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D É C O U V R
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0 2 L E F E U S A C R É D E L A C R É AT I O N – E n t r e t i e n a v e c M a t t h i a s P i n t s c h e r 05 SAISON 20_21 10 OLGA NEUWIRTH. AMEUTER LES SIMULACRES 1 4 D U S O N A U S E N S . L’ U LT I M E D É R I V E D E G É R A R D G R I S E Y 1 8 A L E X A N D R E S C R I A B I N E : N O T E S E T R É F L E X I O N S ( E X T R A I T ) 24 CROISSANCE ORGANIQUE – Entretien avec Enno Poppe 2 9 L’ I N T U I T I O N D U P R E M I E R J O U R – O L I V I E R M E S S I A E N 3 1 L E R E Q U I E M : U N FA N T Ô M E À H A B I T E R D E L’ I N T É R I E U R – E n t r e t i e n a v e c F r a n c e s c o F i l i d e i 34 COMPOSITRICE ET INTERPRÈTE – Entretien avec Agata Zubel 40 RESTER EN ÉVEIL – Entretien avec Lucas Fagin 4 4 J O U E R AV E C L E F E U – E n t r e t i e n a v e c W o l f g a n g M i t t e r e r 4 9 I M P R É V I S I B L E E T R E D O U TA B L E – E n t r e t i e n a v e c C h a y a C z e r n o w i n 5 4 FA U S S E S I N F O R M AT I O N S , V R A I E M U S I Q U E – E n t r e t i e n a v e c R a p h a ë l C e n d o 57 PROMÉTHÉE, D’HIER À AUJOURD’HUI
P A R
T A G E R
6 1 A C T I O N S C U LT U R E L L E S 6 4 M É C É N AT 66 ENSEMBLE INTERCONTEMPORAIN 6 7 M AT T H I A S P I N T S C H E R , D I R E C T E U R M U S I C A L 69 ÉQUIPES 7 0 I N F O R M AT I O N S P R AT I Q U E S
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À part Berlin, vous jouerez plusieurs fois « hors les murs ». Nous avons une importante activité de tournées, à l’étranger et en région. Cette saison, nous irons par exemple à Boston, Munich, Moscou, Monaco, et en France à Strasbourg, Orléans ou Rouen.
qui viennent incarner le cri humain. Il y aura également deux créations, la première de Toshio Hosokawa intitulée The Flood, la seconde de moi-même, écrite pendant le confinement et intitulée Beyond II (bridge over troubled water). Un trio pour flûte, harpe et alto qui nous porte à voir la lumière au bout du tunnel.
Il y a aussi une continuité dans les collaborations de l’Ensemble. Oui, avec nos partenaires privilégiés comme la Philharmonie de Paris, le Théâtre du Châtelet, l’Orchestre de Paris, le Festival d’Automne, le Festival Présences, l’Ircam, France Musique…
L’un des fils conducteurs de la saison est la figure mythologique de Prométhée. Comment ce célèbre mythe résonne-t-il encore aujourd’hui ? Prométhée, c’est le titan qui est chargé par les dieux de la création de l’humanité. Il vole le feu sacré pour le partager avec les êtres humains. C’est un univers esthétique et philosophique riche, un symbole pour la connaissance humaine en général. Il y a aussi la punition à laquelle Prométhée est soumis. Alors qu’il est attaché sur un rocher, un aigle vient chaque jour dévorer son foie qui se reconstitue chaque nuit.
L E F E U S A C R É D E L A C R É AT I O N E N T R E T I E N AV E C M AT T H I A S P I N T S C H E R conscience de notre privilège ; nous allons tous, musiciens et public, réapprendre à apprécier pleinement cette chance qu’est le partage de la musique.
Que nous réserve cette nouvelle saison, qui se déroulera dans un contexte inédit, ne cessant de se modifier ? Comment programme-t-on dans ces conditions d’incertitude ? Qu’est-ce que la musique et la création ont à nous dire dans un monde où des thématiques brûlantes s’imposent chaque jour un peu plus à nos consciences ? Qu’attend-on de la reprise tant espérée des concerts, pour les musiciens, pour le public ? Autant de questions abordées dans cet entretien au long cours avec Matthias Pintscher, directeur musical de l'Ensemble intercontemporain.
Comment cela s’est-il traduit dans la programmation ? Au début, nous avons vu les concerts s’annuler les uns après les autres, comme un château de cartes qui s’effondrait. C’était dur émotionnellement, notamment l’annulation de l’Ojai Music Festival en Californie où l’Ensemble devait se produire pour la première fois ! Mais l’EIC peut faire preuve d’une grande agilité et d’une importante capacité d’adaptation. Notre concert du festival ManiFeste-2020 a, par exemple, été reporté au 4 septembre à la Scala Paris. Nous avons dû renoncer à la soirée In Between d’ouverture de saison à la Philharmonie de Paris, impossible à maintenir en l’état dans ce contexte ! Nous avons préféré bâtir un autre programme plus en résonance avec le monde actuel et certains de ses problèmes les plus brûlants comme l’injustice sociale ou les discriminations de toutes sortes. Une programmation forte et variée avec Sentimental Shards du compositeur afro-américain Tyshawn Sorey, le cycle d’Olga Neuwirth en hommage à Klaus Nomi sur les questions de genre et d’identité, des œuvres de Giacinto Scelsi et de Fausto Romitelli,
Matthias, comment envisagez-vous la nouvelle saison dans ce contexte inédit ? Cette saison s’annonce exceptionnelle à bien des égards. Avec une fin de saison suspendue et une saison nouvelle abordée comme une toile blanche, nous sommes obligés de redessiner le contenu artistique. Ce qui est surprenant, c’est que cela crée une sensation de grande liberté dans un cadre contraignant. Toutes ces restrictions nous poussent à utiliser notre intelligence et notre créativité. Beaucoup de choses ont déjà changé comme la manière de communiquer, par le numérique. Mais cela provoque aussi une grande « faim » de sorties. Avec cette crise, nous avons pris
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Continuité aussi dans les actions de transmission ? Oui. D’autant plus que l’EIC vit un moment intéressant en termes de renouvellement de générations. La collaboration avec le Conservatoire de Paris se poursuit et nous tenons aussi beaucoup à inviter d’ancien·ne·s chef·fe·s assistant·e·s à diriger. Un autre projet qui me tient à cœur est celui autour du jeune ensemble Ulysses dans le cadre du festival ManiFeste. Les jeunes musiciens sont guidés par les musiciens de l’Ensemble et jouent avec eux. C’est tout à fait dans notre mission, notre rôle de passeurs.
En français, foie et foi sont homophones… En effet ! Aujourd’hui, nous sommes en quelque sorte toujours attaqués par les conditions extérieures, par des cas de force majeure. Mais nous sommes en vie, nous ne sommes pas morts, bien au contraire ! Il nous faut garder la foi et nous réinventer. Cette thématique va être déclinée de plusieurs manières à différents moments de la saison : un concert Scriabine à la Philharmonie de Paris en novembre avec l’Orchestre du Conservatoire de Paris, un concert éducatif très original en décembre, un nouveau Grand soir fin mai avec des créations de Mark Andre, Chaya Czernowin, Bernhard Gander et du jeune compositeur italien Aureliano Cattaneo, en dialogue avec un chef-d’œuvre de Mozart : la Gran Partita.
Quels sont les joies et les challenges de la programmation ? Il y a de grands bonheurs. Par exemple imaginer le Grand soir Amérique latine en mars 2021 : un projet hors-norme ! Il y aura aussi une très belle carte blanche à Georg Nigl, toujours en mars, où nous jouerons une œuvre rarement donnée, le Berliner Requiem de Kurt Weill. Et les challenges ? L’essence de notre programmation, c’est de présenter à notre public un large aperçu du meilleur de ce qui se fait actuellement sur la scène musicale contemporaine. Autrement dit, de ce que nous pensons nécessaire de faire entendre. Malheureusement, en une saison, nous n’avons la possibilité de présenter qu’une fraction de ce que nous souhaiterions. C’est cela le plus grand challenge ! Le public semble suivre nos propositions avec une grande fidélité et une insatiable curiosité. Nous lui en sommes infiniment reconnaissants. Nous avons la sensation d’avancer tous ensemble dans la même direction. J’ai si hâte de retrouver Paris, les musiciens et le public !
Un autre moment fort de la saison sera la deuxième édition de la Biennale Pierre Boulez qui présentera notamment la création d’Anthèmes II pour alto et l’intégrale de l’œuvre pour piano. Oui ! Il y aura aussi Répons, qui est l’une des « œuvres signature » de l’Ensemble, notre « Graal » que chaque musicien doit avoir « touché » et pour lequel il existe comme une véritable tradition orale chez eux. C’est une grande opportunité de revisiter l’œuvre de Pierre. Vous irez d’ailleurs jouer une partie de ce programme à la Pierre Boulez Saal à Berlin. Une manière de renforcer une amitié franco-allemande ? Nous irons deux fois à Berlin. Cela permet de renforcer des ponts invisibles entre les cultures, en jouant des œuvres récentes ou commandées spécialement, comme celles du Français Benjamin Attahir ou de l’Allemande Sarah Nemtsov. Axe Paris-Berlin fort, d’autant que nous sommes liés par une grande amitié avec Daniel Barenboim.
Propos recueillis par Marina Chiche
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H S T R A D A N U O VA 04.09.20 PARIS
REVENIR À NOUS 16.09.20 PARIS
MUSICA
23.09.20 STRASBOURG
PA S S A G E S 16.10.20 PARIS
F E S T I VA L TRAIETTORIE 20.10.20 PARME
FINALE DU CONCOURS I N T E R N AT I O N A L DE PIANO D’ORLÉANS 31.10.20 ORLÉANS
E X TA S E S 13.11.20 PARIS
ANOTHER S PA C E
ET D’ABORD LE REGARD
BIENNALE PIERRE BOULEZ
29.11.20 PARIS
RÉPONS 17.01.21 PARIS
PROMÉTHÉE
CONCERT ÉDUCATIF 01.12.20 PARIS
BOULEZ AU PIANO 18.01.21 PARIS
LETTRES INTIMES
PRINTEMPS DES ARTS DE MONTE-CARLO 12 + 13.03.21 MONACO
BERLINER REQUIEM 18.03.21 PARIS
MORT À VENISE
03.12.20 PARIS
CUMMINGS 21.01.21 PARIS
23 + 24 + 26 + 27 + 28 + 29.04.21 PARIS
LES CHEMINS D E L’ A M O U R ET DE LA MORT
ÉMERGENCES
TROIS TEMPS
27.01.21 PARIS
05.05.21 PARIS
PRÉSENCES
GRAND SOIR PROMÉTHÉE
10.12.20 MUNICH
INCANDESCENCES
07.02.21 PARIS
15.12.20 PARIS
BOHÊME
SIGNES
09.02.21 PARIS
18.12.20 BERLIN
LES NOUVEAUX E S PA C E S D E L A TRANSMISSION
LES DOUZE BOÎTES DU DOCTEUR STOCK 05.01.21 ARCACHON 07.01.21 MARCHEPRIME 11 + 12.04.21 ROUEN
INTERNATIONAL NEW MUSIC FESTIVAL 19.11.20 MOSCOU
28.05.21 PARIS
ENTREZ DANS LA DANSE 05.06.21 PARIS
À LA FOLIE
9-14.02.21 BOSTON
11.06.21 PARIS
BOULEZ À… LA BOULEZ SAAL
ACADÉMIE D U F E S T I VA L MANIFESTE
13.02.21 BERLIN
04.09.20
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19 + 26.06.21 PARIS
GRAND SOIR A M É R I Q U E L AT I N E 05.03.21 PARIS
26.06.21
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· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · _ ÉCLAIRAGE Stefano Gervasoni, compositeur Eufaunique
VENDREDI 4 SEPTEMBRE LA SCALA PARIS
la technologie SmartInstruments de l’Ircam pour transformer le piano en instrument nouveau « qui fusionne acoustique et électronique, dans un “jeu” de trompe-l’oreille, qui sème la confusion dans les perceptions du spectateur ».
S T R A D A N U O VA
Giulia LORUSSO Entr’ouvert, pour piano augmenté
20:30 PARIS
Ma n ifeste de création ita l ien ne
Le titre, Eufaunique, est basé sur un jeu de mots, qui mêle « faune » et « euphonique ». Une première version de la pièce s’inscrivait dans le projet Genesis. Initié par l’EIC pour ses quarante ans, Genesis se présentait comme un cycle de sept pièces, de sept compositeurs différents, chacune s’attachant à une des journées de la Création biblique. Bien que dénué de toute prétention programmatique, Eufaunique évoquait le sixième jour de la création : Dieu sépare les êtres humains des animaux, qui vivent en harmonie. Cette cohabitation joyeuse se retrouve dans la proximité sonore entre « euphonique » et « euphorique ». Mais ce geste de séparation garde une sorte de « nostalgie » de la fusion originelle, qui n’est jamais oubliée. Dans sa version étendue, la première moitié de la pièce reprend exactement la partition créée dans le cadre de Genesis : une musique dynamique, euphorique et joyeuse, qui fait la part belle aux couleurs, aux figures rapides et fugitives, aux situations sonores denses, profondes et pleines de vie, une généreuse effervescence sans aucune suprématie de l’homme sur les animaux. À ce Presto, j’ai ajouté une seconde partie, un Largo desolato, durant laquelle l’homme devient chasseur (d’où la présence d’un instrument obligé : le hautbois, anciennement oboe da caccia, hautbois de chasse). L’homme traque l’animal pour s’en emparer à l’aide de divers outils et armes. Les animaux deviennent sa nourriture, ils ne partagent plus les mêmes conditions de vie, l’équilibre est rompu. Les prémices de ce paradis perdu, qui se transformera en un véritable gâchis (extinctions animales, chute de la biodiversité…), se trouvent déjà dans la première partie (les coups orchestrés de percussion, les solos du hautbois qui divise et unifie les groupes instrumentaux) et sont amplifiées dans la seconde, l’écriture instrumentale se concentrant de plus en plus sur la description de cet environnement en voie de disparition ainsi que sur le dynamisme des êtres qui continuent d’y agir dans une sorte de relation d’indifférence.
Marco MOMI UMAMI, pour ensemble et électronique Création mondiale Commande de l’Ensemble intercontemporain
Stefano GERVASONI Eufaunique, pour ensemble
Au programme de ce concert du festival de l’Ircam ManiFeste-2020 initialement prévu en juin, trois compositeurs et une compositrice de quatre générations différentes et qui, chacun à leur façon, ouvrent de nouvelles voies musicales. Quaderno di strada (« Carnets de route ») de Salvatore Sciarrino est constitué de ce qui fonde tout processus de composition : des bribes d’idées jetées dans le silence. Dans Eufaunique, Stefano Gervasoni s’empare du sixième jour de la création, celui de la faune, pour interroger les aspects naturels et linguistiques de la musique. Marco Momi s’inspire quant à lui de l’umami (« goût savoureux » en japonais) qui est l’une des cinq saveurs de base. Pour Entr’ouvert, Giulia Lorusso utilise
Création mondiale de la version longue Commande de l’Ensemble intercontemporain
Salvatore SCIARRINO Quaderno di strada, douze chants et un proverbe pour baryton et instruments Dimitri Vassilakis piano Otto Katzameier baryton Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher direction Marco Liuni, Marco Momi, Mike Solomon (Ircam) réalisation informatique musicale Dans le cadre de ManiFeste-2020 – Festival de l’Ircam Coproduction Ircam-Centre Pompidou, Ensemble intercontemporain Coréalisation Ircam-Centre Pompidou, La Scala Paris Avec le soutien de la Sacem
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Tarifs 18 €/ 15 €/ 14 € (pass ManiFeste et pass Jeunes) Informations et réservations manifeste.ircam.fr 6
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ÉCLAIRAGE Jake Arditti, contre-ténor Hommage à Klaus Nomi d’Olga Neuwirth
« Arditti… vous avez un rapport avec ?… » Je suis toujours fier de répondre : « Oui, c’est mon père ! » J’ai grandi avec deux frères ainés qui m’ont fait découvrir des musiques en tout genre, avec une mère altiste, un beau-père producteur de radio, une belle-mère compositrice et un père violoniste. Quand mes frères ne mettaient pas leur musique à fond dans leurs chambres, je pouvais entendre le son d’un quatuor à cordes contemporain descendant du grenier où se trouvait le studio de répétition du quatuor de mon père. Mais, quand j’étais gosse, je crois que je penchais bien davantage pour un avenir de chanteur au micro, dansant sous les projecteurs, face à un public de fans en délire. Je ne pensais vraiment pas que la musique écrite par un de ces compositeurs que je pouvais entendre venant du grenier ferait un jour partie de mon répertoire. Hommage à Klaus Nomi semble, toutes proportions gardées, combiner les deux. Mon premier souvenir d’Olga Neuwirth remonte à 1999. Le Quatuor Arditti venait d’être distingué du prestigieux Prix de la musique Ernst von Siemens pour l’intégralité de sa carrière, et Olga faisait partie de la poignée de compositeurs à avoir composé une pièce pour célébrer l’occasion. Je me souviens avoir adoré ! Vingt ans plus tard, je suis heureux de reprendre le flambeau de l’Hommage à Klaus Nomi à celui pour lequel il a été écrit, qui n’est autre que mon professeur favori, mentor et cher ami Andrew Watts.…
Giacinto SCELSI Quatro pezzi, pour trompette Matthias PINTSCHER Beyond II (bridge over troubled water) pour flûte, alto et harpe
MERCREDI 16 SEPTEMBRE 20:30 PARIS
Création mondiale en concert
PHILHARMONIE DE PARIS
Anton WEBERN Six Pièces op. 6, pour orchestre de chambre
SALLE DES CONCERTS – CITÉ DE LA MUSIQUE
Kaija SAARIAHO Dolce Tormento, pour piccolo Tyshawn SOREY Sentimental Shards, pour ensemble
REVENIR À NOUS
Toshio HOSOKAWA The Flood, pour ensemble
L’essentiel, tout si m plement Après les tribulations de ce printemps, revenons à nous, revenons chez nous, revenons à la musique que nous aimons. Et pour nos retrouvailles avec notre public à la Philharmonie de Paris, revenons à l’essentiel : aux classiques de notre répertoire, bien sûr, à la création, cela va de soi, mais aussi à la gourmandise, à l’énergie, dans un grand élan de partage. Le parcours proposé part d’une grande intériorité vers une sérénité retrouvée (avec la spiritualité d’un Scelsi ou d’un Pintscher, ou l’épure d’un Webern), une refondation de l’être et de ses rapports à son environnement
Création mondiale Commande Ensemble intercontemporain, Ojai Music Festival
(la douceur d’une Saariaho, les « éclats sentimentaux » d’un Sorey) et jusqu’au déferlement imparable d’une énergie joyeuse et folle (les hallucinations psychédéliques de Romitelli, l’Hommage rendu par Neuwirth au « vampire surhumain » Klaus Nomi). Cerise sur le gâteau, deux créations mondiales : un trio de Matthias Pintscher, en forme d’hommage à Debussy, et The Flood du grand compositeur japonais Toshio Hosokawa, point d’orgue du projet Genesis, initié en 2017 autour des sept journées de la Création selon le Livre de la Genèse.
