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Les refuges de la première heure : genèse et développement

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Introduction

Introduction

Refuge

Un refuge est un bâtiment dont l’accès n’est pas possible par la route contrairement au chalet, accessible, quant à lui, par la route ou un chemin forestier. Ainsi, certains bâtiments, passent du statut de chalet en été à refuge en hiver car coupé de toute voie de circulation par la neige (ex : Chalet-refuge du Pré de Madame Carle, massif des Ecrins).

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I/ De l’abris aux premiers refuges des Ecrins

Durant l’Antiquité et le Moyen-Age, en altitude, les Alpes étaient inhabitées à cause des conditions climatiques particulièrement rude. Ce milieu était ainsi réservé à quelques « autochtones », des chasseurs, des bergers, des chercheurs de cristaux et des contrebandiers qui s’abritaient dans des abris sommaires en bois ou en pierre. Il faudra attendre la Renaissance pour voir apparaître les premiers hôtels et monastères sur les cols alpins majeurs mais les traversées demeuraient rares et surtout très dangereuses avant la création de premiers petits « refuges » contre les tempêtes appelées « tourmentes » au Col du Mont Cenis entre la France et l’Italie puis l’ouverture du tunnel de Fréjus en 1871. Des passeurs ou « marrons », souvent des chasseurs ou bergers, aidaient donc les voyageurs et les travailleurs saisonniers à entreprendre de tels trajets dès le XVe siècle en échange d’argent. Ils avaient pour rôle d’aller secourir les personnes perdues en haute-montagne ou bien mêmes récupérer les cadavres des plus malchanceux parfois pris dans la tempête.

Dans les Hautes-Alpes, les alpinistes jusqu’à la fin du XIXe siècle reprenaient les techniques employées par les locaux afin de s’abriter à savoir les abris de bergers, de chasseurs… Ces alpinistes étaient, dans un premier temps, des géographes à l’instar du Capitaine Adrien Durand, premier Homme à gravir le Pelvoux, sommet culminant à 3946 mètres d’altitude, en 1828. L’objectif était, à l’époque, de réaliser des relevés et des études de territoire dans des buts militaires et/ou scientifiques.

Dessin d’Edouard Whymper représentant le Pelvoux et l’Ailefroide vue de Mont-Dauphin, Passion montagne 05, URL: http://www.passionmontagne05.fr/wp-content/uploads/escalades_alpes_ whymper_1872_pelvoux_mont-dauphin.jpg

Napoléon Ier fut le premier à pousser à l’implantation de six refuges reliant la France à l’Italie. Ils ont, ensuite, été réalisés entre 1856 à 1860 par l’administration départementale des Hautes-Alpes, en haut des cols les plus stratégiques : l’Agnel, l’Izoard, le Lacroix, le Manse, le Noyer et le Vars. Aujourd’hui, il n’en demeure cependant que quatre puisque les refuges des Cols Lacroix et Agnel disparurent sous les effets du climat hostile. Ces refuges s’apparentaient, cependant, à des postes de contrôles et de passages aux frontières. Leurs architectures se rapprochaient ainsi plus de l’auberge que du vrai refuge alpin avec une structure en maçonnerie et en pierre, une surface importante avec étage et un assez bon confort afin d’accueillir les marchands et les voyageurs.

Les premiers « vrais » refuges de haute-montagne rapportés étaient, quant à eux, des abris à même la roche, les balmes, à peine aménagés avec un ou deux murs venant fermer le tout. Dans ces cas-là, ils adoptaient des matériaux trouvables sur place ou apportés à pied et à dos d’ânes en fonction de s’ils étaient construits en pierre ou en bois. Particulièrement frugaux dans leur constitution, les refuges n’étaient donc constitués que d’une seule pièce qui fut changée en pièce commune pour accueillir les premiers alpinistes au cours de leurs ascension. Les plus connus d’entre eux étaient alors les abris « Puiseux » et « Tuckett » respectivement décris en 1848 sur le sentier de l’ascension du Pelvoux pour l’un et en 1862 sur le sentier de l’ascension de la Barre des Ecrins, sommet gravis pour la première fois en 1864 par l’anglais Edouard Whymper. Ces « refuges-grottes », utilisés dans un premier temps en plus des simples cabanes d’alpages, ne perdurèrent cependant pas à cause des problèmes d’humidités et d’insalubrité occasionnés par les parois naturelles nonétanches. Ce fut la seule typologie de « cabane » dépourvue de toute parois naturelles qui sera donc retenue au fil du temps par le Club Alpin Français, association qui mènera la construction et l’évolution de la grande majorité des refuges en France, et ce, jusqu’à aujourd’hui.

