24 août 2012

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JAA – 2608 Courtelary

No 905 – 31 août 2012 Moutier Tramelan Saint-Imier

Tavannes

Courtelary

La Neuveville

Bienne

Edito

Les bons docteurs Combien sont-elles les sommités du monde politique, académique, journalistique suisse à s’être penchées sur la Question jurassienne ? A l’avoir auscultée, sondée, scannée, théorisée et à s’être régulièrement plantées dans le diagnostic. Et la thérapie, naturellement. C’est pathétique et en même temps agaçant de voir avec quelle constance les personnalités commises par le Conseil fédéral et des gens autoproclamés redresseurs de torts refusent de considérer le problème jurassien tel qu’il est. De répéter mécaniquement qu’il faut «régler le conflit avant que les parties ne s’entre-tuent» on déraisonne et passe forcément à côté de l’évidence: le différend actuel, superficiel au demeurant, tient essentiellement à la pression exercée par la classe politique du Jura.

Lettre ouverte à M. Dick Marty Monsieur le Président de l’AIJ,

votre position est surprenante.

Nous nous sommes résolus à vous adresser la présente lettre ouverte, ce que nous avons à vous exposer relevant d’un intérêt public.

En rendant, grâce à votre influence déterminante, l’aléatoire possible – le destin de Moutier pourrait se jouer à quelques dizaines de voix – vous avez accepté le risque d’un «arbitraire démocratique».

Votre parcours exemplaire de magistrat du Tessin, vos mandats brillamment assumés au Conseil des Etats, vos mérites acquis sur la scène internationale forcent le respect. Aussi sommes-nous de ceux qui ont salué votre nomination à la présidence de l’Assemblée interjurassienne. Votre esprit judicieux, votre intégrité garantiraient, pensions-nous, la conclusion convenable d’un processus interjurassien de concertation ayant fait long feu. Nous ne vous cachons pas avoir quelque peu déchanté.

Or, a-t-on jamais vu que l’ouverture du droit soit accordée à un demandeur téméraire et quérulent, impudemment envieux de la propriété d’autrui ? Y consentirait-on, par faiblesse ou complaisance, que l’anarchie l’emporterait sur la justice.

Certes, votre expérience autant que votre habileté vous ont évité d’apparaître en porte-à-faux évident avec l’obligation de neutralité liée à votre fonction.

Il est vrai qu’un certain nombre d’habitants du Jura bernois affichent une préférence jurassienne.

Cependant, les indices se sont multipliés qui donnent à penser que la complexité subtile d’un différend essentiellement prolongé par la politique du Gouvernement jurassien vous échappe en partie.

Au contraire de ceux-là, la majorité a fait le choix de Berne. Les minoritaires doivent s’en arranger, de même que les antiséparatistes demeurant au Jura se sont accommodés du nouveau canton. Sauf à persister à s’aveugler, les chargés de missions et autres bons apôtres fourvoyés pourraient enfin vouloir regarder les choses en face. Seraitce trop simple ? Roland Benoit

Ainsi, perspicacité et intuition vous auront fait défaut au moment où vous avez pesé sur la Conférence tripartite en faveur du «vote communaliste». Pour qui va plus loin en matière du droit des gens que ne le suppose l’exercice de la démocratie formelle,

Si, le moment venu, il s’avérait que des fraudes entachent le scrutin à Moutier, le précédent existe, presserez-vous le Conseil fédéral d’annuler les résultats d’une votation truquée ? Mieux, disposez-vous des moyens d’empêcher des préparatifs de fraude qui ont peut-être déjà commencé ? Ces questions, Monsieur le Président de l’AIJ, taraudent les démocrates majoritaires dans le Jura bernois dès lors qu’il ne vous échappe pas qu’en cet été 2012 la Question jurassienne ne subsiste qu’à travers l’irrédentisme de quelques-uns, les préjugés qu’ils entretiennent et la soumission de la classe politique du canton du Jura à la vérité unique. Présumant que vous porterez attention aux appréciations et interrogations qui précèdent, nous vous souhaitons, Monsieur le Président de l’AIJ, tout le discernement utile pour la suite de votre délicate mission et vous présentons nos salutations distinguées. Force démocratique Le président: Roland Benoit Le président d’honneur: Marc-André Houmard


