OÙ SONT LES VIEILLES ? LUTTER CONTRE L’ÂGISME
BELGIQUE
® BELGIQUE - MARS 2022 MENSUEL 5,90€
VICTOR WEINSANTO
« J’AI BESOIN D’UNE MODE QUI NE SE PREND PAS AU SÉRIEUX »
MODE SPÉCIAL
VINTAGE
NOTRE GUIDE DU SHOPPING EN LIGNE
RETOUR VERS LE FUTUR LA MÉTA MODE DE DEMAIN
ON VA BOULEVERSER CE PRINTEMPS-ÉTÉ !
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ST E L L A M cC A RT N E Y
Lorsque Stella a lancé son atelier, personne ne parlait de durabilité dans la mode. Mais pour elle, c’était une évidence.
« Donnons du sens » : premium et durable par principe La créatrice de mode britannique Stella McCartney a joué un rôle actif lors de la première mondiale de l’Audi e-tron GT quattro et de l’Audi RS e-tron GT. De son côté, elle met également l’accent sur la durabilité dans ses collections depuis déjà longtemps. Découvrez son atelier. Le studio londonien de Stella McCartney
pour la protection des animaux Linda et
pas trahir mes valeurs. Le fait de fabriquer
cache des trésors. Il regorge de somptueux
l’ex-Beatle Sir Paul McCartney.
des sacs et des chaussures en cuir ou de porter des manteaux en fourrure était
tissus, de robes à couper le souffle, de
Créativité et durabilité
tout simplement hors de question »,
est pleinement impliquée dans tous les
Lorsque Stella McCartney a fondé sa
totalement contraire à mes convictions.
processus et veille à ce que les deux pierres
marque de luxe en 2001, personne ne
Et j’ai eu la chance de ne pas avoir à
angulaires de sa vie et de son entreprise
parlait de durabilité, et certainement pas
renoncer à ce qui est important pour moi,
occupent le cœur de son activité : la créativité
dans le secteur de la mode. Pourtant,
grâce à ma position privilégiée. »
et la durabilité. Des valeurs qui étaient déjà
elle savait déjà qu’elle voulait faire les
Le grand problème à l’époque était de
essentielles pour ses parents, célèbres dans
choses autrement.
trouver des matériaux durables pour ses
le monde entier : la photographe et militante
« Je savais dès le début que je ne voulais
projets - ils n’étaient pratiquement pas
baskets fabuleuses, d’accessoires glamour et de sacs à main incontournables. Stella
déclare Stella McCartney. « Cela aurait été
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L’Audi e-tron GT quattro 100 % électrique et Stella McCartney.
« Si l’on peut combiner créativité et durabilité, on est toujours sur la bonne voie. »
disponibles et personne ne semblait vouloir les produire. Heureusement, l’offre est
Une nouvelle matière pour l’Audi e-tron GT quattro
beaucoup plus importante aujourd’hui.
comment elle veut évoluer en matière de durabilité. Un engagement pour l’avenir. Tiziana Mauri, responsable du
« La durabilité est essentielle pour attirer
Avec Stella McCartney, Audi a trouvé un
développement de ces tissus au sein
les jeunes créatifs dans une entreprise, que
partenaire qui lui ressemble, ce qui se voit
du département Color & Trim d’Audi,
vous conceviez des vêtements ou, comme
déjà dans leurs réalisations respectives.
conclut : « Stella et moi partageons la
Audi, que vous construisiez de plus en plus
Par exemple, pour les tapis de sol de
même conception de la durabilité et de la
de véhicules électriques. Il s’agit de leur
l’Audi e-tron GT quattro, Audi a développé
qualité premium. Ces dernières sont les
avenir, et ils ne feront aucun compromis
le nouveau tissu Econyl, qui contient des
pierres angulaires de notre travail et ne
à ce sujet. Et c’est une bonne chose ! »,
fibres de nylon 100 % recyclées provenant
sont en aucun cas incompatibles. Pour moi,
résume-t-elle. « Pour moi, il n’y a rien de
de déchets de production, de tapis et de
l’approche durable fait bien plus partie de
plus passionnant. Si l’on peut combiner
filets de pêche. Ce tissu a à son tour inspiré
la norme de qualité qui nous caractérise.
créativité et durabilité, on est toujours sur
Stella McCartney pour la conception du très
La durabilité valorise le design et est
la bonne voie. »
beau sac Falabella Go. Avec des matériaux
fermement ancrée dans l’esthétique et
et des initiatives de ce genre, Audi montre
l’éthique d’Audi. »
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Entendons-nous bien que nous allons ici parler philo, mais pas en mode intello. Écartons un instant le fait que les vêtements, avant d’être de l’émotion, sont le résultat de processus de création, de production, de promotion, et encore un peu souvent de pollution. On ne va pas s’aventurer à prescrire une ascèse radicale de mode avec mine de déconsommation de circonstance, même si la sagesse tendrait un peu par là, si on fait un examen d’écoconscience. Chacun sait que la seule perspective d’un régime donne plus envie d’une portion de frites que d’un smoothie à la coriandre. Pour sauver la planète, ses eaux mousseuses, ses plantations textiles intensives, ses gisements de polyester, il conviendrait de commencer à porter les 80 % de notre armoire qu’on a complètement oubliés, au lieu de réfléchir au prochain colifichet. D’un autre côté, on adore ce « shopping high », équivalent modeux du « sugar rush », pic d’excitation euphorique et vaguement coupable généré par la consommation déraisonnable de chaussures ou de choux à la crème pure. Peut-on être juge et partie ? Écoresponsable et humainement aimanté.e par la nouveauté ? Peut-être qu’il existe un chemin de traverse, un compromis, concept réputé cher au pays qui produit parmi les meilleurs créateurs de mode au monde.
LA PIÈCE DE NOS RÊVES, ON L’A DÉJÀ Les pièces du bas de la pile méritent d’être redécouvertes, comme un ancien rencard qui n’a rien donné et qu’on recroise plus tard, à regard reposé. Assemblées avec nos quelques coqueluches de la penderie, elles révèlent un nouveau potentiel, une dimension d’expression qu’on ne leur avait pas encore concédée. Tout le monde sait que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs, mais qu’elle est plus tendre au printemps. Il faut les faire refleurir, nos vieux crushs de soldes roulés en boule dans un creux de tiroir. Les amortir avec imagination, les transformer, les sortir avec les palpitations des premiers jours. Faire un inventaire, faire preuve d’inventivité. Et si vraiment ce pantalon a besoin d’un top échancré qu’on ne possède pas encore pour pouvoir s’exprimer après trois ans à se lisser les poches à l’ombre d’un sapin antimites, sans doute peut-on le lui accorder. Pour l’encourager, ce brave baggy en velours, qui a juste besoin d’un peu d’amour. Mais alors on investit dans une pièce de qualité, de créateur (émergent/ indépendant) si possible, faite avec bon sens. Comme on est ce qu’on mange, on est parfois ce qu’on n’achète pas, ce qu’on fait durer, mais on est aussi l’image de nos petites faiblesses. L’équilibre ne se trouve qu’en mouvement, essayons, bien humblement, d’appliquer cette acrobatie de la raison qui flirterait avec la tentation, à nos vêtements. Elisabeth Clauss elisabethclauss 20 ELLE magazine
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SPRING SUMMER 2022
76 Maillot de bain asymétrique, Erès. Manche bomber multipoches en nylon noir, Sarah Levy. Bracelet-portemonnaie matelassé en forme de cœur, Chanel. Imper en nylon rose, Bellerose.
sommaire
STEPHEN MATTUES, PAOLA KUDACKI, VINCENT LEROUX, IMAXTREE / FEE-GLORIA GRÖNEMEYER, IMAXTREE, PRESSE
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MODE Front row : les tendances en avant-première. Méta mode : entre rareté des ressources, conscience écologique et progrès technologiques, à quoi ressemblera la mode de demain ? 60 Portrait de Lilia Litkovskaya, designer n°1 en Ukraine. Comment se porte la mode là-bas ? 70 On mise sur Victor Weinsanto, notre créateur coup de cœur ! Interview haute en couleur. 76 Girl on canvas : notre édito mode prend ses quartiers dans le Musée royal des Beaux-arts d'Anvers, fraîchement rénové. 98 Shopping Art et Mode : voici les must-haves de nos tendances préférées pour ce printemps-été. 106 Fripes en un clic : nos e-shops préférés pour 26 52
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shopper vintage en ligne.
REPORTAGE 32 58 73 94 120 144
Dakota Johnson : « J’ai l’impression d’avoir à la fois 26 et 48 ans. » Rebel Rebel, Phimnapha Sukram (21 ans), une bad bitch d’Anvers. Pyscho-rigolo : on mange dans le noir ! Qui est Carmen Willems, la directrice générale du Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers (KMSKA) ? Rompre le silence. Les violences conjugales, on en parle. ArmenTeKort : l'agence de rencontres solidaires.
BEAUTÉ Beauty Focus : tout ce qu'il faut savoir pour se pimper cet été. 118 Maison Éole, la nouvelle marque de beauté 112
qui mise sur les vignes belges.
LIFESTYLE 126 Le Triangle : le renouveau d'un quartier bruxellois qui a connu la gloire de la mode en Belgique. 134 Bienvenue à Nice : nos adresses coups de cœur pour un séjour au soleil. 148 C'est mon histoire : « Je suis devenue une sorcière verte (pendant 6 mois) » 152 Où sont les vieilles ? Lutter contre l'âgisme. EN COVER Alice de Broqueville @Hakim Model Management porte une robe et un corset Natan.
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Photographe : Stephen Mattues Styliste : Delphine Dumoulin Direction artistique : Iris Rombouts Make-up & hair : Rudy Cremers Assistante stylisme : Sara Van der Peet / Assistants photo : Simon Waterkyn et Romy Lenoor
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RÉDACTRICE EN CHEF ELLE.BE
RÉDACTRICE EN CHEF
Marie-Noëlle Vekemans, mnv@elle.be @maryvekemans
Marie Guérin, Marie.Guerin@elle.be @marie_elle_be
DIRECTRICE ARTISTIQUE
COORDINATRICE ELLE.BE
Iris Rombouts, iro@elle.be @imageboulevard
Jessica Fine, jfi@editionventures.be
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION & ICONO
Rosalie Bartolotti, rba@elle.be
Noemi Dell’Aira, nda@elle.be
GRAPHISTE WEB
@noemidellaira
EDITING
Juliette Debruxelles, jdb@elle.be
@juliettedebxl
MODE
CEO Bernard de Wasseige @jessicafine1
@rosaaliee
PHOTOGRAPHES/VIDÉASTES Justin Paquay, jpa@elle.be
@paqju
CREATIVE SALES MANAGERS
CULTURE
Grégory Escouflaire, ges@elle.be
GRAPHISTES
Leen Hendrickx, lhe@elle.be @l1hendrickx Florence Collard, fco@elle.be @florencecollard
TRAITEMENT DE L’IMAGE Walter Vleugels, wvl@elle.be
@walt_wings
PHOTOGRAPHIE
Justin Paquay, jpa@elle.be
CORRECTEUR Geoffrey Favier
Philippe De Jonghe, pdj@editionventures.be Johanna Webb, jwe@editionventures.be Kelly Gielis, kgi@editionventures.be Alexia Neefs, alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne, vdc@editionventures.be Nathalie Fisse, nfi@editionventures.be Elodie Andriveau; ean@editionventures.be
PRINT PRODUCTION COORDINATOR Amélie Eeckman, aee@editionventures.be
CREATIVE SOLUTIONS LAB
Lore Mosselmans (Campaign manager) lmo@editionventures.be avs@editionventures.be Charlette Louis (Campaign coordinator) charlette@editionventures.be Pauline De Witte (Campaign coordinator) pdw@editionventures.be
MATÉRIEL PUBLICITAIRE
Valérie De Jonghe, vdj@editionventures
TRADUCTION Virginie Dupont feat. talkie-walkie srl
ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO
Juliette Debruxelles, Camille Vernin, Malvine Sevrin, Alice Herman, Jolien Vanhoof, Barbara De Munnynck, Eveline Janssens, Ringo Gomez-Jorge, Stephen Mattues, Delphine Dumoulin, Rudy Cremers, Alice de Broqueville @Hakim Model Management
EDITION VENTURES WOMAN DISTRIBUTION AMP
BEAUTÉ
Responsable : Céline Pécheux, cpe@elle.be
COO Florian de Wasseige fdw@editionventures.be
IMPRIMERIE Quad/Graphics
Back-end developer : Paul Ansay; paul@editionventures.be
SALES DIRECTOR
LIFESTYLE
DIRECTEUR GÉNÉRAL Didier Henet
CEO Bernard de Wasseige
CELLULE WEB
Responsable : Marie Guérin, Marie.Guerin@elle.be Elisabeth Clauss, ecl@elle.be @elisabethclauss Responsable : Marie-Noëlle Vekemans, mnv@elle.be
EDITION VENTURES
EVENT
Noah Falcone fnfa@editionventures.be
PRODUCTION
ABONNEMENT
Par téléphone +32 (0)2 556 41 40 de 8 h à 16 h 30 / du lundi au vendredi par courrier AMP - viapress.be, Route de Lennik 451, 1070 Bruxelles. Par mail info @ viapress.be
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Il n’y a pas d’âge pour être heureuse.” rendre la vie plus belle
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Texte Jolien Vanhoof
ET L’ÉTÉ FUT Quels looks avons-nous repérés sur le podium ? Quel·le·s designers étaient à l’honneur ? En bref : quels souvenirs gardons-nous de notre tour du monde de la mode ? Notre rapport des tendances SS22 : directement des podiums à la rue. 1
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DE LOOK
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TENDANCE
DIVINE
1 Etro 2 Choé 3 Fendi 4 Alberta Ferretti 5 Salvatore Ferragamo 6 Rick Owens 7 Loewe 8 Lanvin
IMAXTREE
Dites adieu aux robes qui vous collent à la peau comme une seconde peau. Les créateurs et créatrices donnent à votre déesse intérieure l’espace dont elle a besoin avec des robes drapées, amples et élégantes à la fois. Parfois avec une touche surréaliste, mais le plus souvent comme un hommage à la Grèce antique. N’oubliez pas : votre corps est un temple.
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L’ACCESSOIRE
EFFET VOILE Grace Jones a rendu ce look immortel. Maintenant, c’est à vous de suivre son exemple voilé. Pratique, non ? Et plus jamais de bad hair day.
LE LOOK
UN PEU DE TENUE
1 Rick Owens 2 AZ Factory 3 Andreas Kronthaler for Vivienne Westwood 4 Isabel Marant 5 Balmain 6 Hugo Boss 6 Loewe
Essayez d’enfiler un uniforme scolaire à la « Gossip Girl », mais avec une touche contemporaine : manches volumineuses, couleurs ludiques… Tant que votre robe est boutonnée jusqu’en haut.
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COACH
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ÇA FRANGE ! Du macramé d’Alberta Ferretti aux mini robes de Fendi, le renouveau des volants prend vraiment son envol cette saison. Shake it! 1
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1 Chloé 2 Burberry 3 Emporio Armani 4 Philosophy di Lorenzo Serafini 5 Annakiki 6 Fendi 7 Stella McCartney 8 Alberta Ferretti
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LE DÉTAIL
MINIMALISTE JUSQU'AU BUREAU
À LA CHAÎNE Des sacs à main aux sandales en passant par les soutiens-gorge, cet été, nous sommes toutes à fond dans le heavy metal.
Pensez-y : des designs cool et réfléchis qui adoucissent l’humeur. Le défilé de Prada n’a pas été intitulé « Seduction, stripped down » pour rien.
1 Salvatore Ferragamo 2 AZ Factory 3 Balmain 4 Jonathan Simkhai 5 Balmain 6 Paco Rabanne
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V.l.n.r. : Alexander McQueen, Tod's, Proenza Schouler, Christian Dior, Prada
TENDANCE
CATSUIT
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1 Burberry 2 Saint Laurent 3 Marine Serre 4 Victor Glemaud 5 Roberto Cavali 6 Acne 7 David Koma 8 Lanvin
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Ce n’est pas la tenue la plus facile à porter lors d’une visite aux toilettes, mais est-ce important quand on se sent aussi invincible que Catwoman ? Miaou !
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DRAMAQUEENS Rien d’ordinaire dans le code vestimentaire post-pandémie. Nicolas Ghesquière mélange glamour et gothique pour Louis Vuitton et des créateurs tels qu’Alexander McQueen et Simone Rocha font entrer les femmes de classe dans l’ère Insta. #royal
1 Loewe 2 Alexander McQueen 3 Louis Vuitton 4 Louis Vuitton 5 Giambattista Valli 6 Givenchy 7 Balenciaga 8 Simone Rocha
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DITES-LE AVEC … DES PLUMES ! Répondez à l’appel de l’oiseau du paradis qui sommeille en vous et déployez vos ailes !
LE LOOK
1 Halpern 2 Christian Cowan 3 Koché 4 Valentino 5 Ermanno Scervino 6 Valentino 7 Giambattista Valli
POPPING Élu mot de l’année 2021 en Flandre, des créateurs comme Supriya Lele sont désormais prêts à joindre le geste à la parole. Du vert fluo à l’orange profond, on va s’éclater !
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Un palmier ici, une fleur exotique là-bas… Dans notre esprit, nous sommes déjà en train de passer nos meilleures vacances sous les tropiques.
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1 Fendi by Versace 2 Versace 3 Altazurra 4 Moschino 5 Coperni 6 Anna Sui 7 Isabel Marant 8 Valentino
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BEACH LIFE
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Photo © Rodolphe OPITCH
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interview
Texte Molly Creeden Photos Paola Kudacki
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AKOTA JOHNSON SOUS LES PROJECTEURS
Blazer, Gucci.
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interview
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Dakota Johnson est issue d'une lignée de femmes influentes. Aujourd'hui, elle marque elle-même les esprits. Molly Creeden l’a rencontrée pour parler matriarcat, maternité et perspectives de carrière à Hollywood.
« Vous connaissez “The Birthday Book ?” », demande Dakota Johnson. Elle est assise à une table éclairée par des bougies, les yeux bleus inquisiteurs, les sourcils bordés par une frange tellement bien maîtrisée que son entretien relève sans doute d’un full-time job. « C’est un énorme livre qui passe en revue chaque jour de l’année, tout en vous parlant de vous et des autres personnes nées le jour de votre anniversaire. Je suis née le jour des Incorrigibles. C’est logique. » Ça fait une heure que nous sommes à l’hôtel Shutters on the Beach, au moment précis où le soleil d’hiver se couche sur la plage de Santa Monica. Dakota Johnson était en retard – la faute à une discussion avec Andrew Garfield et au trafic infernal de LA. Alors que je me remettais de la fête de la veille, nous avons commencé par répondre à nos besoins respectifs. « On devrait commander des frites si vous avez la gueule de bois », suggère-t-elle, après s’être servi un thé. Sa boisson chaude en main, elle nous en dit plus sur le genre de personne qu’elle est, dont l’essence semble remonter au 4 octobre 1989, jour de sa naissance. Tout d’abord, elle rejette toute forme d’autorité. « Je n’aime pas les règles stupides, mises en place pour le plaisir d’établir des règles. Ou les gens qui veulent tout réguler par attrait pour le pouvoir », dit-elle fermement. « Si une chaise porte la mention “Ne pas s’asseoir”, je me dis : “Mais pourquoi pas, bordel ?” Je ne sais pas d’où ça vient ni pourquoi ça me crispe autant », avoue-t-elle en secouant la tête. Pourtant, en sa présence, on n’a pas l’impression d’être avec une incorrigible. Étrangement sereine, elle a une voix apaisante qui pourrait faire baisser votre rythme cardiaque quand elle s’exprime. Ce calme olympien surprend compte tenu de son éducation : des parents (Melanie Griffith et Don Johnson), une grand-mère (la star des années 60 Tippi Hedren) et un beau-père (Antonio Banderas) très en vue, et une enfance passée sur des plateaux de tournage aux quatre coins du monde. Elle a d’ailleurs appris à conduire sur le set de la série policière « Nash Bridges », dans laquelle son père tenait le rôle principal. Contrairement à la majorité des êtres humains, célèbres ou non, Dakota Johnson n’est pas gênée par les silences, que ce soit sous les projecteurs (voir son interview avec Ellen DeGeneres, populaire sur les réseaux sociaux pour ses blancs) ou entre deux personnes qui partagent des frites. Absorbée, elle prend une pause de près d’une minute après que je lui ai demandé comment elle fait pour supporter ce genre de temps d’arrêt, qui mettrait la plupart des gens mal à l’aise. Elle finit par revenir à elle, mais semble perplexe. « Well, que suis-je censée faire pour combattre le silence ? »
Parents sauvages, enfant calme Ce n’est pas seulement sa retenue. Dakota Johnson dégage une tranquillité qui vous donne l’impression que vous pourriez vous endormir pendant qu’elle lit à haute voix les indications du GPS. Sait-elle que son home tour pour le compte du magazine « Architectural Digest » [501.000 likes sur YouTube] – au cours duquel elle évoque amoureusement son canapé en mohair et une table fabriquée avec le bois du yacht de Winston Churchill – est comparé à de l’ASMR ? « J’avais une sacrée gueule de bois en faisant cette vidéo. C’est sans doute pour ça que j’étais si calme. » Mais d’où vient cette tranquillité ? Elle réfléchit à la question. « Mes parents sont... Je ne pense pas qu’ils me l’aient transmis, ils étaient plutôt sauvages quand j’étais enfant », poursuit-elle, faisant indirectement référence aux addictions et autres excès de Don Johnson et Melanie Griffith dans les années 90. « On prend ça pour de la sérénité. Mais c’est peut-être juste de la timidité. » Dakota Johnson est en effet réservée, et habile quand il s’agit de garder pour elle des informations qui pourraient enflammer la presse people. Depuis 2017, elle sort avec Chris Martin de Coldplay et, en public, le couple attire des hordes de paparazzis des deux côtés de l’Atlantique. Ils ont pris le parti de mener une existence tranquille dans une maison moderne de style Cape Cod à Point Dume, Malibu. « Nous sommes ensemble depuis un moment. Nous sortons de temps en temps, mais nous travaillons tous les deux tellement que c’est agréable de rester confortablement à la maison, où notre intimité est préservée. La plupart des fêtes ont lieu chez moi », précise-t-elle en faisant allusion à ses amis qui appartiennent de près ou de loin à l’industrie du spectacle.
« J’AI L’IMPRESSION D’AVOIR À LA FOIS 26 ET 48 ANS » À 32 ans, Dakota Johnson se débat dans le couloir étroit qui sépare jeunes et moins jeunes. « J’ai l’impression d’avoir à la fois 26 et 48 ans. J’ai déjà vécu tellement de choses. Très jeune, j’ai eu une vie très intense, c’est pour ça que je me sens plus vieille. » Ça me paraît cohérent avec le fait qu’après cette interview un vendredi soir, elle rentrera chez elle pour regarder Elle Fanning dans la deuxième saison de « The Great ». Dakota Johnson éclate de rire. « Je sais ! C’est vendredi et je pourrais me mettre la tête à l’envers. Et parfois je le fais ! Mais j’ai tellement travaillé que boire du thé et regarder la télé, c’est tout ce dont j’ai envie. » •••
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« QUE SUIS-JE CENSÉE FAIRE POUR COMBATTRE LE SILENCE ? »
À gauche : veste à sequins, Gucci. À droite : blazer à carreaux et pantalon assorti, Gucci.
Ça n’a pas toujours été le cas. En raison de son caractère incorrigible, Dakota Johnson a été envoyée pendant une année de lycée dans un pensionnat catholique pour filles. C’est là qu’elle rencontre une certaine Justine, arrivée à l’école Santa Catalina après avoir été renvoyée d’un autre établissement. Elles deviennent rapidement amies et n’ont qu’une envie : devenir colocataires pour partager leur passion pour les livres, la musique et le grunge. Dakota Johnson n’a pas fait long feu à Santa Catalina. « J’étais censée mener une vie de riche héritière et bien m’amuser, mais je n’y suis pas arrivée. » Le lien avec Justine, cependant, a duré. Son amie est allée à New York et à Paris, a appris à parler couramment le français et l’espagnol et, au milieu de la vingtaine, a fait découvrir à Dakota Johnson les romans napolitains d’Elena Ferrante – un cycle sur le passage à l’âge adulte qui relate l’amitié complexe entre deux femmes pendant 60 ans. Dakota Johnson attribue à Justine le mérite de l’avoir stimulée tout au long de sa vie et d’avoir décelé en elle une curiosité dont elle ne soupçonnait pas l’existence. « En fait, c’est mon Amie prodigieuse », dit-elle en se référant au titre de la célèbre tétralogie d’Elena Ferrante.
Le côté obscur de la maternité Aussi, en 2018, lorsque l’actrice Maggie Gyllenhaal reçoit le feu vert de l’autrice italienne pour réaliser et adapter son roman « Poupée volée », l’intérêt de Dakota Johnson est piqué au vif. Elle se passionne pour le rôle de Nina, une jeune et jolie mère en vacances
avec sa famille en Grèce, qui rencontre Leda (jouée par Olivia Colman), une professeure d’âge moyen dont l’approche peu orthodoxe de la maternité jette une ombre sur son passé. Pour Leda, il est clair que Nina est un objet brillant écrasé par les exigences de l’éducation des enfants et les attentes du monde envers les mères. « Je ne rencontre pas souvent des femmes comme Nina dans les livres », se souvient Dakota Johnson, dont la carrière est émaillée de rôles dramatiques et comiques sur des chaînes de télévision, dans des superproductions mondiales, des films indépendants et des comédies. « Il est très rare de lire l’histoire d’une jeune femme qui est perdue, submergée et en colère, qui a envie d’être vue, qui ne correspond pas à l’idée toute faite qu’on se fait d’une femme. » Elle a ensuite rencontré Maggie Gyllenhaal, et ensemble « nous avons interrogé en profondeur l’expérience d’être une femme, à la fois dans le cinéma et dans ce monde », raconte Dakota Johnson. « Je me suis dit que j’étais prête à tout. Que je la suivrais au bout du monde. » Maggie Gyllenhaal a été tout autant impressionnée par sa rencontre avec l’actrice : « Après avoir lu le scénario, Dakota a dit : “Je veux essayer quelque chose de totalement différent, qui ne ressemble en rien à ce que j’ai fait avant, et j’ai envie de le faire avec toi.” Je pense que c’est ce qui s’est passé. Je l’ai en quelque sorte prise par la main en disant : “Allons-y.” » Aux yeux de Dakota Johnson, Maggie Gyllenhaal évoque d’autres femmes ayant joué un rôle déterminant dans sa vie. Des femmes comme Justine, aux côtés de qui elle a l’impression d’avoir beau-
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« MA MÈRE EST GÉNÉREUSE ET AIMANTE, MAIS PARFOIS ON A BESOIN DE QUELQUE CHOSE D’AUTRE »
à la fois apaisant et incandescent, honnête et radical sur la réalité des relations entre les femmes et sur leur expérience de l’éducation des enfants. En n’épargnant rien de la dureté physique de la maternité, de son altruisme étouffant, de ses marchandages exaspérants et de son amour euphorique, « The Lost Daughter » de Maggie Gyllenhaal soulève des questions qui sont au cœur de l’expérience de la maternité : que faire si on s’aperçoit qu’on n’apprécie pas être mère ? Ne vaut-il pas mieux l’admettre haut et fort ? Et si, comme les hommes l’ont fait pendant des années, on se déchargeait de la responsabilité de ses enfants ?
