d’Ivoire à base de manioc), importé d’Abidjan, accompagné généralement de poisson à la braise. Bref,

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REPORTAGE Suite de la page 13

tout ce qu’on peut retrouver dans un restaurant chic d’abidjan et suffisant pour retenir les noctambules. Dans ce lieu où se distille la musique ivoirienne (Dj et Zouglou), on trouve les ethnies ivoiriens (Gueré, Baoulé, Dioula,…) qui se rassemblent autour de la même table, après une journée bien remplie, consomment, parlementent, rigolent ensemble ou encore commentent un match de football qui passe à la télévision, tout cela, dans une ambiance bon enfant. « Moi je suis Gueré (pro-Gbagbo) mais je n’ai pas de pro- Droh blèmes avec ceux ciété qui ne sont pas du même bord politique que moi, je ris avec tout le monde sans considération de partie politique », affirme Droh Gérard, de l’Ethnie Gueré, originaire de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Selon lui, les Ivoiriens de Dakar n’ont pas de problème de réconciliation parce qu’ils n’ont jamais été opposé entre eux. « Nous sommes en aventure et nous sommes pratiquement confrontés aux mêmes difficultés. Les nationaux n’hésitent pas à nous traités de « Gnac » (ce qui signifie sauvage en Ouolof, langue locale du Sénégal), nous sommes exploités au niveau de l’emploi. La vie est chère à Dakar. Il nous est difficile d’avoir à manger avec 200 ou 500 f cfa comme cela se fait à Abidjan. Ici, il faut au moins 1000 F CFA. Autant

riens qui m’ont volé des affaires donc j’ai décidé de ne plus aider quelqu’un ». Mais selon Bakayoko, au delà de ces rapports conflictuels liés à certains comportements peu catholiques de leurs compatriotes, ils ne sont pas opposés par des problèmes politiques entre eux. C’est aussi l’avis de Momo de Dakar, un autre abonné de ce maquis, qui vit à Dakar près de 20 ans. C’est lui qui nous informe que plusieurs d’entre eux militent dans des associations, qui organisent parfois des activités Ce qui nous unit ici est plus récréatives pour fort que ce qui nous divise. On renforcer leurs est obligé de s’entendre». liens « Nous Gérard, employé dans une so- avons une sortie sur Sali (une statéléphonie à Dakar-Sénégal tion balnéaire) en octobre procontact avec Bakayoko, chain et nous avons sollicid’ethnie Dioula originaire du té l’ambassadeur de Côte Nord de la Côte d’Ivoire. Ba- d’Ivoire au Sénégal pour kayoko est aussi un habi- son parrainage », confie-t-il. tué également d’Awaley. De Pour Momo, au-delà de la son vrai nom, Oumar Trao- solidarité ivoiro-ivoirienne, ré, Bakayoko est un artiste il existe une solidarité entre comédien ivoirien résidant à les Ivoiriens et les ressortisDakar. Il est un acteur du sants des autres pays afritéléfilm « 1 Café avec », une cains (Cameroun, Congo, émission qui est diffusée sur Guinée Bissau) qui fréune chaîne de télévision sé- quentent également Awanégalaise (Tmf, la télé de ley. De même qu’avec des l’artiste-chanteur Youssour Européens qui viennent N’dour) et très prisée parles chaque soir dans ce maquis Sénégalais. C’est avec lui, ivoirien pour se récréer. Il qu’on appendra que les Ivoi- est de même de leurs rapriens vivant à Dakar ne sont ports avec des jeunes Sépas solidaires, mais qu’ils négalais, très souvent musont plutôt individualistes. sulmans, mais qui ont fait Justifiant sa position, celui-ci de cet espace leur cachette, explique que cela est dû au loin des regards des parents. fait que beaucoup d’entre eux ne sont pas reconnaisEugène YAO sants « J’ai hébergé des Ivoi-

«

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dire que ce qui nous réunit ici est plus que ce qui nous divise, de sorte qu’on est obligé de s’entendre ». Et notre interlocuteur de poursuivre « ceux qui se battent en Côte d’Ivoire sont généralement ceux qui ne sont jamais sortis du pays, ils n’ont jamais fait l’expérience de la vie hors du pays pour comprendre que la vie est meilleure au pays et qu’ils ont intérêt à s’entendre à et à se mettre au travail ». C’est d’ailleurs, Droh, qui finira par nous mettre en

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INTERVIEW DIASPORA IVOIRIENNE A DAKAR

«Aucune place n’est laissée à la politique» Comment les Ivoiriens de l’extérieur vivent la réconciliation ? Ouest-Info a posé la question à M. Lorou Hirtchet Richard Morton, conseiller chargé des affaires consulaires de l’Ambassade de Côte d’Ivoire au Sénégal. Il parle ici de l’expérience de Dakar.

