Marie Claire Belgique Novembre - FR

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NOVEMBRE 2022 — 5,90 €

BELGIQUE

INTERVIEWS

LOUS AND THE YAKUZA LOUIS GARREL LUKAS DHONT VIRGINIE DESPENTES STEFI CELMA REPORTAGE

ÉCOSSE, RETOUR AUX PAYSAGES SAUVAGES BEAUTÉ

LE BEST OF CAPILLAIRE DES DÉFILÉS MODE

LE NOUVEAU ROMANTISME

LUMIÈRE ET ÉNERGIE

LE VRAI LUXE

PSYCHO

COMMENT NOUS VIVONS LA CRISE ÉNERGÉTIQUE



le mascara noir allure volume, longueur, courbe et définition

en 1 clic.

CHANEL.COM


SOMMAIRE 8

ÉDITO

10 CONTRIBUTEUR·RICES

SUBSTANCE ÉPOQUE

12 L’IMAGE DU MOIS

TENDANCES

14 SUR LA LISTE DE NOVEMBRE 20 LES TENDANCES DÉCRYPTÉES

34 REPORTAGE Leur mission :

réensauvager l’Écosse

40 NEWS La pionnière oubliée

42 TÉMOIGNAGES Des planteuses de

café sauvées par le commerce équitable

PAR MARIE CLAIRE Photo Lalo & Eva. Réalisation Christine Van Laer. Robe longue écrue avec col bénitier Christian Dior. Blazer vert foncé en laine Vince. Cuissardes en cuir Tod’s.

CULTURE

44 AGENDA Expos et sorties

46 LIVRES Emmanuelle Pirotte,

pour en finir avec les clichés sur le règne féminin

47 MUSIQUE

48 INTERVIEW Lous and The Yakuza

« Je me protège en restant loin du chaos »

50 CINÉMA

52 ENTRETIEN Lukas Dhont, le sens et

la sensibilité

TÊTES À TÊTE(S)

56 CONVERSATION Après minuit avec

Louis Garrel

MAGAZINE

60 PSYCHO « No Future » Quand

l’époque semble désenchantée…

66 PHÉNOMÈNE Barbie à tout prix ? 70 RENCONTRE Léonora Miano,

80

p. 34 Leur mission : réensauvager l’Écosse

Suivez-nous sur marieclaire.be/fr

ELSA LEYDIER. LALO & EVA.

76

Virginie Despentes : deux voix qui portent DÉCRYPTAGE TikTok, mode d’emploi MOI LECTRICE « Je me suis libérée d’Instagram »


STYLE 84 94

MODE

New romance Sacs tout à trac

100 NEWS

102 MODE D’EMPLOI De la mode ou

de l’art ?

BEAUTÉ

104 CHEVEUX Le best of capillaire

des défilés

108 CHEVEUX Faites entrer la lumière 112 TESTÉS Les masques capillaires

113 FONDAMENTAUX Kristina De Coninck 114 CONFIDENCES La sélection de

la rédactrice

LIFESTYLE

116 ÉVASION La douceur intacte

de Cadaqués

122 MASTERCLASS Christophe

Hardiquest, le nomade étoilé

129 HOROSCOPE

130 LE QUESTIONNAIRE Stéfi Celma

p. 84 New romance

Robe et casquette vert foncé, Raf

Simons.


MARIE CLAIRE EST UNE PUBLICATION DE BASTILLE VENTURE CAPITAL S.A. (TVA BE 0875.062.635) CHAUSSÉE DE LOUVAIN 431 D, B-1380 LASNE.

RÉDACTEUR EN CHEF Timon Van Mechelen tvm@marieclaire. be DIRECTRICE ARTISTIQUE Sophie Brevers sbr@marieclaire.be COORDINATRICE DE LA RÉDACTION Joëlle Lehrer jle@marieclaire.be DIRECTRICE DE LA MODE & STYLE Elspeth Jenkins eje@marieclaire.be JOURNALISTE BEAUTÉ & LIFESTYLE Kim De Craene kdc@marieclaire.be COLLABORATEURS Aurélia Dejond, Virginie Dupont feat. talkie-walkie srl, Etienne Heylen, Femke Lakenman, Lalo + Eva, Lola Guldentops, Marie Honnay, Joëlle Lehrer, Malvine Sevrin, Eva Thurman, Sofie Van Bouwel, Pascalle Van Ginkel, Christine Van Laer, Margo Verhasselt, Eva Vlonk. CHEF DIGITAL MARIECLAIRE.BE/FR Malvine Sevrin mse@marieclaire.be malvinesev DIGITAL ART DIRECTOR MARIECLAIRE.BE Rosalie Bartolotti rba@editionventures.be rosaalieeb BACK-END DEVELOPER MARIECLAIRE.BE Paul Ansay paul@editionventures.be COORDINATRICE DES PROJETS ÉDITORIAUX & COMMERCIAUX Jessica Fine jfi@editionventures.be jessicafi ne1

SALES DIRECTOR Philippe De Jonghe pdj@editionventures.be CREATIVE SALES MANAGERS Johanna Webb jwe@editionventures.be Kelly Gielis kgi@editionventures.be Deborah Schols dsc@editionventures.be Alexia Neefs alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne vdc@editionventures.be Nathalie Fisse nfi@editionventures.be CREATIVE SOLUTIONS LAB Lore Mosselmans (Chief Marketing Officer) lmo@editionventures.be Carla Circiello (Campaign Coordinator) cci@editionventures.be Laura Collu (Campaign Coordinator) lco@editionventures.be EVENTS Noah Falcone (Event Coordinator) nfa@editionventures.be PRODUCTION Business Team Corporation / Michel Vanderstocken Matériel pub/Valérie De Jonghe vdj@editionventures.be Print Production Coordinator / Amélie Eeckman aee@editionventures.be

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ÉDITO Hair power

Timon Van Mechelen Rédacteur en chef timonvm

Çi-dessus : Téhéran, Iran - 22 Avril 2007 : Un officier de police iranien réprimande une femme pour sa tenue et sa coiffure, lors d’une descente visant à faire respecter le code vestimentaire islamique. À droite L’expo Hair Power présentée jusqu’au 8 mai 2023 au Wereldmuseum de Rotterdam.

EVA THURMAN. MAJID SAEEDI/GETTY IMAGES. SAYAKA MARUYAMA.

Pour Mahsa » a scandé ZaghariRatcliffe, face caméra, en coupant ses longues mèches. «Pour les femmes de mon pays, pour la liberté, pour la justice. » Issue d’une double culture irano-britannique, la militante de quarante-quatre ans a réalisé cette vidéo - rapidement devenue virale - en soutien aux Iraniennes qui manifestent depuis des semaines suite au décès de Mahsa Amini. Arrêtée par la brigade des mœurs et accusée d’avoir laissé dépasser quelques cheveux de son hijab, la jeune femme de vingtdeux ans est morte trois jours plus tard. Depuis, des milliers d’autres femmes dans le monde se sont coupé les cheveux en signe de solidarité. En termes de message, ces protestations rappellent que si vous pouvez exercer un pouvoir sur une personne sur base de ses cheveux, vous avez également un pouvoir sur son identité, ainsi que sur l’estime et la confiance qu’elle a d’elle-même. Vous vous souvenez de la crise de panique qui a secoué la Belgique lorsque les coiffeurs ont dû fermer pendant les différents confinements? Une situation qui n’est en rien comparable à ce qui se passe en Iran, mais qui nous rappelle que nous n’avons pas hésité, après avoir cumulé les ratages dans notre salle de bain, à traverser la frontière pour une simple coupe de cheveux. Cet épisode récent prouve à quel point les cheveux jouent un rôle clé dans nos vies. Comme symbole d’identité, mais aussi comme moyen de résistance. Notre mini-révolte sur fond de pandémie nous indique également que ce qui nous semble évident à l’échelle belge ne l’est peut-être pas ailleurs. Qu’il s’agisse d’une nouvelle coupe de cheveux ou d’une virée en vélo, cheveux au vent, sans se faire arrêter ou tuer. Centrées sur les plus belles coiffures des défilés et les masques capillaires testés par notre rédaction, les pages beauté de ce numéro sont une sorte d’hommage aux cheveux. Qu’ils soient comme nous le désirons, quel que soit l’endroit sur Terre où nous vivons. Et oui, cela marche aussi pour les mèches rebelles…


NARCISORODRIGUEZ.COM


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CONTRIBUTEUR·RICES

JOURNALISTE

Elle a interrogé des femmes sur la façon dont elles font face à la crise énergétique actuelle. D’OÙ VENEZ-VOUS ?

Je suis née à Bruxelles. J’ai grandi en périphérie et j’ai finalement déménagé dans la capitale il y a quelques années. chaque interview est intéressante, mais celles sur la crise de l’énergie m’ont donné l’opportunité d’en discuter avec mes amis. Cela rend l’exercice encore plus amusant. POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

J’ai toujours été convaincue que je voulais être journaliste. J’ai une passion pour l’écriture et je suis très curieuse. J’aime couvrir différents sujets et rencontrer, chaque jour, de nouvelles personnes. VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT CES RENCONTRES ?

Chaque interview est intéressante, mais celles sur la crise de l’énergie m’ont donné l’opportunité d’en discuter avec mes amis. Cela rend l’exercice encore plus amusant. QUI VOUS INSPIRE ?

Ma mère, mes amis, mes collègues. J’ai la chance d’être inspirée en permanence.

Christine Van Laer STYLISTE

Elle a réalisé le stylisme de la couverture. D’OÙ VENEZ-VOUS ?

De Lint, à côté d’Anvers. POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

Je suis très créative. Depuis toujours, j’adore dessiner et bricoler. Faire de belles choses, tout simplement. A l’adolescence, je suis tombée sous le charme de certains styles de musique, mais aussi de la mode. Aujourd’hui, j’aime découvrir des collections qui me parlent et créer ma propre histoire visuelle à partir de ces pièces. Tout cela en collaboration avec des personnes talentueuses et sympathiques… VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LE SHOOTING ?

Après la préparation, le shopping et le stylisme, l’histoire que j’ai imaginée prend vie d’un coup. Et là, c’est la fête ! QUI VOUS INSPIRE ?

J’admire le travail du styliste et directeur créatif Ib Kamara. Ce qu’il fait transcende tout. Des photographes tels que Levon Baird, Carlijn Jacobs et Lea Colombo m’inspirent également. Mon fils Wolf me tient quant à lui au courant des dernières tendances du streetwear.

FrançoiseMarie Santucci JOURNALISTE

Elle a orchestré l’entretien croisé entre les écrivaines Virginie Despentes et Léonora Miano. D’OÙ VENEZ-VOUS ?

J’ai grandi en Côte d’Ivoire dans un milieu classique, ni bourgeois ni prolo. L’ambiance était spéciale, ce n’était plus les colonies mais encore la « Françafrique ». POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

Parce qu’il me permet d’être curieuse de tout. VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LA RENCONTRE ?

Quand on a parlé, avec Virginie et Léonora, de notre amour de la musique, et comment on écoutait religieusement les 33 tours une face après l’autre ! QUI VOUS INSPIRE ?

Danielle Casanova et les femmes du « Convoi des 31000 ».

LALO + EVA PHOTOGRAPHES

Ils ont signé la photo de la couverture. D’OÙ VENEZ-VOUS ?

De la côte belge.

POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

C’est du pur plaisir. Vous partez d’une page blanche. Ensuite, c’est un mélange d’idées, de collaborations et de stress positif. Au final, vous créez le beau. Faire de votre passion votre métier : qu’est-ce qu’on peut imaginer de mieux ? VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LE SHOOTING ?

Notre bataille avec les dieux de la météo et le moment où vous sentez que le style, le maquillage, les mannequins et le décor forment un tout cohérent. Dans ces moments-là, même quand vous n’en pouvez plus, l’envie d’appuyer sur le déclencheur est plus forte que tout. QUI VOUS INSPIRE ?

Beaucoup d’artistes du passé et d’aujourd’hui, ainsi que certaines scènes que l’on peut observer dans la nature, la rue ou notre environnement direct. Quand vous sentez que vous devez vous arrêter et regarder autour de vous.

COLLECTION PERSONNELLE.

Margo Verhasselt


Disrupting Diamonds

BOUTIQUE MESSIKA Place du Grand Sablon 20 l BRUXELLES +32 2 669 88 80


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L’IMAGE DU MOIS

GETTYIMAGES.

FEMME, VIE, LIBERTÉ

Il n’en a fallu qu’une, Mahsa Amini, pour désobéir à la police des mœurs de la République islamique d’Iran et être assassinée pour que des centaines, puis, des milliers, enfin des centaines de milliers de femmes, jeunes et moins jeunes, choisissent de se libérer de leur hijab. Depuis la révolte de cet automne, les cheveux, souvent longs, des Iraniennes sont devenus l’étendard de la liberté. Et leur slogan, « Femme, vie, liberté », extrait d’un poème chanté, a été repris par des femmes du monde entier, dont les Afghanes qui leur ont apporté ouvertement leur soutien. Des hommes iraniens célèbres, tels le réalisateur Asghar Farhadi, ont également tenu à être du côté de leurs compatriotes dont le courage est historique. Par Joëlle Lherer



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TENDANCES

NOVEMBRE

JOUR DE PLUIE

Quitte à affronter une météo grincheuse, autant le faire avec style. Depuis plus de 160 ans, le label écossais Hunter fait de la botte de pluie un statement mode. Et, en plus, elles sont désormais certifiées FSC, un label qui garantit la gestion responsable des forêts. De quoi sauter à pieds joints dans les flaques !

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hunterboots.com

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VERNIS GREEN

Bonne nouvelle pour nos ongles : les vernis du label français Manucurist nous offrent une alternative clean aux vernis semi-permanents. Cette saison, on craque sur la teinte aubergine.

SUR LA LISTE DE NOVEMBRE Par Malvine Sevrin

PRESSE.

Vernis Aubergine de Manucurist, 14 € sur manucurist.com


FEMME-FLEUR

L’e-shop Sarenza signe une collaboration avec l’artiste peintre et illustratrice Natacha Birds. Résultat ? Deux colliers en laiton et cinq foulards qui célèbrent les corps féminins et la beauté de la nature. Des créations qui font écho à l’univers doux et rêveur que l’artiste partage quotidiennement sur Instagram (@natachabirds).

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Lancement le 30 novembre en exclusivité sur Sarenza.be

POP ART

Un ouvrage haut en couleur qui retrace soixante années de ce mouvement subversif qui a bousculé le monde de l’art et s’est infiltré jusque dans la mode, l’ameublement et la création de produits. Une compilation visuelle ultra dynamique des œuvres créées par des artistes de renom tels que Keith Haring, Roy Lichtenstein ou encore Andy Warhol, ainsi que celles de designers, décorateurs, et publicistes.

PRESSE. ESTATE OF ROY LICHTENSTEIN, PROSPER ASSOULINE.

Livre Pop Art Style des Éditions Assouline, introduction de Julie Belcove, 272 pages, 95 € sur assouline.com.

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Suzanne Lindon pour Celine.

IT-BAG

CELINE AJOUTE UN NOUVEAU MODÈLE À SA COLLECTION DE SACS SIGNATURE : LE MATELASSÉ. SES CARACTÉRISTIQUES? UN DESIGN GRAPHIQUE ET UNE ÉPAISSE CHAÎNE DORÉE.

Shoulder bag matelassé, 2800 € sur celine.com


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TENDANCES

NOVEMBRE

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DÉCOUVRIR MIRÓ

Il n’y avait plus eu d’exposition en Belgique célébrant l’œuvre de Joan Miró (Barcelone 1893 Palma de Majorque 1986) depuis 1956. C’est au BAM à Mons que l’univers prolifique et inclassable de l’artiste catalan s’invite désormais. Le visiteur voyage à travers près d’une centaine d’œuvres originales mêlant peinture, sculpture, gravure et céramique prêtées par de prestigieuses collections internationales publiques et privées. Le fil conducteur ? L’intérêt permanent de Joan Miró pour l’art du passé et sa formation artistique traditionnelle. Une exposition essentielle.

Joan Miró. L’essence des choses passées et présentes au BAM, Rue Neuve 8, 7000 Mons, du 08.10.2022 au 08.01.2023, bam.mons.be

Femmes, 1965, Joan Miró, Courtesy Galerie Lelong & Co.

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UN IMBRIQUEMENT DE COURBES REHAUSSÉES DE DIAMANTS À PORTER EN SOLO OU EN DUO.

Boucles d’oreilles The Love Bands d’Ole Lynggaard Copenhagen, 8.250 € vendues séparément sur olelynggaardcopenhagen.com TABLE ARTY

La marque de déco Studio Erhart propose des pièces uniques telles que ces serviettes en lin inspirées par Pablo Picasso. Brodées d’un joli motif, elles sont fabriquées à la main en Espagne par des artisans. Set de 4 serviettes en lin Pablo de Studio Erhart, 120 € sur studioerhart.com

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SUCCESSIO MIRÓ / SABAM BELGIUM 2022. PRESSE.

TWISTÉES


®




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TENDANCES

VIBRATIONS

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Black and blue

LA PANOPLIE À l’instar de Glenn Martens chez Y/Project, cette saison, on combine des pièces matelassées cools avec des matières légères en noir et bleu marine. La touche finale ? Des bijoux en or pour un look smart mais discret.

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Réalisation Timon Van Mechelen

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LE LOOK PODIUM Défilé Y/Project automne/hiver 2022-2023. 1. DENIM Jupe portefeuille avec détail doré JW Anderson, 575 €. 2. FAIRE DANS LA DENTELLE Top en satin s.Oliver, 69,99 €. 3. BOBBY Sac Frame en cuir Dior, à partir de 3.100 €. 4. LE MAILLON FORT Bracelet en or 18 carats Dinh Van, 4.750 €. 5. LA BONNE SILHOUETTE Veste bomber Clyde en nylon Christian Wijnants, 795 €. Jupe midi en satin Stella McCartney, 650 €. Sandales Kobarah en matière synthétique recyclable Camper, 125 €. 6. MATELASSÉE Surchemise en coton Uniqlo x Ines de la Fressange, 89,90 €. 7. KNITWEAR Cagoule en laine mélangée C&A, 12,99 €. 8. PAPILLON Lunettes en métal Vogue Eyewear, à partir de 99 €.

PRESSE.

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Photographie retouchée

Les salons DESSANGE utilisent, entre autres, les produits

Prenez rendez-vous en salon

ARLON 6700 - 9, Rue Netzer - 063/23 36 40 • BRUXELLES 1000 - 74, Rue du Marché aux Herbes - 02/512 16 92 BRUXELLES 1050 - 229, Avenue Brugmann - 02/344 56 70 • BRUXELLES 1050 - 184, Avenue Louise - 02/640 50 88 BRUXELLES 1050 - 12 A, Place Stéphanie - 02/512 94 72 • BRUXELLES (FORT-JACO) 1180 - 1360 A, Chaussée de Waterloo - 02/372 97 93 • LIEGE 4000 - 6, Rue Sébastien Laruelle - 04/222 22 47 • NAMUR 5000 - 52, Rue de l’Ange - 081/22 46 51 • WATERLOO 1410 - 348, Chaussée de Bruxelles - 02/351 22 71


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TENDANCES

VIBRATIONS

LE RETOUR DES BIJOUX DE PEAU PHÉNOMÈNE

DES RANGS DE FAUSSES PIERRES MULTICO-

au-dessus des sourcils chez Conner Ives, des « yeux » en perles et cabochons chez Simone Rocha ou encore des guirlandes de fleurs en strass avec logo intégré sertissant les visages chez Burberry : l’esprit bijou fait le show de l’automne-hiver 2022-2023. Après deux années de pandémie, le besoin de merveilleux ne passe plus seulement par la mode et son vestiaire festif et surréaliste : il transpire désormais par tous les pores du visage délivré de ses masques. Strass, clous, perles, étoiles ont ainsi intégré le langage d’une beauté pop et fantastique aux possibilités infinies. « Les gens cherchent constamment de nouveaux matériaux à utiliser pour aller plus loin dans la beauté, confiait au magazine i-D la make-up artist Amrita Mehta. La joaillerie et les ornements font partie de tellement de cultures différentes, il s’agit finalement juste d’un type de parure faciale comme un autre. » Ces bijoux éphémères ont connu leur heure de LORES COLLÉES

gloire dans les années 90 avec la culture « club kid » (quand Björk porte des strass sous les yeux en couverture de son album Debut et Gwen Stefani triomphe avec ses make-up à base de bindis). Autant dire que la nostalgie actuelle pour les années 2000 n’a fait que précipiter leur come-back. Mais c’est surtout Euphoria qui a popularisé le phénomène auprès de la génération Z. En soulignant les états d’âme des personnages avec des maquillages ultra-expressifs où les strass et les fards glitter jouent les premiers rôles, la maquilleuse de la série, Doniella Davy, a démocratisé l’idée d’un « glam émotionnel » à porter. Le succès de ses looks est tel qu’elle a lancé en juin dernier sa ligne Half Magic, qui propose, par exemple, des clous orange ou des perles de cristal faciles à poser. EFFETS INFINIS ET PRIX MODESTES

Car la simplicité d’utilisation a également tout changé. Avec un peu de colle

à faux cils ou une planche de stickers, plus besoin, aujourd’hui, de doigts de pro pour s’appliquer ces bijoux dont les effets sont infinis, et les prix modestes grâce à l’impression 3D. Get Stonned (sponsor officiel d’Euphoria), mais aussi ColourPop et Cholas x Chulas étoffent désormais une offre généreuse. Une larme de brillance pour sublimer son humeur, un halo de pierres pour inviter au rêve, la « cristal créativité » est sans limites. « Portez du glitter pour aller au supermarché et n’ayez pas peur des strass, quelles que soient les occasions », conseille ainsi Doniella Davy, qui incite à casser les codes entre le jour et le soir et, surtout, ses inhibitions. Une sorte de rébellion brillante et ludique contre l’esprit de conformisme et la morosité ambiante.

Ci-dessus, à gauche Stickers Zara. À droite Défilé Burberry automne-hiver

2022-2023.

PRESSE. IMAXTREE.COM

Remis au goût du jour par la série Euphoria, ce make-up qui voit les visages se consteller de strass ou de perles semble séduire une toute nouvelle génération, convertie par ses possibilités et son aspect festif. Décryptage. Par Charlotte Brunel


78 Avenue Louise 1000 BRUXELLES

fusalp.com


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TENDANCES

VIBRATIONS

LES PLATFORM SHOES COME-BACK

D’Alaïa à Bottega Veneta, les compensées reviennent en force cet automne, comme un hommage festif et bien perché aux seventies. Mais l’approche est toutefois plus sophistiquée que psychédélique. Par Vicky Chahine

2022

David Bowie en compensées Kansai Yamamoto.

ELLES FONT PROBABLEMENT PARTIE DES MODÈLES de chaussures les plus anciennes puisqu’on en trouve dès la Grèce antique. Plus tard, leur hauteur protège de la boue tout en marquant le rang social de la bourgeoisie qui s’en empare. Ironie du sort, les compensées font leur retour dans les années 60-70 pour marquer justement son appartenance aux souscultures. Les hippies s’en servent pour ne pas faire traîner leur pattes d’eph’ tandis que des figures alternatives comme

Défilé Bottega Veneta automne-hiver 2022-2023.

David Bowie en font leur signature. Est-ce l’envie de revivre une certaine époque insouciante ? Le besoin de faire la fête ? En tout cas, les chaussures à plateforme ont colonisé les podiums de la saison hivernale. Bottines à talon transparent chez Alaïa, néopunk chez Balmain, babies à grosse boucle chez Bottega Veneta (photo) sans oublier les modèles très haut perchés de Marc Jacobs et de Valentino, qui en a chaussé presque toutes ses mannequins. Aucune chute signalée.

SUKITA. COURTESY OF BOTTEGA VENETA/IMAXTREE.COM.

1973


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CARTE BLANCHE

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MOOD-BOARD

En hiver, le blanc a ce je-ne-sais-quoi de magique. Il illumine une tenue, un visage, un intérieur, et même notre humeur. Et c’est exactement ce dont nous avons besoin en ce moment. Le blanc hivernal apporte aussi une lueur d’espoir, à l’instar d’une toile blanche propice au renouveau et à la légèreté.

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Réalisation Elspeth Jenkins

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PRESSE.

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1. Sac Supernova, Prada. 2. Défilé automne/hiver 2022-2023 Marni. 3. Vernis à ongles Blanc Écume, Chanel. 4. Doudoune, Stand Studio. 5. Pantalon blanc, Maison Ullens. 6. Campagne automne/hiver 2022-2023 Balenciaga. 7. Collection Serax par Luc Tuymans. 8. Antwerp Light House, Rosendahl Design Group. 9. Bottines, Gucci. 10. Campagne automne/hiver 2022-2023 Shon Mott. 11. La Glorification de la vierge au KMSKA : Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers. 12. Livre Entryways of Milan, Taschen.


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TENDANCES

VIBRATIONS

CHASSE AUX TRÉSORS NEWS

De nouvelles collections exceptionnelles et une sélection de bijoux et de montres à porter au gré de nos envies : la saison s’annonce vibrante et élégante. Par Timon Van Mechelen

LE SOLEIL DANS LE COEUR

Claire Choisne, directrice artistique chez Boucheron, a puisé dans le soleil, source d’énergie et de vie, son inspiration pour la ligne de bijoux baptisée Serpent Bohème Solarité. Cette collection accueille des diamants exceptionnels qui rayonnent comme le soleil, avec en point d’orgue les boucles d’oreilles asymétriques épousant la courbe de l’oreille.

VIE NOCTURNE

PERLES ET NACRE

La nouvelle collection de Wouters & Hendrix s’inspire de la poésie insufflée par la vie nocturne. Elle se traduit par des bijoux qui explorent les frontières entre robustesse et sophistication, entre chic et impétuosité. Autant d’invitations aux pérégrinations de nuit.

Débarrassées de leur image has been, les perles se déclinent de plus en plus souvent dans des versions modernes. Ici, elles s’intègrent on ne peut mieux aux boucles d’oreilles Lotus de la créatrice belge Karolin Van Loon, montées sur une base en or rose 18 carats, ponctuées de diamants pavés scintillants et couronnées par des perles des mers du Sud qui leur donnent un look étonnamment contemporain.

Midnight Children, wouters-hendrix.com

boucheron.com

850 € pièce, karolinvanloon.com

5 MUST-HAVES DE LA SAISON

Bague de la collection Cubini de Hulchi Belluni, conçue et réalisée avec précision par Martine Hul. 4.289 €.

UNE MONTRE RONDE CHIC

La designer suisse Yvonne Reichmuth a imaginé pour Longines une montre dont le bracelet double en cuir épouse le cadran.

Longines Dolcevita X YVY, à partir de 1.640 €.

DES GEMMES COLORÉES

Voici les principales protagonistes des collections de Laurence Ardies. Représentante de la quatrième génération d’une lignée de créatrices et créateurs de bijoux, elle perpétue le savoir-faire et l’expertise de sa famille. Boucles d’oreilles, prix sur demande.

PETIT ET FIN

Omega réinterprète le garde-temps iconique De Ville dans une version de 26 mm qui associe le motif de la Toile de Jouy à l’or.

De Ville Mini Trésor Quartz, 8.000 €.

COMME UNE HUÎTRE

Cette bague de la série Prestige d’Annamaria Cammilli abrite une perle étincelante, plus précisément une pierre de tanzanite d’un bleu profond. Prix sur demande.

PRESSE.

DE PRÉCIEUX DIAMANTS


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LADY ART

L’artiste américaine Dorothy Iannone vit en Allemagne, mais rend hommage à sa patrie d’origine à travers les deux modèles qu’elle a conçus pour la septième édition du Lady Art de Dior. La Statue de la Liberté représente les libertés pour lesquelles les femmes doivent encore se battre aujourd’hui. Une déclaration fantastique qui se reflète dans ces sacs disponibles en édition limitée. Photo Ulrike Rindermann Par Elspeth Jenkins Sac Lady Dior par Dorothy Lannone, effet denim et paillettes Dior, prix sur demande, édition limitée.


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TENDANCES

VIBRATIONS

UNE AFFAIRE DE FAMILLE : MOLLY BRACKEN RADIOGRAPHIE

Ce n’est pas une brique que les Sidonio ont dans le ventre, mais une aiguille et du fil. En effet, depuis 2008, toute la famille s’affaire pour faire vivre la marque de mode Molly Bracken. Et c’est justement la clé de leur immense succès. Par Timon Van Mechelen

L’histoire de Molly Bracken commence au Théâtre royal de Drury Lane dans le Londres des années 80. La jeune Française Catherine y travaille comme costumière, en marge de son job chez Armani. C’est là qu’elle rencontre l’Irlandais Julian Sidonio, lui aussi jobiste au théâtre pour payer ses études de commerce. Ils tombent amoureux l’un de l’autre et se lancent dans le milieu londonien de la mode. Au début des années 2000, ils découvrent de vieilles photos de la grand-mère de Julian, qui s’appelait Molly Bracken. Le look typiquement anglais et particulièrement romantique de cette dame sert à Catherine de source d’inspiration pour expérimenter ses propres créations. Elle agrémente les longues jupes poétiques, les imprimés floraux, les lacets de l’époque avec des éléments contemporains, élaborant petit à petit son propre style. Lors d’une année sabbatique à Toulon, dans le sud de la France, le couple ose franchir le pas et fonde sa marque de mode. C’est ainsi qu’en 2008, Molly Bracken voit le jour.

