Marie Claire Belgique - Avril 2023

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“Depuis que je porte PrimaDonna, je me vois d’une manière plus belle.” PHYLLIS


IN

SERINE

PrimaDonna lover voor het leven Model voor een dag

PHYLLIS & SERINE

PrimaDonnas pour toujours Modèles pour un jour




SOMMAIRE 14 ÉDITO 16 CONTRIBUTEUR·RICES 17 L’IMAGE DU MOIS

TENDANCES

18 SUR LA LISTE D’AVRIL

SUBSTANCE ÉPOQUE

34 REPORTAGE Italie : menaces

sur l’IVG

40 NEWS La pionnière oubliée

22 LES TENDANCES DÉCRYPTÉES PAR MARIE CLAIRE

CULTURE

44 AGENDA Expos et sorties Photo Michaël Smits. Production et stylisme : Jan A.R. Brise. Mannequin Anaïs Garnier chez Dominique Models. Coiffure et maquillage Sharon De Winter pour Dior Beauté. Assistant photo Heavens Okwuego. Bomber sans manches en cuir. Jean en coton. Sac Twist PM, en cuir Epi. Sac Alma BB, en cuir Epi. Le tout Louis Vuitton x Yayoi Kusama.

46 LIVRES Odile d’Oultremont,

autopsie de la douleur

47 LIVRES New York vu d’en bas

48 INTERVIEW Coely : « À travers les

hauts et les bas, je parviens à voir la beauté » 50 MUSIQUE Zaho, la Nazaréenne 52 CINÉMA

TÊTES À TÊTE(S)

54 ENTRETIEN Charlotte Gainsbourg,

l’âge de grâce

60 RENCONTRE Diane von Fürstenberg :

« Mes vêtements doivent être comme des compagnons »

MAGAZINE

64 PSYCHO Retrouver la bonne énergie 68 TENDANCES Les nouvelles

travailleuses nomades

72 MODE L’allure ballerine à la pointe 76 DÉCO Le moment moquette

80 PORTRAIT Yayoi Kusama, princesse

p. 76 Le moment moquette

REISINGER STUDIO.

aux petits pois


STYLE MODE

Hyper pop attitude Festival d’accessoires 100 NEWS Bijoux & montres 102 NEWS Haute joaillerie 103 RADIOGRAPHIE Le 501 86 92

BEAUTÉ

104 PALMARÈS Les prix d’Excellence de

la Beauté Marie Claire 2023

112 TESTÉ Le sérum

113 FONDAMENTAUX Emily Ratajkowski 114 CONFIDENCES La sélection de

la rédactrice

LIFESTYLE

118 VOYAGE Le rêve californien

124 MASTERCLASS Les « yachaejeon » 129 HOROSCOPE

130 LE QUESTIONNAIRE Marie Gillain

MICHAËL SMITS.

p. 86 Hyper pop attitude

Foulard en soie porté comme un haut. Sac à main Capucines MM en cuir Taurillon. Le tout Louis Vuitton x Yayoi Kusama.

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MARIE CLAIRE EST UNE PUBLICATION DE BASTILLE VENTURE CAPITAL S.A. (TVA BE 0875.062.635) CHAUSSÉE DE LOUVAIN 431 D, B-1380 LASNE.

RÉDACTEUR EN CHEF Timon Van Mechelen tvm@marieclaire. be DIRECTRICE ARTISTIQUE Sophie Brevers sbr@marieclaire.be COORDINATRICE DE LA RÉDACTION Joëlle Lehrer jle@marieclaire.be DIRECTRICE DE LA MODE & STYLE Elspeth Jenkins eje@marieclaire.be JOURNALISTE BEAUTÉ & LIFESTYLE Kim De Craene kdc@marieclaire.be COLLABORATEURS Jan A.R. Bries, Aurélia Dejond, Sharon De Winter, Virginie Dupont feat. talkie-walkie srl, Anais Garnier, Etienne Heylen, Marie Honnay, Vrints-Kolsteren, Joëlle Lehrer, Philippe Manche, Heavens Okwuego, Sophie Pillen, Burp Photography, Malvine Sevrin, Michaël Smits, Eva Thurman, Margo Verhasselt. CHIEF DIGITAL MARIECLAIRE.BE/FR Malvine Sevrin mse@marieclaire.be malvinesev DIGITAL ART DIRECTOR MARIECLAIRE.BE Rosalie Bartolotti rba@editionventures.be rosaalieeb BACK-END DEVELOPER MARIECLAIRE.BE Paul Ansay paul@editionventures.be COORDINATRICE DES PROJETS ÉDITORIAUX & COMMERCIAUX Jessica Fine jfi@editionventures.be jessicafi ne1

SALES DIRECTOR Philippe De Jonghe pdj@editionventures.be CREATIVE SALES MANAGERS Johanna Webb jwe@editionventures.be Kelly Gielis kgi@editionventures.be Alexia Neefs alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne vdc@editionventures.be Nathalie Fisse nfi@editionventures.be CREATIVE SOLUTIONS LAB Carla Circiello (Campaign Coordinator) cci@editionventures.be Laura Collu (Campaign Coordinator) lco@editionventures.be Marine Petrisot (Junior Campaign Coordinator) mpe@editionventures.be EVENTS Charlotte Villers (Event Coordinator) cvi@editionventures.be PRODUCTION Business Team Corporation / Michel Vanderstocken Matériel pub/Valérie De Jonghe vdj@editionventures.be Print Production Coordinator / Amélie Eeckman aee@editionventures.be IT MANAGEMENT Dominique Remy - Alpha-Chrome sprl VENTURES MEDIA CEO Bernard de Wasseige

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www.caroline-biss.com


ÉDITO RETOUR AU BUREAU

C

En fin de compte, bien sûr, tout est une question de liberté. Selon le psychologue que nous avons rencontré pour notre article, les nomades numériques qui travaillent depuis une île tropicale le font souvent par peur de s’installer dans une routine : « Ils trouvent horrifiant de vivre au même endroit toute leur vie et d’y mourir », nous a-t-il expliqué. Mes collègues et moi ne pouvons plus nous passer de la sensation de liberté qu’apporte le télétravail. Pouvoir choisir son planning de la journée, ne pas perdre son temps dans les transports, enchaîner les réunions via Zoom et ne pas être dérangé par des collègues bruyants est évidemment motivant. A contrario, lorsqu’on travaille à distance, on ne profite pas du partage d’expériences, ni de l’énergie qui peut se dégager d’un bureau rempli de gens inspirants. Pour faire court : chérissons la liberté du télétravail, mais veillons également à ne pas nous perdre de vue. Chers collègues, vous me manquez !

Timon Van Mechelen Rédacteur en chef timonvm

PHOTO PERSONNELLE.

ela fait une éternité que je n’ai pas vu mes collègues. Depuis plus de trois ans, le télétravail est la norme dans notre rédaction et, à l’instar des Belges qui ont témoigné pour l’article sur les nouveaux nomades (page 68), plusieurs collègues ont troqué leur table de cuisine pour un lieu plus exotique. Marie, notre rédactrice finale NL, travaille depuis l’Afrique. Kim, notre journaliste beauté & lifestyle, séjourne au Brésil quelques mois par an. Aurélia, journaliste culture et société, vit à temps partiel à Paris. Le reste de l’équipe travaille dans toute la Belgique, d’Anvers à Mons. Lorsque j’appelle des collègues, tous semblent d’accord sur un point : personne ne veut renoncer à ce nouvel équilibre travail-vie personnelle. Pourtant, travailler à distance ne présente pas que des avantages. Si une foule de choses peuvent être réglées via WhatsApp, FaceTime et e-mail, cela ne remplace que partiellement les conversations que nous pouvons avoir sur notre lieu de travail. Parfois, on a l’impression que chacun œuvre de son côté, alors que la collégialité dans un secteur comme le nôtre est capitale. Surtout quand nous devons trouver des idées créatives. Et je dois admettre que les conversations à la machine à café me manquent. Parfois, parler « de tout ou de rien » permet justement d’aller plus loin. Nous commençons chaque conversation téléphonique par : « comment vastu ? » mais la réponse n’est jamais pareille lorsqu’on se trouve face à son interlocuteur. Ce qui se passe dans notre rédaction se vérifie dans le monde entier : le nombre de personnes qui ne vont jamais au bureau augmente de façon exponentielle. Il y a trois ans, il s’agissait principalement d’indépendants, d’entrepreneurs, d’employés de start-up et de personnes issues de la tech. Désormais, le phénomène séduit également les salariés des secteurs plus traditionnels.



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CONTRIBUTEUR·RICES

PHOTOGRAPHE

MANNEQUIN

Michaël a réalisé la photo de couverture de ce magazine. D’OÙ VENEZ-VOUS ?

En couverture de ce numéro, elle a aussi posé pour notre shooting centré sur la collection Louis Vuitton x Yayoi Kusama.

POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

J’ai grandi à Braives, un petit village de la province de Liège, mais je vis à Paris depuis six ans.

Je suis né et j’ai grandi sur la rive gauche à Anvers.

Une succession de coïncidences m’ont guidé vers la photographie. Comme j’en avais marre de l’école, ma mère m’a conseillé d’étudier la photographie. Pendant toute cette période, j’ai rencontré de nombreux étudiants de l’Académie d’Anvers. D’un coup, un monde nouveau s’est ouvert à moi, j’y ai rencontré mes meilleurs amis. Ensemble, via la photographie, nous avons développé notre propre univers. Je n’ai plus arrêté depuis. VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LE SHOOTING ?

J’adore expérimenter différents effets par le biais de la lumière. Pour ces photos, je voulais vraiment m’amuser et le résultat m’a totalement bluffé. Une fois que le puzzle s’emboîte et que l’histoire fonctionne, on ressent une incroyable sensation de plénitude. QUI VOUS INSPIRE ?

Mes nombreux voyages à Dakar ont été à la fois déterminants et inspirants. Les couleurs, la lumière et la créativité des gens m’ont façonné en tant que photographe et en tant que personne. Ma copine Klara-Marie Bliss est aussi une importante source d’inspiration. Elle crée son propre univers en dessinant des bijoux, de la lingerie et des robes pour sa marque VONA.

D’OÙ VENEZ-VOUS ?

POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

Une agence de mannequins belge m’a repérée dans la rue et peu de temps après, j’ai pu travailler avec des photographes connus comme Bruce Weber et Lalo & Eva. J’aime le fait que chaque jour soit unique. J’ai la chance de travailler avec des gens incroyablement passionnants. VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LE SHOOTING ?

Ma rencontre avec l’équipe. J’admire le travail de la maquilleuse depuis quelques années maintenant, j’étais donc heureuse de pouvoir enfin travailler avec elle. La jeune styliste a un talent et une énergie incroyables et je ne peux qu’admirer la façon dont le photographe a su jouer avec la lumière. QUI VOUS INSPIRE ?

Récemment, j’ai vu Simone, le voyage du siècle, un film sur Simone Veil, survivante de l’Holocauste, femme politique et première femme présidente du Parlement européen. J’ai pleuré du début à la fin. Suivre le chemin d’une femme aussi impressionnante me donne d’ailleurs envie de me donner encore davantage dans mon travail.

DESIGNERS ET PHOTOGRAPHES

Ils ont réalisé le reportage sur Los Angeles. D’OÙ VENEZ-VOUS ?

Naomi est née au Népal et a déménagé en Belgique peu de temps après sa naissance. Nous avons tous les deux grandi à Anvers. Après quelques expériences à l’étranger, nous avons décidé d’établir notre studio à Anvers. POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

Nous avons tous les deux un univers visuel très marqué. Nous dessinons depuis l’enfance. Notre formation artistique était comme une évidence. À l’époque, nous ne savions pas que nous voulions être graphistes, mais après plusieurs essais, nous y sommes arrivés. Nous aimons aussi explorer différentes facettes de l’art, de l’architecture, de l’illustration, du cinéma… Tout ça influence notre travail. VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT CE SHOOTING À LOS ANGELES ?

À Palm Springs, nous avons loué des vélos pour découvrir l’architecture Mid Century. C’était agréable de laisser la voiture un moment et de pédaler entre les palmiers. QUI VOUS INSPIRE ?

Nous nous inspirons beaucoup de nos voyages. Ce sont surtout les choses du quotidien qui attirent notre attention, comme la signalétique dans une station de métro, un rouleau de papier toilette avec un motif rigolo ou le logo d’un emballage de médicaments.

Sophie Pillen STYLISTE

Elle a réalisé le stylisme de notre shooting spécial accessoires. D’OÙ VENEZ-VOUS ?

Je suis née et j’ai grandi à Anvers. J’y vis d’ailleurs encore aujourd’hui. Après avoir obtenu mon diplôme de graphiste, j’ai étudié la mode à l’Académie d’Anvers. POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

J’ai suivi une formation en graphisme et en mode. Pour moi, la mode est un outil qui me permet de créer de belles images. Parfois, on me donne carte blanche pour construire quelque chose à partir d’un thème choisi; un peu comme si, à l’instar d’un peintre, j’utilisais la couleur et la matière pour construire une œuvre. D’autres fois, je dois prendre en compte les désirs des clients. Lorsqu’il s’agit d’une campagne, par exemple. Dans ce cas, mon défi est de conserver un angle le plus intéressant possible. Chaque jour, je raconte une histoire différente avec des collègues différents. J’aime cette variation de ton. VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT CE SHOOTING ?

Quand toutes les pièces du puzzle se mettent en place, c’est fantastique. Quand tout le monde est sur la même longueur d’ondes et que le résultat est visuellement fort, c’est incroyablement motivant. QUI VOUS INSPIRE ?

Le cinéma, la peinture, la sculpture et les arts appliqués : affiches, mobilier, design… Les couleurs et les formes que je rencontre au quotidien sont une autre source d’inspiration.

COLLECTION PERSONNELLE.

Michaël Smits Anaïs Garnier VrintsKolsteren


2023, THE GUY BOURDIN ESTATE.

Guy Bourdin, Vogue Paris, mai 1970.

L’IMAGE DU MOIS

NOUS NE NOUS CACHONS PAS…

Oui, nous ne nous cachons pas pour avouer notre faible pour la photographie et notamment celle de Guy Bourdin, disparu en 1991. Il parvenait à raconter tout un roman en une seule image. À l’inauguration de l’exposition qui lui est dédiée, à Milan, Giorgio Armani, a déclaré ceci: « Nous avons réuni une centaine d’œuvres, célèbres ou moins connues, en hommage à ce photographe que j’admire infiniment pour son expression créative, son sens du storytelling, son caractère provocateur et son amour du cinéma. Bourdin ne transigeait avec personne mais s’obstinait à suivre son propre chemin. Je me retrouve totalement là-dedans. » Texte Etienne Heylen et Joëlle Lehrer Guy Bourdin : Storyteller, jusqu’au 31 août chez Armani/Silos à Milan. armanisilos.com


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TENDANCES AVRIL

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ADORABLES SOUS LEURS AIRS DE GALETS PRÉCIEUX, CES SOINS CORPORELS NOUS ENVELOPPENT D’UN DÉLICAT PARFUM DE J’ADORE. Les adorables de Dior : la crème pour le corps, la gelée d’or et le gommage scintillant, en boutiques et en ligne sur dior.com

SUR LA LISTE D’AVRIL Par Malvine Sevrin et Timon Van Mechelen

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JAMAIS SANS UN TRENCH

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UN PRINTEMPS BELGE NE SERAIT PAS COMPLET SANS UN TRENCH IMPERMÉABLE. CETTE SAISON, L’INDÉMODABLE PIÈCE SE DÉCLINE DANS UNE VASTE GAMME DE COULEURS, MATIÈRES ET LONGUEURS, COMME CETTE VERSION TRÈS CONVOITÉE, AUX NUANCES ROUGE ET FUCHSIA. Trench par Lola Casademunt, 219 €, lolacasademunt.com

SAC FLEURI

Raïssa Nkulufa est une jeune Bruxelloise de vingt-sept ans qui vient à peine de lancer sa marque de maroquinerie Lotha. Sa première collection, « Le Jardin d’Hiver », nous emporte dans un univers poétique à l’image du titre d’Henri Salvador. Une jolie pépite colorée pour dynamiser nos looks au fil des saisons. Sac Kolota disponible en trois coloris, 470 € sur lotha.be



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TENDANCES AVRIL

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FRAIS

Un parfum de printemps s’empare de la nouvelle création signée Hendrick’s. La maître distillatrice Lesley Gracie s’est inspirée des fleurs fétiches des papillons pour créer cette infusion florale rafraîchissante. On la savoure avec un soupçon de menthe fraîche, quelques rondelles de concombre et une poignée de framboises juteuses, le tout mélangé à un soda au citron bien frappé. Santé !

Gin Flora Adora, Hendrick’s, 47,95 € les 70 cl.

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162 € les 100 ml, exclusivement disponible via debijenkorf.be

CLOCHES DE PÂQUES

Qui dit printemps, dit Pâques. Et pas de Pâques sans chocolats belges ! Après un test approfondi par la rédac’, voici ceux que vous aimeriez trouver au jardin. 1. Oeuf praliné au riz soufflé et chocolat blanc Pierre Marcolini, 11,90 €. 2. Gros oeuf garni d’oeufs flamboyants Benoît Nihant, 36 €. 3. Collection Botanicals édition limitée Neuhaus, 29 €.

PRESSE.

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COLONIA

Le designer Samuel Ross a longtemps été pressenti comme successeur de Virgil Abloh chez Vuitton. S’il est finalement passé à côté de cette position au profit de Pharrell Williams, il a néanmoins signé un contrat de trois ans avec Acqua di Parma. Le premier résultat de cette collaboration donne Colonia Limited Edition, une nouvelle bouteille colorée pour le parfum éponyme de la maison italienne.


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CHANEL PAR MARIE

« C’est un rêve d’enfance devenu réalité », nous a dit Marie Wynants lorsque nous l’avons interrogée après son premier défilé Chanel en octobre dernier. La photographe belge a été invitée par la maison de couture à assister au défilé printemps-été 2023. « Chanel est souvent qualifié de classique, mais la maison de couture est en fait assez rock ‘n’ roll. Gabrielle était un peu bizarre et en avance sur son temps », poursuit Marie. Par exemple, elle portait souvent des pièces de ses amants (elle en avait trois) qui lui ont fait découvrir que les pulls en jersey, les cardigans et les pantalons amples étaient beaucoup plus agréables à porter. Du jamais vu à l’époque. « C’est aussi pour ça que je m’identifie si bien à la maison de couture. Je préfère porter des pièces à l’allure masculine. Plus garçon manqué que très fille-fille, pour ainsi dire. Et en même temps, ma mère et ma grand-mère sont fan de Chanel. C’est aussi sa grande force. La maison de couture séduit presque toutes les femmes et toutes les générations peuvent s’y reconnaître », déclare-t-elle.

PRESSE.

Découvrez plus d’impressions et de photos de Marie Wynants du défilé printemps-été 2023 de Chanel sur marieclaire.be


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TENDANCES

VIBRATIONS

IDÉE FIXE

SAKURA

L’artiste Yayoi Kusama a transformé l’emblématique sac Capucines, du nom de la rue Neuve-des-Capucines où Louis Vuitton a ouvert sa première boutique, en une œuvre d’art portable. Joli jeu de pois et de fleurs. Photo Michaël Smits Réalisation et stylisme Jan A.R. Bries Par Timon Van Mechelen À gauche Sac Capucines BB en cuir taurillon Louis Vuitton x Yayoi Kusama, 6500 €. À droite Sac Capucines Mini en cuir taurillon Louis Vuitton x Yayoi Kusama, 6000 €.


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LA FINE FLEUR

LA PANOPLIE L’imprimé fleuri est un incontournable du printemps-été. Cette saison, il se décline sur un fond foncé, comme chez Sacai et Richard Quinn. Réalisation Timon Van Mechelen

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PRESSE.

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LE LOOK PODIUM Défilé printemps-été 2023 Richard Quinn. 1. COL ROULÉ En polyester Essentiel Antwerp, 115 €. 2. TOP OVERSIZED En viscose Scotch & Soda, 139,95 €. 3. PANTALON CROPPED En viscose et polyester Baum und Pferdgarten, 219 €. 4. BOUCLE D’OREILLE En onyx noir avec un péridot et finition or 18 carats Sophie Joanne, 1100 €. 5. ROBE OFF-SHOULDER En coton Bernadette, 745 €. 6. SAC À BANDOULIÈRE En cuir et viscose avec perles Staud, 239,95 € via Zalando. 7. JUPE MI-LONGUE En soie artificielle et polyester Vince, 415 €. 8. MULES En cuir de veau Dries Van Noten, 495 €.


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TENDANCES

VIBRATIONS

CURRICULUM

EVA JOSPIN Au début de sa carrière artistique, alors que le concept de durabilité n’était pas encore à la mode, Eva Jospin réutilisait déjà des cartons qu’elle trouvait dans les grands magasins. Aujourd’hui, elle accède aux plus hautes sphères du monde de l’art et de la mode. En septembre dernier, elle a conçu la scénographie du défilé printempsété 2023 de Dior. Par Timon Van Mechelen

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1. La scénographie imaginée par Eva Jospin pour Dior. 2. Le défilé Dior printemps-été 2023.

DANS SES CARTONS

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Eva Jospin et Maria Grazia Chiuri

EVA ET MARIA GRAZIA

donc, mais aussi des morceaux de roches, des fleurs et même des forêts entières. Ses créations dignes d’un conte de fées ne sont pas seulement impressionnantes par leur taille monumentale. L’attention portée aux détails leur donne une dimension toute particulière. Chaque branche, chaque feuille et chaque épine a été sculptée avec la plus grande précision. Un exploit.

Eva Jospin avait déjà imaginé une peinture murale brodée pour le défilé couture automne-hiver 2021 de Dior, mais pour le show de ce printemps-été, elle a imaginé tout un monde de conte de fées en carton. « Maria Grazia Chiuri (la directrice artistique des collections femme de Dior, ndlr) a une vision artistique que j’admire beaucoup. Son immense respect pour les artistes se ressent dans tout ce qu’elle fait. Chaque saison, nous recevons un briefing clair sur la direction qu’elle veut prendre, mais ensuite, elle laisse les artistes avec qui elle collabore développer leur propre idée. On ne peut pas imaginer plus grande liberté. »

LAURA SCIACOVELLI. ADRIEN DIRAND. PRESSE.

Le fait qu’Eva Jospin, fille de l’ancien Premier ministre français Lionel Jospin, ait une formation en architecture, se reflète clairement dans son travail. Cependant, ses structures grandeur nature ne sont pas faites de pierre, d’acier ou de béton, mais de simple carton brun. L’artiste crée des installations impressionnantes à partir de matériaux accessibles et recyclables : du carton

Elle dit qu’elle s’inspire souvent du baroque italien, mais aussi de l’architecture et de diverses autres périodes de l’histoire. « Tout ce qui m’intéresse se retrouve dans mon travail », précise Eva Jospin. Si elle travaille souvent le carton, c’est parce qu’elle préfère les matériaux simples et immédiatement reconnaissables. Et pour créer l’inattendu et éviter un effet de « déjà-vu », Eva travaille à très grande échelle. « Placer les choses dans un contexte différent vous fait les regarder d’une autre manière. »



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TENDANCES

VIBRATIONS 2

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NOUVEAU DÉPART 9

LA PANOPLIE Le blues hivernal fait place à l’espoir et à la lumière. Au printemps, on prend un nouveau départ dans un outfit blanc, accentué de couleurs pop. Jacque(mus) a dit.

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Réalisation Timon Van Mechelen

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LE LOOK PODIUM Défilé printemps-été 2023 Jacquemus. 1. TOP À MANCHES BALLON Avec encolure à roses en coton & Other Stories, 149 €. 2. PULL En laine avec plumes Marina Rinaldi, 685 €. 3. SAC PASTICCINO MEDIUM En raphia Weekend Max Mara, 319 €. 4. T-SHIRT BOXY En coton Uniqlo U, 14,90 €. 5. JUPE CRAYON À FRANGES En viscose et coton Acne Studios, 320 €. 6. SANDALE À TALON En cuir Caroline Biss, 250 €. 7. LUNETTES DE SOLEIL JOSEFA En acétate Alain Afflelou, 29 € la monture. 8. JEANS STRAIGHT FIT En coton Lewis & Melly, 119 €. 9. SAC OLIVIA HOBO En PVC Khaite, 1030 €.

PRESSE.

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TENDANCES

VIBRATIONS

FOCUS

PANTHÈRE GRAPHIQUE DE CARTIER Les sacs à main Cartier font appel au savoirfaire de la maison et allient luxe et fonctionnalité. Rencontre avec la créatrice Marlin Yuson pour qui un sac doit vivre au moins trente ans... Par Kim De Craene

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Marlin Yuson

INNOVATION

L’histoire de Cartier commence en 1847, lorsque Louis-François Cartier reprend l’atelier de son maître, un joaillier et horloger parisien. En 1904, Cartier imagine la première montre-bracelet. Et en 1933, c’est une femme, Jeanne Toussaint, qui prend la tête de la direction de la création. La Belge surnommée la Panthère est connue pour ses bijoux et ses sacs de soirée aux motifs félins. Ses créations sont colorées, innovantes, modernes. Dans les années 70, Cartier lance Les Must de Cartier. Le but? Démocratiser le luxe en fabriquant briquets, stylos et lunettes. Les accessoires en cuir remontent, quant à eux, à 1973 : la Carnassière Bordeaux arborant le fameux logo C connaît un succès immédiat. Aujourd’hui encore, l’atelier de maroquinerie est dirigé par une femme. D’origine new-yorkaise, la directrice de la création, Marlin Yuson, imagine depuis vingt ans les modèles des sacs. Elle crée Double C en 2021, et choisit l’actrice Lily Collins comme ambassadrice. Le sac est classique mais tendance, luxueux mais toujours fonctionnel, et surtout très parisien.

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relief et perspective. « La boucle a été trempée dans l’or à maintes reprises pour éviter qu’elle s’oxyde, et plusieurs couches de peinture ont été appliquées sur le cuir. Un sac doit, en effet, durer trente ans. Comme Cartier est à l’origine une marque de joaillerie, nous mixons toujours cuir et bijoux, tout en accordant une priorité absolue aux finitions. » DOUCEUR ET FORCE

SCULPTURES SLASH BIJOUX

Le dernier modèle Panthère Graphique se caractérise par sa bandoulière et son fermoir, une représentation graphique d’une tête de panthère. « Nous ne nous sommes pas contentés d’apposer un logo en métal sur le sac », explique Marlin Yuson. « Le fermoir est un bijou fait à la main, à la manière d’une sculpture. » La panthère présente une finition or ou palladium, parée d’inserts en cuir qui donnent

« Le Graphique est ma création préférée », poursuit Marlin Yuson. « Ses formes et ses lignes rappellent la souplesse de la panthère en mouvement. Il incarne à la fois la douceur et la force de l’animal. Il ne présente ni bord franc, ni couture apparente. La durabilité est au cœur de notre réflexion : il est possible de démonter le sac et de réutiliser chaque élément. Mais à quoi bon ? Rien de tel que de transmettre un sac à un membre de sa famille ou à un·e ami·e. »

JOHN CLAY. PETER LANGER. JEAN-FRANÇOIS ROBERT. CARTIER.

