MarieClaire - Magazine FR - Février 2022

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FÉVRIER 2022 — 5,90 €

BELGIQUE REPORTAGE À KABOUL VIVRE MALGRÉ TOUT SOCIÉTÉ RÉINVENTER L’AMOUR

Virginie Efira

« Je crois à l’exclusivité, qu’elle soit sexuelle, intellectuelle ou autre. »

ÉVASION SEYCHELLES, CE RÊVE BLEU

ON VEUT DE LA COULEUR ! LES TEINTES QUI NOUS FONT DU BIEN, CELLES QU’ON VA OSER + NOS BONS MIX MODE


DISPONIBLE SUR DIOR.COM - Dior OnLine 02/620.00.00

FOND DE TEINT CLEAN NOUVELLE GÉNÉRATION 1 H AU T E P E R F E C T I O N 2 4 H AU S O I N F L O R A L 2 . A M É L I O R AT I O N V I S I B L E D E L A P E AU. 4 2 T E I N T E S E N 2 F I N I S : M AT S A N S T R A N S F E RT. É C L AT H Y D R ATA N T.

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ÉDITO

Imaginez un monde en noir et blanc. Et surtout en gris. Les arbres, les fleurs, le soleil. Gris. Les visages, les yeux, les lèvres. Gris. Déprimant ! Dans les pays où, en hiver, les nuits sont sans fin, le manque de lumière qui est source de toutes les couleurs provoque un nombre important de dépressions et de suicides. Car les couleurs, on le sait depuis l’Antiquité, influencent notre humeur, notre moral et notre santé. Aujourd’hui, grâce aux progrès des neurosciences, on a pu

prouver notamment que le bleu active l’hémisphère droit de notre cerveau, siège de la création, tandis que le rouge stimule le gauche, siège de la raison (p. 12). On serait donc plus créatif en travaillant dans une pièce aux murs bleus et plus productif s’ils sont rouges… Mais le plus important, c’est que chaque couleur provoque en nous des émotions différentes selon les souvenirs auxquels elle est associée. Porter certains vêtements, et donc certaines couleurs, pourrait

même changer la façon dont nous nous sentons et dont nous agissons. Alors, pas la peine d’attendre le printemps pour adopter toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Rose malabar, jaune tournesol, bleu glacier ou vert prairie : on les mixe pour composer des looks joyeux et pleins d’énergie (p. 80) qui font reculer la grisaille du temps. Julie Rouffiange Rédactrice en chef – jro@marieclaire.be

PHOTO PERSONNELLE.

Les couleurs du temps


Des couleurs lumineuses modulables, une formule ultra-soin

À découvrir sur sisley-paris.com


p. 60 L’avenir du couple selon Esther Perel

p. 12 Colorthérapie

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ÉDITO

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TOUT CE QUI VA FAIRE VIBRER FÉVRIER

ÉPOQUE

TÊTE-À-TÊTE(S)

36 RENCONTRE Virginie Efira,

le bel équilibre

42 INTERVIEW Nora Monsecour : « Si le

féminisme consiste à célébrer tous les individus, alors oui, je suis féministe. »

12 PHÉNOMÈNE Et si on succombait

à la colorthérapie ?

14 NEWS La pionnière oubliée

18 REPORTAGE À Kaboul, vivre

malgré tout

STYLE

24 LES TENDANCES DÉCRYPTÉES PAR MARIE CLAIRE

CULTURE

46 AGENDA Expos et sorties

48 LIVRES Alice De Vleeschouwer :

50 52

« La littérature est un outil de lutte pour la liberté.» MUSIQUE Mustii, la classe rock CINÉMA Stephane Streker, l’élégance d’un grand réalisateur belge

PHOTO EXTRAITE DE LA SÉRIE FRIENDS OR ENNEMIES, SANJA MARUSIC, 2018. SANJA MARUSIC/LAMBERT LAMBERT.

SOMMAIRE


Virginie Efira, photographiée par Basile Mookherjee. Réalisation Anne-Sophie Thomas. Manteau et short Dior, débardeur Majestic Filatures. Collier Panthère, en or gris, diamants, émeraudes et onyx, bagues Clash, en or jaune et, à l’annulaire de la main droite, bague Panthère, en or jaune, onyx et tsavorite Cartier. Assistante stylisme Agathe Gire. Coiffure Rudy Marmet. Maquillage Khela. Manucure Eri Narita/Call My Agent . Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto et Margot Bootz.

p. 80 Hausser les tons

p. 120 À la soupe !

BASILE MOOKHERJEE. YOHAN BUREL. PIERRE LUCET-PENATO.

MAGAZINE

56 ENTRETIEN Mona Cholet, le

60 62

64

70 80

romantisme est-il soluble dans le féminisme ? SOCIÉTÉ L’avenir du couple selon Esther Perel WOMAN@WORK Gloria Barudy Vasquez : « J’ai gravi les échelons de façon très spontanée. » MOI LECTRICE “J’ai échappé au destin de ma mère grâce aux livres.”

MODE

Grand froid Hausser les tons

MODE D’EMPLOI

88 MONTRES Heures précieuses

92 L’AIR DU TEMPS Retour vers le futur 96

en Dior NEWS Les envies de février

LIFESTYLE

112 ÉVASION Seychelles, ce rêve bleu

118 DESTINATION Sur les traces de Coco 120 FOOD À la soupe ! 124 NEWS Repérages 128 HOROSCOPE

BEAUTÉ

98 PARFUMS Le retour des sillages

130 LE QUESTIONNAIRE Emmanuelle

Bercot

à forte personnalité

102 DÉCRYPTAGE Le vrai du faux sur

les probiotiques

106 LE PRODUIT CULTE C E Ferulic 107 NEWS Les envies de février

Suivez-nous sur marieclaire.be/fr


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ÉPOQUE

TOCADES

TOUT CE QUI VA FAIRE VIBRER FÉVRIER Par Timon Van Mechelen, Malvine Sevrin et Marie Honnay

POUR SA COLLECTION PRINTEMPS-ÉTÉ 2022, DRIES VAN NOTEN S’EST INSPIRÉ DE L’AMBIANCE DU FESTIVAL TOMORROWLAND. LE RÉSULTAT : UN JEU DE COULEURS EXUBÉRANT, DES FRANGES À EFFET DÉGRADÉ, DES JEANS REHAUSSÉS DE PERLES ET UNE MULTITUDE DE TEXTURES. CES PROCHAINS MOIS, PAS DE DOUTE, ON VA FAIRE LA FÊTE !

PRESSE.

UN FESTIVAL DE COULEURS


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MAISON DE LUXE

UN PEU, BEAUCOUP…

Les marguerites n’ont pas de parfum, mais cela n’empêche pas Marc Jacobs de sortir chaque année de nouvelles fragrances en hommage à cette fleur des champs. Tant le jus que le bouchon fleuri du flacon des éditions limitées Daisy Skies (disponibles depuis cette année) évoquent un ciel bleu azur et des rayons de soleil chauds. Tout ce dont nous rêvons en ce moment Marc Jacobs Daisy Skies, à partir de 76 € les 50 ml, chez Ici Paris XL.

Connu pour sa sélection de labels très luxe, le multimarque en ligne Mytheresa explore pour la première fois le marché de la maison. The Home Edit, c’est un choix de produits de déco signés Loewe, Loro Piana, Missoni et Brunello Cucinelli. Si vous craquez, n’hésitez pas trop longtemps. Cette offre maison est proposée de manière éphémère. mytheresa.com

ÉCO-BELGITUDE

PRESSE.

BELGE & SUR MESURE

Pour qu’un jeans assure, il faut qu’il soit totalement adapté à notre morphologie. C’est sur base de ce constat que le label belge Lola Liza vient de lancer Shape on You, une ligne denim centrée sur un seul modèle élastique (proposé en 3 tailles), conçu pour flatter tous les corps, ainsi qu’une robe à la coupe très glam conçue dans le même esprit. 49,99 €, dès le 17 février dans les boutiques de la marque et le shop en ligne lolaliza.com

Le label belge d’accessoires La&Bel lance une deuxième collection couplée à plusieurs nouveautés, dont le Nathalie, un grand sac à bandoulière multifonctionnel. Côté couleurs, les étuis à lunettes, les pochettes et les sacs se déclinent désormais en kaki et orange vif. Fidèle à son ADN, La&Bel ne mise que sur des matières issues de la chaîne alimentaire (comme le cuir de veau), mais aussi un cuir de poisson écologique. 899 €, la-bel.com


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ÉPOQUE

TOCADES

COL MALIN

RÉALISÉ À PARTIR DE COTON RECYCLÉ ET BRODÉ DANS UN ATELIER DU NORD DE LA FRANCE, CE COL AMOVIBLE A DE QUOI SUBLIMER ET RÉINVENTER LES PIÈCES DE NOTRE GARDE-ROBE EN UN GESTE. Col amovible Osâme, 45 € sur osame.fr

UNE PLONGÉE DANS L’ARTISANAT

Depuis sa création en 1919, la célèbre maison de joaillerie milanaise ne cesse de faire rêver par ses créations raffinées et intemporelles. Cet ouvrage met en lumière le savoir-faire et les techniques d’orfèvrerie uniques développées par Buccellati au fil de quatre générations. Buccellati, A century of timeless beauty, éd. Assouline, 195 €.

PUISSANCE ROUGE

Il suffit souvent d’une touche de rouge pour booster notre confiance en nous. Mais comme nous ne craquons pas toutes pour les mêmes couleurs, Phyto-Rouge Shine de Sisley se décline désormais en 12 nouvelles nuances. Cerise sur le tube : ce best-seller est proposé pour la première fois en version rechargeable. Existe en deux finitions : brillante et colorée, 43,50 €, sisley-paris.com

La boîte de 30 pralines, 29 €, eu.marcolini.com

PRESSE.

UN RUBIS POUR DIRE « JE T’AIME »

Sacré meilleur pâtissier du monde, il y a un peu plus d’un an, Pierre Marcolini lance une collection SaintValentin centrée sur la fraise, le rubis des jardins. De sublimes ganaches et des pralines en forme de cœur pour lui dire « je t’aime ». À moins, bien sûr, de les avoir toutes mangées avant !


SANJA MARUSIC/LAMBERT LAMBERT.

PHOTO EXTRAITE DE LA SÉRIE FRIENDS OR ENNEMIES, SANJA MARUSIC, 2018.

ET SI ON SUCCOMBAIT À LA COLORTHÉRAPIE ?

PHÉNOMÈNE

Ci-dessus, une photo de Sanja Marusic.

ÉPOQUE


12 ÉPOQUE PHÉNOMÈNE

Sources d’émotions, les couleurs ont un impact sur notre inconscient et notre mental. Et ceci est encore plus vrai dans le monde d’images qui est le nôtre. Mais jusqu’où s’étend leur pouvoir ? Décryptage.

Colorthérapie “JE SUIS PARTICULIÈREMENT SENSIBLE EN

CE MOMENT AUX TONS ROUGES, plus chauds

et doux, qui m’ont accompagnée dernièrement dans de nombreux projets comme la décoration de l’Hôtel Saint James à Paris, explique Laura Gonzalez. Ils créent des atmosphères intimes. La couleur est le cœur de mon travail, l’un des points de départ de mes projets et constitue une source d’inspiration essentielle », poursuit l’architecte, élue designeuse de l’année au Salon

Maison & Objet en 2019. Elle n’est pas la seule à afficher son amour de la couleur. Irène et Thomas Cohen, les fondateurs de Bonton, viennent de lui offrir un fanclub. Club couleur (1), leur nouvelle aventure mode et déco plonge les basiques du quotidien dans les bains chromatiques de la teinturerie Bonnin (cent vingt ans d e s avo i r - fa i r e m a d e i n L o i r e) . Combinaisons de travail bleu électrique, sweat-shirt Fruit of the Loom rouge

PHOTO DE LA SÉRIE « FRIENDS OR ENNEMIES », 2018, SANJA MARUSIC.

Par Charlotte Brunel


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lipstick ou serviettes de toilette lilas égaient désormais le Marais où s’est implantée leur boutique en novembre dernier. « Ce qui est magique avec la couleur, c’est qu’elle est branchée sur les émotions, témoigne Irène Cohen. Elle parle à tout le monde et tout le monde a un avis tranché sur elle. Elle n’est jamais neutre. » Henri Matisse y voyait même le plus sûr chemin vers la joie. « En laissant la couleur nous remuer, et toucher la profondeur de notre âme, elle nous émeut, elle nous met en mouvement, et nous fait ainsi entrer dans la joie la plus pure. Laisser la couleur venir en nous, c’est se laisser emplir par la vie », écrivait le peintre des gouaches découpées. Damien Hirst n’a pas voulu susciter une émotion moins forte en peignant ses cerisiers en fleurs, exposés depuis juillet dernier à la Fondation Cartier. « Je veux que mes visiteurs oublient tout et tombent dans mes tableaux. Je veux faire sentir que, peu importe ce qui se passe dans le monde, vous pouvez vous trouver face à des choses agréables », expliquait à l’AFP l’enfant terrible de l’art britannique, vêtu d’un costume rose pâle et de cheveux bleus dignes d’une star de la K-Pop… À l’heure où la pandémie repeint le monde en gris, affirmer des valeurs positives avec la couleur serait même devenu un acte de résistance. « La couleur c’est

comme une pulsion de vie qui s’exprime, confirme Thomas Zylberman, expert mode chez Carlin International. Elle fait appel à un réflexe très primitif et procure un plaisir visuel immédiat. » On se souvient, à ce propos, du #instarainbowchallenge qui nous invitait sur Instagram à endosser chaque jour une teinte différente pendant le premier confinement (douze mille personnes y avaient participé en une seule semaine) pour ne pas sombrer dans la sinistrose. Mais qu’en est-il vraiment de l’impact des couleurs sur notre humeur ? « Les progrès des neurosciences nous ont montré qu’elles influencent nos émotions et notre inconscient, explique le designer Jean-Gabriel Causse, auteur de L’étonnant livre des couleurs (2) . Par exemple, le bleu active l’hémisphère droit de notre cerveau, siège de la création, et le rouge, l’hémisphère gauche, siège de la raison. On sera donc plus créatif si on travaille dans un bureau aux murs bleus, et plus concentré et productif dans un environnement aux tons chauds. » Pourtant, il n’existe pas de loi scientifique sur le lien entre couleur et émotion car le facteur psychologique et surtout culturel intervient dans la perception de chacune. Ce n’est donc pas la teinte (« une pure production de l’homme », selon l’ h i s t o r i e n d e s c o u l e u rs Mi ch e l Pastoureau) qui provoque l’émotion,

“La couleur c’est comme une pulsion de vie qui s’exprime. Elle fait appel à un réflexe très primitif et procure un plaisir visuel immédiat.”

mais l’association symbolique que nous en faisons. Si un pull rose est associé à un souvenir heureux, le simple fait de le porter nous procurera un sentiment de bien-être. Mais l’exemple vaut pour n’importe quelle autre couleur, explique Shakaila Forbes-Bell, rédactrice en chef du site Fashion is Psychology (3). « La théorie de l’“enclothed cognition” nous apprend que les attributs qu’on associe à certains vêtements sont très puissants. Quand on porte ces pièces, ces corrélations ont le pouvoir de changer la façon dont nous nous sentons et dont nous agissons », poursuit la psychologue de la mode, diplômée du London College of Fashion. Et dont nous sommes perçues par les autres ! Quelques secondes suffisent pour se faire une opinion sur la personne que nous voyons pour la première fois et, parmi ces signaux, la couleur joue un rôle prépondérant. ELLE EST DONC UN ACTE DE COMMUNICA-

TION ÉMOTIONNELLE qui reflète notre personnalité mais aussi notre statut social. On peut se cacher en elle ou s’affirmer. Le succès des costumes aux couleurs vives a ainsi révélé son rôle dans la redéfinition de l’empowerment féminin – moins austère et plus personnalisé. Biberonnées à Instagram, le média qui a revalorisé la couleur (comment mieux se faire remarquer dans le fil saturé de l’info qu’en portant une tenue flashy ?), les jeunes générations ont fait sauter les tabous chromatiques et stylistiques. « L’internationalisation des tendances couleurs par les réseaux sociaux a émancipé les consommatrices de leurs références culturelles. C’est très flagrant en France où le noir était synonyme d’élégance, de minceur, analyse Thomas Zylberman. Aujourd’hui, la couleur permet de réintégrer une clientèle qui se sentait exclue. » Et qui l’utilise pour s’affirmer dans sa diversité – comme la chanteuse Lizzo qui affiche sa joie de vivre XXL dans des robes multicolores – ou pour porter ses combats politiques (du violet au rose shocking des combats féministes). Alors oui, la couleur ne fait pas le bonheur, mais elle y contribue.

Thomas Zylberman, expert mode chez Carlin International 1. clubcouleur.fr 2. Éd. J’ai lu. 3. fashionispsychology.com


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ÉPOQUE

NEWS

DORIA SHAFIK LA PIONNIÈRE OUBLIÉE

La philosophe féministe au début des années 50.

Née en 1908 au sein d’une famille de la classe moyenne éclairée égyptienne, Doria effectue sa scolarité dans une école française d’Alexandrie. Elle y obtient le bac à 16 ans, explosant tous les records de précocité dans l’Égypte d’alors, ainsi qu’une bourse : direction alors Paris et la Sorbonne, à une époque où les jeunes femmes de son milieu se préparent plutôt au mariage. Quand elle revient, munie d’un doctorat en philosophie, un poste à l’université du Caire lui est refusé. Motif : « Trop moderne ! » Loin de se décourager, Doria Shafik écrit, milite et se retrouve à la tête de deux revues, La Femme Nouvelle (rédigée en français et destinée aux élites), puis Bint Al-Nil (La fille du Nil ), en langue arabe et s’adressant plutôt aux classes moyennes. Devenue une activiste connue, elle appelle au droit de vote des femmes et à l’égalité totale entre les sexes. Une aberration en ce début des années 50 ? Quand l’Égypte devient une république aux mains des militaires

3 QUESTIONS

La Femme Nouvelle, l’une des deux revues dirigées par Doria Shafik, publiée de 1947 à 1953.

(et de Nasser), elle y croit pourtant : cette nouvelle ère sera forcément celle de la révolution féministe ! Mais les changements tardent. Elle déchante et critique Nasser. La vengeance est terrible : malgré sa notoriété, Doria est assignée à résidence. Cette figure de la modernité arabe et musulmane ne peut plus sortir, ni voir ses amis… qui la lâchent par peur du régime. Son nom est banni des médias, à jamais. Cette réclusion dure presque vingt ans. Épuisée de ne plus exister, Doria Shafik choisit de se suicider en 1975. Elle a 67 ans.

À PASCALE SEYS, PHILOSOPHE ET AUTEURE DE CONNAIS-TOI ! TOI-MÊME ! REFAIRE UN PETIT COIN DE MONDE Propos recueillis par Aurélia Dejond

générations : il ne s’agit plus tant de « refaire le monde », selon lui, dans une sorte de naïveté joyeuse que d’être appelé à une tâche à la fois plus héroïque et plus modeste qui consiste à préserver ce qui nous lie, en tant qu’humains, à l’ensemble du vivant sur la Terre et qui, faute de soins, pourrait totalement disparaître. La quête de sens en a-t-elle pris un tout autre ? Quel en a été le déclencheur ? Depuis quand les générations sont-elles plus enclines à faire en sorte que le monde ne se défasse pas, plutôt qu’à le refaire ?

C’est lors du magnifique discours qu’il prononce à l’occasion de sa réception du Prix Nobel, en 1957, qu’ Albert Camus déclare qu’une nouvelle responsabilité incombe aux nouvelles

Elias Canetti a écrit qu’il faut être capable d’éprouver une forme de tristesse pour faire en sorte que le monde soit meilleur. Nous sommes peut-être encore trop arrogants, comme Prométhée et pas suffisamment tristes, comme Sisyphe, pour être véritablement capables de réparer le monde et d’inventer un art

de vivre par temps de catastrophe. Les injonctions qui nous poussent à être la meilleure version de nous-même ne nous font-elles pas passer à côté de nous ?

Éviter de manquer notre rendez-vous avec « nous », lorsque la maison brûle, revient à chercher des solutions qui tiennent compte de notre interdépendance fondamentale pour préserver tout ce qui vit sur notre « coin de monde » avant qu’il ne soit trop tard. Cette recherche est un acte de résistance. Prononcer des mots simples comme « non » ou « cela suffit » nous permet de découvrir l’extraordinaire pouvoir de la désobéissance sur le cours des choses. Éd. Racine, 20 €.

BIBLIOTHÈQUE DE L’INSTITUT NATIONAL D’HISTOIRE DE L’ART. AFP. COLLECTION PERSONNELLE. AURÉLIA DEJOND. PRESSE.

Brillante et courageuse, cette suffragette égyptienne a œuvré à l’émancipation des femmes de son pays. Mais le prix à payer fut bien cruel. Par Françoise-Marie Santucci


ETAM.BE


x Maxx Royal

(Se) baigner dans le luxe de la Riviera turque Vous rêvez de vacances de luxe en Méditerranée? Le Maxx Royal Belek Golf Resort, hôtel exclusif de la Riviera turque, offre un service exceptionnel. Profitez de vacances idéales et détendez-vous dans l’une des magnifiques suites et villas offrant une vue imprenable sur la mer. Situé à quelques pas de la station balnéaire de Belek, le luxueux hôtel Maxx Royal Belek Golf Resort offre un service inégalé. Ses suites élégantes, ses villas et sa plage privée de 300 mètres de long garantissent des vacances idylliques, au soleil, dans un paysage paradisiaque. VOTRE DEUXIÈME MAISON

Vous vous sentirez comme chez vous dans les suites et villas spacieuses dotées d’un mobilier

design pensé tant pour le confort des amis que des familles. Chaque résidence est équipée d’un système de chambre intelligent, d’un système de climatisation à commande individuelle et d’un système de clés et de rideaux électroniques. Le service d’étage, disponible 24 heures sur 24, vous permet de partager un repas exceptionnel, quand vous le souhaitez et sans avoir à vous en occuper. Votre assistant, Maxx, planifiera avec vous vos vacances dans les moindres détails. Vous n’aurez donc à vous soucier de rien durant votre séjour et vous pourrez vraiment vous détendre. Un dîner à «Azure»? Une partie de golf? Votre assistant Maxx se chargera de tout organiser. Les amateurs et amatrices de golf sont aux anges au Maxx Royal Belek. Le terrain de golf de 104 hectares, avec ses fairways bien pensés et ondulés, vous invite à jouer et à tenter toutes les options stratégiques. Vos papilles profiteront elles aussi des vacances

au Maxx Royal Belek, notamment dans le restaurant haut de gamme « Gastro by Alfredo Russo », au cœur de la station. Y sont proposées des recettes contemporaines préparées à base d’ingrédients locaux et dans le respect du terroir. La devise de Russo - « Élégamment simple, simplement élégant » — se traduit par des mets frais et aussi délicieux gustativement que plaisants visuellement. LES ENFANTS SONT ROIS

Les enfants sont rois au Maxx Royal Belek. À Maxxiland – qui comprend un parc aquatique – des activités amusantes sont programmées quotidiennement pour toutes les tranches d’âge. Jeux, activités éducatives et événements spéciaux sont au programme. Vous voyagez avec un bébé ? Le centre de villégiature se fera un plaisir de vous fournir tout ce dont vous avez besoin pour son confort quotidien. Et grâce au


service de baby-sitting, vous pourrez passer une soirée romantique avec votre partenaire. LA SÉRÉNITÉ INCLUSE

Le spa MaxxWell fait disparaître stress et soucis, c’est promis. Les client·e·s ont accès gratuitement au sauna, au bain turc et au bain de vapeur de MaxxWell Fitness. Vous pouvez également réserver un soin du visage ou de beauté à la carte. Des techniques de massage traditionnelles et des traitements uniques vous aident à faire peau neuve. Le bar à vitamines, quant à lui, propose des jus et tisanes détox qui vous donneront le coup de pouce nécessaire pour rentrer chez vous avec des batteries rechargées après votre séjour. MAXX ROYAL À BODRUM

PRESSE.

En 2023, Maxx Royal ouvrira le tout nouveau Maxx Island, un hôtel idéal pour profiter de vacances luxueuses sur la mer Égée bleu azur. Le centre de villégiature Maxx Royal Bodrum ouvrira également l’année prochaine. C’est l’endroit parfait pour se détendre dans le cadre d’une région magnifique. Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec le Maxx Royal Belek Golf Resort. Maxxroyal.com


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ÉPOQUE

REPORTAGE

Ci-contre: banlieue de Kaboul, octobre, 2021. Le lac Qargha reste une sortie très prisée des Kabouliens. À droite: une classe de filles, vide, du lycée Malalaï. Depuis le 15 août, à Kaboul, l’école n’est autorisée pour les filles que jusqu’à l’équivalent de la 6e primaire.


À KABOUL,

Dans une ville où les écoles de filles ont fermé et où les femmes ont massivement déserté l’espace public depuis la prise du pouvoir par les talibans, elles sont quelques-unes à continuer à travailler en dépit des dangers qu’elles courent. Suspendues aux décisions des nouveaux mollahs d’Afghanistan. Nos reporters sont allées à leur rencontre. Par Solène Chalvon-Fioriti Photos Sandra Calligaro

VIVRE MALGRÉ TOUT


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ÉPOQUE

REPORTAGE

D’

un pas furtif et glissant, la silhouette noire de Sahar s’engouffre entre les pans du rideau et se dirige vers le studio d’enregistrement d’Awaz. Accroché dans cette entreprise de production audiovisuelle depuis la prise de Kaboul par les talibans le 15 août dernier, le tissu de velours apparaît de prime abord comme le seul témoin visible du changement de régime : il signe la « purdah », la ségrégation des sexes. Une séparation désormais imposée dans les bureaux, les hôpitaux, les universités privées. Tant que possible, les bâtiments doivent se munir d’entrées séparées. À bien y regarder, d’autres étrangetés surgissent. La présentatrice Sahar et ses consœurs Nassira et Mursal portent toutes l’« abaya », ce manteau léger noir assez peu répandu jusqu’à récemment dans la capitale, propre aux pays du Golfe. Un vêtement désormais « homologué » par les nouveaux maîtres de Kaboul, moins contraignant que la burqa imposée par leur précédent gouvernement, de 1996 à 2001. Autre signe, le premier étage de l’entreprise Awaz, vaste open space lumineux aux rangées d’ordinateurs parallèles, est désert. Les écrans de montage sont éteints, les sièges, vides. Tous les hommes affectés à la production télévisuelle – près d’un tiers des quarante employés – ont été remerciés. Car les talibans, qui prônent un mode de vie fondamentaliste emprunt à la fois de charia islamique et d’un code de conduite tribal plus rigide encore, ont toujours

Kaboul, septembre 2021 : présentatrice radio, Sahar, 19 ans, est soulagée de pouvoir revenir travailler depuis quelques jours. Elle est ici devant le rideau récemment installé dans les locaux pour appliquer la « purdah » (ségrégation physique entre les femmes et les hommes).

pourfendu les médias, accusés de relayer « la propagande » de l’Occident. Avant qu’ils ne reviennent au pouvoir, leurs attaques ont régulièrement ciblé les journalistes et les entreprises de presse. Sans publicité ni soutien des bailleurs internationaux – principaux contributeurs des médias afghans lors des deux dernières décennies –, la survie de la télévision, l’un des grands succès de la parenthèse démocratique, paraît bien compromise. D’autant que le ministère de la Promotion de la Vertu et de la Répression du Vice a pris mi-septembre ses quartiers dans les locaux du ministère de la Condition féminine, supprimé. Ses zélotes avaient soumis la société à une censure farouche lors du premier passage au pouvoir des islamistes. UN MONDE S’ÉCROULE DONC POUR LA JEUNE GÉNÉRA-

TION, qui représente plus de la moitié de la population du pays et dont les trois présentatrices font partie. Sahar dit pourtant garder « un tout petit peu d’espoir ». Car si Awaz a cessé ses programmes télévisés, ses deux consœurs et elle continuent d’animer un programme dédié à la santé féminine sur Radio Begum, littéralement « la radio des femmes », l’une des stations phares du groupe. Cet après-midi-là, une auditrice à la voix étouffée confie sa crainte d’être infertile après des mois de faux espoirs douloureux partagés avec son mari. Nassira la rassure d’un ton volontaire : « Il faut consulter un médecin, ma chère. L’islam nous encourage à nous faire soigner, à prendre soin de notre corps. Vas-y dès que tu le pourras… enfin, quand la situation sera apaisée », tempère-t-elle. Depuis l’intrusion des talibans, les femmes sont beaucoup plus rares dans les rues de Kaboul. Un changement visible à l’œil nu : autrefois bondés, les marchés se vident de leurs clientes à mesure que le soir approche. Non seulement Radio Begum a été tolérée par les mollahs au pouvoir, mais elle a « même été plutôt encouragée », raconte pourtant la patronne d’Awaz, Hamida Aman. Fin septembre, elle dit avoir envoyé deux de ses employés auprès du ministère de l’Information – « des hommes, pour ne pas les brusquer… » – afin d’obtenir la permission d’émettre et de garder ses salariées. « Mes gars n’en menaient pas large », reconnaît l’entrepreneure. Mais contre toute attente, le nouvel exécutif a validé le projet. Il a même fourni une accréditation protégeant l’entreprise du harcèlement de certains combattants talibans, devenu monnaie courante depuis la prise de Kaboul. « C’est notre première victoire. Il y en aura d’autres », promet la quarantenaire aux yeux émeraude qui, bien qu’« encore meurtrie » par le retour des talibans, veut croire qu’ils ont évolué. En témoignent des avancées sur l’éducation et la santé, auxquelles les femmes n’avaient pas accès lors du premier régime mortifère des islamistes. Cette fois-ci, les centres de santé leur sont ouverts et les femmes médecins des villes ont


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été incitées à poursuivre leur métier – même si, comme une très grande majorité de fonctionnaires, elles ne touchent plus leur salaire depuis près de trois mois. Conséquence de la prise de pouvoir par la force des talibans, la rupture brutale de l’aide au développement fragilise grandement le secteur médical, dont l’effondrement imminent est pronostiqué par toutes les ONG de santé. AU NIVEAU SCOLAIRE, LES AFGHANES SONT TOLÉRÉES À

Kaboul, octobre 2021. Ci-dessus : Rokia, 19 ans, fait partie de l’équipe nationale de taekwondo et n’a officiellement plus le droit de pratiquer depuis l’arrivée des talibans. Ce jour-là, elle a revêtu sa tenue pour la première fois depuis deux mois : leur entraîneur a trouvé une maison vacante où elle peut s’entraîner avec ses coéquipières. Ci-dessous : le grand bazar Mandawi, d’où les femmes ont quasiment disparu, trois semaines après la prise du pouvoir par les talibans.

