Ce soixante-deuxième numéro sur le baptême des adultes a été réalisé par Marie-Jean Gabriel, Isabelle Meeüs-Michiels, Danièle Ueberfill, Pierre Ferrière et Gilbert Muytjens.
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Le baptême des adultes
ISBN 2-87356-303-6 Prix TTC : 2,45 €
Éd. resp. : Charles Delhez • 121, rue de l’Invasion • 1340 Ottignies
9 782873 563035
No d’agréation : P401249
Trimestriel • Éditions Fidélité no 62 • 1er trimestre 2005 Dép. : Namur 1 - Agr. P401249
Le baptême des adultes
L
e christianisme est de moins en moins un héritage familial. L’époque de la chrétienté où, chez nous, la société était massivement catholique romaine est révolue. Petit à petit se profile une « Église du baptême des adultes » (Jean Delumeau), comme au temps des origines. Une interpellation pour les communautés chrétiennes. Le chemin vers le baptême des adultes s’appelle catéchuménat. Cette brochure en dessine le parcours concret.
Le baptême des adultes Éditorial par Charles Delhez une époque où il y a plus de demandes de baptême que de croyants — au moins dix pour cent des demandes de baptême, en effet, ne correspondent pas à une adhésion à l’Église —, comment ne pas réduire ce sacrement à une tradition familiale ? C’est dans une société qui connaît non pas une crise du « croire », mais du « croire ensemble », que se pose désormais la question du baptême : « Dans un contexte de pluralisme religieux grandissant, où l’appartenance est ténue, il s’agit de penser à nouveaux frais le baptême comme possibilité offerte pendant toute la vie » (père Jean Joncheray). On ne peut en effet plus faire comme si le baptême des enfants dès la naissance était une pratique courante. Il y a actuellement une dissociation entre les âges de la vie et ceux de la foi. Les baptêmes d’adultes se multiplient.
À
Un peu d’histoire Durant les trois premiers siècles, dès le Nouveau Testament, le baptême a été présenté comme un passage. Celui1
ci était précédé d’un long catéchuménat qui supposait certaines ruptures, notamment quant à la profession exercée. Lorsque les masses entrèrent dans l’Église, on vit une inversion progressive du pourcentage des adultes par rapport à celui des enfants. Mais la liturgie, elle, baptisait toujours les enfants selon le rituel des adultes, la seule différence étant que les parents, parrain et marraine répondaient à la place de l’enfant. Progressivement, le baptême est devenu une célébration de la naissance, de la venue au monde plutôt que de la venue à la foi. Bientôt on distingua baptême et confirmation. Au XIIe siècle, les trois étapes étaient désormais bien établies : baptême, confirmation et eucharistie. Le baptême avait dès lors acquis une signification davantage sociale que chrétienne. Le lien avec le péché originel s’accentua également. La liberté religieuse Dès la Renaissance, les choses changèrent et cela culmina dans l’acceptation de la liberté religieuse par le concile Vatican II. L’idée chrétienne suppose aujourd’hui à nouveau un choix. Et le baptême des adultes redevient la norme. C’est d’ailleurs par lui que le Concile a commencé sa réforme : le baptême adulte, donné par l’évêque en la nuit pascale, sans plus être dissocié de la confirmation. Le rituel du baptême des enfants, quant à lui, s’adresse désormais aux parents eux-mêmes, invités à professer leur foi en leur nom personnel. Mais les mentalités n’ont pas toujours suivi. L’Église doit encore, aujourd’hui, assumer son héritage de « service religieux », mais n’est-ce pas une occasion pour une annonce fraîche de l’Évangile ? 2
Le baptême s’exprime aujourd’hui surtout en termes de recherche de sens, et non d’adhésion à une institution, qui risquerait d’apparaître comme un embrigadement. Il est devenu un signe ouvert d’identité chrétienne pour qui veut tenter l’aventure. Ainsi, l’Église protestante baptiste n’accepte que les baptêmes d’adultes, en général par immersion. Aux yeux des baptistes, en effet, ne peut être baptisé que celui qui est capable de « discerner le Royaume qui vient ». Aujourd’hui, l’Église catholique considère l’initiation des adultes comme l’idéal, avec deux ou trois ans de catéchèse et de nombreuses étapes. Les cheminements sont davantage personnalisés, souples, progressifs. Dans une culture postchrétienne pluraliste et un monde sécularisé et « détraditionalisé », une attention privilégiée doit être accordée au baptême des adultes et à leur formation. Ne serait-il pas la forme la plus significative (mais pas exclusive) du baptême aujourd’hui ? * Ce soixante-deuxième numéro de la collection « Que penser de… ? » a été réalisé par Marie-Jean Gabriel, Isabelle Meeûs-Michiels, Danièle Ueberfill, Pierre Ferrière et Gilbert Muytjens. Ces prêtres, religieuses, laïque sont engagés dans l’accompagnement des catéchumènes de leurs diocèses respectifs et dans la coordination belge du catéchuménat.
Chap itre
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Introduction
ORSQU’UNE femme ayant longtemps souhaité un enfant
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apprend subitement que son vœu est enfin exaucé et qu’elle va bientôt être mère, sa joie déborde et elle n’a de cesse d’en répandre partout la nouvelle. C’est une joie de cet ordre qu’éprouve celui ou celle qui — au nom de l’Église — accueille quelqu’un qui veut devenir chrétien. C’est chaque fois la même surprise et le même émerveillement : un jeune homme, une jeune femme (de vingt à trente ans, ou plus…), de toute condition ou origine, se présente : il ou elle vient « demander le baptême ». Quand, mise en confiance, la personne se met à vous raconter le long et parfois difficile itinéraire qui l’amène finalement à faire cette démarche, une sorte d’effroi vous saisit. Vous vivez un moment qui s’apparente au mystère de l’Annonciation. L’Esprit Saint est à l’œuvre : Il opère une sorte de reconnaissance réciproque, Il instaure une relation nouvelle entre l’Église et ce futur baptisé. Et vous, témoin privilégié de cette rencontre, vous vous prenez à prier tout bas : « Comment cela va-t-il se faire ? » 4
Vous vient alors la question qui brûlait les lèvres des voisins à la naissance de Jean Baptiste : « Que sera donc cet enfant ? » Vous vous souvenez de Paul, de Martin, d’Ambroise et, plus près de nous, de Ratisbonne ou encore d’Edith Stein ou de Michel Delpech… Vous vous réjouissez de la richesse que cette foi toute neuve peut apporter aux vieux baptisés que nous sommes. Vous imaginez déjà le renouveau que l’accueil de ce frère, inconnu jusqu’ici, peut susciter dans une communauté chrétienne ouverte et disponible aux appels imprévisibles de l’Esprit. Et vous répondez à celui qui vous interroge…
Chap itre
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Le catéchuménat, c’est quoi ?
catéchuménat est la plus ancienne institution de l’Église : à l’origine, et jusqu’à saint Augustin (IVe siècle) on baptise surtout des adultes. Après un temps d’initiation exigeant, le candidat chrétien apprend à « faire écho » dans son esprit, son cœur et toute sa vie à la Bonne Nouvelle de l’Évangile. D’où son nom de catéchumène.
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Catéchèse : C’est le verbe grec catekein qui est à la racine des mots « catéchisme » et « catéchèse ». En grec classique, ce mot signifie « initier » et « enseigner ». La catéchèse est donc à la fois l’acte et le contenu d’un enseignement. Saint Paul définit la catéchèse comme l’enseignement de la révélation. À partir du VIe siècle, toute la population étant supposée chrétienne, la pratique du baptême des petits enfants se généralise et l’institution du catéchuménat des adultes s’efface du paysage ecclésial pour reparaître au XVIe siècle dans les pays dits « de mission ». 6
Au XXe siècle, le concile Vatican II restaure cette institution vénérable et l’étend à toute l’Église, confiant aux évêques la responsabilité de rétablir le catéchuménat des adultes dans chaque diocèse. L’organisation du catéchuménat varie de pays à pays. En France, un service national du catéchuménat existe depuis 1964 tandis qu’en Belgique, chaque diocèse dispose d’un service diocésain du catéchuménat.
