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Les acteurs des refuges d’aujourd’hui et leur influence

I/ Le rôle du Parc national des Ecrins, un nouvel acteur majeur

Le Parc national des Ecrins, créé le 27 mars 1973, est le cinquième des neufs parcs nationaux en France. Il a été créé en lieu et place du Parc de la Bérarde, fondé en 1913 autour de la haute vallée du Vénéon, à la place de pâturages. Ces derniers furent rachetés par l’Etat afin de faire face aux conséquences du surpâturage en Montagne, prouvant d’ores et déjà la présence du souci de la préservation de la Nature au début du XXe siècle. « Une fois le parc créé, le territoire protégé s’élargit progressivement : du Vénéon à la Vallouise puis au Valgaudemar. Le « parc de la Bérarde » devient alors « Parc national du Pelvoux » en 1924. » (Valeria Siniscalchi, « Économie et pouvoir au sein du parc national des Écrins », Techniques & Culture n°50, 2008). A l’époque, l’idée était déjà de résoudre « le problème de la dégradation des terrains de montagne » mais aussi d’assurer « le développement de l’alpinisme » (Valeria Siniscalchi, « Économie et pouvoir au sein du parc national des Écrins », Techniques & Culture n°50, 2008). Cette première forme de parc national dans le massif des Ecrins fut défendue et mise en place notamment grâce au haut fonctionnaire des Eaux et Forêts Alphonse Mathey. Il défendait alors l’idée d’une Nature usée par la présence de l’Homme qui doit être protégée notamment grâce à une politique non-interventionniste. Il entra donc en conflit avec la plupart de ses collègues forestiers et l’institution mais parvint néanmoins à fonder le Parc grâce à l’apport économique provoqué par la vente des terres le constituant à l’Etat dans un premier temps.

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Le Parc national du Pelvoux perd cependant sa qualification de « parc national » en 1962, soit deux ans après le décret de protection des parcs nationaux marquant leur création tels qu’on les connaît aujourd’hui. Après cette dissolution, l’idée de la fondation d’un nouveau parc national demeure et divise les élus tant dans les Hautes-Alpes qu’en Isère, départements où se trouve le parc national des Ecrins aujourd’hui. Le parc est, en effet, vu comme un frein au développement économique de la région avec une expropriation des terres par l’Etat alors que ces dernières prennent de la valeur grâce à l’avènement des sports de nature et notamment du ski au cours des années 1960s. Il fallut onze ans de négociations avant de parvenir au projet final : le Parc national des Ecrins. C’est un parc plus étendu que les précédents et composé de deux zones : l’une centrale de 92 000 hectares, constituée des principaux sommets et d’une partie des territoires des 23 communes où le décret de protection des parcs nationaux de 1960 s’applique et une autre zone périphérique de 180 000 hectares, constituée du reste du territoires de ces communes en plus de plusieurs autres limitrophes. L’objectif de ce zonage particulier est d’allier développement économique et préservation du patrimoine naturel.

Le Parc national des Ecrins était considéré, dans sa zone centrale, comme un sanctuaire intouchable à ses débuts, au cours des années 1970s. Les relations avec les acteurs économiques locaux étaient ainsi particulièrement hétérogènes et en opposition puisque le développement des stations de skis et par extensions des communes dans les zones périphériques était très important (Briançonnais, Champsaur, Embrunais…). Une division des positions entre le Parc et ses environs tend, cependant, à s’atténuer puisqu’elles sont multiples et sa politique, ses actions et ses intérêts tout comme ceux des élus évoluent avec le temps et viennent à s’accorder de manière à former un développement suivant au maximum les objectifs de tous.

