Alpes d’ici
Thonon-les-Bains & évian-les-Bains
Sur un air de
riviera
Suspendues sur les rives du Léman, Thonon et évian sont comme de fausses sœurs jumelles. Ces cités emblématiques du Chablais vivent toutes deux sous le signe de l’eau mais ont des destinées bien différentes. Déambulations et rencontres croisées, entre Thonon la citadine et évian la villageoise. Textes Fabienne Bachelard Photos Romain Étienne/Item
Les jours clairs, on peut apercevoir, depuis les rives du Léman, Lausanne et les Alpes vaudoises.
16
Thonon - Évian
L
Capitale historique de la région, devenue sous-préfecture, Thonon a toujours été “la” ville des Chablaisiens. En y arrivant en bateau, on prend pleinement conscience d’une particularité : elle s’échelonne sur deux étages. La partie haute, gros bourg largement urbanisé, regroupe centreville et périphérie. La partie basse se trouve, elle, à même le lac, avec le quartier ancien de Rives et son port en toile de fond. C’est justement sur le port de Rives que nous commençons notre périple, après avoir traversé une ville en pleine effervescence matinale. Après les feux rouges et les coups de klaxon, nous voilà, quelques rues plus bas, dans un havre de quiétude. L’endroit le plus authentique de Thonon. Discrètement blotti derrière le château de Rives, le port de pêche, parfois oublié des visiteurs parce que quelque peu excentré, s’anime dès les premières lueurs du matin. Filets suspendus, nasses empilées, caisses en
18
plastique multicolores posées à terre... dont huit à Thonon, explique-t-il. En Suisse, il y en a une centaine. » Une brume vaporeuse stagnant sur le lac laisse à peine entrevoir la rive à 45 ans, cet ancien thésard qui fut d’en face. Des mouettes font des vols cadre dans l’industrie sidérurgique s’est reconverti, il y a trois ans. « Les planés en piquant du nez, tandis qu’un chat affamé rôde Debout dans sa barque amarrée, dans les parages... Le décor d’un port Claude Bugnard trie sa pêche du de pêche est planté jour. Un travail précis et délicat… et l’on pourrait presque se croire en bord de mer. Nous retrouvons usines du groupe fermaient les unes Claude Bugnard qui, debout dans après les autres. à un moment, je n’ai sa barque amarrée, trie sa pêche du plus supporté d’être un petit rouage jour. Un travail de longue haleine, d’une grosse machine qui mettait précis et délicat : il s’agit d’enlever continuellement des gens dehors chaque poisson pris dans les filets. pour, au final, générer des profits Des perches, plus exactement, mal partagés. J’ai voulu trouver une l’espèce emblématique du Léman. activité qui me permette de travailler « Actuellement, nous sommes environ dans un cadre naturel. » Un peu plus une cinquantaine de pêcheurs tard, Claude Bugnard s’achemine vers professionnels sur la rive française, sa “guérite” avec son butin du l l l 50 km
Lac de Constance
FRANCE
SUISSE Lac de Neuchâtel
Lac Léman
Lausanne Genève
Évian-les-Bains
Thononles-Bains Chambéry
Mont Blanc, 4 807 m
FRANCE
Lac Majeur
ITALIE
Grenoble Turin
Lac de Côme Milan
Thonon-les-Bains : capitale du Chablais savoyard. 30 700 habitants environ. Altitude : entre 371 et 569 mètres. évian-les-Bains : chef-lieu de canton de Haute-Savoie. 7 800 habitants environ.
Repères
Le chat et les mouettes
Ci-dessus : Claude Bugnard, pêcheur sur le lac Léman, et Frédéric Royer, à la tête de l’illustre fromagerie Boujon.