L’ÉCOLE PRIMAIRE, qu’elles terminent généralement à 12 ans. Après quoi elles sont sommées de rester chez elles. Un retour en arrière désespérant. D’après l’Unesco, depuis 2001, leur taux d’alphabétisation avait pratiquement doublé. Alors qu’il était quasi nul à la chute du premier régime taliban, le nombre de filles à l’école primaire avait atteint 2,5 millions en 2018. « La décision sur les droits et l’éducation des femmes revient aux docteurs en religion du mouvement taliban », a expliqué mi-octobre le porte-parole du gouvernement Zabihullah Mujahid, justifiant ainsi l’insoutenable statu quo qui entoure le sort des Afghanes. Dans la capitale, même le parc réservé aux femmes leur est désor-


1

“Un jour, tu te réveilles et tu es enfermée dans une boîte. (…) Vouloir devenir ingénieure, c’est trop demander ?” Morsal, 19 ans, admise cet été à l’institut Polytechnique de Kaboul, devenu depuis inaccessible aux filles 2

mais interdit : pour cela non plus, les docteurs en religion n’ont pas encore tranché. Fin communicant, le mollah porte-parole a souligné que la lenteur des décisions provenait de la volonté des talibans de procurer un cadre de « sécurité physique et mentale » aux lycéennes et étudiantes, en référence aux harcèlements sexuels qui sévissaient auparavant dans l’administration. Un fléau réel en Afghanistan, instrumentalisé par les fondamentalistes sur leurs réseaux sociaux depuis des années. « Les droits des Afghanes ont toujours été au centre de la propagande et des calculs politiques de toutes les parties du conflit. En 2001, la coalition internationale justifie son intervention militaire au nom de leur sort, note Heather Barr, codirectrice de la division Droits des femmes d’Human Rights Watch. C’est pourquoi elle a une responsabilité vis-à-vis d’elles. Chaque pays doit faire comprendre aux talibans que la violation des droits des femmes sape leurs efforts pour établir des relations normales avec le reste du monde. L’éducation des filles doit devenir un prérequis aux négociations. » MORSAL, 19 ANS, RÊVAIT PLUS LARGE QU’UNE CARRIÈRE

D’ENSEIGNANTE OU DE MÉDECIN. « Vouloir devenir ingénieure, c’est trop demander ? » lance-t-elle depuis la masure familiale, plantée à l’est de Kaboul. Car les murs nus du salon barrent

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REPORTAGE

Kaboul, octobre 2021. 1. Zuhlia, lors d’une manifestation pour les droits des femmes au parc de Shahr-e Naw. Les talibans n’interviennent pas, mais contrôlent les accès du parc.

2. Zamira (17 ans, à g.) et sa sœur Morsal (19 ans, à d.) ont dû, pour l’instant, arrêter leurs études : Morsal était admise à Polytechnique et Zamira devait entrer en terminale.

ÉPOQUE

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pratique, ne s’entendent pas. Parmi ses protégées, Rokia, lycéenne longiligne à la bouche grenat, trouve la force de plaisanter : « Le Covid nous avait déjà un peu habituées à ce traitement ! » Rokia ne désespère pas pour son futur, tant le présent et le passé l’éprouvent. Trois ans plus tôt, un attentat a fauché son frère de 16 ans. Comme presque toutes les jeunes filles artistes ou sportives que nous rencontrons, elle nous demande de l’aider à quitter le pays. Entre le 15 et le 30 août dernier, des milliers de femmes éduquées ont été évacuées via le pont aérien mis en œuvre par les États-Unis, qui fera partir plus de cent vingt mille personnes en deux semaines, dont une majorité d’Afghans. Mais Rokia ou les manifestantes réunies sous les arbres pelés du parc de Shahr-e-Naw n’ont pas eu cette chance, faute de réseau ou de contact avec les étrangers. Elles regardaient « les avions partir par la fenêtre », nous confesse l’une des protestataires, Zuhlia. Rappel que l’option de la fuite ne leur était pas offerte, que le compteur des évacuations s’égrenait sans elles. Ancienne fonctionnaire d’État, désormais au chômage, Zuhlia ne s’est pourtant pas résignée.

3. Dans sa roulotte, Bibiko vend des stylos, des friandises… Ses principales clientes sont les écolières de l’école Zarguna, à quelques mètres, mais leur nombre a diminué.

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aujourd’hui son horizon. Enroulée dans son foulard noir, son visage est fermé, comme déjà drapé du deuil de l’espoir. Le hasard lui a joué un tour cruel : le jour où les talibans conquièrent Kaboul, elle apprend qu’elle est prise à Polytechnique, institut compris dans les bâtiments de la fac publique de Kaboul, fermée aux filles. « Un jour, tu te réveilles et tu es enfermée dans une boîte », décrit-elle. Pour éviter de dépérir, la jeune Pachtoune, ethnie traditionnelle conservatrice majoritaire au sein des talibans, dispense du soutien scolaire aux enfants de son quartier. Sa sœur Zamira, foulard rose vif et regard mélancolique, paraît trop abattue pour un quelconque effort. Alors elle lit et relit l’un des rares ouvrages de la maisonnée, qui célèbre tout à la fois la puissance de Dieu, de la patrie et des fleurs. La mère, elle, brode dans un coin de la pièce. Analphabète, cette fille de paysans prie « tous les jours » pour qu’à l’avenir les talibans laissent ses filles travailler. Par rapport à l’époque précédente, quand les femmes étaient battues en pleine rue pour un centimètre de cheville apparente, les fondamentalistes d’aujourd’hui lui paraissent « plus ouverts », estime-t-elle. « En tout cas à Kaboul. » Les championnes de la Fédération nationale de taekwondo souffrent aussi d’être enfermées. Dans le sous-sol inhabité d’une maison du centre-ville prêtée par un ami du coach, l’énergie des coups de pied dit ce besoin de délier le corps après des mois sans exercice, quand l’entraînement les réunissait près de trois fois par semaine. Bien qu’aucune ne se berce d’illusion sur l’avenir de la pratique sportive – Ahmadullah Wasiq, membre de la commission culturelle, a ainsi déclaré qu’il n’était « pas nécessaire » que les femmes fassent du sport – l’équipe a décidé de se réunir aujourd’hui. « On leur interdit de faire du sport, mais aucun arrêté officiel n’a été pris. Autant utiliser ce temps suspendu et continuer en faisant profil bas », commente l’entraîneur Namatullah Habibi. Au sous-sol, les cris et les impacts, propres à la

AVEC D E S M I LITANTE S, E LLE E ST E NTRÉ E E N RÉ S I S-

TANCE, réclamant le droit de travailler. Sur leurs pancartes, des slogans émouvants de simplicité : « Taleb, je suis ta mère, ta sœur, ta femme… Tu ne peux pas faire ta vie sans moi. » Plusieurs de ces sit-in ont été réprimés dans la violence. Mais ce jour-là, les deux talibans postés à l’orée du parc ne réagissent pas. Soucieux de retrouver les grâces de la communauté internationale, dont dépend l’aide financière, les islamistes évitent d’apparaître comme les bourreaux d’autrefois. À l’abri des caméras, des exactions à l’égard des femmes se perpétuent pourtant, mais elles sont très difficiles à documenter. D’après la BBC, deux cent vingt juges afghanes se terrent depuis le retour des talibans, craignant les représailles de ceux qu’elles avaient autrefois fait condamner. Quelques encablures plus loin, « la veuve Bibiko » se désintéresse de la manifestation. « Je suis une célébrité dans le quartier. Mon voisin m’offre tous les jours un verre de lait, par amitié », crâne la vieille femme aux yeux rieurs. La commerçante, mère de trois enfants, tient depuis longtemps sa roulotte dans une rue tranquille, à quelques mètres d’une école de filles. Un emplacement stratégique qui lui rapportait jusqu’à deux cents afghanis par jour – près de deux euros – avant la prise de pouvoir des talibans. Mais depuis que collégiennes et lycéennes ont déserté son trottoir, son chiffre d’affaires a été divisé par trois. Les nouveaux maîtres n’ont pas renvoyé Bibiko chez elle pour le moment. Et l’aïeule dit ne pas craindre leurs foudres. Elle ne craint « rien ni personne », affirme-t-elle. Hormis la faim.


Ci-dessus, de g. à d. et de haut en bas, défilés printemps-été 2022 Chloé, Balenciaga, Bottega Veneta, AZ Factory et Alberta Ferretti.

COURTESY OF CHLOÉ/IMAXTREE.COM. COURTESY OF BALENCIAGA/IMAXTREE.COM. COURTESY OF BOTTEGA VENETA/IMAXTREE.COM. DANIELE OBERRAUCH/IMAXTREE.COM (X2).

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ROBES EN COLORAMA


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COURTESY OF VERSACE/IMAXTREE.COM. THIERRY LEGAY (X8). MISE EN PLACE EMMANUELLE MATAS.

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Rose apothéose

LA PANOPLIE Un costume bonbon sur un crop top tangerine : le mélange des genres atteint des sommets.

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Réalisation Alexandra Contiet Linda Heynderickx.

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LE LOOK PODIUM Défilé Versace printemps-été 2022. 1. UNE VESTE MAGENTA ET UN PULL ABRICOT Veste en crêpe Paul & Joe, 495 €. Pull en coton Vince, 130 €. 2. UN SAC BLANC En cuir et métal doré Jimmy Choo, 1 195 €. 3. UN DEBARDEUR CORAIL En maille Gloria Gloria, 119 €. 4. DES SANDALES À LANIÈRES En cuir Georgia Rose sur sarenza.com, 99 €. 5. DES TALONS ET DES BRIDES En cuir Steve Madden, 89,99 €. 6. DES CRÉOLES En or Lore Van Keer, 325 €. 7. LA BONNE SILHOUETTE Veste et pantalon de costume The Kooples, 295 € et 185 €. Maillot de bain en polyamide Mirela Cerica, 105 €. 8. UN CABAS IMMACULÉ En cuir Guess, 160 €.


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Carrément orange LA PANOPLIE

Une minijupe qui claque et un petit sac à main assorti pour donner du souffle à un top sporty. Réalisation Alexandra Conti et Linda Heynderickx.

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LE LOOK PODIUM Défilé Prada printemps-été 2022. 1. UN PULL AJOURÉ En mérinos Vanessa Bruno, 150 €. 2. UNE MINIJUPE CITROUILLE En cuir verni Max Mara, 295 €. 3. UN POLO GRIS En piqué de coton et laine Tommy Hilfiger Collection, 130 €. 4. DES TALONS AIGUILLES En cuir Cos, 150 €. 5. DES ESCARPINS POINTUS En cuir de veau Louis Vuitton, 790 €. 6. UN SAC TOMATE Petit modèle Tempête, Delvaux, prix sur demande. 7. LA BONNE SILHOUETTE Polo en coton Polo Ralph Lauren, 115 €. Jupe en polyester technical bonded Shang Xia, 790 €. Ceinture en cuir Y/Project, 240 €.

COURTESY OF PRADA/IMAXTREE.COM. PHOTOS THIERRY LEGAY (X7). MISE EN PLACE EMMANUELLE MATAS.

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®

HEUREUX D’ÊTRE B CORP™ ensemble vers un bien-être éco-responsable “Nous sommes très heureux d’avoir obtenu la certification B Corp™. Rituals s’est toujours engagé pour prendre soin de votre bien-être comme de la planète. Désormais, nous allons plus loin grâce aux trois piliers de notre responsabilité : la transparence, l’environnement et la solidarité.” R AY M O N D C L O O S T E R M A N Fondateur & CEO Rituals Cosmetics

S C A N N E Z P O U R E N S AV O I R P L U S


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MODE

LE TAILLEUR MINIJUPE COME-BACK

Mélange acidulé de rigueur preppy et d’espièglerie pop, la tenue de l’héroïne du film Clueless signait, au milieu des nineties, la fin des années d’austérité grunge. Revisitée par les créateurs, elle incarne ce néosexy décomplexé qui déferle sur nos vestiaires.

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Alicia Silverstone dans le film Clueless.

Défilé Chanel, printemps-été 2022.

QUE CELLE QUI N’A JAMAIS FANTASMÉ SUR LA VESTE COURTE ET LE MINIKILT EN TARTAN JAUNE de Cheryl Horowitz nous jette la première pierre. Avec son tailleur signé Dolce & Gabbana, l’héroïne de Clueless et ses copines de Beverly Hills ont fasciné une génération d’adolescentes dans les années 90. Librement inspiré du roman Emma de Jane Austen, le « teen movie » d’Amy Heckerling fête cette année ses 26 ans. Une madeleine de Proust qui n’a pas échappé aux créateurs. La collégienne a ainsi inspiré les collections de Boss x Russell Athletic, Versace, Marcia et Coach, qui en a livré une version plus grunge. Mais c’est Chanel qui a le mieux saisi la quintessence du personnage. La maison a en effet imaginé une déclinaison parisienne de son vestiaire, infusé de cette pop culture preppy et sexy, colorée et délurée, pile dans l’air du temps. Outre-Manche, la « Clueless nostalgia » a fait vibrer les people, du tailleur vintage Chanel que l’actrice Olivia Rodrigo portait en juillet dernier à la Maison Blanche à l’ensemble à carreaux violet de Beyoncé posté en août sur Instagram en passant par la veste de Harry Styles lors des Grammy Awards, en mars 2021. Alicia Silverstone, qui incarnait Cheryl, a même fait un clin d’œil à son look en annonçant en juin dernier son arrivée sur TikTok… habillée d’une veste jaune à carreaux.

PARAMOUNT PICTURES. DANIELE OBERRAUCH/IMAXTREE.COM.

Par Vicky Chahine


SAINT-VALENTIN TENDANCES

La Saint-Valentin a beau être une grand-messe commerciale, on aime donner une touche d’amour supplémentaire à sa garde-robe et à son intérieur. Un peu de rouge et de rose, de dentelle sexy, beaucoup de cœurs et de lingerie pour se faire plaisir. Par Timon Van Mechelen 2

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JORRE JANSSENS. TIM VAN LAERE GALLERY. IMAXTREE. PRESSE.

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1. La Heart Cone Chair 1959 de Verner Panton, toujours fabriquée par Vitra. 2. Tableau The huntswoman and the wanderer de Ben Sledsens, 2020. 3. Defilé Stella McCartney printemps-été 2022. 4. Sac à main Chanel. 5. Parfum Rose de Chine Tom Ford. 6. Sandale à talon Yume Yume. 7. Palette Miss Dior, Dior. 8. Kimono Alex Antwerp. 9. Alliance Cartier. 10. Jupe Paco Rabanne. 11. Vase Aalto Iittala. 12. Soutien- gorge Marie Jo.


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STYLE

CONVERSATION

tête afin d’essayer de proposer « une pause ». D’un côté, je me tourne vers l’avenir en imaginant une garde-robe contemporaine, mais je me laisse aussi la liberté de retravailler des pièces de mes archives.

LE SENS DE LA MODE SELON

VANESSA BRUNO Certaines de ses créations ont traversé les époques et les tendances. Et pour cause : depuis trente ans, c’est ainsi qu’elle envisage son travail, tourné vers une sorte d’intemporalité chic. À l’image de son célébrissime sac cabas, devenu un classique dans le monde entier. Rencontre. Par Louise des Ligneris

Êtes-vous attachée à l’idée de créer des basiques ?

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Vanessa Bruno.

Je me souviendrai toujours de ma première interview avec une journaliste anglaise. Je lui avais dit : « J’aime faire des basiques. » Elle m’avait regardée d’une drôle de façon en me disant : « Mais c’es t ennuyeux ! » Je lui ai répondu : « Si vous trouvez que le trench Burberry est ennuyeux, moi, je veux bien en faire comme ça toute ma vie ! » Et j’ai conçu le cabas. Quelle est d’ailleurs l’histoire de votre cabas ?

À l’époque de sa création, j’étais jeune maman et j’avais besoin d’un sac adapté à mes besoins. Je l’emportais partout avec moi en vélo et il attirait l’œil. Je fais des pièces faciles pour des femmes qui reconnaissent le bon rapport qualité-prix, qui ont envie d’une allure en se sentant à l’aise. Et surtout, qui n’ont pas envie d’une pièce qui leur donne l’impression d’être une caricature de mode. Il s’est démocratisé au fil des ans, les femmes l’ont choisi.

Il semble y avoir trois temporalités dans votre travail : vos vêtements sont pensés pour le quotidien, vous défendez un style éternel et vous pensez au futur en optant pour une production raisonnée…

Est-ce rassurant de pouvoir retrouver ainsi un vêtement d’une saison à l’autre ?

Dans notre époque d’hyperconsommation, c’est effectivement très rassurant de sentir que le temps n’a pas de prise sur certaines pièces. Nous sommes sans cesse en train de voir des tendances, des nouveautés défiler sous nos yeux. Dans notre quotidien, il y a comme une fuite du temps. Lorsque je travaille mes collections, je garde cela en

Imaginiez-vous qu’il aurait un tel succès ?

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Jamais de la vie ! C’est une histoire dingue. Lorsque j’ai lancé ma marque, je n’aurais jamais pensé que je serais là encore aujourd’hui. J’ai toujours énormément travaillé, mais sans jamais me projeter dans une carrière et encore moins dans le succès mondial d’un produit. Je reste émerveillée lorsque, dans la rue, je croise une personne qui porte mon sac. Je ne peux pas m’empêcher de sourire. J’aime l’idée qu’il plaise à toutes les femmes, de tous les âges.

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1. Silhouette printempsété 2022. 2. Le sac

Cabas de la saison. 3. Basket Faye, printemps-été 2022.

COURTESY OF VANESSA BRUNO (X3). ANNA-MARIE JANSSEN.

J’ai toujours voulu proposer des vêtements bien faits qui s’inscrivent dans une notion d’intemporalité. Je parle de pièces que vous avez envie de porter d’une saison à l’autre. Car au fond, un bon vestiaire, c’est celui auquel on tient. Dans le mien, il y a des pièces qui ont cinq ans, d’autres dix ans… Aussi, il y a des matières récurrentes que j’affectionne. Comme mon pull Malo en maille naturelle de yack. Je le retravaille souvent et je sais que mes clientes sont ravies de le retrouver.



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STYLE

PEOPLE

SUR LE FIL INSTA DE

HARRY STYLES Idole des millenials, chouchou de la planète mode, le chanteur et acteur se dévoile à travers ses gestes de soutien aux causes qui le touchent. Mais n’oublie jamais d’offrir à ses 41,5 millions d’abonnés quelques moments choisis de son quotidien de pop star. Par Maud Gabrielson

SON STYLE FLUIDE

SON SENS DE LA DÉRISION

Si le jeune homme est plutôt discret sur sa vie privée – on lui prête une relation avec l’actrice Olivia Wilde –, il lui arrive parfois d’en dévoiler les coulisses. On peut ainsi le voir dans sa loge, plaisantant avec son équipe « beauté », ou encore dans son bain, révélant ses tatouages.

La pop star n’a jamais caché son penchant pour une allure genderless décomplexée : vernis à ongles, colliers de perles, talons hauts… Le 31 octobre dernier, son concert new-yorkais coïncidait avec la fête d’Halloween et chacun pouvait venir déguisé. Sur scène, le chanteur avait, quant à lui, choisi un costume évoquant la tenue de Dorothy dans Le magicien d’Oz. Ses souliers rouges à paillettes étaient signés Gucci.

SON GOÛT DU SPECTACLE

La tournée Love on Tour, qui a débuté en septembre dernier à Las Vegas et devrait se prolonger à travers le monde dans les mois à venir, offre au chanteur l’occasion d’exprimer son côté « bête de scène ». Ancien leader du groupe One Direction – en « pause » depuis 2017 –, Harry Styles est un habitué des shows spectaculaires. Il a d’ailleurs décroché le prix de la meilleure prestation pop solo lors des derniers Grammy Awards.

SA CONSCIENCE ÉVEILLÉE

SES AMIS EN OR

À 27 ans, le Britannique fait partie du petit cercle des célébrités mondialement connues. Parmi ses amis : Alessandro Michele, le directeur artistique de Gucci, la chanteuse Adele ou encore l’actrice et auteure Phoebe Waller-Bridge (photo), qu’il a invitée à danser pour le clip de la chanson Treat People with Kindness.

INSTAGRAM.COM/HARRYSTYLES.

SON ESPRIT DE FAMILLE

En 2013, Harry Styles mettait à l’honneur sa grande sœur, Gemma Styles, alors tout juste diplômée en génétique. Aujourd’hui journaliste pour plusieurs magazines outreManche, celle-ci est aussi à la tête du podcast Good Influence, où elle évoque avec ses invités des thèmes aussi variés que la lutte pour le climat ou la santé mentale.

Instagram ? Révélé en 2010 dans la version britannique de l’émission The X Factor, Harry Styles s’en sert régulièrement pour la bonne cause. Quand il ne brandit pas sur scène le « rainbow flag », symbole de la communauté LGBTQ+, c’est souvent aux mouvements Black Lives Matter ou March For Our Lives – luttant contre les armes à feu – qu’il fait référence dans ses posts.


Théâtre Royal des Galeries Directeur : David Michels

I R N E H r u e i s n o &M de Ivan

Calbérac

PASCAL RACAN, SÉVERINE DE WITTE, MARGAUX FRICHET et DENIS CARPENTIER. Avec

Mise en scène : Alexis Goslain et Sandra Raco Décor : Francesco Deleo Costumes : Fabienne Miessen

 www.trg.be

02 512 04 07

Du 2 au 27 février 2022 En coproduction avec La Coop asbl et Shelter Prod avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge


marieclaire.be

@marieclaire_belgique

marieclaire.belgique

MARIO SORRENTI. PRESSE. @COLLAGES_FEMINISTES_BRUXELLES. @ALMALUSAHOTELS. ELEONORE. @ANGELE_VL.

EMPOWERMENT MODE BELGIQUE REGARD SUR LE MONDE IMPERTINENCE DURABLE HUMOUR STYLE


RÉALISATION ANNE-SOPHIE THOMAS. COSTUME AMI. MONTRE PANTHÈRE, EN OR JAUNE CARTIER, MULES NODALETO.

RENCONTRE VIRGINIE EFIRA, EN TOUTE INTIMITÉ

Ci-dessus, photographiée par Basile Mookherjee.

TÊTE-À-TÊTE(S)


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Veste Soyul Kim, robe AZ Factory. Bague Panthère, en or jaune Cartier, mules Nodaleto.


RENCONTRE

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VIRGINE EFIRA

Le bel équilibre Elle rit beaucoup. Puis se reprend, rattrapée par son goût vif pour la discussion. Au cinéma, l’actrice incarne cet hiver la très gaie et si fragile Camille dans En attendant Bojangles (1), mais aussi Judith, qui mène une double vie, dans le thriller Madeleine Collins (2). Des rôles équilibristes de femmes sur le fil auxquels elle donne corps avec une belle intensité. Dans son studio-bureau, où elle nous reçoit, elle laisse filer la conversation, tour à tour légère et profonde, évoquant son rapport à son métier et au succès, mais aussi son regard sur son corps, son besoin d’indépendance ou encore son romantisme. Contradictoire ? Peut-être, mais sincère, et bien vivante. Par Philomène Piégay Photos Basile Mookherjee Réalisation Anne-Sophie Thomas

Elle s’excuse, souvent. De ses mots qui parfois s’emmêlent, des méandres de sa pensée, de « parler trop et un peu dans tous les sens », de ses possibles contradictions. Elle s’excuse d’emmener sa parole loin sur des chemins de traverse, et qu’ainsi décousue, elle puisse ensuite vous donner du fil à retordre. Elle s’excuse enfin parce qu’après une journée de tournage, elle s’est couchée tard la veille et craint que des volutes de fatigue ne viennent embrumer sa réflexion. Pourtant rien n’est plus simple et plus fluide que de converser avec Virginie Efira. Le verbe alerte, le timbre joliment nonchalant, elle a le souci du mot juste, de la phrase qui nuance tout en cherchant à porter loin. Souvent drôle, toujours sans chichi, la discussion s’épanouit dans le petit studio qui lui fait office de bureau, sur le même palier que son appartement du 11e arrondissement de Paris. Tout en lumière douce, un écrin chaleureux pour échanger, sans l’ombre d’un écran pour surveiller les heures. Généreuse de son temps, l’actrice a beaucoup à dire sur ces deux rôles qui marquent son hiver. Celui

de Camille, l’héroïne fantasque, mélancolique et impévisible d’En attendant Bojangles, tourbillon d’émotions dans lequel elle excelle et belle adaptation du best-seller d’Olivier Bourdeaut, dont elle partage l’affiche avec Romain Duris. Et celui de Judith, cette femme qui mène une double vie jusqu’au vertige dans Madeleine Collins, thriller sombre et inquiétant sorti juste avant Noël. Deux rôles de femmes sur le fil, dont la raison vacille jusqu’au naufrage et que l’actrice défend avec ardeur, fidèle à son image sympathique et enjouée. Mais à côté de cette spontanéité « bonne franquette », c’est surtout parce qu’elle sait interroger ses succès et bousculer ses certitudes que Virginie Efira nous apparaît si irrésistible. Et étrangement si proche. Rencontre. Comment avez-vous abordé le personnage de cette femme joyeuse, fantasque et peu à peu gagnée par la folie dans En attendant Bojangles ?

Ce qui m’intéresse, c’est cette confrontation des contraires qu’on porte tous en

nous et sans être forcément malade. Avoir, comme Camille, de grandes qualités d’un côté, des faces très sombres de l’autre… Une force vitale incroyable et aussi une mélancolie plus aiguë. Chez elle, il y a cette fantaisie et cet amour débordants… Et une manière, comme le dit Mr. Bojangles, la chanson de Nina Simone, de danser au-dessus de la mort, qui me touche. J’aime qu’elle ait conscience du caractère éphémère de la vie et qu’elle veuille y faire rentrer de la fiction, de la beauté. Tout en étant traversée par une immense noirceur. Comment est-ce qu’on incarne le délitement d’un esprit?

Je n’ai pas travaillé ce rôle d’un point de vue pathologique. Jouer, c’est de l’ordre du sensible, du physique, de l’organique, de l’intuitif… Chez Camille, il peut y avoir une joie profonde, quand elle observe son mari jouer avec son fils et puis, au même moment, elle sait que ce sera bientôt fini et la tristesse l’envahit. On est tous capables de ressentir ça. Le film pose des questions : jusqu’où peut-on


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TÊTE-À-TÊTE(S)

RENCONTRE

“J’ai toujours été celle qui restait au bord de la piste de danse, persuadée d’avoir la grâce d’un hippopotame. Une figurante m’a dit que je ressemblais à une libellule, j’ai cru qu’elle se fichait de moi.” réinventer un monde, creuser notre liberté ? Cette famille – Camille, son mari Georges et leur fils de 9 ans – décide de vivre différemment, d’imaginer d’autres codes. J’avais peur que ce refus du réel rende mon personnage prétentieux, genre « chez nous, c’est tout sauf l’ennui » ou « on ne paie pas nos impôts et ça nous rend tellement plus intéressants… » J’aime cette envie de recréer un monde. Et parfois, je me trouve même un peu chiante avec mes réflexes très cartésiens. Il y a quelque chose d’amusant à croire en autre chose, les fantômes, la magie par exemple. En même temps, je sais bien qu’il faut faire avec le monde tel qu’il est, accepter une forme de banalité. Pour vous glisser dans le rôle de cette femme malade, bipolaire, vous êtes-vous inspirée de certains personnages de cinéma ?

Avec Régis Roinsard, le réalisateur, on a évoqué Gena Rowlands dans Une femme sous influence. Mais il me mettait en garde à chaque fois que je lui empruntais inconsciemment des tics de jeu. Même si les deux films n’ont rien à voir, ils posent la même question : est-ce elle qui est folle ? Ou les autres ? Il y a aussi des fêlures dans des personnages de Natalie Wood, une actrice démentielle, dans La fièvre dans le sang ou Propriété interdite. Il a fallu que j’arrive à éprouver les scènes physiquement, jusqu’à une sorte de vertige. Oublier le cerveau, lâcher ses repères, c’est toujours mieux pour un acteur. Parce que j’ai commencé dans des comédies romantiques, j’ai aussi aimé renouer avec une forme de légèreté, il y a là une espièglerie à la Philippe de Broca.

Il y a aussi des scènes de danse et de fête d’une gaieté très communicative… Quel plaisir y avez-vous trouvé ?

Oui, ces scènes sont très réussies. Pour la fête dans l’appartement parisien, je me promenais dans une grande pièce où je découvrais des figurants en train de s’amuser, l’un dansant, l’autre buvant du champagne dans une chaussure, tout cela pendant la prise… C’était très joyeux. Pourtant, la danse, ce n’est pas trop mon truc. J’ai toujours été celle qui restait au bord de la piste, persuadée d’avoir la grâce d’un hippopotame. Une figurante m’a dit que je ressemblais à une libellule, j’ai cru qu’elle se fichait de moi. Je n’ai pas les mêmes aptitudes que Romain Duris, qui bouge merveilleusement bien. Je suis un peu complexée par mon corps, j’avais des robes comme Jane Birkin alors que je ne suis pas une longue brindille. Complexée par votre corps, alors que vous avez tourné tant de scènes de nu dans vos derniers films ?