Cartographie du Parc national des Ecrins en 2016

Agenda PNF, Parc national des Ecrins, URL: https://www.ecrins-parcnational.fr/sites/ecrins-parcnational.com/files/styles/large/public/page/920/body/carte2016pne-agenda-pnf.jpg?itok=8coQ8Pu8

Cette évolution des directives du Parc s’est notamment matérialisée à travers son rapport au patrimoine. En effet, le Parc national des Ecrins a tout d’abords été créé dans une optique naturaliste afin de protéger l’environnement et les territoires naturels au sein du massif des Ecrins. La notion de patrimoine n’était pas encore de mise au début et ne fut employée pour la première fois qu’au milieu des années 1990s. Ainsi, durant l’été 1996, une « Charte d’environnement et de développement durable » est adoptée par les représentants du Parc national des Ecrins mais aussi par les élus des communes du Parc. Le but est, à travers ce document, de mettre en avant désormais son patrimoine et de possiblement l’utiliser à des fins touristiques. Le Parc devient le gestionnaire et l’unificateur du territoire des Ecrins. Des partenariats avec les communes comprises en son sein sont formulés aux cours des années 1990s et 2000s, pour la plupart de manière à « valoriser le patrimoine culturel […] et transmettre l’identité du territoire et les savoir-faire locaux ». « L’héritage patrimonial, naturel et culturel » est présenté comme « dense et diversifié » et « la conservation des richesses naturelles et culturelles des sites comme indispensable au maintien de la valeur de ce territoire » (Contrat de partenariat, Charte d’environnement et de développement durable, Secteur du Briançonnais, 1999). Cette notion de « patrimoine » avancée et défendue par le Parc national des Ecrins se voit donc étendue aux éléments tenant des mémoires culturelles de la région.

Le Parc entretient et retrace aussi la majorité des 650 kilomètres de sentiers (dont 500 dans la zone centrale) qui mènent aux points de vue et sites attractifs du massif dont, bien évidemment, les refuges. Il s’initie et s’engage dans bon nombres d’actions et de constructions publiques liées au massif en les promouvant et les subventionnant parfois tout en défendant une réversibilité totale des travaux qui y sont menés à l’instar donc de ses sentiers. Le Parc aide aussi les visiteurs tout comme les spécialistes à s’informer sur ses actions et le patrimoine qu’il préserve grâce à ses différents postes et « maisons » dédiées comme celle de Vallouise inaugurée en 1977 par le président Valérie-Giscard d’Estaing lui-même.

Ainsi, puisque les pratiques humaines tenant de la culture et du savoir-faire régional et les richesses naturelles du territoire sont liées comme patrimoine culturel, les refuges alpins, structures essentielles et majeures du tourisme estival et des sommets, sont mis en avant, protégés et exploités par le Parc national des Ecrins. Il se charge, en effet, de ce patrimoine à travers des expositions, des campagnes d’information… en partenariat avec les Clubs Alpins de Briançon et de Grenoble, gestionnaires des 28 refuges du Parc et annexes locales de la Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne (la FFCAM remplaça le « Club Alpin Français » fondé en 1874 en 2005).

La dimension patrimoniale du Parc permet d’introduire une dimension économique au territoire de ce dernier tout en favorisant les partenariats qui sont cruciaux quant à l’acceptation de ses contraintes par les habitants locaux. Cela est par ailleurs affirmé par les membres et employés du Parc : « Nous nous sommes efforcés d’intégrer la dimension du patrimoine culturel parce qu’elle permet le partenariat, et le partenariat est un moyen pour maintenir le patrimoine naturel et culturel […] (mais) beaucoup de gens disent que ce n’est pas à nous de travailler sur le patrimoine culturel » (L.L., chargé de mission, Valeria Siniscalchi, « Économie et pouvoir au sein du parc national des Écrins », Techniques & Culture n°50, 2008). Le patrimoine, et notamment les refuges donc, est devenu un outil de négociation pour la gestion et la définition des ressources du Parc tandis que ce dernier et ses agents s’engagent à participer au façonnement du territoire en définissant ce qui est de l’ordre du patrimoine ou non et en le promouvant au plus grand nombre.

