Efdlt dec 2016

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EN FRANCAIS DANS LE TEXTE Chroniques Sociales à New York N° XVI - DEC 2016

DOSSIER Vieillir en expatriation PRESENTATION Les Petits Frères des Pauvres GRAND FORMAT Les émotions en images ISSN 2380-5943


ATD Photo: ATD Quart-monde


FOURTH WORLD MOVEMENT

L’équipe d’ATD Quart-Monde s’est retrouvée ce lundi 18 octobre, journée de la lutte contre la pauvreté à l’ONU. Des témoignages et surtout beaucoup d’écoute ont permis que cette journée ne soit pas oubliée mais au contraire un moteur dans une lutte qui se mène au quotidien.


EN FRANCAIS DANS LE TEXTE Décembre 2016


Dans ce numéro

5 Edito 10 Dossier du mois 12 Les Petits Frères des Pauvres 18 Grand Format 22 Fil d’entretien

11

15 19

22



EDITORIAL

VIEILLIR EN

EXPATRIATION

L

’expatriation est un

commencement, ou plutôt un recommencement, mais c’est aussi une fin. Personne ne peut présager ni du où ni du comment de notre disparition. Plus l’âge avance plus ces questions prennent de la place. Cependant loin de chez-soi, de sa famille dans un pays d’accueil, quant est-il de l’avancée dans la vieillesse: des réminiscences inévitables, des regrets, des moments de solitude ou un bien être d’une vie accomplie? Certainement les deux à la fois. Laissons-nous, le temps d’un numéro, nous bercer des émotions de ces personnes qui ont choisit de rester. Que leurs histoires nous éclairent dans cette terre inconnue qu’est l’expatriation. Christelle Bois

Rédactrice-en-Chef


EFDLT

EDITORIAL


EN FRANCAIS DANS LE TEXTE Magazine

Magazine publié à New York City. Fondé en 2015 Rédacteur en Chef Christelle Bois

Photographie Couverture: @enfrancaisdansletextenyc

Contact: christelle@enfrancaisdansletextenyc.com

ISSN 2380-5943


DOSSIER

Expatria Vieillir En Expatriation


tion Problématique trop souvent tue par pudeur ou par peur, la vieillesse en expatriation se teinte elle aussi de notes passées et du déchirement d’une séparation.

En collaboration avec Les Petits Frères des Pauvres, retrouvez notre dossier du mois Les émotions ressurgissent et parfois plus personne n’est là pour les entendre: des sons, des visages, des paysages sont perdus. Des associations, présentes sur le terrain, assurent un travail d’écoute et d’accompagnement pour ces personnes. Ecoutons-les. C.B.


Photo: Les Petits Frères des Pauvres


B

arbara Bringuier, coordinatrice internationale, se

fait la voix des Petits Frères des Pauvres pour EFDlT. Passionnée et passionnante, elle nous raconte les origines de l’association, qui remontent à plus de 70 ans, jusqu’à son développement très tôt à l’international, à Chicago d’abord. Les Petits Frères des Pauvres c’est tout d’abord une attention particulière à une catégorie de personne: les personnes âgées les plus démunies, les plus isolées qui vivent ou plutôt survivent dans des conditions précaires. Armée de bénévoles, l’association se porte à la rencontre de ces personnes, en se rendant directement chez elle pour recréer du lien social, de l’envie, des plaisirs. Notre attention s’est attardée sur la communauté des personnes âgées originaires d’Afrique du Nord. Eloignée de leur famille depuis qu’elle est arrivée en France pour travailler, cette communauté se retrouve désormais à vivre la vieillesse dans une terre d’accueil qu’elle a plus ou moins su intégrer. Beaucoup de similitudes avec notre thématique: Ce souhait d’un retour à ses origines, une fracture entre la famille créée ici et celle laissée là-bàs, des incompréhensions de part et d’autre et surtout une grande solitude qui est celle de toutes les vies en suspens mais teintée des couleurs passées de l’exil. Nous retrouverons tout au long du dossier des éléments de notre discussion avec Barbara pour éclairer, alimenter, cette thématique si semblable quelque soit la communauté d’origine ou la terre d’accueil. C.B


DOSSIER

Photo: En Franรงais Dans le Texte


Q

u’il est bien délicat

d’évoquer ces histoires de fin de vie confiées, dans des instants de lassitude, de faiblesse mais aussi de lucidité. Tant de choses sont en jeux, et surtout ne trahir personne. Ni les enfants d’ici qui ne comprendront pas ces « errements sentimentaux », « cette faiblesse » mise sur le compte de la vieillesse, ni cette fidélité à la famille de là-bàs, parents, fratrie, qui sont toujours dans le coeur quelque part entre les lignes d’une langue maternelle qui se perd peu à peu. Les Petits Frères des Pauvres le sait bien; Ces personnes ne sont plus ni d’un pays ni de l’autre a force d’avoir été déchirées entre deux. Restées entre-elles dans un mouvement de réassurance face à l’épreuve de l’inconnu, mais trop éloignées du pays pour bénéficier d’un réel soutien, elles se sont construites sur des sacrifices: celui du pays natal.


