EN FRA NCA I S DA NS LE TEX TE Ch roni q ues soci al es à New York
N°3 - Octobre 2015
Éclairage d'expert: Le multilinguisme dès le plus jeune âge Fil d'entretien: Le choix des parents
ISSN: 2380-5943
Édito Pour nous joindre:
Sommaire New York la Francophone
enfrançaisdansletexte@gmail.com
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Faits et chif f res liés à la langue f rançaise sur New York
Le coin des artistes
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Éclairage d'expert
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Art icle d'un expert sur une problèmat ique liée à notre thématique du mois
Fil d'entretien
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Paroles et émotions éparses ent endus tout le long de ma pratique autour d'un théme.
Les chemins de travers
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La rentrée scolaire est le sujet incontournable du moment. La scolarité est une préoccupation pour les petits et les plus grands. Et dans le contexte d'une installation à l'étranger la question du multilinguisme se pose. Si l'anglais s'impose des facto, les autres langues - celles des parents, celle du pays d'accueil - interrogent; Laquelle imposer, laquelle abandonner, faut-il les maintenir toutes? Bien des questions auxquelles les parents ont à faire face. Ces questions s'immiscent au sein du couple dès les premières années de l'enfant. Ce numéro apportera un éclairage sur le multilinguisme, et évoquera les questions et les émotions entendus des parents face à cette problématique dans la rubrique fil d'entretien.
Idées et découvert es à f aire autour des quest ions sociales et la langue f rançaise sur New York Christelle Bois
NEW-YORK laFrancophone Au sein du système scolaire dans l'Etat de New-York (NDLE) l'anglais doit être utilisé pour l'enseignement (). Toutefois, pendant une période de trois ans, qui pourra être prolongée par le commissaire jusqu'à un maximum de six ans à compter de la date d'inscription d'un élève et sur demande des autorités scolaires appropriées, les élèves nés à l'étranger ou de parents étrangers bénéficieront des programmes d'enseignement bilingue: sources New York State Home Instruction Regulations
La ville de New York est cosmopolite; elle accueille de nombreux immigrants. Plus de 25 % de la population éprouve des difficultés à s'exprimer en anglais et plus de la moitié des foyers new-yorkais parlent une autre langue que l'anglais. Il est possible d'y entendre parler près de 200 langues différentes. En 5éme position vient le français avec 152 534 locuteurs recensés. http:/ / www.axl.cefan.ulaval.ca/ amnord/ newyork.htm
Lecoindesartistes Poème " Les écol i ers" M aurice Fombeure 1953
Sur la route couleur de sable En capuchon noir et pointu, Le « moyen», le « bon», le « passable» Vont à galoches que veux-tu Vers leur école intarissable. Ils ont dans leur plumier des gommes Et des hannetons du matin, Dans leurs poches, du pain, des pommes, Des billes, ô précieux butin Gagné sur d?autres petits hommes. Ils ont la ruse et la paresse ? Mais l?innocence et la fraîcheur ? Près d?eux les filles ont des tresses Et des yeux bleus couleur de fleur Et de vraies fleurs pour la maîtresse. Puis les voilà tous à s?asseoir Dans l?école crépie de lune, On les enferme jusqu?au soir Jusqu?à ce qu?il leur pousse plume Pour s?envoler. Après, bonsoir ! Ça vous fait des gars de charrue Qui fument, boivent le gros vin, Puis des ménagères bourrues Dosant le beurre et le levain. Billevesées, coquecigrues, Ils vous auront connues en vain Dans leurs enfances disparues !
Sreck o Raguz / Les écol i ers 2
Eclairage d'expert Barbara Abdelilah-Bauer: diplômée en psychologie sociale, professeur et éditrice du site internet www.enfantsbilingues.com, prodigue dans un ouvrage -Le défi des enfants bilingues- de précieux conseils aux parents. Les deux tiers de la population mondiale sont bilingues ou plurilingues. Grandir en parlant plus d?une langue est donc le quotidien de milliards de personnes à travers le monde. Élever un enfant dans deux langues demande pourtant un effort soutenu durant plusieurs années. Le bilinguisme ne va pas de soi. Il est pourtant porteur d?atouts considérables. Le bilinguisme précoce se développe par nécessité : la nécessité de communiquer avec des personnes de son entourage qui ne parlent pas toutes la même langue conduit le jeune enfant à développer deux langues simultanément. Il acquiert ses deux langues sans s?en apercevoir, il n?est d?abord pas conscient qu?il utilise deux systèmes linguistiques. Parfois il passe par une période où il « mélange» les deux langues, mais très vite il saura distinguer quelle langue parler avec quelle personne ou dans quel contexte. Le langage et les langues se développent seulement si l?enfant éprouve la nécessité d?établir des relations sociales avec telle ou telle personne. Ce n?est que dans l?interaction avec ces personnes que la capacité de comprendre et de parler peut se développer. Bien qu?on puisse apprendre une seconde langue à n?importe quel âge, l?avantage de l?acquisition précoce réside dans le fait que le jeune enfant est capable de distinguer et de reproduire tous les sons de toutes les langues, il parlera donc les deux langues sans accent. Les enfants bilingues ont une pensée plus créative, plus ouverte. Ils acquièrent aussi très tôt la capacité de réfléchir sur la langue, et cette « conscience métalinguistique» est une condition nécessaire à l?apprentissage de la lecture. Elle améliore aussi le développement de la langue maternelle. Il est avéré que ces enfants ont une plus grande facilité d?apprendre une 3e ou 4e langue dans le cadre scolaire.