Maison du Parc national des Ecrins de Vallouise

P.Saulay, Hautes-Alpes, URL: https://th.bing.com/th/id/R4950b5552d05e0ee41264f1d3caecc99?rik=YzRTv%2bQhH97yBA&riu=http%3a%2f%2fstatic.apidae-tourisme.com%2ffilestore%2fobjets-touristiques%2fimages%2f238%2f209%2f8245742-diaporama.jpg&ehk=lSEgt5q6MEEdIeTtk%2fS63f8E1679zVSLQzO85VF7iiA%3d&risl=&pid=ImgRaw

II/ Un équilibre fragile entre attractivité touristique et respect des Ecrins

Le Parc national des Ecrins se présente à la fois comme une structure d’accueil et un espace protégé. De ce fait, les enquêtes de fréquentations sont particulièrement importantes pour ce dernier qui se doit de prendre des mesures adéquates aux besoins des visiteurs afin de continuer à pouvoir allier tourisme et protection d’un environnement naturel riche et fragile. Un système de recensement et d’observation des touristes est alors mis en place dès 1991, et ce tous les 5 ans, afin de retracer les habitudes du public, leurs attentes et leurs comportements. Tout cela offre au parc un retour sur ses actions, ses infrastructures et ses propositions (sentiers, lieux d’accueils, campagnes de sensibilisations…) nécessaires à son évolution. En effet, Michel Sommier, ancien président du Parc national des Ecrins, affirmait : « Les enquêtes de fréquentation donnent des éléments d’appréciation pour mieux caler nos choix et nos orientations en matière d’accueil dans le massif. Les résultats d’une telle enquête seront aussi particulièrement utiles dans les réflexions engagées avec les élus et au sein du conseil d’administration dans la perspective de la future Charte du Parc national des Écrins ».

Ces enquêtent mettent en avant l’un des objectifs principaux du Parc national des Ecrins qui est de le faire connaître, lui et ses actions, ses règles, par sa promotion et en permettant l’accueil de plus en plus de visiteurs en son sein. En effet, le développement économique et l’attractivité de la région où le tourisme y est prépondérant sont essentiels afin de faire accepter le Parc auprès des locaux et d’obtenir des fonds afin de mener à bien ses programmes de préservations et ses subventions utiles aux recherches, études diverses du territoire... De plus, de cette manière, le Parc fait valoir son autre objectif majeur à savoir la préservation des patrimoines culturels et naturels des Ecrins, objectif réalisable seulement grâce à la prise de conscience des visiteurs et locaux et sa mise en valeur par les diverses actions mises en place par ce dernier. Cependant, ces deux objectifs se contredisent et contrastes grandement l’un par rapport à l’autre ce qui amène à ce besoin de gestion et de suivis importants des visiteurs.

Ainsi, grâce à ce travail d’enquête, le Parc a pu constater une baisse significative des fréquentations des années 1990s et au cours des années 2000s. En effet, lors de la campagne d’enquête de 2006, il a été remarqué que les visiteurs du Parc national des Ecrins étaient, pour 80%, des habitués. Ceci s’expliquait en partie par la proportion importante de ces derniers à résider dans des logements secondaires ou appartenant à des proches (30% des logements). Par conséquent, les touristes venant au parc étaient de plus en plus vieux avec une augmentation importante de la part des retraités passant de 8% en 1996 à 25% dix ans plus tard. Ces habitués avaient une connaissance des réglementations et des consignes de sécurité importante et étaient ainsi relativement respectueux du territoire des Ecrins. Cependant, la clientèle du parc avait du mal à se renouveler avec une fréquentation stable des visiteurs depuis la première enquête en 1991, soit environ 360 000 randonneurs dénombrés dans les Ecrins entre le 15 juin et le 15 septembre 2006 mais seulement 10% étaient des étrangers et 60% des Français venant des régions alentours à savoir PACA et Rhône-Alpes. L’alpinisme était effectivement, durant cette période, une activité bien moins populaire qu’au cours des « trente glorieuses » et avait donc du mal à se développer. Le nombre de nuitées en refuges a ainsi régressé de 15% par rapport à 2001 tandis que les sommets ou les cols n’étaient l’objectif que de 16% des randonneurs. Les refuges facilement accessibles se voyaient donc de plus en plus fréquentés tandis que ceux des cimes restaient réservés au plus aguerris et mieux équipés ce qui marquait une forme de déséquilibre entre chaque refuge.