À ne pas confondre avec le Chemin néo-catéchuménal, lequel est un mouvement de spiritualité catholique fondé en 1965, en Espagne, par Francisco « Kiko » Arguëllo et Carmen Hernandez pour réanimer la foi des chrétiens par une catéchèse d’adulte. Il fonctionne comme un « chemin de conversion » au cours duquel des catéchèses de deux mois sont enseignées à de petits groupes de réflexion. Mais la rigueur du mouvement et son encadrement ont suscité de nombreuses controverses. On lira à cet égard, dans les Annexes (voir p. 45), la réflexion d’Henri Bourgeois, ancien doyen de l’Institut catholique (« la Catho ») de Lyon. Beaucoup se posent la question : pourquoi utiliser ce mot de « catéchuménat » — qui n’est pas sans évoquer l’Église des origines — pour désigner une démarche résolument moderne dans son propos ? Sans doute pour rattacher l’expérience d’aujourd’hui à la nouveauté de l’Église naissante et à toute la tradition chrétienne. Et le même 7
mot, utilisé partout dans le monde, facilite grandement les communications d’une Église locale à l’autre lorsque des catéchumènes demandent à poursuivre leur initiation chrétienne dans une autre région. Lorsqu’on utilise partout le même vocabulaire, ce qui est actuellement le cas, il est beaucoup plus facile de se rejoindre, de se comprendre et de donner à ces nouveaux venus une place spécifique dans l’Église : celle de « chrétiens catéchumènes ». L’initiation chrétienne par les sacrements de baptême, de confirmation et d’eucharistie est tout autre chose qu’une formalité, fût-elle d’ordre sacré. C’est aussi beaucoup plus qu’une « formation » au sens intellectuel du terme. Le point de départ de l’initiation est cette demande : « Je voudrais me faire baptiser. » Celui qui la formule se trouve un peu « Je voudrais me comme Abraham, devant une route faire baptiser » — une aventure ! — dont il ignore où elle le mènera. Celui qui la reçoit sait aussi que, comme pour Abraham, cette décision est déjà l’aboutissement d’un cheminement spirituel. Peu à peu, l’homme ou la femme qui a entrepris cette démarche saisit qu’il s’agit d’engager tout son être sur une nouvelle voie à la suite du Christ. L’initiation chrétienne lui permet de découvrir ce que cela signifie : se convertir au Dieu de Jésus Christ, écouter sa Parole, participer à la liturgie de la communauté chrétienne et aux prières, mettre progressivement ses dons au service des autres. Et précisément parce qu’il s’agit d’une conversion de toute la vie, l’Église veut respecter les personnes et mettre tout en œuvre pour garantir leur liberté de choix. 8
L’entrée dans la famille de Dieu qu’est l’Église se fait de manière progressive et ajustée aux possibilités de chacun. La durée convenable est de deux années mais ira au moins d’une fête de Pâques à l’autre. Les candidats de tradition juive ou musulmane sont particulièrement respectés dans leur cheminement : l’Église catholique veut exclure toute forme de prosélytisme à leur endroit. Pour les chrétiens orthodoxes, anglicans ou protestants, le document B.E.M. (Baptême – Eucharistie – Ministères), L’Église cathodu Conseil œcuménique des Eglises lique veut exclure (1983) reconnaissant la validité du toute forme baptême donné dans toutes les de prosélytisme Eglises chrétiennes, a été entériné par l’Église catholique. Dès lors, on proposera à ces chrétiens un chemin d’initiation à la pleine communion par les sacrements de confirmation et d’eucharistie. L’intégration du futur catéchumène évolue normalement de la rencontre de deux personnes à la mise en route d’un petit groupe d’accompagnement appelé « groupe catéchuménal ». Les parrains et marraines auront aussi un rôle important à jouer auprès des catéchumènes tout comme la communauté chrétienne disposée à les accueillir.
Comment s’organise le catéchuménat des adultes ? Les évêques auxquels « est confié le baptême des adultes et le soin d’y préparer les catéchumènes » (Rituel de l’Initiation chrétienne des adultes, p. 15 § 12) disposent d’un service 9
du catéchuménat. Ce service est chargé d’animer et de promouvoir tout ce qui concerne l’initiation chrétienne des adultes. Le champ d’action d’un tel service est vaste et pourtant extrêmement concret. D’une part, il est chargé de faire connaître à tous, sans distinction aucune, la possibilité de devenir chrétien et de recevoir le baptême à tout âge. Vient ensuite le La possibilité travail d’accueil et d’accompagne- de recevoir ment qu’il faut préparer puis organi- le baptême ser sur le terrain : réflexion sur le sens à tout âge de la démarche de celui qui demande le baptême et la réponse à lui apporter, mise en place d’une structure d’accompagnement. Les aspects « enseignement » autant que « soutien » incombent donc à ce service. Ce service doit encore veiller à ce que la pastorale propre aux catéchumènes et aux néophytes s’inscrive dans une pastorale plus large : elle doit s’articuler avec les pastorales des malades, des jeunes, des familles, des paroisses… dans un esprit de communion. Ainsi, le catéchuménat des adultes prend place peu à peu dans la pastorale ordinaire et la nomination d’une personne relais dans chaque unité pastorale est un premier pas dans cette direction.
Chap itre
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Parcours catéchuménal
L’accueil L’accueil d’une personne qui se risque à demander le baptême — après avoir sans doute hésité longtemps et remis de jour en jour le moment de frapper à la porte de l’Église — doit être pris très au sérieux. Il importe d’être chaleureux et à l’écoute de ce qui se dit au-delà des formulations hésitantes ou maladroites du genre : « Je voudrais bien me baptiser parce que je me marie l’année prochaine, et j’aimerais que ce soit à l’église. » Souvent, l’adulte qui demande le baptême n’a d’autre référence que la pratique courante du baptême des bébés et s’étonne du « parcours du combattant » qui lui est proposé. Il faudra l’aider à comprendre que le petit enfant, baptisé dans la foi de ses parents, sera catéchisé tout au long de sa croissance humaine et chrétienne. Quant à l’adulte, le respect de sa liberté exige qu’il mesure les enjeux de son choix et soit progressivement initié à la foi qu’il recevra dans les sacrements de Pâques. 11
Témoignage Un jeune chrétien, 37 ans, père de trois enfants, quelques semaines après son baptême à Pâques 2002, témoigne. Vous dire ce que j’ai ressenti et découvert autour de moi me fait grand plaisir. Je me rends compte qu’être chrétien est une force et quand on peut la partager, c’est formidable ! Le temps du catéchuménat m’a donné une autre vue sur moi-même, un regard plus intérieur. L’Appel décisif m’a apporté une reconnaissance du monde chrétien qui m’ouvre ses portes et me tend la main, que ce soient les anonymes du jour ou les sœurs et les prêtres. Au moment des scrutins, j’ai pu découvrir une nouvelle communauté qui se trouve à ma porte. Baptême, confirmation, eucharistie… Quel grand jour ! Quel stress, mais quel bonheur ! Je me suis adressé à ma nouvelle communauté en disant : « Aujourd’hui est un grand jour pour moi et j’ai envie de crier ma joie de croire en Dieu et en Jésus Christ, notre Sauveur. » Et maintenant, quand je regarderai une église, je ne verrai plus simplement quatre murs et un clocher, mais j’y verrai un cœur qui bat.
