Désherber sans glyphosate

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Jean-Michel groult

DÉSHERBER SANS GLYPHOSATE

Toutes les solutiOns bio



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DÉSHERBER PAR LES PAILLIS 2

S’il ne fallait choisir qu’une solution pour désherber facilement et sans aucun produit, ce serait celle-ci. Pailler, c’est couvrir le sol d’une couche empêchant les mauvaises herbes de prendre pied ou de se développer.


LA TECHNIQUE DES PAILLIS Pailler le jardin, cela ne se fait bien sûr pas qu’avec de la paille ! Pour rester efficace, il y a quelques règles de bon sens à observer mais les erreurs sont vraiment très rares.

L’emploi de paillis a beaucoup d’avantages. Quelle que soit la matière employée pour couvrir le sol, cette couche maintient l’humidité, empêche la levée de mauvaises herbes et protège le sol des intempéries (froid, sécheresse, soleil, lessivage par les pluies). Un paillis organique, qui se décompose lentement, aura en plus l’avantage de nourrir le sol. De plus, il dynamise l’activité biologique du sol, qui devient plus accueillant encore pour les racines des plantes cultivées, rendant les mauvaises herbes moins compétitives. Le paillis instaure un cycle vertueux.

Des limites Les paillis ne sont toutefois pas infaillibles. Ils nécessitent parfois de trouver la matière pour couvrir le sol, ce qui peut être problématique, comme en ville. La couverture du sol encourage aussi les campagnols, qui peuvent nuire à certaines plantations comme les bulbes de tulipe ou les pommiers. Certains paillis encouragent, paradoxalement, certaines mauvaises herbes dont l’enracinement est profond et qui déploient des stolons très longs. Quelquesunes sont spécialisées en effet dans les couverts épais et il arrive, parfois, que des mauvaises herbes s’y installent. Ces inconvénients, qui ne concernent pas tous les paillis de toute façon, ne font pas le poids face aux bénéfices du paillis. Le paillage du sol demeure donc la principale façon de désherber sans effort et sans produits.

En pratique Le paillage du sol doit se faire de préférence sur un sol débarrassé de la végétation indésirable car elle peut repousser au travers de la couche de paillis. Posez un paillis sur un sol cachant une grande quantité de racines laissées en place et vous verrez bien vite les repousses apparaître à travers à la couche si vous avez choisi un paillis inadapté. Il n’y a pas d’époque plus favorable que d’autres pour installer un paillis. Combinaison gagnante Une excellente façon de pailler le sol est de le couvrir en combinant plusieurs matériaux de paillis, l’un complétant les limites de l’autre. Cet assemblage est possible avec des paillis dégradables, typiquement le carton, qu’on recouvre de feuilles mortes, de paille ou de tontes de gazon. Vous pouvez les assembler en autant de couches de 5 cm que vous le souhaitez, de préférence en posant le carton directement au sol. Certains font même grimper ce montage à plus de 30 cm de hauteur : c’est ce qu’on appelle le jardinage en lasagne, le paillis nettoyant la terre et nourrissant les plantations, même en sol ingrat.

e paillage des massifs ne fait pas obstacle L à la levée d’herbes indésirables (comme ici en 1, l’herbe à taupe, Euphorbia lathyris), surtout lorsque le paillis vieillit. Une couche généreuse (2) limite ce problème, surtout si le paillis est double (3).

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LES TOILES DE PAILLAGE Rapides à mettre en œuvre et efficaces, elles ne sont pas toujours décoratives mais rendent de bons services. Et elles existent en version écolo.

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Le géotextile /1 Cette toile particulière est destinée à être couverte de graviers. Elle sert notamment à éviter que le gravier des allées et des cours ne se mêle à la terre, devenant alors un repaire à mauvaises herbes. La toile géotextile n’évite pas le désherbage et doit être recouverte d’une bonne épaisseur de gravier (5 à 10 cm). Dans l’idéal, ce géotextile devrait lui-même être posé sur un lit de gros graviers. Employé par les professionnels pour créer des chemins mais finalement assez peu utile au jardin. Les synthétiques /2 Ce sont les toiles de paillage que l’on achète en rouleau, souvent de couleur vert, noire ou marron. Le prix dépend de la qualité du produit, très variable. Les meilleures toiles sont épaisses (plus de 90 g/m²) et surtout, sont traitées contre les ultraviolets. 44_