II/ Le Club Alpin Français (CAF) : initiateur majeur du développement des refuges

Fondé en 1874 par « un groupe d’intellectuels aux préoccupations patriotiques, sportives et morales », le Club Alpin se distingue des autres associations sportives par son domaine d’application à savoir la Montagne en général et non un sport spécifiquement. L’objectif est ainsi « d’encourager et favoriser la connaissance de la montagne et sa fréquentation individuelle ou collective en toutes saisons » et notamment « la construction, l’amélioration et l’entretien de refuges, chalets, abris et sentiers » (Louis Chiorino, Histoire de refuges en Vallouise, 2002). Les refuges sont, effectivement, vus comme essentiels à la pratique de la Montagne et au développement du tourisme et de l’alpinisme. Le Club Alpin va alors mettre en place la Commission des travaux en montagne et des partenariats avec d’autres associations privées telle que la Société des Touristes du Dauphiné, fondée en 1875, pour initier et financer la construction des premiers refuges dans les Alpes. Des Sections locales (qui deviendront par la suite des Clubs Alpins locaux) sont créées dans le but de gérer ces nouveaux refuges de leurs travaux initiaux à leur fonctionnement quotidien. Les Sections s’engagent dès lors à construire les refuges le long des sentiers qu’elles tracent grâce aux dons puis aux aides de l’Etat français à partir de 1922. Ces sentiers, sensés guidés les promeneurs et assurer un certain cadre sécuritaire, commencent à être tracé à partir de 1876 par les Sections, d’où l’essor des premiers refuges à partir de l’année suivante. La Section de Briançon, en charge des refuges situés dans les Ecrins, sera par ailleurs l’une des plus actives.

En effet, cette Section pousse très rapidement à la construction de premiers refuges alpins afin de remplacer les abris existant peu adaptés mais aussi pour densifier les Ecrins en refuges et rendre leur parcours plus simple. Après un premier bâti pensé en pierre (le refuge Cézanne envisagé dès 1876 au pied de la Barre des Ecrins, dans l’actuel pré de Madame Carles vers 1900 mètres d’altitudes), l’idée de refuges en bois préfabriqués selon une technique novatrice élaborée par l’ingénieur Ledeuil est adoptée par la Section. Inaugurée en 1878 avec le refuge de La Lauze puis en 1891 avec le refuge Lemercier, ces « cabanes » en bois « goudronné » afin de résister à l’humidité étaient construites en pièces détachées dans un atelier de Paris. Les panneaux préfabriqués étaient ensuite ramenés par voie ferrée grâce aux gares de Briançon et de l’Argentière-la-Bessée, avant d’être acheminés à dos d’ânes sur le site prévu. Plus légers (quatre tonnes seulement) et résistant à l’hiver, de nombreux refuges furent ainsi construits de cette manière à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle dans les Ecrins.

