Construction&Bâtiment n°5/2021

CONS TRUCTION & BÂTI MENT PROJETS ET CHANTIERS DES PROFESSIONNELS DU BÂTIMENT

UNE ÉDITION

CHF 8.–

Du bon côté Quand l’économie se porte bien, quand le marché est stable et bien orienté, les entreprises et l’ensemble des acteurs du secteur n’ont pas de problème à pratiquer des prix justes. Les prix justes permettent d’avoir assez de marge pour envisager diverses formes de développement, par exemple faire de la formation, renforcer les compétences et les savoir-faire.

Les prix justes permettent aussi aux fabricants d’investir dans la recherche et le développement.

Bien sûr, c’est une façon schématique et linéaire de voir les choses. Cependant on convient que, d’une manière générale, une conjoncture stable et un marché serein sont bons pour tout l’environnement professionnel.

C’est aussi un bon contexte pour que les institutions et les milieux coopératifs s’attaquent aux questions prioritaires, telles que les questions sociales et écologiques.

Ceci est bien illustré par les propos de Jean-Claude Baudoin, directeur de la Fédération neuchâteloise des entrepreneurs qui affirme – dans le cadre de la présentation du nouvel Accord intercantonal sur les marchés publics – que « l’offre la plus avantageuse n’est pas forcément celle qui est le meilleur marché.

Les effets économiques, écologiques et sociaux des deniers publics sont pris en compte lors de l’attribution ».

En définitive, la question du développement durable est bien aussi une question de marché.

Maroun Zahar, Rédacteur en chef

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ÉDITO

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Édito

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ACTUALITÉS Les news de l’architecture et de la construction

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INTERVIEW L’Accord intercantonal sur les marchés publics Le béton, un matériau aux nombreux atouts Une formation supérieure romande pour les plâtriers

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PROJET La Maison de l’environnement à Lausanne Copernic, Perret-Gentil et Symbios, trois projets à Y-Parc, Yverdon-les-Bains Explorit, à Yverdon-les-Bains un pôle d’affaires et de loisirs Le Centre Taoïste – Ming Shan à Bullet Les Terrasses de Lavaux : un hôtel de luxe et deux PPE à Chexbres Ilôt Sud, un quartier façon village à Morges Les Lisières, un nouveau centre de vie à Gland Les Arases, nouveau quartier résidentiel à Conches La transformation du centre commercial de la rue de la Borde, à Lausanne

REPORTAGE Une extension entre deux immeubles à Lausanne Trois transformations respectueuses du patrimoine

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TECHNIQUES DU BÂTIMENT Énergie renouvelable : trois réalisations exemplaires Incendie, la résistance des structures Choisir une peinture d’intérieur saine La pierre naturelle, un matériau qui a de l’avenir

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ENTREPRISES Zoom sur des entreprises locales

DENSIFICATION DOUCE Et si optimiser les zones de villas était la solution ?

Deux cas d’études : une extension à Crissier et une transformation à Saint-Sulpice

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RÉTROSPECTIVE La 38e édition du salon Cersaie

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AGENDA Expos, salons, congrès et formations

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MIXITÉ CHOISIE La transformation et l’extension de deux immeubles d’habitation à Lausanne a donné naissance à un ensemble bâti hétérogène, aux typologies uniques et à l’allure intemporelle. texte : Héloïse Gailing photos : Tonatiuh Ambrosetti

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REPORTAGE

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Les bâtiments ruraux (granges, fermes, mayens, mazots, etc.) font partie du patrimoine suisse. Originellement utilisés pour abriter le bétail, stocker le fourrage et parfois pour loger l’homme, ces constructions sont aujourd’hui souvent laissées à l’abandon en raison de l’urbanisation et de la densification des communes qui perdent progressivement leur pratique agricole. Cela pose alors la question de la transformation du patrimoine bâti rural. Comment lui permettre d’accueillir de nouvelles fonctions tout en préservant l’histoire du bâtiment ?

Les trois projets suivants présentent des solutions pour transformer les granges en logements afin de les revitaliser et éventuellement de les densifier sans dénaturer les caractéristiques principales de l’existant.

Des projets contemporains qui font perdurer le patrimoine.

Salomé Houllier Binder

GRANGES EN RECONVERSION 34

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REPORTAGE

© Thomas Jantscher

© Thomas Jantscher

HARMONISER L’ANCIEN ET LE NOUVEAU Cette ancienne grange située dans le village d’Ollon (VD), a été achetée par le maître de l’ouvrage en 2015 pour en faire sa résidence principale. Vue de l’extérieur, elle conserve une apparence traditionnelle à l’exception de quelques éléments contemporains. Les murs en moellons ont pu être conservés et isolés de l’intérieur. Seules la façade ouest et une partie de la façade nord étaient trop abîmées et ont été démontées et reconstruites en réutilisant les pierres d’origine. La position des ouvertures, le linteau et la porte en bois ont aussi été maintenus.

