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FLUCTUATIONS JOURNALIÈRES, SAISONS ET CHANGEMENT
Climatique
L’importance des fluctuations jour/nuit des températures oblige les abeilles à un constant travail de régulation pour maintenir le couvain dans les intervalles de température et d’hygrométrie convenables pour une nymphose réussie. Ce travail de régulation est identique en été comme en hiver, car si nous pensons spontanément au froid hivernal, nous omettons les conséquences des excès des chaleurs et sécheresses estivales.
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Nos colonies vivent leur cycle de développement en étant sous la dépendance des fluctuations météo et des changements constatés au niveau de notre climat. Peu à peu, l’ensemble de l’Europe du Nord évolue vers un climat de type méditerranéen et c’est le climat du Nord de l’Afrique qui s’impose maintenant sur la façade méditerranéenne de l’Europe. Ce sont des situations nouvelles auxquelles les pratiques apicoles doivent s’adapter.
Pour une meilleure qualité de vie des colonies, il est préférable qu’elles régulent par elles-mêmes la température et l’hygrométrie de leur nid dans un habitacle à l’abri des influences externes.
Les abeilles vivent toute l’année en communauté dans une cavité naturellement protégée, puisqu’elles n’ont pas de moyens pour bâtir leur habitation. C’est ce qu’elles ont toujours fait et elles se sont développées depuis des millions d’années en utilisant le tronc d’arbre creux comme lieu d’habitation privilégié.
Le développement des matériaux isolants et réfléchissants, permet d’envisager des solutions pour mettre les colonies dans des habitacles plus proches de leurs conditions idéales de vie.
TRAVAILLER AVEC LE CLIMAT DE LA RUCHE : UN CHANGEMENT DE PARADIGME
Le microclimat de la ruche
La ruche cylindrique offre une faible surface où les rayons du soleil frappent perpendiculairement.
À l’intérieur de la ruche, il règne une température, une humidité, une densité de divers gaz adaptées aux besoins de la colonie. Ces éléments constituent un climat interne que l’on appellera le microclimat de la ruche. Il sera le paramètre central pris en considération dans notre conception de l’isolation des ruches et surtout de leur conduite.
Entrée d’une colonie installée dans un arbre creux. D’une moyenne de 30 cm2, elle est moitié moins grande que celles de nos ruches Dadant, Langstroth ou autres.
Le microclimat de la ruche est une notion développée par Anton Büdel, un auteur célèbre en Allemagne dans les années 19503. Selon lui, le microclimat est le « climat d’un espace restreint correspondant à un état effectif de l’air ; par opposition au macroclimat [climat extérieur, ndlr], il ne s’agit pas d’une valeur moyenne » de la température, de l’hygrométrie de la ruche. Au sein de la notion de climat interne, Büdel distingue le climat particulier du nid à couvain, celui du trou de vol, celui des rayons de miel, celui de la colonie en hiver, etc. Ces petites zones, ou « moments climatiques », sont liées à la physique du rayon, de son contenu, des matériaux de la ruche et surtout de l’abeille elle-même. « Le climat interne se trouve perturbé d’un côté par des influences extérieures (temps, techniques apicoles) et de l’autre par les capacités régulatrices des abeilles. »
3. Dans le Traité de biologie de l’abeille qu’il publie en 1968, Rémy Chauvin présente ainsi les travaux de Büdel « célèbre parmi les apidologues à cause du soin avec lequel il a étudié pendant un grand nombre d’années le microclimat de la ruche. Sur ce point, nous disposons vraiment de données précises… [concernant] ce délicat mécanisme homéotherme qu’est la ruche… [ainsi que] les perturbations que chaque manipulation apicole provoquera dans le microclimat ».
Répartition de la colonie dans un tronc d’arbre.
Le microclimat dans le tronc d’arbre creux
Dans la cavité d’un tronc d’arbre, l’isolation se trouve de fait très conséquente. L’enveloppe pouvant atteindre 25 cm d’épaisseur, les arbres creux sont, en forêt, à l’abri des excès du rayonnement solaire. Température et hygrométrie sont sous le contrôle de la colonie, l’influence du soleil reste marginale. Cela n’est pas le cas avec nos ruches à parois minces de 25 mm d’épaisseur, où l’influence du soleil peut modifier de manière importante le comportement de la colonie sur la ponte de la reine et la gestion du couvain.