Rhône
orsqu’on arrive sur les hauteurs de Thonon, en empruntant la route qui traverse la commune d’Allinges, il y a d’abord cette vue plongeante sur le lac Léman et son imposante nappe d’eau couleur gris bleu. Sur la rive d’en face, on aperçoit Lausanne, l’helvétique voisine aux quartiers qui s’échelonnent en escaliers. Certains jours, elle paraît si proche qu’on la croirait presque à portée de main. Aux confins du département de la Haute-Savoie, et de la France, accrochées à flanc de montagne entre le massif des Hermones et le plateau du Gavot, Thonon et Évian ont l’eau pour dénominateur commun. Celle du plus grand lac d’Europe occidentale bien sûr, mais aussi celle qui jaillit des tréfonds alpins et soigne les maux du corps. Au-delà de leurs destinées intimement liées, ces deux-là cultivent sans complexes leur singularité.
19
Thonon - Évian
Attention,
De haut en bas : Sylvain lascaux, frontalier, prend tous les jours le bateau pour se rendre à son travail à Lausanne ; éric Giraud, passionné de théâtre, encadre bénévolement des lycéens ; vue du funiculaire de Thonon.
jour... Les guérites, ce sont ces est historique et les montagnards des petites maisons accrochées les unes vallées environnantes sont toujours aux autres et peintes de couleurs vives, venus ici “faire leurs affaires”. Pour où les pêcheurs finissent de préparer preuve, l’inaltérable foire de Crête, le poisson. Elles sont rares autour Depuis 531 ans, la foire de la Crête, du Léman et elles envahit le cœur de Thonon. Autrefois, donnent au port de Rives un charme on descendait de loin pour y acheter désuet. C’est bestiaux, outils ou autres tresses d’ail. devant sa guérite que, depuis l’été dont l’immense déballage envahit, dernier, Claude Bugnard vend son poisson chaque samedi matin, avec un chaque premier jeudi de septembre, le collègue : « Les Thononais ne savent cœur de la ville. Et ce, depuis 531 ans ! pas forcément que l’on pêche ici ! Il Autrefois, on descendait de loin pour faut redonner envie aux gens de venir y acheter bestiaux, outils ou autres acheter en direct. » tresses d’ail. Même si elle a perdu à quelques pas de là, nous empruntons son caractère rural, les Thononais y le funiculaire qui relie le port de Rives restent très attachés. Ce jour-là, les au centre-ville. Retour en plein cœur enfants continuent de ne pas aller à de l’animation, dans la Grande-Rue, l’école et certaines entreprises tirent le artère piétonne bordée de magasins. rideau. Mais, pour l’heure, nous nous acheminons jusqu’à la fromagerie La vocation commerçante de Thonon lll
Boujon, dans la rue Saint-Sébastien, le passage gourmand de la ville. La renommée de cet établissement, créé en 1952 par la famille Boujon, n’est plus à faire. En 2005, Frédéric Royer et son épouse ont repris l’affaire. Un beau défi pour ces vosgiens d’origine qui fournissent aujourd’hui des chefs comme Marc Veyrat ou Guy Martin, sans compter de nombreux palaces de la région. Frédéric Royer avoue en souriant : « Nous avons une clientèle de vrais connaisseurs et nous nous devons de travailler dans l’exigence. Mais ce que j’apprécie le plus ici, c’est de pouvoir partir en alpages, pour rencontrer les agriculteurs. J’aime le côté simple de ce métier. En tant que Vosgiens, il nous fallait tout de même un environnement avec des sapins... Dans le Chablais, que ce soit avec l’eau ou les montagnes, tout est multiplié par trois ! »
évian-lausanne en bateau Depuis la rue Saint-Sébastien, nous débouchons sur le square AristideBriand où les thononais adorent venir boire un verre en terrasse, lorsqu’il fait beau. Nous avons rendez-vous avec éric Giraud, professeur de français au lycée Saint-Joseph, l’un des nombreux établissements d’enseignement catholique de Thonon. Passionné de théâtre, il donne bénévolement des cours aux élèves de “Saint-Jo” et monte chaque année un grand spectacle son et lumière. Il nous parle de la formidable aventure qu’il vit aux côtés de ces jeunes depuis cinq ans : « Au printemps 2009, nous allons jouer avec 125 élèves Le Roi Lear de Shakespeare à la maison des Arts de Thonon, puis à Paris, dans la cour de l’hôtel de Mayenne. Nous allons aussi organiser des représentations dans plusieurs monuments historiques de Haute-Savoie et de Suisse. » Après avoir été metteur en scène en l l l
20
fragile !