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3 questions au président du Gouvernement bernois En juin, le socialiste seelandais (de Jens) Andreas Rickenbacher a accédé à la présidence du Conseil-exécutif dont il dirigera les délibérations un an durant. Directeur de l’Economie publique, le Conseiller d’Etat Rickenbacher voue la plus grande attention à la santé des entreprises du canton – tous secteurs confondus – confrontées à un environnement international instable. Pour pallier un risque de désindustrialisation qu’il estime réel, en particulier pour le Seeland et le Jura bernois, sa Direction encourage la capacité d’innovation des entreprises en augmentant les moyens destinés à la formation et en favorisant la complémentarité entre l’économie et les Hautes Ecoles. Cohérent avec lui-même – ses convictions – Andreas Rickenbacher soutient les technologies propres, mise sur le développement durable et favorise une agriculture respectueuse de la biodiversité. Toutes choses témoignant d’un sens affirmé de la gestion d’un Département placé au centre de gravité des institutions étatiques. Fort bien, mais… et la politique, Monsieur le Président ? Q. Pendant votre année présidentielle, M. le Conseiller d’Etat, l’Exécutif cantonal consacrera une partie importante de son temps à la préparation d’échéances politiques qu’il a impulsées et qui seront cruciales pour l’avenir du canton de Berne et du Jura bernois. Dans la phase délicate qui s’ouvre, envisagez-vous que le Gouvernement donne la priorité à l’accord du 20 février 2012, non formalisé, sur le respect strict de la Constitution, notamment des art. 3 al. 1, et 5 al. 1,2 Cst ? R. L’avenir institutionnel de la région interjurassienne constitue un thème important. Il n’en demeure pas moins que ce dossier s’inscrit dans une liste d’autres objets importants à traiter par le Gouvernement durant cette année. Je pense, par exemple, aux mesures que le Conseil-exécutif devra prendre pour assainir les finances cantonales, les choix à opérer concernant le financement de ses caisses de pension, la révision du droit parlementaire, etc. Pour en revenir à la question jurassienne, je suis persuadé que la mise en œuvre de la déclaration d’intention est

compatible avec les articles 3 et 5 de la Constitution. La phase qui s’ouvre à présent devrait permettre aux citoyennes et citoyens du Jura bernois de se prononcer sur leur avenir institutionnel. Elle est conforme aux conclusions du rapport de l’Assemblée interjurassienne du 4 mai 2009. Il est vrai que le territoire du canton de Berne est garanti par la Confédération et qu’il ne peut être modifié sans l’accord du corps électoral concerné, celui des Chambres fédérales et au besoin celui du peuple suisse. La population du Jura bernois décidera au regard du droit; le règlement politique de la question jurassienne découlera de ses décisions. Q. En conférant aux communes qui le demanderaient le droit de quitter notre canton et, ce faisant, de l’affaiblir en affaiblissant sa minorité francophone, le Gouvernement a fait contre lui l’unanimité de toutes celles et de tous ceux qui croient au canton de Berne bilingue positionné au centre politique de la Suisse. Le Conseil-exécutif a-t-il pleinement conscience des intérêts mis en jeu pour

satisfaire aux revendications illégitimes des autorités du canton du Jura ? R. D’emblée, je tiens à relever qu’il ne s’agit pas de satisfaire aux revendications des autorités de la République et Canton du Jura. Cependant, on ne peut ignorer l’article 53 al. 3 de la Constitution fédérale, qui répond à la question d’une éventuelle modification du territoire d’un canton. Celle-ci est soumise à l’approbation du corps électoral et des cantons concernés; elle est ensuite soumise à l’approbation de l’Assemblée fédérale sous la forme d’un arrêté fédéral. Cette hypothèse s’inscrit dès lors dans le respect des règles démocratiques, comme d’ailleurs l’ensemble de la démarche opérée par le Conseil-exécutif et sa Délégation pour les affaires jurassiennes (DAJ), dans la recherche d’une solution politique au conflit jurassien. Le Conseil-exécutif a toujours ardemment défendu le bilinguisme et le respect de la minorité francophone dans notre canton. Et il continuera de le faire ! Personnellement, je suis confiant: je suis convaincu que la majorité des ayants droit au vote du Jura bernois manifesteront clairement leur