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1. Molly Bracken, déjeuner

sur l’herbe. Une photo d’archive pour l’inspiration. 2. La robe à fleurs, pièce emblématique de la marque. 3. La cofondatrice Catherine Sidonio. 4. La campagne automne/hiver 2022-2023.

PRESSE.

RELÈVE ASSURÉE

La famille Sidonio a toujours eu à cœur de proposer une mode accessible à toutes les femmes. C’est pourquoi, au fil des ans, Catherine et Julian ont impliqué leurs filles dans l’entreprise afin de toucher un public cible encore plus large. En 2016, la cadette Lili a lancé une collection capsule pour adolescents sous son propre nom, dont elle était l’égérie et la créatrice. Aujourd’hui âgée de 21 ans, elle étudie au Central Saint Martins et au King’s College de Londres, tout en pilotant la direction artistique de la marque. Sa sœur Justine assure également la relève et s’occupe des affaires familiales aux États-Unis comme au Canada. Grâce à ce regain de jeunesse, la collection durable Premium est née en 2017 et, l’année dernière, la ligne de vêtements d’intérieur La Maison est venue enrichir l’offre de la marque. Celle-ci s’est encore étoffée cette année, s’ouvrant aux tenues de soirée (Le Soir), maillots de bain (Le Bain) et vêtements de sport (Le Sport). Le tout à des prix abordables afin de n’exclure personne. En 2022, cette stratégie permet à l’entreprise de compter pas moins de 7.600 points de vente et de voir son chiffre d’affaires en croissance constante. Les valeurs familiales donnent lieu à une véritable success story, et la relève est déjà en marche.


29

CHRISTOPHE SCHUMACHER.

LES SACS

FRUITÉS

Avec leurs couleurs vitaminées, ces minisacs à rabat, demi-lune ou à fermoir porte-monnaie donnent du peps à un manteau clair. Photo Christophe Schumacher Réalisation Agathe Gire De haut en bas

Sac 4G, en cuir Givenchy, 1 990 €. Sac Hobo Timeless, en cuir Tod’s, 1 900 €. Sac en cuir Weekend Max Mara, 239 €. Manteau en laine Nina Ricci, 1 590 €.


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TENDANCES

VIBRATIONS

WHATSAPP

MARION SCHOUTTETEN

Co-fondatrice et directrice artistique de la marque Orta Store

Par Aurélia Dejond

Marion

5 ANS…LES NOCES DE BOIS D’ORTA CAP IMPORTANT ?

! UN

C’est fou, Aurélia ! Si je pouvais parler à la Marion d’il y a 5 ans, elle ne me croirait pas ! C’est un vrai cap et les projets sont à la hauteur de cette 5e bougie ! ELLE ÉTAIT DANS QUEL ÉTAT D’ESPRIT EN 2017 ?

Pleine d’espoir ! Elle n’avait rien à perdre, ne se berçait pas d’illusions et avait une soif d’apprendre tous les jours. Elle ne se projetait pas loin devant et célébrait chaque petite victoire de ce long chemin. ORTA A BIEN GRANDI DEPUIS ET EST NOTAMMENT PARTIE À LA CONQUÊTE DE LA FLANDRE EN OCTOBRE DERNIER.

Oui, avec d’abord un premier pop-up. L’e-shop est désormais traduit en néerlandais. En tant que marque belge, il était impensable de ne pas communiquer avec la moitié du pays, mais on voulait prendre le temps de faire les choses bien.

EN NOVEMBRE, TU LANCES UNE COLLECTION SPÉCIALE HOMMES. HABILLER LES GARÇONS AUSSI, C’ÉTAIT ÉVIDENT ?

chez Orta… On réalise des pièces réutilisables pour être portées toute l’année. On met tout en place afin que ce Noël soit plus que jamais responsable et stylé. Pour vos lectrices, je peux déjà partager mon coup de cœur de fin d’année : un costume juste waouhhhhh ! LES FÊTES SONT SOUVENT, POUR BEAUCOUP, SYNONYMES DE SURCONSOMMATION. TU AS D’AILLEURS INSTALLÉ LE CONCEPT DE GREEN FRIDAY, UNE FAÇON DE CONSCIENTISER TA COMMUNAUTÉ ?

À travers Orta, mon objectif premier était de proposer une mode responsable, transparente et abordable tout au long de l’année. C’est donc naturellement que nous proposons le prix juste. Pour souligner ces valeurs, nous fermons notre e-shop depuis deux ans le jour du Black Friday, car ce n’est pas cohérent avec notre modèle. Être objectif sur nos prix se traduit par une marge stable toute l’année. Nous devons rester clairs avec nos clients pour pouvoir leur proposer le meilleur rapport qualité-prix. orta-store.com

Évident, non ! Mais un peu comme toute l’histoire d’Orta, c’est bien l’engagement avec notre communauté de 190k followers qui nous pousse dans des directions toujours plus ambitieuses SANS SPOILER LA CAPSULE, ON PEUT EN SAVOIR PLUS SUR SON ADN ?

Durable, intemporel, qualitatif, européen. Et comme pour nos collections femmes, elles sont adaptées à la vie de tous les jours, tout en étant mode. L’idée de cette capsule est de commencer par créer les basiques du dressing de nos hommes. TON BASIQUE D’AUTOMNE IDÉAL POUR UN MEC ?

Sans aucun doute un pull chaud, bien coupé, au col marin, avec une confection européenne et responsable. LA MARQUE VA AUSSI SE PARER DE BEAUX ATOUTS POUR LES FÊTES AVEC UNE COLLECTION SPÉCIALE…

Oh que ouiiiiii et qui risque d’en surprendre plus d’un ! Pas de paillettes ou sequins

PRESSE.

Encouragée par son mari Gauthier, Marion a fondé, voici cinq ans, Orta (Objectif Responsable Tendance Abordable), un label qui prône une mode éthique, transparente et made in Europe. Le but est noble : faire de nous des consommac’teurs avertis.



34 ÉPOQUE

SUBS

L’AIR DU TEMPS DÉCRYPTÉ GRAND REPORTAGE En Ecosse, le défi de « réensauvagement » de la nature TÉMOIGNAGES Couleur café brésilien

44 CULTURE

NOTRE SÉLECTION CINÉMA, MUSIQUE, LIVRES... LIVRE Les Reines, le nouveau Emmanuelle Pirotte

MUSIQUE Christine and The Queens alias Redcar

LOUS AND THE YAKUZA Âme sensible

CINÉMA Vous n’aurez pas ma haine, le film sur les attentats de Paris LUKAS DHONT Notre représentant belge aux Oscars


TANCE 56 TÊTES-À-TÊTE(S)

60 MAGAZINE

LA RENCONTRE DU MOIS

ENQUÊTES, PORTRAITS, TÉMOIGNAGES

LOUIS GARREL Visiteur du soir

PSYCHO La crise énergétique, on en parle

PHENOMÈNE Joue-la comme Barbie !

VIRGINIE DESPENTES & LEONORA MIORA

Grandes plumes SOCIÉTÉ TikTok, ça marche comment ?


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SUBSTANCE

ÉPOQUE

GRAND REPORTAGE

Megan Rowland, garde-chasse, et Cathy Mayne (à g.), écologue, sont aussi chasseuses professionnelles. Ici, elles surveillent les troupeaux de cerfs à la jumelle.

Leur mission:


réensauvager l’Écosse Dans les montagnes du nord de l’Écosse, des écologistes sanctuarisent et rendent à la vie sauvage des millions d’hectares pour permettre à la nature de se régénérer. L’objectif ? Faire renaître une gigantesque forêt, à l’image de celle qui servait d’écrin aux célèbres lochs il y a deux cents ans. Une démarche à laquelle s’opposent les propriétaires terriens et les entreprises qui les préemptent pour la chasse ou pour faire du «greenwashing». Nos reporters sont allées à la rencontre de ces visionnaires. Par Catherine Castro Photos Elsa Leydier

Navré de vous décevoir, mais il n’y a rien de moins sauvage que ces landes couvertes de bruyère, c’est un désert écologique. Quand vous sortirez d’ici, allez-y, roulez vers l’est, vous comprendrez. C’est un paysage industrialisé sur des millions d’hectares dans un seul but : chasser une seule espèce, la grouse, ou lagopède des saules. » Pendant que Peter Cairns nous assomme de cette perturbante assertion, les sommets indolents de la chaîne des Cairngorms semblent se détacher de l’horizon comme pour contredire ce que l’on n’a pas envie d’entendre. Car au creux des vallées glaciaires qui s’ouvrent au pied de ces montagnes, des lochs de toute beauté s’étirent sur des kilomètres. On peut y voir des cerfs, des oiseaux, de la toundra et oui, de la bruyère. Un téléski également. Le parc national des Cairngorms est considéré comme l’un des vingt plus beaux endroits du monde. Peter Cairns est photographe de vie sauvage et vit ici, à Glenfeshie, au bord d’une rivière. The Big Picture, l’ONG qu’il a fondée, est dédiée au réensauvagement. Ce mouvement écologiste, qui commence à gagner l’Europe, traverse l’Écosse comme une lame de fond. The Scottish Rewilding Alliance, réseau de près d’une trentaine d’associations et ONG, appelle au réensauvagement de 30 % des terres du pays. Certains écologistes préfèrent parler de régénération, ou renaturation. L’idée est de permettre à un environnement de retrouver son fonctionnement naturel • • •


36

SUBSTANCE

ÉPOQUE

et, dans certains cas, de réintroduire des espèces en voie de disparition ou disparues.

•••

REVENONS À LA SAUVAGERIE industrialisée de l’Écosse. Je me rebiffe. Quoi ? la brume mystérieuse qui s’accroche aux crêtes amollies des collines, les routes sinueuses à vous flanquer le mal de mer qui fendent des océans de bruyère, la lande désolée fouettée par des vents rusés, et tous ces moutons, ces chevreuils, tout cela n’a rien de sauvage ? En communicant expérimenté, l’activiste se délecte de ma surprise. « Écologiquement parlant, l’Écosse est complètement flinguée. Vous êtes atteintes de cécité écologique. Ce que vous prenez pour de la beauté est un décor créé au XIXe siècle. » Quand la reine Victoria a décidé que les Highlands et Balmoral étaient le plus bel endroit du monde, et que son mari le prince Albert y a vu un terrain de chasse inégalé, les aristocrates anglais se sont rués sur les grands domaines. Nombre de grands propriétaires s’opposent à toute force aux réensauvageurs qui veulent planter des arbres partout. Pourtant sur les petites routes, de plus en plus de panneaux : On sale (À vendre) coiffent l’entrée d’immenses propriétés. Une ruée vers l’or vert s’est emparée de l’Écosse. De plus en plus d’entreprises rachètent des domaines pour réensauvager et vendre des crédits carbone aux entreprises polluantes (un crédit carbone acheté compense une tonne de CO2 relâché dans l’atmosphère). Des pétroliers comme Shell et des compagnies aériennes acquièrent à prix d’or des millions d’hectares pour compenser leurs émissions. Des ONG environnementales s’y mettent, des milliardaires aussi, comme le Suédois Paul Lister, qui veut réintroduire les loups à Alladale, son domaine au nord des Highlands, ou le Danois Anders Holch Povlsen, actionnaire d’Asos, aujourd’hui le plus grand propriétaire privé d’Écosse avec douze domaines. 560 000 crédits carbone issus des projets écossais ont déjà été vendus. LIAM MCLOONE TRAVAILLE À LA RÉGÉNÉRATION DE LA FORÊT communale d’Arkaig, qui passe par « l’extraction » d’une ancienne plantation commerciale d’épicéas. Pour le jeune entrepreneur de 26 ans, planter des arbres partout n’est pas la solution. « Regarde ces trois collines sur l’autre rive du loch Arkaig. Elles appartiennent au domaine Achnacarry, un des très très gros. » Les reliefs désignés sont plus pelés que la surface de la Lune. « Ils vont y planter des millions de pins calédoniens du même âge. Ce sera une plantation destinée au marché des crédits carbone, pas une forêt. Mais plus grave : en se déplaçant et en creusant les trous pour planter, les engins vont libérer des doses massives de carbone jusque-là séquestrées dans les tourbières. En plus, un arbre ne retient pas de carbone avant trente ou quarante ans. » En clair, l’opération va contribuer à aggraver le dérèglement climatique au lieu de l’atténuer. « Bref, c’est du greenwashing. » De la forêt calédonienne qui couvrait l’Écosse il y a sept mille ans, il ne reste que 2 %. À Glen Affric, cette forêt est en cours de restauration (2). Pins calédoniens, bruyère, mousses, lichens paressent en toute liberté sous un ciel pommelé. C’est féerique et réel, on n’est pas dans un décor de littérature fantasy. Stephanie Kiel, biologiste allemande qui travaille sur le programme de l’ONG Trees for Life,

Ci-dessus Sophie Ramsay, 39 ans, conduit un projet de réensauvagement de 182 hectares du domaine familial de Bamff Wildland, dans le Perthshire, aux portes des Highlands.

explique : « Avant que les arbres ne soient rasés pour fournir du combustible pendant la révolution industrielle et que la lande soit brûlée et les sols drainés pour la chasse à vue et l’élevage de moutons, c’est à cela que ressemblait l’Écosse. » LE PROJET DE TREES FOR LIFE ? Créer une zone ensauvagée de deux cent mille hectares du loch Ness à Kintail sur la côte ouest. Pour réussir, il faudra rallier les propriétaires des domaines de chasse. « Ils nous prennent pour des hippies, des embrasseurs d’arbres. Je suis une femme, que pourrais-je dire au cheikh Maktoum de Dubaï, qui possède un gigantesque domaine de chasse sportive ici ? » Tous ne sont pas hostiles, à l’image de Joanna Macpherson, la propriétaire du domaine d’Attadale, à Strathcarron, qui a fait revenir le saumon dans la Carron en bricolant une unité de reproduction expérimentale. Elle réensauvage pourtant sans se réclamer du mouvement.

“En Écosse, ce que vous prenez pour de la beauté est un décor créé au XIXe siècle.” Peter Cairns, photographe, fondateur de l’ONG The Big Picture


Ci-dessus Le Loch Linnhe, un loch marin. Les tourbières qui l’environnent sont des pièges essentiels à carbone. Ci-dessous Steph McKenna, 22 ans, est ranger saisonnière du John Muir Trust à Ben Nevis.

Contrairement à Sophie Ramsay et sa famille, propriétaires de Bammf Wildland, un domaine de 526 hectares dans le Perthshire. Yeux intenses, visage pâle et cheveux très Hauts de Hurlevent, Sophie est revenue sur le domaine familial pour conduire l’opération de réensauvagement de 186 hectares. « L’idée est de laisser faire la nature. Vous n’allez pas dire à l’eau où créer une zone humide, à un arbre où semer ses graines, c’est vivant une forêt, ça va où ça veut. Bien sûr, on peut stimuler le processus de régénération. Introduire quelques bêtes, cochons, poneys qui, en pâturant, vont créer des disruptions et favoriser la création de nouveaux microhabitats. » Elle s’émerveille du retour des campagnols et des hirondelles, sans être naïve. « Revenir à un écosystème résilient prend des décennies. Mais des microchangements sont visibles rapidement. Montrer qu’il n’est pas trop tard, c’est important. » Paul et Louise Ramsay, ses parents, sont connus comme le loup blanc pour avoir réintroduit le castor sur leur domaine. La propriété est dans la famille Ramsay depuis le XIII e siècle. Le trio, éduqué dans les meilleurs collèges britanniques, nous guide sur un sentier boueux qui serpente le long de deux mares façonnées par des castors. Dans l’eau, des arbres morts tendent leurs branches étiques vers un ciel de plomb. Plus loin, un barrage de branches porte leur signature. Cette image pourrait signer la désolation. C’est un chef-d’œuvre de restauration naturelle. Avant leur réintroduction dans les années 2000, Paul avait bloqué les drains installés dans les champs pour restaurer les zones humides. Désormais, ce sont les animaux qui s’en chargent. Les yeux de l’aristo rebelle pétillent quand il en parle : « Ils purifient l’eau, font remonter le niveau des nappes phréatiques, restaurent la biodiversité ••• et luttent contre la sécheresse. »


38

SUBSTANCE

ÉPOQUE

AU LARGE, UNE PRAIRIE BLONDE D’HERBES FOLLES. Une surface gâchée d’un point de vue productiviste. En cours de régénération d’un point de vue écologiste. Plus loin encore, des arbres immenses et vénérables disent qu’il faut du temps pour tenir debout. « Je suis plutôt fière que ma mère et moi soyons aux manettes. C’est féministe », sourit Sophie, qui a pu occuper cette position parce que son frère aîné ne voulait pas récupérer mais partager le domaine quand le père a passé la main. Dans la salle à manger de l’ancienne tour fortifiée au fil des siècles, une galerie de portraits des précédents seigneurs de Bamff. Une femme y figure désormais, Louise. Celle-ci mesure sa responsabilité écologique en tant que propriétaire de terres à transmettre aux générations futures, mais doit aussi faire au mieux pour que le domaine reste dans la famille. « Le réensauvagement est-il une bonne décision ? Sans subvention, pourra-t-il être pérennisé ? » Elle le souhaite, se dit que c’est possible. Nous repartons sur les petites routes, en chantant et en plombant notre empreinte carbone. Des moutons suicidaires surgissent devant nos phares, une biche aussi, et nous forcent à piler. Dans les Highlands, le cerf est partout. À découvert dans les collines, en sérigraphie sur les coussins du premier Airbnb venu, en trophée sur les murs des pubs, en burger ou en ragoût dans l’assiette. Et dans la mythologie celte, Cailleach est une divinité à bois de cerf. Consacré symbole de l’Écosse par le Scottish Natural Heritage (SNH), l’animal cristallise tout ce qui divise et façonne le pays. 400 000 cervidés vivent dans les collines, et cent mille y sont abattus chaque année pour sauvegarder les écosystèmes. On rejoint Steph McKenna. Titulaire d’un master d’écopsychologie, elle travaille comme ranger saisonnière pour le John Muir Trust, dans le parc national, à Ben Nevis. Son travail de thérapeute consistera à traiter les patient·es dans la nature, à leur apprendre à se connecter à l’environnement •••

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1. Liam McLoone, 26 ans, est le président de l’ONG Akaig

Community Forest. Il travaille à la restauration de la forêt.

2. Le chevreuil fait partie des 400 000 cervidés recensés en Écosse. 3. Réensauvagement, à Glen Feshie, le long de la

rivière, chez Peter Cairns, le fondateur de l’ONG The Big Picture. 4. Glen Affric et Loch Affric : cette zone appartient à Forest and Land Scotland (les Eaux et Forêts écossais). Trees for Life UK y développe un projet de régénération de la forêt calédonienne originelle.

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sensoriellement. Elle nous montre un « arbre » de 12 ans, moins haut qu’une jeune pousse. Il a été tellement brouté par les cervidés qu’il n’a aucune chance de croître. La jeune fille de 22 ans a accompagné sa première chasse au cerf il y a trois jours. « Tu respectes l’animal, tu le chasses sans l’effrayer ni le faire souffrir, et le soir c’est ton dîner. Ça me va. » Peter Cairns, le maître des désillusions, nous avait prévenues : « Avec le réensauvagement, rien n’est noir ou blanc. » MEGAN ROWLAND, GARDE-CHASSE de 30 ans, a organisé une marche dans la péninsule d’Ardnish face aux Hébrides, avec Cathy Mayne, une écologue, chasseuse professionnelle. Cathy connaît par cœur les collines – privées – qui surplombent loch Beag et loch Doire à Ghearrain. Elle y a fait des évaluations écologiques et y emmène chasser des clients. « Regarde là-bas, il y a un groupe de cerfs ! » Cathy me tend le fusil. Une grosse dizaine de kilos de plastique noir poli comme un jouet. « Tu te mets sur le ventre et tu regardes dans la lunette. » Calée sur son bâton à la poignée en corne sculptée, Megan observe avec amusement mon inaptitude à voir autre chose que du noir dans la lunette de visée. Et ma difficulté à comprendre que tuer des cerfs en Écosse est une facette nécessaire de la régénération des écosystèmes. Diplômée en sciences de l’environnement, elle a été végétarienne pendant dix-huit ans. Elle travaille actuellement pour le gouvernement écossais sur la gestion des cervidés.

Voir crapahuter ces deux humaines sur les pentes abruptes remet quelque chose à sa place. « L’humain est un animal, il fait partie de l’écosystème », rappelle Cathy. Dans un environnement sans grand prédateur carnivore, son fusil le place au sommet de la chaîne alimentaire. Une brise amicale nous frôle en douceur. Plus tôt, Megan a raconté une histoire. Un jour, son compagnon chasse avec son père. Il faut tirer le moins de balles possibles. Le jeune homme repère une biche pile en dessous de lui. Il lui saute dessus avec son couteau pour seule arme. « L’instinct de vie de ces animaux est phénoménal. La biche s’est débattue comme une lionne, l’a défoncé à coups de sabots sur tout le corps et la tête. Il n’a pas eu le dessus, elle s’est échappée. » Un animal lui avait flanqué la correction de sa vie. Sans fusil, l’humain n’est plus au sommet de la chaîne alimentaire. En rentrant à Fort William, on file dans le meilleur restaurant d’Écosse, le Ben Nevis Inn. On commande un burger de cerf. Un truc dingue qui sent la forêt, l’humus, la tourbe. Un truc beau et bon qui rend hommage à cet animal magnifique. Dans cette auberge de montagne où tout est simple, soudain, on pense à la violence mise sous vide dans une barquette de viande au supermarché, à la misère et la souffrance cachées dans un blanc de poulet ou un bloc de tofu importé. Les écologistes écossais nous ont ensauvagées. 1. Source : theferret.scot. 2. Un projet élaboré par Trees for Life UK,

en partenariat avec Forest and Land Scotland, équivalent de l’Office national des Eaux et Forêts français.


SUBSTANCE

ÉPOQUE

BELL HOOKS LA PIONNIÈRE OUBLIÉE

Poétesse et auteure, cette intellectuelle américaine a dévoilé le mécanisme des oppressions croisées. La fameuse “ intersectionnalité ”, à l’aune du combat, de l’amour et de la croyance en l’être humain. Par Françoise-Marie Santucci

Elle a disparu récemment et n’était pas si méconnue… Pourtant, bell hooks reste une pionnière, de celles qui ont révolutionné le féminisme. Née au début des années 50 dans le sud rural des États-Unis encore en proie à la

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ségrégation raciale, Gloria Jean Watkins (son vrai nom) est issue d’une famille de la classe populaire. Dès l’enfance, elle lit énormément. Puis fait de brillantes études. Devient professeure de littérature. Dès l’un de ses premiers ouvrages,

Ne suis-je pas une femme ?*, une ode aux femmes noires américaines, elle décortique le féminisme d’alors (les années 70) : celui des femmes blanches de la classe moyenne ou supérieure. Son œuvre se décline en recueils de poésie, essais, livres pour enfants ou mémoires, sous le nom de plume bell hooks (celui de son arrière-grand-mère), qui s’écrit sans majuscules, une manière de s’effacer derrière les mots. Mais sa pensée est précise et visionnaire. Elle démasque la prétention à « l’universalisme » des féministes blanches, qui ne prennent pas en compte le vécu des femmes noires et au-delà, de toutes celles qui se situent « aux marges du centre » : les pauvres, les lesbiennes, les ouvrières, les prostituées… Ses théories ouvrent la voie au « black feminism » et à cette intersectionnalité qui agace tant aujourd’hui et semble une évidence. Le fait d’être une femme ne s’apprécie-t-il pas à l’aune d’un ensemble de facteurs imbriqués – outre le sexe, la couleur de peau, la classe sociale et le genre ? Mais bell hooks garde espoir. Pour déjouer la domination économique, sexuelle ou raciste, elle compte sur l’engagement politique et la poésie, la sororité et l’inclusion des hommes. Par-dessus tout, avance-t-elle, la meilleure manière de s’émanciper, c’est par l’amour. À la suite de Martin Luther King et son fameux « j’ai décidé d’aimer », bell hooks délivre une conception du combat humaine et pleine d’espoir. Cette grande dame meurt l’an dernier à 69 ans, ayant inspiré d’innombrables femmes, parmi lesquelles Roxane Gay, Rokhaya Diallo ou… la top model Emily Ratajkowski. (*) Éd. Cambourakis.

Au rythme où vont les évolutions sociétales et comme en atteste un nouveau rapport publié par le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA), il se passera encore trois siècles avant qu’on puisse parler de réelle égalité des sexes. Les défis mondiaux tels que la pandémie de coronavirus et ses conséquences, les conflits violents, les changements climatiques et les prises de position extrémistes relatives à la santé et aux droits sexuels et reproductifs des femmes aggravent davantage les disparités entre les sexes. Ainsi, l’objectif qui consisterait à atteindre une véritable égalité d’ici 2030, telle qu’inscrite dans les objectifs de développement durable des Nations Unies, semble à ce stade irréaliste. M.V.

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SUBSTANCE

ÉPOQUE

Des planteuses de café sauvées par le commerce équitable

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Organisées en coopératives, les planteuses de café du sud-est brésilien produisent, dit-on, l’un des meilleurs cafés au monde. Récit de leur quotidien bouleversé par les changements climatiques et, en partie, préservé par le label Fairtrade.

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ans la Serra da Mantiqueira, bananiers, palmiers et caféiers s’étendent à perte de vue. Cette région du sud-est du Brésil est célèbre pour son café, dont la qualité a déjà permis à ses producteurs locaux de rafler de multiples prix lors de concours internationaux. Ils sont soutenus par Fairtrade, qui opère ici depuis 1998. Le leitmotiv de cette association sans but lucratif ? Ensemble, on est plus forts. C’est pourquoi elle choisit de travailler exclusivement avec des organisations entières, jamais avec des agriculteurs individuels. Dans la Serra da Mantiqueira, il s’agit de la coopérative Ascarive. « Nous réunissons 117 exploitations, dont 11 sont dirigées par des femmes », explique Maria Paula Rocha, directrice d’Ascarive. « Nous soutenons les agriculteurs sur le plan financier, logistique et technique. Mais nous leur apportons également un soutien moral, du courage et de la force. » Avant le lancement du système Fairtrade, les producteurs locaux – souvent des sociétés familiales – étaient trop petits pour exporter eux-mêmes leur café. Rassemblés au sein d’une coopérative, ils sont en meilleure position pour négocier : les agriculteurs obtiennent un prix plus stable et meilleur pour leur récolte, ainsi qu’un accès au marché mondial. Cela leur permet de vivre de leur travail et d’investir dans un avenir durable. « Grâce à Fairtrade, nos grains de café se retrouvent dans les rayons des supermarchés du monde entier »,

poursuit Maria Paula. « En Belgique, Delhaize, entre autres, s’approvisionne en café auprès de notre coopérative pour sa gamme Latitude 28. Recevant un prix équitable pour leurs grains, les petits agriculteurs sont en mesure de prendre en main leur sort et d’organiser leur travail comme ils l’entendent. S’ils veulent obtenir le label Fairtrade, ils doivent satisfaire aux exigences internationales. Fairtrade est synonyme de production et de développement durables, de culture respectueuse de l’environnement et de respect des droits des travailleurs. » RECHERCHE DE SOLUTIONS

Après une carrière de maçon, Paulo, le père de Maria Paula, a commencé il y a douze ans à travailler comme cultivateur

PRESSE. MARIE-FRANCE VODIKULWAKIDI.

Par Kim De Craene


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1. Luciane Santos Mota est

l’inspiration rêvée des femmes de la région. 2. Les baies de café sont séchées à l’air libre après la récolte.

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3. Pour les cueilleurs

sur la plantation, la récolte se fait manuellement. 4. Les fruits d’un caféier. 5. Serra de Mantiqueira : des bananiers et buissons de café s’étendent à perte de vue.