Le tronc d’arbre creux est un habitacle naturel très protecteur où la colonie organise sa vie. Les abeilles placent le miel au sommet de la cavité qu’elles occupent à l’intérieur de l’arbre. Cette réserve d’énergie est à une température inférieure à 30 °C, elle joue un rôle de tampon thermique pour le couvain placé en dessous, qui peut être à une température bien plus élevée, oscillant entre 34 et 38 °C suivant les zones de couvain ouvert ou fermé. Dans cet espace réduit, les abeilles enduisent progressivement les parois de propolis pour lisser les rugosités de cette enveloppe créée par la dégradation de la partie morte de l’arbre. Cette cavité intérieure chaude, humide, favorable à la multiplication des bactéries et des champignons, est ainsi protégée par la propolis, bactériostatique et antifongique.
Enduction du tronc avec de la propolis.
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À l’abri du climat extérieur, il s’y installe un microclimat maîtrisé par les abeilles autour de deux zones essentielles et distinctes, celle du couvain et celle du miel. On dira que le couvain constitue la chambre du lieu de vie (CH1) et le miel, la chambre du combustible (CH2).
L’HOMÉOSTASIE
Tronc d’arbre naturellement creux. On notera l’étroitesse de l’espace que peuvent occuper les abeilles et l’épaisseur de l’enveloppe.
Photo thermique d’une ruchette en sortie d’hivernage : la partie rouge témoigne d’une température élevée, la partie verte d’une température plus basse. La chaleur observée est du au soleil, ce qui perturbe le microclimat interne de la ruche. Cette influence externe peut conduire à un développement excessif du couvain en cas d’ensoleillement important, puis à une dégradation de ce même couvain lors de périodes plus froides.
L’ouverture d’entrée est un trou de très petite taille, quelques centimètres de diamètre, par où rentrent et sortent les abeilles, mais aussi par où se renouvelle l’air de la ruche et se gèrent les échanges gazeux et l’humidité si importante pour le couvain. Cet orifice de petite surface, souvent situé au bas de la cavité, permet aux abeilles une gestion fine de tous ces paramètres. La colonie produit la circulation des masses d’air dans la ruche, assure la recherche de l’eau et du nectar pour maintenir ce que l’on appelle l’homéostasie thermique et hygrométrique du couvain.
L’homéostasie correspond à la capacité d’un système à maintenir l’équilibre de son milieu intérieur, quelles que soient les contraintes externes. C’est le phénomène par lequel les constantes telle la température, l’hygrométrie et le CO 2 sont maintenues autour des valeurs bénéfiques pour le couvain, grâce au processus de régulation organisé par les abeilles.
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Lorsque nos ancêtres installaient des essaims dans une « ruche », c’était une ruche tronc, le plus souvent retaillé à la main ou un « panier » fait d’un boudin de paille de seigle tressé recouvert de plusieurs couches protectrices de terre et bouse séchée, d’éclisses de châtaignier, de gerbes de paille.
Ces ruches étaient implantées en plein air et souvent dans des ruchers faits de murs en pierre bien exposés au soleil, comportant des niches pour y poser les ruches à l’abri du vent et de la pluie. De petit volume et très isolés, ces espaces se rapprochaient des conditions idéales pour une optimisation des paramètres de température et d’hygrométrie nécessaires à la bonne évolution du couvain.
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Chauffer, refroidir, humidifier
Les abeilles travaillent de façon continue aux soins de leur descendance et à l’accumulation du nectar qu’elles transforment en miel et de pollen conservé sous la forme du pain d’abeilles. Elles consacrent une part majeure de leur énergie à seule fin de gérer le climat interne de leur habitacle. Dans le tronc d’arbre, l’épaisseur de la paroi produit une isolation importante qui limite les déperditions ou la pénétration de chaleur. De sorte que les abeilles gèrent l’homéostasie du couvain à moindre coût énergétique si leur lieu de vie est d’une épaisseur conséquente, à coût élevé si c’est une passoire thermique.
Ci-contre : un essaim dans une ruche tronc. Attention, les conditions physiques de la ruche tronc sont différentes de celles du tronc d’arbre creux.
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Tout travail de chauffage demande aux abeilles une dépense physique intense par mise en contraction de leurs muscles alaires. Cette tétanisation ou frémissement musculaire les épuise autant que le vol pour butiner. Cette hyper-utilisation musculaire provoque un vieillissement global et engendre une durée de vie raccourcie.
De la même manière, c’est au prix d’un travail usant que les abeilles collectent et apportent de l’eau sur les opercules et dans les cellules pour refroidir et humidifier l’espace du couvain.