Ils acquièrent aussi très tôt la capacité de réfléchir sur la langue, et cette « conscience métalinguistique» est une condition nécessaire à l?apprentissage de la lecture. Elle améliore aussi le développement de la langue maternelle. Il est avéré que ces enfants ont une plus grande facilité d?apprendre une 3e ou 4e langue dans le cadre scolaire. Élever un enfant dans deux langues demande un effort, car il est plus facile de céder à la pression de la langue majoritaire et de laisser s?affaiblir la langue minoritaire (langue de la famille ou d?un des parents). Si on veut maintenir la langue minoritaire à un niveau de compétence satisfaisant (comprendre ET parler, éventuellement lire et écrire), il faut proposer à l?enfant un environnement riche et stimulant dans cette langue (livres, histoires, cassettes, amis). La langue doit être ressentie comme utile par l?enfant. Les enfants n?ont pas les mêmes motivations que les parents, ils privilégient le contenu d?un message et non la forme : ils utiliseront donc très vite la langue de la majorité (de l?école) pour parler avec les parents. Pour peu que ces derniers se trouvent dans un processus d?apprentissage de la langue du pays, ils seront tentés de parler cette langue avec les enfants: c?est la disparition de la langue « d?origine» programmée! Dans un souci de maintien de la langue « d?origine» et donc du bilinguisme, il est préférable de laisser la langue du pays de résidence "dehors", faire confiance à l?école et, éventuellement, aux cours de langue en dehors de l?école, pour que l?enfant se familiarise avec la nouvelle langue. Plus les enfants grandissent et plus ils maîtrisent leurs deux langues, cette séparation des langues pourra être observée avec moins de rigueur. Par exemple, en présence d?amis, toute la famille pourra parler la langue du pays.
Si la famille a un projet d?expatriation à moyen terme, il peut être judicieux de familiariser les enfants avec la langue de leur futur pays - et ceci même avant 3 ans. On peut engager une baby-sitter ou nounou qui s?occuperait de l?enfant en lui parlant exclusivement dans sa langue maternelle ou bien on l?inscrit dans une école maternelle bilingue - si par chance une telle école se trouve à proximité. Lors de mon activité de conseil, j?ai souvent constaté une certaine insouciance de la part des parents expatriés qui ne semblent pas toujours saisir l?étendue du bouleversement psychologique et linguistique que subiront leurs enfants en âge scolaire. Beaucoup d?entre eux s?imaginent que la langue du pays « rentrera» toute seule, ils ont à l?esprit un apprentissage naturel par immersion dans le milieu scolaire, à l?image des tout-petits. L?immersion complète dans une école locale n?est pas la meilleure solution. Il ne faut pas oublier que l?enfant en âge scolaire a une tâche plus complexe à accomplir en matière d?apprentissage de la seconde langue, qu?un enfant plus jeune. Il va certes acquérir rapidement la capacité de communiquer avec les autres enfants, mais parallèlement il sera confronté au registre, plus formel, de la langue des apprentissages. Il devra également acquérir une compétence pragmatique, c?est-à-dire savoir comment utiliser les éléments de la langue pour argumenter, convaincre, expliquer. La nouvelle langue dans toute sa complexité sera acquise progressivement. Contrairement à ce qu?on pourrait penser, c?est en continuant à parler sa langue maternelle à l?enfant (dans un échange riche et stimulant), que les parents favoriseront l?acquisition de la nouvelle langue, qui s?opère par un mécanisme de transfert. La scolarisation en école bilingue serait évidemment le meilleur choix, car garantissant la continuité du développement langagier de l?enfant. Un enfant acquiert naturellement tout système linguistique dont la maîtrise lui est utile pour établir des relations avec les personnes de son entourage. Mais les enfants peuvent aussi oublier une langue aussi vite qu?ils l?ont apprise, si celle-ci ne leur est plus utile. La gestion « économique» des langues devient vitale pour un enfant qui, par les obligations de la famille, change régulièrement de pays. On constate en général un multilinguisme fluctuant - un enfant bilingue peut devenir trilingue, puis redevenir bilingue au gré des changements de pays de sa famille. Pour préserver l?