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1. L’actrice Lily Collins est le visage de la nouvelle campagne. 2. La tête de panthère n’est pas un simple logo en métal mais presque une sculpture. 3. Le Graphique en bleu foncé élégant. 4. Une image d’archive de 1976 des Must de Cartier.


x Shiseido

COMMENT GAGNER EN BEAUTÉ ET CONFIANCE EN SOI AVEC L’ÂGE ? Se sentir belle et bien dans sa peau peu importe son âge ; c’est la mission que Shiseido honore depuis plus de 150 ans. À travers sa dernière campagne #TheAgeIFeel, la marque a voulu mettre en lumière les femmes et leur beauté mais aussi son expertise unique en matière de soins de la peau.

PAS DE PROMESSE SANS PROUESSE

Si Shiseido gagne la confiance des femmes depuis sa création c’est parce que les soins créés par leurs laboratoires et leurs équipes de recherches tiennent leurs promesses. Pas de quête superficielle de beauté ; mais des formules efficaces aux textures inédites basées sur des innovations brevetées. L’objectif est toujours le même : assouvir les besoins de toutes les femmes et répondre aux besoins de toutes les peaux, peu importe leur âge ou leur carnation. #THEAGEIFEEL UNE CAMPAGNE INSPIRANTE

Malgré les évolutions de la société, l’âge reste encore trop souvent un frein dans le parcours des femmes. Avec la campagne #TheAgeIFeel, Shiseido les invite à se libérer de ce chiffre limitatif et à s’épanouir à chaque étape de vie.

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DÉJÀ ICONIQUES

ULTIMUNE : un sérum activateur qui incarne à lui seul le must de la recherche Shiseido avec sa double technologie anti-âge. Il est le seul à travailler sur le système immunitaire de la peau et stimule les défenses internes afin de rendre la peau plus forte. ESSENTIAL ENERGY : un cocktail d’acides hyaluroniques qui en fait l’allié des peaux en quête d’éclat et en besoin d’hydratation intense. BENEFIANCE : un soin hydratant complet qui cible la formation des rides et ridules afin de garantir une peau visiblement lissée et repulpée. VITAL PERFECTION : un soin anti-âge qui rassemble les dernières technologies apportant hydratation, fermeté et éclat. La peau est visiblement liftée.

Cet article a été réalisé en étroite collaboration avec Shiseido. shiseido.be


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TENDANCES

VIBRATIONS

MOODBOARD

FIÈVRE JAUNE

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Ce moodboard ensoleillé nous plonge dans l’ambiance de la Côte d’Azur et de sa cousine amalfitaine. Autant d’idées fraîches ou vintage pour une future escapade estivale. Réalisation Elspeth Jenkins

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1. Crème Mains Cédrat Roger&Gallet , 7,40 €. 2. Lunettes de soleil Gayia Chloé, 350 €. 3. Défilé Max Mara printemps-été 2023. 4. Campagne Maliparmi printemps-été 2023. 5. Robe bustier La Collection, 850 €. 6. Vase Herringbone Vitra, 135 €. 7. Pantalon large Julia June, 239 €. 8. Montre La D My Dior Dior, prix sur demande. 9. Franco’s Bar de l’hôtel Le Sirenuse à Positano. 10. Mocassins à talon Marni, 720 €.

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PRESSE.

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SUBS 34 ÉPOQUE

44 CULTURE

L’AIR DU TEMPS DÉCRYPTÉ

NOTRE SÉLECTION CINÉMA, MUSIQUE, LIVRES...

GRAND REPORTAGE Depuis l’arrivée de l’ultra droite au pouvoir, les Italiennes doivent se battre pour l’application du droit à l’IVG

AGENDA L’expo Romy Schneider

LIVRE Passionnante Odile d’Oultremont MUSIQUE Coely, reine sur scène

CINÉMA C’était qui la femme de Tchaïkovsky ?


TANCE 54 TÊTES-À-TÊTE(S)

64 MAGAZINE

LES RENCONTRES DU MOIS

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CONFIDENCES Charlotte Gainsbourg aime

la comédie

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à Bruxelles

INDISPENSABLES Les astuces pour avoir la bonne énergie SOCIÉTÉ À la rencontre des travailleuses nomades DÉCO On fait la carpette CULTE Yayoi Kusama, princesse aux petits pois


Marina Toschi, gynécologue à la polyclinique privée de Corciano, se bat pour que les femmes aient accès à l’avortement et à la contraception.


ÉPOQUE

SUBSTANCE

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Pilule, anneau vaginal… Les moyens de contraception sont légaux en Italie, mais les femmes rencontrent de plus en plus de difficultés pour se les faire délivrer.

GRAND REPORTAGE

Italie: menaces sur l’IVG

Bien qu’autorisé par la loi depuis 1978, l’avortement devient de plus en plus inaccessible dans le pays de Giorgia Meloni, Première ministre d’extrême droite. En cause : un système de santé régionalisé sous influence religieuse et politique où plus de 80 % des praticien·nes refusent de le pratiquer et où l’accès à la pilule abortive est rendu toujours plus difficile. En Ombrie, nos reporters sont allées à la rencontre de ces médecins et militant·es qui aident les femmes à franchir ces obstacles. Par Catherine Durand Photos Martina Cirese


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SUBSTANCE

ÉPOQUE

l neige en Ombrie. Les villages accrochés aux collines et leurs églises médiévales sont noyés dans une brume épaisse. À Terni, ville industrielle surnommée « Cité de l’amour » parce que saint Valentin y fut évêque, l’humeur n’est pas au romantisme de pacotille. « Nous, on a la rage. C’est notre moteur », s’exclame Paola Gigante, présidente de la Casa delle Donne, la Maison des femmes. Ce lieu unique dans la région, créé en 2014 par des féministes, fonctionne sans aucune subvention de la mairie mais grâce à la sororité de ses bénévoles. Comme Chiara dite Lillith, 37 ans, qui a tenu à être présente ce soir pour témoigner. « On parle de la Pologne, c’est le pire, mais nous, nous sommes au milieu du pire et personne ne parle de ce qui se passe ici. Aidez-nous, faites circuler l’information… » Car en Italie, pays qui nous est proche, membre de l’Union européenne, les femmes ont le plus grand mal à avorter alors qu’elles en ont le droit depuis 1978. DANS LES GROUPES DE PAROLE et via le portail d’écoute de la Maison des femmes, elles sont nombreuses à raconter leur angoisse face au chemin de croix pour trouver un médecin hospitalier qui pratique des IVG, ou un pharmacien qui accepte de leur délivrer la pilule du lendemain quand beaucoup prétextent devoir la commander. « Depuis 2020, le ministère de la Santé permet la prescription du RU486 en cabinet de consultation, pourtant en Ombrie, c’est trois jours d’hospitalisation soi-disant pour assurer la sécurité des femmes. Mais c’est bidon, on multiplie les obstacles pour les empêcher d’avorter ! s’insurge Paola Gigante. Nous sommes au centre de l’Italie, dans une région où l’influence du Vatican est grande, la gauche est anéantie, la population apathique et la droite dure toute-puissante. Notre Première ministre, Giorgia Meloni, est de Fratelli d’Italia et notre présidente de région, Donatella Tesei, est de la Ligue, le parti de Matteo Salvini. » Deux femmes issues de deux partis d’extrême droite. Un cauchemar éveillé

“Cela me met en colère quand un collègue me dit: ‘Je comprends si c’est un viol, mais si c’est un oubli de pilule, je refuse de pratiquer l’IVG.’” Valeria Fino, gynécologue

pour Marina Toschi. Dans le joyeux désordre de son cabinet à la polyclinique privée de Corciano, près de Pérouse, la gynécologue de 68 ans refuse de raccrocher sa blouse. Elle qui fut de tous les combats des années 70, dont celui d’un droit à l’avortement arraché de haute lutte, a vu la situation se dégrader. « En 1981 déjà, le Movimento per la vita (Mouvement pour la vie, ndlr) a organisé un référendum pour éliminer la loi 194 légalisant l’IVG, mais

près de 68 % des électeurs se sont déclarés en sa faveur. Puis on a vécu vingt années sous Berlusconi pour qui la santé devait être libérale. Avec le pape Benoît XVI, les curés se sont mis à prêcher qu’on apprenait à nos enfants à se masturber et à devenir homosexuels en imposant la théorie du genre lors des cours d’éducation sexuelle dans les écoles, supprimés depuis. Et pas un jour sans que l’archevêque de Pérouse ne passe à la télé régionale. J’en ai marre. La gauche n’existe plus et je me


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1. Pérouse, capitale de l’Ombrie,

ancien fief communiste avant que Donatella Tesei, de la Ligue, parti d’extrême droite, n’en prenne la tête en 2019. 2. Valeria Fino avec sa fille de 2 mois. La gynécologue pratique des avortements dans l’hôpital public Branca alors que plus de 80 % des gynécologues de la région sont objecteurs de conscience. 3. Un des « berceaux pour la vie », ces sortes de consignes installées près des hôpitaux par les mouvements anti-choix pour encourager les femmes à y abandonner leur bébé.

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retrouve au milieu de la mafia et de l’église, il faut s’accrocher à la rationalité scientifique et à son sens de l’humour ! » Et à sa profonde humanité. Ici et dans les Marches, région voisine, tout le monde connaît son combat mené au quotidien, qui s’est intensifié depuis les élections régionales de 2019 : l’Ombrie (884 000 habitant·es), bastion communiste depuis cinquante ans, a basculé vers la droite dure. Or en Italie, depuis 1999, la santé est régionalisée. Le ministère donne des directives, aux régions de les appliquer… ou pas. “DANS LES POUILLES, EN TOSCANE ET EN ÉMILIE-ROMAGNE, LA CONTRACEPTION EST

4 4. Pour Tommaso Bori, conseiller régional démocrate, allié des militantes féministes, l’Ombrie est devenue le laboratoire de la droite néofasciste au pouvoir en Italie.

GRATUITE mais pas chez nous, poursuit la gynécologue. En Ombrie, on doit se battre pour tout. On a de moins en moins de médecins, de financements, de matériel. À Pérouse, il y avait dix gynécologues dans les huit Centre de conseil (1), aujourd’hui, ils ne sont plus que deux. À l’hôpital universitaire, ils ne pratiquent plus que trois IVG chirurgicales par semaine. » Pourquoi ?

Parce que l’adoption de la loi 194 aura nécessité des compromis, dont le plus important est l’objection de conscience. Aujourd’hui, près de 65 % des gynécologues italiens se déclarent objecteurs, sans compter les anesthésistes et les sages-femmes. Résultat : selon les chiffres du ministère de la Santé, en 1982, on dénombrait 234 801 IVG, contre 66 413 en 2020, soit une baisse de près de 72 %. Dans les régions du centre et du sud, où au moins 80 % des gynécologues refusent de pratiquer l’avortement, une minorité de médecins résistent. Comme la Dre Valeria Fino, qui nous reçoit chez elle. En congé de maternité, elle s’occupe de sa petite Anna-Lucia, âgée de 2 mois. À l’hôpital Branca de Gubbio, où elle travaille, seul·es trois gynécologues sur neuf ne sont pas objecteurs de conscience. « Cela me met en colère quand un collègue me dit : “Je comprends si c’est un viol, mais si c’est un oubli de pilule, je refuse de pratiquer l’IVG.” Être objecteur est lié à la croyance religieuse mais c’est aussi • • •


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SUBSTANCE

ÉPOQUE

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1. Paola Gigante préside la Maison des femmes de Terni, que la mairie,

hostile, aimerait remplacer par un centre de bien-être pour les seniors.

2. Dans les locaux de la Maison des femmes, un lieu de sororité et 1

un choix par commodité, cela évite de gérer le suivi psychosocial. Une jeune fille de 16 ans est venue récemment pour un troisième avortement. J’ai réuni l’assistante sociale et la psychologue pour lui prescrire une contraception, et on a fini par découvrir qu’on l’obligeait à se prostituer. Il m’arrive de rester au-delà de mes heures pour discuter avec une patiente. Je suis militante, je suis allée à l’université de Pérouse, très opposée à l’avortement, présenter aux étudiants en médecine des études scientifiques qui démontrent que le fœtus n’est pas une personne. » Cet hôpital universitaire, catholique comme la majorité des écoles de médecine, n’enseigne pas l’IVG médicamenteuse, « la pose d’un stérilet non plus », déplore Marina Toschi. La gynécologue a trouvé un allié en la personne de Tommaso Bori, 37 ans, conseiller régional démocrate (centre gauche). Dans son vaste bureau à la vue plongeante sur les toits de Pérouse, il nous livre ses inquiétudes : « J’ai bien peur que l’Ombrie ne soit devenue un laboratoire pour la droite qui, après y avoir expérimenté sa politique, l’exportera ailleurs. Depuis que Donatella Tesei a été élue à sa tête, les droits des femmes sont attaqués. Pendant

d’écoute où sont organisés des groupes de parole, des ateliers couture, des aides aux devoirs pour les enfants…

la pandémie, avec les militantes, nous avons essayé d’autoriser la prescription du RU486 dans les Plannings familiaux, et d’allonger le délai de l’IVG médicamenteuse de sept à neuf semaines comme cela se pratique dans d’autres régions. Elle et son groupe s’y sont fermement opposés. Il y a un fil rouge qui lie la politique nationale à la politique régionale. » À PEINE ÉLUE, GIORGIA MELONI déclarait en septembre dernier : « Je n’ai jamais dit que je voulais modifier la loi 194. J’entends au contraire l’appliquer : je veux ajouter des droits, notamment afin que les femmes qui sont sur le point d’avorter – parce qu’elles n’ont pas d’autres solutions, peutêtre pour des raisons économiques – puissent avoir des alternatives. » Lesquelles ? Cette déclaration ne rassure pas notre conseiller régional : « Une proposition de loi qui prévoit de reconnaître la qualité juridique de l’être humain dès la fécondation a été déposée. Le gouvernement prépare aussi une loi sur la famille, traditionnelle, bien sûr, alors que jusqu’ici nous parlions “des” familles. Il nous faut de la pédagogie pour contrer cette loi présentée comme étant favorable à l’égalité femmes-hommes, à la reconnaissance des

travailleuses du “care”, à la lutte contre “l’hiver démographique”… » Il existe une alternative en Ombrie dont Giorgia Meloni pourrait (hélas) s’inspirer : alors qu’aucune subvention n’est versée aux centres de conseil, comble de perfidie, le mouvement anti-choix Movimento Per la Vita est désormais imposé dans ces structures… C’est dire la puissance des réseaux catholiques qui, avec la bénédiction des hôpitaux publics, installent à leurs abords des « culla per la vita », des « berceaux pour la vie ». Un nom poétique pour une installation bien glauque : une sorte de consigne automatique pour bébés non désirés. Après Pérouse, c’est la municipalité de Terni qui en autorise l’installation près d’une congrégation religieuse pour un coût de 26 000 euros, dont 6 800 versés par l’hôpital local. « C’est de la propagande pure, peste Marina Toschi. C’est inutile puisqu’en Italie, on peut accoucher sous X. C’est pour marquer les esprits comme quand ces intégristes manifestent ou collent leurs affiches représentant Blanche-Neige, morte empoisonnée par la pilule abortive RU486. Quand je pense au nombre de stérilets qu’on aurait pu fournir avec ces 26 000 euros ! »

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L’argent reste le nerf de cette guerre idéologique menée contre les droits des femmes. Tommaso Bori et les militantes connaissent le rôle joué par le lobby Agenda Europa qui, depuis Bruxelles, arrose des mouvements politiques et religieux locaux. Directeur de l’European Parliamentary Forum (EPF), Neil Datta a enquêté sur ce « réseau flexible de personnalités et d’organisations, trois cents environ, créé en 2013 lors de la loi du mariage pour tous en France et au Royaume-Uni » : « On a infiltré la liste Google d’Agenda Europa et découvert l’implication d’hommes et de femmes politiques, de fonctionnaires de la Cour européenne, de représentants du Saint-Siège… J’ai trouvé les informations financières de 54 des 120 organisations anti-genre en Europe : plus de 700 millions de dollars leur ont été versés entre 2009 et 2018. 81 millions provenant des États-Unis, 188 de la Russie et 437 des élites économiques conservatrices européennes. Une des organisations italiennes bénéficiaires est le Movimento Per la Vita, créé par l’eurodéputé Carlo Casini. Elle a installé ses Centri di Aiuto alla Vita (CAV) sur tout le territoire et dans les hôpitaux publics pour dissuader les femmes d’avorter. » C’EST SANS MOYENS FINANCIERS mais avec détermination que l’offensive s’organise en créant des réseaux d’entraide via Internet et les réseaux sociaux. Comme Laiga, l’association italienne des médecins non-objecteurs de conscience (2), « 1 500 gynécologues sur 10 000 en Italie, nous sommes des Don Quichotte, déclare sa présidente Silvana Agatone. Depuis 2008, nous dressons une carte sans cesse réactualisée des hôpitaux publics, des centres de conseil, des gynécologues prochoix. » Sur Telegram , le rés eau IVG-Spazio alle Donne informe et accompagne des femmes désemparées. « On les réoriente ailleurs si c’est impossible d’avorter en Ombrie ou en Sicile, explique l’une de ses membres, Larisa Ficulle Santini. C’est un réseau merveilleux de femmes qui se soutiennent les unes les autres. Pour celles qui ont dépassé le délai légal de douze semaines, on a des contacts de cliniques à Barcelone ou à Genève. » Pendant le confinement, de jeunes militantes du collectif féministe Non Una di Meno (NUDM) ont elles aussi créé une carte Obiezione Respinta (3). Bianca

“Des hôpitaux publics ont reçu des fonds d’associations d’extrême droite qui collectent les fœtus pour les enterrer dans les carrés des anges dans les cimetières.” Bianca Monteleone, membre du collectif féministe Non Una di Meno (NUDM)

À l’hôpital Santa Maria Della Misericordia de Pérouse, les gynécologues sont peu nombreux à ne pas être objecteurs de conscience. En moyenne, seulement trois IVG chirurgicales y sont pratiquées par semaine.

Monteleone en fait partie : « Des hôpitaux publics qui reçoivent des fonds d’associations d’extrême droite comme Difendere la Vita con Maria leur permettent de collecter les fœtus pour les enterrer dans les carrés des anges dans les cimetières. L’Italie, c’est le Texas en Europe et cela ne va pas s’arranger avec Giorgia Meloni au pouvoir. » En quittant l’Ombrie, devenue le laboratoire de cette Italie où le néofacisme a pignon sur rue, les mots du journaliste et écrivain Roberto Saviano (4) résonnent douloureusement : « Je me dis parfois que la France a la chance de pouvoir observer l’Italie comme le laboratoire de ce qui va avoir lieu chez elle plus tard. Il faut que les Français fassent attention, leur futur est notre présent. » 1. L’équivalent de notre Planning familial. 2. laiga194.it 3. obiezionerespinta.info 4. Dans Transfuge n° 165, février 2023.

EN BELGIQUE, L’IVG EST AUTORISEE MAIS PAS INSCRITE DANS LA CONSTITUTION En Belgique, la loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse est d’application depuis 1990. Elle fut remaniée en 2018.Toutefois, elle n’est autorisée que jusqu’à douze semaines de grossesse. Un délai de six jours doit s’être écoulé entre la première consultation et le jour de l’avortement. Une majorité des IVG se pratique dans les centres de planning familial. Les autres interventions ont lieu en milieu hospitalier. L’IVG n’est pas inscrite dans la Constitution belge. Une révision de cette dernière serait possible mais pas avant 2024... J.L.


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SUBSTANCE

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MILDRED FISH-HAMACK LA PIONNIÈRE OUBLIÉE

Brillante intellectuelle, cette Américaine installée à Berlin pendant la montée du nazisme devient une figure de la Résistance. Une vie de combats à retrouver dans une vibrante biographie*. Par Françoise-Marie Santucci

ISSUE DE LA CLASSE MOYENNE, MILDRED FISH NAÎT EN

1902 et montre fort tôt des dispositions pour les

Au lac Mendota (Wisconsin), en 1927.

la peine n’est pas assez lourde. Après un nouveau simulacre de procès, Mildred Fish-Harnarck est guillotinée le 16 février 1943, à 40 ans. Longtemps, les Américains refuseront de célébrer la mémoire de Mildred, jugée trop pro-russe. Enfin reconnue comme une héroïne au courage exemplaire, elle est le sujet d’une récente et poignante biographie écrite par l’une de ses petites-nièces. À lire. (*) Mildred de Rebecca Donner (traduit de l’anglais par Laurence Videloup et Perrine Chambon), éd. Héloïse d’Ormesson.

23%

Tel est le pourcentage du « gender gap » entre les pensions légales et complémentaires perçues par les hommes et les femmes, en Belgique. Les statistiques, fournies par Sigedis, se basent sur des données récentes. En moyenne, les femmes retraitées touchent 500 € bruts de moins que les hommes. Karine Lalieux, ministre des pensions, souligne que des mesures pour réduire ce fossé entre les genres ont déjà été prises ainsi la revalorisation du travail à temps partiel pour l’accès à la pension minimum. J.L. (Source L’Echo)

GERMAN RESISTANCE MEMORIAL CENTER, BERLIN. PRESSE.

études. Aussi belle que déterminée, la jeune femme suit des cours de journalisme et de littérature à l’université du Wisconsin, à Milwaukee. À la faculté de lettres, elle rencontre Arvid Harnack, un étudiant allemand en stage aux États-Unis. Coup de foudre, mariage, puis Arvid et Mildred (qui garde son nom de jeune fille accolé à son nom d’épouse, chose rarissime à l’époque) partent s’installer en Allemagne. Elle y est professeure de lettres, traductrice et chroniqueuse littéraire ; lui est fonctionnaire. Mais les temps sont durs à Berlin en ce début des années 30, alors que le parti nazi étend son emprise. Mildred et son époux animent des salons où se réunissent des intellectuels allemands et occidentaux qui combattent (comme ils le peuvent) la terreur du régime – Mildred devient ainsi l’une des meilleures amies de la fougueuse Martha Dodd, la fille de l’ambassadeur américain. Peu à peu, toute cette petite bande passe à l’action, convaincue que le régime soviétique est la seule alternative aux nazis. Devenu·es des membres éminent·es de l’Orchestre rouge, un vaste réseau d’espion·nes proche de l’URSS, Mildred et Arvid sont finalement arrêté·es à l’automne 1942. Arvid est exécuté, Mildred condamnée à six ans de prison. Mais Adolf Hitler intervient personnellement :


x Tourisme Knokke-Heist

KNOKKE-HEIST

La mode façon kids Direction la côte belge - et plus précisément Knokke-Heist - pour dénicher les vêtements pour enfants les plus tendance. On vous dévoile nos adresses coup de cœur pour le vestiaire des kids.

JUNIOR CAFMEYER

La boutique Junior Cafmeyer est une valeur sûre depuis plus de vingt-cinq ans en matière d’habillement pour bébés et enfants. On y shoppe des pièces signées Ralph Lauren, Scapa, Moncler et autres. Kustlaan 56, Knokke-Heist

COULEUR LOCALE KIDS

Couleur Locale est l’adresse slow shopping par excellence à Knokke-Heist. En plus d’un vaste concept store qui déborde de trésors dénichés aux quatre coins du monde, la boutique propose un large choix de vêtements et d’objets pour bébés et enfants. Lippenslaan 297, Knokke-Heist

Fashion Week ELLE

Une escapade (shopping) à la côte en vue ? Le bon plan : mettre le cap sur Knokke-Heist pour la Fashion Week ELLE du 4 au 14 mai. Le moment idéal pour faire le plein d’inspiration mode pour soi et sa progéniture. Bouquet final le dimanche 14 mai, avec les petits bouts parés des plus belles tenues pour défiler sur le catwalk de la Lichttorenplein.

PRESSE.

Rendez-vous sur mykh.be/ellefashionweek pour découvrir le programme complet et les magasins participants.

Cet article a été écrit en étroite collaboration avec Tourisme Knokke-Heist. www.myknokke-heist.be

LOVEBYJACKIE

Une très jolie boutique où on trouve de quoi habiller avec style les 0 à 9 ans. Ellen, sa propriétaire, sélectionne des pièces originales confectionnées à la main avec une préférence pour les tons pastel et les imprimés fleuris. Van Bunnenlaan 4, Knokke-Heist

LS FASHION KIDS

Guess, Le Chic, Blue Bay ne sont que quelques exemples des griffes rencontrées chez le multimarque LS Fashion Kids qui habille filles et garçons de 1 mois à 12 ans. Lippenslaan 180, Knokke-Heist


x Range Rover

TESTÉ ET APPROUVÉ

Le nouveau Range Rover Sport Après un accueil chaleureux sous le soleil de Barcelone, on monte à bord du Range Rover Sport au design, à première vue, minimaliste, voire futuriste. Durant le trajet, on profite du confort luxueux propre à tous les modèles de la gamme Range Rover. Siège ultraconfortable, toit panoramique sans oublier la connectivité et la recharge sans fil du smartphone… Le Range Rover Sport fait fort dès notre arrivée. À l’hôtel, Phil Hiscutt, Senior Vehicle Engineering Manager chez Jaguar Land Rover et l’un des génies à l’origine de ce SUV, nous explique la philosophie du « design réducteur » à la base du concept. « Chaque carac-

téristique a une fonction et une raison d’être. Malgré sa robustesse virile, la voiture affiche un look épuré, élégant et moderniste ». BOLIDE HYBRIDE

Mais sa ligne superbe n’est pas la seule qualité du nouveau Range Rover Sport. L’autonomie impressionnante du modèle hybride rechargeable (PHEV) qui peut atteindre 113 km (WLTP) en mode tout électrique en est une autre. Une autonomie que le véhicule gère avec intelligence. Si on prévoit un trajet en zone urbaine à faibles émissions, le système sophistiqué s’assure, par exemple, que celle-ci sera suffisante une fois sur place. Si ce n’est pas le cas, le véhicule se recharge en roulant.

PRESSE.

Impossible de résister à une invitation de Range Rover à venir tester son tout nouveau modèle à Barcelone. L’occasion de découvrir les performances du Range Rover Sport en compagnie de Mark Higgins, le cascadeur qui a doublé Daniel Craig dans plusieurs films de James Bond.


