Efdlt fevrier 2017

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EN FRANCAIS DANS LE TEXTE Chroniques Sociales à New York

N° XVIII - Fevrier 2017

DOSSIER

L’amitié au long cours LES BRUITS DE LA RUE

Women’s March

GRAND FORMAT

Les émotions en images

ISSN 2380-5943


EFDLT

EDITORIAL


EN FRANCAIS DANS LE TEXTE Magazine

Magazine publié à New York City. Fondé en 2015 Rédacteur en Chef Christelle Bois

Photographie Couverture: @enfrancaisdansletextenyc

Contact: christelle@enfrancaisdansletextenyc.com

ISSN 2380-5943



EDITORIAL

l’amitié au long cours Sur la longue route de l’expatriation, que reste-t-il des amis de 30 ans avec lesquels on a grandi, fait les 400 coups, que l’on a accompagnés parfois jusqu’à leur mariage? Les liens se nourrissent des r e n c o n t r e s , d e s h i s to i r e s e n commun à partager. Ma i s v o i l à , l e p r o p r e d e l’expatriation est d’être loin de ceux qui sont restés. Et de ceux qui se font sur la route, compagnons de voyage mais jamais dans la même direction, comment garder le lien ? Cette relation d’amitié, survit-elle à ces déplacements, à ces bifurcations de la vie? EFDlT se propose d’aborder ces relations amicales bien p a r t i c u l i è r e s q u i te n te n t d e survivre malgré tout. Christelle Bois

Rédactrice-en-Chef


EN FRANCAIS DANS LE TEXTE Février 2017


Dans ce numéro

5 Edito 12 Les bruits de la rue 14 Lettre à un ami 16 L’ amitié au long cours 18 Grand Format 22 Fil d’entretien

12 14 16

18

22


LES BRUITS DE LA RUE: Women’s March NYC






Les bruits de la rue

:

tion

Comme un murmure grondant, une rumeur qui s ’ a m p l i fi e , l e s s l o g a n s r e m o n t e n t e t redescendent en vague de cette foule nombreuse mais en ordre de marche. New York, à l’appel de Washington, a vécu une effervescence ce 21 janvier 2017. Ses avenues vides de voiture se sont remplies de bannieres, de mots, de bruits, de pas. Nombreux ont répondu à l’appel. Plus de prévu? Il semblerait qu’en ce moment rien de soit prévisible, le mouvement emporte tout sur son passage. Et parfois le mouvement empêche la reflexion, tout comme la peur engendre le repli sur soi. Seul ou en groupe, chacun avait ses raisons d’être là. Que se soit des revendications plus politiques, ou des causes particulières, tous avaient à coeur de défendre l’égalité pour tous. Marche lente, dont les arrêts réguliers ont tranformé la queue de peleton en comète interminable, la nuit était déjà bien installée que nous marchions encore et que les derniers entamèrent tout juste leur marche. Un vrai un marathon. Et finalement ce que l’on defend ne se fera pas en un sprint mais bien sur un temps long, avec vigilance, sans se laisser rattraper par la fatigue, la lassitude, la facilité, qui pourraient ouvrir la porte à l’abandon de certaines valeurs. Celles que nous defendons. C.B.


LETTRE

A

UN AMI


Je me suis longtemps retenu de t'écrire, le temps s'échappe plus qu'il ne se retient. La vie avance à mille a l'heure, les enfants, les

soucis… je pourrais avancer beaucoup d'autres arguments à mon silence, mais ils sonneraient faux.

La vérité est que je ne sais plus quoi te dire, à toi qui ne connais

pas mon quotidien, à moi qui ne connais plus le tien, à moi qui te juge, à toi qui me juges.

Ta dernière venue ici n'a été qu'un tourbillon de visites, de va-et-

vient, de découvertes plus que de reconnexion. J'ai eu l'impression

d'être devenu un guide touristique plus que ton ami, à être le chauffeur et le traducteur, plus que ton confident.

De mon dernier passage au pays, je n'ai été qu'un courant d'air, fatigué, décalé à écouter des récriminations qui ne me concernent

plus. A ne plus comprendre, à sembler te juger pour un rien moi qui

vit l'international. Du haut du piédestal sur lequel tu m'as mis, je n'arrive plus à en redescendre pour te comprendre et t'écouter. Au final seuls les enfants semblent s'entendre.

Et pourtant j'ai besoin de toi, de cette amitié au delà de la distance et du temps comme celui qui me connait peut-être mieux que moi-

même, qui me rappelle qui je suis. Alors reste avec moi, faisons ce petit bout de chemin ensemble, le plus loin possible, sans tenir compte des différences qui nous séparent, mais plutôt de ce qui nous rapproche.

