BTP I SERVICE I COMMERCE & ARTISANAT I INDUSTRIE I INTERIM
Pénibilité
LES EXOSQUELETTES DÉBARQUENT ! P.15 tral Cahier cen détachable juridique
ATION FORMALARIÉS DES S
P.24 Zoom sur
Absentéisme, restrictions médicales... quelles solutions ?
P.27
Christoph Madika e Directeur Carsat général, Hauts-de -France
N°49
1er trimestre 2020 www.entrepriseetsante.fr
SOMMAIRE
N°49 • 1er trimestre 2020
p23
p04
Y PENSER !
INVESTIR & AGIR
Conseils pratiques
Prévention des TMS
p05
p24 EN DIRECT
ACTION SANTÉ TRAVAIL : Les «ateliers employeurs» d’action santé travail, gagnez du temps ! AISMT : TPE et plan de prévention PÔLE SANTÉ TRAVAIL : Sensibilisation et information
ZOOM SUR
ASTIL : Maintien dans l’emploi, absentéisme, restrictions médicales... quelles solutions ?
p26
ENVIRONNEMENT & TECHNIQUE
p08
CEDEST : la qualité de l’air au travail s’évalue !
ERGONOMIE & ORGANISATION
ASTIL : Troubles musculo-squelettiques, 20 entreprises dans une démarche d’échanges et de progrès !
p27 p27
INTERVIEW
p10
Christophe Madika : Vers une plate-forme de services ? VU !
L’actualité en santé au travail p30 p11 VOTRE AGENDA DOSSIER
Exosquelettes : quels bénéfices ? Entretien croisé avec Laurence Samain, MTA, et Delphine Baras, ASTAV
p15
02
LE CAHIER JURIDIQUE
Avec ce cahier central détachable, nous abordons les fondamentaux législatifs de la santé au travail, tels que définis par le Code du travail et donc, applicables aux entreprises privées.
Entreprise & Santé • 1er trimestre 2020 • N°49 • www.entrepriseetsante.fr
ÉDITO
Jean-François Lescart Les exosquelettes débarquent ! Avec ce titre, évoquant les extraterrestres, nous avons voulu attirer votre attention… En effet, les exosquelettes sont là. Leurs technologies évoluent à grand pas… Ils vont revisiter nombre de tâches et d’activités. Résolvent-ils la question de la pénibilité au travail ? Tout dépend de l’usage qui en est fait. Deux ergonomes, Delphine Baras de l’ASTAV et Laurence Samain de MTA, nous apportent d’utiles précisions, acquises au contact des entreprises. La santé au travail passe par des échanges entre les entreprises. Partant des situations vécues en entreprise, les experts des services de santé au travail, apportent éclairages, orientations et solutions. Les « ateliers employeurs » d’ACTION SANTÉ TRAVAIL et les « matinales santé travail » de l’ASMIS remportent de plus en plus de succès. Avec l’ASTIL, plus de 20 TPE et PME parti-
AISMT - Association Interprofessionnelle des Services Médicaux du Travail 1461 avenue du Cateau place Santos Dumont CS 50182 - 59404 CAMBRAI Tél. 03 27 72 63 63 www.aismtcai.com
ASMIS - Association Santé et Médecine Interentreprises du département de la Somme 77, rue Debaussaux CS 60132 80001 AMIENS Cedex 1 Tél. 03 22 54 58 00 www.asmis.net
AST - Action Santé Travail 174 route de Béthune CS 20023 62160 AIX-NOULETTE CEDEX Tel. 03 21 18 42 00 www.actionsantetravail.fr
cipent à un programme d’échanges et de progrès. Les thèmes abordés sont variés : document unique, prévention des TMS, absentéisme et restrictions médicales, maintien dans l’emploi, addictions, etc. La santé au travail passe par la sensibilisation et l’information. Le dialogue avec l’entreprise est alors gage de succès. PÔLE SANTÉ TRAVAIL métropole Nord nous livre un exemple éloquent. La santé au travail passe par un accompagnement spécialisé « sur mesure » ! Notamment pour les TPE et PME. La démonstration en est faite par l’AISMT. La santé au travail passe par l’évaluation des risques. Cette évaluation repose sur une expertise scientifique, médicale et technique. Le CEDEST nous en livre un exemple, avec la mesure du taux d’empoussièrement atmosphérique. La santé au travail passe par le développement des coopérations entre les services de santé au travail des Hauts-deFrance et la Carsat Hauts-de-France. Merci à Christophe Madika, directeur général de
ASTAV - Association de Santé au Travail de l’Arrondissement de Valenciennes 1, avenue de l’Europe 59880 SAINT SAULVE Tél. 03 27 46 19 24 www.astav.fr
ASTIL 62 - Association Santé Travail Interentreprises du Littoral 430 boulevard du Parc BP 94 62903 COQUELLES Cedex Tél. 03 21 85 51 85 www.astil62.fr
CEDEST - Centre pour le Développement Santé au Travail 4/10, rue Albert Thomas 59210 COUDEKERQUE-BRANCHE Tél. 03 28 24 98 98 www.cedest.net
MTA - Médecine du Travail de l’Aisne rue Théodore Monod - Z.A. Bois de la Chocque 02100 SAINT-QUENTIN Tél. 03 23 62 52 48 www.mt02.org
la Carsat Hauts-de-France, d’avoir accepté de répondre à nos questions. Les services de santé au travail agissent au quotidien pour conseiller salariés et employeurs.
Bonne lecture ! Jean-François Lescart Directeur de publication pour les services de santé au travail
Retrouvez la suite des articles grâce aux flashcodes présents dans les pages ou rendez-vous sur :
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PÔLE SANTÉ TRAVAIL Centre Vauban - 199/201 rue Colbert Bâtiment Douai - CS 71365 59014 LILLE Cedex Tél. 03 20 12 83 00 www.polesantetravail.fr
SIM’UP - Service Interprofessionnel de Santé au Travail de la Vallée de la Lys - Lille Métropole 22 rue de Lille BP 40018 - 59431 HALLUIN Cedex TÉL. 03 20 94 12 54 www.simup.fr
STSA - Santé Travail Sambre Avesnois 24, rue Romain Duchateau 59720 LOUVROIL Tél : 03 27 53 31 31 www.sante-travail-sa.fr
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Y penser ! SOUDAGE : LES FUMÉES ET RAYONNEMENTS UV, CANCÉROGÈNES AVÉRÉS POUR L’HOMME. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe depuis 2017 les fumées de soudage et les rayonnements UV issus des opérations de soudage parmi les agents cancérogènes avérés pour l’Homme (catégorie 1). Les fumées de soudage figuraient depuis 1989 dans la liste des cancérogènes possibles (catégorie 2B). Pour le CIRC, un lien de causalité clair entre l’exposition aux fumées de soudage et la survenue du cancer du poumon chez l’homme est établi. D’où le changement de classification.
« FAIRE LE POINT RPS », UN OUTIL POUR LES PETITES ENTREPRISES Destiné aux petites entreprises, l’outil « Faire le point RPS » permet de répondre à une série de questions très concrètes. L’entreprise dispose alors d’un aperçu des facteurs de risques psychosociaux présents. Cela aide pour intégrer les RPS dans le document unique, comme l’impose la réglementation. Une synthèse permet de mettre en avant les points de vigilance et propose des pistes d’actions à mener. Son utilisation implique la participation des salariés. Source : inrs.fr
Source : inrs.fr
INAPTITUDE MÉDICALE : L’EMPLOYEUR DOIT RECHERCHER UN RECLASSEMENT
EMPLOI DES SENIORS : DES AMÉLIORATIONS À POURSUIVRE
Un salarié quel qu’il soit (directeur, cadre, ouvrier ou employé) peut avoir des difficultés de santé, qui posent la question du maintien dans le poste de travail. Tout se joue alors entre les décisions du médecin du travail, de l’employeur et du salarié. D’où l’importance d’un dialogue constructif ! Avant de prendre sa décision d’inaptitude médicale au poste de travail, le médecin du travail doit réaliser un examen médical du salarié et procéder – ou faire procéder - à une étude du poste de travail. Au regard de ces investigations, il peut être amené à déclarer le salarié inapte à son poste de travail. Cet avis d’inaptitude médicale au poste de travail oblige alors l’employeur à rechercher un reclassement pour le salarié.
En 2018, le taux d’emploi des 50/54 ans s’établit à hauteur de celui des 25/49 ans (80,5 %, contre 80,6 %), le taux d’emploi des 55/59 ans s’établit à 72,1 % et celui des 60/64 ans à 31,0 %. Le taux d’emploi des 65/69 ans s’établit à 6,5 % et celui des 70 ans et plus à 1,4%. L’emploi des seniors est variable selon le niveau de diplôme, le secteur d’activité et la branche professionnelle. Un rapport très documenté a été remis au gouvernement le 14 janvier 2020. Il prend acte de l’amélioration de la situation depuis 15 à 20 ans mais constate que le taux d’emploi des seniors reste faible en comparaison internationale.
Source : travail-emploi.gouv.fr
Source : Favoriser l’emploi des travailleurs expérimentés, rapport écrit par Sophie Bellon, Olivier Meriaux et Jean-Manuel Soussan, Mission sur le maintien en emploi des seniors.
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EN DIRECT
Nous sommes conseillers en santé au travail des salariés et des employeurs. Dr Daphné Levisse, médecin du Travail, SANTÉ AU TRAVAIL DE L’ARTOIS (ACTION SANTÉ TRAVAIL)
Sensibilisation, information et action
Les « ateliers employeurs » d’ACTION SANTÉ TRAVAIL : gagnez du temps ! En 2019, les « ateliers employeurs », réalisés à l’heure du déjeuner par Action Santé Travail à Arras, ont accueilli plus de 50 responsables de TPE ou PME. Ces ateliers étaient consacrés aux addictions en octobre, au travail sur écran en novembre, au Document unique d’évaluation des risques professionnels en décembre. Résultat : chacun a trouvé réponses à ses questions. Sur le thème du DUER, les 30 participants sont repartis chacun avec une clé USB, portant actualisation de son document. Un gain de temps pour ces responsables de TPE ! L’expérience sera poursuivie en 2020.
Les enjeux
La problématique
Pour l’équipe projet, l’enjeu est simple : « Comment répondre aux questions des responsables de TPE, tout en leur faisant gagner du temps ? Il nous fallait trouver une formule pour optimiser en temps réel ce temps passé en ateliers en leur transmettant des réponses immédiates et pratiques en santé au travail. Sans oublier l’extrême diversité d’activités de nos adhérents ». Au regard des chiffres et des satisfactions exprimées, la solution semble être trouvée et ces rencontres ont été un réel outil de dialogue et de co-construction.
Le Dr Daphné Levisse, médecin du travail à l’AST, constate : « Dans le bassin de l’Arrageois, nous avons 3 154 entreprises de moins de 20 salariés. Nous sommes conseillers en santé au travail des salariés et des employeurs. Dans une TPE, le patron réalise aussi très souvent le même travail que ses salariés. » La santé au travail les concerne donc très directement d’où l’importance de continuer à déployer des actions pour toujours mieux les informer de l’appui que peuvent leur apporter nos équipes de professionnels en santé au travail.