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omment vivez-vous la réconciliation à Dakar ? Les Ivoiriens vivant au Sénégal, de quelque bord qu’ils soient, qui se retrouvent à l’ambassade, sont traités de façon équitable. Dans la gestion de la communauté, les questions politiques et religieuses ne sont jamais mises en avant-plan. Faut-il comprendre que les Ivoiriens de Dakar ne sont pas divisés ? Il est clair que les uns et les autres peuvent avoir leurs sensibilités politiques, mais ce qu’il faut savoir est que les Ivoiriens ont la culture de la paix et de la fraternité. Même pendant la crise électorale, il n’y a pas eu d’affrontements entre eux, ici à Dakar. Quel est donc votre secret, quand on sait qu’en France, les pro-Gbagbo et les pro-Ouattara continuent de se livrer la guerre ? L’Ambassade organise régulièrement des rencontres avec la communauté ivoirienne vivant ici. Nous avons 9 associations d’environ 2000 personnes inscrites dans nos fichiers. Sinon, il faut tripler le chiffre pour avoir le nombre exact de nos compatriotes ici. Au cours de ces rencontres,

M. Lorou Hirtchet Richard Morton nous ne parlons que des ques- que ce n’était pas normal tions sociales, qui peuvent car ce n’est pas lui qui avait les rassembler. Aucune place gagné les élections, surtout n’est laissée à la politique. qu’au Sénégal c’est le candiVous avez donc usé de la dat Ouattara qui avait gagné. voie de la communication... C’est ainsi que, le 10 janvier Il y a la communication 2011, les locaux de l’Ambasmais aussi les rencontres sade ont été envahis par des d’échanges. Vous savez, gens qui ont tout saccagé quand les gens se rencontrent et débarrassé l’Ambassade et que vous leur parlez des des photos de l’Ex-président. choses qui rassemblent et Mais ils ne se sont pas pris qu’ils arrivent à rire en- au personnel. Il n’y a pas eu semble, même s’ils ont leur d’affrontements entre deux chapelle politique mais cela groupes d’Ivoiriens. Il a eu fait tomber des barrières. juste des dégâts matériels. est votre mesEtait- ce pareil pendant Quel la campagne électorale? sage de réconciliation Pendant la campagne, l’at- à l’intention des Ivoimosphère était plutôt calme. riens qui vivent au pays? Cependant, il y a eu ce qu’on Nous les invitons à travailpourrait appeler une incom- ler dans le sens de l’unité, préhension, au lendemain de la solidarité, la fraternité, la crise post-électorale, où la la réconciliation et à garder situation était très confuse. A espoir car la Côte Ivoire à l’Ambassade, il y avait le por- besoin de tous les fils et ses trait de l’ex-Président de la filles pour se reconstruire. république qui était accroché Réalisée par Eugène YAO et au mur. Certains estimaient Nesmon De Laure

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COMMENTAIRE CONFLIT CASAMANÇAIS

30 ans, ça suffit !

Plus de 95% de la population en Casamance sont pour la paix et contre l’indépendance de leur région. Il est temps pour les acteurs de respecter cette volonté.

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Marche des femmes pour la paix en casamance

a paix durable et définitive en Casamance reste encore à l’état de vœux. La situation de «ni paix ni guerre», qui prévaut depuis l’éclatement du conflit il y a environ 31 ans, persiste encore, ce 18 mois après l’accession du président Macky Sall au pouvoir. Les «Diplomaties tranquilles» du président Macky Sall, les gages du chef de l’aile mili-

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taire («Atika»), Salif Sadio à travers la libération des neuf militaires, fait otages un an après et de César Atout Badiate qui a libéré les 12 démineurs qu’il détenait, n’y feront rien. Des braquages et autres attaques à mains armées dans des localités de la région méridionale se poursuivent encore, installant les populations dans une sorte de peur-bleue. Le conflit en Casamance est

très complexe et est miné par des obstacles divers : Primo, la Gambie et la Guinée-Bissau ne manifestent pas un intérêt réel pour la résolution du conflit pour des raisons géostratégiques. Secundo, à l’image du foncier et la forêt Casamançais qui font l’objet de convoitises de la part d’investisseurs étrangers, la salinisation fait perdre Suite à la page 17