Dans les arbres creux ou dans les paniers fortement isolés, les colonies sont dans un espace très restreint, elles gèrent les positions des masses d’air, des masses de chaleur par l’organisation des rayons lors des constructions. L’anarchisme apparent de la forme des rayons répond à une certaine circulation des masses de chaleur, de gaz et d’humidité. Ce sont les volumes de miel, de cellules vides, de cellules occupées par du couvain qui dessinent une architecture intérieure particulière, qui répartit alors chaleur, gaz et humidité selon les endroits.
Les abeilles contrôlent le microclimat de la ruche
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Face au rôle central du soleil sur le climat pour l’existence même de la vie, « dans le climat intérieur de la ruche entre en jeu une nouvelle source d’énergie, la température corporelle de l’abeille ; elle dépasse largement l’influence du soleil comme source thermique ».
Cette dernière observation requiert une attention particulière, elle fait référence au faible volume d’air dans une ruche à cause du nombre d’abeilles et de l’ensemble des rayons. Büdel estime à une dizaine de litres le volume d’air dans une ruche de 60 l, qui est le volume maximal observé dans les troncs d’arbres creux. Pour reprendre son expression, ce volume d’air, segmenté en portions réparties dans la ruche, organise des « micro-météorologies » selon la position des abeilles sur les rayons et en fonction des échanges gazeux au niveau du trou de vol. Les masses d’air sont définies par les rayons, leur forme, la présence du couvain ou de miel ou simplement d’air dans les cellules vides.
Les abeilles contrôlent directement, en local, les conditions de température et d’humidité nécessaires pour une nymphose réussie. C’est une situation très différente des fourmis par exemple, qui déplacent leurs nymphes en fonction des lieux de chaleur et d’humidité.
L’ISOLATION DES RUCHES
Pourquoi s’intéresser à l’habitacle des abeilles ?
Réduire leur consommation de miel pour chauffer, c’est leur donner plus d’espérance de vie, une vie en meilleure santé. C’est leur permettre d’élever une descendance plus résistante aux maladies et d’être à leur tour de meilleures ouvrières. C’est, pour l’apiculteur, modifier ses outils et changer ses méthodes de travail.
Une colonie de bonne facture consomme environ 12 à 18 kg de miel au cours de l’hivernage. À quoi sert donc ce miel alors que le butinage et le couvain sont progressivement inexistants ?
À chauffer la grappe !
L’isolation de la ruche recherche trois objectifs :
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- Le premier objectif visé sera d’économiser le miel engrangé pour la morte-saison.
- Le deuxième objectif, conséquence du premier, sera de ménager les forces des abeilles en les sollicitant le moins possible pour la mission de chauffage. Le gain portera sur l’allongement de la durée de vie des abeilles adultes et par là même sur le volume de la colonie.
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- Le troisième objectif, lié à la réduction des pertes en calories, est d’améliorer l’homéostasie du couvain pour assurer une production d’abeilles de bien meilleure qualité. On cherche à produire des nourrices performantes, des butineuses efficaces, des abeilles plus résistantes aux maladies et plus adaptables aux conditions environnementales en général.
L’isolation permet de réduire les pertes en calories, mais également de maintenir au plus haut niveau l’hygrométrie nécessaire pour le couvain. Ce paramètre, nous l’avons déjà évoqué, est largement méconnu. Le message d’Alin Caillas qui comparait, en 1948, nos ruches à des caisses d’emballage est resté sans suite dans nos régions françaises, bien qu’il ait activement participé à la promotion de la ruche Therma à doubles parois avec isolant. Ce sont plutôt les pays soumis aux rigueurs extrêmes de l’hiver ou aux chaleurs étouffantes de l’été qui ont abordé ce sujet. Une crainte souvent exprimée serait que l’isolation augmente la température dans la ruche, ce qui justifierait l’aération totale du plateau de sol l’été. Dans une maison bien isolée, ouvre-t-on les fenêtres à midi par grande chaleur pour la rafraîchir ?
Les abeilles se chargent de réguler la température et l’hygrométrie de la ruche. En isolant leur habitacle, en les posant au plus près du sol et en les plaçant à mi-ombre, nous facilitons leur activité de climatisation. Hausse vitrée : les abeilles n’ont pas étiré la cire gaufrée sur la partie éclairée, chauffée par le soleil.
