Récit de l'origine by Éditions jésuites

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Bruno Régent, s.j.

Ecouter la Parole

7 jours, 10 paroles

Bruno Régent, jésuite, a animé au Centre Sèvres (Paris) des travaux dirigés de Bible avec Odile Flichy, exégète. Il a notamment publié dans la collection Médiasèvres des commentaires de paraboles (L’énigme des talents et L’énigme des invités aux noces). Directeur des publications ignatiennes Etudes, Christus et Vers dimanche, il écrit régulièrement dans la revue de spiritualité Christus. Il a longtemps travaillé avec la Communauté de Vie chrétienne comme accompagnateur, assistant de région et de congrès nationaux, ainsi qu’à la commission « gouvernance ».

12,00 €

viechretienne.fr

ISBN 978-2-918975-70-0 Code article 520

9 782918 975700

Illustration de couverture : © Dieu peuple l’eau et la terre d’animaux, mosaïque, e e XII -XIII siècle, cathédrale de Monreale (Sicile) | AKG images

Vie chrétienne 520

« Les récits de la création dans le livre de la Genèse contiennent, dans leur langage symbolique et narratif, de profonds enseignements sur l’existence humaine et sur sa réalité historique. Ces récits suggèrent que l’existence humaine repose sur trois relations fondamentales intimement liées : la relation avec Dieu, avec le prochain, et avec la terre. Selon la Bible, les trois relations vitales ont été rompues, non seulement à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur de nous » (Encyclique Laudato si’, juin 2015, § 66). Bruno Régent invite le lecteur à faire en lui la vérité du premier récit de la Création (Genèse 1, 1 – 2, 4), en faisant appel à ses sens et son intelligence. 7 jours à contempler, 10 paroles à entendre profondément, pour goûter et recevoir ce « monde fragile, avec un être humain à qui Dieu en confie le soin, (qui) interpelle notre intelligence pour reconnaître comment nous devrions orienter, cultiver et limiter notre pouvoir » (Laudato si’, § 78). Au fil de la construction du récit, les clés de lecture, les commentaires de l’auteur, les propositions d’exercices personnels et les pistes spirituelles suggéreront des réponses aux questions sur la vie et la mort, sur le sens de l’existence, sur les lois de la vie. Au lecteur de bien vouloir engager son existence dans l’acte de lecture du texte ; il pourra alors s’exclamer avec Dieu : « Que c’est bon ! Que c’est très bon ! »

Récit de l’origine

Bruno Régent, s.j.

Éditions Vie chrétienne

MATIÈRE À EXERCICES

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Récit de l’origine

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Matière à exercices

MATIÈRE À EXERCICES

Un parcours spirituel, non seulement à lire, mais aussi à vivre, seul ou en petits groupes.

ISBN 978-2-918975-70-0 Code article 520 © Éditions Vie chrétienne, 2016 47, rue de la Roquette, 75011 Paris, France www.viechretienne.fr Photo de couverture : © Dieu peuple l’eau et la terre d’animaux, mosaïque, XIIe-XIIIe siècle, cathédrale de Monreale (Sicile), AKG images

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Bruno Régent, s.j.