Le Pré-Curieux… Allez savoir pourquoi cette propriété les pieds dans l’eau à l’entrée d’évian s’appelle ainsi. à l’origine, c’était le nom du champ qui jouxtait une ferme. Celle-là même qui, au XIXe siècle, fut transformée en luxueuse maison de style colonial. Admirablement conservée, cette dernière est devenue un lieu d’exposition pédagogique destiné au public pour lui faire prendre conscience de l’importance des zones humides mais aussi de leur extrême fragilité. Il a ainsi été décidé de reconstituer plusieurs zones humides dans le parc de 3,5 hectares entourant la maison. Sylvain Rochy, directeur du service parcs et jardins de la ville d’Évian, explique : « La propriété a été acquise en 1995 par le conservatoire du littoral avec, entre autres, l’aide des communes d’Évian et de Publier. En 1998, un accord de partenariat a transformé le site en unité de recherche et de communication internationale. »
« Même la plus petite mare est précieuse »
Une immense partie des zones humides, mises à mal un peu partout dans le monde, a déjà été asséchée. La France ne fait malheureusement pas exception à la règle. à titre d’exemple, les roselières du Léman ont, elles aussi, peu à peu cédé leur place à l’urbanisation. Actuellement, elles ne représentent plus que 1 % du pourtour du lac. Le but du Pré-Curieux est avant tout de « faire comprendre que même la plus petite mare est précieuse », poursuit Sylvain Rochy. Outre le ruisseau qui passait déjà par là, un étang, un marais, des prairies humides, un delta ont été aménagés et une roselière reconstituée. à terme, cette dernière devrait d’ailleurs « essaimer vers le lac ». Ce milieu a progressivement été recolonisé par les espèces naturelles : oiseaux (martinspêcheurs, harles bièvres, colverts), poissons (gardons, brochets, carpes, tanches), amphibiens (salamandres, grenouilles vertes), insectes aquatiques... En parallèle, un jardin rassemble de nombreuses plantes vivaces (alchémille, achillée, absinthe). Il a été construit autour de bassins peuplés de carpes koï évoluant parmi des plantes aquatiques. Depuis 2002, une balade guidée permet d’approcher et de comprendre ces différents écosystèmes liés à l’eau. Sylvain Rochy précise : « Nous n’allons pas changer la face du monde avec 3,5 hectares, mais avoir pu conserver ce type de milieu dans un environnement périurbain, c’est déjà important. » Il conclut : « Nous privilégions le noninterventionnisme et nous laissons maintenant la nature suivre son cours. Au point que parfois les visiteurs sont un peu étonnés et nous demandent pourquoi il y a des herbes folles partout ! » ouverture de mai à septembre, accès possible en catamaran solaire depuis le ponton face au casino d’Évian. Renseignements, tél. 04 50 70 15 44.
Thonon - Évian
de lac donnent à Évian l’atmosphère si caractéristique à beaucoup de villes thermales : le casino, la villa Lumière (l’ex-résidence d’été de la famille des frères Lumière, devenue l’hôtel de ville en 1927), le palais Lumière (ancien établissement thermal qui vient d’être magnifiquement rénové), le château de Fonbonne (aujourd’hui une résidence privée)...
Ci-contre : évian vue depuis le lac révèle peu à peu ses opulents bâtiments Belle époque. De haut en bas : Christèle Chevallay, Maryline Premat, Sarah Maingaud et Alain Benzoni.