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cherchent des solutions. Ils cultivent de nouveaux plants de café qui sont plus résistants aux conditions climatiques capricieuses. Le commerce équitable, quant à lui, leur permet de percevoir des avances sans intérêts. DE LA DÉPRESSION À LA PASSION

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de café, avec l’aide de Fairtrade. Il a suivi des formations en agriculture durable. Aujourd’hui, le succès est au rendez-vous. « Nous sommes des gens spéciaux, nous produisons du café spécial, pour des gens spéciaux », entend-on là-bas. Paulo a de la chance : sa femme, ses trois filles et ses petits-enfants travaillent dans l’entreprise. Il n’en va pas toujours ainsi. « Les jeunes migrent de plus en plus vers les grandes villes pour étudier et travailler », explique Maria Paula. « Les successeurs désireux de poursuivre le travail sont rares. Le changement climatique constitue également un défi. La sècheresse se prolonge, la pluie tombe hors saison. Cette imprévisibilité occasionne du stress : la qualité des grains diminue et nous perdons une partie de la récolte. » Aux côtés de Fairtrade, les agriculteurs

Ce qui est frappant dans le secteur du café, c’est qu’une large part du travail incombe aux femmes, alors que ce sont souvent les hommes qui perçoivent les revenus. Pour de nombreuses femmes de la région, Luciane Santos Mota est une figure inspirante. Mariée à dix-neuf ans, elle a subi des violences physiques et psychologiques de la part de son mari. Après quatre ans, elle l’a quitté. « Avec le peu que j’avais, j’ai construit une maison avec une petite salle de bain, une cuisine et un salon dans le jardin de mes parents. Malgré une grave dépression, je suis allée travailler comme cueilleuse dans une plantation de café. » Son grand bonheur : avoir renoué avec Wilson, son premier amour. « Nous nous sommes mariés et avons commencé à cultiver et à vendre des légumes biologiques, sur un terrain que Wilson a hérité de sa grand-mère. En 2013, nous avons décidé de nous concentrer sur le café, une passion que j’ai héritée de mes parents, également cueilleurs. » Aujourd’hui, c’est Luciane qui prend les décisions importantes, avec le soutien total de son mari. « Pourtant, le quotidien est semé d’embûches : le machisme, le changement climatique et, surtout, un travail harassant. Le café requiert énormément de travail. Mais nous nous montrons reconnaissants : la terre rend toujours ce qu’on lui donne. »


Le musée anversois De Reede, exclusivement dédié à l’art graphique, possède une riche collection d’estampes de Francisco Goya, Félicien Rops et Edvard Munch. Il propose, actuellement, une exposition temporaire de l’œuvre à la beauté émouvante d’Eugeen Van Mieghem. Par Etienne Heylen

Peu d’artistes belges montrent un lien aussi étroit avec leur ville natale qu’Eugeen Van Mieghem (1875-1930). Dans sa jeunesse, il est confronté à la dure existence sur le front de mer et comme aucun autre, il dépeint déjà la vie de l’homme ordinaire vivant et travaillant dans un port mondial. Vers 1892, il entre notamment en contact avec la peinture de Vincent van Gogh et Henri de Toulouse-Lautrec, à l’Académie d’Anvers, puis se familiarise à Bruxelles avec celle d’Edvard Munch, qui l’inspire abondamment. Inspiré par l’émigration massive des Européens vers l’Amérique, son travail est unique. En 1902, il épouse sa fiancée Augustine Pautre, une Bruxelloise, élève à l’Académie d’Anvers. D’elle, il réalise une série de dessins poignants. À l’hiver 1904, elle joue le rôle de modèle nue pour lui et ses amis, mais peu de temps après, elle succombe à la tuberculose. Dans les dernières semaines de sa vie, l’artiste continue de dessiner sa muse. Cette série de dessins magistraux, l’un des points forts de son œuvre, les rend immortels, lui et sa femme. Broyé par la perte d’Augustine, Van Mieghem ne put exposer durant six ans.

Eugeen Van Mieghem, Augustine Pautre 1900

BEAUTÉ DISCRÈTE

Eugeen Van Mieghem – Augustine in liefde en leed, jusqu’au 16 janvier au musée De Reede, Quai Ernest Van Dijck 7B. museum-dereede.com

AGENDA Le voyageur et son ombre

L’artiste Xavier Noiret-Thomé offre un regard vivifiant sur les collections de Thomas Neirynck et des époux Duvivier, en dépôt depuis plus de dix ans au BAM et aujourd’hui conservées à l’Artothèque. Une façon originale et inattendue de (re)découvrir ces œuvres sous un autre angle. Jusqu’au 8 janvier au BAM à Mons. bam.mons.be BRUXELLES

75 anni di Ferrari

Une quinzaine de modèles exclusifs sont

exposés pour souffler la 75e bougie de la firme transalpine. La crème de la crème pour partir à la (re)découverte de ce logo mythique et d’en apprendre les origines. Inédit. Avis aux passionné.e.s ! Jusqu’au 4 décembre à Autoworld. autoworld.be LIÈGE

Collectionneuses Rothschild

Conçue en partenariat avec le Musée du Louvre, l’exposition plonge dans l’univers de la famille Rothschild, plus particulièrement dans les collections de certaines femmes de la branche familiale française. Plus de 350 oeuvres de

toutes époques et de tous horizons.

Jusqu’au 26 février, Parc de la Boverie à Liège laboverie.com LILLE-COURTRAI-TOURNAI-VALENCIENNES

Next Festival 2022

15e édition très attendue de NEXT, festival international de théâtre, de danse et de performance: 40 spectacles sur 20 scènes de France et de Belgique. Une sélection exigeante de nouvelles créations et d’artistes confirmés, et 12 premières nationales d’artistes de premier plan. Du 10 novembre au 2 décembre dans 12 villes dans et autour de l’Eurométropole. nextfestival.eu

PRESSE.

MONS


CULTURE

EXPOS

SUBSTANCE

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La culture illumine et affine l’esprit… Par Etienne Heylen et Aurélia Dejond

HYMNE À L’ESTHÉTISME Shin-hanga, ou la nouvelle estampe, est née au début du 20ème siècle. Le Japon dut faire face à un raz-de-marée d’influences européennes telles la photographie et la lithographie. La production de gravures sur bois diminua considérablement en raison de ces techniques importées, et la crainte que la culture japonaise ne se transforme en copie de l’Occident se fit jour. L’éditeur Watanabe Shōzaburō tenta de sauver l’art du shin-haga et pour ce faire, s’entoura des meilleurs artistes dont il produisit les dessins. Bien que la plupart des thèmes classiques soient couverts, comme les paysages, « bijin » (belles femmes), les acteurs de kabuki et dessins de fleurs et d’oiseaux, les estampes shin-hanga reflètent également la modernisation du Japon et expriment une nouvelle esthétique à la production très soignée. Le Musée rassemble quelque 220 estampes de différentes collections. Shin hanga, jusqu’au 15 janvier au Musée Art et Histoire, Parc du Cinquantenaire 10 à Bruxelles. Info : artandhistory.museum

Kawase Hasui, de Hwahong-poort.

S.WATANABE COLOR PRINT CO. PRESSE.

ÉGYPTOMANIE Ça vaut le déplacement ! Le musée est non seulement situé dans un magnifique parc, mais l’angle de l’exposition est absolument unique. Des œuvres qui reflètent l’imagination des designers et des artistes du passé et du présent. Après tout, l’Égypte nous fascine depuis 2.000 ans et nous apprenons encore et toujours sur son riche passé. L’Égypte ancienne est omniprésente dans les musées, mais aussi dans les jouets pour enfants, la publicité, les bandes dessinées, les collections, les

récits de voyage, les créations artistiques, les films de science-fiction, les magazines de mode et les jeux vidéo. L’exposition va du culte de la déesse égyptienne Isis avec les Gallo-Romains à Monica Bellucci dans Astérix et Obélix, la Mission Cléopâtre en passant par Rihanna, qui rend un fier hommage à Néfertiti en couverture de Vogue. Égypte. Éternelle passion. Jusqu’au 16 avril au Musée Royal de Mariemont, Chaussée de Mariemont à Morlanwelz. Info : musee-mariemont.be

Ramses hipster en marbre, Léo Caillard.


46 SUBSTANCE CULTURE

LIVRE Par Aurélia Dejond

nante, qui serait forcément moins offensive ou agressive, était un leurre et un stéréotype genré en soi. Un matriarcat ne serait pas incontestablement plus paisible ou serein, l’idée même de la femme « gentille » est une caricature en soi, véhiculée sans relâche et qui contribue à ancrer les clichés. Dans votre monde d’après, la notion même de sororité est loin d’être l’idéal véhiculé dans l’imaginaire collectif actuel…

Pour en finir avec les clichés sur le règne féminin Cette exploratrice hors pair sonde l’âme humaine avec une précision quasi chirurgicale. Dans Les Reines, son dernier roman, ses héroïnes l’ont surprise à son insu et montrent à quel point le goût du pouvoir n’est pas genré, contrairement aux idées reçues. Une épopée magistrale sur fond d’apocalypse. Vous imaginez un nouveau monde dirigé par des femmes : espoir, illusion ou revanche idéale ?

L’univers que j’ai projeté s’est construit par étapes… Sans doute, était-ce un début de fantasme qui aurait pu devenir une utopie ? J’ignorais complètement ce que mes héroïnes feraient du monde dans lequel je les avais plongées. Un règne féminin, loin de nos sociétés patriarcales, que j’imaginais moins violent, pétrie sans doute de stéréotypes malgré moi, comme si la femme était, en effet, moins barbare. Or, j’ai réalisé que l’image de la femme domi-

L’avenir sera féminin ou ne sera pas ?

Je pense plutôt que l’avenir sera… ou non. Peutêtre même non humain ? L’équité, je n’y crois pas. Je ne suis pas convaincue de la possibilité pour les femmes et les hommes de vivre en parfait équilibre. Les mouvements féministes actuels sont assez radicaux, pour beaucoup. Je me méfie de la haine du masculin. Mais cette hyperviolence est la conséquence d’une lenteur inouïe en matière d’égalité. Dans l’univers que je propose, le féminin régnant n’est pas plus idéal que le patriarcat, mais on y observe tout de même une autre manière d’être au monde, dans le respect et la vénération du vivant. J’ai découvert l’écoféminisme en écrivant ce roman. Ce livre est plein de pulsions de vie. Je suis romancière car je crois à la puissance des histoires. Les êtres humains se définissent par leur capacité à (s’) en raconter, ils se structurent et se rassemblent par le récit. Les Reines, Emmanuelle Pirotte, Le Cherche midi, 21 €.

LEONARDO CENDAMO.

EMMANUELLE PIROTTE

Mes héroïnes, dans un premier temps, sont sidérées d’être au pouvoir et y prennent goût. Elles vont jusqu’au bout d’elles-mêmes et ne sont absolument pas moins féroces qu’un homme dominant ou décideur. Qu’il s’agisse de littérature ou de cinéma, notamment, on réduit souvent la sororité à la bienveillance, à l’ouverture et à l’empathie. Or, c’est beaucoup plus nuancé. La communication entre les femmes est sans doute plus lumineuse, oui. Dans l’univers que j’ai imaginé, on se réapproprie la connexion à soi et à l’autre et la notion d’être ensemble. Un peu à la manière des arbres qui ont la faculté de communiquer à distance. On est ouvertes, on cherche à comprendre l’autre. Mais cette sororité n’empêche pas d’être ennemies !


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MUSIQUE

La reine Christine clame Vive le roi !, Warhaus se barre en Sicile, Cléo plus que de 5 à 7 et Jeanne Added en mode synthé noir dans les écouteurs. Par Joëlle Lehrer

ON SUIT

Christine and The Queens/ Redcar On l’a appelée Héloïse, Christine and The Queens et Chris, aujourd’hui, c’est sous le pseudo de Redcar (juste une voiture rouge…) que cette artiste fascinante livre un opus ambitieux. Rien de moins que la bande originale d’un spectacle total alliant la musique à la danse. Considéré comme une construction poétique et philosophique, Les Adorables étoiles (prologue) comprend pas moins de treize morceaux. Majoritairement chantés en français mais tous produits par Mike Dean (Kanye West, Lana del Rey,…) On reconnaîtra son appétit pour l’électro-pop avec quelques notes de blues comme dans Combien de temps, le plus long titre de l’album. L’artiste se genre désormais au masculin dans la sphère privée comme dans la vie publique. Christine and The Queens/Redcar, Les Adorables étoiles (prologue), Because/Virgin Music, sortie le 11 novembre.

JONAGRAPHE. TITUS SIMOENS. PRESSE.

ON SAVOURE

Warhaus

Le projet parallèle de Maarten Devoldere, entamé il y a quelques années, s’est poursuivi en Sicile… C’est, en effet, à Palerme que l’auteur-compositeur s’est replié pour écrire ce nouvel album romantique et chaud. Warhaus, -désormais sans Sylvie Kreusch dont la présence, ici, nous manque-, s’inspire, en partie, de Leonard Cohen, Sade et même Marvin Gaye pour égrener le thème de la rupture sentimentale. Et c’est forcément sexy mais moins italien qu’attendu. Warhaus, Ha Ha Heartbreak, PIAS, sortie le 11 novembre.

ON DÉCOUVRE

Cléo

Cela fait un moment que cette jeune Bruxelloise se balade entre ici et Paris pour faire entendre sa voix. Et de la voix, Cléo, elle en a comme l’atteste son premier E.P. Auteure-compositrice et interprète, elle est indéniablement marquée par la chanson française classique et gagnerait plus de visibilité en élargissant sa palette musicale vers l’urban pop. Indépendante, Cléo assume pleinement sa liberté qui, du jour au lendemain, peut lui faire prendre un vol vers La Havane… Cléo, Mémo vocal, Autoprod.

ON RETROUVE

Jeanne Added

Il faut avoir vu cette Française sur scène pour savoir à quel point elle est captivante. Ce troisième album, assez noir, lui donne l’occasion de faire un titre en français, Au Revoir, qui aurait pu clore l’opus. Nappé par les synthés, By Your Side a été produit par Renaud Letang et met en avant la voix et les textes de Jeanne. Mais ça manque, sans doute, d’un ou deux titres entraînants. Jeanne Added, By Your Side, Believe.


LOUS AND THE YAKUZA “ Je me protège en

restant loin du chaos ”


CULTURE

J’ai l’impression qu’il y a chez vous une part de mysticisme.

Son nouvel album, Iota, a été conçu entre Los Angeles, New York, Miami et Mexico. Lous n’a jamais autant voyagé que cette dernière année. Et ce ne sont pas seulement de nouvelles chansons qu’elle a ramenées de ces déplacements comme elle le raconte dans cet entretien spontané. Par Joëlle Lehrer

Dans le bol de gommes sucrées posé sur la table, elle ne va choisir que les jaunes et les bleues. Le bleu pétant est aussi la couleur de ses sandales. Et elle porte un jean baggy qui laisse apparaître un caleçon mauve. Lous and The Yakuza est habillée comme une rappeuse même si elle ne fait toujours pas de rap. Mais des rappeurs sur son nouvel opus, on en entend. Ainsi Benjamin Epps et Damso. Le son de Iota est extrêmement urbain. Avec une in flu ence latino. R ien d’étrange. C’est le son de l’époque. Ce nouvel album s’intitule Iota. Qu’avezvous de commun avec l’alphabet grec?

Rien, par contre, je ressens quelque chose à l’égard de la signification française. Un iota. Cela désigne une quantité infime, presque rien.

CHARLOTTE WALES.

Iota débute par une sorte de prière qui aurait pu être enregistrée dans une chapelle.

En effet. Et cela me donne une idée pour faire un chouette visuel. Pour l’instant, je préfère le confort du studio. Cela me permet de me concentrer sur beaucoup de choses et actuellement, je ne suis pas sur la captation alternative. J’aime les prises de sons bien propres qui dépendent de facteurs que je peux contrôler.

On me le dit souvent mais je ne sais pas si c’est aussi mystique que ça. J’ai une part de spiritualité faite de plein de choses que j’ai apprises, construites et déconstruites. Quand on a été éduquée dans une certaine religion, c’est compliqué d’en sortir. D’ailleurs, je ne ressens pas l’envie de sortir de ma religion, le christianisme, mais j’avais envie de me positionner par rapport à ça. Savoir pour qui je devais chanter des louanges. C’est peut-être cela que vous ressentez. Dans Autodéfense, vous faites des rimes avec « confiance », « méfiance », « enfance », « innocence ». Quel est le lien, selon vous, entre ces états ?

Dans notre enfance, nous sommes tous innocents. C’est la beauté même de l’enfance. L’ignorance peut créer la paix intérieure. Tant qu’on n’est pas au courant des maux du monde, on ne peut pas en souffrir. Quand, petite, j’ai appris qu’il y avait la famine et la guerre, cela m’a brisé le cœur. Un enfant n’est pas prêt à entendre ça. Quant à « confiance » et « méfiance », il s’agit de mes relations avec à peu près tout le monde. J’ai confiance en tout le monde et je me méfie de tout le monde.

SUBSTANCE

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ce n’est pas mon souhait. Je n’ai pas envie d’attirer l’attention. Être au centre de l’attention me met mal à l’aise. Dans La Money, vous dressez le constat assez triste d’une relation sentimentale où l’argent vient tout gâcher parce que la femme gagne plus que l’homme. Qu’avez-vous appris de ça ?

Beaucoup d’hommes ne sont pas à l’aise avec le fait que leur conjointe gagne bien sa vie. J’ai trouvé ce problème tellement ridicule que j’ai choisi de chanter ce morceau en criant. L’autre est censé être content si je réussis bien ma vie. Mais la haine ou la jalousie, cela m’a mise en rage. Tout pouvait briser cette histoire mais si on m’avait que c’était l’argent qui le ferait… Toutes les femmes que je connais dans ce métier connaissent ou ont connu ce genre de situations. Votre regard sur le monde a-t-il changé ces deux dernières années ?

J’ai beaucoup lu et beaucoup vécu. Et je pense que c’est le combo gagnant pour changer de philosophie. J’ai compris ce que causait l’égo dans la vie et je me suis engagée dans une bataille sainte contre ce dernier. Je veux que mon égo n’existe que lorsque j’en ai besoin et non qu’il me surprenne.

Et comment vous protégez-vous ?

Ah ! Ça, je l’ai appris, cet été. Je protège mon esprit en ne parlant pas quand les gens veulent que je le fasse. On veut tout le temps que je parle et on m’appelle toutes les dix minutes. Et je me suis rendu compte que bien souvent, cela pouvait attendre. Alors, autant que je prenne du temps pour moi. Je me protège en restant loin du chaos. Au quotidien, chez moi, je suis très calme. Je lis énormément. J’ai vidé trop de fois mon énergie avec de mauvaises personnes. Et depuis cet été, j’ai décidé que c’était terminé. Je place mon énergie en priorité et cela ne plaît pas à beaucoup de personnes. J’ai choisi de passer au premier plan pour la première fois de ma vie. Pourtant, vous avez choisi d’être artiste, « frontwoman », donc d’être au premier plan.

Je ne suis « frontwoman » que lorsque je me trouve sur scène. Sinon, dans ma vie,

Quand vous a-t-il surprise ?

Lorsque j’agis comme une merde. Mais quand j’agis comme ça, cela n’a rien à voir avec mon statut d’artiste. C’est plutôt lorsque je fais une mauvaise blague. J’ai un humour très noir. D’ailleurs, je me garde de le montrer en public. Il m’arrive aussi d’adopter un ton autoritaire. Pour en revenir à la question précédente, depuis le Covid, Black Lives Matter, l’Ukraine, la révolte des Iraniennes, bien sûr, le monde a changé. J’ai cessé de regarder les infos, ça me faisait pleurer. Quels sont les endroits à Bruxelles que vous recommanderiez à un ami étranger?

Le Parvis de Saint-Gilles et particulièrement, le Café Flora. C’est là que j’aime lire, écrire et manger un burger au poulet. Et j’aime aller à Matongé pour acheter des perruques ! Lous and The Yakuza, Iota, Sony Music, sortie le 11 novembre.


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SUBSTANCE

CULTURE

CINÉMA

Des dates anniversaires qu’on ne peut oublier, du grand spectacle, des voyages singuliers au Mexique et aux États-Unis…et un petit avant-goût des prochains Oscars. Par Joëlle Lehrer

ON SE SOUVIENT C’était le 13 novembre 2015. Paris connut les attentats les plus meurtriers de son histoire. Au Bataclan, au Stade de France et aux terrasses des cafés des 10e et 11e arrondissements. Revendiqués par l’État islamique, ils firent 131 morts et 350 blessés. Parmi eux, Hélène, la femme d’Antoine Leiris. Ce journaliste trouva la formule pour répondre aux terroristes : « Vous n’aurez pas ma haine ». Cette phrase est devenue un livre, puis un film… Adapté au cinéma par Kilian Riedhof, ce drame poignant est incarné par Pierre Deladonchamps, Camélia Jordana et Thomas Mustin. Il n’y a aucun autre film, ce mois-ci, qui colle autant avec des événements aussi marquants et aussi proches de nous. Vous n’aurez pas ma haine, de Kilian Riedhof, avec Pierre Deladonchamps, Camélia Jordana et Thomas Mustin, sortie le 16 novembre.

Bardo, fausse chronique de quelques vérités, de Alejandro González Inárritu, avec Daniel Gimenez Cacho, Griselda Siciliani et Ximena Lamadrid, sortie en salles le 16 novembre et sur Netflix le 16 décembre.

ON EN PREND PLEIN LES YEUX

Voici le blockbuster du mois. Black Panther : Wakanda Forever, de Ryan Coogler, produit par les studios Marvel, cette suite dévoile comment les Wakandiens vont protéger leur nation à la mort du roi T’Challah. Gros casting, mise en scène insistant sur le spectaculaire, le film réussit à rendre hommage au regretté Chadwick Boseman et à introduire de nouveaux superhéros. Black Panther : Wakanda Forever, de Ryan Coogler, avec Letitia Wright, Angela Bassett et Lupita Nyong’o, sortie le 9 novembre.

ON SAIGNE

Basé sur le roman éponyme de Camille DeAngelis, Bones and All, permet à Luca Guadagnino de retrouver Timothée Chalamet après l’énorme succès de Call Me By Your Name. Mais, on n’est pas du tout dans le même registre. L’histoire raconte le périple d’un jeune couple cannibale dans les étendues peu peuplées des Etats-Unis… Gore et romantique, ce film a permis à Guadagnino de remporter le Lion d’argent du meilleur réalisateur et à l’actrice Taylor Russell le Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir à la Mostra de Venise. Bones and All, de Luca Guadagnino, avec Timothée Chalamet et Taylor Russell, sortie le 23 novembre.

KOMPLIZEN FILM. METRO GOLDWYN MAYER PICTURES.

ON PART AU MEXIQUE

Alejandro González Inárritu, réalisateur multioscarisé s’il en est, livre un long film très autobiographique et existentiel avec Bardo, fausse chronique de quelques vérités. Il se raconte, en effet, sous les traits de ce personnage de journaliste-documentariste mexicain, vivant à L.A., qui retourne dans son pays natal pour y recevoir un prix. Ses souvenirs persos croiseront l’histoire du Mexique dans cette comédie dramatique filmée avec brio et fluidité. Une œuvre qui devrait prendre place dans la course aux Oscars.


x Bozar EXPO

ALEXANDRIE: FUTURS ANTÉRIEURS, AUJOURD’HUI, ICI

COURTESY OF THE ARTIST AND GYPSUM GALLERY. WENZEL STÄHLIN.

Il n’y a pas que les vieilles chansons dans la vie. Et Alexandrie la mythique le prouve, loin des clichés, éclairée par les visions d’artistes contemporain·e·s posées sur son Histoire. La ville portuaire égyptienne, fondée par Alexandre le Grand en 330 avant J.-C., en a vu passer des époques, entre faste, cultures mêlées et complexité politique. Avec 200 œuvres archéologiques issues des plus grandes collections muséales européennes et des créations de 17 artistes contemporain·e·s, l’exposition balaye les clichés attachés à la ville et s’empare de ses paradoxes pour parler d’urbanisme, de religion, du pouvoir et du savoir. Trois nouvelles créations ont été spécialement conçues par Wael Shawky - connu pour ses marionnettes « incarnant » des personnages mythologiques ou historiques -, Jasmina Metwaly, portée par une volonté d’interroger notre rapport au passé, et Mona Marzouk, qui compose pour cet événement un musée imaginaire mêlant créations architecturales, images hybrides et objets d’antiquité. L’exposition souligne les aspects critiques et poétiques de cet endroit du globe en proie à tous les fantasmes. Alexandrie fut, Alexandrie est. Patrimoine, temps présent et passé font oublier les refrains surannés. A voir jusqu’au 8 janvier 2023 à Bozar.

Maha Maamoun, Domestic Tourism I : Beach, 2005 C-print. Céline Condorelli, White Gold, 2012. Installation view, GfZK, Leipzig. Cet article a été réalisé en étroite collaboration avec Bozar. www.bozar.be


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SUBSTANCE

CULTURE

LUKAS DHONT, le sens et la sensibilité

Close est assurément le film belge le plus attendu de cette fin d’année. Parce que signé par Lukas Dhont et récompensé du Grand prix du jury à Cannes, il offre un regard différent sur l’amour et la masculinité, l’intimité et le monde extérieur. Son réalisateur en parle avec les mots justes. Par Joëlle Lehrer

Vous présentez Close comme étant un film sur l’amitié. Mais c’est aussi un film sur le harcèlement scolaire.

Il y a des scènes de harcèlement scolaire mais peu. Je le vois plutôt comme le regard sur une société qui a des attentes à l’égard des jeunes, attentes liées aux normes sur la masculinité. C’est donc davantage un film sur la

masculinité. Aujourd’hui, il y a un immense mouvement féministe nécessaire mais dans la presse, la masculinité est associée à quelque chose de toxique. Et au concept du patriarcat qui est, désormais, négativement connoté. Mais moi, en tant qu’homme jeune, j’ai envie de voir un autre type de masculinité, d’ouvrir un dialogue sur ce thème et de me questionner sur ce qu’est un garçon qui grandit. Dans ce monde, apparemment, être un homme signifie être distant, indépendant, protéger son égo. Mais si c’est cela être un homme, jamais je ne me suis senti en être un. Cela ne signifie pas que je me considère comme non-binaire mais ce concept-là de la virilité, je ne l’ai jamais incorporé. En réalité, je me suis toujours senti plus proche du monde fémi-

nin. Un monde de douceur et de tendresse. Je voulais montrer une relation tendre entre deux jeunes êtres et comment l’idée de la performance masculine allait créer une rupture. Léo et Rémy, les héros de ce film, sont innocents au sens premier du terme : ils ne savent pas. Cette innocence semble vous toucher.

Oui, en même temps, l’image de deux jeunes garçons dans un lit, le spectateur la sexualise. J’en suis conscient. Nous ne sommes pas habitués à la sensualité qui est la leur. On a plus l’habitude de voir des images d’hommes se combattant. Je voulais aussi parler de l’intimité et de l’amour au sens large. L’amour peut être multiple. Et à ce moment de leur vie, il ••• ne porte pas encore un nom.

MAYLI STERKENDRIES.

Alors que le ciel est assombri au-dehors, Lukas Dhont arrive avec les couleurs d’un arc-en-ciel et un sourire qui chasse les nuages. Et pile à l’heure pour notre rendez-vous. Si vous avez aimé Girl, vous aimerez aussi Close, son nouveau long métrage. Il représentera la Belgique aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger. C’est tout dire.



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SUBSTANCE

CULTURE

L’acteur qui tient le rôle de Léo est danseur tout comme l’est Viktor Polster, l’acteur de Girl. Auriez-vous aimé être danseur ?

Oui, quand le corps danse, cela peut prodiguer tellement de bonheur. En fait, avant de devenir réalisateur, j’ai voulu être danseur. Je pense que j’aurais essayé la danse contemporaine. Lors de mes études cinématographiques, j’étais toujours proche des chorégraphes. J’étais à côté de Jan Martens, quand il créait ses ballets, et dès que je l’ai pu, j’ai travaillé avec Sidi Larbi Cherkaoui. Être à leurs côtés m’a énormément appris. Je crois que j’écris mes scénarios comme un chorégraphe. Parce que vous visualisez les mouvements de vos interprètes ?

Oui, les mouvements et les contrastes des mouvements. Je les vois mieux que les dialogues qui me viennent moins naturellement. Eden Dambrine, qui joue le jeune Léo, étudie la danse à l’Académie royale d’Anvers tout comme Viktor Polster. Est-ce un hasard ?

De la même façon que je me sens attiré par les danseurs et le monde de la danse, je pense que ce monde et ses danseurs viennent aisément à moi. Il existe une alchimie. Mais je ne crois pas au hasard. Je crois au destin. Pour encadrer Eden Dambrine et Gustav De Waele, les jeunes héros de Close, vous avez casté Émilie Dequenne et Léa Drucker, deux splendides actrices très expérimentées qui, en plus, sont de belles personnes.