Les produits bas de gamme se détériorent en un été, les autres tiennent des années. La toile de paillage doit être déployée sur une surface aplanie, pas forcément nettoyée au préalable. Pour planter, effectuez une incision en croix et préparez un trou de plantation à cet endroit, avant d’y loger la plante en motte. La reprise est souvent excellente et la végétation a moins besoin d’arrosage. C’est pour cela que cette méthode de paillage extensif est devenue la norme dans les très grands aménagements paysagers. Inévitablement, la toile va s’abîmer et devra être retirée, devenant alors un déchet non recyclable. Autre inconvénient : la toile doit être maintenue par des agrafes métalliques ou des poids (pierres, briques…). Il existe des agrafes biodégradables (en bambou), mais elles sont difficiles à trouver. Enfin, sur talus pentu ou terrain irrégulier, l’arrimage de la toile de paillage peut poser des difficultés.

Les toiles biodégradables /3 Elles sont constituées de fibres végétales, parfois reliées par un liant de synthèse issu du pétrole. Elles sont plus épaisses que les toiles de synthèse (jusqu’à 1 kg/m²) et durent jusqu’à 3 ans. Elles doivent aussi être maintenues par des agrafes, métalliques ou biodégradables (en bambou, difficiles à trouver). Les toiles biodégradables sont de plus en plus utilisées par les professionnels dans les aménagements. La reprise des végétaux est un peu moins bonne qu’avec les toiles de synthèse mais le rendu esthétique est bien meilleur et la toile se dégrade naturellement. Son couvert est apprécié de la petite faune du sol. Seul inconvénient : le prix. Comptez environ 5 € le mètre carré.


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LES PAILLIS ORGANIQUES Ce sont les plus communs des paillis et tout jardin en a forcément l’utilité. Tout l’enjeu sera de s’en procurer assez pour ne plus avoir à désherber que le minimum. À vos brouettes et vos broyeurs ! Les paillis organiques, à la différence des paillis synthétiques, vont se décomposer en un temps plus ou moins long, souvent entre 6 mois et 2 ans. Parce qu’ils occultent la surface du sol, ils empêchent les mauvaises herbes pionnières de lever. En encourageant une vie du sol riche et dynamique, ils favorisent la croissance des plantes qui en bénéficient à leur pied. Le paillis organique n’immunise pas contre les mauvaises herbes.

Logées à la même enseigne /1 Que les plantes soient cultivées ou indésirables, le paillis organique offre une protection qui encourage leur développement. Le paillis organique n’agit que par recouvrement mais ne peut rien contre les plantes qui se hissent au-dessus de cette couche. Ainsi, poser un paillis sur un sol qui contient des rhizomes de chiendent ou du liseron en dormance conduira à une sacrée déconvenue au printemps : le chiendent sera magnifique, le liseron encore plus vigoureux ! Mais pas de découragement : ces intrus seront beaucoup plus faciles à retirer, en terre naturellement ameublie par le paillis. Et si avant d’étaler le paillis, vous avez plaqué un carton au sol, les repousses seront moins importantes. En routine /2 Prévoyez de renouveler la couche de paillis, au moins une fois par an. Selon la matière, certaines litières organiques devront être renouvelées deux à trois fois par an. Il est plus utile d’apporter une fine couche, régulièrement, plutôt qu’une couche épaisse en une seule fois. Dans le cas de mauvaises herbes peu persistantes comme la mercuriale et que l’on souhaite étouffer, une couche très épaisse est préférable. Face à des mauvaises herbes tenaces comme le chiendent, placez plutôt un paillis en couches successives, comme quelques épaisseurs de carton couvertes de tonte ou de feuilles mortes. 46_

Deux pépins à connaître /3 Le paillis organique entraîne deux problèmes qu’il faut garder en tête. Le premier est l’attirance qu’il crée pour les rongeurs, en particulier les campagnols, qui y font des galeries. Le paillis organique rend plus sensibles les plantes que ces rongeurs aiment, comme les pommiers, les bulbes à fleurs (sauf les narcisses) et les légumes-racines. Le paillis organique encourage aussi les taupes à fréquenter les massifs plutôt que le gazon, ce qui est un aspect positif. Quelques plantes détestent le paillis organique en quantité à leur pied. C’est notamment le cas des rosiers, qui sont sensibles des racines, du céanothe, des rhododendrons (y compris les azalées) et des clématites. Pour ces végétaux-là, préférez la solution des plantes couvre-sol ou n’employez qu’un paillis très grossier, comme les écorces de pin.