C’est comme si ce n’était pas moi. Au cinéma, bizarrement, je ne suis pas du tout complexée… Je me suis mise pas mal à poil dernièrement, mais ce n’est pas un délire exhibo et, dans la vie, c’est plus compliqué. J’ai une pudeur inouïe. Avant d’accepter les scènes de sexe, je me demande si cela m’apporterait quelque chose comme spectatrice. Au cinéma, les corps m’intéressent, la sexualité aussi, l’intime me touche. Si c’est juste un petit coït illustratif, aucun intérêt. Et pour revenir à la nudité, j’ai beau me dire que le cinéma est là pour filmer tous les corps, tels qu’ils sont, pour préparer Benedetta j’ai tout de

même fait du sport et attention à ce que je mangeais. C’est une contradiction dont je ne suis pas très fière… En attendant Bojangles nous interroge sur le thème de la santé mentale, un sujet encore très tabou en France…

Pourtant, qui n’est pas concerné par ce sujet ? C’est drôle de voir combien les Américains, qui vont moins que nous sur le terrain de l’intime dans les interviews, peuvent sans problème évoquer la dépression qu’ils ont traversée… Mais ils s’en sont toujours sortis ! (Elle rit.) Je ne vais pas m’inventer de grands épisodes dépressifs, mais enfin, on n’est pas sautillant en permanence. Il y a des moments où l’on ne se sent plus en lien avec soi. Comme si on ne savait même plus comment parler, ni de quoi on est constitué. Ma vie n’a pas été traversée par de grands drames, mais je ne suis pas sûre qu’il en faille un pour perdre la foi en l’existence, ne plus savoir exactement qui on est. On traverse tous des moments comme ça, non ? Il me semble qu’on arrive aujourd’hui à mettre davantage les mots sur ce mal être, heureusement. Dans Madeleine Collins, votre personnage mène une incroyable double vie, qui va la conduire à une forme de folie…

Oui, elle perd pied. Le film pose bien la question de l’identité. Un peu comme dans Gone Girl, l’un de mes films préférés, à la fois un thriller et une interrogation métaphysique sur le couple. Qu’est-ce que c’est, être soi ? Si la famille peut être, comme dans En attendant Bojangles, un lieu d’amour et de compréhension, elle peut aussi être synonyme d’enfermement. Tu es la fille de ta mère, donc tu dois correspondre à ce que l’on attend de toi, etc. Finalement, est-ce que l’identité n’est pas qu’un rôle qui vous incombe ? J’ai pu ressentir ça dans ma propre vie, devoir être exactement à l’endroit où l’on vous dit d’être, un endroit qu’on n’interroge pas. Je pense à mes débuts à la télévision, mais cela englobe aussi le rapport aux hommes, aux autres : quand, nulle part, on ne se place au bon endroit. Le film est aussi une mise en abîme de votre métier, qui est en permanence l’expérience du dédoublement…


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Oui, cela revient beaucoup dans mes personnages récents. Benedetta a ce syndrome de dédoublement, elle est actrice. Dans En attendant Bojangles, Camille s’invente aussi des rôles. Nos personnages finissent par dire des choses de nous. Dans mes choix, il y a une part d’inconscient. Et je suis parfois surprise qu’on me propose certains rôles. J’avais une idée assez prétentieuse de moimême en pensant par exemple que j’avais l’air trop « saine ». Je me souviens d’une phrase que me dit Vincent Lacoste dans Victoria : « Tu as un sens du drame anormalement développé. » Il paraît que c’est vrai, alors que je pensais incarner surtout le « concret belge », le bon sens au coin de chez vous ! Vous disiez dans Marie Claire, il y a un an et demi, qu’on vous offrait des rôles plus «tarés» et que c’était l’avantage de vieillir…

À mes débuts, j’ai joué beaucoup de personnages particulièrement inoffensifs. Mais je ne renie rien, il y avait un vecteur comique, qui me manque parfois. Je n’ai pas eu 20 ans au cinéma. À l’époque, j’étais à côté de moi-même, je souriais tout le temps parce que je pensais que c’était ce qu’il fallait faire. À cet âge-là, on se préoccupe aussi beaucoup de sa petite personne… J’aime le travail sur soi, je suis une folle de la psychanalyse. Mais il faut aussi se tourner vers l’extérieur, avoir une curiosité. O.K., vieillir, c’est pas toujours la grande joie, mais il y a quand même des trucs assez cool. Rater n’est pas si grave, on n’en est pas moins valable. Et puis on a tous les âges en même temps. J’ai 44 ans, mais celle que j’étais à 20 ans n’a pas complètement disparu. Aujourd’hui vous tournez énormément, vous êtes très sollicitée… Vous arrivez à garder la tête froide?

Si on part par là, il y a toujours quelqu’un qui a beaucoup plus de succès que vous ! C’est une donnée un peu floue, le succès… À partir du moment où ça me fait rire quand quelqu’un sort un truc pas sympa sur moi au Masque et la plume, je me dis que tout va bien. Quand des choses négatives sont formulées, je peux penser que ce n’est pas tout à fait vrai et ça vaut aussi pour les choses positives. Si on se met à croire que les likes, c’est de l’amour, on va le payer. Il faut croire en

ce qu’on fait, ce qui se passe après ne nous appartient pas. J’ai toujours l’impression que le succès ne va pas durer et c’est peut-être pour cela que je travaille beaucoup. Quant à la notoriété, ce n’est pas essentiel dans ma vie. Je pense que si ça disparaissait, cela ne poserait aucun problème. Mais je suis souvent dans le déni… (Elle rit.) Alors c’est peut-être très prétentieux de croire ça. Cela étant, ma notoriété reste assez faible… J’ai travaillé avec Omar Sy et là, tu vois à quel point ça change ta vie. Vous donnez l’impression d’être une boulimique de travail, vous enchaînez les films…

Robe en polyamide Sportmax. Créoles Clash et bague Panthère, en or jaune Cartier, escarpins en cuir Ottolinger.


Doudoune Meng Che Chiang, robe Marcia. Collier Panthère, en or blanc et diamants, et bague Clash, en or jaune Cartier. Assistante stylisme Agathe Gire. Coiffure Rudy Marmet. Maquillage Khela. Manucure Eri Narita/Call My Agent. Production Zoé Martin/ Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto et Margot Bootz. Nos remerciements à Americar Prestige.


RENCONTRE

“Mon père, médecin, prônait l’indépendance financière. Quand je me suis mariée très jeune, à 22 ans, il m’a dit : ‘C’est moins pire qu’un cancer, mais quand même…’” Un acteur, hier, m’a demandé si j’avais peur de la vie normale. Je vis bien les périodes sans tournage. Je peux emmener ma fille sur les plateaux, faire mon métier tout en la voyant énormément. Je n’aime pas l’idée d’une maternité sacrificielle… J’ai finalement plus travaillé quand j’ai eu un enfant, car les choses se passent à l’endroit où tu es. Avant, j’ai longtemps eu peur de louper un bout de l’existence, la dernière partie de soirée au cas où quelque chose s’y passe… Il y a aussi l’idée d’un temps qui serait imparti, parce que je n’ai pas travaillé au début. Le désir d’être actrice a duré longtemps et il y a un énorme plaisir maintenant. L’emmerdement, c’est de se dire : il faudrait que ça dure. Et aussi de devenir trop sérieux. Vous avez cette impression d’être devenue sérieuse?

Un peu, forcément… J’étais à Cannes cette année, je me suis souvenue de l’époque où j’y allais sans avoir rien à y faire. Je sortais jusqu’à pas d’heure, je ne sais plus trop avec qui je rentrais. (Elle rit.) C’était très rigolo, il y avait partout des chemins de traverse. Là, cette année, je me suis vue fumer une cigarette sur le balcon de l’hôtel après être rentrée à une heure raisonnable et avoir bien fait mon travail. Le lendemain, je devais me lever tôt… Quel sérieux ! En attendant Bojangles soulève aussi des questions sur la parentalité… Qu’est-ce qu’être, au fond, un bon parent, jusqu’où poser des cadres? Pour vous qui avez donc une fille de 8 ans, c’est quoi, une famille idéale?

Je me souviens, quand je tournais Victoria, j’avais une scène où je devais faire une caresse à la petite qui jouait ma

fille, lui dire je t’aime, et j’ai eu un très gros sanglot. Ma fille était très jeune et je me suis demandé sur quoi je pleurais. Je crois que c’était sur une faillite annoncée, celle de réussir totalement la maternité. J’ai des parents super, mais je leur en veux de certaines choses comme tout le monde. On ne peut pas réussir complètement cette chose-là. Comment laisser son enfant mener son existence ? J’ai eu un cadre important, un père médecin, une mère au foyer quand j’étais petite, puis qui a fait plein de métiers. Il y avait une exigence sur l’école, les résultats et, même quand j’ai voulu être actrice, on m’a répondu : « O.K., mais as-tu lu tout Racine ? » Mon père prônait l’indépendance financière. Quand je me suis mariée, à 22 ans, il m’a dit : « C’est moins pire qu’un cancer, mais quand même… » Il était rigolo, mon père… Moi aussi, je transmets un cadre à ma fille. Mais j’aime qu’elle ait déjà cette idée que l’existence pourrait lui proposer quelque chose d’intéressant. Y a-t-il de nouveaux territoires que vous avez envie d’explorer dans votre métier? L’écriture?

Le confinement, hélas, vous met face à votre propre médiocrité. Avant, c’était facile de se dire : je n’écris pas parce que je n’ai pas le temps. J’ai eu le temps et je n’ai pas écrit. Avec Niels (l’acteur Niels Schneider, son compagnon, ndlr), on a le projet d’une série dont on est à l’origine. J’adore The Morning Show, ce que j’ai vu de plus intelligent sur #MeToo. C’est brillant, drôle, Jennifer Aniston est incroyable. J’aimerais imaginer quelque chose d’identique dans l’esprit. Mais je suis incapable de créer une dynamique toute seule. La seule dynamique qui fonctionne bien chez moi, c’est pour

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développer une forme de sensualité, de paresse, de nonchalance… je nage avec beaucoup d’onctuosité dans tout ça. (Elle rit.) Cela vous manquait-il de ne pas travailler avec votre compagnon?

On a déjà tourné deux films ensemble, maintenant, il faut trouver d’autres manières de travailler. Il a réalisé un court métrage dans lequel j’ai joué, par exemple, c’était très bien. Et le fait que vous tourniez chacun beaucoup, et séparément, ça ne complique pas trop la vie?

On ne peut pas dire que ça la rende plus simple, mais il faut faire avec. Quand on s’est rencontrés, j’avais peur que l’histoire s’étiole vite parce qu’on partait tourner tout le temps… À chaque endroit, il y a quelque chose de bon à prendre : on est aux prises avec des choses assez évidentes, comme le manque, l’envie de se retrouver, une semaine qui tend vers ça. Ça peut être aussi très joyeux, moins routinier. Il faut également se faire à différents rythmes. Accepter, quand on se retrouve, que toute l’attention ne soit pas focalisée sur l’autre et que ce n’est pas grave. En attendant Bojangles pose la question de savoir jusqu’où on peut aller par amour. Vous avez votre réponse?

J’imagine le plus loin possible, sans se trahir soi. J’ai quand même un tempérament assez romantique. On ne peut pas vouloir de grands sentiments et se dire tout à fait indépendante. J’essaie de me construire un petit manuel de « comment être bien ensemble ». On se découvre plus conformiste qu’on ne le croit, on peut penser que l’autre ne nous appartient pas et être jaloux. Je crois quand même très fort à l’exclusivité, qu’elle soit sexuelle, intellectuelle ou autre, c’est-à-dire à un endroit que tu ne partages qu’avec une seule personne. J’aimerais pouvoir vous dire que je trouve ça vraiment génial, l’amour libre… mais là-dessus, je suis d’un commun tout à fait rasoir ! 1. De Régis Roinsard, avec Romain Duris, Grégory Gadebois, Solan Machado-Graner… 2. D’Antoine Barraud, avec Bruno Salomone, Quim Gutiérrez, Jacqueline Bisset...


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INTERVIEW


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NORA MONSECOUR

«SI LE FÉMINISME CONSISTE À CÉLÉBRER TOUS LES INDIVIDUS, Le personnage qui a inspiré le film Girl sorti en 2018, c’est elle. À 25 ans, Nora Monsecour devient le visage de Pantene, mais aussi la première égérie belge dans l’histoire de la marque. Plutôt que de s’attarder sur la transition physique qu’elle a vécue ou de s’ériger en modèle absolu pour d’autres personnes en transition, Nora préfère laisser son message s’exprimer au travers de la danse et, hors scène, ouvrir le débat en dépassant le spectre de sa propre histoire. Par Marie Honnay

PRESSE.

Vous êtes née dans une famille très ouverte d’esprit. Et vous avez un frère jumeau. À quoi a ressemblé votre enfance ?

Je me suis toujours sentie femme. En tant qu’enfant transgenre, ce n’est pas au sein de ma famille que j’ai connu le plus de discriminations. Je peux d’ailleurs me considérer comme particulièrement chanceuse d’avoir grandi aux côtés de parents qui disent avoir toujours su. Cette acceptation par mes parents, mais aussi par mon frère, de qui je suis vrai-

ALORS, OUI, JE SUIS FÉMINISTE.» ment proche, m’a permis de démarrer très tôt mon processus de transition. Vous insistez sur l’aspect global de cette transition qui ne se limite pas, selon vous, à l’aspect physique des choses.

Pour ma part, elle a duré de mes 6 ans à mes 18 ans. Aujourd’hui encore, je me sens grandir tous les jours. La chirurgie n’est en effet qu’une infime partie du processus de transition. Aujourd’hui, à 25 ans, je peux enfin profiter pleinement de ce long cheminement et des décisions que j’ai prises pour y arriver. Vous expliquez néanmoins que la discrimination à l’égard d’un enfant transgenre se cache parfois dans des éléments qui, de l’extérieur, peuvent sembler anecdotiques.

Quand j ’ai commencé la dans e d’abord classique -, je me suis heurtée à un milieu extrêmement codifié qui ne laissait aucune place à la différence. Chaqu e fin d’été, au moment de reprendre les cours de danse, je devais aller chez le coiffeur pour me faire couper les cheveux très courts. Pour moi, c’était un drame, la négation de qui j’étais. Lorsque j’ai voulu danser d’une façon plus féminine, différemment de que ce que l’on attend d’un garçon dans

le ballet classique, je n’ai pas pu. On m’a d’ailleurs refusé l’accès à une classe de filles. Aujourd’hui, vous menez une carrière internationale dans le registre de la danse contemporaine. Un choix délibéré ?

Danser, c’est ma raison de vivre. Je sais que cette phrase semble cliché, mais elle traduit parfaitement mon besoin de m’exprimer par le biais du corps et de sortir de certaines cases dans laquelle je refusais d’entrer. À 22 ans, je suis partie me former pendant trois ans à la Northern School of Contemporary Dance en Angleterre. Désormais, je danse au sein de la compagnie Staatstheater Mainz. La danse contemporaine est moins rigide, moins codifiée que le ballet. En termes d’acceptation de toutes les différences, le monde de la danse reste, à certains égards, extrêmement formaté.

Oui, même si, ces dernières années, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer davantage d’ouverture. Celles de gays qui souhaitent danser ensemble, par exemple. Dans ma compagnie, les différences font partie du quotidien. Si, pour ma part, je peux


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INTERVIEW

enfin porter les cheveux longs, la grande diversité de looks des danseurs est une autre manière d’envisager cette diversité. Même si, sur scène, nous jouons un rôle, nous y intégrons une grande partie de nous. Et quand nous nous produisons dans un pays hostile à l’homosexualité ou à la transidentité, nous amorçons un dialogue qui, même lorsqu’il est muet, n’en reste pas moins extrêmement engagé. Ouvrir le débat, c’est déjà militer. Il ne faut jamais sous-estimer l’impact de chaque geste, aussi discret soit-il. Vous sentez-vous féministe ?

Le terme me gêne un peu, dans le sens où il me paraît encore trop restrictif. Ce qui m’intéresse, c’est la célébration de chaque individualité. Je suis convaincue que c’est en amorçant le dialogue, en partageant mon expérience au travers de la danse, mais aussi de cette campagne pour Pantene, que nous pouvons conscientiser les gens à cette réalité et ainsi accélérer certains processus d’acceptation qui, comme dans le milieu de la danse, tardent à se matérialiser. Dans certaines communautés ou certains milieux élitistes, il reste beaucoup d’obstacles à franchir. C’est pour cette raison que vous avez accepté ce rôle d’égérie Pantene ?

Je crois que créer le dialogue, c’est aussi inspirer d’autres gens à parler. Quand j’étais adolescente, je n’ai pas eu de modèle sur lequel m’appuyer dans mon processus de transition. Si, au travers de cette campagne qui me présente comme une femme et une artiste sans s’attarder sur ma transidentité, je peux inciter les gens à partager leur vécu, j’aurai atteint mon objectif. En tant qu’égérie, ce qui m’intéresse, c’est d’inviter les gens à surmonter les moments plus difficiles de leur existence en s’accrochant à des valeurs ou des symboles qui les rassurent. Dans mon parcours personnel, les cheveux ont toujours joué un rôleclé. Qu’on les porte courts ou longs, peu importe. Ce qui compte, c’est ce que vous voulez exprimer au travers de votre a p p a re n ce. Po u r qu e les ch o s es avancent, il faut montrer au lieu de cacher. Et si vous n’entrez dans aucune case ? C’est O.K. Beaucoup d’efforts restent à faire, c’est indéniable. Les

choses avancent lentement, mais elles avancent dans la bonne direction. Au-delà de cette campagne, vous invitez aussi à la réflexion au travers des réseaux sociaux, Instagram, notamment.

Mon profil Instagram est une plateforme qui me permet de m’exprimer sur certains sujets (je pense notamment aux membres de la communauté LGBTQ+ tués chaque année ou à la loi votée en juin dernier par le Parlement hongrois). Mais, je le répète, je me refuse d’être un modèle dans le sens premier du terme. Chaque histoire est unique. Il n’existe aucun mode d’emploi ou de règle à suivre. Et la mode ? Vous a-t-elle aidée dans l’expression de votre identité ?

J’ai toujours eu une grande fascination pour Marlene Dietrich, pour la manière dont elle détournait les codes de la garderobe masculine pour les rendre féminins. Aujourd’hui, vous portez d’ailleurs un tailleur pantalon.

J’aime porter des chemises d’hommes oversize, mais aussi des escarpins. J’aime jouer. Pour moi, ce jeu autour du vêtement équivaut à refuser que telle ou telle chose soit labellisée « féminine » ou « masculine ». Cette vision, je la dois aussi à mes parents. Ce sont eux qui, à l’adolescence, m’ont convaincue que je n’avais pas besoin de forcer le trait en m’habillant de manière ostensiblement féminine pour prouver que j’étais une femme.

Le secteur de la mode multiplie les tentatives pour s’inscrire dans cette mouvance inclusive. Qu’en pensez-vous ?

À condition que cette approche soit l’occasion d’initier un vrai débat et d’amorcer un dialogue qui dépasse le vêtement ou le cadre strict d’un défilé, je suis favorable au fait de voir des femmes rondes, des personnes de couleur ou transgenres sur un catwalk. Ces initiatives doivent aller dans le sens d’un respect de l’individu. À quoi sert une apparition de quelques secondes sur un podium ou un spot télé de 20 secondes s’il ne s’accompagne pas d’une vraie réflexion de fond ? En tant que femme et en tant qu’artiste, quels sont vos prochains défis ?

J’ai passé l’essentiel de ma vie à planifier : ma transition physique et les nombreuses auditions qui m’ont permis d’accéder au statut de danseuse professionnelle. Désormais, j’ai envie de profiter pleinement de mes succès. Et si, au travers de mon art ou de cette campagne, je peux encourager une prise de conscience à grande échelle, c’est fantastique. Ce qui m’importe, même lorsque je m’engage sur des sujets graves, c’est de terminer sur une note positive. Aujourd’hui, l’information existe. Elle est partout. Ceux qui prétendent ne pas voir ou savoir sont en fait ceux qui ne veulent pas voir. Malgré ça, je suis confiante. En termes d’acceptation des différences, chaque pas compte.

Vivre pleinement son identité Par le biais du hashtag #HairhasnoGender, Pantene s’engage de manière globale dans une réflexion sur les questions de genre. Depuis quelques années, la marque a multiplié les initiatives et les programmes visant à élargir le débat et à conscientiser les consommateurs, mais aussi les professionnels du secteur à ce type de problématiques. Le groupe a notamment mis en place GABLE, l’acronyme de Gay, Ally, Bisexual, and Lesbian Employees, une initiative qui encourage les actions visant à permettre aux collaborateurs du groupe de considérer leur lieu de travail comme un espace sécurisant où ils se sentent libres de vivre pleinement leur identité. Au Canada, la marque s’est également associée à la coiffeuse et activiste Kristin Rankin, fondatrice de l’association DressCode Project. L’objectif : aider les coiffeurs canadiens, mais aussi européens, à instaurer, au sein de leur salon, une atmosphère propice à l’expression de chaque individualité.


@DEODATOARTEGALLERY.

Andy Warhol, Copia.

LE LANGAGE COLORÉ DE WARHOL Expo Icon, Icon, Icon. Jusqu’au 12 mars à la Deodato Art Gallery, 28 rue Saint-Jean à Bruxelles. deodato.be

CULTURE


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ODE AUX DROITS DE L’HOMME La nouvelle exposition de la Caserne Dossin scrute et interroge les racines des droits de l’homme dans l’histoire, la législation, la religion, la philosophie et même la nature. Salutaire. Par Étienne Heylen

À l’endroit précis où des dizaines de milliers de Juifs et de Tsiganes ont été impitoyablement transportés dans les camps d’extermination pendant la Seconde Guerre mondiale, la Caserne Dossin remet en lumière la notion d’ espoir, contenue dans la Déclaration des droits de l’homme. L’exposition plonge dans le passé et met en avant les activistes énergiques et la pertinence actuelle de leur lutte. Lors de la préparation de cet événement, les commissaires sont partis à la recherche d’objets qui ont joué un rôle dans l’histoire des droits de l’homme. Dans ce contexte, Martin Shearman, l’ambassadeur de Grande-Bretagne, a prêté un exemplaire de la célèbre Magna Carta. « Le Royaume-Uni place les droits de l’homme universels, la démocratie libérale, la liberté d’expression et la justice au cœur de son travail dans le monde entier. La Magna Carta a jeté les bases de la liberté de l’individu contre l’autorité arbitraire voici plus de 800 ans et est donc l’un des précurseurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme. » Universal Human Rights, du 9 février au 11 décembre 2022 à la Caserne Dossin à Malines, kazernedossin.eu

AGENDA CHARLEROI

CHARLEROI

ANVERS

BRUXELLES

Danielle Rombaut

Festival Kicks ! Regard/s sur la jeunesse

Da Vinci - Artiste - Inventeur – Génie

Crush

Jusqu’au 15 mai, Musée de la photographie, 11 av. Paul Pastur, museephoto.be

Une 8e édition qui revient débrider la jeunesse pour faire vibrer le Pays noir au rythme de la nouvelle génération. Une programmation de théâtre et danse axée sur le pouvoir de résilience. Baptisée Le bonheur malgré tout, un titre déjà très évocateur… Jusqu’au 26 mars au Théâtre de l’Ancre, ancre.be

En plus des reproductions de ses œuvres d’art les plus célèbres, l’exposition présente également des dizaines d’inventions reconstruites à partir de bois, méticuleusement assemblées par des artisans italiens, exactement selon les dessins originaux de Léonard de Vinci. À toucher et tester ! Jusqu’au 6 mars à la Waagnatie Expo & Events, expodavinci.be

Le Design Museum Brussels a jeté son dévolu sur les collections du Musée d’Ixelles, actuellement en travaux. L’exposition met en relations inédites près de 40 pièces et les œuvres de leurs collections respectives. Étonnant ! Jusqu’au 6 mars au Design Museum Brussels (ADAM), designmuseum.brussels

PRESSE.

Originaire de la région d’Anvers, cette ex-fonctionnaire au SPF Finances a interrompu sa carrière en 2019 pour explorer la photo, notamment. En juillet 2021, elle découvre dans les médias l’ampleur hallucinante des inondations en Wallonie. Son travail est criant de vérité.


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NUANCES REBELLES La Britannique Lucy McKenzie, basée à Bruxelles, a déjà des lettres culturelles de noblesse considérables : elle a exposé ses œuvres à la Biennale de Venise, à la Tate Britain, à la Kunsthalle de Bâle, au Stedelijk Museum d’Amsterdam et à l’Art Institute de Chicago. À première vue, son travail est décoratif, avec un attrait séduisant, mais sa peinture figurative et réaliste est virtuose, méticuleuse, et s’inscrit dans un cadre complexe et fascinant. Elle mélange librement des références à l’art classique, baroque et moderne, avec des motifs issus de la culture populaire et de sa propre vie. Elle s’appuie également sur les sources les plus diverses : peintures murales propagandistes d’Europe de l’Est, iconographie de la guerre froide, typographie industrielle et musique pop. Habituellement, ses collages ont aussi une subtile nuance rebelle. Lucy McKenzie, Buildings in Belgium, Buildings in Oil, Buildings in Silk, 2021, detail, courtesy de kunstenaar.

Buildings in Belgium, Buildings in Oil, Buildings in Silk, jusqu’au 26 mars à La Verrière, 50 chaussée de Waterloo à Bruxelles, fondationdentreprisehermes.org

KRISTIEN DAEM. BLACK RIVER PRODUCTIONS/COURTESY GALERIE THOMAS ZANDER, KEULEN.

LES ARBRES AUSSI, PLEURENT PARFOIS… Dans le cadre du PhotoBrussels Festival 06, Hangar présente une exposition extrêmement intéressante sur l’arbre, avec une vingtaine de projets photographiques. Tout au long de l’histoire de l’art, l’arbre a été utilisé comme symbole explicite de la vie, de la croissance, de la mort saisonnière et de la résilience. Les nombreuses variations de formes et de lumières que l’arbre exprime si bien n’ont pas échappé aux pionniers du XIXe siècle. Les images du photographe donnent généralement aussi une idée du

caractère et des émotions de l’artiste lui-même. C’est précisément cette intensité que Hangar veut refléter dans cette exposition très originale. En même temps, elle veut faire la lumière sur la place cruciale que les arbres occupent dans la vie et l’influence qu’ils ont sur la survie de l’humanité. Surtout avec le changement climatique : en 2022, nous ne pouvons plus ignorer ce phénomène écologique. In the Shadow of Trees, jusqu’au 26 mars au Hangar, 18 place du Châtelain 18 à Bruxelles, hangar.art

Mitch Epstein. Weeping Beech, Brooklyn Botanic Garden.

Par Étienne Heylen et Aurélia Dejond


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CULTURE

LIVRES

Avec ce premier roman, vous avez remporté le Prix Laure Nobels Brabant Wallon 2021, en résonnance avec ce qu’a vécu cette jeune fille…

Écrire un roman, c’est une des déclinaisons de la libération de la parole ?

Les violences faites aux femmes et les féminicides sont des sujets délicats, mais en effet de plus en plus médiatisés. Ces coups de projecteurs permettent de les sortir de leur statut de tabou. Je ne pense pas qu’il aurait pu être écrit de cette façon voici dix ans, par exemple. Oser parler revêt toute une déclinaison de prises de paroles : une victime, par exemple, n’ose pas toujours se dire à elle-même qu’elle l’est. Comme si ne pas nommer les choses pouvait aider à (se) faire croire qu’elles n’existent pas. Or, mettre des mots sur les maux est un cap nécessaire. Nina est une jeune femme très ancrée dans son époque, une façon de rappeler que ça arrive à tout le monde ?

C’est une fille qui représente typiquement ma génération Y. Elle se pose des questions sur la place que prennent son métier, ses amis et ses amours, sur la quête de sens…Grâce au combat de ses aïeules, elle a la possibilité d’être mieux entendu e comme individu . On a

ALICE DE VLEESCHOUWER

« La littérature est un outil de lutte pour l’égalité. » Parce que la fiction permet d’aborder des sujets qui servent la cause du féminisme, cette vingtenaire a créé le personnage de Nina et s’empare de thématiques fortes : manipulation émotionnelle, relations toxiques, féminicides… Puissant, lucide et nécessaire. Par Aurélia Dejond

davantage la possibilité aujourd’hui de s or tir d’une relation abu si ve ou toxique. Ma génération a des armes, dont celle d’être écoutée sur le plan collectif. Pour sortir des schémas patriarcaux aussi : si le rêve du prince charmant reste bien ancré et que la pression sur les femmes est encore trop forte

quant aux carcans imposés, il devient plus facile de s’écarter des stéréotypes genrés et des injonctions sociétales. Imposer le « non »pour qu’il ne soit plus confondu avec un « oui » est déjà un fameux début d’avancée dans les relations femmes/hommes. Ecchymoses, éd. Ker, 12 €.

AURÉLIA DEJOND 3000. PRESSE.

Laure Nobels a été assassinée par son petit ami en 2012. À l’époque, on parlait beaucoup moins des féminicides, alors qu’ils étaient sans doute aussi nombreux. Beaucoup de meur tres de femmes sont encore le fait de leur partenaire. Violences conjugales, harcèlements sexistes, domination, inégalités et injustices genrée… Mon héroïne, Nina, est maltraitée par son compagnon. Si, par le biais de mon roman, je peux contribuer à conscientiser, tant sur le plan individuel, en faisant réfléchir le lecteur, que collectif, en suscitant le débat au sein de groupes d’amis, en famille ou même dans des cercles plus larges, ce sera ma petite contribution au combat. La fiction permet d’oser aborder ces problématiques autrement et d’être une féministe engagée par un biais peut-être moins prévisible. Parler de ces thématiques, c’est être utile, c’est la possibilité d’impacter. La littérature est un outil de lutte comme un autre pour l’égalité, elle fait sens.