Avec des comédien.nes d’un certain niveau, on peut se demander pourquoi encore leur faire passer des castings. Mais si j’en fais, ce n’est pas pour me rendre compte qu’ils ou elles peuvent jouer ou pas. Je veux juste me rendre compte que la collaboration est possible et qu’il y a une sensibilité et une humanité que je recherche. Il m’importe de créer une intimité. Avec moi, les répétitions, c’est surtout passer du temps ensemble. J’organise des dîners chez moi, j’emmène mes acteurs et actrices à la mer. Et je leur demande d’investir de leur temps. Je ne répète rien. Je veux juste qu’on apprenne à se

“ J’écris mes scénarios comme un chorégraphe ” connaître. La notion du partage est essentielle. Parce qu’après, ils seront devant la caméra et devront donner beaucoup. Émilie Dequenne et Léa Drucker sont deux grandes actrices. D’ailleurs, d’après moi, Émilie est la Kate Winslet belge. Son talent est unique. Il englobe la nuance, la fragilité et aussi la possibilité de plonger dans un monde intérieur. Et elle possède une grande humilité. Quant à Léa Drucker, je l’avais découverte dans Jusqu’à la garde (ndlr : film pour lequel elle avait obtenu le César de la meilleure actrice en 2019). Dans ce rôle, elle m’avait bouleversé. Ensuite, je l’ai rencontrée et j’ai été impressionné par sa douceur. En fait, je recherche la douceur. Le plus souvent, pour qualifier les performances des actrices comme des acteurs, on parle de rôles forts. Jamais, on ne dit : « C’est un rôle doux ! ». Je tombe amoureux de mes acteurs et actrices, dans un sens non sexuel, parce qu’il est nécessaire de les aimer pour les filmer. C’est un grand classique chez les réalisateurs.

Chez moi, être amoureux se rapproche de l’admiration que j’éprouve pour ces comédien.nes. À Cannes, pour la présentation de votre film et la montée des marches, vous portiez le costume en velours rouge Gucci rendu célèbre par Gwyneth Paltrow. Gwyneth est-elle votre icône de style ?

(Rires). Non, mais Tom Ford, qui a dessiné ce costume, oui. C’est un créateur de mode qui a énormément innové tant au niveau des collections que de la communication. Et c’est aussi un grand

réalisateur de cinéma. A Single Man, qu’il a tourné avec Julianne Moore, est un chef-d’œuvre. Et même Nocturnal Animals que j’ai adoré à la deuxième vision. Quand j’ai vu ce costume chez Gucci, j’ai immédiatement vu le rouge, couleur que j’ai beaucoup travaillée dans ce film. C’est la couleur de la chambre de Rémy mais elle change de thèmes au fur et à mesure de l’intrigue, car c’est une couleur liée à l’amour mais à la mort aussi. Porter ce costume, à Cannes, c’était une manière de continuer le film. Et si non, qui le porte le mieux, Gwyneth ou moi ? (Rires). À l’âge de trente et un ans, vous avez réalisé deux films qui, tous deux, ont été récompensés au Festival de Cannes. Cela vous donne-t-il des ailes ou au contraire, vous met une pression particulière ?

C’est un peu le mix des deux. Je sais pourquoi je fais des films : pour parler des choses dont longtemps, je n’ai pas pu parler. Enfant et adolescent, je n’ai rien dit. Je me suis contenté de copier les choses dites par les autres. J’ai copié leurs propos, leurs gestes… Maintenant, dans mes films, ce sont mes mots. Donc, je sais pourquoi je fais des films. Juste pour m’exprimer. Mais une fois que le film sort dans les salles, il devient le film des spectateurs. Et tout le monde regarde avec sa propre perspective. On peut aimer ou détester le même film. Quand je suis honoré par un prix, comme le Grand prix du jury pour Close, c’est un très beau moment. C’est une validation qui me touche profondément. Mais ce n’est pas la raison pour laquelle je réalise des films. Lorsque je retourne à ma page blanche, dans mon bureau, cela me remet très vite les pieds sur terre. À chaque fois, je suis confronté à mes propres limites artistiques. Quels sont les endroits que vous recommanderiez à Gand, votre ville ?

Trois de mes restaurants favoris, mais il faut me promettre de venir, alors, sont Revue, Oak et Café Congé. J’aime boire des cocktails au Jiggers. Je vais voir des films au Studio Skoop. Et pour la mode, je vais chez Rewind et NU. Close, de Lukas Dhont, avec Émilie Dequenne, Léa Drucker, Eden Dambrine et Gustav De Wael, sort le 2 novembre.


Théâtre Royal des Galeries Directeur : David Michels

de Sacha

Guitry

Avec Fabio Zenoni, Elsa Tarlton, Marvin Schlick, Juliette Manneback, Arnaud Van Parys et Cécile Florin. Mise en scène : Thibaut Nève Décor : Vincent Bresmal et Matthieu Delcourt Costumes : Béatrice Guilleaume Lumières : Félicien Van Kriekinge

 www.trg.be

02 512 04 07

Du 19 octobre au 13 novembre 2022

En coproduction avec La Coop asbl et Shelter Prod avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge


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SUBSTANCE

TÊTE-À-TÊTE(S)

APRÈS MINUIT AVEC

Tomate-mozza-eau pétillante. C’est, ce soir-là, le régime de l’acteur et réalisateur, qui nous a donné rendez-vous dans une brasserie parisienne où il a ses habitudes. Exquis, il nous parle de son nouveau film, L’innocent*, une comédie policière “de variété” truffée de références au Top 50. De son enfance bohème, aussi, émaillant la conversation de souvenirs – images de cinéma ou de théâtre – pour illustrer les épisodes marquants de sa vie. Rencontre lumineuse avec un éternel passionné. Par Maroussia Dubreuil Photos Paloma Pineda

Louis Garrel

Il a donné rendez-vous près de chez lui, dans un café de la place d’Alésia, au sud de Paris. Le quartier de Modiano et des catacombes. « J’aime bien me dire qu’il y a toute une vie souterraine comme les pneumatiques dans Baisers volés, entame-t-il. On m’a dit qu’il y avait une grande salle de cinéma secrète. » Il n’est pas allé vérifier mais il reconnaît aisément « les spéléologues de Paris » à leurs visages enfarinés du petit matin. L’été court à sa fin. Après quelques jours en Corse et en Provence, le dandy parisien s’est rhabillé de la tête aux pieds, veste, T-shirt et pantalon noirs. Il a gardé les Birkenstock. Rien de grotesque, au contraire, il est charmant. AM B IANCE B E LLE É POQU E. Banquettes rouges et abat-jour doré. 22 h 30, fringale du soir, il prévient : « Cette brasserie est belle mais ce n’est pas très bon, comme s’il y avait une petite couche de poussière sur la bouffe. » Pour compenser, il met les formes, lit le menu à voix haute. Tomates mozzarella pour lui, jambon melon pour nous… Avec son air de bel ragazzo, on se croirait en Italie. Il vous pose des questions par petits paquets : votre ancien lycée, vos vacances, vos amours. Cultivant l’art de la conversation, il n’est pas loin de vous soutirer des confidences. « J’ai toujours été curieux, avoue-t-il. Quand j’étais petit, je suivais mes beaux-pères, je mettais des micros partout. » Son quatrième film est une comédie policière. Dans L’innocent, Abel (Louis Garrel, en garçon pessimiste) s’inquiète pour sa mère qui vient d’épouser un prisonnier peu de temps avant sa • • •


ENTRETIEN

CRÉDITS

TÊTE-À-TÊTE(S)

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TÊTE-À-TÊTE(S)

“Je regarde La règle du jeu dès que je vois trop d’images bizarres sur Instagram, ça lave les yeux et je ne suis jamais déçu.”

• • • libération. Pour la protéger, il prend le nouveau mari en filature mais finit par l’épauler dans un braquage. Sa mission : simuler une scène de ménage pour détourner l’attention de la victime. L’essentiel se passe de nuit. « C’est plus excitant et plus cinégénique même si la majorité des hold-up a lieu la journée », admet-il. Son coup de maître ? Le tricotage d’un marivaudage dans une scène d’action, où il se joue une chose très intime, sous les néons d’un restoroute. « J’aime bien traiter l’histoire des sentiments et des affects de manière tragique car quand ça nous arrive, c’est toujours tragique. »

APRÈS AVOIR FAIT TOURNER DEUX FOIS SON ÉPOUSE

Laetitia Casta, Louis Garrel a dédié L’innocent à leur fils de 1 an, Azel. Pour l’histoire, il s’est inspiré de sa mère, Brigitte Sy. Actrice et réalisatrice, elle a animé des ateliers de théâtre pendant vingt ans en prison où elle a épousé l’un de ses élèves quand Louis n’avait pas 18 ans. De son enfance, il se souvient des fêtes picaresques à la maison avec des anciens taulards et des « avant-gardistes » parmi lesquels des bénévoles de Médecins du Monde, des psychiatres qui essayaient des nouvelles méthodes, des types qui incitaient les teufeurs à tester la drogue avant d’acheter, deux peintres qui faisaient des spectacles de dragqueens… « J’adorais m’endormir au beau milieu dans le canapé. » Il garde de ces agapes tardives la capacité à piquer du nez n’importe où. Au concert des Smashing Pumpkins, par exemple… « Des garçons pourtant énergiques ! » Depuis une bonne heure, il carbure à la Badoit. Une habitude prise à l’âge de 20 ans en boîte de

nuit. « Venait toujours le moment où le niveau général d’alcool des copains était franchi… Ne pouvant plus communiquer, je me barrais… » Parfois, il restait devant Le Baron, le club du Tout-Paris, juste pour regarder les gens. À l’approche de la quarantaine, il résume sa vie par cette formule de noctambule : « Avant, j’aimais vivre la nuit, maintenant j’aime regarder des films. » La veille, il s’est endormi à 5 h 30 avec La règle du jeu de Jean Renoir, joue collée à l’écran, au Mercure d’Angoulême où il était invité au Festival du Film Francophone. « Je regarde La règle du jeu dès que je vois trop d’images bizarres sur Instagram, ça lave les yeux et je ne suis jamais déçu. » PAS DE MUSIQUE ICI. Sur le ronron du trafic de Paris by night, on fredonne les chansons de la bandeson de L’innocent : Pour le plaisir d’Herbert Léonard, Une autre histoire de Gérard Blanc, I Maschi de Gianna Nannini… « J’ai voulu faire un film de variété », glisse-t-il. Un film de variété ? Un film qui se rapporte à tout le monde et touche un maximum de cordes sensibles. Le chef-d’œuvre en la matière ? Kramer contre Kramer (1979) de Robert Benton : « Le long travelling où Dustin Hoffman court en portant son fils qui vient de se casser la gueule dans un parc d’enfants, ça me déchire. » Il commande des œufs mayo. On se lance sur Nuit magique de Catherine Lara, autre chanson collector de L’innocent. « Pour celle-là, la référence, c’est Patrice Chéreau », notet-il. Ceux qui m’aiment prendront le train (1998) ». Il montre un extrait sur son portable et reprend quelques répliques. On y voit Vincent Perez habillé en femme, Jean-Louis Trintignant qui fait essayer des chaussures, Pascal Greggory aussi. Et puis Valeria Bruni Tedeschi, son ancienne compagne (qui lui a offert le rôle de Patrice Chéreau dans Les Amandiers, présenté à Cannes cette année, sur la troupe du metteur en scène à la fin des années 80). ENFANT, IL RÊVAIT DE FAIRE DU THÉÂTRE pour marcher dans les rues désertes après le spectacle. Ça lui vient de son grand-père, l’acteur Maurice Garrel, vu à 12 ans dans Le visiteur d’Éric-Emmanuel Schmitt. Il incarnait Freud. « Il était très beau, très grand, très élégant avec une passion pour les manteaux, les vestes, les écharpes sublimes, avec un chapeau Borsalino… décrit-il. Je m’imaginais dans sa vie. » Minuit passé : en se levant de table, on se dit que Louis porte bien la sandale. Légère et nonchalante, mais solide.

(*) Avec aussi Anouk Grinberg, Noémie Merlant, Roschdy Zem. En salles.


x Cocon

Une bulle de beauté rien qu’à soi chez Cocon

E PRESSE.

nvie d’un massage relaxant ou d’une nouvelle coupe ? Direction Cocon au cœur de la métropole anversoise pour un moment de bien-être sur mesure. Ce nouvel institut de beauté s’est donné pour mission d’offrir une oasis de détente, de bienêtre et de me-time à une clientèle en quête d’authenticité et d’esthétique. Coupes, colorations, massages, manucure ou soins du visage : toutes les prestations proposées par Cocon sont dispensées par des professionnels spécialement formés pour offrir un traitement VIP. Résultat : un service personnalisé dans un cocon privatisé où on choisit sa musique et son éclairage d’ambiance. Tout est axé sur un traitement individualisé entièrement dédié à la détente et à la beauté en vue de créer un havre de calme et de paix intérieure. Avant de s’y plonger, on bénéficie d’un diagnostic peau et cheveux complet, ainsi que d’explications détaillées sur les soins et de conseils personnalisés.

Dans le café attenant au jardin, on peut savourer un lunch léger, du café frais, des thés spéciaux, des cocktails santé ou une coupe de champagne. Le coin business est entièrement équipé pour permettre de travailler en cas de besoin. On peut aussi échapper au rythme trépidant de la ville en admirant les œuvres d’art ou en feuilletant les magazines et autres livres mis à disposition dans la bibliothèque. La boutique propose une sélection des produits de beauté utilisés pour les soins : pratique pour prolonger chez soi leurs effets bienfaisants. À l’intérieur du salon, l’atmosphère allie design moderne et chic, savoir-faire et pureté. En bref, Cocon a toutes les cartes en main pour faire rimer beauté et tranquillité.

Cocon, Hopland 47 à Anvers www.cocon.club

Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec Cocon. www.cocon.club


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“No Future” Quand l’époque semble désenchantée… Covid, guerre en Ukraine, urgence climatique, crise de l’énergie, pouvoir d’achat en berne… la nouvelle décennie est éprouvée par des limites jamais atteintes et peine à se réinventer, dans un climat de peur du lendemain généralisée. Une volonté d’aller de l’avant égratignée comme jamais, dans un contexte où la notion de futur est mise à mal. Décryptage. Par Aurélia Dejond

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iège, 9 h 00. Comme chaque lundi, Ambre se connecte sur Teams pour sa première réunion du jour. Depuis un mois, elle s’est imposé le télétravail non-stop. Non qu’elle ait peur à ce point d’une nouvelle vague de covid-19 , mais afin d’organiser la survie financière de sa famille. « Ne plus aller au bureau est une nouvelle étape pour ne pas sombrer dans une certaine “ pauvreté ”, j’ai revendu ma voiture en avril au profit d’un vélo cargo familial, mais la distance domicile-travail est beaucoup trop longue. Tout notre mode de vie est impacté par la crise. Cet été, nous avons remplacé le chauffage central par des poêles à pellets. J’habille les enfants en seconde main et nous n’osons planifier aucun loisir. J’ai résilié mon abonnement mensuel au fitness et on n’ira pas au ski cet hiver. Pourtant, nous gagnons correctement notre vie. Mais le contexte empêche d’oser avoir des projets : l’entreprise de mon mari est en danger, nous devons également aider mes parents, dont les pensions sont maigres et j’avoue que l’hiver qui arrive nous fait peur », confie cette jeune maman de trente-cinq ans, consultante en relation publique. Son témoignage est loin d’être isolé. Comme Ambre, plus de 60 % des Belges craignent de ne pas pouvoir payer leurs factures d’énergie. Selon le récent Grand Baromètre Le SoirRTL-Ipsos, c’est au sud du pays que cette peur est la plus pré-

sente : 73 % des Wallons vivent dans cette crainte, contre 59 % des Flamands et 70 % des Bruxellois. Une majorité déclare d’ailleurs avoir changé ses comportements, près de 8 personnes sur 10 disent utiliser moins d’électricité, de gaz, d’eau ou de combustible de chauffage. Les loisirs sont considérablement impactés et l’épargne est égratignée, plus de 4 Belges sur 10 ayant dû puiser dans leurs économies, voire carrément emprunter, pour faire face aux dépenses d’énergie imprévues. « Le pire, c’est la santé. Je suis obligée d’espacer les visites chez le pédiatre », déplore Ambre, qui comme 1 Belge sur 3, explique que la hausse des prix de l’énergie l’a poussée à rogner sur les dépenses en soins de santé. ET VIVRE AU JOUR LE JOUR DEVIENT LE LOT DE BEAUCOUP DE BELGES,

PRIS AU PIÈGE D’UN CONTEXTE ANXIOGÈNE À PLUS D’UN TITRE. « Il ne faut pas que ce soit tabou ou vouloir embellir la réalité sous prétexte de ne pas alarmer. Notre rôle est d’alerter et de contribuer à trouver des solutions pour chaque citoyen dans sa vie quotidienne. Ne nous voilons pas la face : si l’on se base sur le pouvoir d’achat, 40 % des Belges risquent de tomber sous le seuil de pauvreté. Quand on déduit des revenus l’augmentation des dépenses obligatoires des ménages, le loyer, l’électricité, le gaz, l’eau… On réalise que beaucoup n’ont plus de revenu disponible, depuis plusieurs mois. Et cela risque d’empirer », prévient l’économiste Bruno Colmant, membre de l’Académie royale de Belgique. Un appauvrissement qui ne touche pas que les populations les plus vulnérables. Constat que fait quotidiennement Aliénor, qui travaille en grande surface. « Le fameux caddie de la ménagère a complètement changé. D’abord, il est de plus en plus petit, beaucoup n’achètent que l’essentiel. Ensuite, on a de plus en plus d’invendus parmi les fruits et les légumes. Sans parler de la viande et du poisson, c’est catastrophique. Ça me stresse beaucoup de scanner autant de pâtes ou de produits low cost », explique la jeune femme, dont la meilleure amie, responsable de rayon dans une grande enseigne de mode, constate •••

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Sophie, 49 ans, mariée, trois enfants, chargée de projets dans une asbl, habite à Namur. À combien s’élèvent vos dépenses énergétiques (gaz, électricité ou autre chose) par mois, ou par an ?

Notre facture d’électricité s’élève à 1966 € avec une régularisation de 1095 € pour l’année 22. Nous consommons normalement 1500 L de mazout par an mais nous avons choisi de remplir la citerne avec 1000 L pour 1173 € pour cet hiver et nous chauffer en partie au bois. Nous allons aussi limiter notre utilisation d’eau chaude sanitaire au minimum. Nous avons mesuré la consommation des appareils domestiques avec un petit boitier digital (on le branche entre l’appareil et la prise et cela indique la consommation. Nous avons débrancher les éclairages extérieurs, le frigo du garage et je vais éviter de faire tourner le sèche-linge qui consomme beaucoup. Cela dit, la maison doit rester saine et l’air intérieur de bonne qualité. Il n’est pas question d’éteindre le système de ventilation par exemple.

Comment comptez-vous faire face aux hausses de prix dans le secteur énergétique ?

Pour le moment, c’est le livret épargne qui compense mais cela ne peut pas être une solution ni à moyen ni à long-terme. L’énergie la moins chère étant celle qu’on ne consomme pas, nous allons faire en sorte de moins consommer. Si tout le monde consomme moins, la demande fera moins de pression sur l’offre et le prix de l’énergie devrait retourner à la baisse. Recevez-vous des aides financières (de la famille, de la commune, ou CPAS) ?

Si nous avons un problème, nous demanderons de l’aide, oui, mais à notre âge, c’est à nous de veiller sur nos parents et pas l’inverse normalement. Nous avons activé le chèque mazout de 300 € du SPF Économie. Sur quel poste, pensez-vous pouvoir faire des économies (loisirs, vacances, santé, école) ?

Nous avons fait une croix sur certaines activités festives qui étaient prévues pour mon mari et moi d’ici à la fin de l’année, mais nous estimons que nos enfants n’ont pas à subir cette pression-là et tout ce qui les concerne sera maintenu. Comptez-vous acheter des vêtements chauds (ex, des sous-vêtements en thermolactyl) ou accessoires (ex, des chaufferettes) pour vous tenir au chaud chez vous et réduire la facture ?

Non, nous avons nos équipements de sports d’hiver pour nous réchauffer et cette année, ils ne serviront pas que pour la neige. Au bureau aussi, il fait beaucoup plus froid que l’an passé à la même période, les grandes chaussettes et les sous-pulls seront rapidement de sortie. J.L.


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Lara, 28 ans, célibataire, travaille dans un magasin de vêtements, habite Bruxelles. Cela fait maintenant presque deux ans que je vis seule dans un studio au centre de Bruxelles. Il y a quelques années, juste après la crise du covid, j’ai eu la chance de trouver un logement abordable. Avant cela, j’ai toujours vécu avec des colocataires. Je paie environ 850 € par mois pour le gaz et l’électricité. Alors, quand on m’a annoncé que les prix allaient augmenter, j’ai vraiment commencé à faire attention à ma consommation. Le soir, les lampes n’étaient allumées que lorsque c’était vraiment nécessaire. J’ai vraiment joué la carte de la consommation minimum. A ma grande surprise, mon décompte final m’a été favorable : je n’ai rien eu à payer en plus. Mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas inquiète pour l’avenir !

Comment comptez-vous vous y prendre pour faire face aux hausses de prix dans le secteur de l’énergie ?

Je vais continuer à épargner comme je le faisais déjà, mais en redoublant d’efforts. Je ne vais pas allumer mon chauffage avant la mi-octobre et je vais me doucher le plus possible lors de mes passages à la salle de sport. Recevez-vous un soutien financier (de la famille, de la commune ou du CPAS) ?

Pour l’instant je ne reçois aucune aide. Je ne pense pas avoir droit à un soutien de la commune ou du CPAS. Mes parents m’ont évidemment déjà fait savoir qu’ils seront là pour moi si ma situation devient trop difficile. Sur quel poste pensez-vous pouvoir économiser (loirsirs, vacances, santé, école) ?

principalement. J’habite au cœur de Bruxelles et j’ai une vie sociale très active. Il n’est donc pas rare que je sorte dîner plusieurs fois par semaine. C’est un luxe sur lequel je vais maintenant vraiment économiser. Dans mon cercle d’amis, on cuisine souvent ensemble à la maison. C’est tout aussi cosy et aussi plus avantageux pour le porte-monnaie. Envisagez-vous d’acheter des vêtements chauds (ex. sous-vêtements thermolactiques) ou des accessoires (ex. radiateurs) avoir plus chaud et réduire la facture ?

J’ai déjà acheté des sous-vêtements thermiques l’année dernière et, si l’hiver s’annonce vraiment rude, je prévoirai peut-être d’acheter un set supplémentaire. M.V.

Sur mes sorties au restaurant,

que les clients se font de petits plaisirs, « mais plus de vraies folies. Les gens comptent, toutes générations et classes sociales confondues, c’est très frappant ! ». Et ces économies à titre individuel ne suffiront pas nécessairement à faire le poids. « Chacun doit accepter la notion de sobriété énergétique, mais l’État a un rôle protecteur à jouer, il doit se montrer solidaire et contribuer à ne pas accentuer les fractures sociales, déjà trop nombreuses. La solidarité est plus importante que jamais, elle est au cœur du débat », insiste Bruno Colmant.

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ET C’EST L’IDÉE MÊME DE SE PROJETER QUI EST MISE À MAL. « La question du sens inquiète beaucoup, sans doute encore plus les vingtenaires et trentenaires - qui s’interrogent notamment sur la parentalité, dans un monde régi par la crainte de l’avenir- même

si chaque génération se questionne profondément. L’avenir est à ce point incertain que la définition du mot “ projet ” interpelle et tracasse. Car exister, être, c’est devenir. On s’imagine et se voit en permanence dans le futur, proche comme éloigné, qu’il s’agisse de planifier un week-end off, des vacances, un achat conséquent ou l’évolution de son travail, l’envie de faire un bébé, la façon dont on souhaite vivre sa retraite… La notion de sens est présente dans tout ce que l’on fait. Or, les crises actuelles, énergétique, climatique, pandémique et autres, hypothèquent le champ des possibles. Ce constat d’appauvrissement de soi est extrêmement violent à intégrer, à accepter et à vivre », explique Anne-Françoise Meulemans, médecin psychothérapeute. « S’imaginer dans un avenir qui se rétrécit est très anxiogène, il ne s’agit plus de projection de soi à long terme, mais au quotidien : comment •••

Combien dépensez-vous en énergie (gaz, électricité ou autre) par mois ou par an ?

Valérie, 42 ans, divorcée, un enfant à charge, graphiste, habite Bruxelles. À combien s’élèvent vos dépenses énergétiques (gaz, électricité ou autre) par mois, ou par an ?

Mes revenus n’étant pas très élevés (autour de 2000 € nets), j’ai toujours été très attentive aux dépenses énergétiques. Ma facture gaz + électricité s’élevait à 85 €/mois en octobre 2021. Dès l’automne 2021, il y a eu des annonces de hausses des prix de l’énergie. J’ai donc coupé presque complètement le chauffage, ce qui m’a permis d’éviter la catastophe. J’ai seulement chauffé la salle de bain. Nous avons passé un hiver assez compliqué avec environ 16 degrés dans les pièces de vie. En mars 2022, la provision demandée était de 130 €, dont 90 pour le gaz, ce que j’ai trouvé assez vexant vu les efforts consentis... En août 2022, après la crise provoquée par la guerre en Ukraine, la provision demandée par mon fournisseur de gaz était passée à 176 €. Soit quasiment 4 fois la provision demandée un an plus tôt !

Et ceci juste pour la fourniture d’eau chaude. Je m’estime chanceuse : la plupart de mes collègues ont des acomptes de 400 à 600 € en moyenne. Comment comptez-vous faire face aux hausses de prix dans le secteur énergétique ?

Ayant déjà coupé les radiateurs, mon seul levier pour économiser l’énergie est de diminuer la consommation d’eau chaude. Depuis juillet, on limite les bains à une fois par mois pour ma fille. On se lave au lavabo ou avec des douches ultra-rapides. En ce qui concerne l’électricité, juste avant la guerre en Ukraine, j’avais fait appel à Brusol pour l’installation gratuite de panneaux solaires : à priori, ma consommation est couverte à 90 % par les panneaux. Recevez-vous des aides financières (de la famille, de la commune, ou CPAS) ?

Même si ma situation pourrait justifier une

demande d’aide, j’estime ne pas être prioritaire car je suis propriétaire de mon logement. Je n’ai pas envie que l’on me dise «Madame, vous n’avez qu’à vendre votre bien ou prolonger votre crédit hypothécaire». Sur quel poste, pensez-vous pouvoir faire des économies (loisirs, vacances, santé, école) ?

Les loisirs, les fringues, les vacances, le coiffeur : ce sont déjà des postes sur lesquels je faisais très attention. J’ai testé des applications pour acheter des produits alimentaires périmés du jour (too good to go), c’est parfois utile, certains mois.

Comptez-vous acheter des vêtements chauds ou accessoires pour vous tenir au chaud chez vous et réduire la facture ?

J’ai acheté des chaufferettes électriques puisque cet hiver, contrairement à l’an passé, j’ai des panneaux solaires. Pour le reste, je suis déjà équipée. J.L.


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arriver à la fin du mois, de la semaine ou pire, de la journée ? Cela provoque un stress de lutte extrêmement minant sur le plan psychique, sans plus aucune soupape, pourtant nécessaire à l’équilibre mental et physique. Le futile, associé à une consommation de masse devenue une norme sociétale, est important sur le plan psychologique. Une virée shopping, un cinéma, un resto… Ces activités consuméristes associées à des loisirs ont une fonction de compensation non négligeable, on réalise à quel point la vie est plus lourde sans cette béquille qui permet un peu de légèreté », complète la spécialiste. « À présent, tous nos achats sont utilitaires, tous nos actes sont utiles… comme si tout devait servir à quelque chose, être justifié, validé. Ce terme “ utilité ” m’obsède complètement. Joindre le futile et l’agréable rend la vie plus gaie. Or, aujourd’hui, il faut beaucoup calculer, rien n’est plus vraiment spontané. Même un petit resto entre collègues un midi par semaine ne va plus de soi. Je viens d’offrir un week-end à Paris à mon compagnon pour son anniversaire, c’est la dernière grosse dépense de l’année, faire des projets en mode loisirs est devenu culpabilisant », raconte Janelle, 33 ans, qui confie ne plus réussir à espérer.

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ET CET ESPOIR EST POURTANT CAPITAL. « AVOIR LA CAPACITÉ DE SE

PROJETER, C’EST UN FORMIDABLE LUBRIFIANT DE VIE. On est souvent inconscients que cela nous propulse dans un mouvement de vie. Quand on est en panne de perspectives, toutes les lumières s’éteignent. On est sans but et en proie à une lourdeur d’inertie. Espoir professionnel, familial, amoureux, matériel… quel que soit le domaine dans lequel il se décline, il nous régit. L’être humain est en micro-projets permanents, toujours en chantier, consciemment ou non. Crise énergétique sur fond de guerre en Ukraine, éco-anxiété… l’état de santé de la société se mesure à celui de ses citoyens, et vice versa. On ne prend pas suffisamment en compte les coûts humains des crises que nous traversons. Subir la peur du lendemain mène à beaucoup de problèmes de santé mentale, notamment, et les consultations chez un psy ne peuvent pas tout résoudre. Ce climax anxiogène, voire toxique, confère au monde dans lequel on vit un ressenti désespéré de ‘ no future ’ », déplore Anne-Françoise Meulemans, qui constate

“ S’imaginer dans un avenir qui se rétrécit est très anxiogène, il ne s’agit plus de projection de soi à long terme, mais au quotidien : comment arriver à la fin du mois, de la semaine ou pire, de la journée ? ” Anne-Françoise Meulemans, médecin généraliste et psychothérapeute

un questionnement existentiel très présent, au sein de ses consultations. Comme l’économiste Bruno Colmant, elle réfléchit aux solutions positives pour aller de l’avant et évoque notamment la solidarité intergénérationnelle comme vrai défi et réponse sociétale. C’est également le credo d’Émilie Gaillard, spécialiste dans le droit des générations futures*, persuadée que l’enjeu est d’intégrer dans chaque décision politique et technologique les intérêts des générations futures sous le prisme de l’approche transgénérationnelle, pour préserver l’intégrité de la planète et de l’espèce humaine. Une sorte de droit protecteur d’avenir. Et un formidable outil d’espoir. *Auteure de Générations futures et droit privé - vers un droit des générations futures, Lextenso Éditions

Noa, 30 ans, en couple, travaille dans l’informatique, vit à Louvain Combien dépensez-vous en énergie (gaz, électricité ou autre) par mois ou par an ?