Ainsi Barbara nous raconte l’histoire de cette personne exilée au Canada qui souhaitait retrouver son frère perdu de vu depuis tant d’années: mission impossible. Alors pourquoi cette envie si tard, rendue inatteignable de part la distance et le temps. Serait-ce les regrets qui l’ont retenu, la peur de ne pas savoir quoi dire après tant d’années qui paralyse? Seule l’approche de la mort forcerait à reprendre des liens? E t c e t t e q u ê t e e s t- e l l e réellement souhaitée ou est-ce seulement l’idée qui est recherchée? La question se pose, tant cela ressemble à des chimères face à l a d i ffic u l t é d ’ u n e te l l e réalisation.

C

es questions n’ont pas de

réponse. Cependant leur existence laisse à deviner le piège de l’expatriation. Le Consulat Général de France à New-York, nous apporte des précisions.

Sophie Giloppé, en charge des affaires sociales depuis de nombreuses années accompagnent ces personnes et leur famille d’ici ou de France dans ce difficile voyage des derniers instants. Des hiatus administratifs peuvent compliquer plus encore cette problématique. Quelles attaches administratives reste-t-il d’avec le pays d’origine. En effet un retour est-il envisageable sans existence administrative ou sans représentant sur place: famille, amis. Un rapatriement de corps n’est pas aisé: le côut, la logistique ici et là-bas rendent ce souhait, quand il est émis, difficile à réaliser Le sens parfois se perd dans cette quête d’un retour que tout semblent rendre impossible Alors ces personnes restent. Et pour ceux qui ont pris une autre nationalité, ou celles pour qui personne n’a fait la démarche d’inscription au registre d’état civil de leur pays d’origine, ils disparaissent sans trace de leur vie d’ailleurs.


C

ertains mots résonnent encore pour les bénévoles qui accompagnent les personnes agées : « que fais-je faire làbàs », « je ne connais plus personne, je ne veux pas être une charge pour personne ». Alors certains choisiront, quand cela est possible, un dernier retour pour un instant remettre ses pas dans ceux d’avant, tel un dernier au revoir. Pour d’autres, entourés de leur enfants, ils se retiendront et resteront avec leur culture d’origine bien au chaud dans leur coeur mais prête à réapparaitre à la premiere occasion. Alors personne ou si peu ne fera le choix d’un retour permanent: C’est tout simplement trop tard, trop fatiguant, trop lourd. Trop tout. La réconcilliation entre les deux patries, cette utopie, ne se fera pas.

Dans deux mondes que tout séparent, la langue, la culture, la famille, et mêmes les souvenirs, ces personness agées sont restées entre-deux portées par la génération future mais bel et bien retenues par les racines qui ne s’oublient pas. Serait -ce simplement un rappel que le mouvement de l’expatriation est un mouvement oscillatoire mais qui tend inexorablement vers l’avant? Alors restons à l’écoute de ses souvenirs et de ces voix de tout temps et de tout lieu. Vo i l à q u ’ i l e s t te m p s d e refermer ce chapitre si particulier entre tous car il parle simplement de nous, dans un autre temps, plus tards, dans 20 ans, 40ans ou plus. C.B.


Grand format Les ĂŠmotions en images





FIL D’ENTRETIEN

Ceci est l’histoire d’une voix oubliée


C

eci est l’histoire d'une

personne seule qui a quitté son pays depuis 40 ans, 50 ans, 60 ans, et qui se raconte. Ceci est une voix qui parle comme elle n’a peut-être jamais parlée pour dire des choses qu’elle n’a peut-être encore jamais confiées. Ses confidences mettent à découvert les secrets d'une vie d’éloignement, de déracinement, de fuite en avant dont on ne revient pas, des blessures non refermées qui ont accompagnées ce voyage. Partie de rien, elle arrive avec ce rien, seulement portée par l'espoir. Cependant, les années s'additionnent sans jamais avoir vraiment construit un autre, ailleurs. Le travail est a tout juste permis de vivre.

La famille, cette grande oubliée, ce réseau social et amical si maigre, font que la mort, cette certitude, passera inaperçue. De cette voix, il ne reste, que deux yeux limpides qui rappellent l'océan traversé, qui rappellent cette vie qui s'éteindra: ainsi que les secrets enfouis. Les regrets sont universels, mais parfois, le long cours les teinte doublement. De ce pays natal, il ne reste plus rien : les parents proches sont disparus et la nouvelle génération est inconnue et méconnaissable. Et de cet eldorado, les secrets et blessures ont retenu tout mouvement de reconstruction. C.B.


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