Olga NEUWIRTH Hommage à Klaus Nomi. neuf chansons pour contre-ténor et petit ensemble arrangées par Olga Neuwirth (extraits) Fausto ROMITELLI Professor Bad Trip : Lesson I pour huit exécutants et électronique Lucas Lipari-Mayer trompette Emmanuelle Ophèle flûte Jake Arditti contre-ténor Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher direction Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris
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Tarif 20€
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Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84
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Ameuter les simulacres par Jean-Noël von der Weid
son anagramme – amour absolu et souffrance sans remède –, arrachant du sol l’ombre de Schlemihl. D’où un solfège de nouements et de morcellements, d’effondrements ou de constructions dans l’espace, les pseudo-sculptures spatiales de Naum Gabo, vastes mouvements de l’immobile, entrechoquements de sons, à la recherche de quelque désastre qui était, pourrait resurgir, mais n’est pas. Ce qu’Olga Neuwirth découvrit aussi au Musée juif de Berlin : sombre éclair silencieux figé dans la pierre, où erre la mémoire à vif, parcouru en son intérieur de déchirures rectilignes et ininterrompues qui concrétisent l’absence par la présence, la Parole qui lui manque. D’où sa volonté d’insérer dans sa musique, de différentes manières, de l’espace, des collisions de plusieurs espaces, de l’énergie lancée vers le néant (l’électronique servant à créer des « espaces artificiels de sonorités »). Les sons, distordus, ravagent, impénétrables ou, écartelés de silences, dévoilent leurs entrailles, ou encore, à la trotte-menu, hooloomooloo haptique, « tendent leurs petites mains », comme parle Elfriede Jelinek. Ces morsures et torsions sonores (jamais agressives, mais gorgées de colère) sont notées avec une extrême minutie, celle des cinéastes de la rigueur blanche, qu’elle affectionne, tel Resnais, Lynch ou Robert Bresson qui l’imprégna de ses Notes sur le cinématographe, dont celle-ci : « Se forger des lois de fer, ne serait-ce que pour leur obéir ou désobéir difficilement. » Celles ainsi qui permettent de dévergonder les cloisons séparant les arts ; de vaporiser les frontières entre chanteurs et instrumentistes, ensemble et électronique, espace et non-espace, réel et irréel, bruit et son ; d’introduire des instruments marginaux comme la cithare bavaroise, les guitares hawaïenne et électrique, les cassettes audio
Olga, elle préférerait ne pas. Se déguiser pour s’arroger mille morts à crédit. Mais c’est le moyen le plus efficace pour transmettre ses pensées sur la détresse et l’implacable de ce monde. La voracité du réel et l’indétachable mort. Sa musique, sauvage souvent, puissante, contraste avec elle, frêle, mais que d’apparence, ou alors comme une jeune cathédrale. De ces fulgurances aussi peuvent jaillir une pitrerie ou une tendresse émue qui laissent en nous comme un bonheur très douloureux. Cette ambiguïté la presse de se dissimuler sous le masque, la véritable profondeur, dit le philosophe. À se déguiser, comme pour se vampiriser, tarir ainsi toute expressivité, ou pathos, exécrés. Elle se portraitura en jeune singe, celui, ivre, qui prend les sticks salés du bar pour les trompettes de l’Apocalypse. Trop à découvert, elle s’embusque alors dans le titre de certaines œuvres, ces masques acoustiques, naît en Ève promise dégoisant d’interminables monologues suffisants à l’ombre blanche et blême de luisantes caprifoliacées ; en Anadyomène qui se mire en des miroirs déformants et nous invite, agitant des images d’attrape, à découvrir lanternes magiques, automates et pianos mécaniques franzlisztiformes au clavier couleur de nicotine ; en loup-garou misanthrope, oh Gott ! à l’enfance massacrée, qui se réfugie dans la biologie sous-marine et l’étude d’animalcules abyssaux ; en Leonora, au regard de basilic, savourant, sérieuse comme le peintre aux femmes 100 têtes, follet, kobold ou djinn avec pommes nature et beurre noisette ; en Alice, belle et effroyable, conduisant une Ducati 620 Monster sur une autoroute perdue de Californie ; en nautonier déferlant son écume sous la pluie lourde et incessant ; ou en une variation transparente, Eroïna W. H. Glut,
ou l’archet électrique (e-bow) utilisé dans le rock, souillant souvent le beau son ; le suave. Jaillissent alors libres des images sonores aux oreilles de l’auditeur dont les confortables automatismes sont détraqués ; ce qui les oblige à se concentrer, à « surmener leur perception », les engage dans de nouvelles tragicomédies de l’écoute (entendre inquiète). Désillusionniste-née, la compositeur évacue le reconnaissable, attrait essentiel de l’art pour le grand nombre de ceux qui s’imaginent ainsi le comprendre ! mieux, le gauchit légèrement, comme pour s’en moquer. Mais elle préférerait ne pas, Olga. Laisser imaginer que ces faux-semblants puissent servir de trame à l’illusion d’une vérité. En lien avec le concert Revenir à nous, p. 8
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MERCREDI 23 SEPTEMBRE 20:30 STRASBOURG CITÉ DE LA MUSIQUE ET DE LA DANSE
MUSICA Hom mage et déca lage Pour cette 38e édition du festival Musica, l’Ensemble s’associe au chef Ilan Volkov pour un concert autour de compositeurs n’hésitant pas à dépasser les limites de leur art, repoussant les murs aux confins des esthétiques. Le voyage partira du souffle pulsé de Amid de Simon Steen-Andersen qui ne renie pas les textures saturées ni l’énergie du rock, pour s’achever avec l’électrisant Hommage rendu par Olga Neuwirth au « vampire surhumain » Klaus Nomi, icône de la scène New Wave dans les années 1980. Entre ces deux morceaux de choix, on entendra le Laufwerk, pour ensemble et bande, de la compositrice allemande Carola Bauckholt. Élève de Mauricio Kagel, celle-ci investit son travail d’une importante recherche sur les textures, touchant également aux arts visuels.
ÉCLAIRAGE Carola Bauckholt, compositrice Laufwerk
En allemand, le terme Laufwerk désigne aujourd’hui le composant d’un ordinateur qui permet d’accéder aux données numériques sauvegardées sur une unité de stockage. Un Laufwerk est aussi la pièce qui, dans une horloge mécanique, fait le lien entre la source d’énergie (ressort mécanique ou poulie) et l’organe régulateur (pendule ou balancier). Pour Laufwerk, j’ai imaginé des boucles de sons préenregistrés qui tour à tour émergent puis se fondent dans l’ensemble. La plupart des échantillons utilisés dans la pièce sont des sons générés par les instruments eux-mêmes. Chaque son peut être considéré comme une horloge indépendante, qui tient son propre tempo, ce qui génère un objet multidimensionnel. Ces différents mécanismes se rejoignent pour former un méta-organisme unique : un ensemble.
Simon STEEN-ANDERSEN Amid, pour flûte, clarinette, piano, guitare, percussion et violoncelle Carola BAUCKHOLT Laufwerk, pour ensemble et bande Création française
Olga NEUWIRTH Hommage à Klaus Nomi neuf chansons pour contre-ténor et petit ensemble arrangées par Olga Neuwirth Jake Arditti contre-ténor Ensemble intercontemporain Ilan Volkov direction Technique Ensemble intercontemporain Renseignements et réservations festivalmusica.fr
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VENDREDI 16 OCTOBRE 20:30 PARIS PHILHARMONIE DE PARIS SALLE DES CONCERTS – CITÉ DE LA MUSIQUE
PA S S A G E S D’u n tem ps à l’a utre Ce concert monographique consacré à Gérard Grisey est traversé de passages en tout genre : passage d’un temps à l’autre, du monde des hommes à celui des animaux, de l’Antiquité à la modernité, de la vie à la mort. Dans son œuvre fondatrice, Vortex Temporum, temps des hommes, temps des baleines, temps des oiseaux et des insectes s’entremêlent dans un véritable « tourbillon temporel » et timbral. Dans Stèle, c’est à un voyage dans le temps que Grisey nous convie : pour faire « émerger le mythe de la durée », il convoque l’image « d’archéologues découvrant une stèle et la dépoussiérant jusqu’à y mettre à jour une inscription funéraire ». Quatre chants pour franchir le seuil, enfin, a tout d’une œuvre
testament, même si elle n’a pas été conçue comme telle : c’est la dernière œuvre achevée du compositeur, avant de quitter ce monde prématurément en 1998. S’inspirant du Livre des morts égyptien, il y compose involontairement son propre Requiem, le seuil dont il est question étant celui qui sépare la vie du trépas… Gérard GRISEY Stèle, pour deux percussionnistes Vortex Temporum, pour piano et cinq instruments Quatre chants pour franchir le seuil, pour voix de soprano et quinze instruments Sophia Burgos soprano Dimitri Vassilakis piano Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher direction Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris Tarifs 20€ Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84
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G É R A R D · · · · · · · · · · · · · · · · I S E Y · G R · · · · · · _
Du son au sens. L’ultime dérive de Gérard Grisey. par Jérôme Baillet à créer de lentes mais inflexibles transformations de matière sonore, où l’objet de la composition devient le changement entre un instant et le suivant. Les œuvres de cette période (Modulations, Jour, contre-jour…) vivent dans un temps extrêmement ralenti, éloigné du temps habituel du langage et du chant. La musique revendique pour seul modèle le son, dont l’analyse spectrale fournit les règles de son déploiement. Plus tard, à partir de Talea, le style de Grisey s’assouplit vers plus de contrastes, de ruptures, plus de vitesse dans les progressions temporelles. La préoccupation première est alors de faire coexister une pluralité de temporalités, où le temps humain retrouve sa place, comme une simple étape intermédiaire entre un temps démesurément étendu et un temps très compressé. Dès lors, il est logique que la voix, le verbe, le sens, apparaissent dans une esthétique qui leur était à l’origine étrangère. La question de la transposition musicale d’un texte porteur de sens est récurrente et primordiale dans l’histoire de la musique mais constituait une nouveauté pour Grisey qui à l’évidence ne s’y est pas lancé à la légère : on est frappé de voir combien d’aspects divers du problème les Quatre Chants mettent en jeu. Il est significatif de constater avant tout qu’est exclu ce qu’on pourrait attendre de la part d’un compositeur « spectral », une simulation instrumentale de l’analyse spectrale du texte récité. Non : Grisey s’en tient à la sémantique. Une des attitudes du compositeur face au texte est de transcrire vocalement une déclamation proche du langage parlé. Les litanies du deuxième chant, « d’après les sarcophages égyptiens du Moyen Empire », consistent en une lecture d’un « catalogue archéologique des fragments hiéroglyphiques retrouvés sur les parois des sarcophages ou sur les bandelettes des momies ». Au caractère neutre de l’énumération s’opposeront les brèves échappées lyriques sur les bribes de textes retrouvées. La variation subtile d’une simple cellule rythmique, la rigueur d’un ralentissement inexorable constituent l’essentiel de ce mouvement d’un dépouillement extrême et d’une émotion intense et contenue. Cette volonté d’épure, qu’on trouve aussi dans Vortex Temporum par exemple, était une obsession pour Grisey
De qui se doit de mourir comme ange ……………. comme il se doit de mourir comme un ange je me dois de mourir moi-même il se doit son mourir, son ange est de mourir comme il s’est mort comme un ange — Extrait de Les Heures à la nuit de Christian Guez Ricord, Éditions la Sétérée, 1992
Ce poème de Christian Guez Ricord débute la dernière œuvre que Gérard Grisey composa avant sa disparition brutale en novembre 1998. Le musicien avait connu l’écrivain lors de son séjour à la villa Médicis de 1972 à 1974. « Sa mort, raconte Grisey, survenue en 1988 au terme d’une vie tragique, me bouleversa. Plus encore ces quelques vers comme l’apogée silencieux d’une œuvre dense, mystique, lourde d’images judéo-chrétiennes, presque médiévale dans sa quête incessante du Graal. » Jamais pourtant Grisey n’avait mis sa poésie en musique avant cette ultime partition. Il est vrai que les Quatre Chants pour franchir le seuil participent d’un intérêt du compositeur pour la voix soliste développé dans les dernières années de sa vie : dans L’Icône paradoxale déjà, deux voix de femmes s’opposaient à un orchestre sur des textes volontairement inexpressifs ou anodins. Ici, au contraire, la composition veut mettre en relief une sémantique dont le choix ne peut que nous troubler davantage : « J’ai conçu les Quatre Chants pour franchir le seuil comme une méditation musicale sur la mort en quatre volets : la mort de l’ange, la mort de la civilisation, la mort de la voix et la mort de l’humanité. […] Les textes choisis appartiennent à quatre civilisations (chrétienne, égyptienne, grecque, mésopotamienne) et ont en commun un discours fragmentaire sur l’inéluctable de la mort. » Il faut envisager la très faible présence de musique vocale dans le catalogue de Grisey, aussi bien que dans celui de Tristan Murail, comme la conséquence même de l’esthétique de la musique spectrale dont ces deux compositeurs furent les grands représentants. Dès Dérives en 1973, Grisey cherche
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dans les dernières années de sa vie. Plus surprenante peut-être, pour qui était familier de son univers musical, est la présence d’une relation mimétique entre sens des mots et évolution du discours musical. « Dans l’Épopée de Gilgamesh, dit Grisey, l’immortel Uta-Napishtim raconte au héros le “ secret des Dieux ” : le déluge. Comme Noé dans la Bible, il est sauvé du cataclysme dont il est dit que les Dieux eux-mêmes furent épouvantés. La Grande Déesse Mère hurle comme une parturiente et la musique se substitue à la lecture du désastre tandis que la voix apparaît dans les interstices du fracas. » Sur les mots « Bourrasques », « Pluies battantes », « Ouragans », « Tempêtes », la soprano crie plus qu’elle ne chante sur des intervalles très distendus et des rythmes heurtés et haletants. La musique est faite d’une polyphonie bruyante de vagues sonores qui ralentissent peu à peu tout comme « la Mer se calma et s’immobilisa ». Enfin, la phrase « Tous les hommes étaient/Retransformés en argile » mène à l’immobilisme et au silence. La relation symbolique au sens du texte peut être manifestée par les techniques de composition elles-mêmes, et Grisey trouve dans la poésie antique du troisième chant des correspondances avec ses propres procédés musicaux :
C’est en particulier le phénomène d’écho que Grisey développe ici, associé au jeu habituel chez lui d’une polyphonie de temps superposés. Peu à peu, le temps « spectral » le plus lent domine l’ensemble par sa durée et sa présence grave, et englobe finalement de son ombre la voix qui s’y noie. Le poème du premier chant, cité en exergue, est utilisé d’une autre façon encore. Les proportions des trois strophes déterminent les rapports de vitesse entre les trois groupes instrumentaux. De plus, non seulement chanté par la soprano, le poème sera récité par les instruments sous forme de brèves lignes descendantes comptant autant de notes que les vers de syllabes, selon une logique implacable parcourant tout le mouvement. Ces lignes microtonales chargent l’atmosphère sonore d’un sentiment de déliquescence lugubre que les trémolos de percussions métalliques ne font que renforcer. Et c’est sans doute là que se situe le rapport le plus pénétrant de cette musique à son sujet, quand l’atmosphère générale suffit à éveiller chez l’auditeur l’idée même de la mort : d’abord par le choix d’une instrumentation déséquilibrée vers le grave et les vents, « dicté par l’exigence musicale d’opposer à la légèreté de la voix de soprano une masse grave, lourde et cependant somptueuse et colorée », ensuite par une austérité générale exacerbant d’autant plus un expressionnisme rare et cru, enfin par le lent déploiement de structures temporelles inéluctables, qui faisait dire à Grisey de sa propre musique : « D’une lenteur hivernale, elle sera l’écho inversé d’un monde stressé et pressé d’en finir. » (1)
Dans le vide d’en bas, l’écho en vain dérive, Et se tait chez les morts. La voix s’épand dans l’ombre. « Lointaine poétesse grecque du vie siècle avant notre ère dont on ne sait presque rien, Erinna nous a laissé ces deux vers. Le vide, l’écho, la voix, l’ombre des sons et le silence sont si familiers au musicien que je suis que ces deux vers me semblaient attendre une traduction musicale. »
(1)
In Cahiers du Renard n° 15, décembre 1993.
En lien avec le concert Passages, p. 13
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MARDI 20 OCTOBRE
SAMEDI 31 OCTOBRE
20:30 PARME
15:00 ORLÉANS
TEATRO FARNESE
THÉÂTRE D’ORLÉANS – SALLE ANTOINE VITEZ
F E S T I VA L TRAIETTORIE
FINALE DU CONCOURS I N T E R N AT I O N A L DE PIANO D’ORLÉANS
Cha m bre à Pa rme C’est avec un programme tout en ramifications et hommages subtils à Pierre Boulez que les solistes de l’EIC se rendent pour la première fois au Festival Traiettorie de Parme. Cœur battant du concert, Dérive 1 de Boulez trouvera une résonance dans le nocturne Manhattan Bridge, 4:30 am de Martino Traversa, conçu pour le même effectif. Puis ce sera au tour de l’alto de guider le cœur du programme : du solo final du Trio fluido d’Helmut Lachenmann, en passant par le pointilliste Trio à cordes d’Elliott Carter, jusqu’au Redwood de Paul Chihara, qui par ses sonorités évoque certains passages du Marteau sans maître de Pierre Boulez. Quant à Johannes Schöllhorn, il rend lui aussi hommage à Boulez dans son berstend-starr, extension du célèbre …explosante-fixe…
Révéler les pia n istes de dema i n C’est un concours unique en son genre. Un concours de piano international axé sur le répertoire du xxe siècle à aujourd’hui. Depuis sa première édition en 1994 à Orléans, il révèle, à un rythme bisannuel, les pianistes de demain. Chaque nouveau concours est l’occasion pour les candidats de se « frotter » à l’univers musical contemporain avec une ou plusieurs œuvres au programme. Cette année, ils joueront le Concerto de chambre, pour piano(s) et ensemble, de la compositrice polonaise Agata Zubel. Et comme pour toute grande compétition artistique qui se respecte, le public pourra découvrir les jeunes talents lauréats du concours lors d’un concert. En amont de cette finale, Hidéki Nagano, qui fut lauréat du second prix de la première édition du concours, transmettra toute son expérience aux jeunes pianistes au cours de plusieurs master classes.
Pierre BOULEZ Dérive 1, pour six instruments Martino TRAVERSA Manhattan Bridge, 4:30 am pour flûte, clarinette, piano, violon et violoncelle Elliott CARTER Trio à cordes Jean-Pascal CHAIGNE Hymne V, pour flûte et percussion
Francis POULENC Sextuor pour piano et vents - Allegro vivace
Pierre BOULEZ Sonatine, pour flûte et piano
Agata ZUBEL Concerto de chambre, pour piano(s) et ensemble
Helmut LACHENMANN Trio fluido, pour clarinette, alto et percussion
Création française
Paul CHIHARA Redwood, pour alto et percussion
Œuvres pour piano au choix (de 1900 à 2020)
Johannes SCHÖLLHORN berstend-starr, pour sept instruments
Finalistes du concours Solistes de l'Orchestre symphonique d'Orléans Ensemble intercontemporain Simon Proust direction
Création nationale
Solistes de l’Ensemble intercontemporain
Réservations scenenationaledorleans.fr
Renseignements et réservations fondazioneprometeo.org
Informations sur le concours oci-piano.fr
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VENDREDI 13 NOVEMBRE 20:30 PARIS PHILHARMONIE DE PARIS GRANDE SALLE PIERRE BOULEZ – PHILHARMONIE
E X TA S E S Mystère et synesthésie Avant le concert, à 19:30 Clé d’écoute : Des sons et des couleurs par Clément Lebrun Salle de conférence – Entrée libre Un univers « où tout est lié, où tout est vibration » : voilà ce à quoi aspirait Alexandre Scriabine dans son Prométhée puis son Poème de l’extase, préfiguration de ce qui devait être son grand œuvre : un « Mystère » où tous les arts se trouveraient réunis. Toute sa vie, Scriabine a rêvé de cette œuvre d’art totale, magique, qui conduirait ses participants à l’extase collective et susciterait leur transformation spirituelle. La présence dans Prométhée d’un « clavier à couleurs », dont les chromatismes accompagnent
le vertige sonore selon des correspondances secrètes, est destinée à créer un climat transcendant le temps. Transcender le temps et mettre en relation les sens visuels et sonores, voilà aussi le projet de Photoptosis de Bernd Alois Zimmermann : une œuvre inspirée par une peinture d’Yves Klein. L’extase, cette fois-ci amoureuse, est aussi ce qui perdra le Mandarin merveilleux de Béla Bartók. Succombant aux charmes d’une jeune prostituée, le fameux mandarin paiera de sa vie cette passion fatale. Alexandre SCRIABINE Symphonie no 5, « Prométhée, le poème du feu » Symphonie no 4, « Le Poème de l’extase » pour orchestre Bernd Alois ZIMMERMANN Photoptosis, prélude pour grand orchestre Béla BARTÓK Le Mandarin merveilleux, pantomime en un acte Sébastien Vichard piano Orchestre du Conservatoire de Paris Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher direction Urs Schönebaum lumières Coproduction Ensemble intercontemporain, Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, Philharmonie de Paris Tarifs 27€ / 22€ / 17€ / 14€ / 10€ / 5€ Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84 17
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· · · · · · · · A L E X A N D R E
· · · · · · · · S C R I A B I N E
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Notes et réflexions (extrait) 4 Tout ce qui contribue à la vie est plaisir, et ce qui lui est contraire, souffrance. La vie est action, élan, lutte.
1 Je commence mon histoire, l’histoire du monde, l’histoire de l’univers. Je suis, et rien en dehors de moi. Je ne suis rien, je suis tout, je suis l’unique, et en lui la multiplicité uniforme. Je veux vivre. Je suis le frémissement de la vie, je suis le désir, je suis le rêve. Ô mon univers rayonnant, mon éveil, mon jeu, mon épanouissement (ma disparition), flux capricieux de sentiments inconnus. Encore, toujours encore, du tout autre, du nouveau, plus fort, plus tendre, nouvelles délices, nouvelles tortures, nouveau jeu. Jusqu'à ce que je disparaisse, jusqu’à ce que je me consume. Je suis incendie, je suis chaos.
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5 Quelle que soit mon activité à un moment donné (que je compose, que j’aime, etc.), si les obstacles rencontrés sur le chemin du but que j'ai décidé d'atteindre, ne sont pas plus forts que ce que je suis capable de vaincre, j’éprouve du plaisir, et à l'inverse, si les circonstances écrasent et paralysent mon énergie, je souffre. De ce point de vue, le plaisir et la souffrance accompagnent chaque moment de notre vie même si nous ne nous en rendons pas compte.
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2 Je suis venu Vous révéler Le mystère de la vie, Le mystère de la mort, Le mystère du ciel et de la terre.
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6 Vous, rochers de ma colère, vous, lignes délicates de mes caresses, vous, douces demi-teintes de mes rêves, vous, étoiles, éclairs de mon regard, toi, soleil de ma béatitude, — vous êtes les expressions spatiales de mes sensations temporelles. Je parle ainsi plongé dans le temps, détaché de l’espace.
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3 En moi les désirs sont imprécis et les rêves, troubles. Je ne sais pas encore que créer 1 Mais par cela-même que je désire créer, je crée déjà. Le désir de créer est création. Spectres terribles De la vérité pétrifiée Mon esprit a soif De vous vaincre.