Oser Une Nouvelle Mani Re De Conduire Les Colonies
Marc Guillemain, apiculteur professionnel, observateur attentif des colonies et des abeilles, fait le constat que nos ruches sont fort éloignées, du point de vue de leur isolation, du tronc d’arbre creux.
Sa démarche est centrée sur la recherche du bien-être des abeilles en leur offrant des conditions de vie optimales, en phase avec les fluctuations saisonnières et météorologiques de leur environnement, tout en étant adaptée au travail de l’apiculteur. C’est le compromis évoqué précédemment. Il conduit ses observations et ses expérimentations à partir des années 1980 ; il conçoit une organisation de la ruche que l’on appellerait aujourd’hui « ruche basse consommation d’énergie7 » (abrégée RBC dans le livre).
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Pour réduire les effets délétères liés aux trop fortes déperditions d’énergie, l’idée de Marc Guillemain fut de développer une isolation des ruches par l’intérieur, qui met les colonies dans un habitacle plus proche de leurs conditions naturelles de vie. Ses innovations techniques sont les Partitions Isolées Haute Performance, notées PIHPgm, et des méthodes d’isolation rigoureuses tant au sol qu’au sommet de la ruche. Elles ont été conçues selon un cahier des charges strict, élaboré au fil de ses expérimentations. Mais ces outils n’auraient qu’un intérêt très relatif en l’absence d’une nouvelle manière de conduire les colonies. Sur ce point, son apport reste indépassable.
En 2009, Damien Merit, dans le cadre de ses études de biologie, le rejoint. Ensemble, ils explicitent une approche de la conduite des colonies en économie d’énergie. Ce compagnonnage se poursuit pour faire évoluer les outils, les méthodes de travail en fonction des variations climatiques ou florales de différentes régions apicoles.
Tout cela est conçu pour les matériels de n’importe quel apiculteur. Il n’y a pas d’innovation sur les modèles et formats des ruches, seulement des aménagements internes et une nouvelle manière de conduire les colonies. Ce sont les conditions pour qu’une telle innovation soit acceptable et acceptée.
REPRODUIRE LE MICROCLIMAT DU TRONC D’ARBRE
Par essais successifs, par comparaison entre les matériaux disponibles ou qui apparaissent, Marc Guillemain multiplie les expériences et les mesures. Il met au point au fil des années les PIHPgm8. Elles ont plusieurs fonctions :
- isoler les parois
- réfléchir les rayons infrarouges
- bloquer les circulations de l’air chaud
- maintenir un niveau d’humidité élevé.
Avec les PIHPgm, la conduite des colonies est organisée autour du resserrement constant de la population sur les cadres de couvain de façon à en assurer l’homéostasie à moindre coût énergétique pour les abeilles. Cet espace devient extrêmement chaud sous l’effet de la congestion du couvain et de l’activité des abeilles. En effet, produire un niveau de chaleur le plus élevé possible autour du couvain en regroupant les abeilles dans un espace très réduit économise les forces de la colonie. En d’autres termes, avec une même production d’énergie, les surfaces de couvain entretenues peuvent être supérieures.
Ruche conduite sur 3 chambres.
À gauche, l’espace du nid à couvain (CH1), au milieu l’espace des provisions servant également de soupape de sécurité (CH2). Une CH3 est possible, elle contiendra des cadres à bâtir ou bâtis ou un cadre nourrisseur.
La technique des deux chambres
La technique de 2 chambres est à la base de l’innovation majeure apportée par les PIHPgm.
La CH1 (chambre 1 ou chambre chaude) est le lieu de congestion du couvain et des abeilles. Dans cet espace confiné, restreint, la montée en température est très rapide ; peu d’abeilles sont nécessaires pour apporter la chaleur, ce qui permet au reste de la colonie d’être plus disponible pour l’élevage et pour le butinage. On utilise l’image de la cocotte-minute pour caractériser l’effet produit par cette congestion.
La CH2 (chambre 2 ou chambre tiède) est le lieu essentiel du stockage des provisions. Elle servira de soupape en cas de montée en pression du couvain et de la population dans la CH1. Isolée de l’espace du couvain, sa température sera moins élevée que dans la CH1.
Cette organisation interne n’empêche pas l’arrêt naturel de la ponte entre novembre et janvier. L’isolation de la ruche permet simplement aux abeilles de réguler le microclimat de la ruche à leur convenance. D’autres facteurs que la température interne conditionnent l’arrêt de la ponte : absence de rentrées de pollens, luminosité faible, génétique de la reine… la température est une condition nécessaire mais pas suffisante.