Du royal au hilton
Normandie dix ans durant, éric et quart de route pour aller jusqu’à Giraud trouve que son intégration mon lieu de travail. En bateau, c’est dans le Chablais s’est vite révélée trente-cinq minutes, plus le tramway fructueuse. Sa passion semble inépui- et le bus. » Sylvain Lascaux prend le sable et, plein d’entrain, il renchérit : bateau de la Compagnie générale de « Faire du théâtre permet aux enfants navigation à 5 h 40. Et revient chaque de devenir des acteurs à part entière soir à 19 h 15. « C’est un rythme de de leur vie mais surtout de prendre fou, d’autant plus que le statut n’est confiance en eux. » pas toujours évident à assumer, que ce évidemment, dans le Chablais, la soit du côté français ou du côté suisse. question des frontaliers est incontour- Aujourd’hui, je gagne le double de ce nable. Proximité avec la Suisse, taux de que je pourrais gagner en France et change avantageux... les locaux sont je n’ai pas honte de le dire ! Bon, il nombreux à franchir chaque jour la est vrai que je ne ferai pas ça toute frontière pour aller Proximité avec la Suisse, taux de travailler. Preuve de cet irrésistible change avantageux… les locaux attrait ? La densité sont nombreux à franchir chaque de la circulation en direction de jour la frontière pour aller travailler. la Suisse, chaque matin. Mais comment ces Haut- ma vie », affirme-t-il sérieusement, Savoyards qui partent travailler dans avant de continuer en riant : « Dans un autre pays vivent-ils leur diffé- le bateau, on est toujours les mêmes rence ? Sylvain Lascaux, la trentaine, à faire la traversée et chacun se garde paysagiste à Lausanne, nous parle sa petite place... Enfin, à un moment, de ce statut un peu particulier. « En on finit par se connaître. » Sylvain passant par Montreux, j’ai une heure Lascaux a même rencontré son amie lll
22
sur le bateau. Il conclut : « être frontalier m’a permis de prendre du recul et d’étoffer mon opinion par rapport à la France, à son système. » Avant de rejoindre Évian, nous passons par le belvédère qui surplombe le lac, d’où la vue est magnifique. Retour au port de Rives, d’où nous partons vers évian. Passage devant le
château de Ripaille, saisissant témoignage de l’habitat seigneurial, avec ses quatre tours massives alignées en façade. Quelques kilomètres plus loin, l’arrivée à évian laisse rêveur. La Belle époque et ses clichés – calèches, robes à crinoline, chapeaux hauts-deforme… – refont surface. Les bâtiments de cette période qui s’alignent en front
Quelques façades plus loin, le style est différent : l’imposant hôtel Hilton, inauguré récemment, élève sa modernité face à l’eau. Sarah Maingaud, coordinatrice “relations clients” de l’établissement, fraîchement débarquée de Polynésie, s’occupe de tous les détails qui rendent le séjour des hôtes agréable. Ici, la tradition de l’hôtellerie de luxe n’est pas un vain mot. Avec ses quatre établissements quatre étoiles, Évian s’adresse à une clientèle qui a les moyens d’être exigeante. Un peu plus haut sur la colline, le Royal veille. Son statut de palace reste une fabuleuse carte de visite pour la ville. « Nous plaisons certainement à une clientèle plus portée sur l’aspect contemporain », avance Sarah l l l
La datcha savoyarde C’est dans le parc planté de vénérables mélèzes des hôtels Royal et Ermitage que se trouve la Grange au lac. Elle a été inaugurée en 1993 afin d’accueillir, à l’origine, les Escales musicales d’Évian ; sa forme évoquant celle d’une datcha russe est « un clin d’œil à Rostropovitch », selon Maryvonne Audoin-Pahon, chargée de communication de l’Évian Royal Resort. Rappelons que le célèbre violoncelliste russe fut le grand ami d’Antoine Riboud, qui présidait à l’époque le groupe Danone. Dessinée par l’architecte Patrick Bouchain, concepteur du Théâtre Zingaro à Aubervilliers, créée pour écouter de la musique classique dans des conditions optimales, l’imposante bâtisse peut accueillir 1 200 spectateurs et 200 musiciens. Entièrement construite en bois – pin pour l’intérieur et cèdre rouge pour l’extérieur –, la Grange au lac présente des lignes d’une simplicité et d’une sobriété exemplaires. Seule concession au luxe : les six lustres de cristal de Murano et de Bohême éclairant la scène. En souvenir des forêts de la lointaine Sibérie, 120 bouleaux coupés entourent la scène.