Production personnelle
Blazer en velours et chemise, Gucci.
coup appris. « Je ne sais pas si vous avez déjà vécu cette expérience où vous rencontrez une autre femme et où vous voyez reflétée en elle des parties de vous-même que vous ne connaissiez pas avant cette rencontre », explique-t-elle. « C’est presque comme si elles tournaient le bouton de volume de votre vie vers la droite. Et Maggie a été cette personne pour moi. C’est une vraie chercheuse de vérité. » Dakota Johnson est intarissable sur ce genre de femmes. Celles avec lesquelles s’établit une connexion tacite – semblable à celle qui électrise Leda et Nina dans le film – qui la pousse à évoluer. Des femmes comme Sam Taylor-Johnson, qui l’a dirigée pour son rôle décisif dans « Cinquante Nuances de Grey » ; Leslie Mann, sa costar dans « Cha Cha Real Smooth », le prochain film produit par sa société de production ; sa thérapeute, qu’elle surnomme son « héroïne ultime », et la mère de son petit ami au lycée, qui reste importante pour elle. À son propos, l’actrice précise : « C’était une mère d’un autre genre, doublée d’une femme spirituelle et alignée. Ma mère est généreuse et aimante, mais parfois, on a besoin de quelque chose d’autre. » L’influence de ces femmes nourrit la performance de Dakota Johnson dans « The Lost Daughter », un film
Pour ce qui est de ses attentes en matière de travail aux côtés de sa célèbre costar Olivia Colman, Dakota Johnson ne perd rien du flegme qu’on lui connaît. « Je me demandais comment elle allait être », se rappelle-t-elle. « Mais on s’est tout de suite bien entendue. Elle est tellement maternelle et chaleureuse, elle est toujours partante pour discuter et aller boire un verre. » Au gré des projections du film, Dakota Johnson a observé les réactions des spectatrices : elles trépignent, elles pleurent. Il arrive que les jeunes femmes se mettent en colère. Face au personnage de Leda, elles s’indignent : « C’est une personne horrible, je l’ai détestée, elle est tellement antipathique. » Pendant le tournage, Dakota Johnson a beaucoup pensé à sa propre mère – qui a eu trois enfants tout en travaillant –, une personne qu’elle décrit comme capable de « tout rendre possible ». « Elle a su être une mère protectrice, généreuse et aimante, exercer son job et être une partenaire formidable pour ses maris. Mais il y a eu aussi des périodes très sombres. La conclusion de tout ça, c’est que rien n’est parfait tout le temps – rien. » Je lui demande si Melanie Griffith a vu le film. « Elle l’a vu trois fois », répond Dakota Johnson en haussant les sourcils. « Je pense que c’est parce qu’elle est fière de moi. Je pense aussi que c’est quelque chose qu’elle n’a jamais vu à l’écran auparavant. Elle se demande si on peut affirmer qu’on déteste être mère aujourd’hui. » Sa grand-mère, Tippi Hedren, n’a pas encore vu le film. « Je pense qu’elle adorerait », dit-elle affectueusement. « Le personnage de Leda est si complexe. La plupart des femmes aiment le film, je pense. C’est un peu éprouvant au début, mais après, elles adorent. » « Surprise : Gucci ! », répond Dakota Johnson, lorsque je lui demande qui a confectionné le chemisier lavande à nœud papillon, le pantalon taille haute et le manteau qu’elle porte aujourd’hui. « Sortir, se coiffer, se maquiller et porter une tenue dans l’optique de donner à voir une certaine apparence, c’est très déstabilisant »,
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À gauche : veste à sequins et pantalon assorti, Gucci. À droite : lunettes de soleil, Gucci.
précise-t-elle. « Alors, c’est vital de porter des vêtements dans lesquels je me sens bien. Je me dis : “OK, c’est juste une version de moi.” » Son ensemble lui donne l’air d’une femme d’affaires, une identité à laquelle elle essaie de s’habituer. « Je ne cesse de m’imposer de nouvelles tâches », dit-elle. Son côté incorrigible explique en partie sa décision de fonder sa propre société de production. Frustrée de ne pas avoir une vision plus globale de ses projets en tant qu’actrice, elle a franchi le pas en 2020. Le catalogue de TeaTime Pictures présente actuellement 25 films et séries télévisées dont deux – « Cha Cha Real Smooth » et « Am I OK ? » – ont été présentés au Festival de Sundance. « Pendant longtemps, j’ai joué dans des films qui, quand ils sortaient, ne ressemblaient plus à l’idée que je m’en étais faite. Et c’est vraiment difficile à accepter pour quelqu’un dont le métier est d’être vulnérable, parce qu’on a l’impression que certaines choses nous sont dérobées », explique Dakota Johnson. L’objectif de TeaTime est de créer des occasions pour les jeunes talents, tout en donnant à Dakota Johnson – et à son cofondateur Ro Donnelly, ancien cadre chez Netflix – l’autorité créative dont elle avait besoin.
Gode rose géant En plus d’assumer un rôle de productrice, Dakota Johnson est investisseuse et codirectrice de la création de la marque de bienêtre sexuel Maude. « Lorsque la fondatrice, Éva Goicochea, et moi nous sommes rencontrées, j’ai pensé : “C’est exactement comme ça que je vois les choses”, c’est-à-dire que les produits doivent être
inclusifs et directs, propres et accessibles. Si vous avez envie d’un gode rose géant, faites-vous plaisir. Moi ça ne me fait pas vraiment vibrer – ahah, vibrer », plaisante-t-elle. « Mais je pense qu’il est sain d’avoir accès à des accessoires de qualité pour le bien-être sexuel. » Elle participe au développement de tous les articles, des vibromasseurs aux produits nettoyants pour le corps. « Alors pouvoir dire... » Johnson s’interrompt au milieu de sa phrase. « Je viens de me souvenir que j’ai rêvé de notre plug anal la nuit dernière. Nous regardions les prototypes et l’un d’eux était trop grand. Dans mon rêve, il ressemblait à ça – elle attrape deux courges décoratives sur la table et les empile – et j’ai pensé que personne n’allait pouvoir se mettre ça dans le cul ! » Nous rigolons, mais Dakota Johnson considère ce rêve comme une représentation de son désir d’explorer « ce que peut être l’expérience la plus agréable, la plus chic et la plus qualitative ». Rejeton d’une dynastie hollywoodienne, entrepreneuse sapée en Gucci, actrice, partenaire, amie fidèle... Bien d’autres couches plus profondes se cachent sous l’apparence sereine de Dakota Johnston. Mais elle ne s’en départira que devant ses plus proches confidents, et pour les rôles qui requièrent qu’elle accède à cette indécence. Nous ferions bien de laisser à l’incorrigible Dakota Johnson l’espace nécessaire pour continuer à tout remettre en question, que ce soit par le retentissement que génère son travail ou par le silence qu’elle accueille à bras ouverts. « The Lost Daughter » est disponible sur Netflix.
STYLISME: CHARLES VARENNE. COIFFURE: KEVIN RYAN. MAKE-UP: MAKI RYOKE. MANUCURE: ERI HANDA. ASSISTANTES STYLISME: AMBER ROSE SMITH & GRACE CLARKE.
« J’AI RÊVÉ DE NOTRE PLUG ANAL LA NUIT DERNIÈRE »
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ANNA SUI
Marie Guérin I Jolien Vanhoof I Elisabeth Clauss I Grégory Escouflaire
JEUNES FILLES EN FLEURS
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Il ne serait pas temps de mettre le nez dehors ? Nos idées pour s'évader.
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BAL MAIN
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DSQUARED2
Q&A
AU FRONT
LE TERRAIN DE JEU IMAGINAIRE DE MINJU KIM Elle a étudié à l'Académie d'Anvers sous l’égide de Walter Van Beirendonck et remporté le H&M Design Award en 2013, ainsi que la première édition de « Next in Fashion » diffusée sur Netflix en 2020. Rien n’arrête la SudCoréenne Minju Kim, mais elle s’est tout de même posée le temps d’une collaboration avec & Other Stories.
C’est l’armée couture qui a déferlé sur le catwalk à coups de trench en satin, de pantalons cargo frangés et de parkas brodées. De bonnes idées pour customiser nos pièces préférées ?
Comment cette collaboration a-t-elle vu le jour ?
PETER DO
Par e-mail (rires) ! Ils m’ont proposé qu’on crée ensemble une collection, et je n’ai pas pu m’empêcher de dire OUI ! Les fans du monde entier ont désormais la possibilité de porter et d’expérimenter le style MINJUKIM. Ça m’a permis de toucher un nouveau public, et c’est une belle expérience.
Votre style est très ludique et avant-gardiste. Comment l’avez-vous adapté à l’approche minimaliste de la marque suédoise ? Pour cette collab’, j’ai réinterprété ma deuxième collection Moon Gardener afin qu’elle s’ajuste parfaitement aux codes stylistiques de & Other Stories. Moon Gardener s’inspire d’un scénario imaginaire : si je vivais sur la Lune, j’y ferais un jardin, car la Terre me manquerait énormément. J’ai imaginé mon propre royaume graphique de fleurs et de plantes que j’ai projeté sur les différentes silhouettes. Et j’ai également créé un nouvel imprimé en combinant les contours des plantes avec des rayures classiques.
La robe-chemise émaillée de pétales. Bien qu’elle ne présente pas d’imprimés, la pièce est très MINJUKIM. La coupe volumineuse, la vibe confortable... Pour être honnête, c’est dans cette pièce que je me sens la plus belle. L’été, on peut la porter en minirobe ou la combiner avec un jean pour un look casual. Et les épingles à cheveux sont mignonnes aussi ! C’était formidable de les voir évoluer du croquis informatique en 2D au résultat en 3D. La collection MINJUKIM x & Other Stories est actuellement disponible dans certaines boutiques et sur stories.com.
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Quelle est votre pièce préférée de la collection ?
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DENIM COUTURE
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DIOR
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LEOEWE
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Le denim est le nouveau cachemire. Dior et Max Mara montrent comment le jean sur jean peut être très luxueux. La combinaison avec le cuir et la soie, comme chez Alexander McQueen et Loewe, donne également un effet chic.
ÇA VAUT DE L'OR C’est tellement rare qu’on ne pouvait pas passer à côté ! Delvaux, la prestigieuse maison de maroquinerie belge, sort un nouveau sac judicieusement baptisé Le Lingot. Inspiré des archives dans un look très seventies, il doit son nom à sa boucle en D surdimensionnée taillée dans une seule barre de laiton. On adore sa forme rigide et incurvée qui donne à ce format les dimensions idéales pour nous suivre toute la journée. Entièrement réalisé à la main dans les ateliers en Belgique et en France, on rêve d’en faire le nouvel it-bag du Royaume, cet été. 3.600 €, Delvaux.com
BEACH LOVER « Les mères savent ce qu’il y a de mieux », comme le sait l’Anversoise Alexandra Van Remortel. Suivant l’exemple de sa mère — qui a elle-même travaillé pour des marques de maillots de bain et de lingerie de renommée internationale —, elle a lancé sa propre collection de maillots de bain l’année dernière. Alex Antwerp est synonyme de nostalgie vintage, associée à des silhouettes sensuelles et minimalistes. Pour nous, ce fut le coup de foudre. Haut de bikini Lynn, 110 € et le pantalon Phil, 210 €. alexantwerp.com magazine ELLE 41
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Texte Marie Guérin
ATTENTION LES YEUX ! Faut-il encore présenter la doyenne de la mode, Iris Apfel ? En 2021, elle fêtait ses 100 ans, autant d’années dédiées à l’amour du beau et du coloré. Pour le plus grand bonheur des adeptes du maximalisme, elle signe une collection chez H&M. Déjà iconique. Elle nous explique.
Comment avez-vous imaginé cette collection ? La collection propose de merveilleuses pièces qui peuvent être utilisées comme des éléments à combiner pour les personnes qui explorent leur style personnel. Je ne veux pas que les gens s’habillent comme moi et je ne veux pas que les gens pensent comme moi – ce n’est pas l’idée. Je veux que les gens pensent par eux-mêmes, qu’ils trouvent les couleurs, les coupes, les accessoires et les combinaisons qui leur conviennent, qu’ils fassent appel à leur imagination, qu’ils portent ce qu’ils aiment. Vous devriez être votre propre icône de style. Qu’est-ce qui vous rend heureux ?
Quelles couleurs ! D’où vient cette palette ? J’aime la couleur plus c’est éclatant, mieux c’est. Je ne suis pas très « pastel ». Les pastels m’angoissent ! J’aime l’énergie que les couleurs vives apportent à une tenue, l’excitation. J’aime la façon dont elles me font me sentir. La mode doit être amusante et la couleur est amusante. Cette collection a beaucoup de couleurs vives – jaune canari, vert émeraude, violet, turquoise, orange coucher de soleil. C’est vraiment un arc-en-ciel !
Je pense qu’une partie du problème avec la façon dont les gens s’habillent aujourd’hui, c’est que c’est trop générique. Tout le monde se ressemble et porte les mêmes choses. Les gens mettent ce qui est à la mode, mais ce qui est à la mode, c'est ce qu’on leur dit de porter. C’est terriblement ennuyeux. Je veux voir de la personnalité. N’ayez pas peur d’expérimenter, de vous exprimer avec ce que vous portez. Le style est à l’intérieur, je pense que c’est dans votre ADN – vous devez donc d’abord comprendre qui vous êtes. Lorsque vous vous serez trouvé, vous trouverez votre style. Votre personnalité, vos goûts, votre look unique – qui ne se démode jamais. Ne vous efforcez pas de ressembler à tout le monde. Efforcez-vous de vous ressembler. Habillez-vous exactement comme vous le souhaitez et vous aurez toujours l’air magnifique, parce que vous vous sentirez merveilleusement bien – vous vous sentirez vous-même. Et de toute façon, je pense qu’il vaut mieux être heureux que bien habillé. La collection sera disponible sur hm.com dès le 31 mars et dans une sélection de magasins.
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Comment imaginez-vous les gens porter ces pièces ?
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CHRISTIAN WIJNANTS
Texte Elisabeth Clauss
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LA PIÈCE QU’ON N’AVAIT PAS VUE VENIR
CUT (IT) OUT C’est l’une des tendances cisaillées de l’été : les découpes ajourées dans les vêtements, qui révèlent la peau et brouillent les lignes en élagages géométriques. Des lanières de tissu et de cuir aérés qui respirent, pour un succès tracé.
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COURRÈGES
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VICTORIA/TOMAS
LARUICCI
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Avec ses accents eighties et ses inspirations Alaïa/Léger, cette déferlante focalise le regard sur l’absence de matière, et crée des nuances par contrastes de constructions asymétriques. Le cut out permet de ramener l’attention sur les points qu’on choisit, à condition de calibrer le modèle sur les zones à zieuter. On commence sur les hauts avec des lanières de tissu judicieusement placées, on descend sur les robes qui s’échancrent, on crée des fenêtres sur cour, au désir suggéré. Ce phénomène déshabille les basiques, nous offre une sensualité mesurée à la maille émincée. On l’avait déjà perçue l’été dernier, mais elle revient plus radicale et affûtée encore cette année : la tendance cut out joue l’ouverture, de la petite fente au grand appel de peau dénudé, que les plus frileuses – façon de parler – peuvent adopter sous forme de dos nu. On appréhende la popularité de ces segmentations stratégiques grâce à l’élégance avec laquelle le luxe l’a inter3 prété : Valentino, Saint Laurent, Prada, Versace, Alexander McQueen, Givenchy… on n’en jette plus (c’est déjà assez découpé). La coupe est pleine pour les coupes pleines : de Paris à Milan, de Londres à Anvers, les prochaines saisons nous pousseront à nous dévoiler. Subtile exhibitionniste ou très à l’aise s’agissant de s’exposer, c’est le moment ou jamais d’avoir un avis tranché.
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1 Bustier Elisabetta Franchi, 266 € 2 Robe midi ajourée en maille côtelée, Philosophy di Lorenzo Serafini via modaoperandi.com, 612 € 3 Maillot de bain asymétrique Agent Provocateur, via deBijenkorf.be, 345 € 4 Soutien-gorge Hunkemoller, 39,99 € 5 Top, Edited, 59,90 € 6 Top glossy satiné, Nanushka, 465 €.
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RAYURES
SAINT LAURENT
PORTS 1961
EMPORIO ARMANI
SCHAPARELLI
Elles se déplacent horizontalement et verticalement, en changeant de couleur, d’épaisseur ou de direction ... Les lignes des créateurs n’ont jamais été aussi fantaisistes.
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RAF SIMONS
J'AIME J'AMEMME C’est la nouvelle marque ukrainienne qui nous fait vibrer. Fondée en 2018 par Julie Yarmoliuk, elle s’est spécialisée dans les silhouettes féminines, les manches volumineuses et les coupes atypiques aux lignes géométriques. C’est un look vaporeux et texturé qui respire l’élégance. On adore les pièces en organza plissées à la main qui donnent à chaque vêtement un aspect unique. Incontournable pour ce printemps ! Jamemme.com
BACK TO THE 90'S en 1995. La marque italienne nous présente le Re-Edition1995, un sac en cuir au design minimaliste et pratique, symbole de ces annéeslà. La coupe brute, les poignées fines et l’absence d’éléments métalliques font le charme de ce modèle tellement contemporain finalement. Et puis, on aime l’idée de s’offrir une pièce dont aurait seulement pu rêver cette année-là... 2 300€ sur Prada.com
CAMILLE VIVIER, IMAXTREE, PRESSE
Prada a décidé de nous faire voyager dans le temps en nous projetant
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Texte Grégory Escouflaire
musique
ALORS ON PENSE Le racisme, le patriarcat, la misogynie, la vanité des réseaux sociaux, l’appropriation culturelle, le post-colonialisme, la cancel culture, la culture woke, le « surréalisme » à la belge et l’arrogance française, l’hypersexualité et l’hyperconscience de soi… Bref, tout ce qui relève de la bien-pensance, des stéréotypes et de la censure : c’est de tout cela dont parlent Charlotte Adigéry et Bolis Pupul dans « Topical Dancer », leur premier album officiel en duo, après l’ultra-cool « Zendoli » en 2019… « Topical » comme « sujet » donc, mais loin d’eux l’idée de jouer les profs de morale ou les donneurs de leçons : « On essaie juste de décrire le monde dans lequel on vit, et notre ennui par rapport au politiquement correct », précise Charlotte. « Parce qu’aujourd’hui, on ne peut plus rien dire sans se faire attaquer, il n’y a plus d’espace pour le questionnement, et au final on ne sait plus ce que les gens pensent vraiment. » Loin, très loin d’être un album à Charlotte Adigéry thèse, « Topical Dancer » balance ses 12 tracks méta sur le dancefloor en nous faisant certes cogiter, mais sans oublier l’essentiel : nous faire transpirer et garder le sourire en ces temps titubants. « J’aime bien cette idée de faire de la musique électronique qui te fait danser et réfléchir », confie Bolis, l’acolyte de Charlotte aux machines. De l’électro qui fourmille d’idées, d’observations, d’objections, et qui en plus donne des fourmis dans les jambes ? C’est le pari réussi de ces douze bombinettes enregistrées chez DEEWEE, le label et studio gantois des frères Dewaele (Soulwax), là où ils se sont rencontrés en 2016, pour la B.O. du film « Belgica » de Felix Van Groeningen. « On a commencé à faire de la musique ensemble sans se mettre la pression, sans intention, et puis le projet a grandi et mûri, s’est décliné sur scène, et désormais on est un vrai duo », explique Bolis. Et dont le métissage, au civil comme sur disque, n’a rien de l’imposture marketing : « Je suis d’origine caribéenne, et Bolis vient de Macao, donc ça se retrouve naturellement dans notre musique », insiste Charlotte. D’où ce mix passionnant d’afrodisco, de gwoka (transe antillaise), de deep house et de tech minimale, comme un coup de kick dans les burnes du conformisme ambiant. Chez Charlotte et Bolis on aime ruer dans les brancards, sur le fond comme sur la forme… Mais sans jamais verser dans le cynisme : l’humour est toujours là qui pointe (« Haha », track 11), parce que « c’est dangereux de se prendre trop au sérieux » (Bolis), et puis « se moquer des clichés, ça donne de l’oxygène » (Charlotte). Et on en a bien besoin, là, pas vrai ?
Charlotte Adigéry & Bolis Pupul, « Topical Dancer » (DEEWEE). En concert à l’AB (Bruxelles) le 20 avril. @adigerwww & @bolispupul
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radar livres
Texte Alice Herman
COUPS DE COEUR À coups de léchouille de doigt, page après page, on a souri, voyagé, réfléchi, rêvé et même salivé.
MIEUX QUE POCAHONTAS
BONHEURS GUSTATIFS
Certains romans sortent parfois du lot, de par la beauté de leur langue, la maîtrise du récit, l’originalité de l’histoire. « L’arbre de colère » entre clairement dans la catégorie de ces livres exceptionnels qui nous happent, nous avalent et nous recrachent totalement chamboulés une fois l’aventure terminée. Car c’est bien d’une aventure dont il est question ici, et d’une héroïne amérindienne atypique, Fille-Rousse, un être à part, à la fois homme et femme…
L’eau à la bouche à chaque page. Voilà comment résumer ce livre de cuisine aussi beau (rose !) que bourré de recettes plus alléchantes les unes que les autres. Les filles derrière le projet ont réussi à soutirer à 100 chefs bruxellois leur recette la plus emblématique. Le « Snickers » maison du 203, les linguine aux crevettes grises et câpres de chez Racine, la carbo de l’Osteria Romana ou le curry monochrome de chez Old Boy vous font baver ? À vos casseroles !
« L’arbre de colère», Guillaume Aubin, La Contre-allée, 21€
« Bruxelles : 100 chefs, 100 recettes cultes », Brussel’s Kitchen, Racine, 29,95 €
UNE MAISON À SOI Artiste, décoratrice, dessinatrice et bâtisseuse, Héloïse la souris est si talentueuse que tous les animaux de la forêt lui demandent une maison sur mesure, parfaitement adaptée
UNE MÈRE APAISÉE
BD après BD, Liv Strömquist ne cesse d’éblouir par l’intelligence de son propos et la richesse de ses arguments. C’est toujours engagé, féroce et drôle mais jamais simpliste ni édulcoré, ce qui fait un bien fou puisqu’on ressort de chaque lecture avec le sentiment d’avoir passé un bon moment ET d’avoir appris des choses, ce qui n’est pas rien. Ici, elle se penche sur le lourd sujet de l’apparence physique, du fameux idéal de beauté féminin. Une lecture vraiment nécessaire.
Après la naissance de son premier enfant, l’autrice Julia Kerninon voit son monde basculer. Démarre alors une longue traversée peuplée de questionnements, d’ambiguïtés, de souvenirs et d’amour, pour rejoindre la terre ferme. « J’ai pensé que tout s’arrêtait, alors qu’au contraire, tout commençait… » Un récit court, percutant, très juste et furieusement essentiel tant les histoires de maternité (dans toute leur complexité) manquent encore aujourd’hui.
« Dans le palais des miroirs », Liv Strömquist, Rackham, 22 €
« Toucher la terre ferme », Julia Kerninon, L’Iconoclaste, 15 €
à leurs besoins. Une résidence sur pilotis pour Grenouille, un pavillon de pêche pour Loutre, un observatoire perché pour Écureuil… chaque construction fourmille de détails savoureux et d’imagination ! Une merveille d’album jeunesse qui fera peutêtre naître des vocations… « Dame Souris et Cie », Mendoza & Smith, Père Castor, 13 € PRESSE
QUI EST LA PLUS BELLE ?
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ROUND -UP La
marque
de
lunettes
Oliver
Peoples s’est inspirée du travail de l’ancien architecte italien Gio Ponti et, en guise d’hommage, a créé une série de montures géométriques aux coins pointus et aux verres ronds ludiques. Déjà un classique ! Lunettes de soleil G.Ponti-2, 658€. oliverpeoples.com
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22, LE MUST-HAVE ! Toujours attachée aux symboles de la numérologie, la maison Chanel lance ce printemps son sac « 22 », pochon aux lignes minimalistes et essentielles, léger, (dé)chaîné, matelassé. Doublé d’un brin de second degré, deux fois deux, 22. Il existe en trois formats, contient nos vies ou juste nos nuits, s’inspire des lignes d’une bourse (extrapolée, généreuse). Comme nous, produit perfectionné de sa propre expérience, il a le cuir solide et doux. Le CHANEL 22 s’interprète en noir et en blanc on s’en doute, mais aussi en bleu marine, en violet, et en deux nuances de rose. Accessoire calibré pour garder les mains et l’esprit libres, il affiche son logo à la lettre, en capitales. Un indémodable, les yeux dans le 22. Prix sur demande. chanel.com
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radar films
Texte Barbara De Munnynck
Une romancière d’aventures (Sandra Bullock) fait la promo de son dernier opus, en compagnie du mannequin sexy (Channing Tatum) qui orne toujours les couvertures de ses livres. Un héros à la plastique avantageuse qui va avoir l’occasion de faire ses preuves lorsqu’un fan excentrique kidnappe l’autrice dans la jungle. Cette comédie aux allures d’Indiana Jones est à couper le souffle, surtout quand on sait que le rival de Channing Tatum n’est autre que Brad Pitt. De quoi faire monter la température dans la forêt tropicale. À partir du 23 mars au cinéma
ANIMALS QUOI ? Ce film belge, tourné à Liège, est basé
BELLE
PAM & TOMMY
Ce film d’animation japonais de Mamoru Hosoda a fait partie de la sélection du Festival de Cannes. Et ce n’est pas volé : le conte de fées de « La Belle et la bête » a été réinterprété à maintes reprises, mais jamais auparavant avec une touche aussi fraîche et contemporaine. Suzu, une adolescente complexée et coincée dans sa petite ville de montagne, mène une double vie. Dans le monde virtuel de U, elle devient Belle, icône musicale suivie par des milliards de followers. Mais la Belle pourra-t-elle se confronter à la Bête ?
Au début des années 90, Pamela Anderson accédait à la célébrité grâce à son maillot de bain rouge dans la série « Alerte à Malibu ». Peu après, l’actrice blonde entrait dans la légende en tant que protagoniste – bien avant Kim Kardashian et Paris Hilton – de la toute première sex tape divulguée sur internet. « Pam & Tommy » (par le réalisateur de « I, Tonya ») montre comment cet incident a détruit la vie et la relation de Pamela, face à un Tommy qui ne semblait pas comprendre : « Je suis sur cet enregistrement au même titre que toi ! » Comme si le slutshaming n’existait pas depuis 5.000 ans...