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Le cheminement en catéchuménat devrait amener le candidat de « Je voudrais être baptisé « à « Je voudrais devenir chrétien ». Cette demande, alors, porte sur la vie à laquelle le baptême introduit : mieux connaître Dieu, vivre comme les chrétiens, être baptisé, communier, être confirmé.
On insistera donc sur l’importance du temps à donner pour « mûrir le propos. » C’est le Seigneur qui est à l’origine de la démarche entreprise, Il désire entrer en relation avec celui qui répond à ses appels, mais Il respecte le cheminement de chacun. Les acteurs du catéchuménat également.
Les étapes liturgiques du parcours catéchuménal L’Entrée en catéchuménat Après un certain temps de cheminement (appelé pré-catéchuménat) où le désir de devenir chrétien s’est confirmé, l’Église accueille le nouveau venu en le marquant du signe de la croix et en lui remettant le livre de la Parole de Dieu (Bible). Il est désormais considéré comme membre de l’Église. Il devient chrétien-catéchumène.
L’Appel décisif La célébration de l’Appel décisif est présidée par l’évêque au cours de l’assemblée dominicale réunissant tous les catéchumènes adultes du diocèse et leurs accompagnateurs, parrains, marraines, parents, proches… 13
Renonciation au mal Désireux de renoncer au mal et à tout ce qui y conduit, nous nous engageons à essayer de poursuivre le chemin de la générosité et de l’ouverture aux autres. Nous nous engageons à essayer de redécouvrir sans cesse avec nos enfants les joies de la vie, la beauté, la vérité, l’amitié. Nous nous engageons à essayer d’être pour nos enfants des signes de fidélité et d’amour à la suite de Jésus Christ.
Les « appelés » sont interrogés et invités à exprimer publiquement leur désir d’être initiés par les sacrements de Pâques. L’évêque les invite alors à inscrire leur nom sur le registre des catéchumènes et les appelle officiellement à recevoir à Pâques — chacun dans sa communauté — les sacrements de baptême, de confirmation et d’eucharistie. Les parrains et marraines sont, eux aussi, encouragés dans leur propos de continuer à soutenir la foi de leurs filleuls.
Les sacrements de l’initiation chrétienne L’ultime préparation durant le Carême baptismal Le Carême baptismal est un temps particulièrement fort d’initiation jalonné de célébrations courtes mais significatives. L’expérience montre leur pertinence et leur richesse.
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Les traditions Transmettre… Le mot vient du latin traditio qui signifie « transmission » et qui désigne l’acte de remettre à d’autres les deux expressions les plus fondamentales de la foi. Dans l’Église ancienne, les communautés chrétiennes remettaient aux adultes catéchumènes deux textes qui contenaient le cœur de la foi, le « Je crois en Dieu » et le « Notre Père », car la foi ne se développe pas sans une relation intime avec Dieu, c’est-à-dire sans la prière. La tradition est un acte de confiance de la communauté ecclésiale envers des personnes qu’elle se prépare à accueillir. Un lien est ainsi établi : « Je sais en qui j’ai mis ma confiance, et j’ai la conviction qu’il est assez puissant pour garder mon dépôt jusqu’au jour « de son retour » (2 Timothée 1, 12). La transmission, avant d’être un procédé humain de communication, est donc un acte de foi dans l’Esprit qui accompagne la vie de la communauté. Les symboles de la foi… « Symbole » vient d’un verbe grec qui signifie « jeter ensemble » et renvoie à une pratique courante dans l’antiquité : pour sceller une alliance entre partenaires, on brisait une poterie en autant de morceaux que d’associés ; chacun en recevait un morceau qui pouvait servir ultérieurement de signe de reconnaissance permettant d’authentifier un représentant éventuel. Qualifier le Credo de « symbole » de la foi, c’est en souligner la fonction identitaire : sont chrétiens ceux qui tiennent ensemble ces affirmations concernant Dieu le Père, Jésus de Nazareth reconnu comme Christ et Fils de Dieu, l’Esprit Saint qui unit l’un à l’autre.
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Aujourd’hui, le mot symbole, du latin « signe de reconnaissance » a pris une autre signification : nous en avons atténué le sens, un don symbolique évoque un cadeau minime ! Pour les anciens, le symbole désignait tout au contraire deux réalités différentes, l’une qui appartient au monde visible, l’autre qui échappe aux limites habituelles. Une violette peut évoquer un grand amour : le symbole est une réalité plus forte, plus grande que ce qu’on en dit ou en voit. Autrefois, le terme était équivalent à « mystère » (ce qui nous entraîne toujours plus loin) et à « sacrement » (les gestes du Christ qui font le chrétien). Tout naturellement donc, les formules de la foi furent appelées des symboles parce qu’elles ne disent pas tout (ce ne sont pas des résumés de la foi), mais ce qui est dit est relié à toute la foi. L’essentiel proclamé appelle les développements qui en disent la richesse (voir Jean 21, 35). Le Credo confessé ici et maintenant renvoie à la foi des Eglises qui ont précédé comme à celles qui vivent aujourd’hui, partout dans le monde, la même relation au Christ. La communion s’exprime par le symbole. La communauté qui récite le Credo symbolise son désir de conversion et de fidélité. … et les restituer Aux origines de l’Église, peu de gens savaient lire et écrire, cette transmission se faisait donc oralement. Et avant leur baptême, les catéchumènes « restituaient » (en latin : redditio) la foi. C’est-à-dire qu’ils proclamaient devant la communauté ce « Je crois en Dieu » et ce « Notre Père » qui leur avaient été transmis. Ainsi, ce qui leur avait été confié — transmis —, les catéchumènes l’avaient fait leur, ils l’avaient pris en eux-mêmes. Alors, ils pouvaient être admis au baptême.
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Les lectures des grandes pages de l’évangile de Jean — la Samaritaine, l’aveugle-né et la résurrection de Lazare — servent de portique à la célébration des scrutins au cours de laquelle chaque catéchumène est invité à « scruter » (ce qui signifie « chercher à découvrir ») l’amour miséricordieux du Seigneur qui veut le purifier. Les scrutins se célèbrent après l’homélie des 3e, 4e et 5e dimanches de Carême. Il s’agit de courtes mais intenses célébrations Les dimanches où le prêtre prie le Seigneur de venir de Carême libérer de tout mal celui qui se prépare au baptême. Une imposition des mains et une oraison achèvent le rite. Enfin, au cours d’une célébration dominicale, on procède aux cinq rites suivants. • LA TRADITION DU SYMBOLE DE LA FOI DES APÔTRES : le célébrant et l’assemblée proclament le « Je crois en Dieu… » que les catéchumènes reçoivent en silence. • LA REDDITION DU CREDO : le samedi saint, ou lors d’une célébration du Carême, le catéchumène proclamera seul son « Je crois en Dieu » au milieu de l’assemblée. • LA TRADITION DU NOTRE PÈRE (la prière du chrétien reçue du Christ en personne) se fera de la même manière, mais c’est après être baptisé et confirmé que le jeune chrétien fera la reddition du Notre Père, et cette fois en le priant avec toute l’assemblée au cours de la Vigile pascale dans laquelle il a été initié. • L’ONCTION D’HUILE DES CATÉCHUMÈNES : associée au don de force dont le catéchumène a besoin pour mener son combat spirituel, l’onction sera proposée lors d’une prière 17
Profession de Foi Nous croyons en Dieu, le Père de tous les hommes. Nous croyons qu’il a fait le monde pour le bonheur et pour la vie. Nous croyons en Jésus Christ, le Fils de Dieu, qui a vécu parmi nous, qui est mort et qui est ressuscité. Nous croyons en Jésus vivant et présent parmi nous. Nous croyons en l’Esprit Saint qui engage dans l’amour et le service du prochain. Nous croyons que Dieu confie à son Église la mission d’annoncer à tous les hommes l’amour dont il les aime. Nous croyons que le Royaume de Dieu est offert à tous.
du groupe catéchuménal ou de la célébration d’un scrutin. • L’EFFATAH : ce rite, destiné à ouvrir les oreilles du catéchumène à la Bonne Nouvelle et à délier sa langue pour qu’il puisse témoigner de sa foi au Christ, peut être célébré seul ou conjointement aux rites précédents au cours du Carême baptismal. Le prêtre lit l’évangile de la guérison du sourd-muet et prie pour le catéchumène. Au cours de la vigile pascale, les catéchumènes recevront les trois sacrements de l’initiation chrétienne : le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie. Devenus des fidèles du Christ, ils porteront le nom de néophytes, mot dérivé du grec qui signifie « jeune pousse ». Au cours du néophytat, ces nouveaux chrétiens seront épaulés par leurs parrains et marraines et progressivement 18
invités à participer à la vie de l’Église dont ils sont maintenant membres à part entière.