ZOOM SUR LES PARTICIPANTS
La solution « Avec le centre d’Arras, nous avons expérimenté une formule sur le midi, avec collation déjeunatoire. Chaque atelier accueille 10 participants maximum, car la priorité est donnée aux échanges et à l’action. Par exemple sur l’atelier DUER, un ordinateur était à la disposition de chaque participant, des assistantes en santé au travail étaient disponibles pour accompagner les participants. » Sandra Hanquez est ASST dans l’unité du Dr Daphné Levisse : « Je suis allée rencontrer les entreprises ciblées. C’était l’occasion d’actualiser leur fiche d’entreprise, de faire connaissance et d’initier une relation de confiance réciproque. Puis les entreprises ont reçu une invitation par mail, avec inscription en ligne. » Pour l’équipe projet, « Tout repose sur l’aspect participatif et pratico-pratique : nos intervenants partent de mises en situation et rebondissent sur les questions soulevées par chacun. » Les chiffres sont là : 100 % des participants sont satisfaits et apprécient la qualité des réponses pratiques apportées.
En 2019, les ateliers employeurs ont accue illi : - Pharmaciens - Artisan BTP - Dentiste - Infirmier - Aides à domicile - Garagiste - Fleuriste Sage-femme - Ébéniste - Huissier de - Responsable de - Aide-ménagère - Électricien justice nettoyage - Etc.
UN TRAVAIL D’ÉQUIPE !
disciplinaire et Gestion de projet : Coordination pluri TÉ TRAVAIL Service communication d’ACTION SAN et Sandra Hanquez se Levis Unité santé travail – Arras : Dr Daphné : ntes vena Inter Addiction : Tifanie Boulinguez Émilie Deville Travail sur écran : Cindy Dégardin et Contenu : Lauriane : ue Aide à la rédaction du Document uniq et 19 décembre), 06 (les e Hagl Plumart Animation : Caroline : Laure Baumann, i appu En ; ) mbre déce 12 Laure Baumann (le Virginie Elsen Bénédicte Weppler, Nelly Depoorter, uez. et Sandra Hanq
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EN DIRECT
TPE et plan de prévention
Des clients d’abord... la santé au travail, aussi !
ARTIZOL 9 salariés David Castro, gérant Cambrai
À Cambrai, Artizol, une TPE en pleine croissance, a trouvé auprès de l’AISMT, son service de santé au travail, des solutions pour développer la santé de ses salariés.
SANTÉ AU TRAVAIL DE CAMBRAI (AISMT)
L’entreprise
Ses attentes
Artizol a été créé en février 2012, par David Castro. Il a d’abord travaillé seul, sans se préoccuper de sa santé. « Il fallait démarrer. Quand on est tout seul, notre santé : ce n’est pas vraiment notre priorité ! On a la tête dans le guidon, avec un seul objectif : trouver des clients et tout faire pour les garder », témoigne David Castro. Son épouse, Karine, l’a rejoint dans l’aventure en 2018. Spécialiste de la rénovation énergétique, de l’isolation des combles, du bardage, de la menuiserie (bois, Pvc ou aluminium) et l’aménagement intérieur, Artizol a aujourd’hui neuf salariés, de 21 ans à 50 ans. « En 8 ans, Artizol a toujours évolué. Les clients satisfaits sont nos meilleurs ambassadeurs, auprès de nouveaux clients. La qualité est le gage de notre réussite. En 2020, je m’apprête à embaucher ». Implanté à Cambrai, Artizol travaille dans un rayon de 40 kilomètres (Valenciennois, Douaisis, Arrageois).
« Au fur et à mesure des embauches, j’ai reçu de plus en plus d’informations et d’alertes sur la réglementation en santé et sécurité au travail. En dehors de ces obligations, une TPE est vulnérable si la santé ou la sécurité de ses salariés est en danger. Nous sommes là aussi pour protéger nos salariés. Chez Artizol, nous gardons les salariés que nous embauchons. Et nous devons les amener à la retraite en bonne santé ! C’est, pour moi, l’un des devoirs d’une entreprise. », poursuit David Castro. « Cependant, nous sommes souvent dépassés par la complexité et le manque de temps. Par quoi commencer ? Comment faire ? »
À SAVOIR !
ent les TPE Les Services de santé au travail conseill s salariés. leur de é et PME pour développer la sant nt ! orta imp est Dans une TPE, chaque salarié
La solution Le Dr Didier Chouzet est médecin du travail à l’ AISMT, le service de santé au travail auquel adhère Artizol. « Je suis cette entreprise depuis 2018. Je l’ai vu passer de 4 à 9 salariés. Et je la vois croître. Notre mission de conseil en santé au travail est de l’accompagner dans cette croissance ». Christophe Pinchon est intervenant en prévention des risques professionnels (IPRP) à l’AISMT. Il travaille en étroite collaboration avec le Dr Didier Chouzet. « Lors de ma première rencontre avec David Castro, en décembre 2018, sa demande était claire : " je souhaite dormir sur mes deux oreilles ". Partant de la situation de l’entreprise, je l’ai aidé à élaborer un véritable plan d’actions : actualisation du document unique d’évaluation des risques professionnels, élaboration d’une politique de sécurité au travail. Ceci passe par des informations et des formations du personnel, avec approche spécifique des risques chimiques, du bruit et des échafaudages, par exemple. Avec aussi, méthodologie pour introduire le risque alcool dans le règlement intérieur. » Tout ceci se met progressivement en place. L’AISMT remplit sa mission de conseil auprès de l’une de ses TPE adhérentes. Et cette TPE a compris ce que pouvait lui apporter son service de santé au travail.
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EN DIRECT
IN GROUPE IMPRIMERIE NATIONALE 650 salariés Nathalie Lagos, responsable
communication IN Groupe Gwenaëlle Martin, chargée de communication interne Nicolas Dubreucq, responsable HSE Flers-en-Escrebieux
PÔLE SANTÉ TRAVAIL MÉTROPOLE NORD
Sensibilisation et information
La santé au travail, c’est d’abord la santé ! À Douai, des « Rencontres Santé » pour les salariés de l’Imprimerie Nationale !
L’entreprise
Ses attentes
Devenue IN Groupe en 2018, l’Imprimerie Nationale est leader mondial de la sécurité des identités et des transactions. 1 400 collaborateurs travaillent pour 28 gouvernements et 77 pays au monde. À Flers-en-Escrebieux près de Douai, dans un site ultra sécurisé dirigé par Lucas Latte, 650 salariés produisent chaque année 25 millions de documents officiels : cartes d’identité à puce, passeports biométriques, titres de séjours électroniques, permis de conduire, certificats d’immatriculation, cartes d’agents (police, gendarmerie, défense, justice, BTP, etc.). On est très loin du papier ! Place aux salles blanches, aux services numériques sécurisés, aux technologies de pointe et aux titres officiels numériques en polycarbonate infalsifiable, avec puces électroniques, QR codes, informations gravées au laser… Avec une devise : le Droit d’être Soi.
Responsable de la communication pour IN Groupe, Nathalie Lagos résume : « Pour assurer notre développement, nous devons toujours être à la pointe de l’innovation. Dans ce contexte, préserver et développer la santé des salariés est une priorité fondamentale. » Responsable des relations adhérents à PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord, Sabrina Evrard précise : « Lors d’une rencontre « partenariat » avec l’Imprimerie Nationale à Douai, Anne Pétillon, directrice des ressources humaines, et Nicolas Dubreucq, responsable HSE, nous ont demandé de les accompagner à la réalisation de rencontres régulières pour sensibiliser les salariés sur les questions de santé. » Gwenaëlle Martin, chargée de communication interne, ajoute : « Cette demande s’inscrit dans cette collaboration continue, véritable partenariat pour la santé au travail. »
La solution Les 9 et 15 octobre 2019, à l’occasion d’Octobre rose, ont donc eu lieu les premières « Rencontres santé ». L’entreprise a accueilli des stands animés par PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord et la Ligue contre le cancer. Gwenaëlle Martin explique : « En cohérence avec l’actualité, les salariés ont pu dialoguer et s’informer, notamment avec un quizz qui a eu un grand succès. Ils ont été surpris d’apprendre, par exemple, que le cancer du sein puisse concerner les hommes. » Responsable HSE de l’Imprimerie Nationale, Nicolas Dubreucq précise : « Au total, 250 salariés se sont mobilisés. Un ruban, symbole de cette Lire la suite mobilisation, a été réalisé tout au long du mois d’octobre, notamment grâce à 15 salariés bénévoles et le soutien du Comité d’entreprise. Ceci a permis de collecter des dons au profit de la Ligue contre le Les cancer. » Pour Pôle Santé Travail, toute l’équipe du Dr Alain Moniez, médecin du travail, conditions s’est mobilisée : Peggy Trapani, assistante d’équipe, Christelle Laignez et Florence Royer, de réussite assistantes santé travail, Isabelle Bourgeois, infirmière santé travail. Jacques Yves Brunet, conseiller relation adhérents, a également fait partie de cette belle équipe. Rendez-vous est pris pour les prochaines « Rencontres Santé » au printemps 2020. Entreprise & Santé • 1er trimestre 2020 • N°49 • www.entrepriseetsante.fr
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ERGONOMIE & ORGANISATION
Troubles musculo-squelettiques
20 entreprises dans une démarche d’échanges et de progrès ! En 2019, sur le littoral, des TPE et PME se sont rencontrées trois fois de suite, en présence des experts de l’ASTIL, sur la question des TMS. De ces échanges, conduits avec une vision très pragmatique, sont nées des démarches de progrès. Des rendez-vous sont pris pour 2020 ! Les enjeux Le Dr Elisabeth Ducarme anime le groupe d’expertise TMS à l’ASTIL : « La prévention des TMS est une priorité au sein de très nombreuses entreprises. Une grande entreprise a les compétences en interne pour mener des actions de prévention. Les TPE et les PME en sont démunies. En leur permettant d’échanger entre elles, elles prennent conscience de ce qu’elles peuvent faire au jour le jour ».
déjeuners d’information et d’échanges. À chaque petit déjeuner, son thème : ce que sont les TMS ; leur prévention ; l’analyse de l’activité. Tout est basé sur la transmission de connaissances et les échanges autour des expériences des uns et des autres. Les professionnels de l’ASTIL sont là pour apporter leurs expertises respectives : médecin du travail, ergonome, infirmier(e) santé travail.
La démarche À Coquelles, Boulogne-sur-Mer et Rangdu-Fliers, des entreprises volontaires du secteur ont participé en 2019, à trois petits
Les résultats Au total, plus de 20 entreprises de toutes tailles ont participé à ce programme. Surtout des TPE et PME venant d’horizons
très différents : agroalimentaire, aide à domicile, boulangerie, micro-crèches, activité industrielle, activité de soins, etc. Karine Gittmann est ergonome à l’ASTIL : « Les échanges se font autour d’exemples concrets qui interrogent le travail réel. En parlant de leurs situations respectives et en comprenant les conséquences d’une situation de travail, les participants ont pu identifier et prendre conscience de ce qu’il est possible de faire. En prévention des TMS, on peut alors avancer pas à pas et intégrer une démarche prévention progressiste ».
À savoir !