À partir du 16 février au cinéma
Minisérie en 8 épisodes, maintenant sur Disney+
QUI ? Nabil Ben Yadir s’est fait remarquer en 2017 avec le thriller d’action « Angle mort », dans lequel un commissaire de police anversois rejoint un parti d’extrême droite. L’acteur Soufiane Chilah y tient un second rôle. Dans « Animals », Ben Yadir lui fait interpréter la star slash victime – leur tandem fonctionne à merveille. Les films sombres, portés par une caméra nerveuse, sont la marque de fabrique du réalisateur. Dans « Animals », il réussit un tour de force en demandant aux acteurs de filmer la scène du meurtre avec leur smartphone – comme si la perspective du réalisateur disparaissait complètement.
sur des faits réels. En avril 2012, Ihsane Jarfi, un trentenaire d’origine marocaine, est enlevé puis assassiné par quatre individus. Le réalisateur Nabil Ben Yadir a été choqué par cet acte de violence homophobe, largement relayé par la presse. Mais après avoir Nabil Ben Yadir entendu dans un café : « C’est juste un gay POURQUOI ? « Animals » est aussi brut que bruqui a clamsé, pas de quoi en faire tout un tal. Cette confrontation – certains voudront plat », Ben Yadir a su qu’il voulait en faire un film, « mais pas le sans doute quitter la salle – répugne, alors que la violence homogenre de film après lequel on va boire une bière comme si de rien phobe reste malheureusement d’actualité dans notre pays, comme n’était ». La violence devait frapper le spectateur si fort qu’une l’a prouvé le meurtre de David Polfliet en 2021. seule réaction s’imposerait : « Personne ne mérite ça ! » À partir du 9 mars au cinéma
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LE SECRET DE LA CITÉ PERDUE
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Photo made by Sven Gebroers
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Style is never out of
FASHION
WWW.GIMPEX.BE - WWW.CTWLK.EU - INFO@GIMPEX.BE
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reportage
Texte Elisabeth Clauss
LA MÉTA MODE DE DEMAIN
IRIS VAN HERPEN
Secteur en crise de maturité depuis une quinzaine d’années, nouveaux défis écologiques et commerciaux dopés par un contexte Covid qui a redistribué les cartes : la mode mu(t)e, et cherche son équilibre, entre méta marché et fabrication ancrée.
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e qui n’est plus depuis longtemps de la science-fiction – défilés de mode entièrement numériques, essayages virtuels en cabine, hologrammes sur catwalk mêlés à des humains (il en reste quand même quelques-uns), avatars mannequins ou influenceurs/euses – s’invite en force dans la réalité de nos dressings. L’industrie du textile a connu comme les autres des perturbations ces deux dernières années, faisant notamment face à des difficultés d’approvisionnement et de distribution, sans compter une grandissante crise de conscience en matière de production et de consommation. Mais la tendance étant elle aussi virale, la mode est insubmersible : elle se repositionne, et compose progressivement un nouvel équilibre. Le rapport « The State Of Fashion 2022 » réalisé par la plateforme Business Of Fashion en collaboration avec le cabinet de conseil en stratégie McKinsey & Company révèle que si les ventes de vêtements ont connu un sursaut l’été dernier, portées par un phénomène de « shopping revenge » – rattraper le temps de shopping « perdu » et se rhabiller pour une reprise de vie sociale très attendue –, elles ont surtout creusé les inégalités entre marques capables de s’adapter aux nouveaux codes et de suivre au niveau du commerce en ligne, tandis que d’autres, moins flexibles ou plus fragiles économiquement, se couchaient comme un jeu de dominos. Le luxe et le très peu cher devraient continuer de progresser, et les griffes intermédiaires se retrouver écrasées entre ces marchés leaders. Autrement dit, pour les maisons indépendantes, ça pourrait se compliquer encore un peu plus. Plus que jamais, le numérique et la durabilité offrent de nouvelles occasions de croissance aux marques, tandis qu’en raison d’une importante tension sur les matières premières, de l’augmentation des coûts de la main-d’œuvre et du transport des produits, le ticket de caisse augmente pour les client·e·s. On revient au travail de la main et parallèlement, les achats en ligne explosent : c’est le nouveau paradoxe méta/physique d’une mode qui se réinvente.
STEVEN PASSARO
C
STEVEN PASSARO
Steven passaro conçoit ses collections grâce à un maximum de processus numériques.
Plus de flexibilité, une nouvelle adaptabilité Pour faire face aux commandes sur internet, les détaillant·e·s sont de plus en plus nombreux/euses à consacrer une partie de leur surface à la préparation des colis. Pour Gilles Lasbordes, directeur général du salon textile Première Vision, « on se dirige vers une omnicanalité pour l’achat de mode. Il ne faut pas cliver “achats physiques” et “achats en ligne”, parce qu’il y aura de plus en plus d’interactions complexes grâce au digital, et de plus vastes modalités de consommation ». Les client·e·s vont par exemple souvent repérer leurs pièces en boutique, et les achètent sur le site. Ce qui représente surtout un avantage pour les marques qui sont seules à distribuer leurs produits, au contraire des multimarques qui pourraient se voir progressivement transformées en showrooms avec le risque d’une activité en déclin. Chacun·e cherche ses marques (dans tous les sens du terme), et Gilles Labordes analyse « qu’il y aura de plus en plus de flexibilité entre le physique et le digital ! Les supports numériques représentent une opportunité via le “social buying”, pour de nouvelles entreprises de mode qui gagnent une grande visibilité en peu de temps. Elles sont nombreuses à avoir émergé depuis les deux dernières années, mais sont également confrontées à une plus
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Des créations virtuelles extrapolées avant de s'ancrer dans un réel rationalisé.
grande concurrence ». Des initiatives qui prennent acte des desiderata des client·e·s : « Les nouvelles marques développent une notion renforcée de transparence, des processus de production raisonnée et une dimension d’écoresponsabilité qui répondent à l’attente des consommateurs/trices. » Elles sont également facilement accessibles et réactives en ligne. Bien sûr, ça implique des coûts, et la transition rencontre encore des limites. « Il faut garder à l’esprit l’idée que lorsqu’un produit est trop peu cher, il y a un souci. Il y aura toujours des acteurs et actrices pour proposer les prix les plus bas, et ils trouveront toujours des client·e·s. Mais globalement, dans le prêt-à-porter, on peut s’attendre à une augmentation des prix découlant de l’utilisation de matières plus responsables, d’une relocalisation de la fabrication, de processus écologiques plus respectueux. Le luxe donne le ton, et cette réflexion fait école. » À la fois du côté des fabricant·e·s et des acheteurs/ euses, un mouvement de conscience grandit, initiant plus d’exigence d’un bout à l’autre de la chaîne de création.
L’écoconscience au-delà des modes Pour l’instant ,du côté des professionnel·le·s de la mode, on s’investit et on observe. Gilles Lasbordes relativise : « Il faudra voir comment les marques accompagneront ce shift, pourront s’en emparer, seront à même de vérifier les certifications des industriels. C’est un sujet très technique, qui implique de remonter jusqu’aux sources des procédés de production en agriculture, avec la culture des plantes, l’élevage des animaux. Cela demande des moyens, mais quasiment toutes les marques s’y attellent actuellement, à leur rythme. C’est une réponse au souci de la mode qui a longtemps été accusée de n’être pas assez responsable et décarbonée. » Il ne s’agit pas seulement de revoir ses processus de fabrication, encore faut-il trouver des matières premières écoresponsables en quantité suffisante pour produire les collections. « Seulement 25 % du coton cultivé actuellement est biologique, tandis que le polyester représente encore 55 % des parts du marché textile. Le chemin est forcément progressif. »
« LE DESIGNER ESPÈRE QUE BIENTÔT IL POURRA DÉCOUPER LES TISSUS DIRECTEMENT À PARTIR DU FICHIER NUMÉRIQUE »
L’industrie passe au vert Concernant le segment de marché que Première Vision représente – la mode créative – et qui se situe entre les moyens et le haut de gamme sur un bassin industriel plutôt européen, on note des engagements réels. Pour Gilles Lasbordes, « l’augmentation stratosphérique des prix du luxe a libéré de la place pour des marques haut de gamme, qui sont devenues elles-mêmes le nouveau luxe ». Pour expliquer la hausse du prix des matières premières, on peut notamment évoquer la reprise d’activité conjoncturelle très forte malgré la crise Covid. C’est particulièrement sensible concernant les matières écologiques, comme la viscose (issue du bois), en rupture de stock à peu près partout sur la planète. « Logiquement, cette matière devient plus chère. Quant au polyester recyclé ou au coton bio, très recherchés, ils sont soumis à la pression de l’offre et de la demande. Cela prend du temps d’adapter une filière, de certifier des usines au niveau environnemental. Par conséquent, sur cette typologie de matières, on peut s’attendre à ce que les prix restent élevés encore quelque temps. Cependant, ce soufflet va sans doute finir par retomber. » En attendant, l’industrie du textile travaille aussi à réduire son impact
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environnemental en développant la circularité avec le recyclage de tissus transformés puis réinjectés dans la boucle de production. Différentes techniques mûrissent pour faire du neuf avec du non-utilisé, réduisant à la fois le gaspillage et l’attente.
Un boom d’innovations
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AUROBOROS
IRIS VAN HERPEN
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IRIS VAN HERPEN
Le DG de Première Vision rappelle que « les dernières matières inventées l’ont été dans les années 1930 à 1960, et elles s’appuyaient beaucoup sur la pétrochimie. Je crois que les nouvelles fibres, plus durables dans leurs gènes, arriveront à changer la donne, parce qu’elles relèvent du domaine de la recherche fondamentale ». On parle par exemple de tissus qui poussent à partir de champignons, de technologies cellulaires qui génèrent des fils. « On développe actuellement des fibres de polyester à base de dioxyde de carbone. Ça veut dire qu’on fabrique littéralement des vêtements avec de l’air. Mais c’est encore à l’état de recherche. L’évolution et le défi, c’est d’extraire des textiles à partir de ce qui nous pose actuellement problème. » La science, solution au réchauffement fashionistique ? « Pendant de nombreuses années, on a juste exploité et transformé ce qui existait déjà. Mais une nouvelle ère s’ouvre, réellement. » Une (r)évolution que l’on constate aussi au moment de l’achat qui, physique ou numérique, doit surtout être pratique. Les consommateurs et consommatrices ont pris le pli du shopping digital pendant les confinements, alors les boutiques « en dur » s’adaptent, avec une plus grande flexibilité de retour, et un accent mis sur la notion d’expérience.
À gauche et au milieu : Iris Van Herpen collabore avec des scientifiques du monde entier pour appliquer les innovations technologiques les plus avant-gardistes à une mode conceptuelle envoûtante. À droite : La collection Biomimicry signée Auroboros, en partenariat avec The Institute of Digital Fashion, s'inspire de la combinaison de la nature et de la technologie.
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CAMPAGNE VIRON
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CAMPAGNE ROMBAUT 2022
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À gauche et au milieu : Rombaut et Viron développent des collections en matériaux naturels « effet cuir » ou recyclés. À droite : La ligne Evergreen de Y/Project upcycle ses propres pièces en version (encore plus) durable.
« ON PARLE PAR EXEMPLE DE TISSUS QUI POUSSENT À PARTIR DE CHAMPIGNONS, DE TECHNOLOGIES CELLULAIRES QUI GÉNÈRENT DES FILS »
BOTTER
Le digital en soutien de l’écoresponsabilité Steven Passaro est un jeune créateur hyperconnecté, à ses sensations pour commencer. Un Master Fashion design technology menswear au London College of Fashion en poche, il a travaillé pour de prestigieuses maisons de mode à Paris, et a été frappé par le gaspillage engagé au moment de la conception des collections. Depuis trois ans à la tête de sa marque de mode masculine, il dessine ses modèles sur tablette, développe ses prototypes en 3D et collabore avec la société Yokai.ai, spécialisée dans le rendu nouvelle génération pour essayage virtuel, mais réaliste de vêtements :
Des technologies qui remaillent le business Le designer espère que bientôt et grâce à de nouveaux investissements, il pourra découper les tissus directement à partir du fichier numérique, sans passer par le papier. « Je peux déjà réaliser des prototypages illimités, sans créer le moindre déchet. Dans les processus traditionnels, on fabrique des dizaines de prototypes qui sont détruits, multipliés en ce qui concerne les grandes marques par des centaines de références parfois. Les économies matérielles et financières sont énormes, et on travaille trois à quatre fois plus vite. » Grâce à un rendu 3D fidèle, il devient possible de commencer à vendre et à prospecter avant même d’avoir dépensé un centime en développement : « On peut faire défiler des mannequins virtuels, mapper des vêtements sur des client·e·s ou des influenceurs/euses, il n’y a plus besoin d’essayer. Les potentiels sont considérables. » Quand il passe à la matérialisation de ses pièces, le créateur choisit ses matières en fonction de leur traçabilité, de l’usage des vêtements, et réfléchit en amont à leur entretien et leur recyclage d’une saison à l’autre. Anticiper tout le cycle d’utilisation de la création revient à se responsabiliser à long terme.
La vraie tendance : l’optimisme durable Le moral est à la hausse, donc les achats de vêtements suivent la même trajectoire. La prochaine tendance ? C’est qu’il n’y en ait plus vraiment. Les réseaux sociaux ont accéléré la légitimité d’un vestiaire plus personnel, même si des pics de caprices modeux émergent toujours, comme signes de reconnaissance versatile à des tribus évolutives. Les boutiques s’adaptent à cet individualisme relatif, en proposant des gammes de styles plus larges, avec des pièces en moindres quantités, pour se ménager plus de réactivité et moins de stocks. La même cliente peut collectionner fourreaux à baleines et joggings en molleton, car tandis que les ventes de vêtements d’intérieur se maintiennent, le marché des robes et costumes progresse. Même remise en perspective virtuelle, la mode réclame toujours ses corps à corps. *Modélisation en volumes d’un vêtement dans un tissu peu cher, destiné uniquement à faire les ajustements.
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Réciproquement derrière l’écran, les réponses instantanées par chat et les conseiller·e·s de vente disponibles en vidéo augmentent la satisfaction d’un mode hybride de shopping.
« Même si on aime le bruit du feutre sur le papier, ce processus est plus rapide ; dès que les dessins sont réalisés, on les passe en 3D numérique, on les calibre aux mesures correctes grâce à un plan de travail digital. Quand on a obtenu un patronage à plat, on le monte directement en toile* virtuelle : sur écran on place les poches, les boutons, on ajuste les proportions. Grâce à des paramétrages extrêmement précis, on observe et on ajuste les points de tension du tissu encodé. Quand la pièce est au point, on passe à l’impression d’un patron unique et sans brouillons. »
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Texte et photo Ringo Gomez-Jorge
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Chaque génération a ses figures rebelles qui font bouger les lignes du paysage urbain. Qui sont-elles aujourd’hui ? Rencontre avec Phimnapha Sukram (21 ans), une bad bitch d’Anvers fascinée par les tenues légères.
«
exy, audacieux et instagrammable, voilà comment je décrirais mon style. Je combine les minijupes, les jeans taille basse et les hauts de bikini avec de nombreux accessoires, des casquettes aux colliers. Certes, mes tenues sont souvent assez dénudées. J’ai pris la décision de m’habiller de manière plus féminine vers l’âge de 16 ans. À cette époque, je traînais tout le temps en pull et pantalon large. Un jour, une de mes amies m’a fait remarquer que je ressemblais à une clocharde (rires). » « J’ai un beau corps et j’aime le montrer : il me donne de la force. Je ne le fais pas pour attirer l’attention des hommes car, avouons-le, il ne faut pas grand-chose pour les impressionner. » « Les clips vidéo du début des années 2000 sont une grande source d’inspiration pour moi. Ils mettent en scène des femmes fortes, dures et sexy. Le clip emblématique de cette tendance, c’est “He wasn’t man enough” de Toni Braxton. À un moment, elle danse dans une robe argentée très courte : la pièce de mes rêves. J’aime aussi les tenues de Fergie, Britney Spears et Christina Aguilera. Comme je commence à avoir pas mal d’abonné·e·s sur mon compte Instagram, je reçois de plus en plus de vêtements de petites marques qui s’inspirent du style Y2K. Il s’agit principalement de tenues de soirée, mais je les porte en journée. »
j’aurais réagi violemment, mais plus maintenant. Sur Instagram, c’est le contraire qui se produit, je ne reçois que des commentaires positifs. Ça compense. Je remarque aussi que beaucoup de gens n’osent pas m’aborder. Ils s’imaginent que je suis méchante, alors que je suis plutôt douce : je me mets rarement en colère. Mais, parfois, cette image de bad girl ne me déplaît pas. Mon physique agit comme un filtre : seules les personnes qui sont sur la même longueur d’onde entament une conversation avec moi. Les autres, celles·eux qui me prennent juste pour une pute, ne m’intéressent pas. Avec mes amies, cette réaction nous fait marrer. Quand on sort ensemble toutes apprêtées, on se dit : “Attention, les putes arrivent !” Les auteurs de ce genre de commentaires pensent à tort que ça nous choque. » « Je travaille dans une boutique de vêtements, où je suis une personne complètement différente : je porte juste un T-shirt et un jean, et je ne me maquille pas. Mais je ne suis pas totalement moi-même. Mes tenues révèlent qui je suis vraiment : une baddie, une bad bitch, c’est-à-dire une meuf qui ne se soucie pas de ce que les autres pensent et qui ose simplement être elle-même, en postant au passage de belles photos sexy d’elle sur Instagram. Ce genre d’expression circule beaucoup sur les réseaux sociaux. Je vais bientôt avoir un tramp stamp (un tatouage dans le bas du dos). Ce type de tattoo est souvent méprisé, mais je m’en moque. Au contraire, j’aime ce côté controversé. Si les gens trouvent mon style choquant, alors j’en remets une couche (rires). » @lildemon_shawty
« Les réactions dans la rue sont souvent négatives. Manifestement, les hommes sont incapables de m’adresser la parole normalement et je me fais souvent traiter de tous les noms. Il y a peu encore, 58 ELLE magazine
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« J’AI UN BEAU CORPS ET J’AIME LE MONTRER »
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interview
Texte Jolien Vanhoof
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« JE RESSENS UN SENTIMENT D’IVRESSE »
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La musique classique rencontre le rock’n’roll, la peinture académique rencontre l’avant-garde, Shakespeare rencontre Brodsky. Et pour reprendre ses mots : « Un costume raffiné aux bords bruts. » L’Ukrainienne Lilia Litkovskaya envahit progressivement le monde de la mode occidentale avec son style surprenant et ambigu.
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athilde est fidèle à Natan. Máxima foule le tapis rouge en Claes Iversen. Et Olena Zelenska – la première dame d’Ukraine – ne jure que par sa compatriote Lilia Litkovskaya. Et elle n’est pas la seule. La styliste de 40 ans est à la mode ukrainienne ce qu’un Dries Van Noten ou un Raf Simons est à la création belge. Un nom connu de tou·te·s. Un phénomène de tout premier plan. Elle a remporté plusieurs Best Fashion Awards dans son pays – en novembre 2021 encore, le Support of Emerging Designers – et à Paris aussi, Lilia Litkovskaya est adulée. En septembre dernier, nous l’avons rencontrée dans une petite boutique de la rue de Turenne, quelques heures avant la présentation officielle de sa collection SS22 Champ de Coquelicots. Heureusement que nous avions tapé son nom sur Google Images au préalable, sinon nous ne l’aurions jamais reconnue. Ce jour-là, la créatrice tient un chiffon dans une main et une peau de chamois dans l’autre, courant dans la pièce de manière frénétique. Un peu plus tard, elle se mue en mannequin pour présenter notre pièce préférée de la collection – un magnifique cardigan écru au tissage abstrait. Voilà une illustration parmi d’autres du caractère pratique de Lilia. Elle n’est pas du genre à rester les bras croisés en attendant que les choses bougent ; elle provoque elle-même le changement, comme en témoigne indubitablement la Schooll of Art x Craft, une nouvelle formation qu’elle a lancée en pleine crise sanitaire. Au programme : des cours en ligne et en présentiel en vue d’aider les talents locaux à être sponsorisés et à nouer des liens avec des sommités internationales de l’industrie.
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À gauche et au milieu : silhouettes de la collection SS22 de Litkovskaya Champ de Coquelicots. À droite : un look de la ligne Artisanal, traduction de l'engagement écologique de Lilia.
Vous avez eu envie de prendre les choses en main. Les formations en mode en Ukraine sont-elles si mauvaises ? L’Ukraine regorge de talents, mais il y a un gouffre entre les jeunes créateurs/créatrices et les noms établis. Je connais mon histoire et celle de mes collègues. Je sais pertinemment que ça aurait été plus facile si notre formation nous avait permis de créer davantage de liens. Avec des expérimentés mais aussi des professionnel·le·s issus d’autres domaines artistiques désireux de partager leurs connaissances avec les jeunes aspirants stylistes. J’ai moi-même étudié à l’Institut polytechnique de Kiev. C’est la meilleure université technique du pays, mais on y apprend peu ou pas du tout à gérer sa propre marque. C’est pourquoi j’ai souhaité ouvrir le programme de Schooll à l’histoire de l’art, au design, à la recherche, au dessin et à la découpe de patrons… En fin de parcours, chaque étudiant·e doit réaliser et présenter une collection complète. Ce n’est pas seulement une question de design, il faut qu’il y ait une vraie vision derrière.
Vous venez d’une famille de quatre générations de tailleurs. Y avez-vous puisé l’essentiel de votre apprentissage ? Absolument. Pendant des années, j’ai admiré leur travail depuis le premier rang – les tissus, les découpes, la façon dont ils combinaient l’ingénierie et la créativité pure. Je pouvais observer les gestes de mon grand-père pendant des heures sans m’ennuyer une seconde. J’ai appris le métier bien avant de commencer à manier moi-même le tissu. Ma famille a posé les bases qui m’ont permis d’aller loin. Je leur en suis extrêmement reconnaissante.
Vos collections semblent minimalistes, mais elles sont aussi extrêmement riches de détails. Pourquoi cela revêt-il une telle importance à vos yeux ? C’est une façon de mettre en valeur la personnalité de chacune. Les vêtements sont censés accentuer les caractéristiques individuelles, et non les éclipser. C’est pourquoi j’aime la simplicité ponctuée d’un détail révélateur ici et là, comme un texte de chanson brodé dans la doublure d’une veste ou une découpe subtile et sensuelle plutôt qu’un décolleté plongeant. Plus le design est minimaliste, plus les options sont nombreuses. Je ressens toujours un sentiment d’ivresse naturelle lorsque je vois des femmes porter mes vêtements, les combiner et leur insuffler leur propre personnalité. C’est la raison pour laquelle chaque étiquette de Litkovskaya est recouverte d’un rectangle blanc – une sorte de tabula rasa. Ainsi, celle qui porte la pièce peut indiquer son nom en tant que coautrice.
Quelque chose comme ça, oui (rires) ! C’est justement quand j’habille le corps d’une femme de vêtements masculins – aux silhouettes surdimensionnées et aux lignes
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Sur votre site web, vous parlez de « formes masculines sur des épaules féminines ». La mode masculine pour les femmes alors ?
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« CHAQUE FEMME A UN JOUR OU L'AUTRE ENFILÉ UNE CHEMISE DE SON MARI OU DE SON PÈRE ET S'EST SENTIE PROTÉGÉE. C'EST CE SENTIMENT QUE JE VEUX ÉVOQUER AUSSI »
dures – que la féminité transparaît. Pour moi, c’est là que se manifeste l’essence de la féminité. Chaque femme a un jour ou l’autre enfilé une chemise ou un manteau appartenant à son mari, son père ou son grand-père et s’est sentie aimée, protégée… C’est ce sentiment que je veux évoquer aussi. Je conçois des vêtements pleins d’énergie masculine mais destinés à être portés par des femmes, sans stéréotypes ni préjugés de genres.
La marque Litkovskaya a été créée en 2009. Quels obstacles avez-vous dû surmonter pour arriver là où vous êtes aujourd’hui ? J’ai été confrontée à une série de défis qu’on rencontre habituellement lorsqu’on lance une entreprise. On doit se faire un nom, prouver saison après saison qu’on peut le faire, rester pertinent et visible… Heureusement, je ne suis pas seule. C’est important de le préciser : il y a toute une équipe derrière Litkovskaya. Nous sommes 25. Le plus difficile pour moi a sans doute été la combinaison du travail et de la grossesse, puis de la maternité. Immédiatement après sa naissance, ma fille Radomira a assisté à chaque processus créatif et organisationnel. Impossible de faire autrement. Mère célibataire, je l’emmenais partout. Quand elle avait un mois et demi, nous sommes allées à Paris ensemble pour la Fashion Week !
Comment se portent les jeunes designers en Ukraine ? Le marché ukrainien est relativement restreint, avec une forte demande pour les marques de créateurs internationaux. Pour les talents locaux, il ne sert pas à grand-chose de continuer à démarcher localement. C’est vraiment compliqué. Nous attirons l’Occident et faisons fuir nos créatifs. Par ailleurs, il y a cette soif naturelle de reconnaissance mondiale. De toute façon, les créateurs et créatrices ambitieux/euses ne se contentent pas d’un succès local, ils veulent percer à Paris, New York, Milan et Londres. Je remarque également que l’intérêt pour la mode ukrainienne et de l’Europe de l’Est en général est en hausse. Nous offrons un regard neuf, c’est notre plus grand atout.
Avez-vous déjà envisagé de déplacer Litkovskaya en Europe occidentale ? Non. Honnêtement, je ne vois que des avantages à travailler à Kiev. Il n’y a pas de concurrence féroce ici. Pas encore (rires) ! De plus, la mode est une affaire mondiale. Je peux faire voyager mes collections aux quatre coins du monde, tant sur le plan numérique que physique, tout en conservant un lien avec mes racines. Ce qui magazine ELLE 63
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est d’ailleurs l’une de mes priorités. Le seul inconvénient manifeste est le manque d’un enseignement qualitatif. Nous n’avons pas de Central Saint Martins ou de Parsons School of Design, mais ce n’est selon moi qu’une question de temps. J’espère pouvoir faire avancer les choses avec le projet Schooll.
Après quinze ans dans la mode, je voulais me lancer un nouveau défi : produire de manière encore plus durable. Et utiliser la culture ukrainienne séculaire dans cette optique. J’ai décidé d’élargir l’équipe pour inclure des artisanes de différentes régions du pays qui maîtrisent les techniques de tissage authentiques de nos ancêtres. Leur travail est fantastique ! Elles confectionnent d’incroyables tissus neufs à partir des chutes des collections précédentes ou de vêtements vintage dénichés sur des marchés aux puces de Kiev. Je suis très fière de ce que nous réalisons ensemble. Chaque création de Litkovskaya Artisanal est unique, et requiert entre 30 et 50 heures de travail manuel. Elle possède également un passeport indiquant où et quand elle a été fabriquée.
Vous semblez prendre plus de risques avec cette collection. Vous utilisez beaucoup de couleurs et d’imprimés. C’est vrai, mais c’est aussi un peu une obligation. Comme nous recyclons des textiles traditionnels, chaque nouveau vêtement comprend un patchwork de couleurs, de motifs issus du folklore, de broderies et de textures. C’est inhérent à la technique de production. Par le passé, les tapis ukrainiens traditionnels ou dorizhkas étaient tissés de cette manière. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas très subtils...
De quoi Lilia Litkovskaya rêve-t-elle encore ? Je ne pense pas avoir déjà atteint tous mes objectifs. Je sens que j’ai encore beaucoup à faire. J’aimerais écrire un livre inspirant pour les jeunes professionnel·le·s qui cherchent leur voie dans le monde de la mode. Et bien sûr, je voudrais que Schooll devienne l’un des instituts de formation les plus appréciés d’Europe de l’Est. Est-ce un rêve ou une ambition un peu folle (rires) ? litkovskaya.com
Varvara Zikran et Maria Mokhova, les plus grandes admiratrices de Lilia Litkovskaya.
LES BUNNIES DE KIEV Litkovskaya figurait en tête de leur liste de client·e·s de rêve lorsqu’elles ont fondé la White Rabbit Agency en septembre 2019. ELLE Belgique s’est entretenu avec Varvara Zikran et Maria Mokhova, deux spécialistes des relations publiques, à propos de leur créatrice préférée, de PayPal et du plus jeune festival de mode d’Ukraine.