Construction du refuge modèle Lemercier, 1891-1894

Parc national des Ecrins, URL: https://www.ecrins-parcnational.fr/sites/ecrins-parcnational.com/files/ patrimoine/10551/body/000976.jpg

Intérieur d’un refuge en bois en 1906

Centre Fédéral de Documentation Lucien Devies, Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne (FFCAM), URL: https://centrefederaldedocumentation.ffcam.fr/csx/scripts/ resizer.php?filename=T004%2Fimg1%2Fb2%2F28%2F59t3nm2ciahz&mime=image%252Fjpeg&originalname=int%C3%A9rieur.jpg&geometry=1024x%3E&t=.jpg

Les refuges en bois construits de cette manière étaient en mélèze ou en pin, bois fortement présent dans les Ecrins. Spartiates et prônant la simplicité, ils étaient de forme rectangulaire et ne mesuraient que 7 mètres de long pour 5 mètres de large environ. Ces dimensions contenues et uniformes sur l’ensemble des refuges alpins ainsi fabriqués ne leur permettent alors d’être composé que d’une seule pièce rassemblant toutes les fonctions nécessaires aux visiteurs. On y retrouvait un équipement de cuisine, des couchages avec paillasses et couvertures et un poêle central alimenté au bois puis au pétrole. L’eau était captée sur place et définissait ainsi l’emplacement du bâti en plus des relevés pris à l’époques. On vérifiait notamment l’absence de couloirs d’avalanches ou de chutes de pierres et, bien évidemment, la présence d’un itinéraire tracé proche. Malgré tout, ces constructions en bois étaient aussi sujettes aux incendies et aux intempéries. De nombreux refuges en pierre, plus « classiques » furent donc construits à côté, ne donnant pas la prédominance du bois malgré sa facilité accrue de mise en place.

Les avènements combinés des chemins de fer dans la région du Club Alpin Français vont, à cette époque, permettre de populariser le massif des Ecrins auprès des touristes. Les Compagnies de chemins de fer, présentent depuis 1884 à Briançon avec la création de sa gare, aident, en effet, financièrement et techniquement le Club Alpin. Au même moment, des services de diligences, des voies routières et des hôtels sont ouverts démocratisant les Alpes du Sud. En conséquence, un système de gardiennage des refuges est mis en place en été. En effet, avant cela, les refuges étaient soit libres d’accès soit en demandant leur clef auprès des autorités en charge du refuge souhaité. Malheureusement, l’augmentation des affluences et des pillages menèrent à cette décision. Cependant, cela permis aussi d’offrir un service de restauration et d’informations.

Au début du XXe siècle, le Club Alpin et le tourisme au sein des Ecrins poursuit son développement avec l’essor de nombreux projets d’aménagements et notamment la création de l’Office national du tourisme en 1910. Le Club Alpin se diversifie aussi en se consacrant au tourisme général de Montagne et donc, par extension, au ski qui se démocratise et se popularise en particulier au cours des années 1920s. « La pratique hivernale de la montagne bouleverse le refuge, imposant son adaptation à la neige : entrées surélevées et protégées, local pour les skis, isolation thermique, chauffage » (Jean-François Lyon-Caen, « Un laboratoire architectural », L’Alpe n°88, 2020). Le ski alpin devient petit à petit une attraction très importante qui attire les populations au cœur des Alpes faisant de la Montagne la première destination touristiques hivernale des Français. L’Etat se met ainsi à financer partiellement la construction des refuges en 1922, jusqu’alors possibles que grâce aux dons, ce qui aidera grandement à leur rénovation et leur développement. Les premiers refuges tendent, en effet, à se détériorer voir se détruire à cause du manque d’entretien et de main d’œuvre.

III/ Les refuges à l’heure des « trente glorieuses » dans le massif des Ecrins

La seconde mondiale avec l’occupation allemande, les combats et les directives du gouvernement Pétain ont mis à mal les refuges alpins qui ne purent être développés et entretenus correctement. Bon nombre de ces derniers ont donc été détruits ou pillés tandis que le Club Alpin Français a frôlé la dissolution. Par conséquent, il mettra en place, grâce à l’aide de Lucien Devies, président du Club, une stratégie et une politique au long terme s’étendant de 1947 à 1974 afin de reconstruire et de développer les refuges en France. L’Etat puis les collectivités locales se mettent à financer largement le Club Alpin et tout particulièrement sa politique de développement. Les refuges augmentèrent alors en popularité et les randonneurs et autres alpinistes se multiplièrent au sein du massif.