volonté de rester dans le canton de Berne. Je suis conscient qu’il appartient présentement au Conseil-exécutif de s’engager pour rassurer, expliquer et convaincre la population du Jura bernois. Trois mots clés qui conduisent clairement les diverses actions lancées par la DAJ dans l’optique de la votation prévue en novembre 2013. Q. Pensez-vous que, dans la situation présente et dans les mois à venir, le Conseil-exécutif puisse se contenter de déclarations formelles en faveur de l’unité du canton ou qu’il doive s’engager activement aux côtés des Jurassiens bernois qui réclament son implication dans la campagne d’avant-votation qui a commencé ? R. Le Conseil-exécutif ne se contente nullement de déclarations formelles, il s’engage: il rencontre divers acteurs institutionnels et politiques, notamment au travers des nombreuses démarches faites par la DAJ, mais aussi à l’occasion de rencontres en plénum avec les députations aux Chambres fédérales, par exemple. ➢ Suite et fin à la page 7


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Le Jura bernois pragmatique

Un industriel face à la crise… politique Clémenceau aurait déclaré que la guerre est chose trop importante pour en laisser la conduite aux seuls militaires. Parodiant «Le Tigre» nous dirions que la «question jurassienne» est suffisamment complexe, semée de pièges et d’invraisemblances, pour l’abandonner aux seuls politiciens. Partant de cette évidence, BERNbilingue a consacré un article de son Bulletin paru en juin à un entretien avec MARC-ALAIN AFFOLTER, d’Affolter Holding S.A., à Malleray. Industriel rompu à l’appréciation objective des faits, M.-A. Affolter livre sa vision des effets à court et moyen terme de l’accord intergouvernemental Berne – Jura du 20 février 2012. Un avis pertinent, sans dogmatisme ni passion, crédible et d’une grande autorité.  Réd. LQ

– M. Affolter, comment vous sentez-vous en tant que chef d’entreprise et habitant du Jura bernois et du canton de Berne ? Totalement à l’aise. Je pourrais imaginer être ailleurs, il n’y pas de doute. Mais cela serait se couper de racines profondes. Je fais partie de la troisième génération de l’entreprise familiale. Chaque génération s’est intégrée et a pris des charges dans la vie sociale et politique de la communauté. L’entreprise, dont la moitié du personnel habite Malleray, fait partie intégrante du village et de la région. Sur le plan privé, la qualité de vie dans le Jura bernois est agréable. Le Jura bernois est sans doute périphérique pour la Suisse Romande, mais très centré pour la Suisse. – Une question un peu provocatrice. Le Jura bernois, existe-t-il ? Comment caractériseriez-vous cette région ? Le Jura bernois existe comme région du canton de Berne au même titre que l’Oberland ou autre. Malheureusement, la question jurassienne dans sa pénible insistance a profondément installé un état d’esprit difficilement perceptible dans les autres régions de Suisse et du canton. Deux tiers de la population juras-

sienne bernoise cherche à se convaincre depuis près de trois générations que le canton de Berne c’est aussi eux. De l’autre côté, un tiers se persuade que cela serait mieux ailleurs. Cela marque la vie sociale de manière durable ! Le Jb existe et, malgré le Conseil du Jura bernois, il assume insuffisamment son rôle de région, se considérant lui-même plutôt comme un petit frère dans la famille bernoise. Avec les années le Jb s’est affaibli sur le plan politique. Chaque parti s’est vu amputé de sa tendance pro-jurassienne, au point qu’aucun candidat n’a de chance d’être convenablement élu sur le plan national ou même cantonal. Cet environnement atténue les envies de candidats valables prêts à s’investir pour la chose publique. Les personnes en charge politiquement se découragent et je pense que ceci est le plus grave problème du Jb. C’est assurément une conséquence de la question jurassienne. – Sous quels aspects la fameuse question jurassienne préoccupe-t-elle encore en général l’économie et les patrons du Jura bernois ? Pour les raisons citées cidessus, les patrons du Jura bernois ont très peu l’occasion de rencontrer des politiciens pouvant

relayer les soucis des acteurs de l’activité économique. Nous avons bien sûr l’excellente Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP) qui essaye de remplir ce rôle de fédérateur et de mettre en présence patrons et politiciens. Pour ma part cela ne suffit pas. Il manque une «élite» qui rassemble les dirigeants des plus grandes entreprises et les acteurs politiques. Je suis persuadé qu’elle servirait de pépinières de futurs élus et verrait notre représentation améliorée. – Les gouvernements des cantons de Berne et du Jura ont décidé d’organiser de nouveaux plébiscites concernant la création d’un canton à six districts. La population du Jura bernois sera appelée à s’exprimer sur son appartenance cantonale. Pensez-vous que cette votation et les discussions avant le vote pourraient avoir un impact négatif sur la paix civile et l’économie de la région ? Mais bien entendu. Je craignais cette décision. Il a fallu tant d’années pour atténuer les déchirures profondes provoquées par les affrontements des années 1970. Après les plébiscites le déficit d’image était très lourd. Il a fallu redonner confiance à l’emploi, revenir à une situation où la