Mark Higgins

Dès qu’on arrive en ville, il passe automatiquement en mode électrique pour réduire ses émissions de CO2. Comme celles-ci ne dépassent pas 18 g/km (WLTP), la voiture reste très intéressante sur le plan fiscal jusqu’au 30 juin 2023. Mais ce n’est pas tout : fin 2024, le constructeur sortira une version 100% électrique de son Range Rover Sport. Car Jaguar Land Rover ne ménage pas ses efforts pour respecter sa promesse de neutralité carbone dans sa chaîne d’approvisionnement, ses produits et ses opérations d’ici 2039. ÉNERGIE MASCULINE DOUBLÉE D’UNE TOUCHE DE FÉMINITÉ

Le siège du conducteur entièrement réglable est un autre atout. « Quelle que soit sa taille, il peut toujours le régler de manière à conserver une vue étendue de type cockpit. De plus, la voiture a été soumise à des tests approfondis, y compris par des testeuses. Sa conception tient compte, par exemple, de la possibilité d’appuyer sur des boutons en ayant des longs ongles et de conduire avec des talons », précise Phil Hiscutt. « Les hautparleurs du siège bénéficient en outre d’un dispositif avancé de réduction active du bruit pour une expérience de conduite silencieuse. » Une voiture intelligente par bien des aspects. « Elle apprend ainsi à connaître vos habitudes,

Phil Hiscutt

ce qui lui permet de programmer à l’avance vos itinéraires habituels et de vous informer le cas échéant de certains imprévus sur le parcours », ajoute Phil Hiscutt.

The Fast & Furious. Autant dire qu’à aucun moment, on ne se sent en danger. D’autant plus que la voiture a obtenu la note maximale de cinq étoiles au test de sécurité de l’Euro NCAP.

CAPACITÉS TOUT-TERRAIN

Tout le monde l’a compris : on est fans du nouveau Range Rover Sport. Mais comme pour les produits de beauté innovants et les outils de coiffage révolutionnaires, mieux vaut tester par soi-même et pour ça, rien de tel qu’un essai sur route.

Intelligent mais aussi rapide : le nouveau Range Rover Sport confirme ses qualités sportives en atteignant les 100 km/h en seulement 4,5 secondes. Il offre aussi d’excellentes capacités tout-terrain. On a pu le vérifier en personne au Land Rover Experience Center, un domaine au paysage accidenté situé à deux pas de Barcelone. Le véhicule vient à bout sans difficulté des pentes les plus raides et des plus gros obstacles sans autre intervention de notre part que la tenue du volant. En mode off-road, on peut faire appel au régulateur de vitesse adaptatif tout-terrain. Le SUV maintient alors une vitesse constante, en fonction de la nature du terrain, ce qui permet de se concentrer pleinement sur la conduite.

Le nouveau Range Rover Sport est disponible en Belgique à partir de 97.116 €. Rendez-vous sur www.landrover.be pour plus d’infos.

PRIORITÉ À LA SÉCURITÉ

Après le tout-terrain, on enchaîne avec un hot lap, c’est-à-dire un tour rapide et excitant sur une piste sinueuse. Au volant, le célèbre cascadeur et pilote de rallye expérimenté Mark Higgins qui a travaillé sur des films comme Mourir peut attendre de James Bond en tant que doublure de Daniel Craig, mais aussi Batman et

Découvrez le nouveau Range Rover Sport

Découvrez la vidéo du «Spillway Challenge» lors du lancement du nouveau Range Rover Sport

Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec Land Rover.


SORTIES

Un jour sans culture est une journée perdue.

Par Joëlle Lehrer et Etienne Heylen

ROMY FOR EVER Qui était vraiment Romy Schneider ? Pourquoi quarante et un ans après son décès nous fascinet-elle toujours autant ? Produite par la Cinémathèque française, l’exposition Romy Schneider prend ses quartiers au Cinéma Palace, à Bruxelles. Construite de manière thématique et chronologique, elle retrace le parcours d’une actrice allemande précocement devenue star et qui choisit de s’enfuir en France pour échapper à certains démons intérieurs qui la rattrapèrent bien plus tard. Romy Schneider, la bouleversante, est racontée au travers de ses films, bien sûr, de documents photos, audio et écrits. Et quelques objets, vêtements et accessoires complètent le portrait de cette figure féminine exceptionnelle. Romy Schneider, l’exposition, du 24 mars au 25 juin au Cinéma Palace, 85 Boulevard Anspach, à Bruxelles, cinema-palace.be

Ils vi e nne nt d’ U k raine, de Ru ssie, de Palestine, d’Irak ou de RDC, ces artistes en exil réunis, avec des artistes liégeois, dans l’exposition Mères d’exil – regards d’artistes, présentée à la Cité Miroir Sauvenière, à Liège. Tous ont tenté de répondre à ces questions : comment traduire l’exil dans l’art ? Et si c’est l’artiste, lui-même ou elle-même, qui est l’exilé.e ? Le plus souvent, s’ils ont quitté leur pays d’origine, c’est poussés par la guerre. Leur intimité comme leur quotidien ont été bouleversés. Et leurs repères ont été perdus. Mères d’exil propose un parcours immersif et visuel évoquant les origines particulières des exils. L’universalité humaine y est interrogée. Mères d’exil – Regards d’artistes, jusqu’au 28 mai à la Cité Miroir, 22 Place Xavier Neujean, Liège, citemiroir.be

CLAUDE AZOULAY. DUAA QISHTA © AAE - ALEXANDRE KACHKAEV.

EXPRESSIONS D’EXILÉ.E.S


CULTURE

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AGENDA BRUXELLES ET NAMUR

Pour sa 17e édition, le Festival Balkan Trafik démarrera le 27 avril au Delta à Namur avec des concerts de Rojaze et de l’orchestre de Boban et Marko Markovic, originaires de Serbie. Les 28 et 29 avril, c’est sur la Place De Brouckère, à Bruxelles, que l’on applaudira les excellents Dubioza Kolektiv, de Bosnie, et découvrira des artistes venus de Grèce, Macédoine du Nord, Albanie et de Turquie. La fête se terminera le 30 avril sur la Grand Place de Bruxelles par le traditionnel horo géant.

Balkan Trafik Festival, du 27 au 30 avril au Delta à Namur et sur la Place de Brouckère à Bruxelles, balkantrafik.be BRUXELLES

Le Festival Millenium dédié au cinéma documentaire célèbre, cette année, ses quinze ans. Le thème de cette nouvelle édition, « Vers les réalités invisibles », marque la volonté de placer l’humanité au centre des débats. Le Président d’honneur du jury international n’est autre que l’artiste dissident chinois Ai Weiwei. De nombreux documentaires tant belges qu’étrangers seront projetés dans plusieurs salles de cinéma aussi bien qu’à Bozar et Flagey. Festival Millenium, du 26 mars au 6 avril, festivalmillenium.org BRUXELLES

Tête de femme vue en plongée, 1930/1979, collection privée, Courtesy Fondazione Marconi, Milan.

MAN RAY 2015 TRUST/SABAM BELGIQUE 2023.

L’ŒIL DE MAN RAY Paul Poiret, Elsa Schiaparelli, Coco Chanel, les grands couturiers de l’époque de Man Ray, surtout dans les années 20 et 30, ont fait appel à son ingéniosité technique autant qu’à son humour et à son esprit surréaliste pour illustrer leurs créations. Vanity Fair, Vogue ou encore Harper’s Bazaar se proposaient de publier ses clichés qui durablement ont rapproché la mode de l’art. Man Ray et la mode, qui se déploie au MoMu, réunit des œuvres du peintre et photographe (car il était les deux), des silhouettes de mode de l’entre-deux-guerres ainsi que des créations de designers et photographes d’aujourd’hui s’inspirant de son travail. Man Ray et la mode, du 22avril au 13 août au MoMu, 28 Nationalestraat à Anvers, momu.be

Thomas de Wouters d’Oplinter, photographe et grand passionné d’art, a relevé le défi de créer une nouvelle fondation dédiée à l’art contemporain. Son nom : Fondation blan, avec un petit b. Ouverte depuis fin mars, au rond-point de l’Étoile, à Ixelles, dans un hôtel de maître, elle proposera des expositions mais également des performances artistiques. Le beau qui a du sens sous-tendra tous les événements. Ainsi, la première exposition de la fondation sera Artificialia, de Stephan Balleux, un artiste belge à la réputation internationale. L’une de ses œuvres sera visible du Boulevard Général. La Fondation blan a l’ambition de s’ouvrir à d’autres formes d’art et d’accueillir des artistes en résidence.

Artificialia, du 29 mars au 1er juillet à la Fondation blan, 26 Boulevard Général Jacques, 1050 Bruxelles, du mercredi au samedi de 14 à 19 heures, accès libre, fondationblan.org LIÈGE

Opéra rare s’il en est, Adriana Lecouvreur est le seul ouvrage de Francesco Cilea, compositeur proche du vérisme. L’histoire d’Adrienne Lecouvreur, grande tragédienne du Siècle des Lumières dont Voltaire était fan absolu, a été romancée par Eugène Scribe pour le théâtre. Elle fut ensuite adaptée pour l’opéra. L’Opéra Royal de Wallonie propose cette œuvre, sous la direction musicale de Christopher Franklin. Elena Mosuc et Carolina Lopez Moreno incarneront à tour de rôle cette héroïne.

Adriana Lecouvreur, de Francesco Cilea du 11 au 22 avril à l’Opéra de Liège, Place de l’Opéra, Liège, operaliege.be


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CULTURE

LIVRES Par Juliette Alice

le monde a toujours été le bienvenu à la maison. J’ai grandi dans la tolérance, l’ouverture d’esprit et la curiosité intellectuelle. Une légère victoire s’apparente à un polar. Vous êtes cliente du genre ?

Autopsie de la douleur

Pour son troisième roman, l’autrice flirte avec le polar. Une légère victoire raconte le martyr de Nour suite à un accident de voiture où la victime, Constance, est la fille d’un criminel qui termine de purger sa peine. Un ouvrage captivant, confrontant et prenant autour du deuil, de la colère, de culpabilité et de la rédemption. Vos trois romans évoquent la douleur, la perte, le deuil, l’abandon le tout décliné de différentes façons. La maladie dans Les déraisons, le coma dans Baïkonour et la prison avec Une légère victoire. Qu’est-ce que cela vous inspire comme réflexion ?

Les trois histoires sont de la pure fiction et sont extrêmement éloignées de ma vie et de mon quotidien. Je me suis dit que si je faisais de la fiction, c’est parce que je ne voulais pas parler de moi. Il m’est arrivé une ou deux fois d’écrire à partir d’expériences vécues et je trouvais inintéressant ce que j’y mettais. Je concède qu’il y a clairement

des thèmes récurrents au x trois romans. Il y a aussi un élément dont je me rends compte aujourd’hui, c’est que je déploie des réflexes qui découlent probablement de toute une série d’événements passés qui constituent ma personnalité. Autre parallèle : la famille avec des femmes fortes, des hommes souvent lâches comme le personnage de Jeff, le compagnon de l’héroïne d’Une légère victoire. Cela fait-il écho à votre propre famille ?

Pas vraiment parce que j’ai été élevée par des parents travailleurs, qui ont des ami.e.s de toutes les confessions et tout

Une partie de ce roman se déroule en milieu carcéral. Vous y avez animé des ateliers d’écriture ?

J’ai été contactée à l’époque de Les déraisons par une association qui propose des premiers romans distribués dans les bibliothèques d’établissements pénitentiaires. Les détenus opèrent une sélection parmi dix livres proposés et le mien a été choisi. Le lauréat s’engage à une présentation du livre et à animer un atelier. J’ai été invitée à la maison d’arrêt du Mans où séjournent des détenus de longue peine. Un peu comme le père de Constance dans Une légère victoire. L’expérience a été suffisamment marquante et passionnante pour que je sache qu’un jour ou l’autre, j’allais situer l’histoire d’un de mes livres en prison. Quels sont vos cinq romans à emmener sur une île déserte ?

Personne ne disparaît de Catherine Lacey, Tropiques de la violence de Natasha Appanah, American darling de Russell Banks, La fabrique des salauds de Chris Krauss et Le loup des steppes de Hermann Hesse. Une légère victoire, Odile d’Oultremont, Editions Julliard, 20 €.

PRESSE.

ODILE D’OULTREMONT

Ce n’est pas du tout ma culture. J’en lis peu. Mon dernier polar doit remonter à quatre ou cinq ans. C’était L’Avenue des géants de Marc Dugain.


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NEW YORK VU D’EN BAS Trois romancières issues des communautés qui peuplent la mégapole nous racontent, à travers d’inspirants portraits de femmes, leur ville-monde, aussi attirante que cruelle et impénétrable. Par Thomas Jean

REDD F. PRESSE (X3).

LA NOUNOU DE MANHATTAN

LA MATRIARCHE DE BROOKLYN

LES REINES DU QUEENS

Moins qu’une « fenêtre », pour reprendre le titre français de l’ouvrage (Win Me Something en anglais), parlons plutôt de baie vitrée XXL enrobant un appartement tout aussi gigantesque avec ascenseur privatif : Willa est la mélancolique nounou de Bijou, fille unique d’une financière et d’un médecin-star domicilié·es à Tribeca, coin charmant et inabordable de Manhattan. L’autrice, issue de la minorité chinoise, décortique finement la vassalité cool qui assujettit l’employée à sa patronne – laquelle offre fringues de marque et verres de chardonnay mais s’autorise des désinvoltures sur le droit du travail – et les sentiments mêlés de l’employée à l’endroit de l’enfant, petit singe savant qui prend des cours de violon, danse et mandarin. Willa, née d’un père chinois, fille des grandes banlieues du New Jersey, ne parle qu’anglais, elle. Sur fond d’un New York brutal avec qui n’est pas nanti·e, le portrait délicat d’une « Asian-American » étrangère au sentiment de chez-soi.

Williamsburg, quartierberceau de la branchitude façon Brooklyn, héberge aussi au sud la communauté juive orthodoxe la plus importante d’Amérique, où l’on vit comme dans l’Europe de l’Est d’avant les pogroms. C’est là que Surie, matriarche aux trente-deux petits-enfants, mène une vie pieuse, parlant yiddish et portant perruques. Sauf qu’à 57 ans, elle se découvre enceinte de jumeaux. Une incongruité que le roman traite sur le mode du drame burlesque, entre corps médical atterré et culte communautaire du secret, tandis que le fantôme de Lipa, fils gay de Surie, suicidé à San Francisco, visite sa mère et souffle sur ses culpabilités. Comment ce milieu si autarcique peut-il être en relation avec le reste du monde ? C’est en sous-texte la question que posent, sans jugement ni angélisme, Division Avenue, du nom (prédestiné) d’une artère du coin, qui reparaît ces jours-ci en poche, et son autrice Goldie Goldbloom, hassidique, mère de huit enfants et militante LGBTQIA+.

Ce « nous » qu’utilise la narratrice, ce sont les filles du Queens dont l’arbre généalogique court jusqu’en Jamaïque, en Somalie, en Inde. Les filles qui zonent dans les malls entre copines. Un « nous » à travers lequel l’autrice, d’origine philippine, raconte les joies des communautés mais surtout l’expérience du racisme, du sexisme et de la pauvreté mêlés. L’occasion de diatribes staccato, de phrases qui se lèvent comme des poings, entre lesquelles la primo-romancière lance des regards torves à la ville comme pour en révéler les monstruosités – cette East River dégoûtante… La richesse de ce « nous », c’est aussi qu’il se fractionne entre toutes les vies possibles : il y a celles qui quittent le Queens pour Manhattan ou Brooklyn, épousent des carrières, voire des hommes ou des femmes blanc·hes, culpabilisent ou s’en contrefoutent ; il y a celles, restées au quartier, qui persiflent sur les déserteuses ou les encouragent. Ce « nous » est un unisson, mais toutes les inflexions s’y font entendre.

Une fenêtre sur Tribeca de Kyle Lucia Wu, traduit de l’anglais (États-Unis) par Juliette Bourdin, éd. Mercure de France, 24 €.

Division Avenue de Goldie Goldbloom, traduit de l’anglais (États-Unis) par Éric Chédaille, éd. Christian Bourgois, 22 €.

Les Filles comme nous de Daphne Palasi Andreades, traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuelle Aronson, éd. Les Escales, 23 €.


La Belgique est une terre fertile pour le hip-hop et Coely en est l’une des meilleures représentantes. S’il y a une reine du rap, chez nous, c’est bien elle. Son nouvel album, Alive, marque une étape importante dans sa carrière. Interview.

COELY

“ À travers les hauts et les bas, je parviens à voir la beauté ”

MATÍAS BATALLE.

Par Joëlle Lehrer


CULTURE

L

La première fois que j’ai rencontré Coely, c’était au Sakifo Festival sur l’île de La Réunion. J’ignorais qu’elle était belge. Quand on l’entend et la voit chanter, on pourrait croire qu’elle est née quelque part aux ÉtatsUnis. Mais lorsqu’on la rencontre, on saisit en deux minutes qu’elle est bien d’ici. Parce qu’elle a cette simplicité bien belge et qu’elle tient à la garder. Votre premier album, Different Waters, sorti en 2017, a été un grand succès en Belgique et a obtenu un disque d’or. Quelles sont vos attentes pour celui-ci ?

Vous savez, je n’ai pas d’attentes du tout. Je suis surtout contente qu’il soit là, qu’il soit vivant comme son titre l’indique. J’aimerais que le public l’apprécie et après, on verra. J’ai mis toute mon âme dans ces morceaux. Qu’avez-vous fait ces quatre dernières années ?

J’ai travaillé sur ce disque. La pandémie est arrivée. Je n’ai pas attrapé le Covid, heureusement. Je suis tombée enceinte. Je me suis mariée et j’ai eu un bébé en 2021. Avant le lockdown, j’étais en tournée. Et j’ai fait beaucoup de recherches pour préparer mes nouvelles chansons. Comment s’appelle votre fils ?

Jabari. C’est un prénom en swahili qui signifie « courageux ». Il court partout et ne se laisse pas faire. Alive, le nouvel album est très ample. Plus large que vos racines hip-hop. On y trouve de la pop et de la soul. C’est fort contemporain.

J’ai envie de faire de la musique que l’on écoutera encore dans dix ans. Je vois que la jeune génération revient aux chansons de Lauryn Hill. J’ai grandi avec tous les genres de musique

et puis, j’ai mixé les choses à ma sauce. Avec mes producteurs, on a fait beaucoup de recherches pour ce disque. Et je pense que j’ai trouvé ma propre voix. On peut entendre sur cet album que je suis plus mûre. Je ne suis plus la même. J’ai grandi. Les leçons de la vie m’ont changée. Et je n’ai plus le temps pour des conneries. À vingt-neuf ans, vous n’êtes plus une gamine.

Non, pourtant, il m’arrive encore de vouloir l’être. Mais je regarde la vie dans un autre miroir. Je suis passée par des phases compliquées où je me posais beaucoup de questions sur moimême. Et aujourd’hui, je me sens plus à même d’aborder certaines situations. À travers les hauts et les bas, je parviens à voir la beauté. Sur l’album, on découvre des featurings avec des rappeurs de la scène anversoise.

Oui, Fahad Seriki dont j’adore le flow et que je considère comme un poète. Shaka Shams, lui, rappe de façon tranchante. Yann Gaudeuille, qui a produit plusieurs morceaux, possède une voix soul.

SUBSTANCE

49

Cette chanson a été la plus difficile à écrire. Mais j’ai voulu célébrer mon appartenance à la communauté black et la fierté noire. Si cela a été difficile à écrire, c’est parce qu’il y a eu beaucoup de souffrance ?

Oui, moi aussi, j’ai été victime de racisme. Ma mère et mon frère aussi. Et je n’ai pas pour habitude d’en parler parce que c’est lourd. Mais aujourd’hui, je suis plus à même de l’évoquer. Quand j’étais plus jeune, je ne savais pas comment l’exprimer. Vous vivez en Flandre où le Vlaams Belang est devenu le premier parti dans les sondages. Or, c’est un parti raciste.

Ce n’est pas à moi d’en parler. Je suis peu les news parce que je n’ai pas le temps. Je vois passer des choses sur les réseaux sociaux mais cela ne m’étonne même plus. On sait qui sont les racistes. Moi, je préfère parler de musique. La musique vous protège-t-elle ?

Je vis pour la musique. Elle me porte.

Vous avez toujours rappé en anglais ?

Oui, c’est ma manière de m’exprimer au mieux. Il m’arrive parfois de lâcher une phrase en français. J’ai beaucoup écouté Diam’s, Zaho et Sexion d’Assaut. C’est toute ma jeunesse ! Mais pour le son, j’étais plus sensible au rap américain.

Dans les rythmiques de certains de vos morceaux, on entend les influences congolaises.

Oui, et même certains mots sont en lingala. Quelles sont les ambitions pour cet album?

En tant que femme dans le hip-hop, devez-vous encore vous battre pour avoir une place égale aux hommes ?

Ce sera toujours un combat. Mais aujourd’hui, les femmes montent beaucoup plus au créneau et elles ont plus d’outils à leur disposition, notamment les réseaux sociaux. Et je crois qu’il y a beaucoup de solidarité et de partage entre nous. Dans la chanson Fruit of Bantu, vous exprimez ce que c’est de vivre avec une peau noire.

C’est une chanson légèrement provocatrice. C’est ma façon de dire : « Vous ne savez pas ce que j’ai dû affronter, ni ce que ma mère et mon frère ont dû affronter en raison de la couleur de notre peau. »

De le faire voyager en-dehors de la Belgique et que chacun puisse avoir une part de Coely. Si on parle de votre image façonnée pour Alive, que voulez-vous représenter ?

Une personne avec une histoire. Je me montre moi-même parce que je suis enfin heureuse. Coely, Alive, Top Notch/Universal Music. En concert le 26 mai au Gladiolen Festival et le 15 juillet au Dour Festival.


50 SUBSTANCE CULTURE

ZAHO, LA NAZAIRIENNE

Par Joëlle Lehrer

Il y a les gens qui ont l’air en voyage, avec leurs valises ou leurs sacs lourds et puis, il y a ceux qui semblent se transporter eux-mêmes partout simplement. C’est ma première impression en voyant Zaho qui, pour l’heure en tout cas, n’a aucune marque d’une « staritude » en devenir. Pourtant, avant même que ne

sorte son premier album -judicieusement programmé pour le printemps-, les échos favorables sont venus de l’un ou l’autre festival français où elle s’est déjà produite. Originaire de Saint-Nazaire, qui n’est pas en Bretagne comme elle me le précise (moi qui pensait le contraire) mais dans le Pays de Loire, Zaho est la fille du peintre Olivier de Sagazan. L’une de ses sœurs est dessinatrice et une autre sœur danseuse. Elle a commencé à chanter à treize ans et rapidement, la musique est devenue une obsession. « Très vite, je me suis mise à écouter des chanteurs morts et puis, j’ai découvert la cold wave. Les synthés m’ont tout de suite parlé, beaucoup plus que la pop actuelle qui ne me dit rien du tout. Et j’adore la musique de l’Est qui est beaucoup plus cold et underground. »

SES OBSESSIONS

Elle voue un culte à Barbara et Brel. « Brel m’a foutu une claque monumentale quand j’ai découvert une vidéo d’un de ses concerts. Dans la chanson française, Barbara et lui, ce sont les plus grands. J’essaie aussi d’apporter le plus grand soin à mes textes. Je peux passer des heures sur une phrase. » La théâtralité de Brel l’a influencée dans sa manière de chanter. « La gestuelle est hyper importante sur scène. J’ai la chance d’avoir une sœur danseuse et moi-même, j’en ai fait longtemps. Combiner la danse et le théâtre, c’est intéressant. » L’un des sujets de sa vie, comme elle le dit, c’est le corps. « J’ai été une adolescente très mal dans sa peau. Je suis obsédée par mon apparence. C’était primordial de faire une chanson sur ce thème même si maintenant, cela va beaucoup mieux. J’essaie d’être plus tendre avec mon corps depuis que j’ai compris que c’était une machine qui fonctionnait bien. » Sur La Symphonie des éclairs, titre hyper poétique de ce premier opus, Zaho parle d’amour même si, elle l’avoue, elle n’a jamais été amoureuse… « L’amitié compte beaucoup pour moi mais par contre, je n’ai jamais rencontré quelqu’un dont je puisse tomber amoureuse. Mais ma curiosité pour le comprendre m’inspire des chansons. J’essaie de saisir ce qu’il y a dans la tête des gens. » Zaho aime porter du noir ou des couleurs franches. « Vous ne me verrez jamais avec des couleurs arc-en-ciel », lâche-t-elle en riant. On la découvrira sur scène aux Nuits Botanique. « Une première à Bruxelles trop bien ! ». Zaho de Sagazan, La Symphonie des éclairs, Universal Music, sortie le 30 mars. En concert aux Nuits Botanique le 30 avril.

PRESSE.

Zaho de Sagazan, ce n’est pas un pseudo mais le vrai nom de cette jeune femme, née dans une famille très artistique. À vingttrois ans, elle vient avec une proposition originale s’inspirant autant de Brel que des raves parties des années 90. Rencontre dans un resto de la Gare du Midi.


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MUSIQUE

Une bombe pop et groovy venue de Tournai, le retour triomphal de Depeche Mode, une Anglaise épanouie à L.A. et Hervé dans les écouteurs. Par Joëlle Lehrer

ON SUIT ELIA ROSE

Patiemment et passionnément, la Tournaisienne Elia Rose a peaufiné son premier album avec l’idée d’une pop pleine de peps et de paillettes. Elle a fait le choix de ne s’exprimer qu’en anglais, langue qui convient à sa direction musicale très adaptée au dancefloor. On lui reconnaît un penchant pour les hits des années 80. Elia nous fait tantôt penser à Olivia Newton-John, tantôt à Kylie Minogue. Ses dix titres passent comme un éclair, tous semblent fort adaptés au format radio. Elia Rose, sur scène, est une boule d’énergie capable d’emballer les plus réfractaires. On la verra et l’entendra beaucoup cet été, ce qui tombe plutôt bien.

MENDORI PRODUCTION. ANTON CORBIJN. CHARLOTTE PATMORE. OJOZ.

Elia Rose, I Love It, Autoprod., en concert le 23 juillet aux Francos de Spa, le 5 août au Ronquières Festival et le 27 août aux Solidarités à Namur.

ON SAVOURE

DEPECHE MODE

Ce quinzième album de Depeche Mode a été le plus long à enfanter puisque l’écriture a démarré en 2019 et que le voici seulement. Andrew Fletcher, le troisième membre du groupe, n’eut, cependant, pas le temps d’y apporter sa touche avant son décès en mai 2022. Memento Mori (« Souviens-toi que tu vas mourir », traduction du titre) nous rappelle que nous sommes tous mortels, y compris les rock stars. Balançant entre mélancolie et joie, le groupe, qui s’est formé il y a quarante ans, aligne douze nouveaux morceaux imparables. Depeche Mode, Memento Mori, Sony Music, en concert le 20 mai au Sportpaleis d’Anvers.

ON DÉCOUVRE

ELOISE

ON RETROUVE

HERVÉ

Voici une jeune Anglaise, qui a grandi en Normandie et s’est épanouie à L.A., qui s’approprie les codes du jazz et de la soul. Eloise a démarré très tôt une carrière dans le showbiz mais en un clin d’œil, elle a quelque peu bifurqué tout simplement en ratant un avion. Et c’est à Los Angeles qu’elle a appris comment faire des chansons telles que celle qui se trouvent sur ce premier album. Un très bon compagnon de voyage qui ne fait pas de tapage nocturne.