Grâce à cette nouvelle subvention, le Club Alpin a pu agrandir et reconstruire les vieux refuges, transformant les simples cabanes originelles en des édifices pouvant accueillir jusqu’à plus d’une centaine de couchages à l’instar du refuge du Glacier Blanc, pensé dès 1941 et inauguré en 1948, qui en comporte 131. Ce refuge est alors réalisé à 2542 mètres d’altitude en maçonnerie et en pierre, plus résistant au bois et permettant la création d’un bâti constitué de deux étages. Certains des anciens refuges sont ainsi réaménagés en refuges d’hiver, plus compactes et simples, ne nécessitant pas de gardien. Les nouveaux refuges, plus imposant, sont longs à construire et les chantiers sont « bridés » par le temps d’acheminement des matériaux qui se déroule toujours à pied voir par câbles comme pour le refuge de la Pilatte au Sud des Ecrins, ouvert en 1954 à une altitude de 2577 mètres.

L’utilisation de l’hélicoptère, employé pour la première fois en 1957 pour les constructions des refuges du Soreiller et du Châtelleret au cœur des Ecrins, afin de monter les différents matériaux sur le site d’implantation a permis de radicalement raccourcir les temps de construction des refuges de même que leurs fabrications à proprement parlé. En effet, les hélicoptères ne pouvaient soulever des masses trop importantes. Les matériaux et les éléments emmenés sur le site de cette manière devaient donc être pensés à l’avance pour que leur taille et leurs poids ne contraignent pas trop leur transport par les airs. La maçonnerie, technique très populaire dans les Ecrins à cette période car plus solide et désormais plus facilement transportable, se basait donc directement sur les pierres présentes sur le site. Cela assurait par la même occasion une insertion parfaite de ces refuges dans leur environnement puisqu’ils devenaient plus discrets au cœur du paysage rocheux du massif malgré leur taille croissante.

Photographie d’un hélicoptère à l’occasion de l’inauguration du refuge des Grands Mulets en août 1960 Flickr, URL: https://live.staticflickr.com/606/20760280995_bc4abb16e7_b.jpg

Le refuge des Grands-Mulets en 2015

FFCAM, URL: https://refugedesgrandsmulets.ffcam.fr/csx/scripts/resizer.php?filename=T004%2Fimg1%2Fd4%2F26%2F53nl82765l20&mime=image%252Fjpeg&originalname=Refuge_grands_mulets.JPG&geometry=870x%3E

Le refuge de Chabournéou avec vue sur les pics du Loup Grenoble montagne, URL: https://th.bing.com/th/id/R3cdfad6bec7e9be945cd6f0904c25fb8?rik=1NOk1BGzDr9SgQ&riu=http%3a%2f%2fwww.grenoble-montagne.com%2fuploads%2fBallade%2fb2%2f592_492_chabour.jpg&ehk=TIXA8l4xgalSt2NGtsK952AIgw5HWDLDUfLm6Pc%2b1iM%3d&risl=&pid=ImgRaw

Les architectures filigranes avec ossatures métalliques (acier ou aluminium) ou en bois furent plus tardivement expérimentées dans les Ecrins malgré un développement important à la fin des années 1950s et au début des années 1960s au Nord des Alpes. Ces structures en préfabriqué sont conçues dans les vallées pour être ensuite montées et assemblées sur place rapidement à l’instar du refuge des Grands-Mulets en 1960 contenant 68 couchages, sur l’itinéraire historique du Mont-Blanc à 3051 mètres d’altitude. L’architecte François Lederlin, installé à Grenoble, a alors développé « une charpente métallique boulonnée sur chantier » avant d’être « recouverte à l’extérieur de plaques de duralinox et à l’intérieur de panneaux en bois contreplaqués avec, dans l’ossature, des panneaux de laine de verre et de mousse de polystyrène ». Lederlin construisit, ensuite, dans les Ecrins des refuges reprenant le principe employé lors de la réalisation des Grands-Mulets avec, cette fois-ci, une structure en bois à plus petite échelle (refuges de Font-Turbat en 1961 avec 24 places, Chabournéou en 1968 avec 44 places,…) mieux adaptée aux contextes environnementaux et touristiques du massif, moins connu et fréquenté que celui du Mont-Blanc.