Le contenu catéchétique du parcours catéchuménal Toute la catéchèse doit conduire le catéchumène à communier à la vie du Christ qui mène au Père par l’Esprit. C’est l’Église qui catéchise. La profession de foi du catéchumène ira en s’approfondissant jusqu’à devenir explicitement remise totale de soi au Dieu unique et trinitaire dans le baptême, la confirmation et l’eucharistie. Les schémas de parcours catéchuménal ont pour objectif d’initier progressivement le catéchumène à tout le mystère de la foi. Un parcours biblique « intelligent » aide à reconnaître comment le peuple élu a été amené à lire dans les événements de son histoire les traces d’un Dieu partenaire de l’homme, un Dieu qui libère de tous les esclavages et appelle à marcher avec Lui dans la confiance. Cette première approche de l’histoire du peuple élu a pour objet de préparer le catéchumène à reconnaître que Jésus ne tombe pas du ciel comme un aérolithe : le Christ vient accomplir la promesse de réconciliation avec Dieu et refaire l’homme à son image et à sa ressemblance par les sacrements de l’Initiation chrétienne. Dans la catéchèse, il est nécessaire de faire sans cesse un va-et-vient entre la Bible et l’expérience du catéchumène. Au cours de deux années de catéchuménat, il fera progressivement sien le credo de l’Église. (suite page 23) 19
Un Dieu unique et trinitaire Qui est ce Dieu qui a enchanté notre univers en créant des êtres capables d’aimer, des créatures au cœur de poète et aux yeux d’artiste ? Qui donc ne cesse de nous inviter à la fête ? Le premier mot de toute chose est-il néant, solitude, immensité anonyme ou communion d’amour ? Certains pensent que l’univers vient du hasard et qu’il retournera au néant. D’autres disent : tout est Dieu. Dieu n’est pas autre, il est l’ensemble de ce qui existe. Un jour donc, nous retournerons au Grand Tout et ce que nous avions d’unique sera à jamais effacé comme un château de sable à la marée montante. D’autres encore proclament : à l’origine, il y a un Dieu toutpuissant, un seul, absolument seul, « transcendant ». Il a tout créé et gouverne tout. À la source Les chrétiens croient qu’à la source de tout, il y a une communion, un amour, un cœur battant. « Dieu est amour », écrivait saint Jean aux premières communautés. Le divin n’est donc pas solitude éternelle. Que connaîtrait-il de ce qui fait le meilleur de nous-mêmes : ces gestes d’amour, ces paroles de fidélité, ces regards de complicité ? Dieu est un comme l’amour. Il n’est pas solitaire, mais relationnel. Il est « Trinité », mot trouvé après coup pour dire qu’il est dialogue noué de toute éternité, exultation de la communion, joie du partage, depuis toujours et pour toujours. Il est bien un, mais il ne s’agit pas du nombre mathématique. C’est le chiffre de l’unité dans l’amour. Dieu nous a créés par amour et pour l’amour. Le sommet de sa création est cet être capable d’aimer, de se donner et d’ac-
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cueillir. Certes, il n’est pas si facile de réussir l’amour. Rien ne peut cependant enlever de notre cœur cette soif d’aimer et d’être aimé. Le vœu de tout amour Le vœu de tout amour, c’est de devenir un en restant deux. Voilà ce que Dieu vit au cœur de son éternité : l’unité respectueuse de la différence. Le Père aime le Fils ; le Fils aime le Père. Et « s’aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, mais regarder ensemble dans la même direction », dit Antoine de Saint-Exupéry. C’est dans la direction de l’Esprit que le Père et le Fils regardent : ils veulent nous partager ce Souffle de vie pour que nous soyons emportés dans un tourbillon d’amour. L’Esprit nous est donné pour que nous puissions être partie prenante de ce dialogue entre le Père et le Fils. Cette joie divine d’aimer et d’être aimé nous était préparée dès l’aube des temps. C’est l’Esprit qui, en Marie, a fait naître le Fils éternel, pour que retentisse en nos langages terrestres quelque chose du dialogue céleste. C’est encore lui qui, au jour de la Pentecôte, sortit les apôtres de leur torpeur et leur donna l’audace d’aller jusqu’au bout du monde chanter la joyeuse mélodie de l’espérance. Notre divine ressemblance La beauté de la vie humaine tient dans toutes les relations d’amour que nous pouvons tisser. Voilà notre divine ressemblance. L’amour du couple et la tendresse de la famille, la joie de l’amitié et la beauté du plus petit geste d’entraide, tout cela donne à la vie son prix inestimable. Tout cela nous parle de Dieu.
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Dès qu’il y a amour, Dieu est donc rencontré, même s’il n’est pas nommé. Ainsi qu’a pu l’écrire Khalil Gibran dans Le Prophète, « quand tu aimes, ne dis pas : Dieu est dans mon cœur, mais : je suis dans le cœur de Dieu ». C.D.
« La fontaine : le Fils ; le ruisseau : le Saint-Esprit ; la source : le Père sont trois, mais ces trois sont toutes un comme l’eau qui a même goût en ses différentes formes. » Guillaume de Machault, XIVe siècle.
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(suite de la page 19) Il apprendra à prier et à participer aux célébrations liturgiques, découvrira comment vivre en chrétien, participera à la vie d’une communauté chrétienne (paroisse ou autre…) et apprendra à reconnaître les appels de Dieu sur sa vie. Durant le néophytat, le nouveau chrétien approfondira la vie sacramentelle et les charismes reçus pour se mettre au service de tous. Une célébration peut clôturer le temps du néophytat.
Les parcours catéchuménaux L’extrême diversité des catéchumènes — leurs origines sociales et culturelles, leurs vécus… — ne permet pas de concevoir un « outil » unique qui pourrait servir dans tous les cas. Il n’est donc pas possible d’utiliser la même « méthode », le même parcours pour tous. D’autre part, l’accompagnement n’est pas seulement affaire de connaissance : il est demandé beaucoup aux accompagnateurs qui doivent s’investir et exercer leur jugement dans le choix d’un cheminement particulier : le catéchumène dont ils s’occupent est unique et sa démarche demande à être reconnue comme telle. C’est à une personne avec ses attentes, sa sensibilité, sa singularité qu’ils doivent répondre et, face à cette profonde vérité, il n’y a pas de « parcours » — si bien soit-il fait — qui tienne. Les propositions de parcours sont donc à prendre comme des supports utiles, non comme des modèles contraignants.