TROIS SEMAINES DE LA MODE Maria « J’aime l’idée que Kiev puisse rivaliser avec les grandes capitales internationales. Saviez-vous que nous avons notre propre semaine de la mode depuis 25 ans ? Les Mercedes-Benz Kiev Fashion Days ont été créés en 2010, et l’année dernière, en octobre, les premiers Kyiv Art & Fashion Days ont eu lieu — il ne s’agit pas d’une semaine de la mode au sens classique, mais plutôt d’un festival interdisciplinaire et d’un lieu de rencontre pour toutes sortes d’artistes. » Varvara « Et d’une aubaine pour les jeunes créateurs et créatrices ! Ils et elles ont la possibilité de se montrer et une ribambelle de concours leur permet de tenter leur chance pour gagner un mentorat et un prix financier. Une somme d’argent qui s’avère très utile, car ils ne peuvent compter sur aucune aide publique. » Maria « C’est une grosse lacune en Ukraine. Nous ne manquons pas de talents et d’initiatives originales, mais lorsqu’il s’agit de subventions, de formations et de politique d’exportation, nous sommes à la traîne. De même, il n’existe pratiquement pas d’organisations à but non lucratif qui promeuvent les marques locales. Et le fonctionnement de PayPal est un désastre. »
ENTRE PITTY ET TOKYO Varvara « Il y a beaucoup à faire, mais n’oublions pas que l’Ukraine n’est indépendante que depuis trente ans. De nombreux marchés, dont l’industrie de la mode, sont désormais en plein essor. » Maria « Nous avons toujours été une nation très éclectique et notre vision créative tire son épingle du jeu au niveau mondial. Les créateurs et créatrices ukrainien·ne·s se font remarquer lors des semaines de la mode à New York et à Paris, présentent leurs collections à Tokyo et à la Pitti Immagine, et sont également de plus en plus représentés par des professionnel·le·s — comme nous (rires). » Varvara : « Même les marques internationales viennent frapper à notre porte, car elles veulent conquérir Kiev. Le label sud-coréen Le 17 Septembre est un client, tout comme la marque Lvir, basée à LA. C’est énorme ! »
ÉLOGE DE LILIA Maria « L’opportunité de pouvoir travailler avec Litkovskaya revêt une signification unique pour nous. C’est un plaisir de collaborer avec elle, et nous adorons son style. Lorsque je porte l’une de ses pièces, je suis sûre qu’on va me poser des questions. Est-ce que je suis consciente qu’il y a un trou énorme dans ma jupe ? Je confirme d’un air impassible. C’est comme ça que ça doit être, selon Lilia Litkovskaya. Et c’est très amusant. » wr-agency.com
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Avec votre ligne Artisanal, vous vous engagez également en faveur de la croissance de l’industrie locale de la mode. Comment est-elle née ?
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C&A PRÉSENTE SA COLLECTION COLORÉE ET FESTIVE KIDS-FRIENDLY POUR CÉLÉBRER LE PRINTEMPS Parce que nos petits monstres méritent aussi de souffler et de profiter, C&A dévoile une nouvelle collection kids-friendly pour célébrer l’arrivée du printemps. Des motifs amusants, des couleurs vibrantes, des matières légères, fluides et vaporeuses pour pouvoir sauter, danser, courir, s’amuser en toute liberté. Un seul mot d’ordre : Good vibes only !
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« COMME NOUS SOMMES TRÈS DIFFÉRENTES, NOUS NOUS CHAMAILLONS PARFOIS. MAIS ON SE RÉCONCILIE TOUT AUSSI VITE ! »
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« LES FÊTES, C’EST CHOUETTE ! IL Y A PLEIN DE GENS, ET ON PEUT JOUER AUTANT QU’ON VEUT » 4
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1 Robe bleue, taille 104 – 164, 22,99 € 2 Haut bleu à rayures, taille 104 – 164, 10,99 €. Jupe en tulle bleue, taille 104 – 164, 17,99 €. 3 Haut bleu avec message, taille 104 – 164, 9,99 €. Pantalon ample blanc, taille 104 – 164, 17,99 €. Combinaison à rayures, taille 104 – 164, 22,99 €. 4 Robe boutonnée, taille 104 -164, 24,99 €. 5 Haut rouge à mancherons, taille 104-164, 10,99 €. Jupe à fleurs, taille 104-164, 17,99 €. 6 Chemise bleu clair, taille 92 – 176, 12,99 €. Blazer gris, taille 92 – 176, 27,99 €. Pantalon bleu marine, taille 92 – 176, 17,99 €. Offre valable dans les magasins en Belgique et au Grand-Duché de Luxembourg et sur www.c-a.com, à partir du 17 février 2022 et jusqu'à l'épuisement du stock. L'offre et la disponibilité des articles peuvent varier selon le magasin. Prix et promotions sous réserve de modifications.
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« L’AN DERNIER, NOUS N’AVONS PAS PU FÊTER UN SEUL ANNIVERSAIRE ENSEMBLE, MAIS 2022 SERA VRAIMENT UNE ANNÉE DE FÊTE ! »
UNE COLLECTION SOUS LE SIGNE DE LA JOIE… Le printemps rime souvent avec célébration. À l’arrivée du beau temps, on se retrouve généralement en famille ou entre amis pour célébrer un mariage, une communion, un anniversaire, une baby shower ou encore la fête de Pâques. C&A se réjouit de ce passage à la belle saison en dévoilant une nouvelle collection de vêtements festive et colorée spécialement imaginée pour les kids. Une gamme pétillante, pleine de vie, mais surtout qui donne le smile ! On se souvient précisément de ce que l’on portait étant enfants lors de certaines réunions de famille ou birthday party’s. Des souvenirs joyeux inoubliables qui ont donné envie à la marque de faire passer un message à la jeune génération : qu’ils se rappellent la joie de se retrouver, surtout avec le contexte actuel. L’objectif de C&A : imaginer des pièces abordables et confortables pour permettre aux kids de se marrer et de se défouler tout en étant à 100% à l’aise dans leurs vêtements.
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…ET HAUTE EN COULEUR Pour les garçons comme pour les filles, la gamme se décline en plusieurs pièces joliment imprimées, de la marinière aux dinosaures, et colorées, de l’orange vif au bleu roi vibrant, en passant par des tons qui rappellent la douceur de la saison comme le rose pâle ou encore le baby blue. De façon a créer des tenues complètes, C&A propose une sélectionne de pièces faciles à accorder pour pouvoir mix & matcher selon les goûts et les envies. Pour les girls, on retrouve des pantalons fluides, tops à froufrous, jupes mi-longues, robes chic et boho unies, fleuries ou à rayures, combinaison. De leur côté, les garçons seront à croquer avec les pantalons chino, pantacourts, chemises bien taillées, t-shirts tout confort, vestes, accessoires fun… De quoi rendre vos kids parfaitement pimpants pour n’importe quelle occasion. Robe rouge avec ceinture en paille, taille 104 – 164, 24,99 €
Nous avons qu’une seule hâte ce printemps : faire la fête avec ceux qu’on aime, et voir les yeux de nos enfants pétiller comme avant !
CET ARTICLE A ÉTÉ ÉCRIT EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC C&A. WWW.C-AND-A.COM
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LE JEAN MAGIQUE POUR TOUTES Les vêtements à taille unique riment en général avec une mauvaise blague. Mais la marque de mode 100% belge LolaLiza prouve qu’il est possible de s’adapter à toutes les tailles et morphologies. Et même avec le plus difficile des vêtements : le jean.
Vous vous êtes déjà lancée dans la quête du jean parfait ? Vous connaissez alors le sens du mot « frustration ». Vous en avez sans doute déjà fait l’expérience : trouver la paire de jeans parfaite semble une quête désespérée. Quand il est de la bonne couleur, ce sont les jambes qui posent problème. Si vous vous trouvez super de face, le rêve s’écroule quand vous découvrez les poches arrière. Et quand vous choisissez enfin le jean idéal… vous vous trouvez naturellement confrontée à ce triste jour où il devient trop serré ou trop large. Aujourd’hui, c’est fini ! Fini de reléguer vos jeans préférés au fond du placard sous prétexte qu’il ne vous va plus !
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LolaLiza
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DES JEANS QUI ÉPOUSENT VOS FORMES Un jean qui vous irait quoi qu’il arrive, ça serait le rêve, non ? Un jean qui s’adapterait à votre vie et au rythme de votre corps, aujourd’hui, demain et dans 6 mois, ça serait magique, n’est-ce pas ? C’est exactement ce que LolaLiza avait en tête lorsqu’elle a conçu le Shape of You denim. Le Shape of You denim répond à la promesse que son nom indique : il s’adapte à votre morphologie, pour que vous puissiez toujours vous sentir bien dans votre jean préféré.
1001 FORMES… EN SEULEMENT 3 TAILLES « UNIQUES » Ces jeans innovants existent en trois tailles et conviennent aux silhouettes de la taille 34 à la taille 48. De la magie ? Presque ! Le secret de ces jeans innovants réside dans l’ultra-haute élasticité du denim utilisé par LolaLiza : il peut s’étirer de 90 à 100 %. Résultat : une sensation de confort incomparable plébiscitée par la rédaction.
ACHETEZ EN TOUTE FACILITÉ Acheter des jeans en ligne n’a jamais été aussi simple. Plus de stress pour trouver la bonne taille, plus de commandes de trois modèles en espérant trouver celui qui vous conviendra, plus de paquets à renvoyer… La lutte (parfois presque dangereuse) dans la cabine d’essayage a également pris fin. Les jeans ordinaires semblent toujours trop serrés ou trop lâches à un endroit. S’ils sont adaptés à vos fesses, la taille est trop ample ; si vous prenez une taille en dessous, vous ne pouvez même pas y glisser la moitié de la cuisse. Avec le Shape of You denim, toutes ces frustrations appartiennent au passé.
INNOVANT ET ABORDABLE Avec les Shape of You denims, LolaLiza est la première chaîne de mode belge à concevoir des jeans à taille unique non seulement inclusifs, mais aussi flatteurs et abordables. En plus du jean, LolaLiza présente également une robe Shape of You disposant du même pouvoir de mettre en valeur n’importe quelle silhouette. Une ode à la féminité sous toutes ses formes, tailles et étapes de la vie !
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CET ARTICLE A ÉTÉ CRÉÉ EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC LOLALIZA. LOLALIZA.COM
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Texte Elisabeth ClaussFotografie Xxxxxxx Xxxxxxx
W E I N S A N T O , L A M O D E D E L’ O P É R A A U C A B A R E T
A NOUVELLE GÉNÉRATION FAIT SON SHOW
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MAXWELL AURELIEN JAMES
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Victor Weinsanto s’inspire des codes de la nuit pour nous permettre d’exprimer les nuances de tous nos jours. Il décline le prêt-à-porter et des pièces plus habillées, des accessoires pointus comme ses sacs graphiques, des tops très accessibles, des manteaux très Couture. Sa collection a priori non genrée se fonde sur les digressions d’un vocabulaire féminin, transversalement flamboyant.
Il y a deux ans à peine, Weinsanto défilait pour la première fois en off à la Fashion Week de Paris. Tout juste avant le premier confinement, une éclosion pile au moment d’une mise sur pause universelle. Dans le public, un collaborateur de Loïc Prigent a filmé quelques passages avec son téléphone, tandis que tout près de lui, Adrian Joffe (président de Comme des Garçons et cofondateur de Dover Street Market à Londres) décidait déjà de tendre la main au jeune talent sur scène. Car le podium de Weinsanto, avec une scénographie dansée et des performances d’artistes, évoque plus une boîte de nuit qu’un catwalk tradi. Jean Paul Gaultier (auprès de qui Victor a travaillé comme styliste studio pendant les deux dernières années de sa carrière) assistait lui aussi à la performance. Pour une première, le lever de rideau était prometteur.
Des entrechats à Chardon Savard Il a 28 ans, a grandi en Alsace (sa prochaine collection, Hopla Geiss, est un hommage décalé et incandescent à ses racines). De l’âge de 4 à 17 ans, Victor s’est formé avec rigueur et passion au ballet au Conservatoire de Strasbourg, puis à Cannes, Stuttgart et Dresde. Un parcours dont le départ rappelle celui de Thierry Mugler, de ses origines strasbourgeoises à sa dévotion à la danse, capable de combiner la plus grande discipline à des nuits festives. Victor rêvait de devenir chorégraphe, il a failli passer professionnel, mais n’a finalement pas voulu se cantonner à un unique domaine d’expression. « Je ne m’en suis pas tant éloigné, puisque je développe aujourd’hui une autre forme de scénographies, je raconte des histoires dans mes costumes. Je voulais aussi explorer la mode, avoir droit à la subjectivité, m’affirmer selon une multitude de critères. » Il a étudié le stylisme à l’Atelier Chardon Savard : « Je cherchais une école ouverte à la liberté créative, et je voulais surtout être à Paris. »
Un matin d’hiver et de crachin, nous le rencontrons dans son petit studio de Belleville, où il nous accueille les cheveux tout court teints en orange, et habillé par des Belges : jean Y/Project et chaussures Rombaut. Il revendique s’inspirer « du mauvais goût et du cabaret », pourtant chacune des pièces dont il cisèle le design n’évoque que l’élégance d’une extravagance maîtrisée. « J’aime décaler, j’ai besoin d’humour, d’une mode qui ne se prend pas au sérieux, mais qui est faite sérieusement. » Victor Weinsanto se nourrit du milieu de la nuit, ce qui ne l’empêche pas d’être un bosseur impliqué le jour. Il est beaucoup sorti en arrivant à Paris, passait des nuits au Manko (cabaret qui déroulait alors des shows sensuels et déjantés d’artistes transformistes inspirés), y a créé son réseau. « Dans ces clubs, je me suis fait des amis qui sont aujourd’hui ma famille. C’est d’une certaine manière ce que je cultive toujours, un cabaret mode où tout le monde est libre d’être qui il veut. » Ses shows sont des performances, mais dans la discrétion de son studio, il préfère travailler que se raconter. Victor n’entend pas changer les codes de la mode, mais plutôt ses mœurs : « Nous sommes nombreux à bouger les lignes, j’aime cette époque, qui aspire à plus de sincérité. Je veux faire partie de ce mouvement. On a besoin d’authenticité et de bienveillance. »
Un succès profilé Après son diplôme, le jeune designer a fait ses armes chez Y/Project, stagiaire en coordination de collection. « Ce n’était pas du stylisme, mais quand j’ai lancé ma marque, ça m’a beaucoup servi. » Il gère tout seul la production, affiche déjà 20 points de vente et un e-shop. Sa signature n’a que quelques saisons, mais
« J'AI BESOIN D'HUMOUR, D'UNE MODE QUI NE SE PREND PAS AU SÉRIEUX »
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« C'EST UN MÉTIER DE GRANDS ENFANTS »
Les arts mixés Modèle aussi, Victor a plusieurs fois posé pour les photographes Pierre et Gilles, des amis de longue date. Pour eux, il a figuré un jardinier, un homme poisson, une interprétation de Jean Paul Gaultier, et a signé le look de leur « Notre Dame de Corona ». Dans son rôle de créateur, le jeune homme marque son goût pour l’opulence, il dessine des robes corsets spectaculaires, des sacs extrêmement graphiques, extrapolés Couture. Il conçoit des mini-fourreaux et d’immenses chapeaux, l’extravagance guide ses lignes. « J’ai la chance de travailler avec des gens doués et gentils. » Sa collection de l’été prochain présente une variation sensuelle, moderne
Interprétations et nouveaux contours Avec un artisan maroquinier, il développe une ligne de sacs géométriques, aux angles aigus comme la radicalité stylistique de son propos. Des accessoires qui captivent le regard comme des postulats, en contradiction pimpante de la tentation normecore héritée des derniers mois canapé. Ses robes imposent de la tenue, attisent une attention focalisée. « Je travaille avec un jeune corsetier à Paris, j’ai une fascination pour ce type de vêtements. J’ai d’ailleurs revisité un T-shirt pour qu’il devienne un corset dans sa structure, sans armatures. Je joue aussi beaucoup avec les imprimés. Je transforme, je digitalise des portraits. Je mélange la dentelle et le velours, je me réinvente un nouveau boudoir. » Lucide quant au nouveau contexte de l’industrie de la mode, Weinsanto n’aspire pas à devenir une marque mastodonte, « mais si ça arrive, je supporterai (rires) ! Je voudrais cultiver une maison à taille humaine, vivre de mon travail ; si ça marche comme ça tant mieux, sinon, je reverrai ma stratégie. On nous incite toujours à rêver grand, mais je suis réaliste. J’essaye de ne pas trop me stresser en pensant à demain, je voudrais grandir raisonnablement, et surtout, m’amuser. C’est un métier de grands enfants. »Weinsanto fait ses jeux et remporte la mise avec une touche de folklore, un souci de la précision, et un sens avisé du show.
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il a déjà prêté des vêtements et accessoires pour le tournage de la deuxième saison d’« Emily in Paris » : « J’habille Sylvie, avec une robe très sexy. C’est bien, parce que ce n’est pas le cliché d’un mannequin de 20 ans. » Lily Collins arbore également l’un de ses sacs, par-ci par-là. Et le soir de Noël, Madonna a posté sur son compte Instagram une série de photos où elle portait une tenue Weinsanto. On s’en doute, la première saison professionnelle de la maison, le printemps/été 2021, s’est très bien vendue, notamment grâce au soutien d’Adrien Joffe qui lui a ouvert un espace dans le show-room Dover Street Market Paris. Weinsanto vient de s’installer dans un nouveau studio de création plus spacieux, avec une petite équipe composée de Jan-Robert Allo, associé et compagnon de Victor, et de Maud Hauss, amie d’enfance et modeste pourvoyeuse de fonds au début de la marque. Trois personnes complètent l’équipe, qui produit à Paris les pièces Couture. Pour tous les autres aspects de la création et de la production, Weinsanto s’entoure de free-lances, notamment « des copines de l’époque Jean Paul Gaultier, pour les pièces à construction élaborée ». Pour les tissus, il puise dans des deadstocks (rouleaux de tissu inutilisés), notamment auprès de Nona Source, fonds de matériaux mis à disposition par de grandes maisons françaises. « C’est ainsi que nous disposons de mousselines de soie, de lainages et cachemires de très grande qualité à des prix accessibles. »
et second degré des codes clichés de l’Alsace : « J’ai détourné ce que tout le monde comprend, des sacs kouglof, des bretzels bijoux ou harnais, des coiffes en serre-tête démesurés. C’est funky, je mélange du satin et du denim. Je m’inspire du kelsch (tissu traditionnel à carreaux), interprété en rose fluo. C’est une collection très personnelle, emblématique de ce que j’aimais quand j’étais petit, comme le pantalon de scout qu’on peut dézipper pour en faire un short. J’ai introduit des souvenirs d’enfance, de l’émotion et de la perspective. » Il souligne qu’il est important pour lui de désapprendre ce qu’on lui a appris, de créer pour tout le monde, de ne pas cibler, de s’ouvrir à tous. Dans sa clientèle, on rencontre des femmes de toutes origines et de tous âges. « Je suis très fier quand je vois ma mère porter mes vêtements. » Décloisonnée, mêlant pièces commerciales et spectaculaires parce que pour briller on a besoin de multiples facettes, de style et de modes variés, sa patte permet à chacun.e de se retrouver.
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Texte Elisabeth Clauss
POUR Y VOIR PLUS CLAIR, UN DÎNER DANS LE NOIR
LES GOÛTS ET D’AUTRES COULEURS Inauguré il y a quelques mois à Bruxelles, le concept « Dans le Noir ? »* (avec un point d’interrogation, parce qu’il cuisine nos certitudes) interpelle nos sens autour d’un menu gastronomique. Tester une nouvelle grille de perception ? C’était vite vu.
18h
Généralement, en prévision d’un dîner, c’est l’heure où l’on considère un éventuel changement de tenue. Mais puisqu’on se prépare à passer la soirée dans une obscurité totale, on pense naïvement que ce sera des vacances que de ne pas avoir à se demander comment se pimper. Erreur de débutante. Du blanc ? Trop risqué quand on ne voit pas le chemin de la fourchette à la bouche. Les cheveux lâchés ? Autant ne pas se compliquer la logistique et risquer de les balayer dans l’assiette. Puisque l’expérience sera essentiellement intérieure, je m’habille en noir. Conceptuellement raccord, techniquement prudent. 19h30 On arrive à l’hôtel Warwick Brussels, et un parcours fléché nous guide vers le restaurant. Puisqu’il ne sera pas possible d’écrire mes impressions pendant le dîner, je prends déjà des notes mentales. Notamment à propos des quelques autres couples qui partageront l’expérience avec nous et qui ne le savent pas encore, mais qui deviendront peut-être potes quasi sans a priori visuels, à juste connecter avec ses voisin·e·s de table, des amitiés se lieront plus tard avec échange à la sortie de numéros de téléphone et de selfies. 20h Dans l’immédiat, on dépose sacs, montres et smartphones au vestiaire, c’est le début d’une parenthèse de digital détox, qui va laisser place au dialogue sans coup d’œil aux notifs. Notre guide-serveur nous conduit, en file indienne et en passant par des sas où la lumière diminue progressivement, vers notre table dressée dans le noir complet.
20h02 On s’assied à tâtons, les yeux grands ouverts de curiosité. On hésite, les ouvrir ? Les fermer ? L’ouvrir ? La fermer ? Car l’ouïe a immédiatement pris le relais. Sans vouloir enfoncer une porte ouverte (au sens propre, si on essaye de se déplacer tout seul), les autres sens sont exacerbés. 20h08 Les boissons sont déposées sur la table, mais on doit se servir. Je remplis mon verre d’eau sans renverser une goutte, puis je loupe ma bouche. 20h11 Puisque pour la plupart des gens la vue est le sens prédominant, on a tendance à parler plus fort, d’autant qu’on a du mal à évaluer les distances. De temps à autre, on se touche la main, pour vérifier qu’on n’est pas trop loin. Si on se voyait, on saurait qu’on est à portée de chuchotage. magazine ELLE 73
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20h14 Près de nous, un couple aborde le sujet belle-famille. Les voix se tendent, les oreilles aussi. 20h17 Le ballet du service des entrées commence. Les serveurs et serveuses, personnes non ou mal voyantes qui seront nos guides pour la soirée, sont aussi impliqués dans d’autres domaines. Parmi elles et eux, une chanteuse ayant participé à « The Voice » et « Xfactor », ou des sportifs de haut niveau, tous formés pour un nouveau métier et engagés par le restaurant. Wassime, qui gère notre table, est athlète dans l’équipe nationale belge de goalball. Il a participé aux Jeux paralympiques de Tokyo. Nous, on peine à piquer un champignon avec notre fourchette. D’ailleurs, dès le plat principal, on entend nos voisin·e·s de table renoncer : ils et elles finissent joyeusement leurs petits légumes avec les doigts. 20h39 Les plats sont savoureux, texturés à dessein. On cherche à reconnaître les goûts, les nuances croustillantes, on imagine les couleurs. On saura plus tard, en découvrant les photos de notre menu présentées à la sortie, qu’on s’est parfois trompé. Mais honnêtement, qui reconnaît une purée de vitelottes violette, quand on est déjà content d’avoir identifié les légumes en accompagnement ? Le chef prodigue les mêmes soins attentifs à la présentation que si on comptait les instagramer. Les assiettes sont léchées (au sens propre aussi, puisque personne ne nous voit).
21h
21h12 On se concentre sur l’essentiel, sur les échanges. C’est l’occasion de parler des heures avec des ados qui ne vont pas vous snober pour TikTok, et qui partageront peut-être même quelques secrets, puisqu’ils ne verront pas votre réaction. Pareil pour les amoureux dans le noir, on peut dévoiler son jeu sans rougir. 21h26 L’expérience est ouverte aux enfants dès 6 ans et bientôt, il y en a un à la table d’à côté qui va être drôlement surpris d’avoir adoré des légumes qu’il aurait jugé trop bons pour être verts. 21h37 Dans le noir, on se réapproprie les aliments différemment, mais le temps aussi. On évalue les minutes écoulées au dessert qui se profile avec sa palette de moelleux et de croquants. 21h51 Chacun semble s’être habitué à se débrouiller au toucher. Les langues se délient, les gestes à table sont précis. Mais on est très conscients que s’il fallait quitter sa chaise, ce serait une autre paire de manches. Les serveurs et serveuses en revanche sont très à l’aise, ils posent les plats au millimètre près, parfaitement à l’écoute de l’espace. Les organisateurs du concept soulignent qu’ici les rôles sont inversés, « le handicap est question de situation ». 22h03 Un dernier café ? On le prendra noir.
20h48 S’adresser à quelqu’un dont on ne voit pas les réactions, ça libère les confessions. Ça permet aussi de bayer aux corneilles et de lever les yeux au ciel. Enfin, une conversation franche. On ne voit pas le temps passer.
22h18 Wassime nous guide vers la sortie. On passe plusieurs étapes de retour à la lumière, des petites ampoules à l’ambiance tamisée. Je vérifie l’avant de mes vêtements : pas une goutte de sauce, pas une miette. C’est proprement miraculeux. J’ai connu des catastrophes de salade au vinaigre balsamique en pleine lumière, comme quoi être super attentif, ça crée un moment attachant sans détachant. 22h32 On découvre les photos de nos plats, on redécouvre le visage de nos voisin·e·s. Les ados ne rallument pas tout de suite leur téléphone, et on se retrouve étrangement silencieux, repus et sereins. Comme quoi, l’essentiel n’a pas toujours besoin des yeux. Sauf dans le bouillon. *brussels.danslenoir.com
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Lunettes de soleil et fil de perles blanches, Tatiana Megard x Bidules Eyewear. Top noir en maille ajourée, Chanel.
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GIRL ON CAN VAS Stylisme Delphine Dumoulin Photos Stephen Mattues
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Robe plissée asymétrique en dégradés rouges et ceinture corset noire, Natan. Sac manchon en cuir avec fenêtre en PVC, Sarah Levy. Bagues en alliage plaqué or rose et pierres naturelles, Bronzallure. Soutien-gorge en satin-stretch havane, Erès.
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Soutien-gorge et culotte haute en satin-stretch havane, Erès. Bustier blanc en maille 3D, Elizabetta Franchi. Manteau boule ouaté en vinyle rose, Tatiana Megard. Boucles d'oreilles en résine rose et or, Dior. Escarpins Betty Sling en velours orange, Christian Louboutin.
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Lunettes de soleil et fil de perles blanches, Tatiana Megard x Bidules Eyewear. Top noir en maille ajourée et bas de maillot de bain blanc décolleté, Chanel. Manchette en résine noire, Chanel.
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GAUCHE : jupe rouge taille haute cut-out, Tatiana Megard. Boots compensées Movida, Christian Louboutin. Bagues en alliage plaqué or rose et pierres naturelles, Bronzallure. Soquettes ajourées orange, Falke. DROITE : soutien-gorge et culotte haute en satin-stretch havane, Erès. Bustier blanc en maille 3D, Elizabetta Franchi. Manteau boule ouaté en vinyle rose, Tatiana Megard. Boucles d'oreilles en résine rose et or, Dior.
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T-shirt frangé, Silvian Heach. Cape drapée en satin noir, Jean-Paul Knott. Culotte de maillot de bain, Lejaby wave. Bottes en cuir vegan noir, Monki. Bagues en alliage plaqué or rose et pierres naturelles, Bronzallure.
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GAUCHE : culotte en microfibre chair, Maison Lejaby. Robe bustier parachute, Sportmax. Bottes en tulle bubble-gum plissée Libelli, Christian Louboutin. DROITE : veste de smoking blanche à revers noirs, Louis Vuitton. Sac coussin monogramme en cuir noir et blanc, Louis Vuitton. Maillot de bain dos nu, Prima Donna. Mules sabots en cuir noir, H&M studio.