Revoici le Breton qui fabrique ses chansons dans sa cuisine ou son salon. Avec Intérieur vie, son deuxième album, il concilie son goût pour les beaux textes, les légendes urbaines et la techno comme dans les nineties. On sent moins l’influence de Bashung sur cet opus et un peu plus celle d’Orelsan ou de Stromae, deux artistes qu’Hervé a beaucoup écoutés (comme nous tous.tes d’ailleurs). Hervé fait tout lui-même, y compris la production de cet album.

Eloise, Drunk On A Flight, Awal/V2, sortie le 14 avril, en concert le 7 juin au Trix.

Hervé, Intérieur vie, Universal Music, en concert le 23 novembre à l’AB.


52 SUBSTANCE CULTURE

CINÉMA

De grandes figures romantiques et historiques, ce mois-ci. Avec de la passion, du drame et quelques rires. Par Joëlle Lehrer

ON AIME

ON PARCOURT LA LANDE

d’épouser. La Femme de Tchaïkovsky rappelle un peu Adèle H pour ce que cela dit de l’érotomanie et de la condition des femmes dans la seconde partie du 19e siècle.

ON S’AMUSE

Un biopic sur la courte vie d’Emily Brontë? Pourquoi pas? Emily, de Frances O’Connor, évoque la nature déterminée de l’autrice des Hauts de Hurlevent. Une jeune presbytérienne, des années 1830, qui aimait parcourir la lande du Yorkshire, écrire des poèmes et un roman en cachette - elle n’écrira qu’un seul roman mais c’est un chef-d’œuvre - et se prit de passion pour un vicaire… Cela aurait pu être beaucoup plus fort vu la nature du sujet mais il s’agit du premier film en tant que réalisatrice de Frances O’Connor qui menait jusqu’ici une carrière d’actrice.

Stephen Frears revient à la comédie avec The Lost King. L’histoire plutôt marrante d’une femme qui décide de faire la vérité sur le roi Richard III, dont Shakespeare relata l’existence, et de donner tort à ses détracteurs. Incarnée par la formidable Sally Hawkins, Philippa lâche son job et délaisse ses fils uniquement intéressés par leur gameboy, pour se retrouver, comme par magie, face au souverain anglais en personne et en armure. Elle réussira à faire mieux que bon nombre d’historiens et d’archéologues en découvrant les reliques du monarque sous un parking de Leicester.

Emily, de Frances O’Connor, avec Emma Mackey et Fionn Whitehead, sortie le 12 avril.

The Lost King, de Stephen Frears, avec Sally Hawkins, Steve Coogan et Harry Lloyd, en salles.

La Femme de Tchaïkovsky, de Kirill Serebrennikov, avec Alena Mikhailova et Odin Lund Biron, sortie le 5 avril.

ON EST BIEN DANS SES BASKETS

Ben Affleck devant et derrière la caméra de Air ou la success story des baskets Nike Air construite autour de la personnalité du super champion Michael Jordan. Le film met surtout en avant Ben Affleck et Matt Damon, ce que l’on pourrait trouver dommage. Quant à Viola Davis, qui campe la mère de Jordan, elle est impeccable comme à chaque fois. Pour les fans de la NBA et des sneakers. Air, de Ben Affleck, avec Matt Damon et Viola Davis, sortie le 5 avril.

2022 WW ENTERTAINMENT. PRESSE.

Vous connaissez Tchaïkovsky ? Le compositeur russe, de l’ère romantique, qui signa Le Lac des Cygnes, Casse-Noisette ou encore Eugène Onéguine. Dans le captivant et fiévreux La Femme de Tchaïkovsky, le réalisateur russe Kirill Serebrennikov dresse l’histoire de la passion qu’éprouvait la jeune Antonina pour le musicien. Un amour non réciproque qui la mena à la démence et au dénuement. Le film, merveilleusement accompagné par la musique du maître, peut se regarder comme une symphonie, une symphonie pathétique (titre d’un de l’un de ses plus grands ouvrages). La bonne société russe, qui aimait parler français, comme la plèbe sont très bien décrites. L’homosexualité de Tchaïkovsky n’explique pas complètement le dégoût qu’il éprouva pour celle qu’il avait pourtant accepté


Théâtre Royal des Galeries Directeur : David Michels

de Sylvain MEYNIAC

© Grégory Navarra

et Jean-François CROS

Daniel Hanssens, Pierre Pigeolet, Laure Godisiabois, Robert Guilmard, Pierre Poucet et Perrine Delers. Mise en scène : Daniel Hanssens Décor : Francesco Deleo

 www.trg.be

02 512 04 07

Du 26 avril au 21 mai 2023 Une réalisation de la Comédie de Bruxelles.


Veste tailleur et pantalon en velours Saint Laurent par Anthony Vaccarello.


TÊTE-À-TÊTE(S)

SUBSTANCE

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CHARLOTTE L’âge de grâce

GAINSBOURG Alors qu’elle vient de franchir le cap des 50 ans, moment qu’elle avoue avoir redouté, elle revient au cinéma dans une comédie de Dany Boon*. Une occasion, pour cette timide élevée dans “un climat de légèreté”, d’explorer une fibre comique longtemps mise sous cloche. Et de se confier, franche et volontiers rieuse, sur les liens, familiaux et professionnels, qui ont construit ce qu’elle est aujourd’hui. Sans afféterie, lucide, reconnaissante et, comme rarement, sereine. Par Thomas Jean Photos Serge Leblon Réalisation Tania Rat-Patron

U

ne Charlotte Gainsbourg de 10 cm de haut, voilà ce qui apparaît sur notre écran de téléphone un lundi soir de janvier. C’est le matin à Los Angeles, où la comédienne-chanteuse prépare un nouvel album en studio, alors c’est via Zoom que nous conversons, interrompu·es parfois par le room service de son hôtel qui lui apporte jus de fruit, théière, petit-déj’ enfin. Mais même aux mini-dimensions qu’exige la visioconférence, tout ce qui fait d’elle « Charlotte Gainsbourg » dans l’imaginaire collectif nous saute aux yeux : le T-shirt blanc lâche, tout bête mais d’une élégance inouïe, dont elle remonte incessamment les manches, lesquelles retombent au bout de deux minutes ; la voix d’émotive, dont on ne sait si elle est au bord du fou rire ou du sanglot ; la frange éternelle qui la cache à demi, qu’elle défait puis réorganise à la va-vite à intervalles réguliers. L’image se fige parfois, connexion transatlantique oblige, mais même ainsi floue et lointaine (ou peut-être grâce à

cela ?), il y a en elle une propension à se livrer sans langue de bois qui nous quasi désarme, qu’elle décortique ce qui la plonge dans d’infinies noirceurs, ce qui, elle la fille de Jane et Serge qui tourne et chante depuis son adolescence, fait chanceler son sentiment de légitimité, ou encore ce qui bon an, mal an la fait marrer. C’est d’ailleurs dans ce registre-là, celui de la rigolade, qu’on la verra bientôt sur grand écran, elle dont les cinéphiles ont plutôt en mémoire les rôles d’écorchées vives chez Lars von Trier : la voici, aux antipodes, dans la nouvelle comédie de Dany Boon. Sa partition : une quinqua croqueuse d’hommes qui s’amourache d’un type simplet. Ça lui plaît bien, faire rire, même si elle dit ne pas exceller là-dedans. Icône intercontinentale, peutêtre, mais dont l’ego semble étranger à toute boursouflure : relativiser ses talents, se moquer d’elle-même, elle en est coutumière. Rencontre, en somme, avec une star à taille humaine. ••• (*) La Vie pour de vrai, avec aussi Dany Boon, Kad Merad… Sortie le 19 avril.


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SUBSTANCE

TÊTE-À-TÊTE(S)

• • • Vous êtes, certes, une actrice très populaire, mais on ne vous attendait pas pour autant dans le cinéma grand public de Dany Boon. D’où vous est venue cette envie ?

Depuis Prê te-moi ta main (d’Éric Lartigau, en 2006, ndlr), qui était une franche comédie, je rêve qu’on me fasse travailler à nouveau dans ce registre. Je ne me vois pas comme une faiseuse de blagues, je ne suis pas Louis de Funès, mais j’adore vraiment rigoler. Sans être un clown, j’aime la fréquentation des clowns. J’ai d’ailleurs tendance à dire, à propos des comédies dans lesquelles je joue, que la drôlerie ne vient pas de moi, qu’elle vient d’Alain Chabat dans Prêtemoi ta main ou d’Yvan (Attal, son mari, ndlr) dans Ma femme est une actrice, mais en fait, ce n’est pas tout à fait vrai : j’ai moi aussi une vraie carte comique à jouer et je suis heureuse que Dany m’ait fait confiance là-dessus. C’est vrai que vous nous avez plutôt habitué·es à des rôles graves et tourmentés !

Ah oui, j’en ai fait, des films sérieux ! Voire hyper extrêmes comme avec Lars von Trier, car j’adore ça aussi, être poussée dans mes extrémités : faire pleurer, entrer dans des états émotionnels forts, c’est plus simple pour moi que de provoquer le rire, car je considère la comédie comme une partition très délicate, dont le rythme et les garde-fous sont difficiles à définir – les blagues qui tombent à plat ou vont trop loin, le mauvais humour, rien ne me met plus mal à l’aise. Au-delà de ça, j’ai redécouvert avec Dany qu’un tournage pouvait être un moment léger, où l’on se marre tout le temps, et que je prenais grand plaisir à la déconnade. Quelle est la source de votre drôlerie ? Vous rigoliez avec vos parents ?

J’ai le sentiment d’avoir vécu les neuf premières années de ma vie dans un climat de légèreté, avec des parents très enclins, oui, au rire et à la fête – même s’il y avait des drames et beaucoup d’hystérie. Ma mère et son humour anglais nous portaient, mes sœurs et moi. Quant à mon père, c’était là encore un clown : quand on allait au restaurant, il adorait prendre la parole, prendre toute la place – c’était un meneur ! – lancer des blagues très « humour juif ».

“J’ai l’impression de ne jamais avoir coché la case ‘grande séduction’ (…), de ne jamais avoir séduit avec les armes de la féminité.” La Vie pour de vrai donne de la femme quinquagénaire une image rare et réjouissante : votre personnage, déluré, butine d’homme en homme et trouve son bonheur ainsi, sans que le film ne la juge. Ça fait partie des raisons pour lesquelles le projet vous séduisait ?

C’est surtout que ça m’amusait énormément. Je souhaitais d’ailleurs qu’on appuie vachement ce côté-là : j’ai suggéré à Dany qu’elle soit vraiment nymphomane, qu’elle ait réellement envie de coucher avec tout le monde, tout cela en conservant la joyeuseté et la sincérité du personnage. Alors j’ai aimé ça, oui, jouer une chaudasse hyper sincère et bonne vivante ! (Elle rit.) Vous-même venez d’atteindre la cinquantaine. Dans quel état d’esprit avez-vous passé ce cap-là ?

Je n’ai vraiment, vraiment pas aimé. Mais vraiment pas du tout ! Rien ne me réjouit dans ce chiffre-là, 50. J’aimerais être cette femme qui dit « je ne les ressens pas », « je m’assume à 50 ans », alors oui, bien sûr, je m’assume, je ne peux pas faire autrement, d’ailleurs en anglais, on dit « make the best of it », donc je vais en profiter au maximum, mais ce n’est pas qu’une partie de plaisir. Bon, au moins, le cap est passé, car avant de le franchir, on s’en fait encore plus un monde ! Vous affichez pourtant une grande vitalité, à enchaîner les projets de films, de musique, de mode. Comment faitesvous pour maintenir comme ça, à haut niveau, l’envie et la motivation ?

Justement parce que j’ai l’âge que j’ai, je n’ai pas envie de renoncer aux projets qui me tiennent à cœur, de dire non à ce qui me plaît, d’avoir des regrets. L’envie,

ce n’est vraiment pas ce qui me manque ! Et puis, avec ma mère comme modèle, j’ai vu toute ma vie une femme qui faisait tout – du théâtre, du cinéma, des concerts, des albums, des livres – et qui ne s’est jamais arrêtée. Alors comme elle, je trouve ça génial de sauter d’un domaine à l’autre, avec cette grande chance de ne faire que ce que j’aime, que ce qui m’amuse. Selon le comptage de l’Actrices acteurs de France associés (Aafa), les personnages de femmes de plus de 50 ans ne représentent que 9 % des rôles dans les films français de 2020, alors qu’une femme française majeure sur deux a 50 ans ou plus. Quel est votre sentiment là-dessus ?

Ah, vous voyez pourquoi je ne me réjouis pas de mon âge ? Ce déclin des rôles me fait peur. Heureusement, il y a des contre- exemples incroyables comme Meryl Streep ou Catherine Deneuve, mais peu d’actrices parviennent à tirer leur épingle du jeu comme elles. Moi, si à un moment on ne me propose plus que d’incarner des grands-mères en quatrièmes rôles, je préfère arrêter ce métier ! Je n’ai pas envie de me faire du mal. Ce serait trop triste de passer au second plan après tant de films qui m’ont donné la part belle. Bon, après, il faut bien gagner sa vie aussi… Mais j’espère que je n’en arriverai pas là. Vous avez quand même pour vous cette allure juvénile qu’on a découverte dans L’Effrontée de Claude Miller en 1985, qui ne vous quitte pas, et que vous aurez peut-être toute votre vie !

Heureusement, c’est vrai, j’ai ça pour moi. D’ailleurs, j’ai l’impression d’être


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Débardeur Uniqlo, pantalon en cuir et sandales à talons Saint Laurent par Anthony Vaccarello.

passée directement de jeune fille à… vieille fille ? (Elle rit.) Enfin non, disons de jeune fille à femme de mon âge. Sans jamais avoir été très « femme », justement, sans jamais avoir coché la case « grande séduction », ou plutôt, sans jamais avoir séduit avec les armes de la féminité. Quand vous chantez sur scène, qui êtes-vous ?

Pas tout à fait moi-même ! Non pas qu’il faille être authentiquement soi-même sur une scène, mais je m’y sens moins légitime qu’au cinéma : comme c’est grâce à mon père que j’ai commencé la musique, j’ai du mal à me dire que, seule, j’ai les épaules pour cela. En studio, je me sens un peu empruntée. Mais ma dernière tournée m’a fait du bien : même si je ne me suis pas transformée en bête de scène, même si je ne danse

pas et n’ai pas une voix extraordinaire, j’ai adoré être avec mes musiciens sous ces lumières-là et dans cet écrin-là. L’écrin de cette tournée, justement, c’étaient de grands cadres en néons qui clignotaient, si bien que vous apparaissiez au public en pointillé, comme une sorte de fantôme. C’était ça l’effet recherché, être à la fois en pleine lumière et en retrait ?

Comme je chantais des chansons très personnelles, très liées à la mort de ma sœur Kate, j’avais besoin de pouvoir me cacher quand je le voulais, de me ménager des échappatoires. Alors ces cadres de néons, ces lumières qui s’éteignaient parfois, en effet, me protégeaient. Je pouvais m’y accrocher. Comme à des ancres. Comme si j’étais dans un film aussi, dont les néons seraient le cadre, l’écran.

En 2021, vous avez réalisé Jane par Charlotte, un documentaire sur votre mère. Qu’avez-vous appris d’elle en la filmant ?

Mon premier élan n’était pas de faire un film sur elle. À l’époque, je vivais à New York avec en moi une grande culpabilité d’être partie là-bas alors qu’on venait de perdre ma sœur, donc sa fille, comme si j’avais abandonné ma mère p our me sauver moi , alors au départ, je souhaitais juste passer du temps avec elle, prendre plaisir à la regarder… tout en me rendant compte que je ne m’étais jamais autorisé ça, la regarder, tant il y a de pudeur entre nous. Il a fallu alors que je m’arroge le droit de ne pas baisser les yeux, de la scruter, d’approfondir mon regard. Je n’ai rien appris sur elle, ce n’était pas le but, mais j’ai appris à mettre des ••• mots sur notre relation.


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TÊTE-À-TÊTE(S)

“Je ne suis pas très au courant de ce qui se fait, je sors peu… et à la fois, c’est ce qui me va !” La pudeur dont vous parlez, d’ailleurs, semble s’estomper au cours du film – mais peut-être est-ce le montage qui produit cela ?

•••

J’avais une monteuse géniale, oui, qui comprenait vraiment le film quand moi j’avais la tête trop dedans. Mais c’est vrai que la pudeur, au fil du tournage, a disparu. Au début, on était, elle et moi, comme deux animaux qui ne savent pas dans quoi ils s’aventurent. Puis qui vont loin ensemble dans l’intimité : à la fin du film, je la prends dans mes bras, une chose impossible quelques mois plus tôt. Car dans la famille, on n’est pas du tout tactiles. Si je le suis devenue, moi, avec mes enfants, c’est grâce à Yvan qui m’a fait prendre conscience que le manque de contact, de toucher, pouvait faire souffrir. Jane par Charlotte a été nommé au titre de Meilleur documentaire aux Césars 2023 : c’est important ?

Très important, oui, j’en suis très heureuse ! C’est quelque chose, pour moi, les Césars… Celui du Meilleur Espoir, que j’ai reçu en 86 (Pour L’Effrontée, ndlr), a eu beaucoup d’impact sur ma carrière… même si après, en quarante ans de métier, j’ai raté plein de fois celui de la Meilleure actrice (nommée à ce titre en 1989, 1997, 2007, 2011 et 2018, ndlr). Alors il m’a fallu ravaler beaucoup de vexations… (Elle rit.) Tout en ayant l’humilité de dire que les autres méritaient la récompense bien plus que moi – mais au fond, c’est dur ! Vous tournez dans les films de votre mari depuis longtemps. Dans Les Choses humaines, en 2021, il y avait, en plus, votre fils Ben au casting : qu’est-ce qu’il y a d’exaltant à travailler comme ça en famille ?

C’est ce qu’il y a de mieux dans la vie.

Parce que ça nous fait des souvenirs. Parce qu’on fait le métier qu’on aime avec les gens qu’on aime le plus au monde. Mais ça ne va pas sans tensions. Non pas qu’on s’engueule, mais le fait qu’on tienne tant les uns aux autres complique le défi. Moi par exemple, même si je croyais for t en mon fils, j’avais peur qu’il n’arrive pas à jouer ce rôle si dur : c’était terrifiant pour moi de le voir incarner ce personnage de violeur, assis dans le box des accusés, alors à cause de mon anxiété, l’ambiance était rarement détendue sur le plateau. (Elle rit.) Bon, il faut dire aussi que j’étais en pleine dépression à ce moment-là… Mais au final, Ben m’a énormément émue dans ce film : son personnage, malgré le fait qu’il ait violé, et sans que le film ne remette en cause sa culpabilité, porte en lui une douceur et une humanité qui me touchent. Vous lui donnez des conseils de carrière, à votre fils ?

Pas vraiment. Si ce n’est de ne pas faire comme moi ! Car je trouve que je n’ai pas été assez volontaire dans ma carrière. Je me suis montrée trop passive, trop dans l’attente que les projets to m b e n t . C o m m e j e n’ava i s p a s confiance en moi, il m’était impossible de frapper aux bonnes portes, d’aller aux soirées, de montrer que j’en voulais. Encore aujourd’hui, je ne suis pas très au courant de ce qui se fait, je suis très en recul, je sors peu… et à la fois, c’est ce qui me va ! Alors le seul conseil que je pourrais lui donner, c’est de se donner les moyens de son ambition. Pour quelqu’un de passif, vous avez quand même un CV très fourni !

Car j’ai toujours été suffisamment connue pour qu’on pense à moi réguliè-

rement… J’aurais pu être davantage actrice de ma vie. Mais je n’ai pas de regrets, hein ! Je n’allais pas faire semblant d’être sûre de moi alors que je ne l’étais pas ! Mais j’admire ces acteurs à l’américaine, très actifs, qui construisent une carrière, se battent pour les rôles… Comment regardez-vous cette polémique autour des “nepo babies”, ces “bébés du népotisme”, ces fils et filles de, dont la presse américaine pointe la place trop grande qu’ils occupent à Hollywood ?

Bon, qu’un fils de médecin devienne médecin et qu’un fils de boulanger, boulanger aussi, me semble normal : on transmet tous nos passions à nos enfants. Mais c’est vrai qu’avoir des parents célèbres dans tel ou tel milieu vous donne, au départ, de grandes facilités : on vous ouvre les portes. Encore faut-il savoir, ensuite, faire ses preuves… Sur Instagram, vous postez des photos en très gros plan, en noir et blanc, parfois floues. Qu’est-ce qu’elle nous raconte de vous, cette esthétique-là ?

La photo, c’était le domaine de ma sœur Kate. La professionnelle, c’était elle. Moi, je la pratiquais en amateur. À sa disparition, je me suis autorisée à reprendre goût à l’argentique… Quant à Instagram, c’était une grosse question ! Je me souviens d’avoir dit à ma sœur Lou (Doillon, ndlr) : « Oh là là, ma maison de disque me pousse à ouvrir un compte Insta, ça me saoule, comment faire pour garder mon identité làdedans ? » mais je me suis quand même fait violence. J’ai commencé à poster très timidement. Pour trouver finalement ma petite ligne de conduite, mon petit biais esthétique à moi.

Assistant stylisme Thibault Marais. Coiffure Yuji Okuda/ Artlist Paris. Maquillage Satoko Watanabe/Artlist Paris. Production TheLink Mgmt.


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JESSE FROHMAN.

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DIANE VON FÜRSTENBERG Créatrice de la wrap dress ou robe-portefeuille, Diane von Fürstenberg ne renie pas ses origines belges. Elle rappelle même être née près du Musée Mode et Dentelle qui lui consacre, dès fin avril, une exposition-événement. Rencontre.

“ Mes vêtements doivent être comme des compagnons ”

Par Etienne Heylen

D

iane von Fürstenberg répond avec la simplicité et la spontan é i t é q u i l a c a ra c t é r i s e n t lorsque nous lui demandons comment elle épelle son nom. « Petit v et grand F, j’y tiens, mais peu importe que vous l’écriviez avec ou sans tréma. Et appelez-moi Diane. » Le ton est donné.

Que signifie pour vous une expo en Belgique ?

DIANE VON FÜRSTENBERG : « Ça n’a pas tellement d’importance qu’elle ait lieu en Belgique, mais à Bruxelles, c’est différent. Même si je vis à l’étranger depuis de longues années, c’est ici que je suis née, ici que je suis allée à l’école, à cinq minutes du musée. À l’âge de treize ans, je suis partie en Suisse, puis aux ÉtatsUnis, mais ce quartier, je le connais par cœur. On m’a consacré une expo grandiloquente à Pékin, mais ici c’est beaucoup plus intime. C’est un rendez-vous avec mon enfance. Nicolas Lor, ce jeune conservateur – il a vingt-neuf ans, j’en ai septante-cinq – m’a fait l’immense honneur de me demander s’il pouvait mettre sur pied cette expo. Ce n’est donc pas mon idée ; Nicolas, qui est un spécialiste de la mode, est venu me rencontrer à New York pour m’exposer ses

idées. Il considère DVF comme une maison très moderne, taillée sur mesure pour les femmes d’aujourd’hui. Quand un si jeune talent vous choisit pour une expo, vous savez que vos créations sont entre de bonnes mains. » La robe portefeuille fête son 50e anniversaire. Dans quelles circonstances l’avez-vous imaginée ?

« Le vêtement en soi existait déjà, pensez au kimono ou à la toge. C’est une robe qui n’a ni bouton ni fermeture éclair. Je l’ai d’abord conçue en jersey infroissable, puis en version jersey imprimé. Ce genre de robe épouse la silhouette d’une femme, lui confère la grâce d’un serpent et l’agilité d’un chat. J’en ai vendu des dizaines de millions d’exemplaires dans le monde entier. Ce qui est très particulier, c’est que les jeunes femmes la redécouvrent tous les vingt ans. » Les princesses portaient vos créations lors du concert de Noël au Palais royal.

« Cette robe bleu roi fendue à col rond flattait la princesse héritière Élisabeth, mais sa sœur de quatorze ans, la princesse Éléonore, rayonnait également dans sa robe à fleurs. Ce sont de très belles jeunes femmes. Je suis également très fière de faire partie du groupe res-

treint des stylistes de la reine. Sa Majesté opte régulièrement pour mes créations. Mais ça me fait également très plaisir de voir d’autres femmes, moins connues, endosser mes vêtements. » Quels sont les atouts de la marque, comment résumeriez-vous sa philosophie ?

« C’est très simple. Je veux offrir aux femmes des vêtements élégants, confortables, intemporels, qui s’ajustent facilement et tombent naturellement. Elles doivent se sentir à l’aise tout au long de la journée, aussi bien au travail que pendant leur temps libre. Mes vêtements doivent être comme des compagnons. Au début de ma carrière, j’ai travaillé pour l’industriel du textile Angelo Ferretti, auprès de qui je me suis familiarisée avec les imprimés. Puis j’ai commencé à expérimenter avec les couleurs. Pour moi, les couleurs figurent les lettres, les imprimés les mots, tandis que le tissu et la silhouette viennent donner à la phrase son style définitif. » Êtes-vous toujours active dans l’entreprise ?

« Bien sûr, j’ai encore mon mot à dire. Je fais de la supervision, veillant sur- • • •


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3 1. 2. et 3. Collection Printemps-Été

2023. Diane : « La couleur est toujours présente dans mes collections. » 4. En bonne compagnie. Diane : « Je suis fière de faire partie du cercle restreint des stylistes de la reine. » 5. Robe portefeuille imprimée en jersey, 1973.

4

Vous faites allusion à la fondation Diller-von Fürstenberg ?

« Via ce fonds familial, nous soutenons diverses organisations à but non lucratif. Mais à côté de ça, il y a treize ans, j’ai créé les DVF Awards, en l’honneur des femmes qui se battent au quotidien, de manière désintéressée, pour d’autres femmes. Il existe cinq DVF Awards, dont trois sont destinés à des femmes inconnues que je soutiens financièrement et dont je mets le travail en lumière. Par ailleurs, l’Inspiration Award est réservé aux mannequins, actrices ou chanteuses comme Iman ou Karlie Kloss. Enfin, le Lifetime Award est décerné à des femmes comme Oprah W in frey, Christine Lagarde, Hillary Clinton... »

Que pouvons-nous attendre de l’expo ?