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L’accompagnement
catéchuménat des adultes concerne non seulement les non-baptisés catéchumènes, mais encore les adultes baptisés enfants qui n’ont jamais reçu la confirmation et l’eucharistie. Ces derniers sont encore appelés « recommençants. » Proposer la foi à des adultes, c’est partager une expérience et ouvrir un chemin plutôt que remplir un programme. « Catéchiser », c’est faire résonner une parole reçue, avec intelligence, solidité, amitié, sans fixer de limites aux échos de cette parole. C’est donc une aventure spirituelle et ecclésiale pour des chrétiens que d’accompagner des hommes et des femmes dans leur initiation chrétienne. Préparer quelqu’un à devenir chrétien et à devenir disciple du Christ, accompagner un adulte qui chemine vers le baptême, la confirmation et l’eucharistie est une mission confiée par l’Église qu’il convient de ne pas sous-estimer.
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« On ne naît pas chrétien, on le devient » Tertullien, IIIe s.
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Accueillir Accueillir ces adultes, leur permettre de devenir chrétiens est un bonheur et un devoir pour l’Église. Ces nouveaux appelés de Dieu méritent toute l’attention de ceux qui sont chargés de les accueillir : reconnaître leurs attentes, faire leur connaissance et leur expliquer avec des mots simples et appropriés la démarche qui leur est proposée. Accueillir, c’est d’abord se déplacer. Voilà qui exige disponibilité matérielle et intellectuelle. L’aspect matériel consiste, bien sûr, Accueillir, à trouver des lieux et dégager du c’est d’abord temps à consacrer à cette charge. se déplacer Mais c’est aussi un état d’esprit : il faut accepter de se laisser déranger. L’accueillant sera donc attentif aux situations, aux comportements, aux valeurs et au langage de l’autre, il veillera à le comprendre et à reconnaître sa démarche. Il devra se décentrer pour offrir une écoute respectueuse : l’homme ou la femme qui a entendu un appel de Dieu vient avec son mystère et sa richesse intérieure ; l’accueillir, c’est accepter qu’il vienne enrichir l’Église. On ne peut asséner à celui qui est en questionnement des réponses toutes prêtes : son aventure est trop personnelle. L’accueil doit être adapté en précisant toujours que la liberté de celui qui est en recherche sera toujours respectée : l’Église se met au service de l’homme en quête de Dieu.
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L’initiation chrétienne, un parcours original La pastorale catéchuménale ELLE EST CENTRÉE SUR LA DÉMARCHE DE CEUX QUI DÉCOUVRENT LA FOI. L’accompagnateur est chargé d’aider à faire éclore la richesse que Dieu a suscitée dans la vie du catéchumène. Cette charge débute par un accueil qui se veut respectueux de celui qui frappe à la porte de l’Église : prendre le temps nécessaire, dans une attitude d’écoute, c’est-à-dire sans imposer de certitudes. ELLE S’APPUIE SUR UNE DÉMARCHE VOLONTAIRE ET LIBRE. Ceux qui entrent dans cette voie répondent librement à un appel du Seigneur. Ils sont motivés pour découvrir la foi chrétienne. Accompagner un catéchumène, c’est donc suivre avec lui un itinéraire qui respecte sa liberté. C’est aussi lui proposer des temps forts qui l’invitent à franchir des seuils décisifs. ELLE PROPOSE UN CHEMINEMENT PROGRESSIF. L’accompagnateur fait route avec le converti. Il l’aide à relire son histoire personnelle à la lumière de la Parole de Dieu. Le catéchumène acquiert des connaissances, mais surtout une nouvelle façon d’être, jusqu’au moment où il pourra vivre sa foi de manière autonome. Un chemin catéchuménal n’est pas sans repères : il a un commencement et une fin. Il y a un avant et un après. ELLE A UNE DIMENSION LARGE. Il s’agit de permettre au catéchumène de tisser des liens avec d’autres chrétiens, de vivre une expérience de fraternité, d’entrer dans le mystère de l’Église, notamment par les sacrements et la vie qui en découle. 26
Cette pastorale a nécessairement une dimension diocésaine. Le Code de droit canonique souligne que l’initiation chrétienne des adultes relève de l’évêque : c’est lui qui est le premier responsable du catéchuménat.
Les quatre pôles de l’initiation chrétienne Le début dans la foi des catéchumènes se fait donc sur le mode de l’initiation chrétienne qui met en jeu quatre dimensions essentielles et indissociables : • LA CONVERSION DE VIE SELON L’ÉVANGILE : apprendre à devenir disciple de Jésus. Le catéchumène, vivement intéressé par la rencontre de Dieu, par la connaissance du message et la personne de Jésus, reconnaît dans sa vie un « avant » et un « après » par rapport au commencement de sa démarche.
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Il accepte alors de faire des changements dans sa vie à la suite du Christ. • LA CATÉCHÈSE par la découverte progressive de la Parole de Dieu et par l’expérience de l’Église pour permettre au catéchumène de professer sa foi. Non seulement la catéchèse initie à la Bible, mais elle met également en résonance la Parole de Dieu avec tout ce que le catéchumène porte en lui, son questionnement, ses aspirations, ses résistances… • LA VIE EN ÉGLISE par le partage et le service. Les petits groupes ainsi que les rassemblements de catéchumènes offrent à chacun des occasions de partager sa démarche. Ces rencontres l’aident progressivement à trouver sa place dans la communauté des chrétiens. • LA VIE SACRAMENTELLE, LA PRIÈRE ET LA LITURGIE par les célébrations. La découverte de Dieu, de Sa présence dans la vie et dans les autres invite à vivre des temps privilégiés de relation avec Lui. La prière personnelle tout autant que communautaire nourrissent cette relation et conduisent à l’action de grâce.
Les personnes concernées La mise en route du cheminement catéchuménal L’équipe catéchuménale est un lieu de partage de la Parole de Dieu et en même temps d’expression libre, complémentaire de l’accompagnement personnel par ailleurs indispensable. Elle aide le catéchumène à tisser des liens avec d’autres chrétiens et à s’enraciner peu à peu dans l’Église. 28
L’équipe sera composée de personnes proches du catéchumène et de chrétiens sensibles à la démarche catéchuménale ; ils sont témoins de l’Évangile. Le catéchuménat est-il réservé à quelques spécialistes ? Ce qui précède suscite naturellement une réflexion sur le rôle des chrétiens dans la vie de l’Église et sur l’importance de la pastorale catéchuménale. Une communauté n’est réellement Église que si elle est prête à engendrer de nouveaux membres. C’est bien pour-
Chez les chrétiens baptistes Le baptême, sacrement pour les adultes, est en fait la position de l’Église baptiste qui n’accepte que les baptêmes d’adultes, en général par immersion. Aux yeux des baptistes, en effet, ne peut être baptisé que celui qui est capable de « discerner le Royaume qui vient ». Si l’on ne baptise pas les enfants dès la naissance, ils sont cependant intégrés dans la communauté dès le début et reçoivent une catéchèse biblique. Mais pour devenir chrétien, il faudra que, devenus adultes, ils acquiescent. Ce sacrement célèbre la grâce, mais ne la communique pas : c’est l’attitude intérieure qui fait le chrétien et non le baptême. Paradoxalement, pour les baptistes, le baptême est donc une question un peu seconde et ne joue pas le même rôle que dans l’Église catholique où il constitue l’identité chrétienne.
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quoi le catéchuménat constitue une réalité absolument vitale pour l’avenir de l’Église. Le concile Vatican II le rappelle avec force : « Le peuple de Dieu, représenté par l’Église locale, doit comprendre et manifester sans cesse que l’initiation des adultes est vitale pour lui et dépend de la responsabilité de tout baptisé » (Ad Gentes, no 14). Voilà pourquoi l’action catéchuménale relève de l’évêque.
Toute communauté chrétienne se doit d’être accueillante aux nouveaux venus à la foi et à toute l’originalité dont ils sont porteurs, même si cela bouscule quelques habitudes.
