EXPATRIATIONS & MIGRATIONS
Mars/Avril. 2018 N° 25
Revue bimestrielle publiée à New York
Le vol de nuit
ISSN 2380-5943
Fil d’entretien
ISSN 2380-5943
Abstract
EXPATRIATIONS
& MIGRATIONS
In between two continents we are flying towards something, somewhere, but we are lost in translation. Rooted, uprooted, always in search, this is the fate of those who chose the road of the exile.
Expatriations & Migrations
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Hudson river.
EXPATRIATIONS
&
MIGRATIONS
Revue bimestrielle Fondée en 2015 Rédacteur en Chef Christelle Bois
Directeur du Design ChinaEliteFocus LLC
Directeur de la Photographie EFDLTstudio
Section culinaire @constancescupcakes
Contact: enfrancaisdansletextenyc@gmail.com Edition papier disponible sur demande
Expatriations & Migrations
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SOMMAIRE
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Abstract Édito Grand Format Fil D’entretien Dossier du mois Chroniques de Constance’s Cupcakes
EDITO
Le vol de nuit d’en va.
Les départs se font la nuit, comme en catimini pour éviter les au revoir, les regrets, ce même vol de minuit qui nous rassure, qui nous assure d’une nuit pour changer d’habit et revêtir celui de l’expatrié qui est de retour.
On part de chez-soi pour rentrer chez-soi .
Quelle confusion!
Des émotions contraires et ambiguës que nous aborderons dans ce numéro d’Expatrions&Migrations.
Christelle Bois Rédactrice en Chef
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Hudson river
GRAND FORMAT Expatriations & Migrations
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By EFDLT studio
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New York, Sunset
Fil d’entretien
View of New York
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T
ant attendus et en
même temps redoutés, les retours sont des périodes difficiles à vivre. Ils nous inquiètent bien avant le départ et nous travaillent bien après le retour. C’est qu’il n’est pas aisé de faire face à tant d’émotions, à tant d’attentes de part et d’autres. Attentes bien souvent déçues. Et bien sûr il n’y a rien à f a i r e. Tr a g é d i e é c r i t e d’avance dans laquelle personne ne sera satisfait; Insatisfaction, retenue, dépit de ceux qui n’ont pas été visités, ou de ceux qui l’ont été trop rapidement.
Dépit dû à notre fatigue, à ce temps passé à courir, et à cette culpabilité quand l’envie sourde de repartir au plus vite nous surprend. Les retours ne sont jamais des vacances pour les expatriés mais une épreuve qui nous montre à quel point nous avons changé, à quel point le temps, s’il ne transforme pas l’attachement, en change ses formes. Loin des yeux dans cet exil qui même s’il a été choisi n’en est pas moins lourd à porter parfois.
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Dossier du mois
Le Vol de Nuit Expatriations & Migrations
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D
ans cet
aéroport, celui
qui nous ramène, nos pas alourdis de bagages, d’excitation, portent cet espoir de remettre nos pas dans ceux d’antan et de retrouver en nous l’enfant que nous étions ces soirs de Noël autour de la table familiale . Et nos valises faites bien longtemps en avance, sont remplies de cadeaux comme pour faire pardonner notre absence, objets porteur de paix face à nos querelles et incompréhensions mutuelles. Les premiers retours se font dans l’effervescence, dans le tourbillon des retrouvailles, du retour à ce chez-soi, rythmés p a r t o u t e s c e s ch o s e s à raconter.
C’est aussi des beautés, des paysages, des couleurs, des odeurs que les photos auront tant de mal à transmettre; Alors on parle toujours plus, on s’installe autour de la table, on s’attable devant nos plats préférés et malgré la fatigue d u d é c a l a g e h o r a i r e, l e bourdonnement de l’avion qui résonne encore dans nos oreilles, nous apprécions ces attentions avec plaisir. Nous retrouvons nos affaires, notre place gardée au sein de la famille. Nous reprenons le fil d’une vie que nous avons quittée hier et qui semble nous emporter de nouveau. Un contentement, un apaisement pourtant bien éphémère. ..
Ce bonheur dont on sent déjà la fin, car ce départ dont personne ne parle comme pour mieux le repousser et peut-être à force d’y croire l’éviter se tapit, est éphémère.
Ces bagages qui nous attentent à la porte nous rappellent cette nouvelle vie dont on a finalement si peu parlée, comme cachée. Le départ est lourd, alourdi plus encore de tout ce qui n’a pas été dit, et de ce sentiment confus encore mais qui gronde, que notre vie n’est plus celle là, mais peut-être pas encore tout à fait l’autre...
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Les retours se suivent et se ressemblent un peu mais le décalage de nos vies s’agrandit à chaque fois. Les souvenirs s’épuisent, les silences se prolongent. Les saveurs, les lieux, les visages, reviennent de plus en plus loin dans la mémoire. C’est qu’une nouvelle vie, un nouveau quotidien, de nouveaux centres d’intérêt ont pris le pas sur ceux d’avant. Et la distance donne de nouvelles perpectives, un œil plus critique qui n’est pas le bienvenu. Et nous avons changé aussi! Nous ne sommes plus celui ou celle qui est attendu(e). Et ils ne sont ceux que nous avons quittés: un peu pareils, mais plus tout à fait les mêmes.
Pa r f o i s c e s l o n g u e s discussions à bâtons r o m p u s d ’ a n t a n fo n t place aux silences quand s’amoncellent ces mots, ces phrases, ces tonalités, annonciateurs d’orages. Couper court et vite, éviter les heurts des derniers instants, ces mots de trop, malheureux. De ceux qui resteront et se transformeront en blessures dans nos valises bien après qu’elles soient déposées, défaites, rangées et qui les alourdiront aux prochains départs. S’installe alors une gêne, une distance, une protection face à une i m p r e s s i o n d’incompréhension, d’isolement, d’exil...
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Serait-ce donc ce chemin, celui de l’exil, qu’il nous faut prendre et qui sonne comme une fatalité, la finalité d’une expatriation qui se prolonge un peu trop? Ces vols de nuit qui nous emmènent, qui nous font traverser continents et océans, nous entraînent vers un autre temps, d’autres lieux, telle une époque révolue, remplie de nostalgie. Ils sont les portes que l’on ouvre et que l’on referme mais dont la lumière passe encore en rai; cette lumière pourtant indispensable, celle réclamée par l’enfant pour le rassurer lorsqu’il s’endort.
Du fond de cet éloignement qui prend doucement les couleurs automnales de l’exil, les émotions défilent devant nos paupières fatiguées des heures trop longues de ce voyage qui n’en fini pas. Le sommeil qui peine à venir viendra peut-être cette fois nous reposer dans cet avion qui ne nous ramène jamais vraiment quelque part et qui ne fait que nous éloigner un peu plus, lui qui vole dans les airs entre deux continents, entre deux cœurs.
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La Saint-Valentin De
beaux
s o u v e n i rs des
et
co u leurs
q
u
i
réchauffent Le coeur pour un hiver
qui
s’éter n ise. Alors quoi de mieux que de s’off r ir
des
petits gâteaux d’amour.
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@constancescu
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