L'Écho des pacages n°4
et dernier
JOURNAL DE LA FÊTE DE LA MONTAGNE LIMOUSINE DIMANCHE 27 SEPTEMBRE - 17 H
LA FÊTE
EST FINIE,
TOUT COMMENCE
UNE DEUXIÈME FÊTE DE LA MONTAGNE EN 201 6 OU 201 7 DES ASSEMBLÉES D'HABITANTS À L'ÉCHELLE DE LA MONTAGNE UNE COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DU PLATEAU
Ce n'est plus seulement une vague idée en l'air ou un "rêve" comme le disait un participant au débat qui a
eu lieu ce matin à 11h dans la cour de la mairie de Tarnac. 80 personnes étaient réunies pour plancher sérieusement sur cette idée. Ils étaient une centaine au bout de quelques minutes, puis 120, peut-être 150. Venus de Creuse et de Corrèze, une vingtaine d'élus et des habitants ont fait un bilan sévère des fusions de communautés de communes en Creuse. Ils ont réagi très vivement aux ultimatums des préfets de la Corrèze et de la Creuse qui veulent imposer 4 à 5 communautés de communes par département.
L'analyse était claire : faire des
intercommunalités de cette taille
accentue les phénomènes de technocratie et de dominance des appareils politiques. Les centrer sur des "capitales", c'est draîner vers celles-ci toutes les ressources du territoire. Comme l'a très bien formulé un maire corrézien qui ne croit pas aux bénéfices des regroupements pour les petites communes : "Je n'ai jamais vu des riches donner aux pauvres, j'ai toujours vu les riches prendre aux pauvres".
Un vent de révolte soufflait sur l'assemblée. Mais aussi un fort
sentiment de mobilisation. Il ne s'agit pas seulement de dire non. Il s'agit de construire une ... / ... suite page 2 alternative
suite de la Une
institutionnelle aux com com ogresques que fantasment les préfets. La loi l'autorise. Contrairement à ce que suggèrent les diktats préfectoraux, une communauté de communes de 5 000 habitants, en zone de montagne, avec nos faibles densités, c'est tout à fait possible. L'initiative de plusieurs maires corréziens d'imaginer la fusion des petites communautés de communes de Bugeat-Sornac et de Treignac a été reçue comme une alternative crédible. D'autant qu'elles permettrait, selon le principe de la continuité territoriale (il faut que les communes se touchent), d'agréger à cette nouvelle com com du plateau des communes de Creuse ou d'autres com com corréziennes limitrophes. Condition : des communes plutôt homogènes, ayant le même type de problèmes et plutôt enclines à instituer des démarches de participation des habitants aux décisions.
préfectures imposent leurs cartes et leurs expertises. Plusieurs actions ont été évoquées : des assemblées communales pour que dans chaque village la population soit tenue au courant et associée ; des assemblées plus larges, comme celle de ce matin du 27 septembre, pour poursuivre la réflexion et la construction ; une votation citoyenne qui permettrait de faire participer le maximum d'habitants. Dans un premier temps, un texte a été rédigé dans l'après-midi pour afficher cette ambition. Il pourrait être adopté en une seconde assemblée, tenue le même jour en fin d'après-midi. Décidément, cette première Fête de la Montagne limousine tombait au bon moment. À moins que ce ne soit ce moment qui ait mûri grâce à la dynamique qui, incarnée dans cette fête, sourd du plateau depuis de nombreuses années.