Récit de l’origine 7 jours, 10 paroles

Dessins de Charles Henin

Nouvelle édition revue et corrigée par l’auteur

Vie chrétienne 47, rue de la Roquette 75011 Paris

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SOMMAIRE Avant-propos ..................................................................................5 Texte biblique du récit de l’origine (1) ............................................9 Texte biblique du récit de l’origine (2)............................................13 Introduction....................................................................................16 Au fil du texte ................................................................................18 Au commencement ........................................................................18 Dieu dit ..........................................................................................25 Un jour, 1re parole : la lumière ......................................................30 Deuxième jour, 2e parole : le ciel ..................................................36 Troisième jour 3e parole : la terre ................................................................................42 4e parole : ce qui pousse sur la terre ..................................................48 Quatrième jour, 5e parole : les luminaires ....................................52 Interlude : Un temps de prière avec le Psaume 19 ........................58 Cinquième jour, 6e parole : les oiseaux et les poissons ................62 Sixième jour 7e parole : les animaux ........................................................................66 8e parole : « Faisons l’homme » ..........................................................70 9e parole : bénédiction et mission ......................................................74 10e parole : la nourriture ....................................................................80 Septième jour et conclusion..........................................................86 Séparation......................................................................................92 Genre littéraire..............................................................................95 La création en sept jours est-elle vraie ? ......................................97 Dieu a-t-il créé le mal ? ................................................................100 En conclusion ..............................................................................102 Épilogue : Psaume 136 ..................................................................106 Postface ........................................................................................111

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AVANT-PROPOS Le récit biblique de la création en sept jours (Gn 1, 1 - 2, 4) — que nous appellerons « récit de l’origine » — a sans doute été écrit peu après le retour d’exil, au ve siècle av. J.-C. C’est dire que ce texte n’est pas le plus ancien de la Bible ; il n’a pas été écrit en premier. Il en est ainsi pour beaucoup de livres : c’est vers la fin de l’acte d’écrire que l’on rédige l’introduction, en fonction du contenu du livre. Celui qui a écrit ce récit et l’a placé comme premier texte de la Bible veut lui faire jouer le rôle d’une introduction : tout n’y est pas dit, mais il ouvre des pistes, pose des repères, des figures, qui vont trouver écho et sens progressivement. Ce n’est pas un texte qui se suﬃt à lui-même : il invite le lecteur à aller plus loin dans le livre. Peut-être qu’en lisant le présent commentaire, le lecteur s’étonnera qu’il soit possible d’y trouver autant de choses et se dira que ce sont des élucubrations, des projections, des interprétations sans fondement. Avant de rendre ferme ce jugement, qu’il accepte de répondre à cette question : le commentaire donné trouve-t-il un écho, un fondement dans la Bible ? Si oui, le statut d’introduction ne permet-il pas ces associations ? L’écriture de ce récit est l’œuvre d’un croyant en un Dieu bon dès l’origine. Il croit que Dieu, en créant, s’est tous les jours réjoui et exclamé : « Que c’est bon, que c’est très bon ! » Il ne cherche pas à répondre à la question du « comment » de la création. Son récit, tel un poème sur le sens de la vie, touche en douceur à des questions sur la vie et la mort, sur le sens de l’existence, sur les lois de la vie.

Chercher pour trouver Enfant, j’ai souvent regardé des dessins représentant des paysages, avec une légende : « Trouver le jardinier ». Il fallait tourner le dessin dans tous

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Récit de l’origine

les sens, regarder les traits autrement, quitter les lignes d’horizon et les feuillages, pour découvrir que ces lignes décrivaient également le jardinier, bien caché. Il en est un peu de même dans la lecture de ce récit. Au premier coup d’œil, le texte parle de la nature, de l’univers et de sa création ; et il donne envie de le comparer à d’autres textes de création de l’univers, en particulier ceux qui furent écrits vers la même époque, à Babylone, en Égypte et en Mésopotamie. Mais en procédant ainsi, le lecteur reste extérieur au texte : il cherche à savoir, à comprendre, mais sans prendre le risque de perdre ses repères, sans engager son existence dans l’acte de lecture du texte. Il ne découvrira jamais le jardinier dans le paysage. Pour découvrir de la vie circulant dans le récit, il importe de quitter ses a priori et un aperçu de surface, de croire que ce texte, mis en début de la Bible, est une introduction à la vie, qu’il est possible d’y trouver de la nourriture en s’engageant dans sa lecture, avec ses questions vitales et son existence. Ce texte est parole de Dieu, parole de création.