Rappelons que l’isolation de la ruche n’augmente pas la température, mais la stabilise dans ces espaces restreints et améliore le confort pour les abeilles. Cela leur permet de régler à moindre coût énergétique l’homéostasie du nid à couvain. Parmi les mécanismes régulateurs de l’homéostasie du couvain, le plus économe pour les abeilles est le fait de se grapper et de se dégrapper : se grapper pour augmenter la valeur des paramètres, se disperser pour en réduire le niveau. L’existence de ces 2 chambres permet de manière très simple le déploiement de ce mécanisme.
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Par comparaison, pour un confort identique, une maison très bien isolée engendre une dépense énergétique plus faible qu’une maison moins isolée, cette évidence est parfaitement applicable à la ruche basse consommation (RBC).
Pourquoi créer des espaces différents dans la ruche ?
Biologiquement, par instinct, les abeilles amassent le plus possible. Dans le tronc d’arbre creux, elles placent le miel au sommet qui remplit, de fait, une fonction de tampon thermique pour le couvain vivant en dessous. Au fil de la saison, les surfaces de couvain varient, suivant en cela la dynamique de la colonie en phase avec celle des floraisons. Dans les ruches cubiques, les abeilles placent le miel autour du couvain et dans des cadres de part et d’autre du nid. La reine étendra sa ponte progressivement sur la plupart des cadres plus ou moins entourée de couronnes de miel. Le nid à couvain est alors laissé à la merci des déperditions de chaleur dans toutes les directions, notamment via le couvre-cadre et le toit. Si l’on n’y prend garde, les abeilles placeront le miel d’abord autour du couvain et monteront le miel dans les hausses une fois le corps saturé. Pour maintenir l’homéostasie du couvain au bon niveau et à moindre coût pour les abeilles, l’apiculteur fera varier l’espace de la CH1 en lien avec la capacité de ponte de la reine. Dès la pose des hausses, la contrainte imposée aux abeilles en CH1 les pousse à ne pas stocker le nectar qui rentre en CH2, mais à le monter dans les hausses à l’aplomb du nid à couvain. On retrouve le positionnement relatif du miel et du couvain comme dans le tronc d’arbre creux.
Avec l’expérience, nous avons remarqué que dans les RBC, les abeilles sont plus calmes, plus tranquilles, elles semblent être moins stressées. C’est notamment dans des conditions météo défavorables que ce phénomène semble évident.
En R Sum
L’isolation et la double chambre permettent d’optimiser la thermorégulation du nid à couvain. Quand il fait beau, les abeilles vont se dégrapper dans la CH2. Au contraire, si les températures diminuent la nuit ou suite à une météo capricieuse, les abeilles viendront se grapper en CH1, à proximité du nid à couvain. Le métabolisme de base des abeilles associé à la bonne isolation de la ruche serait, en situation idéale, suffisant pour thermoréguler facilement le nid à couvain.
Les Mat Riaux Et Les Outils
Les Partitions Isolées Haute Performance constituent le premier outil de l’aménagement interne des ruches. Les matériaux modernes permettent une isolation des ruches par l’intérieur sans changer le matériel apicole classique.
Les Partitions Isol Es Haute Performance De Marc Guillemain
La Partition Isolée Haute Performance de Marc Guillemain est une partition, c’est-à-dire qu’elle partage l’espace de la ruche en différents lieux identifiés pour des fonctions précises.
Elle est de surcroît isolée, elle se comporte comme un écran thermique, elle bloque les déperditions de chaleur par son habillage isolant et réfléchissant.
Elle est dénommée haute performance car, non seulement elle bloque la diffusion de chaleur et renvoie par réflexion les calories émises par les abeilles, mais elle en absorbe également une partie, qu’elle restitue.
Ce sont les matériaux choisis et leur agencement qui assurent une fonction de blocage de l’air chaud dans chacune des chambres, une fonction de réflexion des rayonnements infrarouge et une fonction de restitution de la chaleur emmagasinée dans leur épaisseur.
L’espace entre 2 PIHPgm réduit considérablement les pertes en calories. La ruche sera équipée de 3 PIHPgm, 2 sont présentes de manière permanente ; ainsi les colonies seront conduites au mieux sur 8 cadres, sauf exception. Une troisième est nécessaire pour l’hivernage et le démarrage de printemps, parfois une quatrième pour le développement des essaims artificiels sur 1 ou 2 cadres de couvain.