région soit à nouveau attractive pour les cadres et employés formés ailleurs et bénéficiant d’expérience. Les entreprises du Jura bernois ont besoin de ces personnels pour réussir leurs missions toujours plus difficiles. N’oublions pas que la plupart d’entre elles sont actives sur tous les marchés d’importance de la planète. Alors que les signaux revenaient au vert, l’arrangement des gouvernements est très décevant ! – Mais qu’en est-il des avantages qu’une création d’une nouvelle entité à six districts pourrait présenter, notamment sur le plan financier et économique ? L’Assemblée interjurassienne affirme que la création d’un nouveau canton à six districts permettrait des baisses d’impôts notamment pour les sociétés, certes, à condition que ce nouveau canton fonctionne d’une manière beaucoup plus efficace que l’actuel canton du Jura (p.ex. réduction du nombre de communes à six). Est-ce que cette vision ne vous séduit pas en tant que patron ? Le canton du Jura n’en deviendrait pas plus attractif pour autant et la fusion de communes peut se réaliser d’un côté comme de l’autre des frontières


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cantonales. Les fusions de communes me séduisent, elles servent l’efficacité et le rendement. Malheureusement cela n’est pas aussi simple. En tant que conseiller municipal de Malleray, j’ai participé à la fusion ratée de MallerayBévilard en 2000. Elle a été refusée à Bévilard pour des broutilles. Je ne pense pas qu’au canton du Jura cela sera plus facile. Récemment les communes du district des FranchesMontagnes ont refusé à 68% le projet d’une commune unique. Cela indique qu’un canton à six communes comme le préconise l’AIJ est impossible à réaliser, autant au Jura bernois qu’au Jura. – Vous avez donc de forts doutes que la création d’un nouveau canton à six districts serait rentable dans la pratique et présenterait des avantages économiques. Peut-on en déduire que le Jura bernois dira très clairement non à cette idée d’un nouveau canton  ? Ou est-ce qu’il y a d’autres éléments qui pourraient séduire l’électorat du Jura bernois, comme p.ex. des avantages politiques (représentation au Conseil national assurée, Moutier capitale du canton…) ou autres ? Et, si oui, dans quelle mesure ?

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Nous ne voterons pas sur le projet d’un canton à six districts, mais essentiellement sur l’appartenance cantonale du Jura bernois, éventuellement de quelques communes. Je doute que les positions aient changé en 40 ans et je ne vois pas ce qui pourrait séduire notre électorat. De plus, la population du Jura bernois s’inquiète malheureusement peu de sa représentation politique, elle le montre à chaque élection. Cela ne sera pas un argument prépondérant. Quant à Moutier, capitale…, seul son maire en rêve ! – Oui, parlons des communes. Pour le cas où le Jura bernois refuse d’entrer en matière, la déclaration d’intention des deux gouvernements prévoit une procédure qui donnera à chaque commune le droit de se prononcer sur son rattachement au canton du Jura. Or, il est tout à fait possible qu’une faible majorité à Moutier et éventuellement dans d’autres communes vote en faveur d’un rattachement au Jura. Quelles en seraient les conséquences pour le Jura bernois en tant que région du canton de Berne ? Difficile de répondre à cette question. Le Jura bernois constitue une

entité. Dommage que le canton de Berne a cédé sur cette partie du contrat. Cela peut créer bien des problèmes. En effet des communes pourraient être rattachées au Canton du Jura. Dans ce cas nous connaitrons proportionnellement un affaiblissement du Jura bernois. Mais l’issue du vote est vraiment incertaine sur ce plan-là. Rappelons que le Maire Zuber avait échoué en 1998 lors d’un vote consultatif sur ce sujet. – La fameuse déclaration d’intention souligne qu’après ces nouvelles votations la question jurassienne devrait être considérée comme réglée. Pensez-vous que cette fois-ci on n’entendra plus le cri «la lutte continue !» comme dans les années septante ? Et que fera le canton du Jura avec ce fameux article 138 de sa Constitution qui encourage un changement de canton de toute partie du Jura bernois ? Je doute fort qu’une Xème votation change quoi que ce soit pour les mouvements de lutte, ils continueront à nous pourrir la vie, heureusement toujours un peu moins, leur influence diminuant... Le canton du Jura par contre prendra acte, du moins je l’espère.