Embouteillages au Pré de Mme Carle en avril 2019 Jean

La présence de véhicules dans de larges parkings en Haute-montagne, en plein cœur du Parc, est assez controversée et polémique en dénaturant le lieu et impactant la faune et la flore. Cela favorise également les trajets rapides sans arrêts particuliers en chemin avec des villages qui ne sont que « traversés » par les touristes. Il est donc important pour ces derniers d’offrir des logements de vacances en quantité de manière à inciter les visiteurs à demeurer dans la vallée de faire vivre l’économie locale, à l’instar du camping et des gîtes présents à Ailefroide pourtant pratiquement désert en hiver avec à peine une trentaine d’habitants à l’année. De plus, les visiteurs font remonter bon nombre de remarques et d’envies paradoxales au sujet du Parc et de ce qu’ils aimeraient y retrouver (touristes aimant la calme et la tranquillité des lieux mais demandant plus de dynamisme, de commerces dans le Parc…). Le plus souvent, les visiteurs apprécient effectivement le côté « sauvage » et isolé qu’offre le Parc mais souhaitent des infrastructures qui leurs sont dédiées de plus en plus nombreuses et importantes.

De plus, ce déséquilibre est aussi particulièrement présent en fonction de la popularité des sites. En effet, les plus connus du parc sont ceux qui reçoivent le plus de visiteurs au cours des été ce qui marque, également, une inégalité importante de fréquentation en fonction des différents sites et de leur renommé. La Vallouise et notamment le sentier menant au Glacier Blanc avec pour départ le Pré de Madame Carle à Ailefroide est par conséquent le lieu le plus couru des Ecrins par sa renommée internationale. La proportion de visiteurs y est ainsi particulièrement impressionnante puisque 82 000 randonneurs s’y sont rendu au cours de l’été 2006 soit, à lui seul, « 23% des flux pédestres des Ecrins ». Cette affluence n’est cependant pas forcément bénéfique aux communes environnantes car le site reste isolé, en fond de vallée, et la voiture reste donc le moyen de transport privilégié pour s’y rendre.

Vue du Glacier depuis le parking du Pré de Mme Carle en avril 2019

Oduch, URL: https://th.bing.com/th/id/Rf67b96947ac5d8b7548a413ce8c8d5a7?rik=Dqm0ZTaqL03gsw&riu=http%3a%2f%2fwww.oduch.fr%2fdata%2fpaysages%2f299N_2197_1000.JPG&ehk=Mr7OD37vmtOCI4HBLadxTQ1dKSueiOP2HwpOP69GoOY%3d&risl=&pid=ImgRaw

Ainsi, la communication du Parc fut primordiale ces dernières années afin d’apporter une clientèle neuve et faire découvrir la région au plus grand nombre. A côté de cela, le Parc et les acteurs liés aux activités estivales, dont la FFCAM, ont réagi aux retours des touristes afin d’en offrir une réponse adéquate. Cela s’est notamment matérialisé au sein des refuges qui sont au cœur de ces questions par leur statut de structure d’accueil du public et par la volonté et la tendance croissante de les transformer en bâtis plus spacieux et confortables en dépit de l’environnement fragile qui les entoure.