Pour qui et pour quoi écrire cet ouvrage ? La présente étude ne veut pas livrer au lecteur des conclusions toutes faites, qui lui éviteraient un engagement personnel. Elle veut l’ouvrir à sa propre lecture de la Bible et en particulier de ce récit de l’origine qui en est l’introduction. Elle n’est qu’une aide à la lecture personnelle et en groupe. Puisque ce texte parle de création, des pistes d’exercice sont proposées pour que le lecteur puisse en tirer profit et recueillir quelques fruits. C’est un travail de lecture de quelques textes de la Bible, réalisé en groupe avec des jeunes professionnels et avec Odile Flichy, exégète, qui est à l’origine de ce travail. L’auteur n’est pas exégète et ce livre n’est pas un livre d’exégèse. Il s’appuie sur des travaux d’exégètes, en particulier ceux du P. Paul Beauchamp à travers son étude magistrale « Création et séparation1 », son livre Psaumes nuit et jour2 et les cassettes audiovisuelles qu’il a enregistrées avec Michel Farin sur le même sujet3.

1. Cerf, 2005. 2. Seuil, 1980. 3. CFRT/AME, 1994-1995.

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Avant-propos

Ce livre cherche à proposer des pistes de lecture spirituelle du récit de l’origine, en communion avec la tradition de l’Église. Il s’adresse à tous ceux qui ont soif d’une foi vivante, en dialogue avec la parole de Dieu dans la Bible. Il est possible de le lire vite, « pour s’en donner une idée ». Mais si l’on veut bien réfléchir à ce que cela signifie, le profit à en attendre est alors faible. Si le récit de l’origine se déploie sur une semaine, c’est une discrète invitation à le goûter par morceaux, jour après jour, parole après parole. D’où le style d’écriture de cet ouvrage. Pour se mettre en route dans le travail, il est nécessaire de lire — et de relire — le texte du récit de l’origine. Le voici tel qu’il se présente dans la Bible de Jérusalem.

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TEXTE BIBLIQUE DU RÉCIT DE L’ORIGINE (1) 1 1Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. 2Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux. 3Dieu dit : « Que la lumière soit » et la lumière fut. 4Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. 5Dieu appela la lumière « jour » et les ténèbres « nuit ». Il y eut un soir et il y eut un matin : un jour. 6Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux » et il en fut ainsi. 7Dieu fit le firmament, qui sépara les eaux qui sont sous le firmament d’avec les eaux qui sont audessus du firmament, 8et Dieu appela le firmament « ciel ». Il y eut un soir et il y eut un matin : deuxième jour. 9Dieu dit : « Que les eaux qui sont sous le ciel s’amassent en une seule masse et qu’apparaisse le continent » et il en fut ainsi. 10Dieu appela le continent « terre » et la masse des eaux « mers », et Dieu vit que cela était bon. 11Dieu dit : « Que la terre verdisse de verdure : des herbes portant semence et des arbres fruitiers donnant sur la terre selon leur espèce des fruits contenant leur semence » et il en fut ainsi. 12La terre produisit de la verdure : des herbes portant semence selon leur espèce, des arbres donnant selon leur espèce des fruits contenant leur semence, et Dieu vit que cela était bon. 13Il y eut un soir et il y eut un matin : troisième jour. 14Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit ; qu’ils servent de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années ; 15qu’ils soient des luminaires au firmament du ciel pour éclairer la terre » et il en fut ainsi. 16Dieu fit les deux luminaires majeurs : le grand luminaire comme commandement du jour et le petit luminaire comme commandement de la nuit, et les étoiles. 17Dieu les plaça au firmament du ciel pour éclairer la terre, 18pour commander au 9