Prévention des TMS : les 3 principes fondamentaux
Pour l’Institut national de recherche et sécurité (INRS), la prévention des TMS repose sur 3 principes : Approche globale, pour analyser le travail réel et prendre en compte tous les facteurs de risques. Participation de tous les acteurs de l’entreprise. Partage des connaissances et des compétences. 08
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ERGONOMIE & ORGANISATION
Témoignage Industrie In’Tech médical
Devenu en 20 ans le numéro 3 mondial de l’instrumentation en chirurgie orthopédique, In’Tech médical est historiquement implanté à Rang-du-Fliers. Sur ce site, on est passé de 17 salariés lors de la reprise de l’activité en 2000 à plus de 200 aujourd’hui ! Avec un objectif quotidien : être à la pointe du progrès et réaliser des pièces au micron près. Karine Gressier est animatrice HSE chez In’Tech Médical : « Ces réunions de l’ASTIL, où nous pouvons rencontrer d’autres entreprises, sont très intéressantes. Nous avons déjà une collaboration continue avec le Dr Ducarme et son équipe, pour l’évaluation et la prévention des risques. Cependant, avoir la possibilité d’échanger avec d’autres entreprises est très enrichissant. Nous sommes tous confrontés aux TMS : c’est la première cause de maladie professionnelle. La prévention est une démarche continue. Le partage d’expériences et de pratiques nous permet de progresser en identifiant des améliorations concrètes et éprouvées. L’ergonomie et la sensibilisation des personnels sont des fondamentaux incontournables. Avec l’ASTIL, nous pouvons bénéficier de cet accompagnement ».
La recette Échanges entre TPE et PME + expertises partagées = SOLUTIONS !
Témoignage Aide à domicile Association Sanitaire du Pays de Montreuil
Créée en 1980, l’Association sanitaire du pays de Montreuil est présidée par Philippe Laumonier. Le conseil d’administration, composé d’usagers et de professionnels de santé, défend des valeurs de bientraitance et d’humanité. Sur 22 communes rurales, elle gère un Service de soins infirmiers à domicile (SSIAD) de 47 places. Elle gère également une Equipe spécialisée Alzheimer à domicile (ESAD) qui accompagne 30 patients tous les 3 mois dans le cadre d’un programme personnalisé de réhabilitation cognitive à domicile, l’objectif étant de préserver les capacités cognitives à un stade précoce de la maladie. Infirmier coordinateur, Michel Hennebelle est responsable des 2 services : « Nous sommes une petite association, l’aide de l’ASTIL nous est d’autant plus précieuse ! La participation aux " petits déjeuners TMS " nous soutient dans notre culture associative de prévention. Les échanges très pragmatiques sont animés par les professionnels de l’ASTIL et nous confortent dans la méthodologie. On apprend beaucoup des autres. Les recherches d’améliorations sont constantes, en sachant que notre activité se passe au domicile. Chaque habitat comporte ses propres contraintes. Notre participation à ces rencontres s’inscrit dans une politique de fond ». Entre autres dispositions, cette politique de fond développe l’adaptation du travail en binôme, l’utilisation des aides techniques, l’information et la formation des professionnels et des aidants. Tous les deux mois, l’association organise pour ses professionnels des groupes d’analyse des pratiques professionnelles animés par un psychologue, afin de prendre en compte la dimension psycho-sociale de la santé au travail.
Le groupe TMS de l’ Ce groupe « expert » est composé de : Karine Gittmann, ergonome, Claire Detrivière, infirmière santé travail, Catherine Vermast, infirmière santé travail, Dr Pierre Marel, médecin du travail, Dr Elisabeth Ducarme, médecin du travail.
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Vu ! TELETRAVAIL.FR, LE SITE DÉDIÉ AU TÉLÉTRAVAIL
L’ACCÉLÉRATEUR « SANTÉ-PRÉVENTION DANS LE BTP »
Le télétravail gagne du terrain. C’est une forme de travail qui a de l’avenir… Le télétravail revisite notre conception et nos organisations de travail, nos relations de travail et l’équilibre vie professionnelle-vie privée. Même le Code du travail doit s’adapter ! Depuis janvier 2018, les procédures sont simplifiées. Pour répondre à toutes vos questions, le gouvernement a mis en place un site dédié : teletravail.fr
Lancé en mai 2018 par le CCCA-BTP, l’OPPBTP, le groupe PRO BTP et le groupe SMA, l’accélérateur « Santé-Prévention dans le BTP » a pour objectif de faire émerger l’expérimentation et le déploiement de solutions innovantes de start-up pour la santé et la prévention dans le BTP. En moins de deux ans, 29 start-up ont été référencées ! Le prochain comité de sélection, en février 2020, permettra de passer le seuil des 30 start-up référencées…
Source : teletravail.fr
Source : sante-prevention-lab.com
CHAQUE ANNÉE, 400 000 PERSONNES APPRENNENT QU’ELLES ONT UN CANCER… Sur 1 000 nouveaux cas de cancers diagnostiqués chaque jour, 400 concernent des personnes en activité professionnelle. Rester en emploi est indispensable pour son équilibre économique et son rétablissement : l’Institut national du Cancer accompagne des salariés en collaboration avec les entreprises. Dans le cadre du Club des entreprises «Cancer et Emploi», une charte propose aux entreprises de mettre en place une démarche opérationnelle de maintien et de retour en emploi des personnes atteintes de cancer.
LE CODE DU TRAVAIL EN UN CLIC ! Le Code du travail est désormais accessible à chacun, grâce à un site internet gratuit : code.travail.gouv.fr. Mis en place par le ministère du Travail, ce site permet d’obtenir des réponses aux questions que chacun peut se poser, grâce à un moteur de recherche par mot-clé. Une « boite à outils » permet de trouver des réponses personnalisées et adaptées à la situation de chacun. Une approche par thème est également proposée. Par exemple : santé, sécurité et conditions de travail. Source : code.travail.gouv.fr
Source : e-cancer.fr
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DOSSIER
PÉNIBILITÉ
LES EXOSQUELETTES DÉBARQUENT ! Ils sont là ! À la porte des entreprises et des chantiers… Les exosquelettes débarquent ! Certains sont déjà utilisés par les salariés. D’autres sont expérimentés… En ligne de mire, l’objectif
est de réduire la pénibilité. Alors, affaire ou arnaque ? Pour répondre à cette question, Entreprise & Santé a mené l’enquête.
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BTP SERVICES E COMMERC T & ARTISANA INDUSTRIE INTERIM
EXOSQUELETTES
DE QUOI PARLE-T-ON ? Les exosquelettes sont là. D’aucuns prédisent que nous pourrions bientôt en louer un pour déménager ou bricoler ! En effet, polir ou peindre un plafond est très contraignant… Avec un exosquelette adapté, on gagnerait du temps tout en étant moins fatigué. En entreprise, les exosquelettes portent de grands espoirs pour réduire la pénibilité physique de nombreux postes de travail.
LA FINALITÉ
L’achat d’un exosquelette peut avoir plusieurs finalités : réduire la pénibilité physique, améliorer les conditions de travail, réduire à terme les risques de TMS (trouble musculo-squelettique), améliorer les performances, la productivité et la compétitivité.
LE PRINCIPE
Apporter à l’opérateur un dispositif qui lui permet de réduire ses efforts physiques, tout en décuplant ses forces et en réduisant les contraintes musculo-squelettiques. Les applications principales concernent : le maintien d’une posture et/ ou la réalisation de gestes contraignants, les manutentions avec ou sans déplacement.
LA DÉFINITION
Pour l’AFNOR (Accord AC Z 68-800, mars 2017), un exosquelette est une « structure revêtue entièrement ou partiellement par un individu aux fins d’assistance dans l’exécution de ses mouvements, la compensation de ses efforts et/ou l’augmentation de ses performances physiques dans la réalisation de sa tâche professionnelle dans l’objectif de productivité, de facilitation de l’usage, et de réduction des troubles musculosquelettiques. »
LES TYPES
Dans une étude parue en novembre 2019, FCBA institut technologique établit la typologie suivante : - Selon les parties du corps concernées : • Exosquelettes des membres supérieurs : bras, épaule, torse. • Exosquelettes des membres inférieurs : jambes, hanches, bas du torse. • Exosquelettes complets : ensemble du corps. - Selon leur forme : • Exosquelettes rigides : structures rigides et actionneurs. • Exosquelettes souples : tissus et d’autres matériaux mous. - Selon la technologie d’actionnement : • Exosquelette passif : pas de source d’énergie externe (retour d’effort par ressort ou élastique) • Exosquelette actif : appel à des sources d’énergie externe (électrique, hydrau lique, mécanique, autre). Ces différents types répondent à des usages différents, sur des critères de puissance, d’encombrement, de poids, de résistances aux conditions d’ambiance, d’autonomie, etc.
LES PRIX
Le prix d’un exosquelette varie selon le type et la technologie embarquée : quelques centaines d’euros pour un exosquelette partiel passif (ex. gilet, jambière) à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour des exosquelettes « corps entier », avec technologie et informatique embarquées.
QUELLES ÉVOLUTIONS TECH NOLOGIQUES ?
nt autant Les progrès à court terme résultero nouvelles des nouveaux matériaux que des écanique, technologies appliquées à la biom l’intelligence en y intégrant les apports de artificielle.
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UN MARCHÉ PROMETTEUR ! En 2014, le marché mondial des exo squelettes s’élevait à 99 millions de dollars. En 2023, il s’élèverait à 2,9 milliards (Cris tal Market Research). En 2025, le marché mondial s’élève rait à 3,3 milliards (Grand View Research). En 2028, il s’élèverait à 5 milliards (ABI Research).
DOSSIER
DU CÔTÉ DE... Le poids des mots Depuis 2010, l’INRS (Institut national de recherche et sécurité) mène une veille scientifique et technologique sur le déploiement des exosquelettes au sein des entreprises. Les exosquelettes appartiennent à la vaste famille des « assistants physiques », classés eux-mêmes en dispositifs et robots. DISPOSITIFS D’ASSISTANTS PHYSIQUES (DAP) : technologies pour lesquels l’assistance physique est générée par un principe de restitution d’énergie mécanique (Ex. : ressorts, élastiques) : - Sans contention : outils - Avec contention : exosque lettes non motorisés
La nature
Les insectes, les crustacés, les mollusques, les arachnides et… les tortues n’ont pas attendus l’homme pour inventer l’exosquelette ! Celui-ci les protège. Et n’empêche pas de se déplacer et de voler… Immobiles, les coraux vivent grâce à un exosquelette qui les protège.
Le sport
Aujourd’hui, on parle, par exemple, « de ski augmenté ». Les exosquelettes vont revisiter l’accès et la pratique de nombreux sports…
La médecine : Robots d’assistants physiques (RAP) : technologies pour lesquelles l’assistance physique est apportée par une machine de type robot (capteurs d’efforts, informatique et microélectronique, motorisation et mécanismes articulés, outillage, etc.) - Sans contention : robot collaboratif, non attaché au corps et piloté par l’opérateur. - Avec contention : exosquelettes motorisés et programmés, attachés au corps et piloté par l’opérateur. Le terme « Cobot » (Collaborative RoBOT) est à l’image de « Frigidaire » pour désigner un réfrigérateur : inventé par RB3D, il désigne souvent les robots d’assistance physique sans contention.