Profil d’un accompagnateur Il n’est pas le parrain ou la marraine. Son rôle est spécifique et sous-tendu par la volonté de participer à la vie du catéchuménat, aux rencontres, formations, relectures de l’accompagnement… L’accompagnateur est donc d’abord disponible. Son rôle est de faire résonner l’Évangile dans la vie quotidienne du catéchumène : il sera le lien entre ce dernier et la communauté ecclésiale à laquelle il appartient ; il est celui qui introduit le nouvel arrivant. Son sens de l’accueil, son attitude d’écoute seront déterminants pour conduire un cheminement dans la confiance et la liberté.
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Mais ce bout de chemin que l’accompagnateur va mener avec le catéchumène n’est pas sans retour, ni sans questionnement : il faut, pour arriver à bon port, une expérience confirmée de la foi qui a traversé doutes et obscurité.
Chap itre
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Catéchumènes et communautés chrétiennes
Préalable : nourrir en communauté une foi catéchuménale Scepticisme et résistances Malgré sa remise à l’honneur par le concile Vatican II, le catéchuménat fait encore figure dans certains diocèses de catéchèse marginale et secondaire. Au lieu de percevoir dans l’initiation catéchuménale un enjeu pour les hommes et les femmes de ce La catéchèse des monde, une tendance ecclésiale con- adultes est une siste encore parfois à ne voir dans le pastorale parmi catéchuménat qu’une catéchèse de toutes les autres. rattrapage, une catéchèse minoritaire, entendez « non prioritaire. » À cela s’ajoutent des peurs plus ou moins reconnues, plus ou moins fondées, dont celle, par exemple, que le catéchuménat crée une brèche dans le modèle catéchétique principal en vigueur encore très orienté, au moins en pratique, vers la catéchèse des enfants. Ce manque de foi dans le défi que le catéchuménat représente pour l’Église n’est pas sans conséquences. Ainsi, à trop consi32
dérer le catéchuménat sous l’angle de sa « représentation statistique », on en vient à ne plus faire connaître assez largement la possibilité d’un cheminement catéchuménal. De là à s’étonner que peu de candidats se présentent, il n’y a qu’un pas à franchir. Et la boucle est bouclée, cercle vicieux qui confirme d’aucuns du peu d’importance du catéchuménat.
Informer davantage Il est à relever que dans les diocèses où est menée une politique qui « investit » dans une pastorale catéchuménale, plus nombreux sont les hommes et les femmes qui manifestent leur intérêt à vivre ce parcours d’initiation. Dès qu’il y a, dans un lieu, quelqu’un qui a une attention particulière pour le ca- Une tâche d’intéchuménat, des demandes arrivent, formation est confirme un membre d’équipe dio- encore à réaliser césaine. « L’expression des demandes et les premiers contacts seront d’autant plus aisés que la structure et les modalités concrètes du catéchuménat seront connues dans la communauté chrétienne comme dans la société toute entière. Une tâche d’information est encore à réaliser à cet égard. Il importe grandement que le catéchuménat en tant qu’institution du « devenir chrétien » sorte de la confidentialité […] et se fasse connaître dans le champ de la communication sociale. »
Du groupe catéchuménal à l’insertion ecclésiale… Pour le catéchumène, le groupe catéchuménal a constitué au fil des semaines et des mois une sorte de cellule matricielle 33
chaleureuse. Dans ce lieu se sont tissés progressivement des rapports de confiance et de proximité. Le catéchumène a pu y avancer à son rythme, être entendu dans ses questions, bénéficier d’un suivi personnel rapproché. À sa façon, cette cellule à taille humaine lui a donné de vivre une première expérience de communion ecclésiale. Mais une cellule catéchuménale n’est pas vouée à se prolonger indéfiniment : une fois rempli le rôle Une transition qui lui était assigné, elle n’a plus de délicate raison d’être. Le groupe, en tant que cellule catéchuménale, se dissout et prend formellement fin. Il importe qu’accompagnateurs et catéchumènes aient été au préalable au clair sur cet « engagement à durée déterminée ». Certes, ce n’est pas parce qu’un terme est mis à l’existence du petit groupe catéchuménal qu’il faut le vivre sans ménagement ni transition. Les réalités humaines et pastorales diraient plutôt le contraire. Mais un moment vient où il est juste et nécessaire que des relais se prennent. Les accompagnateurs sont parfois frustrés que les nouveaux baptisés ne soient pas assez spontanément et rapidement « d’Église. » L’initiation chrétienne leur a offert une Église ajustée : accompagnement, petits groupes, étapes liturgiques. Quand cela s’arrête, les néophytes n’arrivent pas toujours à emboîter le pas à la « grande Église », souvent très différente de l’Église des commencements à laquelle ils ont goûté. D’une cellule familière à une communauté ecclésiale plus large, le passage est loin d’être évident. Certains réveils peuvent même être très durs. Tant du point de vue des catéchumènes que de celui des communautés chrétiennes, une préparation s’impose. 34
La « grande Église », souvent très différente de l’Église des commencements à laquelle le catéchumène a goûté
Préparer les catéchumènes à se trouver une communauté d’appartenance Si l’initiation catéchuménale est une entrée progressive dans le mystère de la foi, c’est aussi une introduction à la réalité de la communauté chrétienne sous ses divers aspects. Aussi importe-t-il que « le cheminement catéchuménal mette progressi- Initier signifie vement en contact le catéchumène, littéralement non seulement avec les paroisses, « pénétrer dans » mais aussi avec l’ensemble du tissu vivant et diversifié de la communauté chrétienne (communautés particulières, mouvements, associations, etc.) tant au niveau local que diocésain. » Cette ouverture progressive à 35
une Église plurielle est un gage de greffe réussie entre catéchumènes, néophytes et Église. Trouver un lieu d’insertion ecclésiale est un défi qui s’anticipe. Encore faut-il qu’il soit possible à chacun de trouver concrètement sa place dans une communauté ecclésiale !
Les catéchumènes : une chance pour la communauté L’arrivée d’un nouvel enfant est un événement heureux pour une famille. De même, l’accueil d’un catéchumène ou d’un nouveau baptisé est une chance pour une communauté. Il est source de sang neuf et, pour chaque chrétien, occasion de raviver, de revivifier son Baptême. Mais il peut aussi déstabiliser, voire déranger des communautés quelquefois tellement absorbées dans une pastorale autocentrée qu’elles en viennent à méconnaître leur dimension missionnaire. Le catéchumène risque alors de faire figure d’oiseau rare et l’accueil des nouveaux devient pierre d’achoppement. Selon certains, la difficulté qu’ont des communautés, notamment paroissiales, à « incorporer » les néophytes serait le symptôme d’un enjeu plus large : un « ronron » identitaire frileux n’empêche-t-il pas parfois l’Église de se laisser interpeller et renouveler par la vitalité et les questions qu’apportent ces nouveaux baptisés ? En définitive, n’est-ce pas la difficulté de faire Église autrement qui transparaît ? La question n’est pas de justifier l’Église, lieu de toute façon incontournable de la vie chrétienne, mais de se demander : « L’Église : comment ? » Osons imaginer une « Église allégée » qui ne tire pas tout de suite de son sac patrimonial ses habitudes, ses principes, son orga36
nisation, ses problèmes internes. Passons d’une « Église globale » qu’on rejoint à une « Église ecclésiale » qui rejoint.
Pistes pour un accueil heureux des catéchumènes et néophytes Toute la communauté est concernée Par l’entrée en catéchuménat, les catéchumènes sont déjà membres de l’Église. Il importe d’informer clairement et régulièrement la communauté locale de ce qui se passe. Qu’une « large pu- Accueillir blicité » de la démarche catéchuménale soit assurée : une communauté « concernée » sera mieux à même de donner sa juste place au catéchumène.