Robe bustier parachute, Sportmax. Soutien-gorge chair, Seven for all man kind. Mules à talons en cuir jaune pâle, AGL. Poncho en plastique rouge jetable, vintage. ÉQUIPE DE PRODUCTION Directrice artistique : Iris Rombouts. Make-up & Hair: Rudy Cremers avec Dior & Moroccan Oil. Modèle : Alice de Broqueville @ https://hakimmodelmanagement.com. Assistante stylisme : Sara Van der Peet. Assistants photo : Simon Waterkyn et Romy Lenoor.
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Robe bustier parachute, Sportmax. Soutien-gorge chair, Seven for all man kind. Mules à talons en cuir jaune pâle, AGL. Poncho en plastique rouge jetable, vintage.
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Texte Barbara De Munnynck Photo Morrec
LA BELLE AU BOIS DORMANT Après onze ans, le compte à rebours est enclenché. La réouverture du Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers aura lieu dans six mois. ELLE a eu l’exclusivité de réaliser le shooting mode de ce numéro dans le musée rénové mais encore vide, avant l'accrochage des œuvres. Et de caler au passage une rencontre avec la directrice générale, Carmen Willems. Après une si longue fermeture, l’excitation doit être à son comble.
L’année prochaine, à la même date, les salles du musée désertes aux murs vides et la longue hibernation de la plus belle collection d’art d’Anvers appartiendront au passé. En mars 2023, le Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers (KMSKA), rénové et agrandi de 40 %, sera en pleine effervescence. Après sa réouverture, il entend accueillir plusieurs milliers de visiteurs par mois. Quant à nous, on a déjà craqué pour l’atmosphère de « lieu abandonné » et de « calme avant la tempête » qui régnait lors du shooting mode réalisé pour ce numéro (en page 75). Quel privilège de pouvoir utiliser ce bâtiment époustouflant de 1890 comme toile de fond pour immortaliser nos looks. La musique de notre directrice artistique Iris résonne dans les pièces désertes. De quoi faire croire à la Belle au bois dormant qui se réveille qu’elle se trouve dans une rave party miniature. L’image féerique d’un bâtiment enchanté, s’éveillant d’un sommeil centenaire, n’est pas si farfelue. Je marche vers mon interview de Carmen Willems, directrice générale du KMSKA, et je me fraye un chemin à travers un chantier boueux jusqu’à l’entrée latérale. Pas de dragon ni de buis pour m’accueillir, mais l’accessibilité sera améliorée lorsque le jardin du musée sera superbement aménagé pour la réouverture le 25 septembre prochain. Je suis Carmen à travers un labyrinthe de pièces vides jusqu’à un espace aux hautes fenêtres à travers lesquelles la lumière du soleil se déverse généreusement sur une table de réunion. Nous nous y installons et j’avoue que je suis impressionnée. Ça doit être vraiment incroyable d’être aux commandes de tout ça... Carmen Willems sourit. « Ça me rend surtout humble de pouvoir diriger un musée aussi majestueux. D’ailleurs, je ne suis pas toute seule. »
Un flirt avec l’archéologie Carmen Willems est diplômée en économie de la KU Leuven, mais elle a mené quasi toute sa carrière dans le monde des musées. C’est exactement ce dont elle rêvait à 18 ans. « Je faisais de la musique et j’aimais beaucoup les arts scéniques. Je voulais étudier l’histoire de l’art, mais mes parents ont insisté pour que j’obtienne d’abord un diplôme sérieux. J’ai écrit mon mémoire sur le mécénat d’art, un sujet qui a été un élément déclen-
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QUI EST CARMEN WILLEMS (53 ANS) ? • Directrice générale du Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers (KMSKA). • Ancienne directrice générale du musée gallo-
cheur. C’est ainsi que je me suis retrouvée dans mon premier emploi, au sein d’une grande entreprise de construction qui était l’un des principaux sponsors d’Anvers capitale culturelle en 1993. C’était fascinant de travailler sur l’interface entre art et entrepreneuriat. Je suis originaire de Tongres et lorsqu’une place s’est libérée au musée gallo-romain, j’ai postulé. J’ai été agréablement surprise d’obtenir le poste car je n’avais pas encore beaucoup d’expérience. » Carmen Willems restera plus de vingt ans au musée de Tongres, où elle gravira les échelons jusqu’à obtenir le poste de directrice générale. Son projet initial, qui consistait à décrocher un deuxième diplôme pour se spécialiser dans le domaine de l’art, a été mis entre parenthèses. « Au musée gallo-romain, pouvoir prendre part aux conversations avec les spécialistes des expositions temporaires est devenu ma priorité. Confrontée à des contenus que je connaissais peu, j’ai persévéré et en l’espace de deux décennies, j’ai appris énormément de choses sur l’archéologie de nos régions. Ici, au KMSKA, il en va tout autrement. Notre collection comprend quelque 8.000 objets d’art, auxquels est attaché un nombre infini d’histoires. Impossible pour moi de connaître tout sur le bout des doigts, nous avons des spécialistes pour ça. J’aime les entendre discuter avec passion de nos chefs-d’œuvre. Mais c’est leur travail et j’ai le mien. »
La touche féminine?
romain de Tongres pendant de longues années. • Bourgmestre (Open VLD) de Tongres durant cinq ans. « Je suis tombée dans la politique de manière assez inattendue, en voulant défendre les intérêts du musée galloromain. J'ai remplacé le bourgmestre titulaire lorsqu'il est devenu ministre. J’étais jeune et téméraire, j'ai foncé. C'était un job difficile, mais aussi une excellente école. Cela dit, je n'ai jamais voulu me consacrer à plein temps à la politique. » • Elle a deux fils de 24 et 26 ans, ainsi qu’une belle-fille de 15 ans. • Elle vit à Anvers la semaine et à Tongres le week-end. « Le networking fait partie de mon travail. Compte tenu des nombreuses activités organisées en soirée, il est logique que je
En quoi consiste le travail de la directrice générale d’un musée qui n’est reste en ville la semaine. Le week-end, je pas encore ouvert au public ? « En gros, nous préparons le KMSKA à recharge mes batteries dans la nature de la vivre sa seconde vie (voir encadré). De plus, je m’efforce d’obtenir des Hesbaye ; je reste une grande fan de ma région financements supplémentaires. Ce musée est une organisation comnatale. Mes fils travaillent déjà, mais ils vivent plexe, scientifique, avec des extensions politiques à plusieurs niveaux. Nous sommes une institution flamande, située dans la ville d’Anvers, toujours dans notre maison à Tongres. mais aussi, par extension, un fleuron touristique pour l’ensemble du Ils aiment que leur mère soit en kot la semaine pays. Ça fait beaucoup d’intervenants, chacun avec son approche et ses pour avoir la maison pour eux. » intérêts propres, à faire dialoguer. » Les femmes ont-elles un don naturel pour atteindre cet objectif ? À voir le nombre de femmes à la tête des grandes institutions artistiques aujourd’hui, on pourrait le penser. Il suffit de songer à Laurence des Cars, première femme nommée directrice du Louvre. Carmen Willems : « Dans notre pays, on observe cette tendance depuis un moment déjà : du Musée du design à Gand à Bozar à Bruxelles en passant par le Musée de la mode à Anvers, les femmes sont aux manettes. Mais est-ce vraiment une question de genre ? Ce type de poste requiert un savant dosage de soft et de hard skills : il faut résister au stress et savoir fixer des priorités, tout en gardant une bonne vue d’ensemble et des détails. À mes yeux, ces compétences sont plus liées à la personnalité qu’au sexe. »
« ÇA ME REND SURTOUT HUMBLE DE POUVOIR DIRIGER UN MUSÉE AUSSI MAJESTUEUX »
Maman rock'n'roll Qu’elle le veuille ou non, Carmen Willems est un exemple à suivre pour les femmes ambitieuses. Comment parvient-elle à combiner un travail aussi exigeant avec une vie de famille ? « Mes enfants ont une vingtaine d’années et ils travaillent déjà, ce qui simplifie les choses. Mais même quand ils étaient plus jeunes, j’étais assez rock’n’roll à cet égard. Mon conjoint et moi-même sommes allés au bout de nos ambitions, sans
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« DU MUSÉE DU DESIGN À GAND À BOZAR À BRUXELLES, LES FEMMES SONT AUX MANETTES » aucun sentiment de culpabilité. Je me suis organisée pour que mes enfants ne manquent de rien, mais je ne les attendais pas en personne à la sortie de l’école. Cela dit, une fois avec eux, je veillais à ce que nous passions du temps de qualité. Aujourd’hui, ils sont assez grands pour parler des choix que nous avons faits et heureusement, nous sommes sur la même longueur d’onde. Face aux candidatures que je reçois, je remarque que la génération actuelle est plus soucieuse de ne pas rompre l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. J’en tiens compte et j’essaie de ne pas projeter mes propres convictions sur mes collaborateurs. J’en viens même à penser que je devrais davantage préserver mon propre équilibre. J’aime mon travail, mais je ne serais pas contre un peu plus de flexibilité en matière d’horaires. » Carmen Willems a essayé de joindre les actes à la parole en 2015. « J’approchais de la cinquantaine et j’étais directrice générale du musée gallo-romain depuis longtemps. Le moment semblait donc venu de tenter une fois encore quelque chose de nouveau. » Elle est devenue directrice de Toerisme Limburg mais l’aspect artistique lui a manqué plus que prévu. Elle a donc fait son retour dans le monde de l’art en 2017, en tant que directrice commerciale du KMSKA. « La perspective de jouer le second couteau et de ne pas endosser de responsabilités finales me plaisait. » Jusqu’à ce que la réouverture prévue du musée en 2019 soit reportée de deux ans, que la directrice s’en aille et le conseil d’administration pense à Carmen Willems pour la remplacer...
Mouvementé comme au bon vieux temps « J’ai hésité », admet-elle. « Mais j’ai pleinement mesuré les enjeux. Il aurait été extrêmement difficile d’intégrer un nouveau venu peu de temps avant la date butoir d’un projet aussi long. » Carmen Willems se retrouve ainsi à exercer un job aussi mouvementé qu’autrefois. « Heureusement, j’en suis capable physiquement. Et j’adore ça. » Elle a des étoiles dans les yeux lorsqu’elle évoque l’avenir du KMSKA. « Après la réouverture, les visiteurs pourront choisir entre deux circuits. Ils retrouveront les maîtres anciens – Rubens, Van Dyck ou encore les primitifs flamands – dans les salles rénovées de l’aile historique du musée aux traditionnels sièges rembourrés rouges. Les maîtres modernes – comme James Ensor et Rik Wouters – prendront leurs quartiers dans le nouvel espace
aux sols et murs d’un blanc éclatant. La rencontre sous le même toit de ces deux mondes, à la fois si différents et si complémentaires, est unique. Je suis également très impatiente de voir les résultats de nos collaborations avec les artistes contemporains en résidence. » Pour la réouverture, une vingtaine d’artistes, de Sarah Carlier à Joffrey Anane en passant par le groupe Het Zesde Metaal, entreront en dialogue avec la riche collection du KMSKA. « Ce musée a longtemps été présenté avec une modestie peu anversoise », explique Carmen Willems. « J’espère qu’à sa réouverture, le grand public découvrira la multitude de peintures et de sculptures exceptionnelles et la myriade d’histoires passionnantes que nous avons à proposer. Des majestueux retables de Rubens à notre collection raffinée d’esquisses et de dessins en passant par l’audioguide humoristique de Tom Van Dyck et les vidéos réalisées par la maison de production De Chinezen, nous voulons offrir à chaque visiteur, amateur d’art ou simple néophyte, une expérience exceptionnelle. » Prenez votre mal en patience d’ici septembre 2022. Sur la place Leopold de Wael à Anvers, un géant endormi va se réveiller dans un grand fracas.
UN SOMMEIL RÉPARATEUR ? Le 25 septembre 2022, le KMSKA rouvrira ses portes après onze ans de fermeture. Que s'est-il passé pendant ce temps-là ? • Près de 200 œuvres majeures de la collection ont été magnifiquement restaurées. • Les salles historiques ont été transformées pour aborder au mieux le futur. La stabilité de la température et de l’humidité était essentielle à cet égard. • Les architectes de KAAN ont agrandi le bâtiment de 40 %. Sans avoir recours à une annexe classique, mais par une entité autonome construite au sein des quatre patios d’origine. • Le musée a prêté des œuvres à des musées internationaux, touchant 6 millions de visiteurs. Donnant-donnant : à partir de 2022, l’objectif est de bénéficier de chefs-d'œuvre venus d’ailleurs. • Le musée est devenu plus accessible. Au sens propre via la construction d'une oasis verte, d'une réception moderne et d'un café attrayant. Et au sens figuré avec une division en deux circuits, du nouveau matériel audiovisuel et des informations pour stimuler différents types de visiteurs. Surfez sur kmska.be pour plus d’informations et de chouettes vidéos. Inscrivez-vous à la newsletter et décomptez les jours jusqu’à la réouverture le 25 septembre.
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© 2021 CHAUDFONTAINE est une marque déposée de MMJ. ER – Coca-Cola Europacific Partners Belgium srl - Chaussée de Mons 1424, 1070 Bruxelles – RPM BE 0425071420.
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UNTI TLED L’art est dans tout et dans la mode, surtout. Notre shooting dans le Musée royal des BeauxArts d’Anvers flambant neuf nous a donné envie d’accrocher des tableaux aux murs. Des tableaux qui s’accordent aux tendances 2022, pour faire de notre dressing une merveilleuse galerie.
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EN TOUTE TRANSPARENCE
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Un peu de clarté et des tissus qui laissent passer la lumière, c’est tout ce que l’on demande pour la prochaine saison. Voiles ou filets, PVC ou crochet, l’art est de construire son look par couches successives qui entremêlent les nuances de couleurs. Les variations de blancs, de beiges et de noirs sont les coloris gagnants pour un style chic et élégant.
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Portrait of Space, Égypte 1937.
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Lee Miller était une photographe et mannequin américaine connue pour ses portraits de Pablo Picasso. Bien qu'elle soit également célèbre par sa relation avec Man Ray, la documentation de Miller sur l'Europe ravagée par la guerre après la Seconde Guerre mondiale a fait sa réputation de photographe à part entière. « Il me semble que les femmes ont plus de chances de réussir en photographie que les hommes », a-t-elle déclaré un jour. On la croit.
LA PHOTOGRAPHE LEE MILLER ELLE crush
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Liliane Harvey, portrait solarisé, New York 1933.
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LE SCULPTEUR ISAMU NOGUCHI
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Isamu Noguchi, le grand sculpteur et designer américano-japonais, a passé plus de six décennies à créer des œuvres abstraites — en grande partie en pierre — basées à la fois sur des formes organiques et géométriques. Fortement inspiré par l'art japonais traditionnel, ainsi que par le style biomorphique de certains arts surréalistes, Noguchi est devenu internationalement connu à la fois pour ses œuvres d'art, son mobilier et son architecture accessibles au public.
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LE ROSE S'AMUSE On peut déclarer officiellement que le rose s’est installé dans notre vestiaire durablement. Impossible de l’y déloger alors autant s’y plonger et l’embrasser avec un look complet. On porte le rose de la tête ête aux pieds. Le plus joli ? C’est de le décliner dans toutes ces variations : plus clair et lumineux sur les vêtements et fuchsia ou fluo en accessoires.
1 Top, Chantelle, 52 € 2 Slip Abito, Chantelle 18 € 3 Blouse à manches bouffantes, C&A, 29,99 € 4 Bague en résine, Dior, 450 € 5 Veste courte en denim, Balmain, 1.690 € 6 Tote bag, Stella McCartney, 650 € 7 Pantalon droit, Améline by Mayerline, 139 € 8 Lunettes de soleil, Dior, 360 € 9 Robe courte oversize, Essentiel, 225 € 10 Sandales en cuir d'agneau, Dior, 890 € 11 Montre modèle 'Attelage' en nacre bleue, Pequignet, 1.010 €.
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LE PHOTOGRAPHE HARRY GRUYAERT
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Le photographe belge Harry Gruyaert est un pionnier de la photographie en couleurs. Sa photographie de rue varie selon le sujet, mais est unie par une approche saturée de la couleur, à l'instar de photographes américains comme Stephen Shore et Joel Meyeorwitz. Issu d'une famille flamande catholique traditionnelle, Gruyaert s'est vu interdire la carrière de photographe par son père, qui y voyait un péché. Gruyaert a quitté la Belgique et a voyagé à travers l'Europe, s'inspirant des couleurs et des lumières du continent.
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Las Vegas, 1982.
LA LINGERIE SORT DE L'OMBRE
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Après la minijupe, c’est le bikini qui est de sortie. Bralette, brassière et string ficelle se révèlent. Cela peut-être un détail subtil : une bretelle qui se détache malicieusement d’un top sans manche ou plus franc, avec le haut du maillot porté sur un T-shirt. L’idée, c’est surtout de créer un contraste de couleurs, de matières et de styles en mélangeant le sexy et le casual, l’intérieur vers l’extérieur. 1 Set de trois bracelets, Roxanne Assoulin 335 € 2 Brassière en cuir, Balmain, 1.690 € 3 Body en dentelle, Marie Jo, 96,90 € 4 Shorty en dentelle, Etam 18,99 € 5 Haut de bikini jaune, C&A, 12,99 € 6 Bas de bikini, C&A, 9,99 € 7 Brassière en nylon, Prada, 450 € 8 Sac en cuir vernis, Essentiel, 155 € 9 Top en maille, American Vintage, 40 €.
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ADIDAS | ALEXANDER SMITH | AMBIORIX | ARA | ARMANI EXCHANGE | DIADORA | DL SPORT | DR MARTENS FLORIS VAN BOMMEL | GABOR | GEOX | GHOUD | GUESS | HOFF | HUGO BOSS | JANET & JANET KARL LAGERFELD | KIPLING | LAURA BELLARIVA | LITTLE DAVID | LIU JO | LONGCHAMP | MEPHISTO MICHAEL KORS | NATHAN | NATURINO | NERO GIARDINI | NEW BALANCE | NIKE | PAUL SMITH PHILIPPE MODEL | POLO RALPH LAUREN | POM D’API | PREMIATA | REDSKINS | RIVERWOODS | SAUCONY SCAPA | STONES & BONES | SWEET LEMON | SUN68 | TANGO | VEJA | VOILE BLANCHE | ZECCHINO D’ORO | ... AUBEL Rue de Battice 129 · T 087 68 18 03 | ZEMST Brusselsesteenweg 129 · T 015 627 373 KORBEEK-LO Tiensesteenweg 8 · T 016 468 468 I WWW.CARMI.BE
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Texte Marie Guérin
FRIPES EN UN CLIC Quels sont les sites de vente de vêtements vintage que l’on préfère ? L’équipe du ELLE s’est dévouée (et surtout ruinée) pour inspecter, éplucher et tester les e-shops les plus cool qui ont fait du « pre-owned » le nouveau Graal.
LES SITES BELGES QU’ON ADORE Moins nombreux que les sites français, mais plus beaux, of course ! En Belgique, on évite le classique. En misant sur des pièces plus colorées, aux volumes plus osés, les plateformes créent le coup de coeur pour notre plus grand bonheur.
Le Freddie
LE FREDDIE On ne présente plus le site de pièces romantiques qui a récemment fait parler de lui en s’associant à H&M, ramenant du vintage dans les magasins de fast fashion. Une sélection « feel good », des robes fleuries, de T-shirts en éponge. On s’imagine en vacances en 1960, dans le sud de la France. lefreddie.com LABELLOV est la plateforme anversoise qui propose le plus large choix d’accessoires de luxe en Belgique. La sélection est incroyable, particulièrement pour les fans de Delvaux qui y trouveront la plus grande collection d’archives. On apprécie également ses nombreux pop-up et la possibilité de passer à leur showroom, les premiers week-ends du mois, pour rencontrer son « fashion crush ». labellov.com
cher les pépites et les partager avec nous. Sur kirilove.be, elle propose, avec son frère Michael, une sélection de bagues et pendentifs magnifiques à des prix avantageux. Et si on préfère les boucles d’oreilles, on se rend sur Live-to-Express.com, le site anversois qui vend des pièces kitsch (mais chic !) et, surtout, pas chères ! kirilove.be - live-to-express.com
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POUR LES BIJOUX On peut se fier à Tiany Kiriloff, l’influenceuse belge, qui a l’oeil pour déni-
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SPÉCIFICITÉS LOCALES Et quand on veut voir du pays en chinant, on opte pour les plateformes qui mettent en avant l’art de la fripe bien de chez elles.
OR-NOT est un site japonais qui propose une sélection très pointue de créateurs locaux et internationaux. Le genre de tuyau exclusif à ne pas garder pour soi si on veut jouer les connaisseurs. or-not.com/women
À Londres, c’est
BYRONESQUE.COM
qui a attiré notre attention. Ce site déniche des pièces directement issues des catwalks. On adore leurs éditos ultrasophistiqués façon Dazed and Confused et leur approche moderne de la mode vintage. Ainsi, le site propose également des collections en édition limitée qui rééditent d’anciens designs comme Claude Montana. Bon, évidemment, côté prix, il
Byronesque
faut s’accrocher. byronesque.com
LES FRANÇAIS, ROIS DE LA SAPE Ils ont l’art de dénicher la pièce rare. Pas forcément la plus chère, mais certainement la plus enviable.
IMPARFAITE Outre l’impeccable direction artistique qui nous fait presque douter qu’il s’agisse de pièces vintage (leurs photoshoots sont tellement inspirants !), la sélection nous laisse pantois: impossible de choisir. Tout est beau, tout est tendance (le cardigan autrichien), tout a l’air de sentir bon. On adore particulièrement le « 501 calculator » pour ENFIN trouver le jean de nos rêves. imparfaiteparis.com
ESTHER ARCHIVES En rendant hommage à sa tante Esther, Anaïs prône l’art du « bien se vêtir » à la française avec des pièces chinées dans toute l’Europe. Les photos sont charmantes et on découvre de vraies pépites de créateurs à des prix, disons, « bruxellois ». Comme ce merveilleux jean Kenzo à 90 € ? estherarchives.com
DRESSING FACTORY Ici pas de chichi, que du
griffé. On trouve les grands créateurs français (mode et maroquinerie) aux prix du marché. Une sélection plutôt « vieille France », mais qui a son charme. On passe par l’onglet « archives » qui nous fait revivre les grands moments mode de Saint Laurent et compères. dressing-factory.com
COLLECTIFS VINTAGE Le principe est sympa:
chiner aux quatre coins du monde sans bouger de chez soi. Johanna s’est créé un réseau de friperies à travers l’Europe et propose d’acheter les pièces en fonction de leur provenance : Paris, Berlin, Londres ou Bruxelles. Les pièces sont hétéroclites, pas chères et généralement, très colorées. collectifsvintage.com
VINTAGE PARIS La mythique boutique du Marais décline son offre en ligne pour les amateurs d’accessoires de luxe. On y dégote de précieux modèles iconiques avec une sélection raffinée et intemporelle. C’est là que l’on fait de bons investissements. vintage-paris.com magazine ELLE 107
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ET LE STREETWEAR?
C’EST LUXE !
On ne l’oublie pas ! Les fans de hoodies, de sneakers, de pantalons cargos et de doudounes North Face ont aussi leurs sites vintage dédiés.
C’est ici que l’on recherche les pièces iconiques, les modèles phares de grandes maisons.
STOCKX est le plus cool, avec un concept original: nommé en référence au « Stock Exchange », il met en relation revendeurs et acheteurs de vêtements de streetwear. Les acheteurs placent une offre sur la pièce qu’ils désirent tandis que les vendeurs demandent un prix. Quand il y a « match », la transaction se fait et la pièce est envoyée dans leurs locaux, à Détroit, pour authentification. C’est du secondement main, mais jamais porté. stockx.com Dans un style différent, GOAT propose également des centaines de références authentifiées pour enrayer le marché de la contrefaçon. Surtout quand on sait que les prix en matière de sneakers et autres pièces streetwear peuvent flamber. goat.com
STADIUM GOODS est une marque de farfetch.com qui est, avant tout, une chaîne de magasins physiques où les pièces sont toutes authentifiées, pour acheter ses coups de coeur sans risque. stadiumgoods.com
LA REINE DE LA MODE VINTAGE ? C’est Zoé Hotuqui sur Instagram dont on adore les looks décalés qui nous donnent envie de reporter nos vieilles pièces oubliées. @zoehtq
VESTIAIRE COLLECTIVE On ne présente plus ce grand acteur de la mode de seconde main, car c’est là que tout se joue. Avec plus de 550.000 nouveaux articles chaque semaine, on sait que quand on cherche… on trouve. Toute l’efficacité réside dans leur service d’authentification qui garantit l’origine des pièces. Un service également proposé par Labellov, si on privilégie l’achat local sur la quantité. vestiairecollective.com THEREALREAL C’est le concurrent US de
Vestiaire, le principe est le même et ils livrent également en Belgique. On apprécie particulièrement l’ offre de soldes où on fait de vraies bonnes affaires. therealreal.com
FARFETCH L’e-commerce, spécialisé dans le
luxe, propose un onglet « pre-owned », une façon maligne de mettre un pied sur le marché de la seconde main de luxe. On connaissait déjà THE OUTNET, l’outlet de Net-a-Porter qui reste cependant dans le créneau du vêtement jamais porté. Plus cher du coup. Too bad. farfetch.com theoutnet.com
LE COIN DES BONNES AFFAIRES Un peu comme chez Ikea, mais en version mode. Et en ligne. Et en mieux. Parce qu’on peut aussi dénicher des pièces à quelques euros (Vinted ou Depop.com) ou à des prix ultra-étonnants quand on n’a pas peur de fouiner. Ainsi, Zalando propose un onglet « pre-owned » rempli de pépites insoupçonnées. Notre truc ? Pour shopper les designers à petits prix, dans la catégorie « vêtements », on Zoé Hotuqui
choisit le tri « prix décroissant » pour avoir tous les créateurs. Sur la première
Et celles qui sont plus offline qu’online apprécieront de pouvoir rapporter leurs vieux vêtements dans un de leurs magasins préférés en échange d’un avantage. H&M propose -15 % sur le prochain achat. C&A, avec son programme « We Take it Back », propose également une réduction de 15 %. Chez &Other Stories et Monki, on reprend les vêtements (et tissus !) en échange de 10 %. Les textiles sont transformés en fibres recyclées.
page, on trouve déjà un blazer Balmain à 162 €. CrushOn regroupe plusieurs centaines de fripiers qui proposent des pièces à prix plancher, mais on prévient, il faut fouiller. vinted.be / depop.com zalando.be / crushonapp.com
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LA FAST FASHION SURFE SUR LA VAGUE
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Théâtre Royal des Galeries Directeur : David Michels
Catherine Decrolier Christel Pedrinelli Hyuna Noben et Marc Weiss Mise en scène : Isabelle
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Décor : Dimitri Shumelinsky Costumes : Fabienne Miessen Lumières : Laurent Comiant
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Du 9 mars au 3 avril 2022
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Texte Marie-Noëlle Vekemans
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DÉTOX CAPILLAIRE Après 7 ans de recherche, L’Oréal Professionnel propose une toute nouvelle gamme innovante. Le saviez-vous ? Le niveau de métal dans les cheveux varie en fonction de la qualité de l’eau où l’on vit et de la porosité des cheveux. Cette accumulation excessive de métaux ne présente aucun risque pour la santé. Cependant, elle peut entrainer la casse des cheveux et une coloration peu fiable lorsque le métal, et plus particulièrement le cuivre, entre en contact avec l’agent oxydant. Grâce à sa technologie au glicoamine qui neutralise le métal au cœur même du cheveu, la gamme Metal Detox garantit le résultat de la couleur à 100%, sans impact sur l’éclaircissement et avec une prise optimisée de la coloration. La casse est également réduite de près de 87%. Un nouvel espoir de retrouver force et brillance pour les cheveux fragiles et ternes. Le protocole en salon se déroule en trois étapes et le rituel peut être prolongé à la maison entre deux et trois semaines après le traitement.