23
Thonon - Évian
Maurice Novarina, architecte du
renouveau Maingaud. Nous quittons l’ambiance feutrée du Hilton pour monter jusqu’à la rue Nationale, le cœur du centre commerçant d’Évian. lll
Le trésor d’évian à quelques mètres de la place Charles-de-Gaulle, le bar La Caravelle est l’endroit où se retrouvent les Évianais. Volubile et accueillante, Christèle Chevallay, “la fille à Max” comme on la surnomme ici, connaît tout le monde. Son grand-père tenait déjà le bar de l’église. « Les gens du coin se retrouvent au bar La Caravelle entre copains. Il y a toujours quelqu’un pour discuter. J’aime cette vie de village, où tout le monde se connaît » souligne Christèle, avant d’évoquer non sans humour la « guéguerre ancestrale » entre Évian et Thonon : « Parfois, certains disent encore : on ne traverse pas la gouille, en parlant de la Dranse, la rivière qui nous sépare ! » Évian est étonnante : à deux pas des hôtels de luxe et de leur vie mystérieuse, on trouve des lieux dont la chaleur populaire vous ranime. La rue Nationale mène droit à la buvette Cachat, un pavillon de bois et de verre de style Art nouveau où l’on vient remplir sa bouteille d’eau minérale. L’eau, le trésor d’Évian bien évidemment ! Après avoir été découverte en
24
1790, la “success story” de la bouteille à l’étiquette rose est un cas d’école : la société anonyme des eaux minérales d’Évian, appartenant au groupe Danone, est le premier producteur d’eau minérale au monde... Le groupe Danone a d’ailleurs largement investi la place évianaise puisqu’il est propriétaire des thermes, du casino, du palace le Royal, de l’hôtel Ermitage, du golf, de la Grange au lac...
Mystères de bois flotté Nous poursuivons notre chemin jusqu’à l’établissement thermal au bord du lac, où l’on traite les problèmes urologiques. Tout comme aux thermes de Thonon – spécialisés dans des affections variées comme la rhumatologie, les troubles de l’appareil digestif, la dermatologie –, une reconversion s’est peu à peu imposée : l’heure est désormais plus aux forfaits “remise en forme” qu’aux traditionnelles cures. Marilyne Premat, elle aussi Chablaisienne “pur jus”, s’occupe l’hiver des funiculaires d’Évian et de Thonon, tous Le palais Lumière à évian, ancien établissement thermal, accueille de très belles expositions (à gauche). La source Cachat, source historique de l’eau d’évian (ci-dessous, à gauche). L’espace Maurice Novarina, maison des arts de Thonon (ci-dessous, à droite).