Mais il faut faire vite. Ne pas attendre que les tristes sires des
ENTENDU À L'OCCASION DE LA DISTRIBUTION DE L'ECHO DES PACAGES AUX HABITANTS DU BOURG DE TARNAC
"J'ai été voir vendredi soir quand ça a commencé. On s'interesse à ce qu'il se passe chez nous. Je n'aurais pas cru que ça amène tout ce monde." "On a mangé là-bas, place de la terre. Ca fait vivre Tarnac, ça remue. C'est une bonne initiative. J'ai beaucoup aimé l'accordéon vendredi soir et les jeunes qui dansaient. Le spectacle de l'Occitan [Bernat Combi, NDLR] aussi. Et le stand sur les farines. J'ai même croisé le futur boulanger de tarnac. Il nous a expliqué les gâteaux
qu'il va faire mais il doit encore voir avec la commune si elle va lui louer la boulangerie. C'est bien parti, il a déjà tout nettoyé. On va aller voir la moisson de sarrasin. J'espère qu'il n'y aura pas de pertes financières. Les organisateurs se sont beaucoup donnés. Ils sont gentils et trés corrects." "Ils ont eu de la chance avec le temps. Ca a fait venir du monde. Je vais aller y faire un petit tour tout à l'heure."
RÉFUGIÉS : "ON NE PEUT AIDER QUE DANS L'ÉCHANGE" La fête de la Montagne, du côté de la place des Territoires, avait samedi aprèsmidi un petit air international. Peaux noires et foulards, odeurs de cuisine exotique et accents d'ailleurs. Depuis que deux centres d'accueil de demandeurs d'asile ont ouvert à Peyrelevade et Eymoutiers, la foule s'est faite un peu plus bigarrée sur le secteur. Le monde, en particulier celui dont l'actualité nous donne de tristes nouvelles, est, par la présence de ces ambassadeurs involontaires, à notre porte. Ouvrons-la leur. Après la projection d'un documentaire réalisé à Eymoutiers et Peyrelevade par Télé Millevaches avec des demandeurs d'asile, un débat était organisé autour du thème : Quel accueil pour les réfugiés sur la Montagne ? Parmi le public, beaucoup de gens impliqués dans les associations de soutien qui se sont créées autour des deux CADA de la Montagne, des personnes venues se réfugier dans nos montagnes et des visiteurs venus tout simplement s'informer.
L'accueil de réfugiés sur le territoire est une forme d'accueil à laquelle nous ne sommes pas vraiment habitués. Les difficultés
sont arrivées lorsque les premiers demandeurs d'asile ont été déboutés et qu'il a fallu trouver des solutions face à ces personnes qui ont fui leur pays et qui se retrouvent alors devant une porte qu'on leur claque au nez. Où les loger ? Comment les accompagner dans leurs démarches administratives ? Comment leur permettre de survivre, sans travail, sans moyens, sans argent ? À ces questions les réponses se jouent sur deux niveaux. Il y a celui de la solidarité qui s'exprime presque spontanément face à l'urgence, tout
simplement pour ne pas laisser des gens dormir dans la rue. Il y a aussi celui, politique, qui commande d'agir pour infléchir des politiques publiques locales, nationales ou européennes. D'autant que la source de ces migrations est ellemême en grande partie liée aux conséquences géopolitiques des décisions de nos gouvernants. Entre ces deux échelons (la solidarité immédiate et locale, la lutte politique à l'échelon national), il existe aussi une troisième façon d'agir : rencontrer ces personnes, les accueillir au sens large du terme, tisser des liens avec elles, comme le plateau de Millevaches a très bien su le faire au cours des décennies passées pour des populations nouvelles venues ici, dans des conditions certes bien moins dramatiques. Un participant au débat l'a formulé ainsi : "on ne peut aider que dans l'échange". La fête de la Montagne, en ce sens, était un moment de cet échange : les mets qu'on pouvait partager, les gamins qu'on pouvait croiser, les jeux qu'on pouvait découvrir ensemble. Les réfugiés ont des noms, des visages. Ce ne sont déjà plus les "résidents du CADA".
PARC NATUREL RÉGIONAL OU POUBELLE NUCLÉAIRE RÉGIONALE ?
En mars dernier, nous apprenions qu'Areva s'apprêtait à stocker dans un premier temps 5 400 tonnes de déchets nucléaires sur l'ancien site
minier uranifère du Longy, au cœur du PNR. Ces déchets, pudiquement rebaptisés "stériles miniers" (ils peuvent avoisiner voire dépasser la teneur en radioactivité du minerai), proviennent du site d'exploitation uranifère de La Barrière. Pourquoi dépolluer un site pour en polluer un autre ? Nous constatons qu'une seule véritable inspection du site du Longy a été effectuée en trente ans. Comment Areva peut-elle parler de lieu réhabilité ? Comment Areva peut-elle considérer que quelques milliers de déchets radioactifs supplémentaires ne seraient "qu'une goutte d'eau" ? Nous sommes opposés à ce stockage qui, de fait, assimilerait le site du Longy à une poubelle nucléaire et demandons la réhabilitation totale du site.