Source : D’après Note scientifique et technique NS 354, Les robots et dispositifs d’assistants physique : état des lieux et enjeux pour la prévention, INRS, 2017.
Des recherches en cours permettent à des handicapés physiques de retrouver la possibilité de mouvements… Jusqu’à une marche autonome avec un dispositif d’implants cérébraux pour des sujets paralysés (CHU de GrenobleClinatec). D’autres équipes travaillent sur la mise au point de dispositifs contre les lombalgies (CHU de Lille-AP HP Partis – Japet).
L’armée
Les militaires développent des exosquelettes pour les déplacements de soldats transportant des charges lourdes, ou progressant en milieu hostile…
La maison
Les exosquelettes font leur apparition à la maison. Par exemple, pour les travaux de bricolage ou les manutentions domestiques. Entreprise & Santé • 1er trimestre 2020 • N°49 • www.entrepriseetsante.fr
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DOSSIER
EXOSQUELETTES
Y PENSER : CODE DU TRAVAIL, MAIS PAS SEULEMENT… L’arrivée d’un exosquelette dans une entreprise va au-delà de l’acquisition d’un nouvel outil… Il s’agit bien d’un équipement individuel qui modifie substantiellement la situation de travail : son organisation et son processus, sa sécurité et ses performances. Les obligations d’évaluation des risques, d’information et de formation des salariés s’imposent. Au-delà du respect du Code du travail, il faut donc penser à d’autres points de vigilance.
Approche du changement : associer les salariés !
En l’état, l’arrivée d’un exosquelette constitue un changement important dans la situation de travail. Tant pour l’organisation du travail (ex. : l’enlever lors des pauses, …) que pour l’exécution de la tâche (ex. modification des gestes et des postures d’équilibre, …). Le mieux est d’associer les salariés à l’idée… et à l’achat !
poids et de la gêne, risques TMS du fait des efforts et la posture, risque de déséquilibre et de mouvements incontrôlables. Associer les salariés, essayer, avoir une approche ergonomique permettent de prendre en compte ces points de vigilance.
Investissement : essayer l’exosquelette avant d’acheter !
Le risque majeur est que l’exosquelette ne soit pas utilisé ou mal utilisé : il n’atteindra pas alors les objectifs escomptés : productivité et/ou la réduction de la pénibilité. Le retour sur investissement est alors perdu… L’exosquelette est un équipement individuel de travail qui doit s’adapter à la morphologie de chacun et faciliter l’exécution de la tâche. Pour en être sûr, le mieux est de l’essayer avant d’acheter.
Effets secondaires : veiller aux points de vigilance !
L’Institut national de recherche et sécurité identifie six points de vigilance : inconfort et irritation de la peau, stress, collision du fait de l’encombrement et la structure, sollicitation cardio-vasculaire du fait du
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ExoPush de Colas : un exemple emblématique Développé avec la société RB3D, l’ExoPush permet de mettre en œuvre manuellement un enrobé sur la chaussée. Ce poste très physique de tireur au râteau ne peut être mécanisé sur les chantiers urbains. Il demande puissance et endurance. Grâce à cet outil facile à prendre en main, les opérateurs peuvent ainsi pousser et tirer jusqu’à 50 kilos grâce à des technologies issues du domaine de la robotique : un manche détecte l'intention de l'utilisateur et amplifie son geste, une jambe reporte les efforts aux sols pour améliorer la posture et le confort de l'utilisateur... L’ExoPush permet de limiter les efforts physiques répétitifs et de préserver le capital santé de l’opérateur tout au long de sa carrière. Les tests sur le terrain ont toujours été au cœur du processus de conception. Grâce aux retours des collaborateurs, l’exosquelette est notamment passé de 42 kilos à moins de 10, pour plus d’ergonomie et de mobilité. Le métier de tireur au râteau a très peu évolué depuis plus de 80 ans. Il nécessitait un bond technologique pour améliorer les conditions de travail des opérateurs au quotidien. Depuis 2018, Colas déploie ExoPush dans ses agences en France et à l’international (Danemark, Suisse, Belgique et Australie).
BTP I SERVICE I COMMERCE & ARTISANAT I INDUSTRIE I INTERIM
LE CAHIER JURIDIQUE détachable !
Avec ce cahier central, nous abordons les fondamentaux législatifs de la Santé au Travail, tels que définis par le Code du travail et donc, applicables aux entreprises privées. Il s’agit de synthèses qui ne se substituent pas à la lecture des textes originaux.
L’ACTU
L’information et la formation des salariés, un des leviers de la prévention En son article L. 4121-1, le Code du travail définit les responsabilités générales de l’employeur en matière de prévention des risques professionnels : « L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Ces mesures comprennent : 1° Des actions de prévention des risques professionnels ; 2° Des actions d’information et de formation ; 3° La mise en place d’une organisation et de moyens adaptés. L’employeur veille à l’adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l’amélioration des situations existantes. » Les actions d’information et de formation des salariés sont donc explicitement citées. Elles s’inscrivent dans la mise en œuvre de six principes généraux de prévention, formulées en l’article L. 4121-2 du Code du travail : « L’employeur met en œuvre les mesures prévues à l’article L. 4121-1 sur le fondement des principes généraux de prévention suivants : 1° Eviter les risques ; 2° Evaluer les risques qui ne peuvent pas être évités ;
3° Combattre les risques à la source ; 4° Adapter le travail à l’homme, en particulier en ce qui concerne la conception des postes de travail ainsi que le choix des équipements de travail et des méthodes de travail et de production, en vue notamment de limiter le travail monotone et le travail cadencé et de réduire les effets de ceux-ci sur la santé ; 5° Tenir compte de l’état d’évolution de la technique ; 6° Remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dangereux ou par ce qui est moins dangereux ; 7° Planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique, l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, notamment les risques liés au harcèlement moral, tel qu’il est défini à l’article L. 1152-1 ; 8° Prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle ; 9° Donner les instructions appropriées aux travailleurs. » Outre le fait d’être une obligation, ces neuf principes constituent une base méthodologique.
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Code du travail Information et formation des salariés sur les risques pour la santé et la sécurité Textes de références : Code du travail (Partie législative, Quatrième partie : Santé et Sécurité au travail,
Livre I : Disposition générale, Titre IV : Information et formation des travailleurs, Chapitre 1e : obligations générales d’information et de formation) Obligation générale d’une information sur les risques pour la santé et la sécurité et les mesures prises pour y remédier Article L. 4141-1 L’employeur organise et dispense une information des travailleurs sur les risques pour la santé et la sécurité et les mesures prises pour y remédier. Il organise et dispense également une information des travailleurs sur les risques que peuvent faire peser sur la santé publique ou l’environnement les produits ou procédés de fabrication utilisés ou mis en œuvre par l’établissement ainsi que sur les mesures prises pour y remédier.
Obligation générale d’une formation pratique et appropriée pour les nouveaux embauchés, les changements de poste ou de technique, les salariés temporaires, les arrêts de travail d’au moins 21 jours (à la demande du médecin du travail). Article L. 4141-2 L’employeur organise une formation pratique et appropriée à la sécurité au bénéfice : 1° Des travailleurs qu’il embauche ; 2° Des travailleurs qui changent de poste de travail ou de technique ; 3° Des salariés temporaires, à l’exception de ceux auxquels il est fait appel en vue de l’exécution de travaux urgents nécessités par des mesures de sécurité et déjà dotés de la qualification nécessaire à cette intervention ; 4° A la demande du médecin du travail, des travailleurs qui reprennent leur activité après un arrêt de travail d’une durée d’au moins vingt et un jours. Cette formation est répétée périodiquement dans des conditions déterminées par voie réglementaire ou par convention ou accord collectif de travail.
L’étendue de ces obligations d’information et de formation varie en fonction de la taille de l’établissement, son activité, les risques et le type d’emploi des travailleurs. Article L. 4141-3 L’étendue de l’obligation d’information et de formation à la sécurité varie selon la taille de l’établissement, la nature de son activité, le caractère des risques qui y sont constatés et le type d’emploi des travailleurs.
Ces obligations de formation sont à charge de l’employeur. Article L. 4141-4 Le financement des actions de formation à la sécurité est à la charge de l’employeur
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En fonction des risques constatés, des actions particulières de formation à la sécurité sont conduites. Article L. 4142-1 En fonction des risques constatés, des actions particulières de formation à la sécurité sont conduites dans certains établissements avec le concours, le cas échéant, des organismes professionnels d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail prévus à l’article L. 4643-1 et des services de prévention des caisses régionales d’assurance maladie.
Une formation renforcée à la sécurité doit être faite pour les salariés en contrat à durée déterminée et les salariés temporaires, affectés à des postes de travail présentant des risques particuliers pour leur santé. Article L. 4142-2 Les salariés titulaires d’un contrat de travail à durée déterminée et les salariés temporaires affectés à des postes de travail présentant des risques particuliers pour leur santé ou leur sécurité bénéficient d’une formation renforcée à la sécurité, dans les conditions prévues à l’article L. 4154-2. Par dérogation aux dispositions de l’article L. 4141-4, le financement de ces actions de formation est à la charge de l’entreprise utilisatrice.
Une formation doit être organisée pour les chefs d’entreprise et leurs salariés des entreprises intervenantes au sein des établissements classés, selon le code de l’environnement et/ou le code minier. Article L. 4142-3 Dans les établissements comprenant au moins une installation figurant sur la liste prévue à l’article L. 515-36 du code de l’environnement ou mentionnée à l’article L. 211-2 du code minier, l’employeur définit et met en œuvre une formation aux risques des chefs d’entreprises extérieures et de leurs salariés ainsi que des travailleurs indépendants qu’il accueille, dans les conditions prévues à l’article L. 4522-2. Par dérogation aux dispositions à l’article L. 4141-4, le financement de ces actions de formation est à la charge de l’entreprise utilisatrice.
Une formation à l’accueil et l’accompagnement des personnes handicapées doit être organisées dans les établissements recevant du public, dont la capacité d’accueil est supérieure à 200 personnes. Article L. 4142-3-1 Dans les établissements recevant du public dont la capacité d’accueil est supérieure à deux cents personnes, l’employeur met en œuvre une formation à l’accueil et à l’accompagnement des personnes handicapées à destination des professionnels en contact avec les usagers et les clients.
À SAVOIR
IMPORTANT
Ces dispositions législatives sont précisées par voie règlementaire (articles R. 4141-1 à R. 4141-20 du Code du travail). La formation à la sécurité constitue un des éléments du programme annuel de prévention des risques professionnels. Elle doit être compréhensible pour chacun. L’article R. 4141-3 précise notamment que la formation à la sécurité a pour objet d’instruire le travailleur des précautions à prendre pour assurer sa propre sécurité et, le cas échéant, celle des autres personnes travaillant dans l’établissement. Elle porte sur les conditions de circulation dans l’entreprise, les conditions d’exécution du travail, la conduite à tenir en cas d’accident ou de sinistre.
En application de l’article L. 41431 et R. 4143-1, le Comité social et économique est consulté sur le programme des formations à la sécurité, et veille à leur mise en œuvre. Il participe à leur préparation.