Ainsi, au cours de l’après-guerre, les randonnées sont mises en avant et amènent à l’accélération du développement du tourisme estival des Ecrins et des refuges afin d’accueillir les nouveaux visiteurs. Au début des années 1970s, avec notamment la création du Parc national des Ecrins en 1973, un nouveau type de refuge basé sur des chalets de « weekend » ou des ermitages isolés existants qui sont alors reconvertis est créé avec, par exemple, le refuge de Chalance à 2550 mètres d’altitude. Le nombre de places dans les refuges quadruplera en France en trente ans entre ces initiatives et l’arrivée de l’hélicoptère. De plus en plus de visiteurs veulent tenter de rallier ces constructions autrefois uniquement atteignables par les seuls alpinistes. Les refuges deviennent donc des acteurs majeurs du tourisme de Montagne et Le Club Alpin sera, par conséquent, « l’artisan principal du développement économique des hautes vallées des montagnes de France » (Centre Fédéral de Documentation Lucien Devies de la FFCAM, « L’Aménagement de la montagne et les Refuges »).

Le refuge de Chalance

Parc national des Ecrins, URL: https://www.ecrins-parcnational.fr/sites/ecrins-parcnational.com/ files/styles/max_lightbox_size/public/sitra-hebergement-collectif/15967/1523248-diaporama_0.jpg?itok=N

IV/ La prise de conscience environnementale, vers de nouveaux enjeux et débats

Ce n’est que dans les années 1970s, sous l’impulsion du nouveau Parc national des Ecrins et la première crise pétrolière de 1974, qu’une prise de conscience collective quant à l’impact de tels développement et fréquentation touristique a lieu dans le massif des Ecrins. En France, les refuges sont alors des lieux où les déchets et les eaux usées sont mal ou pas traités du tout amenant petit à petit à un entassement de ces derniers. Dès 1978, des mesures sont donc prises par le Club Alpin afin d’obtenir des « améliorations nécessaires dans le traitement des détritus et des eaux usées, et la recherche du meilleur procédé d’assainissement en altitude ». L’objectif est ainsi d’assainir les refuges de montagne et leur environnement notamment par le tri, le compostage et la descente régulière des déchets vers les vallées. De nouvelles normes sur la construction des refuges, leurs fonctionnements et leur site d’implantation sont adoptées tandis qu’une campagne de sensibilisation du publique est mise en place afin de favoriser des comportements plus respectueux de l’environnement. On favorise alors les réhabilitations, les extensions et les reconstructions à la création de nouveaux refuges.

De plus, une politique uniforme sur le territoire français est instaurée par le Club Alpin en 1986 en accord avec ses partenaires dont, notamment, les Parcs nationaux et régionaux. L’objectif est, de cette manière, de redéfinir le rôle du Club :

- « En haute montagne, maintenir les équipements présents, en les adaptant aux normes de sécurité et en fonction de la finalité du bâtiment, sur son lieu d’implantation. Tout nouveau projet sur site vierge sera examiné en fonction de la nécessité de maintenir des territoires à l’état de nature et de la capacité écologique d’accueil.

- En moyenne montagne, outre le maintien et l’adaptation des bâtiments existants, favoriser le développement des gîtes d’étape en liaison avec les collectivités locales ainsi que la création de points d’accueil utilisant les constructions pastorales ou les habitations de hameau.