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7 Ô vie, Ô élan créateur, Vouloir qui crée tout. Tu es tout. Tu es béatitude de la douleur (souffrance), comme tu es la béatitude de la joie, et je vous aime également. Tu es l’océan des passions, tantôt tumultueux, tantôt calme. J’aime tes gémissements, j’aime ta joie (c’est seulement le désespoir que je n’aime pas). Je suis libre. Je ne suis rien. Je veux vivre ! Je veux le nouveau, l'inexploré. Je veux créer librement. Je veux créer consciemment. Je veux être au sommet. Je veux charmer par ma création, par ma merveilleuse beauté. Je veux être la lumière la plus éclatante, le plus grand (unique) soleil, je veux éclairer (l’univers) de ma lumière, je veux tout absorber (tout) inclure dans mon individualité. Je veux donner (au monde) la volupté, je veux posséder (le monde comme une femme). J’ai besoin du monde. Je suis entièrement les sentiments que je vis, et par ces sentiments je crée le monde, je te crée, passé infini, croissance de ma conscience, quête de moi-même, et futur infini, apaisement en moi, tristesse et joie pour moi-même. Et comme joue mon sentiment 2 changeant comme un rêve, comme un caprice, ainsi tout joue, le passé et l’avenir. — Vous n’êtes pas, seul existe
le jeu de ma fantaisie, libre et unique, qui Vous crée et vous observe. Pour chaque courbe de ma fantaisie il faut un autre passé, comme un autre avenir. Vous jouez et changez comme joue et change mon désir, mon rêve libre et unique. Je ne suis rien, je suis seulement ce que je veux. Je suis Dieu. L’univers est mon jeu, le jeu des rayons de mon rêve. Alexandre Scriabine Notes et réflexions, p.15-16, Éditions Klincksieck, Paris, 1979 Il avait d’abord écrit « comment te créer ». (Note de l’éditeur russe.) 2 Il faut comprendre ici « mes sentiments » ou « ma sensibilité ». 1
En lien avec le concert Extases, p. 17
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· · · · · · _ JEUDI 19 NOVEMBRE
DIMANCHE 29 NOVEMBRE
MARDI 1 ER DÉCEMBRE
19:00 MOSCOU
16:30 PARIS
14:30 PARIS
TCHAIKOVSKY CONCERT HALL
PHILHARMONIE DE PARIS
PHILHARMONIE DE PARIS
AMPHITHÉÂTRE – CITÉ DE LA MUSIQUE
SALLE DES CONCERTS – CITÉ DE LA MUSIQUE
A N O T H E R S PA C E
CONCERT ÉDUCATIF
I N T E R N AT I O N A L N E W M U S I C F E S T I VA L
ET D’ABORD LE REGARD
Ri mes de feu...
Cœu r à corps
Cela faisait plusieurs années que l’EIC ne s’était pas produit en Russie. Il revient à Moscou avec, dans sa grande valise musicale, un programme faisant la part belle à la grande poétesse russe Rimma Dalos, en interprétant les Messages de feu demoiselle R. V. Troussova de György Kurtág. Un portrait musico-poétique de Dalos elle-même (dont le nom de jeune fille est Troussova), créé par l’Ensemble intercontemporain en 1980 et qui a contribué à faire connaître le compositeur sur la scène internationale. Sertissant ce chef-d’œuvre, un petit florilège du répertoire de l’Ensemble, du Français Pascal Dusapin à l’Australienne Liza Lim, en passant par l’Italien Salvatore Sciarrino qui partage avec György Kurtág une esthétique faite d’intimisme concentré, de raffinement extrême et de dépouillement, sans oublier le Concerto de chambre de György Ligeti.
Certains a priori sont coriaces : les musiques dites contemporaines ne s’adresseraient qu’à l’intellect. La sensualité voire l’érotisme n’y auraient pas leur place. Le programme de ce concert prouve le contraire. Il est d’ailleurs un aspect charnel qui intéresse bien des compositeurs : la relation à l’instrument. Ainsi Valentine de Druckman est-il un authentique ballet nuptial entre l’interprète et sa contrebasse. Le plaisir est sonore dans ?Corporel de Globokar, véritable exploration des sons que l’on peut produire avec son corps. Dans Fidélité d’Aperghis, l’interprète, féminine, est regardée… par un homme. Les Musica ricercata de Ligeti rappellent quant à elles les scènes étranges, entre onirisme et voyeurisme qu’elles accompagnent dans le film Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick. Le programme se terminera sur une création de la compositrice franco-suisse Claire-Mélanie Sinnhuber dont les compositions témoignent d’une prédilection pour les textures transparentes.
Liza LIM Wild Winged-One, aria pour trompette Pascal DUSAPIN Aria, concert pour clarinette et petit orchestre
Vinko GLOBOKAR ?Corporel, pour un percussionniste et son corps
György LIGETI Concerto de chambre, pour treize instrumentistes
Colin ROCHE Érotique de l’allumette, pour contrebasse
Salvatore SCIARRINO Introduzione all’oscuro, pour ensemble
Jacob DRUCKMAN Valentine, pour contrebasse
György KURTÁG Messages de feu demoiselle R. V. Troussova pour soprano et ensemble
Kaija SAARIAHO Je sens un deuxième cœur, pour alto, violoncelle et piano
Natalia Zagorinskaya soprano Clément Saunier trompette Martin Adámek clarinette Ensemble intercontemporain Dylan Corlay direction
Georges APERGHIS Fidélité, pour harpiste seule regardée par un homme
Concert présenté par Rauf Ya. Farhadov musicologue
György LIGETI Musica ricercata, pour piano (extraits)
Et aussi les 20 et 21 novembre, séances de coaching d’orchestre, par pupitre et masterclasses individuelles avec les musiciens de l’Orchestre national symphonique des jeunes de Russie.
Claire-Mélanie SINNHUBER Nouvelle œuvre, pour harpe et alto
György KURTÁG Signes, jeux et messages : « Gemiti i sospiri » pour alto et violoncelle
PROMÉTHÉE Créatu res m usica les Remontant aux temps les plus anciens de la Grèce, le mythe de Prométhée a traversé les frontières et donné lieu à de multiples interprétations. L’EIC rassemble autour du mythe quatre générations de compositeurs sur plus de trois siècles de musique. Leurs « créatures musicales » racontent, chacune en leur temps et à leur manière, la création et le dépassement des limites de l’homme.
ÉCLAIRAGE Clément Lebrun, médiateur Prométhée
Augustin BRAUD Golem, concertino pour contrebasse et ensemble Ludwig van BEETHOVEN Symphonie no 3, « Eroica » (extraits) arrangement pour ensemble de Jens McManama
Comme bon nombre de musiciens, quand on me parle de Prométhée, je pense immédiatement à Beethoven. D’abord, pour l’image romantique fantasmée qu’on se fait de lui : ce compositeur échevelé au visage ombrageux se dressant fièrement contre son Créateur, sans oublier le destin tragique de son audition ; ensuite, parce que lui-même y faisait régulièrement référence. Notamment avec cette mélodie simple et guillerette, à l’allure on ne peut plus classique, qui fait danser les créatures de son ballet Prométhée, et qui donna naissance à de nombreuses variations dont le final de la Symphonie n° 3 dite Eroica. De cette figure beethovenienne se dégage progressivement pour moi celle de Prométhée : le titan qui donne vie aux hommes à partir de terre et d’eau, comme de véritables golems, des monstres de Frankenstein qui s’animent pour très vite se retourner contre leur créateur. En ce sens, un·e compositeur·rice est une sorte de Prométhée, surtout aujourd’hui. En essayant de contraindre le matériau sonore à sa volonté, en jouant à détourner les instruments de leur fonction première, un artiste donne vie à un être sonore. Naviguant entre références au mythe et correspondances esthétiques, ce concert éducatif aspire à mettre en valeur les qualités prométhéennes de l’Ensemble intercontemporain, passeur de toute une tradition de la composition contemporaine en même temps que pourfendeur des a priori et des limites instrumentales, pour toujours surprendre les attentes et habitudes des auditeurs.
Les Créatures de Prométhée (extraits) arrangement pour ensemble de Jens McManama Heinz Karl GRUBER Frankenstein !!, pour baryton et ensemble Clément Lebrun médiation Elena Selena (étudiante de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs) scénographie Ensemble intercontemporain Lucie Leguay direction Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris En partenariat avec l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs Avec le soutien des papiers Procédés Chénel International Du CM1 à la 5e Durée 1 heure Tarif 5€ (individuel) Atelier de préparation 90€ par classe Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84
Création mondiale Commande de l’Ensemble intercontemporain
Renseignements et réservations meloman.ru
Solistes de l’Ensemble intercontemporain Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris Tarif 33€ Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84 20
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JEUDI 3 DÉCEMBRE
JEUDI 10 DÉCEMBRE
19:00 PARIS
20:00 MUNICH
PHILHARMONIE DE PARIS
PRINZREGENTENTHEATER
LE STUDIO – PHILHARMONIE
LES CHEMINS D E L’ A M O U R ET DE LA MORT
LETTRES INTIMES Musique épistolaire
Cheminements ex i s t e n t i e l s
Aucun mot ne sera prononcé au cours de ce concert. Le verbe y est pourtant omniprésent. Selon Peter Eötvös, « les cordes autorisent des articulations “linguistiques” éminemment subtiles », rendant possible ce paradoxe : une musique épistolaire… S’intéressant à la correspondance entre Mozart, père et fils, Eötvös confie à l’alto le rôle de Wolfgang et au violoncelle celui de Leopold, le second prodiguant conseil au premier, alors que l’essentiel de leurs vies reste non-dit… « J’y serai seul avec toi. Personne d’autre avec nous », confie Janácek à Kamila Stöslova, sa muse et amour impossible, à propos de son deuxième quatuor dit Lettres intimes. S’écartant de tout modèle préconçu, ce quatuor se veut un miroir de l’imaginaire amoureux du compositeur, reflet des sentiments : de leur nature fluctuante autant que de leur urgence et instantanéité. Un sentiment d’éphémère que l’on retrouve dans les Sept Papillons, composée par Kaija Saariaho après son opéra L’Amour de loin.
C’est grâce à sa femme Maria, néerlandaise de culture allemande, que le compositeur suisse Frank Martin découvre l’épopée poétique en 25 fragments de Rainer Maria Rilke. Celui-ci y retrace les derniers moments de la vie de l’officier de cavalerie Christophe Rilke, porte-drapeau autrichien mort en 1663 dans une bataille contre les Ottomans, que le poète pensait par erreur être l’un de ses ancêtres. La partition qu’en tire le compositeur suisse est, à bien des égards, l’œuvre du couple, puisque Maria l’aidera à tirer toutes les finesses de la langue de Rilke. Avant Frank Martin, le poème de Rilke avait déjà été mis en musique – une partition hélas perdue dans la tourmente de ce début de xxe siècle – par Kurt Weill dont l’EIC interprétera la Deuxième Symphonie, écrite à Paris à l’époque où le compositeur travaillait à ses fameux Sept Péchés capitaux. En contrepoint contemporain à ce programme, l’Ensemble intercontemporain et le Münchener Kammerorchester joueront les cinq miniatures de Ceux qui restent du jeune compositeur français Augustin Braud, une œuvre récemment composée à la mémoire de ses parents disparus.
Peter EÖTVÖS Korrespondenz, scènes pour quatuor à cordes Kaija SAARIAHO Sept Papillons, pour violoncelle Leoš JANÁCEK Quatuor à cordes no 2, « Lettres intimes » Solistes de l’Ensemble intercontemporain Musiciens de l’Orchestre de Paris
Kurt WEILL Symphonie no 2, pour orchestre
Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris
Augustin BRAUD Ceux qui restent, pour orchestre
Tarif 33€
Création nationale
Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84
Frank MARTIN Die Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke pour voix d’alto et petit orchestre Gerhild Romberger alto Ensemble intercontemporain Münchener Kammerorchester Clemens Schuldt direction Renseignements et réservations m-k-o.eu
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MARDI 15 DÉCEMBRE 20:30 PARIS PHILHARMONIE DE PARIS SALLE DES CONCERTS – CITÉ DE LA MUSIQUE
INCANDESCENCES Embrasement général Avant le concert, à 19:00 Rencontre avec Miroslav Srnka Amphithéâtre de la Cité de la musique Entrée libre De la fièvre du monde de la nuit au réchauffement climatique, en passant par l’éclat des revendications qui couvrent les murs de la ville de leurs graffitis, c’est le portrait d’un monde porté à incandescence que l’on dresse ici. Écrit à l’occasion du centenaire du Los Angeles Philharmonic Orchestra, qui coïncidait avec celui de la Tchécoslovaquie, Overheating de Miroslav Srnka pose une question cruciale à l’heure du réchauffement climatique : une telle commémoration est-elle pertinente alors que la viabilité de notre planète est compromise
à moyen terme ? La nuit aussi peut être chaude, folle et bruyante. Ainsi la dépeint le Nocturne III, concerto pour clarinette destiné à Jérôme Comte, du jeune Coréen Jaehyuck Choi, en contrepied total des Nocturnes de Chopin. Il partage l’affiche avec l’une de ses anciennes professeures, Unsuk Chin, et son Graffiti, véritable palimpseste musical en même temps que célébration des multiples formes d'expression du street art. Jaehyuck CHOI Concerto « Nocturne III », pour clarinette et ensemble Création mondiale de la version pour ensemble
Unsuk CHIN Graffiti, pour orchestre de chambre Miroslav SRNKA Overheating, pour ensemble Création française
Enno POPPE Nouvelle œuvre, pour ensemble Création française
Jérôme Comte clarinette Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher direction Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris, Festival d’Automne à Paris Tarif 20€ Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84 festival-automne.com / 01 53 45 17 17
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· · · · · · · · E N N O
· · · · · · · · P O P P E
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Croissance organique puisqu’il a dirigé plusieurs de mes pièces, dont deux créations mondiales. Est-ce que je suis influencé par lui ? Pas de façon littérale, c’est certain, mais sa manière de rendre les choses radicales et de faire de chaque structure une jungle, à la manière d’un labyrinthe, reste pour moi une idée capitale.
Enno Poppe adore se jouer des systèmes — poursuivant leur logique jusqu’à leur explosion (ou implosion, au choix). Le compositeur allemand, en pleine composition de la pièce dont la création française aura lieu en décembre prochain, évoque un processus d’écriture semblable à une croissance organique, dans lequel rigueur et fantaisie s’allient à un lyrisme tranchant. Rencontre avec un créateur imprévisible.
Vous composez actuellement une pièce pour l’Ensemble intercontemporain, qui sera créée en France le 15 décembre à la Philharmonie de Paris. Vos œuvres s’intéressent souvent au son originel des instruments, comme dans Rundfunk où vous effectuez un travail archéologique sur les instruments de la musique électronique. Écrivez-vous en faveur ou contre les musiciens ? Je n’écris jamais contre les musiciens, pourquoi le devrais-je ? Les musiciens sont mes partenaires, sans eux je ne suis rien. Nous explorons le monde ensemble. Pour moi, il est toujours plus aisé d’avoir des musiciens en tête quand j’écris de la musique. Je peux imaginer comment ils réagissent, bougent et ce qu’ils ressentent sur ma musique. C’est ce qu’il y a de plus inspirant.
Le magazine classique en ligne Van a un jour décrit votre musique comme « pétillante, stridente et parfois affreuse mais d’une manière charmante ». Comment réagissez-vous à cette description ? J’accepte tous les commentaires (rires). Comme ma musique n’est ni pure ni conceptuelle, elle n’a pas l’obligation d’être belle. Mais la vie ou la nature ne sont pas toujours belles non plus. Vous avez vécu quelques mois en France en 1996. Quels sont vos rapports à la musique française ? J’adore la musique française. De toute évidence, beaucoup de compositeurs français ne sont pas très connus en Allemagne, à commencer par Rameau et Fauré. Et il est très difficile pour les musiciens allemands de jouer le répertoire français. Mais je préfère cette irréductible singularité à un monde globalisé où tout est similaire. Quand j’habitais à Paris, l’un de mes excellents souvenirs à la Cité des Arts est la composition de Gelöschte Lieder (Mélodies supprimées), une pièce dans laquelle j’ai essayé de déconstruire une œuvre typiquement française de façon, comme vous l’avez déjà dit, stridente et laide, mais toujours avec beaucoup d’amour et d’humour. J’ai également eu le privilège de rencontrer Pierre Boulez durant ses dernières années,
Quelle sera l’instrumentation de la pièce ? Avez-vous déjà un plan précis ou vous laissez-vous surprendre par le processus d’écriture ? Oui, je préfère avoir un plan. Un plan est nécessaire pour développer mes idées. Un bon plan m’aide à dénicher des surprises. Il est vivant et évolue parallèlement à la croissance de la musique.
À propos de cette idée de croissance organique, vos pièces choisissent souvent deux points de départ différents. Soit vous débutez par une idée source, comme un semis, et vous la regardez se développer comme un scientifique au microscope ; soit vous préférez commencer directement par le chaos, par une idée d’hétérogénéité et de multiplicité, comme dans Markt et Koffer. Quelle manière allez-vous choisir pour cette nouvelle pièce pour l’Ensemble ? Je ne sais pas encore exactement comment commencera ma nouvelle pièce. Tout ce que je sais c’est qu’elle contiendra des mélodies et des accords. Et beaucoup de percussions.
possèdent une qualité physique. C'est pourquoi il y a ces titres anti-métaphysiques ; je préfère rester dans le concret. Certains termes évoquent des matériaux purs, d’autres sont un point de départ pour obtenir une nouvelle qualité. Il y a déjà beaucoup à faire à partir du son lui-même. Propos recueillis par Laurent Vilarem En lien avec le concert Incandescences, p. 23
Vous êtes réputé pour les titres de vos œuvres. Souvent des titres courts : Haare (cheveux), Fell (peau), Stoff (tissu), Fett (gras), Brot (pain), Salz (sel) qui évoquent des matériaux, des textures ou des aliments. Avez-vous déjà le titre de la pièce ? En ira-t-il de même pour cette nouvelle œuvre de « Poppe music » ? Je cherche toujours à faire de la Poppe music ! Mais, j’espère, différente à chaque fois. Mon expérience m’a appris qu’une bonne pièce ne pouvait être répétée. Concernant mes titres, l’explication est simple. Je m'intéresse aux matériaux. Le son et la musique
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· · · · · · _ VENDREDI 18 DÉCEMBRE 19:30 BERLIN PIERRE BOULEZ SAAL
SIGNES Spi ritua l ité et g raf f iti Pour ce premier rendez-vous de la saison à la Pierre Boulez Saal de Berlin, l’Ensemble intercontemporain propose un programme tout en signes. Signes du divin avec Matthias Pintscher qui donne vie à Uriel, l’archange messager qui, selon la tradition judéo-chrétienne, apporte aux êtres humains les lumières de la connaissance divine, tel que vu par l’artiste américain Barnett Newman. Mark Andre, dans riss, explore la notion de « faille » dans les Évangiles, transposant musicalement le concept en créant un temps musical strié de déchirures, comme de brèves mais essentielles révélations, qu’il déplie et déploie pour mieux les éclairer. Dans Graffiti, la compositrice coréenne (et berlinoise) Unsuk Chin a trouvé dans le street art de la capitale allemande la matière d’une œuvre en forme de véritable palimpseste musical. Le concert se terminera sous le signe de la création, avec un nouveau Concerto, pour clarinette et ensemble, de Beat Furrer.
ÉCLAIRAGE Unsuk Chin, compositrice Graffiti
Quand on parle de « graffiti », la plupart d’entre nous se figurent directement des griffonnages assez indigents sur des murs, un peu partout dans nos paysages urbains. Mais ce n’est pas seulement cela : les graffitis sont une forme d’expression artistique ancienne qui, sans jamais tendre au « grand art », peut être d’une créativité surprenante. Mon œuvre pour ensemble Graffiti est inspirée plus ou moins directement par le street art. Son langage musical, entre rudesse et raffinement, complexité et transparence, exige des interprètes une grande agilité, de la virtuosité, un changement de perspective permanent. Chaque instrument est traité en soliste. Le premier mouvement, Palimpsest, est fait d’une multiplicité de dimensions et de strates ; on peut y entendre des allusions à nombre de styles extraits de leur contexte d’origine et juxtaposés à la manière d’un kaléidoscope. Le second mouvement, Notturno urbano, établit un contraste fort avec celui, hyperactif, qui le précède : il oscille entre une simplicité et une micropolyphonie particulièrement sophistiquée. Les instruments sont souvent utilisés de manière non conventionnelle. Les vents et les cordes ont des modes de jeu spéciaux, ce qui renforce l’atmosphère distante et mystérieuse. L’œuvre s’achève par une passacaille « urbaine » virtuose.