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Texte biblique du récit de l’origine (1)

jour et à la nuit, pour séparer la lumière et les ténèbres, et Dieu vit que cela était bon. 19Il y eut un soir et il y eut un matin, quatrième jour. 20Dieu dit : « Que les eaux grouillent d’un grouillement d’êtres vivants et que les oiseaux volent au-dessus de la terre contre le firmament du ciel » et il en fut ainsi. 21Dieu créa les grands serpents de mer et tous les êtres vivants qui glissent et qui grouillent dans les eaux selon leur espèce, et toute la gent ailée selon son espèce, et Dieu vit que cela était bon. 22Dieu les bénit et dit : « Soyez féconds, multipliez, emplissez l’eau des mers, et que les oiseaux multiplient sur la terre. » 23Il y eut un soir et il y eut un matin : cinquième jour. 24Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce : bestiaux, bestioles ; bêtes sauvages selon leur espèce » et il en fut ainsi. 25Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce et toutes les bestioles du sol selon leur espèce et Dieu vit que cela était bon. 26Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu’ils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre. » 27Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. 28Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. » 29Dieu dit : « Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre nourriture. 30À toutes les bêtes sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui rampe sur la terre et qui est animé de vie, je donne pour nourriture toute la verdure des plantes » et il en fut ainsi. 31Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : sixième jour. 2 1Ainsi furent achevés le ciel et la terre, avec toute leur armée. 2Dieu conclut au septième jour l’ouvrage qu’il avait fait et, au septième jour, il chôma, après tout l’ouvrage qu’il avait fait. 3Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, car il avait chômé après tout son ouvrage de création. 4Telle fut l’histoire du ciel et de la terre quand ils furent créés. ~~~~~~~~~~

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Texte biblique du récit de l’origine (1)