Certains paillis profitent aussi aux herbes indésirables, en particulier les plantes vivaces au printemps comme le chardon vivace (1). Trop épais, le paillis encourage une humidité constante qui sera fatale aux végétaux sensibles comme les rhododendrons (2). Un bon paillis organique montre des signes d’activité biologique, comme des filaments de champignons décomposeurs à l’œuvre (3).


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LES PAILLIS DE DÉCHETS VERTS En théorie, tout ce qui peut se décomposer peut servir de paillis au jardin. En pratique, cela concerne une palette pas si variée, selon les moyens du bord.

Feuilles mortes /1 C’est sans doute le meilleur paillis car il est fluide et convient à toutes les cultures, y compris au potager. Toutes les feuilles mortes peuvent servir en paillage. Au pied des cultures sensibles, certaines doivent être évitées (voir page précédente). Les feuilles d’arbres fruitiers, qui hébergent des germes pathogènes contagieux, doivent être employées auprès d’autres cultures, comme les haies, à l’exception des arbustes de la famille des rosacées (photinia, rosiers, laurier-palme, pyracantha…). Tontes /2 Tant qu’il y aura des tondeuses, l’herbe coupée fournira un bon paillis. Il suffit de respecter une règle simple : pas plus de 3 cm à chaque apport pour éviter les mauvaises odeurs. Les tontes peuvent abriter des graines, surtout en fin d’été et en automne. Mieux vaut les employer au pied des haies et sous les arbustes. Les tontes sont vite recolonisées par les mauvaises herbes et il faut en apporter régulièrement. Mais les tontes fraîches et humides, en couche épaisse, feront dépérir la végétation sur laquelle on les pose, par la fermentation (odeurs garanties, évidemment). Déchets de taille /3 Tout ce qui passe au sécateur peut s’employer au jardin, à une seule exception : les arbustes atteints par le pourridié, qui fait dépérir les sujets les uns après les autres. Les déchets de taille de petite taille peuvent être étalés directement sur le sol. Lorsque les longueurs dépassent 10 à 20 cm, mieux vaut les passer au broyeur. Déchets broyés /4 C’est l’autre or vert du jardin, avec les feuilles mortes. Les déchets verts broyés sont souvent appe48_

lés par le ronflant acronyme « BRF » (broyat raméal fragmenté). Peu importe : c’est un excellent paillis, à condition de ne pas les employer tels quels au pied des cultures, qu’ils affament temporairement. Laissez-les reposer au moins six mois ou épandez-les directement sur les mauvaises herbes à éliminer. Les déchets broyés ont un gros inconvénient : ils favorisent les mauvaises herbes à enracinement profond, comme la potentille rampante et le petit liseron. Comme les feuilles mortes, tous les déchets broyés ont leur utilité. Employez sans crainte le broyat de restes de conifères, d’eucalyptus ou de chêne.

Déchets de désherbage et restes de culture Peu esthétiques, ces déchets sont valorisables en paillis. Laissez-les flétrir quelques jours à l’air libre et étalez-les au pied de cultures peu visibles, comme les haies ou les arbustes. Sinon, camouflez-les sous une couche de feuilles mortes ou de paille. Trop tendres pour être broyés, les restes de cultures ne doivent pas être apportés auprès de légumes de la même famille botanique : exportez-les au pied des cultures ornementales.

Des paillis « glyphosate » Certaines plantes ont la faculté d’interdire la germination des graines lorsque leurs feuilles sont étalées au sol. C’est le cas notamment du laurier-sauce (Laurus nobilis), aux propriétés allélopathiques (voir page 76). Le laurier-palme (Prunus laurocerasus), l’eucalyptus, le mimosa (Acacia dealbata) et les aiguilles de pin (5) ont aussi cette caractéristique, mais beaucoup moins marquée.


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ISBN : 978-2-37922-057-9

,!7IC3H9-ccafhj! PRIX TTC FRANCE : 15,90 €


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