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VILLES FANTÔMES TENDANCES

En cette rentrée littéraire d’hiver, trois jeunes auteur·es aux écritures ambitieuses s’emparent des errances et déshérences immobilières des années 70 pour raconter des épopées intimes. Par Thomas Jean

Anaïs LLobet AU CAFÉ DE LA VILLE PERDUE

PRESSE.

AU CAFÉ DE LA VILLE PERDUE D’ANAÏS LLOBET

Il y a du Modiano – souvenons-nous de Dans le café de la jeunesse perdue – dans le titre qu’a choisi Anaïs LLobet pour son deuxième roman. Un peu modianesque, aussi, sa façon de donner voix aux nostalgies. L’auteure, installée à Chypre, fiche son récit dans les ruines de Varosha, cette station balnéaire dont raffolait la communauté grecque (mais aussi Liz Taylor ou Richard Burton) jusqu’à ce que l’armée turque, un jour d’août 1974, s’en empare, laissant là un no man’s land d’hôtels mangés par le sel. LLobet imagine alors une famille grecque – et un peu turque aussi : les amours sont perméables – dont les tourments se logent dans la maison qu’ils ont laissée là-bas. Mais imaginer cela ne va pas sans questions. Comment écrire sur ces déchirures territoriales et psychiques qui ne sont pas les siennes, s’interroge la romancière ? La réponse est dans ces pages qui sondent, topographient, fictionnent le plus délicatement possible cette Chypre partitionnée. Éd. de L’Observatoire, 20 €. Parution le 5 janvier.

ANTIPOLIS DE NINA LEGER

Avant de s’étaler sur les hauteurs d’Antibes, Sophia Antipolis fut un mirage. Son fondateur, le polytechnicien Pierre Laffitte, échafaudait le rêve d’une technopole riante où les sciences et les arts se donneraient la main sur fond de grande bleue. Las ! La zone, aujourd’hui, n’est que mornes bureaux, labos, résidences en crépi saumon, où passé 18 heures, tout meurt. Cette absurdité urbanistique, Nina Leger en romance brillamment le destin, d’une écriture si sophistiquée qu’aux terrassements, aux goudronnages, à la prospection immobilière, elle donne un tour lyrique. On croisera Sofia, épouse Laffitte, qui a donné au lieu son prénom, Sonia, promoteure dont les certitudes se lézardent, Safia, veillant à la mémoire des harkis qu’on a délogés pour ériger Sophia. Soit toute une géographie de femmes de l’ombre qui humanisent Antipolis (le nom grec antique d’Antibes), cette anti-ville qui n’a que faire de ses fantômes. Éd. Gallimard, 17 €. Parution le 3 février.

LES CONFINS D’ELIOTT DE GASTINES

Aux Confins, village savoyard fictif, on sait qu’on est au bout. Au bout d’une route qui, l’hiver, est coupée. Au bout de sa vie peut-être aussi. Les trente glorieuses ont tenté d’en faire une station de ski mais tout a vite périclité. Seuls tiennent encore debout des pylônes de tire-fesses et voilà qu’on découvre, au printemps 1984, que les quelques villageois qui restent se sont entretués. De ce pitch pas forcément « feel good », Eliott de Gastines, primo-romancier, fait un thriller où le caustique le dispute au comique et où la plume palpite, qu’il décortique les ratés de l’aménagement des Alpes ou qu’il ausculte les chairs blessées comme un légiste. Entre années 60 et 80, entre un père (Pierre, l’architecte qui fantasme un paradis de sports d’hiver) et son fils (Bruno, écrivain qui vient chercher l’inspiration), entre amont et aval qui se méprisent, le roman dessine des allers-retours savoureux, vertigineux, pour lesquels il faut avoir le cœur bien accroché. Éd. Flammarion, 19 €. Parution le 9 février.


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CULTURE

MUSIQUE

MUSTII, LA CLASSE ROCK It’s Happening Now, c’est le titre du nouvel album de Mustii. Boosté à l’énergie rock, l’artiste raconte une histoire de famille longtemps ignorée. Rencontre dans un café saint-gillois où on a aussi parlé de Bowie et de Lady Gaga.

Pour l’avoir revu récemment sur scène, à l’AB Club, alors qu’il testait ses nouveaux morceaux sur un vrai public, on peut affirmer que le sang des plus grandes rockstars coule dans les veines de Mustii. Thomas Mustin, de son vrai nom, est à l’aise et même transfiguré lorsqu’il se trouve face à l’audience. Son nouvel album s’intitule It’s Happening Now (Ça se passe maintenant), ce qui pourrait sonner comme un slogan. En réalité, Mustii a choisi de relater l’histoire de Michel, son oncle paternel, atteint de schizophrénie, qui mit fin à ses jours à 40 ans passés. Le jeune homme avait alors 15 ans. « Cette chanson apporte l’idée du climax. Et c’est pour cette raison qu’elle ouvre l’album et lui donne son titre. » ÊTRE UN ARTISTE TOTAL COMME BOWIE

« J’aurais aimé être le chanteur d’un groupe rock. Cela fait partie de mes premières références. Si j’ai bifurqué vers un projet solo, c’est parce que je pensais pouvoir y exprimer davantage de choses sans être parasité par d’autres voix. Je voulais garder le contrôle. Chez moi, le rock est là depuis longtemps. » Pour ce deuxième album, Mustii est heureux d’avoir pu collaborer avec Leo Abrahams, guitariste et producteur anglais réputé notamment pour son travail avec Florence and The Machine et Editors. Clément Roussel ainsi que le groupe belge Delta ont contribué à ce disque très réussi. « Il y a beaucoup de thématiques dans cet album, liées à mes propres

réflexions et sentiments. L’intégration, la solitude, la perception des autres, se sentir droit dans ses bottes… Je trouvais peutêtre plus simple et intéressant d’utiliser un autre vecteur pour les aborder. Et j’aime travailler une dramaturgie. » Parmi ses principales influences, Bowie, Florence and The Machine et Oscar and The Wolf. « Chez les deux derniers, c’est l’aspect scénique qui m’inspire le plus. Cela me donne envie de faire. Chez Bowie, musicalement, son inspiration est infinie parce qu’il s’agit d’un artiste total. Il n’a eu peur de rien. Il m’a donné envie de créer. J’aime son côté caméléon. Et par-dessus tout, il est anti-catégories, anti-cases et cela va dans mon sens.»

cohérent avec soi-même. Je me sens juste dans mes baskets. » Heureusement, il peut compter sur un label qui le soutient. L’artiste est également épaulé par un « live designer », metteur en scène, le Liégeois Jordan Magnée, déjà salué pour son travail avec Benjamin Biolay, Da h o et Po m m e. Et i l fa i t au s si confiance à l’Anversois Tom Eerebout pour les costumes de scène. Eerebout est connu pour être le styliste de Lady Gaga. Rien que ça. On le découvrira aussi, sur France 2, dans la série L’île aux 30 cercueils, avec Virginie Ledoyen et au cinéma dans Vous n’aurez pas ma haine, en compagnie de Camélia Jordana. Une année 2022 pour le moins riche et scintillante.

LE LIEN AVEC LADY GAGA

Mustii ne cède pas à la mode du rap et de la hype de titres en français. « La première chose qui importe est de rester

It’s Happening Now, Mustii, Warner Music. En concert le 8 juin à l’AB.

DANIIL LAVROVSKI.

Par Joëlle Lehrer


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ON LES SUIT

Juicy

Sasha Vovk et Julie Rens forment le groupe Juicy depuis leur rencontre au Conservatoire de musique de Bruxelles. Leur projet a bien évolué en quelques années, allant, à nos yeux, de la curiosité au grand intérêt. Leurs influences passent aisément par le jazz pour englober tous les genres qui en ont plus ou moins découlé. Après plusieurs E.P., les deux filles étaient absolument prêtes pour un album. Elles l’ont intitulé Mobile et de fait, il se développe avec d’intéressants mobiles. Musicalement, on est dans le très texturé et dense. Les arrangements sont de grande qualité. Juicy s’interroge sur le monde d’aujourd’hui, celui que l’on offrira aux générations futures. Ce n’est pas un manifeste sonore mais ça tombe pile dans les préoccupations du moment. Et l’orchestre à cordes qui l’accompagne est parfait. Entendre de vrais instruments, ça fait du bien.

BENJAMIN VIGLIOTTA. JACQUES MANGA. MANUEL OBADIA-WILLS. VICTOR LABORDE.

Mobile, Capitane Records, sortie le 4 février, en concert le 8 février à l’AB.

ON SAVOURE

K-Zia

On dit que le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre. C’est, en tout cas, vrai dans le cas de K-Zia, la fille de Marie « Zap Mama » Daulne. Belge, basée à Berlin, K-Zia a fait son éducation musicale sur la scène du monde. Et enrichie de cet apprentissage vivant, la jeune artiste livre un premier album qui a tout du petit bijou sonore. Du R’n’B au zouk en passant par la soul et l’afrobeat, en anglais comme en français, le talent de K-Zia impressionne. Une révélation de 2022. Genesis, Believe, sortie le 11 février.

ON RETROUVE

Iliona

Deuxième E.P. pour Iliona qui passe de la tristesse à la légèreté. Et un goût prononcé pour le son des sixties, plutôt version Sylvie Vartan que Françoise Hardy - à notre avis -, ces neuf nouveaux titres alignent, notamment, un vrai twist et un instrumental très cinématographique. La Bruxelloise continue d’assurer tout toute seule, paroles, musiques, clips et on la verrait bien, un jour, réaliser un court-métrage. Tête brûlée, Artside.

ON DÉCOUVRE

Pierre de Maere

Joli essai que ce premier E.P. de cinq titres du Bruxellois Pierre de Maere. Un post-ado de 20 ans en train de devenir un grand jeune homme et rêve de devenir une star ou de faire l’amour dans les nuages avec un ange. Voire les deux. Électro-pop et autotune avec quelques flamboyances comme dans J’aime, j’aime, un titre éminemment radiophonique. On attend la suite. Un jour je, Wagram/PIAS.

Par Joëlle Lehrer


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CULTURE

CINÉMA

STEPHAN STREKER, L’ÉLÉGANCE D’UN GRAND RÉALISATEUR BELGE Par Joëlle Lehrer

L’ennemi démarre sur une chanson très connue de Mouloudji, Tu verras. « C’est ma chanson d’amour préférée de tous les temps. Cela me permettait de commencer par le personnage de Maeva, joué par Alma Jodorowsky. Cette chanson, c’est comment la vie pouvait être», expliquet-il. Son film est librement inspiré par l’affaire Bernard Wesphael, politicien belge accusé du meurtre de son épouse Vé ro n i qu e P i ro t to n , e n 2 0 1 3 , et acquitté, trois ans plus tard, au bénéfice du doute. « Le seul commentaire que je me permettrais de faire sur la culpabilité dans cette affaire, comme dans le film, c’est que si l’alcool n’existait pas, le drame n’aurait pas eu lieu. » L’IMPORTANT, C’EST LE POINT DE VUE

Il s’agit de son quatrième long métrage. Comme dans Noces, son précédent film, il s’agit d’un fait divers qui met en évidence les violences faites aux

femmes. Dans le cas de l’affaire Wesphael, le mot « féminicide » n’a pas une fois été prononcé. « C’est exact, et d’ailleurs, au moment où j’ai commencé le film, c’est un mot que je ne connaissais pas. » S’il aime partir de faits réels, le cinéaste explique que c’est parce que cela rappelle qu’au cinéma, la seule chose importante, c’est le point de vue. « Étonnamment, Jérémie Renier comme les autres acteurs du film ne connaissaient pas l’affaire Wesphael. Ce qui m’intéressait, c’était le substrat. Et aussi que tous les détails de cette affaire ne pouvaient se produire qu’en Belgique.» « Jérémie Renier est un fantastique acteur et un homme génial. Ce que j’ignorais, c’est qu’en plus d’avoir un immense talent, il bosse comme un dingue. Et sa transformation physique pour le rôle est restée très naturelle. C’est quelqu’un qui fait tout le temps des propositions. Je dois dire que le rapport que j’ai eu avec mes comédiens sur

ce film est le plus élevé que j’ai connu. » Son casting comporte des acteurs belges, francophones comme néerlandophones dont Peter Van den Begin, ainsi que des acteurs français, tels Alma Jodorowsky, Emmanuelle Bercot et Félix Maritaud. OSTENDE, VILLE DE CINÉMA

Pour le réalisateur, Ostende est la ville la plus cinématographique de Belgique. C’est à l’hôtel Thermae Palace que les scènes du crime ont été tournées. « C’est un hôtel fait pour le cinéma!», s’enthousiasme-t-il. D’autres scènes ont été filmées au Musée James Ensor, qui se trouve être le peintre préféré de Streker. Quant au Panthéon de ses réalisateurs favoris, il compte Kusturica, Scorsese et De Palma. Parallèlement à son activité de cinéaste, Stephan est également consultant foot à la RTBF. Un mélange des genres peu commun. « Bien compris, le football est aussi artistique », assuret-il. Mais son prochain projet ne sera pas un biopic sur un footballeur. Non, ce sera un polar. On a hâte ! L’ennemi, de Stephan Streker, avec Jérémie Renier, Alma Jodorowsky, Emmanuelle Bercot et Félix Maritaud, en salles.

PRESSE.

Un style bien à lui, une passion pour les histoires plantées dans le réel, voilà Stephan Streker. L’ennemi, sa nouvelle œuvre, a obtenu les prix du meilleur film et du meilleur acteur à la London Film Week. Un must-see.


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ON EST HYPNOTISÉ Nightmare Alley, le nouveau projet de Guillermo del Toro, s’inscrit dans le registre du néo-noir. Ce thriller, adapté du roman Le Charlatan de William Lindsay Gresham, se présente comme un tour de force visuel servi par un casting cinq étoiles. Bradley Cooper y campe un forain aux pouvoirs de mentaliste. Il compte s’en servir pour arnaquer le gratin new-yorkais. S’associant à une troublante psychiatre, la glamoureuse Cate Blanchett, le « charlatan » n’imagine pas ce qui l’attend. L’action se déroule de 1939 à 1941, dans les grandes villes mais aussi au centre des États-Unis. Les décors sont somptueux et les images magnétiques comme le récit lui-même. Car Bradley Cooper va s’offrir une romance avec Rooney Mara, découvrir le pouvoir de médium de Toni Collette et devra lutter contre l’alcoolisme. Mais surtout, il devra ne pas croire à ses propres mensonges. Un candidat certain aux Oscars. Nightmare Alley, de Guillermo del Toro, avec Bradley Cooper, Cate Blanchett, Rooney Mara et Toni Collette, en salles.

STENOLA PRODUCTIONS. PRESSE.

ON CRAQUE

ON REVISITE LES DROITS DES FEMMES

Paul Thomas Anderson s’est visiblement délecté à réaliser Licorice Pizza, une comédie dramatique sur une bluette adolescente dans la Californie des seventies. Un acteur en herbe tombe fou amoureux d’une fille plus âgée que lui. L’un et l’autre rivalisent d’humour sarcastique mais lui est convaincu qu’il l’épousera un jour. Très ingénieux, le gamin est aussi un businessman en devenir ce qui l’entraîne dans des situations farfelues. Cooper Hoffman et Alana Haim incarnent la relève décomplexée du cinéma U.S. Du reste, Sean Penn et Bradley Cooper les ont déjà validé.

Adapté du roman éponyme d’Annie Ernaux, L’événement, mis en scène par Audrey Diwan a remporté le Lion d’Or à la Mostra de Venise. Ce qui n’est pas rien. Dans les années 60, une jeune étudiante en lettres tombe enceinte et décide de ne pas garder l’enfant. S’en suivent des mois douloureux et décevants où elle se heurte à la méfiance et au rejet de ses amis. Au bout du compte, elle avortera - ce qui encore dans les années 60 était interdit - au péril de sa vie. Un moment de l’histoire des droits des femmes qu’il est bon de rappeler aujourd’hui.

Licorice Pizza, de Paul Thomas Anderson, avec Cooper Hoffman, Alana Haim, Sean Penn et Bradley Cooper, en salles.

L’événement, d’Audrey Diwan, avec Anamaria Vartolomei, Sandrine Bonnaire et Anna Mouglalis, sortie le 2 février.

ON BAIGNE EN PLEINE BELGITUDE

Jan Bucquoy, cet anarcho-punk dans l’âme, signe une farce tragicomique avec La dernière tentation des Belges ou l’histoire d’un père et d’une fille. S’il a bien fait de donner ces rôles à Wim Willaert, acteur flamand, et à Alice Dutoit (Alice On The Roof pour la première fois au cinéma), on est moins emballé par son narratif. Et son absolu besoin de s’autociter. À voir par curiosité totalement belge. La dernière tentation des Belges, de Jan Bucquoy avec Wim Willaert, Alice Dutoit et Alex Vizorek, sortie le 2 février.

Par Joëlle Lehrer


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LES FEMMES ET L’AMOUR UN NOUVEL IDÉAL AMOUREUX.

MAGAZINE


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MAGAZINE

ENTRETIEN

MONA CHOLLET Le romantisme est-il soluble dans le féminisme ? Après le succès international de Sorcières. La puissance invaincue des femmes (1), l’essayiste et journaliste s’interroge, dans Réinventer l’amour (2), sur la construction d’un idéal amoureux dans notre société patriarcale. Un texte essentiel qui encourage les femmes à faire un tri nécessaire : que garder, en effet, de notre éducation ? Entretien exclusif. Propos recueillis par Catherine Durand Photo Paul Rousteau

D

ans le salon de thé rose girly où elle nous a donné rendez-vous, Mona Chollet est tout en discrétion. Elle n’en est pas moins l’auteure d’un « long-seller » au succès colossal : Sorcières. La puissance invaincue des femmes, vendu à plus de 340 000 exemplaires depuis sa parution, en 2018. Au travers de ses articles au Monde diplomatique et de ses nombreux essais féministes, celle dont la voix porte loin désormais n’a de cesse de décrypter tout en les dénonçant les injonctions et les contraintes sociales et politiques qui limitent le champ des possibles des femmes. Son dernier essai, passionnant et essentiel, s’intitule Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles. Pas moins. Une gageure pour celle qui fut, comme nous toutes ou pres qu e, une « B ovar y lycéenne », rêvant devant Out of Africa, emballée par Belle du Seigneur et les chansons de Dalida. Une intoxication romantique et passionnelle qui a laissé des traces, mais ne l’empêchera pas, dit-elle, de conserver un rapport sain aux hommes et de rester proche de celui qui partagea sa vie dix-huit ans, sans pour autant céder à l’obligation de la maternité. Mais elle avoue être « dégrisée » après s’être plongée dans les écrits et les théories de chercheuses et de penseuses féministes sur les ravages du patriarcat dans nos relations amoureuses. C’est toute la force de Mona

Chollet de nous entraîner dans une réflexion à la fois littéraire et journalistique sans censurer son intimité ni sombrer dans le pessimisme : nous n’avons pas tort d’aimer comme nous aimons, avec audace et courage, mais à nous les femmes de prendre la parole et de revendiquer notre place dans la définition de ce que nous appelons l’amour. Même s’il est plus facile pour une féministe de parler de désir de pouvoir, vous dites ne pas lâcher le désir d’amour…

Oui et je n’ai pas envie d’en avoir honte. Je me rends compte que c’est quelque chose que j’ai longtemps censuré dans mon féminisme. J’ai donné droit de cité à la partie vindicative, intellectuelle, militante, et si je voulais être honnête, il fallait faire dialoguer les deux parties de moi a priori irréconciliables : la féministe et la romantique. Je pense que ne pas vouloir assumer sa sentimentalité relève de la misogynie intériorisée, c’est ce que souligne l’auteure afro- américaine bell hooks ( 3) quand elle dit que les féministes parlent du désir de pouvoir mais escamotent le désir d’amour. Vous parlez de « dégrisement » au sujet de l’écriture de ce livre.

Oui, au début, cela m’a perturbée et attristée de lire des théoriciennes qui décortiquent les relations amoureuses de manière très froide, ça a un peu cassé mon trip (elle rit), mais c’est salutaire. Mon but n’était pas de produire


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un livre cynique ou pessimiste, c’est plutôt une étape obligée pour reconstruire un idéal amoureux moins nocif. Je me rends compte que j’ai été amenée par mon éducation à consacrer beaucoup d’énergie et d’attention à l’amour et sous des formes parfois excessives ou dépendantes. J’étais très mal armée pour commencer ma vie amoureuse. Ce livre m’a fait faire le tri : que puis-je garder de mon éducation de femme hétérosexuelle ? Que puis-je revendiquer ? Dans une certaine mesure, les f e m m e s o n t ra i s o n d e va l o r i s e r l’amour, nouer des relations amoureuses et amicales satisfaisantes contribue à notre épanouissement. Tiraillée entre vos convictions et votre vision absolutiste de l’amour, vous vous dites que votre féminisme ne sera jamais aussi décomplexé que celui d’Alice Coffin (4)…

Il existe toujours une tension quand on est à la fois féministe et hétérosexuelle à cause d’une forme de chantage exercé par la société. Comme les féministes menacent un ordre social, une manière de les intimider et de les dissuader est de leur dire : « Si tu continues comme ça, aucun homme ne t’aimera ! » Tout en les représentant comme des femmes repoussantes, laides, frustrées. Quel que soit l’âge, on est toutes un peu ébranlées par ce chantage qui n’a évidemment pas de prise sur les femmes homosexuelles. En relisant Belle du Seigneur d’Albert Cohen, vous réalisez ce que le féminisme vous a fait gagner en lucidité sur sa misogynie. Faut-il garder ce roman dans les programmes scolaires ?

Je ne connais pas de féministes qui prétendent qu’il faut censurer les œuvres. On peut tout lire mais j’aurais aimé être mieux armée pour aiguiser mon regard critique parce que Belle du Seigneur, certes écrit magnifiquement, est quand même atroce ! Et je regrette d’avoir mis vingt ans à m’en apercevoir. Les lec-

trices fans d’Albert Cohen idéalisent un goujat parfait, et ce roman est passé, comme beaucoup d’autres livres misogynes, pour une grande œuvre d’amour. Mais il faut l’analyser, pas le mettre au pilon. Mais comment se construire un imaginaire à soi quand on a toujours baigné dans un univers patriarcal ?

On vit en effet dans un monde où la ma jorité des représ entations de l’amour et de l’érotisme ont été façonnées par des hommes puisqu’ils sont l’essentiel des créateurs et des artistes,

promus, valorisés, encensés. Et quand des femmes se risquent sur ce terrain, les réactions peuvent être violentes. Je pense notamment à Annie Ernaux. Quand elle publie Passion simple, fin 1991, la sanction est immédiate : tournée en dérision, elle s’en prend plein la figure. Le travail à mener pour explorer notre imaginaire reste énorme. L’asymétrie des attitudes féminines et masculines à l’égard de l’amour serait due à l’éducation qui pousse les filles au silence et les garçons au détachement…

La théorie de Carol Gilligan (5) est que le


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MAGAZINE

ENTRETIEN

“On a répété aux femmes qu’elles n’avaient le droit à une sexualité que si elles étaient impliquées sentimentalement. C’est très bien si elles se libèrent de ce conditionnement.” patriarcat impose une sorte de rite de passage à l’adolescence. Pour devenir de vrais hommes, les garçons doivent censurer leurs émotions, se suffire à eux-mêmes en se méfiant des sentiments. Les filles doivent s’autocensurer en endossant une personnalité plus docile et conforme que ce qu’elles ressentent intérieurement. Le patriarcat ne génère pas seulement des violences et des inégalités salariales, il façonne aussi notre vie intime, il érige une barrière entre les femmes et les hommes. Lutter contre le patriarcat, c’est lutter contre ce conditionnement.

leurs, j’avais envie de me pencher sur le fantasme de viol : les femmes auraientelles un fond maso qui travaillerait contre elles ? Ou est-ce dû aux productions culturelles dans lesquelles on associe l’érotisme au viol en permanence ? Ne serait-ce pas plutôt un besoin de notre cerveau de se défendre contre les menaces réelles d’agressions qui produisent une tension psychique ? Ces fantasmes détournent et désamorcent les situations de viol pour en faire des situations de plaisir. Ce serait un mécanisme de défense, un exutoire, une conjuration de la violence.

Les jeunes femmes qui vont sur Tinder ont-elles une vie sexuelle débarrassée de ce conditionnement ?

Pour paraphraser la célèbre féministe américaine Gloria Steinem, comment pourrait-on « érotiser l’égalité » ?

On a répété aux femmes qu’elles n’avaient le droit à une sexualité que si elles étaient impliquées sentimentalement. C’est très bien si elles se libèrent de ce conditionnement, mais je cite l’interrogation de Judith Duportail (6) : « Est-ce une libération ou une manière de se conformer à la vision masculine de la sexualité ? » Cela arrange beaucoup d’hommes d’avoir des relations avec des femmes qui ne demandent rien et ne la ramènent pas avec des émotions et des sentiments. À propos du débat clivant entre féminisme pro-sexe et féminisme abolitionniste, vous posez la question : du sexe pour qui ?

Oui car ce sont les hommes qui ont toujours eu le monopole de la production de fantasmes et de la mise en scène du désir. L’appellation « pro-sexe » n’a donc pas de pertinence. La vraie question est : c’est du sexe pour qui ? Par ail-

Il y a quelques années, le New York Times titrait : « Le romantisme peut-il survivre à l’émancipation féminine ? » Ça dit tout. Ça dit à quel point notre imaginaire amoureux est construit sur l’infériorité des femmes, toujours invitées à se faire plus petites, se réfréner pour être minces, mais pas trop musclées ni trop fortes… Tous nos critères de séduction féminine sont des critères de restriction. Mais ça peut changer grâce à l’émulation et à l’admiration mutuelles. Des modèles alternatifs existent, beaucoup plus excitants : un couple égalitaire à l’écran, dans un roman, est tout de suite plus érotique. Vous racontez qu’en août 2019, l’homme que vous aimiez vous a quittée et contre toute attente, vous vous êtes sentie bien…

C’est vrai mais ça n’a pas été simple. Malgré des phases de régression, j’ai

quand même eu l’impression d’avancer et d’être plus forte. Désirer plus que l’autre que la relation se poursuive, c’est être en position de faiblesse. C’est paradoxal, on résiste à la rupture au nom de la beauté de l’amour pour aboutir à des relations déséquilibrées. Il faut que les deux partenaires soient sur la même longueur d’onde. Faire une pause dans sa vie amoureuse, vivre seule, ne signifie pas échec…

Il faut tenter de résoudre ce problème : pourquoi désire-t-on plus que l’autre poursuivre la relation ? Les femmes ont appris à valoriser l’amour et à le survaloriser sur un registre plus sombre parce que nous avons le sentiment, intimement et socialement, que nous ne sommes rien sans un homme dans notre vie. Beaucoup de facteurs nous poussent à vouloir une relation à n’importe quel prix. Or si nous étions capables de poser nos conditions, de refuser les compromis, de partir quand la relation devient décevante ou blessante, nous aurions paradoxalement des vies amoureuses plus réussies et plus épanouies. Comment parvenir à une hétérosexualité qui trahirait le patriarcat ?

C’est la réflexion de Jane Ward (7). Le paradoxe est que dans notre société, les hommes sont poussés à désirer les femmes et à les mépriser. On pourrait leur en faire prendre conscience. Ils se débarrasseraient de cette espèce de défiance et de haine et voudraient le bien des femmes tout en les désirant. Un homme capable d’aimer ainsi ne court pas les rues, ce qui lui donne un avantage supplémentaire dans la relation. En fait, on n’en sort pas. Changer notre culture et notre société patriarcales ne dépend pas des individus mais bien d’un combat collectif.

1 et 2. Éd. Zones. 3. Le nom de plume aux

initiales sans majuscules de Gloria Jean Watkins. 4. Auteure de Le génie lesbien, éd. Grasset. 5. Coauteure, avec Naomi Snider, de Pourquoi le patriarcat ?, éd. Flammarion. 6. Auteure du podcast Qui est Miss Paddle ? et de Dating fatigue. Amours et solitudes dans les années (20)20, éd. de l’Observatoire. 7. Auteure de The tragedy of heterosexuality, éd. New York University Press.



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SOCIÉTÉ

Ses ouvrages sur les relations amoureuses ont été traduits dans près de 30 langues. Par le biais des podcasts hebdomadaires Where Should We Begin, elle a rendu ses séances de thérapie accessibles à des millions de personnes dans le monde. Ses conférences TED ont été vues 25 millions de fois environ. Esther Perel fait aussi des apparitions régulières dans les talk-shows d’Ellen DeGeneres et Oprah Winfrey. À 63 ans, cette Belge installée à New York est sans nul doute l’une des thérapeutes de couple les plus célèbres au monde. Sa force réside dans la manière sobre et directe avec laquelle elle véhicule sa

Après avoir appris à des millions de couples à gérer la routine, l’adultère et le manque d’érotisme – un concept en perte de vitesse - dans leurs relations amoureuses, la thérapeute belgo-américaine Esther Perel s’intéresse aujourd’hui aux conséquences de la pandémie sur nos relations intimes et sociales. Par Margo Verhasselt

vision unique des relations amoureuses, de l’infidélité et du concept de romantisme. Comme le reste du monde, la Belge est restée confinée pendant de longs mois dans un grand appartement de Lower Manhattan. « En tant que thérapeute, j’étais très préoccupée par l’effet de la pandémie sur nos relations », expliquet-elle lors de sa visite éclair en Belgique. Les chiffres les plus récents émanant du Mi n i s tè re fé dé ra l de l’ I n té ri eu r montrent que la crise sanitaire a clairement impacté la population sur le plan relationnel. Aux États-Unis, mais aussi dans notre pays. En 2020, le nombre de divorces a augmenté de 13 % par rapport

GETTY IMAGES.