DVF : « C’est une question qu’il faut plutôt

poser à Nicolas. Tout ce que je sais, c’est qu’il ne s’agira pas d’une rétrospective. » NICOLAS LOR : « Bien entendu, nous célébrerons en grande pompe le cinquantième anniversaire de la robe portefeuille. Pour comprendre la philosophie de vie et la marque de Diane, nous passons en revue sa biographie et son parcours en retraçant les moments forts de sa carrière. Nous n’exposons pas tout, nous ne suivons pas un ordre chronologique, et ce n’est pas une rétrospective. Nous présentons Diane en tant que coloriste via des insights qui permettent

de découvrir ses sources d’inspiration (la nature, l’art, la liberté). Son travail est aussi mis en perspective avec celui d’autres créatrices comme Madeleine Vionnet, Coco Chanel et Sonia Rykiel. La particularité de Diane, c’est qu’elle ne crée pas un vêtement pour lui-même, mais pour la femme qu’elle a en tête. L’expo Woman before Fashion se présente comme un miroir. On commence par les vêtements pour finir par ce que Diane représente : la femme. » Woman before Fashion, Diane von Fürstenberg, à découvrir du 21 avril 2023 au 7 janvier 2024 au Musée Mode et Dentelle, rue de la Violette, 12 à Bruxelles. fashionandlacemuseum.brussels

DIANE VON FÜRSTENBERG ARCHIEVEN. PRESSE. E. GOMEZ

• • • tout à préserver l’identité et l’ADN de la marque afin de pouvoir le transmettre en toute confiance à la jeune génération. Ma petite-fille Talita prend la relève en tant que directrice générale. Du haut de ses vingt-trois ans, elle détient plusieurs diplômes et a toujours travaillé à mes côtés. Personnellement, je veux me concentrer davantage sur mon travail philanthropique. »


x WILTCHER’S

LE WILTCHER’S EXPOSE SES « INTIMATE CONVERSATIONS » EN PRATIQUE

PRESSE.

Vernissage le 30 mars, exposition jusqu’au 2 avril 2023 au 6e étage de l’Hôtel Steigenberger Wiltcher’s. Vernissage sur invitation ou ticket payant (120 €/pers. all included) Entrée au vernissage incluse dans le package « Chambre & Intimate Conversations » (290 €/2 pers., petit déjeuner inclus). En collaboration avec la plateforme d’art Engarde. Informations et réservations sur www.engarde.brussels

Le Steigenberger Icon Wiltcher’s, l’hôtel 5 étoiles+, fête cette année ses 110 ans. Entre autres événements, l’établissement ouvre les portes de sept de ses suites du 6e étage à des artistes contemporains émergents en collaboration avec la plateforme d’art Engarde. Du 30 mars au 2 avril prochain, le Steigenberger Wiltcher’s - l’établissement de luxe le plus en vue de la capitale ouvre ses suites à l’inspiration, aux émotions et à la vision de créateurs comme Thibault Huguet - designer français installé à Bruxelles dont le travail aux lignes justes et épurées est exposé à COLLECTIBLE à Brussels ou à la Paris Design Week en 2022 – ou François Patoue, artiste-peintre de talent. La galerie anversoise vcrb présentera une sélection de ses artistes triés sur le volet. Sous l’impulsion d’Erik Le Roux, Associate Director Marketing & Communication et Gianni Isella fondateur d’Engarde avec le soutien de Norman Mark General Manager, le Wiltcher’s devient également un écrin privilégié ouvert à l’art contemporain et aux artistes brillant·e·s. Une atmosphère feutrée et raffinée parfaite pour se laisser aller aux coups de cœur artistiques et

esthétiques. Un cadre sublime rehaussé par des marques de prestige naturellement associées à l’événement, comme la maison de Champagne Taittinger, offrant pour l’occasion une expérience immersive autour de ses cuvées d’exception ou encore le joaillier belge Manalys qui exposera ses créations joaillières audacieuses. Un événement ouvert aux personnes de goût, qu’elles résident ou non dans l’établissement… Mais sachant qu’un tarif spécial de 290€ par nuit est exceptionnellement proposé à celles et ceux qui souhaitent passer une nuit de rêve dans l’une des chambres raffinées, il serait dommage de ne pas en profiter.

Cet article a été réalisé en étroite collaboration avec Steigenberger WILTCHER’S. wiltchers.com


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Retrouver la bonne L’hiver et le contexte ambiant de crise permanente ont passablement émoussé nos capacités à nous mobiliser. Comment alors renouer avec l’enthousiasme, se “retrouver” ? Et où puiser la force et la joie d’aller de l’avant ? Témoignages, conseils et avis d’expert·es.

énergie Par Laure Marchand Photos Jimmy Marble

E

t si un détour par la Nouvelle-Zélande nous indiquait la direction à suivre ? Au début de l’année, la Première ministre, âgée de 42 ans, a stupéfié le monde entier en annonçant sa démission. Dans une allocution empreinte d’une grande émotion, Jacinda Ardern a expliqué les raisons de sa décision : « Je sais ce que requiert ce poste. Et je sais que je n’ai plus assez d’énergie pour le faire correctement. C’est aussi simple que cela. (…) On donne tout ce qu’on a, aussi longtemps que possible, et un jour, il est temps d’arrêter. Et pour moi, il est temps. » En assumant ses limites, en revendiquant son droit et sa volonté de choisir sa vie, l’ancienne cheffe du gouvernement néo-zélandais nous a toutes et tous bluffé·es. Heureusement, il n’est pas nécessaire de diriger un pays ou d’être en burn-out pour s’en inspirer. Mais concrètement, comment faire pour retrouver la bonne « vibe » ? L’hiver touche à sa fin, il est temps de ranger le plaid douillet en haut de l’armoire pour sortir de son cocon. Et réveiller l’énergie.

« L’hiver est davantage marqué par les symptômes dépressifs, qui renforcent le biais de négativité, cette tendance naturelle des humains à se concentrer sur ce qui ne va pas, décrypte Rébecca Shankland, autrice avec Christophe André de l’ouvrage Ces liens qui nous font vivre. Éloge de l’interdépendance (1). L’objectif va donc être de réduire ce biais de négativité. Le journal de gratitude est un outil qui fonctionne très bien. » Voici le mode d’emploi : chaque soir, on note trois à cinq attitudes, moments, rencontres qui nous ont fait éprouver de la gratitude dans la journée. Marcher sur un trottoir ensoleillé, adresser un sourire à un inconnu, tenir la porte à quelqu’un… « Il s’agit de tous ces petits moments positifs que l’on trouve chouettes lorsqu’ils se produisent mais que l’on a oubliés la seconde d’après », explique cette professeure de psychologie à l’université Lumière Lyon 2. En essayant de se les remémorer, le stress baisse sur le moment et, surtout, cela va nous aider les jours suivants à y être plus attentifs. Entraînant un cercle vertueux de contact à l’instant présent. Pour porter ses fruits, l’exercice doit être répété pendant deux semaines. « Les études • • •


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IMAGE EXTRAITE DE LA SÉRIE « DREAM BABY DREAM », 2017.

Eritat evelign imporpossim sit undest etusdae nienihitia quiam quo ent vellaut eturiat magnat


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Pour se trouver, se “réénergiser”, il faut passer par les autres, plus précisément par notre façon passe par un retour sur soi. Et pour y parvenir, chacun·e a sa de rencontrer l’autre. petite recette personnelle. Pour Nathalie, il s’agit d’arrêter • • • montrent une réduction de l’anxiété, de la dépression, du stress et une amélioration de la satisfaction, énumère Rébecca Shankland. Cela vaut la peine : les effets positifs se font sentir pendant six mois ! » Si nous nous y mettons dès maintenant, nous aborderons donc non seulement le printemps dans de bonnes conditions mais également les vacances d’été et nous aurons même des ressources pour survivre à la rentrée de septembre. Qui dit mieux ?

QUELLE QUE SOIT LA MÉTHODE EMPLOYÉE, LA CLÉ DE L’ÉNERGIE

« de s’engluer sur les réseaux sociaux lorsque les enfants sont couchés » pour replonger dans les grands classiques de la littérature. Les Cloches de Bâle de Louis Aragon (2), qui l’avaient transportée quand elle était au lycée, l’attendent sur sa table de nuit : « Si ces romans ont traversé le temps, c’est qu’ils ont quelque chose à nous dire. Leur lecture réinscrit dans un temps long, dans une universalité, et ça me fait du bien. » Le soir, avant d’éteindre, entre une heure à lire un roman de Flaubert ou une heure les yeux rivés sur un écran, on vous laisse deviner quelle activité est la plus propice à une bonne nuit de sommeil… et donc à un lendemain en pleine forme, etc. Chiara, elle, ne déroge jamais à sa séance de yoga matinale. Elle a besoin de ce temps d’éveil doux avant que la journée ne démarre : « Ce temps fonctionne comme un sas entre la nuit et le jour. Il me permet de m’aligner et de mettre mon corps et mon esprit dans une énergie positive. En prenant ce temps pour moi au saut du lit, je suis beaucoup moins soumise aux multiples dispersions tout au long de la journée. » Camille, parisienne par obligation professionnelle, part se ressourcer dans le Vercors. Son grand-père, résistant, s’y était réfugié pendant la Seconde Guerre mondiale. « J’y retourne toujours. J’y ai même passé mon dernier mois de grossesse dans un chalet, j’avais besoin d’être là-haut pour couver mon œuf », s’amuse-t-elle. Lorsqu’elle est dans le Vercors, cette jeune femme, qui est sujette à l’anxiété, « s’apaise aussitôt ». Elle aime marcher dans le silence – « une expérience très proche de la méditation » –, cela la remet dans le bon mouvement, oxygène ses pensées. « J’aime particulièrement le printemps, quand la neige fond, que les oiseaux ressortent et que la végétation se renouvelle, pour moi aussi c’est une forme de renaissance. La floraison me bouleverse. » Un roman, du yoga ou de la randonnée… Qu’importe le moyen, choisissez celui qui résonne en vous. Guerre en Ukraine, confinement, réchauffement climatique, incertitude sur l’âge de départ à la retraite et inquiétude des fins de mois à cause de l’inflation, effondrement de l’hôpital public, démocraties attaquées… L’époque est à la crise permanente, une source d’angoisse potentiellement infinie qui, parfois, nous immobilise. Mais il ne s’agit pas de ne pas avoir peur, pense Ilaria Gaspari, « plutôt de ne pas être esclave de nos peurs, qu’elles ne nous soumettent pas à leur chantage et ne déterminent pas nos choix de façon passive ». La philosophe italienne, autrice du revigorant Leçons de bonheur. Exercices philosophiques pour bien conduire sa vie (3), recommande de se tourner vers les penseurs de la Grèce antique. Les Anciens ont cherché à aider l’être humain à ne pas dépendre des conditions extérieures : « Parmi eux, Épicure correspond bien

au moment que nous vivons car il s’adressait aussi à une humanité qui traversait une crise. Les citoyens étaient en train de devenir des sujets du royaume d’Alexandre, ils avaient la même difficulté que nous à voir leur futur. » Dans ce flou incertain, Épicure s’est concentré sur les possibilités d’être heureux. Sa conception du bonheur était moins individualiste que celle promue par nos sociétés contemporaines. Elle reposait sur la « philia », cette « attitude amicale d’ouverture à l’autre » : « Ainsi, l’espérance du bonheur devient collective et se transforme en expérience sociale. » Pour faire de la pensée d’Épicure sa boussole, Ilaria Gaspari conseille de garder avec soi son texte simple et court, Lettre sur le bonheur (4). Cela pourrait sembler incongru à première vue mais pour se trouver et se « réénergiser », il faut passer par les autres, plus précisément par notre façon de rencontrer l’autre. Caroline aime autant partager un petit café en terrasse avec un copain qu’« organiser des grandes tablées joyeuses ». Les amitiés, anciennes ou récentes, profondes toujours, constituent le socle de cette quadragénaire. « En vieillissant, j’identifie de plus en plus facilement les ingrédients indispensables à mon bien-être. J’évacue le superflu, le superficiel, pour me concentrer sur ce qui me stimule. Et ce sont mes amis qui me rendent la vie gaie et légère. J’ai compris que ne pas cacher mes vulnérabilités me connectait encore plus fortement à eux. » DANS SA DÉCLARATION D’AMOUR À L’AMITIÉ, Les Copains d’abord, Georges Brassens l’a magnifiquement chanté. Marc Schulz et Robert Waldinger, deux professeurs américains, l’ont implacablement démontré. Pendant quatre-vingts ans, 724 individus et 1 300 de leurs descendant·es ont répondu à des questionnaires de l’université de Harvard sur leur trajectoire de vie. Le but était de parvenir à objectiver les clés du bonheur. Les résultats, racontés dans leur passionnant ouvrage The Good Life. Ce que nous apprend la plus longue étude scientifique sur le bonheur et la santé (5), sont implacables : quelle que soit l’époque, ce n’est ni l’argent ni la réussite professionnelle qui permet une « bonne vie », mais la qualité des relations avec les autres. Celle que l’on tisse avec sa famille, son conjoint, ses collègues, ses voisins et ses amis. Pour le dire autrement : entourez-vous bien, prenez soin de vos proches, entrez en contact, et si ce n’est pas encore fait, il n’est jamais trop tard. 1. Éd. Odile Jacob. 2. Éd. Folio. 3. Éd. PUF. 4. Éd. Mille et Une Nuits. 5. Éd. Leduc.




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LES NOUVELLES TRAVAILLEUSES NOMADES Elles sont consultante, ingénieure, cheffe ou blogueuse déco et, grâce au télétravail, ont choisi de prendre la route et de ne pas se sédentariser. Une manière de vivre dans le mouvement, plus légèrement aussi, et un phénomène plus si marginal que ça. Décryptage. Par Géraldine Dormoy-Tungate Illustrations Melek Zertal

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uri Camille de Souza est cheffe itinérante (1). Elle habite et travaille actuellement à Marseille, mais en juin, elle cuisinera chez Providenza, une résidence d’artistes corse. Puis elle reviendra passer la haute saison chez Livingston, un bar à vin marseillais. En septembre, elle officiera à Bruxelles. En octobre, il se pourrait qu’elle parte en Inde, d’où elle est originaire, pour les besoins d’un livre de recettes. « Quand on est chef indépendant, on n’est pas attaché à un restaurant, explique-t-elle. Voyager fait partie du travail. » Dans la restauration, la mobilité s’est encore accrue depuis les confinements. « Beaucoup de chefs refusent désormais les horaires lourds imposés par les établissements et ces derniers ont moins les moyens de les salarier. Tout cela pousse à l’itinérance. » Depuis le Covid, cette mobilité gagne maints secteurs d’activité. Le boom du télétravail a accentué le phénomène des « digital nomads » : des actif·ves travaillant sur supports numériques ont réalisé qu’elles ou ils pouvaient exercer leur

métier d’où elles ou ils voulaient. Le mouvement touche davantage les entrepreneur·ses et les indépendant·es, mais séduit aussi des salarié·es. Au total, la France en comptabiliserait déjà 1,4 million, selon le site de référence Nomad List. LE MARCHÉ DU LOGEMENT S’EST ADAPTÉ, avec le développement des « tiny houses », des vans aménagés et des offres de « coliving » – une forme d’habitat au croisement de la colocation, du coworking et de la résidence hôtelière. La tendance ne concerne pas qu’une frange privilégiée de la population, comme l’a montré le film Nomadland de Chloé Zhao, multi-oscarisé en 2021. En suivant le quotidien d’une sexagénaire sur les routes américaines, la réalisatrice filmait la précarité et les contraintes, mais captait aussi une soif existentielle d’autonomie et de liberté à l’ère de la surconsommation et de l’urgence écologique. QUELLES SONT, EN FRANCE, LES MOTIVATIONS DES NÉO-NOMADES ?

Fabienne Kraemer (2), médecin et psychanalyste exerçant elle-même à distance, en compte beaucoup parmi ses • • •


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patient·es. « Ils ont en commun l’angoisse de se fixer quelque part, décrypte-t-elle. L’idée de vivre toute leur vie et mourir au même endroit leur est vertigineuse. » Pour Charlène Coudrin, 31 ans, le besoin de mouvement était aussi symbolique que physique. Depuis avril 2022, cette ex-ingénieure dans l’agroalimentaire vit dans un bus aménagé avec son mari Valentin, chauffeur routier, et leur fils de 6 ans, Liam. En ligne, ils sont connus sous le nom de Roadcats Family (3). « Je ne voulais pas être enfermée dans ma vie, confie-t-elle. Même quand on était encore propriétaires de notre maison, on avait un van pour s’échapper. Et j’ai toujours été en CDD. L’idée de faire le même job plusieurs années m’effrayait. » Aujourd’hui, elle gère leur présence sur les réseaux sociaux. « Ça m’éclate. On n’est pas encore autonomes financièrement, Valentin part encore en mission sur les routes, mais notre objectif est d’en vivre. Je n’étais pas faite pour travailler en entreprise. » Fériel Karoui, 42 ans, consultante en tendances, vogue entre son bateau amarré à La Villette, à Paris, et un pied-à-terre à Nice. Un mode de vie alternatif qui répond à un rejet des conventions : « Je trompe le parcours tout tracé école de commerce-mariage-enfant-maison. » Chez elle aussi, le besoin de bouger est viscéral : « J’aime les moments de latence. Naviguer ou prendre le train m’ouvre un espace méditatif. Je recherche la contemplation dans le mouvement. » En couple, il s’agit d’inventer une nouvelle façon de vivre à deux. À 31 ans, Zuri atteint un âge où « des choses se figent chez les gens autour de nous » : « Ils nous parlent d’enfant et de maison. Cela nous a poussés, mon compagnon et moi, à nous demander ce que nous voulions vraiment. Nous partageons beaucoup, mais souhaitons chacun consacrer du temps à notre travail. Jimmy est marin. L’été, où que j’habite, je ne le vois presque pas. Notre choix est assumé, l’important est d’aller vers nos rêves ». Fabienne Kraemer note souvent des difficultés à accorder ses rythmes au sein des couples nomades : « Il faut avoir envie de partir et de revenir en même temps, et ce qui fonctionne professionnellement pour l’un n’est pas toujours profitable à l’autre. »

PARFOIS, POURTANT, LE VOYAGE RENFORCE LES LIENS. Depuis 2017, Julie Hembert et son compagnon sillonnent l’Asie. Le couple vit de la création de contenus digitaux pour son blog de décoration (4) et pour des client·es. « On est complémentaires, remarque Julie. Pendant que je travaille en ligne, Florian gère les visas, les conditions d’entrée dans un pays, l’hébergement. Partager les joies et les galères nous a rapprochés. Lui est moins introverti, moi, plus patiente. » Sa première motivation demeure l’ouverture culturelle : « En France, je cumulais trois boulots sous antidépresseurs. Vivre en Asie m’a rendue plus zen. En Thaïlande ou au Laos, les gens veillent à ne pas mettre l’autre en difficulté, ni à donner trop d’importance à ce qui n’en vaut pas la peine. Ça aide à lâcher prise. » Une ouverture que partage Zuri : « Je pourrais me contenter de travailler à Marseille, mais changer de ville ajoute quelque chose à ma cuisine. Ailleurs, j’apprends d’autres rituels. » Les néo-nomades sont à la fois individualistes et animé·es d’un fort esprit communautaire, vivent seul·es mais recherchent l’entraide et les rencontres. « Le quotidien sur un bateau est un tel défi que la solidarité règne entre les plaisanciers, témoigne Fériel. Ce sont souvent des gens qui ont beaucoup voyagé et vécu des expériences extraordinaires. » Julie a des ami·es « partout dans le monde » : « Le voyage abat certaines barrières. On sait qu’on n’est ensemble que pour quelques jours. Cela crée des liens très vite, il y a moins de manières. » À bord de son bus, Charlène n’a pas hésité à passer au « home schooling » avec son fils. « J’ai toujours vu des gens le faire en famille sur les réseaux sociaux », précise-t-elle. Avec le groupe, on partage ressentis, ressources et bons plans. Il en faut pour supporter la charge mentale propre à l’itinérance. « Les réserves d’eau et d’électricité, le wifi et les poubelles sont des questions récurrentes », énumère Charlène. À chaque nouvelle mission en cuisine, Zuri doit s’adapter à des relations de travail complexes. Tout cela teste la motivation, pousse à l’introspection et forge la confiance en soi. « Beaucoup nous disent qu’ils n’ont pas le courage de vivre comme nous, observe Charlène. Partir implique de se confronter à ses peurs, de déconstruire son rapport à l’argent, au travail, à la réussite. Que peut-il nous arriver de pire ? Si on n’a plus d’argent, on ne bouge plus. On rebondit toujours. »

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tards, il y a cette idée du minimum d’encombrement », souligne “Partir implique de se Fabienne Kraemer. « Quand on voit en Inde les gens vivre avec confronter à ses peurs, de peu, on se dit qu’on n’a pas besoin de cinq paires de chaussures », confirme Julie. L’allégement est aussi émotionnel : « Je sais déconstruire son rapport à que je vais dans la bonne direction », juge Charlène. Le temps d’une étape de vie ou pour plus longtemps ? « Au bout d’un l’argent, au travail, à la moment, il est plus confortable d’avoir un toit où poser ses à partir duquel on peut rayonner », estime Fabienne réussite. Que peut-il nous affaires, Kramer. C’est ce que fait Zuri, basée à Marseille. Elle ne prépas d’arrêter de sitôt mais se verrait bien s’installer un arriver de pire ? Si on n’a plus voit jour dans un endroit où elle pourrait jardiner et inviter à son des nomades. « Accueillir des gens de passage rendrait le d’argent, on ne bouge plus. tour lieu vivant. » Une autre façon de s’évader. On rebondit toujours.” D’AUTANT PLUS QUE VOYAGER, C’EST S’ALLÉGER. « Chez les rou-

Charlène Coudrin, ex-ingénieure dans l’agroalimentaire, créatrice de @roadcatsfamily

1. Instagram : @sensualecology 2. Autrice de 21 clés pour l’amour slow, éd. Puf. 3. Instagram : @roadcatsfamily / YouTube : Roadcats Family 4. cocondedecoration.com/blog



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L’ALLURE BALLERINE À LA POINTE Tutus, cache-cœurs, chaussons de danse, guêtres et chignons : l’esthétique du monde du ballet revient en grâce, portée par les podiums et l’engouement renouvelé pour cette pratique. Alors, bye-bye joggings et grosses baskets ?

technique qui perce désormais à la ville ? Par le retour en grâce de l’esthétique ballet, marquée également par l’engouement autour des guêtres (portées avec lesdites ballerines), des cache-cœurs, des boléros ou encore des tutus. “ILLUSTRÉE PAR LE RETOUR DE LA CHAUSSURE DE DANSE

Par Vicky Chahine

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ELLA HADID AIME LES ASSOCIER à un jogging, Camille Charrière les décaler avec un jean déchiré et Alexa Chung les porter avec du court, très court… Qu’elles soient signées The Row ou Miu Miu, les ballerines à élastique façon demi-pointes sont à tous les pieds des fashionistas. En témoigne l’augmentation de 121 % d’occurrences de ballerines sur les podiums du printemps-été 2023 par rapport à la saison précédente, selon la plateforme Tagwalk. Façon BCBG chez Celine, Tod’s et Balenciaga qui n’aime rien tant que jouer avec les codes, transparentes chez Loewe, à bout carré chez MM6, pointues chez Marni et Molly Goddard… Comment expliquer la tocade pour ce chausson de danse

CLASSIQUE, qui marque la fin de la tendance des “ugly shoes”, cette esthétique tourne plus généralement la page de cette période liée au relâchement postpandémie. Il y a l’idée du corps en mouvement, de muscles toniques, entraînés, performants”, estime Thomas Zylberman, du bureau de tendances Carlin. Derrière la figure de la ballerine, l’idée donc d’un certain classicisme, d’un corps maîtrisé mais aussi moulé par des vêtements près du corps, que l’on a perçue sur les podiums de Dior, Molly Goddard, Simone Rocha et même Rick Owens avec des déclinaisons de robes en tulle. Pour sa collection Resort 2023, la créatrice néo-zélandaise Emilia Wickstead a d’ailleurs choisi de présenter ses vêtements sur des danseuses issues de compagnies de ballet londoniennes. Quand la maison Dior, elle, avait convoqué un groupe de danseurs pour son défilé printemps-été 2023 et invité le duo Imre & Marne van Opstal à composer une chorégraphie. En 2020, The Museum at Fashion • • •


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COURTESY OF MAX MARA. MATTEO VALLE/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.

COURTESY OF EMILIA WICKSTEAD. CHRISTOPHE BERLET.

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1. Emilia Wickstead resort 2023. 2. Repetto printemps-été 2023. 3. Max Mara prefall 2023. 4. Backstage Roberto Cavalli printemps-été 2023.

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• • • Institute of Technology (FIT) de New York avait même consacré une exposition au phénomène : « Ballerina : Fashion’s Modern Muse. » Mais la fascination ne touche pas que la mode, elle fait aussi fureur sur les réseaux sociaux sous le néologisme « balletcore » (plus de 281 millions de vues pour le hashtag sur TikTok). En vogue aux ÉtatsUnis, où des générations ont été biberonnées au spectacle de Casse-Noisette, le balletcore désigne ces silhouettes qui n’hésitent plus à porter, à la ville, guêtres, body, voire ressortir le tutu de la grande époque Carrie Bradshaw (le fameux du générique de la série Sex and the City). Un engouement qui se constate d’ailleurs à l’Opéra de Paris, où le taux de remplissage a atteint les 98 % pour la saison 20212022, mais aussi dans les salles de sport où l’on pratique désormais le « Ballet Sculpt », du renforcement musculaire sur des chorégraphies classiques. « La danseuse classique porte en elle l’expression d’une féminité qui n’est pas là pour plaire à tout prix. La ballerine, par exemple, c’est l’anti-chaussure de séduction », poursuit Thomas Zylberman. Gracile, délicate mais tout sauf niaise, la figure de la danseuse n’a cessé d’aimanter à travers les époques, des peintures d’Edgar Degas (qui a inspiré des collections à John Galliano et Jean Paul Gaultier) au rôle de Natalie Portman dans Black Swan de Darren Aronofsky en 2010 en passant par la récente série franco-belge L’Opéra (1) sur OCS, avec une danseuse étoile comme personnage principal.

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“La danseuse classique porte en elle l’expression d’une féminité qui n’est pas là pour plaire à tout prix. La ballerine, par exemple, c’est l’antichaussure de séduction.” Thomas Zylberman, du bureau de tendances Carlin

LLAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.

QU’E N PE N S E R E PETTO, qui vend chaque année quelque sept cent mille paires de ballerines dans le monde ? Le spécialiste du genre est né en 1947 de ces chaussons de danse que Rose Repetto dessine alors pour soulager les pieds de son fils, le chorégraphe Roland Petit. Avec sa manufacture basée en Dordogne, la marque française constate ce regain d’intérêt pour l’univers de la danse classique, illustré depuis un an par une croissance de son chiffre d’affaires. « Relancée par le retour du plat, la ballerine s’affirme aujourd’hui comme une chaussure transgénérationnelle puisque chacune la porte selon ses goûts, avec un slim, un jean large, un pantalon de costume masculin… » observe Charlotte Gaucher, directrice adjointe de la marque. Le spécialiste de la danse vient d’ailleurs de ressortir le modèle Sophia, une réédition de ses archives, avec ses rubans à nouer autour de la cheville. Et pour jouer un peu plus sur le balletcore, il vient de lancer le modèle Joana, avec un élastique croisé siglé Repetto, qui a déjà fait un carton en Corée. « Cet attrait pour la figure de la danseuse s’illustre aussi dans le succès de notre ligne “athleisure”, leggings rose poudré, pull avec ruban de satin… que nous venons de relancer, poursuit la dirigeante. Cette esthétique renvoie au corps mais aussi au confinement pendant lequel les gens ont beaucoup dansé comme un moyen


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VALENTINA VALDINOCI/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.

LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT (X2).

GIANLUCA SENESE/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. ISIDORE MONTAG/

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Défilés printemps-été 2023 1. Dior. 3. MM6. 4. Loewe. 5. Molly Goddard. 2. et 6. À Paris, pendant

la Fashion Week printempsété 2023

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d’expression et de liberté. Enfin, son succès s’inscrit aussi dans la continuité de l’engouement autour du sportswear qui se féminise désormais. » À L’ÈRE DU “GENDER FLUID”, le phénomène toucherait-il tout le monde ? Certains hommes ont en tout cas adopté la ballerine, à l’image du chanteur Harry Styles qui portait une paire Molly Goddard sur la pochette d’Harry’s House (2), son album sorti en 2022. « Nous avons lancé le modèle Lucien pour hommes avec une empeigne haute. La clientèle reste très mode et arty pour le moment », note prudemment Charlotte Gaucher. Mais la démocratisation de la figure de la danseuse ne laisse pas indifférent. Certains reprochent à la tendance d’enjoliver cet univers en éclipsant notamment les plaintes pour harcèlement, moral et sexuel, qui secouent régulièrement le milieu. D’autres se rappellent de Kendall Jenner, en couverture, en 2016, de Vogue Espagne habillée comme une danseuse étoile, les années de dur labeur en moins. Une série mode qui lui avait alors valu d’être accusée d’appropriation. Un compte instagram est d’ailleurs dédié au sujet : @modelsdoingballet (près de 90 000 abonné·es), qui scanne les images puisant dans cette iconographie sans solliciter de professionnel·les. Son « mojo » : « Arrêtez. Engagez de vrais danseurs. » 1. De Cécile Ducrocq et Benjamin Adam, avec Ariane Labed, Raphaël Personnaz… 2. (Columbia).


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Intérieur inspiré de l’exposition Entretien d’embauche de Reisinger Studio, à la galerie Last Resort, à Copenhague, 2019.

REISINGER STUDIO.

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LE MOMENT MOQUETTE Rose pâle, beige, crème ou à motifs exubérants, d’inspiration eighties, baroque voire cottage, elle est partout cette saison. À commencer par nos intérieurs, où sa douceur réconfortante semble répondre à un inédit besoin de cocooning. Explications. Par Elvira Masson

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ôtel Particulier Montmartre, été 2022, fin de chantier pour les cinq suites signées de l’architecte d’intérieur Pierre Lacroix. Papier peint treillage, assises en rotin, tentures léopard et, au sol, la fameuse moquette Lynx, créée en son temps par la grande décoratrice Madeleine Castaing. À qui l’on doit aussi la légendaire moquette noire piquée de fleurs de pavot moutarde choisie par Serge Gainsbourg pour sa maison de la rue de Verneuil, que l’on pourra visiter bientôt. Un motif dont les jeunes décorateurs s’emparent de nouveau. À l’autre bout du spectre décoratif, on trouve des sols tapissés de teintes unies. On a ainsi récemment foulé la douceur de l’audacieuse moquette pêche de la boutique-galerie inaugurée il y a quelques mois par la créatrice de bijoux Annelise Michelson et aperçu une moquette rose pâle dans… la salle de bain de Jeanne Damas. Ce qui frappe dans ce retour, c’est le foisonnement des styles, l’exubérance et le calme, comme si rien n’était exclusif de rien, comme si la moquette mettait tout le monde d’accord. Fondatrice du bureau de style qui porte son nom, Elizabeth Leriche le confirme, elle qui, lors du dernier salon Maison & Objet, a créé un espace entièrement tapissé de moquette bleue : « On a d’un côté un courant maximaliste qui ne semble pas près de s’éteindre tant ses codes sont évolutifs. Après une décennie qui a vu l’explosion du papier peint arborant des motifs végétaux, figuratifs, graphiques, mais les sols rester assez sages, • • •


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1. Mauritius, Pierre Frey, 2023. 2. Léopard, vers 1945-50, Madeleine Castaing, réédité par Codimat en 2011. 3. Gazon fleuri, XIXe siècle, Codimat. 4. Octo Mono Red, 2022, Ege.

désormais ils ont la parole : colorés, à motifs graphiques ou figuratifs. De l’autre, une esthétique très contemporaine mais qui fait fortement référence aux années 70-80 : moquette beige, crème, grège, tables en travertin, pièces sculpturales, matériaux naturels. Une ambiance de design doux. » Des styles décoratifs qui ont chacun leurs fans, avec des figures tutélaires, disons Madeleine Castaing vs François Catroux et, si on ose, leur pendant contemporain Laura Gonzalez vs Festen.

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NÉO-SEVENTIES, NÉO-EIGHTIES, NÉO-COTTAGE, néo-baroque, néo-classique : la moquette offre un nouveau champ des possibles versatile. Dans les espaces publics aussi, elle a la cote. La preuve, parmi les réalisations récentes, le terminal 2G de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle signé Dorothée Meilichzon dans un registre néofuturiste chaleureux. Et pourtant pas à mille lieues de ce que les années 90 avaient entrepris de détester. Combien d’appartements habillés de moquette beige-brun du temps de sa splendeur giscardienne ont été dénudés pour libérer leurs parquets, tandis que leurs propriétaires se demandaient comment ils avaient pu vivre si longtemps sous le joug de ces sols étouffants ? Le parquet refaisait surface, on ne jurait plus que par lui, la moquette semblait honnie à jamais. Pour des raisons stylistiques autant que « sanitaires ». Qu’en est-il de celle que l’on accusait d’être un ramasse-poussière et un nid à acariens ? « Elle retient, en réalité, et les acariens et la poussière : un coup d'aspirateur et l'air de la pièce est sain. Alors qu’un parquet les laisse flotter dans l'air. Si l'on passe un balai ou l'aspirateur, les acariens et la poussière décollent, puis se redéposent sur le sol. » Convaincant, n’est-ce

pas ? Livrons notre source, juge et partie : la conseillère SaintMaclou chez qui nous nous apprêtons à acheter 15 m2 de moquette tuftée crème pour adoucir une chambre à coucher. Tuftée ? Se dit d'une moquette dont les fils de velours sont piqués à travers un support textile, puis ancrés sur l’envers du revêtement. Il peut y avoir du tufté-main ou machine, le prix varie en fonction. La moquette peut aussi être tissée sur un métier à tisser, comme un tapis. Le velours et le dossier de la moquette (son envers) sont donc fabriqués simultanément. Différentes méthodes permettent de créer des effets de structures et de motifs. La richesse et la variété de ces techniques sont le cœur de métier de Codimat, entreprise créée en 1953, dirigée par Pascal Pouliquen (1) (les moquettes Madeleine Castaing, ce sont eux, tout comme les motifs sixties David Hicks). Il est intarissable sur l’objet de son métier : « Tout est possible avec la moquette, des réalisations d’artisanat d’art les plus exceptionnelles comme le château de Rambouillet, l’Hôtel de la Marine, le Jockey Club, et les collaborations sur des projets privés avec les jeunes architectes les plus bouillonnants du moment, qui font appel à nous plus que jamais. Notre clientèle est beaucoup plus jeune qu’il y a quelques années. » Pascal Pouliquen croit à la sensibilité aux matières et aux techniques d’exception mais il avance aussi une piste de réflexion : « Dans le contexte d’interrogation actuel, la décoration par le sol prend de l’importance pour une clientèle exigeante, elle apporte le confort et le réconfort dont nous avons plus que jamais besoin. » NOS BESOINS, MÊME INAVOUÉS, la décoratrice d’intérieur Estelle Quilici sait les lire mieux que personne. Autrice de La Décoration des émotions (2), elle lie nos envies de moquette à plusieurs facteurs : « Le besoin accru de faire de sa maison un cocon, un lieu de réconfort qui procure un bien-être sensoriel immédiat. Le fait que nous ayons été amenés à passer beaucoup de temps à la maison est une partie de l’explication. Nos enfants en sont une autre : qui dit moquette dit “neuf ” alors que le parquet fait “ancien”. Or, les enfants adorent le neuf ! » Nos intérieurs ont également été reconfigurés du fait du télétravail : « La chambre est désormais une pièce majeure, or pour la sanctuariser, quoi de mieux qu’un matériau qui la différencie ? Et qui permet de s’exprimer. » La moquette, comme les tapis d’ailleurs, permettent également, avance Estelle Quilici, « une meilleure répartition et identification des espaces, cruciale pour notre santé émotionnelle, surtout lorsque l’on passe tant de temps chez soi. » Par ailleurs, elle est porteuse symboliquement d’une émotion forte : la nostalgie, et la joie paradoxale que celle-ci procure. « La nostalgie, ça peut être très gai quand elle porte en elle une part de créativité. » Mais alors, que penser d’une moquette crème dans un salon, comme on la voit fleurir sur Instagram ? N’est-elle pas excluante car réservée à un cercle familial restreint duquel on peut exiger qu’il se déchausse ? « Notre maison est notre peau, une extension de nous-mêmes, alors un pied étranger déchaussé, c’est une intrusion qui nous conduit à réviser nos pratiques sociales, admet Estelle Quilici. On est sans doute un peu dans l'idée d’inviter moins de monde, ou que des proches. » La moquette partout, ou l’affirmation de notre besoin d’intimité ? 1. Pascal Pouliquen n’est pas apparenté à notre directrice de la rédaction. 2. Éd. Flammarion.

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PRINCESSE AUX PETITS POIS Artiste acclamée partout dans le monde, la Japonaise Yayoi Kusama vient de fêter ses nonante-quatre ans. Ses œuvres avant-gardistes parsemées de petits pois font l’objet d’une nouvelle proposition de Louis Vuitton. Portrait. Par Elspeth Jenkins

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la boutique Louis Vuitton de New York, un robot Kusama, avec son bob rouge signature et son casque citrouille, peint inlassablement des pois sur la vitrine. Au- dessus du magasin des Champs-Élysées à Paris se dresse une gigantesque effigie de la célèbre artiste pop art. Des campagnes publicitaires reconnaissables à leurs pois colorés sont visibles dans les rues du monde entier. Alors que la machine marketing visant à promouvoir le deuxième volet de la collection (que vous pourrez découvrir plus loin dans ce magazine) n’est pas encore totalement lancée, la collaboration entre la maison de couture française et l’artiste japonaise est déjà au centre de toutes les conversations. Kusama et Louis Vuitton n’en sont pas à leur première collaboration. On se souvient d’un premier opus, en 2012, lorsque Marc Jacobs était encore directeur de la création. Nicolas Ghesquière, son successeur, s’avère tout aussi fan des pois colorés de Kusama. Pour Vuitton, ce rapprochement est une occasion unique de faire étalage de son savoir-faire. Pour cette capsule qui comprend non seulement des accessoires, mais aussi des pièces de prêt-à-porter, des chaussures et même un parfum, une technique de sérigraphie innovante permet de reproduire les coups de pinceau de Kusama sur les sacs. D’un réalisme saisissant, les hémisphères métalliques de différentes tailles, clins d’œil aux boules à facettes de Kusama présentées à la Biennale de Venise, s’affichent en 3D. La première partie de la collection se concentre sur les pois, la seconde sur son lien avec la nature, notamment avec ••• la citrouille et les fleurs psychédéliques.


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1. L’installation The Ascension of Polka Dots à Aix-EnProvence, France, en 2013. 2. En 2012, le Whitney Museum of American Art a présenté une rétrospective de l’œuvre de Kusama. 3. L’exposition All The Eternal Love I Have for the Pumpkins à la Miro Gallery de Londres en 2016. 4. Portrait de

YAYOI KUSAMA, 2022 COPYRIGHT OF YAYOI KUSAMA – PHOTO BY YUSUKE MIYAZAKI.

Yayoi Kusama pour Vuitton. 5. L’un des Kusama’s Body

Festivals à New York en 1967. 6. L’exposition I Who Have Arrived In Heaven à la David Zwirner Art Gallery à New York en 2013.

Portrait de Yayoi Kusama pour Vuitton.


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2 1. La citrouille jaune de Kusama sur l’île de Naoshima au Japon. 2. L’un des Kusama’s Body Festivals à New York en 1967. 3. Une figure de cire de l’artiste pour la présentation de la collection Louis Vuitton et Yayoi Kusama

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UNE FEMME DE LÉGENDE

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Mais qui est Yayoi Kusama ? La créatrice de créations colorées, hypnotiques et presque psychédéliques. La Japonaise est considérée comme l’une des artistes féminines vivantes les plus emblématiques de notre époque. Elle est surtout connue du grand public pour ses pois, un élément qui symbolise à la fois son envie d’égayer le monde, mais aussi de représenter la liberté ; une liberté qu’elle a, elle-même, expérimentée lorsqu’elle déménagea, très jeune, de Matsumoto, au Japon, à New York. Inspirée par l’impressionnisme abstrait américain, elle s’est, dès les années 60, fait une place sur la scène avant-gardiste, tant aux États-Unis que dans le reste du monde. À l’époque, boostée par la popularité du mouvement pop art autour d’Andy Warhol, un contemporain et ami de Yayoi, New York explose. Captivée par la contre-culture hip-

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pie, Yayoi Kusama décide d’y organiser une série de happenings. Des participants nus étaient recouverts de pois aux couleurs vives. Plus tard, elle a lancé une marque de mode, un magazine et s’est distinguée dans l’art vidéo et la poésie. « Toutes les formes d’expression sont importantes. Aucune ne dépasse l’autre », dit-elle. « Dans les années 1960, l’art et la mode étaient des genres complètement différents, mais je n’ai jamais fait de distinction entre les deux. Comme l’art, la mode peut apporter inspiration et joie. Cela nous aide à lutter avec audace contre les difficultés de la vie. » Dans les années 1970, le calme s’est installé autour de l’artiste, période au cours de laquelle elle a choisi de se faire hospitaliser dans un centre psychiatrique de Tokyo. Elle y vit toujours, et quitte encore l’institution presque tous les jours pour travailler dans son atelier. Kusama est connue pour sa manière très libre d’aborder le sujet de la

GETTYIMAGES.

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à New York en 2012. 4. La façade du magasin Louis Vuitton à Paris en 2023 avec un robot Kusama. 5. L’exposition I Who Have Arrived In Heaven à la David Zwirner Art Gallery à New York en 2013.


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6. L’exposition All The Eternal Love I Have for the Pumpkins à la Miro Gallery de Londres en 2016. 7. En 2012, le Whitney Museum of American Art a présenté une rétrospective de l’œuvre de Kusama. 8. L’installation The Ascension of Polka Dots à Aix-En-Provence, France, en 2013. 9. Le Narcissus Garden de Kusama à Chatsworth, Royaume-Uni en 2009.

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“ Tout ce que j’ai créé jusqu’à présent vient de mon âme. Je travaille actuellement sur une nouvelle série intitulée EVERY DAY I PRAY FOR LOVE. ”

santé mentale. Elle décrit l’art comme un moyen d’exprimer et de guérir ses problèmes psychiques. Surmontant diverses obsessions, elle a développé, à travers la répétition et la multiplication obsessionnelles de motifs uniques, une philosophie artistique centrée sur l’autodestruction. JEUX DE MIROIRS

Les œuvres les plus célèbres de l’artiste sont, sans nul doute, les Infinity Mirrored Rooms. Reflets de sa vision de l’infini, ces pièces sont remplies de sphères réfléchissantes suspendues au plafond et posées au sol. Une colonne en miroir placée dans l’espace invite les visiteurs à scruter un champ infini de sphères argentées. Initié en 1965 avec une première salle, le projet s’est ensuite articulé autour de plus de vingt autres, créées sur plusieurs décennies. Ses salles miroirs sont

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si populaires auprès des chasseurs de selfies qu’elles ont obligé des musées tels que le Voorlinden à La Haye et la Tate Modern à Londres à prendre des mesures. La visite est désormais limitée à une minute. L’artiste a aussi un faible pour les citrouilles. Elle aime la forme, la couleur et la douceur de ce légume qui lui rappelle son enfance à la campagne. Si l’œuvre originale a été récemment emportée par un typhon et donc remplacée, on peut découvrir sa grande citrouille jaune sur l’île d’art de Naoshima. Plusieurs musées ont également une copie dans leur collection. Malgré son grand âge, l’artiste ne pense pas s’arrêter de travailler : « Je me suis battue pour créer une histoire tournée vers le futur tout en conservant une attitude résolument avant-gardiste. Quand je crée, j’y mets tout mon cœur et toute mon âme. Je ne peux pas imaginer une vie autre que celle d’artiste. »


86 MODE HISTOIRE(S) DE MODE SHOOTING Hyper pop

ACCESSOIRES Les désirables JOYAUX Bling rings


STYLE

104 BEAUTÉ

118 LIFESTYLE

NOUVEAUTÉS, CONSEILS, CONFIDENCES

DÉCOUVERTES ET SENSATIONS

PRIX D’EXCELLENCE And the winners are... BANC D’ESSAI Le sérum visage

ROUTINE BEAUTÉ Emrata au rapport

CÔTE OUEST Nos adresses à Los Angeles FOOD Les crêpes coréennes

INTERVIEW Marie Gillain au naturel


Hyper pop attitude Avant-gardiste inspirante, la Japonaise Yayoi Kusama s’associe à nouveau à Louis Vuitton pour une collection peps et pop. On l’a accompagnée dans cette aventure. Photos Michaël Smits Réalisation et stylisme Jan A.R. Bries


Haut en coton. Sac Alma B en cuir Epi. Le tout Louis Vuitton x

Yayoi Kusama.

Àgauche. Sac à main

Neverfull M en toile Monogram. Pochette Neverfull MM en toile Monogram. Sac à main Neverfull MM en toile Monogram. Chaussons patchwork. Le tout

Louis Vuitton x Yayoi Kusama.


Bomber sans manches en cuir. Jean blanc. Le tout Louis Vuitton x Yayoi Kusama.

À droite. Robe zippée sans manches en coton, Louis Vuitton x

Yayoi Kusama.



Robe zippée sans manches en coton,

Louis Vuitton x Yayoi Kusama.


Veste, top et pantalon en denim patchwork. Sac Onthego MM en toile Monogram. Le tout Louis Vuitton x

Yayoi Kusama.

Coiffure et maquillage Sharon De Winter pour Dior Beauté. Mannequin Anaïs Garnier @Dominique Models. Assistant photo Heavens Okwuego.


FESTIVAL D’ACCESSOIRES Jaunes, roses, bleus ou bruns naturels, voici hauts en couleurs les plus beaux sacs et chaussures de la saison. Photos Burp Photograpy Réalisation et stylisme Sophie Pillen

De gauche à droite et de haut en bas. Sandale

plateforme Natalia en lamé métallique avec nœud Loeffler Randall chez Princess. Sandales en cuir à semelle plateforme Dries Van Noten, via Mytheresa. Sac Nord-Sud (format mini), avec bandoulière amovible en cuir Le Tanneur. Écharpe à motif abstrait en coton bio Psophia. Sac Peekaboo cut medium, en cuir de crocodile avec bandoulière en métal Fendi. Sac Bow Mini, en cuir avec nœud en métal Self-Portrait, chez Princess. Escarpin slingback avec nœud en cuir Gucci, via Mytheresa. Pendentif avec fleur en cuir et polyuréthane Loewe.




De haut en bas. Sac Pin

Mini Bucket, en cuir de veau Delvaux. Sac à main Penelope Micro, en cuir Wandler chez Renaissance. Sac Musubi, en cuir Acne Studios, sur Mytheresa. Sac Moon, en cuir nappa Prada. Sandale en satin The Attico, chez Renaissance. Foulard en soie Charlotte Beaude. À gauche. De haut en bas. Bottine Dorothy, en cuir nappa Aeyde, chez

Graanmarkt 13. Sandale en cuir avec nœud en strass Kurt Geiger. Sac à main en toile avec détails en cuir Burberry, sur Mytheresa. Sac à bandoulière en cuir avec bandoulière amovible en métal Stand Studio. Sac à main en daim matelassé Attic and Barn. Pochette en cuir Clio Goldbrenner. Lunettes de soleil en acétate Calvin Klein. Mocassin en cuir à clous Sebago.



De haut en bas. Pochette XL avec plumes en cuir Natan. Sneaker Gina, en cuir nappa et toile Hermès. Sac Slash Bag,

en cuir avec chaîne en métal Alexander McQueen. Cabas Museo Mini, en cuir saffiano effet métallisé Marni, sur

Mytheresa. Pochette Lexi, en cuir tressé O My Bag. Pochette XL Darling en cuir Octogony.

À Gauche. De haut en bas. Sandale bloc en cuir

avec semelle en bois Morobé. Sac Paseo small en cuir de veau

Loewe. Sac à main en cuir garni de duvet Christian Wijnants. Sac Japanese Bag en cuir MM6 Margiela.



De haut en bas. Pochette

en cuir de veau et polyester The Attico, chez Renaissance. Sac Le Bambimou, en cuir Jacquemus. Sac Lady 95.22, en cuir d’agneau avec motif Cannage Dior. Sac à main en cuir d’agneau argenté Chanel. Sac Coussin PM, en cuir d’agneau Louis Vuitton. Sac Double C Mini, en cuir de veau Cartier. À gauche. De haut en bas. Pochette Ikon, en cuir de veau Kaai. Sac en coton enduit Kassl Editions, chez

Graanmarkt 13. Sac en cuir avec nœud et bandoulière en métal Pinko. Sac Kety en cuir Aspassia Tagliente.

Sabots en cuir avec clous Aeyde, chez Graanmarkt 13. Sandale Bellshore en similicuir Steve Madden. Sac à paillettes en polyamide recyclé Essentiel Antwerp.

Avec nos remerciements à l’Académie de Berchem.


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STYLE

MODE D’EMPLOI

BIJOUX & MONTRES NEWS

Réalisation Elspeth Jenkins

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WATCH IT

Ces nouvelles montres de luxe ont pour ambition d’accélérer votre rythme cardiaque. 1. La Mademoiselle Privé Pique-Aiguilles s’inspire de la

pelote à épingles qu’on utilise dans les ateliers de couture. Elle existe en 5 versions différentes, dont ce motif perlé. Prix sur demande, Chanel. 2. Grâce à ce De Ville Trésor, vous pourrez enfin mesurer avec précision le temps passé sur votre smartphone. 25.200 €, OMEGA. 3. L’esprit aventurier de la Longines Pilot Majetek vous emmènera vers de nouveaux sommets. 4100 €, Longines. 4. Pour la première fois, la montre Cartier Privé est disponible avec un bracelet en or jaune ou en platine. Prix sur demande, Cartier.

POUR TOUJOURS

Recarlo conçoit de beaux bijoux qu’on se transmet comme un symbole d’amour éternel. Les collections de diamants naturels et d’or blanc ressemblent à des rêves éveillés ou aux souvenirs durables des moments les plus importants de la vie : fiançailles, mariage, naissance... Chez Recarlo, on peut parler de luxe intemporel. Pas seulement symboliquement, car la marque n’utilise que des diamants naturels provenant de pays qui adhèrent au Kimberley Process, le programme mondial d’autorégulation de l’industrie de la joaillerie pour davantage de transparence dans l’industrie du diamant. recarlo.com

dinhvan.com

PRESSE.

EN COULEUR

Lancée en 1976, la collection Menottes de Dinh Van est devenue une icône de la maison. Rien d’étonnant : contrairement à toutes les règles classiques en vigueur dans le secteur de la joaillerie, les menottes se sont vues accorder une place centrale dans la ligne ; de quoi asseoir le caractère outsider de la collection. Disponible dans de nombreuses variations, la ligne Menottes est désormais complétée par six colliers exclusifs rehaussés de pierres.


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1. Bracelet de la collection

‘Luna in Fiore’.

2. Campagne de la collection

‘Giardini Segreti’.

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des émotions, je dirais. Il s’agit de rendre l’amour, la lumière et la vie tangibles. Un moment d’énergie puissante que vous souhaitez inviter dans la vie des gens. Lorsque je travaille sur une collection, je peux presque sentir l’étreinte de Zéphyr. D’autres fois, je vois la beauté de Vénus devant moi. Je médite avec Lakshmi ou j’imagine la joie du soleil... Je me sens aussi libre qu’un papillon et complètement absorbée par mes pensées. Ma perception de la créativité, c’est ça. » La féminité et la liberté sont au cœur de la collection. Ce sont également des valeurs fondamentales pour Marie Claire. Que signifie pour vous être une femme en 2023?

5 QUESTIONS À

EUGENIA BRUNI

LES BIJOUX FLAMBOYANTS DE PASQUALE BRUNI SONT UN HOMMAGE À LA FEMME. NOUS EN AVONS PARLÉ AVEC LA CRÉATRICE DE LA MAISON.

Eugenia Bruni

Pourquoi avez-vous choisi les bijoux comme moyen d’expression ?

PRESSE.

« Je suis née dans un monde de pierres précieuses et d’or. Dès mon plus jeune âge, j’étais passionnée par le dessin. Très jeune, j’ai passé beaucoup de temps dans les ateliers d’orfèvrerie de mon père. Ils étaient situés à Valenza, ma ville natale ; un lieu reconnu dans le monde entier comme la capitale de la création et de la fabrication des pièces de haute joaillerie. Dans ces studios, j’ai observé attentivement ce que papa faisait. À son contact, j’ai pu développer mon talent créatif, mon regard artistique et ma passion pour les bijoux. Je jouais avec les colliers, et je fabriquais des ornements pour le corps et les cheveux. Je me sentais libre d’expérimenter et de créer sans aucune limite. Dans ce contexte si particulier, ma créativité et ma féminité se sont rapidement révélées. Notre entreprise a été fondée par mon père et appartient à ma famille depuis plus de cinquante ans maintenant. Les bijoux, c’est ma vie. » Lorsque vous créez une nouvelle collection, comme Luna in Fiore, de quoi vous inspirez-vous ?

« L’idée d’un bijou naît d’un sentiment, d’une recherche… C’est une forme de magie souvent inexplicable. Le mystère

« C’est embrasser qui nous sommes : notre vulnérabilité, notre douceur et notre force. Ne pas transiger sur notre authenticité. Lorsque nous l’exprimons pleinement, plus rien ne peut nous barrer la route. Être une femme, c’est beau. Nous devrions honorer notre féminité chaque jour de notre vie. Nous sommes la force de la nature, unique, belle et pourtant complexe ! » Quelle évolution avez-vous pu constater dans le registre de la joaillerie ces dernières années ?

