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Du soleil et des plages pour tous
from Départ Volume 4 2023
by Ensemble
Les destinations et hôtels certifiés en matière d’autisme révolutionnent les voyages « tout inclus », comme le découvre Lisa Kadane.
Je savais qu’avoir des enfants allait changer notre façon de voyager : pour les premières années, les parcs d’attractions et tout-inclus se substitueraient aux treks en Thaïlande et aux gîtes au Cambodge. Mais avec un enfant autiste, mon mari et moi avons continué de choisir des vacances à la plage, en sélectionnant nos destinations et moyens de transport avec soin.
Pour contenter notre ado, qui adore la nage, et éviter ses irritants — comme les longs vols pouvant nécessiter une visite aux toilettes, trop bruyantes —, nous avons opté pour les vagues d’Ixtapa, les chutes d’eau en pleine jungle du Belize et les baies bioluminescentes de Porto Rico. Avant chaque voyage, j’ai préparé Bennett et essayé d’atténuer son anxiété en lui montrant une histoire imagée des étapes de notre itinéraire.
C’est lors d’un voyage à Mesa, en Arizona, que j’ai réalisé que certaines destinations font leur part pour soutenir les visiteurs vivant avec des troubles cognitifs. En 2019, la ville a obtenu une certification en matière d’autisme de l’International Board of Credentialing and Continuing Education Standards (IBCCES), dans le cadre de laquelle le personnel de certains hôtels, parcs et attraits ont reçu une formation sur l’accueil de voyageurs présentant des différences sensorielles, d’apprentissage et de communication. À Mesa, Bennett a pu faire de l’équitation dans un ranch où l’on s’est adapté à ses difficultés motrices en s’assurant que son cheval soit attaché à celui d’un guide. Nous avons aussi visité un aquarium doté d’une salle tranquille où il a pu observer les requins et les raies loin de la cohue.
Jusqu’à récemment, le tourisme accessible se résumait aux aménagements pour les handicaps physiques et sensoriels : accès aux fauteuils roulants, affichage en braille et dispositifs d’aide à l’écoute. Avec la montée de la sensibilisation à l’autisme (1 enfant sur 36 aux États-Unis vit avec ce trouble neurodéveloppemental), on constate que l’inclusion est en train de s’étendre aux personnes présentant des différences cognitives.
Depuis ce voyage à Mesa, nous avons visité d’autres destinations soleil adaptées aux besoins des personnes autistes. En plus de découvrir la promenade de Myrtle Beach et les bayous de la Caroline du Sud, nous avons gravi les dunes du parc national de la Vallée de la Mort, où l’on prête des trousses avec lunettes polarisées et casques antibruit aux gens susceptibles de mal supporter les conditions extrêmes.
Dernièrement, nous avons passé une semaine en Jamaïque, dans un complexe certifié en matière d’autisme. Bennett, 16 ans, a pu profiter du buffet avec options sans gluten, plonger parmi les poissons tropicaux et jouer au basketball et dans les glissades d’eau avec une personne formée pour travailler avec les enfants atteints de troubles du spectre de l’autisme. C’était la première fois que nous, les parents, pouvions avoir quelques heures de répit en vacances.
Les voyageurs neuro-atypiques n’ont pas encore l’embarras du choix, mais on voit du progrès. En Floride, la région des Palm Beaches vient de lancer un programme d’accessibilité, et en Californie, le grand Palm Springs a obtenu sa certification de l’IBCCES en 2022. Ces initiatives régionales s’ajoutent à celles de nombreux hôtels et centres de villégiature aux États-Unis, dans les Caraïbes et au Mexique.
Qui sait? Peut-être qu’un jour, le rêve d’un voyage familial en sac à dos vers l’Asie du SudEst, avec ses plages et bungalows sur pilotis, se concrétisera!