Il y a déjà 700 signatures sur la pétition locale et plus de 4 000 en ligne (laloutrefluorescente.wesign.it)
Manifestation devant la préfecture de Tulle le mercredi 7 octobre à 10 h laloutrefluorescente@yahoo.fr
La Loutre fluorescente Le Spinassou - 19 290 Millevaches.
INTERNET LIBRE : C'EST UNE QUESTION DE RAPPORT DE FORCE kilomètres est relativement facile et peu
L'association Ilico (Internet libre en Corrèze) a présenté hier son travail sur les infrastructures internet dans le Limousin. Résumé Internet étant sans hiérarchie, n'importe qui peut y ajouter son morceau de réseau, étendre le réseau à sa façon avec ses propres antennes ou ses propres câbles. Ilico est fournisseur d'accès à internet. L'association, créée en 2010, fait partie de la fédération des fournisseurs d'accès à internet (FFDN).
A partir de n'importe quel point du réseau Orange, Ilico raccorde à internet des gens comme vous et moi, en Corrèze, au même titre que les quatre gros marchands du secteur (Orange, SFR, Bouygues et Free). Ilico fait partie de la trentaine de fournisseurs d'accès associatifs en France, qui comptent à eux tous quelques milliers d'utilisateurs. Matériellement, Internet passe par des tuyaux qui sont censés être publics : des câbles, des fibres et des ondes. Le propriétaire (Orange) en loue l'écrasante majorité aux quatre FAI mais la loi dit qu'ils sont ouverts aussi aux petits FAI. Ilico utilise surtout des ondes. Installer un réseau sans fil sur plusieurs
coûteux. En mettant des antennes tous les 5-10 kilomètres, entre deux points sans obstacle, on peut étendre à l'infini le réseau de façon autonome. Une des plus grandes expériences de ce type en cours est menée Catalogne, avec 20 000 antennes en dehors des gros fournisseurs d'accès marchands. Installer des antennes est en pratique beaucoup plus facile à faire que de creuser des tranchées pour faire passer des câbles. Mais en Angleterre, certains groupes le font, avec des pelleteuses, pour créer des bouts de réseaux câblés gérés de façon autonome. Ilico est consciente de la nocivité des ondes et accepte de déplacer ses antennes si cela lui est demandé. L'association souligne par ailleurs que la pollution électromagnétique de ses antennes est très faible par rapport à la nocivité des antennes de téléphonie mobile et des téléphones portables. En Limousin, terre très peu rentable pour les FAI, Ilico connecte certains villages isolés de façon plus efficace que Orange et Axione, l'entreprise payée sur fonds publics pour développer
AGRICULTURE : LES NOUVELLES FORMES D'INSTALLATION
Quelques idées qui sont sorties du débat de ce matin. Les premiers résultats du diagnostic engagé par la communauté de commune Creuse Grand sud font état d'au moins 50 agriculteurs de plus de 60 ans. Par ailleurs, une étude de l'ancienne communauté de communes du plateau de Gentioux a montré l'intérêt porté par les habitants aux produits locaux. Au vu de l'état de la filière bovine (cf débat d'hier relaté dans L'Echo des Pacages n°3), les deux constats précédents encouragent à anticiper les départs à la retraite et à penser des installations en rupture avec le modèle aujourd'hui dominant. Notamment des "multiinstallations", dans lesquelles plusieurs paysans aux productions
différentes s'installent sur une même ferme, et des installations sur petites surfaces pour des productions spécialisées. Ces dernières supposent, entre autres, de revoir les critères d'accès aux aides à tl'installation et d'affiliation à la MSA, aujourd'hui surtout fondés sur les surfaces cultivées.