Lorsque j’ai reçu ma dernière facture de gaz et d’électricité, on a eu du mal à encaisser. Mon ami et moi devons payer 1.000 € de supplément. Quand nous nous sommes rendus compte que nous allions devoir renoncer à un chouette city-trip, l’ambiance n’était pas vraiment à la fête. Actuellement, nous payons environ 1000 € par mois en gaz et en électricité. Nous avons toujours fait attention à la façon dont nous consommons, mais maintenant, nous allons vraiment aller plus loin. Comment comptez-vous faire face aux hausses de prix dans le secteur de l’énergie ?

Après la pandémie, nous avons commencé à travailler tous les deux à la maison, mais

maintenant nous allons aller plus souvent au bureau. Ça nous permettra d’éteindre le chauffage pendant la journée. Nous pourrons aussi éviter de gaspiller inutilement l’électricité. De plus, nous avons décidé que notre chauffage ne serait allumé qu’à partir de la mi-octobre. C’est déjà ça de pris sur la facture finale. Recevez-vous un soutien financier (de la famille, de la municipalité ou du CPAS) ?

Non, et malheureusement notre situation financière ne nous y donne probablement pas droit. Sur quel poste pensez-vous pouvoir économiser (temps libre, vacances, santé, école) ?

Chaque année, nous essayons de partir en vacances plusieurs fois, mais nous allons

maintenant économiser là-dessus aussi. Moins de courts city-trips, et peut-être un seul long voyage. Nous devrons attendre et voir ce que nos efforts dans d’autres domaines nous auront permis d’économiser. Envisagez-vous d’acheter des vêtements chauds (ex. sous-vêtements thermolactiques) ou des accessoires (ex. chaufferettes) pour vous réchauffer quand vous êtes à la maison et ainsi réduire votre facture ?

J’ai acheté une couverture électrique pour réchauffer notre lit. J’espère que ça nous aidera à allumer le chauffage le moins possible dans notre chambre. M.V.


x La Mamounia Marrakech

La Mamounia réinvente le spa

ALAN KEOHANE. PRESSE.

La rénovation du plus beau palace de Marrakech a préservé son héritage, mais a aussi donné l’occasion de réinventer son spa et d’en faire l’un des endroits les plus prisés de l’univers. Sur 2 500 m2, le Spa de La Mamounia conjugue culture marocaine et tradition orientale. Massages, soins du visage, soins du corps, rituels de Hammams, ce ne sont pas moins de 80 soins qui y sont proposés. Des parenthèses uniques, précieuses, auréolées de plusieurs distinctions internationales comme celle du Meilleur Spa d’Hôtel au Maroc par le World Spa Award. Une belle reconnaissance qui récompense tant la constance que la créativité des experts et expertes en bien-être des lieux. La nouvelle dynamique des espaces de la Mamounia recrée une circulation d’énergies au sein de l’établissement et se ressent jusque dans l’atmosphère chaleureuse et feutrée des cabines dédiées et éclairées de lanternes. Entre douceur du marbre, courbes arrondies et régularité du tadelakt s’inscrivent les meilleurs produits. Comme la jeune marque déjà culte Augustinus Bader - développée par le docteur Bader, médecin spécialiste dans la régénération des cellules de la peau – qui pose pour la première fois ses bienfaits au Maroc, en exclusivité pour La Mamounia. L’âme de La Mamounia reste ici intacte et écrit une nouvelle page de son histoire sous le signe de l’émotion et de l’expérience.

Cet article a été réalisé en étroite collaboration avec La Mamounia Marrakech. mamounia.com


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Par Charlotte Brunel

PRESSE (X2). ALESSANDRO LUCIONI/IMAXTREE.COM.

Jadis bête noire des féministes, la célèbre poupée est depuis devenue un symbole de pouvoir, d’indépendance et d’inclusivité. Son arrivée sur grand écran, prévue pour l’été 2023, est précédée d’une déferlante de rose pop, adopté par toute une génération qui revendique son droit au kitsch et à l’hyper féminité. Alors, prête à jouer ?

MATTEL. MEGA/GC IMAGES/GETTY IMAGES. E47 RECORDS.

BARBIE À TOUT PRIX ?

SOURIRE GLOSSY, CRINIÈRE PEROXYDÉE

retenue par un bandeau, peau hâlée et top dos-nu sexy : en juin dernier, elle débarquait sur les réseaux sociaux en chair et en os au volant de son cabriolet rose bubble-gum. Qui ? Paris Hilton ? Non, la première, la seule, l’inimitable popstar des jouets : Barbie. Incarnée à l’écran par Margot Robbie dans le film de Greta Gerwig (sortie prévue en juillet 2023), la poupée de Mattel a connu un pic de popularité avec la diffusion de photos du tournage qui donnent d’emblée le ton : kitsch et euphorisant comme un ensemble de roller girl fluo dévalant Venice Beach, plastique et ironique comme les abdos photoshopés de Ryan Gosling, alias Ken. Mais aussi romantique, féministe et inclusif, nous promet l’équipe du film… En France, c’est Arielle Dombasle qui lui déclare sa


67 1. Barbie Ultra-Chevelure (1992). 2. Ryan Gosling

et Margot Robbie sur le tournage de Barbie.

3. Arielle Dombasle dans son clip Barbiconic. 4. Bottes Dries Van Noten, A-H 2022-2023. 5. Visière Dior, capsule Dioriviera, P-É 2022. 9. Zendaya au défilé Valentino A-H 2022-2023. 10. Megan Fox pour la première de La vie en rose

de Machine Gun Kelly, en juin dernier. Défilés P-É 2023 : Moschino (7), Marine Serre (8). Défilés A/H 2022-2023 : Kim Shui (6), Valentino (11).

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ARNOLD JEROCKI/GETTY IMAGES. BACKGRID/BESTIMAGES. ALESSANDRO VIERO/IMAXTREE.COM.

MARCUS MAM/COURTESY OF MOSCHINO/IMAXTREE.COM. CARLO SCARPATO/IMAXTREE.COM.

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flamme dans s on nouveau titre, Barbiconic (1). Une chanson au refrain entêtant et au clip vitaminé où la muse d’Éric Rohmer se confond avec la célèbre poupée dans un monde pop et féerique… Vous l’aurez compris, Barbie est de retour, et elle ne fait plus seulement rêver les petites filles. Depuis quelques mois, son esthétique girly a pris d’assaut la pop culture mais aussi la mode, la beauté, la déco sous le nom de code #Barbiecore. Né sur les réseaux sociaux, ce phénomène, ou plutôt faudrait-il dire ce tsunami (fin août, le mot avait déjà généré 34 millions de vues sur TikTok), en a profité pour tout recoloriser sur son passage, en rose vif évidemment ! Les cheveux – notamment ceux de Dua Lipa mais aussi de Lizzo cet été –, les voitures – la nouvelle Renault 5 Diamant rose métallisée

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conçue par le designer Pierre Gonalons pour les 50 ans du modèle – et bien sûr, notre garde-robe. Pour Valentino, Pierpaolo Piccioli imaginait ainsi une collection automne-hiver 2022-2023 quasi monochrome autour d’une nuance de fuchsia – le rose PP – élaborée avec Pantone. Chez Dolce & Gabbana ou Gabriela Hearst, les tailleurs aussi claquent en rose. Sans parler des accessoires, à l’image des souliers joujoux de Roger Vivier ou du sac Cagole de Balenciaga, qui s’offrait au printemps à Londres une boutique tapissée de fausse fourrure couleur Malabar… U N E PI N K ATTITU D E R E LAYÉ E PAR CÉ LÉ-

BRITÉS ET INFLUENCEUSES passées maîtresses dans l’art des « statements » chromatiques. On aura vu ainsi rosir de la tête aux pieds Anne Hathaway

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ou Florence Pugh (en Valentino), mais aussi Kim et Khloé Kardashian, Hailey Bieber et surtout Megan Fox et Machine Gun Kelly, en version Barbie et Ken seapunk pour la sortie de La vie en rose (2), le nouveau documentaire sur la vie du rappeur. Pourquoi tant d’amour ? « Aujourd’hui, les clients ont besoin d’amusement, de plaisir et le phénomène #Barbiecore répond à ce désir », expliquait à Women’s Wear Daily (WWD) Lana Todorovich, présidente et responsable du merchandising de Neiman Marcus. Comprenez : dans un contexte de post-pandémie assombri par la guerre en Ukraine, le dérèglement climatique, l’inflation et aujourd’hui la perspective d’une austérité énergétique, l’univers éternellement brillant, souriant et ensoleillé de Barbie nous apporte légèreté et ••• insouciance.


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• • • Il nous reconnecte aussi à la nostalgie de l’enfance et au plaisir du jeu et de la mode que la poupée a incarné pour des générations de petites filles avec son dressing de rêve, ses accessoires par milliers. Mais aussi ses longs cheveux à coiffer et son corps aux mensurations irréelles, qui ont contribué à modeler une certaine image stéréotypée et caricaturale de la féminité : blonde, longiligne, avec une poitrine généreuse, la bimbo hypersexuée en un mot. Alors c’est vrai, en cette ère post-#MeToo, on ne s’attendait pas vraiment à voir revenir la bête noire des féministes. Sauf que le féminisme pop, justement, est passé par là. Et voilà Barbie propulsée dans le sillage des icônes déchues des années 90 (Britney Spears en tête), en figure de l’« empowerment ». Ce qui n’étonne pas Anne Monier Vanryb, conservatrice du département moderne et contemporain en charge de la collection enfant au musée des Arts Décoratifs de Paris qui avait piloté l’exposition Barbie en 2016. « Depuis ses débuts, Barbie est une femme indépendante qui trace sa route en cabriolet rose, explique-t-elle. Elle travaille, s’investit dans tous les métiers, même les plus “masculins” a priori. D’ailleurs, dans le couple qu’elle forme avec Ken, tout lui appartient. C’est la voiture de Barbie, la maison de Barbie, lui ne possède rien ! » Dans l’émission Chez Jordan, Arielle Dombasle soulignait récemment le rôle inspirant qu’a joué la poupée dans sa vie : « Barbie conduisait des camions, était infirmière, mannequin, chanteuse pop, c’est fabuleux d’avoir une représentation de la femme qui peut tout se permettre quand on est une petite fille. » Surtout, cette réhabilitation a été rendue possible par un énorme travail entrepris par Mattel pour changer son image et casser les stéréotypes liés à la notion de b eauté, de genre. L’« empowerment » donc, mais aussi l’inclusivité sont devenus les mantras de la firme, qui propose désormais pas moins de vingt-sept carnations différentes, vingt-deux couleurs d’yeux, vingt-quatre coiffures, des modèles de petites tailles, aux courbes généreuses (voire avec cellulite), non genrés (la gamme Creatable World) et même en chaise roulante. C’est d’ailleurs cette volonté de bousculer les idées reçues et

Collection Patou, A-H 2022-2023.

de promouvoir plus de tolérance qui a poussé Olivier Rousteing à imaginer une collaboration Balmain x Barbie. Dans sa collection lancée en janvier 2022, Ken peut donc s’habiller avec du rose et des vêtements « body conscious » comme une Barbie, et inversement. Ou comme Justin Bieber et Harry Styles – et bien d’autres garçons – dans la vraie vie qui ont adopté aussi le style bubble-gum, les paillettes, le fun de BB. F A U S S E M E N T G I R LY D O N C . C a r e n quelques années, le rose Barbie – qui tire sur le violet – inventé dans les années 90 pour mieux attirer l’œil des petites filles est devenu bien plus que cela. À savoir l’uniforme de tou·tes celles et ceux qui luttent contre l’invisibilité. « Si le pink millenial est comme un câlin, cette sorte de fuchsia est assez agressif », explique Keith Recker, tendanceur de la couleur qui publie Deep Color : the Shades That Shape Our Souls (3), un ouvrage sur le sujet. Il a notamment été utilisé par le courant post-féministe pour donner plus de visibilité à ses combats, comme lors du mouvement des Pussy Hats, à New York ou en Inde, avec le Gulabi Gang, une organisation qui milite pour les droits des femmes en s’habillant en sari rose. C’est donc une couleur qui appelle au

changement, à l’action, mais aussi un propulseur d’influence que les gens utilisent de plus en plus pour montrer qu’ils existent dans un monde où il est de plus en plus difficile de trouver sa place. » À l’heure où, aux États-Unis, la loi ne garantit plus la liberté des femmes à disposer de leur corps, s’habiller en rose, mettre des robes moulantes, des talons et des paillettes dans sa vie comme sa poupée fétiche serait-il un acte de résistance ? Ce qui est sûr pour Anne Monier Vanryb, c’est que Barbie est un formidable miroir de l’époque. « Elle est féministe mais ne renie pas pour autant le plaisir de s’habiller, de se maquiller même si c’est pour aller dans l’espace comme la Barbie cosmonaute ou diriger des chantiers, explique-t-elle. Et aujourd’hui qu’elle a prouvé qu’elle pouvait incarner toutes sortes de beautés, être indépendante, elle a le droit de se laisser aller en assumant son côté hyper féminin, kitsch et même un peu bimbo. » Comme nous en somme ! Alors, pourquoi ne pas s’entraîner à accepter la Barbie qui se cache en nous en attendant la sortie du film de Greta Gerwig, qui raconte justement l’irruption de Barbie et Ken dans le monde réel ? 1. Dans son nouvel album Iconics, sortie prévue à l’automne. 2. Diffusé sur Disney+. 3. Éd. Schiffer Books (sortie prévue en octobre).

COURTESY OF PATOU/IMAXTREE.COM.

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ÉPOQUE

Léonora Miano


Virginie Despentes

DEUX VOIX

QUI PORTENT

Elles s’admiraient mutuellement depuis longtemps, ces deux auteures qui, chacune à leur manière, auscultent les angles morts de notre société. Nous avons eu l’idée de les réunir pour entendre se croiser leurs voix, résonner leurs combats. Et leurs rires, contagieux. Par Françoise-Marie Santucci Photos Vincent Ferrané


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lles ne viennent pas du même monde mais habitent un univers proche, où l’on est sensible à la révolte qui gronde et où l’on sait faire preuve, sous des dehors parfois rugueux, d’une grande délicatesse. Elles s’admirent depuis longtemps et publient en cette rentrée leurs magnifiques nouveaux romans, le multi-chroniqué Cher connard (1) côté Despentes, et Stardust (2) côté Miano – qui est en réalité son premier livre écrit à 23 ans quand, jeune mère sans domicile fixe, elle courait avec sa petite fille les centres d’hébergement d’urgence à Paris. Les romancières se sont retrouvées au Centquatre, dans le nord de Paris où, heureuse des débuts euphoriques de Cher connard en librairie, Virginie Despentes a plus écouté que parlé, comme si elle voulait laisser la part belle à la pensée affûtée de Léonora Miano. LÉONORA MIANO : Je me souviens t’avoir découverte à la télévision, dans le petit salon de la maison maternelle de la porte des Lilas dont je parle dans Stardust. Je regardais les émissions littéraires et suis tombée sur toi ; tu m’avais beaucoup impressionnée avec ton air à la fois très timide et prêt à tout casser. Il n’y a pas tant de voix comme la tienne dans la littérature française, une langue dans les marges mais qui est très écrite. Tu es très lue par les jeunes femmes noires et au-delà, au sein des minorités, tu es sûrement la plus suivie de tou·tes les écrivain·es blanc·hes en France. Car tes textes nous voient. Chez les autres écrivain·es, un récit peut se passer à Paris sans qu’il n’y ait jamais un Arabe qui traverse la rue. Tes romans, eux, savent qu’on existe.

VIRGINIE DESPENTES : Moi aussi je t’avais repérée à la télévision, chez Taddeï, il y a bien longtemps. C’est étrange car même si on n’a rien en commun, je me reconnais dans ton projet d’écriture, j’ai l’impression d’être chez moi. Stardust m’a particulièrement bouleversée, je n’avais jamais lu ce genre de texte auparavant. Cela ne me surprend pas que ce soit un premier roman, il en a toutes les qualités, ta langue est déjà là, prête à se déployer. Et puis, au fil des pages, j’ai eu l’impression qu’on aurait pu se croiser à l’époque. Avec l’attitude de ton personnage très en défiance, pas du tout dans la séduction, tu m’as fait penser à des ami·es que j’ai eu·es. C’est comme si j’entendais parler des gens que j’ai beaucoup aimés… L.M. : Je suis une misanthrope aimante (sourire). J’aime les gens, tout en voulant qu’on me fiche la paix. À l’époque de Stardust, je n’avais qu’un but : m’en sortir et mettre ma fille à l’abri. Je n’étais pas dans ces foyers pour nouer des liens. V.D. : La précarité ne facilite pas le rapprochement, c’est quelque chose de très délicat à partager. Partager un métier, oui, mais la précarité… L.M. : Pourtant, ça avait bien commencé ; je suis arrivée en France en 1991 pour entamer des études d’anglais à l’université de Valenciennes. Malgré un couac au début – un type de la fac, mal luné, qui avait refusé de m’inscrire – les choses se sont rapidement résolues et ça ne m’a pas traumatisée. Je

“Les sociétés se sont construites sur des castes : sociales, de genre ou autres – et en général, on reste avec les siens, ça vaut aussi pour les deux sexes. Néanmoins, tout le monde a envie de nous situer, nous, les femmes.” Léonora Miano

me sentais libre et je découvrais un monde dont les codes ne me semblaient pas inaccessibles. Quand tu parles la langue, ça va. Bon, lorsque j’ouvrais les fenêtres de ma chambre en cité U, il n’y avait rien sinon des champs et des vaches à perte de vue, et pour moi qui venais de Douala, une grande métropole africaine, c’était vraiment Waterloo (rires) ! Mais je prenais le train tous les week-ends pour retrouver mon copain à Paris, alors que je côtoyais des gens qui n’avaient jamais vu la capitale. Donc tout allait très bien, jusqu’au moment où je l’ai rejoint (rires). V.D. : C’est pour ce petit copain que tu es venue à Paris ? L.M. : Oui, et de fil en aiguille, je suis devenue mère, je l’ai quitté et j’ai cherché à m’en sortir, car d’un coup je n’avais plus rien. Ce sont ces mois d’errance que je raconte dans Stardust. On ne connaît pas ces endroits-là, qui existent toujours, où se retrouvent des jeunes filles qui ont systématiquement fait les mauvais choix – le mauvais gars, les mauvais produits… On n’a pas idée de leur degré de souffrance. J’ai mis du temps à écrire Stardust parce que la galère, ça dure longtemps, ce n’est pas simplement : tu changes d’endroit et c’est fini. Ce texte, je l’ai ensuite envoyé à quelques maisons d’édition mais, au début des années 2000 en France, c’est l’Afrique qu’on voulait lire sous la plume d’une Africaine… Le seul éditeur qui avait pris la peine de me répondre avait précisé : « Mademoiselle, quand on a été accueillie par la France, on est quand même plus reconnaissante ! » Je regrette beaucoup de ne pas avoir gardé sa lettre (rires). V.D. : Quand j’ai été publiée chez Grasset, j’en étais à mon troisième livre mais cela faisait un moment que j’avais


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ses obsessions, ses silences, une capacité d’endurer sans rien dire, et aussi une sacrée fixation sur la nourriture. L.M. : Endurer sans rien dire, et en vouloir beaucoup à celles qui disent… V.D. : En vouloir à tout le monde, finalement. Je remarque que les femmes de 50 ans, elles ne sont pas contentes dans ces milieux bourgeois parce qu’elles triment depuis longtemps pour rien, et elles savent qu’à leur âge, elles vont bientôt dégager si ce n’est pas déjà fait, car elles n’ont plus leur place dans ces endroits-là. On parle parfois de fraternité masculine, mais elle ne fonctionne pas non plus. Les hommes du 6e arrondissement de Paris cooptent ceux du 6e et se soucient très peu de savoir ce qu’il arrive aux hommes du 19e. D’une classe sociale à l’autre, il n’y a pas de solidarité masculine. C’est encore une histoire qu’ils se racontent, le côté : « On est tous des guerriers ! » Il y a éventuellement une forme de respect pour la masculinité des uns et des autres, mais c’est tout.

remarqué le degré d’étroitesse de ces sphères – le milieu germanopratin, tout comme celui du cinéma ou de la presse… C’était la première fois de ma vie que je découvrais des endroits où on était uniquement entre Blancs. Le problème, ce n’était pas que je vienne d’un autre milieu social, car finalement 95 % des gens venaient de l’extérieur dans ces milieux-là, non, le problème, et j’en ai rapidement pris conscience, vers 22 ou 23 ans, c’était que ces milieux étaient complètement fermés ; quinze types blancs et bourgeois autour d’une table pour une réunion, c’était normal. L.M. : Mais ils ne se rendent pas compte si tu ne leur dis pas… V.D. : Même quand je leur disais, ils ne s’en rendaient pas compte ! C’est très particulier. Quand tu n’es pas né·e à l’intérieur du système, que tu n’as pas grandi dans leurs écoles, il y a des mécanismes propres à ce système qui te sautent aux yeux. Dès lors, le problème n’est pas que tu te situes dans une marge, car en réalité tu es dans le monde, dans un pays qui fonctionne comme il fonctionne. C’est eux qui occupent un endroit très particulier de ce monde ; on y trouve notamment une féminité ultra-codée qui n’existe nulle part ailleurs, avec

L.M. : Les sociétés se sont construites sur des castes : sociales, de genre ou autres – et en général, on reste avec les siens, ça vaut aussi pour les deux sexes. Néanmoins, tout le monde a envie de nous situer, nous, les femmes. On a dit de mes premiers romans qu’ils ne pouvaient pas avoir été écrits par une femme… Mais je ne décrivais que le monde que j’avais eu autour de moi, un monde où les femmes africaines tiennent la baraque ! Elles ont construit des types d’hommes qui sont des enfants rois. C’est comme dans la savane : le lion a une jolie crinière mais c’est la lionne qui chasse. Du coup, on a dit de moi : « Ah, elle est ultra-féministe ! » Mais je ne me suis jamais définie comme ça. Car je pense que je suis pire (rires) ! D’ailleurs, j’ai un problème avec le fait qu’aujourd’hui, tout s’appelle « féminisme » : ce que font les filles, c’est bien ou pas, mais ce sont des filles qui le font et donc c’est féministe. Il faudrait être plus inventif, non ? Cela nuit au féminisme de devenir tout, car chacune veut le sien ; d’où une multitude de courants qui ne sont guère d’accord, même sur la définition de ce qu’est une femme ! V.D. : Moi, je m’en fiche un peu de cette définition-là, cela ne m’obsède pas… Mais ça m’a obsédée au début comme auteure ; lorsque j’ai commencé à publier, j’ai eu la sensation d’être sans cesse ramenée à mon genre. En plus, c’était l’époque de Baise-moi qui parlait de sexe, et donc on me soupçonnait de venir prendre quelque chose dans le royaume des hommes – que je n’aurais pas dû prendre ainsi… Depuis trente ans, j’ai l’impression qu’à chaque fois que j’agis ou écris, et c’est encore plus marqué en France, je suis ramenée à être « une femme une femme une femme ». Hier, j’étais une jeune femme, ensuite une femme, maintenant une femme plus mûre. Voilà pourquoi, aussi, cela fait longtemps que je ne veux plus mon prénom sur mes livres. L.M. : Ah, mais Despentes, ça en jette ! (Rires.) V.D. : Oui, ça en jette et aussi je me dis : ça ne vous regarde pas (sourire). Évidemment, le féminisme m’intéresse beaucoup. Jusqu’à 2017, on pouvait se tenir au courant des sorties de • • •


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bouquins féministes et je le faisais, mais depuis #MeToo c’est l’explosion des discours, avec des formes de féminismes très différentes qui se dessinent. J’écoute beaucoup ce que font les jeunes nanas, à un moment donné elles vont débarquer avec des trucs qui vont nous plaire, et on ira avec elles.

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L.M. : Une chose me dérange dans les discours contemporains, c’est le peu de place accordé à des expériences non occidentales et anciennes. Ainsi, dans les sociétés Yoruba de l’époque précoloniale, les hommes s’habillaient en femmes pour incarner la puissance. Imagine la statue de Colbert devant l’Assemblée habillée comme la Pompadour ! Et ce n’était pas du matriarcat, il n’y avait pas de domination puisque tout le monde acceptait que les femmes soient plus fiables, qu’elles aient plus de sang-froid que les hommes. Hélas, la colonisation, qui privilégiait les interlocuteurs masculins et « évangélisait » à coups de trique, a détruit cela. Or, qui sait que cette approche des genres masculin et féminin, plus complexe que celle qu’on connaît, se retrouvait jadis dans plusieurs sociétés d’Afrique de l’Ouest ? Il faudrait plus de porosité ; j’adore lire des histoires sur le Moyen Âge européen, pourquoi les Européen·nes ne liraient pas des histoires sur les royaumes Yoruba ? 1. et 2. Éd. Grasset.

CE QU’ELLES AIMENT EN CE MOMENT LÉONORA MIANO

« J’ai lu le premier roman de Diaty Diallo, Deux secondes d’air qui brûle (1), c’est une jeune fille qui s’intéresse au vécu masculin des jeunes gens dans les cités… Son texte est très beau, il échappe aux genres car cette auteure a en elle le masculin et le féminin. Je vais la suivre, cette petite ! J’écoute des compilations de chansons américaines folk et country, des chansons de cow-boy et de mineurs. Et pour avoir grandi avec Coltrane et Miles Davis, j’avoue que j’ai toujours aimé les Eagles, ça me changeait un peu… Ne riez pas ! Sur l’album Hotel California, j’ai un faible pour la chanson New Kid in Town. Dans mon cœur, je suis une chanteuse (sourire). Je vais remonter sur scène accompagnée par des musiciens pour lire quelques-uns de mes textes, légèrement remaniés,

extraits des Aventures de la foufoune (2) que je publie moi-même. Cela se passera dans le Sahel, à Ouagadougou, où ils sont très prudes. Ça m’amuse déjà beaucoup ! » VIRGINIE DESPENTES

« Kae Tempest fait cela aussi, travailler la musique et les textes de manière très imbriquée ; je l’aime beaucoup. J’écoute depuis des mois C.Tangana, un jeune rappeur espagnol dans la lignée de Rosalía, que j’adore aussi. Et je relis toujours Monique Wittig, ainsi que ces temps-ci La licorne noire (3) d’Audre Lorde. Il y a une formule qui revient souvent chez Lorde, une formule très forte : il faut “transformer le silence en paroles et en actes”, parce que le silence de toutes les façons ne nous protège jamais de rien. » 1. Éd. du Seuil. 2. The Quilombo Publishing. 3. Éd. de L’Arche.



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TikTok MODE D’EMPLOI Réputé plus fun et plus spontané que ses concurrents historiques, le réseau social chinois, qui fourmille de contenus pointus en tout genre, n’est plus le terrain de jeu des seul·es adolescent·es, grâce auxquel·les il a bâti son succès. Voici quelques clés pour s’y lancer. Par Géraldine Dormoy-Tungate Illustration Mazaccio & Drowilal



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teur·rices mensuel·les. Un chiffre qui place TikTok derrière Facebook, YouTube et Instagram, mais peut-être plus pour très longtemps. Bien que critiquée pour son opacité dans la gestion des données personnelles de ses abonné·es, la plateforme est – depuis 2020 et les confinements successifs – l’application mobile la plus téléchargée dans le monde.