Architecte originaire de Thonon, diplômé deux remis récemment en circulation. de l’école des beaux-arts, ingénieur des à la belle saison, elle pilote le catamatravaux publics, Maurice Novarina est décédé ran solaire qui emmène les visiteurs en 2002. Il a laissé une œuvre extrêmement d’Évian au Pré-Curieux. « Le bateau ne dense, illustrant remarquablement l’histoire de l’urbanisme du XXe siècle. S’il s’est fait produit ni bruit, ni odeur, ni pollution. connaître dès les années 30 en édifiant Quand on est dessus, on n’entend que plusieurs églises en Haute-Savoie, dont le clapotis des vagues. Le soir, quand l’église Notre-Dame-de-toute-Grâce, au je rentre, vous ne pouvez pas imaginer plateau d’Assy, il va réellement marquer comme je me sens reposée. Même les de son empreinte l’architecture des Alpes grâce à la réalisation de nombreux bâtiments locaux ne se rendent pas compte à scolaires et administratifs (hôtel de ville quel point la vue est belle depuis le de Grenoble, en collaboration avec Jean lac. On voit aussi la dent d’Oche, les Prouvé, palais de justice d’Annecy), d’édifices Mémises, les Alpes valaisannes, les culturels (maison des arts de Thonon-Évian, coteaux de Lavaux, Lausanne... » à centre Bonlieu d’Annecy). Nommé architecte de la reconstruction, il réalise de vastes ses heures perdues, Maryline Premat zones de logements collectifs à l’image adore faire de la course à la rame ou des quartiers Novel à Annecy, Champ pêcher la perche au moulinet. fleuri à Seynod, mais aussi des viaducs, Notre périple va bientôt s’achever sur un entrée de tunnels, barrage... petit grain de folie douce. Direction, les hauteurs d’Évian, dans l’ancien collège des Rives du Léman, où le Théâtre de la Toupine a pris ses quartiers depuis d’inspirations hétéroclites. Benzo nous quatre ans. Après avoir été installé fait découvrir la dernière création en pendant vingt-sept ans à Thonon, la date de la compagnie : les Flottins. compagnie spécialisée dans le spectacle Dehors, dedans, ces sujets réalisés en bois flotté sont partout : « Nous avons de rue et le jeune public dispose depuis quatre ans d’un magnifique outil de voulu mettre sur pied un événement qui travail, « entre golf et lac », plaisante parte du concret et qui soit lié au terreau Alain Benzoni, le fondateur de la Tou- local. Les anciens allaient déjà ramasser pine, également metteur en scène et du bois flotté sur les plages du Léman. comédien-marionnettiste... “Benzo”, Nous avons voulu réinterpréter à notre comme tout le monde l’appelle, est né manière ce matériau simple. » Personnadans le Chablais. Il semble déjà avoir ges fantastiques, animaux surréalistes, vécu mille vies. Car, au-delà du charisme cabanes mystérieuses, lutins facétieux chaleureux, l’homme est un infatigable qui chantent et racontent des histoires... “faiseur”, un inventeur. Outre les specta- ce petit monde s’est installé pour sa cles – coécrits avec René Greloz, compagnon de « Même les locaux ne se rendent route de longue date –, pas compte à quel point la vue il est à l’origine, entres autres, du célèbre Fesest belle depuis le lac… » tival Au bonheur des mômes, au Grand-Bornand. Nous le deuxième édition en plein cœur de la suivons, l’œil curieux, entre ateliers ville d’Évian, en décembre dernier. et salle de répétition. Murs recouverts La nuit tombée, nous jetons un derd’affiches, marionnettes loufoques, nier coup d’œil sur les lumières de sculptures déjantées, fresques peintes Lausanne qui, au loin, scintillent sur à même les murs, étagères remplies de le lac. La Suisse, ouverte sur d’autres mille et un objets, caravane suspendue horizons montagnards, nous invite à au plafond... L’endroit est un condensé un nouveau voyage… n
25
pratique
Thonon - Évian
CONTACTS
de coupcœur
Office de tourisme de Thonon-les-Bains Château de Sonnaz, 74200 Thonon-les-Bains, tél. 04 50 71 55 55 ; www.thononlesbains.com Office de tourisme d’Évian Place d’Allinges, 74500 Évian, tél. 04 50 75 04 26 ; www.eviantourism.com
LE GITE ET LE COUVERT
Hôtel Savoie Léman Une adresse insolite, puisque l’hôtel est tenu par les étudiants en formation au lycée hôtelier de Thonon. Outre des chambres parfaitement calibrées, les étudiants mettent les petits plats dans les grands dans les deux restaurants de l’établissement. Fermé le week-end. 40, boulevard Carnot, 74200 Thonon, tél. 04 50 81 13 50. Hôtel Les Cygnes Une bâtisse au charme rococo dont la plupart des chambres aux couleurs vives donnent sur le lac. Belle table, d’autant plus quand elle est dressée sur la terrasse. Un ponton privé permet même de prendre des couleurs au soleil. 8, avenue de Grande-Rive, 74500 Évian, tél. 04 50 75 01 01. Chez Fernand Belles assiettes préparées avec les produits dénichés sur le marché ou chez des producteurs bio, dont de délicieuses salades. Un bistro design à l’ambiance chaleureuse. 6, rue Saint-Sébastien, 74200 Thonon, tél. 04 50 81 31 45. Le Muratore Atmosphère feutrée dans ce restaurant au concept original, où l’on peut acheter des livres. L’endroit se transforme en bar à vins et propose des concerts de jazz ou de blues, le soir venu. Place Jean-Bernex 74500 Évian, tél. 04 50 92 82 49.
