2 minute read
Polarisation et cohésion sociale
Polarisation et cohésion sociale
Définir un terme comme celui de « polarisation », avec toutes ses nuances, n’est pas facile, surtout si l’on considère que l’une des causes principales de la polarisation est une simplification à outrance de la réalité, ce qui provoque des confrontations fondées sur un manque de compréhension mutuelle. Après tout, la notion de démocratie présuppose une société où cohabitent les différences et les intérêts opposés. Le terme de polarisation ne fait pas référence à la diversité et au pluralisme politique, social, culturel et religieux, mais à une fragmentation croissante de la société en groupes antagonistes qui se perçoivent comme adversaires les uns des autres sur des questions existentielles ayant trait à l’avenir de la société5. Si la démocratie est construite sur des valeurs et des principes partagés et, idéalement, des liens sociaux, la polarisation, elle, désigne une fragmentation sociale et politique qui remet en question ce socle commun. Dans le cadre du projet BRIDGE, le terme polarisation est utilisé en fonction de cette définition de travail élaborée par le consortium du projet : une fragmentation croissante de la société en groupes antagonistes perçus comme étant des adversaires sur les questions existentielles liées à l’avenir commun. Elle se caractérise par des formes aiguës de pensée « eux et nous », le rejet de l’« autre » et l’absence de dialogue. La polarisation peut favoriser la dérive d’une communauté, d’un groupe ou d’un individu vers la radicalisation, la violence et la criminalité, alors que la réduire renforcera la cohésion sociale, la résilience et le progrès démocratique. La cohésion sociale signifie l’existence de liens sociaux : elle « tient » la société ensemble par la confiance, la réciprocité et la solidarité. Une société peut connaître une certaine forme de polarisation et, en même temps, un certain degré de cohésion sociale. Par exemple, il peut y avoir un paysage politique très polarisé et divisé, où les groupes politiques ne partagent pas de valeurs communes, au sein d’une société
5- Par exemple : la Suisse est un pays décentralisé caractérisé par l’existence de trois principaux groupes de population, chacun avec sa langue – français, allemand et italien –, ce qui se reflète dans la structure politique et territoriale. En dépit de leurs différences, les trois groupes se considèrent comme faisant partie à parts égales de la société suisse. Si la polarisation s’est accrue récemment en Suisse autour des questions d’immigration et de l’affichage en public de symboles religieux musulmans, le multilinguisme peut être considéré comme une politique publique qui respecte la diversité et le pluralisme et ne favorise pas la fragmentation et la polarisation.