Matthias PINTSCHER Uriel, pour violoncelle et piano Mark ANDRE riss 1, pour ensemble Unsuk CHIN Graffiti, pour orchestre de chambre Beat FURRER Concerto, pour clarinette et ensemble Commande Ensemble intercontemporain et SWR Donaueschinger Musiktage Avec le soutien de la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia Création mondiale
Martin Adámek clarinette Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher direction Renseignements et réservations boulezsaal.de
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MARDI 5 JANVIER
JEUDI 7 JANVIER
DIMANCHE 11 AVRIL
LUNDI 12 AVRIL
HORAIRES À DÉTERMINER
14:00 MARCHEPRIME
11:00 ET 16:00 ROUEN
10:00 ET 14:00 ROUEN
ARCACHON
LA CARAVELLE
OPÉRA DE ROUEN
OPÉRA DE ROUEN
THÉÂTRE OLYMPIA
LES DOUZE BOÎTES DU DOCTEUR STOCK Dé couver te lud ique de l’u n ivers de Sto ckha usen On connaît la fascination de Karlheinz Stockhausen pour le cosmos et l’astrologie. Tierkreis (littéralement « zodiaque » en allemand) en est la plus pure illustration, en même temps que la plus charmante : les douze mélodies de ce cycle de chambre figurent chacune un signe astrologique. Douze courtes mélodies dont la beauté toute simple a inspiré aux membres de la bien nommée compagnie Les Ouvreurs de Possibles un spectacle pour les enfants de 3 à 7 ans. On y suit donc
l’aventure de cinq personnages qui découvrent un lieu étrange où se trouvent douze boîtes de tailles différentes. Quel est ce mystère et où sont-ils ? Sur terre, dans l’eau, dans les étoiles ? Au fil des mélodies, qui résonnent comme des boîtes à musique, et du temps qui passe, deux danseurs et trois musiciens nous prennent par la main et nous emmènent à la découverte du monde astral de Stockhausen. Karlheinz STOCKHAUSEN Tierkreis, douze mélodies pour flûte, violon et percussion Solistes de l’Ensemble intercontemporain Compagnie Les Ouvreurs de Possibles Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris, Compagnie Les Ouvreurs de Possibles Renseignements et réservations Théâtre Olympia ville-arcachon.fr/theatre-olympia/ La Caravelle la-caravelle-marcheprime.fr Opéra de Rouen operaderouen.fr
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BIENNALE PIERRE BOULEZ L’Ensemble intercontemporain est au cœur de la deuxième édition de la Biennale Pierre Boulez. Au programme, de grands chefs-d’œuvre pour ensemble, notamment Répons et Cummings ist der dichter, une intégrale de l’œuvre pour piano, ainsi qu’un aperçu des espaces prospectifs que le maître a ouverts aux générations suivantes avec des créations de François Meïmoun et Francesco Filidei.
DIMANCHE 17 JANVIER 16:30 PARIS PHILHARMONIE DE PARIS
L’intuition du premier jour
SALLE DES CONCERTS – CITÉ DE LA MUSIQUE
par Olivier Messiaen
RÉPONS
Répons, enfin, c’est une œuvre dont l’histoire est indéfectiblement liée à celle de l’Ensemble intercontemporain qui l’a créée. En réponse à Répons, Odile Auboin créera la version d’Anthèmes 2, pour alto et électronique.
L’Ensemble en son jardin spatialisé
Pierre BOULEZ Anthèmes 2, pour alto et dispositif électronique
Avant le concert, à 15:30 Clé d’écoute : Répons de Pierre Boulez par Laurent Feneyrou Amphithéâtre de la Cité de la musique Entrée libre
Création mondiale
Répons, pour six solistes, ensemble, sons informatiques et électronique en temps réel Odile Auboin alto Samuel Favre vibraphone Gilles Durot xylophone Françoise Rivalland cymbalum Valeria Kafelnikov harpe Hidéki Nagano piano Sébastien Vichard piano Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher direction Andrew Gerzso, Augustin Muller réalisation informatique musicale Ircam
Répons, c’est certainement le grand chef-d’œuvre de Pierre Boulez. Et l’un des sommets de la musique électroacoustique : à l’instar des grandes pièces responsoriales de Giovanni Gabrieli et Claudio Monteverdi, Répons fait dialoguer à travers l’espace l'ensemble instrumental, placé au centre du dispositif, six solistes disséminés dans la salle, et électronique. Maniant les outils électroniques avec une maestria sans pareille, Boulez unit tous les acteurs sonores, solistes et sons électroniques, dans une relation véritablement symbiotique pour une véritable chorégraphie des sons dans l’espace.
Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris En partenariat avec l’Ircam-Centre Pompidou Tarif 20€ Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84
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il s’écria : « Qui ? Mais qui sortira la musique des problèmes où elle est enfoncée ? » Je lui répondis : « Mais Boulez, ce sera vous ! » Il me regarda, étonné, croyant à une plaisanterie. J’étais moi-même surpris de ce que je venais de dire, mais j’avais formulé tout haut ce que je pressentais tout bas, et j’étais certain d’avoir dit la vérité.
Dans les années 1942-1943, libéré du Stalag, fraîchement nommé professeur d’harmonie au Conservatoire de Paris, j’avais donné dans les salons de Guy Bernard-Delapierre une audition de mon Quatuor pour la fin du temps (violon, clarinette, violoncelle, piano). Je jouais moi-même la partie de piano. Le concert fini, beaucoup de personnes me posaient des questions sur ma captivité. Bousculant un peu les curieux, un tout jeune homme, volontaire et pressé, me dit simplement : « Vous êtes trop entouré aujourd’hui, je reviendrai vous voir un autre jour. » Il revint, en effet, mais ce fut à ma classe d’harmonie. C’était Pierre Boulez. Il avait une oreille merveilleuse, une audition intérieure parfaite. Il trouvait toujours la bonne harmonie, et je ne fus pas surpris quand il obtint un premier prix d’harmonie, au bout d’un an de classe, dès son premier concours. J’étais malheureusement obligé, à cette époque, de faire faire aux élèves des basses et des chants donnés assez conventionnels et, pour les préparer au concours de fin d’année, j’essayais de réaliser ces devoirs avec eux, ce qui devait être très désagréable à Pierre Boulez. Pire encore, les auteurs que je citais, les exemples que je donnais au piano, les quelques mots que je prononçais, tout cela devait l’exaspérer. Par contre, lorsque j’allais déjeuner chez mon père (qui n’habitait pas très loin de chez lui), nous prenions le même métro ensemble, et là nous poursuivions de longues conversations sur la musique de l’avenir. Un jour où il était particulièrement révolté,
En citant les noms de Jean-Louis Barrault, Heinrich Strobel, Suzanne Tézenas, qui ont aimé Pierre Boulez comme leur propre fils, je ne puis m’empêcher de penser qu’ils ont eu la même certitude que moi. Tous ceux qui ont soutenu et soutiennent encore Pierre Boulez savent qu’il est un très grand musicien. Et si, en 1986, la musique est enfoncée dans des problèmes encore plus profonds qu’en 1943, avec des gens qui ne voient pas, n’entendent pas, et ne comprennent pas eux-mêmes les mots qu’ils prononcent, il est réconfortant de penser qu’un homme comme Boulez a pu écrire, combiner, entendre les amplifications et les résonances rythmées de Répons, sans jamais dévier de sa trajectoire. Sans doute avait-il une oreille infaillible dès sa naissance, mais la classe d’harmonie de 1943 (qui l’a tellement martyrisé) a tout de même développé en lui cette audition intérieure unique qui l’isole au milieu de tous ses contemporains et fait de lui Pierre Boulez. Olivier Messiaen, 1985 in Pierre Boulez, Actes Sud / Philharmonie de Paris, 2015
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· LUNDI 18 JANVIER 20:00 PARIS
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· · · · · · · · F · · · · · · · · R A N C E S C O JEUDI 21 JANVIER 20:30 PARIS
PHILHARMONIE DE PARIS
PHILHARMONIE DE PARIS
LE STUDIO – PHILHARMONIE
SALLE DES CONCERTS – CITÉ DE LA MUSIQUE
BOULEZ AU PIANO
CUMMINGS
Su p erstruc tu res
Bou lez et les p o ètes
La Philharmonie de Paris gratifie son public d’une première exceptionnelle : l’intégrale de l’œuvre pour piano de Pierre Boulez, en quatre concerts. Une intégrale à laquelle participent bien sûr les pianistes de l’Ensemble, Dimitri Vassilakis et Hidéki Nagano (ainsi que deux anciens pianistes de l’EIC : Florent Boffard et Michael Wendeberg). Interprétant notamment la Deuxième Sonate et le deuxième livre de Structures, ils montrent combien cette œuvre pour piano, qui couvre toute la vie créatrice du compositeur, tient tout à la fois du journal intime, du cahier d’esquisses et du laboratoire.
Au moins autant que le verbe, c’est le travail de l’espace de la page d’E.E. Cummings que Pierre Boulez aspire à transposer dans Cummings ist der dichter, le processus sonore reflétant ce qui transpire entre les lignes, la figure visuelle dessinée sur la page, la ponctuation singulière, en même temps que les mots eux-mêmes. Boulez n’a jamais mis en musique Antonin Artaud. Il lui vouait pourtant une réelle admiration. François Meïmoun, qui fut proche de Pierre Boulez, se charge de faire le lien entre eux avec son Rite de la nuit noire, ultime version de Tutuguri. Francesco Filidei quant à lui, renoue avec l’écriture vocale dont il est devenu l'un des grands représentants, après ses deux premiers opéras, dans un Requiem, qui répond par-delà les siècles à l’épure du Stabat Mater de Palestrina.
Pierre BOULEZ Deuxième Sonate, pour piano Structures, pour deux pianos : deuxième livre Hidéki Nagano piano Dimitri Vassilakis piano
Pierre BOULEZ Cummings ist der dichter pour seize voix et orchestre
Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris
François MEÏMOUN Le Rite de la nuit noire. Voyage d’Artaud au Mexique, pour ensemble
Tarif 22€ Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84
Création mondiale Commande de l’Ensemble intercontemporain
Et aussi le 16 janvier, 17:00 au Studio – Philharmonie : Notations, Première et Troisième sonates pour piano Une page d’éphéméride de Pierre Boulez avec Florent Boffard
Giovanni Pierluigi DA PALESTRINA Stabat Mater, pour double chœur Francesco FILIDEI Requiem, pour voix mixtes et ensemble Création française Commande Ensemble intercontemporain, Les Métaboles, Casa da Música
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Ensemble vocal Les Métaboles Ensemble intercontemporain Léo Warynski direction
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Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris
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Tarif 20€ Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84
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Le Requiem : un fantôme à habiter de l’intérieur Depuis quelques années, Francesco Filidei (né en 1973) s’est imposé comme un des grands représentants de l’écriture vocale, notamment grâce ses deux ouvrages lyriques, Giordano Bruno (2016) et L’Inondation (2019). Il compose aujourd’hui un Requiem pour l’Ensemble intercontemporain et l’Ensemble vocal Les Métaboles, une évidence pour un artiste dont le travail est un labyrinthe de la mémoire.
Francesco, vous êtes italien, amoureux d’opéra… Quel rapport entretenez-vous à la vocalité ? J’ai commencé par composer des œuvres très bruitistes, notamment lorsque je devais écrire pour chœur : N.N ou I Funerali dell’Anarchico Serantini répondent à ce principe d’explorer toutes les possibilités de la voix humaine. Dans ces œuvres, la dimension corporelle, chorégraphique et quasi charnelle de la voix était mise en jeu. Plus tard, et après ma première confrontation avec l’opéra, mes recherches ont porté sur une vocalité plus épurée, avec un langage beaucoup plus « sonnant ».
question. On pourra ainsi retrouver dans ma pièce une recherche harmonique (inspirée par le Requiem de Duruflé) développée sur le cycle des quintes dans l’Introït, un intérêt manifeste pour le contrepoint et la numérologie dans le Kyrie (clin d’œil au Requiem de Ligeti), ou bien une théâtralité opératique dans le Dies Irae (Verdi). Comme de nombreux genres très typés, le Requiem est pour moi une forme « morte ». Elle a donné son potentiel maximal par le passé. On la retrouve aujourd’hui sous la forme d’un fantôme qu’il faut habiter de l’intérieur.
Que représente aujourd’hui la composition d’un Requiem ? Pour moi, cela passe obligatoirement par un appel à la nécessité de la mémoire. Toutefois, derrière toute volonté créatrice, il y a celle de détruire, pour pouvoir reconstruire et imaginer quelque chose de neuf. Dans le cas du Requiem, on part sur un socle de plus de mille ans, et auquel un créateur européen doit à mon avis se confronter. Cette matière humaine qui s’est développée au cours du temps est d’une qualité unique. Mais aujourd’hui, une fois le point de repère donné, il faut pouvoir agresser cet héritage et le remettre en
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MERCREDI 27 JANVIER
DIMANCHE 7 FÉVRIER
19:00 PARIS
18:30 PARIS
CONSERVATOIRE DE PARIS – ESPACE MAURICE FLEURET
MAISON DE LA RADIO – AUDITORIUM
ÉMERGENCES
PRÉSENCES
Pépi n ière de ta lents
Ave c Pasca l Dusa pi n
Depuis plusieurs années, les solistes de l’EIC mènent un travail pédagogique approfondi avec les élèves des classes de composition et d’interprétation du Conservatoire de Paris. Une mission qui fait partie de l’ADN de l’Ensemble depuis sa fondation en 1976. Ce concert présentera plusieurs créations de jeunes compositeurs qui seront interprétées conjointement par les solistes de l’Ensemble et les élèves musiciens du Conservatoire. L’opportunité de découvrir les créateurs mais aussi les interprètes de demain.
Comme chaque année, l’Ensemble intercontemporain se « délocalise » le temps d’un concert à la Maison de la Radio pour se joindre à cette grande fête des musiques de création : le Festival Présences. Cette année c’est le compositeur français Pascal Dusapin qui est mis à l’honneur avec un vaste panorama de ses œuvres pour toutes les formations. Pour sa part, l’EIC a choisi deux pièces concertantes, Aria, pour clarinette, et Quad, pour violon, hommage aux « rhizomes » de Gilles Deleuze. En miroir, deux créations : l’une signée par la compositrice et performeuse vocale polonaise Agata Zubel, et l’autre du New-Yorkais Tyshawn Sorey, également multi-instrumentiste bien connu des amateurs de jazz. Une soirée éclectique en perspective.
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Votre œuvre sera jouée juste après le Stabat Mater de Palestrina : est-ce un compositeur qui compte pour vous ? Oui, les œuvres de Palestrina représentent une perfection quasi magique. C’est une musique que j’ai beaucoup étudiée, chantée et jouée à l’église, lorsque j’étais organiste de la cathédrale de Pise. Mon opéra Giordano Bruno contient même un véritable petit patchwork de Palestrina. Je me rends d’ailleurs compte que plus j’avance dans la conception de mon Requiem, plus je pense que les voix auront un rôle important, lié justement aux polyphonies de la Renaissance.
Cette démarche peut-elle s’étendre à toutes vos œuvres ? Ce qui est certain, c’est que le rapport à la mort est constant dans toute ma musique, tout comme le désir de donner vie à des objets disparus, inanimés. À ce propos, j’ai grandi à Pise et, étant petit, je passais souvent devant l’église Saint-François d’Assise, qui était sur le chemin de l’école. C’est une immense église du Moyen Âge, et c’était très impressionnant pour le jeune garçon que j’étais. Je me souviens y avoir vu un jour une messe dans une petite chapelle attenante. Dans la pénombre, de vieux moines officiaient. Des moines qui avaient connu les horreurs de la guerre. Cette image, ce souvenir est important pour moi, et je pense qu’il correspond à certains aspects de ma musique.
Propos recueillis par Thomas Vergracht
Créations des élèves de la classe de composition du Conservatoire de Paris Brendan Champeaux, Imsu Choi, Pierre Fourré, Reuben Jelleyman, Matthew Monaco, Carlo Elia Praderio Frédéric Durieux, Stefano Gervasoni, Gérard Pesson professeurs de composition Département écriture, composition et direction d’orchestre
Avez-vous ajouté des textes au canon liturgique du Requiem ? Non, et j’en suis très heureux ! J’ai voulu me concentrer sur le pur signifiant musical. La matière est fixe, comme des pierres. Les mots de l’office des morts ont été sculptés, polis par plusieurs siècles d’histoire, il n’y avait donc pas de nécessité d’ajouter d’éléments supplémentaires. Je récupère la force primitive du genre, en lui appliquant un vernis différent. L’œuvre, d’une durée d’une demi-heure, est écrite pour un chœur de seize chanteurs et dix-sept instruments, avec une structure très classique : Introït, Kyrie, Dies Irae, Agnus Dei. Ce sera un Requiem très « italien », comme on peut se l’imaginer, ancré dans la tradition de Verdi, et par conséquent très opératique.
Pascal DUSAPIN Aria, concert pour clarinette et petit orchestre Quad, concert pour violon et petit orchestre
Hae-Sun Kang professeure
Tyshawn SOREY Nouvelle œuvre, pour ensemble
Ensemble intercontemporain
Création mondiale Commande Ensemble intercontemporain, Radio France et San Francisco Contemporary Music Players
Élèves en 3e cycle supérieur en Diplôme d’artiste interprète, répertoire contemporain et création du Conservatoire de Paris
Agata ZUBEL Nouvelle œuvre, pour ensemble
Coproduction Ensemble intercontemporain, Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris
Création mondiale Commande Ensemble intercontemporain et Radio France
Martin Adámek clarinette Hae-Sun Kang violon Ensemble intercontemporain Elena Schwarz direction
Entrée libre (dans la limite des places disponibles) Réservations à partir du 13 janvier reservation@cnsmdp.fr
Dans la cadre du Festival Présences 2021, festival de création musicale de Radio France Tarifs 7 à 16€ Réservations maisondelaradio.fr
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· · · · · · · · · · · · · · · · A G A T A
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· · · · · · · _ Z U B E L Compositrice et interprète dans un cadre solide. C’est un espace composé, et même ce qui peut sembler improvisé est écrit, ce qui ne m’empêche pas de croire aussi à la créativité des musiciens. Quand on travaille avec un ensemble comme l’EIC, il est facile d’y croire !
Agata Zubel s’est fait connaître comme compositrice, interprète et comme improvisatrice. Si elle écrit très volontiers pour la voix, souvent pour la sienne, elle aime aussi se plonger dans la musique instrumentale, avec une prédilection pour l’univers sonore de l’ensemble et de l’orchestre.
Le rythme joue-t-il un rôle moteur dans votre musique ? Le rythme intervient assez tôt dans le processus de composition, dès que j’ai une idée de la chronologie de la pièce. Il ne consiste pas seulement dans l’organisation temporelle du discours. Il lui donne son élan, et le résultat n’est pas du tout le même selon qu’on utilise des rythmes simples ou sophistiqués, qui engendrent des traitements différents, donc des couleurs différentes. Ce statut du rythme dans ma musique vient du fait que j’ai pratiqué les percussions pendant de nombreuses années, et que j’ai probablement intégré une idée claire de la figuration rythmique, même lorsque les rythmes sont complexes.
Double Battery, votre première pièce destinée aux musiciens de l’Ensemble intercontemporain, semblait directement influencée par leur virtuosité. Allez-vous à nouveau composer « sur mesure » ? Je pense aux musiciens qui joueront, quelle que soit la pièce ! Étant moi-même interprète, j’accorde pendant tout le processus d’écriture une grande importance à ce qui se passera concrètement sur scène. Double Battery était une pièce centrée sur les deux clarinettes basses, et ma seconde pièce pour l’EIC sera tout à fait différente. J’ai une idée de la construction globale de la pièce, mais le fait de savoir à quel degré interviendra la virtuosité relève plutôt, à mon sens, de l’expression. En tout cas, le plaisir que pourront éprouver les musiciens à jouer ma musique m’importe beaucoup lorsque j’écris.
Quels sont les contours de la pièce que vous êtes en train de composer pour l’EIC ? Pour le moment, j’imagine des blocs, en lien direct avec des couleurs, et aussi avec leur potentiel de développement. Il y a également des strates, qui se déroulent de façon continue et simultanée. De prime abord, elles semblent être en fort contraste, de sorte que l’on peut avoir l’impression qu’elles mêlent différentes histoires. Pourtant, elles avancent vers une destination commune. Ceci nous ramène à la question de la formalisation. En définitive, je préfère ma perception subjective de la pièce pour apprécier la question du timing.
À ce stade initial de la composition, privilégiez-vous la formalisation ou l’intuition ? Je suis très attentive à l’architecture de la pièce et je n’exclus donc pas le questionnement rationnel sur la pertinence de tel ou tel choix. Mais je crois aussi à l’intuition et à l’énergie dont elle est porteuse. La formalisation présente un intérêt certain, mais je privilégie les gestes musicaux plus spontanés. Je tiens à me donner suffisamment d’espace pour être libre
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Quelles qualités attendez-vous des interprètes ? Lorsque je compose, j’essaye d’envisager toutes les situations : le point de vue du chef, celui des instrumentistes. Au début, il y a l’idée, mais il est important de trouver la façon de l’écrire de sorte que les interprètes puissent y accéder. Une fois que cette condition est remplie, j’apprécie beaucoup les musiciens qui sont ouverts à l’idée. Pourquoi cette figure, cette couleur, cette situation ? C’est là que commence l’interprétation, et je suis certaine que, comme moi, les musiciens de l’EIC aiment repartir à chaque fois de zéro pour donner naissance à un nouvel être musical !
L’écriture représente plusieurs mois à réfléchir à des idées musicales abstraites, à de petits éléments et à la façon de les relier. C’est peut-être ce qui engendre une impression d’écriture fragmentaire, avec des ruptures, les fragments étant cependant unis par une force de gravitation qui en assure la cohésion. En matière d’orchestration, vous privilégiez les « couleurs » complexes. Est-ce que la microtonalité relève aussi de cette recherche de « couleurs » ? Même si nous n’en sommes pas toujours pleinement conscients, elle influe fortement sur le résultat harmonique. Et là, on rejoint la question de l’interprétation, parce que la microtonalité se niche dans le glissando, le vibrato, l’ornementation, cet art de l’entre-deux que la majorité des instrumentistes et les chanteurs pratiquent sans même y penser. Cela fait plusieurs années que je travaille avec la microtonalité, et ma nouvelle pièce pour l’EIC ne fera pas exception !