– Pour que les nouveaux plébiscites puissent avoir lieu, le Grand Conseil devra d’abord modifier la loi sur le statut particulier du Jura bernois. Il tiendra compte que la population du Jura bernois a réagi avec surprise et même consternation au résultat des négociations menées par le gouvernement bernois avec le gouvernement jurassien. Le Grand Conseil – animé par la députation francophone – pourrait encore bloquer les procédures prévues par la fameuse déclaration d’intention. Qu’attendez-vous maintenant des élus du Jura bernois et de leurs collègues alémaniques au Grand Conseil ? Nous sommes malheureusement engagés dans une spirale plébiscitaire, y faire obstruction serait faire de la publicité à cette votation. Moins nous en parlerons sur le plan suisse moins les dégâts d’image pour la région seront importants. L’erreur fut d’accepter une votation…

Interview par Michael Stämpfli, que nous remercions de son aimable autorisation de reproduire l’entretien dans Le Quinquet. YM


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Regards croisés

Libéraux-radicaux contre libéraux-radicaux Le Parti libéral-radical jurassien (PLRJ), jadis mesuré dans le débat qui aboutit à la création du canton du Jura contre l’avis de la majorité de ses membres, a perdu la mémoire. Dans un long communiqué, le PLRJ «apporte son appui le plus total au Gouvernement jurassien et à la Déclaration d’intention». Une profession de foi prolongée par des considérations sur la pertinence – approuvée – d’une votation en 2013, qui en fait n’engage que le Jura bernois. Dans la ligne des activistes du MAJ-RJ, le PLRJ douche le projet de canton à six communes de l’Assemblée interjurassienne (AIJ) «évitons de tirer des traites sur la comète, c’est-à-dire d’annoncer une future redistribution des cartes – la capitale à Moutier par exemple – …une assemblée constituante se chargera de déchiffrer la partition et de mettre les détails en musique». Voilà les naïfs prévenus, si tant est qu’il en existe dans le Jura bernois: c’est bien une annexion pure et simple qui se prépare, le reste n’est que ballade gracioso. C’est au

parti frère, les libéraux-radicaux du Jura bernois (PLRJB) que le PLRJ porte l’estocade en termes emphatiques. Commentant «une votation régionale de type consultatif», le PLRJ s’interroge: «De quoi s’agit-il  ?». Question posée par des champions du langage entortillé pour une réponse forcément équivoque: «D’utiliser, écrivent-ils, les ressorts de la démocratie afin de permettre au souverain de trancher la Question jurassienne (sic) sur la base des données actuelles et des travaux de l’Assemblée interjurassienne (réd.: travaux récusés plus haut !» glose le PLRJ, qui clos sa péroraison sur un morceau de bravoure. «On s’étonne qu’une telle évidence ne soit pas partagée (!), voire qu’elle suscite chez certains une répulsion aussi violente». Espérant «que la campagne qui s’engage évite les animosités d’antan et puisse faire l’objet d’un pacte de non-agression réciproque» (réd.: un comble venant de ceux qui soutiennent sans réserve la politique agressive permanente du gouvernement annexionniste !), le PLRJ tend la main à son homologue du Jura bernois, tout

en sachant que les opinions ne sont pas forcément les mêmes… ».

Du berger à la bergère Du PLRJB – Les Libéraux-radicaux du Jura bernois, à nos amis du Parti Les Libéraux-Radicaux du canton du Jura: – Votre communiqué paru dans la presse, relatif à la « déclaration d’intention» des gouvernements des cantons de Berne et du Jura a retenu notre attention en ce qui concerne le Jura bernois. Sans surprise, nous avons pris acte que le PLRJ accorde son soutien le plus total au Gouvernement jurassien dans ses tentatives permanentes d’obtenir le rattachement d’une partie du canton de Berne. Permettez-nous d’estimer que votre responsabilité de parti gouvernemental ne vous exonère pas de respecter la volonté incontestable de notre population d’accomplir son destin institutionnel dans le canton de son choix. Auriez-vous pris quelque distance avec la politique