« Les bijoux sont pour moi une histoire d’amour. Ils font partie de mon quotidien. Je porte des bijoux tout le temps. Ils me permettent d’exprimer ma personnalité et mes sentiments. Lorsque je crée, j’imagine des femmes qui vivent leur vie en portant des bijoux polyvalents ; des bijoux qui transforment leur look et les font se sentir en sécurité, à l’aise et belles à chaque instant de leur vie. Je ressens et j’aime les émotions qui surgissent lorsque je porte un bijou. L’intimité avec le corps. La vérité de l’âme. Les bijoux ne sont pas seulement quelque chose qui traduit notre personnalité, mais plutôt quelque chose qui va plus loin. Les bijoux sont vecteurs de magie. » Comment envisagez-vous l’avenir de Pasquale Bruni ?

« En tant qu’entreprise, notre objectif est de devenir encore plus éthique et responsable. Offrir quelque chose qui est durable, qui est magnifiquement réalisé, qui se transmet comme un trésor au sein des familles. En tant que personne, je veux vivre dans le présent, avec intégrité en laissant s’exprimer ma créativité. Je veux travailler de manière passionnée ici et maintenant. » pasqualebruni.com


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MODE D’EMPLOI

HAUTE JOAILLERIE

NEWS

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Voici, juste pour le plaisir des yeux, les plus incroyables créations de haute joaillerie dévoilées lors de semaine de la couture parisienne. Par Timon Van Mechelen

DES GEMMES D’EXCEPTION

Les collections de haute joaillerie sont l’occasion rêvée pour les grandes maisons de couture et de joaillerie d’imaginer des créations exceptionnelles. Pour sa collection Bird on a Peal, Tiffany & Co. a misé sur des perles d’eau douce rares de la région du Golfe, provenant de la collection privée de Hussein Al Fardan. Chez Chopard, les parures mixent diamants, saphirs, rubis et tourmalines Paraiba. Pour sa collection Red Carpet dédiée aux actrices qui foulent les tapis rouges du Festival de Cannes depuis 2007, la maison suisse se concentre sur des pierres uniques de grande beauté. Chez Messika, on admire Akh-Ba-Ka, une constellation qui comprend un collier (voir photo) composé de pas moins de 2550 diamants exceptionnels, dont une pierre unique de 33 carats. 1. Boucles d’oreilles Platine, or jaune 18 carats avec perles d’eau douce, collection Bird on a Pearl, Tiffany & Co. 2. Collier Diamant, Akh-Ba-Ka, Messika. 3. Bracelet en or gris éthique 18 carats et titane serti de saphirs, rubellites, diamants, améthystes, tanzanites, émeraudes et rubis, collection Red Carpet, Chopard. 2 1

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FIGURES DE STYLE

Pour la collection Like a Queen de Boucheron, Claire Choisne s’est inspirée d’une broche en aigue-marine qu’Elizabeth II portait sur sa dernière photo officielle. « J’ai voulu que cette collection reflète l’élégance des bijoux Art déco mais adaptée à l’époque actuelle. De cette façon, tant les hommes et les femmes peuvent porter les dix-huit variations. » Chez Louis Vuitton, Francesca Amfitheatrof présente un nouveau chapitre de la collection Spirit, clin d’œil à l’esprit brillant, libre et audacieux du fondateur de la maison. 1. Tour de cou Lemon Slice en diamants et cuir, collection Like a Queen, Boucheron. 2. Médaillon Liberty en or blanc, émeraude et diamants, collection Spirit Chapter II, Louis Vuitton.

NATURE SUBLIMÉE

Les quatre saisons pour De Beers, le troisième opus de la collection Beautés du Monde pour Cartier, la rose sous toutes ses coutures pour Dior : la nature reste la muse préférée des joailliers, qui la célèbrent au travers de pièces en or et pierres précieuses. 1. Collier Prélude en ors blanc, jaune et rose et diamants blancs, jaunes et bruns, collection Metamorphosis, De Beers. 2. Collier Panthère

exotique en platine, émeraudes, diamants, cornaline et onyx, collection Beauté du Monde, Cartier. 3. Boucles d’oreilles en or blanc, diamants, tourmalines et tsavorites, collection Dearest Dior, Dior Joaillerie. 4. Broche fleur saphir en or blanc, émeraude, saphir, diamants blancs et jaunes et diamants jaunes, collection White Label, Cindy Chao. (*) Tous les prix sont sur demande.

PRESSE. CHRISTOPHE BOUSQUET. MAXIME GOVET.

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LE 501

RADIOGRAPHIE Emblématique de Levi’s, le 501 souffle ses 150 bougies. Pour mieux comprendre comment ce mythe est né, nous avons plongé dans l’histoire du jean le plus connu au monde. Par Timon Van Mechelen En 1873, Levi Strauss, migrant juif allemand a déposé une demande de brevet pour un modèle de pantalon clouté. Il n’aurait jamais pu imaginer que ce vêtement allait constituer les fondements d’une entreprise forte de plusieurs milliards de dollars. Son pantalon de travail à cinq poches n’avait pas encore de nom, mais très vite, il est devenu l’uniforme non officiel de la classe ouvrière américaine et des cowboys, fans de ce tissu « tout-terrain » ultra robuste. Au fur et à mesure que le pantalon gagnait en popularité et que la gamme de modèles s’étoffait, il a acquis son propre système de numérotation ; le même que celui qui est utilisé aujourd’hui. Le tout premier - le bleu à rivets - portait le numéro 501.

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CHOUCHOU D’HOLLYWOOD

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1. Le nouveau jean 501 ‘81. 2.

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Marilyn Monroe avec le 501. 3. Levi’s x Stüssy 2023. 4. Une campagne issue des archives de Levi’s. 4

Si, à l’origine, le 501 était bel et bien un pantalon de travail, il n’a pas fallu longtemps pour qu’il descende dans la rue. En 1953, en l’espace d’un seul long-métrage, l’acteur Marlon Brando a assis sa popularité. Dans L’Équipée sauvage, il l’a associé à un T-shirt blanc : un mythe était né. Dès ce moment, le 501 est devenu un symbole de jeunesse et de rébellion. Les ventes du pantalon ont explosées et certaines écoles, qui le considéraient comme « dangereux », l’ont purement et simplement interdit. Juste de quoi confirmer son statut d’icône. D’autres stars américaines telles que l’acteur James Dean, l’écrivain Jack Kerouac et le peintre Jackson Pollock ont à leur tour rejoint la liste des inconditionnels du 501. Et lorsque Marilyn Monroe l’a porté dans le blockbuster La Rivière sans retour, les femmes du monde entier l’ont également adopté.

PRESSE.

ÉDITION 2023

Pour fêter l’anniversaire du 501, Levi’s lance une campagne mondiale ainsi qu’une série de collaborations avec un designer ou un artiste, invités à réinterpréter le jean. La marque japonaise Ambush qui mixe esthétique punk et codes du luxe, et Stüssy, pionnier du streetwear, ont ouvert le bal. Dans le même temps, Levi’s édite également plusieurs nouvelles coupes et finitions de son jean, dont une version inspirée du premier modèle féminin sorti en 1981, ainsi qu’un Red Tab spécial avec le numéro 150 inscrit sur l’étiquette arrière.


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STYLE

BEAUTÉ

Les Prix d’Excellence de la Beauté Marie Claire 2023 Une actualité cosmétique riche, des lancements nombreux et des choix parfois difficiles. Cette année encore, pour cette 37e édition, le jury des Prix d’Excellence de la Beauté Marie Claire a testé des dizaines de nouveautés, puis débattu pour ne retenir que les plus innovantes. Seize journalistes belges et étrangères ont ainsi élu six prix internationaux et deux prix Belgique. Soins visage en poudre, créations belle peau pour le corps, lignes pour le cuir chevelu et les cheveux colorés, sérum très puissant, marque clean: voici le meilleur de 2022. Par Aurélie Lambillon et Kim De Craene Photos Zoé Kovacs Stylisme Agathe Gire


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Prix internationaux Prix spécial du jury N° 1 de Chanel Une ligne complète qui combine soins, maquillage et eau parfumée avec un actif star inédit en fil conducteur : le camélia rouge, reconnu pour aider à retarder la dégradation et le vieillissement des cellules. Les formules sont clean, les packagings écoconçus, les pots et flacons allégés. LES MOTS DU JURY

PRESSE.

« Chaque étape est un délice pour les sens », Simone Chen, Marie Claire Chine. « Une ligne écolo, luxueuse et efficace qui marque des points », Sally Hunwick, Marie Claire Australie. « Une vision holistique de la beauté inspirée de la philosophie de Gabrielle Chanel », Sarah Rasheed, Marie Claire Arabie. « La ligne qui fait rêver. Mention spéciale pour le fabuleux sérum-enbrume corps ! », Fabienne ••• Lagoarde, Biba.

Robe et sac Chanel.


Abeille Royale Huileen-Sérum Jeunesse Cuir Chevelu & Cheveux de Guerlain La beauté des cheveux passe par la santé du cuir chevelu. Voilà la philosophie de ce rituel qui utilise le miel de l’abeille noire d’Ouessant pour revitaliser le scalp et ainsi augmenter la résistance de la fibre capillaire. La texture est légère et non grasse, la composition à 97 % naturelle. LES MOTS DU JURY

« Le traitement de luxe pour une chevelure de rêve ! », Cristina Torlaschi, Marie Claire Italie. « De l’importance du cuir chevelu pour la jeunesse des cheveux », Simone Chen, Marie Claire Chine. « Son doux parfum de miel me transporte aussitôt dans le plus luxueux des spas », Kim Hyun-min, Marie Claire Corée. « Merci aux abeilles bretonnes pour ce nectar capillaire miraculeux », Aurélie Sogny, marieclaire.fr

Chroma Absolu de Kérastase Une gamme complète pour protéger les cheveux colorés. Son action ? Combattre leurs trois ennemis (eau, UV, coiffage) avec des formules pointues (acides aminés, tartriques, lactiques réparateurs et Centella asiatica apaisante et antioxydante) qui préservent et restaurent la fibre capillaire. LES MOTS DU JURY

« Chroma Absolu marche sur tous les types de cheveux », Kim De Craene, Marie Claire Belgique. « Bye-bye frisottis et couleur terne malgré les colos à répétition », Gertrude Guesdon, Avantages. « La gamme qui change la vie des cheveux colorés », Lisa Oxenham, Marie Claire Royaume-Uni. « Une couleur prolongée et des cheveux plus soyeux », Paola Santos Deodoro, Marie Claire Brésil.

Robe Anna October. Aux index, bagues Pascale Monvoisin. À l’annulaire de la main gauche et au majeur de la main droite, bagues Marc Deloche. À l’annulaire de la main droite, bague Céline Daoust.

Barrettes Celine par Hedi Slimane.


BEAUTÉ

STYLE

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T.L.C. Lait Corporel Glycolique de Drunk Elephant Une création pour le corps inspirée des soins visage les plus exigeants. D’un côté, des AHA exfolient en douceur et adoucissent les zones rugueuses. De l’autre, un cocktail d’agents hydratants (beurres et huiles végétales, minéraux) soulage durablement les peaux les plus sèches. LES MOTS DU JURY

« Magique pour retrouver une peau lisse et sans aspérités sur tout le corps », Sophie Michard, Version Femina. « Une marque ultra-désirable qui a créé mon hit de l’année », Esta Plakokefalou, Marie Claire Grèce. « Dites adieu à la peau de croco ! », Sarah Rasheed, Marie Claire Arabie. « Le soin multifonction par excellence. Que demander de plus ? », Deena Campbell, ••• Marie Claire États-Unis.

Prix de la formulation Masque Exfoliant Enzymatique de Sisley Un « soft peeling » bluffant et un nouveau geste dans le creux de la main. On y dépose cette poudre fine que l’on mélange avec un peu d’eau. On applique la préparation crémeuse sur le visage. En soixante secondes, son ingrédient clé, la papaïne, uniformise et éclaire le teint. LES MOTS DU JURY

PRESSE.

« Le nouveau héros du segment des masques », Cristina Torlaschi, Marie Claire Italie. « Il fait en une minute ce que les autres font en quinze : unique ! », Magdalena Fraj, Marie Claire Espagne. « Le “ game changer ” de l’exfoliation », Kim Hyun-min, Marie Claire Corée. « Un résultat incroyable sur le grain de peau et l’éclat ! », Béatrice Thivend-Grignola, Gala.

Bague Pascale Monvoisin. Stickers ongles Ivine.

Haut de maillot de bain Hermès.


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BEAUTÉ

Rénergie H.C.F. Triple Sérum de Lancôme Lancôme réunit trois actifs régénérants, complémentaires mais auparavant inconciliables, dans un même produit. Ici, acide hyaluronique capteur d’eau, vitamine C et niacinamide antitaches et acide férulique antioxydant sont conservés séparément dans un packaging à trois embouts. Une innovation technologique surpuissante. LES MOTS DU JURY

« Une expérience douce et pleine d’attentions pour la peau », Simone Chen, Marie Claire Chine. « La texture fondante est un pur bonheur », Fabienne Lagoarde, Biba. « Une solution non irritante pour des résultats multiples », Lisa Oxenham, Marie Claire Royaume-Uni. « Un must-have de la garderobe cutanée », Sarah Rasheed, Marie Claire Arabie.

Top Louis Vuitton.

PRESSE.

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Prix belges

Rouges à lèvres rechargeables de Dries Van Noten Le créateur de mode belge a fait ses débuts dans le monde de la beauté en 2022 avec une ligne de maquillage et des parfums gender-fluid. Les produits sont créatifs, éclectiques, intemporels, non genrés, éthiques et surprenants. Les trente teintes de rouges à lèvres sont déclinées en trois finitions – satiné, mat et diaphane – et un baume transparent, présentés dans quatre étuis rechargeables. L’AVIS DU JURY

« Les produi ts de beau té les plus esthétiques de l’année », Timon Van Mechelen, Marie Claire België & Belgique. « Les looks des défilés de Dries Van Noten nous ont toujours fait rêver. Sa passion pour la couleur se reflète désormais dans cette sublime collection de rouges à lèvres. Les étuis, conçus comme de petites pochettes à bijoux, sont réutilisables, cela en fait des produits durables », Isabelle Willot, Le Vif Weekend & Knack Weekend. « Ces produits de beauté n’étaient pas annoncés. Leur découverte est une très belle surprise ! » Kim De Craene, Marie Claire België ••• & Belgique.

Robe Loewe.


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BEAUTÉ

Multi-Intensive Jour de Clarins Clarins a toujours abordé la ménopause sans tabou. La marque a étudié les méfaits sur la peau des modifications hormonales et développé des soins professionnels pour les atténuer. Dans cette crème de jour, Clarins associe pour la première fois un nouvel extrait d’ajonc bio contre le relâchement cutané à un puissant extrait de type rétinol issu de l’harungana bio pour une peau plus rebondie, revitalisée et régénérée. L’AVIS DU JURY

« Une crème de jour pour les peaux matures (50 ans et plus) qui répond aux effets des changements hormonaux : la peau retrouve une certaine fermeté et compacité, le teint est plus uniforme et plus lumineux. Avec, en bonus, une textu re c rè m e fo n dan te q ui apporte du confort sans laisser de film gras », Sofie Albrecht, Feeling & Gael. « Outre les actifs efficaces comme le dattier du désert bio et l’harungana bio, j’apprécie la texture fondante et le parfum délicatement fleuri de ce soin », Belen Ucros, So Soir. « La texture crémeuse offre du confort, les ingrédients tenseurs améliorent efficacement la fermeté de la peau et le parfum est agréable », MarieNoëlle Vekemans, ELLE Belgique & België. Assistante stylisme Manon Baltazard. Mannequin Elsa Gelhard/Viva Model Management. Casting Arthur Méjean. Coiffure Tomoko Ohama/Wise & Talented. Maquillage Amelie Moutia, assistée de Gabriel. Manucure Julie Areslanian.

Chemise Figaret, débardeur Petit Bateau. Lunettes de soleil Prada.

PRESSE.

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Les autres finalistes belges

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1. Dior Prestige La Crème de Dior. 2. 25 % AHA + 2 % BHA Exfoliant Peeling de Paula’s Choice.

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3. Premier Cru La Crème Riche de

5. Crème fraîche de beauté 3-en-1 de

7. Ligne make-up de Rain Pharma.

4. Crème de jour

6. Baume de Teint

8. Booster naturel à l’acide hyaluronique de Rituals

Caudalie.

Nuxe.

anti-âge tous types de peaux de Xantho.

Hermès Plein Air de Hermès.

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9. Mascara MACStack de M.A.C Cosmetics.

10. Smooth Infusion Shampoing antifrisottis d’Aveda.

EVA THURMAN. THOMAS SWEERTVAEGHER. FRANK BAHNMULLER. MOHAMED HOUSSEIN. PRESSE.

Le jury belge

Kim De Craene

Marie Claire Belgique & België, présidente du jury

Timon Van Mechelen

Marie Claire Belgique & België

Sofie Albrecht

Gael & Feeling

Isabelle Willot

Le Vif Weekend & Knack Weekend

Marie-Noëlle Vekemans,

ELLE Belgique & België

Belen Ucros

So Soir

Le jury international

Aurélie Lambillon

Marie Claire France, présidente du jury

Kim Hyun-min

Marie Claire Corée

Simone Chen

Marie Claire Chine

Magdalena Fraj

Marie Claire Espagne

Deena Campbell

Marie Claire États-Unis

Marie Claire Belgique

Kim De Craene

Paola Santos Deodoro

Marie Claire Brésil

Marie Claire Arabie

Sally Hunwick

Esta Plakokefalou

Cristina Torlaschi

Lisa Oxenham

Marie Claire Australie

Marie Claire Grèce

Marie Claire Italie

Sarah Rasheed

Marie Claire Royaume-Uni


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STYLE

BEAUTÉ

LE SÉRUM TESTÉ ET (AP)PROUVÉ

Même si vous avez une routine de soins minimale, l’ajout d’un sérum peut faire la différence. À condition d’en choisir un adapté aux besoins de votre peau. Par Kim De Craene

VITAMINE C10 PURE DE LA ROCHE-POSAY, 37,95 € les 30 ml.

SKIN FILLER SERUM DUO DE SHISEIDO, 263 € les 2 x 30 ml.

JOËLLE LEHRER, COORDINATRICE DE LA RÉDACTION FR

MARGO VERHASSELT, JOURNALISTE WEB

MARIE GEUKENS, ÉDITEUR FINALE NL

POURQUOI ? « Ce flacon riche en vitamines C produit le même effet que la kryptonite pour les peaux ternes. Le sérum combine le pouvoir de la vitamine C, de l’acide salicylique et des peptides pour former un exfoliant super puissant qui élimine les cellules mortes de la peau et la rend plus belle, plus douce et plus lumineuse. »

POURQUOI ? « La technologie MolecuShift permet à l’acide hyaluronique de nourrir la peau de l’intérieur et le fait remonter vers la surface. Résultat : vos rides sont moins profondes et la peau est élastique. »

★★★☆☆

POURQUOI ? « Ce révélateur de

jeunesse est une véritable découverte, établie dans les labos Dior, sur la manière de régénérer le potentiel de fermeté de la peau. S’appuyant sur des études et tests sérieux, il concilie l’apport du longoza de Madagascar, plante miraculeuse et précieuse cultivée sur cette île, à l’extrait d’iris de Toscane. Ce sérum contient également de l’acide hyaluronique pour un effet tenseur. » INCONVÉNIENTS ? « L’habitude de m’appliquer un sérum, avant la crème de jour et après le nettoyage du visage, je n’ai pas encore réussi à l’adopter sérieusement au quotidien. Cette fois, bien sûr, je me suis appliquée en n’omettant pas la surface du cou comme le précise le mode d’emploi. » APPROUVÉ ? « Le sérum possède le léger parfum agréable provenant des jardins Dior de Madagascar et de Toscane. Fluide et facile à appliquer, il convient à tous les types de peaux et est unisexe. Ce qui constitue une formidable nouveauté. Cependant, je n’ai pas, après quelques semaines d’utilisation, constaté un effet fort apparent sur ma peau. Peut-être mes attentes étaientelles trop grandes ? »

★★★★☆

INCONVÉNIENTS ? « Malgré le système de pipette, il est difficile d’extraire le produit du contenant. Son utilisation n’est donc pas très économique. » APPROUVÉ ? « Oui, totalement ! Il

y a quelques années, j’appliquais déjà un sérum à la vitamine C, qui donnait également de bons résultats, mais avec un coût nettement supérieur. J’ai d’ailleurs arrêté de l’utiliser pour cette raison. Dans ce cas précis, j’ai pu constater un vrai changement après trois semaines. Mon entourage aussi ! Ma peau est éclatante et uniforme. J’ai rarement reçu autant de compliments. »

★★★★☆

INCONVÉNIENTS ? « Bien sûr, il suffit d’accepter que notre peau vieillisse. Plus facile à dire qu’à faire, cependant. Ce sérum promet de me faire paraître cinq ans plus jeune après une seule journée. À en croire les infos publiées sur le site de la marque, 93 % des personnes interrogées trouvent que leur visage est repulpé, 91 % qu’il est plus élastique et 80 % remarquent que les rides plus profondes sont moins visibles. Et tout ça en vingt-quatre heures. » APPROUVÉ ? « Ce n’était pas mon cas, malheureusement. Ce que je ressens, c’est une hydratation douce et une sensation veloutée très agréable. Après un mois d’utilisation, aucune ride supplémentaire n’est apparue sur mon visage. Un bon point ! Comme la concentration en acide hyaluronique est très élevée, une petite dose suffit. »

HYALURON ACTIV B3 SÉRUM CONCENTRÉ REPULPANT D’AVÈNE, 45,80 € les 30 ml.

★★★★☆

SOPHIE BREVERS, ART DIRECTOR POURQUOI ? « Concentré en niacinamide et en acide hyaluronique (deux actifs boosters de longévité qui stimulent la régénération cellulaire), ce sérum anti-âge promet une peau plus ferme et repulpée. » INCONVÉNIENTS ?

« Honnêtement, je n’en vois pas. J’ai peut être tendance à en utiliser trop, par plaisir et non par nécessité, tellement sa texture est fine comme de l’eau. » APPROUVÉ ? « Oui ! Je suis bluffée par sa formule minimaliste (seulement huit ingrédients) et pourtant efficace. Rapport qualité/prix imbattable. Ultra facile et agréable à appliquer, il ne peluche pas et convient pour le contour de l’œil. C’est un vrai coup de frais le matin et le soir. Ma peau est toute rose, unifiée et reposée. »

PRESSE.

CAPTURE TOTALE LE SÉRUM DE DIOR, 115,50 € les 30 ml.


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LES FONDAMENTAUX DE

EMILY RATAJKOWSKI Autrice du best-seller My Body (1), star sur Instagram et égérie Kérastase, la mannequin américaine nous parle de ses besoins de jeune trentenaire en matière de protection solaire et de soin cheveux. Et encourage les femmes à faire taire leur “critique interne”… Par Aurélie Lambillon À QUELLE HEURE VOUS LEVEZVOUS LE MATIN ?

Entre 7 et 8 heures, au son des babillages de mon fils. Je le couche vers 19 heures et – c’est plutôt cool pour moi – il dort douze heures d’affilée. Depuis peu, il se réveille dans la nuit car il fait ses dents. SORTEZ-VOUS SANS MAQUILLAGE ?

Oui. Ce qui est difficile pour moi car je suis photographiée dès que je suis dans la rue. Mais j’essaie de me maquiller moins. Mon nouveau truc ? Je ne sors plus sans SPF. Le mien est parfait car il est teinté. SUIVEZ-VOUS UN RÉGIME PARTICULIER ?

Absolument pas. Quand je suis stressée, je mange naturellement moins. Et l’inverse quand je suis heureuse. Ma relation avec la nourriture est indissociable de mon niveau de bonheur.

COMMENT LA SOIGNEZ-VOUS ?

Je la nettoie soigneusement chaque soir et je l’hydrate comme une dingue. Et désormais, je la protège du soleil. QUE DISENT VOS CHEVEUX DE VOUS ?

QUELS SONT VOS RÉFLEXES DE BEAUTÉ ÉCOLOGIQUES ?

UNE FEMME QUI VOUS A INSPIRÉE EN GRANDISSANT ?

sur mes lèvres, mes joues et l’arête de mon nez.»

Major Sculpt Crème Contour & Powder Bronzer Duo de Patrick Ta, 69 €, sur makeupsens.com 2. «Je le détourne sur les lèvres, ainsi que mes grains

de beauté et taches de rousseur, pour les accentuer.»

PRESSE.

UNE OBSESSION ?

Les soins pour la peau. C’est sûrement lié au fait que j’ai 31 ans. Ça ne m’intéressait pas autant quand j’en avais 20 !

Le soir dans mon lit, en regardant TikTok ou en lisant un livre. Mais je sombre souvent très vite.

1. «J’utilise cette palette aux textures poudre et crème

Crayon à Sourcils Fin Brow Wiz d’Anastasia Beverly Hills, 31 €, sur sephora.fr 3. «Je l’applique trois fois par semaine sur les pointes

3

Je suis quelqu’un d’organisé et cela se traduit dans ma trousse à make-up. Elle contient dix produits sélectionnés pour leur efficacité et/ou leur polyvalence.

COMMENT VOUS DÉTENDEZVOUS ?

Ses 3 essentiels

2

LE GESTE QUI VOUS RESSEMBLE LE PLUS ?

J’en ai beaucoup mais ils sont fins et ont besoin d’un peu de texture. Je ne suis pas très bonne côté coiffage, je n’aime pas y passer du temps et je ne suis pas experte du coup de brosse. Je mise donc sur le soin pour ne pas avoir à trop m’en soucier.

J’essaie de choisir des formules

1

les plus vertes et des produits rechargeables, comme mes shampoings Kérastase.

humides pour les garder en bonne santé.»

L’Huile Originale Élixir Ultime de Kérastase, 50,40 € les 100 ml.

Ma mère a été un modèle très important. À l’adolescence, la lecture de Just Kids de Patti Smith (2) m’a aussi beaucoup marquée. Et une multitude de personnes croisées au fil des années… LE MOT DE LA FIN ?

La confiance en soi. Nous, les femmes, en manquons toujours terriblement par rapport aux hommes. Nous avons du mal à faire taire notre critique interne. On se focalise sur ce que les autres vont penser de nous, en mal, bien sûr. Or, la plupart du temps, ils ne pensent… rien ! 1. Éd. du Seuil. 2. Éd. Folio.


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STYLE

BEAUTÉ

LA SÉLECTION DE LA RÉDACTRICE

L’ÉTÉ AVANT L’HEURE

Pour celles qui ont envie de prendre des couleurs.

Mousse Self Tan Classic Berry Sorbet de St.Tropez, 48 € les 200 ml.

CONFIDENCES

Des produits tendance aux classiques updatés, notre rédactrice beauté fait un tour d’horizon des nouveautés qui l’ont impressionnée. Par Kim De Craene et Joëlle Lehrer

CERTES...

Les intestins ne sont pas le sujet de conversation le plus fun. Mais saviez-vous qu’ils produisent des neurotransmetteurs comme la sérotonine, la dopamine et la mélatonine qui jouent sur l’humeur et le sommeil ? Prenez-en donc soin.