Mettre la communauté en mouvement Les étapes vécues par les catéchumènes peuvent être sources d’inspiration ou de remise en route pour les chrétiens. Ainsi, par exemple, le Carême baptismal est pour tous une occasion Accepter de se rede vivre autrement le Carême. De mettre en question même, quand le Credo est confié aux catéchumènes, c’est la communauté tout entière qui est invitée à s’interroger : « Que faisons-nous de notre Credo ? »
Mettre la communauté en responsabilité Dans les rites et étapes que vivent les catéchumènes, il y a une puissance d’accueil formidable. C’est le rôle et la responsabilité des pasteurs d’en tirer le meilleur parti. Ainsi 37
par exemple la célébration de l’entrée en catéchuménat peut-elle être l’occasion d’inviter les membres de l’assemblée qui le souhaitent à témoigner, par une signature dans un registre des catéchumènes, de leur désir de soutenir les catéchumènes dans la démarche entreprise. L’expérience a montré que les gens peuvent être touchés par de tels gestes. De plus, Participer cela crée au fil des années une mémoire communautaire. Par ailleurs, si la communauté locale veille à être un lieu où le catéchumène peut non seulement vivre mais aussi agir, à son rythme et à la mesure de ses dons, elle l’aidera à grandir dans la conscience de son appartenance ecclésiale.
Rôle des parrain et marraine Le parrain ou la marraine ont mission d’être tout particulièrement attentifs à favoriser ce lien entre le catéchumène et la communauté. Leur rôle de passeurs, de traits d’union est essentiel. Des passeurs Les parrain et marraine prennent le relais de ce que, dans une certaine mesure, la cellule d’accompagnement a cherché à initier : une insertion progressive dans les réalités ecclésiales.
Des expériences pilotes Les tentatives d’intégration des nouveaux baptisés dans les communautés locales ont plus d’une fois montré leurs limites. Un réalisme ecclésial concret force à reconnaître que toutes les communautés, paroissiales ou autres, ne sont pas également ouvertes à la jeune foi des nouveaux baptisés. 38
Pour y remédier, certaines initiatives ont vu le jour, dont la proposition de rencontres et célébrations orientées principalement, mais non exclusivement, vers ces nouveaux baptisés. Il ne L’intégration ecs’agit pas de « faire Église à part » — clésiale demeure même s’il faut prendre garde à ce un réel défi risque —, mais d’aider les néophytes à trouver des lieux qui les rejoignent davantage dans leurs besoins. Lieux de partage de vie et de célébration, ces assemblées pourraient devenir de nouveaux pôles attractifs du « faire Église ». Ces surgissements ne s’affichent pas en solution miracle, mais ils ont le mérite de mettre en évidence le défi que représente l’accueil ecclésial des catéchumènes et nouveaux baptisés. Grâce à ces derniers, des communautés chrétiennes peuvent se découvrir ou se redécouvrir « laboratoires » du travail de l’Esprit.
Un chrétien seul est un chrétien en voie de disparition. Cardinal Danneels
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En guise d’ouverture par Charles Delhez Une Église plus interpellante Certains, aujourd’hui, plaident pour un baptême différé au seuil de l’âge adulte. Ils estiment notamment que « l’Église du baptême des adultes » (Jean Delumeau) sera davantage interpellante pour tous ceux qui, aujourd’hui, la considèrent uniquement comme une institution sociale d’un autre âge. Elle pourra apporter à notre temps un « supplément d’âme » et être accueillante à toute personne en recherche de sens. Cela suppose, comme le faisait déjà remarquer le P. Moingt (La transmission de la foi, Fayard, 1976), que l’Église se caractérise par des structures communautaires et que les fidèles aient conscience d’appartenir à des groupes cohérents, fraternels, bien vivants, dont ils se sentent solidairement responsables. Et ce baptême des adultes a l’avantage d’être reconnu par toutes les Églises chrétiennes, notamment celles qui depuis bientôt cinq cents ans ne baptisent que ceux qui sont capables de confesser leur foi. Au IIe siècle,Tertullien disait déjà : « Qu’ils deviennent chrétiens quand ils seront capables de connaître le Christ » (De Baptismo 18, 1-3).
Annexes
Les recommençants Certaines personnes ont eu naguère une relation avec le christianisme mais, par la suite, ont pris des distances par rapport à leur baptême, à la pratique religieuse, voire même aux affirmations évangéliques. Après plusieurs décennies parfois, ils souhaitent revisiter des terres jadis plus ou moins familières. Ils désirent, selon leur formule courante, « reprendre les choses » par le début, « recommencer », prendre un nouveau départ sur le chemin de l’Evangile et de l’Eglise. Ils arrivent aux portes des communautés, riches d’un passé qu’ils ne veulent pas renier… Ces recommençants — ainsi les nomme-t-on — ne sont pas des mal-croyants ou des peu-croyants, mais des chrétiens qui veulent croire d’une nouvelle manière. Ils appellent l’Église à « se désinstaller », à sortir sur le seuil.
Une dette à honorer « Nous avons une dette, en effet, à l’égard des baptisés, très nombreux, qui se sont éloignés de la pratique liturgique ou de la foi chrétienne elle-même. Un certain nombre, 41
bien entendu, s’en sont écartés par ignorance, par négligence ou par conformisme. Mais beaucoup aussi ont pris distance à l’égard de l’Église, lassés par un christianisme qu’on leur présentait, qui ne les faisait plus vivre et dont ils ont dû se libérer pour grandir en humanité. » En vertu de la dignité et de la solidarité baptismales, tous gardent un droit inaliénable de parole au sein de l’Église. Avec eux, il nous faut construire des espaces d’échange et, disons-le, de pardon où, ensemble, nous pourrons redécouvrir la fraîcheur de la Bonne Nouvelle au-delà des obstacles qui se sont accumulés pour l’assombrir et l’en détourner. Pour nous et pour tous ceux qui seraient disposés à entamer un parcours de recommencement dans la foi, il faudrait, comme l’écrivait récemment un évêque émérite espagnol, Mgr Rafaël Sanus Abad, « alléger le bagage intellectuel et historique de l’Église en le déchargeant de nombreuses traditions, normes, fausses sécurités, théologies caduques et bureaucratisation excessive ». » Dans le concret, le catéchuménat et les espaces de recommencement dans la foi existent déjà mais, embryonnaires, ils relèvent encore d’une pratique d’exception ou de rattrapage. Aussi le défi qui se pose à nous est, au contraire, de faire du catéchuménat et du recommencement dans la foi une catéchèse ordinaire, habituelle et coutumière » (André FOSSION, « Vers des communautés catéchisées et catéchisantes », dans Chemins d’Évangile).
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Fausses pistes La formule « Hors de l’Église, pas de salut » a fait des dégâts. Prononcée par saint Cyprien, au milieu du IIIe siècle, elle visait tous ceux qui après avoir reçu le baptême se coupaient de l’Église-mère à cause des schismes ou des hérésies. En 1442, le pape Eugène IV utilisait le fameux adage pour affirmer que personne hors de l’Église catholique (et donc sans la grâce du baptême) n’aurait la vie éternelle. On invitait donc les parents à faire baptiser rapidement les enfants par peur des « limbes ». On a peut-être trop cru que Dieu était prisonnier des sacrements. Aujourd’hui, on a mieux compris comment Dieu se lie par les sacrements tout en restant libre de donner son amour par les chemins qu’il entend. Une phrase de l’évangile de Jean a sans doute également induit en erreur : « Nul, s’il ne naît de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3, 5). Il ne s’agit pas d’abord du baptême, mais du don de l’Esprit, comme le signale d’ailleurs une note de la dernière édition de la Bible de Jérusalem. L’eau en est le signe.