arrogante de votre gouvernement que vous seriez en phase avec les convictions démocratiques libéralesradicales. Quant à la disponibilité dont vous faites état pour expliquer à nouveau les enjeux (?) à notre opinion, non seulement elle apparaît présomptueuse mais elle laisse accroire que notre population a besoin de beaucoup de pédagogie pour comprendre où sont ses intérêts. Vous nous tendez la main, dites-vous. Soit. Tenez, nous sommes prêts à échanger avec vous sur tous les sujets qui intéressent le sort de nos concitoyens et de nos concitoyennes dans nos cantons respectifs et dans notre pays. Vous et nous, n’avonsnous pas les mêmes valeurs ? Tous les sujets, on vous dit. Sauf un. Vos affaires vous regardent, laissez-nous nous occuper des nôtres. PLRJB – Les Libéraux-Radicaux du Jura bernois Touché, coulé !

FD – Info

La TV romande remet ça ! Dire de la presse romande en général qu’elle est partiale depuis que l’affaire interjurassienne lui donne du blé à moudre est un truisme. Noyautés par des correspondants séparatistes, les principaux titres n’ont jamais caché leur sympathie pour les «patriotes jurassiens», sans s’interroger sur les bonnes raisons des antiséparatistes et la légitimité du Jura bernois. Conformisme, anti-alémanisme primaire, ignorance et bêtise ont fait plus souvent La Une que l’information objective et l’éthique n’y ont brillé. Et voilà que la

TV romande, rebaptisée RTS, replonge. La RTS donc vient de tourner à Delémont une vraie fausse scène historique, avec le Bélier dans le beau rôle, à l’époque où le RJ faisait régner intolérance et discrimination sur le Jura-Nord. L’action est censée prendre place dans la reconstitution d’un Journal télévisé pendant les années de braises. En clair, une séquence reconstituée pour manipuler l’opinion d’aujourd’hui. Téméraires, les auteurs de cette fiction plus vraie que nature sont Noël Tortajada et Nicolas Frey, en collaboration avec

Joëlle Kuntz. En fait, des professionnels pétris de talent, conscients dans tous les cas des exigences éthiques de leur mission d’information. Précautionneux quand même par rapport aux réactions citoyennes, ils espèrent que leur approche interprétative ne sera pas mal prise. Doit-on s’attendre à un récit tendancieux ? Il est vrai qu’en centrant leur scénario autour du personnage sulfureux de Roland Béguelin, ils pataugent en terrain miné par la démagogie. Craignent-ils de devoir

assumer un conte rebattu ? L’appel à l’indulgence du public ne suffira pas à faire passer une imposture pour une plaisanterie bon enfant. D’autant que nous n’avons pas connaissance que ces professionnels, appointés avec nos redevances TV, aient consulté dans le Jura bernois et dans le Jura des personnes de confiance dont les témoignages et conseils auraient permis de distinguer le documentaire sérieux du spot publicitaire pour la Fête du peuple. ➢ Suite et fin à la page 8


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La solidarité de la présidente du Grand Conseil bernois Therese Rufer, première citoyenne du canton de Berne, était l’invitée de Virginie Heyer, maire de Perrefitte, lors de la fête nationale de la commune précitée. Cette invitation se voulait d’être un signal fort pour la population du Jura bernois. En effet la présence à Perrefitte de Therese Rufer (PBD) constituait sa première sortie officielle dans le Jura bernois depuis son accession à la présidence du Grand Conseil. Therese Rufer a d’entrée annoncé: «La présence de la présidente du Grand Conseil bernois dans la partie francophone du canton le jour du premier août est pour moi un geste symbolique qui démontre, si besoin est, l’attachement de l’ancien canton envers sa minorité francophone du Jura bernois.»

apprécie le Jura bernois et qu’il souhaite conserver cette région comme partie intégrante du canton.» Le message était donné, clair et simple. Pas de doute que la présidente du Grand Conseil a su convaincre ou rassurer par ces quelques mots démontrant les liens forts unissant le canton de Berne au Jura bernois, et la volonté de les entretenir à l’avenir encore.