MOI, JE COMPRENDS

RIEN À TIKTOK, j’ai l’impression d’avoir 120 ans » : celle qui s’exprime ainsi n’e s t p a s u n e m a m a n qu a d ra dépassée par les vidéos de sa fille mais la chanteuse belge Angèle, 26 ans. Sa phrase, en exergue de son compte TikTok suivi par 1,5 million d’abonné·es, résume la claque que l’on se prend – quel que soit son âge donc – lorsque l’on débarque sur ce réseau social. « Je n’y arrive pas. À chaque fois que j’y vais, l’algorithme me propose des trucs nuls – blague grasse, fille à moitié à poil… –, impossible d’y déceler des comptes de qualité », résume Sarah, 31 ans. TikTok fiche un coup de vieux aux nouveaux et nouvelles arrivant·es, mais de quoi s’agit-il exactement ? La naissance de la plateforme remonte à il y a six ans. En 2016, l’entreprise chinoise de technologie numérique ByteDance crée Douyin, une application mobile de partage de vidéos courtes pour le marché du pays. En 2017, la société lance TikTok, une nouvelle version de Douyin destinée au marché international. Les deux applis ont des fonctionnements similaires, mais les contenus divergent afin que Douyin respecte les restrictions de la censure chinoise. Fin 2017, ByteDance achète Musical.ly, un concurrent qui lui permet d’accéder à plusieurs marchés occidentaux, dont celui de la France. Depuis, l’application se développe à un rythme effréné, jusqu’à dépasser, depuis 2021, le milliard d’utilisa-

Prisée au départ par les 12-19 ans pour les vidéos de playbacks et de chorégraphies qu’elle permet, elle est devenue, pour Iolanda Thiou, responsable marketing mode et beauté chez Carlin, « un mélange de YouTube et de Google qui a fait exploser le nombre de contenus disponibles. On recherche une technique, une tendance ou une astuce, et TikTok nous donne accès à un très grand nombre de vidéos plus courtes et plus pointues que celles de YouTube. » Amélie Ebongué, experte en stratégie de contenus sur les réseaux sociaux et auteure du livre Génération TikTok : un nouvel eldorado pour les marques*, confirme : « La plateforme souhaite devenir notre télé de demain. Elle dispose pour cela d’une avance technologique et d’une puissance planétaire qui font qu’aujourd’hui, c’est elle qui tire les ficelles. » Non seulement elle veut écraser YouTube, mais elle est déjà, depuis 2021, le site le plus visité, devant Google. « On est de plus en plus nombreux à aller y chercher des informations, poursuit la jeune femme. Je viens par exemple de m’acheter une plante. Pour savoir comment l’arroser, j’ai tapé son nom dans TikTok. Aussitôt une vidéo a répondu à ma question. » Conséquence de ce caractère incontournable : 67 % des utilisateur·rices ont déjà plus de 24 ans, selon une étude Kantar de 2020. Ce sont toutefois en majorité les plus jeunes qui continuent d’en produire les contenus, les plus âgé·es se contentant de les consommer. L’ENGOUEMENT POUR L’APPLICATION tient autant à sa facilité d’utilisation qu’à sa liberté de ton. Grâce à l’intelligence artificielle, y créer une vidéo devient un jeu d’enfant. On dispose de tous les outils pour filmer et monter des clips à l’aide de filtres, d’effets et d’extraits musicaux. On a même la possibilité de faire sous-titrer automatiquement sa

“Souvent, les vidéos proposées me font éclater de rire car elles sont reliées à mon expérience de vie, mais avec beaucoup de distance et de dérision.” Marie, 43 ans

vidéo en français. À l’arrivée, les contenus n’excèdent pas trois minutes, ce qui incite au zapping . « C’es t du snacking, indique Iolanda Thiou. On sait, dès les premières secondes, si l’on va accrocher. » Mais surtout, TikTok, c’est drôle. Savant mélange de parodies, de gags et de contenus plus informatifs, le réseau social se présente comme une plateforme de divertissement au service du plus grand nombre. On ne s’y prend pas au sérieux tout en osant parler de tout, ce qui la rend plus authentique que d’autres réseaux sociaux. « TikTok m’a reconnectée à mon humanité, raconte Marie, 43 ans. Après un gros chagrin d’amour, Instagram m’est apparu comme de plus en plus mortifère et désincarné. Sur TikTok, les codes esthétiques sont moins léchés. Je like des contenus en relation avec ce que je vis : la santé


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mentale, la dépression, les ruptures. Souvent, les vidéos proposées me font éclater de rire car elles sont reliées à mon expérience de vie, mais avec beaucoup de distance et de dérision. Je vois que d’autres personnes vivent les mêmes choses que moi et sont capables de les sublimer, par l’humour ou par la tendresse. » à cette quête de sincérité. « TikTok requiert un rapport plus vrai et sans filtre avec les usagers de la plateforme, estime Julie Leguay, directrice digital et e-commerce de la marque Sephora. Sur Instagram, on poste les contenus les plus beaux pour un effet vitrine. Sur TikTok, on est dans le crash test, ce qui peut être un réel déclencheur d’achat car on apporte la preuve de l’efficacité de nos produits. Un cercle vertueux principalement alimenté par les créateurs de contenus. » Car sur ce nouveau terrain de jeux, on ne parle plus d’influ enceur·ses. TikTok valorise la créativité et encourage la diversité sous toutes ses formes. « C’est l’une des rares plateformes à s’adresser spécifiquement à différentes communautés – noire, latino, LG B TQ I A+ … – s o u l i g n e A m é l i e Ebongué. En interne, elle a des responsables éditoriaux pour chacune, afin de les encourager à s’exprimer. » De quoi favoriser un vivier de jeunes talents à découvrir. « TikTok permet l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes lesbiennes – @ashgavscomedy, @mtaren, @towabird, @mariahcounts », observe par exemple Anaïs, 41 ans, qui se réjouit de voir comment les homosexuelles, jusque-là souvent invisibilisées dans l’espace public, ont pu s’approprier la plateforme.

pour proposer des contenus censés nous plaire, mais TikTok évite l’effet bulle en nous exposant aussi en permanence à d’autres communautés. Quand vous ouvrez l’application, vous n’arrivez pas sur le flux des comptes auxquels vous êtes abonné·e, mais sur un second flux intitulé « Pour toi » rempli de recommandations faites par l’algo-

rithme en fonction de vos interactions. Approximatif au dépar t , celui- ci s’ajuste rapidement à vos goûts. « Il faut utiliser régulièrement la plateforme et affiner en likant, en commentant et en s’abonnant afin qu’elle nous comprenne », conseille Julie Leguay. Et surtout accepter de se laisser surprendre… (*) Éd. Dunod.

@TIMONTHEGRAM. @ZOEGALLIAERDT. @DAVIDYRODRIGUEZ. @CELINEDEPT. @ANGELE_VL. @SHAUNADEWIT. @MILKYWAYSBLUEEYES. @IDOITMYSELF.BE.

LES MARQUES ONT DÛ S’ADAPTER

LA CLÉ D E VOÛTE D E CET É COSYSTÈ M E

ultra-dynamique est une viralité aussi puissante qu’imprévisible. « Sur TikTok, le succès d’une vidéo n’est pas lié au nombre d’abonnés », énonce Fabien Laxague, directeur de la communication France et Espagne du réseau. Même le détenteur d’un compte confidentiel peut soudain voir son contenu partagé des centaines de milliers de fois s’il se rattache aux tendances ou aux challenges du moment. Comme sur Facebook, des algorithmes établissent un modèle de nos préférences

8 COMPTES À SUIVRE @timonthegram Ce mannequin bruxellois décrypte les sujets d’actu, les rumeurs people et revendique sa belgitude avec fierté.

@ milkywaysblueeyes L’influenceuse mode nous donne des idées de looks à travers de courtes vidéos aux transitions soignées.

@angele_vl La chanteuse partage des bouts de son quotidien et les coulisses de sa carrière avec une bonne dose d’autodérision.

@zoegalliaerdt Elle partage aussi bien ses galères du quotidien que ses make-ups en collaboration avec Dior ou YSL. @shaunadewit Cette boule d’énergie poste des sketchs d’humour et blagues incongrues en anglais.

@davidyrodriguez Ce Belge surnommé « That French Guy » en raison de son accent enchaîne les vidéos humoristiques. @celinedept Entre défis sportifs et chorés endiablées, la footballeuse du Cercle de Bruges ne nous laisse aucun répit.

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POU RTANT, J’AI PASSÉ MON TE M PS À M E

Cheffe d’entreprise hyper-connectée et mère de trois enfants, Fany, 41 ans, réalise que le réseau social a fini par lui voler son sommeil, dévorer toute son énergie et l’entraîner dans une spirale d’autodévalorisation. Un jour, elle décide donc de reprendre sa “vraie vie” en main et de mettre l’appli à distance. Par Alexandre Duyck

MOI LECTRICE

“JE ME SUIS LIBÉRÉE D’INSTAGRAM”

«

J’AI D Û M’ABON N E R À I N STAGRAM DÈS LE TOUT DÉBUT.

Je ne saurais pas dire quand exactement mais comme je travaille dans le digital, j’imagine que je m’y suis intéressée tout de suite. C’était un peu inévitable, je ne vois pas comment il aurait pu en être autrement. J’ai toujours fait beaucoup de veilles sur les réseaux sociaux, je voyage souvent aux États-Unis et notamment dans la Silicon Valley, alors quand Instagram a surgi, je me suis immédiatement inscrite. Il n’y avait pas vraiment le choix, c’était obligé. J’y ai découvert et appris des tas de choses, pour le travail, c’était très enrichissant. Mais au bout d’un moment, ma fréquentation de l’application a occupé de plus en plus d’espace dans ma vie, comme si j’en menais deux en parallèle. Ma vie réelle, physique, peuplée de personnes, d’odeurs, de touchers, de

sons, de musiques… Et celle sur Instagram. Bien sûr, il y avait le prétexte du travail, il fallait que j’y sois pour le boulot, c’était une évidence. Mais en réalité, je fonctionnais ainsi : je commençais à regarder des comptes qui pouvaient m’intéresser et puis, très vite, je “scrollais”, j’allais de compte en compte, je regardais tout et n’importe quoi. J’en ressortais vidée. J’éprouvais aussi une impression malsaine qui me dérangeait beaucoup, comme du voyeurisme, moi qui n’ai jamais lu la presse people. J’allais observer la vie des gens, du moins la vie des gens telle qu’ils voulaient bien la raconter et la mettre en scène. J’ai 41 ans. J’ai toujours été ce qu’on appelle une très bonne élève à l’école, au collège puis au lycée et dans les études supérieures. J’ai créé mon entreprise il y a quatorze ans, j’en suis aujourd’hui la cofondatrice et la PDG et j’ai trois enfants.

COMPARER SUR INSTAGRAM. Je suis tombée dans une véritable spirale de dévalorisation personnelle, comme bien d’autres personnes qui passent trop de temps sur les réseaux sociaux. Je trouvais toujours une cheffe d’entreprise américaine qui était plus jeune que moi et qui semblait avoir mieux réussi. Ou qui n’avait pas comme moi trois enfants mais quatre et parvenait à organiser sa v i e p ro f e s s i o n n e l l e, à gé re r l e s vacances, à partir dans des endroits de rêve… Je savais que c’était ce que les gens montraient de leur vie. Des endroits magnifiques, des fêtes grandioses, des soirées incroyables. C’était p o u r t a n t d e s p e rs o n n e s d o n t j e connaissais les vraies vies et dont je savais pertinemment qu’elles n’étaient pas toujours aussi reluisantes. Mais ce qu’ils en faisaient paraître sur Instagram me poussait à me sentir nulle, incapable de gérer ma vie professionnelle, familiale… Autour de moi, j’avais des connaissances qui coupaient Instagram pendant deux mois, par exemple pour écrire, des personnes dont j’admire vraiment le travail. J’ai pensé qu’elles devaient avoir une capacité de concentration sans commune mesure avec la mienne. J’avais aussi un niveau de fatigue toujours plus grand, qui augmentait de jour en jour. Je me suis rendu compte par exemple que si j’y allais avant de m’endormir, je me réveillais beaucoup plus fatiguée le lendemain matin. Au printemps dernier, j’étais vraiment épuisée. Or je dirige une équipe de cent cinquante personnes réparties entre Paris, Berlin et Tokyo. J’ai aussi des enfants qui me demandent beaucoup d’attention. Je me souviens d’un jour où j’entre dans ma librairie habituelle et dis au libraire : “Il me faut un livre qui m’attrape, parce que le dernier, je n’y suis pas arrivée.” C’était le énième. En réalité, je n’arri-


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vais plus du tout à me concentrer. Ça fait un peu cliché mais le déclic est venu lors d’un cours de yoga, quand la prof a dit que notre capacité d’attention, notre pouvoir de la porter sur quelque chose pouvait nous faire gagner en énergie. J’AVAIS ATTEINT UN TEL NIVEAU D’ÉPUISE-

MENT… J’étais au moins deux heures par jour sur Insta. J’avais pourtant installé une application de contrôle du temps passé mais ça ne suffisait pas. C’était un peu comme la météo : en ressenti, j ’estimais lui avoir consacré dix minutes alors qu’en fait c’était une heure, parfois deux. J’avais déjà désinstallé l’appli à plusieurs reprises mais, à chaque fois, je la réinstallais, parfois le soir même. Cette fois-ci fut la bonne, il y a un peu plus de deux mois. Je l’ai fait du jour au lendemain, comme lorsque je suis devenue végétarienne il y a dix ans, moi qui ai grandi en Bretagne et ai été élevée à la viande et au boudin noir. Au début, j’ai ressenti une peur, comme un vide abyssal. Mais finalement ça ne m’a pas manqué du tout. Ce n’était pas douloureu x . Cela m’a même p ermis de prendre des décisions que je n’aurais jamais prises sans cela. J’ai la chance de pouvoir passer mes week-ends en

dehors de Paris mais pour l’Ascension, j’ai demandé à mon mari de partir avec les enfants et de me permettre de rester quelques jours seule. J’ai pu me reconnecter avec mes envies. À commencer par un besoin de solitude. Rester trois jours dans Paris à lire, à me balader, moi qui ne reste jamais toute seule à la maison. J’ai pensé que si j’avais gardé l’appli, j’aurais passé un temps fou dessus, je n’aurais pas du tout profité de ces moments-là. J’avais juste besoin de m’allonger en fixant le plafond, lire quatre livres en quatre j o u rs , la i s s e r m es v ra i es e nv i es reprendre le dessus. Alors que jusqu’ici, avant, pour moi, rester chez soi à ne rien faire, c’était vraiment le week-end de la lose. J’ai alors réalisé que toute ma vie sociale était dictée par Instagram, ce que je lisais, ce que je mangeais… C’était tellement absurde alors que je ne postais jamais rien. J’ai dû mettre six photos au tout début, puis plus rien. Car je sentais bien que c’était dangereux pour moi. J’y suis retournée il y a peu de temps mais pas par le téléphone où je n’ai pas installé à nouveau l’application. C’est seulement sur mon ordinateur, deux fois trente minutes par jour. Je cale ces deux instants dans mon emploi du temps de façon à ne pas pouvoir débor-

“Je ‘scrollais’, j’allais de compte en compte, je regardais tout et n’importe quoi. J’en ressortais vidée. J’éprouvais aussi une impression malsaine qui me dérangeait beaucoup, comme du voyeurisme.”

der. J’y vais car j’y trouve quand même beaucoup d’idées, beaucoup d’informations et de posts qui m’inspirent, des conseils pour aller voir des expositions… Je continue de considérer le digital comme une mise en relation, quelque chose qui rend service. Mais ce n’est définitivement pas la vraie vie, celle du toucher, du ressenti des émotions, de la rencontre d’autres personnes… JE SAIS AUSSI QUE JE SUIS BIEN PLUS AVEC

LES GENS. Je suis vraiment là, pleinement, en famille ou au travail. Et ça change tout pour moi. Je suis mieux avec mes enfants, j’arrive à beaucoup mieux distinguer mes priorités. Le moi qui était sur Instagram il y a quelques mois et le moi d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes au travail… Ma fille aînée a 7 ans, on verra plus tard ce que nous ferons quand elle réclamera un smartphone et téléchargera des applis… Je sais que les dirigeants de la Silicon Valley ne donnent pas d’iPhone à leurs enfants et leur interdisent d’aller sur les réseaux sociaux car ils savent que ça nous déshumanise. Mark Zuckerberg investit même dans des écoles où les adolescents se rendent dans des camps de réfugiés et travaillent auprès d’autres humains. Mais en réalité, je ne suis pas tellement inquiète pour mes enfants. Je le suis davantage pour cette génération de sexagénaires qui a découvert récemment les réseaux sociaux. Je m’inquiète beaucoup pour eux. Quand on va chez mes parents, on n’arrive pas à dîner pleinement avec eux. C’est complètement fou, ils sont tout le temps sur leur portable, ma mère surtout. Finalement, ils sont encore pires que les adolescents ! »


84 MODE HISTOIRE(S) DE MODE LES FILLES DU BORD DE MER Romantiques et

rockmantiques

LE TEMPS DE L’ACCESSOIRE La main dans le sac ARTY Un Vuitton en série limitée


STYLE

104 BEAUTÉ

116 LIFESTYLE

NOUVEAUTÉS, CONSEILS, CONFIDENCES

DÉCOUVERTES ET SENSATIONS

NOUVELLES TÊTES Le best-of des coiffures

ULTRA SOIGNÉE Pour une chevelure de rêve

TESTÉ ET APPROUVÉ Le masque pour les cheveux

DESTINATION Cadaquès, pittoresque et chic

FOOD Le nouveau défi de Christophe Hardiquest INTERVIEW Le petit déjeuner de Stefi Celma


NEW ROMANCE Femke : Blouse bleue marine, Tod’s. Mini robe noire perlée, Laurence Bras.

S’enveloppant dans des vêtements oversized, les filles du bord de mer livrent leur version du nouveau romantisme en les portant sur des robes et des blouses délicates avec quelques accessoires sophistiqués. Pour un hiver intense. Photos Lalo & Eva Réalisation Christine Van Laer

Poncho en tricot, Tod’s. Cuissardes en caoutchouc kaki,

Chanel. Pascalle : Manteau kaki, Christian Wijnants. Chemisier noir, Love Child. Cravate vintage, YSL.

Top perforé,

Elisabetta Franchi.

Pantalon étroit noir, Tod’s. Poncho en tricot, Tod’s. Bottes en caoutchouc noires, Chanel.



Femke : Cardigan noir en laine avec broche en cristal, pantalon large blanc, Dries Van Noten. Chemise longue blanche, Christian Wijnants.

Chemisier vert foncé,

Uniqlo. Pascalle : Blazer XL

avec broche en métal, blouse gris foncé en soie transparente, Acne Studios. Short blanc en coton, Love Stories. Sac en cuir blanc, Le Tanneur. Cuissardes noires en cuir stretch, Arket. Droite

Jupe large en tulle, Natan Couture. Pull large en jersey, Mr Mittens. Blouse orange, Tela.



Longue jupe étroite en cuir, veste sans col, empiècement et col blanc en coton,

Ann Demeulemeester.


Blazer et short en tweed, top perlé transparent, bas en jersey, Chanel. Chemisier blanc, TrueNYC. Cuissardes en cuir, Arket.



Femke : Blazer noir en laine , jupe en laine et fil métallique, pull col roulé en laine, chaussures noires en cuir, Prada. Pascalle : Pull noir en tricot avec épaulettes, jupe godet noire en laine avec ceinture, bottes en cuir noir, Prada. Sac en cuir orange, Le Tanneur. Gauche

Manteau XL noir en cuir verni et sac à dos vert en soie avec traîne, Raf Simons.


Mannequins Femke Lakenman et Pascalle Van Ginkel @Platform Agency. Coiffure et maquillage Sofie Van Bouwel. Assistante de production et de stylisme Lola Guldentops. Assistante photographe Eva Vlonk.


Manteau gris en laine avec capuche, Meryll Rogge. Blazer et pantalon noirs, Love Child. Chemise blanche, TrueNYC. Gauche Femke : Robe longue

écrue avec col bénitier, Christian Dior. Blazer vert foncé en laine, Vince. Cuissardes en cuir, Tod’s. Pascalle : Chemise

écrue en soie, cravate à fleurs, mini-jupe en laine, Louis Vuitton. Longues bottes en cuir, Arket.


SACS TOUT

Matelassés, imprimés, tressés, logotypés et colorés, ils affichent cette saison de sacrées personnalités. Photos Sigurd Grünberger Réalisation Anna Quérouil

À TRAC


Sac Saddle, en cuir Dior.

À gauche Sac Bolide on Wheels, en cuir Hermès. Pull et pantalon en coton Maitrepierre.


Sac Musubi, en cuir Acne Studios.

Robe en polyamide et résine Loewe. À droite Sac cartable en tweed, cuir verni et métal Chanel.



Sac coussin en cuir Louis Vuitton.

À gauche Sac Hobo Miu Wander, en satin matelassé Miu Miu. Robe en viscose Helmut Lang.


Assistantes stylisme Manon Baltazard et Sonia Montout. Mannequins Xia Yuancen/Viva et Annie Tice/New Madison. Casting Arthur Méjean. Coiffure Leslie Thibaud/Airport Agency avec Hair Rituel By Sisley. Maquillage Tiina Roivainen/Airport Agency. Manucure Sylvie Vacca/Call My Agent. Set design Maureen Coleman. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Margot Bootz.


100 STYLE MODE D’EMPLOI

NEWS MODE Par Elspeth Jenkins

COUTURE DE FÊTE

En prévision des fêtes, Édouard Vermeulen a conçu de grands volumes pour Natan Couture : des longueurs théâtrales et des manches XXL. Les coupes sont rondes, et l’oversize est omniprésent... Vivement l’hiver ! natan.be

VU CHEZ DIOR CRUISE

CETTE SAISON, ON RÉCLAME LE FOUET...

490 € sur high-everydaycouture.com

PRESSE.

TENUE DE SOIRÉE

Optez pour un pantalon de costume écru au lieu de noir. Plus original pour les fêtes et tellement stylé en combinaison avec une teinte camel. Ce petit bijou, c’est le label italien HIGH qui nous le livre sur un plateau. Une idée encore plus inspirante si on la combine avec une veste de smoking noire.


BELLA PERFORME

Coperni a un faible pour l’innovation... et Bella Hadid. En septembre dernier, lors de la Fashion Week de Paris, la marque présentait sa vision du printemps-été 2023 sous la forme d’une robe « spray on ». A l’occasion d’une incroyable performance, Bella Hadid incarnait une fusion futuriste entre science et mode. Cet hiver, toujours chez Coperni, des collégiennes à l’esprit libre portent une cape que l’on peut transformer en chapeau. La collection se veut provocante et désobéissante. Un défi relevé avec brio.

WISHLIST

Le collier issu de la collaboration Keith Haring x Pandora. Parce qu’il est gros et qu’il prouve que les bijoux tendance ne doivent pas nécessairement être chers... 249 € pandora.net

coperniparis.com

PRESSE.

PIN D’HIVER

Le sac Pin de Delvaux fête ses 50 ans cette année. L’occasion de donner naissance à un nouveau membre de la famille : le Pin Swing. Pour le modèle original de 1972, la maison de maroquinerie belge s’est inspirée des sacs à foin que les chevaux portent autour du cou. Les ateliers ont perforé le fond incurvé pour créer un sac léger comme une plume et non doublé. Le nouveau Swing se reconnaît à sa silhouette multifonctionnelle, sa double bandoulière et son cuir de taurillon souple. delvaux.com

AND THE WINNER IS…

Si nous devions décerner un prix pour le manteau le plus chic du monde, Alessandro Michele le remporterait au nom de Gucci. 9.800 € sur gucci.com


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STYLE

MODE D’EMPLOI

De la mode ou de l’art ? Le sac Capucines de Louis Vuitton est à la hauteur de sa réputation, intemporel et féminin. Grâce aux six artistes qui lui offrent une nouvelle vie, il impressionne encore. Parmi les modèles de la ligne ARTYCAPUCINES 2022, notre cœur bat plus fort pour le design inventif de l’Américaine Kennedy Yanko. Par Elspeth Jenkins

L’histoire du sac Capucines commence en 1854 avec l’ouverture de la première boutique Louis Vuitton rue Neuve-des-Capucines. Pour cette quatrième édition d’ARTYCAPUCINES en édition limitée, des artistes de premier plan comme Daniel Buren, Kennedy Yanko, Park Seo-Beo, Amélie Bertrand, Peter Marino et Ugo Rondinone se sont prêtés au jeu de la transformation. L’artiste américaine Kennedy Yanko se distingue par son travail autour du métal tissé et du « paint skin », un matériau qu’elle crée en versant de grandes quantités de peinture, en la laissant sécher puis en créant de nouvelles compositions sur base de cette couleur. « Je passe beaucoup de temps dans les décharges à chercher du métal. Tout le monde pense que j’utilise des carcasses de voitures,


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À gauche Un sac devenu œuvre d’art. 1. L’artiste

Kennedy Yanko dans son studio. 2. Le sac peut se transformer en pochette. 3. La belle patine aux reflets dorés a été réalisée par des artisans italiens.

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façon d’ajouter du volume et de la texture à mon propre travail en jouant sur différents matériaux.»

SEAN DAVIDSON. PIOTR STOKLOSA.

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mais je préfère les couleurs spécifiques des conteneurs maritimes en métal, des fûts de gaz et des bennes à ordures cassées », explique-t-elle dans son studio. « J’assemble tout, puis je peins le métal et j’ajoute quelques détails. En 2009, j’ai commencé à verser de la peinture sur des toiles, que j’ai ensuite retirée pour laisser d’incroyables couvertures corporelles. Ce que j’appelle le concept de “paint skin”. Cette action est décrite par Kennedy Yanko, elle-même, comme une « œuvre surréaliste expressionniste abstraite de type anthropomorphique ». Son travail a déjà été exposé aux Musées d’art contemporain de Detroit, Miami et Buenos Aires, pour ne citer qu’eux. Enfant, Kennedy Yanko se passionnait pour les œuvres monumentales composées de matériaux simples. « La première

qui m’a marquée était une installation d’Anselm Kiefer composée de millions de pièces de verre et de métal. Petite fille, je me souviens avoir pensé: “Qui a mis ça ici?” Qu’on puisse concevoir une telle œuvre m’avait beaucoup impressionnée.» Pour Louis Vuitton, l’artiste a conçu un design à partir d’un cuir imprimé en 3D. On y retrouve des effets de rouille et de patine ; une patine métallique et des effets dorés, appliqués par des artisans italiens. « Pour recréer mon “ paint skin ”, ils n’ont pas hésité à jouer la carte de l’innovation. Cette impression de rouille a été obtenue sur base de bactéries. Ils ont également réalisé plusieurs expérimentations sur base de vingt échantillons de couleur, puis utilisé un spectromètre pour obtenir la bonne nuance. C’était un processus intensif que j’ai vraiment apprécié. Ce travail m’a donné des idées sur la

Le design est également extrêmement polyvalent. Si la poignée en cuir est retirée, le sac devient une pochette. « Lors de ma première rencontre avec l’équipe de Louis Vuitton, j’ai abandonné mon idée de base. La fois suivante, ils m’ont proposé une foule d’autres options. De quoi booster mon imagination. Une fois que nous avons eu une idée claire de ce à quoi ressembleraient les couleurs et le style, je me suis concentrée sur sa fonctionnalité. Je voulais un sac que vous pouvez porter à n’importe quel moment du jour ou du soir et avec n’importe quelle tenue. » Pour l’artiste, il ne s’agit pas de design, mais bien de création. Pour elle, il est difficile de choisir entre l’art ou la mode, deux disciplines qui coexistent souvent. Pourtant, lorsqu’une œuvre est envisagée dans un autre contexte - à savoir le monde extérieur - l’expérience est totalement différente. « Je suis ravie de découvrir mon design dans le monde réel, par exemple, quand je rencontre une femme à l’aéroport qui a choisi ce sac pour voyager. Une œuvre exposée sur le mur d’une galerie ne peut jamais vous procurer ce type d’émotions.»


DES DÉFILÉS

Coperni

Couleurs, coupes, accessoires : voici les douze tendances phares repérées lors des Fashion Weeks automne-hiver 2022-2023. Par Aurélie Lambillon et Nolwenn du Laz

L’ULTRA-LONG SOIGNÉ

IL N’EST SIMPLEMENT JAMAIS DÉMODÉ. Lisse, souple et légè-

rement désordonné comme au défilé Coperni, ou alors dégradé, avec une mèche, une frange ou des ondulations, il se prête à toutes les envies au quotidien. À condition de s’astreindre à un minimum de soin.

ARMANDO GRILLO/IMAXTREE.COM.

LE BEST OF CAPILLAIRE


BEAUTÉ

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Chloé

LA FRANGE LIBÉRÉE

AU MILIEU DU FRONT chez Chloé,

sur une petite tête façon Mia Farrow dans Rosemary’s Baby, ou sous les sourcils sur cheveux longs comme Clara Luciani, elle impose sa partition. Coup de frais assuré.

COURTESY OF DOLCE & GABBANA/IMAXTREE.COM. ALESSANDRO VIERO/IMAXTREE.COM (X4). ARMANDO GRILLO/IMAXTREE.COM. COURTESY OF FENDI/IMAXTREE.COM.