L’avenir du couple selon Esther Perel


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à l’année précédente. Ce chiffre équivaut à la plus forte augmentation en 5 ans. Quant aux « déjà divorcés », la pandémie n’a fait qu’envenimer les conflits liés au (non)paiement des pensions alimentaires. En 2020, le service en charge de traiter ce type de problématiques a ouvert 3400 nouveaux dossiers, soit près de 40 % de plus qu’en 2019. Ceux qui cohabitaient légalement semblent avoir moins souffert du confinement. Le nombre de séparations dans cette tranche de la population a diminué de 17 % par rapport à 2020. Certaines régions ont également enregistré un véritable baby-boom, mais à l’échelle du royaume, les chiffres relatifs aux naissances restent comparables à ceux de 2019. « La conclusion – quelque peu succincte – que l’on peut tirer de ces statistiques est que la pandémie a perturbé notre équilibre amoureux, précise Esther Perel. Nous nous sommes soudain retrouvés confrontés à la fragilité de nos vies. Quand l’espérance de vie raccourcit, l’état d’esprit des gens se trouve profondément modifié. D’un coup, ils se demandent ce qu’ils attendent vraiment de la vie. La pandémie a donné un coup d’accélérateur à la nature de nos relations. De nombreuses personnes ont décidé de changer de cap. Par le biais d’une rupture ou… en faisant un enfant. Dans les deux cas, leurs priorités ont changé. Les mentalités évoluent. Quant au concept de solitude, il a pris une nouvelle dimension. Certaines personnes qui n’étaient pas célibataires ont réalisé qu’elles se sentaient seules au sein de leur couple. L’inverse s’est également vérifié. Même en plein confinement, des célibataires ont pu compter sur un réseau solide. Preuve que la manière dont on tisse et entretient des contacts sociaux n’est pas liée au fait d’être en couple ou non. Si la distanciation sociale nous concernait tous, il fallait s’assurer qu’elle ne se transforme pas en distanciation émotionnelle.» LES RELATIONS SOCIALES ? NOTRE AFFAIRE !

Maintenir des liens et se faire de nouveaux amis devient de plus en plus difficile. Par définition, les personnes qui vivent seules ont plus d’amis, sortent plus, mais elles ont moins de relations sexuelles que si elles étaient en couple. Sur le papier, la vie des célibataires semble plus trépidante. Constamment en quête de nouvelles connexions, ces

Esther Perel s’entretient avec Hagai Levi sur la réalisation de Scenes From A Marriage lors du New Yorker Festival au Skyline Drive-In dans le quartier de Brooklyn à New York.

sonnes ? » De plus, l’amitié est considérée comme moins importante que les relations amoureuses. « On le constate aussi dans le cadre des thérapies, souligne Esther Perel. Dans l’inconscient collectif, un couple est toujours un couple amoureux, un couple cohabitant ou un couple marié. On ne parle jamais d’un couple d’amis. Dans une société patriarcale, l’amour et l’intimité prennent le dessus sur l’amitié, dès lors reléguée au second plan. Nous demandons rarement aux gens d’amener leurs amis à des séances de thérapie. Celui qui prononce le mot “ amour ”, pense à l’amour romantique. Pas à celui qu’on ressent pour ses amis. Cet amour-là est, à tort, peu valorisé. » AGRANDIR SON CERCLE D’AMIS

« La pandémie a donné un coup d’accélérateur à la nature de nos relations. » personnes se sentent par essence moins seules. Selon Esther Perel, les hommes hétérosexuels en couple ont tendance à réduire leur cercle d’amis. « Les femmes font généralement plus d’efforts pour conserver un maximum de contacts. Dans une approche patriarcale et classique du couple, les hommes ne cumulent généralement pas réussite professionnelle et vie sociale épanouie. On peut aussi noter que les femmes ont tendance à entretenir les relations de leur mari, des relations qu’elles se sentent tenues de cautionner. Dans une conception très figée de romantisme, nous partons en outre du principe que nous devons être tout pour l’autre. Or, si votre partenaire vous suffit, qu’est ce qui justifie que vous continuiez à voir d’autres per-

Esther Perel insiste sur l’importance d’être créatif lorsqu’on veut établir des liens et les entretenir. « Si vous voulez que votre vie reste palpitante, vous devez faire de vrais efforts. Autour d’une table, la rencontre de convives qui ne se connaissent pas encore suffit souvent à pimenter la conversation. L’intégration de nouvelles personnes permet d’éviter de rabâcher sans cesse les mêmes histoires. J’aime organiser des soirées où je demande à tout le monde d’inviter quelqu’un d’inconnu. Un bon moyen d’élargir son cercle. D’autant que ce cercle est important pour vous, mais aussi pour l’équilibre de votre couple. Plus vous pouvez compter sur le soutien de vos amis, moins la pression sur votre relation est forte. S’ils n’ont pas le pouvoir de sauver une relation dysfonctionnelle, vos amis influencent la qualité de votre relation, c’est indéniable.» En cas de rupture, nous aimons pouvoir nous raccrocher à nos amis. La nature de nos relations a beaucoup changé. « Sur le plan sexuel, nous sommes plus longtemps nomades. Nous ne nous marions plus à 18 ans. Nous faisons ce que nous voulons jusqu’à 29 ans, puis nous cherchons la personne “ idéale ”. Que vous la rencontriez par le biais d’une application ou dans la vraie vie, cette personne justifie que vous vous désinscriviez de tous les sites de rencontres. Cette même personne a également le pouvoir de vous conforter dans l’idée que cette relation se suffit à elle-même. Le bémol ? Si vous êtes trompé de quelque manière que ce soit, vous perdez tout: le sexe, le mariage, l’amitié et un chemin plus ou moins tracé. Face à un tel vide, on comprend l’importance d’être entouré de vrais et bons amis. »


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Gloria Barudy Vasquez

« J’ai gravi les échelons de façon très spontanée. » Bienveillance : c’est la valeur phare qui anime Gloria Barudy Vasquez, directrice générale chez Natan. Bras droit d’Édouard Vermeulen, son credo libérateur fait d’elle un modèle inspirant. Convaincue que l’on regrette toujours ce que l’on ne fait pas, elle dirige et motive ses équipes avec une passion sans faille, moteur quotidien de son équilibre.

MATHIEU RIDELLE.

Par Aurélia Dejond


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Elle regarde dans le rétroviseur avec fierté et reconnaissance, sans réaliser encore que c’est bien son propre parcours qu’elle scrute avec nous. Pourtant, ça lui est bien arrivé : entrée chez Natan en 2005, elle a posé les jalons de sa carrière sans aucune stratégie. Les échelons ont été gravis de façon naturelle par cette fille de psychiatres, qui voulait au départ se diriger vers des études scientifiques. Arrivée dans l’univers de la mode via un cursus en communication, la quadragénaire, qui symbolise l’élégance et le raffinement propres aux créations de « Monsieur », a toujours eu un goût sûr pour les belles choses, insufflé par une maman et une grand-mère coquettes. Les belles matières, elle les a découvertes comme mannequin, lorsqu’elle était étudiante, séduite par les collections, leur aura et la puissance que peut dégager un vêtement, allié d’une silhouette sublimée. Seize ans plus tard, elle se félicite d’incarner un exemple de parité réussi à travers un duo complémentaire, où l’égalité et la liberté sont totales. Les femmes ne représentent que 5 % des CEO en Belgique, est-ce l’apothéose de votre parcours ?

Mon expérience est très atypique ! Beaucoup de femmes et d’hommes souhaitent gravir les échelons au fur et à mesure de leur carrière, alors que mon poste n’est finalement que le résultat d’une évolution continue. Après mes études, j’ai travaillé dans la diffusion pour l’agence Benelux de Thierry Mugler et ensuite pour des marques italiennes. Fin 2005, je suis entrée chez Natan comme commerciale pour la collection Édition 5, imaginée par AF Vandevorst . Édouard Vermeulen m’a très vite confié d’autres choses. Rien n’a été calculé de ma part, les opportunités se sont enchaînées de fil en aiguille et très spontanément, à la manière d’un puzzle où chaque pièce s’imbrique dans une autre pour former un tout. Pour moi, c’est l’aboutissement d’une confiance inébranlée, d’une osmose totale avec Monsieur et avec une équipe sans qui je ne serais rien. Mon poste est la partie émergée

de l’iceberg, possible uniquement grâce au travail de dizaines de personnes, que je mets un point d’honneur à motiver et à challenger dans la bienveillance, clé d’un managérat constructif, dans lequel je privilégie la communication et la proximité avec chacun, essentielles à mes yeux, très attentive à ce que les résultats obtenus soient le fruit d’une grande confiance, de rapports humains authentiques, et d’un grand respect pour chacun et son travail. Nous sommes une soixantaine, avec huit boutiques. Natan est mon deuxième bébé, et c’est loin d’être une formule toute faite. Vous avez eu votre autre bébé à 40 ans, signe d’un refus des injonctions sociétales ?

Complètement ! Devenir maman est un vrai choix de vie. La pression mise sur les femmes reste le signe marquant d’une société inégalitaire et patriarcale, au nom de l’horloge biologique, des convenances… Il est pourtant fondamental de pouvoir être à l’écoute de soimême avant de prendre la décision de faire un enfant, que l’on soit femme ou homme. Devenir parent ne va pas de soi et ne devrait pas être le résultat d’une obligation sociétale, familiale ou autre, générée par les jugements de valeurs et autres tabous encore trop ancrés dans le monde. Je me suis donc autorisée à m’écouter. Je connais mon mari depuis le début des années 2000, nous nous sommes recroisés voici douze ans, je savais, au fond de moi, que je désirais devenir maman un jour. J’ai fait le choix de me réaliser aussi bien sur le plan professionnel que personnel, c’est réellement la clé de mon bonheur quotidien. Avoir un bébé ou non est une liberté que l’on devrait toutes avoir, sans risque de sentence ou regard moralisateur : quand, avec qui, comment… personne ne devrait pouvoir donner de leçons ou s’immiscer dans les choix de l’autre. L’équilibre personnel de chaque femme ne regarde qu’elle. On doit avoir la force d’oser se demander ce que l’on souhaite vraiment, dans le fond, pour soi, et non pour les autres. Je me suis posé les vraies

questions pour être vraiment en phase avec qui je suis, par respect pour moi-même. Trop de femmes doivent-elles encore faire le choix entre vie familiale et carrière ?

Toutes n’ont pas nécessairement la chance de pouvoir assouvir leur passion. Or, la passion est la clé de l’équilibre, en tout cas dans mon cas, même si aimer ce que l’on fait ne signifie pas que l’on vit dans le monde édulcoré des Bisounours… Certaines journées sont compliquées ou plus noires que roses. Mais je suis convaincue que la passion, déclinée sur le plan professionnel, familial et personnel sont des boosters de joie et de confiance en soi. Cela permet de construire les fondations d’une vie équilibrée, rassurante. Mon credo : on ne peut que regretter ce que l’on ne fait pas. Se chérir soi-même est la meilleure façon de chérir les autres. Dans mon cas, mon mari, ma petite fille ou mes équipes… Ce sont des valeurs fondamentales, que je souhaite transmettre et inculquer, comme maman, notamment. Celle d’une mode durable également ?

Oui, et pas du tout parce que c’est politiquement correct ou dans l’air du temps. Pour moi, il s’agit d’un réel engagement qui devrait être propre à tout le secteur. Une mode engagée, responsable, qui sensibilise et conscientise. Elle peut aussi être un formidable outil pour éduquer à une consommation raisonnée. Il faut retrouver les vraies valeurs. La mode de demain est plus que jamais aux mains de tous : des créateurs, des stylistes et couturiers, mais également des consommateurs. natan.be

« L’équilibre personnel de chaque femme ne regarde qu’elle. »


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MAGAZINE

MOI LECTRICE

MOI LECTRICE

“J’AI ÉCHAPPÉ AU DESTIN DE MA MÈRE GRÂCE AUX LIVRES.”

Isabelle, 43 ans, n’a pas manqué d’amour maternel en grandissant. Mais d’un modèle féminin inspirant, si. Résolue à ne pas devenir l’une de ces femmes toutes dévouées à leur apparence, leur époux et leur foyer, elle s’est plongée très tôt dans la littérature, qui l’a ouverte au monde des questionnements et des combats sociétaux. Un monde auquel elle rêve aujourd’hui d’initier celle qui l’a élevée… Propos recueillis par Laure Marchand Illustrations Joel Burden


“MA MÈR E A TOUT MI SÉ SU R SA B EAUTÉ.

Pour sortir de son milieu paysan, brutal, elle a privilégié ce qui pouvait lui apporter de la liberté. Elle avait remporté un concours de miss locale. Elle correspondait aux canons de son temps, l’après-guerre, un profil à la Bardot, très jolie, très yéyé. Une poupée qui a construit sa vie entière sur son apparence. Toute petite, j’ai su intuitivement que je ne voulais pas lui ressembler. Quand j’étais enfant, elle passait trois heures dans la salle de bains chaque matin, sortait de la maison, ongles et maquillage impeccables, sublime mais à midi. Pour moi, c’était incompréhensible. Ma mère prenait soin de moi. Elle s’est occupée de mes leçons de piano, de mes chaussures cirées… Pas du tout de mon cerveau.

Elle a délégué mon éducation intellectuelle à mon père. Un architecte lettré, fou d’Aragon et de Breton, qui m’a mis très tôt des livres entre les mains. Mary Poppins (1), c’était moi. Ce personnage de femme très apprêtée et libre à la fois a été, je m’en aperçois rétrospectivement, un modèle féministe pour moi. J’ai dû le lire cinquante fois. Les livres ont favorisé l’éveil de mon esprit critique face aux comportements maternels que je trouvais absurdes. Car ma mère était le stéréotype de la femme au foyer. Elle n’avait aucun désir de revanche sociale. En fait, elle a fait profession de sa beauté. Mon père était fidèle, il l’adorait. Elle avait des amants, elle était volage. Se servir de son corps en échange d’un bénéfice matériel, c’est très classique, paradoxal

aussi : sa beauté lui a donné une liberté mais elle a été à la solde financière des hommes toute sa vie. À l’adolescence, je devais avoir 1 5 ans, j ’ai eu un immense chagrin d’amour. Mon père a eu cet éclair de génie de m’offrir Le blé en herbe (2). Ce roman de Colette m’a immédiatement guérie. La tristesse a mis du temps à disparaître mais je suis sortie de cette lecture en me disant que je serais plus forte que le chagrin… et confortée dans l’idée que je ne voulais pas être comme ma mère. Naturellement, en pleine crise d’adolescence, j’avais des jeans troués et les cheveux crades, quand ma mère, mise en plis parfaite, portait des tailleurs Chanel. À la même période, j’ai lu énormément de littérature érotique, des romans de gare, très bas de gamme. Mon père avait


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MOI LECTRICE

une grande bibliothèque dans ce domaine et j’y avais librement accès. Évidemment, les femmes y étaient vues à travers le désir de l’homme, prises dans ce regard. Ces lectures ne m’excitaient pas, je lisais juste pour me renseigner. J’ÉTAIS TRÈS À L’AISE AVEC MON CORPS, très conquérante, y compris dans ma sexualité. Je crois que c’était aussi une façon de dire que ma mère n’était pas la seule à avoir ce pouvoir. Sauf que pour moi, la sexualité avait pour seul but mon propre plaisir. Je ne l’échangeais pas contre un restaurant ou un voyage. Au lycée, petit à petit, la philosophie est entrée en jeu. À 17 ans, Les confessions (3) m’ont décidée à faire des études de philosophie. JeanJacques Rousseau n’est pas un grand

“À 15 ans, j’ai eu un immense chagrin d’amour. Mon père a eu cet éclair de génie de m’offrir Le blé en herbe de Colette, qui m’a immédiatement guérie. (…) Je suis sortie de cette lecture confortée dans l’idée que je ne voulais pas être comme ma mère.”

féministe, certes… Mais avec la philo, je m’éloignais du désir qu’avait ma mère de faire de moi sa réplique. Puis, quand j’étais étudiante, j’ai eu besoin d’argent. J’ai été modèle pour peintre. On connaît l’histoire du peintre avec son modèle : il finit par coucher avec. Moi, jamais. J’étais nue et je leur parlais de mes lectures : Bataille, Blanchot, Nizan… Si j’étais aujourd’hui une jeune fille qui ne lit pas, je pourrais dériver très facilement et me prostituer. Il suffit d’un clic pour une relation facile. L’addiction à la technologie réduit le temps de lecture. Comment faire lire ? Je connais bien la question… Je suis devenue éditrice. N’importe quel livre permet d’accéder à un imaginaire. Cela préserve. La réalité virtuelle déploie des stratégies pour piéger dans un monde. Un livre ne piège pas, il ouvre à un monde. Et finalement, je n’ai eu des histoires d’amour qu’avec des écrivains. Mon mari est écrivain. C’est lui qui a la main sur l’éducation des enfants. La gestion du quotidien, de la maison, c’est lui. J’ai un salaire, je suis constamment à l’extérieur pour mon travail. Mon couple est un modèle inversé de celui de mes parents. La soumission en moins. Évidemment, ma mère ne comprend pas du tout notre modèle. Elle aime beaucoup mon mari tout en ayant un profond mépris pour lui. Le sien était un Méditerranéen. Instruit, très proche de ses enfants, mais un cliché de patriarche avec des dents en or qui passait un temps fou au café. Ma mère est âgée aujourd’hui, je m’entends très bien avec elle. Au téléphone, la première question qu’elle me pose est : “Comment vont tes cheveux ?” Finalement, à 43 ans, je suis plutôt coquette et j’ai la chevelure qu’elle souhaitait. On n’échappe pas à tout… Mais on peut essayer de choisir sa vie. Avec mon mari, nous avons deux garçons, de 12 et 17 ans. Je vois une différence entre les deux. #MeToo est passé par là. Pour l’aîné, une femme ne peut pas avoir de poils sur les jambes. Le dernier me dit : “Mais maman, qu’est-ce que tu te fais ch… à avoir mal en t’épilant ?” Spontanément, il a une empathie plus forte pour les combats des femmes. Pourtant, en dépit du fonctionnement parental qu’ils ont tous les

deux sous les yeux, ils restent empreints de plis patriarcaux. Alors comme d’habitude, pour trouver de l’aide, je me tourne vers les livres, mes leviers à moi. J’ai trois livres clés. À la maison, ils sont sur la table basse du salon. Je les ai toujours en vue. Il y a Le deuxième sexe (4) de Simone de Beauvoir, qui retrace l’histoire des femmes qui vivent sous la domination des hommes depuis des siècles. Il faut absolument lire ce livre, il vous habite. Il est facile d’accès. Je recommande aux filles de commencer assez jeune… dès l’âge de 12 ans, elles sont maquillées. Elles peuvent lire des petits bouts. Les garçons aussi ! J’ai aussi King Kong théorie (5) de Virginie Despentes. C’est un manuel de combat. Très violent. Il n’y a pas d’obligation de mener le combat, bien sûr, mais c’est bien de l’avoir lu ! Et enfin Culottées (6) de Pénélope Bagieu. Mes enfants ont lu cette BD des dizaines de fois. C’est un incontournable. JE CROIS À FOND EN LA FORCE DES LIVRES,

y compris pour ma mère. Je lui ai offert récemment On ne naît pas soumise, on le devient (7), un essai de Manon Garcia qui explore les soumissions consenties par les femmes. Y renoncer est difficile à cause des gains et des intérêts qu’elles en retirent. Sortir du système patriarcal a un coût élevé. Aujourd’hui, ma mère est veuve. Mon père était un flambeur et, à sa mort, elle a dû se mettre à travailler. Elle pensait que sa beauté lui permettrait de retrouver quelqu’un. Cela ne s’est pas fait. Elle a une petite retraite et fait chambre d’hôtes pour ne pas avoir à demander quelque chose à ses enfants. Ma mère ne me parle pas d’On ne naît pas soumise, on le devient, elle boude un peu, même, mais je vois que le livre est ouvert sur son lit. Elle le lit. Il aura fallu qu’elle attende d’avoir presque 80 ans pour rencontrer un livre de philosophie féministe qui lui dévoile sa condition, la met en face d’ellemême. Un espace s’ouvre peut-être pour se penser et être vraiment indépendante. Seule, sans homme et sans enfant, elle n’a plus besoin de monnayer quoi que ce soit. » 1. et 5. Éd. Le Livre de Poche. 2. Éd. J’ai lu. 3. et 4. Éd. Folio. 6. Éd. Gallimard. 7. Éd. Flammarion.


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Cape en coton et laine, et robe à capuche en laine Kenzo, manteau en polyamide Balmain.

GRAND FROID

UN HIVER TRÈS STYLÉ

Ci-dessus, Niko/IMG Models, photographiée par Luna Conte et Basile Mookherjee.

MODE


GRAND FROID Pulls en maille XXL, doudounes oversize, manteaux à poils longs, bonnets, chapkas et matelassés géants : une avalanche de douceur stylée déferle sur la saison. Photos Luna Conte et Basile Mookherjee Réalisation Anne-Sophie Thomas


Pull XXL en laine Raf Simons, pulls en laine bleu clair Maison Kitsuné, et en cachemire bleu foncé Éric Bompard autour du cou . Capuche en polyamide COS, bandeau en laine dans les cheveux Acne Studios, chaussettes et collant Falke, bottes en fourrure synthétique et cuir Chanel. À gauche Manteau sans manches en fourrure synthétique Fendi, manteau en fourrure synthétique Saint Laurent par Anthony Vaccarello, pull en cachemire Notshy, jupe en laine Sportmax. Bonnet en laine V De Vinster, bottes en

fourrure synthétique Miu Miu.


Manteau en fourrure synthétique Prada, imperméable en polyamide Lacoste, robe en coton Even & Odd sur zalando.fr. Bandeau en laine Acne Studios, écharpe en laine Maison Kitsuné.


Manteau en fourrure synthétique Alberta Ferretti, cardigan en laine Garçons Infidèles, pull en cachemire Notshy, cardigan en laine noué autour de la taille Acne Studios, jupe en laine Éric Bompard. Cagoule en laine Miu Miu.



Veste et pantalon en nylon, pull et cagoule en cachemire Miu Miu.



Manteau en fourrure synthétique Gucci, pull et jupe en laine Proenza Schouler. Cagoule en fourrure synthétique vintage, écharpe en laine Maje, chaussettes en laine Kerstin Adolphson, bottes en nylon Moncler. À gauche Étole en fourrure synthétique Ann Demeulemeester,

doudoune en polyamide

Dolce & Gabbana, pull

col roulé en cachemire Notshy. Moufles en fourrure synthétique Givenchy.


Blouson en fourrure synthétique Givenchy, pantalon et écharpe en coton mélangé Acne Studios. Cagoule en cachemire Miu Miu. À gauche Doudoune sans manches en coton technique et chaîne

6 Moncler 1017 Alyx 9SM, manteau en coton et cristaux Maison Margiela, pull col roulé en cachemire Kujten,

jupe en soie brodée et leggings en coton Givenchy. Bottines en fourrure synthétique Chanel.


Assistante stylisme Agathe Gire. Mannequin Niko/IMG Models. Casting Nicolas Bianciotto/IKKI. Coiffure Nelson. Maquillage Tiina Roivainen/Airport Agency. Manucure Lora de Sousa avec les produits Byredo et Manucurist. Set design Sylvain Cabouat, assisté d’Elisa Schmitt. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto et Margot Bootz.


Veste en coton bio Ganni, 320 €, bralette en viscose Banana Moon, 29 €, jean en coton et lin Diesel, 995 €. Sac en cuir By Far, 475 €.


Hausser les tons Rose malabar, jaune tournesol, bleu glacier ou vert prairie : on mixe des couleurs qui claquent pour composer des looks pleins d’énergie. Photos Yohan Burel Réalisation Agathe Gire

Trench en coton Max Mara, 1 399 €, pull en cachemire Éric Bompard, 290 €, jupe en coton organique Valentine Witmeur Lab, 260 €. Lunettes de soleil Prada, prix

sur demande, collier en perles sauvages et or Polite Worldwide, 490 €, collier en perles baroques naturelles Mara Paris, 1 350 €, collier en laiton doré à l’or fin Bonanza, 210 €, sac en polyester Mango, 50 €.


Doudoune en polyester recyclé, H&M, 249 €, jupe en vinyle ajouré et cuissardes en maille Courrèges, 450 € et 890 €. Boucles d’oreilles en laiton plaqué or Gas Bijoux, 160 €.


Manteau en polyamide American Vintage, 175 €, surchemise en laine Iro Paris, 435 €, pull en coton Pima Misha & Puff, 180 €, jean en coton mélangé Levi’s, 135 €. Boucles d’oreilles Courrèges, 280 €, bracelets George, et Marie, en laiton plaqué or Bonanza, 150 € pièce.


Veste et jean en coton mélangé Levi’s, 139 € et 135 €, chemise en polyamide recyclé Ganni, 225 €, top en tulle Marine Serre, 190 €. Chevalières (de gauche à droite) : Cœur, en or jaune, émail violet et diamant ; Ovale, en or jaune, émail jaune fluo et diamant ; Cœur, en or jaune et turquoise ; et Cœur, en or jaune, émail rose et diamant Yvonne Léon, 820 €, 620 €, 920 € et 820 €. Sacs en cuir Moschino, 575 € pièce, bottes en cuir By Far, 585 €.


Robe en lin Vanessa Bruno, prix sur

demande, robe en dentelle Coperni, 990 €, chemise en coton et soie Forte_Forte, 320 €, jean en denim Y/ Project, 490 €. Sacs (de gauche à droite) : en cuir upcyclé Maitrepierre, 360 € ; Albert, en cuir Destrée, 680 € ; en cuir By Far, 570 € ; Mini Albert, en cuir Destrée, 520 €. Boucles d’oreilles en vermeil Zag Bijoux, 30 €, chaussures en cuir Nodaleto, 700 €.


Gilet en polyamide recyclé & Other Stories, 99 €, chemise en coton Bella Jones, 155 €, robe longue en filet mèche et strass H&M, 50 €, pantalon en lyocell IKKS, 135 €. Lunettes de soleil 13 09 SR, 435 €, escarpins en cuir brossé Prada, 770 €.


Gilet en mohair et laine mélangée Caroll, 110 €, robe en tulle Nina Ricci, prix sur demande, pantalon en viscose Marco Rambaldi, 278 €. Colliers en laiton plaqué or et strass, en laiton plaqué or et perles de résine multicolores, et en laiton plaqué or et pierres fines Gas Bijoux, 190 €, 210 € et 220 €, sac en cuir Loro Piana, 3 450 €, escarpins en cuir Off-White, 965 €.

Assistante Anaëlle Claudet. Mannequin Calista Choley/ Women 360 Management. Casting Nicolas Bianciotto/IKKI. Coiffure Yusuke Taniguchi/B-Agency. Maquillage Valentine Doorman/Noob. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto, Alice Alessandro et Moana Boudhina.


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MODE D’EMPLOI

MONTRES

Heures précieuses

Le carré godronné

Montre Ma Première, en acier avec cadran gris ligné et bracelet en veau sellier lilas Poiray, 1 900 €.


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Trésors d’élégance et de technologie, ces huit pièces d’horlogerie donnent envie de laisser le temps s’écouler à nos poignets. Photos Mathieu Trautmann Stylisme végétal Pauline Monnier Réalisation Anna Quérouil

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1. La céramique blanche

Montre J12 Calibre 12.2 Édition 1, en céramique haute résistance blanche, acier et diamant. 33 mm, mouvement mécanique à remontage automatique.

Édition limitée à 555 exemplaires

en acier Longines, 2 190 €.

prix sur demande.

3. Le carré à maillons dorés

Chanel Horlogerie, 2. L’heure et les cycles de la lune

Montre Longines Master Collection Phases de Lune,

Montre Panthère de Cartier mini-modèle, en or jaune Cartier, prix sur demande.


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MODE D’EMPLOI

MONTRES

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1. Le luxe de la précision

Oyster Perpetual Datejust 36, en Rolesor jaune Rolex, prix sur demande.

acier, lunette sertie de diamants, mouvement à remontage automatique, bracelet en caoutchouc blanc Hublot, prix sur demande.

2. Le bracelet souple et les diamants

3. Le trèfle à contour perlé

Big Bang One Click, boîtier 33 mm en

Montre Sweet Alhambra, en or rose,

cadran de nacre blanche et bracelet en alligator Van Cleef & Arpels, prix sur demande.


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La goutte ourlée de diamants

Montre Joséphine Aigrette, en or blanc et diamants taille brillant, bracelet en satin noir Chaumet, prix sur demande.


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MODE D’EMPLOI

L’AIR DU TEMPS

Pensée dans une approche résolument nostalgique, la collection Dior printemps-été 2022 célèbre les années 60, une décennie sous le signe de la liberté, de l’optimisme et de la créativité, mais aussi l’un de ses directeurs artistiques les plus emblématiques, Marc Bohan. Par Elspeth Jenkins Adaptation Marie Honnay

Retour vers le futur en Dior Chez Dior, les années 60 commencent avec le limogeage d’un tout jeune Yves Saint Laurent obligé de faire son service militaire, puis frappé par une dépression nerveuse. En moins de deux ans, le créateur avait réussi à faire souffler un vent de jeunesse sur la très classique maison. Le premier succès de Saint Laurent, c’est la robe trapèze lancée en 1958 : une pièce qui révolutionnait l’esprit très « comme il faut » de Christian Dior. À l’époque, Saint Laurent puisait son inspiration dans les looks des jeunes gens qu’il croisait dans

la rue. Le concept de street style était né. Mix de styles très contrastés, la dernière collection du créateur pour la maison parisienne puisait son inspiration dans la culture beatnik. On y retrouvait des vestes en cuir et beaucoup de noir. Pour la presse et les fidèles clientes de Christian Dior, ce décalage était incompréhensible. Pourtant, c’est avec ces pièces phares que Saint Laurent a imposé un style : celui qui allait dominer les années 60. Au fil des années, la jeunesse se mêle de plus en plus de politique. On retrouve

DIOR. PRESSE.

1


1. Des paillettes pour un été festif et coloré. 2. Le satin brillant rappelle la piste de danse du légendaire Piper Club de Rome. 3. L’orange est le nouveau noir. 4. Le Slim Look dans une veste 2.0 (transparente).