Propos recueillis par Pierre Rigaudière En lien avec le concert Présences, p. 33
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· · · · · · _ MARDI 9 FÉVRIER
DU 9 AU 14 FÉVRIER
SAMEDI 13 FÉVRIER
19:00 PARIS
BOSTON
19:00 BERLIN
PHILHARMONIE DE PARIS
CONSERVATOIRE
PIERRE BOULEZ SAAL
LES NOUVEAUX E S PA C E S D E L A TRANSMISSION
BOULEZ À... LA BOULEZ SAAL
LE STUDIO – PHILHARMONIE
BOHÊME C o m p l èt e m e n t à l ’ E s t
Dia lo gue i ntergénération nel
L’E IC à Berkle e
Le natif de Bohême Bohuslav Martinu compose son iconoclaste Revue de cuisine en 1927. À l’époque, il habite Montmartre et mène une vie… de bohème ! Histoire d’amour truculente entre une casserole et son couvercle, La Revue de cuisine évoque le son des petits ensembles de jazz à la mode à l’époque. La musique de Leoš Janácek évoque également une certaine fraîcheur, toute pastorale quant à elle. Chacun des mouvements de son Concertino, pour piano et vents, décrit en effet d’amusantes scènes de la nature. Des œuvres pour trompette et piano de Miroslav Srnka et Nina Šenk offriront quant à elles un regard teinté d’étrangeté, mais aussi d’une poésie toute mélancolique.
ÉCLAIRAGE Nina Šenk, compositrice Reflections, pour trompette et piano
C’est le principe de reflet sonore et d’écho entre les deux instruments qui est au cœur de cette pièce. Pour trouver un « terrain d’entente », le pianiste génère de nombreux sons à l’intérieur de la caisse de résonance du piano, en raclant ou en tapant sur les cordes à l’aide de maillets, de ses paumes ou de ses ongles, tandis que le son de la trompette est systématiquement transformé par diverses sourdines. Le « terrain d’entente » est donc un son métallique, généré par les deux instruments ou le bruit de la respiration combiné au raclement des cordes. La pièce est une conversation active entre deux musiciens, dans laquelle les gestes musicaux (les « mélodies ») sont aussi importants que leurs échos.
Leoš JANÁCEK Concertino, pour piano et six instruments Bohuslav MARTINU La Revue de cuisine, suite pour six instruments Miroslav SRNKA Milky Way, pour trompette et piano ou marimba Création française
Nina ŠENK Reflections, pour trompette et piano Solistes de l’Ensemble intercontemporain Musiciens de l’Orchestre de Paris
Avec ce second concert de la saison à Berlin, c’est un peu de la Biennale Pierre Boulez qui se poursuit de l’autre côté du Rhin. Le programme, de musique de chambre, mettra en perspective Anthèmes 2 (dans sa nouvelle version pour alto) et le classique autant que poétique Dialogue de l’ombre double de Boulez avec deux œuvres de la nouvelle génération de compositeurs et compositrices : Après l’ineffable de Benjamin Attahir et une création de la Berlinoise Sarah Nemtsov dont le credo est que « l’art crée un espace libre, vaste et surprenant, à la manière d’un repli de l’espace-temps. »
Forts de leur travail de transmission réalisé dans le cadre de diverses académies, de Lucerne à ManiFeste (Paris), en passant par les universités de Caroline du Nord et de Berkeley aux États-Unis, les solistes de l’Ensemble intercontemporain prennent pendant quelques jours leurs quartiers au Boston Conservatoire at Berklee. À la clef, concerts de musique de chambre, rencontres et ateliers leur permettront d’aller au-devant des étudiants de la prestigieuse institution pour les faire bénéficier de leur connaissance des musiques de création et des classiques du xxe siècle. Une académie en petit format qui se refermera sur un concert commun, au cours duquel solistes et étudiants interpréteront un chef-d’œuvre du répertoire contemporain français : Espaces acoustiques de Gérard Grisey dirigé par Vymbayi Kaziboni.
Pierre BOULEZ Dialogue de l’ombre double, pour clarinette et bande Anthèmes 2, pour alto et dispositif électronique Création nationale
Sarah NEMTSOV Nouvelle œuvre Création mondiale Commande de l’Ensemble intercontemporain
Renseignements bostonconservatory.berklee.edu/events
Benjamin ATTAHIR Après l’ineffable, pour violoncelle et piano Solistes de l’Ensemble intercontemporain Andrew Gerzso, Augustin Muller réalisation informatique musicale Ircam
Tarif 33€ Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84
En partenariat avec la Philharmonie de Paris Renseignements et réservations boulezsaal.de
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· · · · · · _ PREMIÈRE PARTIE Salle des concerts Javier ALVAREZ Temazcal, pour maracas et bande Luis Fernando RIZO SALOM Trois Manifestes, pour ensemble de trente instrumentistes et électronique
DEUXIÈME PARTIE Salle des concerts, Rue musicale, Musée de la musique Martin MATALON Las siete vidas de un gato pour huit musiciens et électronique Mauricio KAGEL Morceau de concours, pour une ou deux trompettes Astor PIAZZOLLA Improvisation sur Libertango
ÉCLAIRAGE
Oscar STRASNOY Trois Études de latinité, pour piano Tania LEÓN Rituál, pour piano
Samuel Favre, percussionniste Temazcal de Javier Alvarez
Ricardo NILLNI Tèbah, pour flûte, trompette et alto Michelle Agnes MAGALHAES Play and Theory of the Duende pour flûte basse, clarinette basse, violon, violoncelle et harpe
« Temazcal » est un mot qui provient du Nahuatl, l’ancienne langue des peuplades aztèques. Cela signifie littéralement « maison des pierres qui brûlent » : comme un équivalent mexicain du sauna. Le Temazcal de Javier Alvarez se concentre sur l’image de l’eau qui entre en ébullition au contact des pierres, pour s’évaporer immédiatement en un dense brouillard. L’originalité de cette pièce tient au fait que l’instrument utilisé par le musicien est une simple paire de maracas. La partition se présente comme un ensemble de réservoirs de motifs courts, dans lesquels le percussionniste peut puiser selon le moment de la pièce. Le résultat produit est celui d’une improvisation dans un style rythmique d’Amérique centrale. L’essentiel des informations contenues dans la partition est en réalité une représentation graphique de la bande électroacoustique qu’Alvarez a constituée à partir d’échantillons sonores captés au Mexique et dans les Caraïbes. Tout l’intérêt, pour moi, est de compenser le caractère monotone et faiblement expressif des maracas, en collant au plus près à cette bande (magnifique, il faut bien l’avouer), y compris en adoptant des postures de jeu légèrement différentes selon l’énergie véhiculée. Écrite en 1984, Temazcal fait depuis longtemps partie du répertoire de prédilection de nombre de percussionnistes. Le contraste entre la simplicité, le minimalisme du dispositif, et l’impression d’énorme énergie ressentie continue de séduire presque quarante ans plus tard. La pièce ne dure que huit minutes : c’est peut-être trop court pour en faire un chef-d’œuvre, mais c’est largement suffisant pour en faire une perle rare.
Ana LARA Hacia la Noche, pour flûte
VENDREDI 5 MARS
TROISIÈME PARTIE Salle des concerts
20:30 PARIS PHILHARMONIE DE PARIS
Marisol JIMÉNEZ Bestiario Onírico II – Ciudadela pour flûte et violoncelle
CITÉ DE LA MUSIQUE : SALLE DES CONCERTS, AMPHITHÉÂTRE, MUSÉE DE LA MUSIQUE, RUE MUSICALE
Création française
Lucas FAGIN Nouvelle œuvre, pour ensemble
GRAND SOIR A M É R I Q U E L AT I N E
Création mondiale Commande de l’Ensemble intercontemporain
Roque RIVAS Assemblage, pour piano, ensemble et dispositif électronique
L’ a u t re N o u ve a u M o n d e d e l a c ré a t i o n Prêt·es pour une grande soirée de découvertes et de surprises dans tous les espaces de la Cité de la musique ? Ce soir, l’Ensemble intercontemporain met les petits plats dans les grands et vous emmène dans l’Amérique latine des musiques de création. Le programme, haut en couleur et tout en contrastes, donnera à voir (et à entendre) un vaste panorama musical de compositeurs, tous originaires d’Amérique centrale et du Sud.
Des œuvres existantes ou nouvelles (comme celle de Lucas Fagin) pour toutes les formations, du solo au grand ensemble, avec ou sans électronique seront jouées tour à tour dans la Salle des concerts, l’Amphithéâtre, le Musée de la musique et même la Rue musicale. Une grande « fiesta » de la création musicale !
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Samuel Favre percussion Sébastien Vichard piano Ensemble intercontemporain Mariano Chiacchiarini direction Grégory Beller, Robin Meier réalisation informatique musicale Ircam Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris En partenariat avec l’Ircam-Centre Pompidou Tarif 20€ Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84
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· · · · · · · · L U C A S
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· F A G · · · · · · _ I N
Rester en éveil Quels compositeurs ont été importants pour vous ? Enfant, j’aimais autant Bach, Mozart, Beethoven, Schubert que le jazz que mon frère jouait et écoutait (Chick Corea, Jaco Pastorius, Keith Jarrett, Miles Davis). Toute ma culture musicale s’est montée en parallèle : d’un côté le rock, Depeche Mode, Nirvana, Pink Floyd, Slash ; et de l’autre, certaines œuvres de musique classique qui me fascinaient. J’ai encore le souvenir d’écouter en boucle certaines Sonates pour piano de Beethoven ! À l’adolescence, la découverte des Études pour piano de György Ligeti m’a fait l’effet d’un choc. Je me souviens d’ailleurs encore avec précision de l’expérience même de cette écoute. Progressivement, j’ai découvert toute cette généalogie du xxe siècle musical, Ligeti, Boulez, Stockhausen ou Xenakis, dont j’ai adoré le Terretektorh. Comme je le disais, j’ai été aussi élevé, éduqué, avec la musique pop, et elle est encore très importante pour moi aujourd’hui. L’année dernière, j’ai même essayé de rejouer certains solos de Slash, a priori très banals, mais qui, si on s’y attarde, contiennent de vraies trouvailles expressives.
Compositeur argentin à la croisée des genres musicaux, Lucas Fagin (né en 1980) écrit une musique à la fois personnelle et colorée, influencée autant par György Ligeti que par Depeche Mode. L’évidence et le naturel croisent dans ses œuvres la recherche et l’inattendu. Rencontre avec un compositeur à l’écoute du monde.
Lucas, comment est née votre vocation de musicien ? J’ai commencé la musique lorsque j’étais tout jeune, à 6 ou 7 ans, aidé par mon frère aîné. Mes parents étaient très intéressés par toutes les musiques, même les plus expérimentales. À la mort de mon père, ma mère a acheté un piano, mais je n’ai pris que peu de cours. Cela dit, j’ai très vite commencé à composer. À l’adolescence, j’ai pris des cours de guitare classique et de guitare électrique. Et à 14 ou 15 ans, je me suis rendu compte que je pouvais composer des choses plus complexes. Je me souviens d’une expérience décisive pour moi : j’étais dans le bus, je rentrais à la maison après un cours de guitare. Et là, j’ai imaginé un prélude à la manière de Bach. Même si c’était encore rudimentaire, je me suis rendu compte que je pouvais le faire, l’imaginer, et même l’écrire. Car si j’ai commencé par des exercices de style (à l’époque, je ne les concevais pas comme des exercices mais comme de la véritable composition : je me souviens avoir écrit une pièce dans le style de Chopin), mes moyens techniques se sont développés de manière lente, mais sûre.
Seriez-vous d’accord pour qualifier votre musique de « ludique » ou d’ « humoristique » ? Parfois oui, effectivement. J’ai toujours hésité, pensant que la musique était une affaire très (trop ?) sérieuse. Puis, progressivement, ce second degré est arrivé, presque malgré moi. Dans ma pièce Psychedelic, il y a beaucoup de gestes qui peuvent provoquer le rire, mais ce n’était pas ma volonté au départ.
Pourriez-vous nous dire quelques mots de l’œuvre que vous composez pour l’Ensemble intercontemporain cette saison ? Je suis encore en pleine réflexion globale. La seule certitude que j’ai, c’est que j’utiliserai un grand ensemble d’une trentaine de musiciens et très probablement des instruments amplifiés comme la guitare électrique, le synthétiseur ou l’orgue Hammond. J’en parlais récemment avec Philippe Hurel qui me disait préférer partir de la dramaturgie d’une œuvre avant de commencer l’écriture à proprement parler. Personnellement, j’aime voir quelles sont les grandes idées directrices, la nomenclature, et me lancer dans la pièce, parfois en me laissant submerger par elle. Je veux sentir que je compose une musique attachée au présent. Une musique que j’aimerais écouter, qui a un goût particulier, une identité, et une réelle efficacité. Il faut à mon sens créer une musique qui ne reproduit pas de modèle existant, et qui participe d’un mouvement artistique dynamique. Pour cela, j’essaye de rester le plus éveillé possible.
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Propos recueillis par Thomas Vergracht
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En lien avec avec le Grand soir Amérique latine, p. 38
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PRINTEMPS DES ARTS DE MONTE-CARLO Vien ne mo derne
VENDREDI 12 MARS 20:30 MONACO SALLE À DÉTERMINER
Pour l’édition 2021 du festival Printemps des Arts de Monte-Carlo, l’Ensemble propose une plongée aux racines du répertoire viennois, en trois étapes successives. Pour la première, retour sur les débuts du maître Arnold Schönberg et de ses disciples Alban Berg et Anton Webern (ce dernier encore adolescent avec ses pièces pour violoncelle composées à l’âge de 12 ans) : placés sous le sceau du post-romantisme, ils révèlent une facette inattendue de ces compositeurs. S’émancipant progressivement de la tonalité, les Quatre Pièces, pour clarinettes, de Berg ou les Cinq Pièces, pour orchestre, de Schönberg (ici dans une rare version pour deux pianos) donnent à entendre les racines de la modernité musicale. Le lendemain, Matthias Pintscher dirigera les classiques de ce répertoire, que sont la Symphonie de chambre no 1 et les Cinq Pièces, pour orchestre, de Schönberg, dans sa version pour orchestre de chambre. En miroir de l’époque, on entendra les arrangements de valses légères de Strauss… signées Schönberg bien sûr !
Arnold SCHÖNBERG Ein Stelldichein, pour hautbois, clarinette, violon, violoncelle et piano Weihnachtsmusik, pour deux violons, violoncelle, harmonium et piano Fantaisie, pour violon et piano Cinq Pièces, pour orchestre, arrangement pour deux pianos d’Anton Webern Alban BERG Quatre Pièces, pour clarinette et piano Anton WEBERN Deux Pièces, pour violoncelle et piano Solistes de l’Ensemble intercontemporain Renseignements et réservations printempsdesarts.mc
JEUDI 18 MARS 20:30 PARIS SAMEDI 13 MARS
PHILHARMONIE DE PARIS
20:30 MONACO
SALLE DES CONCERTS – CITÉ DE LA MUSIQUE
AUDITORIUM RAINIER III Johann STRAUSS Kaiser-Walser, arrangement d'Arnold Schönberg pour flûte, clarinette, quatuor à cordes et piano Rosen aus dem Süden transcription d’Arnold Schönberg pour piano, harmonium et quatuor à cordes Franz LISZT La Lugubre gondole – no 1, pour piano Arnold SCHÖNBERG Symphonie de chambre no 1 pour quinze instruments solistes Cinq Pièces, pour orchestre (réduction pour orchestre de chambre du compositeur) Alban BERG Quatre Pièces, pour clarinette et piano Hidéki Nagano piano Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher direction Renseignements et réservations printempsdesarts.mc
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BERLINER REQUIEM Ca r te bla nche à G e org Nig l L’EIC retrouve le baryton Georg Nigl pour une nouvelle carte blanche, sous forme d’oxymore. Première collaboration de Bertold Brecht et Kurt Weill pour la radio, le Berliner Requiem (1928) est en effet tout sauf religieux : c’est un hommage aux morts de la Grande Guerre et de la révolution spartakiste. Matthias Pintscher s’intéresse lui aussi à la condition humaine dans songs from Solomon’s garden, condensé brut et intense d’états émotionnels inspirés du Cantique des Cantiques. Relisant le mythe d’Orphée vu par Heiner Müller, Wolfgang Rihm fait sonner la lyre du héros musicien que les bacchantes ont
brisée en même temps qu’elles le dévoraient. Wolfgang Mitterer, enfin, réactualise le mythe prométhéen selon lequel le Titan aurait créé les hommes à partir d’eau et de terre, avant de voir ses créatures se retourner contre lui : à leur tour, les hommes ont créé l’intelligence artificielle, qui menace de leur échapper… Kurt WEILL Das Berliner Requiem, petite cantate pour trois voix d’hommes et orchestre d’harmonie Wolfgang MITTERER Networds 21, pour ensemble et électronique Création mondiale Commande de l’Ensemble intercontemporain
Wolfgang RIHM Die Stücke des Sängers, musique pour harpe et ensemble Matthias PINTSCHER songs from Solomon’s garden pour baryton et orchestre de chambre Georg Nigl baryton Patrick Grahl ténor Matthias Winckhler basse Valeria Kafelnikov harpe Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher direction Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris Tarif 20€ Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84 43
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· · · · · · · · W O L F G A N G
· · · · · · · · M I T T E R E R
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Jouer avec le feu Comment le mythe de Prométhée traverse-t-il Networds 21 ? Un compositeur est en quelque sorte enchaîné par les paramètres de la musique (les mesures, les rythmes, les mélodies, les instruments, les techniques de jeu, les méthodes de notation, les scènes…). Plus il veut « apporter le feu » au public, plus il ressent la civilisation comme une sorte de prison. Prométhée est devenu libre car il a su prédire l’imprévisible. Quelque chose qui peut aider en musique.
En recherche intensive depuis les années 1980, à rebours de tout dogmatisme, le compositeur autrichien Wolfgang Mitterer développe un langage musical aussi détonant que stimulant. Obtenue par la friction à la fois ludique et savante d’éléments sonores très disparates, en laissant toujours à l’imprévu la possibilité d’advenir, sa musique prend des formes résolument expérimentales et fait jaillir des étincelles d’inouï. Œuvre de grande ampleur, pour 22 musiciens et électronique, Networds 21 s’inspire du mythe de Prométhée pour le réactiver dans le monde contemporain – le titan grec étant vu ici comme celui qui a apporté aux hommes l’intelligence artificielle et les ordinateurs.
Dans votre travail de composition, vous avez l’habitude de confronter des matériaux contemporains et anciens (textes ou musiques), de mélanger des sons et des styles très différents (classique, électronique, musique concrète, jazz, baroque, opéra…). Quelle(s) direction(s) allez-vous explorer ici ? Ce sera une pièce de musique abstraite – sans texte ni histoire. Dans ma bibliothèque sonore, j’ai en réserve pas mal de samples du baryton Georg Nigl qui sera l’un des acteurs principaux du concert. Provenant de productions antérieures, ce sont principalement des mots simples tels que « non », « temps », etc. Il est possible que j’utilise certains de ces samples, diffusés à travers deux petites enceintes en fond de scène, pour un effet de contraste maximal avec l’ensemble instrumental. Comme si quelqu’un chantait depuis le fond. Pour libérer les cordes, je vais me servir ici davantage des « sons de remplissage » de ma bibliothèque sonore et – sans recourir à du matériau ancien pour l’orchestre – je vais aussi utiliser des lignes aiguës et rapides pour tous les instruments. Provoquant ainsi des contrastes forts, j’espère accélérer le développement de la pièce et arriver à un final captivant le public.
Wolfgang, que représente la figure de Prométhée à vos yeux ? Qu’est-ce qui la rend si fascinante encore aujourd’hui ? Il y a eu tant de manières différentes de considérer cette figure à travers l’Histoire qu’il n’est pas simple de savoir qu’en penser. J’aime avant tout l’idée selon laquelle, parmi tous les dieux étranges de la mythologie grecque, Prométhée est celui qui a aidé les êtres humains. Prométhée est communément associé à la notion de progrès. Croyez-vous au progrès, dans l’art et en général ? Rien n’est stable, tout est en mouvement. Mieux vaut le progrès que la régression.
Dans quelle mesure est-ce un défi de travailler avec l’Ensemble intercontemporain ? Ces musiciens sont les meilleurs. Il n’y a donc pas de véritable défi car je peux écrire tout ce que je veux. « Le fini est très souvent inabouti », a dit Pierre Boulez(1). Qu’en pensez-vous ? Comment savez-vous qu’une pièce est finie ? Je pourrais dire : une pièce est finie quand elle est finie. C’est le cas lorsque toutes les parties sont conçues, tous les fichiers sont dans le bon dossier et la partition est envoyée au chef d’orchestre. L’ensemble instrumental et le chef d’orchestre avancent avec leur interprétation et inventent leur version de la partition. Par conséquent, je pourrais aussi dire : la pièce évolue constamment, d’autant plus s’il y a des parts d’improvisation.
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Propos recueillis par Jérôme Provençal Les Neurones enchantés : le cerveau et la musique, Éditions Odile Jacob
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En lien avec avec le concert Berliner Requiem, p. 43
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· · · · · · _ MERCREDI 5 MAI 20:30 PARIS PHILHARMONIE DE PARIS LE STUDIO – PHILHARMONIE
TROIS TEMPS Su ite f ra nça ise Dès ses tout premiers récitals de piano, Camille Saint-Saëns portait en lui un goût de la musique ancienne. Vers la fin de sa vie, comme une consécration, il travaille à l’édition des œuvres de Jean-Philippe Rameau, qu’il va ainsi aider à diffuser auprès des musiciens et du public. Répondant au besoin de s’émanciper de la musique allemande, Saint-Saëns trouve dans la musique de Rameau une source inépuisable de richesses et de beautés. Dans son Septuor pour trompette, cordes et piano, il associe les couleurs claires de la musique française avec un piano évoquant Franz Liszt. La création pour quatuor à cordes et piano de la compositrice française Florence Baschet apportera le contrepoint contemporain au concert. Il y sera question « d’énergie, de vibration et même d’irréversibilité du temps ».