Dans son allocution, la présidente du Grand Conseil a précisé: «Cette belle région, avec son fort potentiel industriel et ses magnifiques paysages propices au tourisme, est une pièce importante du puzzle constitué par les diverses parties du canton de Berne.» Elle a enchaîné: «De plus, si le canton de Berne peut

jouer ce rôle de pont entre les deux régions linguistiques de la Suisse, c’est justement grâce à la population francophone du Jura bernois, qui lui permet ainsi de s’afficher en tant que canton bilingue. Soyez en fiers, et recevez nos remerciements.» Et de conclure: «Soyez convaincus que l’ancien canton

Quant à la maire de Perrefitte que je suis, j’affirme avec détermination que j’engagerai tous mes efforts à prouver qu’il est possible aujourd’hui de participer activement, et ensemble, à l’évolution positive de notre région au sein du canton de Berne. Virginie Heyer (PBD), maire de Perrefitte

3 questions au président du Gouvernement bernois ➢ Suite et fin de la page 3 Convaincu que le Jura bernois dira non à la création d’un nouveau canton, le Conseilexécutif s’active par ailleurs à l’étude du «statu quo+», une piste elle aussi proposée par l’AIJ pour le futur du Jura bernois au sein du canton de Berne. A cet effet, un groupe de travail piloté par le vice-chancelier francophone et réunissant notamment des représentants du Conseil du Jura bernois (CJB) tiendra sa première séance fin août. Il sera notamment chargé d’étudier les propositions formulées par le CJB en décembre 2011 dans l’optique de l’amélioration et de l’étendue du statut particulier actuel. Tous ces éléments devraient

rassurer la population du Jura bernois quant aux intentions du Conseil-exécutif dans ce dossier. Le gouvernement bernois a toujours manifesté son attachement à sa région francophone. Il lui a d’ailleurs conféré un statut particulier, un geste qui sanctionne clairement le respect de son identité, de sa langue et de sa culture. Une concession faite par un Etat souverain à une partie de son territoire, un geste qui constitue sans doute un exemple unique en Europe, voire au-delà. De par son bilinguisme, le canton de Berne jette des ponts entre la Suisse romande et la Suisse alémanique. Et s’il peut jouer ce rôle de lien entre les deux régions linguistiques de la Suisse, c’est justement en grande partie

grâce à la population du Jura bernois, une population francophone qui lui permet ainsi de s’affirmer en tant que canton bilingue. Le canton de Berne fera ainsi tout ce qui est en son pouvoir, dans le strict respect des règles démocratiques, pour conserver le Jura bernois au sein du canton. Il appartiendra en dernier lieu à la population concernée d’en décider. Il en va non seulement de l’avenir du canton de Berne, mais aussi de l’avenir de l’équilibre confédéral. * * * Permettez-moi d’ajouter qu’en ma qualité de Président du Gouvernement et de Directeur de l’Economie publique, mais aussi à titre tout à fait personnel, j’ai de fortes

attaches avec le Jura bernois et une sensibilité particulière à l’égard de cette région et de sa population. En ma qualité de «Seelandais», j’attache également une grande importance au bilinguisme. Soyez certains que durant mon année présidentielle et avec le soutien de mes collègues du Conseil-exécutif, j’attacherai une importance particulière au traitement du dossier relatif à la question jurassienne. Merci Monsieur le Président du Conseil-exécutif d’avoir répondu à notre attente en communiquant votre position sur le sujet politiquement sensible qui interpelle au plus profond d’eux-mêmes les citoyennes et les citoyens de la région francophone du canton de Berne. LQ - Rédaction


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Mont-Girod 2012 Foule, liesse, politique (si peu) et ferveur… Message de FD Le président Roland Benoit a délivré un message axé sur la déclaration d’intention à laquelle le Conseil-exécutif a souscrit. – Il s’agit ni plus ni moins de remettre sur le tapis le destin institutionnel du Jura bernois, avec une votation – que la population n’a pas

demandée – prévue en novembre 2013. Je suis déçu et même fâché, a lancé Roland Benoit, que notre gouvernement se soit laissé manœuvrer … – Le Conseil du Jura bernois a souscrit par 16 voix contre 7 à l’organisation de cette votation. – Force démocratique, en

2011 déjà, partageait l’avis qu’on pourrait en finir avec les séparatistes et les annexionnistes à la faveur d’un scrutin sans appel. Un scrutin du Jura bernois dans sa globalité. – Force démocratique est farouchement opposé au vote communaliste. Avec les partis politiques, nous

mettons tout en œuvre contre cette clause de l’accord intergouvernemental. – Je suis persuadé que le Jura bernois donnera la seule réponse qui vaille à ceux qui convoitent de nous soumettre. Ils ne nous auront pas ! Vive le canton de Berne ! Vive la Suisse !