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aux petits paysans de la région leurs terres. Conséquence, les frustrations de la population en Casamance s’accentuent et la rébellion en profite. Tertio, les rebelles ne parlent plus le même langage, mais ils se battent entre eux par factions interposées. En plus, il y a des bandes incontrôlées, qui attaquent les villages sans aucun objet politique. Bref : Il y a trop de gens qui profitent de la crise. Face à cela, les différents régimes à Dakar éprouvent encore de la peine à résoudre le conflit vieux de 30 ans. Du «Tout sécuritaire» du président Abdou Diouf des années 1980-1990 à «L’Approche directe» plutôt économique de président Abdoulaye Wade avec un «Monsieur Casamance» de 2000 à 2012, la crise perdure. Le nouveau président Macky Sall au pouvoir depuis le 25 mars 2012 expérimente la «Diplomatie tranquille». Mais cette approche plurielle, notamment avec la médiation de la communauté Sant Egidio, a également montré ses limites à ce jour, car la traduction en acte des intentions n’est pas effective. La solution est politique Seulement, d’un camp comme de l’autre, y compris celui de la société civile, tous semblent s’accorder que la solution à la crise en Casamance est éminemment politique. Pour l’écrivain Français Jean Claude Marut, auteur d’un

livre sur la Casamance, «la solution est loin d’être économique comme le pense le président Macky Sall». Il propose une solution à deux volets. Il s’agit d’abord d’«aller vers un dialogue public sur la question car le débat est absent depuis l’éclatement de la crise». Ensuite, Jean Claude Marut invite à une reconnaissance officielle du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), en tant que structure politique. D’ailleurs, Mamadou Nkrumah Sané et les «sept sages» du Mfdc réunis à Paris ont appelé à «une solution politique» du conflit casamançais – ce qui ne veut rien dire d’autre que l’indépendance. Un Plan Marshall pour la Casamance D’autres membres du Mfdc se penchent plutôt sur le volet développement économique. Dans les colonnes de Sud quotidien, Jean Marie François Biagui, ex-secrétaire général du Mfdc, sollicitait la mise en œuvre d'un Plan Marshall pour la Casamance avec une exonération totale d’impôts, de taxes professionnelles et de

charges sociales, pendant dix (10) ans, pour toutes les entreprises basées en Casamance. S’y ajoute une exonération d’au moins 50% des taxes sur les carburants sur l’axe Kaolack – Tambacounda – Kolda. Ces mesures «symboliques», créeraient, affirmait-il, «dans l’imaginaire de toutes et de tous que la Casamance est vraiment une partie intégrante du Sénégal, dont celui-ci n’entendrait, du reste, et sous aucun prétexte, se séparer». En réponse, le gouvernement a proposé un «Plan de Réconciliation, Reconstruction et Développement Durable» pour la paix en Casamance. Mais en attendant, il faut que tous les acteurs se mettent autour d’une table pour montrer leur volonté d’en finir avec le conflit. Car force est de constater que beaucoup d’acteurs profitent toujours du conflit en Casamance. Reste à faire remarquer que l’écrasante majorité des Casamançais veulent la paix et ne cherchent pas l’indépendance. Il est temps de respecter cette volonté populaire! Ibrahima DIALLO

Une équipe de démineurs en activité en Casamance

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INTERVIEW Mouminy CAMARA, enseignant chercheur, spécialiste de la crise Casamançaise

«L’approche Macky en bonne voie»

Verdoyante, enclavée et tenaillée entre deux pays, la Gambie et la Guinée Bissau. La région de Casamance souffre d’une crise dite « de basse intensité » depuis 30 ans. Le 26 décembre 1982, la rébellion est déclenchée. Et depuis cette région méridionale du Sénégal vit les affres d’une situation de « ni guerre, ni paix ». Le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) réclame l’indépendance de la région. L’affrontement entre le MFDC et les forces gouvernementales a causé en 1982 la mort de plusieurs centaines de personnes, sans parler des nombreuses victimes dûes aux mines antipersonnel. La Casamance a été profondément traumatisée par ces violences. L’Etat du Sénégal, malgré des résultats d’accords de cesser d’hostilité, a encore cette épine sous ses pieds. L’enseignant chercheur au CESTI, le docteur Mouminy CAMARA est spécialiste du conflit casamançais. Dans l’interview accordée au magazine &&&&, il donne les éléments incontournables à la résolution de la crise en Casamance, considéré comme l’un des plus vieux conflits d’Afrique. Interview.