Complément alimentaire Gut Day de Insentials, 40 € les 30 comprimés.

Kim De Craene, journaliste beauté.

3 X MIEUX

Après nous avoir appris à choisir un soutien-gorge, Trinny Woodall, gourou de la mode britannique, s’attaque aux soins de la peau. Son nettoyant à base d’acides de fruits est un classique.

LE STYLE COCO

Jeune, frais et ludique : c’est tout ce qu’on souhaite à notre make-up printanier. Coup d’œil en backstage du défilé haute couture SS 23 de Chanel pour faire le plein d’inspiration : ces lèvres glossy et rose-rouge vif incarnent la perfection.

Better Off AHA/PHA Gel Nettoyant de Trinny London, 34 € les 100 ml.

Un micropeeling doux et efficace en un rien de temps. Ce printemps, le produit culte se décline en version colorée.

Pschitt Magique Psychédélique de Garancia, 33,77 € les 100 ml.

Cleanskin by Annayake, 35 € les 100 ml pour les démaquillants et nettoyants, 37, 50 € les 100 ml pour la lotion premier soin anti-âge.

MUGLER MULTIFACETTE

Qu’on l’adore ou qu’on le déteste, le parfum Angel ne laisse personne indifférent. Trente ans après le lancement de la version originale, Mugler présente une nouvelle bombe olfactive. Épicé, floral et boisé, Angel Elixir va immanquablement faire parler de lui. Eau de Parfum Angel Elixir 92,77 € les 100 ml.

EVA THURMAN. CHANEL. PRESSE.

Petite révolution chez Annayake, la marque française lance la gamme Cleanskin by Annayake et bannit de ses flacons une série d’ingrédients tels le paraben, les silicones, les sulfites et les nanoparticules. S’appuyant sur les secrets de la beauté japonaise, la nouvelle gamme s’articule autour de trois produits complémentaires : le nettoyant, le rééquilibrant et l’antioxydant. Tous au parfum délicat du lotus blanc, de la bergamote et des notes de thé et de verveine.


Venez vivre la plus belle expérience, dans nos clubs, la vôtre.

Club ‘‘Riviera Beach Club’’ PRESQU'ÎLE DE GIENS - HYÈRES

I N F O R M A T I O N S E T R É S E R V A T I O N S U R B E L A M B RA .B E Belambra Clubs au capital de 10.000.000€. RCS Nanterre : 322 706 136. Siège social : Centralis, 63 avenue du Général Leclerc - 92340 Bourg-la-Reine. Crédit photo : Interaview


x Maxx Royal Resorts

BAIGNER DANS LE LUXE SUR LA RIVIERA TURQUE Le summum de la détente, du bien-être et du raffinement en vacances? Cap sur la Riviera turque où on a déniché le nec plus ultra du complexe all-in. On vous met l’eau à la bouche.

À Belek, on découvre le meilleur de la Turquie. Situé au bord de la Méditerranée, ce paradis du golf est prisé pour ses plages à perte de vue, ses collines parsemées de forêts et ses eaux couleur de jade. Le complexe cinq étoiles Maxx Royal Belek cultive l’harmonie avec cette nature luxuriante sans faire l’impasse sur le confort.

L’ESPRIT SEREIN

Ce complexe hôtelier est sans conteste le point de chute idéal pour profiter de vacances insouciantes et ensoleillées, teintées de romantisme si on y va en couple ou de plaisirs en famille. Il dispose d’un hôtel où chaque chambre est aménagée comme une suite et de villas indépendantes pour ceux qui recherchent davantage d’intimité. Le dénominateur commun ? Un hébergement très bien équipé et décoré à coups de mobilier design et de détails élégants. SERVICE CINQ ÉTOILES

Le Maxx Royal Belek Golf Resort est réputé pour l’excellence de son service, dont on profite dès qu’on pénètre dans ce domaine exclusif. En plus de leur accueil aux petits oignons, les Assistants Maxx personnels sont à l’écoute des clients 24 heures sur 24, prêts à satisfaire leurs moindres besoins et désirs. Leur mission : offrir un séjour parfait


jusque dans les moindres détails, qu’on séjourne à l’hôtel ou dans une villa.

PRESSE.

VILLAS DESIGN : LA GRANDE CLASSE

Autour du terrain de golf se dressent les villas Presidential et Owner, dont la surface de 630 m2 est idéale pour les grandes familles ou les groupes d’amis. Elles se déploient sur deux étages, disposent de leur propre piscine extérieure chauffée avec terrasse, d’un pavillon abritant un jacuzzi (villa Owner), d’un bain turc et d’une salle de bains avec jacuzzi, sauna et douche. On peut y profiter de services exceptionnels comme un majordome dédié, un buggy privé, un service de chambre gratuit et bien plus encore. Bref, tous les ingrédients sont réunis pour des vacances de luxe inoubliables. Dotées de 2 chambres (350 m2) ou de 3 chambres (425 m2), les villas Albatros sont destinées aux familles ou groupes plus petits qui bénéficient des mêmes services cinq étoiles.

TOUT INCLUS

Qui dit vacances exclusives, dit délices gastronomiques à déguster dans un cadre élégant. Les excellents chefs du principal restaurant du complexe, The Azure, préparent chaque jour un plantureux buffet composé de plats sélectionnés avec le plus grand soin. Plusieurs restaurants à la carte proposent en outre des spécialités du monde entier. Côté divertissement, le Maxx Royal Belek Golf Resort a également tout prévu. Entre spectacles impressionnants mettant en scène des athlètes habitués aux records, des danseurs primés et des acrobates et concerts de musique life mémorables au Royal Horse Lounge, au Tangerine et au Beach bar. Que demander de plus ?

Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec Maxx Royal Resorts. www.maxxroyal.com


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Joshua Tree Retreat Center

CREDIT.

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The Bungalows

JAIME KOWAL.

LE RÊVE CALIFORNIEN De Downtown à Westwood, de Pacific Palisades à Palm Springs, c’est en voiture que la côte ouest se visite le mieux. Dans et autour de Los Angeles, là où les rêves se construisent ou se brisent, notre équipe de reporters a choisi de vous partager ses meilleures adresses. Suivez les guides. Texte et photos Vrints-Kolsteren


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THE BUNGALOWS, JOSHUA TREE

Des baies vitrées qui laissent entrer un paysage désertique empreint de magie, du mobilier mid-century et des produits Malin & Goetz dans la salle de bains : The bungalows du complexe Homestead Modern vont séduire les fanas de design en quête de tranquillité. Construits en 1960 par l’architecte Harold Zook (un protégé du Suisse Albert Frey, une figure de proue du modernisme dans le désert, ndlr.), les trois bâtiments qui abritent quatorze chambres sont situés sur le terrain du Joshua Tree Retreat Center. Brad Dunning les a récemment restaurés dans leur style d’origine. En hommage à la collaboration d’Harold Zook avec Albert Frey, chaque chambre affiche une couleur « jaune encelia », la préférée du Suisse. Les clients ont accès à toutes les activités proposées par le centre : promenades guidées, séances de méditation, cours de yoga, bains à remous et détente à la piscine. retraite.homesteadmodern.com

HÔTEL ACE, LOS ANGELES

Le mythique Ace Hotel est implanté dans un ancien théâtre de Los Angeles. Alors que la salle de théâtre d’origine - toujours en activité - rend hommage au style gothique espagnol, le bâtiment a été revisité dans une approche épurée par le cabinet d’architecture Commune Design. Il constitue la base du concept que la chaîne hôtelière a souhaité créer à L.A. : un mélange de glamour hollywoodien des années 1920 et d’éléments industriels en béton totalement contemporains. Le rooftop compte un bar où il fait bon siroter un cocktail ou grignoter un en-cas. acehotels.com

PROPER HOTEL, DOWNTOWN LOS ANGELES

Un hôtel éclectique conçu par Kelly Wearstler, une architecte d’intérieur qui a également décoré les maisons de Cameron Diaz et Gwen Stefani. Pour ce projet, les propriétaires de l’hôtel ont laissé « carte blanche » à Kelly Wearstler. Le résultat : un intérieur qui célèbre l’artisanat, les jeux de textures, l’art et la couleur. La peinture murale du hall par l’artiste local Abel Macias est l’une des pièces maîtresses du lieu. En marge des meubles et des tapis vintage, Kelly Wearstler a utilisé plus de cent types de carrelages différents, soit peints à la main, soit vintage ou personnalisés. Quant à l’ancienne piscine intérieure, elle a été intégrée à l’exclusive Proper Pool Suite. Si vous y séjournez, vous aurez l’impression de dormir littéralement sur l’eau. properhotel.com


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JAIME KOWAL. THE INGALLS. GETTYIMAGES.

Joshua Tree National Park

EAMES HOUSE, CASE STUDY HOUSE # 8, LOS ANGELES

Au milieu des années 1940, l’éditeur du magazine Arts and Architecture John Entenza décide d’inviter huit architectes à concevoir des maisons préfabriquées en matériaux industriels. Charles et Ray Eames se voient attribuer une place à Pacific Palisades, à côté d’une rangée d’eucalyptus. En 1949, ils y font bâtir leur Case Study House : une boîte en briques de verre grandeur nature avec des poteaux de ciment colorés, dont le squelette en acier a été construit en un jour et demi. Le couple y a vécu et travaillé toute sa vie. Grâce à l’espace de vie en double hauteur et à la prédominance de bois, la maison affiche un look japonisant contrebalancé par la présence de bibelots et de souvenirs de voyage. On y retrouve des prototypes de leurs propres pièces de mobilier, comme le Lounge Chair et leurs premières armoires pour Vitra. La Eames House, Case Study House #8, est l’une des rares maisons de ce type encore en état et visitable. eamesfoundation.org

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HÔTEL WESTIN BONAVENTURE, LOS ANGELES

Même si vous n’y séjournez pas, le hall de l’hôtel Westin Bonaventure est un lieu qui mérite une visite. Les balcons flottants en béton sont équipés de sièges en cuir rouge vif rappelant les « diners » américains typiques, repensés en version futuriste. Construit entre 1974 et 1976 selon les plans de l’architecte John Portman, le bâtiment en verre de 112 mètres de haut mérite également le détour. marriott.com

Palm Springs

CASA CODY, PALM SPRINGS

Au cours de ses 100 ans d’histoire, Casa Cody a peu changé. Ne vous attendez pas à un boutique-hôtel comme il en existe des tas dans la région. Ici, les éléments historiques sont mariés à du velours, du bois sombre et du métal poli. Les photos originales de la fondatrice Harriet Cody sont accrochées un peu partout. Au-dessus de chaque porte, vous trouvez un fer à cheval, à la fois porte-chance et clin d’œil à l’écurie qu’elle possédait autrefois. De grands noms du cinéma comme Charlie Chaplin et l’écrivaine Anaïs Nin, y ont séjourné pour travailler en paix. casacody.com


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HÔTEL PALI WESTWOOD VILLAGE, LOS ANGELES

Les buis parfaitement taillés du jardin, le store rayé au-dessus de l’entrée, les chambres décorées dans des tons doux et clairs : le Palihotel Westwood Village respire l’esthétique du réalisateur Wes Anderson, la touche contemporaine en bonus. Son emplacement privilégié permet de rejoindre facilement Beverly Hills, West Hollywood et Santa Monica. palisociety.com

LANCE GERBER. GETTYIMAGES.

VDL HOUSE, LOS ANGELES

En 1932, le célèbre architecte autrichien Richard Neutra choisit Silver Lake à Los Angeles pour se construire une maison radicalement moderne reposant sur une structure géométrique ouverte. Pour tirer parti de l’incroyable lumière californienne, il mise alors sur de grandes baies vitrées et des miroirs qui s’ouvrent sur un patio baigné de soleil. Après la destruction de la maison VDL par un incendie en 1963, il a construit une copie au même endroit qui se visite encore aujourd’hui. neutra-vdl.org

ROW DTLA, DOWNTOWN LOS ANGELES

Le bureau Rios Clementi Hale Studios a transformé tout un quartier industriel du centreville de Los Angeles en un temple de la cool attitude. Dans les six bâtiments, vous trouverez des boutiques de design, des galeries, des bureaux, des cafés et des restaurants. Tous les dimanches, les food trucks du marché de Smorgasburg attirent les locaux qui aiment s’y retrouver. Un lieu à connaître absolument. rowdtla.com


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MASTERCLASS

LES “YACHAEJEON”

Solution anti-gaspi idéale, ces petites crêpes coréennes (les “jeon”) aux légumes, croustillantes dehors et moelleuses dedans, se réalisent en un temps record avec ce que l’on a sous la main. À tester ! Par Elvira Masson. Photos Pierre Lucet-Penato

On a tou·tes dans le bac à légumes du réfrigérateur des légumes qui commencent à faire la tête : une carotte qui manque de tenue, un poireau esseulé, des fleurettes de chou-fleur mollassonnes. Leur salut ne réside pas exclusivement dans la soupe. La preuve avec les petites crêpes aux légumes finement hachés, solution anti-gaspi et archi délicieuse que l’on retrouve notamment au Vietnam – les bánh xèo –, au Japon sous forme d’okonomiyaki et dans la cuisine coréenne du Sud, la merveilleuse famille des « jeon ». Les jeon – littéralement, crêpe – peuvent être agrémentés

de ciboule chinoise (appelée « pa »), l’équivalent de nos jeunes oignons verts : ce sont alors des « pajeon ». Quand ils sont garnis de kimchi (chou fermenté), ils deviennent « kimchijeon » ; aux fruits de mer et oignons verts, « haemul pajeon ». LA CRÉATR I CE CU LI NAI R E américaine d’o r i g i n e c o r é e n n e Jo a n n e L e e Molinaro, plus connue sous le nom de The Korean Vegan et dont le formidable livre de recettes est sorti récemment*, propose une création de son cru, le « rainbow jeon », composée de


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Les ingrédients Pour une douzaine de carrés

120 g de farine, 1 verre d’eau, 3 pincées de sel, 3 pincées de bicarbonate de soude, 1 gousse d’ail, 1 petite carotte, 1 poireau, 2 jeunes oignons verts, 1 dizaine de feuilles de persil plat, huile de tournesol, sel, poivre du moulin. Pour la sauce

1 c. à s. de sauce soja, 1 c. à s. de vinaigre de riz (à défaut, de vin blanc ou de cidre), 1 c. à s. d’huile de sésame.

La recette ultime

chou rouge, carottes, jeunes oignons verts et pommes de terre. Nous avions sous la main des carottes, des jeunes oignons et des poireaux. Pour faire simple, quitte à être approximative, ce seront donc des pajeon ou des « yachaejeon » (yachae : légumes). LE PRINCIPE CONSISTE À PRÉPARER UNE

PÂTE BASIQUE – farine de blé, sel, un peu de bicarbonate – qui sera agrémentée de légumes crus, détaillés en fins bâtonnets de la taille d’une julienne, de jeune oignon vert hâché, une pointe d’ail, ingrédients qui seront disposés

sur une première couche de pâte versée dans une poêle, puis recouverts d’une seconde. Ce « pancake » sera cuit sur les deux faces avant d’être découpé en carrés, croustillants à l’extérieur, moelleux à cœur, prêts à être trempés dans une simple et délicieuse sauce faite de vinaigre de riz, sauce soja et huile de sésame en parts égales. On aimerait trouver une expression plus élégante mais avouons-le : c’est un kiff total.

(*) The Korean Vegan. Les recettes, de Joanne Lee Molinaro, éd. La Plage, 35 €.

Mélanger la farine, le sel et le bicarbonate. Ajouter l’eau progressivement. Mélanger doucement au fouet. La consistance doit être celle d’une pâte à crêpe un peu épaisse. Peler et détailler la carotte en fins bâtonnets. Procéder de même pour le poireau. Hacher les cébettes, vert inclus. Peler, dégermer et presser la gousse d’ail. Verser un filet d’huile de tournesol dans une poêle antiadhésive. Quand elle est bien chaude, verser 2 c. à s. de pâte. Disposer les bâtonnets de carotte et de poireau ainsi que l’ail, les feuilles de persil (non hachées) et les jeunes oignons verts sur la pâte. Recouvrir d’une fine couche de pâte. Saler légèrement et poivrer. Cuire 5 min, puis retourner la crêpe. Ajouter un peu d’huile si besoin et cuire de nouveau 5 min. Les deux faces doivent être dorées. Découper la galette en carrés. Déguster en trempant les morceaux dans la sauce à base de sauce soja, vinaigre de riz et huile de sésame.


BEAUTÉ NATURELLE

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L’AFFAIRE EST DANS LE SAC !

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PRESSE. AURÉLIA DEJOND.

MEPHISTO

EN AVANT, MARCHE !


LIFESTYLE

Taureau 22.4 – 21.5

ÉMOTIONS Après un début de

mois hésitant, Vénus sera en phase avec vos désirs à partir du 17. À deux ou en solo, vous amorcerez un nouveau chapitre, à la sensualité magnétique. AMBITION Le contexte sera ouvert, propice aux échanges d’idées et à l’esprit d’équipe. Une situation en attente devrait se débloquer à partir du 8.

Gémeaux 22.5 – 21.6

ÉMOTIONS Vénus vous apporte un nouvel élan. À deux, des projets vont se concrétiser. En solo ? Des ami·es pourraient favoriser une histoire. AMBITION C’est un bon moment pour vous affirmer ou vous lancer dans un nouveau projet (jusqu’au 25). À anticiper : des malentendus en début de mois.

Cancer 22.6 – 22.7

ÉMOTIONS Vénus alimente votre désir de faire évoluer vos relations. En couple, un projet de mariage ou de collaboration professionnelle pourrait se préciser. Soyez attentifs, rencontre possible autour du 16. AMBITION Vous êtes dans une dynamique de succès, comptez sur des retours favorables, et misez sur une fin de mois qui relancera vos projets.

Par Carole Vaillant

BÉLIER

21.3 – 21.4

Avec Vénus et Jupiter, votre vie amoureuse évolue vers des changements positifs. C’est le moment rêvé pour une rencontre. À deux, vous serez sur le même nuage. ÉMOTIONS

Ce mois-ci, l’échec n’est pas en option. Comptez sur des occasions de vous mettre en vedette, votre popularité est en hausse. Faites entendre votre voix !

PEXELS.

AMBITION

Lion 23.7 – 23.8

ÉMOTIONS Une situation fermée ou en attente va se débloquer à partir du 7. À deux ou en solo, vous allez envisager l’avenir d’un œil neuf et plus optimiste. Une rencontre ? Misez sur le 16. AMBITION À vous nouveaux projets, mains tendues et regain de confiance. C’est une bonne période pour amorcer un changement et donner une légitimité à vos envies.

Vierge 24.8 – 23.9

ÉMOTIONS Vous pourriez être attirée par quelqu’un qui vous défie intellectuellement ou affiche des idées différentes. En privé, comptez sur une seconde quinzaine ultra-sensuelle. AMBITION Saturne va vous faire prendre conscience des choses à rectifier pour avancer (à partir du 7). À la clé : moins de stress et plus d’action (dès le 26).

Balance 24.09 – 23.10

ÉMOTIONS Avec Vénus et Jupiter, l’amour sera grandiose ou ne sera pas. En duo, comptez sur des moments épiques. En solo, les conditions sont idéales pour une belle rencontre (jusqu’au 16). AMBITION Le contexte est dynamique et ouvert à des

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interactions productives, mais ne vous laissez pas marcher sur les pieds, car vous pourriez traiter avec des gens très affirmés.

Scorpion 24.10 – 22.11

ÉMOTIONS Grâce à Mercure, parler d’amour n’a jamais été si facile. À deux, c’est une jolie période pour se confier l’un à l’autre. En solo, Vénus va ouvrir la voie aux rencontres à partir du 17. AMBITION Vous amorcez une saison plus détendue. Une situation va se débloquer et de nouvelles options vont se présenter (dès le 7).

Sagittaire 23.11 – 21.12

ÉMOTIONS Vénus et Jupiter créent les conditions idéales à l’amour et au plaisir. Une relation pourrait démarrer de façon spectaculaire (jusqu’au 16). AMBITION Le contexte est favorable mais des problèmes de communication ou lenteurs administratives ne sont pas à exclure en première semaine. Vos atouts : intuition et créativité.

Capricorne 22.12 – 20.1

ÉMOTIONS Après un début de mois tout en questions, Vénus apportera des réponses à vos attentes. Comptez sur des émois sensuels (à partir du 17). AMBITION Mercure valorise vos qualités de communicante et fournit des occasions de vous exprimer (jusqu’au 19). À anticiper : un retour de l’esprit de compétition en fin de mois.

Verseau 21.1 – 18.2

ÉMOTIONS Vénus et Jupiter insufflent un bonus de joie et de jeu à l’amour. En couple ou en quête d’un alter ego, explorez de nouvelles options. AMBITION Saturne quitte votre signe. Résultat : moins de freins, plus d’ouvertures et vrai retour de l’optimisme. Une super période pour un nouveau projet.

Poissons 19.2 – 20.3

ÉMOTIONS Le Soleil vous offre un bonus d’éclat et de vitalité qui attire les autres comme un aimant. En mode rencontre, la seconde quinzaine s’annonce prolifique et sexy à souhait (dès le 17). AMBITION Mercure et Saturne dans votre signe donnent du poids à vos arguments. N’hésitez pas à vous exprimer sur les sujets qui vous tiennent à cœur, vous serez entendue (dès le 3).


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LIFESTYLE

ÊTES-VOUS VIOLENTE ?

Non, mais j’ai un bon potentiel de colère : il ne faut pas trop me chercher.

AIMEZ-VOUS VOTRE VISAGE ?

ÊTES-VOUS FILLE OU FEMME ?

Avec les années, je dirais femme mais dans la vie de tous les jours, plutôt fille confortable et sans apprêt. DORMEZ-VOUS LA NUIT ?

Oui, très bien.

VOTRE MÈRE ÉTAIT-ELLE DOMINANTE OU SOUMISE ?

Ma maman a réussi à se créer des petits espaces de liberté et d’indépendance par la création. Nous formions un clan de filles avec ma sœur et ma mère puisque mon père était le seul élément mâle à la maison. Chez nous, la petite tribu féminine résistait bien à l’autorité masculine. COMBIEN DE DROGUES VOUS FAUT-IL POUR VIVRE ?

Quatre. Un déjeuner mère-filles (Dune et Véga, ndlr) une fois par semaine, un bain bouillant également hebdomadaire, la viande des Grisons et la cigarette électronique. LE PLUS BEAU REGARD QUE L’ON AIT POSÉ SUR VOUS ?

Celui de Bertrand Tavernier à l’époque de L’Appât (1995, ndlr), déclarant que j’étais « la vérité vingt-quatre images par seconde ». Le plus beau des compliments pour une actrice.

CITEZ TROIS AMANTS ET AMANTES RÊVÉ·ES AU COURS DE VOTRE VIE.

QUE NE SUPPORTEZ-VOUS PAS QUE L’ON DISE DE VOUS ?

Ado, Johnny Depp, plus tard George Clooney. Je citerais aussi Billy Crystal dans Quand Harry rencontre Sally et Al Pacino dans Frankie et Johnny.

Plus jeune, lorsqu’on me décrivait sage et gentille. Un peu démoralisant comme image, à 18 ans. Aujourd’hui, l’âge aidant, la sagesse et la gentillesse me paraissent au contraire comme des vertus essentielles.

VOTRE PLUS GRAND PLAISIR SIMPLE ?

POUVEZ-VOUS SORTIR SANS MAQUILLAGE DANS LA RUE ?

Les soirées raclettes en tribu, y compris avec les ex, leurs compagnes et les enfants de nos familles recomposées.

AIMEZ-VOUS VOTRE PRÉNOM ?

Oui. Et puis, l’anagramme de Marie, c’est « aimer ». Pas mal comme entrée dans la vie, non ? FUIR, S’ADAPTER OU COMBATTRE ?

Oui, je ne fais d’ailleurs que ça.

Plus jeune, j’avais tendance à m’adapter. Vers la fin de la trentaine, j’ai plutôt été dans le combat et, maintenant, je sens quand il faut fuir.

POUVEZ-VOUS PRENDRE UNE PHOTO DE VOUS ?

LA PREMIÈRE FOIS OÙ VOUS VOUS ÊTES SENTIE LIBRE ?

VOTRE DERNIÈRE RECHERCHE GOOGLE ?

« Canapé d’angle ». J’ai été, pendant trois semaines, dans une phase de recherche obsessionnelle. Je viens de trouver le modèle de mes rêves, juste avant de vous parler. LE MEILLEUR CONSEIL QUE L’ON VOUS AIT DONNÉ ?

Celui d’une amie : « N’oublie pas de ne pas t’oublier. » Un mantra utile quand on est parent et que l’on se fait facilement vampiriser. LA DERNIÈRE CHOSE QUE VOUS AYEZ BUE ET MANGÉE ?

Un verre de vin rouge et des boulettes de falafel avec une farandole de légumes. LE GOÛT DONT VOUS AVEZ HONTE ?

Le goût délicieux d’un steak haché dans un magnifique hamburger. Le plaisir de la honte absolue puisque tout cela n’est pas très écolo-végan. (Elle rit.)

Vers 12, 13 ans, lorsque je suis montée pour la première fois sur scène pour un spectacle chanté. LA PLACE DU SEXE DANS VOTRE VIE ?

Rythmée par la vie familiale et le peu de temps libre que cela me laisse. SI VOUS ÉTIEZ UNE FÉE, ET QUE VOUS POUVIEZ OFFRIR TROIS DONS À UN ENFANT NAISSANT, LESQUELS SERAIT-CE ?

La confiance en soi, l’ouverture d’esprit, le respect de ses valeurs et de ses limites. 1. Actuellement au cinéma dans Les Choses simples d’Éric Besnard, avec aussi Grégory Gadebois… Et dans Quand tu seras grand d’Andréa Bescond et Éric Métayer, avec aussi Aïssa Maïga… En salle le 26 avril. 2. Sur la tête des enfants de Salomé Lelouch, avec aussi Pascal Elbé… jusqu’au 7 mai au Théâtre de la Renaissance. theatredelarenaissance.com

MARIE GILLAIN LE QUESTIONNAIRE

L’actrice (1) triomphe au théâtre, à Paris, dans une savoureuse comédie de couple (2). Entre deux représentations, elle partage avec nous quelques fragments d’intimité, entre ses rituels mère-filles, Billy Crystal ou sa passion honteuse pour les steaks hachés. Par Fabrice Gaignault

MARIE GILLAIN.

Je n’ai pas une passion pour mon visage mais je commence à bien le connaître puisque je le regarde sur les écrans depuis mes 16 ans. Je m’y suis fait, ce n’est pas mon meilleur ami ni mon pire ennemi. C’est plutôt le baromètre de mon état intérieur.


LES MEILLEURS HITS BELGES ET INTERNATIONAUX S’ÉCOUTENT TOUTE LA JOURNÉE SUR NRJ !



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