VENDREDI 23 AVRIL, 20:00 SAMEDI 24 AVRIL, 20:00 LUNDI 26 AVRIL, 20:00
ÉCLAIRAGE Florence Baschet, compositrice
J’ai composé cette musique pendant le confinement imposé au printemps 2020. En espace confiné, l’énergie se conserve sans déperdition : les physiciens disent que l’énergie est ségrégée. L’énergie qui nous entoure est alors a priori ordonnée. Pour cette nouvelle œuvre pour piano et quatuor à cordes, commande de l’Ensemble intercontemporain, je voudrais que les cinq instruments suivent le fil d’une trame tendue par la dramaturgie où la pensée musicale s’entendrait comme vibration, ou comme énergie, tantôt ségrégée tantôt dispersée. Qui dit confinement, dit espace clos : c’est de cet espace clos que je veux entendre une vibration sonore qui traverserait des « lieux », des « topos », des espaces de temps se divisant ou se multipliant, retenant ou libérant une énergie qui, elle, ne cherche qu’à se disperser – l’altération impalpable et surprenante de l’énergie sonore dans l’espace et le temps. Cependant, certaines mutations sont irréversibles : elles ne retrouveront jamais leur état initial, posant de fait le paradoxe de l’irréversibilité – une irréversibilité qui dépend de la perception de l’auditeur, question d’échelle, question de temps. L’irréversibilité de la compréhension du temps serait-elle inéluctable ? Le temps musical serait-il irréversible ? Autant de questions primordiales, tant l’écriture du temps est pour moi l’ultime essence de la composition musicale.
MARDI 27 AVRIL, 20:00 MERCREDI 28 AVRIL, 20:00 JEUDI 29 AVRIL, 20:00 PARIS THÉÂTRE DU CHÂTELET – GRANDE SALLE
MORT À VENISE Maladie d’amour Mise en scène par Ivo van Hove et adapté par le poète Ramsey Nasr, cette Mort à Venise exacerbe la musicalité insufflée par Luciano Visconti à son film d’après l’œuvre de Thomas Mann. Ici, Mahler et Beethoven sont remplacés par des pages crépusculaires de Richard Strauss, par l’intensité de La Nuit transfigurée de Schönberg et les tranchants Cinq Mouvements de Webern, ainsi qu’une création de Nico Muhly pour contre-ténor et orchestre. Compositeur parmi les plus en vue de la scène new-yorkaise, Nico Muhly est plus rare
de notre côté de l’Atlantique. Héritier du minimalisme de Steve Reich et Philip Glass, il irradie, par la force de son langage, la création contemporaine aux États-Unis.
Camille SAINT-SAËNS Septuor, pour cordes, piano et trompette
Ivo van Hove mise en scène Ramsey Nasr texte, d’après l’œuvre de Thomas Mann traduite par Hans Hom Jan Versweyveld décors / éclairages / vidéos Krystian Lada dramaturgie An D’Huys costumes Nico Muhly, Theo Verbey adaptation musicale
Création mondiale Commande Ensemble intercontemporain et Orchestre de Paris
Richard STRAUSS, Claudio MONTEVERDI, Arnold SCHÖNBERG, Anton WEBERN, Johann Sebastian BACH, Nico MUHLY musique
Jean-Philippe RAMEAU Pièces de clavecin Florence BASCHET Nouvelle œuvre, pour quatuor à cordes et piano
Solistes de l’Ensemble intercontemporain Musiciens des Arts Florissants Musiciens de l’Orchestre de Paris Tarif 33€ Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84
Achraf Koutet, Aus Greidanus Jr, Marieke Heebink, Ramsey Nasr, Steven van Watermeulen comédiens Yuriy Mynenko contre-ténor Ensemble intercontemporain Marzena Diakun direction Spectacle en création française
Coproduction Internationaal Theater Amsterdam, Barbican Center, Théâtre du Châtelet et Croatian National Theatre Zagreb Tarifs 10€ à 99€ / 10€ (- de 28 ans) Réservation châtelet.com
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· · · · · · · · · · · · · · · · C H A Y A C · · · · · · · · Z E R N O W I N · · · · · · · _
Imprévisible et redoutable
VENDREDI 28 MAI 20:30 PARIS PHILHARMONIE DE PARIS SALLE DES CONCERTS – CITÉ DE LA MUSIQUE
GRAND SOIR PROMÉTHÉE L e fe u d e l a c ré a t i o n Pour avoir dérobé le feu sacré de l’Olympe et l’avoir offert aux hommes, Zeus condamna le titan Prométhée à être attaché à un rocher sur le mont Caucase, où un aigle venait chaque jour lui dévorer le foie, qui repoussait chaque nuit. Tour à tour, Chaya Czenowin, Mark Andre et Bernhard Gander se sont emparés de ce mythe, mettant en avant qui la sortie de l’obscurantisme, qui la perte d’insouciance que représente l’acquisition de la connaissance, qui la force démiurgique du feu. Et ce n’est pas tout puisque les mouvements de la création d’Aureliano Cattaneo s’entrelaceront avec ceux de l’un des derniers chefs-d’œuvre de Mozart, la Gran Partita. Une grande œuvre de près de cinquante minutes et à l’effectif singulier (treize instruments à vent et une contrebasse) qu’admirait particulièrement Pierre Boulez qui la dirigea et l’enregistra avec l’EIC en 2008.
Mark ANDRE wohin, pour harpe et ensemble Création mondiale Commande de l’Ensemble intercontemporain
Chaya CZERNOWIN Fast Darkness II : Freeze and Melt pour clarinette basse et ensemble Création mondiale Commande de l’Ensemble intercontemporain
Bernhard GANDER Nouvelle œuvre pour violoncelle, contrebasse, ensemble et électronique Création mondiale Commande Ensemble intercontemporain et Ircam
Wolfgang Amadeus MOZART Sérénade en si bémol majeur, K. 361, « Gran Partita », pour treize instruments à vent Aureliano CATTANEO Nouvelle œuvre pour voix et ensemble (interludes à la Gran Partita de W. A. Mozart) Création mondiale Commande de l’Ensemble intercontemporain
Alain Billard clarinette basse Éric-Maria Couturier violoncelle Nicolas Crosse contrebasse Peyee Chen, Rinnat Moriah sopranos Valeria Kafelnikov harpe Ensemble intercontemporain Matthias Pintscher direction Augustin Muller réalisation informatique musicale Ircam Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris En partenariat avec l’Ircam-Centre Pompidou
Répondant à une commande de l’Ensemble intercontemporain, la compositrice israélienne, installée sur la côte est des États-Unis, s’est pliée à un exercice inhabituel pour elle : composer sur un thème imposé. Elle s’est donc emparée de la figure mythologique de Prométhée, qui sera également le thème du Grand Soir dans le cadre duquel l’œuvre, intitulée Fast Darkness II : Freeze and Melt, sera créée.
Chaya, cette commande s’est accompagnée d’un « thème » : Prométhée. Comment l’avez-vous reçu ? Je n’accepte généralement pas les thèmes imposés : soit j’arrive à m’en échapper, soit je décline la commande. Cette fois, néanmoins, j’ai accepté avec joie, parce que le thème de Prométhée résonne fortement avec mes préoccupations actuelles. De quelle manière ? Il faut pour vous l’expliquer que je vous raconte la genèse de la pièce, qui est le deuxième volet d’un cycle. Ce cycle est né d’une conversation que j’ai eue avec mon collègue Mauro Lanza. Je lui faisais part de mon expérience de ralentissement du temps musical : lorsque je ralentis le temps, j’ai le sentiment de pouvoir réellement voir la musique et m’y plonger. Et Mauro m’a demandé : « Cela ne fonctionne-t-il que lorsque tu ralentis le temps ? Est-ce que ça ne marcherait pas en l’accélérant ? » J’ai aimé cette question, que reflète le titre du cycle : Fast Darkness. Pendant la composition de Fast Darkness : I can see your turned eyes from inside of your body, premier volet du cycle destiné au clarinettiste Gareth Davis et au Riot Ensemble, je songeais déjà au second : Freeze and Melt. Le principe de Freeze and Melt, c’est exactement ce que dit le titre : j’extrais des îlots de matériau du premier volet que je gèle
dans le temps pour les « activer » en tant que paysage sonore, et les « désactiver » ensuite – sans avertissement, inopinément. Exactement comme le feu, qui se déclare sans prévenir puis se déploie de manière imprévisible, dévastant de vastes régions pour disparaître ensuite. Prométhée a « volé » le feu aux dieux, ce qui suggère que son jaillissement n’est pas un phénomène immédiatement rationnel. C’est un pouvoir qui peut être maîtrisé et, d’un moment à l’autre, échapper à tout contrôle. Le feu est en outre un élément essentiel de notre monde, et d’une efficacité redoutable : une substance qui peut donner la vie comme la reprendre. Le feu est si précieux que l’on pourrait presque considérer que (bien qu’injustes) les souffrances infligées à Prométhée sont assez « mesurées ».
Tarifs 26€ / 20€ Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84 48
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SAMEDI 5 JUIN 11:00 PARIS PHILHARMONIE DE PARIS
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SALLE DES CONCERTS – CITÉ DE LA MUSIQUE
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HORAIRE À DÉTERMINER
SAMEDI 12 JUIN MAISON DES ARTS – CRÉTEIL SPECTACLE PARTICIPATIF EN FAMILLE ENFANTS À PARTIR DE 6 ANS
Le titre, Freeze and Melt, m’évoque un choc esthétique très fort dont vous m’aviez fait part lors d’une de nos précédentes conversations, en 2014 : celui qu’avaient produit sur vous la débâcle d’un lac gelé et les bruits excessivement graves que ces mouvements provoquent sous la surface. Y a-t-il un rapport entre cette image et cette pièce ? Oui : la manière dont un processus musical peut prendre le dessus, sans crier gare, sans aucun calcul. On peut certes rationnaliser ce genre de phénomènes : on peut l’intellectualiser, le comprendre, tenter de le maîtriser, mais il nous échappera toujours. Quand on assiste à la débâcle d’un lac gelé, on ne sait jamais d’où viendra le bruit suivant. Et, même si les scientifiques déploient des trésors de modélisation et de calcul, il y aura toujours là une part d’imprévisible. Les paramètres en jeu sont bien trop nombreux. D’un autre côté, l’image de ce lac est statique (en apparence du moins) et les mouvements sont très lents, ce qui exige beaucoup de patience. Dans Freeze and Melt, au contraire, je ne veux absolument pas qu’on attende : je veux du mouvement, aussi rapide et imprévisible que celui du feu. L’image, que j’ai ici à l’esprit, est extrêmement étrange, voire troublante. Imaginez un marais couvert de tout un tas de plantes gluantes au travers desquelles on essaie de se frayer un passage. On ne peut pas avancer car toutes ces algues semblent collées les unes aux autres, on est obligé de les écarter à pleines mains. Dès qu’on les écarte, elles se recollent.
La pièce est composée pour clarinette basse et ensemble : quelle dynamique instaurez-vous dans le dialogue entre le soliste et l’ensemble ? Est-ce un concerto ? Non. Mais ce sera sans doute pour moi l’une des partitions les plus virtuoses et les plus difficiles à composer. Si je reprends l’image du marais, la clarinette basse est cette force qui est en première ligne : la tête de feu, le héros, qui ouvre le chemin… Propos recueillis par Jérémie Szpirglas
ENTREZ DANS LA DANSE Pu lsations contem p ora i nes
ÉCLAIRAGE José Montalvo, chorégraphe
« Tout le monde peut danser sur toutes les musiques ! Jusqu’aux musiques contemporaines qui, au premier abord, semblent le moins s’y prêter. » Ces propos du chorégraphe José Montalvo sont à l’origine du projet « Entrez dans la danse », lequel, après un premier grand bal participatif en 2017, revient à la Philharmonie de Paris pour un dernier rendez-vous tout aussi festif proposé dans le cadre du Week-end Amateurs. Un bouquet final donc avec un programme particulièrement dansant car entièrement composé autour du rythme.
Tout au long de mon parcours, je me suis engagé dans la création d’œuvres chorégraphiques éphémères et participatives ouvertes à tous, à l’instar de ce bal réinventé, décalé. L’idée est d’inviter des publics amateurs de tout horizon, de tout niveau et de tout âge, à découvrir ou redécouvrir le plaisir immémorial de danser et d’écouter de la musique. Ce bal participatif se présente donc tout simplement sous la forme d’une fête, où l’on tente d’allier plaisir, découverte d’un univers chorégraphique singulier et de grandes œuvres musicales contemporaines. Tout au long de la soirée nous pourrons écouter, danser et nous étonner sur des musiques d’excellence composées par d’immenses compositeurs (Ligeti, Adams, Stravinsky, Giner, Cage, Reich) et interprétées en direct… La soirée mêlera trois types de propositions. De brefs moments dansés et musicaux, interprétés par des « ambassadeurs » ayant une pratique régulière de la danse et de la musique. Des danses simples et surprenantes que tous les « ambassadeurs » donneront à voir au public. Et enfin des invitations aux publics à entrer dans la danse qui entrecouperont toute la soirée. Les spectateurs alterneront donc temps à voir et à écouter et temps à danser et à participer. Nous créerons ainsi ensemble une œuvre éphémère festive, ouverte à tous, dont les publics seront les artistes et les acteurs actifs… pour un soir. Ou plus, qui sait ?
Igor STRAVINSKY Huit Miniatures instrumentales, pour quinze musiciens Ragtime, pour onze instruments György LIGETI Concerto de chambre, pour treize instrumentistes John CAGE 4’33, pour n’importe quel instrument ou combinaison d’instruments Steve REICH Clapping music, pour deux percussions John ADAMS Chamber Symphony, pour orchestre de chambre Bruno GINER Éclats de peaux, pour trois percussions Création mondiale Commande de l' Ensemble intercontemporain
José Montalvo chorégraphe Étudiants musiciens de conservatoires d’Île-de-France et 150 danseurs amateurs Ensemble intercontemporain Léo Margue direction Coproduction Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris En partenariat avec la MAC Créteil Tarifs 14€ (adulte) / 10€ (enfant) Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84 Entrée libre à la MAC Créteil sur réservation auprès de mac@maccreteil.com 50
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VENDREDI 11 JUIN 20:30 PARIS PHILHARMONIE DE PARIS SALLE DES CONCERTS – CITÉ DE LA MUSIQUE
À LA FOLIE D a n s l e l a by r i n t h e d e l a c ré a t i o n Au programme de ce concert évènement du festival ManiFeste-2021 ? La folie déclinée sous toutes ses formes ! À commencer par celle de Double Cheese Passions de Raphaël Cendo : œuvre-monde, et somme des recherches musicales du compositeur, ces « passions » convoquent une mezzo-soprano, un grand ensemble et un dispositif électronique en temps réel. Acide comme la société actuelle, pleine d’ironie et de révolte, cette « Passion » au carré nous emportera dans le maelstrom d’une œuvre carnavalesque et cathartique. En regard, le Contre-espace de Sasha J. Blondeau imagine musicalement le concept d’hétérotopie cher à Michel Foucault, qui désigne des lieux physiques propres à l’utopie, des endroits « autres ».
ÉCLAIRAGE
Quant à Pasquale Corrado et Olga Neuwirth, ils s’inspirent respectivement pour leurs œuvres d’une toile extatique de Raphaël et d’un ouvrage halluciné de Raymond Roussel.
Raphaël Cendo, compositeur
Double Cheese Passions – bien plus qu’un acte musical – est une tentative d’appréhender notre époque et son futur incertain. Imaginée comme un rituel cathartique étrange, une cérémonie carnavalesque essentiellement basée sur des textes provenant de diverses citations ayant un lien avec le contexte économique, Double Cheese Passions articule des faits, des doutes et déroule une dramaturgie implacable, pleine d’ironie. L’insertion de « Double Cheese » dans le titre, qui renvoie à ce Ronald McDonald mondialement connu, transforme immédiatement le mot Passions en une marque supplémentaire dans le torrent de violences et d’hypocrisies que déverse la mondialisation. Ce n’est plus seulement de burger dont il s’agit – une référence majeure du capitalisme – mais de passions, d’un autre support quelconque remplaçant le pain mou et la viande lavée à la javel par des passions molles, désincarnées et fades. En effet, Passions pourrait aussi très bien être le nom d’un énième parfum d’une grande marque du CAC 40, un film de Brian de Palma ou un roman de gare : le titre contient autant son sens que son contresens, sa force initiale et son détournement.
Sasha J. BLONDEAU Contre-espace, pour grand ensemble Pasquale CORRADO D’estasi, pour grand ensemble Olga NEUWIRTH locus … doublure … solus, pour piano et ensemble Raphaël CENDO Double Cheese Passions pour chanteuse, ensemble et électronique Commande de Françoise et Jean-Philippe Billarant Création mondiale
Christina Daletska mezzo-soprano Dimitri Vassilakis piano Ensemble intercontemporain Ryan Bancroft direction Augustin Muller réalisation informatique musicale Ircam Coproduction Ircam-Centre Pompidou, Ensemble intercontemporain, Philharmonie de Paris Dans le cadre de ManiFeste-2021 – Festival de l’Ircam Tarif 20€ Réservations philharmoniedeparis.fr / 01 44 84 44 84
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ACADÉMIE D U F E S T I VA L MANIFESTE Pa nora ma de la jeu ne création
SAMEDI 19 JUIN 21:00 PARIS LE CENTQUATRE-PARIS Concert de la master classe d’interprétation avec l’Ensemble Ulysses Raphaël CENDO Introduction aux Ténèbres, pour voix de basse, contrebasse, ensemble et électronique Gérard GRISEY Partiels, pour dix-huit musiciens Feliz Anne Reyes MACAHIS Nouvelle œuvre
Fausses informations, vraie musique S’il s’était aventuré dès 2009, avec Introduction aux ténèbres, sur le terrain de la musique vocale, Raphaël Cendo restait un compositeur principalement centré sur le domaine instrumental. Tendance que démentent ses créations récentes, et notamment Double Cheese Passions.
Raphaël, qu’est-ce qui vous a incité, pour votre musique récente, à vous tourner davantage vers la voix ? Une théâtralité crue qui regarde vers Antonin Artaud. Pour chacune de mes pièces vocales, j’essaie de trouver une parole qui puisse atteindre une sorte d’immédiateté, court-circuitant le filtre de la représentation, ce qui est extrêmement difficile. Pour Double Cheese Passions, j’ai pris le soin d’écrire la plupart des textes pour avoir justement cette force d’immédiateté. Quels sont donc les textes sur lesquels vous avez fondé cette nouvelle pièce ? La chanteuse incarne un personnage (appelé Fuffi Baxter) qui est une sorte de personnification du monde dans lequel nous vivons. L’ADN de cette personnalité iconoclaste, provocatrice et caricaturale, est inscrit dans son nom même : « Baxter » renvoie à un film français mettant en scène un Bull terrier, doué de pensée, observant les humains, témoin de leur médiocrité et de leurs névroses. Quant à « Fuffi », c’est le terme que l’on utilise en Argentine pour désigner un chat errant. Cette dualité chien/chat crée un personnage dont la bipolarité se projette dans les textes. D’une part, j’ai choisi des retranscriptions de conférences de grands leaders économiques comme les administrateurs de McDonald’s, Facebook ou Coca-Cola. D’autre part, j’ai inséré mes propres réflexions, le plus souvent
sarcastiques, sur notre monde. Là où ces deux mondes textuels deviennent intéressants, c’est que j’y ai volontairement glissé de fausses informations. C’est tellement d’actualité ! La pièce prend-elle une dimension politique ? Je regarde le monde tel qu’il est, j’en ressens et pressens certains aspects, mais mon rôle n’est pas de défendre des valeurs politiques, et ce n’est pas comme cela que je pense l’artiste du xxie siècle. Je suis revenu naturellement au concept premier de l’artiste : celui des premiers chamanes n’extériorisant leurs danses ou leur musique que s’ils avaient vraiment pressenti certaines forces. Il me semble que certains créateurs se sont trop éloignés de ces racines et cherchent avant tout à démontrer leurs compétences. C’est un acte extrêmement égoïste et politiquement capitaliste. Quel type de vocalité développez-vous ici ? Une vocalité directe, le plus souvent parlée et précisément notée, telle que je l’avais déjà abordée dans mon troisième quatuor à cordes, Delocazione. Mais ici, j’ai radicalisé la démarche en ôtant toute possibilité de superflu. Propos recueillis par Pierre Rigaudière En lien avec avec le concert À la folie, p. 52
Organisée par l’Ircam, l’Académie du festival ManiFeste offre chaque année à de jeunes compositeurs venus du monde entier l’opportunité de travailler avec l’Ensemble intercontemporain, ensemble associé de l’Académie. Animés par une vocation pédagogique qui va de pair avec leur engagement envers la création, les solistes mettent leur expérience au service des jeunes compositeurs sélectionnés, et donnent à leurs partitions une création dans des conditions idéales. Professeurs associés à l’édition 2021 du festival, Raphaël Cendo présentera les œuvres travaillées dans le cadre de son atelier de musique pour ensemble dirigé le 19 juin, tandis que, le 26 juin, l’Allemande Isabel Mundry sera entourée de ses étudiants en composition de musique de chambre.