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C’est le temps qu’il faut aux patchs Eye Reviver pour lisser et défatiguer la zone
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ÉCLAT ! Trop souvent, le sérum est le grand oublié des routines beauté. Pourtant, ce produit ultra concentré, qui s’applique après le tonique et avant la crème, est capable de faire des merveilles sur la peau. Notre top 3 des sérums pour un teint unifié et lumineux.
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Plus écologique et souvent plus respectueux de la peau, le savon de nos grandsmères séduit de plus en plus. Et pas besoin de chercher bien loin pour trouver des savons qualitatifs confectionnés chez nous. Les Savonneries Bruxelloises sont - comme leur nom l’indique - une entreprise 100% bruxelloise dont les quartiers généraux se situent à deux pas de Tours et Taxis. Cette manufacture urbaine possède un réseau mondial de client·e·s. Créée en 1926, la société est reprise en 2020 par Maxime de Villenfagne et Maxime Pecsteen qui ont, depuis leurs débuts, eu l’honneur d’être nommés fournisseur de la cour. Pour se faire connaître davantage du grand public et faire rayonner le savoirfaire made in Belgium, les jeunes entrepreneurs ont eu l’idée d’ouvrir une boutique éphémère au cœur des prestigieuses Galeries Royales. Ce lieu de’environ 20 m2 présente toute la gamme de savons des Savonneries Bruxelloises. Des barres glycérinées à la gamme exclusive des savons moulés, les client·e·s trouveront leur bonheur dans un environnement design et contemporain délicatement parfumé. Un mur de savon recyclé fait office d’œuvre d’art sur le mur de gauche, tandis qu’à droite, un mur brut contient un évier en porcelaine où les client·e·s sont invité·e·s à se laver les mains dès leur arrivée. Une plongée immédiate dans l’univers de la marque. Chaque référence prend le temps d’être expliquée à travers ses spécificités, ses arômes, ou encore la technique de production qui lui est propre. Pour celles et ceux qui veulent (s’)offrir un beau cadeau original, la boutique offre la possibilité de couper et tamponner soi-même son savon.
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LA SANTÉ DANS UNE BOÎTE Au début de la nouvelle année, nos bonnes résolutions sont encore fraîches et nos esprits motivés. Pour de nombreuses personnes, adopter un mode de vie sain figure en bonne place sur la liste des priorités, mais il n’est pas toujours facile de tenir le coup. Les astuces santé, comme les compléments alimentaires, peuvent vous aider à atteindre vos objectifs santé.
Répondez au questionnaire sur suplibox.com et découvrez les compléments alimentaires qui vous conviennent. Les compléments alimentaires sont omniprésents et il n’est pas facile de séparer le bon grain de l’ivraie entre les différentes vitamines, minéraux et autres remèdes miracles de l’univers des compléments. La société belge Suplibox vous montre la voie et vous propose, au moyen d’un petit quiz, une routine de santé entièrement personnalisée. L’outil idéal pour tenir vos objectifs.
vos allergies… Suivez-vous un régime végétalien ou végétarien ? Voulez-vous être enceinte ou l’êtes-vous déjà ? Suplibox en tient également compte. Vous obtenez ensuite un aperçu des compléments qui répondent à vos besoins et des maux ou désagréments qu’ils permettent de contrer. Enfin, vous choisissez les produits à ajouter à votre boîte.
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RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT
Chaque Suplibox contient des compléments alimentaires composés d’ingrédients de qualité aux formulations uniques, optimisés pour la meilleure absorption possible par l’organisme. Derrière la marque, nous retrouvons Evelyne, une pharmacienne d’Anvers. Les allégations de la marque sont donc scientifiquement fondées, et ce à 100%.
Les compléments sont emballés dans des sacs compostables et vous sont livrés de manière à respecter la neutralité en carbone. De plus, pour chaque Suplibox envoyé, un arbre est planté. À la maison, vous pouvez ranger vos compléments dans le « Starter Pack », composé d’un support pratique en bambou et de tubes en verre. Ce support de recharges Suplibox s’intègre parfaitement à votre intérieur. Outre une commande unique, vous pouvez également opter pour un éco-abonnement trimestriel. Dans ce cas, vous bénéficiez d’une réduction de 15 % et vous ne serez jamais à court de suppléments !
LE QUIZ SANTÉ Comment fonctionne-t-il exactement ? Sur le site web, vous répondez à un certain nombre de questions à propos de votre mode de vie, de votre alimentation, de
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VÉRITABLE MUST-HAVE Un crayon à lèvres à la mine XL qui est en réalité bien plus que ça. Son large bâton le rend facile d’application et multifonction. Il s’utilise tant sur les lèvres, les joues comme blush ou les yeux comme ombre à paupières. Un produit tout-en-un possédant une texture crémeuse qui fond au contact de la peau et une couleur douce et chaleureuse qui convient à toutes les carnations. Le produit idéal à toujours avoir sous la main pour celles qui aiment s’offrir une rapide retouche maquillage en journée ou qui aiment voyager léger. Rouge à lèvres, Pune, 16,90 €, revendeurs sur fr.pune.nl
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D’après une étude indépendante effectuée* pour le compte de Dove, plus de la moitié des femmes belges auraient déjà connu au moins une fois dans leur vie des critiques non sollicitées en rapport avec leur aspect physique. Connue pour ses campagnes-vérité, la marque de soin espère ainsi alerter sur la fréquence du body shaming et encourager sa disparition puisque chaque corps est beau à sa façon et mérite d’être célébré. * menée auprès de 1 044 femmes belges âgées de 18 ans et plus entre novembre et décembre 2021.
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BULLE DE DOUCEUR Situé dans un magnifique environnement, au cœur des belles forêts ardennaises, le Manoir de Lébioles est l’endroit idéal pour faire un break ressourçant. personnalisé des besoins de la peau, suivi d’un soin du visage complet comprenant exfoliation, massage et pose d’un masque au collagène Valmont, un must pour les peaux qui tiraillent en raison du froid et des agressions extérieures. Cette combinaison nourrissante régénère et hydrate intensément, les rides sont lissées, la peau est renforcée et revitalisée et l’éclat du teint est immédiat. Domaine de Lébioles 1/5 — B-4900 Spa (Creppe) Tel : +32 (0) 87 79 19 00 — www.manoirdelebioles.com www.lamaisonvalmont.com PRESSE
La bâtisse surplombe une vaste étendue de forêts et offre à ses visiteurs et visiteuses un luxe discret et un service de première catégorie. Et c’est en raison de cette localisation unique que la marque de soins Valmont a choisi d’y ouvrir un spa. L’architecture de la zone de wellness du Manoir a été conçue selon les quatre éléments, à savoir l’eau, l’air, le feu et la terre. La toiture vitrée permet d’admirer la nature bien au chaud, bercé·e par l’eau ou confortablement emmitouflé·e dans un peignoir moelleux. Le lieu comprend aussi un sauna et un hammam, une piscine avec jets et matelas hydromassants, cascade d’eau et Jetstream, un espace cardio et fitness, une salle de relaxation et un espace lounge avec feu ouvert. Dans des cabines de soin simple ou double, il est possible de s’offrir un moment d’évasion et de profonde relaxation grâce aux rituels iconiques Valmont. Pour lutter contre la grisaille hivernale, on a opté pour le traitement Vitalité des glaciers booster d’énergie. Ce soin sur mesure commence par un diagnostic 116 ELLE magazine
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Texte Marie-Noëlle Vekemans
made in belgium
MAISON ÉOLE Il y a un an environ, Anne-Sophie Charle décide de quitter sa brillante carrière dans l’administration publique pour réaliser son rêve : créer des cosmétiques confectionnés à partir d’ingrédients issus de la vigne, et plus précisément celle située sur le Domaine viticole familial du Chant d’Éole, au sud de Mons. Pourquoi lancer Maison Éole ? Des cosmétiques issus de la vigne, je sais que d’autres marques l’ont fait avant moi, mais pas en Belgique et pas avec les ingrédients innovants que j’utilise. Je voulais aussi m’engager dans une démarche d’écoresponsabilité et proposer une nouvelle façon de consommer les cosmétiques avec une réutilisation des contenants une fois le produit terminé. Maison Éole est vraiment une marque à 100% belge. Tous les prestataires viennent de la Région wallonne ; nos formulateurs sont de Liège, on collabore avec un atelier protégé de Charleroi pour la confection de nos lingettes bi-face, etc. on a vraiment joué la carte made in Belgium jusqu’au bout.
Et une rencontre avec le talentueux designer belge Charles Kaizin ? J’étais en pleine réflexion autour de mes contenants et très vite, j’ai souhaité mettre sur pied une collaboration artistique. J’ai eu l’occasion de rencontrer Charles Kaizin, dont je suis complètement fan, et je lui ai proposé de se lancer avec moi dans l’aventure. Il a accepté à la condition de prendre la direction artistique du projet. Il voulait s’impliquer sur la marque, l’univers, le logo, les codes, les valeurs. Sa proposition était que les flacons en verre soient emballés dans des coffrets de bois qui pouvaient être réutilisés comme contenants en cuisine ou dans la salle de bain ou comme petits vases, ou bougeoirs. Je voulais leur donner une seconde vie dans une optique de limitation des déchets et en faire des objets qu’on garde et qu’on collectionne.
Quels sont les premiers lancements ? J’ai développé 3 gammes qui regroupent au total 14 produits visage et corps, plus une bougie et un parfum. Pour les hommes, j’ai imaginé des soins de la barbe et du contour de l’œil, dans la gamme mixte, une huile de douche à 70% composée d’huile de pépins de raisin, un parfum (qu’on retrouve dans certains produits de soin) et une bougie. La gamme femme se compose de crèmes de jour et de nuit légèrement parfumées ou neutres. La couleur brune disparait une fois appliquée sur la peau. Elle est due à la molécule exclusive découverte dans les sarments (bouts de bois issus des vignes) et utilisée dans des cosmétiques pour la première fois en Europe. On l’a baptisée Wine Extracts 3. Un autre produit original est le gommage à partir de sel tartrique c’est-à-dire le tartre qui se dépose sur les parois des cuves qui ont contenu du vin. On le fait sécher, on le récupère, on le traite et on obtient un gommage tout à fait naturel qu’on mélange avec de l’huile de pépins de raisins. J’ai vraiment voulu me démarquer de la concurrence en utilisant des ingrédients inédits issus de la vigne. L’idée est de continuer à développer la gamme avec de nouveaux produits. Mais aussi de rendre les packagings rechargeables. Ce n’est pas encore le cas, parce que c’est extrêmement compliqué en raison des mesures imposées pour la conservation des produits.
En pharmacie et chez les cavistes. Pour le parfum et la bougie, ils seront dans certaines boutiques un peu pointues de décoration, de maroquinerie. Et bien sûr l’eshop (www.maisoneole.com). J’ai beaucoup d’ambition pour cette gamme et je veux en faire un acteur qui comptera dans le secteur de l’industrie cosmétique belge. Et c’est tout le bien qu’on lui souhaite !
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Où acheter les cosmétiques Maison Éole ?
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LE BIEN-ÊTRE AVANT TOUT R E J O I G N E Z U N C L U B À N U L A U T R E PA R E I L AVEC UN MOIS OFFERT
BOOK A TOUR
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Texte Malvine Sevrin Illustration Florence Collard
SORTIR DU SILENCE Partout dans le monde, des femmes sont victimes de violences au sein de leur couple. Et celles-ci peuvent prendre de multiples formes : verbale, physique, psychologique, sexuelle, économique… En parler est le premier pas pour sortir de l’isolement.
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« L’ANONYMAT EST PRÉCIEUX ET PERMET DE METTRE EN MOTS L’INDICIBLE » La minisérie américaine « Maid » – sortie en octobre dernier sur Netflix – a brillamment porté à l’écran le fléau des violences conjugales, mettant en lumière l’emprise du conjoint et les difficultés pour s’en sortir. Une fiction qui fait malheureusement écho à la réalité. En Belgique, une femme sur quatre vit ou a vécu des violences conjugales (*). Et la crise sanitaire a été marquée par une recrudescence de ce type de violences. Si les chiffres officiels de la police ne permettent pas de refléter la réalité – le nombre de dépôts de plaintes demeure faible –, on peut toutefois se fier aux données des lignes d’écoute. Au cœur de la pandémie, en avril 2020, la ligne francophone Écoute violences conjugales (0800 30 030) et son pendant néerlandophone (le 1712) ont reçu trois fois plus d’appels par rapport à la période précédant le confinement. Ce mois-là, la ligne francophone a comptabilisé 3.284 appels, soit une augmentation de 207 % par rapport au mois d’avril 2019. Face à cette inflation spectaculaire, une troisième ligne d’écoute a dû être mise en place en urgence et les effectifs ont été doublés. Les chiffres montrent que les appels ont été d’une part plus nombreux, mais que la nature des appels a aussi évolué.
Une prise de conscience généralisée L’année 2020, marquée par deux confinements successifs, a révélé un basculement en matière de violences domestiques. « Le confinement a eu un effet miroir sur notre société. Un peu comme à chaque retour du grand froid lorsqu’on pense soudain aux personnes sans abris qui dorment dans la rue. C’est à ce moment-là que les citoyen·ne·s ont pris conscience de la situation des victimes de violences conjugales », analyse Jean-Louis Simoens, coordinateur et responsable de la ligne d’écoute francophone. « Certaines victimes m’ont dit : “Vous avez été confiné·e·s comme nous le sommes depuis toujours” », ajoute-t-il.
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Pourtant formés et habitués à faire face aux appels des victimes de violences conjugales, certains écoutants ont avoué ressentir une grande impuissance et de la frustration pendant cette période particulièrement compliquée. « 2020, c’est l’année la plus fatigante psychologiquement de toute ma carrière », « écouter les victimes durant le confinement c’est rejoindre leur impuissance ». Pendant le confinement, les victimes étaient bien sûr beaucoup plus vulnérables, parce que doublement isolées, mais il y a eu aussi un élan de préoccupation et de solidarité important. « Au niveau de la ligne d’écoute, nous avons par exemple eu beaucoup d’appels de proches, de membres de famille, collègues, ami·e·s, qui ont téléphoné pour savoir ce qu’ils pouvaient faire par rapport à leur ami·e ou collègue qu’ils ne voyaient plus à cause du confinement. On s’est rendu compte qu’il existait une préoccupation même silencieuse. » Jean-Louis Simoens se souvient d’ailleurs de l’appel d’une dame préoccupée par l’absence de nouvelles de sa collègue qu’elle savait victime de violences dans son couple. « Je lui ai demandé si sa collègue lui avait confié cette problématique, si elle était une personne ressource pour elle, elle m’a répondu que ce n’était pas le cas, que ça se savait dans le service, mais qu’elle n’en parlait pas. » Lorsque ce contact visuel est rompu, l’inquiétude prend le dessus. « Le réseau est souvent protecteur pour les victimes, et l’absence de réseau rend plus vulnérable. »
Les premiers dévoilements « Au fil de ma carrière, j’ai découvert la force et le sens que pouvait avoir une ligne d’écoute. Avant, je pensais que ça servait surtout à orienter les victimes vers les services adéquats. Mais la mission de la ligne d’écoute va bien au-delà de ça. » En effet, le cœur de
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« UNE FEMME SUR QUATRE VIT OU A VÉCU DES VIOLENCES CONJUGALES EN BELGIQUE »
sa mission est d’offrir aux appelant·e·s une écoute à la fois bienveillante et professionnelle. Elle permet de penser sa situation avec quelqu’un à l’autre bout du fil, de sortir de l’isolement et de la solitude. Sa force principale ? L’anonymat garanti aux appelant·e·s, ce qui les amène aux tout premiers dévoilements. « On a un nombre de victimes important qui nous disent “vous savez c’est la première fois que j’en parle, pourtant ça fait 15 ans que je suis avec lui, je n’en ai jamais parlé, même à ma meilleure amie/ma sœur/ ma mère.” » Ce côté anonyme est précieux et permet de mettre en mots l’indicible. Ouvert aux victimes qu’elles soient mineures ou majeures, mariées, en couple, séparées, tout comme aux proches et aux auteurs de violences conjugales, la ligne d’écoute accompagne chaque appelant·e dans un climat de confiance et de sécurité. Au-delà de l’écoute, elle a également une mission informative et permet de donner des conseils d’ordre pratique, psychologique ou social. L’orientation vers des services est également possible : maisons d’accueil, service d’assistance aux victimes, centres de santé mentale, etc. « Nos écoutants connaissent parfaitement le réseau et disposent d’un outil-répertoire de 600 adresses en Wallonie et à Bruxelles pour pouvoir réorienter les appelant·e·s en fonction de leurs besoins », rappelle Jean-Louis Simoens.
Un numéro à connaître En raison de son caractère essentiel, il est important, plus que jamais, de faire connaître au plus grand nombre l’existence de cette ligne d’écoute. C’est dans cette optique qu’a vu le jour la dernière campagne de sensibilisation pilotée par le cabinet de Nawal Ben Hamou, secrétaire d’État à la Région de Bruxelles-Capitale, chargée du Logement et de l’Égalité des chances, en collaboration avec les lignes d’Écoute violences conjugales et du 1712 et avec le soutien financier d’Equal.Brussels. Cette fois, pas de
slogan-choc ou de statistiques révoltantes, mais une approche détournée qui permet de parler directement aux femmes sans que leur partenaire ne s’en rende compte. Pour cela, il a fallu user d’un subterfuge intelligent : imprimer le numéro de la ligne d’écoute sur un objet passe-partout, en l’occurrence une crème pour les mains à l’huile d’argan. Un produit cosmétique classique au premier coup d’œil, qui révèle sa véritable fonction si l’on prête davantage attention à la liste des ingrédients. « Nous savons que si le compagnon trouve la carte d’une association, d’un psychologue ou d’un·e agent de police, la victime subira des violences supplémentaires. C’est pourquoi l’idée de la campagne est d’utiliser les codes de la publicité de cosmétiques féminins et ainsi diffuser notre message de manière discrète. Un échantillon ou un petit tube de crème peut être facilement glissé dans un sac à main sans attirer l’attention d’une tierce personne », explique Nawal Ben Hamou. L’objectif ? Inciter les victimes à téléphoner à la ligne d’écoute afin d’obtenir de l’aide et ne pas rester dans le silence. « Trop peu de victimes entament une démarche, sortent du silence et parlent à quelqu’un. Une femme sur trois victimes de violences conjugales n’a jamais entrepris la moindre démarche. Il me semblait primordial de renforcer les mécanismes qui renvoient les victimes vers les lignes d’écoute et d’assistance. En effet, le contexte de domination et d’hypercontrôle dans lequel elles vivent ne permet pas toujours de se renseigner sur les services d’aide et d’y avoir accès. »
En pratique, ce sont plus de 240.000 échantillons qui seront distribués via Di et Planet Parfum, et 30.000 tubes dans les pharmacies. Cette approche créative a le mérite de s’éloigner de ces visuels-chocs auxquels nous sommes habituellement confrontés lors des campagnes de sensibilisation et qui renvoient les victimes vers un très mauvais souvenir qu’elles ont pu vivre. On espère vivement que de bouche à oreille, et surtout de main en main, ce numéro essentiel sera transmis à toutes celles qui en ont besoin. Victime de violences conjugales ? Parlez-en au 0800 30 030, accessible gratuitement et anonymement, 24h/24, 7 jours/7. ecouteviolencesconjugales.be (*) Source : « Violence à l’égard des femmes : une enquête à l’échelle de l’UE », Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA), 2012.
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Texte Malvine Sevrin
COMMENT REBOOSTER SES CHEVEUX APRÈS L’HIVER ?
À chaque saison, ses déboires capillaires. En hiver, les températures négatives extérieures et les intérieurs surchauffés ne font pas bon ménage. Résultat : les cheveux sont plus vulnérables et semblent plus ternes, desséchés et “raplapla”. L’arrivée du printemps est donc le moment idéal pour leur offrir une cure de jouvence bien méritée !
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LE PLAN D’ATTAQUE EN 3 TEMPS POUR REVITALISER MES CHEVEUX ?
TANGUY PELS
Les chouchouter avec un soin profond, les débarrasser des pointes sèches et cassantes, et faire le plein de vitamines. Pour les soigner correctement, je dois d’abord avoir une vision claire de l’étendue des dégâts. Je me rends donc au salon de coiffure Mademoiselle S pour établir un diagnostic capillaire. On commence par passer ma chevelure au peigne fin, ou plutôt à la loupe. Armée d’une caméra dotée d’un zoom x500, la coiffeuse analyse l’état de mes longueurs, pointes et du cuir chevelu. Verdict ? Mes cheveux sont en manque d’hydratation et pas mal de fourches apparaissent sur l’écran de l’iPad qu’elle me tend. Aie, il va falloir remédier à cela. De mon côté, j’ai aussi envie de retrouver de la brillance et de la douceur. Après avoir pris en compte mes habitudes quotidiennes et mes souhaits, je découvre mon ordonnance beauté sur-mesure : la gamme de soins à appliquer en salon, et la routine recommandée à domicile.
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Après les soins, place à la coupe. Exit les ciseaux traditionnels, place au “calligraphe”. Cet outil venu d’Allemagne possède une lame inclinée à 3° qui permet de couper le cheveu de biais sans l’abîmer. La promesse ? Davantage de souplesse, de volume, des cheveux plus doux et plus faciles à coiffer. Bref, tout ce qui est sur ma wishlist pour une chevelure de rêve. À l’aide de cet outil à la croisée entre ciseau et rasoir, la coiffeuse réalise des mouvements souples afin de trancher le cheveu de façon très nette sans en abîmer l’écaille. Autre avantage : le cheveu, coupé de biais, se frottera beaucoup moins sur les vêtements. Une fois séchés, je découvre des cheveux nettement plus brillants, doux au toucher et - effet d’optique dû aux soins - ma couleur semble être ravivée. Ils ne sont plus ternes et ont retrouvé leur vitalité.
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Maintenant que mes cheveux repartent sur une base saine, il ne me reste plus qu’à maintenir ces beaux résultats à la maison avec une nouvelle routine adaptée tirée de mon diagnostic en salon. Et comme il est tout aussi important de prendre soin de mes cheveux de l’intérieur pour qu’ils resplendissent à l’extérieur, je profite de l’arrivée du printemps pour entamer une cure de compléments alimentaires. Le changement de saison est le moment idéal pour faire le plein de vitamines. Cette fois j’opte pour la version “gummies” de Forcapil (disponible en pharmacie), façon petits bonbons fruités, pour être certaine de ne jamais les oublier. Le but ? Stimuler la pousse de mes cheveux, mais aussi leur apporter souplesse et brillance grâce à la Prêle, la Vitamine B8 et au Sélénium.
Merci au salon Coiffure Mademoiselle S pour l’accueil, rue Zéphirin Caron, 19, 7333 Tertre. mademoiselle-s.be magazine ELLE 123
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MODE EN SÉRIE
JUSTIN PAQUAY
De la gloire du prêt-à-porter de masse au vintage de niche... L’histoire d’un business de la mode qui renaît de ses cendres.
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Texte Céline Pécheux Photos Justin Paquay
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ÉNÉRATION RIANGLE
Il était une fois un célèbre quartier textile bruxellois et une famille de commerçants qui l’a vu naître et grandir… Grandeur, décadence et reconversion d’un business de la mode, entre prêt-à-porter en série et pépites vintage.
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CHEZ GLICO, LES PETITS-ENFANTS DE THÉO TENTENT DE RÉINVENTER LE BUSINESS FAMILIAL Florence, Nicolas et Bernard Gliksberg posent en compagnie de Marie, leur fidèle employée, dans le stock de leur père et grand-père Théo, pionnier du commerce de gros dans le fameux quartier du Triangle à Bruxelles.
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omme chaque matin, dans ce quartier d’Anderlecht – surnommé le Triangle, en référence à la forme géométrique dessinée par ses trois rues principales –, c’est le même ballet… Des hommes poussent des diables chargés de cartons. Dans les quelques boutiques de prêt-à-porter en gros, des vendeurs déballent la marchandise et installent pulls, chemises et jeans sur des portants. D’autres négocient avec les acheteurs. Au numéro 16 de la place Bara ce jour-là, un pull en tricot rétro est exposé en vitrine. Affublé d’une étiquette « Glico », il est proposé dans différentes couleurs qui sentent bon l’été… Entre le va-et-vient des employé·e·s et les rayons remplis de gilets imprimés, il y a de la vie ici et pourtant… « Le Triangle textile meurt à petit feu. On ne travaille plus comme avant, beaucoup de commerçant·e·s sont parti·e·s », regrette Bernard, héritier de la société « Glico, Tricots de Bruxelles » que son père Théo Gliksberg a bâtie en 1959. « Avant, ici, c’était l’effervescence tout le temps ! Le lundi, les gens faisaient la file du matin au soir pour remplir leur coffre de marchandises », explique Marie, employée de l’entreprise familiale depuis plus de cinquante ans. Pour le prouver, elle nous montre des photos d’époque de la rue Lambert Crickx envahie par la foule, les camions de livraison, les diables chargés de colis… Autant de souvenirs d’une époque dorée où les Rolls-Royce garées en double file gênaient la circulation. «Aujourd’hui, regardez, il y a de plus en plus de boutiques de gadgets et de GSM… » Pourtant, il y a quelques années encore, ce petit coin de Bruxelles aux rues étroites niché dans le quartier de Cureghem, entre les rues Cricks, Limnander et Autonomie, fut durant des
« ON VENDAIT CHAQUE JOUR DES CENTAINES DE PULLS, DE ROBES ET DE CHEMISIERS AUX GRANDES SURFACES. C’ÉTAIT LE ROYAUME DE LA FAST FASHION ! »
décennies La Mecque du prêt-à-porter. « Dans les années 1980-1990, le chiffre d’affaires au mètre carré ici était incroyable. Au point que le pas-de-porte était devenu impayable ! », explique Bernard. « On vendait chaque jour des centaines de pulls, de robes et de chemisiers aux grandes surfaces comme Sarma, Inno ou GB. C’était le royaume de la fast fashion ! » Trente ans plus tard, des milliers de pulls graphiques, chemisiers à fleurs et gilets tricotés attendent patiemment leur destinée dans les centaines de mètres carrés de rayonnages que compte encore le stock Glico (le seul qui n’a pas été transformé en bureaux ou en appartements). « Aujourd’hui, les client·e·s des nouvelles collections sont surtout des petit·e·s détaillant·e·s de Flandre, de Wallonie et de Bruxelles… Mais aussi quelques friperies qui viennent chiner dans nos stocks, achètent des pièces à petits prix et emportent leurs achats sous le bras. Mais cela n’a pas toujours été comme ça… », ajoute Nicolas, premier des petits-enfants à avoir rejoint le business familial il y a 15 ans.
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KODO
LE SOIN ET LA BEAUTÉ ENTIÈREMENT PERSONNALISÉS C’est ici. Ici l’on s’accorde un pur moment de bienveillance, d’attention(s) et de soins, sous les mains expertes et généreuses de professionnelles de la beauté.