équilibre psychologique de l?enfant, il est important que la langue familiale reste inchangée. Dans la mesure du possible il faudrait opter pour un enseignement dans une langue internationale qu?on pourra retrouver dans un grand nombre de pays. Une langue, serait-ce la première, la langue "maternelle", peut disparaître progressivement, si elle est supplantée par une autre langue, dominante. Si un enfant, suite à l?exposition à une seconde langue, n?a pas suffisamment d?occasions de parler sa première langue, celle-ci va s?affaiblir sérieusement, allant parfois jusqu?à l?oubli. L?oubli de la première langue peut être total si une seconde langue devient dominante avant l?âge de 8- 9 ans, âge auquel un enfant a acquis la lecture et l?écriture. L?activité de la lecture « fixe» davantage la langue dans le cerveau, elle sera donc moins sensible à l?influence d?une seconde langue. Si la première langue est parlée régulièrement jusqu?à la puberté, il y a de fortes chances qu?elle reste acquise pour la vie.
Version original de l'article http:/ / vivrealetranger.studyrama.com/ article.php3?id_article=224
Fil d'entretien La constatation arrive vers les 5 ou 6 ans de l'enfant quand les parents se rendent compte que leur enfant ne parle pas leur langue maternelle et même n'y trouve aucun penchant. Après avoir acquis la langue du pays d'accueil, l'anglais, langue de communication par excellence s'y ajoute naturellement, alors une 3ème langue est souvent un fardeau pour nos enfants. Lorsque le fait est constaté ou le décision prise, le parent dont la langue à été sacrifiée sent un manque, une relation priviligiée lui échapper et une complicité s'installer avec l'autre parent qui lui partage une langue de coeur avec l'enfant. Et lorsque des tensions et des enjeux au sein du couple se profilent, l'enfant, la langue, deviennent des otages et des moyens pour une fin. Ce fossé peut aller croissant et l'éloignement parent/ enfant se révéler bien des années après lorsque l'enfant à grandit. Dans certain cas, c'est le parent lui-même qui est à l'origine du sacrifice de sa langue, souvent celle qui est la moins usité, pour ne pas alourdir la scolarité de son enfant où faciliter son intégration. Ainsi de ces choix qui se font ou pas, en se défossant sur le plus tard, plus les années passent plus il devient bien difficile d'y revenir. Les situations sont uniques mais ce sentiment de manque est là, présent chez ces parents qui ont laissé, volontairement ou non péricliter leur langue. Dès années après, certains de ces enfants devenus grands expriment le regret de ne pas avoir appris ou maintenu leur langue maternelle. Certains la réapprendront en cours pour adulte ou la feront apprendre à leurs enfants. D'autre se rapprocheront de la communauté de leur parents. Dans ce grand voyage de l'exil, la langue maternelle est forte de sens et d'enjeu pour les petits et les grands, maintenant et plus tard. C.B.
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A connait re
Human, le dernier film de Yann Arthus Bertrand: d'une beauté impressionnante tant visuellement qu'émotionnellement.
Savez-vous ce que sont les enfants TCK?
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La notion de « Third Culture Kids » a été développée par David Pollock et Ruth Van Reken dans leur ouvrage « Third Culture Kids. The experience of Growing Up Among Worlds ». Ces deux auteurs définissent un TCK comme « une personne ayant passé une partie importante de son enfance en dehors de la culture de ses parents » Autrement dit, dans un pays (ou plusieurs pays) et donc une culture qui ne sont pas ceux de leurs parents. Dans son livre « Raising Global Nomads », Robin Pascoe dit préférer la définition de Norma McCaig qui décrit les « Global Nomads » comme étant « ceux qui ont vécu à l?étranger avant l?âge adulte en raison des choix professionnels de leurs parents ». L?avantage de cette dernière définition, comme l?explique Robin Pascoe, est qu?elle prend en compte la cause de l?expatriation, à savoir le choix professionnel de l?un des deux parents. Lire la suite: http:/ / expatforever.blogspot.com/ 2010/ 07/ quest-ce-quun-tck.html
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