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Code du travail L’information et la formation des salariés, un des leviers de la prévention LE SALARIÉ COMPETENT « PPRP » En application de la loi n° 2011-867 du 20 juillet 2011 relative à l’organisation de la médecine du travail, l’employeur a l’obligation de désigner, depuis le 1er juillet 2012, un ou plusieurs salariés compétents pour s’occuper des activités de protection et de prévention des risques professionnels de l’entreprise (PPRP). Outre les obligations d’informations et de formation du(des) salarié(s), cette disposition permet à l’employeur d’avoir un interlocuteur en interne, pour le développement de la prévention des risques professionnels. Elle s’impose à toute entreprise, quelles que soient sa taille et son activité. En 2017, cette disposition a été actualisée par l’ordonnance n° 2017-1386 du 12 septembre 2017 relative à la nouvelle organisation du dialogue social et économique dans l’entreprise.
Avoir un interlocuteur compétent en interne
L’article L. 4644-1 du Code du travail précise que « L’employeur désigne un ou plusieurs salariés compétents pour s’occuper des activités de protection et de prévention des risques professionnels de l’entreprise. Le ou les salariés ainsi désignés par l’employeur bénéficient, à leur demande, d’une formation en matière de santé au travail dans les conditions prévues aux articles L. 461414 à L. 4614-16. »
À défaut, des compétences en externe…
Le même article précise que : « À défaut, si les compétences dans l’entreprise ne permettent pas d’organiser ces activités, l’employeur peut faire appel, après avis du comité social et économique, aux intervenants en prévention des risques professionnels appartenant au service de santé au travail interentreprises auquel il adhère ou dûment enregistrés auprès de l’autorité administrative disposant de compétences dans le domaine de la prévention des risques professionnels et de l’amélioration des conditions de travail. L’employeur peut aussi faire appel aux services de prévention des caisses de sécurité sociale avec l’appui de l’Institut national de recherche et de sécurité dans le cadre des programmes de prévention mentionnés à l’article L. 422-5 du Code de la sécurité sociale, à l’organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics et à l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail et son réseau. Cet appel aux compétences est réalisé dans des conditions garantissant les règles d’indépendance des professions médicales et l’indépendance des personnes et organismes mentionnés (…). » L’avis du comité économique et social (CSE) est requis quand il existe : le CSE est obligatoire pour les entreprises d’au moins 11 salariés pendant 12 mois consécutifs.
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DOSSIER
Exosquelette
L’ENTRETIEN CROISÉ : Y CROIRE ET ACHETER ? Les exosquelettes arrivent en entreprise. De quelques centaines d’euros à plusieurs dizaines de milliers d’euros, l’investissement doit être réfléchi. Le risque majeur est qu’il ne soit pas utilisé, car non utilisable en situation réelle de travail ! Pour nous éclairer, Delphine Baras, ergonome à l’ASTAV (Santé au travail de Valenciennes) et Laurence Samain, ergonome à MTA (Médecine du travail de l’Aisne) répondent à nos questions. Leurs expériences, acquises au sein des entreprises, sont très précieuses. Faut-il croire aux exosquelettes ? En avez-vous rencontré ? Delphine Baras : Il faut bien distinguer, d’une part, les exosquelettes « actifs », et, d’autre part, ceux qui sont « passifs ». Les premiers ont une électronique importée. Les seconds sont purement mécaniques, à l’exemple de gilets ou harnais sans motorisation. Incontestablement, ils arrivent en entreprise. L’exemple emblématique est l’Exopush, conçu et développé par Colas et la Start up RB3D. Après une phase de tests en situation réelle de travail associant les salariés, Colas a décidé de les déployer sur l’ensemble de ses chantiers au niveau national. De fait, l’offre aux entreprises est déjà là : de quelques centaines d’euros pour un exosquelette passif à plusieurs milliers d’euros pour des exosquelettes
actifs, bourrés d’électronique. C’est l’avenir dans le monde des entreprises, notamment dans l’industrie et le BTP. Mais aussi, dans le monde médical, visà-vis des handicapés moteurs. On peut donc y croire, mais avec des bémols. La grande majorité des exosquelettes est encore en phase de test. Laurence Samain : J’ai envie de dire : Oui et non ! Non, parce que nous en voyons très peu en entreprise. Oui, car ils arrivent : c’est incontestable… La littérature scientifique permet de situer leur efficacité. Par exemple, des auteurs constatent qu’ils réduisent la contrainte musculo-squelettique en diminuant l’effort des muscles lombaires sur une action verticale : de 10 à 40 % pour des exosquelettes non robotisés et de 30 à 60 % pour des exosquelettes robotisés.
Attention : si l’exosquelette est relié à un point fixe, toutes les contraintes sont transmises à l’extérieur du corps ; si l’exosquelette n’est pas relié à un point fixe, les contraintes sont transmises à un point du corps de l’opérateur. Les exosquelettes constitueraient donc un moyen efficace, par exemple, pour réduire la force et l’intensité de compressions lombaires et diminuer le travail musculaire nécessaire à maintenir une posture statique. Mais il faut faire très attention à la raideur du système, qui contrarie cette efficacité. Par ailleurs, l’exosquelette peut entraîner des changements posturaux, notamment au niveau des genoux lors de la flexion du dos. Au niveau du membre supérieur, les dispositifs épaule-bras pourraient entrainer des risques musculaires supplémentaires et
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DOSSIER
« C’est l’avenir dans le monde des entreprises, notamment dans l’industrie et le BTP. Mais aussi, dans le monde médical, vis-à-vis des handicapés moteurs » de perturbation des mouvements. Les connaissances scientifiques portant sur l’efficacité des exosquelettes doivent être approfondies. Mais cela semble prometteur ! Et on peut donc y croire.
le maintien d’une posture au cours des tâches. Tout cela doit être validé, au sein de l’entreprise et au regard des situations réelles de travail, en associant les opérateurs.
Est-ce « LA » solution pour la pénibilité ? Delphine Baras : Ce n’est pas « LA » solution. C’est une solution éventuelle. Les entreprises se doivent d’être vigilantes. Il ne faut pas aller directement vers l’achat d’un exosquelette en pensant qu’il va tout résoudre ! Il faut toujours analyser la situation et ouvrir plusieurs hypothèses, avant de faire un achat qui risque d’être un échec. J’ai déjà vu des exosquelettes qui restent aux porte-manteaux.
Comment choisir ? Comment mettre en place ? Delphine Baras : En premier lieu, l’analyse de l’activité est effectivement incontournable. L’exosquelette ne peut pas arriver dans un espace et un poste de travail non aménagés pour lui, et avec une organisation identique. Car il va faire bouger toutes les lignes ! J’ai accompagné une entreprise de logistique, sur les postes de préparateurs de commande : l’achat direct d’exosquelettes a été un fiasco, car il n’y avait pas eu de réflexion préalable avec les salariés. Les contraintes à l’utilisation l’ont emporté. En effet, on ne peut pas appliquer dans une entreprise quelque chose qui a été vu ailleurs. Chaque usage a ses particularités. Par exemple, la configuration des locaux et l’aménagement du poste. Associer le salarié est essentiel. Car l’exosquelette peut créer des changements négatifs :
Laurence Samain : Oui, effectivement ! Les exosquelettes ne constituent pas « LA » solution miracle pour lutter contre la pénibilité. Les principes généraux de prévention restent d’actualité, avec ou sans exosquelette. Il faut bien valider les conséquences de l’exosquelette sur l’activité physique et mentale. En faisant attention à l’activité statique contraignante, dans
son poids, ses frottements sur la peau, ses serrages gênants. Comme un vêtement, il doit être adapté à la morphologie de chacun. Très concrètement, il doit pouvoir se porter et s’enlever facilement, ne seraitce que pour aller aux toilettes… Si l’exosquelette ne fonctionne pas bien, il ne sera pas utilisé. Laurence Samain : La démarche d’intégration de l’exosquelette dans l’entreprise conditionne son échec ou son succès. Il faut associer les salariés et les responsables de proximité, avec, le cas échéant, les représentants du personnel. Associer également les acteurs de la prévention des risques professionnels. Engager une réflexion sur les impacts pour la production et la qualité. Il existe une méthodologie en trois étapes : analyser les charges physiques de travail1, valider avec un groupe de travail, formaliser les caractéristiques attendues de l’exosquelette. On peut alors écrire l’objectif de pertinence de l’exosquelette : le service attendu, l’utilisabilité, les impacts pour l’opérateur, les consignes pour l’environnement et la sécurité. Le service de santé au travail est 1-Voir à ce propos, la brochure ED 6161, « Méthode d’analyse de la charge physique de travail », Institut national de recherche et sécurité, téléchargeable sur inrs.fr
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DOSSIER Ergopicard t membres du groupe de Delphine Baras et Laurence Samain son l’association Ergopicard. travail exosquelettes, mis en place par par Nathalie Lachambre, Créée en 2003 et aujourd’hui présidée ergonomes de services ergonome à l’ASMIS, elle regroupe des nets de consultants et de santé au travail, d’entreprises, de cabi d'universités. Elle a pour objectif de : , • Rassembler les ergonomes de Picardie tres d'au avec • Développer des coopérations tion, sécurité, duc professionnels (méthodes, qualité, pro médecine, ...) lisible l'offre de • Promouvoir l'ergonomie et rendre plus service aux entreprises, thématiques de • Apporter des contributions sur des social et santé, de prévention, de développements économique, ... • Parrainer de jeunes ergonomes. ion de rencontres, Cette association a à son actif la réalisat conférences et journées d’échanges.
qualifié pour accompagner l’entreprise dans cette démarche. Lors de la décision d’achat, il faut communiquer en interne. L’idéal est de se donner un temps pour que les salariés concernés se familiarisent avec cet équipement qui bouleverse la situation de travail. Comment évolue l’offre ? Delphine Baras : Plusieurs évolutions sont en cours. Le poids diminue, grâce à l’utilisation de nouveaux matériaux. On va vers « une seconde peau ». L’électronique embarquée s’améliore : les réglages s’affinent et le fonctionnement s’améliore nettement, ne serait-ce qu’en réactivité sur les changements de gestes ou de postures. On voit aujourd’hui des exosquelettes qui fonctionnent bien. Par exemple, pour le ponçage de plafonds, où les retours d’expérience sont positifs. Les offres vont évoluer en fonction de ces retours d’expérience : c’est le test en situation réelle de travail qui oriente les évolutions. Grâce à ces retours d’expérience, les exosquelettes vont entrer en phase de maturité technologique. Laurence Samain : Effectivement, les
Pour que l’exosquele pas au porte-manteautte ne reste La démarche d’intégratio n est essentielle : 1- Analyser la charge de tra vail 2- Valider cette analyse en interne 3- En établir les caractéristi ques - Service attendu - Conditions d’utilisation - Impacts pour l’opérateu r - Consignes pour l’enviro nnement de travail - Consignes sur l’organisati on de travail - Consignes de sécurité 4- Communiquer +++ 5- Définir les critères d’éva luation (appropriation, utilité, im pact…) 6- Apprentissage en deho rs du poste puis au poste de travail 7- Valider l’intégration de l’exosquelette à court, moyen et long terme
exosquelettes évoluent en permanence. Il faut suivre cette offre, qui change presque chaque jour ! Il faut savoir attendre qu’apparaisse l’exosquelette le mieux adapté à la situation de travail, plutôt qu’acheter tout de suite un modèle imparfait. Car les exosquelettes s’adaptent en permanence à l’ensemble des demandes. Aujourd’hui, les exosquelettes font partie du monde du travail. On ne peut pas les rejeter. Mais il faut toujours respecter la démarche d’intégration, en associant les salariés. Quel conseil donneriez-vous à une TPE ou une PME ? Delphine Baras : Il ne faut pas louper la réflexion avant l’achat. Mettre en place un exosquelette relève d’une démarche de projet. Les services de santé au travail sont là pour accompagner : analyse de l’activité et préconisation pour l’acceptabilité. L’INRS1 édite des guides et propose des outils en ligne. Une norme AFNOR devrait être publiée en 2020. Tout se joue avant l’achat, à cette étape de réflexion concerté avec le (les) salarié (s). Pour éviter un achat inutile.