Interview réalisée par Aminata Traoré

O

n compte 30 ans de conflit en Casamance, pourquoi ce conflit n’est toujours pas résolu ? Mouminy Camara : En dehors de la principale revendication relative à l’indépendance de la Casamance, l’une des explications sur la durée de la crise casamançaise réside dans sa complexité puisque les facteurs liés à son avènement sont multiples. L’absence de prise en considération des causes profondes de cette crise explique sa dimension temporelle mais aussi le manque de clarté dans la vision politique à prôner pour sa résolution définitive. Quel est l’obstacle majeur à la résolution de ce conflit ? Mouminy Camara: La dimension temporelle est à prendre en compte dans ce conflit. Cette année on est la 31e année de crise qui perdure. L’un des obstacles majeurs à la paix est la complexité de la crise dont l’origine est liée à plusieurs facteurs. L’obstacle majeur c’est aussi l’approche prônée par les différents régimes pour résoudre la crise. Il y a essentiellement des dissensions internes au MFDC qui demeurent un point d’achoppement sur la voie qui mène à la paix. Ces dissensions sont entre l’aile dure qui revendique toujours l’indépendance de la Casamance et celle qui prônent des négociations avec l’Etat du Sénégal. Il Suite à la page 19

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faut aussi souligner un manque de leadership. Depuis le décès du leader charismatique Abbé Diamacoune Senghor, aucune autre figure ne fait l’unanimité pour fédérer les différentes factions autour d’une même vision. Ni d’harmoniser les positions entre l’aile combattante et l’aile politique. Qu’est-ce qu’il faut pour résoudre ces dissensions là ? Mouminy Camara : D’abord il appartient au MFDC de tenir ses propres assises afin d’harmoniser les positions des deux branches du MFDC, l’aile combattante et celle politique. Ceci permettrait au mouvement indépendantiste d’aller à la table des négociations avec l’Etat du Sénégal en défendant une position commune. Tant qu’il y aura des directions opposées, il sera difficile pour l’Etat d’organiser des pourparlers car il n’aura pas en face de lui un seul interlocuteur légitime représentant la voie du MFDC. Ces dissensions internes au MFDC sont le principal obstacle à la reprise des négociations entre le mouvement et l’Etat. Si l’Etat accepte d’aller à la table des négociations sans ce préalable, il ne faudrait pas s’étonner que l’accord de paix issu des pourparlers soit violé. Quelles solutions proposez-vous pour une sortie de crise en Casamance ? Mouminy Camara : Actuellement on voit une aille du MFDC qui ne prône plus l’indépendance de la Casamance, on tend vers une sortie de crise de ce côté, mais l’autre camp est figé sur cette indépendance. La meilleure façon de résoudre cette crise est de désenclaver cette région et le volet économique me paraît aussi important. La première étape pour l’Etat sénégalais est de s’entendre avec le MFDC qui parle d’une seule

voix. Et ensuite viendra le désenclavement de cette région par des projets de construction d’infrastructure d’accès à la région. Intégrer les populations de cette région dans le tissu géographique et économique du Sénégal en tant que capitale régionale viendra parachever la résolution de cette crise. L’approche Macky Sall vis-à-vis du conflit est qualifiée par certains de « diplomatie tranquille ». Est-ce une bonne approche par rapport à celles de ses prédécesseurs ? Mouminy Camara : Le président Macky essaie autant que faire se peut de ne pas répéter les erreurs du régime précédent même s’il a hérité une part de gestion de la crise appliquée par l’ex-président Wade. Macky adopte cette approche plurielle mais en la voilant du sceau de la discrétion pour être efficace et efficiente. C’est dans cette perspective que s’inscrit le recours à l’expertise de la communauté de Sainte-Egidio (Italie) en matière de résolution de conflit. Cette approche pourrait expliquer l’accalmie qu’on a constatée depuis le début de l’année et qui fait suite à la libération par le MFDC des 9 otages militaires. Récemment, des américains ont rencontré les acteurs impliqués dans la crise casamançaise en terre Bissau-guinéenne pour la résolution de la crise en Casamance. On peut dire que l’approche Macky est en bonne voie. Reste à espérer que celle-ci aboutisse à une paix définitive pour le bonheur des populations de cette région. Vous dites que Macky a hérité de Wade selon son approche pour résoudre cette crise casamançaise. Quelle est la nouveauté ? Mouminy Camara : C’est peutêtre le recours de Macky à la communauté Sainte-Egidio qu’il y a la différence des approches.