2 3

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FRANCOIS HALARD. CHANEL.

son influence dans la musique, la mode et la culture. Les formes deviennent plus fluides et les jupes plus courtes : l’ère de la liberté est arrivée. Et quoi de mieux que les vêtements pour imposer ce style dans l’ensemble de la société ? MARC BOHAN, L’INCONTOURNABLE

Après le départ d’Yves Saint Laurent, c’est au designer français Marc Bohan que l’on confie la direction artistique de la maison. À l’époque, Bohan travaille déjà pour Dior, mais lorsqu’il est nommé à ce poste clé, il décide de

rompre avec l’esprit de rébellion de son prédécesseur. Pour séduire, Bohan choisit la voie de l’élégance sobre. En misant sur des silhouettes douces et féminines, il revient à l’ADN originel de Dior. Certains observateurs disent de lui qu’il était une « force silencieuse », un couturier habile qui ne perdait jamais de vue ses clientes, leurs envies et leurs besoins. En 1960, Bohan officiait déjà dans la mode depuis 15 ans. En 1945, il entre en apprentissage chez Piguet, puis dessine des collections couture pour


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MODE D’EMPLOI

L’AIR DU TEMPS

Patou, le créateur du moment, avant de lancer sa propre marque. En 1958, invité par Dior à dessiner une ligne « bis » pour la maison, il quitte New York pour Londres. Deux ans plus tard, il prend les rênes de la première ligne Dior : un poste qu’il a occupé pendant trente ans, jusqu’en 1989. Aucun autre créateur n’est resté aussi longtemps à la tête de Dior. CHANGEMENT EN VUE

Pour sa collection printemps-été 2022, Maria Grazia Chiuri, la directrice artistique actuelle, s’est inspirée du début des années 60, c’est-à-dire la période Bohan, et plus particulièrement du Slim Look lancé en 1961, une collection encensée par la presse qui la compare au New Look de 1947. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une silhouette tout en longueur, sans taille, bien ajustée, avec une jupe légèrement évasée et légèrement au-dessus du genou. Ce style rappelle les robes à clapet des années 20, une époque chère à Bohan. L’une de ses réalisations les plus emblématiques reste la collection automne-hiver 66, entièrement inspirée de Docteur Jivago, un film qui a pour cadre la Révolution ru ss e. On y retrouve de somptueuses capes et des chapeaux en fourrure. Fascinée par les premières années de Marc Bohan, Maria Grazia Chiuri précise : « Il a rompu avec le passé et introduit Dior dans le monde du prêt-à-porter. Ce moment de l’histoire de la maison est très proche de mes goûts et de ma philosophie. » Le fait que le Slim Look ait contribué à une véritable libération du corps féminin cadre évidemment avec l’approche féministe de la créatrice italienne. Première femme nommée à la tête de la direction artistique de Dior, elle n’hésite jamais à utiliser ses collections pour militer en faveur des droits des femmes. Cette fois encore, elle a opté pour des silhouettes nettes, des coupes droites et des épaules naturelles. Pour elle, un vêtement doit être fluide et laisser les femmes libres de leurs mouvements. MUSIQUE DU FUTUR

Les silhouettes de la collection printemps-été 22 présentent des coupes et des effets graphiques. La présence de

différentes couleurs rappelle l’esthétique color block de Marc Bohan. Ces couleurs symbolisent aussi la géométrie des jeux de société conçus par l’artiste italienne Anna Paparatti, des jeux qui remettent en question les règles de l’art (et de la vie) et dont l’esprit était également perceptible lors du défilé Dior présenté à Paris en septembre dernier. Le décor évoquait un grand plateau de jeu coloré avec un espace au milieu où le groupe pop italien Il Quadro di Troisi s’est produit. Pour souligner l’approche très jeune de la collection, Chiuri a proposé un certain nombre de silhouettes réalisées en broderie 3D dans des matières comme le nylon. Leur éclat rappelle la piste de danse du Piper Club à Rome, une discothèque installée dans un ancien cinéma qui, à l’époque, était le point de rendez-vous de jeunes artistes, acteurs, musiciens, muses et philosophes. Des éléments de la toile de Jouy, un classique Dior, sont également réinterprétés et agrandis dans un esprit pop art. La collection nous transporte dans l’univers psychédélique et iconique de la Factory à New York. Une révolution haute en couleur qui annonce un nouveau départ. Si, en apparence, cette collection peut paraître nostalgique, Maria Grazia Chiuri a réussi à lui donner une allure et une aura actuelles. On y ressent la puissance d’une époque en manque d’innovation, mais aussi passionnée et nerveuse. Un peu comme celle dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Si cette collection nous parle, c’est qu’elle raconte l’histoire de jeunes en pleine désillusion face à une pandémie qui les a p r i vé s d e re p è re s et d’e s p o i r. L’utilisation de technologies et de matériaux contemporains nous transporte dans un monde où la technologie signifie progrès, mais où nous ne devons pas oublier de tirer parti des leçons du passé. Tout n’était pas mieux avant. Tel pourrait être le message délivré par Maria Grazia Chiuri cette saison. Regarder dans le rétroviseur de la mode nous permet de relativiser, mais aussi de nous replonger dans une décennie pétillante et libérée. Si la mode est un révélateur de l’air du temps, alors, cette collection remplit sa mission à 100 %.

1

« Il a rompu avec le passé et introduit Dior dans le monde du prêt-à-porter. Ce moment de l’histoire de la maison est très proche de mes goûts et de ma philosophie », a déclaré la directrice de la création Maria Grazia Chiuri après le défilé printemps été 2022.


1. Maria Grazia Chiuri a été inspirée par le swing des années 60. 2. Une silhouette Slim Look de la collection printemps-été ‘61. 3. Marc Bohan a animé avec succès la maison Dior dans les années 60, 70 et 80.

NHU XUAN HUA. CHRISTIAN DIOR. DIOR.

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MODE D’EMPLOI

NEWS

LES ENVIES DE FÉVRIER REPÉRAGES

Des sacs iconiques réinterprétés, de la lingerie pastel et pastorale ou la nouvelle collection veloutée de l’icône de Saint-Germain-des-Prés : ce mois-ci, on vise la couleur, les fleurs et la douceur. Par Vicky Chahine

LA MAISON SONIA RYKIEL EN CINQ DATES 1968

La créatrice ouvre sa première boutique parisienne à SaintGermain-des-Prés et séduit avec ses mailles colorées qui accompagnent l’émancipation des femmes. 1983

Sonia Rykiel étend son univers à l’enfant et, quelques années plus tard, à l’homme et à la maison. 2002

Elle fait sensation avec sa première ligne de sex-toys imaginés par sa fille Nathalie, aussi chics que sulfureux. 2009

UN MYTHE RÉINVENTÉ

Pour sa sixième édition, le Lady Dior Art rassemble dix artistes contemporains qui ont eu carte blanche pour réinterpréter le mythique sac de la maison de luxe. Notamment l’Américaine Gisela Colón, qui en imagine une version protectrice inspirée de l’Égypte Antique, le Belge Johan Creten, qui le dote d’un plastron d’abeilles dorées et la Coréenne Gigisue (photo) qui l’habille d’un bouquet fantastique. Des éditions limitées comme des totems de mode. Lady Dior Art, en boutiques et sur dior.com

Pour sa collaboration à succès avec H&M, Sonia Rykiel décline les pulls, les rayures ou encore les strass, devenus ses signatures. 2021

La maison lance la capsule Velvet Strass : son emblématique velours aux messages qui brillent habille des joggings, des bodys avec gants intégrés et même une gamme pour les toutous lookés. Collection Velvet Strass, à partir de 45 €, sur soniarykiel.com

LES OBJETS DU DÉSIR

Du créateur Jeremy Scott au designer Oki Sato, fondateur du studio Nendo, Longchamp sait surprendre en choisissant les personnalités à qui confier sa toile emblématique. La maison française s’associe pour la seconde fois avec Emotionally Unavailable. Résultat : la toile patchwork du label de Los Angeles, entre imprimés fleuris et vichy, habille notamment l’iconique Pliage et deux modèles issus des archives de Longchamp, dont une besace (photo) aussi fonctionnelle que poétique.

APRÈS LES MAILLOTS, BANANA MOON LANCE SA LINGERIE AVEC LA COLLECTION INTIMATES, PLEINE DE COLORIS DOUX ET D’IMPRIMÉS BUCOLIQUES OU GRAPHIQUES À DÉPAREILLER SELON SES ENVIES.

Collaboration Longchamp x Emotionally Unavailable, en boutiques et sur longchamp.com

Collection Intimates, à partir de 20 € la culotte, en boutiques et sur bananamoon.com

PRESSE (X3). SUNGMIN KIM.

LA COLLABORATION ULTRA-COOL


BLOUSE ET LEGGINGS LOEWE, VESTE EN DENIM AUTOUR DE LA TAILLE LEVI’S.

PARFUM

LE RETOUR DES FRAGRANCES INTENSES QUI AFFOLENT LES SENS

Ci-dessus, Justine Mora/Women, photographiée par Luna Conte.

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PARFUMS

LE RETOUR DES SILLAGES À FORTE PERSONNALITÉ Oublié, le charme discret de la parfumerie : cette année, les fragrances s’affirment dans des compositions qui rivalisent d’intensité. Signe des temps ou vraie tendance de fond ? Le point avec nos experts, et notre sélection de nouveautés à tester. Par Nolwenn du Laz et Malvine Sevrin Photos Luna Conte Stylisme Agathe Gire

Une Collection des Extraits à porter dès le réveil chez Louis Vuitton, des colognes qui deviennent « Forte » chez Maison Francis Kurkdjian, un Confit de Parfum décliné dans les senteurs cultes de Serge Lutens, une vague de déclinaisons « intenses » pour des fragrances à succès… Les nouveautés olfactives envoient des décibels sans craindre l’excès, comme un renouveau de l’âge d’or de la parfumerie. Dans les années 80, à l’ère des grandes épaulettes ou de Cindy Crawford sortant d’un hélicoptère en secouant ses cheveux, sentir fort Opium d’Yves Saint Laurent était une exquise provocation. Comme une nostalgie de cette époque, les récents défilés de mode sont dans cette mouvance, confirme Arnaud Guggenbuhl, directeur marketing Fine Fragrances de Givaudan : « Les minijupes pailletées si festives de Balmain, les silhouettes aux grandes épaules et aux gros boutons d’Yves Saint Laurent ou le show Chanel avec les photographes accoudés au podium signent un retour à l’exubérance, tout comme les derniers titres de Clara Luciani – Respire encore – ou de Juliette Armanet – Le dernier jour du disco – donnent envie de faire la fête et de sortir la tête hors de l’eau après la pandémie. La parfumerie et ses derniers sillages plus capiteux est au diapason. »


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Débardeur, bustier, jupe et cuissardes Givenchy. Collier PDPaola.


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PARFUMS

Ces fragrances puissantes sont cependant différentes de celles d’hier, poursuit-il. « Poison de Dior, puis des gourmands à la Angel de Thierry Mugler, klaxonnaient dès le départ pour provoquer l’attention et faire tourner les têtes à la manière d’un maquillage un peu outrageux. Aujourd’hui, l’empowerment féminin conjugue force et douceur. En mettre plein la vue ne suffit plus. Les femmes ont envie d’assumer mais aussi d’être protégées par un cocon olfactif voluptueux. Plus subtiles, singulières et sophistiquées, les dernières fragrances puissantes sont moins racoleuses aux premiers effluves et montent le son crescendo pour tenir au corps au fil des heures, révélant leurs facettes au cours de la journée. Ainsi My Way de Giorgio Armani cache sous son départ sympathique une tubéreuse qui s’affirme tout au long de la journée. » UN SENTIMENT D’EXCLUSIVITÉ RETROUVÉ

Et quid de ces dernières versions intenses qui fleurissent sur le marché ? « C’est l’ère du minimalisme généreux, avec une envie de consommer moins souvent mais mieux. On assume un certain prix mais on en veut pour son argent en sentant fort et plus longtemps, propose Arnaud Guggenbuhl. Ces déclinaisons sont réputées pour être plus concentrées, riches en matières premières mieux sourcées ou en molécules récentes coûteuses, comme un actif cosmétique récemment breveté d’abord réservé aux maisons prestigieuses. Elles évoquent la qualité et la différenciation d’une parfumerie plus confidentielle. » Pour le dire simplement, ce vocabulaire marketing autour de l’élixir ou de l’intense renforce la notion d’exclusivité que le parfum avait un peu perdue. « Dans la garde-robe olfactive de deux à trois flacons que la femme a en moyenne chez elle, elle s’offre l’une de ces signatures extrêmes comme un signe de distinction. Ce besoin de qualité et de puissance ne peut que perdurer. » Pour Francis Kurkdjian, fondateur de Maison Francis Kurkdjian et directeur de la création parfum Dior, cette envie de sillages qui ont du coffre n’est pas un retour mais une condition indispensable au succès depuis des années : « En France comme à l’étranger, tous les parfums qui accèdent au top 10 répondent à cette logique. Même la vague de fraîcheur saisonnière des variations eaux d’été qui fleurissaient dans les années 90 n’est plus d’actualité. Aujourd’hui, la nécessité de lancer des nouveautés pour exister pousse logiquement à lancer des versions intenses qui montent le son. » Mais comment les parfumeurs font-ils pour hausser toujours plus haut la ténacité ? « Là encore, ce n’est pas nouveau. Les molécules – devenues plus vertueuses – aident depuis toujours les parfumeurs à diffuser plus fort et plus longtemps. En chef de file, on pourrait citer Jicky de Guerlain, qui date de 1889. » En rupture avec la parfumerie traditionnelle, cette icône était née de la découverte de deux molécules de synthèse décisives, la coumarine et la vanilline. Depuis, si la chimie perdure, les sillages empruntent des courants différents. « Dans les années 80, Opium d’Yves Saint Laurent séduisait avec des notes florales épicées, sombres et animales, tandis que dans les années 90, Angel de Thierry Mugler, grâce à l’éthyl-maltol – une molécule aux accents caramélisés –, ouvrait la voie des gourmands. » La Vie Est Belle de Lancôme, qui connaît un succès fracassant, s'inscrit ainsi dans cette lignée. Même si les créateurs de fragrances renouvellent le genre et sont toujours plus inventifs, une touche sucrée continue de faire fondre un large public.

Top et culotte Chanel, jean Levi’s.

Mannequins Louisa Ganzel/Viva Paris et Justine Mora/Women. Casting Nicolas Bianciotto/Ikki. Coiffure Nelson. Maquillage Sacha Giraudeau avec les produits Byredo. Manucure Anaïs Cordevant/ASG. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto, Wendy Truong et Margot Bootz.

DES BEST-SELLERS SINGULIERS

Mais la bonne nouvelle est certainement que les sillages puissants doivent être aussi dotés d’une forte personnalité pour se distinguer et perdurer. Dans les distributions plus confidentielles, être clivant et diffuser intensément paie également. Gris Dior de Maison Christian Dior, Musc Ravageur des Éditions de Parfums Frédéric Malle, Baccarat Rouge 540 de Maison Francis Kurkdjian ou Love, Don’t Be Shy de By Kilian, aux sillages aussi segmentants que renversants, demeurent best-sellers. Un constat réjouissant pour Francis Kurkdjian. Car si la puissance est nécessaire, l’audace, la singularité et l’assurance d’une qualité olfactive sont indispensables pour fidéliser.


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Puissants et charismatiques : nos seize coups de cœur 8. VOLUPTUEUX Les feuilles de violette, embrasées par l’oud et une chaleur ambrée, se roulent dans un nuage poudré de muscs blancs. Violet & Amber Absolu de Jo Malone, 239 € les 100 ml sur jomalone.fr

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Les succès en versions intenses

Toujours plus séduisants, ils s’affirment pour mieux déployer leurs charmes 1. SENSUEL La tubéreuse s’épanouit, plus crémeuse et veloutée, magnifiée par un sillage voluptueusement cousu de santal et de vanille. Eau de Parfum Intense My Way de Giorgio Armani, 97 € les 50 ml.

2. ADDICTIF Le café se fait plus noir, le patchouli joue l’overdose et les fleurs blanches féminisent le tout avec sensualité. Eau de Parfum Extrême Black Opium d'Yves Saint Laurent, 105 € les 50 ml.

3. FERVENT La brassée de fleurs blanches

est galvanisée par un absolu de jasmin précieux, puis rehaussée par un accord mousse cristal et une vanille Bourbon décuplée.

Voce Viva Intensa de Valentino, 95 € les 50 ml.

Les sensuels réconfortants

Sous la douceur fiévreuse, le piège d’une caresse vertigineuse. 4. ENVOÛTANT Un cocon vibrant et texturé, tissé d’aldéhydes et de muscs poudrés, féminisé encore par une rose pétale et par l’œillet.

Les ambrés magnétiques

Ténébreux, ils nous transportent vers un ailleurs mystérieux. 9. HYPNOTISANT Le flacon surmonté d’un serpent égyptien annonce la couleur de cet ambré oriental fascinant, entre santal, ciste et fève tonka.

Eau de Parfum Intense Loubiprince Collection Loubiworld de Christian Louboutin, 290 € les 90 ml.

10. MAJESTUEUX Les volutes d’encens de Somalie et la douceur vanillée du baume de benjoin du Laos sont escortées par un patchouli sombre et irrésistible. Coromandel Les Exclusifs de Chanel, 185 € les 75 ml.

11. CAPTIVANT Un sillage résineux, ambré,

confit et miellé, hommage au vent oriental chaud et brûlant, à effleurer sur les points de pulsation pour une empreinte ensorcelante.

Confit de Parfum Chergui de Serge Lutens, 145 € les 25 ml.

12. CHALEUREUX L’irrésistible duo labdanum

et vanille est éclairé par la bergamote, rehaussé par l’immortelle et grisé par une exquise touche de tonka.

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Leur élégance habille comme un vêtement couture. 13. SAVOUREUX Un chypré moderne de belle facture où le sex-appeal sucré est équilibré par la mousse de chêne, le cèdre, l’ambroxan et le souffle lumineux du jasmin. Baccarat Rouge 540 de Maison Francis Kurkdjian, 215 € les 70 ml.

ce floral somptueux vibre de chic et aimante sur son passage grâce à ses notes de jasmin, de bergamote et de sous-bois mouillés.

Gris Dior La Collection Privée de Maison Christian Dior, 220 € les 125 ml.

Ambra Collection Parfums Signatures de La Maison de Parfum Le Couvent, 139 € les 100 ml.

15. MYSTIQUE Les volutes de fumée

purificatrice du Palo Santo se mêlent à la sensualité d’un bois d’ébène africain, auréolé de roses et de notes résineuses et cuirées.

Ébène Fumé Private Blend de Tom Ford, 282 € les 50 ml.

16. AUDACIEUX Un coup de fouet de poivre

noir de Madagascar, facetté par le safran, le cumin, la muscade et la graine de coriandre, que l’encens vient ensuite sublimer, sur fond de patchouli ardent.

blanches et un soupçon de gourmandise, mais enrobés dans un sillage charnel, dans un surdosage exquis de muscs, iris et patchouli.

Poivre Sacré Collection Merveilleuse de Caron, 155 € les 50 ml. 9

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6. DÉSIRABLE L’emblème est revisité dans

une version à dévorer la peau, magnifiée par la vanille déployée magistralement en extrait naturel, en éthylvanilline et en teinture.

Shalimar Millésime Vanilla Planifolia de Guerlain, 107 € les 50 ml.

7. VELOUTÉ Le santal blanc de Calédonie,

PRESSE.

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14. EMBLÉMATIQUE Fleuron de la collection,

5. ENVELOPPANT Toujours des fleurs

dans son expression la plus caressante et ouatée, est marié au lait de figue crémeux, à la violette, aux muscs poudrés et à la fève tonka amandée. Santal Blanc Collection Extraordinaire de Van Cleef & Arpels, 143 € les 75 ml.

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Les chics confidentiels

Poudre de Musc Intense de Parfums de Nicolaï, 177 € les 100 ml.

L’Eau de Parfum Blanche La Vie est Belle de Lancôme, 85 € les 50 ml.

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Mannequin Louisa Ganzel/Viva Paris. Casting Nicolas Bianciotto/Ikki. Coiffure Nelson. Maquillage Sacha Giraudeau avec les produits Dr. Barbara Sturm. Manucure Anaïs Cordevant/ ASG. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto, Wendy Truong et Margot Bootz.

Par Céline Mollet et Malvine Sevrin Photo Luna Conte Stylisme Agathe Gire

TOP AMI.

Le vrai du faux sur les probiotiques en cosmétique

Présentés comme les nouveaux actifs santé de la peau, pro, pré et postbiotiques s’invitent dans de nombreux soins. Mais entre réalité scientifique et idées reçues, pas toujours facile d’y voir clair. Le point sur leurs vertus et leur utilisation en onze affirmations. Et petite sélection des formules les plus efficaces du moment.


DÉCRYPTAGE

Pro, pré et postbiotiques, c’est pareil

FAUX À la surface de notre peau se trouvent naturellement des bactéries, levures, champignons. Cet écosystème s’appelle le microbiome. Les probiotiques sont des micro-organismes qui ont un effet bénéfique sur la peau, on les considère comme des bonnes bactéries. Les prébiotiques, quant à eux, sont des nutriments qui nourrissent ces bonnes bactéries. Enfin, les postbiotiques sont les molécules fabriquées par les bonnes bactéries sur la peau.

1. Essence [Pré+Pro]Biotique de Cinq Mondes,

59 € les 100 ml, disponible chez Labelchic. 2 . Prébioforce de Phytomer, 58 € les 30 ml. 3. Skin Protecting Moisturizer Hangover Good to Go de Too Faced, 33 € les 40 ml, chez Sephora.

Un déséquilibre du microbiome entraîne des problèmes de peau

VRAI C’est la diversité qui fait l’équilibre. Si les mauvaises bactéries sont présentes en trop grande quantité sur la peau, elles provoquent des troubles cutanés : acné, rougeurs, démangeaisons… En améliorant l’environnement des bactéries, on maintient un épiderme en bonne santé et on prévient le vieillissement. Mais pas seulement. Optimiser le fonctionnement de cet écosystème permet de résoudre aussi certains problèmes dermatologiques. « Avant, pour traiter l’acné, on tuait toutes les bactéries. Aujourd’hui, on vise davantage la bactérie responsable de l’acné, Cutibacterium acnes. Même chose pour le staphylocoque doré responsable de l’eczéma, qui peut être contrôlé avec des pré et postbiotiques », explique Marie Drago, fondatrice de la marque Gallinée.

4. Complexe aux 3 Pré+Probiotiques “ Formule-1002 ” de Typology, 26,50 € les 15 ml. 5. Baume Relipidant XeraCalm A.D d’Avène, 18,95 € les 200 ml. 6. Masque Visage Synergie[4] d’Odacité, 70 € les 40 g.

Seuls les probiotiques aident à préserver le microbiome

« En améliorant l’environnement des bonnes bactéries avec des postbiotiques, on fait travailler celles déjà présentes sur la peau », explique Marie Drago. Enfin, il ne faut pas oublier que de nombreux facteurs extérieurs peuvent engendrer un déséquilibre du microbiome. Le stress, le tabac, la pollution, le chauffage, la climatisation, l’eau chaude, l’alimentation, certains filtres solaires, la prise d’antibiotiques et même les vêtements qu’on porte influencent les bactéries qui vivent sur notre épiderme.

PRESSE.

FAUX

BEAUTÉ

7. Vaporisateur au Saké Fermenté Sweet Biome de Drunk Elephant, 39,90 € les 100 ml, chez Sephora. 8. Purifying Mousse de Mesoestetic, 26 € les 150 ml. 9. Multi-Biotic de The Inkey List, 14 €

les 30 ml, chez Sephora.

Il peut y avoir des bactéries vivantes dans ma crème

Contrairement à l’alimentation, en cosmétique, la réglementation européenne l’interdit. L’alternative : lorsqu’on parle de probiotiques dans les soins, il s’agit de bactéries tyndalisées, un processus qui consiste à les tuer grâce à la chaleur, ou de fractions de probiotiques, c’est-à-dire de probiotiques filtrés. Les cellules restent intactes mais les bactéries ne se reproduisent pas, permettant aux formules de rester sans danger. Le plus souvent, ce sont surtout des pré et des postbiotiques que l’on trouve dans les soins. Les prébiotiques sont principalement des sucres et les postbiotiques des ingrédients comme l’acide lactique, les acides aminés, les peptides.

FAUX

10. Lipikar Baume AP+M de La Roche-Posay, 21,90 € les 400 ml. 11. Double Concentré Advanced Génifique Sensitive de Lancôme, 76 € les 30 ml.12. Probiotic Fractions Minéral 89 de Vichy, 32,50 € les 30 ml.

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Prébiotiques et cosmétique bio sont incompatibles

FAU X Au contraire, les prébiotiques (sucres, acides aminés, fibres) permettent à la peau de retrouver un équilibre naturel en lui fournissant des molécules qu’elle n’est plus capable de produire. Les prébiotiques sont fabriqués à partir de composants naturels, souvent grâce à un processus de fermentation. 13. Magic Mousse de Pulpe de Vie, 8 € les 125 ml. 14. Crème Hydratante Vitaminée de Krème, 24 € les 50 ml. 15. Go For Protection Matin de Demain,

34,90 € les 40 ml.

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C’est un phénomène de mode

FAUX Le terme microbiome date de 2001. Il a été introduit par Joshua Lederberg, biologiste américain, pour évoquer l’écosystème de l’intestin puis, par extension, de la peau. C’est ce qu’on appelait autrefois la flore. Ce sont d’abord les marques de dermo-cosmétique qui se sont intéressées au microbiome, pour traiter certaines pathologies comme l’atopie ou l’eczéma grâce aux prébiotiques notamment. Depuis, prébiotiques, probiotiques et postbiotiques se sont introduits dans une multitude de cosmétiques.

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DÉCRYPTAGE

Quand il y a des probiotiques ou des prébiotiques dans ma crème, c’est précisé

FAUX « Parmi les prébiotiques, l’alpha-glucan oligosaccharide apparaît sous ce terme dans la liste INCI mais sans mentionner l’action prébiotique », rappelle Bethsabée Coutaz, directrice scientifique Dr. Pierre Ricaud. D’autres ingrédients plus connus comme l’inuline et la glycérine sont aussi de bons prébiotiques, mais on ne le sait pas forcément. Enfin, certains autres ingrédients comme l’avoine ou le squalane sont les alliés des bonnes bactéries. Si les marques ne le revendiquent pas, difficile de le savoir. 1. Crème Hydratante Anti-âge d’Alaena, 89 € les 50 ml. 2. Brume Hydratante aux Fleurs Méditerranéennes de La Canopée, 16 € les 120 ml. 3. Masque de nuit régénérant Doctor Babor, 29 €.

On peut les mettre dans n’importe quelle formule

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VRAI ET FAUX Techniquement, les prébiotiques, probiotiques et postbiotiques peuvent s’introduire dans n’importe quel produit. « Cependant, il serait incohérent d’en mettre dans des formules à base de savon ou riches en alcool, qui décapent la peau », explique Didier Thévenin, brand advocate Melvita.

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4. Huile Visage Prébiotique de Gallinée, 35 € les 30 ml. 5. Masque hydratant illuminateur aux probiotiques Berryglow Glamglow, 45 €. 6.

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Renaissance - Cure 14 Nuits de Dr. Pierre Ricaud, 65 € les 50 ml. 7. Masque en tissu au charbon actif + probiotiques Freeman, 4,90 € sur Notino.be.

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Probiotiques et prébiotiques sont inutiles si on décape la peau

VRAI Dès que vous vous nettoyez le visage, vous déséquilibrez la flore cutanée. Idem si vous abusez du gel hydroalcoolique. Résultat ? Vous affectez les bonnes bactéries et laissez plus de place aux mauvaises. Il est donc indispensable de nettoyer le visage et le corps avec des formules douces, sans savon. « Évitez les pH supérieurs à 7, recommande Didier Thévenin. Et rincez bien le visage après le nettoyage pour éliminer tout ce qui peut rester à la surface de la peau. » Enfin, pour rééquilibrer le microbiome, privilégiez les nettoyants et les démaquillants à base de prébiotiques, qui nourrissent les bonnes bactéries. 8. Eau démaquillante instantanée Aqua Falls Maison Valmont, 59 € les 75 ml 9. Gel-en-huile Bouquet Floral Détox de Melvita, 15 € les 125 ml.

Les formules topiques sont les plus efficaces

FAUX Les compléments alimentaires sont aussi de bons alliés. Dans l’alimentation, les produits fermentés (képhir, kombucha, yaourt, fromage, choucroute…) contiennent des probiotiques. Certains aliments renferment des prébiotiques, qui nourrissent les bactéries de l’intérieur : banane, orge, noix du Brésil… L’alternative : les compléments alimentaires, qui peuvent aider à réguler le processus inflammatoire, lutter contre l’acné, et doper le système immunitaire pour apaiser les peaux sensibles. 10. Balance & Glow d’Aime, 30 € les 60 gélules. 11. Beauty & Immunity Support d’Aurelia London, 80 € les 60 gélules. 12. Absolu Probioderme de D—Lab, 22,80 € les 28 gélules. 13. Beauté d’ Elementary, 33,50 € les 60 gummies. 14. Sensifine Probiocure Calm de SVR, 24,90 €

les 30 gélules.

Le visage est uniquement concerné

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FAUX Il s’agit de tout le corps. Sur les zones intimes, une flore déséquilibrée engendre des infections, sur le cuir chevelu, des démangeaisons ou des pellicules et dans la bouche, une mauvaise haleine ou des inflammations. Sur chacune de ces zones, le microbiome a besoin d’être rééquilibré grâce aux pré, pro et postbiotiques.

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15. Smoothie Shower Gel de Coco & Eve, 19,90 € les 300 ml. 16. Soin d’Hygiène Intime Intime d’Omum, 12,90 € les 150 ml. 17. Shampoing 10

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Poudre au Prébiotique Douceur de Lait d’Amande de Yodi, 20 € les 40 g.