Dolce & Gabbana

LE BIJOU EN TÊTE

BARRETTES ET BANDEAUX ne sont pas réservés aux petites filles. Pratiques et faciles à porter, les premières, siglées, accompagnent l’ambiance très « swinging sixties » du défilé Chanel et semblent directement sorties d’un salon de coiffure londonien Vidal Sassoon. Strassées, elles offrent la touche glam aux cheveux mouillés de Fendi. À porter avec une raie sur le côté très propre, positionnée au coin externe du sourcil, en clin d’œil à Gwyneth Paltrow dans La famille Tenenbaum. Chics aussi, le ••• serre-tête doré de Dior et le galon noir vu chez Roksanda.

Chanel

Roksanda

Chanel

Fendi

Dior


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STYLE

BEAUTÉ

LES BRAIDS À VOLONTÉ

de l’identité noire, les tresses ou « box braids », ultra-longues, aux épaules, fines ou épaisses, sont plus que jamais présentes sur les podiums, exprimant toute leur versatilité.

LE ROUX TOUT FEU TOUT FLAMME

Dolce & Gabbana

LE DÉGRADÉ BIEN DOSÉ

CHEZ GUCCI ET SPORTMAX, il assure un air cool un rien subversif aux coupes courtes ou mi-longues menacées par le « trop de sagesse ».

Sportmax

Gucci

Q UA N D K E N D A L L J E N N E R a ouvert le défilé milanais de Prada coiffée d’un chignon flamboyant, elle a aussitôt affolé les réseaux sociaux. La top, vue ensuite cheveux détachés chez Off-White, remet donc le roux à l’honneur. Avec des variantes de reflets rouges chez Isabel Marant ou carotte chez Acne ••• Studios.

Off-White

Acne Studios

COURTESY OF OFF WHITE/IMAXTREE.COM. COURTESY OF ACNE/IMAXTREE.COM.

COURTESY OF SPORTMAX/IMAXTREE.COM. ALESSANDRO VIERO/IMAXTREE.COM.

Fendi

COURTESY OF DOLCE & GABBANA/IMAXTREE.COM. COURTESY OF FENDI/IMAXTREE.COM.

SYMBOLES D’AFFIRMATION


LA PETITE TÊTE BIEN FAITE DÉSTRUCTURÉE CHEZ CHANEL,

afro chez Hermès, lissée pour Michael Kors et Saint Laurent, elle donne dans tous les cas un joli port et reste très féminine en dévoilant gracieusement la nuque.

Chanel

L’EFFET BICOLORE DÉJÀ PLÉ B I SCITÉ E PAR LE MON D E D E LA

COURTESY OF CHANEL/IMAXTREE.COM. ALESSANDRO VIERO/IMAXTREE.COM. ARMANDO GRILLO/IMAXTREE.COM.

COURTESY OF MICHAEL KORS/IMAXTREE.COM. GREGORY SCAFFIDI/IMAXTREE.COM (X2).

Saint Laurent

Isabel Marant

LE CLAIR ET L’OBSCUR

BRUN CORBEAU UN PEU DRAMATIQUE pour Bella chez Versace (qui a aussi décoloré ses sourcils pour accentuer l’effet de contraste) ou blond clair et angélique pour Gigi chez Coperni. Dans les deux cas, les sœurs Hadid ont opté pour des nuances extrêmes qui ne manquent pas de caractère.

Versace

Coperni

MUSIQUE en version déjantée, des flashs de mèches blondes encadrant le visage de la Britannique Dua Lipa au duo racines vertes/longueurs de jais de la californienne Billie Eilish, elle fait sagement son apparition sur le podium d’Acne Studios. L’inspiration ? Le « skunk hair », cette tendance des cheveux « à rayures » issue des années 90. L’idée ? Miser sur un look deux tons avec une démarcation bien nette, donc assumée. Pour un résultat optimal, mieux vaut confier sa tête à un professionnel de la coloration plutôt que se lancer en solo à la maison.

Acne Studios


Les bons gestes, les réflexes à adopter, les conseils de nos expert·es et notre sélection des meilleurs soins pour offrir à nos chevelures, quelle que soit leur nature, un maximum de brillance à l’approche de la saison froide. Par Céline Mollet et Kim De Craene Photo Laetitia Hotte Stylisme Agathe Gire

la lumière

HAUT MIU MIU, PANTALON UNDERCOVER. BAGUES DINOSAUR DESIGNS.

Faites entrer


BEAUTÉ

Peaufiner le rinçage E S S E NTI E L P OU R É LI M I N E R LE S HAM P OI N G, les résidus de mousse, l’après-shampoing, il est souhaitable minutieux. Le secret ? Il doit durer plus longtemps que le shampoing et n’est terminé que quand les cheveux crissent sous les doigts. Décollez les racines avec les doigts, afin que le jet passe bien sur tout le cuir chevelu. Insistez au niveau de la nuque, des tempes, du crâne. Si possible, utilisez une eau filtrée ou une eau minérale, car l’eau du robinet est très calcaire. « Préférez une eau fraîche (18 °C environ) en fin de rinçage, pour refermer les cuticules », recommande Yumiko Hikage, ambassadrice Hair Rituel by Sisley. Pour dissoudre le calcaire, ajoutez un peu de vinaigre de cidre ou de toilette dans votre eau de rinçage, car il a un effet astringent et resserre les écailles. « Oubliez le jus de citron, trop agressif pour la fibre capillaire », alerte Vincent Martin, fondateur d’AnS Brasil.

STYLE

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kératine, qui utilisent les plaques pour sceller le soin et refermer les écailles du cheveu. Par exemple, l’Extra Glow proposé par Delphine Courteille (140 € le soin d’1 h 30), ou le Rituel lissant Renaissance R’Detox signé AnS Brasil, revitalisant, qui gaine la fibre et détoxifie le cheveu grâce à la kératine et aux acides aminés (à partir de 140 € le soin d’une heure). Les indispensables 1. Soyeux Shampooing Lissant Renu de Nu Skin, 26,51 € les 250 ml. 2. Pour cheveux colorés Colorlast Pack Deep Treatment pour cheveux colorés de Biolage, 17,90 € les 100 ml. 3. SOS Masque Réparateur pour cheveux sensibilisés de Authentic Beauty Concept, 35 € les 200 ml. 4. Pour les blondes Masque Magically Transforming Tomato Retreatment de Omniblonde, 44 € les 175 ml. 5. Tonifiant Après-shampooing sans rinçage Hydrate & Repair de SheaMoisture, 14,99 € les 237 ml.

Les indispensables 1. Végétal Masque détoxifiant de Innersense, 32 € les 118 ml. 2. Détoxifiant Vinaigre de Rinçage Pureté d’ Yves Rocher, 9,90 € les 150 ml. 3. Assainissant Vinaigre de Citron de Waam, 12,50 € les 200 ml. 4. À détourner Vinaigre de Toilette de Diptyque, 55 € les 200 ml. 5. Glossy 8 Secondes Booster d’Éclat Elsève Color-Vive de L’Oréal Paris,

7,90 € les 200 ml.

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Purifier le cuir chevelu 1

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Soigner les longueurs LA FIBRE CAPILLAIRE A BESOIN D’ÊTRE BICHONNÉE, comme la peau, sinon elle est poreuse et ne peut pas réfléchir la lumière. « Mais évitez les soins trop riches ou les huiles dont la masse moléculaire ne pénètre pas dans le cheveu. Ils peuvent laisser un dépôt huileux sur la fibre qui altère la brillance, explique Vincent Martin. Préférez les formules contenant des ingrédients qui entrent naturellement dans la composition du cheveu : la kératine, les amino-acides, cela compense la perte naturelle de ces éléments lors des colorations, décolorations et autres traitements chimiques. » Au quotidien, il y a aussi de bonnes habitudes à prendre. Le conseil de Delphine Courteille, hairstylist créatrice du salon qui porte son nom : « Abandonnez les produits contenant de l’alcool mais aussi la cigarette, qui peuvent ternir le cheveu. Enfin, ne laissez pas sécher vos cheveux à l’air libre, préférez l’usage du sèche-cheveux. » De même, Yumiko Hikage préconise : « Ne dormez jamais les cheveux mouillés, cela les fragilise. » En salon aussi, misez sur des soins profonds à base de

LES CHEVEUX GRAS SONT SOUVENT EN MANQUE D’ÉCLAT. En cause : une surproduction de sébum, qui surcharge et empêche l’effet miroir. L’astuce de Vincent Martin ? « Offrez une petite détox à votre cuir chevelu en utilisant un gommage dédié, à masser délicatement pour stimuler la microcirculation et supprimer le sébum en excès. Autre option, le masque à l’argile, ultraabsorbant ». Une fois par semaine, posez-le en cataplasme sur le cuir chevelu et rincez avant qu’il ne sèche totalement. Vous pouvez concocter votre propre mélange à base d’eau et d’argile, ou choisir une formule prête à l’emploi. Les indispensables 1. Exfoliant Gommage Capillaire d’AnS Brasil, 50 € les 300 g. 2. Purifiant Après-shampooing Volumateur à l’argile de Aveda, 35,50 € les 200 ml. 3. Absorbante Argile Verte Prête à l’Emploi de Cattier, 2,80 € les 100 ml. 4. Régulatrice Argile Équilibrante Spécifique de Kérastase, 24,30 € les 250 ml. •••

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BEAUTÉ

Miser sur la bonne coloration CHEZ LE COIFFEUR, DEMANDEZ UN “TOP COAT”. Cette patine, à réaliser sur cheveux naturels ou colorés, apporte de la brillance pendant un mois et demi. « Et préférez une coloration végétale », poursuit Delphine Courteille. Elle gaine le cheveu et lui procure plus d’éclat. Sauf si vous avez un cheveu frisé ou bouclé, car elle a tendance à les assécher. Pour offrir un shot de lumière à votre chevelure, pensez à utiliser un henné naturel. Mélangez-en une à deux cuillérées à de l’eau chaude et ajoutez une dose de shampoing doux, si possible, au pH neutre. Mouillez vos cheveux, shampouinez, laissez poser deux à trois minutes, puis rincez. Vous pouvez appliquer cette préparation sur cheveux naturels ou colorés. Elle donne de l’éclat et des reflets à peine dorés. Les indispensables 1. Pur Henné Naturel de Centifoliía, 7,70 € les 250 g. 2. Bio Shampooing Douche Solide de Mustela, 9,20 € les 75 g. 3. Mythique Shampoing Dermo-protecteur Extra-Doux de Ducray, 5,15 € les 200 ml.

La Bonne Brosse. Retirez tous les jours les cheveux qui s’agglutinent sur son corps et lavez-la une à deux fois par mois avec du shampoing. Laissez-la sécher à plat. Les indispensables 1. Professionnelle Brosse de coiffage ovale de GHD, 33,50 €. 2. Classique Brosse à cheveux en poils et nylon BN1 de Mason Pearson, 202 € via Parfuma. 3. Pratique Brosse de voyage en 100% poils de sanglier de Christophe Robin, 69 € via Senteurs d’Ailleurs.

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Resserrer les écailles QUAND ELLES SONT OUVERTES, LE CHEVEU NE RÉFLÉCHIT PLUS LA

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Débarrasser la fibre du superflu LES POUSSIÈRES, IMPURETÉS, résidus de produits coiffants qui s’accumulent sur la chevelure lui donnent un aspect terne. Il est donc essentiel de les éliminer en la brossant matin et soir, mais également juste avant le shampoing. Ce geste est efficace pour dépoussiérer le cheveu, mais aussi pour étirer le sébum sur les longueurs et gagner ainsi en brillance. « Le brossage, c’est le premier soin sans eau », note Olivier Lebrun, fondateur d’Olab Paris. Le bon outil ? Une brosse pneumatique, plus douce pour le cuir chevelu, et en poils naturels, car ceux-ci contiennent de la kératine, une protéine naturellement présente dans le cheveu. Passez-la sur la surface de la tête afin de ne pas faire pénétrer les poussières dans la chevelure. Pour démêler les longueurs, choisissez un outil combinant picots et poils de sanglier. Commencez alors au niveau des pointes, en remontant doucement vers les racines. Pour que votre brosse reste efficace, n’oubliez pas de la laver. « Une brosse de qualité sanglier se nettoie souvent », soulignent Pauline Laurent et Flore des Robert, créatrices de

Les indispensables 1. High tech Sèche-cheveux Hydro Fusion de BaByliss, 69,90 €. 2. Edition limitée Airwrap multi-styler en Vinca Blue de Dyson, 579 €. 3. Protectrice La Crème 230 Hair Rituel by Sisley, 79 € les 150 ml. 4. Fortifiant Sérum Traitant Fortifiant Hair Alchemy de Oribe, 64 € les 175 ml. 5. Protectrice Huile Concentrée Metal Detox de L’Oréal Professionnel, 28,90 € les 50 ml.

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Assistante stylisme Manon Baltazard. Mannequin Lily Vogt/Oui Management. Casting Barbara Blanchard. Coiffure Natsumi Ebiko. Maquillage Miki Matsunaga. Manucure Marie Rosa. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Margot Bootz.

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LUMIÈRE. Il existe diverses solutions pour les refermer : le rinçage à l’eau froide offre un coup de pouce ; le lissage peut également être un allié, mais gare à l’excès de chaleur qui abîme la fibre. Si vous utilisez un appareil chauffant (fer à lisser ou sèche-cheveux), vaporisez au préalable un spray thermo-protecteur sur les longueurs. « Lors du séchage, orientez le séchoir à 45 degrés, pour applatir les frisottis et lisser les écailles. Cela augmente la brillance », rappelle Yumiko Hikage. N’abusez pas du fer à lisser, à employer après le brushing, en finition et surtout pas tous les jours. Enfin, terminez par une touche d’air froid. Elle fixer la coiffure et aide à refermer les écailles.


x Les Nouveaux Ateliers By Romain

LES NOUVEAUX ATELIERS BY ROMAIN

Une autre idée de la coiffure S’accorder la permission de devenir soi-même… entre les mains expertes de Romain, passionné de coiffure et de contacts humains.

Nous avons trouvé l’endroit à la fois chic, accueillant, haut de gamme et décontracté que nous cherchions. Car conjuguer savoir-faire et ego laissé au vestiaire n’est pas chose aisée au royaume de la beauté. Plus besoin de choisir entre service haut de gamme, mais guindé, et chaleur humaine débridée. Dans son magnifique espace aux allures de concept store-appartement, Romain et son équipe ont pu doser les justes ingrédients. Que nous sachions ou non ce qui nous va vraiment, c’est avec un réel sens de l’écoute qu’il guide, accompagne et rehausse toutes les élégances. De sa passion pour les couleurs, Romain tire des teintes naturelles, chaleureuses, répondant à l’air du temps sans jamais y obéir aveuglément. Son secret est là : une maitrise technique certaine, affirmée et confirmée au fil du temps et des expériences internationales auprès des célébrités et influenceuses les plus exigeantes, mais aussi une totale liberté. Prendre rendez-vous chez Romain, c’est comme rendre visite à un ami à qui nous aurions envie de confier nos secrets. Nous en ressortons plus belle, plus alignée à notre force intérieure. Notre allure est révélée. Nous (re) trouvons notre lumière et un doux sourire.

PRESSE.

Ouvert de 9h00 à 18h30 du mardi au samedi Rue Joseph Stallaert 36, 1180 Ixelles Rendez-vous : 02 356 06 93

Cet article a été réalisé en étroite collaboration avec Les Nouveaux Ateliers By Romain.


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BEAUTÉ

TESTÉ ET (AP)PROUVÉ

LE MASQUE CAPILLAIRE Un masque capillaire assouplit les boucles et redonne de la brillance aux cheveux ternes. Au même titre qu’une crème de jour, il apporte soin et douceur. Par Kim De Craene

MASQUE HYDRATANT N°8 BLOND INTENSE D’OLAPLEX, 29,50 € pour 100 ml.

MASQUE À L’ORCHIDÉE DE LEONOR GREYL, CHEZ SENTEURS D’AILLEURS, 47 € pour 200 ml.

MALVINE SEVRIN, RÉDACTRICE EN CHEF DIGITAL FR

KIM DE CRAENE, JOURNALISTE BEAUTÉ ET LIFESTYLE

MARIE GEUKENS, RÉDACTRICE FINALE

POURQUOI ? « Les fruits du buriti, un palmier sauvage originaire du Brésil, donnent une huile végétale riche, notamment en vitamine A et en bêta-carotène, qui nourrit et protège les fibres capillaires. Conçu pour les cheveux secs et colorés, ce masque apporte de la brillance et protège la couleur. »

POURQUOI ? « Mes cheveux sont secs et ternes après l’été. Par ailleurs, je fais régulièrement des colorations blondes et une queue de cheval au quotidien avec, à la clé, des cheveux extrêmement abîmés. Ce masque contient une technologie brevetée créatrice de liaisons, complétée par de l’acide hyaluronique qui hydrate les cheveux en profondeur, des céramides qui accélèrent leur réparation, et de l’huile d’avocat et de rose musquée pour un fini brillant. Olaplex garantit deux fois plus de brillance, quatre fois plus d’hydratation, six fois plus de douceur et 94 % de volume en plus. »

POURQUOI ? « Ce masque promet de réparer les cheveux épais, secs ou frisés, tout en les fortifiant et en réduisant la casse. Il apporte hydratation et douceur, ce qui facilite le coiffage. Les boucles sont plus souples. À appliquer sur cheveux secs en traitement intensif ou comme aprèsshampooing. »

MASQUE AU BURITI DE PHYTODESS, 36 € pour 200 ml.

★★☆☆☆

★★★★☆

ELSPETH JENKINS, DIRECTRICE MODE ET STYLE POURQUOI ? « Une détox pour les cheveux ? Tout un programme ! La gamme Metal Detox de L’Oréal Professionnel promet de détoxifier rapidement les cheveux grâce à une technologie à base de glicoamine qui élimine les particules de métal au cœur de la fibre capillaire. Résultat : les cheveux sont plus forts, et le rendu de la couleur optimisé. » INCONVÉNIENTS ? « Les produits

fonctionnent sur les cheveux colorés et les balayages : comme j’ai les deux, j’opte pour le shampooing et le masque de la gamme. Mauvaise idée : mes cheveux épais et secs deviennent crépus et des reflets jaunes apparaissent. Mon toner a été éliminé. Parce que oui, même un toner contient des métaux. » APPROUVÉ ? « Mon coiffeur me

fait remarquer que la gamme est particulièrement adaptée aux personnes qui font des colorations à domicile. Elle détoxifie les cheveux et leur donne un nouveau départ. Un effet que je ne recherchais pas avec mon balayage professionnel... »

INCONVÉNIENTS ? « Le produit promet un éclat durable, mais le résultat n’est visible qu’après le lavage, et ne se prolonge pas durant plusieurs jours. Heureusement, le temps de pose n’est que de cinq minutes. Je l’utilise donc après chaque shampooing pour raviver ma couleur. » APPROUVÉ ? « J’adore la texture fine et fondante du masque. Autre bonus : il facilite considérablement le démêlage de mes cheveux longs. Après le séchage, ils sont visiblement plus doux et plus brillants. »

★★★☆☆

INCONVÉNIENTS ? « Les professionnels recommandent d’appliquer le masque sur cheveux séchés à la serviette et de le laisser poser 10 minutes. Je dois donc sortir de la douche et attendre 10 minutes, avant d’y retourner pour le rincer. Une routine qui risque de faire fuir les flemmardes ou les pressées. » APPROUVÉ ? « J’observe un effet waouh instantané. Mes cheveux sont doux et lisses, même après plusieurs lavages. »

★★★ ☆

INCONVÉNIENTS ? « En termes de douceur et de brillance, je reste un peu sur ma faim. De plus, mes cheveux sont plus difficiles à peigner et à rincer qu’annoncé. Leonor Greyl conseille alors de rajouter une faible quantité de produit avant de passer un peigne à dents larges dans la chevelure pendant le rinçage. Ça aide. » APPROUVÉ ? « Le produit est composé de 98 % d’ingrédients naturels, une bonne raison de nous réjouir. La fragrance n’est donc pas parfumée. Après trois utilisations, mes cheveux sont fortifiés, leur réparation est clairement en bonne voie. De plus, je les coiffe sans difficulté et mes boucles restent bien définies. »

PRESSE.

MASQUE METAL DETOX DE L’ORÉAL PROFESSIONNEL, 28 € pour 250 ml.


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LES FONDAMENTAUX DE

KRISTINA DE CONINCK Serviettes en coton égyptien, rouge à lèvres marron foncé, crème abricot pour les ongles… Les rituels beauté healthy de la top belge Kristina De Coninck font parfois écho à ses souvenirs d’enfance. Par Kim De Craene

À QUELLE HEURE VOUS LEVEZVOUS LE MATIN ?

En général, je suis debout tôt. Je prends une douche ou je me rafraîchis à l’évier comme autrefois. Un gant de toilette, un pain de savon biologique Saint-Hilaire et une serviette en coton égyptien sont mes indispensables. J’applique ensuite la crème Hydraskin Light de Darphin, mais j’aime alterner avec d’autres soins de jour comme celui de Weleda. Je termine mon rituel matinal par un délicieux petit-déjeuner composé de fruits, tartines, confiture, thé Earl Grey ou café. VOUS ARRIVE-T-IL DE METTRE LE NEZ DEHORS SANS MAQUILLAGE ?

J’assure toujours le minimum syndical, comme une couche de mascara ou un soupçon de blush. Je ne me sépare jamais de mon tube de rouge à lèvres rouge et de ma brosse à cheveux. Pour ce qui est du make-up, j’utilise un anticerne Sisley et un mascara marron foncé Chanel. Une nuance qui aura aussi un bel effet sur les lèvres, pour un look naturel. COMMENT PRENEZ-VOUS SOIN DE VOTRE PEAU ?

J’applique chaque jour de la crème solaire Caudalie.

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JORRE JANSSENS. PRESSE.

Ses 3 essentiels

1. « Un classique qui rafraîchit et apaise. » Le Démaquillant Express Yeux Pur Bleuet d’Yves Rocher, 11,50 € pour 200 ml. 2. « Idéal pour le démaquillage. » Gel nettoyant à la graine de persil d’Aesop, 33 € pour 100 ml, via De Bijenkorf. 3. « Un gommage corps au sel marin et aux huiles

essentielles de sauge, romarin et lavande. Un vrai luxe. » 3 1

Gommage au sel marin 063 de L:A BRUKET, 44 €, via Beauty by Kroonen.

Erratum : dans l’article consacré aux Fondamentaux de Gaëlle Van Rosen, paru dans notre numéro d’octobre en p.109, une petite coquille s’est glissée dans le prix du mascara They’re Real ! de Benefit, il est à 29,90 €.

J’accorde aussi beaucoup d’importance à la beauté des mains. Pour mes ongles, j’utilise la Crème Abricot de Dior. Ce produit se décline aussi en huile, dans un joli packaging, facile à emporter partout. CONSACREZ-VOUS BEAUCOUP DE TEMPS ET D’ARGENT AUX SOINS CAPILLAIRES ?

C’est Yuji de L’Humaine Comédie Yuji à Paris qui me coupe les cheveux. Il sait exactement ce que je veux. C’est aussi un expert dans son domaine. Il m’a permis de découvrir les produits de la marque française Christophe Robin. VOUS PRATIQUEZ UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE ?

J’aime nager et marcher, et je fais des exercices de stretching simples deux fois par semaine. VOUS SUIVEZ UN RÉGIME STRICT ?

Je n’ai jamais suivi de régime, mais je mange sainement : de la viande en quantité limitée, un morceau de poisson deux à trois fois par semaine et des légumes frais. QUELLES SONT LES ODEURS QUI VOUS REPLONGENT DIRECTEMENT DANS VOTRE ENFANCE ?

L’odeur de la laine 3 SUISSES que je commandais sur catalogue. Et aussi celle des chevaux et du lait de vache de la ferme située près de chez nous, à Edegem. Sans oublier la couronne de l’Avent avec de vraies bougies, la crème Nivea dans sa boîte bleue et les crêpes à l’occasion de mon anniversaire. LA PLUS BELLE FEMME QUE VOUS AYEZ JAMAIS RENCONTRÉE ?

Ma mère Maria. La beauté réside dans la personnalité, le regard, les yeux, l’expression du visage, ainsi que dans l’élégance des postures et des mouvements. Ma mère avait soixante-huit ans quand elle est décédée en 2000. C’était la maman la plus belle et la plus douce du monde.


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STYLE

BEAUTÉ

LA SÉLECTION DE LA RÉDACTRICE CONFIDENCES

Des produits tendances aux classiques revisités, notre journaliste beauté fait le point sur les nouveautés les plus remarquables du moment. Par Kim De Craene

L’ART DU BAIN

Les légendaires ampoules de Babor relookées par le jeune artiste allemand Paul Schrader rendent cette expression totalement appropriée. L’autre bonne nouvelle : ces œuvres d’art pour la salle de bain vous procurent une peau uniforme et éclatante. Collection Masterpiece de Babor, à partir de 19,90 €.

LA CRÈME DE LA CRÈME

Le plus souvent, on le sait : « Less is more ». Sauf quand il s’agit de crème pour le corps. L’hiver approche à grands pas. Comme chaque année, pour éviter l’effet peau de croco, il est essentiel de s’hydrater un maximum. Avec cette crème nourrissante qui sent bon le thé vert, les agrumes et la sauge, par exemple. Crème Corps N° 12 Objets d’Amsterdam by Marie-Stella-Maris, 26,90 € les 200 ml.

TELLEMENT VOUS !

Rien n’est aussi élégant qu’un peigne Officine Universelle Buly. A fortiori s’il est décoré de vos initiales. The Benevolant est idéal pour les cheveux frisés et crépus, The Amiable, pour les fins et lisses. Faites-y graver votre nom, votre mantra ou votre mot préféré.

Kim De Craene, beauty editor.

INSTANTANÉS D’HOLLYWOOD

À partir de 55 € + 5 € pour la gravure sur bully1803.com

Make S#!+ Happen rassemble une série de portraits de stars comme Angelina Jolie et Jennifer Lopez lors de shootings pour les campagnes de la marque de cosmétiques Smashbox. Davis Factor, le photographe, n’est autre que l’arrière-petitfils de Max Factor, pionnier dans le registre de la beauté. Editions Rizzoli.

Le masque facial Activist est composé de Mānuka, un miel rare récolté sur les côtes sauvages de NouvelleZélande. Le miel est antibactérien, extrêmement hydratant, apaise les inflammations et vous procure un effet bonne mine immédiat. Un nouveau classique, idéal en toutes saison, que j’ai déjà invité dans mon rituel beauté. Mānuka Honey Mask by Activist, 97 € les 80 ml sur museandheroine.com et niche-beauty.com

LE MEILLEUR DE LA GRANDE-BRETAGNE

J’ai un faible pour Paul Smith. Les collections du designer britannique sont toujours décalées, stylées et ludiques. De plus, Smith est le créateur le plus sympa que j’ai jamais rencontré. J’applaudis donc des deux mains le lancement de sa première ligne de parfums d’intérieur : une série de bougies et de sticks parfumés et joyeux. À partir de 75 €.

OTAVIO SOUSA. PRESSE.

SUPER-POUVOIRS



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STYLE

LIFESTYLE

LA DOUCEUR INTACTE DE CADAQUÉS

Merveilleusement préservé, le village de pêcheurs catalan fait la fierté de ceux qui y ont élu domicile, amoureux·ses de son mode de vie nature et simple, entre balades à pied, découvertes de criques en bateau, tapas et cocktails au fil de l’eau. Après Salvador Dalí et Marcel Duchamp en leur temps, ce sont aujourd’hui les discrets de la mode et du design qui s’y sont installés, nous confiant au passage leurs adresses préférées. Par Elvira Masson Photos Clément Signoles

Entre ruelles fleuries et petit port avec vue, Cadaqués semble éternellement en vacances.


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LA MODE CULTE DE PEPA Un lieu mythique (une maison du XVe siècle où vivait Marcel Duchamp) que les élégants Carole Benazet et Frédéric Lagarrigue (fondateurs de Département Féminin, à Toulouse) ont restauré en lui redonnant tout son style originel. Quelques mois après sa réouverture, c’est déjà plus qu’une boutique : une destination qui mêle artisanat local, art

L’ARTISANAT CHIC DE COLMADO Impossible de ne pas remarquer, au hasard des ruelles du village, sa jolie devanture rouge. Ni d’en repartir sans un panier tressé, un tapis en jute ou une paire d’espadrilles. Carrer del Dr Callís, 12. Instagram @colmado_cadaques

LA NATURE SAUVAGE DU CAP DE CREUS Un parc naturel d’une beauté à couper le souffle, avec sa végétation endémique, sa côte découpée et son restaurant incroyablement situé où l’on se régale d’escalivade et d’anchois du Cap... L’été, les voitures sont interdites, une navette fait la liaison depuis le village. parcsnaturals. gencat.cat restaurantcapdecreus.com

(formidable expo, récemment, de l’artiste franco-ukrainienne Elvira Voynarovska), mode – Jacquemus, Loewe, et les fameuses robes La Bottega di Brunella –, déjà distribuée par Pepa dans les années 70. Carrer Dr. Pons. Instagram @pepa_cadaques


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STYLE

LIFESTYLE

LA CUISINE INSPIRÉE DE TALLA On réserve plusieurs semaines à l’avance pour goûter à la cuisine du génial Vito Oliva. Son poulpe, ses calamars et ses huîtres travaillés avec une créativité bluffante sont inoubliables. Les restaurants sont dans l’ensemble de très bon niveau : Es Baluard, une institution locale, est un immanquable. Talla, Riba Pitxot 18. tallacadaques.com. Es Baluard, Riba Nemesi Llorens, 2. esbaluardcadaques.net

LES ORS DE SANTA MARIA Superbe église blanche du XVIe siècle, elle abrite une splendeur: l’un des plus importants retables baroques de Catalogne, œuvre du sculpteur Pau Costa dédiée à la Vierge.