A mon ami au long cours.


DOSSIER

Expatria La distance Voilà l’heure du départ qui sonne avec moultes promesses de nouvelles, de photos par média sociaux interposés. Mais la vie prend vite son r ythme. Et parfois trop d’excitement ou au contraire trop de déprime, retarde l’envoi de nouvelles ou l’envie d’échanger, qui pourrait laisser apparaitre quelque chose d’incompréhensible, à soim ê m e e t à ce u x q u i s o n t « restés ». Les problémes de langue, les soucis administratifs ou le simple ciel bleu parfois, qui décrit une vie qui semble facile de loin, fait sourire au début mais apparait dérisoire et vide après un certains temps, car les vrais soucis ont du mal à être abordés. En effet comment évoquer cette languer parfois, cette insécurité qui nous saisit certains jours où l’on se redemande encore pourquoi on est parti.

Alors souvent on préfère se taire et faire semblant que tout va bien. Et d’autres arrivent qui semblent nous comprendre mieux.

Les nouvelle amitiés il est facile de se faire des nouveaux amis au sein de la communauté expatriée. Les occasions de rencontre sont courantes, tant les lieux publics fréquentés par les » expats » sont vite reconnaissables, et les associations locales présentes en grand nombre. Elles sont rapides, rendues simple par cette proximité de vie, de ressenti, de problématiques qui nous rapprochent et nous rassurent. C’est tout à la fois du soutien, du parrainage, de la reconnaissance qui se mélangent et se confondent au sentiment d’amitié.


tion Mais ces nouvelles amitiés sont parfois aussi rapides qu’éphémères, et souvent superficielles. Il n’y a pas vraiment de relations privilégiées quand les arrivées sont rythmées par les départs, quand les amis d’aujourd’hui seront demain les nouveaux amis d’autres quelque part, ailleurs dans le monde. Ce lien unique est difficile à construire et encore plus a maintenir face à la marche effrénée de l’expatriation, il n’a pas le temps de se créer.

Le maintien L’ a m i t i é a p p a r a i t b i e n difficile à maintenir quand les lignes d’horizon bougent sans cesse et que les attaches s’effritent face à ce mouvement de déracinement.

De part et d’autre, ce sont des vies difficiles à imaginer, à partager, pour ceux qui ne l’ont pas vécues. De là à parler d’amitié à part? Peut-être, en tout cas il est sûre que l’amitié n’est pas la même, elle s’imagine, elle se devine plus qu’elle se concrétise. Elle s’ajuste. Portée à bout de souffle, pour survivre, elle doit être réguliérement entretenue et ré-inventée avec ce que nous sommes devenus, transformés nous-même par les routes de l’expatriation. C’est ainsi que certaines amitiés resteront malgré les départs, les nouvelles irrégulières, les centres d ’ i n te r ê t d i v e r g e n t e t finalement c’est de ces dérives communes qui attachent que l’amitié se trouvera renforcée. C.B.


Grand format Les ĂŠmotions en images





FIL D’ENTRETIEN

des émotions aux mots


L’ é l o i g n e m e n t , p a r f o i s l’isolement est ce qui characterise la personne qui part. Les raisons de ce départ sont parfois mal comprises, mal reçues, comme des regrets, comme des rancunes, qui accompagneront pour longtemps ce départ, ce voyage qui éloigne des racines mais qui voudrait tant les garder. De cette incompatibilité nait des souffrances tues de peur de les réveiller, masquées pour ne pas blesser plus encore et maintenir un lien indispensable. Ce lien de l’amitié, tout comme le lien de famille est nécessaire comme une bouée face à l’immensité de l’océan qui sépare, il allége les valises et donne une couleur particuliére au voyage. Mais qu’il est difficile de le maintenir de part et

d’autre, tant l’éloignement semble inévitable. Les retrouvailless sont sporadiques, écourtées, partagées entre trop. Le temps peine à être qualitatif, et il déçoit. Ainsi les rencontres tant attendues séparent plus qu’elles ne rapprochent, réveillent les rancunes. Ne reste qu’un sentiment d’épuisement telle une rencontre tant espérée, qui n’aurait pas eu lieu. Alors chacun repart en se promettant de se revoir, un j o u r. M a i s t o u t b a s , furtivement se fait entendre un sentiment de soulagement, une envie de rentrer, de repartir, de ne plus dire. Et pourtant l’amitié est toujours là, dans le coeur indefectible même s’il est bien difficile de l’exprimer. C.B.


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