Dès l’entrée, les sincères sourires donnent envie de se débarrasser du superflu. Chez Kodo, on se sent réellement bienvenue. Dans ce lieu raffiné, pas de place à la préciosité : les échanges se veulent déliés, sincères et respectueux. Objectif : identifier vos besoins pour y répondre aux mieux et adapter les soins aux résultats escomptés. Pas de protocole figé, pas de cartographie mécanique : vous êtes unique.
UNE CARTE DE SOINS COMPLÈTE ET PRÉCISE Chez Kodo, tous les aspects de la beauté sont abordés. On y trouve un nail bar, des cabines offrant des traitements de laser, radiofréquence, LPG Cellu M6® Alliance, lipocavitation ou cryolipolyse. Mais aussi des solutions telles que l’HydraFacial®, le microneedling et la Led Photothérapie pour mieux combattre les imperfections du visage. Pour établir un programme sur mesure, le choix de techniques combinées se fait en fonction du type et de la localisation des zones à traiter, en totale transparence avec la praticienne. Des consultations de médecine esthétique sont également proposées dans un cabinet entièrement dédié.
KODO — en référence à l’art japonais faisant honneur au parfum — devient ainsi le havre de paix que l’on n’a plus envie de quitter.
RELAXATION ET REDÉCOUVERTE DU SOURIRE INTÉRIEUR À l’étage du dessous, le moment est venu de s’allonger et de se laisser bercer par les sensations ressenties. Les soins se concentrent sur l’éclat, le lissage du grain de peau, la tonification, l’hydratation ou l’effet lifting naturel. Les gammes de produits employées sont de très haute qualité, comme PCA SKIN Cosméceutiques pour les traitements plus profonds et peelings superficiels, ou encore Esthederm pour les solaires. Les produits Codage Paris ou Kos Paris — selon le choix choisi dans une carte exceptionnelle — font leur œuvre, accompagnant une gestuelle complète inspirée de celles pratiquées depuis des millénaires en Asie. En quelques pressions, les tensions s’évanouissent, le calme intérieur revient, bercé par une musique idéale pour un demi-songe. Le corps profite lui aussi de massages, modelages et enveloppements à choisir parmi une sélection de ce qui se fait de plus bénéfique. Autre élément essentiel : les enfants, à partir de 6 ans, sont les bienvenus chez Kodo. Une proposition unique de soins adaptés à leur âge, et soutenus par la gamme de produits Ouate Paris, tient compte de leur sensibilité. Une gamme de thés aux vertus gustatives et/ou thérapeutiques, ainsi que leurs accessoires de préparation ponctue cette offre complète. Info et carte de soins : kodo-ji.be
CET ARTICLE A ÉTÉ ÉCRIT EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC KODO. KODO-JI.BE
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Hier : la mode du plus grand nombre L’histoire d’amour entre la confection textile et le Triangle commence véritablement entre l’entre-deux-guerres quand des artisans juifs viennent s’y installer, les uns après les autres. Situé juste à côté de la gare du Midi, c’est ici en effet que les immigrés juifs d’Europe centrale et orientale débarquent pour fuir la misère économique et le climat politique antisémite de leur pays d’origine. Fabricants d’abord, certaines familles de commerçants se transforment ensuite en grossistes après la Seconde Guerre mondiale. Mais c’est vraiment dans les années 1970-80 que le quartier connaîtra son âge d’or avec le développement du prêt-à-porter de masse. « Mon père était le premier à importer de la marchandise d’Italie à raison de 100 à 150 colis par semaine. Il fallait constamment rentrer de nouveaux modèles, réassortir en permanence pendant la saison, et donc maintenir des rythmes de production frénétiques », explique Bernard Gliksberg avant d’ajouter : « Il avait le don de savoir ce qui allait plaire aux gens… La mode de la rue, c’est un peu lui qui la faisait ! » Occultée par la haute couture qui monopolise l’attention de la presse, des acheteurs et des consommatrices, la confection, devenue prêt-à-porter, s’émancipe alors et ose affirmer sa spécificité : créer des modes pour Monsieur et Madame tout-leMonde. Le modèle économique est simple : osciller en permanence entre flexibilité et standardisation. Flexibilité pour s’adapter à la demande, standardisation pour réaliser des économies d’échelle. Le business est florissant. On fait la file devant les vitrines de chez Glico et l’argent coule à flots. À la fin des années 1970, l’extraordinaire expansion de ce secteur finit par avoir raison de tous les anciens commerces environnants. Le Triangle est alors le berceau
de success-stories d’entrepreneurs ayant créé un « tube » (entendez par là : un modèle de vêtement qui a fait fureur) : « Le modèle 2022, c’était notre best-seller chez Glico ! Un petit cardigan boutonné manches courtes ou longues, disponible dans toutes les couleurs. On en a vendu des milliers, des milliers et des milliers! », s’exclame Marie, le téléphone collé à l’oreille entre deux commandes. « Les détaillants de toute la Belgique, des Pays-Bas et parfois de France venaient se fournir chez nous. Ils remplissaient leur coffre de marchandises directement prêtes à la vente. Un jour, toutes les vitrines des boutiques de Liège et de Namur étaient en orange et puis un autre jour tout était en jaune, car tout dépendait de ce que nous proposions comme marchandises », ajoute Bernard. Mais, au début des années 2000, le déclin s’amorce. Les commerçants pointent du doigt la concurrence des Chinois, avec la libéralisation des importations de leurs biens et services et la suppression des quotas d’importation de leur textile par l’Union européenne en 2005. Les grandes chaînes de prêt-àporter partent s’approvisionner dans l’empire du Milieu, où les prix défient toute concurrence. Dans le Triangle même, les entrepreneurs pakistanais et chinois développent alors leurs propres activités. En parallèle, la nouvelle Mecque du textile international s’est délocalisée à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), aux portes de Paris, où l’espace ne manque pas. Dans le quartier du Triangle, l’ambiance a donc bien changé : les anciens stocks se sont petit à petit transformés en bureaux pour start-uppers ou en showrooms pour stylistes et créatifs. À tel point que l’endroit se gentrifie doucement… Chez Glico, les petits-enfants de Théo tentent de réinventer le business familial : « On gère le patrimoine immobilier qui compte encore plusieurs immeubles dans le quartier du Triangle. Les anciens plateaux de stockage sur plusieurs étages seront probablement transformés en bureaux ou en logements dans quelques années. Pour ce qui est du stock de vêtements vintage, on essaye de lui donner un nouveau souffle notamment grâce à internet. »
« IL AVAIT LE DON DE SAVOIR CE QUI ALLAIT PLAIRE AUX GENS… LA MODE DE LA RUE, C’EST UN PEU LUI QUI LA FAISAIT! »
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“Glico Vintage” (@glico.vintage) soit vendu sur les plus cool plateformes de vente de fringues vintage comme “Imparfaites Paris” et “CrushOn” qui proposent une sélection pointue de pièces chinées dans les plus belles friperies. » Résultat ? « On a réussi à fédérer une nouvelle clientèle, plus jeune, plus branchée et super connectée autour de la marque, mais aussi des connaisseurs et connaisseuses qui cherchent un certain genre de vintage de qualité », explique Florence qui, avec ses frères Serge et Nicolas, valorise à l’ère d’Instagram l’héritage de leur grand-père. « On trouve ici ce qu’on ne trouve pas ailleurs. Des pièces vintage singulières dans leur emballage d’origine. » Car offrir un look unique est une des forces du vintage. Et puis, avec lui, aucune chance de se retrouver avec le même top fast fashion que la voisine de bureau. « Aujourd’hui, une femme qui a de l’allure va s’habiller chez Prada, chez Gucci, mais aussi dans les plus belles friperies. Dans un vêtement vintage, il y a une notion de rareté. C’est une pièce unique, donc on en prend soin. L’achat et le port d’un vêtement qui a plus de 50 ans c’est tout un cérémonial. C’est cette notion-là qu’on veut mettre en avant. » Une jolie reconversion donc, pour des pièces qui, à l’origine, ont été créées en série pour satisfaire le plus grand nombre.
« ON A RÉUSSI À FÉDÉRER UNE NOUVELLE CLIENTÈLE, PLUS JEUNE, PLUS BRANCHÉE ET SUPER CONNECTÉE A U TO U R D E L A M A R Q U E , M A I S A U S S I D E S CONNAISSEURS ET CONNAISSEUSES QUI CHERCHENT UN CERTAIN GENRE DE VINTAGE DE QUALITÉ » Aujourd’hui : la rareté du vintage « Mes frères et moi, on avait envie de faire quelque chose de ce stock de vêtements neufs des années septante. Du coup, on a eu l’idée de faire appel à des pros des réseaux sociaux », explique Florence Gliksberg. L’ambition ? « Ces profils nous permettent de remettre le stock de mon grand-père au goût du jour. De créer une allure d’aujourd’hui avec des pièces d’hier pour montrer que la seule chose qui se démode ce n’est pas tant ces pièces, mais la manière de les porter. Grâce aux réseaux sociaux, on fait de la mise en contexte, on propose une attitude, pas seulement un vêtement. Le marché sur internet est tellement vaste qu’il faut se différencier. Du coup, on a voulu que notre label
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La Brasserie de la Patinoire
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BONNES ADRESSES
LA BRASSERIE DE LA PATINOIRE UNE PERLE GASTRONOMIQUE DANS UN ÉCRAN DE VERDURE Le Bois de la Cambre, un poumon vert en pleine ville où il fait bon d’emmener les enfants, faire du sport et se détendre. Alors quand on sait que derrière les arbres se cache une brasserie qui allie ambiance décontractée et gastronomie, il n’y a vraiment aucune raison de ne pas venir s’y balader. Située à l’orée du Bois, la Brasserie de la Patinoire et sa majestueuse façade anglo-normande accueillent petits et grands dans un cadre chaleureux et tamisé. Avec deux salles de restaurants, un tea-room, un cellier, un parking avec service voiturier et une spacieuse terrasse couverte et chauffée, Frédéric Eberhart et son équipe vous attendent. Une immense aire de jeux pour les kids doublée d’une patinoire à roulettes, l’endroit est une enclave de verdure qui permet d’oublier un temps la folie urbaine.
Pour les amateurs de la mer, l’Écailler de la Patinoire propose des plateaux et assiettes de fruits de mer et crustacés à emporter ou à manger sur place. José, élu meilleur écailler de Belgique en 2020, vous accueille toute la journée, après-midi compris. Si vous voulez emmener la soirée vers une nuit de folie, la cave à vins possède quelque 140 références parmi lesquelles de grands vins espagnols et quelques vins de prestige. Bref, une formule idéale pour passer un bon moment en famille ou entre amis, profiter du calme offert par la nature environnante ou débriefer la dernière pièce vue au Théâtre de Poche (qui se trouve juste à côté).
Côté cuisine, Adrien Schurgers fait la part belle au répertoire de brasserie, tout en proposant des suggestions affriolantes à travers lesquelles on retrouve son parcours chez Bruneau et à la Maison du Bœuf au Hilton. Pièces de viande, poissons, plateaux de crustacés, salades, « plats de Granny »… Mention spéciale à l’assiette de quinoa et légumes du jour grillés qui ravira les végétariens et les plus petits appétits.
La Brasserie de la Patinoire, 1, chemin du gymnase à 1000 Bruxelles. Ouvert 7 jours sur 7. Cuisine ouverte de 12h à 14h30 (dimanche 15h) et de 18h30 à 23h00, excepté le dimanche et le lundi jusque 22h30. Tea Room de 14h30 (dimanche 15h) à 18h00. Grand parking chemin du Croquet. 02/649 70 02
CET ARTICLE A ÉTÉ RÉALISÉ EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC LA BRASSERIE DE LA PATINOIRE. BRASSERIEDELAPATINOIRE.BE
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Texte Soline Delos Photos Vincent Leroux
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De jeunes chefs qui créent le buzz, une effervescence artistique décuplée en été, des quartiers en pleine ébullition… la capitale de la Côte d’Azur est à (re)découvrir sans tarder.
Bleu sur bleu : sur la promenade des Anglais, une sculpture de l’artiste Sab, écho aux chaises turquoise qui s’égrènent face à la mer.
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Envie d’un cocktail avec vue sur la grande bleue ? Direction Le Plongeoir, bar restaurant perché sur un îlot rocheux adossé à une installation des années 1940 classée. Idéal pour savourer un coucher de soleil avec d’un côté le Château de l’Anglais et de l’autre la baie des Anges et l’Esterel en toile de fond.
60, boulevard Franck-Pilatte. leplongeoir.com
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Rouget et navets à la sauce pil pil. À déguster au nouveau resto branché du « Petit Marais » niçois, Les Agitateurs. En médaillon, de gauche à droite, Pierre-Jean Arpurt, Juliette Busetto et Samuel Victori, fondateurs du restaurant Les Agitateurs.
UN GOÛT DE RENOUVEAU On connaît d’elle sa baie des Anges, sa promenade des Anglais, sa vieille ville au parfum d’Italie… autant d’images de carte postale figées dans le temps. Pourtant, Nice s’affiche plus pimpante que jamais, conjuguant avec brio vitalité et douceur de vivre. Ça commence par les plaisirs culinaires. Plusieurs vingtenaires donnent un sacré coup de peps à la scène niçoise. Comme la sommelière Vanessa Massé, qui a créé avec le talentueux chef danois Mathias Silberbauer son restaurant Pure & V, récompensé cinq mois à peine après son ouverture par le Prix du Fooding. Ou encore Samuel Victori et Juliette Busetto, passés chez plusieurs étoilés, avant d’ouvrir Les Agitateurs, qui régalent leur monde au cœur du « Petit Marais » niçois, où bars et restos ont éclos à chaque coin de rue. Une des nombreuses raisons d’embarquer pour la dolce vita à la niçoise. 15, rue Bottero. restaurantpureandv.com - 20, rue Bonaparte. lesagitateurs.com
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RENSEIGNEMENTS ET RÉSERVATIONS Philippe De Jonghe +32 475 23 48 40 - pdj@ventures.be Catherine Limon +32 475 93 83 73 - cli@ventures.be Rachel Macaluso +32 479 48 32 59 - rma@editionventures.be Elodie Andriveau + 32 475 295 796 - ean@editionventures.be
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Les plus grands réalisateurs ont tourné dans ces studios vieux de 100 ans.
UN TEA TIME CHEZ MARINETTE
UN SHOPPING 100 % MADE IN FRANCE
En 2017, Audrey a ouvert son restaurant-salon de thé dans une petite rue du vieux Nice. Cinq ans plus tard, succès oblige, elle s’est agrandie pour la troisième fois. Le lieu est devenu un incontournable des Niçois·e·s, accros à son « indémoulable » (un gâteau au chocolat sans farine), à ses pavlovas généreuses, et à son ambiance comme à la maison.
Nicolas Barbero (photo) et Antoine Bourassin
13, rue Colonna d’Istria. marinette-kitchen.com
ont rassemblé chez Trésors Publics un best-of de produits de l’Hexagone. On craque pour les
TEMPLE DE LA FOOD
espadrilles de Mauléon, le lin vendu au mètre…
La gare du Sud, monument historique où transitaient les marchandises, s’est muée en halle gourmande avec bars à huîtres et à tapas, street food japonaise ou indienne, spécialités niçoises… Une adresse incontournable de ce quartier de la Libération, qui n’en finit pas de monter.
Une vraie madeleine de Proust ! 11, rue du Pont-Vieux. tresorspublics.com
35, avenue Malaussena. lagaredusud.com
L’EFFERVESCENCE DU 109 Festivals, concerts, spectacles de danse, expositions… Il se passe toujours quelque chose dans ces anciens abattoirs frigorifiques taille XXL reconvertis en friche culturelle multidisciplinaire. On y va aussi pour admirer ce modèle d’architecture industrielle. 89, route de Turin. le109.nice.fr
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Le monde attendait ses héroïnes. Il peut encore attendre ...
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UNE VIRÉE ARTY Pour plonger dans le grand bain de l’art, rendez-vous sur le site du réseau Botox(s), qui fédère une trentaine de lieux et qui orchestre des visites guidées. L’occasion de faire un tour au Mamac, le très actif musée d’art contemporain de Nice, à la villa Arson ou encore à la villa Cameline, où Hélène Fincker donne carte blanche à de jeunes artistes pour investir cette maison XIXe siècle restée dans son jus. botoxs.fr
La maison abandonnée ou villa Cameline.
Le bleu Klein, en majesté au Mamac.
DES NUITS SO TRENDY Situé à deux pas de la promenade des Anglais, l’hôtel Windsor initiait il y a trente ans ses cartes blanches à des artistes. Résultat, on y dort sous les aphorismes de Ben, entre les murs d’or de Claudio Parmiggiani, face au rayon de soleil de François Morellet ou au milieu des puzzles monochromes de Claude Rutault… Chambre à partir de 160 €. 11, rue Dalpozzo. hotelwindsornice.com
UNE BAL ADE DES CINQ SENS Il n’y a pas plus dépaysant que ce sentier du littoral, que l’on emprunte après avoir passé le port. On y chemine jusqu’à Villefranche-sur-Mer, entre pins et garrigue, bercé·e par le bruit des vagues qui se brisent sur les rochers. Et quand il fait chaud, on se baigne dans l’eau translucide des criques. What else ?
Influence italienne oblige, les façades du quai Rauba Capeu jouent la couleur.
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Le Good Morning Avec Maria & Olivier de 6h à 10h
PLUS D’INFORMATIONS SUR RADIOCONTACT.BE
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Texte Marie Guérin
LA VIE EN CASAROSE À 30 minutes du centre de Nice, se trouve la ravissante petite ville de Mandelieu-La Napoule.
Il faut parfois s’éloigner quelque peu de l’agitation d’une grande agglomération pour profiter des joies d’un séjour à taille humaine, qui garde tout le charme du bord de mer. C’est notre recommandation : pour un city-trip mémorable, entre farniente et gastronomie, direction le boutique-hôtel Casarose. C’est exactement le genre d’hôtel qui vous donne envie de refaire votre déco. Pour le meilleur ou pour le pire, car tout est rose. Peut-être pas tout, mais la quantité qu’il faut pour avoir l’impression d’être Tilda Swinton dans un film de Wes Anderson. Inspiré de l’ambiance des années 60, le Casarose propose de revisiter l’art de vivre de la Côte d’Azur de façon chic et décontractée. C’est un peu le Beverly Hills Hotel sur Sunset Boulevard à la sauce Millennials, avec le confort d’être à 1 h 30 d’avion de Bruxelles. C’est plutôt simple de se projeter dans une des suites de ce quatre étoiles avec vue sur la Siagne qui passe, littéralement, dans notre terrasse. Certain·e·s apprécieront la proximité avec le célèbre Golf Old Course de Cannes-Mandelieu, le plus beau parcours de la région. D’autres préféreront se prélasser dans la piscine aux parasols bicolores et rétro (très Riviera !) pour siroter un cocktail en toute intimité. 300 jours de soleil par an, quand même… ça fait rêver. Hotelcasarose.fr
ERIC BOYER
« LE GENRE D’HÔTEL QUI VOUS DONNE ENVIE DE REFAIRE VOTRE DÉCO »
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Texte Eveline Janssens
A RMENT EK ORT
AGENCE DE RENCONTRES SOLIDAIRES Pour lutter contre la pauvreté, l’ASBL ArmenTeKort adopte une approche novatrice. Grâce à un système de mentorat, les personnes favorisées et celles qui se trouvent en proie à la précarité sont mises en relation et se donnent rendez-vous. L’idée ? Offrir une aide durable et s’attaquer aux racines de la pauvreté. Immersion dans cette problématique, rencontre chez ArmenTeKort, et date avec Marie Maas et Manuela Wouters. Une histoire d’amitié et de nouvelles opportunités.
984 3632 PERSONNES EN SITUATION DE PRÉCARITÉ À ANVERS SE SONT INSCRITES À UN PROGRAMME DE PARRAINAGE
PERSONNES ONT PARTICIPÉ À UNE SÉANCE D’INFORMATION
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DES PERSONNES DÉFAVORISÉES ONT GAGNÉ EN RÉSILIENCE À LA FIN DU PROGRAMME ARMENTEKORT
Résilience
Back to school
Kirsten Van Camp, l’une des personnes à l’origine d’ArmenTeKort, revient sur le handicap social. « Outre la précarité financière, il existe une pauvreté en matière d’opportunités. Ne pas pouvoir se payer une voiture et donc être exclu de certains emplois, présenter un retard scolaire faute de soutien à la maison, méconnaître ses droits à certaines aides… Le manque d’opportunités se transmet de génération en génération et il est très difficile d’y échapper. » ArmenTeKort, un projet de démonstration mis en place depuis dix ans par Marijke Moens et Theo Vaes, étudie les causes de cette problématique. La conclusion ? « Nous ne devons pas donner du poisson aux personnes démunies, mais leur apprendre à pêcher. À cet égard, la confiance en soi est un facteur très important. Au lieu d’aider les personnes en situation précaire à trouver un emploi, il faut leur permettre d’acquérir la résilience nécessaire pour chercher un nouvel emploi si elles se retrouvent au chômage. » La résilience est un atout essentiel pour se sortir de situations défavorisées. Et c’est précisément ici que le système de mentorat entre en scène.
Kirsten : « Notre formation (gratuite) comprend neuf ateliers au cours desquels nous abordons le contexte social dans son ensemble, organisons des sessions pratiques, notamment des jeux de rôle, et une formation aux compétences qui permettent de donner un second souffle aux personnes en situation de précarité. » Les mentors ou buddies n’ont pas de comptes à rendre, mais peuvent participer à des intervisions pour discuter des cas. Le plus étonnant dans tout ça ? La plupart des bénévoles ont un niveau d’études élevé et leur profil est parfois surprenant. « Nous nous attendions à ce que de nombreux buddies soient issus du secteur social, mais, finalement, nous nous retrouvons avec un large panel de catégories professionnelles : professeurs, entrepreneurs… »
Tu veux être mon ami·e ? Une personne favorisée est mise en relation avec une personne précarisée afin de lui insuffler une dose d’autonomie. Pendant deux ans, elles se voient une fois par semaine. Ce « perfect match » repose sur des valeurs et des intérêts communs, l’âge ou encore la proximité géographique. Marie et Manuela, l’un des duos, sont le miroir l’une de l’autre. Manuela : « Nous avons le même âge, avons chacune deux filles étudiantes d’une vingtaine d’années, faisons du bénévolat et avons suivi une formation similaire. » Marie est consultante en santé et ancienne propriétaire de la marque de pyjamas Gingerbread ; Manuela a un bachelier en psychologie et une carrière dans les TIC derrière elle. La vie de Manuela est jalonnée d’obstacles, unis par le fil rouge de la solitude. Fille unique de parents divorcés, elle n’a pas de famille proche. « Une fois adulte, je suis devenue mère célibataire de jumelles. Je me suis donc retrouvée isolée malgré moi. Plus on vieillit, plus on se sent seule, surtout si les déboires se succèdent. C’est pourquoi cet accompagnement m’a semblé une bonne idée. » Marie est du genre à investir du temps plutôt que de l’argent. « Je préfère faire des choses. Dans le cadre de l’accompagnement de Manuela, j’ai suivi une formation instructive et assez poussée. »
It’s a date Kirsten : « Le premier rendez-vous a généralement lieu ici, au bureau, afin que chacun puisse prendre ses marques et voir si le courant passe. Une semaine après ce premier date, nous faisons le point, puis nous renouvelons l’opération tous les trois mois. » La première rencontre de Marie et Manuela s’est soldée par un succès. Manuela : « Nous avons convenu d’aller nous promener et deux heures plus tard, nous discutions encore. Le lendemain, nous nous sommes revues et avons à nouveau passé l’après-midi à échanger. » Aujourd’hui, elles se voient une fois par semaine, le mercredi. Elles s’appellent aussi régulièrement. Quand Manuela a besoin de s’épancher, mais aussi quand les nouvelles sont bonnes. Ou si une idée lumineuse survient. Marie : « Manuela est pleine d’inspiration au rayon excursions. Nous avons visité des endroits que je n’aurais jamais vus autrement : les jardins japonais ou le Musée de la mode à Hasselt, Schone Schijn à Deurne… »
Win-win-win Outre l’expérience positive, les mentors ont la possibilité de mieux appréhender la pauvreté. « Trop souvent, on pense que le manque d’opportunités découle de choix hasardeux ou d’un manque d’éthique au travail, mais la cause est plutôt structurelle », explique Kirsten. Les personnes en situation de précarité travaillent avec leur buddy sur l’estime de soi pour rependre du poil de la bête. « Forts de cette confiance en soi, ils entreprennent
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« LE MANQUE D’OPPORTUNITÉS SE TRANSMET DE GÉNÉRATION EN GÉNÉRATION » KIRSTEN VAN CAMP
des démarches dans différents domaines : travail, logement, formation… » L’équivalence est le principal pilier. Le bénévole n’est pas un sauveur ; il s’agit d’un échange, sans préjugés. Marie a aidé Manuela à mettre un terme à certaines relations toxiques. « J’admire énormément Manuela. Elle se relève après chaque revers. Elle parvient à offrir à ses filles une adolescence insouciante et des études supérieures dans de bonnes conditions. Manuela m’a appris beaucoup en matière de résilience. » Manuela : « J’ai énormément de chance d’être tombée sur Marie. Je n’ai pas de papa gâteau, mais un buddy gâteau. Pour moi, cette rencontre est enrichissante à tous les niveaux : émotionnellement, mais aussi sur le plan pratique. » Marie a aidé Manuela à effectuer de petits travaux dans la maison : un tiroir qui était bloqué, une armoire à réparer… et elle lui a proposé un lift afin de lui éviter d’avoir à prendre trois trains. Marie : « Ce trajet est pratique, mais ce n’est jamais du temps perdu. Notre amitié est profonde et chacune de nos rencontres nous procure de l’énergie. » Ensemble, elles se sont déjà rendues sur le lieu où Manuela a grandi, un voyage thérapeutique pour toutes les deux.
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Le doute Marie : « Être un buddy peut parfois se révéler difficile. Manuela me raconte des choses que je ne sais pas toujours comment gérer. Sa vie n’a pas été facile et son histoire provoque un impact émotionnel sur moi. Mais je suis heureuse que le temps que je lui accorde soit si précieux pour elle. » Au début, Manuela n’était pas sûre de ce qu’elle pouvait apporter à Marie. Elle ne voulait pas simplement faire étalage de sa misère. Mais Marie peut aussi se tourner vers Manuela. Il s’agit d’un véritable échange qui va dans les deux sens.
Des résultats ArmenTeKort obtient des résultats tangibles. Un bénéficiaire a trouvé un emploi dans une entreprise high-tech à Londres et un buddy a écrit un livre sur son histoire. Et puis il y a cette personne qui a décroché de la drogue et… un diplôme en psychologie ! Kirsten : « Les exemples ne manquent pas : deux buddies qui ont couru ensemble les Ten Miles d’Anvers, une personne défavorisée qui a appris à son buddy à faire du vélo ou l’a encouragé à se lancer dans l’emploi de ses rêves. L’un de nos bénévoles a même assisté au mariage de son binôme. » Pour Manuela, les choses ont également changé. Sous l’impulsion de Marie, elle s’est réinscrite comme bénévole dans un refuge pour animaux, après avoir vu sa demande rejetée. Cette activité lui procure une grande satisfaction.
