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LA CONDUITE DES COLONIES EN ÉCONOMIE D’ÉNERGIE
Les deux méthodes développées ici constituent les principes d’une conduite des colonies que chaque apiculteur pourra adapter à l’environnement floral et météorologique de ses ruchers, à la connaissance de ses lignées d’abeilles et à ses objectifs.
Après avoir énoncé les principes généraux de la conduite des colonies dans une ruche très isolée comme les abeilles le seraient dans les conditions idéales d’un tronc d’arbre, nous proposerons deux manières de conduire les colonies à partir des principes d’isolation exposés dans le chapitre « Isoler les ruches ».
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Les 4 Phases De La Dynamique Des Colonies
Comme énoncé précédemment, nous cherchons à offrir aux abeilles la possibilité de maintenir à moindre effort l’homéostasie de leur couvain. C’est-à-dire maintenir dans une fourchette très étroite la température, l’hygrométrie et la densité en gaz carbonique, indispensables pour le bon déroulé de la ponte de l’œuf à la naissance de l’abeille. L’objectif visé pour l’apiculteur est de maîtriser la dynamique de ses colonies pour réussir les diverses productions qu’il espère avec son cheptel. C’est pour cela que nous avons distingué deux espaces appelés chambres :
- la chambre 1 (CH1), celle de la reine, du couvain et de la majorité des abeilles, chambre chaude où doit se produire l’effet cocotte-minute
- la chambre 2 (CH2), celle du stockage du miel et autres réserves, chambre tiède, lieu d’expansion de la CH1 en cas de besoin.
Les PIHPgm permettent une meilleure maîtrise de la dynamique des colonies que nous avons synthétisée en 4 phases L’apiculteur doit connaître chacune d’elles pour utiliser au mieux les capacités de ses abeilles dans un but précis.
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Phase 1 : phase de croissance du couvain Durant cette période, la colonie se développe. Toute l’énergie disponible à ce moment-là est concentrée sur l’élevage du couvain. Les surfaces de couvain ouvert sont supérieures à celles du couvain fermé. Les jeunes larves émettent des phéromones qui stimulent les glandes nourricières des jeunes abeilles et la recherche du pollen chez les butineuses. Les ouvrières dépensent tant d’énergie pour le soin du couvain qu’elles en dépenseront moins à butiner. À ce moment-là, elles privilégieront la collecte du pollen. Cette phase de croissance démographique peut être mise à profit pour la réalisation d’essaims artificiels, équilibrer la force des colonies.
La proportion importante de couvain ouvert nous indique que cette colonie est en phase de croissance.
La conduite des ruches en économie d’énergie permet d’augmenter la durée de vie des ouvrières. Pour une même surface de couvain, on a des ruches plus populeuses.
Phase 2 : phase de reproduction de la colonie
Lorsque toutes les cellules sont occupées, l’énergie disponible va à la reproduction. La colonie peut se reproduire en élevant des mâles et/ou en essaimant. La dilution des phéromones royales au sein d’une population en expansion pousse la colonie à l’essaimage. Ces éléments déclencheurs sont à observer et à utiliser pour contrôler l’essaimage.
Phase 3 :phase de stockage des aliments
Lorsque toutes les cellules sont pleines, la reine réduit sa ponte. La proportion de couvain fermé devient très supérieure à celle du couvain ouvert. De ce fait, les phéromones du couvain ouvert sont en moindre quantité. Les ouvrières qui émergent à ce moment-là ont peu de travail à faire au sein de la ruche, ce qui favorise leur évolution pour devenir des abeilles diutinus. Elles restent disponibles et réactives en cas de besoin.
Les éclaireuses sont des abeilles spécialisées dans la recherche des ressources nectarifères. Elles recrutent de nouvelles butineuses quand une miellée démarre. Si les abeilles diutinus sont nombreuses, la colonie est prête pour entreprendre une belle récolte de nectar.
Phase 4 : phase de résilience À la fin d’une miellée, les nourrices cessent de nourrir les butineuses, ces abeilles vieillies disparaissent alors massivement. La priorité n’est plus la récolte de miel, mais de faire face à une période difficile. Économie d’énergie et survie de la reine sont prioritaires. C’est le passage à la période hivernale, mais également les moments de disette tant au printemps qu’en été. L’absence de phéromones du couvain ouvert associé à une grande quantité de phéromones royales déclenche le mode « économie d’énergie ». Les abeilles adaptent la taille de la grappe aux réserves disponibles (stock de miel et quantité de corps gras).
L’utilisation des PIHPgm pour organiser les 2 chambres constitue l’outil de pilotage des colonies pour passer d’une phase à l’autre un peu comme une télécommande pour choisir le moment où la colonie doit se développer, se reproduire, faire du miel, ou économiser l’énergie.
L’EFFET COCOTTE-MINUTE
Pour comprendre le mieux possible les réorganisations du corps en fonction des moments de la saison apicole, nous commencerons par créer l’effet cocotte-minute qui est le préambule des deux méthodes de conduite des colonies dans des ruches RBC.
L’effet « cocotte-minute » permet à la colonie de passer de la phase croissance du couvain à la phase stockage des aliments. C’est une montée en pression de la colonie, qui la conduit à un état de déséquilibre13 tel qu’apparaît un surplus de couvain operculé par rapport à la quantité de couvain ouvert. L’espace du couvain devient au fil des mois comme une cocotte-minute où la température et l’hygrométrie sont poussées au maximum sur la totalité des rayons. Cette situation permet à un minimum de nourrices d’élever un maximum de larves du fait d’un besoin de chauffage restreint. Cette configuration accroît le volume des abeilles à naître et est propice au développement d’abeilles diutinus.
Du fait de l’expansion de la population, les abeilles naissantes sont moins sollicitées, elles ont peu de travail d’intérieur à faire,
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ABEILLES « DIUTINUS »
En latin, diutinus signifie « longue durée ». Les abeilles diutinus sont des abeilles de longue vie, que l’on peut trouver à tout moment de la saison, mais qui ont la physiologie des abeilles d’hiver. Au moment de leur fonction nourricière, les abeilles accumulent de très grandes quantités de corps gras, source de la vitellogénine (protéine qui stimule le système immunitaire des abeilles).
peu de larves à nourrir, peu de cire à étirer, peu de couvain à chauffer, elles pourront accroître et maintenir leurs corps gras, leur durée de vie est donc allongée. Elles auront une meilleure mémoire, seront de meilleures communicantes, de meilleures butineuses 14. Les abeilles diutinus constituent une force de réserve pour exploiter une miellée proche.
Le paroxysme de l’effet cocotte-minute est acquis 10 jours après l’operculation de la totalité du couvain. C’est la situation que l’on recherche au début d’une miellée car l’explosion du nombre des abeilles dépourvues des fonctions d’élevage du couvain15 les pousse au butinage.
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Pour créer l’effet cocotte-minute, on met en place les PIHPgm, on les resserre fortement et on laisse le système au repos. Tout système naturel laissé au repos revient spontanément à son état d’équilibre, c’est la définition de l’homéostasie du système qu’est la colonie.
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