il faut étudier l’offre avec son service de santé au travail et associer le ou les salarié(s). Laisser une marge de choix à l’opérateur. Prenons l’exemple de la peinture de plafonds : pour une utilisation optimale, le salarié doit être associé à l’achat. Il faut aussi être pragmatique : l’exosquelette est une réponse possible à des restrictions médicales et peut concourir au maintien dans l’emploi. A une condition : que ses effets bénéfiques soient objectivés. Parler des exosquelettes dans une entreprise, c’est parler du « travail », c’est à dire le travail réel ! Celui des salariés… En échangeant avec eux, sur leurs difficultés et les solutions, on les valorise. L’entreprise est alors gagnante en écoutant leurs suggestions. Notre rôle est d’aider les salariés et l’entreprise : écouter, observer, dialoguer, accompagner. 1-Institut national de recherche et sécurité : inrs.fr
Laurence Samain : Pour ma part, je ne dis pas : « N’achetez pas ! » Mais Entreprise & Santé • 1er trimestre 2020 • N°49 • www.entrepriseetsante.fr
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Exosquelettes
Avant l’achat : quelles réflexions ?
L’achat d’un exosquelette demande une réflexion préalable sur les impacts en matière de santé et sécurité au travail. Pour vous aider, voici quelques références utiles.
INRS : www.inrs.fr/exosquelettes
• 10 idées reçues sur les exosquelettes
Ce document s'adresse aux chefs d'entreprise tentés par l'acquisition d'exosquelettes. Ces derniers font en effet naître un espoir d'amélioration des conditions de travail, notamment du fait de l'allègement de la charge physique qu'ils sont censés favoriser. A tort ou à raison ? Pour aider les chefs d'entreprise à mieux appréhender les conséquences de l'utilisation des exosquelettes sur la santé et la sécurité de leurs salariés, ce document propose, en dix idées reçues, de faire le tri entre croyances et connaissances actuelles. Brochure ED 6295, téléchargeable.
• Exosquelettes au travail : 6 points de vigilance
à quels risques peuvent être exposés les opérateurs équipés d’un exosquelette ? Réponse en image. Infographie téléchargeable.
• Exosquelettes au travail : comment s’y préparer ?
Cette vidéo dessinée a pour objectif de sensibiliser les chefs d’entreprise sur les points de vigilance à prendre en considération lors de leur projet d’acquisition d’exosquelette. Vidéo, 1 mn 40.
• Acquisition et intégration d’un exosquelette en entreprise
Cette brochure propose aux entreprises une méthode d’intégration des exosquelettes allant de la définition du besoin d’assistance physique jusqu’à son intégration en situation réelle de travail. L’objectif est de favoriser les conditions de réussite de cette intégration, qui passe par l’évaluation de l’usage de l’exosquelette au cours du temps. Cette étape nécessairement participative est garante d’un processus d’élaboration continue. Brochure ED 6315, téléchargeable.
AFNOR : www.afnor.org
Accord AFNOR AC Z 68-800 « Dispositif d’assistance physique à contention de type exosquelettes robotisés ou non – Outils et repères méthodologiques pour l’évaluation de l’interaction humain-dispositif » Publié en mars 2017 et destiné aux concepteurs, fournisseurs et utilisateurs, ce guide apporte une méthodologie pour évaluer l’impact physique objectif et ressenti. Il fournit une liste des paramètres à passer en revue et permet de partager un langage commun et de bonnes pratiques, avant d’acheter un exosquelette.
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INVESTIR AGIR
> Prévention des TMS
Le « MRAPmotion », c’est quoi ? Derrière ce libellé énigmatique, se cache une prestation gratuite, innovante et pratique de la Carsat Haut-deFrance. MRAP comme Métrologie d’aide à l’analyse des Risques liés à l’Activité Physique ! Et « motion », comme mouvement… En fait, des capteurs sont portés par un salarié en situation réelle de travail. L’enregistrement de ses mouvements facilite alors les démarches ergonomiques de prévention des TMS en entreprise. Les TMS (troubles musculo-squelettiques) sont la première cause de maladie professionnelle indemnisée. Tous les secteurs d’activité sont concernés. Le centre de mesures physiques de la Carsat Hauts-de-France a mis au point un outil d’analyse des mouvements associant les nouvelles technologies à l’ergonomie. Son nom : MRAPmotion. Sa finalité : accompagner les démarches ergonomiques des entreprises en proposant une prestation innovante de capture des mouvements. Ce nouvel outil a été récompensé le 4 octobre 2019 par le grand prix de l’innovation Sécurité Sociale. L’ergonomie L’étude ergonomique d’un poste de travail permet de comprendre l’activité réellement effectuée par le travailleur. En effet, elle croise des observations, des entretiens et des mesures en situation réelle de travail. Ce type d’étude s’effectue sur le terrain, sans perturber le travail en cours. Elle permet de repérer les actions à mener pour réduire les risques de TMS, en améliorant la situation de travail.
La capture des mouvements Le nouvel outil, mis au point par la Carsat Hauts-de-France vient renforcer cette démarche ergonomique grâce à la capture des mouvements. Il simplifie l’observation et l’analyse de l’activité physique au travail. Concrètement, le salarié porte des capteurs de mouvements (bras, épaules, thorax, etc.) et effectue son travail comme d’habitude. Ses postures et gestes sont alors enregistrés en direct, en présence de l’ergonome. Un logiciel, nourri d’algorithmes, restitue sur une silhouette animée l’ensemble des données.
Grand prix de l’innovation Sécurité Sociale 2019
Les résultats Cette prestation permet : • d’acquérir des données objectives, précises, simultanées et quantitatives sur les postures et angulations (intensité et temporalité). • d’analyser rapidement et simplement les nombreuses données enregistrées et de fournir des analyses statistiques basées sur des seuils recommandés ou paramétrables pour chaque articulation et orientées sur l’amélioration des conditions de travail et la préservation de la santé. • d’identifier et mettre en évidence les tâches les plus contraignantes grâce au couplage vidéo ou encore d’aider à choisir les solutions de prévention à mettre en place.
Contact : Carsat Hauts-de-France, Centre de mesures physiques, MRAP : 03 20 05 61 16
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09 23 03
ZOOM SUR
Maintien dans l’emploi
Absentéisme, restrictions médicales... quelles solutions ? En 2019, les « Matinales santé travail » de l’ASMIS ont accueilli sur une même thématique plus de 70 patrons de TPEPME et responsables de ressources humaines. Leur préoccupation commune : s’y retrouver dans toutes les aides et tous les dispositifs existants pour qu’un salarié en difficulté de santé puisse garder son emploi, ou accède à un autre. Prévenir la désinsertion professionnelle est l’objectif commun ! Pour que les difficultés sociales ne s’ajoutent pas aux difficultés liées aux conditions de travail, à la maladie ou au handicap.
« Les matinales sur le maintien dans l’emploi nous ont permis de dialoguer avec des responsables d’entreprises très différentes : industrie, artisanat, commerce, services au domicile, etc. Et surtout de répondre à leurs nombreuses questions ! Chacun est venu avec son cas particulier. Et chaque cas est différent d’un autre. Y répondre demande des connaissances multiples et des compétences très complémentaires, pour que les aides et les dispositifs soient bien utilisés. » précise le Dr Marie-Aude Gudin, médecin du travail à l’ASMIS et référente maintien dans l’emploi. En 2019, six de ces matinales ont été animées par un binôme médicosocial à Amiens, Abbeville et Roye.
Une mission officielle, un travail d’équipe pluridisciplinaire En cas de difficulté d’emploi d’un salarié lié à son état de santé, l’entreprise a une ressource : le service de santé au travail. À 24
l’ASMIS, le premier interlocuteur de l’entreprise est l’équipe de santé au travail, animée et coordonnée par le médecin du travail. Les infirmières en santé au travail précisent que « l’infirmière qui reçoit le salarié en visite d’information et de prévention a la mission et le devoir, le cas échéant, d’orienter vers le médecin du travail ». Ce dernier peut solliciter l’accompagnement d’une assistante sociale, d’un psychologue clinicien, d’un ergonome. L’ergonome accompagne et aide à l’identification des aménagements du poste de travail pour les salariés ayant des restrictions médicales, en vue d’assurer leur maintien dans l’emploi. L’ASMIS s’est dotée de multiples compétences et travaille en pluridisciplinarité.
Un devoir d’alerte, un rôle de prévention. Pour le Dr Marie-Aude Gudin : « Les entreprises ont un devoir d’alerte, pour que nous puissions remplir à temps notre
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rôle de prévention. Il ne faut pas attendre l’inaptitude médicale, pour pouvoir agir en amont et prévenir la désinsertion professionnelle. C’est un travail d’équipe, avec le salarié et son entreprise. »
Un moment opportun, des compétences complémentaires Le Dr Marie-Aude Gudin poursuit : « C’est un moment très difficile pour les salariés concernés. Et plus l’entreprise est petite, plus le chef d’entreprise est démuni, voire perdu. Il nous faut dialoguer avec chacun. Construire une confiance. Apporter les compétences nécessaires ». Frédérique Delépine est conseillère du travail à l’ASMIS et référente maintien dans l’emploi aux côtés du Dr Marie-Aude Gudin : « Les problématiques de maintien en emploi nécessitent une solide connaissance des lois, notamment dans l’articulation droit du travail / droit de la sécurité sociale. L’employeur peut très vite s’y perdre. Nous sommes là pour l’aider. Il faut prendre le
ZOOM SUR
Le chiffre Sur 843 salariés déclarés inaptes, 63 % ont plus de 45 ans. 55% sont des femmes.
Les Matinales Maintien dans l’emploi de l’ASMIS, un travail d’équipe
(Source : Etude ASMIS, 2019)
Gagnez du temps !
temps nécessaire pour analyser en confiance la situation du salarié et de l’entreprise. Et mettre en contact et en cohérence les bons acteurs, tant en interne qu’en externe ».