Travail préliminaire

Avant de passer au chapitre suivant, nous vous invitons maintenant à un travail personnel ou en groupe pour affiner votre regard sur le texte. Cela pourra vous sembler très scolaire et modeste quant au profit. Mais il n’y a rien de tel pour entrer dans un texte, s’habituer à son vocabulaire, etc. Le travail que nous vous proposons ici peut prendre une heure, voire plus. Premières approches d’un travail de lecture : • Trouver toutes les répétitions présentes dans le texte : les mots, les groupes de mots qui reviennent plusieurs fois. Ne pas hésiter à utiliser des crayons de couleur pour visualiser ce qui apparaît ainsi. • Établir la liste de tous les verbes dont Dieu est le sujet ; repérer les autres sujets invités à prolonger l’œuvre divine. • Noter les éléments qui sont créés, tout au long du texte. • En dehors d’une division en sept jours, regarder si une autre division serait possible, à partir d’autres éléments structurants. • Faire travailler sa mémoire : à quels textes bibliques une partie du récit vous semble-t-elle pouvoir faire écho ? • Noter les points dont le sens reste obscur, les étonnements qui apparaissent, les questions que vous voudriez voir éclaircies.

~~~~~~~~~~~~ Nous vous proposons dans le chapitre suivant une nouvelle présentation du même texte du récit, fruit de ce travail de repérage. Pour mieux faire apparaître la structure, des titres ont été ajoutés dans les marges, en italique et en gras. Cette manière de présenter le texte s’appuie sur le travail des exégètes ; elle est reconnue aujourd’hui comme pertinente pour aider à la compréhension. Même si cette présentation donne le résultat d’un travail de spécialiste, faisant ici l’économie de sa recherche, et peut donner au lecteur l’impression de proposer « la » bonne interprétation, elle ne peut devenir « son interprétation » que s’il a accepté ce travail personnel pour éprouver la résistance du texte et pressentir que ce découpage est possible et fait sens.

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TEXTE BIBLIQUE DU RÉCIT DE L’ORIGINE (2) Introduction

Titre

1 1Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. 2Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux. 1re parole

1er jour

3Dieu dit : « Que la lumière soit » et la lumière fut. 4Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. 5Dieu appela la lumière « jour » et les ténèbres « nuit ». Il y eut un soir et il y eut un matin : un jour. 2e parole

2e jour

6Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux » et il en fut ainsi. 7Dieu fit le firmament, qui sépara les eaux qui sont sous le firmament d’avec les eaux qui sont au-dessus du firmament, 8et Dieu appela le firmament « ciel ». Il y eut un soir et il y eut un matin : deuxième jour. 3e parole

3e jour

9Dieu dit : « Que les eaux qui sont sous le ciel s’amassent en une seule masse et qu’apparaisse le continent » et il en fut ainsi. 10Dieu appela le continent « terre » et la masse des eaux « mers », et Dieu vit que cela était bon. 4e parole 11Dieu dit : « Que la terre verdisse de verdure : des herbes portant 13

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Texte biblique du récit de l’origine (2)

semence et des arbres fruitiers donnant sur la terre selon leur espèce des fruits contenant leur semence » et il en fut ainsi. 12La terre produisit de la verdure : des herbes portant semence selon leur espèce, des arbres donnant selon leur espèce des fruits contenant leur semence, et Dieu vit que cela était bon. 13Il y eut un soir et il y eut un matin : troisième jour. 5e parole

4e jour

14Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit ; qu’ils servent de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années ; 15qu’ils soient des luminaires au firmament du ciel pour éclairer la terre » et il en fut ainsi. 16Dieu fit les deux luminaires majeurs : le grand luminaire comme commandement du jour et le petit luminaire comme commandement de la nuit, et les étoiles. 17Dieu les plaça au firmament du ciel pour éclairer la terre, 18pour commander au jour et à la nuit, pour séparer la lumière et les ténèbres, et Dieu vit que cela était bon. 19Il y eut un soir et il y eut un matin, quatrième jour. 6e parole

5e jour

20Dieu dit : « Que les eaux grouillent d’un grouillement d’êtres vivants et que les oiseaux volent au-dessus de la terre contre le firmament du ciel » et il en fut ainsi. 21Dieu créa les grands serpents de mer et tous les êtres vivants qui glissent et qui grouillent dans les eaux selon leur espèce, et toute la gent ailée selon son espèce, et Dieu vit que cela était bon. 22Dieu les bénit et dit : « Soyez féconds, multipliez, emplissez l’eau des mers, et que les oiseaux multiplient sur la terre. » 23Il y eut un soir et il y eut un matin : cinquième jour. 7e parole

6e jour

24Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce : bestiaux, bestioles, bêtes sauvages selon leur espèce » et il en fut ainsi. 25Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce et toutes les bestioles du sol selon leur espèce et Dieu vit que cela était bon.

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Texte biblique du récit de l’origine (2)

8e parole 26Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu’ils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre. » 27Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. 9e parole 28Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. » 10e parole 29Dieu dit : « Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre nourriture. 30A toutes les bêtes sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui rampe sur la terre et qui est animé de vie, je donne pour nourriture toute la verdure des plantes » et il en fut ainsi. 31Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : sixième jour. Final 2 1Ainsi furent achevés le ciel et la terre, avec toute leur armée. 7e jour 2Dieu conclut au septième jour l’ouvrage qu’il avait fait et, au septième jour, il chôma, après tout l’ouvrage qu’il avait fait. 3Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, car il avait chômé après tout son ouvrage de création. Conclusion 4Telle fut l’histoire du ciel et de la terre quand ils furent créés.

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INTRODUCTION On trouve deux récits de la création au début de la Bible. C’est une indication : il n’y a pas une manière, mais plusieurs manières d’essayer de dire l’origine. Cependant notre texte a été placé en premier ; il a donc une fonction spécifique. Ce texte a été écrit par des hommes, pour dire Dieu, pour risquer une parole sur l’origine : l’origine, c’est-à-dire le principe, la source, plutôt que le début ou le commencement des choses et de la matière. Dieu est un Dieu de vie, il ne peut créer que de la vie et les conditions de la vie. Le récit de la création en sept jours rend compte de la vie à l’origine, autant que l’on puisse aller à sa source.

Deux plans qui se complètent Un premier plan du récit apparaît, s’appuyant sur le rythme bien connu des sept jours : après une introduction ou un titre (v. 1), viennent six jours de création, de longueurs variables, qui finissent tous par « il y eut un soir, il y eut un matin, nième jour ». Vient ensuite le septième jour, dans un rythme différent des six premiers. Enfin la conclusion, qui reprend le contenu du v. 1, marque la fin de notre texte et sa cohérence. Le v. 1 annonçait un programme, et la conclusion (2, 4) dit que ce programme a été rempli. Ce plan a été mis en évidence, au chapitre précédent, en italique gras, dans la partie droite du texte. Dans une telle organisation en sept jours, il y a des emplacements stratégiques naturels, liés au rythme : le premier jour et le dernier (le 7e), mais aussi celui qui est au milieu, le 4e. Il est un deuxième plan, moins repéré habituellement, mais tout aussi net, rythmé par les récurrences de l’expression « Dieu dit ». Le plan devient alors : un titre (ou une introduction, au v. 1), puis dix paroles introduites

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Introduction

par « Dieu dit », et une conclusion un peu développée. Ce plan a été mis en évidence, en italique gras, dans la partie gauche du texte. Dans une organisation en dix paroles, on peut prévoir que la structure interne va se déployer selon deux groupes de cinq paroles (comme pour les dix commandements organisés en deux tables de la loi). Ceci est confirmé par le fait que les cinq dernières paroles ont un contenu cohérent qui concerne les êtres vivants (oiseaux et poissons, bêtes sauvages et animaux, l’homme). Les cinq premières paroles peuvent alors être comprises comme les préalables nécessaires à la venue des êtres vivants. Il est remarquable que ces deux grandes parties de cinq paroles contiennent — à un mot près — le même nombre de mots dans l’hébreu (207 et 206 mots). Ces deux plans ne s’opposent pas ; ils indiquent une construction serrée et voulue, à plusieurs rythmes, un peu comme se superposent et se complètent les rythmes de la semaine et du mois.

L’homme est-il au centre ? Dans ces deux organisations, en sept jours et en dix paroles, la création de l’homme, qui est réalisée dans la deuxième partie du 6e jour et à laquelle se rapportent les paroles 8 à 10, n’est pas au centre du dispositif. On aurait pu penser que celui qui a écrit ce récit voulait dire principalement quelque chose sur l’origine de l’homme, rejoignant l’intérêt de son lecteur. L’homme lecteur est donc invité à se décentrer pour entrer dans une narration dont il n’est pas la pointe. Pour autant, notre texte ne décrit pas un monde qui serait étranger à celui des hommes. Ainsi nous n’avons pas de description du lieu où Dieu habite. Nulle allusion aux anges, aux esprits, nous ne sommes pas dans un imaginaire d’extraterrestres. Tout concerne bien la vie des hommes, leur univers. Le lecteur n’est pas invité, en lisant, à rêver d’un ailleurs, à imaginer l’origine, mais à entendre, à écouter, à recevoir ce que ses sens ne perçoivent pas naturellement. Les prophètes ont souvent accusé les Israélites d’avoir des yeux et de ne pas voir, des oreilles et de ne pas entendre4. Si « les cieux racontent la gloire de Dieu », si la création parle de Dieu, nous pouvons demander la grâce de l’entendre. 4. Is 6, 10, par exemple.