L’AMBIANCE COOL DU MARITIM

À VOIR AUSSI

Le monastère de Sant Pere de Rodes, splendide bâtiment construit au IXe siècle.

L’un des nombreux bars fréquentés à toute heure, pour le café du matin, le retour de plage, les cocktails et les tapas au coucher du soleil. Et comme partout, l’ambiance est décontractée et joyeuse.

Carrer Portal de Mont 1.

Où dormir?

Paseo Marítimo/Avinguda Caritat Serinyana. boianit.com

LE VIGNOBLE DE TERRA REMOTA Un lieu superbe doté d’un parcours artistique passionnant créé par un couple de Français (Emma et Marc Bournazeau) qui produit en bio des vins qu’on adore. La cave et l’espace de dégustation sont des bijoux architecturaux. Els Tallats, Sant Climent Sescebes. terraremota.com

Le restaurant de Cap de Creus est doté de trois appartements, entre 80 € et 150 € par nuitée pour 4 nuits au minimum. restaurantcapdecreus.com

L’hôtel Llané Petit, très bien situé sur la plage du même nom, est une belle adresse au décor contemporain. llanepetit.com

À voir aussi

Évidemment, la demeure de Salvador Dalí à Portlligat, à quelques minutes de Cadaqués. C’était une petite maison de pêcheurs qu’il a agrandie au fur et à mesure et qui est aujourd’hui un musée. Chaque pièce reste en mémoire pour toujours. Platja de Portlligat. salvador-dali.org

Pour y aller

Une petite heure en voiture depuis la gare de Figueras.


Actu des marques Page réalisée par le service commercial

PIANEGONDA

LA BEAUTÉ SOUS TOUTES SES FACETTES

Des bijoux qui s’apparentent à de véritables sculptures, des formes pures twistées par un design ultra contemporain et un esprit urbain. La nouvelle collection allie des formes rondes ou plus acérées à des surfaces géométriques et à des pierres serties. Une ode à la féminité dans toutes ses déclinaisons et des bijoux que l’on garde et se transmet. Prix sur demande - pianegonda.com

NATAN x HYPECHASE DURABILITÉ

Natan s’associe à la marque Hypechase, fondée par un couple de créateurs issus de Belgique et de Mongolie. Une collaboration durable, luxueuse et éthique, qui respecte les habitants, les animaux et l’environnement, grâce une fibre collectée auprès de l’ONG mongole Sustainable Cashmere Union. Une collection faite à la main et qui fait sens.

SEBAGO AH22 EN MARCHE !

Quand les trois âmes de la marque – Citysides, Campsides et Docksides- se réinventent pour l’hiver, cela promet des modèles complices de tous les moments de la saison à venir : en mode urbain ou dans un esprit plus loisir, chaque modèle sublime la silhouette et l’accompagne partout, quelles que soient les circonstances.

natan.be

sebago.be

LOLALIZA

VIVE LE VENT D’HIVER !

NU SKIN

ŠKODA VISION 7S

Un rituel beauté qui allie nettoyage en profondeur et exfoliation douce grâce à la technologie brevetée Two-Sense Motion et une brosse de nettoyage surdouée. La version connectée de l’appareil de beauté nettoyant Nu Skin ageLoc LumiSpa est la clé d’une peau au top et d’un coaching personnalisé et mixte. Deux minutes matin et soir : bluffant !

En dévoilant son concept VISION 7S (7 places), ŠKODA AUTO offre le premier aperçu du design des futurs modèles du constructeur. Carrosserie mate, habitacle dans des matériaux durables et avec surfaces interactives, autonomie de plus de 600 km et un profil écologique. Un modèle qui préfigure l’avenir de la marque en termes de style et de renouveau !

286,19 € - nuskin.com/content/nuskin/fr_BE/ home.html

Avant-première d’un futur design (Skoda Vision 7S) skoda.be

PRESSE.

2 MINUTES TOP CHRONO !

VISIONNAIRE

Qui a dit que l’hiver rimait avec couleurs sombres ? La collection Smooth Sailing de LolaLiza illumine les journées courtes avec des tons et des imprimés vifs, et sublime les teintes automnales ! Des basiques incontournables (long bodywarmer, gros pull) et des pièces fortes (robe longue, pull à franges), l’automne-hiver sera gai ou ne sera pas ! En boutique et en ligne sur lolaliza.com/be-fr


FAITES-VOUS PLAISIR !

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STYLE

LIFESTYLE

MASTERCLASS

CHRISTOPHE HARDIQUEST, LE NOMADE ÉTOILÉ Il avait un besoin viscéral de changement. En fermant Bon-Bon en juin, Christophe Hardiquest sortait volontairement de sa zone de confort et revendiquait une envie profonde de nomadisme. Ses défis : la Mère Germaine, sublime table à Châteauneuf-du-Pape, et un nouveau concept à Bruxelles. Par Aurélia Dejond

Il termine une pêche provençale, son dernier coup de cœur en date. « Une émotion gustative réelle, la meilleure pêche de ma vie ! ». Le sourire dans la voix, il est intarissable. Débordé, mais pas avare de son temps lorsqu’il s’agit d’évoquer la passion qui continue à l’émerveiller depuis ses treize ans, fasciné déjà par la cuisine de sa grand-mère. « Une artisane hors-pair. Elle tuait un cochon deux fois par an, faisait ses jambons blancs, son lard, sa confiture, son pain au

lait, tout était maison, artisanal et hyper local. Elle a fait de moi un lécheur de casseroles (rires) et mes madeleines de Proust sont innombrables, entre le fumet d’un vrai pudding ou la sauce d’un vol-au-vent… ma mémoire gourmande est gigantesque ». Une éducation que ce locavore averti n’a de cesse de transmettre en prônant une cuisine de proximité, dans un souci de préservation de la planète et de mise en avant des produits du terroir. Son credo : circuits courts, saisonnalité, artisanat.

« LA FAÇON DE MANGER EST UN RÉEL BARO-

MÈTR E D E L’ÉTAT D U MON D E. Quand j’ai annoncé la fermeture de Bon-Bon, j’ai reçu une trentaine de propositions, aussi bien dans des palaces parisiens qu’à Dubaï ou Taïwan. Or, je souhaitais me repositionner, me réinventer pour mieux me challenger et ne plus être l’homme d’une seule adresse. Être aux fourneaux de la Mère Germaine correspondait à mes valeurs. J’y revisite la gastronomie provençale avec des produits d’exception,


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SA RECETTE POUR ENTRER DANS L’HIVER LE RISOTTO DE PETIT ÉPEAUTRE AU POTIMARRON, BÉARNAISE AUX CHAMPIGNONS Les ingrédients pour 4 200g de petit épeautre (à tremper dans l’eau 10’), 1 échalote et 1 gousse d’ail ciselée, 70g de vin blanc, 1L de jus de potimarron centrifugé, 20g de beurre, ½ botte de ciboulette ciselée, 80g de brunoise de potimarron blanchie, 60g de parmesan râpé, zestes râpés d’une orange, 4 jaunes d’œuf, 70g de vinaigre à l’échalote, 150g de beurre clarifié, 40g d’estragon haché, 20g de champignons (cèpes, girolles…)

La recette ultime Le risotto Faire revenir l’échalote et l’ail ciselé dans l’huile d’olive. Ajouter le petit épeautre, laisser perler. Déglacer au vin blanc, mouiller avec le jus de potimarron et laisser cuire à feu doux environ 45’ en mélangeant régulièrement. Mettre la noix de beurre, la ciboulette, la brunoise de potimarron et lier avec le parmesan râpé. Rectifier l’assaisonnement à votre goût et ajouter les zestes d’orange râpés au dernier moment.

La béarnaise aux champignons

dans une démarche qui colle aux enjeux environnementaux. Une cuisine qui a du sens est la seule qui m’intéresse». ENTRE BRUXELLES ET CHÂTEAUNEUF-DU-

PRESSE.

PAPE, CHRISTOPHE HARDIQUEST SE SENT

PLUS « COMPLET ». « En Belgique, je vais ouvrir cet hiver un concept autour du vin*, sorte de comptoir gastronomique pour lequel je serai un chasseur de bons produits, un traqueur au service de la qualité, du goût et des émotions. Quant à

la Provence, j’y ai emmené une partie de ma brigade, j’y ai un chef exécutif et j’y forme des cuisiniers, j’y suis une semaine par mois. Ce qui me fait kiffer ? Voir des gens qui apprennent à mes côtés à réussir». Car le chef étoilé est avant tout un passeur de talent, avide d’être acteur du monde culinaire en devenir.

* La date officielle sera confirmée sur les réseaux sociaux : @christophe.hardiquest

Fouetter les jaunes d’œuf avec le vinaigre d’échalote et une pincée de sel à feu doux. Une fois le mélange bien mousseux, brillant et que le fond de la casserole commence à être visible, ajouter hors du feu (tout en fouettant) le beurre clarifié fondu en petit filet. Rectifier l’assaisonnement à votre guise et agrémenter la béarnaise d’estragon haché et d’une poêlée de champignons.


PUBLI-REPORTAGE

TONIC UNE ROBE DE CÉRÉMONIE POUR CÉLÉBRER LA VIE ! Mettre en valeur la beauté de chaque femme est notre vraie passion !

Les robes Tonic vous habillent avec raffinement et élégance pour célébrer le plus beau jour de votre vie. Elles embellissent de couleurs et parent de joie, votre cortège et vos demoiselles d'honneur. Quelque soit votre taille et votre morphologie, les robes Tonic sont accessibles à des prix très doux allant de 60 à 120 €. Vous prévoyez bientôt une fête, une cérémonie, votre mariage ? Félicitations ! Votre robe Tonic fera de vous la véritable reine de la fête !

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PUBLI-REPORTAGE

CORNETTO GYM CLUB

AIDER GUIDER ET MOTIVER ! LA TEAM QUI VOUS ENTRAINE VERS VOS OBJECTIFS Aujourd’hui nous avons rendez-vous avec Mandy Lentzen

et Emeric Cornetto, un couple dynamique qui a décidé de placer au centre de sa vie le sport et l’alimentation nutritionnelle. Ne cherchez plus ! tout ce dont vous avez besoin est à Seraing, dans le complexe de 3000 m2 que Emeric et Mandy ont repris en 2019. Salle de boxe, petits commerces, esthéticiennes, tatoueurs… et bien sûr le club de sport CORNETTO GYM ! Un concept QRXYHDX HW GLႇpUHQW TXL YRXV propose un vrai service et de vraies connaissances. Pas de cours collectifs… Dans cet espace sportif de 1 600 m² refait à neuf, vous trouverez 3 salles de sport, 180 postes d’entrainements et plus de 150 machines high tech (Cybex, Hammer Strenght, Nautilus). Spécialisé dans la remise en forme individuelle et personnalisée, CORNETTO GYM vous propose une méthode de remise en forme HႈFDFH HW SURJUHVVLYH TXL consiste à mettre en pratique un programme d’activité physique, établi sur mesure. Associée à un équipement sportif haut de gamme et à la disponibilité permanente d’un coach spécialisé, vous avez la garantie de progresser dans les meilleures conditions de confort et de sécurité. Une prestation de services qui associe les moyens techniques et pédagogiques nécessaires à la réalisation de vos objectifs de mise en forme et, plus généralement, à l’entretien de votre capital santé. Des coachs passionnés…

Les salles CORNETTO GYM sont sans abonnement et accessibles 7/7 jours du lundi au vendredi de 8 h à 21 h 30 Les samedis : 8 h-16 h et dimanche : 8 h-14 h, même les jours fériés pour une totale liberté !

Ils sont 5 et sont tous de vrais champions dans leurs GRPDLQHV 7RXV VRQW GLSO{PpV TXDOL¿pV GDQV OD QXWULWLRQ et formés pour vous guider et vous motiver à atteindre vos objectifs. Dès votre premier rendez-vous au club, votre coach est là pour vous accueillir. Que vous souhaitiez perdre du poids, prendre de la masse musculaire, des objectifs sportifs particuliers, ou une remise en forme… leur rôle et leur mission sont d’être à l’écoute de vos besoins et G¶LGHQWL¿HU YRV SUREOqPHV ¬ OD VXLWH GH YRWUH VpDQFH G¶HVVDL OH FRDFK YD SODQL¿HU YRWUH SURJUDPPH G¶HQWUDLQHPHQW HQ fonction de vos problématiques et objectifs. Un maximum de machines… Pour ne pas attendre (comme souvent dans les salles de sports…), plus de 150 machines fonctionnent en même temps, des équipements de dernière génération TXL YRXV RႇUHQW XQH YDULpWp G¶DFWLYLWpV SRXU WRXV OHV W\SHV G¶HQWUDvQHPHQWV UHQIRUFHPHQW WRQL¿FDWLRQ VDOOHV GH musculation, plans d’entraînement personnalisés, espace FDUGLR ¿W VKRS FRPSOpPHQWV QXWULWLRQQHOV FKRL[ HW FRQVHLOV pour un coaching alimentaire… Un programme évolutif, accompagné de conseils nutritionnels destinés à optimiser les résultats souhaités. Ainsi, la technicité convient parfaitement aux sportifs pour leur préparation SK\VLTXH HW QXWULWLRQQHOOH D¿Q d’améliorer leurs performances. Cornetto shop… Macrocalorie le sport du 21é siècle… ¬ 6HUDLQJ HW j /LqJH UHWURXYH] les boutiques CORNETTO SHOP. Pour améliorer vos performances, prendre du muscle ou simplement vous faire plaisir et vous sentir mieux dans votre corps. Vous vous y procurerez des protéines; bio, végan, hydrolysées… Mais également des compléments alimentaires, et une épicerie diététique. Cornetto shop vous propose également de multiples plats préparés par un traiteur : Self Care Nutrition. Des repas composés de produits frais ou le nombre de calories est réparti PLQXWLHXVHPHQW D¿Q GH UpSRQGUH DX[ EHVRLQV GH FKDFXQ sont proposés pour accompagner votre programme de rééquilibrage alimentaire. Disponible aussi en e-shop ne manquez pas l’occasion de découvrir tous leurs produits !

CORNETTO GYM CLUB Rue des Chanterelles 378/b, 4100 Seraing, Belgique Tél. +32.470.89.45.11 http://www.cornettogym.be

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Pour communiquer dans cette rubrique, contactez Osez le Centre Ville au 01 48 46 60 97


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– Redéfinir votre silhouette – Améliorer la qualité de la peau – Uniformiser et illuminer le teint — Atténuer les rides – Supprimer durablement les poils indésirables – traiter le relâchement cutané – massages – traitement de la cellulite et des cellules graisseuses. Des technologies de pointe �arie et �ara se �orment régulièrement au� nouvelles technologies et l�épilation laser, le microneedling, la cavitation par radio �ré�uence �ui traite les surcharges graisseuses localisées et les couches graisseuses accumulées, n�ont pas de secrets pour elles � �oujours soucieuses de vous satis�aire, en toute bienveillance et sans jugement, elles vous sont entièrement dévouées a�n de répondre � tous vos besoins� �ous o�rant une vaste gamme de produits et de services sur mesure, elles vous assurent d�obtenir des résultats � la hauteur de vos attentes� �ujourd�hui �arie s�intéresse au r�le novateur de la neuro� esthéti�ue �ui apporte des solutions pour vous prendre en charge de �a�on holisti�ue� �ne nouvelle discipline de l�esthéti�ue �ui a pour but une prise en charge globale en reconnectant le corps � l�esprit, des méthodes de coaching pour vous accompagner lors de votre parcours esthéti�ue traditionnel en travaillant sur l�image de soi, la con�ance en soi et l�estime de soi�

�haussée de �ru�elles �� �b ���� �ombre�e �él� ���������������� www.vkesthetik.be


PUBLI-REPORTAGE

BRIGITTE BALLINGS

BOUNCE BACK COACHING

Coach certifiée en transition et en résilience "Nous avo ns tous deux vi es, la seco nde co mmence quand on se rend co mpte qu'on n'en a qu'une". �vant d��tre l�ob�et du �él�bre livre de �a��a�lle �iordano, �ette �ensée sortait de la bou��e de �on�u�ius. �orte�ent ins�irée �ar cette pensée, Brigitte Ballings a un jour, "déci dé de franch ir le pas, de ch anger de métier et de vi e et de cr éer sa propre entreprise, afin de vous accompagner à un tournant de vie, de vous aider à rebondir". 'pP\VWL¿HU OH FRDFK LQJ �ave��vous �ue les �lus grands ��� se �ont �oa��er, ���e �uand tout va bien � �or�ée �o��e �ro�esseur de frança is, Brigitte a mené une carrière ascendante dans le �onde de l�entre�rise �elle �oss�de une tr�s belle e��érien�e dans les �essour�es �u�aines�, avant de dé�ouvrir la �or�e et la �uissan�e du �oa��ing �le �lus beau métier du monde". Brigitte Ballings comprend, de faço n �ar�aite, les dé�s et le �onde de l�entre�rise, �ais aussi, les situations de stress, de burn out, souvent engendrées �ar le �er�e�tionnis�e. �ui �lus est, elle brise le �tabou d'être rétrogradé.e". Elle-même a vécu la situation, a é�rit un livre sur le su�et �arri�re��etite��lle de dra�aturge �a�and, elle adore é�rire �, a�r�s avoir trans�or�é �ette étape de vie professionnelle en opportunité.

8QH FRDFK &HUWL¿pH HQ WUDQVLWLRQ " .HVDNR " Vous êtes certainement déjà en train de vous interroger. Votre situation -professionnelle ou privée- passée, vous la connaissez puisque vous sou�aite� la �odi�er. �otre �utur, vous le rêvez. Inspirée par sa propre expérience, Brigitte Ballings vous aide à formuler- à mettre des mots sur� �e tout nouveau ��allenge, a�n �ue, tout �o��e elle, �vous vous sentie� en�n bien dans ce que vous faites et à l'endroit où vous êtes".

&RKpUHQFH HW FRQJUXHQFH En tant que coach, Brigitte Ballings travaille en situation de parité : Vous connaissez la réponse à Vos questions, Brigitte vous pose les questions adéquates pour la trouver. �e �ar sa �ro�ession, �rigitte �allings s�est �réé �une bo�te � outils� et e��loie di�érentes te��ni�ues �our vous aider � dé�asser vos blo�ages et � trouver votre �nouvelle� voie. �ien s�r, son �oa��ing est tout aussi e��a�e dans le domaine du privé. Toujours chaleureuse, travaillant en ligne ou en présentiel, voire mixant les deux formules, Brigitte �allings a �our �a�tres��ots "bienveillance, confiance, sécu rité, empathie et déontologie". Dès aujourd'hui, faites a��el � sa boussole �

���.brigitteballings.be

Propos recueillis par Nadine Dzialowski

Pour communiquer dans cette rubrique, contactez Osez le Centre Ville au 01 48 46 60 97



LIFESTYLE

Sagittaire 23.11 – 21.12

ÉMOTIONS Vénus et Mars

font battre votre cœur plus fort. À deux, comptez sur des moments de passion. En quête de l’amour ? Une rencontre pourrait s’imposer (vers le 10). AMBITION Votre ciel valorise l’esprit d’équipe et les projets collectifs. Une collaboration va s’avérer productive, à condition de bien gérer vos ego respectifs.

Capricorne 22.12 – 20.1

ÉMOTIONS Vénus et Jupiter vous ouvrent l’appétit. Tout sera prétexte à vibrer, s’exalter et prendre du plaisir. En solo, une situation en stand-by va se débloquer à partir du 24. AMBITION Grâce à Mars, votre énergie s’exprime à son maximum. C’est aussi une bonne période pour donner plus d’espace à votre créativité.

Verseau 21.1 – 18.2

ÉMOTIONS Mercure, Vénus et Mars vous adorent : vos amours décollent, la communication passe et votre pouvoir de séduction défie l’entendement. AMBITION Si vous envisagez de créer votre entreprise, prendre des risques et vous démarquer, c’est le moment.

Poissons 19.2 – 20.3 Par Carole Vaillant

SCORPION

24.10 – 22.11

Vénus, dans votre signe, va sublimer votre séduction et faire décoller vos amours. Une histoire au point mort pourrait renaître de ses cendres (dès le 24). ÉMOTIONS

Entre tâtonnements et remises en question, pas mal d’envies ou projets vont arriver à maturité vers la fin du mois. Attendez-vous à des retours valorisants.

UNSPLASH.

AMBITION

ÉMOTIONS Vous pourriez passer du temps à démêler le vrai du faux concernant une relation. La bonne nouvelle : Vénus vous promet un renouveau amoureux à partir du 24. AMBITION Vous risquez d’être plus sensible au stress ou à la critique, tenez-en compte dans vos rapports avec les autres. Comptez aussi sur des succès encourageant en fin de mois.

Bélier 21.3 – 21.4

ÉMOTIONS Vénus et Jupiter donnent du souffle à vos amours entre éblouissement mutuel, plaisir et compatibilité maximum. En solo ? Une rencontre pourrait vous cueillir (vers le 9). AMBITION Votre ciel met en avant le travail d’équipe et le relationnel. En vous ouvrant à de nouveaux univers, vous aurez les meilleures opportunités.

Taureau 22.4 – 21.5

ÉMOTIONS Vénus va réveiller vos ardeurs à partir du 24, en favorisant les rencontres et le désir. Pic d’intensité émotionnel prévu le 26. AMBITION Mercure facilite vos échanges avec les autres. C’est une excellente période pour imposer votre point de vue en finesse ou parler d’argent.

STYLE

129

Gémeaux 22.5 – 21.6

ÉMOTIONS Vénus et Mars insufflent un élan neuf à vos amours. Une relation pourrait décoller ou amorcer un joli tournant. En privé, ambiance torride garantie. AMBITION Le ciel vous aide à imposer vos choix et exprimer votre potentiel créatif. On pourrait vous confier la tête d’un projet ou d’une équipe, mais prenez le temps de souffler.

Cancer 22.6 – 22.7

ÉMOTIONS Des ajustements sont à prévoir dans vos relations en début de mois, mais dès le 24, Vénus vous promet le retour du frisson amoureux. Avec qui ? Surprise, même si l’ambiance s’annonce inspirée. AMBITION Comptez sur un bon esprit d’équipe et des échanges constructifs. Mais anticipez une baisse possible d’énergie qui risque de vous rendre plus sensible au stress et la critique.

Lion 23.7 – 23.8

ÉMOTIONS L’amour retrouve son caractère ludique et spontané. La complicité est sans faille avec l’autre. En solo, quelqu’un pourrait vous amener à renoncer à votre liberté. AMBITION Mercure et Mars font pétiller vos neurones, vos idées fusent et votre créativité séduit. Des retours ultra-positifs sur vos résultats vont vous stimuler.

Vierge 24.8 – 23.9

ÉMOTIONS Au programme : plaisir des sens et avancées. En mode travaux d’approche, c’est le moment de passer à l’action. À deux, un projet d’achat va se préciser. AMBITION Vous pourriez obtenir plus de budget ou recevoir une prime substantielle. Gare cependant à la fièvre acheteuse !

Balance 24.9 – 23.10

ÉMOTIONS Grâce au Soleil et à Vénus, vous rayonnez d’une énergie ultra-attirante. Ajoutez à cela la « magic touch » de Jupiter, l’élan de Mars, et vous aurez la recette d’une vie amoureuse au top. AMBITION C’est le moment de mobiliser vos ressources : tout ce que vous entreprendrez ce mois-ci a des chances de réussir. Seul bémol : une tendance à occulter les difficultés, restez donc ancrée.


130

STYLE

LIFESTYLE

AIMEZ-VOUS VOTRE VISAGE ?

J’ai appris à l’aimer. On s’apprivoise avec le temps.

AIMEZ-VOUS VOTRE PRÉNOM ?

ÊTES-VOUS FILLE OU FEMME ?

Aujourd’hui, je suis femme. Parce que mère depuis peu, exactement un mois. Et aussi parce que les épreuves de la vie vous conduisent à devenir femme plus vite. DORMEZ-VOUS LA NUIT ?

Je suis une grosse dormeuse. En ce moment, avec un nourrisson, mes nuits sont un petit peu perturbées. LE PLUS BEAU REGARD QUE L’ON AIT POSÉ SUR VOUS ?

Il y en a eu plusieurs, des beaux regards bienveillants. Le regard de la personne qui partage ma vie. Et celui de ma fille aussi. Elle est déjà très vive. CITEZ DEUX AMANT.ES RÊVÉ.ES AU COURS DE VOTRE VIE ?

Leonardo DiCaprio et Denzel Washington. VOTRE PLUS GRAND PLAISIR SIMPLE ?

Partager du temps avec ceux que j’aime.

Oui, il est assez atypique. Il est directement lié à la championne de tennis, Steffi Graf. QUELLE EST VOTRE DERNIÈRE RECHERCHE GOOGLE ?

Acné du nourrisson.

POUVEZ-VOUS PRENDRE UN SELFIE ?

LE MEILLEUR CONSEIL QUE L’ON VOUS AIT DONNÉ ?

LA PREMIÈRE FOIS QUE VOUS VOUS ÊTES SENTIE LIBRE ?

D’avoir confiance en la vie. Et de lâcher prise.

Le petit déjeuner avec un açai bowl. C’est très énergétique.

Je vais avoir trente-six ans. Et à la trentaine, j’ai compris beaucoup de choses sur ma personnalité. Et sur le fait que des éléments de mon éducation m’empêchaient de me lancer dans de nouvelles expériences. Parce que j’avais des peurs. Lorsque j’ai compris que je pouvais me débarrasser de cela et ne garder que le meilleur, je me suis sentie libre.

QUEL EST VOTRE PLAISIR COUPABLE ?

LA PLACE DU SEXE DANS VOTRE VIE ?

QUEL EST LE PIRE CONSEIL QU’IL NE FALLAIT PAS SUIVRE ?

Je l’ai occulté tellement j’essaie de me concentrer sur l’essentiel. QUEL ÉTAIT LE MENU DE VOTRE DERNIER REPAS ?

Une bonne glace à la pistache. QUELLE EST LA PLUS GENTILLE CHOSE QUE L’ON AIT DITE À VOTRE SUJET ?

Une jeune femme m’a envoyé un message pour me dire que ma chanson, Du love et de l’eau, lui avait fait du bien au cœur. QUELLE EST LA PLUS MÉCHANTE CHOSE QUE L’ON AIT DITE À VOTRE SUJET ?

Que j’étais naïve alors que je n’étais pas du tout naïve, à ce moment-là.

Importante. Cela fait partie de mon épanouissement personnel. DANS LA VIE, FUIR, S’ADAPTER OU COMBATTRE ?

Tout dépend de la situation. Fuir, si l’on est en danger, oui. S’adapter, c’est aussi s’adapter aux autres. Et vivre ensemble, c’est la base. C’est très enrichissant, d’ailleurs. Et combattre les injustices, bien évidemment.

SORTEZ-VOUS SANS MAQUILLAGE DANS LA RUE ?

Je me maquille très peu. Je m’hydrate la peau et fais beaucoup de soins.

QUELLE EST VOTRE DEVISE ?

Ayons confiance en ce que la vie nous réserve. QUELLE EST VOTRE TENUE PRÉFÉRÉE ?

J’aime les tenues fluides et sexy. Et les looks masculins-féminins. QUELLE EST LA CHANSON QUE VOUS AURIEZ AIMÉ ÉCRIRE ?

Angola, la reprise qu’en a faite Bernard Lavilliers.

QUELLES SONT LES COULEURS DE VOTRE PAYS IMAGINAIRE ?

Des couleurs douces et lumineuses.

STEFI CELMA L’actrice française, rendue célèbre par la série Dix pour cent, s’est établie à Bruxelles, il y a peu. Son nouveau projet n’est rien de moins qu’un E.P., intitulé En oblique et distribué par PIAS, où son goût pour la saudade (la nostalgie souriante) et la bossa nova apparaît. Ayant étudié la musique avant la comédie, il était évident qu’un jour, Stefi chanterait. Par Joëlle Lehrer

STEFI SELMA.

LE QUESTIONNAIRE


É T I M I L L I N E T E T N E M E T I U T A R G Z E T U O C É S E É R É F É R P S N O S N A H C S O TOUTES V E U Q I G L E B E I R É H C P P A E R VIA NOT



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