Un accompagnement social, une dimension psychologique Selon l’assistante sociale de l’ASMIS : « En fonction de chaque cas particulier, nous mobilisons les dispositifs les plus adaptés, après un temps d’échange et d’explication. In fine, c’est le salarié, en liaison avec son entreprise, qui est au cœur des décisions. Nous informons et mettons en place tous les outils et aides à sa disposition. Pour exemple : visite de pré-reprise, reconnaissance de la qualité de travailleurs handicapé (RQTH), temps partiel thérapeutique, recours à Cap Emploi, etc. Nous clarifions le rôle de chacun : médecin traitant, médecin du travail et médecin conseil, ainsi que les termes inaptitude/ incapacité/ invalidité. Comment peut-il s’y retrouver sans notre accompagnement ? En faisant attention aux freins et aux idées reçues. » Pour les psychologues de l’ASMIS, la dimension psychologique doit être prise en considération: « Un temps d’écoute du mal-être et de la souffrance psychique, dans la confidentialité, est souvent nécessaire. Nommer et identifier ce vécu permet au salarié de se projeter dans l’avenir, sans s’enfermer dans une honte ou une culpabilisation ». Avec humour et respect, le Dr MarieAude Gudin conclut : « Pour un enjeu de maintien dans l’emploi, il vaut mieux aller voir son médecin du travail et l’équipe de santé au travail, que son comptable ! La solution repose sur nos compétences médicosociales. »
...
Chef d’entreprise : Si votre salarié a des difficultés de santé qui mettent en danger son maintien en emploi : anticipez et consultez sans tarder votre service de santé au travail. Salarié : Si votre santé met en danger votre maintien au poste de travail : anticipez et consultez sans tarder votre service de santé au travail.
Histoire de… Boucher-charcutier-traiteur, Monsieur Z a trouvé la solution lors des Matinales de l’ASMIS ! En deux heures, il a obtenu toutes les réponses pour organiser le mi-temps thérapeutique de son salarié et comprendre toutes les démarches, s’y retrouver entre le Code du travail et celui de la Sécurité sociale. Ensuite, ils ont été tous les deux accompagnés par l‘équipe médico-sociale de l’ASMIS pour mettre en place ce mi-temps thérapeutique.
Le 2 avril 2020, dans votre service ail : interentreprises de santé au trav santé Les Rencontres Santé Travail, sur la l des et le maintien en emploi (suivi médica au rése ail, trav au salariés, qualité de vie i). maintien en emplo
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ENVIRONNEMENT & TECHNIQUE
> Prévention du risque chimique
Avec le CEDEST, la qualité de l’air au travail s’évalue ! Sur le littoral nord, la zone d’emploi de Dunkerque est marquée par l’extension continue de son complexe industrialo-portuaire, avec une forte présence de la sidérurgie, la métallurgie, l’énergie, la chimie, la maintenance industrielle et la logistique. Service de santé au travail, le CEDEST (Centre pour le développement de la santé au travail) y développe une offre de services adaptée aux besoins de ses 4 000 entreprises adhérentes. Les enjeux La Zone d’emploi de Dunkerque regroupe 59 communes et 253 400 habitants. Elle représente 96 300 emplois dont 66 200 en secteurs concurrentiels. 45 % des emplois régionaux de la métallurgie y sont concentrés . Association sans but lucratif, le CEDEST remplit des missions de conseils auprès des employeurs et des salariés. Pour mener à bien ces missions, le CEDEST s’est doté d’un pôle médical (médecins du travail, médecins collaborateurs, infirmiers-ières de santé au travail, secrétaires médicales), d’un pôle prévention (assistantes en santé au travail, techniciens hygiène sécurité - amiante, soudure, secouriste, électrique, ergonomie, métrologie-, ergonome et toxicologue) et d’un pôle administratif. Des partenaires externes (assistantes sociales, psychologues du travail, ergonomes, ingénieurs en prévention des risques/toxicologues) apportent leurs contributions, en fonction des besoins des entreprises. La problématique « soudure » La prévention des risques liés aux fumées de soudage et d’oxycoupage constitue un des axes du projet de service du CEDEST. Amina Addi est
ingénieure toxicologue industrielle au CEDEST. Elle développe une offre pour la prévention des risques chimiques. Elle intervient dans les entreprises adhérentes, en liaison avec le médecin du travail concerné. « Nous avons régulièrement des demandes d’analyses atmosphériques pour les postes de soudure et d’oxycoupage. Nous ne sommes pas organisme accrédité dans le contrôle des normes d’exposition. Nos mesures sont réalisées à titre indicatif ». L’accompagnement du CEDEST Amina Addi poursuit : « Récemment, je suis intervenue sur des postes d’oxycoupage. Dans un premier temps, je réalise une première visite d’entreprise qui me permet de comprendre les différents procédés et d’observer l’activité en situation réelle de travail. L’objectif est de définir la stratégie de prélèvement d’air la plus fiable en tenant compte des groupes homogènes d’exposition. Puis je procède au choix des capteurs individuels que porteront les salariés ; dans le cas présent, ces capteurs ont permis le dosage des poussières totales, du fer, du manganèse et du chrome hexavalent, selon des protocoles rigoureux et approuvés. Enfin, je procède aux prélèvements atmosphériques. Pour ma part, je reste sur place pendant que les salariés portent les capteurs : ceci permet de relever les tâches réalisées le jour
1-Trajectoire socio-économique de la zone d’emploi de Dunkerque, Les synthèses de la Direccte n°34, Décembre 2014.
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des mesures et ainsi corréler par la suite les taux mesurés avec l’activité réalisée ». Pour le Dr Jean-Francis Lepoutre, médecin du travail au CEDEST : « Nous croisons ainsi les expertises techniques et médicales. C’est essentiel ! et nos rendus de résultat se font auprès de la direction et des salariés ». Responsable Qualité Hygiène Sécurité et Environnement pour TMS international, Fatima El Markai témoigne : « Nous avons une collaboration continue en santé au travail avec les équipes du CEDEST : ils connaissent notre activité et leurs spécialistes nous apportent compétences et regards extérieurs ».
À savoir ! Poussières et santé La toxicité des poussières est liée à leurs compositions et leurs diamètres. Plus elles sont fines, plus leurs composants peuvent atteindre les alvéoles pulmonaires et passer dans la circulation sanguine. Une fois dans le sang, ces composants peuvent atteindre le foie, les reins, le cerveau, etc. Attention ! Les poussières ne provoquent donc pas que de la toux… En novembre 2019, l’Anses propose la valeur limite de 5 à 4 mg/m3 pour les poussières dites sans effet spécifique.
INTERVIEW
En
France,
les
entreprises
privées
sont assurées par l’Assurance Maladie pour le risque Accident du Travail et Maladie Professionnelle. A ce titre, la Carsat Hauts-de-France (Caisse régionale d’assurance retraite et de santé au travail) est l’interlocuteur des entreprises de la région, soit 166 300 établissements privés, de toute taille et de toute activité. Organisme paritaire, la Carsat Hauts-deFrance est présidée par Jérôme Lefebvre. Son
directeur
général,
Christophe
Madika, nous a accordé un entretien. Entreprise & Santé le remercie pour son éclairage « d’assureur-préventeur ».
Christophe Madika
Directeur général, Carsat Hauts-de-France
Vers une plate-forme de services ? En santé au travail, vous êtes assureur et préventeur ? Christophe Madika : « Oui. Et cela, depuis la création de l’Assurance Maladie... Dans notre rôle d’assureur, nous fixons et notifions le taux de cotisation AT-MP pour chaque entreprise, en appliquant les règles fixées sur le plan national. En 2017, la prise en charge des accidents et maladies professionnelles a coûté 617 millions d’euros aux entreprises des Hauts-de France. En tant que préventeur, nous apportons un conseil expert auprès des entreprises, en fonction de leurs risques, grâce à nos 70 ingénieurs et contrôleurs de sécurité implantés sur l’ensemble du territoire régional. Nous apportons aussi des aides financières aux entreprises. »
bénéficier de « subvention prévention TPE »1, pour l’achat d’équipements, l’accompagnement par une ressource externe ou la réalisation d’actions de formation. Aujourd’hui, la demande est simplifiée. Elle peut se faire en ligne. Ces aides portent sur des objectifs précis, correspondant aux priorités nationales ou régionales de prévention. En 2019, 2 208 695 euros ont été alloués à des entreprises des Hauts-de-France. Avec les entreprises de moins de 200 salariés, nous pouvons établir un contrat de prévention pour la mise en place d’actions de prévention et d’amélioration des conditions de travail. Avec ce contrat, nous apportons une participation moyenne de 27 % des investissements nécessaires. »
Pouvez-vous nous dire deux mots sur ces aides financières ? Christophe Madika : « Les entreprises de moins de 50 salariés, peuvent
Vous avez donc une mission d’aide et de conseil en prévention, avant d’indemniser les sinistres… Christophe Madika : « Oui.
1- Voir Entreprise & Santé, n° 48, 4e trimestre 2019, page 23.
Effectivement… Et nous devons nous adapter aux évolutions du monde du travail. Intégrer l’émergence des nouveaux métiers. Respecter l’entreprise et devenir son partenaire pour l’aider à évoluer. L’idéal, c’est l’entreprise qui appelle pour bénéficier de conseils et d’aides… Et non pas l’entreprise qui fait tout pour nous éviter. Nous devons instaurer une relation de confiance mutuelle. Pour que l’entreprise ne soit pas dans une situation de crainte et d’injonction. Il nous faut un nouvel état d’esprit : coopérer avec les entreprises, et non pas les contrôler. Agir avant les conséquences sur la santé… et non pas après ! » Pouvez-vous nous préciser ces grands changements en cours ? Christophe Madika : « Aujourd’hui, le travail doit protéger la santé des personnes. On ne doit plus mourir d’avoir travaillé ! On doit donc mettre
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INTERVIEW
« Nous devons nous adapter aux évolutions du monde du travail. Intégrer l’émergence des nouveaux métiers. Respecter l’entreprise et devenir son partenaire pour l’aider à évoluer » en place des procédés de travail avec moins de risques et plus de formations. Mais il faut aussi intégrer la prévention et la santé dans le modèle économique et les commandes des donneurs d’ordre. Les risques évoluent. Aujourd’hui, les risques psychosociaux sont là. Et ils concernent toutes les entreprises, quelles que soient leurs activités. Car ils relèvent des choix de management et d’organisation. » Vous dites qu’il faut être prudent avec les statistiques… Christophe Madika : « Oui. Il faut faire attention. Le nombre élevé de TMS crée un effet d’écrasement. On ne voit plus le reste. Il ne faut pas perdre de vue les risques émergents qui seront majeurs dans les années à venir. Par exemple, les risques cancérogènes-mutagènestoxiques pour la reproduction… Les centres de consultation de pathologie professionnelle, montés avec les hôpitaux, nous permettent de repérer les signaux faibles. » Vous raisonnez souvent offre de services. Pourquoi ? Christophe Madika : « Parce que nous sommes au service des entreprises ! Nos prestations constituent une offre de services. Que ce soit le conseil de nos ingénieurs et contrôleurs de sécurité, lors des visites d’entreprise. Ou nos formations. Ou l’intervention de nos laboratoires. Tout cela constitue une offre de services qui permet à l’entreprise de progresser pour la prévention des risques professionnels et la santé au travail. Certains risques sont faciles à aborder, comme le bruit, par exemple. D’autres plus difficiles, comme le risque chimique ou biologique. D’autres 28
plus complexes, comme le risque psychosocial. Tout cela demande des compétences bien spécifiques. » Vous distinguez les TPE et PME … Christophe Madika : « Oui, bien sûr ! Une TPE-PME est très différente par rapport à une grande entreprise. Elle a peu de ressources. Les problématiques sont parfois simples, comme par exemple l’adaptation d’un échafaudage ; elles peuvent être plus complexes, comme par exemple les agents cancérogènes. Une TPE ne peut pas connaître tous les arcanes de la législation et du droit du travail. En plus, nous devons développer une offre pour les artisans, car aujourd’hui nous avons intégré le RSI. Et nous devons les aider pour la prévention de leurs risques professionnels. » Pour vous, l’entreprise a deux interlocuteurs majeurs. Lesquels ? Christophe Madika : « L’entreprise, et notamment la TPE ou la PME, a son service de santé au travail et la Carsat, comme interlocuteurs majeurs dans le domaine du conseil. Son service de santé au travail est son interlocuteur au quotidien. Il est le plus proche, avec des compétences médicales et techniques. Nous avons des compétences essentiellement techniques. Nous sommes complémentaires. Et nous devons apporter une offre globale et coordonnée aux entreprises. Pour elle, nous solliciter doit être simple et efficace. »
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D’où l’importance de développer les coopérations entre les services de santé au travail et la Carsat ? Christophe Madika : « C’est essentiel ! Pour mieux répondre aux besoins des entreprises et de leurs salariés. J’ai l’ambition d’expérimenter et développer une plate-forme commune, inscrite dans une coopération constructive au service des entreprises. Nous avons ensemble un problème d’identification et de lisibilité. Coordonnons-nous et gommons la complexité. Adoptons ensemble, services de santé au travail et Carsat, de nouvelles méthodes de travail. L’entreprise a besoin d’une réponse globale et cohérente. D’où l’idée d’une plate-forme commune. Nous ne pouvons pas tout faire tout seul. Par exemple, cette coopération est essentielle pour le maintien en emploi d’un salarié en difficulté de santé. Il nous faut changer d’approche, au-delà de changer d’image. » Avez-vous d’autres projets de coopération ? Christophe Madika : « Oui ! Par exemple, avec les Chambres des métiers et de l’artisanat, l’Agence pour la formation professionnelle des adultes. Le but est de développer l’approche par branche professionnelle et d’investir les formations. Intégrer les questions de santé au travail et de prévention des risques professionnels dès la formation est essentiel. Nous pouvons développer cela avec les acteurs concernés. D’un métier à l’autre, les problématiques sont différentes. On ne travaille pas de la même façon avec un garagiste et un coiffeur, par exemple. »
Pour vous, l’innovation est importante ? Christophe Madika : « Non… Elle est essentielle ! Par exemple nous avons eu le grand prix de l’Innovation Sécurité Sociale 2019 pour la conception et le développement de MRAPMotion. Grâce à des capteurs portés par le salarié, on peut enregistrer et analyser les mouvements en situation réelle de travail. Cela facilite l’approche ergonomique et les dialogues avec l’entreprise. Nous sommes partenaires du Salon Préventica, car il présente aux entreprises de nombreuses solutions et innovations en prévention et santé au travail. »
Mais aussi pour les autres missions de la Carsat Nous préparons la retraite des salariés. Nous versons la retraite de 1 260 000 bénéficiaires, soit la somme totale de 10,9 milliards d’euros en 2019. Nous intervenons aussi dans l’accompagnement des assurés en difficulté et le maintien à domicile des personnes fragilisées et prévenir la perte d’autonomie. Notre budget d’action sociale s’élève à 33 millions d’euros en 2019. Les prestations de la Carsat s’élèvent à 8 % du PIB régional. Notre raison d’être, c’est préserver l’humain : avec la santé au travail, le « bien vieillir » et l’aide aux assurés en difficulté.
DES SOLUTIONS PAR SECTEURS D’ACTIVITÉ, QUELQUES EXEMPLES… INDUSTRIE
Le programme TMS Pros, qui permet en 4 étapes de prévenir durablement l’apparition des TMS. CONSTRUCTION
Réduire le risque de chute (mobilisation Carsat/Direccte/OPPBTP/ maitres d’ouvrage)
Prévenir l’exposition aux fibres d’amiante LOGISTIQUE
Le programme régional Logistique
(management, organisation et formation / équipement de travail et engins de manutentions / manutentions manuelles / circulations interne, externe et quais)
En conclusion, que dire encore sur la Carsat ? Christophe Madika : « La Carsat est un organisme paritaire. Toutes nos instances et commissions cultivent ce souci du dialogue et du consensus constructif entre les partenaires sociaux. Ceci est fondamental en santé au travail.
AIDE ET SOIN A LA PERSONNE
TMS Pros adapté aux EHPAD Risque routier
BIOGRAPHIE EXPRESS Christophe Madika Agé de 63 ans, Christophe Madika a pris la direction générale de la Carsat Hautsde-France le 1er octobre 2018. A côté de ses missions en santé au travail et d’action sociale, elle verse les retraites de près de 1,25 million de personnes sur les 14,1 millions de retraités du régime général, soit 10 % de branche vieillesse. A ce titre, la Carsat Hauts-de-France est la troisième caisse de retraite de France. Le parcours de Christophe Madika est atypique. Avec son diplôme d’ingénieur de l’Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat (Entpe), la première partie de sa carrière est consacrée au suivi de grands chantiers :
- Direction de l’équipement de l’Yonne : ouvrages d’art et des grands travaux. - Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement Rhône Alpes : grands barrages, production et transport d’électricité, aménagements hydrauliques. - Après avoir intégré le cycle préparatoire de l’Ena à l’Iep de Grenoble, Christophe Madika rejoint l’Ecole Nationale Supérieure de Sécurité Sociale. Diplômé, il entreprend alors une carrière au service de la protection sociale : - Directeur de cabinet du directeur de la Cpam
des Yvelines. - Directeur de cabinet du directeur du Gie de la carte Cesam-Vitale. - Directeur de la maîtrise d’ouvrage du système d’information de la Cnam. - Directeur de la Carsat Bourgogne Franche Comté et du Centre régional de formation. - Directeur de la Caisse Générale de sécurité sociale de la Réunion. Christophe Madika est aujourd’hui directeur général de la Carsat Hauts-de-France (1 500 salariés).
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AGENDA
«Les rencontres de prévention du SIM’UP »
Réservé aux adhérents du SIM’UP
> Le jeudi 12 mars 2020 de 8 h 30 à 10 h 00 » « Rencontre autour du risque routier stions (réglementation, à la CARSAT répondra à toutes vos que rité sécu de ur rôle cont K, ESIA GRZ r Monsieu responsabilité de l’employeur, enjeux de la prévention…). ion : Rencontres gratuites, détails et inscript 64 67 aboquet@sstsimup.fr 03 28 38
Journée Nationale de l’Audition >Le jeudi 12 mars 2020 t la Chaque année, au mois de mars, se tien -là, jour ce et n, ditio l’Au de le iona Nat Journée n ditio l’Au de de de nombreux acteurs du mon : ice serv e votr à t dron et de la Santé se tien des Audioprothésistes, orthophonistes, ORL es ecin Méd ons, services hospitaliers, Associati ités, ectiv Coll et s Ville ses, du Travail, Entrepri des CRIJ, Services de médecine préventive ités, vers Uni et èges Coll es, Lycé es, Ecol ce, Institutions de Retraite et de Prévoyan iants… Etud des e uell Mut Mutuelles de santé, Informer, sensibiliser, prévenir : n reste la 23e Journée Nationale de l’Auditio fidèle à sa mission. au public De nombreux spécialistes proposent nt ndro répo et itif aud n bila d’effectuer un onnes pers des ns atio rrog inte les es tout à ainsi leur sur es rmé désireuses de mieux être info capital auditif. me Vous souhaitez connaître le program une faire s complet de la campagne et vou osées prop es ativ idée des animations et initi ces, éren conf es, istag Dép : ? partout en France et les urel cult ns atio anim ns, expositio pédagogiques... : Consulter la liste des participants 2019 / agne amp /la-c .org tion audi https://www.journeee/les pagn cam e-laurs-d -acte -etes vous participants.html
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AGENDA
« Ateliers et portes ouvertes » Réservé aux adhérents du CEDEST
10 h 30 > Le jeudi 05 mars 2020, de 9 h 00 à Lutter contre la sédentarité 12 h > Le jeudi 19 mars 2020, de 9 h 30 à plomb Atelier questions / réponses sur le
s, Rue Galilée, > Le jeudi 02 avril 2020, portes ouverte à GRANDE SYNTHE : Des mini conférences thématiques sur emploi ; en n • les sujets sur la santé et le maintie professionnels. • les sujets techniques sur les risques
12 h 15 > Le jeudi 26 mars 2020, de 8 h 15 à hique et carte grap ion Mise en pratique de la facilitat ons avec la enti prév ns atio anim mentale. Boostez les pensée visuelle ? www.cedest.net Sur inscription sur notre site internet
#LaPreventionEnActions 2e édition
HAUTS-DE-FRANCE
> Le jeudi 2 avril 2020 la prévention Rencontres Santé-Travail dédiées à en entreprise les services de Pour la deuxième année consécutive l 2020 aux santé au travail participeront le 2 avri la prévention à iées déd «Rencontres Santé-Travail» nu est rete e thèm le ée ann en entreprise. Cette . loi» emp en n ntie «Santé et mai
Voir la vidéo
Contact : entrepriseetsante@nordnet.fr Les éditions de l’encre vive Tél. 03 20 14 07 77 Directeur de publication : Jean-François Lescart Conception et Réalisation : Méthodes et Médiation – Lille Responsable de rédaction : Dr Matthieu Méreau Méthodes et Médiation - Lille Coordinatrice d’édition : Nathanaëlle Debaene Méthodes et Médiation – Lille Rédaction : Dr Matthieu Méreau Lise Dominguez, P19 à 22 Stéphane Crocquey, P24
Comité de rédaction : Alain Cuisse, Francine Lemonnier, Louis-Marie Hardy, Dr Alain Moniez Relecture scientifique : Bernard Fontaine Correctrice : Christine Bayart Création et mise en page : Altitude I GDSGROUP - www.gdsgroup.fr Crédit photos : P5 : ACTION SANTE TRAVAIL, P6 : ARTIZOL, P7 : IN GROUPE IMPRIMERIE NATIONALE, P8 : ASTIL, P22 : INRS, P27 : CARSAT HAUTS-DEFRANCE, P30 : JOURNEE NATIONALE DE L’AUDITION, P31 : PRESANSE. Adobe Stock. Coordination, Fabrication, Diffusion : Les éditions de l’encre vive 71 boulevard Montebello - 59000 Lille Tél. 03 20 14 07 77
Régie publicitaire : Entreprise et Santé - Matthieu Méreau, Nathanaëlle Debaene Tél. 03 20 14 07 77 Impression : Léonce Deprez - Ruitz Dépôt légal à parution N°ISSN en cours Tirage : 94 000 exemplaires Édité par : Groupement Inter Services Santé Et Travail 40 bis allée du Bénélux - Zone Artoipole 62060 Arras Cedex 9 - Tél. 03 21 22 28 21
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