III/ Les refuges contemporains, leurs gardiens et leurs visiteurs, à l’origine de nombreux changements et débats

Au fil du temps, le refuge est devenu un objectif en soit à atteindre, plus encore que les sommets comme le révèle les différentes enquêtes de fréquentation du Parc. Il tient donc à convenir au maximum de personnes qui recherchent un endroit où elles peuvent se reposer, souffler et pourquoi pas se restaurer après une randonnée assez difficile pour certaines moins habituées. En effet, avec la démocratisation des activités estivales de Montagne, la population accédant aux refuges a grandement changé passant d’alpinistes confirmés principalement à des randonneurs de tous âges et niveaux sportifs. Ainsi, même si les refuges ont vu leur nombre de nuitées grandement chuté aux cours des années 1990s et 2000s, ils restent au cœur du tourisme estival dans les Ecrins, par leur symbolique et le territoire qui les entoure, étant un site naturel vierge de toute construction et reconnu pour sa grandeur et sa beauté. Les refuges sont donc devenus de plus en plus nombreux (28 refuges dans le massif des Ecrins, tous gérés par la FFCAM), grands et sophistiqués de manière à devenir plus confortables et adaptées à un large panel de randonneurs et d’alpinistes. Ils ont évolué afin de suivre les besoins et attentes changeantes de ces derniers sous l’impulsion de ses acteurs et gestionnaires, à savoir le Parc national des Ecrins, la FFCAM mais aussi les gardiens qui représentent sur place ces grandes institutions.

En effet, les gardiens sont devenus de véritables professionnels spécialisés dans leur activité si particulière leur amenant à être multi compétents. Ils servent de guides et de conseillés aux randonneurs en recherches d’informations sur les sentiers, le temps… et doivent observer les équipements, le niveau de connaissance des randonneurs… puisque les novices sont de plus en plus nombreux à rejoindre ces refuges. Les gardiens ont un certain niveau de responsabilité envers les randonneurs et peuvent être obligé d’aller les aider ou les secourir, tout comme ils sont responsables de l’entretient quotidien et de la préservation de la propreté du refuge et de ses environs. Ils sont aussi les garants de « l’esprit » des refuges, du bien-être des randonneurs et d’un accueil de qualité. Ces derniers cherchent à vivre une expérience atypique et à être plongés dans le « monde » de la Montagne et de l’alpinisme tout en profitant de la nature environnante. Les refuges et leurs gardiens doivent donc offrir une « ambiance » particulière basée sur la convivialité et la vie en communauté même si en arrivant les clients peuvent être fatigués et donc pas forcément enclins à être avec tant de monde.

Randonneurs se reposant au refuge des Bans

Etienne et Laetitia, Trips et

Les gardiens sont donc les premiers témoins du changement des attentes et des besoins des randonneurs et leurs retours sont cruciaux quant à l’adaptation et l’évolution des refuges. Ainsi, les douches et soins sanitaires sont de plus en plus demandés alors que les espaces dédiés sont rares voir bien souvent inexistants. Par exemple, au refuge des Bans, situé à 2083 mètres d’altitude, l’eau provient du torrent et la douche se trouve en extérieur et se résume qu’à un simple pommeau derrière des rochers. De plus, les besoins électriques sont croissant avec la multiplication des appareils en nécessitant et donc l’augmentation de la consommation des utilisateurs. On retrouve aussi une demande fréquente de connexion à internet, même dans des lieux aussi isolés, de chauffage et d’espace plus généralement. Les gardiens aussi tendent à vouloir des modifications quant à leur conditions de travail. Ils font, en effet, face à de nombreuses difficultés tant techniques que physiques. Le gardien doit être constamment disponible et manque cruellement d’espace privé et de temps à lui au quotidien. Son travail est continu et il ne peut bénéficier de véritable pause. La fatigue est donc très présente et le rythme la vie des gardiens est intense. Ils n’ont donc guère la possibilité de se reposer malgré le cadre naturel incroyable et pourtant calme des refuges.