Un avenir sans pauvreté (d’opportunités) En février 2024, le programme de Marie et Manuela s’achèvera. Et après ? L’amitié est là pour de bon. Les duos continuent à planifier régulièrement de nouveaux rendez-vous, même après le programme de mentorat. ArmenTeKort a déjà constitué 1.000 duos. Dans les années à venir, l’ASBL aimerait voir ce chiffre passer à 5.000.
DES HABITANTS D’ANVERS VIVENT SOUS LE SEUIL DE PAUVRETÉ
LE PROJET ARMENTEKORT Intéressé·e ? ArmenTeKort organise des séances d’information hebdomadaires, en ligne et en présentiel. Apprenez à considérer la pauvreté différemment, optez pour le bénévolat et faites-vous de nouveaux amis. Le projet se déroule à Anvers, avec des projets pilotes supplémentaires en Campine, à Genk, Brasschaat et Roosendaal aux Pays-Bas. Surfez sur armentekort.be pour y décrocher le travail (bénévole) de votre vie.
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« JE SUIS DEVENUE UNE SORCIÈRE VERTE (… PENDANT 6 MOIS) »
C’est parti d’un pépin. Pas d’un problème, mais d’un pépin au sens propre. Un pépin de mandarine, très exactement. J’étais hyper, ultra totalement connectée. J’avais vu sur la story Insta d’une fille healthy que c’était bien de suçoter les pépins des fruits que l’on mangeait. Objectif : ingérer des substances vitales contenues au cœur du truc. L’illustration, c’était un pépin d’où sortait une mini-tige bien verte. Genre « cycle de la vie ». Sur le coup, je me suis dit : « C’est vrai que quand on replante un pépin, ça germe et ça revit » (le souvenir d’un exposé sur les pommes que j’avais présenté en primaire). Donc voilà, j’ai commencé à suçoter des pépins trois ou quatre fois par jour, normal.
Après une semaine seulement, sans que je puisse l’expliquer, les recracher dans une poubelle m’était devenu impossible. J’avais l’impression de nuire en empêchant cette petite graine de redevenir un fruit qui pourrait ensuite nourrir un animal ou un humain qui à son tour se reproduirait et ferait son job d’animal ou d’humain. Je m’imaginais des scénarios dans lesquels je perturbais l’équilibre mondial à cause de mon pépin jeté dans un sac gris destiné à être incinéré. Alors je les gardais et je les rendais à la nature. D’abord en les lançant vite fait dans le jardin. Plus tard en leur parlant longuement avant de leur demander de me guider pour les replanter à l’endroit qu’ils souhaitaient. À ce stade, je pense que c’est bien de préciser que je ne souffrais a priori d’aucune pathologie mentale, qu’il ne s’agissait pas là de signes de dépression ni de burnout… Tout allait bien dans mon job et dans ma relation aux autres. Je ne souffrais pas d’écoanxiété et jusque-là, je recyclais mes déchets « comme tout le monde », sans plus. Mais là, je parlais juste aux pépins et je les aidais secrètement à reprendre le cours de leur vie. Bon… Vu que ça commençait à prendre une vraie place dans ma tête, façon « charge mentale », je me suis dit qu’il fallait que je me renseigne un peu.
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c'est mon histoire
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Texte Juliette Debruxelles
De clic en clic, j’ai atterri sur des forums dans lesquels des gens parlaient d’écotalisman, du pouvoir énergétique et vibratoire des végétaux, de sorcellerie verte. Et là, la première vague est arrivée. Le confinement était au max. J’avais bien le temps de me plonger dans des sujets de plus en plus passionnants et délirants. Comme tout le monde, je faisais moins de courses, j’achetais donc moins de produits frais. La saison des mandarines était de toute façon presque finie. Cette histoire de pépins s’est déplacée vers d’autres comportements surprenants. Pour comprendre mon environnement, il faut savoir que je vis seule, à la campagne, dans une maison tranquille et isolée. La situation sanitaire a diminué ma charge de travail de plus de moitié, tout en gardant un salaire correct et suffisant. Mes ami·e·s et le monde entier flippaient, à juste titre, mais moi, j’avais l’impression – je mesure ma chance – d’être dans une bulle privilégiée. Entre solitude assumée et nature à ma portée. Je pense que ça a été ma planche de salut et d’évitement à moi. La nature tout entière est devenue mon amie. Source de surprise, de joie et d’attention soutenue. J’étais très heureuse de ne pas devoir bosser au bureau et il faisait un temps magnifique. Parfait pour passer des heures à m’émouvoir et à observer les effets du vent dans les feuilles, la danse des insectes, l’envol des oiseaux. Je n’arrive toujours pas à l’expliquer avec les mots adéquats, mais regarder un oiseau voler me projetait dans une autre dimension. Comment le dire ? C’était comme si j’étais « dans » le décor, comme si mes sens étaient en pleine conscience. Je regardais « vraiment » et je voyais « vraiment ». L’oiseau volait et je conscientisais qu’il s’agissait là de la chose la plus incroyable du monde. Plus dingue que toutes les technologies réunies. Les réseaux sociaux ne m’intéressaient plus trop. J’envoyais des messages rassurants à mes proches quelques minutes par jour, j’abattais mon travail quotidien, puis je déconnectais. Jusque-là l’algorithme me guidait vers des dramas de téléréalité et des émissions sur les crimes non résolus. Je n’avais plus envie de ça. Les apéros virtuels, les cours de yoga collectifs en ligne, les quizz entre collègues et les pop-stars à guitare en live depuis leur cuisine, ça m’a super saoulée. Moi, j’ai commandé des bouquins. La Wicca (la « religion des sorcières », pour résumer), les rituels à pratiquer à la pleine lune, les potions… J’ai appris plein de trucs. Je me suis roulée nue dans l’herbe humide au petit matin, j’ai utilisé
« AVEC MA PSY, NOUS AVONS CONVENU D’APPELER ÇA “LE RETOUR AU VRAI”, PAR OPPOSITION À MA VIE VIRTUELLE INTENSE D’AVANT »
Illustration Florence Collard
mon urine pour me tonifier le visage, j’ai brûlé de la sauge jusqu’à me défoncer les poumons et balancé des pots de sel entiers autour de ma maison… Je me suis bien amusée. Mais je n’ai jamais perdu pied. J’étais consciente de jouer à quelque chose avec moi-même, d’explorer des rituels codifiés en les réduisant à mes propres limites. Mais je n’ai jamais « cru ». Pas d’hallucinations, pas de délires, pas de perte de contact avec la réalité et pas d’attentes démesurées (le pipi, je savais bien que ça n’effacerait pas mes cicatrices d’acné pour de vrai). N’empêche, je me sentais déesse de ma vie. Puisque ma real social life était réduite à néant, je marchais pieds nus quasi toute la journée, je me lavais peu et je ne m’habillais que de grandes robes de couleurs claires. Je me tressais les cheveux et j’y piquais des herbes folles. Durant les six mois qu’à duré ce moment de grâce, je me suis sentie puissante, forte, belle et totalement libre. L’excuse du « je tousse un peu » suffisait à me tenir éloignée de toute obligation sociale. J’ai profité de chaque minute de soleil, de chaque goutte de pluie, cachée sous le pommier. Je laissais les fenêtres grandes ouvertes jusque tard le soir sans avoir peur. Je pratiquais mes propres cérémonies de célébration d’arrivée mensuelle de mes règles, je dansais autour du brasero, je sentais une connexion unique avec mon chat… Et puis l’automne est arrivé et j’ai eu un peu froid dehors. J’ai passé moins de temps au jardin, je me suis plongée dans une série sympa, j’ai eu envie d’acheter un pull American Vintage et de boire un Coca. Et de revoir des gens. Et de reprendre des bains chauds. La vie « normale » est plus ou moins revenue. Je suis retournée au bureau deux jours par semaine, j’ai recommencé à aller boire des coups. L’équilibre s’est fait entre « mes trucs à moi », parfois limite cracra et le reste. Une fois l’hiver installé, j’ai tout de même consulté une psychiatre. Je voulais comprendre et être certaine qu’il ne s’agissait pas des prémices d’un glissement vers quelque chose qui pourrait nécessiter des soins. Elle a exclu les pathologies mentales les plus courantes. Je n’étais ni schizophrène, ni dépressive, ni délirante, ni bipolaire, ni psychotique… J’ai juste profité d’un moment qui m’a été donné pour vivre comme je voulais. Elle n’a pas posé de diagnostic sur cet épisode d’hypercontact avec la nature et sur ce comportement si différent de ce que je suis le reste du temps. Mais nous avons convenu d’appeler ça « le retour au vrai », par opposition à ma vie virtuelle intense d’avant. Et je n’ai gardé de tout cela que le meilleur : un rapport intime avec mon jardin-refuge et la certitude que j’ai en moi toute la magie de l’univers. magazine ELLE 149
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Texte Camille Vernin
D É C O N S T R U I R E L’ Â G I S M E
OÙ SONT LES VIEILLES ?
C’est un immense scandale qui ne scandalise personne. Au sexisme dont sont déjà sujettes les femmes au quotidien s’ajoute l’âgisme. Un phénomène qui dit enfin son nom, mais dont la lutte ne fait que commencer.
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«
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e sais à quoi je ressemble. Je n’ai pas le choix. Qu’est-ce que je dois faire ? Arrêter de vieillir ? Disparaître ? », s’insurgeait Sarah Jessica Parker à la suite d’une salve de commentaires misogynes autour de « And Just Like That », le reboot de la série culte « Sex and the City ». Il faut dire que lorsque la série débute, Sarah Jessica Parker, Kristin Davis, Cynthia Nixon et Kim Cattrall n’ont qu’une trentaine d’années. En 2022, le trio qui a repris sans Kim Cattrall en a 55, et ça ne passe pas du tout pour certain·e·s.
Il ne s’agit évidemment pas des premières – ni des dernières – actrices touchées par le phénomène. Pour ne citer qu’elle, Kate Winslet a fait de la lutte contre l’âgisme son fer de lance. Quand on a demandé à l’actrice dernièrement à l’affiche de « Mare of Easttown » si elle voulait que l’on coupe au montage son « bout de ventre gonflé », elle a protesté d’un véhément « n’y pense même pas ».
KENDALL SCOOT / UNSPLASH, SHUTTERSTOCK
Un fléau insidieux Au-delà du faste et des paillettes d’Hollywood, le problème de l’âgisme concerne toutes les couches de la population. Au point que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le décrit comme un « fléau insidieux dont la société souffre » dans son rapport publié en mars 2021. Mais qu’est-ce que l’âgisme ? L’OMS le définit comme la discrimination d’une partie de la population en raison d’un critère bien précis : l’âge. Les personnes « âgées » restent bien sûr les plus touchées et cette discrimination pourrait être désormais plus répandue que le sexisme ou le racisme selon les études scientifiques. Si l’âgisme inquiète autant, c’est aussi parce qu’il s’insinue dans toutes les sphères : secteurs de la santé, lieu de travail, médias et même dans le système juridique. Une attitude qui aurait des conséquences tellement négatives sur la santé mentale et physique des plus âgés et leur qualité de vie qu’elle coûterait chaque année des milliards de dollars aux sociétés. Paradoxalement, la population ne cesse de vieillir alors que 2 milliards de personnes dans le monde auront plus de 60 ans en 2050.
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La cinquantaine, un âge pivot Mais au-delà de l’aspect sociétal demeure l’expérience intime et bien souvent complexe que l’on se fait de son propre âge. Nous citions les 60 ans et plus, pourtant l’âgisme intervient bien avant cela. De ce côté-là, c’est souvent « double peine » pour les femmes, raconte Marie Charrel, auteure de « Qui a peur des vieilles ? », parce que l’âgisme se cumule au sexisme dont elles sont déjà victimes tout au long de leur vie. La cinquantaine est souvent l’âge pivot. « C’est un âge relié à la ménopause, comme s’il s’agissait d’une espèce de cap symbolique au-delà duquel les femmes, en perdant la fertilité, perdraient autre chose : leur pouvoir de séduction, leur valeur en somme », explique la romancière et journaliste. « Quand les hommes prennent de l’âge, le champ lexical est globalement plus positif », ajoute-t-elle. « Les cheveux blancs symbolisent le charme, la sagesse, l’expérience. À l’inverse, on demande aux femmes de faire l’effort, mais quand ça se voit trop, on leur reproche de tricher. » Ce qui ne signifie pas que les hommes ne sont pas eux aussi victimes d’âgisme, mais que cela prend des atours différents. « Initialement, l’expression “OK boomer” s’adresse au vieil homme blanc de 60 ans qui ne comprend plus rien à l’âge du monde », explique Vincent Cocquebert (« Millennial Burn-Out », éditions Arkhê). Selon lui, c’est d’ailleurs au moment où de plus en plus de femmes expriment leur ras-le-bol que l’on observe des hommes réaliser des colorations, faire du sport et de la musculation. Bref, faire de plus en plus attention. Le journaliste explique néanmoins que l’identité féminine a été davantage essentialisée à partir de l’apparence que l’identité masculine, en tout cas dans les imaginaires construits culturellement, « ce qui n’en demeure pas moins profondément sexiste ».
Une obsession du jeunisme Mais comment un tel phénomène a-t-il pu se déployer ? Comment en est-on arrivé à vouloir se rajeunir ou ne plus donner son âge sur les réseaux ? Pire, à invisibiliser les femmes d’un certain âge ? Selon Vincent Cocquebert, « notre société s’est construite autour d’un idéal de jeunesse qui valorise la nouveauté, la fluidité, l’adaptabilité… » et dans lequel on puise nos standards de beauté.
« ON DEMANDE AUX FEMMES DE FAIRE L’EFFORT, MAIS QUAND ÇA SE VOIT TROP, ON LEUR REPROCHE DE TRICHER » MARIE CHARREL
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« ON NE PEUT PAS INCULQUER AUX FEMMES QUI ONT 25-30 ANS QU’IL LEUR RESTE 15 ANS ET PUIS C’EST TERMINÉ » SOPHIE DANCOURT
En mettant en scène trois cinquantenaires, le reboot de « Sex And The City » s’est attiré les foudres de celles et ceux qui, dans une société patriarcale, ne supportent pas de voir vieillir les femmes.
Pour les femmes, l’âgisme apparaît ainsi comme une manifestation de plus des inégalités auxquelles elles font face tout au long de leur vie. « Le monde de l’entreprise est particulièrement parlant », explique Marie Charrel. « L’écart salarial se crée dès leur arrivée avec les suspicions de grossesse. Mais ça ne s’arrange pas avec l’âge où leur salaire inférieur leur permet une retraite plus petite et où elles sont davantage sujettes au chômage. » Vincent Cocquebert renchérit : « Vous êtes junior à 30 ans, senior à 50 puis le taux d’emploi et de formation chute drastiquement, comme si vous n’étiez plus très utile en gros. On imagine que quelqu’un de 50 ans ne voudra plus bouger ou se former. Alors que quand on pose la question, la majorité dit oui ! »
Ôter la cape d’invisibilité Sophie Dancourt est la fondatrice du média digital « J’ai piscine avec Simone » qui donne de la visibilité aux femmes de 50 ans et plus. Elle fait partie de la génération de femmes qui s’est emparée du web et des réseaux sociaux pour faire évoluer le débat sur l’âgisme, comme en témoignent les campagnes mondiales
#OldLivesMatter ou #GreyPride. Pour elle, « la déconstruction passe d’abord par le fait de montrer des cinquantenaires ou soixantenaires proches de nous, qui changent de vie, montent leur boîte. Ce sont des modèles qui existent, on ne les fabrique pas. On leur a mis une cape d’invisibilité, c’est tout ». Une démarche de visibilisation qui s’inscrit comme un acte d’émancipation, mais aussi comme une façon de permettre aux nouvelles générations de se projeter sainement dans l’âge. « On ne peut pas inculquer aux femmes qui ont 25-30 ans qu’il leur reste 15 ans et puis c’est terminé », explique Sophie Dancourt. « On veut des progrès en entreprise ou en politique, mais rien qu’au cinéma on ne sait plus à quoi ressemble une femme de 50 ans », renchérit Marie Charrel. Dernièrement, le film « Eiffel » faisait parler de lui en faisant le choix d’une actrice de 25 ans (Emma Mackey) pour jouer la muse d’un acteur de 47 ans (Romain Duris). Même polémique pour le film « Napoléon » de Ridley Scott dont les comédiens Joaquin Phoenix et Jodie Comer ont respectivement 46 ans et 28 ans, quand la future impératrice avait… 6 ans de plus ! « Déconstruire les imaginaires, c’est très long. Ce n’est pas quelque chose qui va se faire sur dix ou vingt ans », prévient Vincent Cocquebert. Marie Charrel rappelle finalement que l’âge pour les femmes peut aussi être source de libération et d’empowerment. Vieillesse rime alors avec « puissance et indépendance, après une vie de travail accompli ». C’est se connaître mieux et être moins dépendante des attentes d’autrui. C’est se dire « si j’ai envie de dire merde, je dis merde et ce n’est pas grave », et ça fait un bien fou.
CRAIG BLANKENHORN / HBO MAX
« C’est ce qui est considéré comme glamour, ce qui fait vendre. » Marie Charrel parle quant à elle d’un véritable « aveuglement collectif ». Les pays occidentaux vieillissent de plus en plus, mais continuent à se percevoir avec des corps de vingtenaires/trentenaires. Derrière ce comportement, une obsession du jeunisme en partie, une volonté de conjurer la mort et la maladie aussi et une réelle difficulté à être adulte aujourd’hui, à se projeter et à imaginer un futur désirable.
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THE HOTEL The Iris
Ouvert en janvier, ce nouvel espace prône une cuisine d’hyper proximité, emmenée par le chef Pierre Balthazar. Le must ? La technique du robata, méthode de grill et de laquage japonaise pour une cuisson sur flamme qui bouscule les codes. La déco a été confiée à Laurence Maes et Dirk Berrewaerts, à la direction artistique de Scapa Home, belge et voisin de boulevard. The new place to be ! Boulevard de Waterloo, 38 - 1000 Bruxelles thehotel-brussels.be
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Leader sur le marché des stylos à plume de luxe depuis sa création en 1906, la marque allemande se réinvente sans cesse. On craque pour ces trois collections qui rendent leurs lettres de noblesse à cette marque emblématique : Montblanc Blue Spirit, collection de maroquinerie durable, Montblanc Meisterstück Selection Rouge et Noir, collection liée à l’année du tigre et Montblanc Muses Elizabeth Taylor Special Edition, hommage à l’une des femmes les plus influentes du XXe siècle.
Un design simple et des détails inspirés, du cuir sellier et boucles d’attaches en forme d’étriers. Des bracelets en cuir ou lézard, interchangeables, disponibles en plusieurs couleurs, simple ou double tour, second bracelet cuir veau offert (hors bracelets cuir exotique), un boîtier en acier, plaqué or rose ou plaqué or jaune, serti de 18 diamants véritables et un cadran différent selon les modèles. Le luxe moderne à l’état pur.
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MONTBLANC
AURÉLIA DEJOND, PRESSE
Pour l’amour des mots
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chronique • Juliette Debruxelles
Humeur
LA NAUSÉE
un printemps, un soleil, une maison, des fleurs, une pelouse et un papa. Pour dessiner tout ça, j’ai même pas de crayon. Tout ce qui m’occupe, c’est la télévision. Et je n’ai même pas le choix du programme vu que la télécommande a été confisquée. Comme si on allait se terroriser en changeant de chaîne et de programmes de la matinée. Il paraît que ce n’est pas partout comme ça. Ça me fait une belle jambe (de bois). Il paraît que des journalistes et des familles se mobilisent pour dénoncer la maltraitance faite aux aîné·e·es dans certains établissements « de santé ». Tant mieux pour les autres qui vieillissent entouré·e·s de confort, de soin, de gens bien et de sérénité, mais pour moi, c’est ici et c’est comme ça. Pas comme si j’avais droit à un nouveau départ. Pas comme si lundi, j’allais les tenir, ces bonnes résolutions à la con. Pourquoi je suis toute seule ? Pourquoi je n’ai pas d’ami·e·s ? Mais parce que je suis vieille, que j’ai perdu la raison et mon autonomie. Parce qu’il n’y a que dans les films que les vieilles dames fuguent jusqu’à la mer dans une bagnole volée. Alors oui, dans ma vie, il y a eu des excès, quelques folies. Des frissons de la honte au petit matin, des disputes, des mots de trop, des inquiétudes pour des trucs de boulot. Rien qui justifie de payer ce prix. J’ai tant aimé. J’ai tant ri. J’ai été droite, intègre, généreuse et gentille. Je suis la même que quand j’avais 20 ans. C’est juste qu’aujourd’hui, je sens la soupe et que quelqu’un d’autre choisit mes vêtements.
« SI J’ÉTAIS UN CHATON, JE ME CONTENTERAIS DE LA PÂTÉE QUE L’ON ME FILE AU PETIT DÉJEUNER. MAIS JE NE SUIS PAS UN CHATON. JE SUIS UN POISSON ROUGE »
PRESSE
La dame est venue me réveiller sans ménagement. Il faisait encore nuit, elle m’a tirée d’un rêve où je revoyais ma maman. Ma maman est morte il y a longtemps, mais sa voix reste en moi. Je suis la fille de quelqu’un, même si j’ai plus de 90 ans. En ouvrant les yeux, j’ai compris que ma couche était trempée, mais la dame ne l’a pas changée. Pour ma toilette, il faudra attendre quelques heures. Mon urine pique, mais mes jambes ne me portent plus. En me forçant, je pourrais peut-être trouver la force de me débrouiller. Mais pour quoi faire ? Risquer de me planter, de me blesser, de tout aggraver ? Finalement, attendre qu’on veuille bien s’occuper de moi et ressentir la douleur de la frustration, ça donne une couleur à ma matinée. Une tonalité ocre, une nausée, une colère bien rentrée. C’est moins tiède que ce « rien » que m’offrent les perspectives de demain. J’ai capitulé. Avant, je gueulais, mais on a su me faire taire. Souvent à coups d’indifférence, parfois à coups de coups. Donc je ne dis plus rien. Je ne peux pas partir, je n’ai pas d’avenir. C’est la fin de ma vie, c’est dur et ça dure. Si j’étais un chaton, je me contenterais de la pâtée que l’on me file au petit déjeuner. Mais je ne suis pas un chaton. Je suis un poisson rouge. La mémoire me fait défaut, je tourne en rond. Au moins je ne suis pas un légume comme certain·e·s de mes colocataires qui ne bougent plus, ne parlent plus et croupissent poliment. Le truc qu’on a en commun, c’est qu’on sent tou·te·s la soupe. Une odeur de cantine, aigre, qui pénètre nos cheveux, notre peau, fait le tour de nos tréfonds puis se diffuse. Un mélange de toutes les odeurs des gens qui vivent ici flotte dans l’air, comme un brouillard rance. Faudrait ouvrir le ciel pour rafraîchir et assainir l’ambiance. J’imagine
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Pour communiquer dans cette rubrique, contactez Osez le Centre Ville au +33 1 48 46 60 97
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PUBLI COMMUNIQUÉ
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PUBLI COMMUNIQUÉ
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héroïne
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du mois
Tous les mois, Céline Pécheux met en lumière une Wonder Woman du quotidien.
ANHTHI NGUYEN
J’ai 24 ans quand on m’annonce que je suis atteinte d’un cancer du rein à un stade avancé. Sur le coup, je ne comprends pas. Tout va très vite. Je me fais opérer dans la foulée. Ma douleur ? Je la refoule comme je peux pour ne pas inquiéter davantage mon entourage. Deux ans après, je fais une rechute. Toute la souffrance que j’avais tue me revient dans la figure comme un boomerang. La première fois qu’un tel diagnostic te tombe dessus, tu donnes tout ce que tu as parce que tu ne sais pas ce qui t’attend… La deuxième fois, tu sais. En colère et un peu démoralisée, je repars au front et me fais réopérer. Ensuite, mon cancer attend dix ans avant de refaire surface, mais cette fois, c’est différent… Je suis maman d’un petit garçon de trois semaines et ça me donne deux fois plus envie de me battre. Par contre, après deux récidives d’un même cancer, les statistiques te donnent peu de chance de guérison. Les médecins me proposent alors un traitement de fond, qui va empêcher la maladie de progresser, mais qui m’empêchera aussi de m’occuper de mon fils comme je le voudrais (à cause notamment des visites à l’hôpital hebdomadaires et des effets secondaires qui me mettent KO). Contre l’avis général, je décide d’écouter mon intuition et de prendre le risque de me faire opérer une troisième fois. Cette fois, je le sais, ça passe ou ça casse. Heureusement pour moi, ça a marché. Aujourd’hui, je suis considérée comme « miraculée ». Un miracle auquel j’ai donné un sens en devenant « Patiente experte » diplômée de l’Université des Patients-Sorbonne à Paris. Tout ça parce que pendant mon combat, je rêvais de parler à quelqu’un qui comprenait ce que je vivais parce qu’il ou elle l’avait vécu avant moi. Quelqu’un qui aurait légitimé ma souffrance. Car quand on est malade du cancer, on peut parfois avoir l’impression d’être un numéro : on vous ausculte, on vous fait des prélèvements, on vous donne un diagnostic et un protocole à suivre… En face du médecin, on n’ose pas toujours donner son avis
ou exprimer son ressenti. On appelle ça l’effet « blouse blanche ». Pour pallier ce manque d’humanisation des soins en oncologie, j’ai donc fondé la structure Patient à Patient (patientapatient.com) et je suis, depuis peu, employée par l’Institut Jules Bordet afin d’offrir aux malades qui le souhaitent un accompagnement mental et social, d’égal à égal, dans un cadre bienveillant où chacun peut discuter sur sa situation sans tabou. Grâce au service que je propose, le patient peut s’exprimer librement, poser toutes les questions qu’ils souhaitent et discuter des traitements qui lui sont prescrits ou encore des possibilités qui existent pour que son corps retrouve du beau, du bien et du bon, là où il est meurtri. Lors des échanges, je propose d’appréhender et d’apprivoiser la maladie autrement, en devenant acteur.rice de sa guérison. Mais attention, je ne remplace en aucun cas le médecin ! Je suis comme une béquille pour les équipes soignantes qui n’ont pas ou plus le temps d’accorder cet espace d’empathie aux patients. C’est un soutien indispensable car plus un malade se sent en confiance et en sécurité, plus il s’investit dans son parcours de soins. Aujourd’hui, je suis sereine. La mort ne me fait pas peur car c’est une chose avec laquelle j’ai appris à composer. Par contre, j’ai peur de ne pas voir mon enfant grandir, de ne pas avoir le temps de lui donner les bases. Si la vie me donne la chance d’être là jusqu’à ce qu’il soit adulte, ce serait le plus beaux des cadeaux. La maladie m’a permis de me lever chaque matin avec une joie indescriptible. Je mesure la chance que j’ai d’être encore là. Le message que j’ai envie de transmettre? Ce n’est pas parce qu’on vous dit que c’est impossible que ça l’est. Tant qu’on est vivant, tout est possible !
« SUR PAPIER, JE NE DEVRAIS PLUS ÊTRE LÀ. CE MIRACLE, J’AI VOULU LE TRANSFORMER EN IMPACT POUR AIDER LES AUTRES ET MONTRER QUE TANT QU’IL Y A DE LA VIE, TOUT EST POSSIBLE »
DAVID PLAS
Créer du lien… Elle l’a fait pendant 12 ans en tant que consultante en communication. Aujourd’hui, c’est en tant qu’ex-patiente atteinte d’un cancer et « Patiente experte » que sa vie est animée par l’échange et les relations humaines.
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