Allocution de Michael Schlappach Le processus politique lancé le 20 février de cette année va totalement dans la fausse direction. Les séparatistes veulent faire parler la poudre ? Ils en appellent au peuple ! Qu’à cela ne tienne, les instruments de la démocratie directe étaient à leur disposition… Au lieu de les voir à l’ouvrage, on leur sert le plat fumant du plébiscite sur un plateau. Ces concessions sans fondement sont honteuses. Le Conseil du Jura bernois pouvait-il les dénoncer ? Aujourd’hui, la machine prend de la vitesse. Au point qu’elle a déjà déraillée, perdant le wagon AIJ et ses 15 ans d’études, le canton rigolo à six communes, la capitale à Moutier, les bénéfices, les diminutions d’impôts. Adieu veaux, vaches, cochons, couvées…

Le canton progressiste, l’oubli des rancunes, tout cela n’est que foutaise: l’unique dessein des séparatistes c’est l’annexion du Jura bernois. Il est temps de bouger, temps de nous mobiliser, pour rester nous-mêmes, chez nous ! Vive le Jura bernois ! Vive le canton de Berne !

Pour une belle fête… …Il faut une météo clémente, des bénévoles motivés, une soupe aux pois délicieuse, la musique qu’on aime, une affluence joyeuse… Tous ces ingrédients réunis, la fête fut belle ! Record d’affluence à MontGirod: le jass du samedi après-midi est désormais connu loin à la ronde et figure dans l’agenda de bon

nombre d’amateurs d’un jeu de carte bien de chez nous. Pour la soirée country, la tente était pleine à craquer. A raison, car la programmation musicale a été d’une qualité exceptionnelle. Autant la voix grave et puissante de Ron Hotstream que celle plus douce mais intense de Kim Carson ont ravi le public. Le groupe, venu tout droit des Etats-Unis, a distillé une musique country de grande qualité en enchaînant les compositions propres assez classiques avec plusieurs reprises des pointures du genre, terminant son show avec la chanson «Jackson» du duo inoubliable formé de Johny Cash et June Carter. Le traditionnel pique-nique du dimanche a lui aussi connu une belle affluence. Les gens ont fraternisé, échangé, la musique folklorique contri-

buant à l’ambiance chaleureuse. Pour les discours, voir plus haut, non sans citer la contribution de Hans GerberStreit, représentant de BERNbilingue, rappelant l’importance de l’unité cantonale. Clin d’œil encore à la vente américaine, menée de main de maître par Marc-André Houmard, les enchères atteignant un sommet avant que ne soit adjugé un magnifique puits sculpté sur bois par un véritable artiste. Ah ! pendant que j’en ai l’occasion, que je vous dise que l’année prochaine le Groupe Sanglier fêtera ses 40 ans ! Un anniversaire qui tombe bien. En 2013, le Jura bernois votera NON à la modification de la loi sur le statut particulier. Le Sanglier marquera doublement le coup. p.o. Groupe Sanglier Michael Schlappach

La TV romande remet ça ! ➢ Suite et fin de la page 6 Bref, les téléspectateurs et l’Histoire ne doivent pas s’attendre à trouver leur compte dans une version qui sent la mascarade. Au moment du retour de tous les dangers induits par un cycle de votations l’an prochain, une évocation romancée – une

de plus à l’actif de notre TV – d’événements passés somme toute consternants, est-elle opportune ? Si ce n’est pour réchauffer des vocations assoupies, inspirer des casseurs en devenir et absoudre par avance les activistes qui agiront forcément pour la bonne cause.

Ne serait-il pas plus responsable de la part d’un service audiovisuel public d’exposer que ladite cause est devenue sans objet le 1er janvier 1978, jour de l’entrée en souveraineté du canton du Jura ? Sachant qu’il n’est pas pensable que RTS prête la main à une intrigue délibérée contre

le Jura bernois, on se bornera à observer l’insouciance coupable de la direction des programmes, l’aventurisme provocateur des réalisateurs et de journalistes, tous conscients ou non des dégâts d’un parti-pris navrant. Navrant, vraiment. Le Quinquet


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