DES "LIEUX COMMUNS" DANS LES BOURGS ?
A la fois fermes, cafés, bureaux associatifs, commerces, lieux de création, de formation ou d'accueil touristique, ils sont d'abord des lieux où l'on se croise.
Constance Social Club, La Renouée, L'Atelier, Lachaud, la Forêt Belleville, Le Battement d'Ailes, Quartier Rouge, Le Magasin Général. L'énumération est probablement incomplète. Mais qu'il s'agisse de bistrots, de fermes ou encore d'espaces à dominante culturelle, ces lieux manifestent le besoin de retrouver au cœur des bourgs des motifs de se parler, de se croiser, d'échanger et, in fine, de se connaître. Un objectif clairement politique, en ceci qu'il suppose d'imaginer "des espaces ouverts où on recrée la capacité de penser ensemble des réponses à nos besoins".
Reste que ces avatars contemporains des cafés de village rencontrent tous, peu ou prou, les mêmes difficultés :
comment éviter que les collectivités ne "préemptent" ces lieux, comment faire venir des publics "non habituels", "sortir des cercles affinitaires" ? Car l'ouverture à d'autres ne semble pas si évidente que cela lorsqu'il s'agit de faire plus que de se côtoyer. A cela plusieurs motifs : "nos discours codés", "nos bonnes intentions intellectuelles" imposeraient un regard, mettraient à distance, et pour tout dire exclueraient. Pour remédier à cela, plusieurs pistes ont été évoquées : - créés "pour se faire plaisir", pour "répondre à nos besoins", ces lieux
ont également tout intérêt à répondre à des besoins de base, communs à tous (besoins alimentaires, mutualisation de matériels...), bref à apporter un service collectif : "Quand ça marche, c'est que ça répond à un besoin !" - proposer, des occasions de se croiser en s'appuyant sur des formes de pluri-activité. Ce décloisonnement peut être facilité par un aménagement des espaces qui favorisent les interactions possibles entre activités, - proposer, en réponse à la disparition des lieux traditionnels où convergeaient les habitants (foires...), des moments où l'on puisse "faire ensemble" : débroussailler un chemin, cueillir et presser des pommes... - travailler sur l'échange de savoirfaire anciens pour les mettre en partage (tricot) et favoriser l'échange entre générations - accueillir ponctuellement des "activités extérieures qui ouvrent sur d'autres publics (coiffeuse itinérante, camion pizza)". Quant à savoir comment prolonger ces échanges, les perspectives restent à construire. Si l'idée d'un réseau permettant de renforcer ces lieux géographiquement éloignés les uns des autres rencontre un certain assentiment, les conditions et les formes de ce dernier restent à définir. Se déplacer les uns chez les autres pour faire des choses ensemble, fonctionner de manière informelle, dépasser les singularités de chacun pour construire une pratique et un discours commun : les pistes sont posées. Tout comme le sont les craintes et les préventions : "OK pour du réseau, mais informel, et sans gommer notre hétérogénéité".
UN COCHON DE DIEU ! La charcuterie de la place de la Terre a fait l'unanimité : "Il n'y a pas de mots pour qualifier
la saveur de cette charcuterie". Dixit un expert tarnacois en la matière. Ce plaisir gustatif est un cadeau de la Ferme des Trois Petits cochons, de la Chapelle Taillefert (Creuse). Jérôme a fourni un cochon de 135 kg (cul noir croisé gascon, élevé dans les bois) au profit de la fête à prix coûtant. Il a été transformé par une équipe de bénévoles, Christophe, Isabelle, Didier, Olivier, René et plein d'autres. 400 saucisses et 130 boudins ont été produits... et dégustés. Tout le monde s'est régalé.
LE RANGEMENT, C'EST MAINTENANT
Amis, armez-vous de balais, sacs poubelle, serpillères : Grand rangement de la fête dès 18 heures. Puis rendez-vous lundi à 10 heures place du Coudert pour les démontages et transport de tout le matériel. La participation du plus grand nombre est nécessaire.