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Introduction

Titre

1 1Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. 2Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux. 18

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Introduction

Titre

Clés de lecture

Au commencement Dieu créa le ciel et la terre : il s’agit d’un commencement absolu. A la différence des mythes babyloniens qui imaginent un temps primordial où les dieux ont une vie propre, avant la création du temps et de l’univers, ici s’affirme la transcendance de Dieu. L’acte créateur est un début absolu, un principe, l’origine. La terre était vide et vague, littéralement était tohu-bohu, c’est-à-dire dans la confusion, sans forme ni repère, impropre à la vie. Le vent de Dieu (ruah, en hébreu), c’est son souffle. Cette expression, que la suite du récit ne précise pas davantage, est parfois traduite par l’« Esprit » de Dieu. Si l’Église a pu lire la présence de l’Esprit déjà là au moment de la création, la ruah de Dieu n’est pas aussi précise. Le vent a quelque chose d’insaisissable, tantôt tempête et tantôt brise légère. Le souffle de Dieu, c’est ce qui sort de sa bouche, son haleine, sa respiration ; il est manifestation de la vie de Dieu. Chaque jour, Dieu va prendre la parole, va dire et bénir. Parler, c’est laisser sortir le souffle, ce qui inspire, en direction d’un autre.

Libres commentaires5

Au commencement, Dieu « Au commencement », nous l’entendons souvent comme « au début du temps ». Sans écarter cette signification, « au commencement » parle aussi du principe, de l’origine. Si vraiment il s’agit de l’origine, il ne peut pas y avoir de représentation, puisque toute image, toute idée découle de l’origine. Dieu, qui est à l’origine, ne peut donc pas être représenté. Il n’est connu que par ses effets, ses créations, ce qui est en dehors de lui. Le texte est étonnamment bref sur Dieu : pas un adjectif pour le décrire, mais seulement des verbes. 5. Dans chacun de ces « libres commentaires », nous essayons de tournoyer au-dessus du texte en espérant peu à peu voir apparaître de la terre ferme, du sens, sur lequel prendre appui.

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Introduction

Titre

L’homme est créé Dès les premiers mots : « Au commencement, Dieu créa », le lecteur peut buter. Il lui est demandé de croire que Dieu créa le ciel et la terre, et donc tout l’univers. Sans que ce soit explicite dès le v. 1, le texte envoie une onde, un signal jusqu’au lecteur : si Dieu a créé le ciel et la terre, il est aussi à l’origine de l’homme, de tout homme et donc de lui, lecteur. Entendre aujourd’hui que « l’homme est créé » est une affirmation qui ne va pas de soi. Le texte l’affirme, mais est-ce recevable, croyable ? Si l’on accepte le fait que l’homme n’est pas sa propre origine mais est d’origine « divine » — non représentable — alors une nouvelle série de questions survient : • Comment dire « je » quand mon origine échappe à toute image ? « Je » est-il sans visage ? • Comment parler de l’homme — de son identité, de son être — sans l’enfermer dans un savoir ou dans un projet, sans idolâtrer telle dimension (sa liberté, son bien-être, etc.)6 ?

Le tohu-bohu Tant qu’il n’y a pas de parole, la terre est vague et vide, les ténèbres couvrent l’abîme. C’est une manière de dire qu’à l’origine, on ne peut même pas discerner l’abîme puisqu’il est caché par les ténèbres, on ne peut rien décrire de la terre sinon le vague et le vide, le « tohu-bohu », l’absence de sens et de forme. C’est une pure désolation, sans rien, ni personne, ni sens. N’est-ce pas une manière de signifier que quelque chose (ou quelqu’un) n’existe que dans et par une parole — « Dieu dit » — venue d’ailleurs ?

Le vent de Dieu tournoie Le vent de Dieu (ou son souffle) tournoie sur les eaux. Il est au moins deux directions vers lesquelles peut se porter le regard : le vent de Dieu est celui qui va souffler sur la mer Rouge, chassant les eaux et permettant aux Hébreux de passer la mer, tandis que l’armée de Pharaon y sera engloutie (Ex 14, 21) ; il est aussi telle une colombe qui plane au-dessus d’une étendue, cherchant un endroit où se poser, se reposer. Cette der6. « Nul ne connaît le fils sinon le Père » (Mt 11, 27).

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ISBN 978-2-918975-70-0 Code article 520

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