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Réseaux sociaux, isolation sociale et polarisation

les identités sociales fermées de façon rigide s’avèrent souvent toxiques : elles ne répondent pas seulement à la question « Qui suis-je ? », elles signalent aussi un retrait de la société ainsi qu’une dévaluation et une déshumanisation des autres17 .

Réseaux sociaux, isolation sociale et polarisation

Depuis quelques années, les réseaux sociaux jouent un rôle important dans les processus de polarisation de nos sociétés modernes et l’émergence d’événements de grande portée (un exemple frappant étant celui de l’attaque contre le Capitole à Washington en janvier 2021). Il est démontré que les algorithmes développés par les plateformes technologiques pour personnaliser les informations que nous recevons à partir des données de navigation sont devenus des instruments de contrôle du flux d’informations et influencent de façon croissante l’opinion publique et la distribution de l’information. Le retrait des informations qui contredisent les points de vue des utilisateurs et cause de fait leur isolement au sein de leur bulle idéologique, est connu comme le phénomène des chambres d’écho18 ou des bulles. Cet isolement polarise la société, et réduit l’opposition et la confrontation des idées à un exercice de complexité cognitive19 .

17- De façon similaire, un questionnaire a été développé et validé de façon trans-culturelle pour mesurer le degré auquel les personnes interrogées déshumanisent les autres. 18- Voir par exemple, Pariser, Eli. (2011). The Filter Bubble: What the Internet is Hiding from You. London: Penguin UK. Une étude récente à ce sujet : Cinelli et al., (2020). Cinelli et al. (2020). Echo Chambers on Social Media: A comparative analysis. À partir de la définition selon laquelle « les chambres d’écho se caractérisent par la coexistence de deux éléments : (i) une polarisation des opinions sur un sujet controversé, et (ii) l’homophilie des interactions, c’est-à-dire la préférence pour interagir avec des pairs qui pensent de la même manière » (p.1), l’analyse des données empiriques « confirme l’hypothèse que les plateformes organisées autour des réseaux sociaux avec des algorithmes de flux d’actualités qui prennent en compte les préférences des utilisateurs favorisent l’émergence de chambres d’écho » (p.6). https://arxiv.org/pdf/2004.09603.pdf 19- Avec ou sans chambres d’écho liées aux algorithmes, les internautes répliquent eux-mêmes ce processus de filtrage en ignorant, « n’aimant pas » ou en refusant de manière rigide les vues différentes des leurs. L’exposition à d’autres perspectives ne fait que renforcer les vues préétablies que l’on a au lieu de favoriser une plus grande tolérance des vues autres que les siennes. Le « biais de confirmation » fait référence à la tendance humaine d’interpréter une information nouvelle comme une confirmation d’une opinion existante : nous ne « voyons pas » une information contradictoire, nous l’ignorons ou nous la rejetons. Le biais de confirmation peut exprimer une faible complexité cognitive, un mode de pensée inflexible et fermé qui sont le propre des individus ou groupes incapables de tolérer la différence ou de coopérer avec d’autres en cas de désaccord.

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