Création mondiale Commande Ircam-Centre Pompidou, Fondation Royaumont
Nicolas Crosse contrebasse NN basse Ensemble Ulysses Ensemble intercontemporain Brad Lubman direction Grégory Beller réalisation informatique musicale Ircam Coproduction Ircam-Centre Pompidou, Ensemble intercontemporain, ensemble associé de l’Académie Avec le soutien du réseau Ulysses, subventionné par le programme Europe créative de l’Union européenne. L’Ircam est partenaire du Centquatre-Paris pour l’accueil des projets d’expérimentation autour du spectacle vivant. Informations et réservations manifeste.ircam.fr
SAMEDI 26 JUIN HORAIRE À DÉTERMINER - PARIS LE CENTQUATRE-PARIS
SAMEDI 19 JUIN 19:00 PARIS LE CENTQUATRE-PARIS Concert de sortie de l’atelier de composition pour ensemble dirigé Raphaël Cendo professeur encadrant Ensemble intercontemporain Vimbayi Kaziboni direction Informations et réservations manifeste.ircam.fr
Concert de sortie de l’atelier de composition pour musique de chambre Frej WEDLUND Where do We Go Now? pour clarinette contrebasse et trompette Charles M. CHAMPI Paréidolie, pour bugle et clarinette Aslihan KEÇEBASOGLU Trio, pour flûte, violon et violoncelle Angus LEE Lethescape, 5 meditation-fragment pour flûte basse, violon et violoncelle Patrick FRIEL Lament, pour hautbois, cor et alto Zhuosheng JIN dust not dust, pour hautbois, cor et alto Isabel MUNDRY Le Corps des cordes, pour violoncelle Isabel Mundry compositrice encadrante Solistes de l’Ensemble intercontemporain Coproduction Ircam-Centre Pompidou, Ensemble intercontemporain, ensemble associé de l’Académie L’Ircam est partenaire du Centquatre-Paris pour l’accueil des projets d’expérimentation autour du spectacle vivant. Informations et réservations manifeste.ircam.fr
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PROMÉTHÉE D’HIER À AUJOURD’HUI Peut-être connaissez-vous Prométhée, le titan qui a osé dérober le feu sacré de l’Olympe pour en faire don aux humains ? Ou bien le fameux châtiment prononcé à son encontre par Zeus, qui le condamna à être attaché à un rocher du mont Caucase pour voir son foie, se reconstituant chaque nuit, être dévoré par un aigle ? Ou encore l’autre célèbre punition que lui a infligée Zeus : la création de Pandore, la première femme, celle par qui le malheur arrive ? Qu’il s’agisse de la version originale d’Eschyle, de celle d’Hésiode ou des nombreuses autres versions ayant vu le jour depuis, Prométhée reste l’un des mythes les plus célèbres en Occident.
Prométhée, source inépuisable de création sur la dimension artistique et créative du titan qui symbolise le poète inspiré. Prométhée trouve également son renouveau dans la sculpture. Au musée du Louvre, on peut contempler l’œuvre de Nicolas-Sébastien Adam, Prométhée attaché sur le mont Caucase et dont un vautour dévore les entrailles. Cette sculpture, réalisée en 1762, témoigne de la souffrance du héros en plein supplice dans un style baroque. En 2019, c’est une interprétation nouvelle de Prométhée qui fait son entrée avec Prometheus Delivered du sculpteur autrichien Thomas Feuerstein. Représentant à son tour le supplice de Prométhée, également faite de marbre, l’œuvre n’en est pas moins très différente. Elle est en effet agrémentée de bactéries mangeuses de pierre qui la décomposent lentement. Ces bactéries sont nourries par des cellules hépatiques humaines qui complètent l’installation afin de cultiver un foie artificiel pour Prométhée. L’œuvre réhabilite les liens entre les arts et les sciences. Source d’inspiration en musique, le mythe est repris par de grands compositeurs du xixe siècle comme Ludwig van Beethoven. Son unique ballet, Les Créatures de Prométhée, est composé en 1800 pour répondre à une commande du chorégraphe italien Salvatore Viganò. On peut également mentionner Franz Schubert dans Prometheus reprenant en 1819 le poème éponyme de Goethe, Jacques-Fromental Halévy et son Prométhée enchaîné en 1849, ou encore Prometheus de Franz Liszt (1850).
Tantôt figure du créateur, du révolté, de l’artiste, ou encore considéré comme le premier pécheur, Prométhée traverse les siècles et les arts. Littérature, peinture, sculpture, musique : les créations artistiques reprenant son mythe sont variées, reflétant souvent la philosophie dominante de leur époque. Le mythe apparaît pour la première fois au viie siècle av. J.-C. dans la Théogonie d’Hésiode puis il réapparaît au ve siècle av. J.-C. dans le Prométhée enchaîné d’Eschyle. Dans sa version originelle, le mythe rend avant tout compte de la déchéance de l’humanité. Plus tard, chez Eschyle, Prométhée est symbole de progrès et jette à lui seul les bases de la société. C’est un héros qui fait sortir l’homme de l’obscurantisme. Bien que sa faute envers Zeus soit mise en exergue, c’est avant tout son sacrifice en faveur de l’amélioration des humains qui est retenu. Dès la Renaissance, on retrouve le mythe dans les écrits de nombreux auteurs. Dans Les Amours de Cassandre (1552), Ronsard en fait l’incarnation de l’impuissance amoureuse dévorée de mille feux. À partir du xviie siècle, il sert régulièrement de parabole. Hobbes use du mythe dans Le Léviathan pour nourrir son propos sur le rapport qu’entretient l’homme à l’avenir. Dans Prometheus de Goethe, c’est le thème du dépassement qui est retenu, la quête de perfection et de savoir. Le thème du vol du feu est repris comme une conséquence de la création et comme une affirmation artistique, un désir de représentation de l’homme. Dans Soliloquy, or advice to an author, le philosophe anglais Shaftesbury va plus loin et insiste
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· · · · · · · · · · · · · · · · En 1961, Yves Klein se saisit de l’élément dans Peinture de feu. Il initie une nouvelle manière de peindre, remplaçant son traditionnel pinceau par des flammes de gaz de plusieurs mètres de hauteur sur des morceaux de carton. Le travail de l’artiste se décline sur un large spectre de couleurs et diverses formes créées en fonction des passages plus ou moins appuyés de la flamme. Christian Boltanski use également du feu comme outil de création. À partir de 1976, il crée une série d’œuvres sur la base de ce matériau. Son installation Les Bougies utilise des figurines faites de fils de fer et de métal et des bougies allumées qui projettent des ombres étranges et mouvantes grâce aux flammes, au gré de leurs mouvements. Enfin, on peut également faire mention des spectacles pyrotechniques et œuvres théâtrales à ciel ouvert créés par le Groupe F. Le feu célèbre et met en scène des événements collectifs ou des éléments du patrimoine historiques comme les fameux feux d’artifice de la fête nationale ou encore des spectacles vivants tels que Les Oiseaux de Feu, en tournée de 1994 à 2000.
Plus récemment, en 2002, l’opéra vidéo de Steve Reich et Beryl Korot, Three Tales, témoigne de l’ambition prométhéenne de l’homme et du progrès technologique. L’œuvre dresse un « bilan du xxe siècle » en relatant avec flamme trois grands évènements scientifiques : l’incendie dévastateur du zeppelin allemand Hindenburg quatre ans après l’avènement de Hitler au pouvoir en 1933, les essais nucléaires étatsuniens de Bikini Atoll entre 1946 et 1958 et le clonage de la brebis Dolly à Édimbourg en 1997.
Le feu dans la création Le feu est un élément central du mythe de Prométhée. Il apporte le savoir et la technique, permettant à l’homme de cuire sa viande et de se distinguer des animaux. Il lui permet également de communier avec les dieux grâce aux sacrifices animaux s’élevant jusqu’à eux via les graisses et la fumée qui en émane. Ainsi le vol du feu apparaît comme une « désobéissance adroite », à savoir la transgression indispensable à tout progrès scientifique, selon l’expression de Gaston Bachelard dans son essai La Psychanalyse du feu (1937). Cette désobéissance naît de ce qu’il désigne comme « le complexe de Prométhée », une sorte de complexe d’Œdipe de la vie intellectuelle qui pousse les hommes à savoir autant ou plus que leurs pères et que leurs maîtres. Prométhée symboliserait donc conjointement le penchant à l’autodestruction de l’homme et son désir d’élévation. Comme le formulait Bachelard, « le feu détruit et construit ». C’est pour cette dimension constructive et même créative que le feu est plébiscité dans les arts plastiques du xxe siècle. S’il a pu être le sujet de nombreuses œuvres, il devient après la seconde guerre mondiale un véritable outil de création. Objet mouvant, le feu permet diverses possibilités à l’artiste. Pionnier de l’Arte Povera, Jannis Kounellis trouve dans le feu une inspiration singulière. Bombonnes de gaz faisant jaillir des flammes, chalumeaux, installations fumantes ou simples matériaux sur lesquels on devine le passage préalable d’une flamme, les utilisations du feu sont pour lui variées. Au-delà de l’œuvre obtenue, l’artiste engage toute une réflexion sur le processus de création qui lui est antérieur.
Le feu peut ainsi faire partie de la création. Pour certains, il symbolise la création elle-même. En dérobant le feu sacré, Prométhée offre en effet à l’homme le savoir constitutif qui lui permet de contribuer à cette création. C’est donc par son geste de transgression puis de transmission à l’homme que le titan a été rapproché de l’artiste. À l’image de Prométhée, l’artiste contribue à faire émerger quelque chose de nouveau dans une optique de dépassement de ses pairs. Ce rapprochement entre Prométhée et l’artiste a été développé par l’historien Edgard Quinet (1803-1875) dans son article « De la fable de Prométhée considérée dans ses rapports avec le christianisme ». Il y fait du titan celui qui incarne « le drame intérieur de Dieu et de l’homme », « du créateur et de la créature ». Par cette conception, il érige l’artiste au rang divin de créateur qui à sa façon, donne vie à la matière : « Pour qu’une œuvre fondée sur la tradition de l’Antiquité soit vivante, il est nécessaire qu’elle pénètre, d’un esprit nouveau et pour ainsi dire d’une âme nouvelle, les formes éternellement belles d’où l’esprit de l’humanité s’est retiré. C’est dans ce sens seulement que l’artiste imitera véritablement la nature, car elle aussi, poète par excellence, ne tire rien de rien ; mais, dans chacune de ses créations, elle se conforme à un type ancien qu’elle anime d’une nouvelle vie. » Emeline Simoes / la fabrique documentaire
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Gaston Bachelard La Psychanalyse du feu Ce qu’on connaît d’abord du feu, c’est qu’on ne doit pas le toucher. Au fur et à mesure que l’enfant grandit, les interdictions se spiritualisent : le coup de règle est remplacé par la voix courroucée ; la voix courroucée par le récit des dangers d’incendie, par les légendes sur le feu du ciel. Ainsi le phénomène naturel est rapidement impliqué dans des connaissances sociales, complexes et confuses, qui ne laissent guère de place pour la connaissance naïve. Dès lors, puisque les inhibitions sont de prime abord des interdictions sociales, le problème de la connaissance personnelle du feu est le problème de la désobéissance adroite. L’enfant veut faire comme son père loin de son père et, de même qu’un petit Prométhée, il dérobe des allumettes. Il court alors dans les champs et, au creux d’un ravin, aidé de ses compagnons, il fonde le foyer de l’école buissonnière. L’enfant des villes ne connaît guère ce feu qui flambe entre trois pierres ; il n’a pas goûté la prunelle frite ni l’escargot placé tout gluant sur les braises rouges. Il peut échapper à ce complexe de Prométhée dont j’ai souvent senti l’action. Seul ce complexe peut nous faire comprendre l’intérêt que rencontre toujours la légende, en soi bien pauvre, du père du Feu […]. Savoir et fabriquer sont des besoins qu’on peut caractériser en eux-mêmes, sans les mettre nécessairement en rapport avec la volonté de puissance. Il y a en l’homme une véritable volonté d’intellectualité. On sous-estime le besoin de comprendre quand on nous met, comme l’ont fait le pragmatisme et le bergsonisme, sous la dépendance absolue du principe d’utilité. Nous proposons donc de ranger sous le nom de complexe de Prométhée toutes les tendances qui nous poussent à savoir autant que nos pères, plus que nos pères, autant que nos maîtres, plus que nos maîtres. Or, c’est en maniant l’objet, c’est en perfectionnant notre connaissance objective que nous
pouvons espérer nous mettre plus clairement au niveau intellectuel que nous avons admiré chez nos parents et nos maîtres. La suprématie par des instincts plus puissants tente naturellement un bien plus grand nombre d’individus, mais des esprits plus rares doivent aussi être examinés par le psychologue. Si l’intellectualité pure est exceptionnelle, elle n’en est pas moins très caractéristique d’une évolution spécifiquement humaine. Le complexe de Prométhée est le complexe d’Œdipe de la vie intellectuelle. La Psychanalyse du feu (1937), Gallimard, Folio Essais, 1985, p. 29 © Éditions Gallimard
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PA R TA G E R
A C T I O N S C U LT U R E L L E S
TOUT PUBLIC
JEUNE PUBLIC ET SCOLAIRES
AUTOUR DES CONCERTS Les concerts donnés à Paris sont, pour certains d’entre eux, précédés d’une présentation des œuvres au programme. Chacune offre l’occasion d’être accompagné dans son expérience de la musique du xxe siècle à aujourd’hui. Certains concerts sont également suivis d’une rencontre avec les musiciens, ouverte aux questions du public sur les œuvres et leur interprétation. Cette saison, des clés d’écoute, des débats et des rencontres seront proposées à la Philharmonie de Paris autour des concerts suivants (et d’autres à venir) :
Faire découvrir la musique du xxe siècle à aujourd’hui aux plus jeunes, c’est former le public de demain. Un enjeu décisif porté par des activités conçues pour le jeune public.
CONCERTS ÉDUCATIFS ET FAMILLE Imaginés par les solistes de l’Ensemble ou un compositeur, en collaboration étroite avec des médiateurs et les équipes éducatives, ces concerts présentent au jeune public, sous une forme originale et participative, des œuvres du xxe siècle à aujourd’hui. En 2020-2021, deux spectacles sont proposés :
EXTASES LE 13 NOVEMBRE [P.17] INCANDESCENCES LE 15 DÉCEMBRE [P.23]
Concert éducatif scolaire
RÉPONS LE 17 JANVIER [P.28]
PROMÉTHÉE LE 1 ER DÉCEMBRE À LA PHILHARMONIE DE PARIS [P.21]
RÉPÉTITIONS PUBLIQUES
Concert en famille
Chaque année, environ dix répétitions à Paris et en régions sont ouvertes au public. Une autre façon de découvrir les œuvres (parfois au tout début de leur processus de création), ainsi que le travail des compositeurs et des interprètes. Ces répétitions sont le plus souvent commentées par un médiateur en collaboration avec les musiciens.
LES DOUZE BOÎTES DU DOCTEUR STOCK [P.27] LE 5 JANVIER AU THÉÂTRE OLYMPIA – ARCACHON LE 7 JANVIER À LA CARAVELLE – MARCHEPRIME LES 11 ET 12 AVRIL À L’OPÉRA DE ROUEN
Concert scolaire participatif DES NOTES ET DES BULLES
Les dates et les horaires de ces répétitions seront précisés à partir de mi-septembre (pour les premières d’entre elles) sur le site ensembleintercontemporain.com
Dès la rentrée scolaire 2020, la compositrice colombienne Violeta Cruz et Nadia Nakhlé, une auteure de bande dessinée, seront en résidence pendant deux années scolaires au sein d’une classe de CM1 qui deviendra CM2 et de la chorale d’un collège à Sevran. Les élèves bénéficieront de cette présence artistique hebdomadaire, ainsi que de l’intervention de quelques solistes de l’Ensemble pour créer un « BD-concert » mettant en relief les ponts existant entre la création musicale graphique et littéraire. Leur travail sera restitué à la Micro-Folie de Sevran en mai 2021.
Ensemble intercontemporain, Cité de la musique, Paris, 2016 Twice Upon… de Luciano Berio, Philharmonie de Paris, février 2019 Reich/Richter, Philharmonie de Paris, mars 2020
En partenariat avec la Maison des écrivains et de la littérature En partenariat avec la Micro-Folie de Sevran En partenariat avec l’académie de Créteil
G 61
A M AT E U R S E T CHAMP SOCIAL
PARCOURS DE SENSIBILISATION MUSICALE Dans le cadre de la réforme des conservatoires, la Ville de Paris, en partenariat avec l’académie de Paris, propose un Parcours de Sensibilisation Musicale (PSM) pour tous les élèves de cours préparatoire des écoles publiques parisiennes. Ce parcours a pour ambition de sensibiliser chaque enfant de CP à l’écoute, la rencontre et la pratique de la musique. L’Ensemble accueille tout au long de l’année des élèves. Les enfants peuvent s’installer aux côtés des musiciens et découvrir ainsi les instruments, les œuvres et la vie d’orchestre.
ENTREZ DANS LA DANSE Pour cette deuxième édition, le chorégraphe José Montalvo et les solistes de l’Ensemble invitent 150 danseurs et musiciens amateurs ainsi que le public à explorer la musique d’aujourd’hui lors d’une matinée placée sous le signe de la fête et du partage. Entrez dans ce bal avec les Miniatures de Stravinsky, balancez-vous au son des djembés et des rythmes de Ligeti ou d’Adams, laissez-vous surprendre par la nouvelle œuvre de Bruno Giner.
APPLICATION POUR SCOLAIRES
LE 5 JUIN À LA PHILHARMONIE DE PARIS ET REPRIS
L’Ensemble intercontemporain a fait appel au musicologue et médiateur Clément Lebrun pour la création d’une application pédagogique à destination d’élèves du CE2 wà la 5e. Pour pouvoir répondre à la pluralité des esthétiques abordées par l’Ensemble, cette ressource regroupe une série de jeux qui permet d’appréhender une œuvre phare de son répertoire, ouvrant de manière simple une voie d’accès aux secrets de la création musicale. Les élèves sont ainsi invités à manipuler les sons comme un compositeur le ferait dans sa tête, sur un piano ou sur un ordinateur.
LE 12 JUIN À LA MAISON DES ARTS DE CRÉTEIL [P.51]
MUSIQUE, DANSE ET MIGRATION L’Ensemble intercontemporain et les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis font appel à Anna Chirescu, danseuse, et Grégoire Schaller, plasticien, pour créer une nouvelle œuvre, Displacement, avec et pour des amateurs du département, ainsi qu’un groupe de mineurs isolés étrangers pris en charge par la Croix-Rouge de Bobigny. En partenariat avec les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis et la Croix-Rouge de Bobigny
MASTER CLASSES E T AT E L I E R S E N C O N S E R VAT O I R E S
ACADÉMIES BOSTON CONSERVATOIRE DE BERKLEE Forts de leur travail de transmission réalisé dans le cadre de diverses académies, de Lucerne à ManiFeste (Paris), en passant par les universités de Caroline du Nord et de Berkeley aux États-Unis, les solistes de l’Ensemble intercontemporain prennent leurs quartiers au célèbre Boston Conservatoire at Berklee, du 9 au 14 février. À la clef, concerts de musique de chambre, rencontres et ateliers leur permettront d’aller au-devant des étudiants de la prestigieuse institution pour les faire bénéficier de leur grande connaissance des musiques de création et des classiques du xxe siècle. Une académie en petit format qui se refermera sur un concert commun, au cours duquel solistes et étudiants interpréteront un chef-d’œuvre du répertoire contemporain français : Espaces acoustiques de Gérard Grisey dirigé par Vimbayi Kaziboni.
Accompagnés par les solistes de l’Ensemble, les étudiants des conservatoires nationaux, régionaux et parfois internationaux, futurs professionnels (ou amateurs), découvrent les techniques et les modes de jeu propres au répertoire contemporain. Ils se familiarisent ainsi avec des écritures musicales actuelles et les projets des compositeurs d’aujourd’hui. Au Conservatoire national de musique et de danse de Paris, des ateliers pédagogiques de haut niveau, conçus à partir d’œuvres au programme d’un concert de la saison, permettent à de jeunes musiciens en voie de professionnalisation de se perfectionner au contact de leurs aînés expérimentés de l’Ensemble. Ce travail approfondi réalisé sur une période de plusieurs semaines aboutit à un ou plusieurs concerts réunissant l’Ensemble intercontemporain et l’orchestre du Conservatoire. En 2020-2021 :
MOSCOU ORCHESTRE NATIONAL SYMPHONIQUE DES JEUNES DE RUSSIE L'Orchestre national symphonique des jeunes de Russie a été créé en septembre 2018 et regroupe une centaine de jeunes musiciens de moins de 30 ans venant de 28 villes de Russie. Cet orchestre interprète des classiques russes tout comme un répertoire plus international. Dans le cadre de leur venue à Moscou pour le concert du 19 novembre 2020 au Tchaikovsky Concert Hall, les solistes de l’Ensemble intercontemporain partageront, pendant deux jours, avec ces jeunes musiciens leur expérience au cours de séances de coaching d’orchestre, par pupitre, ainsi qu’au moyen de masterclasses individuelles.