La transformation a donc principalement consisté en un réaménagement intérieur. Afin d’occuper le sous-sol semienterré dont la hauteur sous plafond était trop basse, la dalle du sol a été abaissée d’une vingtaine de centimètres. Il abrite maintenant une chambre/bureau, une salle de bain, une cave et un local technique. L’étage principal reprend la structure ouverte d’origine pour proposer un espace d’un seul tenant, hiérarchisé par un bloc de services (sanitaires, cuisine, escaliers, rangement) qui ne s’étend pas sur toute la hauteur. La partie jour se trouve à l’ouest tandis que la chambre se trouve à l’est, surélevée de quelques marches. Ce décalage reprend la pente du plancher d’origine et s’adapte ainsi aux ouvertures existantes.

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Il permet aussi d’articuler les espaces et renforce l’aspect privé de la chambre. Enfin, il permet d’encastrer la baignoire. Objet contemporain marquant, celle-ci est posée à même le sol de la chambre, sans alignement prédéfini.

Le sol est réalisé avec un béton noir teinté dans la masse.

Les parois et la toiture sont revêtues de panneaux en sapin lasuré en noir, procurant ainsi un intérieur unifié et neutre.

Les ouvertures ont été conservées afin préserver l’histoire de la grange. Les trois ouvertures latérales réinterprètent le langage des claustras en bois qui permettaient la ventilation.

Les nouvelles claustras posées devant les fenêtres assurent désormais une certaine intimité aux habitants. La façade ouest, rebâtie à neuf, possède une grande fenêtre sur toute la largeur et donne à l’espace de jour la vue sur la vallée du Rhône, profitant du dégagement dû au terrain en pente.

Ainsi, la maison Bornet jongle entre un extérieur principalement vernaculaire et un intérieur beaucoup plus moderne. Elle conserve les éléments intéressants d’origine sans pour autant figer le projet dans un état historique. En jouant avec des matériaux contemporains, les architectes parviennent à une transformation totale qui respecte l’existant.

REPORTAGE

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© Thomas Jantscher

© Thomas Jantscher

UNE MAISON MULTIFAMILIALE À L’EXTENSION AUTONOME

Située à Crissier, dans la périphérie lausannoise composée majoritairement de petits volumes solitaires, la Maison E est un projet familial qui évoque la mutation progressive du tissu urbain.

Texte : Salomé Houllier Binder Photos : Michel Bonvin

Le bâtiment existant se développe sur trois niveaux avec un appartement par étage et une circulation commune. La longue parcelle permet de réaliser une extension relativement conséquente.

Dans ce contexte, le propriétaire a souhaité créer une extension occupant la surface maximum autorisée afin de créer de nouveaux logements dédiés à sa famille ou à la location.

Celle réalisée par Tribu Architecture en 2016 propose deux

de la parcelle, les architectes ont pris la décision de s’aligner au bâtiment existant, à l’avant comme à l’arrière, ce qui leur permet de réaliser deux étages, avec un usage de la toiture. L’extension vient aussi s’aligner en hauteur, au niveau de la corniche. Enfin, le volume en toiture situé à l’extrémité de la façade nord et correspondant à la terrasse répond à la tourelle existante qui contient la circulation verticale.

Mais d’un point de vue structurel et architectural, le parti

logements indépendants de l’existant et une terrasse en toiture pour le propriétaire, compensant ainsi la portion de jardin qui a été construite. L’existant n’a, quant à lui, pas été touché hormis un rafraîchissement de la façade, une petite intervention pour créer un accès à la terrasse et l’installation de panneaux solaires sur un pan de la toiture.

pris est celui d’une démarcation nette de l’existant. À l’exception de l’accès à la terrasse, les deux constructions sont indépendantes. D’un point de vue constructif, l’extension vient s’accoler à l’existant mais ne reprend pas sa structure. Un nouveau mur a été ajouté contre la façade. Enfin, le langage architectural se détache de l’existant afin de mettre en valeur le volume et de l’affirmer comme construction neuve et autonome.

ENTRE AUTONOMIE ET RAPPEL DE L’EXISTANT Le projet oscille entre dialogue avec l’existant et indépendance vis-à-vis de ce dernier. La volumétrie s’inspire du bâtiment d’origine, autant par son échelle que par certains éléments caractéristiques. Le règlement constructif de Crissier établissant une hauteur décroissante à mesure que l’on se rapproche de la limite

UNE CONSTRUCTION RAPIDE Hormis le radier en béton, l’extension est entièrement réalisée en bois. En plus de la sensibilité écologique du maître de l’ouvrage et des architectes, l’une des préoccupations majeures était de réduire au maximum les nuisances pour le propriétaire

DENSIFICATION DOUCE

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qui continuait d’habiter le bâtiment. La préfabrication en bois a permis de minimiser le temps de chantier – une semaine de montage sur le site avec uniquement un camion-grue – et donc de limiter les nuisances habituelles liées aux travaux.

Les caissons bois de la dalle reposent sur une paroi massive apparente qui constitue la colonne vertébrale de la maison. Les façades sont réalisées à l’aide d’une charpente préfabriquée en bois recouverte de lames de bois grisé, ce qui permet une expression discrète et subtile dans un environnement bâti ma-

brute dans la cuisine, le séjour et l’une des chambres. Cette 0 9m. dernière, accessible par une porte coulissante, est une pièce multifonctionnelle qui peut servir de chambre à coucher, de bureau ou autre fonction. Des alcôves sont aménagées dans chaque pièce. Élémentaires, les mobiliers intégrés sont toutefois retravaillés sur quelques détails afin d’apporter une touche plus personnelle ; c’est le cas par exemple des poignées des meubles de cuisine.

joritairement minéral.

UNE DENSIFICATION PAR « TISSAGE » Avec ses panneaux photovoltaïques et thermiques, son chauffage à distance et sa structure en bois, la construction possède des performances équivalentes au label Minergie. La Maison E présente un bel exemple de densification douce. Le nombre de logements est augmenté et le terrain à disposition est ainsi rentabilisé au maximum de ses capacités, dans une composition harmonieuse, contemporaine et respectueuse de l’environnement. Habitué à ce type d’extension, le bureau Tribu Architecture travaille aussi sur des projets de densification de plus grande échelle, mais toujours avec l’idée de tisser des liens avec l’existant et de travailler cet objet qu’est la ville.

SIMPLICITÉ ET EFFICACITÉ DES ESPACES Une entrée à l’est, par une zone froide, dessert l’appartement du rez-de-chaussée. Celui du premier étage est quant à lui accessible par un escalier privé au nord. Tous deux de 4,5 pièces, les appartements suivent une même logique typologique qui privilégie une bonne orientation des espaces pour un ensoleillement optimal et une organisation autour d’un espace de vie triplement orienté. Chaque appartement possède un dégagement sur l’extérieur sous forme de terrasse ou de loggia.

La conception spatiale reste volontairement sobre offrant un degré d’appropriation plus élevé. La chape au sol est laissée

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Surnommé «Le petit château» en référence au bâti existant, le projet constitue une proposition cohérente à la mutation progressive du tissu peu dense de la périphérie lausannoise, composée de petits volumes solitaires.

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PROJETS

DANS L’ESPRIT D’UN VILLAGE À Morges, le projet Îlot Sud crée une nouvelle centralité autour de la gare. Disposés en îlots, les bâtiments s’échelonnent de 3 à 17 étages.

© Pool Fehlmann Magizan

Magaly Mavilia

© Pool Fehlmann Magizan

Le traitement des façades donne son identité à l’ensemble du site.

Les différentes affectations; commerces, bureaux et logements, sont marquées par le jeu du métal et du verre.

Le projet Îlot Sud est l’histoire d’une rencontre entre deux bureaux d’architecture : Fehlmann Architectes à Morges et Magizan SA à Lausanne. Une rencontre provoquée par Implenia dans le cadre d’un concours d’architecture en entreprise totale organisé par le maître de l’ouvrage, la Société immobilière de la Place de la Gare A SA. « Ce lieu avait quelque chose d’important,

UN VILLAGE DANS LA VILLE Le cahier des charges impliquait la réalisation de 162 logements de standing allant du studio au 5,5 pièces, près de 1400 m2 d’espaces modulables pour des commerces de plain-pied, et une surface totale de 3800 m2 de bureaux divisibles. Réparti en îlots, cet ensemble cohérent s’agence autour d’une cour qui rappelle

autant pour Serge Fehlmann qui vient de Morges, que pour moimême qui vient d’Apples, déclare Oliver Fazan Magi. Mais ce qui importe surtout, c’est le lieu, cette ville de Morges qui vivait un peu au ralenti depuis de nombreuses années. Développer ce grand projet d’une nouvelle centralité initié autour de la gare a été une aventure passionnante. » « Parmi les dix candidats, le choix n’a pas été facile pour le jury, confie José Benito, Asset management (UBS Fund Management) représentant du maître d’ouvrage. Nous voulions un projet qui sorte du lot mais qui corresponde aussi à notre vision de la location au niveau qualitatif. Pour ma part, la répartition des surfaces, la présence de loggias et de la cour intérieure m’ont tout de suite séduit. »

l’esprit des villages et de leur place animée. L’entrée des logements se fait par l’intérieur de la cour, tandis que les accès pour les surfaces administratives et les commerces sont à l’extérieur. À terme, le projet accueillera près de 600 habitants et 400 emplois.

CONCEPT VOLUMÉTRIQUE Le pool d’architectes a dû intégrer son concept dans un master plan établi par la Ville de Morges.

Le défi initial consistait à définir la volumétrie de cette nouvelle centralité en tant que repère au sein de la ville. « Face à des situations assez contrastées, l’idée d’une agrégation de différentes pièces s’est imposée », précise Olivier Fazan Magi. « L’implantation

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