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Vous cherchez l’oiseau rare ? N’attendez plus, c’est le moment de faire des belles rencontres.

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LE PRODUIT CULTE

C E FERULIC DE SKINCEUTICALS Depuis son lancement, le sérum de la marque dermo-professionnelle est la star des soins à base de vitamine C. Par Julie Rouffiange

En 1985, à l’Université de Duke aux États-Unis, le Dr Pinnell découvre l’action de la vitamine C sur l’INHIBITION DU STRESS OXYDATIF des cellules de la peau. Il formule les premiers antioxydants topiques au monde et les inclut dans ses protocoles de soins.

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6. Une étude clinique menée aux États-Unis durant 52 semaines sur 50 femmes âgées de 40 à 60 ans et ayant tout type de peau a prouvé les performances exceptionnelles de C E Ferulic. On constate UNE AMÉLIORATION de 37 % sur la fermeté de la peau, 36 % sur son élasticité, 33 % sur les ridules et 36 % sur les rides.

2. Deux ans plus tard, SKINCEUTICALS

E ST CRÉÉ E. La gamme, qui trouve ses racines dans la recherche médicale, développe des soins anti-âge de pointe dont les résultats sont cliniquement prouvés et devient pionnière dans le domaine des antioxydants.

Protégée par un brevet, sa formule combine l’action des vitamines C et E à l’acide férulique, ce qui lui confère une action beaucoup plus puissante que n’importe quelle vitamine C seule. LANCÉ.

Grâce à sa concentration élevée en vitamine C pure, optimisée par une dose de 1 % d’Alpha-Tocophérol (la forme la plus pure de la vitamine E) et de 0,5 % d’acide férulique (antioxydant extrêmement puissant extrait du blé), C E Ferulic NEUTRALISE LES RADICAUX LIBRES causés par les agressions extérieures (soleil, pollution, tabac).

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5. Cette combinaison unique MULTIPLIE PAR 8 LA PROTECTION DE

LA PEAU contre les agressions environnementales. C E Ferulic prévient et corrige rides et ridules, améliore la fermeté de la peau et rend au teint tout son éclat.

7. Une autre étude a montré que C E Ferulic renforce les défenses naturelles de la peau lorsqu’on l’utilise APRÈS UNE SÉANCE DE LASER, ablatif ou non. L’éviction sociale (due au temps de réparation de la peau) passe en moyenne de 5 à 3 jours (- 40 %) si on l’applique juste après la séance.

à absorption cutanée optimisée est comme « engloutie » par la peau, et vient se nicher au niveau des strates de l’épiderme pour inhiber les récepteurs et messages du stress oxydatif.

8. SA TEXTURE INÉDITE

9. Une fois qu’il a été absorbé par la peau, le sérum ne disparaît pas ! Il résiste aux frottements, reste actif pendant 72 HEURES MINIMUM et peut être combiné à un autre soin ainsi qu’à un écran solaire. 10. On applique, chaque matin, TROIS GOUTTES de sérum sur le visage et le cou, avant le soin de jour (anti UV pour une protection renforcée). C E Ferulic de Skinceuticals, 156 € les 30 ml, points de vente agréés sur skinceuticals.be

PRESSE.

3. En 2005, le sérum C E FERULIC EST


NEWS

BEAUTÉ

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LES ENVIES DE FÉVRIER REPÉRAGES

Des fards à paupières hauts en couleur, un sérum à effet tenseur ou un baume hydratant 2-en-1 : tour d’horizon des idées qui nous inspirent. Par Aurélie Lambillon et Malvine Sevrin

UNE CRÈME TRÈS ENVELOPPANTE

Petite pépite de green-tech, ce soin de jour à la texture velours bluffante contient une huile de micro-algue ultra-régénérante et raffermissante. Bon point pour le léger effet flouteur obtenu sans silicone. La Crème Poudrée Effet Liftant Merveillance Lift de Nuxe, 45 € les 50 ml.

UN SÉRUM SURPRENANT

Chanel propose une approche novatrice, écoresponsable et globale de la beauté avec sa ligne N°1, alliant soin, maquillage et eau parfumée. Au cœur des formules ? Le camélia, fleur emblématique de la maison, qui contient des actifs revitalisants qui stimulent les cellules de la peau et en préservent la jeunesse. Autre prouesse : les textures innovantes comme celle du sérum-enbrume, soin à la formule biphasée, qui rafraîchit et apporte de l’éclat tout au long de la journée. Sérum-en-brume revitalisant au camélia rouge, Chanel N°1, 78 € les 50 ml.

UN VERNIS ÉCLATANT

Soin pour les mains, huile nourrissante pour les ongles et cuticules, base protectrice, vernis et limes à ongles… Hermès magnifie nos mains jusqu’au bout des ongles avec ce nouveau chapitre beauté.

PRESSE (X4). ALESSANDRO VIERO/IMAXTREE.COM. STUDIO DES FLEURS.

Vernis émail Rouge Casaque, Les Mains Hermès, 45 €.

UN BAUME RADIEUX

DES FARDS VITAMINÉS

L’une des brillantes idées du défilé printemps-été 2022 de Versace ? Célébrer la couleur en remettant à l’honneur des palettes qui claquent sur les paupières supérieures. Aux pinceaux, la maquilleuse Pat McGrath a créé des aplats mixant, ici sur la chanteuse Dua Lipa, bleu azur, bleu ciel et vert pomme, ponctués par une virgule XL. Joyeux et engageant.

PROUESSE FORMULATOIRE : NOURRISSANT ET CONFORTABLE, IL HABILLE AUSSI LES LÈVRES D’UN ROUGE MAT AU FINI COMME FLOUTÉ, DIGNE DES LIPSTICKS LES PLUS SOPHISTIQUÉS.

Baume Soin Floral Rouge Dior, 42 € et 33,50 € la recharge.

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VIVRE SES RÊVES

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Actu des marques Page réalisée par le service commercial

SOFITEL LEGEND THE GRAND AMSTERDAM UN PEU D’HISTOIRE…

Le cadre est superbe : un bâtiment historique datant de 1411 qui a d’abord servi de couvent et qui, lors de sa longue vie, est finalement devenu un hôtel en 1992, grâce à une restauration de haut vol qui en a gardé le charme intact. Aujourd’hui écrin de luxe, gastronomie et bien-être, on y passe un séjour intimiste au bord de l’eau, entre bonne table et spa. Une adresse pépite pour la Saint-Valentin. Avis aux amoureux… Oudezijds Voorburgwal 197, Amsterdam sofitel-legend-thegrand.com

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Une chouette adresse à trente minutes de Bruxelles : aux manettes, un binôme passionné, qui a fait ses armes au Fashion Club 70, lui comme directeur de la vente au détail, elle comme manager en gros. Leurs années d’expertise leur ont donné un œil sûr pour proposer une mode abordable et de grande qualité. Prochaine étape : une boutique en ligne. Dorpstraat 2, 2800 Malines Ouvert le dimanche, parking Instagram : stella.shop.be

ICE WATCH

L’HEURE, C’EST L’HEURE !

On donne une touche rock et chic à son look pour glamouriser l’hiver et sublimer son poignet ! Ce modèle ICE glam rock, muni d’un bracelet noir en silicone ultra-souple, aux détails dorés et orné d’un fond en miroir aux tonalités argent, s’adapte à vos tenues le jour comme le soir. Élégante à toute heure de la journée ! ICE WATCH Glam Rock collection, 99 € - ice-watch.com

AGENCE A2

LOVE IS IN THE AIR

Pas le temps de chercher l’âme sœur, mais envie de trouver votre moitié pour la vie ? Les Marieuses de l’agence a2, expertes de la rencontre personnalisée, proposent un accompagnement sur mesure pour vous aider à dénicher celui ou celle qui fera battre votre cœur pour le restant de vos jours. Le plus ? Un service de coaching en amour, pour mieux cerner votre façon de fonctionner. a2rencontres.be

PRESSE. AURÉLIA DEJOND.

STELLA SHOP


Guillaume Gauthier, l’architecte du nouveau Club Med Seychelles, est belge. Il a créé chacun des espaces à l’aide d’éléments «Robinson chic» qui allient design contemporain et ambiance tropicale. Bois brut, objets d’artisanat local, motifs exotiques, la déco rappelle toute la beauté des Seychelles et fait entrer la nature luxuriante des paysages à l’intérieur. Un havre de paix qui invite aussi à l’aventure.

PRESSE.

Par Julie Rouffiange

ROBINSON CHIC Club Med Seychelles, île Sainte-Anne, clubmed.be

LIFESTYLE


2 1. 2. 3. Les plages des Seychelles comptent parmi les plus belles du monde.

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Seychelles, ce rêve bleu Imaginez des îles posées sur le dégradé de bleus de l’océan indien, comme des perles sur un écrin, des plages de sable blanc bordées de cocotiers ou de gros rochers, une nature luxuriante, un climat beau et chaud toute l’année. Un décor de rêve… bien réel ! Par Julie Rouffiange


ÉVASION

LIFESTYLE

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tortues, oiseaux, chauves-souris…). Seuls 500 Seychellois sur les 96 000 que compte la population totale y vivent. Ce sont des îles plates, qui s’élèvent à peine à quelques mètres au-dessus du niveau de l’océan, entourées de plages de sable blanc très fin. LA GRANDE ÎLE

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Mahé, la plus grande île de l’archipel (28 km de long sur 8 km de large), est verte et montagneuse, dominée par d’imposants blocs de granit polis par le temps. Elle rassemble 90 % de la population des Seychelles et est le centre économique et culturel du pays. C’est ici que se trouve la capitale, Victoria, l’une des plus petites au monde. Nichée au fond d’une baie, entourée de montagnes et de végétation, elle ressemble à une petite ville de province au charme désuet. Deux uniques feux tricolores, un Big Ben miniature peint en gris en guise de rond-point et quelques rues constituent le centre-ville. Çà et là, quelques maisons coloniales en bois, aux balcons en fer forgé et toits de tôle colorés, un marché animé (la principale attraction de la ville) et aussi deux cathédrales, catholique et anglicane, un temple tamoul et une mosquée. Victoria est à l’image de la culture créole, une mosaïque de peuples et de croyances qui se côtoient et se mélangent sans cesse. Mais Mahé, ce sont aussi des hauts versants couverts de champs de thé, des jardins comme le Jardin du Roi, reconstitué autour d’une maison traditionnelle sur un terrain de 25 ha, où poussent des épices, des orchidées, des arbres fruitiers, des plantes médicinales, des essences rares, un parc national – celui du Morne seychellois - culminant à 905 m d’altitude, qui abrite la quasi totalité des plantes endémiques des Seychelles, où l’on peut faire de la randonnée… Et pas moins de 70 plages dont les plus belles se concentrent dans le sud de l’île. Parmi elles, Anse Intendance, une plage de sable blanc et incroyablement fin, bordée de cocotiers et encadrée de rochers, Beau Vallon avec ses eaux calmes et chaudes et Port Launay, une petite plage située en bordure du parc national marin du même nom, très prisée des baigneurs et des amateurs de snorkeling.

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PATRIMOINE MONDIAL

Les Seychelles, c’est un archipel de 115 îles, granitiques - les îles intérieures - ou coralliennes - les îles extérieures -, dont 19 seulement sont habitées. Et encore, seules 4 d’entre elles ont une population locale. Les autres sont occupées par un ou deux hôtels, d’où leur surnom d’ « îles hôtels ». Toutes ces îles sont disséminées sur une zone trois fois plus grande que la France. Les 41 îles intérieures sont les seules îles océanes granitiques au monde. Ce sont des îles rocheuses dont le plus haut sommet atteint 905 m, couvertes d’une végétation tropicale et entourées de côtes bordées de sable et de rochers. Plus de 99 % de la population seychelloise vit ici. Quant aux 74 îles coralliennes ou extérieures, elles constituent plus de la moitié du territoire des Seychelles mais leur population est essentiellement constituée d’animaux

Granitique elle aussi mais moins accidentée que sa grande sœur, Praslin est la deuxième plus grande île de l’archipel par la taille (11 km sur 4). C’est une île qui charme par sa tranquillité (8600 habitants en tout), sa douceur de vivre et la beauté de ses paysages. On la rejoint en prenant l’avion (15 min) ou le ferry (1 heure) depuis Mahé. Elle est réputée dans le monde entier pour le parc national de la Vallée de Mai classé au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, une forêt de 20 ha où poussent les fameux cocotiers de mer. Cette espèce endémique de l’archipel est caractérisée par ses noix femelles qui peuvent peser jusqu’à 30 kg et dont la graine a une forme bilobée très suggestive qui fait penser à… une paire de fesses (on les appelle d’ailleurs cocos-fesses) ! Praslin abrite aussi certaines des plages les plus paradisiaques des Seychelles, tout particulièrement sur la côte Nord protégée par des récifs coralliens. Nos préférées : Anse


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1. Anse Source d’Argent à La Digue. 2. Les tortues de

mer viennent pondre sur les plages où leurs œufs sont protégés des prédateurs. 3. Le Jardin du Roi à Mahé rassemble des plantes, des épices et des abres dont des espèces rares. 4. Les pavillons de l’hôtel Constance Ephelia, dispersés dans un parc de 120 ha.

Lazio avec ses eaux turquoise transparentes, son sable blanc bordé de rochers aux formes arrondies, de cocotiers et de takamakas, et celle d’Anse Georgette. C’est la plage de l’hôtel Constance Lemuria, un des établissements les plus luxueux de l’île, qui dispose de son propre parcours de golf (le seul 18 trous aux Seychelles) d’où on a de magnifiques points de vue sur l’océan et les îles voisines : Cousin, Cousine et Aride. UN DÉCOR DE CINÉMA

De Praslin, on peut prendre un ferry pour se rendre à La Digue. La troisième « grande » île des Seychelles (5 km sur 3 !) est sans aucun doute la plus authentique et la plus dépaysante avec ses petits chemins bordés de vieilles cases en bois ou en tôle colorée… Ici, aucune voiture privée ne circule. Seuls quelques taxis et voitures destinées aux hôtels, aux B&B ou à transporter du matériel et des travailleurs sont autorisés. On circule à pied ou à vélo. À ne pas manquer : Union Estate, un ancien domaine colonial transformé en écomusée avec ses

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plantations de vanille, sa cocoteraie exploitée autrefois pour la production du coprah dont on faisait de l’huile, sa belle maison coloniale, son vieux cimetière où reposent les premiers colons, son enclos à tortues géantes… et la magnifique plage d’Anse Source d’Argent, régulièrement classées parmi les 10 plus belles du monde. Une merveille de la nature avec ses cocotiers, ses énormes blocs de granit aux formes arrondies qui, selon le moment de la journée, prennent des teintes roses ou grises, son lagon peu profond qui, à marée basse, se transforme en une multitude de bassins d’eau chaude et translucide… Rien d’étonnant à ce que ce soit une des plages les plus photographiées au monde et qu’elle ait servi de décor à plusieurs films dont Pirates de Roman Polanski. D’ÎLE EN ÎLE

Non loin de Praslin, on trouve d’autres îles paradisiaques, presque désertes, qui présentent un grand intérêt pour l’écotourisme. L’île Curieuse, réserve naturelle de tortues géantes


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LIFESTYLE

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EN PRATIQUE Quand y aller ?

Les Seychelles jouissent d’un climat équatorial. Il y fait toute l’année entre 26 et 31 °, dans l’air comme dans l’eau. D’octobre à mai, c’est l’été. Il fait plus chaud et humide, les pluies tropicales sont plus fréquentes, il y a peu de vent et la mer est calme. De juin à septembre, c’est l’hiver, la saison sèche. Il y a plus de vent et l’océan est plus agité. Mais la bonne nouvelle, c’est que les Seychelles se trouvent en dehors de la zone cyclonique. On peut donc programmer son voyage à n’importe quel moment de l’année. Où dormir ? À Mahé

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où l’on peut faire des randonnées, Cousin, l’île aux oiseaux où l’on côtoie le paille-en-queue, la frégate ou la sterne fée, l’îlot Saint-Pierre réputé pour ses fonds marins… Un peu plus loin, Silhouette séduit autant pour ses balades que pour ses plages. Elle abrite une magnifique forêt équatoriale et est considérée comme l’un des endroits les plus intéressants en ce qui concerne la biodiversité de l’océan indien. Aux alentours de Mahé, Moyenne vaut le détour pour sa faune et sa flore, ses tortues géantes (plus d’une centaine aujourd’hui), ses points de vue incroyables sur l’océan, ses plages désertes, son histoire (l’île a appartenu à plusieurs propriétaires qui s’y sont succédé) et ses légendes de pirates. On raconte d’ailleurs qu’ils y auraient caché un important trésor que l’on n’a toujours pas découvert aujourd’hui… La meilleure façon de découvrir toutes ces îles, c’est de prendre un bateau. Excursion d’un jour ou croisière de plusieurs jours à bord d’un catamaran, tout est possible. Mais quel que soit votre choix, ce serait vraiment dommage de n’en visiter qu’une !

- Situé en bordure de deux des plus belles plages de l’île et dominant le parc national marin de Port Launay, l’hôtel Constance Ephelia est un magnifique 5 étoiles qui jouit d’une situation unique, au cœur de 120 ha d’une nature luxuriante. Les 42 chambres et 224 suites sont spacieuses, élégamment décorées et offrent une vue sur le jardin ou l’océan. On peut aussi louer une villa (1, 2 ou 3 chambres avec piscine privée). L’hôtel dispose de 6 restaurants, 5 bars, un kids club et le plus grand spa de tout l’océan Indien. constancehotels.com/fr/ hotels-et-resorts/ seychelles/ephelia/ - À quelques minutes en voiture de l’aéroport et du centre de Victoria, l’Escale Marina Resort & Spa est l’endroit idéal pour visiter la capitale ou faire une pause en attendant de prendre l’avion ou le ferry pour une autre île. Ce boutique hôtel 5 étoiles fait partie des Small Luxury Hotels of the World. 25 chambres, suites ou villas, certaines avec piscine privée, un spa, une piscine à débordement, une marina privée, un pool bar et un restaurant où la cheffe belge Christelle Verheyden prépare une cuisine gastronomique avec des accents créoles. lescaleresort.com

À Praslin - Les Lauriers, un charmant

hôtel 3 étoiles appartenant à Sybille, une Belge vivant aux Seychelles depuis plus de 20 ans, et son époux, Edwin. En 2019, ils l’ont complètement transformé afin de l’agrandir et d’en faire un éco-hôtel avec panneaux solaires, traitement et recyclage de l’eau, matériaux locaux et en s’inspirant des maisons traditionnelles de l’île avec leurs poutres en bois et toit de chaume. L’hôtel comprend 20 chambres et villas joliment décorées, un restaurant, un bar, trois piscines interconnectées, une boutique… laurier-seychelles.com - Surplombant les plages d’Anse Kerlan et Anse Georgette, l’hôtel Constance Lemuria

5 étoiles s’étend sur un domaine exceptionnel de 15 ha. Que ce soit dans les suites et les villas, les restaurants, les bars, le spa… tout a été fait pour créer un cocon luxueux qui s’intègre parfaitement dans la nature avec des matériaux comme le bois, le marbre, le granit rose et la chaume. constancehotels.com/fr/ hotels-et-resorts/ seychelles/lemuria Comment y aller ?

Avec Ethiopian Airlines, la plus grande compagnie aérienne du continent africain qui a fêté son 75e anniversaire en 2021. Elle relie Bruxelles à Mahé aux Seychelles 5 fois par semaine avec une escale à Addis-Abeba à des tarifs attrayants. Les repas et les boissons sont toujours inclus dans le prix du billet. Des enchères en ligne permettent aux clients d’obtenir un surclassement à un prix avantageux. Ethiopian Airlines applique aussi une franchise intéressante pour les bagages : 2 x 23 kg en soute + 7 kg en cabine. ethiopianairlines.com

Infos

Seychelles.fr


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ÉVASION

Sainte-Anne, l’île Robinson

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À 15 minutes en bateau de Mahé, l’île de Sainte-Anne est un petit coin de paradis qui invite à la détente et à l’évasion en pleine nature. Située dans le parc national marin du même nom, elle est caractérisée par la diversité de sa faune et de sa flore, la beauté de ses plages et sa végétation luxuriante. Par Julie Rouffiange

Le Parc National marin de Sainte-Anne avec ses six îles et les lagons qui les entourent est la plus grande et la plus a n c i e n n e ré s e r ve n at i o n a l e d e s Seychelles. Cet espace de 15 km2 environ est protégé depuis 1973 et a pu conserver un écosystème unique. Les fonds coral-

liens y sont de toute beauté. Que ce soit lors d’une excursion ou une croisière en catamaran, plusieurs de ses îles mérite que l’on s’y arrête. À commencer par l’île Moyenne. L’île longue, qui servit de prison, ne se visite pas. L’île au Cerf, sa voisine, compte environ 40 habitants qui vivent de cultures maraîchères. Un sentier permet de la parcourir en deux à trois heures. Plusieurs héb ergements accueillent ceux qui ont envie d’y passer un ou plusieurs jours. Au sud-est se trouve la minuscule île Cachée qui, elle, est inhabitée. Enfin, l’île Ronde, qui accueillit autrefois une colonie de lépreux, abrite aujourd’hui un hôtel de même que Sainte-Anne. C’est sur cette île privée de 220 ha que Club Med a installé son tout premier resort aux Seychelles. Autrefois occupé par la chaîne Beach Comber, il a été complète-

ment rénové, réaménagé, agrandi et, après un an de travaux, il a ouvert en mars 2021. Les bâtiments sont disséminés dans la nature environnante avec ses rochers de granit, ses cocotiers, ses palmiers… ce qui donne l’impression d’être un peu comme Robinson sur son île, le luxe en plus ! ÉCO-CHIC

L’archipel des Seychelles est pionnier dans le domaine de l’écotourisme. Avec plus de la moitié de son territoire classé zone protégée, il tente de préserver au maximum son héritage naturel en évitant le tourisme de masse. Ici, luxe et écotourisme vont de pair. Le nouveau resort Exclusive Collection* de Club Med a donc été pensé afin de s’intégrer le mieux possible à son environnement et de le préserver notamment au travers


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de l’éco-certification de la construction et de la gestion. Club Med a également mis en place toute une série de mesures en faveur du développement durable. Le resort est équipé d’un système intelligent qui gère la consommation des énergies, l’eau chaude est produite par énergie solaire thermique, des pépinières permettent le développement de plantes sur l’île, les déchets verts sont broyés et réutilisés pour le paillage, les eaux usées traitées et recyclées pour l’irrigation des espaces verts. Le plastique jetable à usage unique a été banni dans les bars, les restaurants et les chambres. Par ailleurs, un projet mené en collaboration avec l’Agence pour l’agriculture seychelloise (SAA) est en cours afin de soutenir la production locale et de favoriser l’approvisionnement du resort en fruits et légumes frais et de saison. Enfin, Club Med propose de nombreuses activités dont le but est de sensibiliser les clients, petits et grands, à la préservation de la nature (découverte de l’écosystème, randonnées, rencontre avec les quatre tortues de l’île...).

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EN COUPLE OU EN FAMILLE

Le resort dispose de chambres de catégorie Supérieure, Deluxe ou Suite dont certaines avec vue mer et piscine privée. Les familles peuvent profiter d’hébergements dédiés dans un tout nouveau quartier. Contrairement aux pavillons des autres quartiers qui sont de plain-pied et

1. Le nouveau Club Med Seychelles a été pensé pour s’intégrer à la nature environnante. 2. Les chambres luxueuses ont une déco qui mêle design contemporain et ambiance tropicale. 3. Des randonnées permettent d’explorer la nature et les plages désertes de l’île. 4. L’espace zen est réservé aux adultes.

DES ACTIVITÉS POUR TOUS

disposent d’une terrasse au bord d’un grand jardin, ces nouveaux bâtiments ont plusieurs étages et se trouvent au bord d’une piscine où les enfants peuvent s’amuser. Pour se détendre au calme, mieux vaut donc opter pour l’espace zen avec sa piscine uniquement accessible aux adultes, sa salle de yoga où l’on peut suivre des cours et sa bibliothèque. Ouvert sur la piscine centrale, avec l’océan en arrière-plan, le restaurant principal propose des buffets variés à tous les repas. Un deuxième restaurant situé au cœur de la zone zen, entre la piscine et la plage, offre quant à lui une carte plus réduite composée de spécialités créoles. À ne pas manquer : la fameuse langouste grillée que l’on déguste sous les étoiles. Enfin, les clients peuvent boire un verre dans l’un des trois bars du resort.

Dès le matin et jusqu’au soir, le club propose des activités en tous genres. Impossible de s’ennuyer ! Sports terrestres (tennis, padel, randonnées…) ou nautiques (voile, kayak, snorkeling, plongée, stand-up paddle…), cours de stretching, de Body Pump™, de Pilates… on a le choix. Plusieurs excursions sont également organisées afin de découvrir les îles voisines. Les petits ne sont pas oubliés, que du contraire. Seul resort des Seychelles à proposer un encadrement pour les enfants dès 2 ans, il accueille les plus jeunes dans ses différents clubs. Les adultes, eux, pourront profiter de soins sur mesure au Spa Club Med by Cinq Mondes, profiter de son hammam ou de sa piscine exclusive. Enfin, de la musique live, des happenings artistiques visuels, des spectacles G.O .assureront l’ambiance… jusqu’au bout de la nuit. * Les resorts Exclusive Collection se caractérisent par un hébergement haut de gamme, des services personnalisés, des emplacements d’une exceptionnelle beauté dans le monde entier, des concepts culinaires et des espaces de détente raffinés, des expériences inédites et un cadre à l’architecture et au design originaux. clubmed.be/l/club-med-exclusive-collection


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LIFESTYLE

DESTINATION

Sur les traces de Coco

Pour la collection croisière Chanel 20212022, Virginie Viard, directrice artistique de la maison, s’est inspirée d’une scène du film Le Testament d’Orphée de Jean Cocteau dans laquelle un homme à tête de cheval noir descend dans les Carrières de Lumières tandis que sa silhouette se découpe sur les murs blancs. La collection elle-même est un clin d’œil à l’amitié entre Coco Chanel et Jean Cocteau. Quant aux images de campagne, elles ont été photographiées dans l’appartement de Gabrielle Chanel, au 31 rue Cambon. Un lieu magique (et tout récemment rénové) où le temps semble s’être arrêté. Parmi les objets qui y sont rassemblés, on retrouve des lions et des rennes, ses animaux fétiches, imprimés sur l’une des robes de la collection. Coco vivait pour son travail et ses amitiés nourrissaient sa création. Coco, c’est la quintessence du style français.

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Coco Chanel n’a jamais caché son amour pour sa patrie, mais surtout pour Paris. Aujourd’hui encore, les collections et les défilés de la maison rendent hommage aux monuments et adresses emblématiques de la Ville Lumière. La preuve avec la présentation de la collection Chanel automne-hiver organisée au cœur de la discothèque parisienne Castel ou celle de la collection croisière dans le cadre enchanteur des Carrières de Lumières aux Baux-de-Provence. Par Elspeth Jenkins

FRANCOIS HALARD.

L’ADRESSE LA PLUS CONNUE DE PARIS

31 rue Cambon, dans le 1er arrondissement de Paris. Une adresse aussi mythique que sa résidente. Coco Chanel y travaillait et s’y divertissait, mais elle n’y dormait pas puisqu’elle louait, à l’année, une suite de l’Hôtel Ritz. L’entrée arrière de l’hôtel se situe d’ailleurs juste en face du numéro 31. Elle pouvait donc entrer et sortir sans être vue. Et ce, à toute heure du jour et de la nuit. Coco Chanel était perfectionniste, avant-gardiste et aussi résolument féministe. C’est elle en effet qui, la première, a choisi de nous faire porter le pantalon. Si son nom reste associé à la maison de couture la plus célèbre au monde, c’est Virginie Viard qui dessine aujourd’hui les collections de la marque au double C, une marque mythique symbolisée, entre autres, par la fleur de camélia, la préférée de Coco. Le numéro 31 de la rue Cambon est l’épicentre de l’uni vers Chanel. Gabrielle Chanel a acheté la maison en 1918 et l’a transformée en un petit bijou Art déco. L’aménagement épuré et résolument moderne rompait avec les codes d’un intérieur français classique. L’épine dorsale du bâtiment, c’est la cage d’escalier et ses incroyables miroirs. L’escalier démarre au rez-dechaussée et se poursuit jusqu’aux salons Haute couture, son appartement du 2e étage et, encore plus haut, le studio de


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2 1. Près de la cheminée, le cerf en bronze est un cadeau de Misia Sert, la meilleure amie de Chanel. 2. Le salon est le cœur de l’appartement où Coco passait la plupart de son temps. 3. Si seulement les murs pouvaient parler, dans cette salle à manger... 4. La présentation F/W’21 dans la célèbre discothèque Castel. 5. La suite Coco Chanel

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à l’Hôtel Ritz.