« En vertu de l’unique baptême et de la même foi, tous ont la même dignité… Le signe de la croix fait des rois de tous ceux qui sont renés dans le Christ, et l’onction de l’Esprit les fait tous prêtres. » Saint Léon le Grand
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Le baptême des adolescents (12-18 ans) et des enfants en âge scolaire (7-12 ans) L’Église catholique souhaite proposer le baptême à tous et à tout âge, qu’il s’agisse de tout-petits, d’enfants, d’adolescents ou d’adultes. Trois rituels existent, différents selon l’âge : - le rituel du baptême des petits enfants (bébés) ; - le rituel du baptême des enfants en âge de scolarité primaire ; - le rituel de l’initiation chrétienne des adultes. Tout comme pour l’adulte et l’adolescent, le baptême des enfants en âge scolaire prévoit aussi plusieurs étapes : - 1re étape : accueil par l’Église de la demande de baptême ; - 2e étape : entrée en catéchuménat. L’enfant ou le jeune est marqué du signe de la croix ; le livre des Évangiles lui est remis ; - 3e étape : démarche pénitentielle ; - 4e étape : célébration du baptême et de l’eucharistie à Pâques, la confirmation étant généralement vécue à l’adolescence. Actuellement, pour accompagner l’enfant ou l’adolescent dans sa découverte progressive du Christ et de l’Église, bon nombre de parcours — souvent constitués de fiches à découvrir en petites équipes — sont également disponibles.
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Le Chemin néo-catéchuménal (Ces propos mesurés sur le néo-catéchuménat émanent d’Henri Bourgeois, ancien doyen de la Catho de Lyon et longtemps responsable du catéchuménat de ce diocèse. Ils sont extraits de Mission de l’Église, no 127, avril 2000.) Le « Chemin néo-catéchuménal » (NC), fondé à Madrid en 1964 par Kiko Argüello et Carmen Hernandez, puis transféré à Rome en 1968, a eu le mérite de percevoir que des chrétiens, qui étaient non seulement non pratiquants mais loin de l’Église et même de la foi, attendaient une pastorale adaptée à ce qu’ils étaient. D’où l’idée de leur faire vivre le parcours catéchuménal quand bien même ils étaient déjà baptisés. En second lieu, je noterai que le néo-catéchuménat sait bien prendre en compte certains éléments des cultures actuelles. Il met l’accent sur l’expérience spirituelle ; les chants composés par Kiko en style flamenco séduisent. Enfin le « chemin » néo-catéchuménal (ses membres n’aiment pas être qualifiés par le mot « mouvement ») est en principe dirigé par des laïcs, même s’il compte une proportion notable de prêtres qui y ont une grande influence. […] L’initiation chrétienne, telle que la conçoit et la réalise le néo-catéchuménat, a des traits assez étonnants pour qui connaît et pratique le catéchuménat proprement dit ou ce qui commence à se développer en France et même en Italie à propos des « recommencants » : - le ton des catéchèses : accent unilatéral mis sur le péché, dénonciation sans nuances de la société et de la morale ; - l’appel à la soumission et à l’obéissance ; 45
- la minimisation de la raison : l’expérience spirituelle ne la récuse pas a priori ! - la manière de parler des chrétiens qui ne sont pas engagés sur le « chemin » : ils sont considérés en fait comme des « païens. » Une telle formation, qui demande un temps considérable et de plus en plus accru, dure en principe vingt ans. […] Cette forme d’initiation conduit-elle à susciter des croyants libres et lucides ? Tout donne à penser qu’il y a là une réaffirmation du catholicisme, dans la ligne des « cellules paroissiales d’évangélisation » […] En tout cas, la relative adaptation culturelle des méthodes du NC au monde de ce temps s’avère plus apparente que réelle. Le NC intègre, il n’appelle pas à un type personnalisé de foi. […] Henri Bourgeois, ancien doyen de la Catho de Lyon
En France Le nombre de catéchumènes en France est en légère augmentation : 8 945 en 2001, 9 205 en 2002, 9 200 en 2004, 9 364 en 2005. 50 % sont issus d’un milieu chrétien, 24 % se déclarent sans religion, 6 % sont musulmans, 5 % de tradition mixte, 4 % de religions orientales, 1 % du judaïsme et 1 % des sectes. 9 % ne savent pas. Source : Service national du catéchuménat
Pistes de lecture • Luc AERENS (dir.), Les ados-sacrements. Guide pastoral pour l’initiation chrétienne des adolescents, Fidélité, 2000. • Charles DELHEZ, Ces questions sur la foi que tout le monde se pose, Cerf/Racine, 1997. • —, Nouvelles questions sur la foi, préf. de B. Sesboüé, Cerf/Fidélité/Racine, 2001. • André FOSSION, Une nouvelle fois. Vingt chemins pour recommencer à croire, Lumen vitae, 2004. • Roland LACROIX, Revisiter la foi chrétienne, Éd. de l’Atelier, 2002. • SERVICE NATIONAL DU CATÉCHUMÉNAT, Dire la foi des chrétiens, Bayard-Centurion, rééd. 2000. • —, Matins d’Évangile, 2001, 4, avenue Vavin, FR-75006 Paris, tél. : + 33 1 43 54 45 43, fax : + 33 1 40 46 01 72, catechumenat@bapteme.cef.fr. • Pascal THOMAS, Chemin de foi, Éd. de l’Atelier, 1991. • (Collectif), Champ libre pour l’Évangile. L’accompagnement catéchuménal, Lumen vitae, 1993. • Guide pastoral du rituel de l’initiation chrétienne des adultes, Cerf, 2000. • Guide pratique « Accompagner des catéchumènes », Catéchuménat de Lyon, 2003. • Rituel de l’initiation chrétienne des adultes, nouvelle traduction de 1997, Desclée/Mame. • Chercheurs de Dieu. La revue d’accompagnement de l’initiation chrétienne, SNC/Cerf, 4 numéros par an.
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Table des matières Éditorial 1. Introduction 2. Le catéchuménat, c’est quoi ? 3. Parcours catéchuménal 4. L’accompagnement 5. Catéchumènes et communautés chrétiennes Annexes Table des matières
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Ce soixante-deuxième numéro de la collection « Que penser de… ? » a été réalisé par Marie-Jean Gabriel, Isabelle MeeûsMichiels, Danièle Ueberfill, Pierre Ferrière et Gilbert Muytjens.
ADRESSES DE CONTACT DES CATÉCHUMÉNATS FRANCOPHONES • BELGIQUE Jean-Pierre De Meulder, 18, rue Doyen-Adriaens, 1080 Bruxelles ; tél. : 02 411 87 40. • FRANCE André Dupleix, 4, avenue Vavin, 75006 Paris ; tél. : 01 43 54 45 43. • SUISSE Pierre Aenishaenslin, Séminaire diocésain, Chemin CardinalJournet, 1752 Villars-sur-Glâne ; tél. : 026 426 33 43. • CANADA S’adresser à l’archidiocèse de Montréal.
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Ce soixante-deuxième numéro sur le baptême des adultes a été réalisé par Marie-Jean Gabriel, Isabelle Meeüs-Michiels, Danièle Ueberfill, Pierre Ferrière et Gilbert Muytjens.
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Le baptême des adultes
ISBN 2-87356-303-6 Prix TTC : 2,45 €
Éd. resp. : Charles Delhez • 121, rue de l’Invasion • 1340 Ottignies
9 782873 563035
No d’agréation : P401249
Trimestriel • Éditions Fidélité no 62 • 1er trimestre 2005 Dép. : Namur 1 - Agr. P401249
Le baptême des adultes
L
e christianisme est de moins en moins un héritage familial. L’époque de la chrétienté où, chez nous, la société était massivement catholique romaine est révolue. Petit à petit se profile une « Église du baptême des adultes » (Jean Delumeau), comme au temps des origines. Une interpellation pour les communautés chrétiennes. Le chemin vers le baptême des adultes s’appelle catéchuménat. Cette brochure en dessine le parcours concret.