À l’image des PIHPgm, on fabrique des PIHPettes qui sont des PIHPgm au format des hausses. Leur objectif est de maintenir une température élevée dans les hausses afin de faciliter l’évaporation de l’eau du nectar.
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La mise au point des PIHPgm est le fruit de 30 années d’expérimentations pour la recherche des matériaux les plus adaptés (fiabilité, efficacité) et pour la mise au point des techniques d’assemblage. Cette conception s’est accompagnée de leurs usages dans toutes les dimensions de la pratique apicole : production d’essaims sur 1 cadre, 2 cadres ou plus, ruches éleveuses de reines, ruches pour la production de gelée royale, ruches pour la production de miel et la mise en hivernage.
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ISOLATION = MEILLEURE CIRCULATION
L’étanchéité du toit est un facteur clé du bon fonctionnement de la CH1. Doublés d’une bonne isolation du plancher, ces deux éléments associés aux PIHP assurent la circulation des abeilles entre les divers espaces de la ruche : CH1, CH2 et hausses.
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AUTRES COMPOSANTS DE L’ISOLATION DE LA RBC
Isolation du toit : l’écharpe et le coussin
La tête des cadres sera recouverte d’une écharpe11, une feuille d’isobulle de la largeur du corps et d’une longueur supérieure de 10 cm à celle du corps. Elle déborde en face avant et en face arrière de 5 cm pour en faciliter le retrait et l’auto-centrage lors de la pose. Elle est maintenue en place par le toit en tôle plat. Son rôle est non seulement de réfléchir le rayonnement infrarouge, mais également d’empêcher les fuites d’air au sommet du corps. Calée avec un lève-cadre, elle permet de faire des visites en ouvrant partiellement le corps comme on le faisait autrefois avec l’usage des planchettes comme couvre-cadre.
Sur l’écharpe, on posera un coussin fait d’un isolant d’au moins 40 mm. On retrouve cette préconisation chez de nombreux apiculteurs dans les pays du Sud. On constate qu’en situations extrêmes, l’épaisseur de 60 mm donne les meilleurs résultats.
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Le toit couvrira le tout. Il sera de 105 mm, peint en blanc pour réduire l’échauffement dû au soleil, une feuille d’XLMAT de 3 mm pouvant être posée dans le fond. Le tout sera solidaire pour une manipulation aisée.
Les divers éléments constitutifs d’une isolation efficace au sommet de la ruche. Le réfléchissant est au contact direct de la tête des cadres.
Toitblanc Coussin Charpe
Isolation du plateau : la chaussette et la chaussure
Le plateau de sol sera plein ou grillagé. Il sera couvert par une chaussure, elle-même recouverte d’une chaussette.
La chaussette est une feuille de réfléchissant ou d’isobulle, posée sur la chaussure (directement sous le corps). L’objectif est la réflection des rayons infrarouges en direction de la grappe et plus spécifiquement des rayons de couvain. Elle permet la ponte de la reine jusqu’au bas du cadre.
La chaussure est un plateau intermédiaire entre le plateau de sol et le corps. C’est l’équivalent d’un couvre-cadre recouvert par la chaussette. Des essais sont en cours pour optimiser cet élément. Une fente de 30 mm sur les 2/3 de la largeur de ce fond assure l’entrée des abeilles. La chaussure a deux effets :
- Elle modifie la position du couvain sur les rayons. Il est uniformément réparti sur la surface du rayon au lieu d’être déplacé vers la face avant de la ruche et empli de miel sur la partie arrière.
- Elle empêche que le vent n’entre dans le corps et perturbe le microclimat interne de la ruche.
Selon les modèles, le plateau devra être surélevé d’une baguette de quelques mm pour laisser le passage entre la chaussette et les PIHPgm.
Ainsi équipé de la chaussure, le fond de ruche permet un passage tempéré pour les abeilles sous le bas des PIHPgm à l’abri de toutes les turbulences du vent que l’entrée autorise.
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CIRCULATION DE L’AIR DANS UNE RUCHE ISOLÉE ET NON ISOLÉE
RUCHE NON ISOLÉE chaussette chaussure zone de turbulence flux d’air miel couvain zone de turbulence
Le curseur de température est pointé sur la chaussette. Les abeilles émettent un rayonnement de 35 °C qui part dans toutes les directions. 95 % de ce rayonnement revient vers la grappe, permettant une économie d’énergie importante pour les abeilles (Nuclei Miniplus).
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