3 minute read

De TP À pharmacien ?

« Lao-Tseu l’a dit, il faut trouver la voie ! (…) Je vais d’abord vous couper la tête ! » Certains auront reconnu cette célèbre citation tirée de l’album Les aventures de Tintin - Le lotus bleu. Cette phrase est prononcée par un jeune homme (rendu fou par une drogue) qui veut convaincre le héros de suivre « la bonne voie », en commençant par le décapiter, ce qui ne l’enchante pas vraiment.

Où s’en va-t-il avec ça ? En fait, c’est à cela que j’ai pensé en lisant les réactions sur les réseaux sociaux – que je qualifierais de passionnées et émotives – à l’article intitulé « Techniciens en pharmacie : des étudiants ont plusieurs questions sur leur futur métier » et plus précisément sur l’éventuelle possibilité de réfléchir à un parcours dit « passerelle » pour permettre aux étudiants du DEC d’intégrer le doctorat de premier cycle en pharmacie (Pharm. D.)1

D’aucuns crient à l’injustice, et même à la « dévalorisation » du diplôme de pharmacien, d’autres y voient une perte de bons bras droits qui voudront devenir pharmaciens…

Je vois les choses tellement différemment ! D’abord, un parcours passerelle n’est pas la carte « chance » du Monopoly. Le DEC en lui-même n’est déjà pas une promenade de santé. Probablement que certains ATP qui pensaient pouvoir faire la reconnaissance des acquis les mains dans les poches déchantent actuellement. Ensuite, j’imagine que le niveau de sélection sera élevé pour accéder à cette éventuelle passerelle et, finalement, les étudiants devront, tout comme vous tous, avoir le niveau de compétences et réussir leurs examens pour devenir pharmaciens.

Regardons cela sous un autre angle, combien d’entre nous sont allés faire autre chose : biologie, chimie, ou autre bac, maîtrise parfois doctorat, avant de soumettre (de nouveau) leur candidature en pharmacie ? Ne pensez-vous pas que rester dans le domaine pharmaceutique et acquérir des connaissances sur le médicament et son circuit aurait été plus valorisable que vos cours sur l’écologie marine ou vos capacités à lire une RMN (1H) ?

Mais, ma première pensée est allée à l’attraction que peut représenter un programme de TP. On veut attirer de bons éléments, on veut des gens passionnés, comme nous, qui trouvent leur voie dans le monde de la pharmacie. Parmi les 2000 personnes qui souhaitent entrer au Pharm. D. chaque année, il est certain que beaucoup des « non sélectionnés » ont le potentiel de devenir pharmaciens. Mais, si on coupe d’emblée non pas leur tête, mais l’éventualité d’un parcours « passerelle » et donc la possibilité d’une évolution vers la profession de pharmacien, seront-ils aussi attirés par le programme ? Il est clair que, pour beaucoup, la réponse est non, et s’ils n’arrivent pas à entrer en pharmacie, ils se retrouveront dans d’autres milieux et seront totalement perdus pour nous.

Quand j’étais jeune, mes parents, comme probablement les vôtres, ou en tout cas une large majorité de parents, nous prodiguaient ce conseil judicieux que je répéterai à mes enfants : « Ne te ferme pas de portes. » Là, nous sommes de l’autre côté, alors utilisons ce conseil : laissons une porte ouverte. Même si elle est loin, même si elle est dure à pousser, une porte ouverte, c’est de l’espoir et de la motivation. On récoltera ainsi les meilleurs fruits possibles du diplôme de TP et si certains sont tellement bons qu’ils enchaîneront vers un Pharm. D. (on parlera probablement d’une poignée par année), cela en fera d’excellents pharmaciens à n’en pas douter (encore des gains pour la profession). En bref, si un jour cette passerelle se crée, je n’y vois que du positif, cela ne nous retirera rien, cela ne fera qu’enrichir nos milieux de travail des meilleurs éléments possible.

Avis De Nomination

L’équipe de Québec Pharmacie est heureuse d’annoncer la nomination d’Alice Collin à titre de rédactrice en chef adjointe de la publication.

Responsable de la chronique Les pages bleues depuis 2020, Alice Collin s’est aussi occupée de la chronique À votre service sans ordonnance de 2018 à 2022.

Depuis 2021, elle est spécialiste de contenu du programme de Reconnaissance de Acquis et des Compétences, techniques en pharmacie, du Collège Rosemont. Elle a une responsabilité similaire au Collège Gérald-Godin depuis 2022.

Elle est pharmacienne depuis 2003 après avoir complété ses études de premier cycle en pharmacie à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve, en Belgique. Elle détient également des diplômes de deuxième cycle en développement du médicament, en cosmétologie et en dermatologie.

À son arrivée au Québec en 2005, elle a travaillé pendant quelques années dans l’industrie avant d’exercer la pharmacie en milieu communautaire et en groupe de médecine de famille.

RESPONSABLE DE CETTE CHRONIQUE

This article is from: