Construction&Bâtiment n°3/2024. Extrait

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CONS TRUCTION & BÂTI MENT

PROJETS ET CHANTIERS

DES PROFESSIONNELS DU BÂTIMENT

L’habitat communautaire en trois projets

Energie solaire, horizon 2050

Une construction en brique aux Plaines-du-Loup

Le bois à l’honneur à l’école Steiner

Saint-Mathieu, un nouveau quartier à Bernex

UNE ÉDITION ESPACESCONTEMPORAINS.CH CHF 8.–
CONSTRUCTION & BÂTIMENT N°3 / JUIN –JUILLET 2024

À partir de 2050, la Suisse ne devra plus rejeter dans l'atmosphère de gaz à effet de serre. Pour cela elle devra exploiter tous les potentiels techniques, décarboner l’économie et créer les conditions cadres pour un environnement durable. Ainsi un large programme a été mis en place par la Confédération et les cantons : économies d’énergie, mobilité douce, production d’énergie renouvelable et nombreuses autres démarches et mesures.

D’ailleurs on commence à voir les résultats. La Suisse a émis en 2022 9 % de moins d’équivalent CO2 par rapport à l’année précédente. Et dans l’ensemble, les émissions sont 24 % inférieures à leur niveau de 1990. Dans le secteur du bâtiment, c’est même 44 % de moins.

Malgré tout cela, la Suisse n’est vraiment pas sûre de pouvoir atteindre son objectif pour 2050.Nous avons même un retard au niveau du développement des énergies renouvelables. Avec 27 % d’énergies renouvelables en 2020, la Suisse se situe certes au-dessus de la moyenne de l’UE (à peine 19 %), mais nettement en dessous des chefs de file en la matière que sont la Suède (60 %) et la Finlande (environ 44 %).

Aujourd’hui, la Confédération et les cantons ont décidé de remédier à cela. Un des axes forts de cette volonté est de pousser la mesure la plus efficace, la moins compliquée à implémenter, celle qui repose principalement sur des leviers techniques. On parle du développement de l’énergie solaire. D’ailleurs l’acceptation par le peuple de la Loi sur l'approvisionnement en électricité va lui donner un grand coup d’accélérateur. On parle de se passer bientôt des énergies fossiles et nucléaires dans la production de notre électricité. Mais la question de fond est la suivante : est-ce que tout cela sera suffisant ? En effet, en 2021, l’ensemble des pays de la planète avait généré quelque 37,1 milliards de tonnes d’émissions de CO₂. La Suisse, elle, en a généré 35 millions, soit 0,01 % de l’ensemble des émissions de la planète. À méditer…

4 CONSTRUCTION & BÂTIMENT ÉDITO
Maroun Zahar

CONSTRUCTION & BÂTIMENT

Rénovation d’un immeuble genevois

Un immeuble dans le quartier de la Petite Prairie à Nyon 92 Quartier Saint-Mathieu, première étape du Grand Projet Bernex

Un nouveau quartier à Cossonay

Une résidence haut de gamme à Chêne-Bougeries 118 Closel, un bâtiment administratif et de services à Renens 126 Des logements en bois dans le quartier d’Isabelle de Montolieu à Lausanne ENTREPRISES.

Implenia, une entreprise impliquée et engagée

Vitrocsa dans un projet new-yorkais

Finstral Studio, un nouvel espace à Crissier

Nouvelle gamme d’équipements chez Electrolux

Zoom sur les entreprises locales

salons et congrès

6 CONSTRUCTION & BÂTIMENT SOMMAIRE 4 Édito ACTUALITÉS 10 Les news de l’architecture et de la construction INTERVIEW 14 David Valterio, une année à la tête de la FFE 16 Nicolas Rufener et la question sociale au travail pour la FMB REPORTAGE 18 Un complexe scolaire telle une agora à Bussigny 26
autrement, trois habitats communautaires TECHNIQUES DU BÂTIMENT 40 L’énergie solaire d’ici 2050 52 Les sanitaires dans les installations scolaires 58 Fixit, les caractéristiques de son béton mousse PROJETS 62 Un nouveau pavillon pour l’École Steiner à Bois-Genoud 68
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AGENDA 146
Vivre
Un immeuble en brique aux Plaines-du-Loup à Lausanne
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Expos,
03/24 62 126 18 36 28 92

AGORA

Un nouveau quartier en plein développement voit le jour à Bussigny. Le complexe scolaire, tel une agora, offre un nouvel espace public au quartier, étayé de liaisons piétonnes, visuelles et paysagères.

texte : Marielle Savoyat

© Rasmus Norlander

Profiter du programme public que constitue un complexe scolaire pour créer un pivot dans un quartier en plein essor, qui à la fois réunit, relie et offre des repères, c’est le doublé gagnant à Bussigny. Pour les enfants scolarisés, l’expérience sociale du quartier renforce leur confiance en soi, leur autonomie et leurs capacités d’orientation. Cette récente réalisation joue sur plusieurs plans pour soutenir ces vertus, qui contribuent à la cohésion de voisinage.

LIAISONS PLURIELLES

Une composition avec trois volumes distincts dessine une généreuse esplanade centrale publique qui se laisse traverser de part et d’autre. Un lieu qui, tel une agora, offre bien plus qu’un passage ou une distribution spatiale, c’est surtout un espace public qui invite à l’arrêt et à la rencontre. Ce préau principal devient le cœur du projet, pôle majeur de la vie scolaire, au caractère identitaire. Conçu comme un prolongement diagonal de la place

publique située plus bas au sud, il dégage des percées visuelles à travers le quartier et crée des liaisons piétonnières pour le voisinage. Depuis cet espace central, il est très aisé de rejoindre d’autres espaces de jeu extérieurs, tous liés aux bâtiments. Tout comme pour les volumes, la division des surfaces en plein air en plusieurs zones différenciées permet d’en réduire l’échelle et d’en faciliter le sentiment d’appartenance et d’appropriation. L’insertion des bâtiments dans la pente naturelle du terrain offre l’avantage de créer plusieurs niveaux d’accès indépendants les uns des autres, liés chacun à l’environnement direct. Chacun des bâtiments possède ainsi deux niveaux de référence, ce qui crée une grande fluidité de circulation sur le site.

REPÈRES ET CONSTANCE

Les trois volumes adoptent un langage architectural similaire et régulier, mais se distinguent grâce à l’usage de couleurs pastel propres. Proches en intensité, les teintes sont intégrées

© Rasmus Norlander 20 CONSTRUCTION & BÂTIMENT REPORTAGE
21 REPORTAGE CONSTRUCTION & BÂTIMENT

Les modèles de ménages familiaux se sont fortement diversifiés cette dernière décennie et le traditionnel « deux parents et deux enfants » n’apparaît plus forcément comme la norme. Pour autant, peu de logements contemporains proposent des alternatives aux trois ou quatre pièces classiques. En parallèle, la pression sur le foncier devient de plus en plus exacerbée, les surfaces constructibles se font rares dans les villes de Suisse romande. Alors comment continuer à densifier tout en garantissant une certaine qualité de vie ? Vivre autrement, diminuer les surfaces privatives pour proposer de généreux espaces partagés entre plusieurs foyers apparaît comme une piste ouvrant des potentiels. Cependant, même si la démarche tend à se développer dans les grands ensembles, grâce notamment aux coopératives, elle séduit encore peu à l’échelle de la villa multifamiliale. Découvrons trois exemples romands de petite taille qui ont su mêler convivialité et intimité, avec art et subtilité !

HABITATS COMMUNAUTAIRES :

VIVRE AUTREMENT

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Marielle Savoyat
© Nora Rupp

RÉUNIR

À Villy, l’intention de construire sur le terrain familial pour une fratrie de trois enfants s’est transformée en tremplin pour une formidable opportunité de réunir une famille autour d’un espace communautaire.

L’ancienne maison des parents datant des années 1960 est devenue le pivot central de trois nouvelles unités d’habitation qui s’égrènent autour. Le projet de Madeleine Architectes rebondit sur la démarche collective des membres de la fratrie qui souhaitaient tous habiter le terrain familial hérité. Tandis que les trois nouveaux volumes accueillent chacun un logement pour l’un des deux frères ou la sœur, la bâtisse existante devient le cœur du projet et protège dorénavant tous les espaces communs fermés non chauffés. Une nouvelle toiture, dont l’un des deux pans est réalisé en polycarbonate, laisse entrer un maximum de lumière à l’étage, totalement évidé. Ce dernier se voit dédié à une généreuse pièce communautaire reliée aux logements par des passerelles, tel un salon annexe. Un escalier ainsi qu’une passerelle permettent également d’y accéder directement depuis l’extérieur. Tout un jeu de parcours diversifiés se met alors en place. Les espaces de services qui occupent le rez-de-chaussée (buanderie, local technique, caves) sont desservis par l’extérieur via une « rue » à ciel ouvert, générée par l’interstice laissé entre

les unités et le pourtour de l’ancienne maison parentale. Cette zone de circulation extérieure permet également de créer un seuil pour chaque entrée individuelle.

Deux espaces extérieurs couverts partagés font écho à l’espace commun de l’étage et offrent d’autres opportunités de rencontre entre foyers. L’un en double hauteur marque l’entrée principale ; l’autre sert de terrasse couverte commune. Une grande flexibilité d’usages est autorisée selon les évolutions familiales respectives. En ajoutant dans le futur une dalle au-dessus de l’entrée principale, cela supprimerait la double hauteur, mais permettrait d’agrandir l’un des logements si nécessaire. Chaque unité contient actuellement à l’étage trois chambres et une salle de bain. Les plans sont cependant pensés pour pouvoir affecter une pièce à un autre logement en cas d’évolution des foyers.

Si les espaces en commun sont valorisés, la privacité de chacun est pour autant préservée. Les séjours des logements s’ouvrent sur l’extérieur, et non vers le centre, chacun possédant une terrasse privée protégée des regards par des bosquets de vivaces. Aucun espace individuel n’est tourné vers l’intérieur. Un lieu à la fois fédérateur et respectueux de l’intimité de chaque foyer.

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© Séverin Malaud
29 REPORTAGE CONSTRUCTION & BÂTIMENT
© Séverin Malaud
© Séverin Malaud
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© Séverin Malaud

MADELEINE ARCHITECTES

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Fondé en 2017 par Maxence Derlet et François Nantermod (associé jusqu’en 2022), le bureau s’associe à Antoine Béguin en 2020. L’approche conceptuelle en quête de sens s’attelle à requestionner la demande, la « détourner » pour l’amener vers des alternatives insoupçonnées, faisant naître des idées programmatiques fortes. D’horizons différents (Belgique, EPFL), les associés apportent un regard innovant aux projets – et même sur la manière de les communiquer : par de courts films, qui mettent en scène l’humain au cœur des espaces réalisés.

Projet réalisé en collaboration avec François Nantermod.

31 REPORTAGE CONSTRUCTION & BÂTIMENT

LA DURABILITÉ DANS L’ADN

Destiné aux collaboratrices et collaborateurs du CHUV, le nouveau bâtiment Isabelle de Montolieu trouve son ADN dans une construction avec des objectifs de durabilité élevés..

texte : Aurore de Granier photos : Sacha Di Poi, hiris.ch

C’est un projet d’envergure qui a été mené par les architectes de CCHE. Ce développement, dirigé pour le compte de la caisse de pension de l’État de Vaud par Retraites Populaires, concerne la démolition-reconstruction d’un immeuble d’habitation, majoritairement composé de studios destinés aux collaborateurs du CHUV, dont les normes ne répondaient plus aux attentes contemporaines. De ce constat a découlé le lancement d’un projet profondément ancré dans une démarche durable. Une volonté du maître d’ouvrage, partagée par la Ville de Lausanne et les architectes, qui se manifeste alors à travers plusieurs pans du projet. Emploi de matériaux plus écologiques, préservation du parc environnant et conservation des fondations ont permis la demande du label Minergie Eco.

LA DURABILITÉ COMME MOT D’ORDRE

La transformation de l’immeuble Isabelle de Montolieu prend source dans un besoin de réfection des lieux devenu une priorité. Bâti dans les années 1970 sur une parcelle boisée, le bâtiment ne répondait plus aux normes énergétiques ni sécuritaires actuelles. Sa fonction, elle, devait rester la même : accueillir des studios d’habitation servant de logement transitoire aux employés du CHUV. Dès sa genèse, le projet s’inscrit dans une démarche de construction durable. « Le maître d’ouvrage nous a fait part de son souhait de rénovation du bâtiment. Après études, nous nous sommes rapidement rendus compte qu’une rénovation standard ne permettrait pas d’atteindre les

niveaux d’exigence demandés. L’analyse des sous-sols ayant révélé qu’ils étaient sains et nécessitaient uniquement un renforcement, il a été décidé de démolir les étages hors-sol de l’immeuble pour les reconstruire sur la dalle de parking », explique Barbara De Feo, cheffe de projet développement pour CCHE Lausanne SA. Limités par les normes du plan d’extension, les architectes reprennent les codes du bâtiment originel, sa forme restant pour ainsi dire similaire, pour un volume légèrement augmenté.

La durabilité de ce projet passe également par le choix des matériaux. La structure du bâtiment est réalisée en bois à partir du rez supérieur. Sélectionné pour son caractère durable, il l’est aussi pour ses avantages de construction. En effet, tous les éléments ont pu être préfabriqués et amenés sur le chantier au moment du montage, réduisant le temps de construction de près de deux tiers face à un chantier traditionnel. Le bois se décline également sur la façade de l’immeuble. « L’esthétique de la façade a été sélectionnée pour afficher clairement le caractère durable des lieux. De plus, la parcelle étant située au milieu d’une zone boisée, cela permet au bâtiment de mieux se fondre dans son environnement. » Les studios et quelques appartements de 2 et 3 pièces, pour 67 logements au total, ont eux aussi été pensés dans cette même logique. Le bois est là encore omniprésent, notamment au plafond. Un choix de finitions sobres a permis de mettre en valeur cet élément, mais également de gagner en clarté.

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UN CHANTIER AUX DÉFIS PLURIELS

La situation géographique du projet s’est rapidement imposée comme un défi aux équipes d’architectes de CCHE et à l’entreprise générale en charge du macro-lot de la structure ainsi que de l’enveloppe, Renggli. Le bâtiment étant implanté dans un parc arboré, la construction a dû s’adapter à cette contrainte naturelle, le maître d’ouvrage et la Ville désirant tous deux préserver les spécimens. « Composer avec cette contrainte a été très complexe, notamment pour la réalisation des gros éléments, tels que la structure et la façade. Nous avons passé chaque arbre en revue et les avons protégés, abattant uniquement les arbres malades ou déjà morts », complète Barbara De Feo. Ces derniers sont réutilisés dans les aménagements extérieurs du projet, leurs troncs transformés en bancs, structures de sport en plein air ou cheminement piéton d’accès au bâtiment. Le second défi majeur de ce chantier réside dans l’obtention du label Minergie ECO. Une condition sine qua non pour le maître d’ouvrage qui désirait inscrire cette reconstruction dans une veine aussi durable que possible. L’accent a tout d’abord été mis sur l’isolation thermique du bâtiment, chauffé à terme grâce au chauffage à distance. Les matériaux ont par la suite été sélectionnés avec soin. Les peintures, revêtements de sol et les autres matériaux ont alors été choisis selon leur labellisation écologique. Une partie du béton utilisé était également issu de matière recyclée.

Pour Vincent Luyet, responsable communication MinergieCECB, ce projet symbolise « une avancée significative pour la construction respectueuse de l’environnement en Suisse ».

Enfin, le label Minergie ECO met également l’accent sur le bien-être et la qualité de vie des utilisateurs des bâtiments. Pour les équipes en charge du projet, il est crucial d’apporter un maximum de confort aux futurs locataires des studios. L’accent a notamment été placé sur l’apport de lumière naturelle. Le caractère arboré du site limite en effet sa diffusion dans les espaces intérieurs. Pour remédier à cette problématique, des fenêtres de taille conséquente ont été pensées, pourvues de garde-corps en métal, ainsi que des sols permettant une plus grande réflexion de la lumière dans un objectif de « transparence ». Toujours dans cette optique d’apport positif quant à la qualité de vie, on note également que l’un des appartements a été pensé pour accueillir des personnes en situation de handicap, comme l’expliquent les équipes CCHE : « La collaboration fructueuse avec le CHUV et l’EPFL, futurs locataires, a été saluée par l’ensemble des intervenants. Elle a débouché sur la création de l’appartement 92-001 situé au rez supérieur, visant à accueillir des personnes en situation de handicap moteur pour l’apprentissage de leur autonomie. » Un exemple de durabilité qui accueillera bientôt ses premiers locataires.

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LE SERPENT URBAIN

Aux Plaines-du-Loup, la pièce urbaine C aurait pu s’appeler « S » en référence à la forme dont les pleins et les déliés serpentent d’est en ouest du site. À la découverte de ce bâtiment de logements et activités.

texte : Agata Miszczyk photos : Federico Farinatti

Au cœur du nouveau quartier, la première pièce urbaine mise au concours exige une forme de barre de presque 200 mètres de long avec, à sa proue, une tour donnant sur la route. Pour signifier la morphologie attendue par le jury, tout en la rendant viable pour les futurs usagers et pour la ville, l’architecte Nicolas de Courten dynamite la barre en deux endroits. Les modules en S feignent de se répéter et camouflent les légères exceptions qui garantissent les alignements imposés par le plan d’urbanisme. Un serpent loge dans les hauteurs de Lausanne.

FORMES ET TYPOLOGIES

Au gré de ses redents, le bâtiment ondule et départage le côté public, au sud, du privé, au nord. Les équipements (crèche, accueil parascolaire, laverie, commerce de proximité) et les accès aux bâtiments sont organisés au sud autour des cours destinées à la vie collective. Au nord, les cheminements piétons, bordés d’arbres et de noues de rétention d’eau, tiennent les passants à distance des façades.

À l’intérieur, l’architecte s’affranchit de la typologie traditionnelle des appartements qui repose sur la division entre les espaces jour et nuit. Nouveaux modes d’habiter et de travailler obligent. La profondeur et la forme du bâtiment permettent une double orientation dans les petits logements et triple dans les grands. L’explosion du modèle jour/nuit est facilitée par les accès multiples à la lumière naturelle et répond

aux problématiques de vis-à-vis de ce dense quartier. L’habitat n’est plus un espace aux fonctions figées et la vie domestique est envisagée comme une migration au gré de la journée, en suivant la course du soleil ou de la vie.

LE SYSTÈME BRIQUE

Dès le concours, le monolithe appelait la brique. Fort de son expérience sur un lotissement à Sennhof (Winterthour) pour le bureau Esch Sintzel, Nicolas de Courten rassure les maîtres d’ouvrage qui valident la faisabilité de la proposition. Le bâtiment est conçu comme un véritable système qui régit tous les aspects du projet. Outre le système constructif, cette brique portante participe de la définition fine des dimensions du bâtiment. En effet, pour en optimiser l’utilisation, il faut faire avec la taille du module et en limiter les coupes et les saignées. La place et les proportions des ouvertures dans les façades découlent donc du calepinage des briques. Les éléments de finition sont posés en applique (lambrequins, tablettes, serrurerie) avec le souhait d’aller au bout du dispositif et de garantir la facilité du remplacement des éléments.

De plus, avec ce choix, l’architecte réalise un projet low tech : alvéolée, la brique est remplie de perlite (sable volcanique expansé), matériau isolant, et couverte d’un crépi minéral isolant. Ici, pas de scotch, de barrière-vapeur, ni de membrane, les façades « respirent » pour une auto-régulation

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