à VISITER
Le château de Ripaille Un brin austère, ce château parfois qualifié de “Chartreuse pour grands seigneurs” est sans conteste l’une des plus belles résidences de la côte lémanique française. Visites guidées et possibilité de repas et de dégustation du vin blanc AOC Château de Ripaille. 74200 Thonon, tél : 04 50 26 64 44.
26
Le Buenavista
Chaque soir, quand il fait beau, la terrasse du Buenavista s’anime de petites bougies posées sur les tables tandis que des guirlandes, façon guinguette, vacillent au-dessus les têtes. Le Buenavista est un bar de nuit animé, un endroit où les évianais viennent s’amuser et écouter de la musique sud-américaine, tendance latino. Situé le long de la rue Nationale, le bar se fait pourtant discret, caché dans une “gaffe”, l’un de ces passages – qui ne sont d’ailleurs pas sans rappeler les traboules lyonnaises – s’insinuant dans les immeubles du vieil Évian. Nous sommes mercredi en début de soirée et Stéphane Detraz, le patron, annonce la couleur : « Tout à l’heure, il y a un concert de reggae ! Ici, on aime aussi le rock espagnol ou la salsa. » Derrière le comptoir recouvert de mosaïques, Olivia et Jacqueline s’occupent de la préparation des cocktails : mojito, pina colada, caïpirinha, ti-punch. Pendant ce temps, les assiettes garnies de savoureuses tapas valsent sous nos yeux. La discussion s’anime sur des rythmes cubains et, à l’étage, des jeunes gens conversent, confortablement installés dans des canapés ou sur des poufs. Pendant ce temps, un portrait accroché au mur attire notre regard... le “Che” veille sur ses ouailles ! Ouvert tous les jours, sauf le dimanche soir et durant les vacances scolaires, de 18 h à 1 h (l’hiver) ou à 2 h (l’été), rue Nationale, 1, gaffe du quartier-Franc, 74500 Évian, tél. 06 68 54 31 56.
Le palais Lumière Anciens thermes d’Évian de 1902 à 1984, ce témoin de l’âge d’or du thermalisme vient d’être réhabilité. Expositions artistiques tout au long de l’année. Jusqu’au 10 mai 2009 : « La Ruche, cité des artistes, 1902-2009 ». Quai Charles-Albert Besson, 74200 Évian, tél. 04 50 75 04 26.
Les Escales musicales (Évian) De très beaux concerts classiques programmés dans l’écrin de la Grange au lac. Fauré, Wagner, Bizet, bicentenaire Haydn seront au programme, interprétés, entre autres, par Sinfonia varsovia et l’ensemble vocal de Lausanne. Du 29 au 31 mai 2009. Renseignements et réservations, tél. 04 50 26 85 00.
éVéNEMENTS
Balades en familles entre Genève et Thonon à la découverte des contreforts des montagnes chablaisiennes... avec le Léman en point de mire. Jean-Marc Lamory, éditions Didier Richard, 2006.
Montjoux Festival (Thonon) Un festival où les têtes d’affiche se succèdent sur une scène dressée face au lac Léman, dans le parc du château de Montjoux. En juillet 2009.
à LIRE
PUB