Même si Wade avait émis l’idée de solliciter cette communauté là… En son temps, l’Etat du Sénégal a toujours écarté une telle option. Cette nouvelle orientation dans la recherche d’une solution à la crise semble satisfaire le mouvement indépendantiste et expliquerait certainement l’accalmie dans la région Casamançaise. Les femmes ont participé à la résolution de la crise casamançaise. Selon vous, quels seraient leurs rôles dans l’approche Macky Sall ? Mouminy Camara : La présence des femmes me semble importante dans le processus de gestion de cette crise. Il faut qu’on s’intéresse à elles, leur entremise est salutaire à la résolution de toute crise. Que ce soit vers l’aile politique ou combattante du MFDC, mais aussi de l’Etat, la dimension genre doit être pris en compte par les parties dans la résolution de cette crise. S’achemine-t-on vers une sortie de crise avec cette approche de Macky Sall avant la fin de son mandat ? Mouminy Camara : Déjà il y a des actes qui sont posés qui poussent à croire à cette hypothèse. Les prémisses sont là en sa faveur, mais est-ce que cela va suffire pour qu’il parvienne à résoudre cette crise là? Macky déjà est à mi-mandat qui a été réduit de 7 à 5 ans. Le temps joue à sa défaveur, il ne lui reste que 3 ans. Maintenant, est-ce qu’en trois ans il pourra résoudre la crise, les dés sont jetés… dores et déjà avec les actes qu’il pose on tend vers une solution. Reste à espérer qu’il parvienne à réussir là où ses prédécesseurs ont échoué. Rappelons que le président Wade avait promis au début de son premier mandat de résoudre la crise en 100 jours mais cela lui a pris 12 ans sans qu’il aperçoive le bout du tunnel de la crise.

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REPORTAGE amadou toumani toure

Exil tranquille

En exil à Dakar depuis près de deux ans, Amadou Toumani Touré (ATT), l’Ex-Président malien déchu le 22 mars 2011, semble bien à l’aise loin de sa patrie.

S

Amadou Toumani Touré prie en compagnie des fidèles à la mosquée de l'hôpital Aristide Le Dantec

es deux petits fils à ses côtés, Amadou Toumani Touré apparait à la porte du « Petit palais », une somptueuse villa au centre de Dakar. Il est peu avant 14 heures ce vendredi 6 septembre. C´est l'heure idéale pour aller à la prière. Dressé dans un boubou blanc, l'ancien Président sort à pied pour se rendre à la mosquée juste en face. Souriant, le pas léger, il salue les passants. Et pour une minute on regarde passer l’ancien homme fort de Bamako, renversé par le coup d’état du capitaine Amadou Sanogo, il y a deux ans et demi. Depuis, ATT réside à Dakar et prend du bon temps dans la capitale Sénégalaise. Selon les témoignages, le sexagénaire s’adonne au sport pour garder la forme. « Il fait ses exercices physiques entre 17 et 18 heures

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sur la plage », insistent deux jardiniers dans les environs de sa villa. Le gouvernement lui a offert une résidence et des gardes de sécurité gratuitement. Le coût de ce cadeau généreux pour l’état Sénégalais n´est pas connu. Par contre, on sait que El Hadj Hamidou Kassé, conseiller spécial du président sénégalais Macky Sall, un ancien ami de ATT lui rend souvent des visites. « Assalaamou alaykoum ! » ATT salut un fidèle a l´intérieur de la mosquée en lui tendant la main. Il s´installe sur un tapis vert réservé pour lui. Juste derrière lui, ses petits fils et un membre de sa garde. Pendant la prière, ATT semble décontracté et content. Au cours de l´aumône, l´ un de ses petits fils pose un billet de 1000 F Cfa dans la corbeille. Fini la prière, Touré se dirige d´abord vers l´imam pour lui rendre des

civilités. Tout est fait pour conforter sa réputation d’homme simple dont il jouissait déjà dans la capitale malienne. « Salut ! Ça va bien ? Vous êtes là pour combien de temps ? », interroge-t-il Assane Koné, un journaliste malien, venu jouer le paparazzi. Tout sourire, ATT lui tend aussi la main et discute en langue bambara. « Je suis vraiment touché », confesse Koné, lui qui était critique à l´encontre de l´ ex président, les larmes dans le coin de l’œil. « Nous sommes en contact avec lui sous l’angle des droits humains pour qu’il soit traité comme un ancien Président », témoigne Aboubacry Mbodji, le nouveau secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho). S’il y a des plaintes contre l´ex Président, il appartient aux juges de s’en occuper et non au politique. « Sinon, ATT peut retourner au Mali, s’il le désire », affirme M. Mbodji. Sur le parvis de la mosquée, le ciel s’assombrit avant de céder peu à peu le passage à une fine pluie. Aidé de sa garde rapprochée, Amadou Toumani Touré saute dans une voiture non-immatriculée pour ne pas marcher sous les gouttes qui tombent pour atteindre sa villa. L’exil est une torture pour quelques hommes politiques. Mais ATT ne semble pas compter parmi eux. Nesmon De Laure

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