- En haute vallée, équipement prioritaire des centres d’enseignement alpin afin d’y promouvoir toutes les formes de pratiques de la montagne. »

(Centre Fédéral de Documentation Lucien Devies de la FFCAM, « L’Aménagement de la montagne et les Refuges »)

Ce rôle bien définit permet au Club de se diriger vers de nouvelles actions en accord avec la prise de conscience environnementale et les besoins touristiques, à savoir :

- La mise en place des réservations pour les refuges afin d’éviter une « surcharge » de ces derniers

- L’amélioration et la modernisation des conforts afin de suivre les demandes et besoins plus importants des nouveaux randonneurs et autres visiteurs

- La mise en place d’une grille tarifaire à la carte en fonction de chaque refuge

Photographie d’un Porteur de montagne, 1958 notreHistoire.ch, URL: https://notrehistoire.imgix.net/photos/m/i/miGSAZCaNSYBgjRoCbrEMNNF85fG9D8CjlwM7MSf.jpeg?dpr=2&fm=jpg&sharp=6&w=770&s=0db8f53fd8bf5e70ccc3f576fa61b78c

Ravitaillement d’un refuge aujourd’hui

Agrepy, URL:https://th.bing.com/th/id/R8c9966096147d24f86ccfdf777a15858?rik=3qm00a4SPW64%2fA&riu=http%3a%2f%2fwww.agrepy.org%2fimages%2fagrepy%2fdiapo_pleinecran%2fhelico.jpg&ehk=kKi%2f%2fbbNwCsNTh2Vpoc1GLDqeZv7dADZCqqkUTZ%2bosM%3d&risl=&pid=ImgRaw

Cette popularisation du tourisme de Montagne et des refuges mène à la multiplication des acteurs et des débats autour de la gestion du parc bâtis du Club et de ses actions, à l’instar du développement des transports véhiculés afin d’accéder aux refuges, tant pour les construire que pour les ravitailler, qui divise particulièrement car à l’encontre de la politique de préservation mise en place par le Club. Les gardiens sont aussi petit à petit mis en avant par le Club et un syndicat, le Syndicat des Gardiens de Refuges et de Gîtes d’Etapes (SNGRGE) leur est dédié depuis 1982. Ce dernier leurs permet de communiquer sur leurs avis et expériences menant ensuite à des débats relatifs à leur statut ce qui aboutira à une charte de gardiennage.

Rassemblement des gardiens de refuge des Hautes-Alpes au Pré de Mme Carle en 2019

P.Domeye, Parc national des Ecrins, URL: https://www.ecrins-parcnational.fr/sites/ecrins-parcnational.com/files/styles/bandeau/public/article/17810/body/7b3a0833.jpg?itok=JDkaG_Ga

A côté de ça, les refuges deviennent des « laboratoires » aux volumétries et technologies de récupération d’énergies toujours plus novatrices tandis qu’ils acquièrent le statut « d’établissement recevant du public » au cours des années 1990s avec les normes et les règles de sécurité qui en incombent. Le Club Alpin définit, par exemple, une nécessite d’avoir entre 10 et 12m² disponibles pour chaque personne présente dans le refuge en 1970, soit une surface relativement importante par rapport à celle allouée par les refuges originels. Cela a pour conséquence de pousser les architectes vers des structures bien plus grandes et complexes en bois ou en métal, la plupart du temps, faisant des refuges de véritables pôles d’activités publics. On y retrouve, en effet, des activités de plus en plus diverses comme des stages, des spectacles, des expositions, … Les bâtis se doivent de devenir autonomes en énergies de manière à réduire leur impact sur le territoire tout en améliorant leur confort. Ils adoptèrent ainsi la technologie photovoltaïque, mise en place pour la première fois en 1979 en Savoie sur le refuge des Evettes situé à 2590 mètres d’altitude. Cela a permis de combler les besoins électriques, de pouvoir profiter de l’eau chaude et de faire fondre la neige présente aux abords des refuges aux altitudes les plus élevées afin de remplir les réserves d’eau. Avec les changements de besoins des visiteurs, tels que l’amélioration des sanitaires ou des équipements divers, les refuges se rapprochent alors de plus en plus de l’image de plus en plus décrié au cours des années 1990s de « l’hôtel d’altitude ».

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