FRANCOIS HALARD. CHANEL.

création et enfin l’atelier. Le tapis beige dialogue avec les lignes géométriques de la balustrade en fer forgé. L’intérieur de l’appartement contraste avec l’esthétique propre à Chanel. De style éclectique et bohème, il est rempli d’œuvres d’art et d’antiquités de la Grèce antique, d’Égypte et de Chine : des pays que Coco n’a pas visités, puisqu’elle n’est jamais allée plus loin que Venise et les États-Unis. Mais elle savait, mieux que quiconque, inviter les splendeurs du monde dans son intimité. Ce qui est immédiatement perceptible, ce sont les murs, recouverts d’anciens paravents chinois des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, assemblés comme un puzzle pour devenir une incroyable décoration murale qui englobe même les portes. Le numéro 31 est une invitation à la fête. Jusque dans les années 60, les soirées qui se déroulaient dans les spacieux salons Haute couture du 1er étage se voulaient incroyablement folles. En vieillissant, Coco a préféré les dîners tranquilles dans sa salle à manger. Lors d’une de ces soirées mythiques, Liz Taylor et son mari Richard Burton figuraient parmi les invités. L’actrice n’avait pas touché à son assiette ce soir-là. Elle semblait nerveuse. Lorsque Coco a demandé à son invitée ce qui la tourmentait, la star lui a expliqué qu’elle avait rendez-vous avec la reine Elizabeth II le lendemain et…

Les adresses de Coco LE RITZ

qu’elle ne savait pas trop à quoi s’attendre. Il se chuchote que Coco a pris quelques minutes pour lui montrer, à l’abri des regards, comment s’incliner devant Son Altesse royale. Elle a également rassuré la comédienne en lui racontant que c’était en fait la reine qui devait être honorée de rencontrer la célèbre Elizabeth Taylor… Coco a quitté son appartement de la rue Cambon en 1971. Depuis 2013, il est classé au patrimoine national. Il n’est pas ouvert au public, mais les photos offrent un aperçu de la personnalité et de l’univers de Coco Chanel, une femme qui a contribué à placer le style français sur la carte du monde. Un siècle plus tard, son look signature reste totalement actuel. Si vous passez par le premier arrondissement, assurez-vous de vous arrêter à la boutique. Si vous avez l’œil, vous pourrez repérer le début de la cage d’escalier. Un petit bout d’histoire de la mode, à voir absolument, même si vous n’avez pas de sac Chanel au bras.

La suite que Coco Chanel a elle-même décorée reste, aujourd’hui encore, un incontournable pour les fans de la maison. Les tons marron, beige et écru font écho à l’appartement de la rue Cambon et vous plongent dans l’univers Art déco emblématique de l’époque. ritzparis.com LE BRISTOL

Inauguré en 1925, au cœur des années folles, Le Bristol était le lieu de prédilection d’artistes et de designers tels que Picasso, Dali, Elsa Schiaparelli, Balenciaga... et Coco Chanel. Dans les salons du palace, rendezvous de tout le gratin artistique avant-garde de l’époque, le champagne coulait à flots. Aujourd’hui, si vous ne pouvez plus croiser ces artistes, tous amis de Coco, le fabuleux goûter gourmand du chef Pascal Hainigue est un passage obligé. Ne serait-ce que pour profiter de sa sélection de pâtisseries servies sur de la porcelaine Raynaud Wing Song. So chic ! oetkercollection.com/fr/hotels/le-bristol-paris ANGELINA

Créées en 1903 par Antoine Rumpelmayer, les salons d’Angelina accueillaient les plus grands noms de la mode autour d’un thé. L’occasion d’échanger quelques potins dans un décor conçu par l’architecte Belle Époque Édouard-Jean Niermans. Testez absolument le Chocolat Africain, la boisson préférée de Coco. angelina-paris.fr


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À la

Aux Saint-Jacques, à la patate douce, au chou rouge : six délicieuses recettes veloutées, saines, réjouissantes à préparer et à contempler. Par Elvira Masson Photos Pierre Lucet-Penato

Pois cassés, chou romanesco PRÉPARATION : 10 min. CUISSON : 30 min. INGRÉDIENTS

Dans une casserole, faire revenir l’oignon haché jusqu’à ce qu’il soit translucide. Ajouter les pois cassés et mélanger. Ajouter l’ail pelé, dégermé et pressé, puis le chou romanesco détaillé en morceaux. Couvrir d’eau, saler et poivrer. Ajouter le cumin et le jus d’orange. Cuire pendant 30 min à feu moyen. Mixer jusqu’à l’obtention d’une texture crémeuse. Saler et poivrer.

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CRÉDITS

100 g de pois cassés, 1/2 petit chou romanesco, 2 gousses d’ail, 1 petit oignon, 1 c. à c. de cumin en poudre, le jus d’1/2 orange, 3 c. à s. d’huile d’olive, 100 cl d’eau, sel, poivre.


SECTION

RUBRIQUE

soupe! Lentilles corail, coco et tomate Une recette inspirée de la soupe de lentilles corail de Yotam Ottolenghi dans Plenty More, éd. Hachette Cuisine. PRÉPARATION : 15 min. CUISSON : 20 min. INGRÉDIENTS

CRÉDITS

1 oignon, 2 gousses d’ail, un morceau de 1,5 cm de gingembre, 2 c. à s. d’huile de coco, 1 pincée de piment en flocons, 3 pincées de curry, 2 pincées de curcuma en poudre, 150 g de lentilles corail, 400 ml de pulpe de tomate, 400 ml de lait de coco, une petite poignée de tiges de coriandre, sel, poivre. Peler et hacher l’oignon. Peler, dégermer et presser les gousses d’ail. Peler et détailler le gingembre en tout petits morceaux. Dans une petite cocotte, faire chauffer l’huile de coco et y faire suer l’oignon 8 min, à feu moyen. Ajouter l’ail, le gingembre, le curry, le curcuma et les flocons de piment. Mélanger puis ajouter les lentilles. Mélanger puis incorporer la pulpe de tomate ainsi qu’un demi-verre d’eau. Ajouter une petite poignée de tiges de coriandre finement hachées. Ajouter les 2/3 du lait de coco. Porter à ébullition puis baisser le feu et cuire à feu doux 20 min. Donner un coup de mixeur plongeant à la préparation (il faut qu’il reste du grain). Ajouter le reste de lait de coco et mélanger à la cuillère.

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LIFESTYLE

FOOD

Betterave et patate douce Une recette inspirée de la soupe rubis d’Alice Roca dans Alice in food. À ma table, éd. First.

PRÉPARATION : 15 min. CUISSON : 35 min. INGRÉDIENTS

Saint-Jacques Une recette inspirée de la crème de Saint-Jacques de Perla Servan-Schreiber dans Les recettes de ma vie, éd. Flammarion.

PRÉPARATION : 15 min. CUISSON : 20 min.

2 petites betteraves crues, 1 patate douce, 1 morceau d’1 cm de gingembre frais, 70 cl de bouillon de volaille, 1 petite pincée de piment en flocons, 1 petit verre d’eau, 25 g de beurre, sel, poivre.

15 coquilles Saint-Jacques, 75 cl d’eau, 1 verre de vin blanc, 1 échalote, 2 c. à s. de crème fraîche, sel, poivre.

Peler et détailler en morceaux plutôt petits (la betterave crue est longue à cuire) les betteraves et la patate douce. Les cuire dans une casserole de bouillon et d’eauadditionnés du morceau de gingembre, du piment, de sel et de poivre. Lorsque les légumes sont cuits, les passer au mixeur avec les 2/3 du liquide. Ajouter du liquide si la préparation est trop épaisse et mixer de nouveau. Ajouter le beurre et mélanger.

Dans une casserole, mettre à chauffer l’eau avec le vin blanc et l’échalote hachée. Saler et poivrer. Porter à ébullition, puis baisser le feu et cuire 10 min. Ajouter les noix de Saint-Jacques sans leur corail et cuire 5 min à feu doux. Passer au mixeur jusqu’à l’obtention d’une crème lisse. Remettre dans la casserole et ajouter la crème. Réchauffer à feu doux.

INGRÉDIENTS


Chou rouge et pomme de terre

PRÉPARATION : 10 min. CUISSON : 30 min. INGRÉDIENTS

100 g de chou rouge, 1 grosse pomme de terre bintje, 1 oignon rouge, 1 feuille de laurier, 2 pincées de cardamome en poudre, 3 c. à s. d’huile d’olive, 100 cl d’eau, sel, poivre. Dans une casserole, faire revenir l’oignon rouge haché jusqu’à ce qu’il soit translucide. Ajouter le chou rouge grossièrement haché et la pomme de terre pelée et détaillée en morceaux. Mélanger. Ajouter la cardamome, la feuille de laurier, saler et poivrer. Couvrir d’eau. Cuire 30 min à feu moyen. Ôter la feuille de laurier puis mixer jusqu’à l’obtention d’une texture crémeuse.

Maïs

PRÉPARATION : 15 min. CUISSON : 10 min. REPOS : 1 heure. INGRÉDIENTS

1 boîte de maïs (ou mieux, en saison, 2 ou 3 épis de maïs frais), 1 petit oignon, 20 cl de bouillon au choix, 2 c. à s. de yaourt, 1 trait de tabasco, 1/2 citron vert, huile d’olive, sel, poivre. Faire revenir l’oignon haché dans l’huile d’olive. Quand il est translucide, ajouter le maïs, puis le bouillon. Cuire 10 min à feu moyen. Mixer, avec le yaourt, le tabasco, le jus d’un demi-citron vert. Saler, poivrer et allonger avec plus de bouillon ou un peu d’eau si besoin. Servir chaud ou, l’été, bien froid.


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LIFESTYLE

FOOD

NEWS FOOD REPÉRAGES

Un voyage gastronomique entre l’Italie et la Belgique, avec quelques bulles d’Art pour couronner le tout.

RETOUR AUX SOURCES

Carlo de Pascale, on le connaît surtout pour ses chroniques culinaires à la télé. Mais il est aussi l’auteur de plusieurs livres de cuisine. Dans le tout dernier, il revient sur les traces de son enfance dans la maison familiale où il passait ses étés sur l’île d’Elbe. Il nous confie ses souvenirs et les recettes de ses plats préférés comme le ragù napoletano (sauce de viande comme à Naples), le gurguglione (ratatouille de l’île d’Elbe) ou même le tonno rosso a mo’ di sashimi (thon rouge en sashimi). Nostalgique et gourmand !

Par Julie Rouffiange et Malvine Sevrin

Casa mia, Recettes et souvenirs à l’île d’Elbe, Carlo de Pascale, 24,90 €, éd. Kennes.

ÉDITION LIMITÉE

Le Single Malt Whisky Belgian Owl est l’histoire d’un homme, celle d’Étienne Bouillon, qui a voulu mettre en valeur le terroir de la Hesbaye. Ses Single Malt artisanaux 100 % belges sont élaborés avec une orge cultivée durablement et équitablement dans sa région natale et l’eau qu’il puise à 38 m de profondeur. Sa première édition limitée (3000 exemplaires numérotés) a des arômes de caramel, cerise et cannelle, et une très jolie couleur naturelle.

Il gastronomico, 55 rue de la Fourche 1000 Bruxelles. ilgastronomico.be. Différents menus (Découverte 4 services – 45 €, Saveur - 5 services – 58 € et Gourmet - 6 services – 75 €).

Belgian Single Malt Whisky, Belgian Owl, 5 ans d’âge, édition limitée, 160 €, belgianwhisky.com

ART, DUO ou TERRA, Sodastream, àpd 99,95 € .

CAFÉ CHIC

AVEC SON DESIGN PRIMÉ DONT LA FORME CHANGE EN FONCTION DE LA PERSPECTIVE, INFINISSIMA PERMET DE PRÉPARER UNE GRANDE VARIÉTÉ DE BOISSONS À BASE DE CAFÉ… EN BEAUTÉ. Disponible en trois couleurs (blanc, rouge et noir). Dolce Gusto Infinissima, Krups, 109,99 €.

PLUS DE NEWS FOOD SUR MARIECLAIRE.BE

PRESSE.

CUISINE OUVERTE

Cette nouvelle table authentique et gourmande est installée juste à côté de son grand frère, le restaurant bruxellois Ricotta & Parmesan. Au menu : une cuisine gastronomique aux inspirations méditerranéennes (Bigoli all’uovo et truffe fraîche, canard Colvert et son jus au cerises Amarena, risotto aux champignons des bois...) orchestrée par le chef Michel Wahaltere et une cuisine ouverte qui nous permet de dévorer notre plat des yeux avant de le savourer pour de vrai. Le tout dans un cadre raffiné et intimiste, à deux pas de la Monnaie.

ET DE TROIS !

Nouvelle technologie et nouveau design, ce n’est pas un mais trois appareils à eau gazeuse que lance Sodastream. ART est muni d’un levier, pour un style plus rétro. DUO est compatible avec les bouteilles en verre et celles en plastique réutilisables de la marque. Enfin, TERRA, qui succède à SPIRIT, mise sur le confort d’utilisation. Tous trois sont dotés d’un système grâce auquel le nouveau cylindre de CO2, rose, se connecte à l’appareil en un seul clic. Plus besoin de le visser comme c’était le cas avec le cylindre bleu bien connu. Plus pratique mais toujours aussi durable !


On prend un moment pour se donner un coup de pouce ? À Votre Service avec Sandrine Corman Du lundi au vendredi, de 10h à 12h

Vos meilleurs moments



L’Excellence

ART 23

Publi-communiqué

Zen Wellness Therapy et Spa

la boutique en ligne à visiter sans délai !

La référence des massages à Bruxelles

Depuis juin 2020 Mélissa Luyten développe son entreprise ART 23 en conjuguant Art et mode éthique dans un style intemporel respectueux de la planète. Engagée dans la défense des droits de l’homme et dans la protection de l’environnement, aujourd’hui, Mélissa vous invite à soutenir avec elle la fondation MEKONG ELEPHANT PARK. Située au Laos et fondée par Wendy Leggat, cette fondation est vouée à la protection des éléphants d’Asie. ART 23 vous propose un nouveau tee-shirt, créé en collaboration avec une nouvelle équipe d’artistes et illustré par Bénédicte Bazyn.

Sur chaque tee-shirt acheté, 3,60 € sont reversés à la fondation�!

En quelques clics sur le E-Shop ART 23, votre engagement est multiple. Vous soutenez un objectif environnemental�: préserver une espèce menacée, une ambition économique et sociale�: proposer des alternatives aux cornacs et à leurs familles, mais aussi Mélissa et sa jeune entreprise qui vous propose un prêt-à-porter bio éthique accessible et le savoir-faire de designers et artistes belges et européens.

Magalie Schellens était esthéticienne avant de se spécialiser dans le bienêtre et les massages.

Aujourd’hui, cette passionnée est à la tête d’une équipe de kinésithérapeutes professionnels, formés avec «excellence» pour vous proposer un grand choix de massages personnalisés de qualité, efficaces, relaxants ou thérapeutiques, destinés à soulager les douleurs et les tensions, à dégonfler les jambes ou la silhouette... Laissez-vous chouchouter dans une atmosphère cosy et chaleureuse, réservez un massage Duo ou privatisez le sauna, le hammam et le jacuzzi... Une bulle de bien-être et de détente incontournable très appréciée, à juste titre, par les influenceuses à Bruxelles. Photographie : @aurelaskandaj

Avenue Houzeau 64, 1180 Uccle / Avenue Marengo 28, 1410 Waterloo Tél. +32 470/103.656 Mail. contacts@excellence-zen.be www.excellence-zen.be

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Aux anges

Beauty And The Beard

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Beauté et bien-être

Coiffure, barbier, soins personnalisés du visage et du corps, esthétique et bien-être, pour hommes, femmes et même pour enfants, une coupe de champagne, un cocktail ou un café offerts avec le sourire à la main... Découvrez l'adresse favorite des influenceurs belges. Les deux fondateurs de Beauty And The Beard, Yashika et Michael, ont imaginé un lieu magique, une bulle de bien-être de 250 m2, une invitation au voyage, à travers un spa et un sauna privatisables et des soins haut de gamme, à réserver en solo, en couple, entre amis... pour répondre à toutes vos envies. Bien sûr, L’espace coiffure pour Hommes et Femmes ainsi que Floyd, le barbier, ne travaillent qu'avec des produits de qualité (CHI) Bio, Vegans et Naturels, sans paraben, sans sulfate, sans silicone, sans ammoniaque. Finis les coupes ratées et les cheveux abîmés. Des soins beauté des mains et des pieds sont également proposés par la gamme Ahaha, sans oublier un vernis semi-permanent

pour rendre vos mains et vos ongles plus élégants. Maquillage exclusif pour un mariage ou simplement pour tous les jours, Yashika vous sublime avec le professionnalisme essentiel pour vous rendre radieuse. Originaire de L'Île Maurice, elle vous suggère également des soins signatures aux senteurs mauriciennes exhalant les senteurs de coco, de vanille et d'épices importés directement de chez sa famille, grands producteurs d'épices sur L'Île. L'idéal pour vous évader loin des longues journées d'hiver...

Du lundi au jeudi et samedi 9h00 à19h00 Vendredi de 9h00 à 21h00

8, Rue du Postillon, 1180 Uccle Fixe�. +32 (0) 2 850 48 51 Mobile�. +32 (0) 455 10 50 25 www.beautyandthebearduccle.be / info@beautyandthebearduccle.be

Alors, rendez-vous AUX ANGES, l’institut de beauté et de bienêtre créé par Marcelline HOUNMAVO, ouvert depuis 2 ans au cœur d’Anvers. Dans cet espace raffiné, Marcelline vous accueille avec bienveillance. Elle vous propose une gamme complète de soins esthétique, soins du visage, du corps, massages, épilations, beauté des mains et des pieds. AUX ANGES, cocon de lâcher-prise, vous invite à prendre du temps pour vous�! Toujours à votre écoute, chaque soin est personnalisé, Marcelline sait vous conseiller. Ses prestations sont sur mesure, des produits tous haut de gamme, SOTHYS Paris, CINQ MONDES Paris, LPG Paris. Le plus de l’adresse�? De grands studios confortables sont à votre disposition en journée ou pour 24 h d’évasion avec un pack de soins adaptés à vos envies. Une détente en toute sérénité.

AUX ANGES une adresse à visiter.

Schildersstraat 3, 2000 Antwerpen, Belgique Tel. +32 475 54 64 65 info@aux-anges.be

Pour communiquer dans cette rubrique, contactez Osez le centre-ville au 01 48 46 60 97


LIFESTYLE

HOROSCOPE

Poissons 19.2 – 20.3

ÉMOTIONS Jupiter vous rappelle

que vous êtes formidable, Vénus vous parle d’amour en mode projets et ouvertures, bref, à deux ou en solo, tout est possible, surtout le meilleur. AMBITION Le contexte est très optimiste et favorable à l’expression personnelle. Comptez sur des opportunités de briller tout comme un esprit de compétition acharné.

Bélier 21.3 – 21.4

ÉMOTIONS Après un début de mois entre questionnements et désir de changement, Vénus va donner des réponses à vos attentes. Une relation naissante pourrait s’attiser. AMBITION Mars vous aide à mobiliser votre énergie et défendre votre point de vue avec succès. C’est la période idéale pour affirmer votre identité au sein d’un groupe.

Taureau 22.4 – 21.5

VERSEAU

21.1 – 18.2

Mercure vous donne les armes pour séduire et convaincre par les mots. À deux, c’est le moment pour faire passer un message. En solo, ça pourrait faire tilt. ÉMOTIONS

Mars est avec vous pour donner un coup de starter à vos projets. Au programme : rencontres porteuses, mains tendues et soutiens concrets. AMBITION

Vierge 24.8 – 23.9

ÉMOTIONS Ce mois-ci, le ciel vous parle d’avenir, de projets à deux et d’émotions partagées. En vedette : la rencontre, avec peut-être un gros coup de cœur. AMBITION Comptez sur un climat dynamique, des ouvertures et de riches collaborations, mais tenez compte d’une tolérance au stress en baisse.

Balance 24.9 – 23.10

ÉMOTIONS La tendance est au partage. Si vous entamez une relation, c’est une bonne période pour inviter l’autre et exprimer vos sentiments. AMBITION Vous avez le vent en poupe, c’est la bonne période pour vous affirmer et défendre votre point de vue ; vos initiatives et vos idées seront bien reçues.

Scorpion 24.10 – 22.11

À deux, vous serez dans le même désir de faire évoluer votre relation. En solo, des échanges amorcés vont s’exalter (dès le début du mois). AMBITION Jupiter ouvre une brèche sur l’avenir : nouvelles options, soutiens et projets qui décollent. En bonus, l’aide de Mars.

ÉMOTIONS Ce mois-ci, l’amour redevient joyeux, léger et source de plaisir. C’est un bon moment pour vivre pleinement vos désirs ou faire une jolie rencontre. AMBITION Super optimiste, votre ciel encourage expression personnelle, créativité et esprit d’entreprise. Désaccords et problèmes de communication à anticiper en milieu de mois.

Gémeaux 22.5 – 21.6

Sagittaire 23.11 – 21.12

ÉMOTIONS Vénus vous soutient.

Par Carole Vaillant

exprimer. Envie d’entreprendre ou de vous investir dans un projet perso ? C’est maintenant.

ÉMOTIONS Le ciel apporte un

nouvel éclairage à vos relations. Vous pourriez réaliser que vous faites souvent passer vos désirs après ceux de l’autre et décider de vous rebeller contre cela. AMBITION Mars réveille votre esprit de compétition et celui des autres. La période est donc stimulante mais tendue. Osez la communication.

Cancer 22.6 – 22.7

ÉMOTIONS Le couple et la

rencontre sont en vedette. Comptez sur un sentiment d’unité avec l’autre, des projets excitants et une charge érotique, surtout en début de mois. AMBITION Tout est ouvert. Misez sur un climat bienveillant, des soutiens et des résultats. Et de possibles conflits ou rivalités vers la fin du mois.

ÉMOTIONS L’énergie de Mars s’exprime à travers vous. Parfait pour rallumer la flamme des débuts ou faire le premier pas, résultats garantis. AMBITION La période est propice à l’action et à l’affirmation de soi, mais gare à votre impulsivité ainsi qu’à la tendance d’être sur tous les fronts en même temps.

Capricorne 22.12 – 20.1

ÉMOTIONS Éclairée par le Soleil et Vénus, vous dégagez une énergie très attirante. En solo, c’est le moment d’être réceptive aux regards qu’on pose sur vous. À deux ? Vos désirs se rejoignent. AMBITION Mars sera chez vous pour doper toutes vos entreprises. En attendant, gare aux petites rivalités qui se trament en sous-main, ouvrez l’œil pour débusquer les hypocrites.

Lion 23.7 – 23.8

ÉMOTIONS Au menu : plus d’élan, de désir, et une imagination amoureuse fertile. Vous pourriez être aiguillonnée par quelqu’un qui vous provoque ou vous défie intellectuellement. AMBITION Le ciel vous donne le feu vert pour agir et vous

GETTY IMAGES.

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MARIE CLAIRE EST UNE PUBLICATION DE BASTILLE VENTURE CAPITAL S.A. (TVA BE 0875.062.635) CHAUSSÉE DE LOUVAIN 431 D, B-1380 LASNE.

RÉDACTRICE EN CHEF Julie Rouffiange jro@marieclaire.be RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT Timon Van Mechelen tvm@marieclaire. be timonvm DIRECTRICE ARTISTIQUE Sophie Brevers sbr@marieclaire.be COLLABORATEURS Aurélia Dejond (culture, psycho, société), Virginie Dupont, Marie Geukens, Étienne Heylen (culture), Linda Heynderickx, Marie Honnay (mode, lifestyle), Elspeth Jenkins (mode, design), Joëlle Lehrer (cinéma, musique), Malvine Sevrin, Margo Verhasselt. DIGITAL RÉDACTRICE EN CHEF MARIECLAIRE.BE/FR Malvine Sevrin mse@marieclaire.be malvinesev DIGITAL ART DIRECTOR MARIECLAIRE.BE rosaalieeb Rosalie Bartolotti rba@editionventures.be BACK-END DEVELOPER MARIECLAIRE.BE Paul Ansay paul@editionventures.be COORDINATRICE DES PROJETS ÉDITORIAUX & COMMERCIAUX Jessica Fine jfi@editionventures.be jessicafi ne1 CHIEF OPERATING OFFICER (COO) MARIE CLAIRE Florian de Wasseige fdw@editionventures.be

POUR VOUS ABONNER

9 numéros pour seulement 26,95 €. Simple et rapide : surfez sur www.viapress.be/marieclairefr Vous avez des questions ? Envoyez un mail à info@viapress.be, viapress.be, téléphonez au 02 556 41 40 (de 8 h à 16 h 30 du lundi au vendredi) ou écrivez à AMP, 451 route de Lennik, 1070 Bruxelles.

SALES DIRECTOR Philippe De Jonghe pdj@editionventures.be CREATIVE SALES MANAGERS Johanna Webb jwe@editionventures.be Kelly Gielis kgi@editionventures.be Deborah Schols dsc@editionventures.be Alexia Neefs alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne vdc@editionventures.be Nathalie Fisse nfi@editionventures.be CREATIVE SOLUTIONS LAB Lore Mosselmans (Campaign Manager) lmo@editionventures.be Amélie Eeckman (Print Production Coordinator) aee@editionventures.be Charlette Louis (Campaign Coordinator) charlette@editionventures.be Pauline De Witte (Campaign Coordinator) pdw@editionventures.be EVENTS Ondine Scohier (Event Coordinator) osc@editionventures.be PRODUCTION Business Team Corporation / Michel Vanderstocken Matériel pub/Valérie De Jonghe vdj@editionventures.be IT MANAGEMENT Dominique Remy - Alpha-Chrome sprl EDITION VENTURES CEO Bernard de Wasseige DIRECTEUR GÉNÉRAL Didier Henet BASTILLE VENTURE CAPITAL CEO Bernard de Wasseige IMPRIMERIE Quad/Graphics

La transmission de documents et informations à la rédaction du Marie Claire Belgique – S.A. Edition Ventures inclut l’autorisation de l’auteur quant à leur libre utilisation voire publication. Les marques, les prix et les adresses publiés dans Marie Claire n’engagent en aucune manière celui-ci et ne sont annoncés qu’à titre indicatif sans vérification préalable de leur contenu par le Marie Claire Magazine. Ce dernier décline toute responsabilité pour les documents envoyés. La reproduction, même partielle, de tous les articles, photographies, dessins, modèles et illustrations du Marie Claire Belgique est interdite tout comme celle des créations d’artistes publiées dans le Marie Claire et ce, même si ceux-ci sont publiés à titre de publicité. Tous droits réservés ©Marie Claire Belgique 2019.

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LIFESTYLE

INTERVIEW

AIMEZ-VOUS VOTRE VISAGE ?

POUVEZ-VOUS SORTIR SANS MAQUILLAGE DANS LA RUE ?

Il est très changeant alors ça dépend vraiment des jours.

Tout le temps, pour la bonne raison que je ne me maquille jamais dans la vie courante.

ÊTES-VOUS FILLE OU FEMME ?

Je ne me suis jamais sentie très femme… Plutôt fille. En vérité, je me suis toujours sentie garçon manqué. DORMEZ-VOUS LA NUIT ?

AIMEZ-VOUS VOTRE PRÉNOM ?

CITEZ TROIS AMANTS ET AMANTES RÊVÉS AU COURS DE VOTRE VIE.

Je peux dormir douze heures, comme les enfants. Mais le plus souvent j’ai des insomnies, avec le cerveau qui turbine à plein.

Gérard Depardieu, Katherine Moennig, Robert Redford.

VOTRE MÈRE ÉTAIT-ELLE DOMINANTE OU SOUMISE ?

Boire un verre de vin.

VOTRE PLUS GRAND PLAISIR SIMPLE ?

Ma mère échappe à toute catégorie. Totalement fantaisiste, elle n’entre pas dans ces adjectifs, je ne l’ai jamais vue dans des rapports de force.

La définition de « séculaire ».

COMBIEN DE DROGUES VOUS FAUT-IL POUR VIVRE ?

De s’obliger chaque jour à être, physiquement, en mouvement.

Toutes ! J’ai un tempérament très addictif et je suis dépendante à tout ce qui suscite l’addiction. LE PLUS BEAU REGARD QUE L’ON AIT POSÉ SUR VOUS ?

Celui de mon fils. Il devait avoir un mois, j’étais soucieuse et tourmentée, il était contre mon buste dans un porte-bébé et il m’a regardée très longuement et très profondément, avec l’air de me dire : t’inquiète pas, je suis là.

VOTRE DERNIÈRE RECHERCHE GOOGLE ?

Oui, beaucoup. Je vois cette fille sur son fauteuil en osier, cette affiche et ce prénom du film culte sorti quelques années après ma naissance, placardé partout dans Paris. C’est un prénom que je trouve doux et sensuel. Et j’aime toutes les Emmanuelle que je connais. POUVEZ-VOUS PRENDRE UNE PHOTO DE VOUS ?

FUIR, S’ADAPTER OU COMBATTRE ?

Combattre. Et avoir l’intelligence, en cas d’impasse, de s’adapter. Je n’aime pas fuir, sauf devant la méchanceté et la bêtise. LA PREMIÈRE FOIS OÙ VOUS VOUS ÊTES SENTIE LIBRE ?

Quand j’ai eu mon permis de conduire.

LA PLACE DU SEXE DANS VOTRE VIE ?

LE MEILLEUR CONSEIL QUE L’ON VOUS AIT DONNÉ ?

Juste derrière la gastronomie !

LA DERNIÈRE CHOSE QUE VOUS AYEZ BUE ET MANGÉE ?

SI VOUS ÉTIEZ UNE FÉE ET QUE VOUS POUVIEZ OFFRIR TROIS DONS À UN ENFANT NAISSANT, LESQUELS SERAIT-CE ?

Un café et un pamplemousse. LE GOÛT DONT VOUS AVEZ HONTE ?

Rien de ce que j’aime ne me fait honte. ÊTES-VOUS VIOLENTE ?

Très, mais je me contrôle, je me raisonne et, surtout, je m’améliore avec l’âge.

La beauté, la gaieté, la gentillesse.

1. De Stephan Streker, avec aussi Jérémie Renier, Alma Jodorowski… En salles. 2. De Frédéric Tellier, avec aussi Pierre Niney, Gilles Lellouche… En salle le 9 mars.

QUE NE SUPPORTEZ-VOUS PAS QUE L’ON DISE DE VOUS ?

Je me suis toujours foutue de ce qu’on dit de moi. Ce que je ne supporterais pas, c’est d’être accusée de quelque chose que je n’ai pas fait.

LE QUESTIONNAIRE

EMMANUELLE BERCOT C’est en actrice que la réalisatrice et scénariste est à l’affiche cet hiver dans L’ennemi (1) et Goliath (2), films qui lui offrent deux rôles de femmes intenses et pugnaces. En attendant, elle se livre sans tabou, entre insomnies créatives et pamplemousse, “no make-up” et tempérament addictif. Par Fabrice Gaignault

EMMANUELLE BERCOT.

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