Suite aux retours des gardiens sur leurs besoins et ceux des visiteurs, les refuges des Ecrins ont donc commencé à voir leur confort s’améliorer et les fréquentations sur les sentiers du massif ont peu à peu augmentées ces dernières années. Cependant, les locaux et les défenseurs du patrimoine ne voient pas forcément d’un bon œil ce type de modifications dans les refuges du massif. En effet, bon nombre d’acteurs tels que des associations, des élus voir des gardiens et des membres du Parc eux-mêmes sont contre l’idée de créer des refuges de plus en plus sophistiqués. La perte d’un certain patrimoine à travers la vie dans les refuges et de leur côté « austère » aux profits de bâtis plus proches d’auberges d’altitude que de la « cabane » originelle est crainte et pousse à la multiplication des débats à l’instar de ceux ayant nourris et retardés la construction du nouveau refuge de l’Aigle entre 2004 et 2014. On constate, par ailleurs, aujourd’hui « qu’il est de plus en plus question de remettre en cause des pratiques aboutissant à drainer toujours plus de monde là où les êtres humains sont et ont toujours été de trop » (Claude Mauguier, modérateur du forum du site refuges.info.fr).

Dortoirs des clients (à gauche) et dortoirs des guides (à droite) séparés dans le refuge de Temple Ecrins

Oisans, URL: https://www.oisans.com/wp-content/uploads/wpetourisme/4445820-diaporama-680x453.jpg - https://www.oisans.com/wp-content/uploads/wpetourisme/4445571-diaporama-680x453.jpg

Le refuge de Temple Ecrins avant et après ses travaux de 2017 Parc national des Ecrins, URL: https://www.ecrins-parcnational.fr/sites/ecrins-parcnational.com/files/article/15208/body/006070-temple-ecrins-2002.jpg et Oisans, URL: https://www.oisans.com/wp-content/uploads/wpetourisme/4754195-diaporama.png

IV/ L’impact de la crise sanitaire

A l’heure de la pandémie de Covid-19, les déplacements des touristes se sont vus drastiquement diminués notamment à cause de l’impossibilité de partir à l’étranger durant l’été 2020 sans avoir à être confronté à bon nombre de restrictions et d’interdiction à l’instar de la mise en quatorzaine. Par conséquent, les Français ont privilégié les départs en vacances au sein même de la France et le Parc national des Ecrins a vu son taux de fréquentation grimpé en flèche. On a ainsi pu recenser 30% de randonneurs en plus sur les sentiers et « +14 % de réservations dans les hébergements en juillet et en août. » Cette fréquentation en hausse implique la découverte du Parc par de nombreux nouveaux visiteurs qui n’y s’y seraient peut-être jamais rendu sans cette crise mondiale et la région a donc pu tirer son épingle du jeu. Bénéfique à l’économie et au développement locaux, cela a aussi marqué une augmentation des infractions aux règles du parc et de sécurités sur les sentiers. Les refuges ont, aussi, par la même occasion, eut du mal à gérer la hausse de randonneurs en leurs sein tout en respectant les consignes de distanciations sociales.

Le Parc a alors pris la décision de formuler quatre objectifs à atteindre lors de l’été 2021 et les suivants afin de mieux appréhender l’afflux de visiteurs, à savoir :

• Surveiller les sites en fonction de la fréquentation

• Sensibiliser les nouveaux publics aux règles de la montagne et à celle du Parc national des Ecrins

• Mieux gérer l’affluence des visiteurs

• Aider les différents acteurs de la randonnée comme les Offices de Tourisme à communiquer sur les bonnes pratiques et les règles au sein du Parc national

Par conséquent, le contexte actuel de crise sanitaire a eu un impact immédiat pour le parc et, comme les touristes ont été de plus en plus nombreux sur les chemins des Ecrins, la préservation des patrimoines est d’autant plus d’actualité. L’industrialisation touristique n’est pas non plus voulue par le Parc, les locaux et même ses passionnés et il est particulièrement important pour les refuges de ne pas céder à la pression de l’influence pour ne pas se diriger vers la réalisation de véritables « hôtels ». Le Parc se doit donc de continuer de gérer cet équilibre précaire entre demandes touristiques et le contexte territorial qu’offre les Ecrins.

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