EXTASES LE 13 NOVEMBRE À LA PHILHARMONIE DE PARIS [P.17]
L’Ensemble intercontemporain participe également à des master classes destinées aux élèves de composition, d’interprétation et de direction d’orchestre. Les ateliers autour de nouvelles œuvres des jeunes compositeurs donneront lieu au concert : ÉMERGENCES LE 27 JANVIER AU CONSERVATOIRE DE PARIS [P.33]
MANIFESTE-2021 L’Académie du festival ManiFeste, organisée par l’Ircam, offre chaque année à de jeunes compositeurs venus du monde entier l’opportunité de travailler avec l’Ensemble intercontemporain, ensemble associé de l’Académie depuis sa création en 2012. Animés par une vocation pédagogique qui va de pair avec leur engagement envers la création, les solistes mettent leur expérience au service des jeunes compositeurs sélectionnés, mais aussi des jeunes musiciens venus se former à l’interprétation des musiques d’aujourd’hui. L’Académie se conclut par trois concerts au Centquatre-Paris présentant des œuvres pour ensemble (19 juin) et de musique de chambre (26 juin). Voir le programme détaillé à la page 55.
Les Douze boîtes du Docteur Stock, Philharmonie de Paris, 2019 62
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FA I T E S U N D O N ! PA R T I C I P E Z À L’ AV E N T U R E M U S I C A L E D E L’ E N S E M B L E I N T E R C O N T E M P O R A I N « Changez tout ! Osez aller vers l’inconnu ! » Le désir le plus vif de Pierre Boulez a toujours été d’aller de l’avant, faire bouger les lignes, découvrir et investir dans de nouvelles opportunités, se lancer dans des projets toujours plus inédits. S’impliquer dans une création, passer commande à un·e compositeur·trice, lancer la carrière d’un·e jeune chef·fe d’orchestre, tisser des liens avec d’autres disciplines et artistes, c’est prendre des risques, innover et continuer à surprendre, toujours ! On ne sait pas à l’avance ce qui va advenir et c’est précisément ce qui rend l’expérience si nécessaire et aussi excitante. Chaque nouvelle saison, l’Ensemble s’engage à faire vivre l’extraordinaire diversité du répertoire et à proposer de nouveaux formats de concert. À transmettre au plus grand nombre et aux plus éloigné·e·s de notre art l’énergie musicale que nous ressentons pour éveiller les curiosités, rénover l’écoute et dépasser les clivages. C’est dans cet esprit que nous poursuivons une aventure musicale commencée il y a plus de quarante ans. Avec ce même désir d’ouverture, de rencontre entre les genres musicaux et de recherche de résonance avec le monde qui nous entoure ! À ce titre, nous remercions chaleureusement nos donateur·trice·s et partenaires qui nous soutiennent dans cet élan.
LES PROJETS À SOUTENIR
DES AVANTAGES EXCLUSIFS
Choisissez d’accompagner l’Ensemble en soutenant le projet qui correspond le mieux à votre engagement
PARTICULIERS 50 € Donateur·trice 1 disque de l’Ensemble 1 tote bag
CRÉATION - Commande à un·e compositeur·trice - Développement d’une académie de composition
150 € Bienfaiteur·trice 1 disque de l’Ensemble 1 tote bag 1 invitation par saison au concert de votre choix
MULTIDISCIPLINAIRE -C oncert carte blanche à des artistes venu·e·s d’autres disciplines - Projet de création musicale et visuelle (vidéo, arts visuels et numériques, installation multimédia, etc.)
300 € Ami·e 1 disque de l’Ensemble 1 tote bag 2 invitations par saison à une répétition générale et/ou commentée 1 invitation par saison au concert de votre choix
TRANSMISSION ET VIVRE ENSEMBLE - Concerts jeune public et scolaires - Résidences de création en milieu scolaire animées par les solistes, des musicologues et compositeurs·trices - Créations multidisciplinaires avec et pour les amateurs·trices - Créations avec et pour les mineurs isolés étrangers
500 € et plus Mécène 1 disque de l’Ensemble 1 tote bag 2 invitations par saison à une répétition générale et/ou commentée 2 invitations par saison au concert de votre choix Possibilité d’accès backstage sur réservation
ACCOMPAGNEMENT DES FUTUR·E·S PROFESSIONNEL·LE·S - Formation de chef·fe·s assistant·e·s - Développement d’une académie de jeunes artistes
RAYONNEMENT DU RÉPERTOIRE
ENTREPRISES
- Diffusion du répertoire sur le territoire national - Tournées en Europe, Asie, États-Unis, Amérique latine
Entreprises mécènes, vous bénéficiez d’avantages sur mesure à définir avec vous. Une brochure spécifique est disponible sur demande.
AUDIOVISUEL ET NUMÉRIQUE -D éveloppement d’une application de découverte et d’expérimentation du répertoire et des modes de jeux contemporains - Captations de concerts - Réalisation de reportages, vidéos pédagogiques, etc.
LE SAVIEZ-VOUS ? Particuliers, vous bénéficiez d’une réduction d’impôt égale à 66 % du montant de votre don, dans la limite de 20 % du revenu imposable. Entreprise mécène, vous bénéficiez d’une réduction d’impôt égale à 60 % du montant du don, dans la limite de 20 000 € ou 0,5 % de votre chiffre d’affaires annuel.
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Matthias Pintscher, directeur musical
POUR PLUS D’INFORMATIONS Émilie Roffi, chargée de communication et mécénat + 33 (0)1 44 84 44 53 e.roffi@ensembleinter.com et sur le site ensembleintercontemporain.com rubrique Mécénat
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Ensemble intercontemporain
Matthias Pintscher
Résident à la Cité de la musique – Philharmonie de Paris
Directeur musical
Créé par Pierre Boulez en 1976 avec l’appui de Michel Guy (alors secrétaire d’État à la Culture) et la collaboration de Nicholas Snowman, l’Ensemble intercontemporain se consacre à la musique du xxe siècle à aujourd’hui. Les 31 musiciens solistes qui le composent sont placés sous la direction du chef d’orchestre et compositeur Matthias Pintscher. Unis par une même passion pour la création, ils participent à l’exploration de nouveaux territoires musicaux aux côtés des compositeurs, auxquels des commandes de nouvelles œuvres sont passées chaque année. Ce cheminement créatif se nourrit d’inventions et de rencontres avec d’autres formes d’expression artistique : danse, théâtre, vidéo, arts plastiques, etc. L’Ensemble développe également des projets intégrant les nouvelles technologies (informatique musicale, multimédia, techniques de spatialisation, etc.) pour certains en collaboration avec l’Ircam (Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique).
« Ma pratique de chef d’orchestre est enrichie par mon activité de compositeur et vice-versa. » Après une formation musicale (piano, violon, percussion), Matthias Pintscher débute ses études de direction d’orchestre avec Peter Eötvös et Pierre Boulez. Âgé d’une vingtaine d’années, il s’oriente vers la composition avant de trouver un équilibre entre ces deux activités, qu’il juge complémentaires. Matthias Pintscher est directeur musical de l'Ensemble intercontemporain depuis septembre 2013. Pendant plusieurs années, il a été « Artiste associé » du BBC Scottish Symphony Orchestra, de l’Orchestre symphonique national du Danemark et du Los Angeles Chamber Orchestra. À compter de la saison 2020-2021, il sera « Artiste associé » du Cincinnati Symphony Orchestra. Professeur de composition à la Juilliard School de New York depuis septembre 2014, il a été le chef principal de l’Orchestre de l’Académie du festival de Lucerne, succédant à Pierre Boulez. En 2020, il avait aussi été désigné directeur musical du célèbre Ojai Music Festival en Californie, annulé en raison de la dernière pandémie. Chef d’orchestre reconnu internationalement, Matthias Pintscher dirige régulièrement de grands orchestres en Europe,
Les activités de formation des jeunes interprètes et compositeurs, les concerts éducatifs ainsi que les nombreuses actions culturelles à destination du public traduisent un engagement toujours renouvelé en matière de transmission. En résidence à la Cité de la musique – Philharmonie de Paris, l’Ensemble intercontemporain se produit en France et à l’étranger où il est régulièrement invité par de grandes salles et festivals internationaux. Financé par le ministère de la Culture, l’Ensemble reçoit également le soutien de la Ville de Paris.
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aux États-Unis et en Australie : New York Philharmonic, Cleveland Orchestra, Los Angeles Philharmonic, National Symphony Orchestra de Washington, New World Symphony, Orchestre symphonique de Toronto, Orchestre philharmonique de Berlin, Orchestre philharmonique de Radio France, Orchestre de l’Opéra de Paris, BBC Symphony Orchestra, Orchestre de la Suisse Romande, l’Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, orchestres symphoniques de Melbourne et de Sydney… En 2020-2021, Matthias Pintscher assurera la direction musicale d’une nouvelle production de Lohengrin de Richard Wagner au Staatsoper Unter den Linden de Berlin. Au printemps 2021, il retournera dans la salle berlinoise pour y diriger Wozzeck. Cette saison, en plus de retrouver de nombreuses formations dans le monde entier, il fera également ses débuts avec l’Orchestre philharmonique d’Oslo, les orchestres symphoniques de la radio suédoise et de Barcelone. Matthias Pintscher est l’auteur de nombreuses créations pour les formations les plus diverses, de la musique pour instrument solo au grand orchestre. Ses œuvres sont jouées par de grands interprètes, chefs, ensembles et orchestres (Chicago Symphony, Cleveland Orchestra, New York Philharmonic, Philadelphia Orchestra, Berliner Philharmoniker, London Symphony Orchestra, Orchestre de Paris, etc.). Elles sont toutes publiées chez Bärenreiter-Verlag.
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Équipe artistique
Équipe administrative
Conseil de l’Ensemble
Directeur musical Matthias Pintscher1
Directeur général Olivier Leymarie
Président Henri Loyrette
LES SOLISTES
Directrice administrative et financière Pauline Ansel
Flûtes Sophie Cherrier 25 Emmanuelle Ophèle 7 Hautbois Philippe Grauvogel 22, Didier Pateau 4 Clarinettes Martin Adámek 2, Jérôme Comte 15 Clarinette basse Alain Billard 26
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Bassons Paul Riveaux 21, NN Cors Jens McManama 14 Jean-Christophe Vervoitte 12
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Responsable de la production et de la diffusion Marine Gaudry Responsable comptable Christelle Coquille Régisseur général Jean Radel Régisseur de production/son Nicolas Berteloot
Erol Ok Directeur général délégué de l’Institut Français
Bibliothécaire Olaf Munk Koefoed
le Directeur de l’Office National de Diffusion Artistique
Trombone NN
Adjointe régie/bibliothèque Caroline Barillon
Tuba NN
Responsable de l'action culturelle Pia Galloro
l'Inspecteur de la création et des ensembles français artistiques désigné par le Ministre de la Culture
Percussions Gilles Durot 9, Samuel Favre 23, NN
Responsable de la communication Luc Hossepied
Pianos/claviers Hidéki Nagano 11, Dimitri Vassilakis 6 Sébastien Vichard 24
Chargée de communication et mécénat Émilie Roffi
23
24
Violons Jeanne-Marie Conquer 13 Hae-Sun Kang 10, Diego Tosi 5
Catherine Boissière Pascal Dusapin Brigitte Lefèvre
Contrebasse Nicolas Crosse 19 CHEFFE ASSISTANTE Lucie Leguay 27 CHEF ASSISTANT Léo Margue 28
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Catherine Tasca Vice-présidente Jean-Philippe Billarant Trésorier
Violoncelles Éric-Maria Couturier 8, NN 22
Personnalités qualifiées Nicholas Snowman Vice-président
Harpe Valeria Kafelnikov3
Altos Odile Auboin 20, John Stulz 16
21
Anne Hidalgo Maire de Paris représentée par Patrick Bloche Adjoint à la Maire chargé de l’éducation, de la petite enfance et des familles
Régisseur de production Samuel Ferrand
Trompettes Clément Saunier 18 Lucas Lipari-Mayer 17
13
Responsable de la coordination artistique Alix Sabatier
Membres de droit Roselyne Bachelot Ministre de la Culture représentée par Sylviane Tarsot-Gillery Directrice générale de la création artistique
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Réservations
Les réservations et les souscriptions aux différentes formules d’abonnement se font directement auprès des salles accueillant l’Ensemble intercontemporain. Coordonnées des salles et organisateurs parisiens et franciliens ci-dessous. Pour les coordonnées en régions et à l’étranger voir directement les pages de ces concerts sur ensembleintercontemporain.com Cité de la musique – Philharmonie de Paris 221, avenue Jean-Jaurès 75 019 Paris 01 44 84 44 84 / philharmoniedeparis.fr Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris 209, avenue Jean-Jaurès 75 019 Paris 01 40 40 45 45 / conservatoiredeparis.fr reservation@cnsmdp.fr Ircam 1, place Igor-Stravinsky 75 004 Paris 01 44 78 12 40 / ircam.fr billetterie@ircam.fr Le Centquatre-Paris 5, rue Curial 75 019 Paris 01 53 35 50 00 / 104.fr Maison de la radio 116, avenue du Président-Kennedy 75 016 Paris 01 56 40 15 16 / maisondelaradio.fr billetterie@radiofrance.com Maison des Arts - Créteil Place Salvador Allende 94 000 Créteil 01 45 13 19 19 / mac@maccreteil.com La Scala Paris 13, boulevard de Strasbourg 75 010 Paris 01 42 71 86 17 / lascala-paris.com Théâtre du Châtelet Place du Châtelet 75 001 Paris chatelet.com
Kyle Thompson
photographe
Membre de l’Agence VU’ depuis 2013, le photographe américain Kyle Thompson débute la photographie à l’âge de 19 ans en explorant les maisons abandonnées près de chez lui. Son travail se compose principalement aujourd’hui d’autoportraits conceptuels ayant pour environnement des forêts profondes et des intérieurs désertés. À travers la mise en scène de ses personnages isolés, il traduit dans ses images une certaine tension émotionnelle en évoquant les notions de perte et de reconstruction.
Ensemble intercontemporain / Association loi 1901 / SIRET 306 664 863 00033 / Code APE 9001Z / Licence d'entrepreneur de spectacles N° 2-1063215 Président Henri Loyrette / Directeur général Olivier Leymarie / Directeur musical Matthias Pintscher / Directrice administrative et financière Pauline Ansel Directeur de la publication Olivier Leymarie Coordination éditoriale Luc Hossepied, Jérémie Szpirglas Contenus rédactionnels Jérôme Baillet, Marina Chiche, Matthias Pintscher, Jérôme Provençal, Pierre Rigaudière, Emeline Simoes, Jérémie Szpirglas, Thomas Vergracht, Laurent Vilarem, Jean-Noël von der Weid Conception graphique Belleville • Impression Lamazière Photographies Couverture, p. 6, 8, 13, 17, 23, 38, 43, 48, 52, 56 © Kyle Thompson / Agence VU’ • p. 2 © Éric Garault / Pasco & Co • p. 7, 27, 60, 62, 66 © Luc Hossepied / Ensemble intercontemporain • p. 9 © Peter M. Mayer • p.11 © Harald Hoffmann • p. 12 © DR • p. 15 © DR • p. 19 © Heritage Image Partnership Ltd / Alamy Stock Photo • p. 21 © DR • p. 25 © Harald Hoffmann • p. 26 © Eric Richmond / ArenaPAL • p. 29 © Marion Kalter / akg-images • p. 31 © Olivier Roller • p. 35 © Łukasz Rajchert • p. 36 © Ciril Jazbek • p. 39, 67, 68 © Franck Ferville • p. 41 © DR • p. 45 © Julia Stix • p. 46 © Jan Versweyveld • p. 47 © Marco Delogu • p. 49 © Christopher McIntosh • p. 51 © DR • p. 53 © Jean Radel • p. 59 © DR La reproduction, même partielle, d’un article de cette brochure est soumise à l’autorisation de l’Ensemble intercontemporain.
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Ensemble intercontemporain 223, avenue Jean-Jaurès 75 019 Paris 01 44 84 44 50 / contact@ensembleinter.com ensembleintercontemporain.com
Opus 64 Valérie Samuel, Pablo Ruiz 01 40 26 77 94 / p.ruiz@opus64.com
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VEN 4 20:30 MER 16 20:30 MER 23 20:30
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À DÉTERMINER 14:00 16:30 20:00 20:30 19:00
LES DOUZE BOÎTES DU DOCTEUR STOCK LES DOUZE BOÎTES DU DOCTEUR STOCK BIENNALE PIERRE BOULEZ / RÉPONS BIENNALE PIERRE BOULEZ / BOULEZ AU BIENNALE PIERRE BOULEZ / CUMMINGS ÉMERGENCES
ARCACHON / THÉÂTRE OLYMPIA MARCHEPRIME / LA CARAVELLE PHILHARMONIE DE PARIS / SALLE DES CONCERTS — CITÉ DE LA MUSIQUE PHILHARMONIE DE PARIS / LE STUDIO — PHILHARMONIE PHILHARMONIE DE PARIS / SALLE DES CONCERTS — CITÉ DE LA MUSIQUE CONSERVATOIRE DE PARIS — ESPACE MAURICE FLEURET
DÉCEMBRE
JANVIER
FÉVRIER
MAR 01 JEU 03 JEU 10 MAR 15 VEN 18
MAR 5 JEU 7 DIM 17 LUN 18 JEU 21 MER 27
DIM 7 MAR 9 DU 9 AU SAM 13
18:30 19:00 14 19:00
AVRIL
MAI
JUIN
DIM 11 LUN 12 VEN 23 SAM 24 LUN 26 MAR 27 MER 28 JEU 29
MER 5 VEN 28
SAM 5 VEN 11 SAM 12 SAM 19 SAM 19 SAM 26
ORLÉANS / THÉÂTRE D’ORLÉANS — SALLE ANTOINE VITEZ
PHILHARMONIE DE PARIS / GRANDE SALLE PIERRE BOULEZ — PHILHARMONIE
PIANO
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GRAND SOIR AMÉRIQUE LATINE PRINTEMPS DES ARTS DE MONTE-CARLO PRINTEMPS DES ARTS DE MONTE-CARLO BERLINER REQUIEM
PHILHARMONIE DE PARIS / CITÉ DE LA MUSIQUE MONACO / AUDITORIUM RAINIER III MONACO / AUDITORIUM RAINIER III PHILHARMONIE DE PARIS / SALLE DES CONCERTS — CITÉ DE LA MUSIQUE
11:00 ET 16:00 10:00 ET 14:00 20:00 20:00 20:00 20:00 20:00 20:00
LES DOUZE BOÎTES DU DOCTEUR STOCK LES DOUZE BOÎTES DU DOCTEUR STOCK MORT À VENISE MORT À VENISE MORT À VENISE MORT À VENISE MORT À VENISE MORT À VENISE
OPÉRA DE ROUEN OPÉRA DE ROUEN PARIS / THÉÂTRE DU PARIS / THÉÂTRE DU PARIS / THÉÂTRE DU PARIS / THÉÂTRE DU PARIS / THÉÂTRE DU PARIS / THÉÂTRE DU
20:30 20:30
TROIS TEMPS GRAND SOIR PROMÉTHÉE
PHILHARMONIE DE PARIS / LE STUDIO — PHILHARMONIE PHILHARMONIE DE PARIS / SALLE DES CONCERTS — CITÉ DE LA MUSIQUE
11:00 20:30 À DÉTERMINER 19:00 21:00 À DÉTERMINER
ENTREZ DANS À LA FOLIE ENTREZ DANS ACADÉMIE DU ACADÉMIE DU ACADÉMIE DU
PHILHARMONIE DE PARIS / SALLE DES CONCERTS — CITÉ DE LA MUSIQUE PHILHARMONIE DE PARIS / SALLE DES CONCERTS — CITÉ DE LA MUSIQUE MAISON DES ARTS - CRÉTEIL LE CENTQUATRE-PARIS LE CENTQUATRE-PARIS LE CENTQUATRE-PARIS
MARS VEN 5 20:30 VEN 12 20:30 SAM 13 20:30 JEU 18 20:30
Programmes et informations donnés sous réserve de modifications. Exemplaire gratuit. Ne pas jeter sur la voie publique. © Ensemble intercontemporain 2020
SEPTEMBRE
LA DANSE LA DANSE FESTIVAL MANIFESTE FESTIVAL MANIFESTE FESTIVAL MANIFESTE
71
CHÂTELET CHÂTELET CHÂTELET CHÂTELET CHÂTELET CHÂTELET
C O N C E R T S D E L’ E N S E M B L E I N T E R C O N T E M P O R A I N ENREGISTRÉS PENDANT LA SAISON 20.21 S T R A D A N U O VA
CUMMINGS
VENDREDI 4 SEPTEMBRE LA SCALA PARIS
JEUDI 21 JANVIER CITÉ DE LA MUSIQUE — PHILHARMONIE DE PARIS
INCANDESCENCES MARDI 15 DÉCEMBRE CITÉ DE LA MUSIQUE — PHILHARMONIE DE PARIS
RÉPONS DIMANCHE 17 JANVIER CITÉ DE LA MUSIQUE — PHILHARMONIE DE PARIS
PRÉSENCES DIMANCHE 7 FÉVRIER MAISON DE LA RADIO
GRAND SOIR A M É R I Q U E L AT I N E
GRAND SOIR PROMÉTHÉE
VENDREDI 5 MARS CITÉ DE LA MUSIQUE — PHILHARMONIE DE PARIS
VENDREDI 28 MAI CITÉ DE LA MUSIQUE — PHILHARMONIE DE PARIS
BERLINER REQUIEM
À LA FOLIE
JEUDI 18 MARS CITÉ DE LA MUSIQUE — PHILHARMONIE DE PARIS
VENDREDI 11 JUIN CITÉ DE LA MUSIQUE — PHILHARMONIE DE PARIS
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